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L Eglise
comme communion
RFLEXIONS A
PRO PO S
DU R A P P O R T
FINAL
DU SYNODE EXTRAORDINAIRE DE 1985
(suite)
4.
L Eglise
particulire comme communion e s fidles
Aprsavoirparl de lacommunionverticale avec
le
Dieu Trinit,
qui
s'instaure par le
baptme
et s'actualise
dans
lacommunion eucha-
ristique,
nous
abordons
un troisime
aspect
de
l'ide
de
commu-
nion:
la
communion
sur
le plan horizontal, celle
qui
lie les fidles
entreeux.Toute Eglise locale ou
particulire,
en
laquelle
on clbre
authentiquement le mmorialdu
Seigneur,
est unecommunion fra-
ternelle, une communia fidelium. Celle-ci se
ralise,
selon J.M.R.
Tillard,
en trois domaines troitement
lis
entre
eux
4 0
.
a. L eniveau
le
plus
essentiel
estcelui
de
lacommunion dans
les
biens
de grces
auxquels tous
les
fidles
ont
part.
L e peuple
messianique est tabli
par
le
Christ
pour
communier
la vie,
la charit et la vrit (Z.G,
9b).
Le trsor de
grces
ne se limite
pas
la
charit,
siimportante soit
elle.
L'Eglise
est une
communion
de
foi
qui
opre
dans
la
charit
et
persvre dans
l'esprance.
Elle
est aussi communion
de mission,
qui veut
communiquer
tous
les hommes la communion avec
Dieu. Cette
mission
commune
se
ralise
l'intrieur
d'une communion de charismes, les dons
si nombreux
de l'Esprit, qui se
sert
de
la
lgitime diversit pour
difier l'unique Corps du Christ. Dans ce domaine galement, il
s'agit
du mystre
de
l'unit
dans
la
diversit.
Loin
de
briser l'unit,
la diversit
des dons de l'Esprit
dans chaque
fidle
la
construit
plutt.En tant quecommunion de charismes, l'unique Eglise
offre
un
espace
laplunformit. Mais
l'Esprit
d'unit la garde de s'enga-
ger
dans
une voie sans issue, soit
le
morcellement chaotique,
le
pluralisme effrn,o
la diversit
particulire
ne
peut plusparvenir
la
communion
vritable,
soit l'uniformit
monolithique,
o
la
40. Nom suivonsJ .M .R . T I L L A R D L g l i s e d e
Dieu. . . ,
cita 22, p . 456461;
voir galement
W .
K A S P E R
L glise.. , ,
cit n.
20 ,
p. 27-29.
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ncessaire
pluriformit
des
membres individuels est touffe dans
un systme juridique rigide
et
o
les
fidles se voient privs du
droit
d'exercer
leurs
dons
spirituels (AA, 3, 4). Enf in , les
fidles
de
l'Eglise
locale
forment
aussi
une
communion
de
rconciliation,
dans
laquelle sont surmontes les oppositions entre les
hommes,
les
sexes,
les
cultures,
les
races
ainsi
que
les
diffrences historiques.
Cela signifie que le malheur d'tre priv de
la communion avec
soi-mme,
avec les
autres
et avec Dieu est,
par
l'Esprit de Dieu,
rpar dans la
communion
de
salut.
b.
Le
second
domaine concerne
1'
aposto l ic i t
de
l'Eglise locale.
Lacommunaut
des fidles se sait en
communion avec
l'Eglise
apos-
tolique.
Lacommunion
ecclsiale est enracine dans
la foi qui
accueille
la
Parole deDieu. Cette Parole
n'est
pas une ralit
abstraite,
mais
elle se rvle dans
la
figure historique de Jsus-Christ. Toute com-
m u n a u t ecclsiale doit donc tre relie la
c o m m u n a u t
apostoli-
que,
plus prcisment
au
collge
des
Aptres.
En
effet,
nous
ne
connaissons
le Verbe de Dieu que
par
cette
mdiation:
l'Eglise est
btie sur
le fondement des Aptres.
Cette
communion historique de
chaque
Eglise locale
avec l'Eglise
apostolique forme la tradition.
Celle-ci est
la
communion de
toutes
lesgnrations
et
de tous les
milieux
avec leur diversit
etparticula-
rit
dans
la
mme
foi
apostolique.
La
communion
apostolique
garantit
donc
la
catholicit de l'Eglise,
catholicit
qui est un aspect de la
communion: le
fait que
l'Esprit
de
Dieu, commencer
par la com-
m u n a u t apostolique et en rfrence son tmoignage, rassemble
dans l'unit
du Corps du Christ
lescommunauts de
tous
les lieux,
tous les temps, tous
les
milieux,
toutes
les situations historiques,
toutes
les
circonstances sociologiques,
et
qu'il
ralise
en
chacune
d'elles l'unique Eglise
de Dieu.
Catholicit
signifie
donc
commu-
nion
dans
la
diversithistorique, gographiqueet culturelle en laquelle
se ralise le salut. Grce
cette
catholicit, la
communion
ecclsiale
devient
universelle.
c.
Pourgarantir cesdeuxdomainesde
la
communion des
fid-
les
l'intrieur de
l'Eglise
locale, l'Esprit fait
surgir galement
un autre de ses dons, le charisme du ministre, de
l piscop . Le
charisme ministriel
est essentiellement
au service
de
la
commu-
nion. Il n'est
que
secondairement un instrument de l'ordonnance
hirarchique.
A l'intrieur
de
l'Eglise locale, le rapport entre la hirarchie
et
les
fidles
est
dtermin
avant
tout
par
l e
f a i t
que
les
deux forment
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L'GLISE
C O M M E COMMUNION
163
ensemble
unecommunia
fidelium.
On
ne
doit
donc
pas
reprsenter
l'Eglise localepar une figurepyramidale,
o
tout dcoule du
minis-
tre, mais selon
le modle de l'change,
de
la concertation
et de
la
collaboration.
L'Eglise
locale
ne
parvient
sa
plnitude que
par
la synergia, par le )eu combin de tous les charismes.
En
vertu
de leur
incorporation
sacramentelle
dans
le Corps
du
Christ et
en vertu du sacerdoce commun qui en procde (LG, 10-12), les
lacsont,dans l'dification
de
l'Eglisecomme communaut
sacerdo-
tale, prophtique et royale (Z.G, 34-36), une responsabilit dont
ils
ne peuvent se dispenser. Traditionnellement, cette collaboration a
pris
la
forme
de
l'activitsynodale,
dans
laquelle
les
ministresordon-
ns
et les lacs jouent leur rle, chacun selon son rang. A l'heure
actuelle, elle se ralise, entre
autres,
de manire permanente, par
le conseil pastoral diocsain (C7C, 511-514) et, exceptionnellement,
par
un
synode diocsain (C7C,
460-468).
L'voque est au cur de l'Eglise locale comme le principe et
le
fondement
visible
de
l'unit
{LG,
23a). Il a
pour
tche
de
veil-
ler
(episkopein)
ce que les nombreux charismes s'exercent dans
un mme
esprit.
Comme
un pre et un pasteur, il doit rassembler
et former le troupeau qui lui est confi et qui est pour lui comme
une famille,
de
telle sorte que tous,
pleinement
conscients
de leur
responsabilit, vivent et uvrent dans
la communion de la charit
(in
communione
caritatis)
(CD,
16a).
L'obissance
au
sein
de
l'Eglise
locale
se situe
l'intrieur
de
cette communion de charit et trouve
son modle dans l'obissance
du
Fils
son
Pre
au sein
de
la com-
munion trimtaire. Ainsi donc l'vque est
le
serviteur
de
l'unit.
La mystrieuse
unit qui rgne entre
l'vque
et sa communaut,
que l'antique
tradition
voque par l'image
des
noces, trouve une
expression
trsparticuliredans
la
clbration
de
l'Eucharistie.
Puis-
que l'Eglise
est issue de l'Eucharistie, c'est
l'vque qui, propre-
ment
parler,
la prside
(SC,
41). Il
y apparat
comme l'image du
Christ qui fait l'unit
de
son
Corps,
qui,
par le don de
son
Corps
eucharistique,
cre la
communion
41
. Entre l'vque
et son Eglise
rgne une communion si profonde
que saint
Cyprien
a
pu
dire:
l 'vque est
dans l'Eglise,
et
l'Eglise dans
l'vque
(Epist.
66,
8).
L'vque
reprsente l'Eglise locale {LG, 23a). Cependant
l'vque
et son peuple ne forment
pas
une le spare des
autres
Eglises
locales. Ainsi le ministre de
l'vque
lui est
confr
lors de son
ordination,
au cours de la prire
de
la communaut rassemble,
par l'imposition des
mains
des vques des environs, qui reprsen-
41.
Cf.
IGNACE
D ANTTOCHE,
A ux Smym i em
Vffl 1-2.
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tem leurs Eglises. Cela s'opre normalement dans le cadre d'une
clbration
eucharistique. L e charisme piscopal, qui vient directe-
ment de l'Esprit, lui
est
donc transmis
l'intrieur
de lacatholicit
de l'glise et
travers
la
succession
apostolique. L'vque
consacr
lui-mme devient alors
le garant de
l'apostolicit dans son Eglise,
qu'i l reprsente au sein de la communion des Eglises. C'est pour-
quoi, dans son Eglise, l'Eucharistie ne
peut tre
clbre en vrit
que
sous sa prsidence ou celle d'un
prtre
en communion
avec
lui.
La mention de son nom en
est
un signe marquant.
Lesprtres,
et
leur manire aussi les
diacres,
sont les
collabora-
teurs
de
l'vque
dans
le
ministre
de
Vpiscop.
Le
mystre
de
l 'uni t et
de
la diversit
se
reflte galement dans la structure des
ministres
de l'Eglise locale.
L e
service de
Vpiscop
prsente
un
aspect la fois personnel (dans la personne
de
l'vque)
et
synodal
(dans le collge des
prtres). La
conjugaison
d'une dimension
per-
sonnelle et d'une
autre, synodale,
qui
joue au niveau de
l'Eglise
universelle
(le
pape
et le
collge
des
vques),
se
rflchit
d'une
certaine
manire
dans l'Eglise locale. Avec leur vque les
prtres
formentun unique
presbyterium
(LG,28b), un collge
de
prtres,
dont
l'vque est
le chef (PO, 8a).
La relation entre
l'vque et
ses prtres peut se
dcrire comme une
communia
hierarchica (PO,
7a): fonde sur le sacrement
de
l'Ordre, elle comporte
sans
s'y
rduire,
un
aspect
hirarchique:
l'vque
est le chef
du
presbyte-
r ium
et les prtres lui doivent obissance. Ils ne
peuvent
exercer
leur tche qu'en communion
avec
l'vque {PO,
7a.
14c;
LG,
29a).
Par l, les
prtres ne sont
pas rduits
au rang de dlgus sans
plus,
de
simples
excutants
des
dcisions
ou
de
conseillers.
Lespr-
tres ne sont pas seulement des cooprateurs aviss de l'vque
(Z.G,
28b), mais
se;;
auxiliaires
indispensables
(PO,
7a).
Leur
res-
ponsabilit, celle
d'une communaut
chrtienne,
elle-mme
partie
de
l'Eglise
locale
qu'est le diocse, inclut u n
droit
fond sur
le sacrement de
l'Ordre
l'initiative et la responsabilit. Mais
ce droit
ne peut s'exercer qu'
l'intrieur d'une
communion hirar-
chique: aut rement l'unit
est
brise et la foi
apostolique blesse.
Sur
ce
plan
aussi,
la
pratique
synodale
est le
moyen appropri
de
donner
f o r m e
cette
communion. Si le conseilpresbytral
s'impose
(C/C,
495), la raison en est que, dans le diocse,
le ministre de
Vpiscopn'est pas
purement
personnel,
mais,
dansson essence
mme,
synodale
et^cea.
de
par sa
dimension
communionnel le
4 2
-
42.
Cf.
E.
CORECCO,La rception
deVatican
dans lecodeded roitcanonique,
dans
La
r c e p t i o n
d e
Vat icanII
cite
n.
17,
p.
328-391,
spcialement
p.
367-368,
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d.
Enf in ,
le
modle de
communion
s'applique galement aux
art iculat ions internes du diocse
mme.
L'Eglise locale qu'est
le
diocse
est
une communion de
communauts,
de
paroisses.
Chaque
paroisse
est,
son
tour,
une
communaut
prcise
de
f idles
qui
est constitue
d'unemanire
stabledans l'Eglise
particulire, et
dont
la chargepastorale est
confie
au cur,
comme
son
pasteurpropre,
sous l'autorit
de l'Evque
diocsain
(C/C, 515
1).
Les
rapports
entre le cur et
sa
communut paroissiale
sont
analogues
ceux
de
l'vque avec son
Eglise.
Le cur
doit reconnatre
et encourager
la
participation qui revient aux
lacs
dans
la
mission de l'Eglise.
Il
doit aussi s'efforcer
de
rendre les
fidles attentifs
la
bonne
entente
dans la paroisse. En mme temps, il
gardera
sa
paroisse
d'un splendide isolement;
pour cela, il soulignera l'importance
des relations extrieures, de
telle
sorte
que
ses
paroissiens se
sentent
membres et de
leur
diocse et de l'Eglise universelle
(C/C,
529
2). Normalement,
la
collaboration entre le cur et les fidles
qui
lui
sont
confis
s'exprime
dans
la
constitution
d'un
conseil
parois-
sial (C/C, 536),parfois aussi dans la formation d'une quipe
parois-
siale
compose de
lacs
et quipartage
le
soin
pastoral
de laparoisse
(C/C, 517, 2), et
dans
un
ensemble d'autres
formes
visant
con-
struire
la
communaut paroissiale.
La
paroisse elle-mme
peut
son tour treconsidrecomme une
communion
de communauts .
Car
une paroisse vivante reoit
ses
impuisions
vitales
des
commu-
nauts de
quartier
qui
la
constituentou descommunauts ecclsiales
de
base.
Le modle decommunion s'applique
donc
tous
les
niveaux
de la vie ecclsiale. Pour chacun d'eux, il s'agit toujours de trouver
un quilibre dlicat entre l'unit et la diversit, entre la responsabi-
lit personnelle du chef et
la
mission particulire des
membres
de
la
communaut.
5. La
communion universelle des
Eglises
l oca les^
Puisque l'Eglise de
Dieu
est
rellement
prsente en toute Eglise
locale rassemble dans
l'Eucharistie,
toutes
les Eglises
locales rpan-
dues
par toute
la
terre,
quelque moment que
ce
soit
de
l'histoire,
forment l 'unique et
mme
Eglise;
et
ce qui vaut
pour la commu-
nion descroyants l'intrieur de l'Eglise
localevaut
semblablement
pour les
Eglises
locales entre elles;
elles
constituent une
communia
43. Cf.
J.M.R.
TILLARD, L Eglise de
Dieu...,
cit n. 22,p.
461-465;
W. K.ASPER,
L Eglise..., cit
n.
20, p. 23-27;
D.E. L A N N E , L glise locale et l Eglise
universelle,
dans
Irnikon
43
(1970)
481-511;
H.
DE
LUBAC,
Les glises
particulires
dans
l glise
universelle, Paris , 1971.
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ecclesiarum.
Ceci
nous amne
un
cinquime
aspect du modle
communionnel, son sens ecclsiologique
proprement
technique.
La
notion d'Eglise de Dieu comme c o m m u n i o n d'Eglises locales a
t pour l'Eglise du premier millnaire et a u j o u rd 'hu i
encore
pour
les glises orientales (OE,
13; UR,
14s) l'image dominante
de l'Eglise. Consciemment, le
II
e
Concile
du Vatican a repris
cette
ecclsiologie
decommunion et
abandonn l'ecclsiologie
unilatrale
de
l'unit,
qui
fut
celle du second millnaire. Son
principe
fonda-
mental a t
formul en
Lumen Gentium,23a:
c'est dans
les Eglises
particulires et
partir d'elles qu'existe
l'Eglise
catholique une et
unique
(cf.
LG,
26a;
CD,
lia;
AG,
22b).
L a
formule
in
quibus
et
ex quibus dfinit
clairement le principe
de
la communion:
il
s'agit
d'un
rapport d'immanence entre
la
dimension universelle
et
la
dimension particulire de l'Eglise du Christ
une et
unique.
Ici
encore,
le
modle
se trouve dans le
mystre
trinitaire de l'unit
dans
la diversit. P a s plus que l'Eglise
universelle
n'est une
addi-
tion
ou une
confdration
d'Eglises
particulires qui lui
prexistent,
pas
plus
les
Eglisesparticulires
ne
sont
une subdivision administra-
tive
de l'Eglise
universelle. Eglise universelle et Eglises particulires
s'impliquent mutuel lement ,et
il
rgneentre
elles
un rapport d'inha-
bitation
rciproque
4 4
. C'est prcisment cette immanence plnire
de la dimension
universelle et
particulire qui
dtermine
l'interpr-
tation
spcifique
de
la
rcente
ecclsiologie
catholique
de
commu-
nion et
qui
la distingue des interprtations
en
cours
dans les
Eglises
ou
communauts
ecclsialesqui ne
vivent
pas en
pleine
communion
avec l'vque de
Rome.
En
effet,
seule une
ecclsiologie qui
a son
point dedpart dans l'unique
Eglise
du Christ est en
mesure
d'vi-
ter l'impasse o aboutit invitablement une ecclsiologie
centre
de
faon
exclusive
sur
l'Eglise
universelle ou sur l'Eglise
locale.
L'Eglise universelle
et
l'Eglise
particulire
ne
sont
pas deux
ralits
concrtes
spares. Elles
sont
deux
dimensions
formelles et
constitu-
tives de
l'unique Eglise du
Christ.L'Eglise
universellen'existe mat-
riellement
que
l
o l'Eglise du Christ est prsente dans sa dimen-
sion
particulire
45
.
a. Il existe entre les
Eglises
locales les mmes liens qu' l'int-
rieur de l'Eglise locale: communion de foi, de charit et d'esp-
rance;
communion
des
biens que procure
la grce; communion
dans ladiversit
des
dons del'Esprit,dans lamission,dans la rcon-
44. W .
K A S P E R L g l i s e . , , ,
dt a.
20 , p 26.
45. C f.
E.
C O R E C C O
La
rception...,
ctt
a
42, p .
361-365.
-
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L'GLISE C O M M E
C O M M U N I O N 167
ciliation et dans
le
ministre. L'Esprit du
Seigneur
ressuscite en
est l'oprateur. C'est par lui que l'Eglise universelle est cathol ique:
elle intgre la diversit et la pluriformit qui font
partie de
son
essence.
Sur
le
plan
historique
et
gographique,
elle
porte
son
achvement laprire de Jn 17 . Aussi
fait-on
mmoire,
dans lagrande
prire eucharistique, des saints du
pass
ainsi
que de
l'ensemble
des
voques qui reprsentent toutes les Eglises locales existantes hic
et
nunc.
b.
La
communion
universelle
des Eglises
locales
se
manifeste
dans
la communion
de leurs
ministres, les
vques.
Leur c o m m u -
nion
trouve son
fondement
dans
le
lien
qui
les rat tache aux
Eglises
apostoliques et leurs chefs, les Aptres.
Sur
la toile de fond
de
l 'ecclsiologie
de communion, Vatican
II a
soulign
la
collgialit
piscopale. Tous
ensemble, les
vques
formentun
collge que l'Esprit
enracine
dans le collge
des
Aptres,
institu une
fois
pour
toutes
et unique tmoin de la foi (LG, 22). Ce qui
signifie
non seulement
qu'ils doivent tre unis dans
la
foi, la
charit,
la mission et la
rconciliation, maisqu'ilsparticipent simultanment
la mme
res-
ponsabilit et au mme service l'gard
de l'Eglise. Vu que
l'Eglise
universelle (c'est--dire
catholique) se
ralise dans l'Eglise locale, l'v-
que
ne peut
sparer
sa charge pastorale
envers
son Eglise locale
de celle qu'il assume envers l'Eglise universelle. En
vertu
de son
ordination piscopale, il
exerce
la
charge
pastorale, particulire et
immdiate,
envers
son
Eglise
particulire (CD, Sa.llb),
mais, en
t ant
que membre
du
collge piscopal,
il a
en
mme temps pour
devoir de tmoigner d'une
relle
sollicitude l'gard de l'Eglise
entire
(LG, 23b). Il doit porter ce souci en communion avec tous
les
vques
qui hic
et
nunc assument la responsabilit des Eglises
locales ainsi
qu'en
communion avec les
vques
du pass qui ont
transmis la tradition
apostolique
vivante.
Vu que cette
communion
(et
donc la collgialit)
se
fonde sur
le
sacrement, elle
confre
un
droit objectif antrieur
toute rglementation institutionnelle ou
touteordonnancejuridique. L e souci de l'Eglise universelle,l'Esprit
le
confie la communia ep iscoporum,
sous
laprsidence de l'vque
de
Rome.
La
pratique
conciliaire est
l'expression,
laforme
tradition-
nelle de cette
communion.
L'institution du synode des vques
lui
donne une forme actuelle et partielle. Selon Vatican
II,
la
commu-
nion ministrielle des vques
n'a
pas seulement une
base ontologi-
que et sacramentelle, mais
elle
possde aussi
une
dimension
institu-
tionnelle
et
hira rch i ue:
C est
en
vertu
de
la
conscration
sacra-
-
7/25/2019819-L'glise+comme+communion.+Rflexions+ +propos+du+Rapport+final+du+Synode+extraordinaire+de+1985+(suite)
8/19
L'GLISE
C O M M E COMMUNION
69
L e pape est
avant
tout
vque
de
Rome,
le premier des voques,
parce
que
son Eglise locale a une origine plus
puissante ;
son
autorit universelle dcoule de
ce fait, et
non
l'inverse. L'lection
du pape
n'a
jamais
t
considre
comme
un
sacrement;
le
fonde-
ment
sacramentel de la fonction
ptrinienne,
c'est la
conscration
piscopale
de l'lu
au
sige de Rome.
La
charge de
l'vque
de Rome
l'gard des Eglises va
de
pair
avec la
place particulire qu'occupe son
Eglise. Pour
que
l'pisco-
pat lui-mme
ft
un et indivis, il (le Christ)
a
mis saint Pierre
latte desautres aptres, instituant,dans sapersonne,un principe
et fondement
perptuels
et visibles d'unit
de
foi et de commu-
n i o n (Z.G,
18b).
L a responsabilit propre de l'vque de Rome
est donc
de promouvoir
et de
maintenir
la communion
universelle
des
vques
et
de
leurs Eglises; elle
consiste avant
tout
veiller
l'authenticit du tmoignage
de foi.
En vertu
de
sa
charge de
veilleur et de vigie, il interpelle
les Eglises au
niveau
de la vrit,
de
la
foi apostolique,dont lesAptres Pierre et Paul ont
tmoign.
Ceci est
essentiel sa
mission face
l'Eglise
universelle
et s'accorde
bien
avec
le
lien
troit que le Nouveau
Testament
tablit entre
le service ptrinien et la
confession
(par le martyre)
(cf.
M t 16,
13-20; Le 22,
33;
Jn
21 ,
15-19).
Les
dfinitions
dogmatiques
de
Vatican 1touchant
la
primaut de juridiction
immdiate,
ordinaire
et
piscopalequi
revient l'vque
deRome
et touchant l'infaillibi-
lit de
son
magistre viennent
concrtiser
ce point essentiel.
Ainsi,
situe
dans la prminence
de
l'Eglise de
Rome,
la
primaut de
l 'vque qui occupe
ce
sige apparat effectivementcommeune charge
piscopale.
Elle
repose, en effet, sur la
conscration
piscopale.
Elle
suppose aussi l'octroi dupouvoir piscopal ncessairepour l'exercer.
La dfinition dogmatique de Vatican 1
concernant la
primaut
de juridict ion immdiate
du pape
sur
l'Eglise
entire
a souvent
tort conduit
une conception monarchique de l'Eglise, qui
isolait
le
pape des autres
vques
et
rduisait
ceux-ci un corps
de vicaires
apostoliques,
fonctionnaires ou dlgus du
pape.
L'eccl-
siologie de
communion
permet decorriger cette faon devoir erro-
ne.
La
charge de
l'vque
de Rome doit tre replace
l'intrieur
de l'ensemble du collge piscopal, et non pas au-dessus ou en
dehors.
Son pouvoir ne peut se comprendre qu'en relation avec celui du
collgepiscopal, bien
qu'il
failledistinguer l'un del'autre. L epape,
il
est vrai, est
le
chef du
collge
piscopal et les
vques
sont
en
communion
hirarchique
avec
lui.
Mais
la
vritable
communion
-
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9/19
170 A . D E N A U X
suppose unecertaine galit et autonomie desmembres. Les
vques
ne se
trouvent donc
pas
sous la tutelle
de l'vque de Rome, pas
plus
qu'ils
ne sont purement
et
simplement dpendants de lui.
Le
pouvoir
de
la
primaut
n'est
pas une
force
d'absorption.
Pas
plus
qu'elle n'est
la
source de
la
puissance
du
collge. La reconnaissance
de la sacramental i t du
ministre
piscopal en LG,
21
le montre
clairement.
La
primautdu
pape
ne
secomprend donc
dans
sa
signi-
fication
exacte
que situe l'intrieur de la communia ecclesiarum
et ep iscoporum.
Tout
cequi a trait l'organisation
et
la
centralisa-
tion de l'administration
autour
de
ce
plen'appartient pas l'essence
de
la
fonction
primatiale,
si
utile
et
si
ncessaire
mme que ce
soit.
En soulignant le pouvoir
universel du
collge
piscopal
(LG, 22),
Vatican II a tir
de
son
isolement
et relativis le primat universel
de l'vque de Rome, c'est--dire qu'il l'a mis en relation avec la
communiaministeriorum des vques,
sans toutefois altrer en
quoi
que
ce
soit
le
caractre
propre
de
la
primaut du
pape. Ainsi
se
trouvertabli,mme sur leplan de
la
structure
ministrielle,
l'qui-
libre entre
la dimension personnelle
et la
dimension synodale.
Ici
encore,
on retrouve le modle trinitaire de
l'uni t
dans la diversit.
Cet te
structure
elliptique ple papal et
ple piscopal
est
de
droit
divin.Cette
unitbi-polaire
est le fondement de la
commu-
nion
de
l'Eglise.
La
communion,
lien
l'vque
et
lien
avec
le
successeur
de Pierre,
est ainsi unit
dans la catholicit et catholicit
dans l 'uni t
4 9
. En principe, dans l'Eglise universelle,
un conflit
fondamenta l
entre l'autorit du pape
et
celle
des vques
est
exclu,
puisque l'vque de Rome
fait
partie
du
collge
piscopal en
tant
qu'il en est le chef. Pourtant le Concile
n'a
pas indiqu
avec
suffi-
samment
de
clart
comment
s'allient
ces
deux formes
de
service,
ou
comment lepouvoir
du
collge
piscopal
relativise
effectivement
celui
du pape
et
le garde de s'exercer de faon
trop
monarchique.
Le Concile limite
la
collgialit, entendue au sens strict du mot,
la
pratique conciliaire ou au magistre extraordinaire des vques
rpandus de
par
le monde. Dans les faits, cet exercice n'apparat
que
rarement
Tous
les
vques
n'assument
pas
avec
suffisamment
d'autonomie
la charge
(et
le droit) qui
leur
revient en
vertu de
leurconscration,
l'gard et deleur Eglise
particulire
et de l'Eglise
universelle. Cela soit cause d'une habitude profondment
ancre,
celle devouloir
obtenir
l'approbation
romaine
pour
toutes les
dci-
sions
importantes, soit
du fait
que les instances de la curie s'arro-
49.
W . K A S P E R
L glise.. .,
cit n. 20, p. 26.
-
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L'GLISE CO M M E
COMMU NION 171
gent parfois les
droits
des vques. Ajoutons
que
les derniers papes
ont visiblement et avec dynamisme exprim
la
primaut de juridic-
tion immdiate:
les
voyages
pastorauxdu pape,
auxquels
les
mdias
ont
fait
largement cho,
en
sont
un
exemple. Ces
faits
amnent
certains
observateurs
craindre
tort ou
raison que
l'image
pyramidale
et monarchique de l'Eglise, image
laquelle
bien
des
fidlesrendent
encore
spontanment hommage, en soit
tout
simple-
ment renforce.
Cela irait
l'encontre
des
intentions de Vatican
II
et jetterait une
ombre
sur la structure communionnelle de l'Eglise.
6.
Formation
de groupes d Eglises locales
la
lumire du modle
de communion
En
reconnaissant la
sacramentalit
du ministre
piscopal,
Vatican 13
a
renforc la place et
l'autorit
de
l'vque
l'intrieur de l'Eglise
locale
en
mme
tempsqu'il
a m is
en lumire
la
dimension
commu-
nautaire
de
l'autorit ecclsiale
suprme.
La
structure piscopale de
l'Eglise
particulire et la dimension synodale
du
service
ecclsial
suprme
(le collge
des vques) possdent
un statut thologique,
sacramente l :
elle
font
partie
de
la
structure
essentielle
de l'Eglise,
elles
sont de
iure
divino.
Par ailleurs, le
Concile a
reconnu
l'opportunit et la
ncessit
de
grouper des Eglisesparticulires
enprovinces
et rgions
ecclsias-
tiques. Ces
groupes
d'Eglises
particulires
exercent
leur
activit
t ravers des organismes permanents
(par exemple,
les
confrences
piscopales
nationales ou rgionales) ou
temporaires
(par exemple,
les synodes ou conciles particuliers)
(LG,
23;
CD,
36-41;
C/C,
431-459). Depuis
le
Concile, les confrences
piscopales
ont pris
une
place
de plus
en
plus grande
dans
la vie
de l'Eglise.
A l'chelle
des
continents
se
sont
galement dveloppes
des
formes
de
collabo-
ration
entre
diffrentes
confrences.
En
tmoignent
la naissance du
Conseilpiscopal latino-amricain (CELAM), le Symposium
des
Con-
frences
piscopales
d'Afr ique et de Madagascar (SCEAM), la Fd-
ration des Confrences
piscopales
d'Asie
(FABC) et le
Conseil
desConfrences piscopales europennes(CCEE).Cenouveau
dve-
loppement
a
conduit
un approfondissement
de
la
conscience
de
la catholicit et
de
la structure
communionnelle
de
l'Eglise.
De
nos jours, l'universelle
communia
ecclesiarum nes'exprime plus exclu-
sivement
par des
dcrets
provenant
de
l'autorit centrale,
mais aussi
par
le
tmoignage de groupes
d'Eglises
locales.
Personne
aujourd'hui
ne
conteste plus
l'utilit
et
la
ncessit pastora-
les
des
confrences oiscoDles.cas
olus
aue celle de
leurs
associations
-
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172 A .
D E N A U X
l'chelle
descontinents. Mais
quel
statut
thologique
faut-il
recon-
natre ces niveaux intermdiaires
entre
l'Egliseparticulire et l'Eglise
universel le?D'aucuns inclinent voir ici une expression de
la
coll-
gialit.
Les
confrences
piscopales
et
leurs
groupements
continen-
taux sont alors considrs
comme des
instances
collgiales.
Cepen-
dant
le Concile limite
la
notion de collgialit au collge piscopal
dans
son
ensemble (Z-G, 22-23; CD, 4-6).
La collgialit piscopale appartient la structure
mme de l'Eglise
reue du
Christ
(iure divino).
Par contre, des
institutions telles que
les
Confrences
piscopales (et leurs groupements continentaux) rel-
vent
de
l'organisation
ou
de
la
figure
concrte
de
l'Eglise
(iure
e c c l e -
siastico); l'emploi leur sujet des termes collge, collgialit,
collgial, ne
peut
donc relever que
d'un
sens analogique, thologi-
quement
impropre
5 0
.
Lanotion de
collgialit
ne semble
donc
pas offrir l'angled'approche
adquat de
la
question du statut
thologique
des confrences
pisco-
pales.
A
l'oppos,
d'autres
dnient
toute
base
thologique
aux con-
frences piscopales et leurs groupements. C'est dans ce
sens
que
s'est
exprim,parexemple, le
Cardinal
J.Ratzinger dans l'interview
accorde Vittorio Messori: Nous ne devons pas oublier que
les
confrences piscopales
n'ont
pas de base
thologique,
elles ne
font pas
partie
de
la
structure irrfragable de
l'Eglise
telle que l'a
voulue
le
Christ:
elles
n'ont
qu'une
fonction prat ique
et
concrte
5 1
.
Le Cardinal
et
d'autres
encore estiment
que ce serait
lser la
responsabilit
inalinable
de
la personne
de
l'vque que
de
donner
aux confrences
piscopales
un
statut
thologique.
Le Synode extraordinaire a adopt un point de
vue
mitig, en
formulant
le
souhait
qu'on
tude
le
status
thologique
des
confren-
ces piscopales, en particulier
la
question
de
leur autoritdoctrinale
{Rapport
final,
II, B , 8). Le modle de
communion
nous parat
offrir
maintenant
une voie
intressante
pour tudier
le statut
tho-
logique des confrences piscopales. Car
la
structure communion-
nelle de l'Eglise
dtermine galement et
de manire
essentielle
sa
structure
ministrielle. Cela
est
dj
apparu clairement
au
niveau
de l'Eglise particulire (vque et presbyterium)
et
de
l'Eglise
uni-
verselle (pape et collge piscopal).Pourquoi les confrences
pisco-
50.
Commission
thologique internationale,
L E g l is e d a n s
le
monde,
dans D o c .
Cath. 83 (1986) 65.
51. Card. J. R A T Z I N G E R V.
M E S S O R I ,
Entretien s u r l a foi, Paris, 1985,
p.
67.
Voir
les
rflexions
critiques de
G.
THILS
ce
propos
dans
En
d ia logue
avec
l
Entretien s u r l a o i , Louvain-la-Neuve, 1 9 8 6 , .61-72.
-
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L'GLISE C O M M E C O M M U N I O N 173
pales et les associations qu'elles forment
entre
elles ne pourraient-
elles
pas tre
u ne expression
de la ralit thologique de la
commu-
nio ministeriorum
? Peut-on srieusement soutenir que
je donne
quelques
exemples
les
dclarations du
CELAM
Medel l n et
Puebla,
les
dclarations
des voques du
Zare sur
Notre foi en
Jsus-Christ (1975), celles
des vques
brsiliens
sur
les droits
de
l'homme, et
celles
des vques
amricains
sur
la
paix
et la
justice
sociale n'ont qu'une
signification
prat ique et concrte et
ne
sont
pas l'expression de
l'autorit doctrinale
exercedans
la
communion
d'un
groupe
d'vques? Lesdclarations degroupesimportants d'v-
ques sont
une
manire d'exercer l'autorit doctrinale q ui
revient
aux vques de
par
leur conscration
piscopale.
En consquence,
ces
dclarations sont elles aussi pourvues d'un sens thologique,
condition qu'elles
soient
nonces
en communion
avec les autres
membres
du collge piscopal et
avec
leur chef
5 2
.
La
structure communionnelle
de
la
charge
des
vques
ne
se limite
donc
pas
la
collgialit
au sens strict. La
difficult de reconnatre
aux institutions
des
provinces ecclsiastiques et
des
rgions
conti-
nentales
un
statut thologique et ecclsial
provient
peut-tre
du
fait
que l'on
ne
peroit pas suffisamment
bien
le lien
entre
la structure
communionnelle et
la catholicit de
l'Eglise. La
catholicit
de la
communion
ecclsiale
postule que
la
diversit
rgionale,
culturelle
et
gographique soit intgre
dans la
figure visible
de l'Eglise et
trouve
s'y exprimer. La naissance et la reconnaissance des cinq
grandspatriarcats deJrusalem,Antioche,Alexandrie,Constantino-
ple et
Rome, au
cours
des
cinq premiers sicles de l'histoire de
l'Eglise, en
sont
un signe
loquent.
Cette pentarchie a t parfois
une
source
de
tensions,
d'esprit
de
conservatisme
et de
particula-
risme, c'est vrai; mais la reconnaissance
rciproque des
rites,
de
la discipline et de
la
thologie
propres
chacun
des
patriarcats
n'a pas entam la communion universelle de
la
foi et de la
charit
53
. Il est hors de doute que
le
dveloppement de la pri-
maut
du sigepiscopalromain a t
ncessairepour
garantir l'unit
profonde des
cinq
patriarcats. On
peut se
demander si cette forme
concrte de
pentarchie, qui,
dans les premiers
sicles, a exprim
remarquablement
l'unit
dans la
diversit,
est jamais rvolue. Le
modle de socit, trop
rigide
dans le patriarcat de
Rome (l'Eglise
52. Dans le mme sens va
galement W.
K.ASPER, D er
theologische Status
der
Bischofskonferenzen, dans
Theol .
Quart. 167 (1987) 1-6.
53. Voir
ce
sujet H.J. URBAIN
&
H. W A G N E R , Handbuch d er kumenik,
1 Paderborn 1985 .
101-110.
-
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174
A . D E N A U X
latine), n'a-t-il pas empche une
volution
semblable l'intrieur
de
son
terri toire?
Est-il impensable qu'
l'intrieur
du
patriarcat
de Rome,
en
tenant compte des situations historiques, culturelles
et
gographiques,
on
puisse
accorder
aux
rgions
ecclsiastiques
de
l'Amrique du Nord, de l'Amrique latine, d'Europe, d'Afrique
etd'Extrme-Orient une autonomieplus
grande
oumme une forme
d'autocphalie
?
Et
ne
serait-ce
pas
au
profit de
la catholicit
de
la communion
ecclsiale
54
?
Mais cette proposition
anticipe
peut-tre trop
sur
l'avenir. Du
Rappor t final du Synode
extraordinaire, il
semble se
dgager
que
les
vques prsents ont
voulu
faire
un
premier pas
pour raliser
leur dsir lgitime d'une
plus
grande autonomie face
l'autorit
centrale:
le
Synode recommande d'tudier l'application du principe
de subsidiarit dans l'Eglise elle-mme (II, C, 8). Il s'agit
d'un
prin-
cipe emprunt
la
philosophie du droit social, suivant lequel
ainsi
s'exprime l'Encyclique
Quadragesimo
anno
(15.5.1931)
l'Etat
doit
assigner
aux particuliers et aux institutions
intermdiaires
les
fonctionsqu'eux-mmespeuvent remplir et leurprocurer
les
moyens
dont ils peuvent se servir.
C'est
face aux
tats
totalitaires
qu'on
voulait,
en
cette matire, assurer le rle et la
place
de groupes
intermdiaires et,
surtout, les droits de la personne humaine. Vati-
can
II
fait,
en
quelques endroits, rfrence
au
principe
de
subsidia-
rit
(GE, 3 et
6;
GS,
86c).
La question
est de
savoir
si
l'on
peut
appliquer galement ceprincipe aux rapports
l'intrieur de l'Eglise,
dans
le
but degarantir l'autonomie institutionnellepropre aux
v-
ques, aux
glises
locales, aux confrences piscopales, aux lacs et
leurs associations.
Le
Synode de
1967,
qui
a tabli les
principes
pour
la
rvision
du
Droit
canon,
a
reconnu,
presque
l 'unanimit ,
que
le
principe
de
subsidiarit tait applicable a . l'Eglise et devait
trouver, dans
la nouvelle
lgislation,
la
place
qui
lui
revient
55
.
Pourtant,
il
y
a,
selon certains, de l'imprudence
appliquer
le
prin-
cipe de subsidiarit aux rapports
l'intrieur de l'Eglise.
Car,
ce
faisant, ne retombe-t-on pas dans le
modle
de socit? On donne
l'impression
que
le
caractre
de
socit de l'Eglise
est
l'origine
54. Cf.
J. RATZINGER,
Le
nouveau peuple
de Dieu, Paris ,
1971,
p.
68-69; Y .
.CONGAR,
Le
Pape c omme
patriarche d Occident ,
dans Istina 28 (1984) 390;
G.
THILS, Le ministre
des
Successeurs
de
Pierre
et l e
service
de l unit universelle,
dans RThL 17
(1986)
61-68, spcialement p. 67-68.
55. Cf. De Bisschoppensynode (2), dans Katholtek Archief
(1967)
1087-1108,
spcialement
1103,
1242;
G.
THILS,
Vingt
ans
aprs
Vatican
I I ,
dans
NR
T
107
(1985)
22-42; p. 29-30; l'A. fait rfrence
l'accord du
Cardinal J. Dani lou.
-
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14/19
L'GLISE C O M M E COMMUNION
175
de son ordonnance
juridique
5 6
.
Il nous parat plus fructueux de
fonder le but poursuivi, c'est--dire
l'autonomie
des Eglises locales
et
des
confrences piscopales,
sur
un donn thologique:
la
struc-
ture
essentielle
l'Eglise,
celle
de
la
communion.
Si
l'on
prend
pleinement au srieux le principe thologique selon lequel l'Eglise
est une
communia ecclesiarum,
on y trouvera rassembles toutes
les garanties
ncessaires
l'autonomie des Eglises locales et
leurs
groupements face
au
pouvoir central.
En
ce
domaine encore,
la
rception
de Vatican II est
loin
d'tre
acheve.
7. La tache de
l oecumnisme:
tendre
vers la
plena communia
7
D'un
point de
vue
historique
et sociologique,
on doit constater
que l'Eglise de
Dieu
est
divise.
L'loignement des Eglisesorientales
de
l'Eglise
d'Occident
et ensuite, depuis la Rforme, les sparations
l'intrieur
de l'Eglise
d'Occident ont
eu
pour consquence que
certaines Eglises ne vivent plus en
pleine
communion (plena com-
munio -
UR, 3)
avec
le sige
piscopal de Rome et que d'autres
ont
mme
rompu avec la
tradition apostolique
sur
des
points
qui,
jusqu'alors, passaient pour essentiels. Les liens fraternels ont t
tranchs.
La communion eucharistique a
t brise.
La visibilit
de
la communion universelle
de l'Eglise
du Christ
est
manifeste-
m e n t rduite. L'ecclsiologie se trouve ici devant un paradoxe.
Il
semble
qu'uneopposition
existe
entre
la
division
de
fait
(un
donn
de
l'exprience) et l'unit essentielle
de
l'Eglise du Christ (un donn
de
foi). Si l'on reconnat tout
fait
la division historique et
visible
des Eglises, on
parat
nier qu'il n'y
ait qu'un seul
Corps du Christ
(Corps ecclsial),
ralit eschatologique
qui, envertu de
lapromesse
de
l'assistance divine (M t 28, 20), subsistera au milieu des
vicissitu-
des de
l'histoire.Symtriquement,
si
l'on
tient
l'unit indfectible
de
l'Eglise du Christ, on est comme
forc
d'estomper la
division
relle
des Eglises.
La tradition protestante a tendance rsoudre la question par
une approchedualiste.
Leparadoxe
entre unit et division se rsout
56. Cf. E . CORECCO, L a rception.. ., cite n.42, p. 343;
Ph.
DELHAYE,
C lair-
voyance d u Synode 1985,
dans Esprit
et V ie 97 (1987)
73-74;
J. BEYER, Principe
de
subsidiarit
ou
juste autonomie dans l Eglise, dans
NR
T 108 (1986)
801-892,
est
galement
oppos l'application du principe
de
subsidiarit
l'Eglise, mais,
m on avis, il fonde
trop peu sur l 'ecclsiologie
de
c o m m u n i on la
notion alterna-
tive
de
jus te
a u t o n o m i e .
57. Cf.
A. DULLES,
T h
C h u r c h , th
C h u r c h e s
and th
Catholic
C h u r c h
dans
T h
Du b l in
P sp e n o n
E c u m e m s m ,
dit. P.S.
D -
A C H U T F . G U I
Manila,
1972;
p. 118-161; J .M.R . T I L L A R D
L g l is e
de
Dieu. . . ,
c i t t
a
22 ,
p. 465-468.
-
7/25/2019819-L'glise+comme+communion.+Rflexions+ +propos+du+Rapport+final+du+Synode+extraordinaire+de+1985+(suite)
15/19
76 A . D E N A U X
en distinguant l'Eglise visible et l'Eglise invisible, ou
la commu-
naut
spirituelle
et
les
institutions ecclsiales historiques. L'unit
est
placer dans
la
communaut
spirituelle;
la division,par contre,
se
situe
au
niveau
institutionnel,
historique
et
ne
blesse
pas
l'unit
essentielle de l'Eglise invisible
du
Christ. Mais cette dichotomie
revient finalement nier
que l'unique
Eglise du
Christ soit gale-
ment,dans son essence, une ralit historique et visible. Sansdoute
l'unique glisedu
Christ possde-t-elle
une
dimension visible
et
une
autre,
invisible;
les
deux
ne
concident pas
tout
fai t ;
cependant
l ' assemble
discernable
aux
yeux
et
la
communaut spirituelle...
constituent,
au
contraire,
uneseuleralit complexefaited'un
double
lment humain et divin (Z.G, 8a). L a variante eschatologique de
cette vue,
selon
laquelle
la vritable
Eglise du
Christ
existe plutt
en esprance et en
promesse
qu'en une
ralisation actuelle
et selon
laquelle
aucune Eglise
historique
ne peut prtendre
tre
la
vritable
Eglise
du Christ,mconnat
la
dimension essentiellement
eschatolo-
gique de
l'Eglisehistorique du
Christ.
Car,
en l'Homme-Dieu
Jsus-
Christ,
l'eschatologie
est entredans
l'histoire.
Ceci
vaut
galement,
de
manire
analogique,
pour le
Corps
ecclsial
du Christ:son unit
essentielle
nepeut
tre rduite par
le
pch
de
la
division
des hom-
mes.
Autrement, on
ramne
le
statut eschatologique de l'Eglise au
statut provisoire du Peuple
de Dieu de l'Ancien
Testament.
La
tradition
anglicane aplutt
dfendu
cequ'on appelle la Branch-
theory:l'Eglise
catholique existe, dansson actualithistorique,comme
un arbre
trois
branches, la
branche catholique,
la
branche ortho-
doxe et
la
branche
anglicane.
On nepeut
nier la
force de suggestion
de
cette
image. Cependant il faut
se demander si
cette
mtaphore
peut rendre suffisamment
compte
de l'unit essentielle de l'Eglise
du
Christ
et
surtout
si,
en
l'utilisant, on
ne voile pas
le
scandale
de
la
division.
Il y
a
peu de temps
encore,
la tradition
catholique
se posait en
partisan d'une approche substantialiste du problme: la vritable
Eglise
du
Christ
existe qttoad
substantiam
dans une
Eglise
histori-
que bien dfinie,
en
l'occurrence
l'Eglise
catholique
romaine. Cette
opinion
prend,
d'unepart, une forme exclusive: la vritable Eglise
du Christ est identique
une certaine dnomination, la catholique
romaine.
Ce qui implique
que
toutes les autres c o m m u na u t s
chr-
tiennes
ne
sont
pas de vraies Eglises
au
sens thologique strict du
mot.
Si
nous
traduisons
cette
affirmation
en termes d'ecclsiologie
de
communion,
cela
revient
dire
que l'glise
a
disparu,
sauf
dans
-
7/25/2019819-L'glise+comme+communion.+Rflexions+ +propos+du+Rapport+final+du+Synode+extraordinaire+de+1985+(suite)
16/19
L'GLISE
COMME COMMUNION 77
cette
partie
qui est reste en continuit
avec
le tronc primitif .
A
cette
faon de
voir
correspond
l'cumnisme du retour: les com-
munauts
spares ne peuvent redevenir Eglise
que
si elles retour-
nent
au
vrai
bercail du
Christ,
c'est--dire
l'Eglise
romaine. D'autre
pan, cette
conception prend
aussi une
forme inclusive:
bien que
la
vritable
Eglise du Christ
n'existe
compltement et parfaitement
que dans une Eglise,
elle
existe aussi
imparfaitement ou
par
mode
de participation dansd'autres dnominations ecclsiales, dans la mesure
o celles-ci possdent encore des
vestigia ecclesiae
ou, pour le dire
avec
un peu plus
d'irnisme,
des
lments de
la
vritable
Eglise.
Cette vue catholique classique affirme dans son
intgralit le carac-
tre essentiellement historique
et
visible
de l'unit eschatologique
de
l'Eglise du
Christ,c'est
indniable. Mais il estpar ailleursvident
qu'elle ne tient pas compte, et certainement
pas dans
sa forme
exclusive, de
la
ralit
ecclsiale des
autres confessions chrtiennes.
L'ecclsiologie de
communion
offre
la
possibilit
de
prsenter
de
faon plus
mesure
le paradoxe de l'unit essentielle
et
de la divi-
sion de fait.
Vatican
II affirme
dans
Lumen gentium
que
l'unique
Eglise du Christ se
trouve
dans (subsistit
in)
l'Eglise
catholique
(Z.G,
8b). Ce
faisant,
il vite dlibrment de dire que l'Eglise du
Christ se
trouve exclusivement dans l'Eglise catholique,
et il recon-
nat
que
l'unique
Eglise
du
Christ
se
trouve
galement
mme
si ce
n'est pas entirement
dans les
Eglises qui
ne
vivent
pas
en pleine
communion
avec l'Eglise
catholique.
Le
Concile
aban-
donne
la
vue
substantialiste
dans
sa
forme exclusive. Il
s'appuie
plutt
sur sa variante inclusive
qu'il
dveloppe
dans
un sens plus
positif,
grce
l'ecclsiologie
de communion.
Certes, la plnitude
des
moyens
de
grces
que
l'Esprit
accorde
l'Eglise
se
trouve
dans
l'ensemble des Eglises qui
sont
en
communion avec
le
sige
aposto-
lique romain.Et sil'on se spare decette communion,on se
spare
ipso
facto de certains
de
cesmoyens(srement du charisme de l'v-
que de
Rome).
Toutefois,
ceci
n'implique pas que tous les liens
de communion
avec
Dieu et
les
frres soient rompus.
L e cur
d'o
l'Eglise
tire
sa
vie,
la
communion
invisible
avec
Dieu,
est
maintenue,
mme
si de
nombreux
liens fraternels
sont
briss.
Le signe extrieur et l'instrument
de
ce lien
de
communion avec
Dieu reste le
baptme
au
nom
du
Dieu Trinit.
Thologiquement
la reconnaissance mutuelle du baptme par les
diffrentes
Eglises
chrtiennes est une donne d'une importance extrme. Ce
fait
est
indubitablement la
nreuve
lanlusnette ou'un lien f n n / i a m e n f a i nm.
-
7/25/2019819-L'glise+comme+communion.+Rflexions+ +propos+du+Rapport+final+du+Synode+extraordinaire+de+1985+(suite)
17/19
178 A .
D E N A U X
mun s'est
conserv,
un
lien
sacramentel et visible, entre
les
parties
spares de l'Eglise
de
Dieu.D'une
part, le
baptme est
une action
de Dieu,
par
laquelle il
incorpore l'homme
dans le seul
et
unique
Corps du
Christ,
et
cela
travers la confession laquelle le baptis
appartiendra.
D'autre part,
le
baptme
est
galement une action
pose
par l'homme qui, dans
la
foi, accepte l'Evangile de Dieu.
Ce
lien de
la communion baptismale est
donc
tout ensemble un
lien
profond de
la
foi
commune
en Dieu, d'un amour commun
envers
Dieu, d'unevolont
commune
d'tre fidle l'Evangile. Sur
la base
de ce lien baptismal,
d'autres
liens aussi
continuent
d'exister
:
communion
dans
la
saintet
(la
liste
des
saints
est
interconfession-
nelle), dans
la mission,
dans l'engagement social, dans le service
de
la louange de
Dieu. Certes,
ces liens ne
sont pas tous
galement
profonds. Mais ils existent.
Et
leur
existence
permet
d'affirmer, en
dpit du pch de
ladivision,
que
l'unique
Eglise deDieu continue
d'exister (existit)
l'intrieur
de l'histoire
des
hommes. Le subsistit
in
de
Lumen gentium
autorise prcisment
confrer
sa
valeur
pleine
cette existence
de
l'Eglise,
mme en
dehors des
limites
des Eglises qui
sont en communion
avec
le sige apostolique.
Au
vrai, il n'y a,
entre les diffrentes
confessions
chrtiennes,
pas de
communia p lena, mais une communion ecclsiale pourtant relle
avec des composantes visibles et invisibles. Cette
communion,
qui
dj
existe,
forme
la
trame,
le
tissu
qui
demeure
et
sur lequel
il
est toujours
possible
de rtablir l'unit
plmre.
Le
rtablissement de laplena communia
entre les
confessions est
le
but particulier du mouvement
cumnique.
Ce
fut
le
souhait
formel des vques
au
cours du
Synode
extraordinaire Rome en
1985: Nous dsirons
ardemment
que
la
communion
incomplte
qui existe
dj
avec
les
Eglises et les
communauts non catholiques
parvienne,
avec la
grce de Dieu,
une
pleine
c o m m u n i o n (Rap-
port
final,II, B ,
7).
En
fait,
cause
de leur
division,
les c o m m u n a u -
ts chrtiennes
ne
possdent
pas
toutes l'ensemble
des moyens
de
grces qu'elle
devraient
offrir
leurs membres
pour
les
aider
parvenir
au
degr de
communion
que
Dieu
dsire.
Il
ne
suffit
pas
que les Eglises
se
rconcilient extrieurement
entre elles
tout
en
restant simplement ce qu'elles sont. C'est
l
que rside
l'ambigut
de certainespratiques d'intercommunion. Une communaut eucha-
ristique sans communaut de foi
n'est qu'un
simulacre. La tche
des
Eglises
consiste
ce
qu'elles se donnent mutuellement
ce dont
elles
ont
besoin
pour
former
ensemble
l'Eglise que
Dieu
veut:
celle
-
7/25/2019819-L'glise+comme+communion.+Rflexions+ +propos+du+Rapport+final+du+Synode+extraordinaire+de+1985+(suite)
18/19
L'GLISE CO M M E COMMUNION
179
qui
vit, dans
chacune des
Eglises locales, la plnitude
de
l'Evangile.
Aucune Eglise
mme pas
celle
qui
bnficie du subsistit
in
n'chappe cette ncessit de conversion l'gard des autres. Il
s'agit
d'une communion
de
repentance
et
de
conversion.
L'ecclsiologie de communion semble tre
un
chemin plein de
promesses
pour
rechercher l'unit plnire
des
Eglises.
Pour les Eglises
orientales, cette ecclsiologie est, pourrait-on
dire,
connaturelle. Au
II
e
Concile du Vatican, l'Eglise romaine
a
commenc
reformuler
la vision qu'elle a
d'elle-mme
travers
le
modle
communionnel
et, depuis
lors,
ses
thologiens
en
ont
pouss
l'tude.
Dans
la
tradi-
tion rforme, la notion de koinnia gagne aussi du terrain
58
. Il
nous semble
que cette
ecclsiologie de
communion est la
seule
qui
puisse, par-del les
sicles
de division,
renouer avec
l'poque
o
l 'Eglise n'tait pas divise. Sans
doute,
l'Eglise a toujours connu
des schismes et des dchirures, mme aux temps
apostoliques; mais
elle
ne
s'en
accommodait
pas.
Le
scandale de
certaines
ecclsiologies
de type juridique
a t
de donner bonne conscience
un prix dri-
soire. S'incliner
devant
la
division
actuelle et
lui
apporter
un
fonde-
ment
idologique necorrespond
pas
la
volont
du Christ.Recher-
cher la communion plnire, la plena communie, c'est un devoir
cumnique
voulu par Dieu et
qui
concerne tous les chrtiens.
Conclusion
Ce qui prcde
aura
montr, nous l'esprons, la
fcondit
du
modle de communion
pour
l'ecclsiologie. Ce
modle a de
solides
racinesbibliques
et
patristiques,
que
les
Eglises
orientales
ont
entre-
tenues jusqu' ce jour. Il permet d'intgrer d'autres images bibli-
ques, spcialement
celles du Corps du Christ
et mme la notion
dePeuple de D i eu ,tout enconservant ce que
le
modle de socit
a
de valable. Sa
richesse
spirituelle est
grande
du fait qu'il relie
harmonieusement la dimension
sacramentelle
et la dimension mystique
(communion
avec
Dieu)
l'ecclsiologie.
De
plus,
il
ouvre
d'intres-
santesperspectives
l'oecumnisme et fait progresser vers
leur
solu-
tion les
problmes internes
de l'Eglise quis'yrelient. Enfin, il
apporte
une
rponse au dsir
de communion
qui, depuis toujours,
habi te
l'homme,
et
il s'accorde son besoin
de
contacts interpersonnels
et de participation active. Par
ailleurs, un
certain flou et u ne cer-
taine ambigut
restent
attachs
la
notion
de
communion.
Et c'est
-
7/25/2019819-L'glise+comme+communion.+Rflexions+ +propos+du+Rapport+final+du+Synode+extraordinaire+de+1985+(suite)
19/19
180 A . D E N A U X
ic i qu'il
peut
y
avoir un danger,
soit celui
d'exploiter l'ide de
communion
ou
d'en abuser au niveau de l'idologie
pour
voiler
les problmes
rels
59
,
soit de
rduire
le modle de communion
au point de porter
atteinte
la riche complexit de la foi chr-
tienne.
Il s'agira donc d'accueillir
la
thologie de
communion au
sens
plnier
et
spcifique
qu'il a acquis dans la tradition vivante.
C'est alors seulement que le modle de
communion
sera
fcond
pour l'avenir
de
l'Eglise
de
Dieu.
B-
8000
Brugge Adelbert DENAUX
Potterierei,
72
Prsident
du
Grand
Sminaire
Sommaire .
Dans
son
Rappor t final, le Synodeextraordinaire de 1985
a mis en lumire
le
modle ecclsiologique
de
c om m u n ion . L'article
situe
cette prise
de
position dans le cadre des changements
qui
se sont produits
avant,
pendant
et
aprs Vatican
II. Aprs
un
bref
aperu
du
modle pr-
conciliaire (l'Eglise comme
socit
^h irarchique
parfaite),
l'auteur
pr-
sente le t o ur na nt
de
Vatican
II
(l'Eglise comme P e u p l e
de
D i e u ) et
la rception
du Concile dans
la vie de
l'Eglise. La
partie laplus labore
de
l'article donne une synthse du modle Eglise-communion dans ses
diffrents
aspects: communion avec
Dieu par Jsus-Christ
dans l'Esprit
Saint, l'Eglise commecommunion eucharistique, l'Eglise particulire comme
communion
des
fidles,
la c om m u n ion
universelle
des Eglises locales
la
lumire
du
modle
de
communion,
enfin
la
tche
de
l 'cumnisme:
tendre vers
la pleine communion.