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Décembre 2012 - N°40 5 ¢ Addictions Magazine de l’Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie DOSSIER EUROPE ET PRODUITS ADDICTIFS ENTRETIEN La parole confisquée EN DIRECT La cigarette électronique ACTION Echange de seringues

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Page 1: Addictions - hypnothérapeute à hénin-beaumont et à Lille(cf Addictions 37, p. 7). Avec le soutien de WWF, elle tente de mettre à contribution les cigarettiers dans ses efforts

Décembre 2012 - N°40 5 ¢

AddictionsAddictionsAddictionsM a g a z i n e d e l ’ A s s o c i a t i o n N a t i o n a l e d e P r é v e n t i o n e n A l c o o l o g i e e t A d d i c t o l o g i e

DOSSIER

EUROPE ET PRODUITS ADDICTIFSENTRETIENLa parole confi squée

EN DIRECTLa cigarette électronique

ACTIONEchange de seringues

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N°40 - Décembre 2012

Magazine trimestriel de l’Association Nationale dePrévention en Alcoologie etAddictologie

20 rue Saint-Fiacre 75002 ParisTél : 01 42 33 51 04www.anpaa.asso.fr

Directeur de la publication Patrick Elineau

Rédactrice en chefElisabeth François

Comité de rédactionDr Michel CrapletDr Patrick DaiméPatrick ElineauFrançoise FacyElisabeth FrançoisDr Alain RigaudChristian RossignolFaye Wright

AbonnementsCécile Gourapa

Directeur artistiqueWilliam Silva

ImprimerieXL Imprimerie42004 Saint-Etienne Cedex 1

ISSN 1762-1097Dépot légal : Décembre 2012

Consultez aussi votre numérod’Addictions en ligne surwww.anpaa.asso.fr

La revue de la l’A.N.P.A.A. bénéficie d’unfinancement de la CNAMTS

Editorial .................................................... Page 3Mimétisme, quand tu nous tiens...

Décryptages............................................ Page 4

Entretien ................................................... Page 8 Avec Matthieu Fieulaine, ANPAA 13. La parole confisquéeUn SDF accroché à son litron… Animateur etanthropologue, Matthieu Fieulaine démonte le clichéet plaide pour une nouvelle forme de prise en charge.

Dossier.................................................... Page 10Agir à l’échelle européenneAgir à l’échelle européenne, c’est adopter une vued’ensemble plus dynamique sur les problématiquesexistantes, et miser sur des ressources souventinexploitées.

Mode de vie ......................................... Page 16C’est sur internet…Ce grand divulgateur d’informations, devenuincontournable, recueille aussi nos confidences, et joueparfois les thérapeutes. Ca bouge sur la planète drogue.

En direct ................................................. Page 18Cigarette électronique : gare aux dérives commercialespar Ariane LangloisUn million de personnes en France auraient déjàessayé les cigarettes électroniques. Véritable moyenpour arrêter de fumer ou simple substitut commercial ?

Action ..................................................... Page 20Echange de seringues et de bonnes pratiques Au CAARUD de Montluçon, une équipe accueille lestoxicomanes en demande d’aide. Des dispositifsspécifiques -échange de seringues notamment- leursont proposés.

Livres....................................................... Page 22lInterdire le tabac : l’urgence ! l Drogues store l Les pubs que vous ne verrez plus jamais l La fille à la vodka

Sommaire

Dossier : page 10

Crédits photos :Patrick Palmyre (Couv bas gauche, 3, 8, 9)Stocklib : Couv centrale, couv centre bas, 3, 4, 5, 6, 7,10-11, 12, 13, 14, 15, 18,19) ;

Entretien : page 8

En direct : page 18

Addictions40-Sommaire:AddictN°14/Sommaire 04/01/13 07:30 Page2

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a théorie du désir mimétique (les mécanismes de l’imitation), élaborée dans les années 60 par

le philosophe René Girard, vient de trouver un renfort dans la théorie des neurones miroirs (1),

en l’occurrence la disposition de notre cerveau à imiter ce qu'il voit faire (quand l'action

l'intéresse), disposition qui explique l'apprentissage... mais aussi la rivalité.

Le cerveau mimétique serait le premier à se structurer chez le nouveau-né, en miroir avec la

personne qui prend soin de lui : au vecteur imitation de l’enfant répondrait le vecteur

suggestion de l’adulte.

On savait déjà que les bébés sont capables d’imitation dès la naissance. Nous avons tous expérimenté

les petites mimiques infra-verbales, hochements de tête, regards, intonations de la voix, qui entraînent des

réactions au centième de seconde.

Ces interactions en miroir modulent les signifiants et établissent un codage d’interprétation du type :

«Oh, il se fâche, il faut que je m’arrête» ou au contraire «Cela lui plaît, je continue».

Si les mimiques faciales sont particulièrement «codantes», elles ne sont pas les seules, et les publicitaires l’ont

bien compris. Habilement, ils savent capter notre attention, et prendre possession, par la suggestion de

l’image ou du son, de nos neurones miroirs. Mobilisation d’autant plus efficace qu’elle est couplée à la

pression mimétique du groupe ou de la société.

L’enfant, puis le jeune, est particulièrement réceptif au désir mimétique. Avec ses milliards de neurones,

alignés en rangées et colonnes, d’une richesse inimaginable, il va multiplier les apprentissages

et construire son appareil psychique. En particulier développer sa «conscience de soi», élaborer tout ce

qui chez lui différencie le Soi et le non-Soi.

Ne laissons pas les publicitaires investir cette phase cruciale du

développement. Aidons au contraire l’enfant à résister aux pressions

du mimétisme, aux addictions et à la violence. Aidons-le à discerner

les véritables opportunités de sa vie.

C’est tout l’objectif de l’éducation, de la sensibilisation et de la prévention.

Editor ial

3 - Décembre 2012 - N°40

LMimétisme, quand tu nous tiens…

1) G. Rizzolatti, C. Sinigaglia – Les Neurones miroirs – Paris, Odile Jacob, 2008

Dr Antoinette FouilleulPsychiatre des hôpitaux, Thérapeute familiale, Vice-présidente de l’A.N.P.A.A.

Addictions40-Edito:Addic N°14/Edito P.3 04/01/13 11:40 Page3

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D é c r y p t a g e s

Bon pour la mémoireUne molécule tirée du chocolatnoir (également présente dansle thé vert et le vin)améliorerait la mémoire desescargots. C’est du moins ceque laisse entendre uneexpérience menée enlaboratoire. A vérifier surl’homme ?

Pin pon ! Rennes. Passablementéméchés, deux jeunes se sontemparés au petit matin d’unvéhicule de pompiers, et ontsillonné les rues, sirènehurlante et gyrophare allumé.Ils ont été repérés…sans tropde difficulté !

Pense-bête Fumer peut nuire à la santé devotre chien ou de votre chat.Près d’un fumeur américainsur trois se dirait prêt àarrêter la cigarette, par égardpour son toutou. Dans cedomaine, tous les arguments sont bons,même les plus bêtes !

A travers vignes et prairies Evoquant une promenade dansParis, en 1776, Jean-JacquesRousseau décrit les sentiersqu’il découvre «à traversvignes et prairies», auxenvirons du Père-Lachaise. Levignoble d’Ile-de-France étaitconsidéré au XVIIIème scomme le plus important denotre pays.

Echos

4 - Décembre 2012 - N°40

Les Français sont degros consommateursde médicaments. Lespersonnes âgées en

particulier sont très deman-deuses de somnifères, et sevoient prescrire des produitsdont on sait qu’ils peuvententraîner troubles de l’attention

Ils pestent contre les aug-mentations de prix tou-chant leur paquet decigarettes, mais oublient

allègrement que leur gestecoûte cher…à tous lescontribuables. Indifférentsaux menaces qui pèsent surleur santé, les fumeurs semontrent également mépri-sants pour l’environnement.Et jettent chaque annéetrente milliards de mégotssur les trottoirs.

CommentaireLa Mairie de Paris,qui s’apprête àinstaller deséteignoirs de rue,souhaite égalementque soientrenforcées les amendes visantles fumeurs négligents (cf Addictions 37, p. 7). Avec le soutien de WWF, elletente de mettre à contributionles cigarettiers dans ses efforts de nettoyage urbain.

Ramasser les mégots toxiques, non biodégradables,et nettoyer les trottoirs pèse lourd dans le budget desvilles, rappelle Anne Hidalgo,maire adjointe de la Ville de Paris.

et de la mémoire, troubles ducomportement, ou pertes d’équi-libre, particulièrement dange-reux au-delà d’un certain âge.D’où la mise en garde de laHaute Autorité de Santé, épau-lée par les Conseils de l’ordredes médecins et des pharma-ciens, qui estiment que de nom-

breuses prescriptions de somni-fères ne sont pas utiles.

CommentaireUne affirmation telle que «Jedors mal, en ce moment…»renvoie plus à un sentimentdiffus qu’à la description d’untrouble. Les problèmes desommeil devraient faire l’objetd’un entretien spécifique -desoutils ont été prévus par la HAS-afin de départager ce qui relèvede difficultés passagères oud’une cause extérieure : anxiété,douleurs, dépression… Lessomnifères devraient êtreréservés aux véritablesinsomnies, et leur délivrancesoumise à des conditionsstrictes : courte duréed’utilisation (4 semaines augrand maximum), arrêtprogressif programmé.

Médicaments

Je dors mal, en ce moment…

Tabagisme

Les mégots coûtent cher… aux non fumeurs

Les personnes âgées sont très demandeuses de somnifères.

Addictions40-4 à 7:Addic N°14/4 à 7 04/01/13 07:31 Page4

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Mort ou vif ? D’un petit vin frais et léger, ondit volontiers qu’il est vif. Duvin conditionné par DanielBrokstad, un artistenorvégien, on dira plutôt qu’ilest mort. Bouteilles biennoires, inscriptions gothico-dégoulinantes, cuvée de lasorcière… L’inspirationmacabre, nouvel argument devente ?

Bois sacré«Bois sacré», tel est le nomdonné par les Pygmées(Gabon) à l’iboga, plante qu’ilsutilisent traditionnellementdans leurs cérémonies à desfins médicinales ouinitiatiques. La racine del’iboga (interdite en France)pourrait dans certains casaider au sevrage deshéroïnomanes etcocaïnomanes.

CannabisthérapeutiqueLa loi interdit la détention,l’usage et le trafic de cannabis.Or l’intérêt thérapeutique duproduit semble avéré danscertains cas : sclérose enplaques, maladiesneurodégénératives, certainscancers, sida… En Europe, lesPays-Bas, le Royaume-Uni, laSuisse disposent de protocolespermettant de recourir àl’usage thérapeutique ducannabis. De nombreuxmédecins français seraientfavorables à un systèmeanalogue.

D é c r y p t a g e s

Echos Cancer

Boissons énergisantes

5 - Décembre 2012 - N°40

Très éloquente, cetteenquête d’opinionportant sur les fac-teurs censés induire

le cancer (1). Pour l’immensemajorité des personnes interro-gées, les facteurs génétiquesconstituent un facteur d’appari-tion déterminant. Les risquesseraient par ailleurs accrussous l’effet de pratiques tellesque porter des vêtements tropserrés, faire usage d’un télé-phone portable ou consommerdes OGM. La réaction de laSociété européenne d’oncolo-gie médicale à ce sondage estsans appel : le rôle de la géné-tique dans l’apparition des can-cers n’est prouvé que dans 5 à8% des cas. A l’inverse, la res-ponsabilité du tabac est avéréedans 85% des cancers du pou-mon, et celle de l’alcool dansun très grand nombre detumeurs de la gorge et de l’œ-sophage.

Elles en font décidémenttrop. Surchargées encaféine, taurine ou gin-seng, les boissons éner-

gisantes boostent leur propreimage à grand renfort d’exploitssportifs -saut dans le vide, acro-baties étourdissantes- symboli-sant l’énergie sans limite que leconsommateur est censé absor-ber en même temps que la bois-son. Une publicité efficace si l’on

en croit le succès de ces produits,notamment auprès des prati-quants sportifs. Le récent décèsd’une adolescente américaine,qui avait bu deux canettes deMonster avant de succomber àune crise cardiaque, va-t-il freinercet engouement ?

CommentaireRed Bull, Monster, Hype, Burn…les boissons énergisantes font

depuis plusieurs années l’objetd’une surveillance de la part desautorités sanitaires (ANSES), enraison des effets indésirables(vertiges, tachycardie,problèmes rénaux) qu’ellespeuvent entraîner. Un autredanger étant le gommage deseffets de l’ivresse. Or cesboissons sont souvent associéesà l’alcool. Une nouvelle taxationest actuellement à l’étude.

Notre avisFace à l’éventualité de lamaladie, il est plus faciled’incriminer la fatalité, ou dese référer à des échoscolportés par la rumeur que des’en prendre à son mode de viepersonnel. On occulte ainsi lepoids de facteurs tels quealcool, tabac ou obésité dont la

responsabilité, elle, n’est plus àprouver. Chacun de nousdétient, au moins partiellement,les moyens de se protéger. Acondition de remettre en causecertaines habitudes de vie.

Enquête menée en Irlande(septembre 2012) - Idées faussessur les causes de cancer. Le Figaro, 01.10.2012

Trop-plein d’énergie

Un mode de vie sain pour éloigner le cancer.

Des idées toutes faites, et mal faites

Nouvelle présidente de la MILDT depuis septembre 2012, DanièleJourdain Menninger souhaite rendre ses lettres de noblesse à laprévention -qui se verrait allouer davantage de crédits. Le nou-veau plan de la MILDT sortira début 2013.

MILDT : Un nouveau plan

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D é c r y p t a g e s

Vins à lireLe monde du vin s’estarrogé un nouveau créneau,à mi-chemin entre info etpub : celui de la BD.Fantastique, prestigieux,fantaisiste, pédant,comique, imaginatif, le vinse déguste en images etinonde les intrigues. Un procédé ludique autantqu’efficace pourpromouvoir le secteur desvins et convertir le lecteuren buveur.

Cure chinoise La Chine développe unepolitique de prévention àdestination des droguéspar intraveineuse, lesencourageant à fréquenterun centre d’échange gratuitde seringues. Les intéressés, eux, seméfient de ces centres,redoutant de s’y voircontraints à une cure de«réhabilitation», de sinistreréputation.

La commande du siècle Les faits remontent à juin2009. Sous l’effet del’alcool, un trader avaitpassé commande de 7millions de barils depétrole (soit plus de 500millions de dollars). Aupoint d’affoler les marchéspendant quelques heures.Question : combien debarils le trader avait-iléclusés ?

Echos

6 - Décembre 2012 - N°40

Légaliser la productionet la vente du cannabis,pour mieux contrôler lademande et mettre un

terme aux violences et à l’insé-curité qui, dans le pays, accom-pagnent le marché noir : la pro-position présentée par le prési-dent de l’Uruguay, actuellementà l’étude, va-t-elle convaincreson Parlement ? Sous d’autrescieux, la municipalité de Copen-hague plaide sur le mêmeregistre. La légalisation du pro-duit, voire l’instauration d’unmonopole d’Etat, sont souhai-tées par la municipalité qui yvoit un moyen de contrer la

délinquance et la guerre desgangs détenteurs du marché (1).

CommentaireLe débat sur la vente libre duproduit a de beaux jours devantlui. Un débat souvent porté parl’idéologie, autant sinon plusque les considérationsépidémiologiques. Du moins en Europe. Mais l’heure n’est plus àl’affichage de positionnementsplus ou moins libertaires. La violence s’imposeaujourd’hui comme élémentdéterminant dans la réflexionsur les politiques à mener. Dont

la police pourrait devenir unconstituant majeur.(3) Le Monde 18 octobre 2012

Cannabis

Faut-il légaliser ?

Le mauvais tempsserait-il le meilleur amide la prévention ?Selon les dernières

estimations, la production mon-diale de vin serait en baisse de6% en 2012 par rapport à l’an-née dernière. En Europe, labaisse atteindrait même les 9%.La France ne fait pas exception.Avec 40 millions d’hl, elle voit saproduction de vin baisser de20% par rapport à 2011.

CommentaireIndépendamment de la

production, lesintempéries…du marché et lacrise généralisée rendentcompte, depuis 2007, d’unecertaine désaffection desconsommateurs. Phénomèneconforté par le recul duvignoble, du moins en Europe,

suite aux campagnesd’arrachage des vignes, et uneexigence accrue desconsommateurs en termes dequalité. Facteurs auxquelss’ajoutent, espérons-le, les effetsde l’éducation sanitaire et lamise en garde contre lesdommages liés à la

consommation excessive. Cettedésaffection sera-t-elle durable ?Rien n’est moins sûr, si l’onpense à l’extension de nouveauxvignobles sur la planète, auxEtats-Unis ou en Chine parexemple et à l’apparition denouveaux consommateurs dansces pays.

Viticulture

Météo et prévention

Mauvais temps, production en baisse…

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Liban

Le tabac interdit dans les lieuxpublics

Depuis le 3 sep-tembre 2012, letabac est interditdans les cafés,

bars, restaurants et boîtesde nuit du Liban, en applica-tion d’une loi votée il y a unan par le Parlement. Dansun pays considéré commetrès gros fumeur, où lepaquet de cigarettes esttrès bon marché, cettemesure ne passe pasinaperçue. Le narguilé, sou-vent associé dans les cafésau backgammon et trèsprisé des jeunes, est égale-ment visé par l’interdiction.

D é c r y p t a g e s

L’alcool fait desravages en Rus-sie. Mais il n’estpas le seul. Le

tabac tue lui aussi, autourde 400 000 personnes paran. Ce qui n’a rien de sur-prenant, quand on saitqu’un tiers de la populationest fumeuse, et que le prixdu tabac est six fois moinsélevé qu’en France. Unprojet de loi actuellementà l’étude vise à interdire letabac dans les lieuxpublics, et limiter lenombre de débits detabac. Projet que le tout-puissant lobby du tabac

Russie

entend bien démanteler pourconserver ses privilèges.

CommentaireAvec une mortalitémasculine située autour de62 ans, la Fédération deRussie affiche une espérancede vie particulièrementbasse. En cause l’alcoolisme et letabagisme, les maladiescardio-vasculaires qui s’ensuivent, mais aussi lesaccidents de la route, laviolence, et un taux desuicide (23,5 pour mille)particulièrement élevé. Le Monde magazine, 27.10.2012

7 - Décembre 2012 - N°40

Bistrots-mémoire Ici, on ne boit pas pouroublier. Les bistrots-mémoire -ils ont leurUnion nationale depuis2009- sont ouverts auxpersonnes atteintes de la maladied’Alzheimer. Auxquels ils offrentpériodiquement uncadre de rencontre et deparole, plus chaleureuxqu’une salle d’hôpital.

Même les tracteurs L’obligation d’avoir unéthylotest dans chaquevéhicule concerneaussi…les tracteurs.Aberrant ? La mesure est d’autantplus difficile à appliquerque les agriculteurspossèdent souventplusieurs machines. Des demandes dedérogation ont étédéposées.

D’où vient ce trouble… Coupé d’eau, le pastisdevient opalescent. D’où vient ce trouble ?Des neutrons, capablesde révéler les secrets dela matière, ont analysé lataille et la nature desgouttes composant lemélange. Le voile estdésormais levé.

Echos

Des lobbies tout feu tout flamme

Cannabis

Troubles de la mémoire, del’attention, de la concen-tration… Les détériora-tions mentales associées

à l’usage du cannabis étaient sus-pectées depuis longtemps. Uneétude publiée fin août (1) confirmeet précise le périmètre desatteintes. Démarrée sur des adoles-cents et poursuivie pendant 20 ans,une recherche néozélandaise amontré que la consommation régu-lière de cannabis altérait les perfor-mances intellectuelles des sujetsobservés, les pertes subies par leQI pouvant aller jusqu’à 8 points. Unchiffrage confirmé -qualitative-ment- par l’entourage des sujetsobservés, dont le commentaire aété sollicité en parallèle. Selon leschercheurs, ces altérations sontprobablement irréversibles, l’arrêtde la consommation n’entraînantpas d’amélioration visible.

Des trous dans le cerveauAnalyseCette étude est exceptionnelledans ses dimensions (milleindividus testés pendant 20 ans)et impressionnante de par lanature de ses résultats. Sera-t-elle de nature à découragerl’usage ? On peut en douter,quand on regarde l’évolution despratiques. En cinq ans, laproportion de collégiens de 16ans ayant déjà fumé du cannabisest passée de 31 à 39% (2). Endépit des actions de préventionmenées régulièrement, mais defaçon disparate et cloisonnée, etdont l’efficacité est de ce faitdifficilement mesurable.(1) Parue en ligne sur le site del’Académie américaine dessciences. Persistent cannabis usersshow neuropsychological declinefrom childhood to midlife(2) Enquête européenne Espad, voletfrançais, 2012

Addictions40-4 à 7:Addic N°14/4 à 7 04/01/13 07:31 Page7

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devant la répétition de prises encharge avortées.

l Que faut-il faire alors ?Adapter l’offre à la personne, etsurtout pas l’inverse. La mise àl’abri de l’usager en particulierdoit être notre objectif premier,sans condition préalabled’inscription dans unedémarche de soin ou dechangement. On l’a très biencompris aux Etats-Unis, maisaussi en Angleterre, enAllemagne, où desprogrammes existent...Comment envisager uneinscription dans le soin, unsuivi approfondi, unemodification durable si lapersonne est obligée de setenir hors des dispositifs quil’excluent quand elleconsomme, ou de se cacherpour boire ? En conséquence,la structure doit accueillir lesans-abri avec saconsommation d’alcool,comme un tout. C’est trèsimportant pour lui. Se sentiradmis avec sa consommationest déjà une reconnaissance dece qu’il est. En revanche, si onl’accueille avec ses usages,cette consommation serasécurisée : il est à l’abri de larue, les quantités consomméessont souvent moinsimportantes, et toujours moinsdélétères, le personnel est

l Vous avez personnellementsuivi le parcours et étudié lemode de vie de plusieurssans-abri. Qu’avez-vousappris sur leur relation àl’alcool ? La rue est d’abord et avant toutun espace dangereux. Y vivrequotidiennement expose lesans-abri à toutes sortes demenaces et d’agressions dont il doit se protéger enpermanence : la fatigue, lasouffrance physique etpsychique, les regardsméprisants, la violence… A cet égard, l’alcool est unanesthésiant parfait. Et ils lesavent. Beaucoup d’entreeux ont uneconsommation d’alcoolmassive. En mêmetemps, ils ontparfaitement consciencedu fait que boire lestransforme en proiesfaciles. D’où les stratégiesqu’ils mettent en œuvreà des fins de protection.Par exemple choisirdélibérément de boiredans un coin à l’écart, ouau contraire de le faire aumilieu de la foule pouréviter d’être agressé. Lespolyconsommations,alcool-benzodiazépinespar exemple, sontmonnaie courante : demultiples substances

circulent dans la rue, et lesSDF sont une populationsurmédiquée, le corpsmédical traitant souvent lesmaux de la rue et del’exclusion à coupd’ordonnances. Ils souffrentde toutes sortes de problèmes,polynévrites, troubles de lavision, de la mémoire, dulangage… Leur résistance à la douleurest phénoménale, mais leurétat de santé se dégrade enquelques années. L’espérancede vie d’un SDF estgénéralement estimée à 42ans. Pour un consommateur

E n t r e t i e navec Matthieu Fieulaine

Un SDF sur le trottoir, accroché à son litron, à tout jamais irrécupérable...Animateur de prévention à l’A.N.P.A.A.13, anthropologue de formation, MatthieuFieulaine démonte le cliché et plaide pour une nouvelle forme de prise en charge.

La parole confisquée

de drogue et d’alcool, cet âgepasse à 38 ans .

l De quels soins peuvent-ilsbénéficier ?Leur accès aux soins, en dehorsd’une aide très ponctuelle, celledes urgences hospitalières oud’un dispensaire par exemple,est quasi impossible, en raisonde leur double stigmate : ils sont«alcooliques» et «SDF». Lesinstitutions n’en veulent pas. Oualors leur demandent enpréalable de s’adapter, enl’occurrence : arrêter de boirepour bénéficier d’une aide sociale,ou stabiliser sa situation sociale

pour avoir accès au soin.C’est impossible. D’oùune mise en échecrécurrente. Ilsabandonnent et cessentde solliciter lesdispositifs, qui à leurtour baissent les bras

8 - Décembre 2012 - N°40

}Une parole habituellementconfisquée, que même lesprofessionnelslui dénient. }

Addictions N°40-Entretien:Adic N°14/P.8,9 Entretien 04/01/13 07:33 Page8

Page 9: Addictions - hypnothérapeute à hénin-beaumont et à Lille(cf Addictions 37, p. 7). Avec le soutien de WWF, elle tente de mettre à contribution les cigarettiers dans ses efforts

formé à accompagner lesconsommations, prévenir etgérer les éventuels troubles ducomportement et déceler lessignes avant-coureurs deviolence. Dans ce que nousappelons l’ «Accueil bistrotier»-une forme d’accueil de jour-la personne précaire découvrenon seulement un espace deconsommation sécurisé etcontenant, mais aussi un lieude vie où elle peut prendre unrepas, accéder à un minimumd’hygiène et de soinsprimaires. Très rapidement,les choses s’améliorent, et unsuivi peut commencer. Defait, contrairement à ce qu’onpense souvent, il y abeaucoup moins de violencequand l’alcool est autorisé. Onassiste généralement à uneauto-régulation collective dela consommation.

l Développer ce type deformule entraînenécessairement desmodifications dans la façonde travailler des équipes enplace.A certains égards, on peutparler de révolutioncopernicienne, comme pourl’émergence de la RdR dans lechamp de la toxicomanie…

La façon de travailler desCsapa, en lien avec leséquipes hospitalières, n’estévidemment plus la même. Lefameux dogme de l’abstinence-il faut être sobre pour accéderaux soins- doit être dépassé.Plutôt que de se focaliser surles quantités absorbées, il s’agitd’inciter l’usager, ens’appuyant sur son expertise, àtrouver d’autres façons deboire, afin de réduire lesméfaits. Toujours en mangeantpar exemple. Dans un verreplutôt qu’au goulot de labouteille. En alternantboissons avec et sans alcool,etc. A ce stade, le jus degingembre passe beaucoupmieux que l’eau. Des sessionsde dégustation de vin sontmême prévues pour sortir desautomatismes habituels…

Mais, au-delà de ces consignessimples, les encadrants vontsurtout aider l’usager àtravailler sa relation à l’alcool.Comment boit-ilhabituellement ? à quelmoment de la journée ? seulou avec d’autres ? Petit à petit,l’usager va apprendre àdiscerner lui-même lesbénéfices qu’il retire de l’alcool-il boit pour supporter la rue-et les inconvénients qu’il veutéviter à tout prix : lestremblements, les diarrhées, laprise de risque. C’est lepremier pas vers une possibledemande de soins. Mais,encore une fois, aucunemodification n’estenvisageable sansl’instauration préalable d’unerelative qualité de vie. Passantpar le respect du rythmepropre de chacun. Avant toutechose, la personne accueillieéprouve le besoin de faire unepause, de se retrouver, il ne

9 - Décembre 2012 - N°40

A paraître prochainement « Au péril de la rue, à la porte du soin », usagersd’alcool en situation de grande précarité àMarseille. Récits de vie, parcours d’usages etbesoins de santé : 10 personnes sans abriconsommatrices d’alcool s’expriment sur leurexpérience, les difficultés qu’elles rencontrent etleurs attentes. Analyse et commentaires.Recommandations de l’auteur en vue de pratiquesprofessionnelles plus humaines et mieux adaptées.

faut rien brusquer. L’aider enquelque sorte à prendre soinde ses usages, plutôt qu’à s’enpasser. Mais surtout parl’écoute de sa parole. Uneparole qui lui esthabituellement confisquée,que même les professionnelslui dénient.

l Assurer un telaccompagnement demandebeaucoup de moyens…Offrir une mise à l’abri et unaccès aux soins à despersonnes qui en sont privéeset qui se comptent parcentaines rien qu’à Marseillen’est peut-être pasimmédiatement envisageable,avec le seul concours despartenaires de l’hébergementet de l’accueil déjà présentssur le terrain. D’autant plusque les lieux d’accueil quifavorisent ce typed’expérimentation sonttoujours de petites unités devie. Ainsi, celle qui a lapremière formalisé l’accueilavec alcool ne peut pasrecevoir plus de 10 personnes.Par ailleurs les équipesd’encadrement doivent avoirune formation spécifique.Mais ce n’est pas impossible. AMarseille, les chosescommencent à se mettre enplace, même si nous sommestoujours dans une phased’expérimentation, et nousenregistrons des progrèsvisibles. Il est prévu que 300personnes bénéficient de cetype de dispositifs en 2013.

1) Mortalité des personnes sans abrià Marseille / Premières données etpremières analyses, Marseille,Médecins du Monde et AP-HM,janvier 20092) Dispositif Les Prytanes, créé parHabitat Alternatif Social.

A.N.P.A.A. 13Résidence Sainte-Agnès

132 rue Albe13004 Marseille04 91 84 07 71

}De multiplessubstancescirculent, lesSDF sont unepopulationsurmédiquée.}

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D o s s i e r

érité en-deçà desPyrénées, …vérité au-delà,pourrait-on affir-mer aujourd’hui,

tant les usages se ressem-blent et se propagent à tra-vers le grand espace euro-péen. Avec toutes les dérivesqui peuvent résulter de pra-tiques à haut risque, toxico-maniaques en particulier.Dangers routiers, dopage,contrefaçon de produitspharmaceutiques, cybercri-minalité… se superposentaux problèmes sanitaires liésà l’usage de drogues. Aucunpays ne peut à lui seul lutterefficacement contre desphénoménes par naturetransfrontaliers. Seule unevolonté d’agir ensemble, demanière concertée, peutdonner naissance à desactions innovantes. L’Europe

pourrait offrir à cet égard uncadre particulièrementapproprié… si l’idéologielibérale qui imprègne sesinstitutions officielles nebarrait la route aux initia-tives purement sociales.Mais il existe des voies detraverse…

L’Europe dans le mondeComparée au reste dumonde, l’Europe apparaîtd’abord comme consomma-trice majeure d’alcool : 12,5 l.d’alcool par habitant et paran, soit le double de laconsommation mondialemoyenne (6,1 l.). En matièrede tabagisme, la régioneuropéenne de l’OMS enre-gistre l’un des pourcentagesles plus élevés de décès, letabac tuant chaque année

650 000 européens, dont lamoitié âgés de 35 à 69 ans. Rappelons que les décès liésà l’alcool et au tabac repré-sentent une forte propor-tion des décès évitables. Selon l’OEDT (1), qui s’ap-puie sur des études menéesentre 2004 et 2011 auprèsd’adultes européens, près

de 25% des personnes inter-rogées ont consommé ducannabis au cours de leurvie, dont un tiers pendantl’année. L’usage de cocaïneau cours de la vie a étédéclaré par 4,6% des sujets(dont un quart pendantl’année). En ce qui concer-ne les amphétamines, et

10 - Décembre 2012 - N°40

E u r o p e

Agir à l’échelle eLes produits circulent, les modes de

vie se mondialisent, la culturejeune ignore les frontières. Et lesaddictions gagnent du terrain.

Agir à l’échelle européenne, c’estadopter une vue d’ensemble plus

dynamique sur les problématiquesexistantes, et miser sur des

ressources souvent inexploitées.

V

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l’ecstasy, ces pourcentagess’élèvent respectivement à3,8 et 3,4% au cours de lavie et 0,6 (2 produits) pen-dant l’année. Ces chiffressont toutefois à relativiser,si l’on tient compte du faitque de nombreux consom-mateurs reconnaissentavoir pris des stimulants…

“sous forme de poudreblanche ou de comprimés”non identifiés !Les décès liés à la droguereprésentent 4% de l’en-semble des décès d’Euro-péens âgés de 15 à 39 ans.En revanche, chaque année,un million d’Européensconsommateurs de drogues

ont la possibilité de bénéfi-cier d’une thérapie.

La nébuleuse jeunes

La consommation des jeunesest particulièrement révéla-trice, puisqu’elle préfigureplus ou moins la situation dedemain. Une enquête, por-

tant sur 39 pays en Europe (etégalement les Etats-Unis)scrute régulièrement lesjeunes d’âge scolaire. Plusparticulièrement en ce quiconcerne la santé, le bien-être, les modes de vie….D’après les derniers chiffres, ilapparaît que, entre 13 et 15ans, les comportements quicompromettent la santé(tabac, alcool, alimentationdéséquilibrée) sont particuliè-rement fréquents. Les gar-çons surtout consommentalcool, tabac, cannabis. Les

ll ll ll

L’Europe, oui, mais quelle Europe ? L’Union européenne (siège : Bruxelles) réunit 27 Etats-membres. Destinée à promouvoirdes avancées économiques etsociales pour tous, elle détient unpouvoir européen supranational.Le Conseil de l’Europe (siège :Strasbourg) regroupe 47 pays.Son objectif : créer un espacedémocratique et juridiquecommun conforme à la Conventioneuropéenne des droits del’homme.La région Europe de l’OMSregroupe quant à elle 53 paysrépartis entre l’Océan Atlantiqueet l’Océan Pacifique.

L’Europe,un périmètrevariable

e européenne

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filles ont généralement uncomportement plus propice àla santé… sauf exception.Ainsi, la prévalence desivresses est supérieure chez lesfilles en Scandinavie et auRoyaume-Uni. On observeégalement des consomma-tions tabagiques hebdoma-daires plus fréquentes (2).

La France

Qu’en est-il de notre pays ?Au palmarès européen de la

santé, la France ne s’en tirepas si mal. Le dernier rap-port du Haut Conseil de lasanté publique sur la santéen Europe (3) nous placedans une bonne moyenne.Première des 27 en ce quiconcerne l’espérance de vie,la France affiche enrevanche de piètres résultatsavec l’alcool (forte consom-mation, taux de mortalité liéà l’alcool un peu au-dessusde la moyenne), le tabac (lenombre des fumeuses quoti-

d’un espace économique,défini comme “marché com-mun” (Traité de Rome, 1957)puis comme “marché inté-rieur” (Acte unique, 1986),explique Michel Craplet,médecin délégué del’A.N.P.A.A. et ancien prési-dent d’Eurocare. Un objectiféconomique entrant sou-vent en opposition avec lesobjectifs sanitaires. Ainsi, enétablissant la libre circula-tion des marchandises, despersonnes, des biens et desservices, le traité de Maas-tricht (1993) a ouvert à l’al-cool une voie royale. Or noussavons que les dommagesconsécutifs à l’alcool sontintrinsèquement liés à l’offredes boissons alcooliques,exprimée en termes dequantité ou de diversité desproduits.Autre difficulté faisant obs-tacle à la prévention, l’élargis-sement à 27 pays, source denombreuses incompréhen-sions culturelles confortéespar les barrières linguistiques.Emporter le consensus de 27Etats membres ayant des tra-ditions de consommationdifférentes et des objectifssanitaires variables n’est évi-demment pas aisé. Cette dif-ficulté rend compte de l’ac-cumulation de textes exis-tants, encombrés de préam-bules, alourdis par les traduc-tions successives, et au finalpeu percutants.Ajoutons que les législa-tions diffèrent sensible-ment d’un pays à l’autre. Sila détention de cannabisconstitue assez générale-ment une infraction pénaleau sein de l’Union euro-péenne, son usage n’estpas interdit dans 15 pays, 5pays ne considérant nil’usage ni la détention

diennes augmente) et le can-nabis (nous sommes le paysayant la plus grosse consom-mation).

L’Europe et la santépubliqueQuelles sont les opportunités-et les freins- offerts par lecadre européen en matièrede santé publique ?Jusqu’à présent, la construc-tion européenne s’est limitéeessentiellement à la création

12 - Décembre 2012 - N°40

D o s s i e r

OrganismesGroupe PompidouLe Groupe Pompidou (du Conseil de l’Europe, lui-même organisation nongouvernementale, reconnue en droit international public, rassemblant 47 payseuropéens ) est chargé de contribuer au sein des Etats membres à l’élaboration depolitiques de lutte contre la toxicomanie. On lui doit un “cadre de référence” pourles politiques de prévention en entreprise (dépistage, conduites à tenir…).

EurocareEurocare est l’une des associations de prévention du risque alcool reconnues par laCommission.Sur le modèle d’Eurocare a été créé au niveau mondial le GAPA (Global AlcoholPolicy Alliance), dont l’action de lobby se déploie en particulier au sein de l’OMS(bureau mondial de Genève).

Amac

Le Traité de Maastricht a ouvert à l’alcool une voie royale…

E u r o p e

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comme des infractionspénales.Enfin, la globalisation et lamondialisation, qui don-nent l’avantage aux pro-ducteurs, n’épargnent pasl’Europe. C’est ainsi que lesreprésentants de la toute-puissante “Drink industry”se sont imposés comme“partenaires”, comprendregroupe de pression, au seinde la Direction généraleSanté et Protection desConsommateurs (DGSanco) de la Commission.Est-ce à dire que l’Europeest impuissante en matièrede santé ? Le faible nombredes mesures adoptées lelaisserait à penser…

13 - Décembre 2012 - N°40

Retour sur les mesuresexistantes :

Le Traité de Rome(1954) prévoyait déjà

des interdictions ourestrictions d’im-portation/exporta-tion quand ellessont justifiées pardes raisons de

moralité, d’ordre, desécurité publics, ou

de protection de lasanté. A condition toute-

fois de ne pas tomber dansla discrimination arbitraire,ou une restriction déguiséedans le commerce entre lesEtats membres. Cette dispo-sition du Traité de Rome n’apas été suffisamment mise àprofit par les politiques oules associations. Enrevanche, la Cour de justicea reconnu le bien-fondé dela loi Evin. La santé publique n’estexplicitement mentionnéedans les textes européensque dans le cadre du traitéde Maastricht, avec lesarticles 95 (la Commissionpréconise un niveau de pro-tection élevé tenant comptedes évolutions des connais-sances scientifiques) et 129(l’action de la Communautécomplète les politiques

nationales sur l’améliora-tion de la santé publique, laprévention des maladies etdes causes de danger pourla santé humaine). Quant àl’alcool, il n’apparaît quedans le traité de Lisbonnequi souligne la nécessitéd’améliorer et de protéger lasanté, et notamment de lut-ter contre les grands fléauxtransfrontaliers, et quiencourage les “mesuresayant directement pourobjectif la protection de lasanté publique en ce qui

concerne le tabac et l’abusd’alcool.

Politique

Quels sont les moyens quis’offrent à la préventionpour faire entendre sa voix,tout en respectant les impé-ratifs du cadre européen ? L’objectif économique del’Union européenne pri-mant comme on l’a dit surl’objectif sanitaire, une alter-native s’offre toujours aux

ll ll ll

L’Europe est un système complexe, dirigé à la fois par desinstitutions politiques, administratives et judiciaires. LaCommission propose des lois, votées par le Parlementeuropéen et promulguées par le Conseil des ministres oule Conseil des chefs de gouvernement.En vertu des derniers traités signés et approuvés(Amsterdam 1999, Nice 2001, Lisbonne 2007), aucune loi(règlement ou directive) ne peut être votée concernantl’alcool et la santé publique : ces sujets ne peuvent êtreabordés qu’indirectement, et justifiés par desconsidérations économiques. Toutefois, les décisions etles prises de position du Parlement et du Conseil(Recommandations et conclusions) relatives à la santépeuvent aboutir à des actions spécifiques et des “mesuresd’encouragement”, en dehors des cadres législatif etréglementaire. A condition toutefois de ne pas fragiliserle marché intérieur (art 95 du traité de Maastricht).

Alcool : des textes de référence

1986 : Résolution du Conseil sur l’abus d’alcool (86/C184/02) et Règlement portant obligation d’indiquer ledegré alcoolique dans l’étiquetage des vins (J.O.C.E. L 144 du 29 mai 1986)1987 : Directive de la Commission relative à la mentiondu titre alcoolométrique volumique dans l’étiquetagedes boissons alcoolisées destinées au consommateurfinal (87/250/CEE)2001 : Recommandation du Conseil du 5 juin concernant la consommation d’alcool chez les jeunes,notamment les enfants et adolescents (2001/458/CE) et Conclusion du Conseil du 5 juin 2001 (renouvelée en 2004) relative à une stratégie communautaire visantà réduire les dommages liés à l’alcool (2001/C 175/01)2004 : la Cour de justice confirme la compatibilité de laLoi Evin avec la législation européenne (C-262/02 ; C-429/02)

Textes favorables à la prévention

JusticePublicité

mensongère Une décision de justice exemplaire : le

TGI de Nanterre a condamné BritishAmerican Tobacco France (05.10.2012), pour

avoir diffusé des affiches mettant en gardecontre les cigarettes de contrefaçon. Le TGI

a estimé qu’elles constituaient de faitune publicité indirecte du groupe

pour ses propres produits,prétendus sans risque.

Lutter contre les grands fléaux transfrontaliers.

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tenants de la santé publique :développer des projets d’ac-tion à visée préventive répon-dant également à des critèresde rentabilité évidents. Il estainsi possible de solliciter leconcours de partenairesimpliqués dans le domainedes transports et de la sécuri-té, en faisant valoir des argu-ments portant sur le coût desaccidents, que ce soit entermes humains ou financiers. L’entreprise représente unsecteur particulièrementemblématique de l’activitéeuropéenne. Or il est désor-mais reconnu que laconsommation de pycho-tropes compromet non seu-lement la santé des salariés,mais la sécurité et les perfor-mances des entreprises, etentraîne inévitablement despertes financières. Le GroupePompidou (émanation duConseil de l’Europe) proposeque la prévention des risquesliés à ces substances soit inté-grée au processus d’évalua-

mais la Commission euro-péenne, il est vrai moinspour prévenir les problèmesde dépendance que pourmettre en place des méca-nismes anti-fraude dans unsecteur d’activité très juteux,connaissant un taux annuelde croissance proche de15%, et drainant quelque 7millions d’utilisateurs euro-péens. Les législations natio-nales ne pouvant suffire àjuguler la fraude, les diffé-rents Etats sont invités à col-laborer à un système de

contrôle transnational, quipourrait aussi concerner letrucage des matchs.Le Conseil de l’Europe, àqui l’on doit déjà desconventions sur la contre-façon des produits médi-caux ou le dopage, prépareactuellement une nouvelleconvention pour combattreles paris illégaux et lesmatchs truqués. Enfin la collaboration inter-européenne passe aussi parla recherche, et plus géné-ralement les échanges d’in-formation, nécessaires à lasurveillance des réseaux etdes trafics, ou la détectionde nouvelles substances :on estime que 50 droguesont fait leur apparition surle marché en un an. Créé en2002, Eurojust a pourobjectif de faciliter lacoopération judiciaire enmatière de criminalité, ettout particulièrement le tra-fic de drogue qui représentela part la plus importantedes affaires traitées. La sur-

tion. Il s’agit pour le Groupede “dépasser la seulelogique de sécurité par unelogique d’optimisation de lavaleur travail”. Un “cadre deréférence” préconise la par-ticipation de tous les acteursà l’objectif défini, et uneévaluation systématiquepartagée.

Autre secteur potentielle-ment associé à nos objectifs,celui des jeux, en particulierles jeux de hasard en ligne,auxquels s’intéresse désor-

14 - Décembre 2012 - N°40

D o s s i e r

Un partenariat inédit

“Quit smoking with Barça”S’appuyant sur la campagne “Les ex-fumeurs, rien ne les arrête” de laCommission européenne, le Football Club de Barcelone s’engage dans unprogramme pédagogique d’aide à l’arrêt du tabac. Conseils personnaliséset encouragements, diffusés gratuitement par les joueurs ou lesentraîneurs du Club, attendent les fans candidats à l’arrêt.iCoach disponible depuis le 1 décembre en appli pour iPhone et Android(www.exsmokers.eu/mobile)

Productionde vin en baisseA la suite de la campagne

d’arrachage des vignes sur 3 ansréclamée par Bruxelles, le vignoble a globalement perdu 270 000 ha. La production viticole européenne

2012 s’en ressent.

Le jeu, un secteur d’activité juteux…

E u r o p e

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15 - Décembre 2012 - N°40

veillance des aéroports -héroïne, cocaine et stimu-lants prennent souvent lavoie des airs- constitue égale-ment un enjeu majeur,auquel s’intéresse le GroupePompidou.Mais, au-delà de la sur-veillance et de la répression,c’est naturellement la miseen commun de réflexions àvisée sanitaire et préventiveque devrait promouvoir la tri-bune européenne, afin demutualiser les multiples ini-tiatives, privées ou publiques,déjà existantes, assurer leurpublicité et favoriser leurenrichissement réciproque.La difficulté de se frayer unchemin dans le maquis desinstitutions, l’extrême len-teur des décisions et le poidsdes intérêts économiquessont des réalités qui ne doi-vent pas masquer les réellesopportunités du cadre euro-péen. La mobilisation le 31octobre dernier des ligueseuropéennes contre le can-cer est révélatrice du rôlequ’entendent mener les par-tenaires de santé à l’échelle

Forum européen de lasociété civile sur la drogue(Civil Society Forum onDrugs, CSF) (4) : forum des-tiné à promouvoir des expé-riences de terrain, et soute-nir les travaux de la Com-mission pour un nouveaucadre réglementaire de luttecontre la drogue.

(1) Observatoire européen desdrogues et des toxicomanies

(OEDT) – Etat du phénomènede la drogue en Europe.Rapport annuel 2012, 111 p.www.ofdt.fr(2) Déterminants sociaux de lasanté et du bien-être chez lesjeunes – HBSC/OMS, 2012(3) Haut Conseil de la santépublique (HCSP) (4) Forum européen de lasociété civile sur la drogue,dont fait partie Eurocare (voirencadré).

des 27. Promouvoir descampagnes de préventiondestinées à endiguer unproblème de santé majeur -le cancer est la premièrecause de mortalité dans 19pays d’Europe- mais aussitenter de contrer des lob-bies de plus en plus puis-sants. Ceux des cigarettierspar exemple, prêts à toutpour bloquer la directiveeuropéenne visant à impo-ser des paquets neutresstandardisés. Quant à la lutte contre ladrogue, elle dispose d’un

Consommation de drogue

La preuve par l’eauIl n’y a pas que les tests spécialisés. Les eaux usées, elles aussi,révèlent la consommation de drogues d’une population. Il suffit de lesanalyser quotidiennement, en amont des stations d’épuration, sur unedurée donnée. Ce qui a été réalisé dans 19 villes européennes. C’estainsi que l’on peut affirmer que, en 2012, la cocaïne est davantageconsommée à l’Ouest et au Centre de l’Europe, l’ecstasy ayant lapréférence des Pays-Bas et les amphétamines se concentrantmajoritairement dans l’Europe du Nord. L’eau répercute immédiatementles variations de consommation. Ainsi une saisie douanière ou uneintervention de la police se lisent «en direct » dans l’eau, dont lesconcentrations de produits sont moins importantes.

La France, l’Europe, le mondeQuelques points de repère (INSEE)

Pourcentage de fumeurs quotidiens 2000 2008France 27 26,2Royaume-Uni 27 22Norvège 32 21Suède 18,9 14Etats-Unis 19,1 16,5

Consommation d’alcool par habitant (l.) 2000 2008 France 14,1 12,3Allemagne 10,5 9,9Royaume-Uni 10,4 10,8Norvège 5,7 6,8Suède 6,2 6,9Etats-Unis 8,2 8,8

50 nouvelles drogues apparaissent chaque année.

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@M o d e s d e v i e

out le monde éprouveun jour ou l’autre lebesoin de solliciter unconseil, une orienta-tion, une aide.

Mais trouver un répondantsuffisamment qualifié ou dis-ponible dans des délaisacceptables relève parfois del’utopie. Le recours à internetpeut alors être envisagé, endésespoir de cause ou aucontraire pour mettre à profitles mille et une opportunitésqu’il recèle.Il peut s’agir d’un site profes-sionnel d’information surlequel on trouvera des expli-cations sur un produit ou desconseils, parfois prodiguésdans le cadre d’un servicequestion/réponse. Avantage :ces sites sont généralementd’une grande qualité pédago-gique, et accessibles à tous lespublics. Des outils spécialisés, véri-tables programmes théra-

ligne, c’est-à-dire immédiate-ment diffusée et (théorique-ment) accessible à la planèteentière ? Cela ne revient-il pasà confier un secret à un haut-parleur ?Toutefois, un constat s’impose :si des usages se créent, c’estqu’ils correspondent à unbesoin, et que les réponsesapportées satisfont plus oumoins les attentes. Malgréleurs limites. Et, comme sou-vent, les critiques formulées àl’égard d’un système peuventêtre retournées, et se transfor-mer en éléments favorables…

Liberté, gratuité, fraternitéQuels sont donc les avantagesdu système internet ?La facilité d’accès d’abord. Pas

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suffisamment contrôlées, ouréactualisées. Les échangessont souvent éphémères, etne permettent pas un travaildans la durée. La hiérarchiedu savoir se trouve parfoisinversée : beaucoup d’inter-nautes toxicomanes s’esti-ment plus compétents queles médecins. Par ailleurs, la fréquentationd’un écran n’offrirait pas lamême qualité d’échange quele face-à-face avec un profes-sionnel apte à décrypterhésitations verbales oumimiques révélatrices. D’oùune déperdition de sens. Pasd’empathie non plus, entre lesoignant et le soigné, doncpas d’élément moteur sus-ceptible de relancer l’entre-tien.Enfin et surtout, que penserd’une confidence mise en

peutiques en ligne (voirencadré) sont égalementproposés, avec la participa-tion effective de profession-nels. Des suivis peuventmême être assurés, via parexemple un journal de bordde consommation, dans ladurée. Enfin des forums de discus-sion, avec ou sans l’interven-tion d’un modérateur, per-mettent la libre expression,entre internautes, de ressen-tis ou d’interrogations per-sonnels.

Pas d’empathie

Des critiques sont souventformulées à l’égard de cesservices quelque peu dispa-rates. D’abord, ils ne sont pastoujours fiables. Même surles sites officiels, les informa-tions ne sont pas toujours

Un horaire, un commentaire, un tuyau ? Ne cherchez pas plus loin, c’est surinternet… Paradoxalement, ce grand divulgateur d’informations, devenuincontournable, recueille aussi nos confidences, et joue parfois les thérapeutes. A tort ou à raison ?

C’est sur internet...

T

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@17 - Décembre 2012 - N°40

de rendez-vous, pas d’horai-re, chacun peut choisir lemoment qui lui convient lemieux. Et puis…c’est gratuit !A l’abri du regard du théra-peute, l’internaute éprouvesouvent moins de difficulté àexprimer ce qui lui tient àcœur. La honte, l’éventuelleculpabilité se font moins cui-santes (et en matière de toxi-comanie, ces sentiments sontfréquents). Les mots écritspeuvent être relus, corrigés etenrichis, au profit d’une plusgrande densité du message.Au total, la sincérité s’en trou-ve probablement accrue. Dans le cas d’un forum dediscussion, l’absence decadre formel libère la sponta-néité des échanges, la diversitédes réponses peut être enri-chissante. Et surtout, l’effet-miroir joue à plein, les confi-dences des uns révélant auxautres ce qu’ils peinaient àexprimer pour leur proprecompte. N’est-ce pas le phé-nomène revendiqué par lesgroupes d’auto-support, d’an-ciens buveurs notamment ?

Oui mais…il existe desrisques. Liés d’abord à la naï-veté ou l’imprudence de cer-tains internautes qui n’hési-tent pas à étaler leur vie sur laToile sans prendre la peine des’abriter derrière un pseudo.Si de bons conseils circulentsur le réseau, c’est le cas aussides inepties, des croyanceserronées, des affirmationsfantaisistes (recettes pour évi-ter l’ivresse, composition decertaines petites pilules, pou-voirs supposés du joueurpour maîtriser le hasard…) etparfois des malveillances(entre eux, les internautes nesont pas toujours tendres etn’hésitent pas à s’envoyer descommentaires à la limite del’injure).Alors, faut-il faire avec ousans internet ?

Place vacante

Un rappel d’abord : en dépitde la multiplication descentres et consultations spé-cialisés, garantissant gratuitéet anonymat, l’usager en diffi-culté par rapport à un produit

ou une conduite de dépen-dance ne va pas systématique-ment rencontrer un thérapeu-te pour parler de son problè-me. Bien loin de là. On consi-dère qu’un quart seulementdes alcooliques entament unedémarche de thérapie. Etquand ils le font, plusieursannées se sont écoulées entrela constatation d’un trouble et

le premier rendez-vous. Dans ces conditions, faut-ilconsidérer qu’Internet ainvesti une place vacante ?Oui, sans doute, et c’est tantmieux. D’abord ce médiaoffre une alternative bienve-nue (même maladroite ouinsuffisante) aux ruminationssolitaires de l’usager désem-paré. Or il vaut sans doutemieux des demi-réponsesque pas de réponse du tout.Par ailleurs, quand un problè-me important est suspecté,les sites les plus sérieux inci-tent leur correspondant declavier à consulter un profes-sionnel… Et surtout : en dépitdes réserves formulées plushaut, la réduction des risquess’est progressivement faufiléeet manifestement imposée.Sur la base de leur expérien-ce, des usagers diffusent leursconseils pour «sniffer àmoindre risque» ou «vivre sagrossesse avec des produitspsychoactifs». C’est désor-mais une réalité, accessiblesur tous les écrans. Quelquechose a bougé sur la planètedrogue…n

Des sites à consulterwww.drogues.gouv.frwww.drogues-info-service.frwww.tabac-info-service.frwww.alcoolinfoservice.frwww.anpaa.asso.frwww.cnct.frwww.dnf.asso.fr www.psychoactif.fr

Outils en ligne(Source : AFP)www.knowcannabis.org.chwww.snowcontrol.chwww.jellinek.nl

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E n d i r e c t

ébarquée deChine au débutdes années2000, la cigaret-te électronique

ne s’est jamais aussi bienportée. Les fabricants multi-plient les innovations et atti-rent de plus en plus declients. Dans les boutiquesspécialisées ou sur Internet,on trouve des objets de plusen plus design et desrecharges pour tous lesgoûts. Le principe de la ciga-rette électronique estsimple : une pile sert àchauffer une solution à basede diéthylène glycol ou deglycérol située dans uncompartiment de l'appareil.Ce liquide contient, ou pas,de la nicotine, ainsi que dif-férents arômes (tabac,pomme, menthe, jasmin etmême cacahuète). Pourl’utiliser, il suffit d’appuyersur un bouton et d’inhaler.Julie, 31 ans, fait partie desFrançais qui ont voulu ten-ter l’e-cigarette. Fumeusedepuis l’âge de 16 ans, elleconsomme entre 3 et 20cigarettes par jour. Patchs,nicorette®, champix®, lajeune femme a tout essayépour mettre fin à son addic-tion, sans succès. Il y a

taxation galopante. Depuistrois mois, le jeune hommeutilise quotidiennementson e-cigarette. Son gesteintrigue, c’est le moinsqu’on puisse dire ! «Quandje descends sur le trottoir àla pause avec les fumeurs,tous les regards sont tournésvers moi. Idem si je reste àl’intérieur : je passe pour unextraterrestre en fumant aumilieu de non-fumeurs etj’ai parfois un peu honte.J’aimerais passer inaperçu,fumer tranquillement sansavoir à subir des regards ou

sais par de vraies cigarettes,ça ne servait donc à rien.»La jeune femme pointeaussi un autre problème :celui du dosage de nicotine,pas toujours simple à ajus-ter, et qui lui a valu de vio-lents maux de tête audébut.

Fumer sans gênerles autresBryan, 26 ans, est quant àlui un adepte. Addict autabac depuis 9 ans, il adécidé de réagir face à la

quelque temps, elle a mêmetesté la cigarette électro-nique. Et dresse aujourd’huiun bilan mitigé. «Au début,ça fonctionnait bien. L’avan-tage, c’est la sensation defumée qui passe dans la gorgeet qui manque souventquand on arrête de fumer,souligne-t-elle. Mais au boutde six mois, j’ai laissé tomber.C’était trop contraignant : lesrecharges coûtaient cher, ilfallait penser à l’autonomiede la batterie, avoir toujoursses flacons avec soi... Dans cesmoments d’oubli, je compen-

par Ariane Langlois

Hausse du prix du tabac oblige, les ventes de cigarettes électroniques explosent. Un million de personnes en France les auraient déjà essayées. Véritable moyen pour arrêter de fumer ou simple substitut commercial porteur de risques non identifiés, que faut-il réellement en penser ?

D

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Cigarette électronique : gare a

Des objets design, des recharges pour tous les goûts…

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des réflexions.» Motivé, lejeune homme tient boncependant et reconnaît lesmérites d’un produit enverslequel il était au départdubitatif. « Même s’il estencore trop tôt pour seréjouir, je suis content de nepas succomber quand je metrouve avec des fumeurs. Lacigarette électronique mepermet de tenir face à euxsans trop de difficulté. Leséconomies réalisées et le faitde pouvoir fumer partoutsans gêner les autres et sansodeur aident aussi à conti-nuer. » Si Bryan est fierd’avoir réussi à diminuer saconsommation - il utiliseaussi des cartouches sansnicotine -, il reste tout demême lucide quant àl’éventualité d’un véritablesevrage tabagique. «L’e-cigarette m'aide parce que jegarde mon taux de nicotineet que je n'ai pas de manqueà ce niveau. Elle m’aideaussi à modifier mes habi-tudes de sorte que je fumemoins au moment despauses. C’est une bonnetransition entre l’addiction

L’e-cigarette fait un tabac500 000 Français utiliseraient la cigarette électronique au quotidien, selon lequotidien Les Echos. Un véritable jackpot pour les fabricants concernés.EdSylver, un des leaders en France, écoule ainsi près de 150 000 cigarettesrechargeables chaque année. En 2011, la société toulousaine a ainsi réalisé unchiffre d'affaires de 4 millions d'euros. Mais c’est surtout le prix des rechargesqui assure l’envolée de ce marché. La bouteille de liquide est vendue environ 9 euros et permet de consommer l'équivalent de 15 paquets de cigarettes.

et l’arrêt. Mais la meilleuresolution pour arrêter defumer s’appelle la volonté !»

Des incertitudesautour du produitSi la cigarette électroniquefait de plus en plusd’adeptes, un grand flourègne toujours autour deson statut et de sa composi-tion. Produit dérivé dutabac ou produit d’aide àl’arrêt du tabac ? Le débatreste posé. «En France, lacigarette électronique n’estpas répertoriée en tant queproduit de sevrage taba-

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e aux dérives commerciales

gique : pour preuve, lespharmacies n’ont pas ledroit de la vendre. C’est clai-rement un objet commer-cial, conçu dans un objectifde diversification des pro-duits du tabac», s’indigne leDr Etienne André, fonda-teur de l’Office Français dePrévention du Tabagisme(OFT) et administrateur del’Institut Rhône-Alpes-Auvergne de Tabacologie.Aucune étude ne démontreen effet la sécurité du pro-duit. «Or, on sait que cer-tains liquides, comme le gly-cérol, peuvent être toxiquespour l’organisme lorsqu’ilssont chauffés», insiste letabacologue. La composi-

tion exacte de la cigaretteélectronique n’est pas bienconnue. «La plupart vien-nent de Chine. Etant donné lemode de fabrication et ladiversité des produits pré-sents, il est nécessaire d’obser-ver une certaine prudence.»Sans compter que la ciga-

rette électronique feraitfumer 1,6 mg de nicotine -quand la cartouche estvidée rapidement- contre1,1 mg dans une vraie ciga-rette ! «Des études sérieusesdoivent être menéescar actuellement, aucunélément ne permet de préci-ser l’impact de la cigaretteélectronique sur la santé»,conclut Etienne André.Preuve supplémentaire dela dérive commerciale del’e-cigarette : son appro-priation progressive par lesmanufacturiers du tabac.En début d'année, le grou-pe américain Lorillard aainsi racheté le producteurd’e-cigarettes Blu Ecgis.Quant à Reynolds Ameri-can, le propriétaire desmarques Camel et LuckyStrike, il a investi en 2009dans les substituts nicoti-niques et propose aussi dese-cigarettes. Des informa-tions qui incitent à la vigi-lance. n

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Action

dose. Si besoin, nous mettonsaussi à profit les informationsqu’ils nous transmettent surles produits qui circulent etd’éventuels effets inattendus,et les transmettons pour aler-te au Centre d’addictovigilan-ce d’Auvergne.»

Proxikit

Toutefois nos perma-nences ne peuvent couvrirtous les besoins. Mis enplace en 2007, Proxikit estun outil complémentairedestiné au public qui, pourune raison ou pour uneautre, ne fréquente pasnotre structure. Grâce aupartenariat établi avectrois pharmacies de Mont-luçon qui, outre la mise àdisposition de matériel,jouent le rôle de relais enréorientant sur le Caarudles usagers ayant un pro-blème particulier ou endemande de suivi.On ne le sait pas toujours,mais les pharmaciens,volontaires et bénévoles,sont en fait les premiersacteurs de terrain impli-qués dans l’échange deseringues en France. Desactions d’envergure ont déjàété mises en place en cesens à Lyon, Saint-Etienne,Montpellier… La règle esttoujours la même : un kit

fumer certains produits),explique Sylvie Gounon,infirmière. Parallèlementnous récupérons le matérielusagé.» A cette fin, le centreest ouvert tous les après-midi, et accessible sans ren-dez-vous. L’accueil étantassuré par l’éducatrice, lasecrétaire, le psychologue, latravailleuse sociale ou l’infir-

mière. «Mais, beaucoup plusque du matériel, nous échan-geons sur les pratiques deconsommation. Noussommes en particulier àl’écoute de tout ce que les usa-gers peuvent nous apprendredu fait de leur savoir : l’appli-cation de vaseline sur lespoints d’injection parexemple. De notre côté, nousles mettons en garde contre lesassociations dangereuses deproduits, ou les risques d’over-

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onsommer desproduits illi-cites expose àtoutes sortes de

risques, sanitaires ou autres,en plus de la dépendanceproprement dite. L’un desrisques encourus résidedans l’utilisation et le parta-ge de matériel usagé, vec-teur potentiel du VIH, oud’hépatite B ou C. «D’où lesservices spécifiques désor-mais proposés par le CaarudLa Passerelle. Tels que lafourniture, dans un localdédié, de matériel stérileadapté à la pratique des usa-gers : seringues, cuillers, gar-rots, filtres, champs prépara-toires (surface propre) pourles injections, pailles rigides,miroirs, mouchoirs pour lessniffs, feuilles d’aluminiumpour «chasser le dragon»(technique utilisée pour

C

Au CAARUD (1) de Montluçon, une équipe accueille tous les après-midi, sansrendez-vous, les usagers de drogues en demande d’aide. Des dispositifs spécifiques -échange de seringues notamment- leur sont proposés.

En quelques chiffresAu Caarud : En 2011 : 519 passages, 13930 seringues distribuées.En 2012 (sur 10 mois) : 811 passages, 14 883 seringues distribuées.

En pharmacie :En 2011 : 350 passages, 4722 seringues distribuées.En 2012 (sur 10 mois) : 380 passages, 6800seringues distribuées.

Echange de seringues et d

Le Centre est ouvert tous les après-midi...

Montluçon (03)

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saire. Le dialogue se limiteparfois à un simple «Bon-jour», mais de semaine ensemaine les intervenantssont de mieux en mieuxrepérés, le bouche-à-oreillefaisant office de publicité…«Et nous voyons désormaisarriver au Caarud des per-sonnes qui, sans cette média-tion, n’auraient jamais osépousser la porte.»

Fête et musique

Depuis un an, l’équipe semobilise également autourdes rassemblements festifs.Et a vérifié l’intérêt de l’ap-proche du public au traversd’un risque particulier, celuides risques auditifs. «Lesconsommateurs de produitssont en effet beaucoup moinssensibles aux douleurs auditives et peuvent prendre des risques aux consé-quences dommageables(acouphènes…)», explique Syl-vie Gounon. Ce type de pré-vention est particulièrementbien reçu des 20-35 ans : endeux soirées, 1000 bouchonsd’oreille ont été distribués.Là encore, la démarcheconsiste à identifier lesrisques existants, les pointeravec l’usager, que nousaidons à s’orienter sur lesmoyens d’action adaptés…

(1) CAARUD La PasserelleCentre d’Accueil etd’Accompagnement à laRéduction de Risques pourUsagers de Drogues16 rue du Châtelet03100 Montluçon04 70 05 56 29

tentée dans une petite villeprès de Montluçon n’ajamais abouti. Pour uneraison évidente, maisaprès coup : dans cettelocalité, les toxicomanes,pourtant nombreux, sontpresque tous fumeurs etne pouvaient adhérer à undispositif destiné auxinjecteurs… Il faut tou-

jours être prêt à seremettre en question.

Aller vers

L’équipe met également àprofit l’expérience insuffléepar la formation RDR del’A.N.P.A.A., animée par leCaarud La Plage du Puy-en-Velay. «En un mot, il s’agitd’aller vers le public que noussouhaitons rencontrer, plutôtque d’attendre qu’il vienne ànous.» Une fois par semainedeux personnes de l’équipepartent en centre-ville à larencontre du public précai-re. Objectif : engager le dia-logue sur les produits qu’ilconsomme, se mettre à sonécoute, tout en proposantdes boissons froides ouchaudes suivant la saison,des éthylotests, des panse-ments, ou des soins élémen-taires lorsque cela est néces-

donné pour un kit usagéramené en pharmacie. Mettre en place un tel dis-positif suppose toutefoisune grande réactivité, onpeut se retrouver en situa-tion d’échec avant dedécouvrir la bonne formule,explique Gregory Duperron,psychologue. Une expérience similaire

Tabagisme

Ne laissez pas traîner vos paquets de clopes…Les paquets de cigarettes que les adultes laissent traîner seraient un vecteurd’initiation fréquent chez les 9-10 ans. C’est l’un des résultats mis en évidence parla dernière enquête de la Société Française de Tabacologie, présentée lors de son6ème congrès (Paris, nov. 2012). Selon la même enquête, l’âge de la premièrecigarette, prédicteur majeur de la dépendance tabagique, n’a pas bougé au coursdes cinq dernières années. Le nouveau spray buccal, qui coupe l’envie de fumer enquelques secondes, aura-t-il l’efficacité escomptée ? Il convient surtout dedésangoisser le sevrage, explique Marion Adler, tabacologue. Cesser d’opposer letout (consommation actuelle du fumeur) au rien (arrêt total), expliquer au candidatau sevrage qu’il existe des stades intermédiaires pour l’inciter à une diminutionprogressive du tabac.La prévention reste plus que jamais d’actualité. Dans les pays qui ont une politiqueaffirmée de limitation du tabagisme, les demandes individuelles d’arrêt sont plusnombreuses.

t de bonnes pratiques

...accessible sans rendez-vous.

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Nous avons aimé beaucoup ™™™, assez ™™, moyen ™

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Non, la plupart des toxicomanesne sont pas un ramassis de mar-ginaux, voleurs ou prostitués !C’est cette révélation, qui lui est

apparue au cours des années 90, qui va pous-ser l’auteur à creuser le sujet et se lancerdans la rédaction de son Dictionnaire. Ancienjournaliste de Libération, cofondateur du sited’informations Rue89, et rédacteur en chef auxInrockuptibles, Arnaud Aubron revendiqueune indéniable attirance pour les marges de lasociété et une «envie post-adolescente dechanger le monde».Non, ce ne sont pas les années 60 qui ontinventé les drogues, déjà abondammentconsommées au début du XXème s. Mais ellesont changé leur signification sociale et en ontfait un moyen de subversion. Recueillis auprès des consommateurs, deschercheurs de terrain et militants antiprohibi-tionnistes beaucoup plus qu’auprès dessources officielles, les arguments qui étayent

XXème s». Rappel : 5 millions de personnesdans le monde, 60 000 personnes en Francemeurent chaque année du tabac.Il y a urgence. Des mesures s’imposent. Lahausse du prix du tabac. Une politique fisca-le sans concession. La formation des géné-ralistes aux méthodes de sevrage. La mobili-sation de la justice, comme pour l’amiante oul’hormone de croissance. L’instauration, sur10 ans, d’un plan national d’interdiction dutabac. Jusqu’à extinction du dernier mégot(vous savez, ces déchets bourrés de compo-sants toxiques qui polluent sols et nappesphréatiques) ! EF

PEREZ (Dr Martine) – Interdire la tabac :l’urgence ! – Paris, Odile Jacob, 2012, 250 p.™™™

ce décoiffant Dic-tionnaire offrent unaperçu extrême-ment riche, souventinédit, de la planètedrogue. Le texteregorge de citations(Mitterrand, SteveJobs), et fait la partbelle à l’histoire (Hitler,Régie du kif, Hashi-chins), la géopolitique(guerre de l’opium, nar-coterrorisme), la littératu-re (Antonin Artaud, Shakespeare). On trouvemême le projet soutenu par François Hollandede réunir une commission à l’échelle de l’Euro-pe et ses réticences sur la dépénalisation.Aucune drogue n’est inoffensive, concèdel’auteur. Mais aujourd’hui la répression n’estplus de mise. Sortons de l’anathème, et enta-mons un dialogue constructif. On l’aura com-

pris, les préférences idéologiquesd’Arnaud Aubron s’épanouissentlibrement à chaque lettre de l’al-phabet. On n’est pas obligé detout prendre au pied de lalettre… Mais compulser ceDictionnaire est un exercicevivifiant. EF

AUBRON (Arnaud) –Drogues store.Dictionnaire rock,historique et politique

des drogues. – Le Seuil, Don Quichotte Ed.,2012 – 400 p. ™™

Drogues store

Interdire le tabac. L’urgence !Or vous n’avez jamais vu de chaîne humaineorganisée, à l’instar de ce que font les antinu-cléaires, contre les cigarettiers. Sur le site de

Greenpeace, pas un motconcernant les morts du tabacet les manipulations des lob-bies producteurs. Médecinet journaliste, Martine Perezlivre quelques réflexionspassionnantes sur le rap-port irrationnel que nousentretenons avec lesdébats qui agitent lasociété. Et s’étonne du«silence assourdissant»entourant le «plusgrand scandale desanté publique du

OGM, bisphénol A, antennes-relais,pesticides… Il ne se passe pas unjour sans que les médias n’ali-mentent nos peurs, plus ou moins

raisonnées, et peut-êtrefantasmées, en matièrede santé. Car la nocivitéde ces agents, suspectésà juste titre, n’est pas for-mellement prouvée. Alorsque les risques liés au taba-gisme, eux, sont documen-tés, vérifiés, quantifiés depuisdes décennies. Durant les 33ans de commercialisation duMediator -un scandale certesinacceptable- le tabac a tué 1,8millions de personnes en France.

LivresLivres

Rappel Dictionnaire géopolitique des drogues.La drogue dans 134 pays.Productions, trafics, conflits, usages.-Bruxelles, De Boeck, 2003, 750 p.

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magazine trimestriel de l'Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie

Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom :. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

CP : . . . . . . . . . . . . . . . Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse e-mail : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Avignon sert de cadre à uneétrange rencontre amoureuse, apriori vouée à l’échec. Il fautattendre les dernières pages

pour comprendre que l’alcoolisme -fémininen l’occurrence- constitue le véritablesujet du livre. Et que la vodka, qui apparaîtpar intermittence dans ce récit peuconvaincant, est bien plus qu’un simpleaccessoire.

MALHERBE (Delphine de) – La Fille à la vodka – Paris, Plon, 2012,238 p.

La Fille à la vodka

Doit-on les regret-ter ? Pas vrai-ment. Deuxanciens journa-

listes de L’Echo desSavanes ont réuni despubs, sorties pour la plu-part entre les années 50 et70, en France et aux Etats-Unis. Ringardes, simplistes,racoleuses, laides. Quandon voit s’étaler,sans vergogne,promesses falla-cieuses et contre-vérités, on mesurele chemin parcourudans le contrôle desannonces… mêmesi, ne nous leurronspas, notre époqueproduit, elle aussi, sesponcifs et ses préjugés.Aperçu au rayon tabac :les volutes de fuméesont le meilleur argument

des dragueurs. Pour lesdames, le tabac fait maigrir(comme le prouve la sveltesilhouette d’une nageuse).Sûr de son fait, un riensentencieux, le médecinen blouse blanche tire sursa clope. Tandis que desbébés joufflus rappellent àleurs parents qu’ «il est

l’heure de fumer». Aurayon alcool : bières oujolies femmes ? Lesblondes s’avèrent très pro-metteuses. Prendre levolant après un bon repasne pose aucun problè-me…si on a bu son petitverre de Cointreau ! Quant

au Cola, il n’est jamaistrop tôt pour en boire.Même avant de savoirmarcher : ça rendsociable. Au fait,avez-vous essayé lescigarettes contrel’asthme du DrBatty ?

PASTOR (Annie) –Les pubs quevous ne verrezplus jamais.-Hugo Desinge,2012 – 160 p.™

Les pubs que vous ne verrez plus jamais

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