aménagement des sols et des eaux dans la plaine semi-aride...

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Hydrolagical Basis of Ecologically Sound Management of Soil and Groundwater (Proceedings of the Vienna Symposium, August 1991). IAHS Publ. no. 202,1991. Aménagement des sols et des eaux dans la plaine semi-aride de Buenos Aires, Argentine M. C. FUSCHINI MEJIA Sous-comité National des Sciences Hydrologiques, Av. 9 de Julio 1925, 1332, Buenos Aires, Argentine RESUME Compte tenu de l'évolution géologique de la plaine semi-aride argentine, on pose l'équation appropriée du bilan hydrologique, et on analyse ses termes. D'après les théories récemment formulées concernant les modèles établis à partir de processus physiques, on obtient une base pour la mise au point de méthodologies empiriques telles que les variables biologiques et hydrologiques pour l'aménagement du sol et de l'eau, ce qui constitue la microhydraulique qui a été expérimentée avec succès. La macrohydraulique sera seulement complémentaire. INTRODUCTION Les problèmes que l'on rencontre dans les parties de la plaine qui sont habitées exigent une solution pour les désastres qui ont résulté des inondations, des sécheresses, et de la dégradation du sol. Cette solution a été récemment établie, elle est en train d'évoluer. Il faut étudier les relations entre les différents termes du bilan hydrologique et fournir des méthodes permettant le maniement de chacun d'entre eux, à travers l'utilisation des variables hydrologiques et biologiques dans un ensemble écologique. Donc, le résultat sera la microhydraulique qui résoudra le problème, la macrohydraulique étant complémentaire. CARACTERISTIQUES D'ENVIRONNEMENT DE LA REGION CHOISIE COMME EXEMPLE La région choisie comme exemple s'étend, dans la province de Buenos Aires (Argentine), entre les méridiens 63 et 57 Q W à l'Est; entre les latitudes 34 et 36 S S au Nord, et entre les latitudes 37 et 38 2 S au Sud. La surface est d'environ 15 millions d'hectares (Fig.l). Il s'agit d'une fosse tectonique très profonde colmatée de sédiments d'origines diverses. Pendant la dernière étape géologique, avec un climat beaucoup plus sec que le climat actuel, la structure géomorphologique en déséquilibre avec la pluviométrie actuelle s'est modelée. Elle présente de grands bassins éoliens qui ont enseveli les anciens lits d'eau (Malagnino, 1989). Au Nord-ouest de la région, il y a des cordons de dunes longitudinaux de 100 km de long et 6 m de haut, travaillés par les vents qui ont formé les dunes paraboliques parmi les dunes longitudinales et un peu plus au Sud, une couche épaisse de sable (8 m) avec des dunes paraboliques. Le secteur Est, présente des dunes éoliennes d'une hauteur plus basse et des cuvettes de déflation occupées par des lagunes (Fig.2). 291

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Hydrolagical Basis of Ecologically Sound Management of Soil and Groundwater (Proceedings of the Vienna Symposium, August 1991). IAHS Publ. no. 202,1991.

Aménagement des sols et des eaux dans la plaine semi-aride de Buenos Aires, Argentine

M. C. FUSCHINI MEJIA Sous-comité National des Sciences Hydrologiques, Av. 9 de Julio 1925, 1332, Buenos Aires, Argentine

RESUME Compte tenu de l'évolution géologique de la plaine semi-aride argentine, on pose l'équation appropriée du bilan hydrologique, et on analyse ses termes. D'après les théories récemment formulées concernant les modèles établis à partir de processus physiques, on obtient une base pour la mise au point de méthodologies empiriques telles que les variables biologiques et hydrologiques pour l'aménagement du sol et de l'eau, ce qui constitue la microhydraulique qui a été expérimentée avec succès. La macrohydraulique sera seulement complémentaire.

INTRODUCTION

Les problèmes que l'on rencontre dans les parties de la plaine qui sont habitées exigent une solution pour les désastres qui ont résulté des inondations, des sécheresses, et de la dégradation du sol. Cette solution a été récemment établie, elle est en train d'évoluer. Il faut étudier les relations entre les différents termes du bilan hydrologique et fournir des méthodes permettant le maniement de chacun d'entre eux, à travers l'utilisation des variables hydrologiques et biologiques dans un ensemble écologique. Donc, le résultat sera la microhydraulique qui résoudra le problème, la macrohydraulique étant complémentaire.

CARACTERISTIQUES D'ENVIRONNEMENT DE LA REGION CHOISIE COMME EXEMPLE

La région choisie comme exemple s'étend, dans la province de Buenos Aires (Argentine), entre les méridiens 63 et 57 QW à l'Est; entre les latitudes 34 et 36SS au Nord, et entre les latitudes 37 et 382S au Sud. La surface est d'environ 15 millions d'hectares (Fig.l).

Il s'agit d'une fosse tectonique très profonde colmatée de sédiments d'origines diverses. Pendant la dernière étape géologique, avec un climat beaucoup plus sec que le climat actuel, la structure géomorphologique en déséquilibre avec la pluviométrie actuelle s'est modelée. Elle présente de grands bassins éoliens qui ont enseveli les anciens lits d'eau (Malagnino, 1989).

Au Nord-ouest de la région, il y a des cordons de dunes longitudinaux de 100 km de long et 6 m de haut, travaillés par les vents qui ont formé les dunes paraboliques parmi les dunes longitudinales et un peu plus au Sud, une couche épaisse de sable (8 m) avec des dunes paraboliques. Le secteur Est, présente des dunes éoliennes d'une hauteur plus basse et des cuvettes de déflation occupées par des lagunes (Fig.2).

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M. C. Fuschini Mejia 292

O 100 200KM

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FIG. 1 Région choisie comme exemple.

RÉFÉRENCES (INTERPRÉTATION)

KM

DUNES LONGITUWNAUES COMPOSSE

DUNES PARABOLIQUES ùje. GRANDE ECHELLE

FIG. 2 Caractéristiques d'environnement de la région choisie comme exemple.

C'est une région plate, parfois concave, qui a une pente générale de l'Ouest à l'Est de 1:10 000, mais avec des pentes locales jusqu'à 2 ou 3% dans l'Ouest dans la région des dunes longitudinales et jusqu'à 1% dans l'Est, pour celles qui ne suivent pas la même direction que la pente générale; elles finissent dans un bas fond occupé par une lagune, sans sortie sur la mer. Le Nord-ouest est une région aréique, la partie orientale exoréique avec des aires endoréiques.

Selon Thornthwaite, le climat est classé à l'Est en C2, entre les indices hydriques 20 à l'Est et 0 à l'Ouest, et un peu plus à l'Ouest en Ci, jusqu'à la ligne -20 d'indice hydrique (Fig.l).

La caractérisation du climat par l'indice d'aridité A = ETP/P, en faisant le calcul de l'évapotranspiration par les formules de Thornthwaite et de Penman, peut être trouvée dans les publications de l'auteur (Fuschini Mejia, 1987).

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293 Aménagement des sols et des eaux dans la plaine semi-aride de Buenos Aires

Les précipitations moyennes entre 1901-1970 à Trenque Lauquen sont de 726 mm année - 1 et l'évapotranspiration de 811 mm année-! (Thornthwaite) et de 1134 mm année-1 (Penman) . A Las Flores, les précipitations entre 1921-1970 sont de 890 mm année-1 et l'évapotranspiration pour 1931-1970 a été de 778 mm année-1

(Thornthwaite) et de 944 mm année-1 (Penman) . Cependant, depuis 1970 la région est entrée dans un cycle climatologique humide avec une forte augmentation des précipitations, dépassant les records historiques et concentrées en peu de jours, avec des volumes de pluie très importants. A Trenque Lauquen, il a plu 1200 mm année-1 et dans la région de l'Est, plus de 1110 mm année-1. Probablement, l'évapotranspiration réelle a augmenté, mais pas d'une façon suffisante pour éviter les grandes inondations.

Les sols de cette région forment un mosaïque très conditionné par le micro-relief. On peut indiquer que dans ceux du Nord-ouest (région aride), où le relief est ondulé et la nappe sablonneuse est profonde, le sol a une structure franchement sablonneuse, réaction acide ou neutre, drainé d'une façon excessive et dont l'eau capillaire est en profondeur Hapludol entique, HE. Dans le relief positif Hapludol typique, TH, et un peu plus bas Hapludol thaptoargique, HTA et Hapludol thaptonatrique, HTN; dans les bas fonds Natracualf typique, N (Casas & Pittaluga, 1990).

A l'Est, la région étudiée (semi-aride ou semi-humide) présente un schéma édaphique très hétérogène où il n'est possible de cartographier que des complexes. Les limitations principales sont le mauvais drainage, l'excès de sodium, l'engorgement et, dans quelques cas, un horizon de calcaire endurci (tuf calcaire) à une faible profondeur.

Si on considère 9 000 000 ha, les pourcentages de sols dominants dans la dépression sont: (a) Natracuol typique 23% (b) Argiudol typique 10.5% (c) Hapludol thaptonatrique 12% (d) Hapludol thaptoargique 10%

La plupart des sols de la Pampa déprimée ont une structure de qualité moyenne dans l'horizon superficiel et argileuse dans l'horizon B, les limitations à l'infiltration peuvent être présentes depuis la surface des sols alcalin-sodiques ou dans l'horizon B structural qui présente dans plusieurs cas des valeurs supérieures à 15% de sodium en pourcentage de saturation de base. Avec les pluies de moyenne et haute intensités, ils forment une nappe phréatique perchée (perched water) (Pântano, 1989).

A l'Ouest, la nappe phréatique est restée trop profonde jusqu'en, 1970 (plus de 2 m et dans quelques régions à 1.50 m) pour interférer avec les eaux salines dans le développement de la végétation. Mais à partir de 1970 l'augmentation des hauteurs de précipitations concentrées sur une courte période (par ex. 344 mm en février 1984), a provoqué dans ce terrain plat et sablonneux une remontée de la nappe phréatique qui pendant ces mois est arrivée à la surface du sol (a affleuré) (Fig.3).

Lors du dessèchement du terrain, pendant les mois suivants a comencé la montée capillaire, entraînant une augmentation de la concentration de sel dans la composition du sol (dans l'horizon supérieur) . Après six années (1990), le sel a été lavé par les pluies normales qui l'ont conduit vers la nappe, laquelle est descendue. Les

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M. C. Fuschini Mejia 294

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1165

FIG.3 Fluctuation des niveaux de la nappe phréatique pendant les années 1984 et 1985 avec des pluies extraordinaires (Casas & Pittaluga, 1986) à Pasteur (C. Tejedor).

sels sont principalement sodiques, y compris le humato sodique résultant de la dispersion de matières organiques. Dans cette situation le pH est proche de 10.

Dans l'Est, la nappe phréatique est beaucoup plus proche de la surface, appproximativement à 50 cm, néanmois le phénomène est plus compliqué, par la présence d'horizons salinisés et imperméables qui créent des nappes perchées (perched water), sans qu'il y ait saturation au-dessous d'elles. D'ailleurs, il y a ici des problèmes liés au sodium avec un haut pH.

Dans la région Nord-ouest, la végétation naturelle est caractérisée par trois types qui ont été modifiés par l'homme: a) Espèces indigènes naturalisées ou adventices avec avoine fate, etc., b) Relicto: pâturages de graminées avec Stipa, etc., c) Ensembles halophytes dans les dépressions: des communautés stabilisées sur les sols à alcali et/ou salines, avec Distichlis, etc. et des communautées réparties dans les zones peu salines avec Heliotropum, etc.

A l'Est, la végétation naturelle qui prédomine, modifiée par l'action de l'homme, est la steppe graminée, en dunes et bas fonds. La communauté "zonale" est composée de graminées atteignant jusqu'un mètre de hauteur: Stipa nessiana, etc. Quelques arbustes comme Discaria ("brusquilla"). Parmi les espèces les plus importantes, on peut trouver la Stipa spp., etc. Dans les dunes, les espèces prédominantes sont Panicum urvi et d'autres espèces de plantes à rhizomes qui fixent les terrains. Dans les dépressions entre les dunes, prédominent les cortaderia sellona et les graminées de plus de 2 m de hauteur. Au bord des lagunes saumâtres dominent les Hordeum pusillu. Dans les dépressions humides sans écoulement prédomine le Solanum melanoxylon ("duraznillo bianco").

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295 Aménagement des sols et des eaux dans la plaine semi-aride de Buenos Aires

FONCTIONNEMENT HYDROLOGIQUE GENERAL

Même s'il n'y a pas de bassins, le schéma général de la Fig.4 (Chapman, 1989) est valable. Mais le mouvement vertical de l'eau (evaporation-infiltration), et 1'emmagasinement à la surface et au-dessous d'elle sont beaucoup plus importants que le mouvement horizontal, tel qu'il est exprimé dans le Coloquio Internacional sobre Hidrologia de las Grandes Llanuras (1984). Le caractère pratique de cette analyse appliquée à l'étude de la plaine résulte du fait qu'il est aussi valable pour une région ponctuelle, où le flux par les lits a une faible importance, il n'arrive même pas à la mer.

il k

t t 1 î EAU ATMOSPHERIQUE

—J INTERCEPTICK VEGETALE

[LITIÈRE | 3. u ' MICRO RELIEF

T T

eCOUtEMM .. • ••

ZONE RADICULAIRE DES PLANTES GENERALEMENT NON SATUREE

ZONE INFÉRIEURE À LA RADICULAIRE NON SATUREE

EAU SOUTERRAINE PERMANENTE

MOUVEMENT DANS l'EMMAGASINEMENT

ESSENTIELLEMENT VERTICAL

ESSENTIELLEMENT HORIZONTAL

MOUVEMENT EN PHASE

LIQUIDE

OU SOUDE

3» GAZEUSE

FIG.4 Fonctionnement hydrologique général.

Dans les plaines, il est plus correct de dégager les composantes du bilan hydrique, dont la,formule est: (Fuschini Mejia, 1989b)

P At AAn-Et At AA'"n-Ei At AA' n-E s At A&n-Ev At AA"n-I At AA"n-(1) (2) (3) (4) (5) (6)

-(SSf-SSi) M'n-(SAf-SAi) AAn~(SPf-SPi) AAn+Rent AAn At-(7) (8) (9) (10)

-R s ai AAn At=0

(11)

ou

n

i f At

Indice qui indique l'ordre de la maille superficielle homogène dans laquelle est divisée la plaine Sous-indice qui indique le début du processus Sous-indice qui indique la fin du processus Laps de temps employé pour intégrer le bilan (T)

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M. C. Fuschini Mejh 296

AAn Surface de la maille d'ordre n (L2) AA' n Partie de la surface de la maille occupée par eau livre (L2) AA" n Partie de la surface de la maille occupée par la couverture

végétale (L2) AA"'n Partie nue de la surface de la maille (L2) AA' n + AA" n + AA"' n = AAn P Précipitation (L3 L-2 T-1) Et Evaporation depuis le sol (L3 L-2 T-1) El Evaporation depuis les lagunes (L3 L- 2 T-l) E s Evaporation depuis le sous-sol (L3 L-2 T-l) E v Evapotranspiration (L3 L-2 T-1) I Interception (L3 L- 2 T-1) SS Emmagasinement en surface (L3 L-2) SA Emmagasinement dans la zone de aération du sol (L3

SP Emmagasinement dans la zone de saturation du sol (L3 L-2) Rent Volume d'eau qui entre dans la surface comme écoulement dans la

nappe plus le ruissellement acheminé (L3 L- 2 T-1) Rsal Volume d'eau qui sort de la surface comme écoulement dans la

nappe plus le ruissellement acheminé (L3 L- 2 T-1)

L'analyse de chacun des termes est le suivant:

P At A&n: Volume de précipitations tombées sur la surface AAn pendant le temps At. C'est un paramètre hydrologique. (1)

Et At ÀA"'n: Evaporation depuis le sol, d'après la surface AA"'n

pendant le temps At. C'est un paramètre hydrologique. (2)

El At AA' n: Evaporation depuis les lagunes, d'après la surface AA' n

pendant le temps At. C'est un paramètre hydrologique et écologique. (3)

E s At AAn : Evaporation depuis le sous-sol, d'après la surface AAn pendant le temps At. C'est un paramètre hydrologique, écologique et biologique. (4)

E v At AA"n: Evapotranspiration depuis les végétaux, d'après la surface AA"n pendant le temps At. C'est un paramètre hydrologique, écologique et biologique. (5)

I At AA"n: Interception des plantes sur la surface AA" n pendant le temps At. C'est un paramètre hydrologique et biologique. (6)

(SSf-SSi) AA' n: Variation du volume d'eau emmagasinée en surface sur la surface AA' n pendant le temps At. C'est un paramètre hydrologique(7)

(SAf-SAi) AAn: Variation du volume d'eau emmagasinée dans la zone d'aération du sol sur la surface AAn pendant le temps At. C'est un paramètre hydrologique et biologique. (8)

(SPf-SPi) AAn: Variation du volume d'eau emmagasinée dans la zone de saturation du sol sur la surface AAn pendant le temps At. C'est un paramètre hydrologique et biologique. (9)

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297 Aménagement des sols et des eaux dans la plaine semi-aride de Buenos Aires

Rent A&n Àt: Volume d'eau qui entre dans la surface ÀAn pendant le temps Àt comme écoulement dans la nappe à travers le périmètre plus le ruissellement acheminé dans les chenaux qui traversent l'aire. C'est un paramètre hydrologique et écologique. (10)

Rsal AAn At: Volume d'eau qui sort de la surface AAn pendant le temps Àt comme écoulement dans la nappe à travers le périmètre plus le ruissellement acheminé dans les chenaux qui traversent l'aire. C'est un paramètre hydrologique et écologique. (11)

Pour la plaine, les termes de la formule ont une importance différente selon l'analyse qui suit: (1) On considère l'intensité de la précipitation tous les 10 min. pour

le calcul de l'interception et de l'impact de la goutte sur le sol. La densité des pluviomètres doit être très forte puisqu'il a été démontré par Kovacs (1984) que l'erreur augmente très rapidement quand l'intervalle de temps diminue. La pluie est le facteur d'impulsion.

(2) (3) (4) (5) La clef de ces termes est la formule la plus adéquate de l'évapotranspiration, celle de Penman, modifiée par Wales-Smith & Arnott (1985). Pour l'application de ces formules, plusieurs données et paramètres sont nécessaires, environ 20, plusieurs d'entre eux variables d'après la saison (Wales-Smith & Arnott, 1985) . L'evaporation est un facteur d'expulsion et sa connaissance et celle de sa distribution est très importante pour l'hydrologie des plaines.

(6) Pour déterminer ce terme, il faut connaître le montant de la pluie et l'indice de surface foliaire qui peut varier pendant les saisons, d'après les cultures ou la végétaion naturelle selon l'exploitation du sol, qui doit être connue avec ses variations (Stewart, 1989). L'interception est un facteur d'expulsion: elle est suivie par 1'evaporation et sa connaissance et celle de sa distribution est très importante pour la plaine.

(7) Facteur limite qui nécessite d'un plan de topographie altimétrique détaillé et la connaissance de la fonction hauteur-volume ou bien hauteur-surface. Dans ces conditions l'analyse des images de télédétection répétées est fondamentale pour calculer les variations de ce paramètre avec le temps. C'est extrêmement important dans la plaine.

(8) Facteur limite. Très important pour l'hydrologie des plaines comme la connaissance de sa distribution. 11 faut disposer d'un relevé des sols le plus détaillé possible avec la détermination de la' profondeur de la nappe grâce à un réseau de stations phréatimetriques réparties au mieux et en conséquence de l'épaisseur de la zone d'aération.

(9) Facteur limite très important pour l'hydrologie des plaines. Pour son analyse, il est nécessaire de connaître les facteurs géologiques et édaphiques avec leur distribution dans la zone et le niveau de la nappe phréatique, en outre des caractéristiques du sol, telles que la capacité d'emmagasinement, porosité, etc. et de l'eau quant aux caractères chimiques et leurs variations possibles. Même si dans les plaines cela a moins d'importance (4 m année - 1, Hidroplan, 1987) il faut déterminer le réseau d'écoulement souterrain.

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(10)C'est un facteur d'impulsion. L'importance est faible, le ruissellement par les chenaux, pouvant ne pas exister, par contre, l'écoulement dans la nappe est plus important dans les plaines, tout à l'opposé des régions avec pente. On peut effectuer des jaugeages réitérés pendant une longue période.

(11)C'est un autre facteur d'expulsion, ce qui est indiqué pour le terme précédent est valable pour ici. En général, pour les deux derniers termes on instaure un système

qui décrit la façon dont déborde un réservoir superficiel dans un autre, et selon les caractéristiques de la connexion (fluvial, égout ou évacuateur), compte tenu des conditions aux limites, on aboutit à un système d'équations entre toutes les mailles (AAn), qui ont été résolues par Pedraza et al., 1989).

Pour connaître l'état actuel et l'équipement des régions de plaines, et résoudre cette équation, c'est une tâche formidable qui parfois n'est pas réalisable. Donc, les équations sont simplifiées, en négligeant les termes peu importants et en estimant quelques données mesurables qui sont nécessaires. On a mis en œuvre un modèle hydrologique hydraulique pour la simulation de la dynamique hydrologique au Nord-ouest de la province de Buenos Aires (Argentine), cas exemple qu'on décrit comme pampa sablonneuse (Pedraza et al., 1989) et les résultats ont été vérifiés d'une façon raisonnable. Le modèle sera amélioré lorsqu'on disposera de plus d'informations, notamment topographiques (télédétection) sur la végétation et l'exploitation du sol, entraînant comme résultat important des mailles plus petites, en plus il pourra être résolu avec l'ordinateur.

Quoique l'application du modèle complet sur bases physiques n'est pas encore possible, les résultats des études sont très utiles, spécialement ceux de l'évapotranspiration potentielle qui ont permis d'établir que ce phénomène dépend du genre de plante, de l'état de développement et de la structure du sol, du déficit d'humidité du sol et des paramètres météorologiques, ce qui a permis aux techniciens agricoles de modifier leurs méthodes d'une façon empirique, et d'arriver à des réussites contrôlables, particulièrement en ce qui concerne la couverture végétale artificielle mise en place, qui peut augmenter l'évapotranspiration d'après chaque espèce, en maintenant la zone d'aération bien aérée et avec un tonnage plus important de matière verte par hectare. Le fonctionnement sera celui d'une véritable pompe biologique (Fuschini Mejia, 1987).

AMENAGEMENT ECOLOGIQUE DU SOL ET DE L'EAU SUR DES BASES HYDROLOGIQUES

La plaine est un habitat humain essentiel et les paramètres doivent être modifiés d'après les besoins humains, mais en accord avec le fonctionnement hydrologique .et écologique; on obtiendra ainsi un développement acceptable pour l'environnement avec les pratiques de conservation, particulièrement de l'eau et du sol, ceci ne signifie pas la conservation sans changements du milieu. De cette façon, on pourra conserver le paysage, en empêchant non seulement la dégradation naturelle mais aussi la dégradation anthropique (désertification et érosion).

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299 Aménagement des sols et des eaux dans la plaine semi-aride de Buenos Aires

Même si on ne peut pas pour le moment mettre au point un modèle mettant en œuvre tous les termes (manque de données et difficultés pour son obtention), la structure de chaque terme de 1'addition exprime le progrès scientifique de la connaissance de chacun des phénomènes, et les progrès ont permis la mise au point de pratiques empiriques fondées sur cette connaissance entraînant une exploitation plus rationnelle de la totalité du paysage. Le problème des plaines sous ces climats est la succession des inondations et sécheresses.

L'analyse scientifique nous a démontré que l'eau doit être traitée (domestiquée) dans le lieu même où elle tombe. Au lieu de lutter contre les inondations, il est préférable de les empêcher ou bien les prévenir, c'est à dire qu'il faudra diminuer le terme "volume de l'eau emmagasinée sur la surface" et d'essayer d'empêcher l'écoulement d'une nappe. Il faut augmenter les termes d'evaporation depuis le terrain et notamment depuis la couverture végétale. En outre, il faut essayer d'augmenter le terme "emmagasinement de l'eau dans la zone d'aération" et de l'évacuer tout de suite avec l'augmentation du terme "d'évapotranspiration". Un des procédés biologiques est l'implantation de pâturages, par exemple l'agropiro elongatum (Elyntrigia pontica), qui peut produire entre 800/1000 kg année-! ha-1 de plus, par rapport à la matière sèche existante et en absorbant entre 600 et 900 m^ ha-1-en plus, ce qui représente entre 60 à 90 mm transpires par an, additionnels, en maintenant le sol drainé dans le sens vertical. C'est à dire, que l'on augmente ainsi la surface foliaire et la hauteur avec le choix des espèces, qui peuvent varier de 2.5 m^ de surface foliaire pour les cas des légumineuses rampantes par m^ de terrain, jusqu'à 5 m^ m-2 dans le lolium multiflorum. Les espèces de cycle hivernal consomment plus d'eau par kg de matière sèche, même si elles consomment moins d'eau que celles d'été parce que l'accroissement est limité aux basses températures; cependant il faut augmenter l'importance de ces cultures à cycle hivernal étant donné qu'en hiver se produissent les inondations et il faut évacuer l'eau par drainage vertical (Pântano, 1989). Ces plantes qui favorissent la multiplication des lombrics améliorent ainsi la structure du sol. D'ailleurs, il faut augmenter le pourcentage de matière organique dans le sol avec les produits de la prairie, empêchant le sur-pâturage et poussant le pâturage rotatif. Ainsi, il a été démontré qu'avec les techniques de conservation, pour les champs qui ont plus de trois années d'exploitation, les effets des sécheresses et des inondations sont moins importants.

Casas & Pittaluga(1990) ont montré les résultats de récupération des sols salins au Nord-ouest sablonneux obtenus par la culture de melilotus albus, melilotus oficinalis et dans les cas des sols très salins (10 mmho cm-1) avec agropyron elongatum et agropyron scabrifolium, mais il était récommandé de maintenir le lot sans pâturages pendant la première année en utilisant des techniques de conservation. De même, il convient de couvrir la surface du sol d'une façon mécanique, avec chaumes et pailles quelle que soit leur nature, en favorisant la présence de cytosfaga afin de diminuer la remontée capillaire de la solution saline et de favoriser le lavage des sels par l'action des pluies, en accélérant le processus de récupération.

Pântano (1989) a démontré les résultats concrets obtenus dans certaines parties de la région de l'Est, où par exemple en 1981 il y avait 80 bovins avec 61 kg ha-1 et en 1988 elles supportaient 180 bovins avec 146 kg ha-1 et il y a d'autres exemples d'actions sur les

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M. C. Fuschini Mejfa 300

variables biologiques et écologiques pour modifier le cycle hydrologique.

Avec les pratiques précédentes, les deux parties de la plaine de la pampa de Buenos Aires ont obtenu des résultats certains et mesurables d'amélioration de l'environnement, en faisant coïncider ces pratiques avec l'augmentation de la transformation de l'eau et de l'énergie disponibles en matière organique, afin d'augmenter la production. Ceci donne un sens économique au travail. En conséquence avec les méthodes mentionnées on arrive à une économie d'eau et à la conservation du sol, par rapport à l'économie de la production.

Dans la région de l'Est ou Pampa Déprimée, quand il y a une nappe perchée (perched water) dans les régions basses, on peut employer les méthodes de drainage mécanique décrites par Kovacs (1984), qui empêchent la remontée de sels et permettent de commencer les pratiques mentionnées. L'eau accumulée par les drainages est saline, alors elle doit être éliminée à travers de petits chenaux qui la conduissent vers la fleuve Salado, comme il est recommandé par Hidroplan (1987) .

Dans la région sablonneuse de l'Ouest, on peut drainer les collines avec les pratiques courantes de drainage par tuyaux, qui peut ne pas être nécessaire, étant donné la perméabilité du terrain, si la nappe phréatique baisse d'une façon naturelle et rapide. Ce qui est important dans cette région est que l'eau des collines est douce, et il est convenable de la garder dans des réservoirs remplis par pompage afin de mettre en marche les systèmes d'irrigation pour les périodes de sécheresse qui peuvent suivre immédiatement l'inondation.

Ceci entraîne le développement de la microhydraulique, soit avec des paramètres biologiques ou hydrologiques, dans un cadre écologique. La macrohydraulique serait complémentaire. Elle opère avec de grands chenaux qui enlèvent par transfert horizontal l'eau des inondations.

Jusqu'à présent, on a considéré celle-ci comme la seule solution, et cela s'est terminé par des échecs. On peut vérifier qu'un grand canal de 10 np s-1, en supposant que 100 000 ha soient à drainer, enlèverait 800 nP jour-1, tandis que l'évapotranspiration de 100 000 ha avec 5 mm jour-! enlève 5 000 000 n\3 jour-!, si l'on peut faire croître, avec les pratiques biologiques précédentes jusqu'à 7 mm jour le drainage vertical, le résultat serait une evaporation de 7 000 000 m3 jour-!, c'est à dire 8.7 fois plus que le canal étudié (Fuschini Mejia, 1989a).

D'après ce qui précède, la macrohydraulique seule n'est pas la solution. La solution est la microhydraulique qui empêche l'inondation et emmagasine l'eau sur place, et il ne reste qu'à projeter de petits canaux afin d'enlever les excédents des excédents. Ces canaux doivent être projetés avec les défenses faites dans la plaine, qui arrivent à constituer des polders; alors, ces canaux aménagés d'après la géomorphologie, peuvent drainer seulement ce qui est nécessaire de ces polders, notamment à l'Ouest et empêcher ainsi l'agression écologique.

REMERCIEMENTS Je remercie la collaboration de M. J. Fioriti et L. L. Martinez.

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