dessins de costumes pour le cinema

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Du motif textile au profil d'une aile, tout a d'abord été dessiné. D'innombrables dessins préparatoires ont été abandonnés, détruits, comme si l'oeuvre achevée les dévorait. L'artiste est déjà attelé à la tâche suivante. Jacques Fonteray a conservé ses dessins de costumes pour le cinéma : Moonraker, Barbarella, la Banquière, La Folie des grandeurs, Borsalino, parmi beaucoup d'autres.Les voici heureusement tirés de leur léthargie. Jane Fonda, Romy Schneider, Simone Signoret, Alain Delon, Louis de Funès... surgissent avec l'apparence qu'ils avaient le temps d'un tournage, oui, et bien davantage.Certains dessins conservent la vision du réel, l'étrange pouvoir de ceux-ci est autre : ils décident d'un avenir, modelant des fictions. Si fortement, que, lorsqu'ils défilent devant nos yeux, nous ne pouvons nous retenir de pointer notre doigt en nommant acteurs et personnages.Habillant des êtres, le dessinateur de costumes sculpte des mythes.Hubert Comte

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Costumespour

le cinémaCarnet de dessins

JACQUES FONTERAY

éditions volets verts

ISBN: 2-910090-12-4© JACQUES FONTERAY

C’est le dessin qui donne la forme aux êtres ;c’est la couleur qui leur donne la vie.Voilà le souffle divin qui les anime.

DIDEROT

– 3 –

LA FOLIE DES GRANDEURS

France (1971)Réalisateur : Gérard Oury,

très librement adaptéde Ruy Blas de Victor Hugo.Interprètes : Yves Montand,

Louis de Funès,Alice Sapritch, Paul Préboist.

“Beaucoup se souviennentde l’inénarrable « strip-tease »

de Sapritch. Pour la déshabiller,il fallait d’abord l’habiller

et que son « effeuillage » ne soitpas indécent. Elle se sent très

belle et est folle amoureusede Montand . Elle se rend à

l’auberge où elle croit aurendez-vous galant qu’il lui a

fixé, alors qu’il s’agit d’un piègediabolique. Et le quiproquo

s’ensuit. J’ai pris beaucoupde plaisir à tourner ces scènes.”

GÉRARD OURY

– 5 – – 6 –

“Voici Louis de Funèshabillé en Don Salluste : chapeau immense

avec deux gros pompons verts, fraise à l’espagnole,le petit «grand d’Espagne» va revêtir

son costume de tyran. La parodie n’est pas loinde la vérité.”

“Bourvil décédé, nous réécrivons le rôlepour Yves Montand. Il faut que Fonteray

l’habille, en valet d’abord, en Seigneur, en grandd’Espagne ensuite. Yves trouve ses costumessi beaux qu’il les porte chez lui, à la ville,

pour s’y habituer.” G.OURY

– 8 –– 7 –

– BARBARELLA, VOICI VOS ORDRES : TROUVER

DURAND-DURAND ; ET GRÂCE À VOS INCOMPARABLES

TALENTS, SAUVEGARDER LA SÉCURITÉ DE LA GALAXIE

ET DE NOTRE PLANÈTE MÈRE. VOUS ME SUIVEZ ?– OUI.

BARBARELLA

France - Italie (1968)Réalisateur : Roger Vadim,

d’après la bande dessinée de Jean-Claude Forest.Interprètes : Jane Fonda, John Philip Law,

David Hemmings, Marcel Marceau, Ugo Tognazzi.

“Se souvenir avec émotion et joiede «Barbarella» ce n’est pas un coup de nostalgiepuisqu’en 1967 nous étions plongés dans le futur.

Un très lointain futur : 40 000 ansaprès Jésus-Christ ! Nous lancions la mode dufutur anachronique. Depuis trois décennies,

on a beaucoup emprunté à « Barbarella »,tant mieux. Mais il faut dire que notre

ambassadrice s’appelait Jane Fonda.”

ROGER VADIM,février 1998.

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Il y a, en fait, dans Barbarella, au-delà de la fantaisie déli-rante, une satire assez cruelle des problèmes de notretemps. […] Le MLF perçait sous le maquillage de l’hé-roïne galactique. [Jane Fonda] prenait Barbarella pourune femme objet. Aujourd’hui, ce rôle demeure pour ellele symbole détesté de l’état féminin dans une sociétéd’hommes oppresseurs.

Mémoires du Diable,ROGER VADIM.

Ici, au mieux, on ne peut que rire des costumes crééspar Jacques Fonteray, dans le style Folies-Bergère façon

Moyen Âge ; chemises de nuit vaporeuses, corsagestranslucides, déshabillés vraiment dénudés […].L’époque semble être celle de la Renaissance, mais la toi-lette de Mlle Fonda est ultra décalée : cuissardes, ensem-bles chics de fourrure, laissant entrevoir avec générositéson anatomie…

The Films of Jane Fonda,GEORGE HADDAD-GARCIA.

– 11 –

HISTOIRES EXTRAORDINAIRES

Trois sketches d’après des nouvelles d’Edgar Poe.France (1967)

Réalisateurs : Roger Vadim,Louis Malle, Federico Fellini.

METZENGERSTEINRéalisateur : Roger Vadim. Interprètes : Jane Fonda, Peter Fonda,

Françoise Prévost, Anny Duperey, Serge Marquand, Philippe Lemaire.

WILLIAM WILSONRéalisateur : Louis Malle.

Interprètes : Brigitte Bardot, Alain Delon, Katia Kristina.

TOBY DAMMIT OU

IL NE FAUT PAS PARIER SA TÊTE AVEC LE DIABLERéalisateur : Federico Fellini.

Interprètes : Terence Stamp, Marina Yorn.

– 14 –– 13 –

Dans le livre Tre Passi nel Delirio di F. Fellini, L. Malle, R. Vadim,1

Jacques Fonteray explique pourquoi la création des costumes deMetzengerstein ressemble à celle de Barbarella…

Je connais quelques contes d’Edgar Allan Poe, mais jen’ai jamais lu Metzengerstein. Vadim me parle de son

projet pendant la préparation des costumes de Barbarella.Les deux films naissent et se déroulent pratiquement enmême temps : les quelque prises de Metzengerstein, tour-nées en mars, sont laissées pour Barbarella. Puis le pre-mier film est achevé en novembre. Courant février, noustournons encore certaines scènes complémentaires. Du-rant cette période, je travaille dans des conditions idéales.

D’abord, ces films ont tous deux une trame fantas-tique : je ne me sens lié à aucune contrainte particulière.D’ailleurs, avec Vadim, je me trouve très à mon aise. Ilsait expliquer avec précision l’empreinte qu’il veut don-ner au film et le caractère des personnages, puis me laissela liberté la plus complète : il attend de nombreuses idéesde la part de ses collaborateurs.

Il me demande un certain nombre de costumes : jelui en apporte encore plus. Il y en a une cinquantaine entout – quinze pour Jane uniquement –, qui seront tousutilisés : à l’origine, il n’y a pas de scénario véritablementdéfini – une scène est même née du simple désir d’utili-ser un costume particulier. A l’inverse, il vient à l’espritde Vadim de tourner une séquence imprévue qui néces-site la création immédiate d’un nouveau modèle.

Quand Vadim examine les croquis, il s’intéresse sur-tout aux matériaux qui entreront dans la confection. Jecrois, comme lui, à la valeur plastique des différents tissus.

[…]Je ne dois pas me référer à l’ambiance d’une époque

particulière : de toute façon, nous pensons tous au débutde la Renaissance, interprété librement. Plutôt que dem’inspirer du décorativisme de la Renaissance italienne– d’un Piero della Francesca, d’un Carpaccio –, j’ai

préféré deux peintres qui me sont chers : Lucas Cranachet Albrecht Dürer. Au-delà de mes préférences person-nelles (un agrandissement de l’Eve de Cranach est tou-jours accroché au mur de mon atelier), je trouve quel’érotisme vaguement morbide et démoniaque de cespeintres correspond à l’atmosphère désirée par Vadim2.

Dans certains cas, je m’inspire directement de cer-taines gravures. Par exemple, le costume – masculin – deJane en soie blanche, avec col montant, large ceintureperforée et immense plume sur la coiffure est celui de lacavalière de la Damoiselle et lansquenet de Dürer. Je neveux pas attribuer à Frédérique Metzengerstein le goûtde la polémique du «travesti » mais plutôt souligner lecaractère ambigu de ce rôle de femme – sans pour autantla considérer en garçon manqué.

1. D’après Tre Passi nel Delirio di F. Fellini, L. Malle, R. Vadim,L. BETTI, O. VOLTA, B. ZAPPONI.

2. Jacques Fonteray n’a pas lu le conte de Poe et ignore sans doute quel’écrivain tentait de reproduire le climat des contes germaniques. Il estassez extraordinaire que son intuition et une forte sensibilité le pous-sent à s’inspirer de la peinture allemande.

– 16 –– 15 –

L’IMPOSSIBLE OBJET(THE IMPOSSIBLE OBJECT. THE STORY OF A LOVE STORY)Etats-Unis (1972) Réalisateur :John FrankenheimerInterprètes :Alan Bates,Dominique Sanda,Léa Massari,Michel Auclair.

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“D’après Dürer…”

L’enfant galopait dans les esca-liers, se cognant aux murs commeune chose blessée. Mon secondfils l’avait précédé pour allerchercher la lampe électrique. Jepensais : C’est une nonne. Lesdémons vivent derrière les murs,sortent quand il y a sacrifice.

Impossible objetNICHOLAS MOSLEY

– 18 –– 17 –

“Marcel Carné veut évoquer la peinturedes impressionnistes, d’après une nouvellede Maupassant. Le costume de «Mouche »

s’inspire évidemment de Renoir.”

Clin d’œil à Van Dongenpour le costume de cette élégante interprète

de « Borsalino ».

“A propos d’unfilm, on parlerarement ducréateur descostumes. Etpourtant sontravail fait partieintégrante del’œuvre etcontribue à saréussite : c’est luiqui donne vieaux personnages,crée la différenceselon lapersonnalitéet la sensibilitédes acteurs.La psychologiedu rôle doitse retrouverdans la façonde s’habiller,dans la volonté deparaître ou toutsimplement decoller à la réalitéd’une époque.” JACQUES DERAY

BORSALINO

France - Italie(1970)

Réalisateur :Jacques Deray.

Interprètes :Jean-Paul

Belmondo,Alain Delon,

Catherine Rouvel,Michel Bouquet,

FrançoiseChristophe,

CorinneMarchand.

– 19 – – 20 –

Nous sommes en 1936, Joe Cavalier – l’as de l’aviation aux innom-brables victoires obtenues durant la première Guerre – est l’entraîneurde l’équipe de France de boxe aux jeux Olympiques de Berlin. Ilsavoure la victoire qualificative de l’un de ses boxeurs…

— DE TOUTE FAÇON, LUCIEN, POUR MES

BOXEURS ET MOI, IL N’EST PAS QUESTION

QU’ON DÉFILE LE BRAS TENDU DEVANT

HITLER.

— NE RECOMMENCE PAS, JOE ! FAIS TON

BOULOT. NE MÉLANGE PAS SPORT ET

POLITIQUE…

— ET HITLER ? IL MÉLANGE QUOI ?!…NON, LUCIEN, JE SUIS DÉSOLÉ, MAIS C’EST

VOUS, LES MECS DU COMITÉ OLYMPIQUE QUI

DEVRIEZ REFUSER DE PARTICIPER À UNE

COMPÉTITION ORGANISÉE PAR UN RÉGIME

QUI TOURNE LE DOS AUX RÈGLES

OLYMPIQUES !

— BON ALLEZ ! ASSEZ AVEC LES JEUX. ON EST

LÀ POUR FÊTER MICHELOT. A TA VICTOIRE,ROGER !

L’AS DES AS

France (1982)Réalisateur : Gérard Oury.

Interprètes : Jean-Paul Belmondo,Marie-France Pisier, Rachid Ferrache.

– 21 –

– 24 –– 23 –

— ALORS, À BERLIN CE SOIR ? BRASSERIE

RESSI, ROOFGARDEN, OU PLUTÔT

SIROP AU BORD DU LAC ?…— DANS LE TRAIN, JE LIS DES JOURNAUX

ÉCRITS AVEC LES PIEDS, JE BAVARDE

AVEC DES INCONNUS, PLUS OU MOINS

SPIRITUELS, MAIS QUAND J’ARRIVE À

DESTINATION, JE CHOISIS AVEC UN

EXTRÊME DISCERNEMENT LES HOMMES

AVEC LESQUELS JE ME METS À TABLE…SURTOUT AU LIT. BONSOIR.

— J’AIME LES HOMMES MALADROITS,GRANDS, FORTS, LES YEUX CLAIRS,LES LÈVRES CHARNUES,LE NEZ UN TANTINET…

— …CASSÉ ?— LA GUEULE UN PEU…— …CASSÉE ?— …ET PUIS BOURRÉS DE CULOT ET

PLEINS DE COMPLEXES À LA FOIS.— OH ! MAIS J’AI PAS DE COMPLEXES…— … DE SUPÉRIORITÉ, SI !

— C’EST QUOI

VOTRE TYPE

D’HOMME ?

– 26 –

MOONRAKER

Etats-Unis (1979)Réalisateur : Lewis Gilbert.Interprètes : Roger Moore,

Michael Lonsdale, Lois Chiles.

– 25 –

“Evidemment,les costumes de« Moonraker »

conviennentparfaitement etsont attrayants,mais ce n’est pastout. Ils doivent

permettre àl’interprète de

James Bondd’effectuer

en toute libertéles mouvementsqu’imposent lesscènes d’action.

N’est-ce pas,après tout,l’essentiel

chez Bond ?”

LEWIS GILBERT

HUGO DRAX : Monsieur Bond,

pourquoi avoir coupé court aux effusionsde mon python adoré ?

JAMES BOND :C’est que, justement, je le trouvais étouffant…

– 27 –

HUGO DRAX :

AU COMMENCEMENT ÉTAIT

LE RÊVE. OR, LE VOICI

RÉALITÉ. ICI, AU SEIN

IMMACULÉ DU FIRMAMENT,JE VAIS CRÉER UNE

NOUVELLE SUPER RACE,UNE RACE DE SPÉCIMEN

PHYSIQUEMENT PARFAITS.VOUS AVEZ ÉTÉ CHOISIS

POUR EN ÊTRE LES

GÉNITEURS.TELS DES DIEUX, VOS FILS

VONT POUVOIR RETOURNER

SUR TERRE ET S’YREPRODUIRE À VOTRE

IMAGE. VOUS AVEZ TOUS

SERVIS À VOTRE HUMBLE

NIVEAU DANS MON EMPIRE

TERRESTRE, VOTRE SEMENCE

ET VOUS-MÊMES, VOUS

PORTEREZ TÉMOIGNAGE DE

L’ULTIME DYNASTIE DONT,MOI SEUL, JE SUIS LE

CRÉATEUR. DÈS LEURS

PREMIERS JOURS SUR LA

TERRE, VOS DESCENDANTS

POURRONT LEVER LES YEUX

EN SACHANT QUE LA LOI

ET L’ORDRE RÈGNENT

DANS LES CIEUX.

Comment une femme, se demanda Margot, pouvait-elle être assez crédule ou assez peu exigeante pour se lais-ser mener par la seule curiosité, sensuelle ou psycholo-gique ? Non pas que Margot ignorât les tentations, lesdésirs courts pour un torse d’homme ou un trait decaractère, mais elle apercevait au-delà une affreuse insa-tisfaction. Elle avait trop pratiqué la coquetterie pour enêtre dupe. La coquetterie pour elle était un moyen decréer un décor autour de soi où se réfugiait son rêve. Ellemaintenait quelques hommes dans une galanterie exas-pérée qui lui donnait l’illusion de leur persévérance, deleur profondeur. Elle avait besoin de ces feintises pourmieux songer à la passion qu’elle attendait dans le fondde son cœur, sans aucune impatience romanesque, avecun acharnement robuste qui était plus fort que toutesses gaietés et toutes ses mélancolies.

Une femme à sa fenêtre,PIERRE DRIEU LA ROCHELLE

UNE FEMME À SA FENÊTRE

France (1976)Réalisateur : Pierre Granier-Deferre.

Interprètes : Romy Schneider,Philippe Noiret, Victor Lanoux.

– 29 –

[…] les hommes la désiraient, donc les femmes lacondamnaient. Leur verdict était aggravé d’abord de laconsidération que Margot avait mal mené sa vie : aprèsun premier mariage tout à fait malheureux et d’ailleurspromptement annulé, elle avait vécu avec audace à Pariset ailleurs, disait-on ; enfin, elle avait épousé un de sesamants, Rico. Or, Rico, bien loin de lui apporter unappui, n’avait fait que rendre sa situation plus hasar-deuse. D’autre part, ce n’est pas d’avoir quelques amantsqui gâche la réputation d’une femme, mais son manquede zèle à bien orienter cette réputation. Le monde nedemande qu’à ne pas voir, encore faut-il prendre soin delui fermer doucement les yeux, comme il veut. C’est àquoi se refusait Margot, avec un entêtement de gaie bra-vade. Rien ne l’amusait comme de donner à jaser ; onaurait dit une petite fille qui jette du grain à sa basse-cour. Elle savait bien ce qu’elle faisait, en fin de compte,car les potins d’un moment étaient bientôt détruits parles potins du moment d’après, et à la longue les gensdevaient reconnaître que rien n’était prouvé. Mais ils enrestaient mécontents et désorientés. Aussi les hommes,devant les autres femmes, dissimulaient l’admiration etla crainte que leur inspirait Margot, et s’essayaientmême à la dénigrer ; mais seuls devant elle, ils étaientplus respectueux que devant n’importe quelle femme.

Une femme à sa fenêtre,PIERRE DRIEU LA ROCHELLE

– 31 –

“Cette femme est nue. Ça lui va. Elle doit l’êtredans le film. Pas une fois, de temps en temps,

dans les scènes de lit, à sa toilette, se préparantpour une soirée. Non. Tout le temps.

Il faut créer quelque chose qu’on appellegrossièrement « costume » et qui doit montrer lecorps de cette femme à chaque apparition. Il nes’agit pas de transparence, de voiles, d’orientales

mascarades ou de lingeries olé-olé… Cette femmea tant de naturel avec son corps qu’elle n’a pas de

pudeur ni de retenue. Les autres ne savent pasqu’ils regardent Jane – car c’est d’elle qu’il s’agit –même si leurs yeux ne voient que les « costumes ».

Dans l’ignorance satisfaite des uns et dans soninnocence même, dans cet échange, il y a un

érotisme ravageur et secret. Elle a le corps, elle estle nu de cette ville bourgeoise de province. Son

naturel est un scandale permanent.Si son mari la tue, c’est peut-être qu’il redoute que

les autres découvrent le pot aux roses et veuillentvoir plus loin. Son sang l’ensevelit mieux qu’un

linceul ou que le sable où nous, qui laconnaissons, la voyions longue, mince, étirée,

roulant comme un galet sur une dune, le soleil auzénith, presque tellurienne.

SEPT MORTS SUR ORDONNANCE

France (1975)Réalisateur : Jacques Rouffio.

Interprètes : Gérard Depardieu, Michel Piccoli,Jane Birkin, Charles Vanel, Marina Vlady,

Michel Auclair, Coline Serreau.

– 33 –

Androgyne acceptée, acceptant les impalpables,les rudes parfois, les ocres et les noirs… Vous

savez, ces arbres où les gens laissent des messages,ou des ex-voto, des lanternes en papier… …où le vent accroche aussi son butin…

Bien entendu, tout cela est naturel, spontané,né d’un coup de pot (ou de poker).

Jacques Fonteray voit ça « comme ça » dit-il, sansplus. Mais sa sensibilité et son talent, sinon legoût des gens, font que cette grande fille toute

simple, obéissante et jamais surprise « accrochela lumière » comme on dit, avec les lambeaux

qui sont ses nuages, son vent,ses parfums d’iode ou de santal…

D’autres films, d’autres horizons, autre nature,plus de liberté, moins d’argent, pas d’argent,

créer comme on veut, lutter pour faire comme sic’était aisé, pour l’idée triomphante, ne pasécouter les sceptiques, les sans-passions, les

méchants. A chaque film, on se dit : cette fois, pasde problème. Il y en aura, en fait, des millions.

Il y aura au final ce bonheur enthousiasteet tendre d’avoir réuni des sensibilités

et des émotions et du plaisir.”

JACQUES ROUFFIO

– 35 –

Elle était si triste qu’on ne voyait même pas qu’elle étaitmoche. Je lui ai mis les bras autour du cou et je l’ai embras-sée. On disait dans la rue que c’était une femme sans cœuret c’est vrai qu’il n’y avait personne pour s’en occuper. Elleavait tenu le coup sans cœur pendant soixante-cinq ans etil y avait des moments où il fallait lui pardonner......................................................................................................................................................

Elle m’avait souvent dit en rigolant que la vie ne se plai-sait pas beaucoup chez elle, et maintenant ça se voyait.Tout ce qu’elle avait lui faisait mal. Il y avait déjà troismois qu’elle ne pouvait plus faire son marché à cause desétages et elle me disait que si je n’étais pas là pour luidonner du souci, elle n’aurait plus aucun intérêt à vivre.

La Vie devant soi,ROMAIN GARY

LA VIE DEVANT SOI

France (1977)Réalisateur : Moshe Mizrahi, d’après le roman

de Romain Gary (Emile Ajar).Interprètes : Simone Signoret, Samy Ben Youb,

Michal Bat-Adam, Claude Dauphin,Geneviève Fontanel.

Simone Signoret reçoit, en 1978, le César de la meilleure actricepour son interprétation de madame Rosa.

– 37 –

“Le créateur de costumes possèdeun triple talent : il sent l’esthétique du film conçu

par le réalisateur, le décorateur et le chefopérateur ; il sent la personnalité de l’interprète

(gommant les défauts, mettant en valeurles qualités) ; il sent le sens de la mise en scène.Attentif aux autres, perfectionniste pour lui-même, il est un authentique « collaborateur

de création ». Les recherches de Jacques Fonteray(il travaille et propose beaucoup) m’ont toujours

aidé à préciser la représentationde mes personnages à l’écran. Il vous permet

d’exprimer clairement vos désirs les plus difficilesà expliquer. Il sait lire entre les lignes d’un

scénario. C’est un artiste qui ressent et, d’un coupde crayon, fait passer l’indicible. Le Trioinfernal, René la Canne, La Banquière

et les autres lui doivent beaucoup, je le sais,et je l’en remercie. Il est un des « coauteurs »

de ces films. Son exigence discrète vous donnedu courage pour surmonter les inévitables

inconvénients qui jalonnentle tournage d’un film.”

FRANCIS GIROD

LA BANQUIÈRE

France (1980)Réalisateur : Francis Girod.

Avec Romy Schneider, Jean-Louis Trintignant,Jean-Claude Brialy, Claude Brasseur, Jacques Fabbri,Jean Carmet, Marie-France Pisier, Daniel Mesguich.

– 39 –

[PATHÉ JOURNAL]

«FIDÈLE À SA RÉPUTATION DE MODERNISTE,

MADAME ECKERT, LA RAVISSANTE BANQUIÈRE,

A CHOISI LA VOIE DES AIRS POUR VENIR PASSER

LES FÊTES DE FIN D’ANNÉE SUR LA CÔTE D’AZUR.

JOYEUSES FÊTES EN PERSPECTIVE

PUISQUE “MADAME 8%” A CONVIÉ

LE TOUT-PARIS À ENTERRER

LA NOUVELLE ANNÉE EN SA COMPAGNIE.

GAGEONS QUE POUR LA SAINT-SYLVESTRE,

TOUT PARIS SE BOUSCULERA À MONTE-CARLE

ET ESPÉRONS QUE LES PETITS ÉPARGNANTS,

SI CHERS À MADAME ECKERT, AURONT DROIT

À 8% DU CAVIAR…»

LA BANQUIÈRE

– 41 –

[GALA DE LA SAINT-SYLVESTRE]

— MMMH… VOUS ALLEZ AVOIR DU…TINTOUIN, AVEC CE DANSEUR.

— JE LE CALMERAI, C’EST UN AMI.— AH ?! UN DE VOS AMIS… VOUS N’ALLEZ

QUAND MÊME PAS LE PRÉSENTER

AUX ÉLECTIONS ?!— ON Y PENSE…— ÇA ?! VOUS VOYEZ ÇA EN DÉPUTÉ ?!— JE L’ESPÈRE.— QUELLE TRISTESSE……— EH BIEN DITES DONC…, J’SUIS

DU SENTIMENT DU PRÉSIDENT :LE DANSEUR – HEIN – IL N’A PAS

DE MANIÈRE.

– 43 –

LA BANQUIÈRE

– 46 –

“Tanya Lopert incarne une idioteau cœur tendre. Nous sommes partis d’une paire

de lunettes grosses comme des hublots !Le reste du costume a suivi.” PDB

“Le costume d’un acteur, c’est sa peau.Et au cinéma, l’habit fait le moine.Maria Schell représente la sensualité

un peu mûre, d’un autre âge.Nous avons le culot de l’habiller

en robe longue dans une campagned’aujourd’hui.”

PHILIPPE DE BROCA

LE DIABLE PAR LA QUEUE

France (1968), réalisateur : Philippe de Broca.Interprètes : Yves Montand, Madeleine Renaud, Maria Schell, Jean-Pierre Marielle, Tanya Lopert.

– 45 –

“En tant que cinéaste, j’ai toujours eu horreurdes films historiques qui sonnent faux par ledialogue, le comportement ou les costumes.

Un film, c’est un regard. Ce regard doit être juste.Aussi, quand nous préparons «Dames Galantes »,

qui conte la vie et les aventures de Brantôme,je n’ai qu’un mot d’ordre : «Fidélité à l’époque ».

Cette incroyable richesse de l’habillementdes femmes et des hommes, dans la seconde moitié

du XVI e siècle, richesse des vêtementsdans leurs couleurs et leur texture, il faut la

restituer avec luxe et flamboyance. Je décide deprivilégier les costumes. Ils sont les vedettes

du film, en plus de mes acteurs. Nous choisissonsde nous inspirer des toiles de la merveilleuse et

sensuelle école de Fontainebleau, notamment desœuvres du peintre Louis de Caullery. Le résultat

dépasse mes espérances. Les robes portéespar Isabella Rossellini, Marianne Basler,Laura Betti, Marie-Christine Barrault,Anne Letourneau, Eva Grimaldi et tantd’autres évoquent la beauté. Cette beauté

qui vous donne envie de vivre,même dans les époques les plus troublées.”

JEAN-CHARLES TACCHELLA

DAMES GALANTES

France - Italie - Canada (1990)Réalisateur : Jean-Charles Tacchella.

Interprètes : Richard Bohringer, Isabella Rossellini,Marianne Basler, Marie-Christine Barrault.

– 47 –

“On écrit, tant bien que mal,des choses sur des feuilles, mortes,

et voici que, d’un dessin, sortent des personnagesvivants. Et, surtout, porteurs d’une vérité,

d’une qualité profonde qui ne se retrouve pastoujours à l’écran, j’en sais quelque chose.”

DENYS DE LA PATELLIÈRE

LA FABULEUSE AVENTURE

DE MARCO POLO

(L’Echiquier de Dieu)France (1964)

Réalisateur : Denys de La Patellière.Interprètes : Horst Buchholz, Anthony Quinn,

Omar Sharif, Robert Hossein,Akim Tamiroff, Elsa Martinelli.

– 49 –

“Lors de la projection des rushes, Romy[Schneider] détache les feuilles

d’un carnet sur lequel elle griffonnedes petits mots. Je conserve l’un d’eux.” J.F.

LE TRIO INFERNAL

France-Allemagne (1974)Réalisateur : Francis Girod.

Interprètes : Romy Schneider,Michel Piccoli, Mascha Gomska.

Il ressort clairement des déclarations des divers infor-mateurs que Léni ne comprend plus le monde et doutemême de l’avoir jamais compris. Elle ne comprend pasen tout cas l’hostilité qu’elle suscite dans son entourage,ni pourquoi les gens lui en veulent tant et sont siméchants à son égard. Elle n’a jamais rien fait de mal nifait de mal à personne. Or depuis quelques temps, dèsqu’elle sort de chez elle pour se livrer aux indispensablesemplettes, elle se fait ouvertement insulter ; des expres-sions comme « minable créature » ou « paillasse usagée »sont encore parmi les plus inoffensives. Resurgissentmême des injures dont l’origine remonte à près de trenteans : « fille à soldats des Russes ! », « putain à commu-nistes ! » Léni ne réagit pas à ces grossièretés. Le mot« salope » murmuré sur son passage fait pour elle partiedu train-train quotidien. On la considère comme indif-férente, voire même insensible, or c’est absolument fauxcar, d’après des témoignages dignes de foi (témoin :Marja van Doorn), assise dans sa chambre, elle passe desheures à pleurer, contraignant ainsi ses sacs et canauxlacrymaux à une intense activité. Même les enfants duvoisinage, avec lesquels ses relations étaient jusque-làamicales, se sont laissé monter contre elle et l’abreuventdésormais d’injures que pas plus qu’eux-mêmes, Léni necomprend tout à fait.

Portrait de groupe avec dame,HEINRICH BÖLL

PORTRAIT DE GROUPE AVEC DAME

(Gruppenbild mit Dame)Allemagne (1976-1977)

Réalisateur : Aleksandar Petrovic.Interprètes : Romy Schneider, Brad Dourif,

Michel Galabru, Vadim Glowna, Richard Münch.

Romy Schneider est nommée « Actrice de l’année » en Allemagne,pour son interprétation de Léni Gruyten.

– 53 –

“C’estun

filmde fouavec

des fousdevant

et derrièrela caméra.La duchessede Trèfle,épouse du

duc de Trèfle,portait unchapeau

aussi hautqu’étaitprofond

sonadmirabledécolleté.”

PHILIPPEDE

BROCA

LE ROI DE CŒUR

France - Italie (1966)Réalisateur : Philippe de Broca.

Interprètes : Alan Bates, Geneviève Bujold,Julien Guiomar, Jean-Claude Brialy, Pierre Brasseur,

Michel Serrault, Micheline Presle, Françoise Christophe.

– 55 –

Le rythme de la valse enivre Jeanne qui s’abandonne dans les bras deson cavalier, un officier russe, excellent danseur. Poussé par la jalousie,son mari – le capitaine français Louis Muller (Daniel Auteuil) – qu’ellea trompé lorsqu’il était au front, sépare brutalement le couple interloqué.

– ARRÊTE ! TU ES FOLLE DE FAIRE ÇA ! NON ?!– QU’EST-CE QU’IL SE PASSE ?– QU’EST-CE QU’IL SE PASSE ?! MAIS DIS-LEUR !– CALMEZ-VOUS, CALMEZ-VOUS…– DIS-LEUR CE QU’IL SE PASSE !

JEANNE ATTENDS UN ENFANT ! C’EST DE LA

FOLIE DE SE CONDUIRE COMME ÇA !(Ils quittent la salle de bal.)

– ÇA SERA LE DERNIER, APRÈS LUI, JE NE VEUX

PLUS D’ENFANT.– PEUT-ÊTRE, MAIS CELUI-LÀ, C’EST LE MIEN.

C’EST MON ENFANT…

UNE FEMME FRANÇAISE

France - Grande-Bretagne - Allemagne (1994)Réalisateur : Régis Wargnier.

Interprètes : Emmanuelle Béart,Daniel Auteuil, Gabriel Barylli,

Geneviève Casile, Jean-Claude Brialy.

– 57 –

– 60 –

En visite au site archéologique grandiose d’Apamée (Syrie), la déléga-tion des militaires forme un groupe, leurs conjointes, un autre.Madame Khoury accapare l’assemblée de son monologue. Jeannecontient difficilement son terrible secret…

– C’EST LA TROISIÈME FOIS DE L’ANNÉE QUE JE

VIENS ICI. JE M’ARRANGE TOUJOURS POUR

ÊTRE INVITÉE À CHAQUE VISITE OFFICIELLE.JE NE ME LASSE JAMAIS DE TANT DE BEAUTÉ…IMAGINEZ TOUT CE QUE CES PIERRES

ONT PU VOIR… VOUS NE VOUS SENTEZ PAS

BIEN, JEANNE ?– LA TÊTE ME TOURNE UN PEU…– AH ! C’EST LE DÉSERT, LE VERTIGE DU DÉSERT.

FLAUBERT A ÉCRIT LÀ-DESSUS ; VOUS SAVEZ

QU’IL EST ARRIVÉ JUSQU’ICI ?(Jeanne s’écarte du groupe, sait que son amant se cacheà quelques mètres de là, derrière les colonnes des ruines.

Louis a remarqué son malaise et la rejoint pour la consoler.)

– JE N’EN PEUX PLUS, LOUIS. JE N’Y ARRIVE PLUS.JE M’EN VAIS…

– QU’EST-CE QUE TU AS ? TU ES MALADE ?– JE PARS. JE TE QUITTE. C’EST FINI.– QU’EST-CE QUE TU DIS ?– J’AIME UN AUTRE HOMME. […] ÇA FAIT HUIT

JOURS QU’IL EST ICI. C’EST MOI QUI LUI AI DIT

DE VENIR. HUIT JOURS QUE J’ESSAIE DE TE

PARLER. JE VAIS PARTIR AVEC LUI.IL M’ATTEND…

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«Vous ne vous sentez pas bien, Jeanne ? »UNE FEMME FRANÇAISE

Jeanne a laissé son fils Antoine seul au cinéma. De retour à l’apparte-ment parisien où elle vient tout juste d’emménager avec ses enfants,elle monte le son de la TSF qui diffuse à tue-tête une musique envoû-tante. Elle entrecoupe sa danse endiablée de grandes gorgées de vin.Mathias, son amant, assiste à la scène puis perd patience…

–ÇA VA DURER COMBIEN DE TEMPS ?TU VAS RESTER LONGTEMPS DANS CE FOUTOIR?JEANNE !!…JEANNE, ARRÊTE ÇA !!

(Mathias coupe la musique.)

– JE NE VEUX PAS QU’ON ME FASSE DE REPROCHE.J’AI TOUT FAIT TOUTE SEULE. JE NE CONNAIS

PERSONNE DANS CETTE VILLE. C’EST MOI QUI

AI TROUVÉ UN APPARTEMENT. C’EST MOI QUI

AI TROUVÉ UN COLLÈGE POUR LES ENFANTS…(Silence…)

– EST-CE QUE LOUIS T’A ÉCRIT ?– OUI.– IL T’A RÉPONDU POUR LE DIVORCE ?

(Jeanne porte un autre verre à ses lèvres.Mathias l’en empêche.)

– MAIS ARRÊTE AVEC ÇA !IL T’A RÉPONDU POUR LE DIVORCE ?

– NON. PAS UN MOT. RIEN. IL N’EN PARLE

MÊME PAS. IL EST PLUS FORT QUE NOUS.IL EST AU BOUT DU MONDE ET IL PREND

TOUTE LA PLACE…– TU NE LE QUITTERAS JAMAIS…

(Jeanne fond en sanglots.)

– AIDE-MOI, MATHIAS…(Les deux amants s’étreignent…)

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Le Magicienpar Alexandre Astruc

Il habille ses actrices, comme dit Shakespeare,dans la substance immatérielle des rêves. Elless’avancent pour notre plus grand bonheur, undiadème d’eau cristalline au front, les bras tissésde brocart, d’or et de soie, une robe durale auxreins. Elles deviennent, sous les doigts du magicien,des créatures de l’au-delà, disposées sur l’herbeperlée de rosée par un rayon d’arc-en-ciel de millecouleurs. Sur leur passage, projecteurs et camérasretiennent leur souffle et s’enlacent pour danserune valse de cour impériale. Ce magicien est unpoète, un orfèvre. Tels les alchimistes du tempsjadis, il transforme le vil plomb en or, et les étoffesles plus précieuses sautent des ombres de la forêtpour s’enrouler autour de ses doigts. C’est un roi.

LA CHUTE DE LA MAISON USHER

Fiction télévisée (1980)Réalisateur : Alexandre Astruc.

Parmi les interprètes : Fanny Ardant.

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Vers la fin de la seconde Guerre mondiale, le major de l’armée améri-caine Falconer (Burt Lancaster) et les huit soldats qui composent sonescouade découvrent un chateau médiéval parfaitement préservé enpleine forêt des Ardennes. Le comte de Maldorais (Jean-Pierre Aumont)les accueille en souhaitant qu’ils protègent sa collection d’œuvres d’artdu pillage éventuel de l’ennemi. Les soldats ont une tout autre idée deleur emploi du temps : Falconer s’amourache de la ravissante femmedu comte ; le sergent Rossi (Peter Falk) s’éprend de la femme du bou-langer du village ; le comportement de certains soldats échappe à la rai-son ; trois d’entre eux marchent vers le village jusqu’à la Maison rouge,où des prostituées provocantes semblent les attendre. Ils n’en croientpas leurs yeux…

– D’OÙ VENEZ-VOUS ?– NOUS VENONS DU CHÂTEAU.– ET OÙ ALLEZ-VOUS ?– AU BOUT DE LA TERRE ET… JE CROIS

QUE NOUS Y SOMMES…– SOYEZ LES BIENVENUS.

UN CHÂTEAU EN ENFER

(Castle Keep) Etats-Unis (1969)

Réalisateur : Sydney Pollack.Interprètes : Burt Lancaster, Peter Falk,Jean-Pierre Aumont, Caterina Boratto.

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«D’où venez-vous ? »

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« Soyez les bienvenus… »

UN CHÂTEAU EN ENFER

BOULEVARD DU RHUM

France (1971)Réalisateur : Robert Enrico.

Interprètes : Brigitte Bardot, Lino Ventura, Bill Travers,Jess Hahn, Guy Marchand, Cathy Rosier.

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Le capitaine Cornélius von Zeelinga (Lino Ventura) tapisse depuislongtemps sa cabine de photos de l’actrice Linda Larue – il vient denaviguer sur son vieux cargo The Lady of my Heart, de Kingston àPanama via Port-au-Prince, uniquement pour suivre ses films qui pas-sent sur les écrans de cinéma à cet endroit du globe.Après un déjeuner bien arrosé, il déambule sur une plage déserte de LaHavane… Il distingue alors une très belle jeune femme et ne peut encroire ses yeux : c’est Linda ! Pour elle, il oublie tout : ses blessures deloup de mer ou ses contrats risqués de livraisons d’alcool de contre-bande à destination des côtes américaines, où la prohibition fait rage.Le commodore Sanderson, intermédiaire sans scrupules, s’introduitpar ruse dans la chambre d’hôtel où le couple s’apprête à déjeuner.L’effet de surprise passé, les deux frères ennemis réconciliés accueillentLinda qui apparaît. En fait, Sanderson est venu proposer à vonZeelinga un nouveau contrat…

– LINDA, JE TE PRÉSENTE LE COMMODORE

SANDERSON.– JE SUIS RAVI, MISS.– AH, MOI, JE SUIS TOUT INTIMIDÉE,

COMMODORE… VOUS VOULEZ BOIRE QUELQUE

CHOSE ?– JE NE SUIS PAS EN SERVICE…

(Le commodore prend le capitaine en aparté…)

– JE T’AI AMENÉ TON BATEAU… TU PARS OU TU NE

PARS PAS ?– JE RESTE !– C’EST SÛREMENT PRÉFÉRABLE… SI JE TE

DEMANDAIS DE ME CONFIER [TON BATEAU]LA LADY POUR QUINZE JOURS, QU’EST-CE QUE

TU DIRAIS ?– TU ME LAISSES LE CHOIX ?– NON !

(Rires.)

– JE SUIS SÛRE QUE TOUT CELA EST DE MA FAUTE…

Durant l’Occupation, René Bornier (Gérard Depardieu) dit René laCanne, truand notoire, et le policier véreux Marchand (MichelPiccoli) – bientôt surnommé « La Sournoise » – préfèrent devenir des« travailleurs libres » en Allemagne plutôt que d’être remis à la policefrançaise. Christa, accompagnée d’une amie, assiste au départ de René,en gare de Paris-Est.

– NE ME TROMPE PAS, HEIN, CHÉRI,AVEC TOUTES CES SALOPES…JE T’ENVERRAI DES CHAUSSETTES !TU M’AIMES ?

– OUI. OUI !…… ECOSSAISES LES CHAUSSETTES !

– C’EST UN GARÇON TRÈS BIEN… IL N’EST PAS

JUIF, IL N’EST PAS COMMUNISTE, IL N’EST PAS

RÉSISTANT… ALORS, QU’EST-CE QUE TU VEUX

DE PLUS ?

RENÉ LA CANNE

France (1977)Réalisateur : Francis Girod.

Interprètes : Gérard Depardieu,Sylvia Kristel, Michel Piccoli.

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LES MILLEET UNE NUITS

France (1989)Réalisateur :

Philippe de Broca.Interprètes :

Catherine Zeta Jones, Vittorio Gassman,

Gérard Jugnot,Thierry Lhermitte.

Un incorrigible meurtrier tombe amoureuxd’une danseuse américaine. Sa nouvelle épouse

se rend compte de quelque chose d’étrangelorsqu’elle découvre les corps de sept femmes

dans la chambre froide de son mari…

BARBE-BLEUE

Etats-Unis (1972)Réalisateur : Edward Dmytryk.

Interprètes : Richard Burton, Raquel Welch,Joey Heatherton, Virna Lisi.

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La BanquièreGeorges Conchon(J’ai Lu)

BarbarellaJean Claude Forest(Les Humanoïdes associés)

Barbe-bleueCharles Perrault(Mango)

Boulevard du RhumJacques Pécheral(Robert Laffont)

Cinéguide, 20 000 films de A à ZEric Leguèbe(Omnibus)

Les Dames galantesPierre de Brantôme(Le Livre de poche)

200 films au soleilAlain Poiré(Ramsay)

L’Elégance française au cinémaMadeleine Delpierre,Marianne de Fleury,Dominique Lebrun(Editions Paris-Muséeset Société de l’Histoiredu Costume)

Une femme à sa fenêtrePierre Drieu La Rochelle(Gallimard)

Une femme française :carnets d’un filmRégis Wargnier, Catherine Cohen(Pierre Bordas et fils)

The Films of Jane FondaG. Haddad-Garcia(Citadel Press)

Impossible objetNicholas Mosley(Gallimard)

Hollywood and History(Costume Design in Films)Edward Maeder(Thames & Hudson)

Life Magazine(Edition du 26 mars 1968)

Mémoires d’éléphantGérard Oury(Olivier Orban)

Mémoires du diableRoger Vadim(Numéro 1)

The Movie TreasuryPhilip Strick(Science Fiction Movies)

Portrait de groupe avec dameHeinrich Böll(Le Seuil, Points)

René la CanneRoger Borniche(Fayard)

Le Roi de cœur(Avant-scène cinéma, juin 1998)

Romy Schneider, princessede l’écranFrançoise Arnoul,Françoise Gerber(P.M. Favre)

Romy Schneider und irhe FilmesJoe Hembus(Goldman Verlag, München)

Ruy BlasVictor Hugo(Le Livre de poche)

Sept morts sur ordonnanceGeorges Conchon(Pocket)

Tre Passi nel Delirio di F. Fellini,L. Malle, R. VadimLiliana Betti, Ornella Volta,Bernardino Zapponi(Capelli)

La Vie devant soiRomain Gary (Emile Ajar)(Mercure de France)

BIBLIOGRAPHIE

L’As des as (Réal. : Gérard Oury)Jean-Paul BelmondoMarie-France Pisier

La Banquière (Réal. : Francis Girod)Romy SchneiderRomy Schneideret Daniel Mesguich

Barbarella (Réal. : Roger Vadim)Jane FondaFigurante du mondede Sogo

Barbe-Bleue (Réal. : Edward Dmytryk)Joey Eatherton

Borsalino (Réal. : Jacques Deray)Alain Delon

Boulevard du Rhum (Réal. : Robert Enrico)Brigitte Bardot

Un château en enfer (Réal. : Sydney Pollack)Caterina BorattoTrois figurantesde la Maison rouge

La Chute de la maison Usher (Réal. : Alexandre Astruc)Fanny Ardant

Dames galantes (Réal. : Jean-Charles Tacchella)Isabella Rosselini

Le Diable par la queue (Réal. : Philippe de Broca)Tanya LopertMaria Schell

La Fabuleuse Aventurede Marco Polo(Réal. : Denys de La Patellière)Anthony Quinn

Une femme à sa fenêtre (Réal. : Pierre Granier-Deferre)Romy Schneider

Une femme française(Réal. : Régis Wargnier)Emmanuelle Béart Nidal Ashkar

La Folie des grandeurs (Réal. : Gérard Oury)Alice SapritchLouis de FunèsYves Montand

Histoires extraordinaires,Metzengerstein(Réal. : Roger Vadim)Jane Fonda

L’Impossible Objet (Réal. : John Frankenheimer)Figurante

Les Mille et Une Nuits (Réal. : Philippe de Broca)Catherine Zeta-JonesVittorio Gassman

Moonraker (Réal. : Lewis Gilbert)Figurante, costume inéditRoger MooreGarde de DraxFigurante

Mouche (Réal. : Marcel Carné)Dessin du costume préparépour Virginie Ledoyen

Portrait de groupe avec dame (Réal. : Aleksandar Petrovic)Romy Schneider

René la Canne (Réal. : Francis Girod)Sylvia Krystel

Le Roi de cœur (Réal. : Philippe de Broca)Françoise Christophe

Sept morts sur ordonnance (Réal. : Jacques Rouffio)Jane Birkin

Le Trio infernal (Réal. : Francis Girod)Romy Schneider

La Vie devant soi (Réal. : Moshe Mizrahi)Simone Signoret

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INDEX DES ILLUSTRATIONS

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