géopolitique et culture : soft power chinois
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Valentin CADIOT pour le lundi 5 décembre 2011
Elsa COUTEILLER
Magistère Communication Interculturelle
ICL 4A03c Géopolitique et cultures
Dossier de Géopolitique : Le Soft Power Chinois
Dans quelles mesures la Chine est-elle en quête de soft power ? Quel en serait
son poids dans le monde ?
Introduction :
La Chine utilise son pouvoir d’attraction culturelle à des fins politiques depuis
des siècles. On peut le constater au travers de l’influence qu’elle a eue sur la
construction des civilisations japonaises et coréennes depuis le VIème siècle. Mais,
depuis quelques années, on assiste à une nouvelle prise de conscience de
l’importance des outils de la diplomatie publique par le gouvernement chinois. La
Chine semble prendre exemple sur le soft power américain ou français et accorde
toute son importance à l’image qui devient un enjeu au service de la politique
étrangère. Elle se lance donc dans une politique de séduction qui a pour stratégie
offensive sa culture. Le concept forgé par Joseph Nye est désormais revendiqué par
les autorités chinoises pour traduire leur stratégie d’influence économique et
culturelle dans le monde. Le déploiement d’Instituts Confucius à travers les cinq
continents en est l’exemple le plus illustratif. Mais, dans quelles mesures existerait-il
un soft power chinois et quel en serait son poids à l’échelle mondiale ?
Document 1 : Extrait de l’émission « Softpower » sur France Culture
animée par Frédéric Martel datant du 20 novembre 2011.
Frédéric Martel : Dernier exemple comparatif avec la France, on se retourne ce
coup ci vers un nouvel acteur qui n’est pas tout à fait récent mais dont on parle
beaucoup, ce sont en effet les chinois. On a interviewé Qian Zhian qui est donc le
codirecteur chinois de l’Institut Confucius de Paris 7.
Qian Zhian: Chaque institut Confucius a été créé par deux partenaires, un partenaire
local c’est-à-dire français et un autre partenaire chinois. Quinze Instituts Confucius
en France. Mais, le même chiffre, le même nombre, c’est-à-dire quinze alliances
françaises se trouvent en Chine. C’est peut-être dans la diplomatie, une balance
parallèle. Les alliances françaises qui ont été crée et qui continuent à exister en
Chine dans une quinzaine de villes chinoises ont donné beaucoup d’inspiration aux
éducateurs et aux dirigeants chinois. Je pense que le mot clé c’est inspiration
française. Alors, la Chine dans ce domaine – ce domaine de diffusion de langue et
de culture – la Chine a beaucoup de retard.
L’Alliance Française a une histoire de plus de cent ans, plus d’un siècle. Et dans
presque tous les pays du monde entier. C’est un effort national continu. Mais,
maintenant pour la Chine, le cas de l’Institut Confucius c’est seulement un début.
Mais, je vous indique qu’il est rattaché à un bureau du Ministère Chinois de
l’Education. Ce n’est pas une institution du Ministère des Affaires Etrangères (rires).
Non plus du Bureau Politique. Je pense que c’est un travail culturel et je peux vous
dire ce que nous faisons – notre tâche principale – est de donner des cours de
chinois, de taïchi, de calligraphie, de cuisine chinoise, d’organiser des conférences
scientifiques ou bien sur d’autres thèmes culturels. Rarement ou jamais on ne touche
au domaine de la politique (rires).
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Le premier document est donc un extrait de l’émission Softpower diffusée sur
France culture tous les dimanches de 10H à 20H et présentée par Frédéric Martel.
L’émission du 20 novembre 2011 se penchait sur l'influence culturelle de la France
dans le monde et recevait l'ancien ministre du travail et président de l'Institut français,
Xavier Darcos. Ont également été diffusées lors de l’émission des interviews des
directeurs des centres culturels étrangers : Confucius, Cervantes et British Council.
On s’intéresse donc plus particulièrement à l’intervention de Qian Zhian codirecteur
de l’Institut Confucius de Paris 7.
L’idée principale de cette intervention est d’expliquer que le soft power français
au travers des différentes Alliances Françaises en Chine a fortement influencé la
Chine concernant son propre soft power et la création de ses propres institutions
culturelles. Qian Zhian précise d’ailleurs qu’il y a de nos jours autant d’Institut
Confucius en France que d’Alliance Française en Chine et met ainsi en valeur « une
balance parallèle » entre les deux pays.
Il reconnaît également que la Chine a beaucoup de retard dans le domaine de la
politique de diffusion de sa langue et de sa culture. En effet, le premier Institut
Confucius en France a été créé seulement en 2005 à Poitiers. Mais, il semble
important de noter qu’aujourd’hui, plus de 400 Instituts Confucius ont été inaugurés
dans le monde entier. Cela répondrait à une certaine volonté de la part de la Chine
de rattraper son retard face aux autres pays étrangers.
Cette interview du codirecteur Qian Zhian de l’Institut Confucius est très
intéressante car elle propose un point de vue « officiel » concernant le rôle et les
objectifs des Instituts Confucius à l’heure actuelle. D’ailleurs, Qian Zhian souligne
que les Instituts Confucius ont comme objectif principal l’échange culturel autour de
cours de langue, de calligraphie, de taïchi et de cuisine. Il précise ainsi que les
Instituts Confucius n’auraient aucune dimension géopolitique et ne sont pas
rattachés au Ministère des Affaires Etrangères mais au Ministère de l’Education.
Document 2 : Article de Next Magazine du 8 novembre 2011, « La Chine
veut détrôner Hollywood ».
Le mois dernier, lors du plénum du Parti communiste, les dirigeants chinois ont
adopté une directive visant à élargir l'«influence» de la culture chinoise. La deuxième
économie mondiale s'est engagée à «protéger sa sécurité culturelle» et à rehausser
son soft power, sa capacité d'influence par des moyens non coercitifs, comme la
culture.
Mais en matière de cinéma, le rayonnement international de la Chine reste très
limité, à l'image de l'indifférence qui entoure les Coqs d'or, trophées attribués chaque
année depuis 1981 par l'Association du cinéma chinois.
Pour les réalisateurs, le carcan imposé par la propagande du Parti et la censure
restent d'importants obstacles à surmonter, surtout pour rivaliser avec les
superproductions hollywoodiennes. «Vous ne pouvez pas imposer une camisole aux
artistes et les faire concourir comme des athlètes. La culture n'est pas monolithique.
Elle doit être diversifiée», selon Zhou Liming, un critique culturel.
Chen Daming, réalisateur d'un remake de What Women Want, assure que la
censure rend difficile la réalisation d'un large éventail de films contemporains. La
censure ne permet pas selon lui de décrire des antagonismes forts, nécessaires aux
polars. «Sans un méchant, un gentil n'a plus aucun rôle et il est difficile de faire des
films contemporains, car les polars aujourd'hui ne passent pas la censure», raconte-
t-il. Ce qui ne gêne pas certains. «Le gouvernement se sert de la culture comme
vecteur pour désigner ce qui est bien et mal. Les films ont un effet puissant, et nous
devons montrer la bonne voie» aux spectateurs, explique Ivy Zhong, patron de la
société de production privée Beijing Galloping Horse.
Même les films qui tirent leur épingle du jeu dans les salles obscures chinoises, où
les recettes du box office ont bondi de 64% en 2010 à 1,5 milliard de dollars, peinent
à transformer l'essai à l'étranger. Ils sont bien sûr confrontés à l'obstacle du sous-
titrage, mais trébuchent souvent bien avant, n'obtenant même pas une chance d'être
diffusé.
Let The Bullets Fly, par exemple, un ambitieux film populaire de gangsters des
années 1920 réalisé par Jiang Wen, a décroché un petit distributeur américain au
printemps dernier, mais n'a toujours pas été projeté aux Etats-Unis.
Les films en chinois n'ont pas enregistré de succès notable aux Etats-Unis depuis
Tigre et Dragon, le film d'arts martiaux réalisé par Ang Lee, Oscar du meilleur film
étranger en 2001. En 2003, le réalisateur Zhang Yimou, avec son film Hero a été
nominé dans la même catégorie, mais sans remporter le trophée.
A l'opposé, les films d'Hollywood sont en moyenne deux fois plus rentables sur le
marché intérieur que les productions locales chinoises. Le public local a par exemple
plébiscité Avatar (avec un total des billets vendus dépassant 200 millions de dollars)
ou Kung fu Panda 2.
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Ce deuxième document traite du désir de la Chine d’augmenter son soft
power via une branche bien spécifique de la culture : le cinéma. Cependant
l’influence culturelle de la Chine en ce qui concerne le grand écran reste relativement
limitée. En effet un des plus grands obstacles auquel est confronté le cinéma chinois
est la censure. Cette dernière constitue une entrave importante à la diversité
culturelle, et empêche le traitement de nombreux sujets de films contemporains, qui
plairaient peut être davantage au reste de la communauté internationale.
Mais souhaitant augmenter son soft power, le gouvernement veut maîtriser
cette censure afin de contrôler l’image qui ressort de la Chine, et transmettre les
idées et les valeurs liées à la culture chinoise. Les dirigeants du pays sont en effet
très conscients et veulent tirer profit de l’importance du cinéma comme outil du soft
power, et de l’influence des films sur les populations.
Hollywood reste le concurrent numéro un. Et tandis que la Chine peine à faire
passer leurs films au-delà des frontières chinoises, le cinéma américain diffuse en
masse en sans difficultés particulières ses productions en Chine. Comble de l’ironie :
la production hollywoodienne Kung fu Panda a fait de nombreux adeptes chez les
Chinois.
Le cinéma chinois cherche donc à étendre son influence à l’internationale,
mais il se confronte à différents obstacles, et en particulier à celui de la concurrence
américaine très rude. La Chine a donc encore du souci à se faire avant de pouvoir
asseoir pleinement son soft power grâce au septième art.
Document 3 : Article de Polemos.fr par Nicolas Mazzucchi « Les
industriels chinois découvrent le soft power ».
Certaines images sont plus dures à effacer que d’autres. La Chine tant au
niveau de l’Etat lui-même que de ses entreprises est l’exemple parfait d’un pays en
quête de notabilité après des années à laisser proliférer une image agressive et,
parfois, brutale. L’extraordinaire développement chinois qui a amené le pays en une
quinzaine d’années en position de deuxième économie mondiale ne s’est pas fait
sans heurts et, même si la mémoire tend à ne plus dépasser l’horizon immédiat, le
poids de certaines actions chinoises en Afrique reste lourd. Ainsi la Chine souffre en
Occident d’une image pour le moins écornée et ses produits pâtissent auprès des
consommateurs de cette réputation.
Faisant le constat parfois amer de cet état de fait, les industriels chinois à la suite du
gouvernement de Pékin, ont décidé, en vue de pénétrer les marchés européens, de
se lancer dans une vaste opération de communication s’apparentant plus
simplement à une manœuvre de soft power. Il est certain qu’il est toujours plus
simple de jouer sur ses atouts que de se laisser amener sur le terrain des autres ou
de tenter d’en créer de toutes pièces. La Chine est un pays ancien à la culture
plusieurs fois millénaire et il est certain que cette même culture qui lui a permis
d’exercer une fascination sur ses voisins tout au long de l’histoire, devient aujourd’hui
une arme de guerre économique.
La culture et la langue chinoise ont été les premiers vecteurs de sa puissance vis-à-
vis du Japon et de la Corée qui ont grâce aux lettrés chinois développé leur propre
civilisation. Durant une grande partie de l’antiquité japonaise, l’imitation de la Chine
et le voyage en Chine étaient des passages obligés pour de nombreux érudits et
gouvernants (1). Cette stratégie de fascination culturelle par la langue a connu ces
dernières années une nouvelle vigueur, sous tutelle de l’Etat, avec la création des
Instituts Confucius.
Toutefois, alors que Pékin prenait à bras le corps cette problématique d’influence
culturelle et de maximisation de son histoire, les entreprises chinoises restaient
fortement en retrait, laissant au gouvernement central le soin de redorer le blason du
made in China. Au-delà de l’image d’un pays agressif, la Chine doit aussi composer
pour ses entreprises avec celle de produits de mauvaise qualité, peu fiables et
étudiés pour une rentabilité maximale au détriment du plaisir ou du confort qu’ils
pourraient procurer. Les entreprises chinoises ont ainsi acquis au cours de la
dernière décennie, une image de « plus capitaliste que les capitalistes ».
Toutefois la pénétration des marchés occidentaux nécessite une approche plus fine
et plus en profondeur. Une nouvelle stratégie de soft power est donc à l’œuvre pour
permettre aux entreprises chinoises de modifier leur image dans un sens positif.
Capitalisant sur les mêmes atouts que la Chine elle-même – sur le principe de « ce
qui est bon pour Exxon est bon pour les Etats-Unis » – les entreprises chinoises sont
lancées depuis peu dans le mécénat culturel. La nouvelle exposition du Musée du
Louvre, la Cité Interdite au Louvre, participe donc de cette nouvelle stratégie d’image
des entreprises chinoises pour montrer aux Occidentaux une Chine millénaire et
attachée aux valeurs de culture, d’histoire et d’art.
[…]
Cette stratégie, nouvelle pour les BRICs, a été développée depuis de nombreuses
années par un pays qui cherchait lui aussi un moyen de donner à ses entreprises
une forme de notabilité et d’attractivité : le Japon. Grâce à la culture japonaise,
ancienne ou récente comme les mangas, l’Europe est parcourue depuis de
nombreuses années par une vague nippophile, si bien que tout ce qui est japonais
bénéficie d’un apriori favorable sur le Vieux Continent. La Chine connaîtra-t-elle le
même engouement ? Si l’on considère que le chinois est la langue dont
l’enseignement dans le secondaire français a le plus progressé en quinze ans pour
venir se placer aujourd’hui en cinquième position, il y a de fortes chances que la
réponse d’ici quelques années soit oui.
(1) E. O. Reischauer, Histoire du Japon et des Japonais vol 1., Paris, Seuil-Points
histoire, 1997, pp. 31-46.
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Cet article, met dans un premier temps en évidence que les industriels chinois ont
une mauvaise réputation du fait de leur développement très rapide et « brutal », et
également du fait qu’ils ont acquis une réputation de fabricants de produits de
mauvaises qualités, en visant leur profit avant tout.
Constatant cette situation, ils décident alors de se constituer une meilleure image
d’eux à l’étranger, et en particulier dans les pays occidentaux, en revenant aux
origines de la culture du pays, très influente et attractive il y a plusieurs centaines
d’années. Ils se décident à mettre en place un soft power en passant par la langue et
la culture millénaire de la Chine, via la dispersion des instituts Confucius dans le
monde , mais aussi avec le développement du mécénat culturel, montrant que la
Chine reste attachée à ses valeurs ancestrales. De grandes entreprises chinoises se
sont donc mit à sponsoriser de grands événements culturels à l’étranger,
promouvant l’histoire de l’empire du milieu, ou son art. Voilà une façon de redorer
leur blason pour ces grandes industries.
Mais cette stratégie nouvelle ne s’applique pas que pour la Chine. D’autres pays
émergents que sont la Russie, le Brésil, l’Inde, ou encore l’Afrique du Sud, s’y
essaye, et s’inspire du Japon, qui voulait de la même façon améliorer l’image de ses
grandes entreprises après la seconde guerre mondiale. Au vu de la réussite du
Japon pour améliorer son soft power, l’on peut se demander si la Chine y parviendra
de la même façon.
Document 4 : Extrait de Chine, la grande séduction , essai sur le soft power
chinois, Barthélémy COURMONT, 2009
De la fierté d’être Chinois
Le soft power est un concept qui se vend bien en Chine, pour plusieurs
raisons. Il se marie bien avec le confucianisme, qui prône l’utilisation de la force
morale au détriment de la force physique. Avec le retour des valeurs confucianistes
en Chine, après l’horreur de la révolution culturelle, le soft power apparaît donc
comme la stratégie nationale la mieux appropriée à ces règles morales désormais
respectées (d’ une manière ou d’ une autre) de tous. Par ailleurs, le soft power flatte
l’ensemble des Chinois, en mettant en avant la culture et l’histoire d’un peuple qui
retrouve sa fierté, après cent cinquante ans d’humiliations. Ou comment le
nationalisme se trouve régénéré dans un pays qui se projette désormais à la fois
vers l’avenir et sur le monde entier.
Le nationalisme chinois n’est pas un mythe et a même profondément évolué
tout au long de l’histoire de l’empire. Faut-il le répéter, le nom que les Chinois
donnent à la Chine, Zhong (milieu) Guo (royaume, souvent traduit par empire dans le
cas de la Chine) suffit à comprendre la façon dont ils perçoivent leur civilisation, et
par extension leur pays, sur la scène internationale. Avec une arrogance longtemps
entretenue, l’empire du milieu a toujours vu dans les civilisations l’entourant des
vassaux et dans les autres cultures peu connues rien de moins que des barbares.
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Grâce à cet extrait, la volonté du gouvernement chinois de développer son
soft power peut être vue comme un enjeu non seulement pour l’avenir de la Chine
sur la scène internationale mais aussi pour l’avenir de son propre pays. En effet,
comme le souligne Barthélémy Courmont la Chine est en pleine revalorisation de
ses valeurs nationales au travers des principes édictés par Confucius –qui avaient
été pourtant officiellement bannis au début du XXe siècle – et de son histoire.
Cette revalorisation enrichit son soft power. La Chine agissant ainsi donne
effectivement une image plus lisse au pays et lui redonne une profondeur historique
et idéologique. Cela pourrait se révéler être une stratégie efficace si elle était menée
de front au côté de son image de « grande puissance économique ». A l’instar du
Japon et des Etats-Unis, elle pourrait garder son statut de géant économique tout en
réussissant à imposer une réelle attractivité ayant pour objectif de créer une vague
de sinophilie pour augmenter son « effet sympathie » chez les populations des
autres pays.
Cependant, on peut se demander si ce renouveau officiel du confucianisme en
Chine - qui prône l’utilisation de la force morale au détriment de la force physique –
ne resterait pas une simple politique de façade ? En effet, les conflits entre la Chine
et Taiwan mais également avec le Tibet sembleraient prouver que la Chine ne
revendiquerait pas les principes de Confucius sur tous les terrains de la vie politique
internationale. En effet, la conjonction des Jeux olympiques d'été de 2008 de Pékin,
et les manifestations au Tibet qui avaient débuté quelques mois plus tôt et qui
avaient été sévèrement réprimées, ont été l'occasion de remettre au premier plan de
la scène internationale la violation des Droits de l'Homme en République populaire
de Chine.
Document 5: Image tirée de l’article « China to don several hats on global
stage », de Chinadaily.com
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Cette image illustre parfaitement la manière dont la Chine voudrait qu’agisse
son soft power sur la communauté internationale. Le dessin met en scène un Chinois
jouant du guzheng (un instrument traditionnel chinois de la famille des cithares) dont
la mélodie enveloppe et berce une représentation personnifiée du monde.
Sur l’instrument est inscrit « Soft power » ce qui signifie que la Chine souhaite
accroître son influence culturelle sur la scène mondiale. La personnification du
monde est d’ailleurs un homme portant un costume, l’habit symbolisant l’Occident.
Nous pouvons donc penser que la Chine souhaite avant tout asseoir son soft power
sur les pays développés et occidentaux. Le joueur Chinois symbolisant la
République Populaire de Chine porte d’ailleurs lui aussi un costume, témoignant de
sa volonté d’être mis sur le même plan que les pays occidentaux.
Enfin, deux colombes s’ajoutent à ces protagonistes : le symbole de la paix.
Ces deux oiseaux se trouvent chacun à coté des deux hommes, signifiant que
l’émergence du soft power chinois sur la scène mondiale se ferait de manière
pacifique et serait bien accueillie par le reste du monde. Nous pouvons aussi y voir
une manière pour la Chine de faire la balance avec son hard power. En effet, nous
vivons une époque où le pouvoir économique et militaire de la Chine augmente
significativement, et par conséquent créer un sentiment de peur chez les autres
pays. Contrebalancer cette peur avec du soft power, en rendant le pays attractif,
permettrait à la Chine de faire mieux accepter son développement économique et
militaire à la scène mondiale, en réduisant la peur que cette dernière éprouverait.
C’est du moins ce que pense Joseph Nye, dans l’article accompagnant cette image.
Document 6 : Extrait de La Chine et le « Soft power » : une manière de
défendre l’intérêt national de manière « douce » ? par Tanguy Struye de
Swielande, Mars 2009.
Pékin comprend aujourd’hui l’intérêt et l’importance des institutions et
organisations internationales (ONU, ASEAN, etc.). Si la Chine veut une transition
douce dans le cadre du cycle des puissances, il lui faut intégrer les institutions et elle
l’a bien saisi. Plus elle s’intègre dans l’ordre international, plus ce dernier lui offre des
opportunités pour garantir ses intérêts. Le pouvoir de la Chine ira d’ailleurs
s’accroissant à l’OMC et au FMI étant donné que la pondération des voix se fait en
fonction du poids économique. Le multilatéralisme prôné par la Chine dans les
forums internationaux est toutefois d’abord une façon de réduire l’influence des
autres puissances, avant d’être une volonté de défendre l’idéal des organisations
internationales ou de la sécurité collective. Tout comme les autres puissances, la
Chine recourt au soft power pour avancer son agenda politique, en particulier à
l’ONU. Son statut de membre permanent du Conseil de sécurité lui permet d’aborder
tous les grands dossiers de politique internationale et d'être associée à leur
règlement. Il est évident que le recours aux organisations internationales n’est pas
innocent : une nation, un vote. Il permet facilement de rééquilibrer le système dans
des enceintes donnant le même pouvoir formel. « C’est pourquoi », selon J. Joffe, «
les réglementations internationales sont devenues l’équivalent fonctionnel de la
tradition pure et dure de l’équilibrage par l’alliance et les armes. »
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Ce dernier document tiré des notes d’analyse de Tanguy Struye de Swielande
sur le sujet «La Chine et le « Soft power » : une manière de défendre l’intérêt
national de manière « douce » ? » se concentre sur le soft power développé au
travers de l’influence et du rang de la Chine dans les organisations internationales.
L’objectif pour la Chine est donc de valoriser son image et sa communication
au sein des grandes institutions internationales. Ainsi, comme le souligne l’auteur, on
a pu remarquer une prise de conscience de la part du gouvernement chinois par
rapport à l’importance de développer un soft power en parallèle du hard power. Il est
important de rappeler que la Chine fut un membre fondateur des Nations Unies en
1945 et dispose du droit de veto au Conseil de Sécurité.
Elle est également membre depuis 1985 de l’UNESCO et elle a 42 biens
inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO à l’instar de la grande muraille de Chine
ou le parc national de Lushan qui est considéré par l’UNESCO comme un « paysage
culturel d'une valeur esthétique exceptionnelle, investi d'associations profondes avec
la vie spirituelle et culturelle de la Chine ».
Mais, ce qui semble « nouveau » c’est la participation davantage active de la
Chine à ces rendez- vous internationaux. En effet, depuis quelques années, on
pourrait avoir l’impression que la Chine grâce à son fort développement économique
(depuis 2010, elle est la deuxième puissance économique mondiale derrières les
Etats-Unis et devant le Japon) et donc grâce à son hard power a réussi à s’imposer
non plus comme un pays historiquement présent mais également comme un pays
siégeant de manière légitime dans les décisions internationales que cela soit pour
l’économie ou les politiques culturelles internationales.
Le gouvernement chinois semble vouloir davantage imposer sa voix sur les
différents dossiers internationaux afin d’amener « une transition douce dans le cycle
des puissances » et pouvant ainsi défendre et garantir au mieux ses intérêts. Sa
participation active et l’insertion dans les instances internationales à travers la
promotion du multilatéralisme se fixerait comme but l’assurance de sa présence dans
les forums internationaux, la tentative d’y imposer son agenda politique, d’y défendre
ses fournisseurs de pétrole et de gaz (Iran, Soudan) et de garantir sa collaboration
aux opérations de maintien de la paix.
Pour illustrer le pouvoir exercé par la Chine à l’ONU, on peut prendre
l’exemple de sa relation avec Taiwan. En effet, depuis les années 1990, les
demandes répétées de la République de Chine (Taïwan) pour une participation aux
Nations unies ont été refusées, principalement à cause de l'opposition de la
République populaire de Chine qui dispose donc du droit de veto au Conseil de
Sécurité.
Conclusion :
Au travers de ces six documents, il serait possible d’affirmer que la Chine est
en pleine quête d’un soft power. Elle se lance dans une affirmation de ce dernier au
travers de son ouverture sur le monde, de son rayonnement culturel, de son rang et
de son influence dans les organisations internationales. En effet, il y a une vraie mise
en avant de la culture chinoise de telle sorte qu’aujourd’hui la langue, la cuisine, la
médecine traditionnelle, l’acuponcture et aujourd'hui de plus en plus le cinéma
chinois, la musique pop, les arts contemporains, la mode, la calligraphie, les
principes confucéens sont diffusés dans le monde entier grâce à un réseau de plus
de 300 Instituts Confucius dans environ 80 pays. Il faut noter également que le
développement des échanges universitaires joue aussi un grand rôle.
Le gouvernement chinois soigne ainsi son image, sa communication et sa
diplomatie publique. L’objectif est le renforcement de son poids médiatique et
diplomatique sur la scène internationale. La Chine va même jusqu’à utiliser l'émotion
comme, par exemple, en évoquant l’histoire et le rappel du soutien chinois au
mouvement non-alignés de Bandung pour séduire le continent africain.
Cette stratégie de soft power a aussi recours à des « vitrines » comme les
Jeux Olympiques de 2008 ou l'Exposition Universelle de Shanghai pour montrer une
image positive de la Chine au monde entier.
Mais, on pourrait oser dire que la Chine a encore beaucoup de chemin à
parcourir dans la stabilisation de ses relations diplomatiques car elle « traine »
toujours derrière elle des conflits avec Taiwan et le Tibet mais aussi entre le Japon
d’un côté, la Chine et la Corée de l’autre à propos de la mémoire de la Seconde
Guerre mondiale qui est encore aujourd’hui un des enjeux les plus importants dans
les relations internationales en Asie Orientale.
Bibliographie et sitographie
- Tanguy Struye de Swielande, La Chine et le « Soft power » : une manière
douce de défendre l’intérêt national ?, mars 2009.
http://www.uclouvain.be/cps/ucl/doc/pols/documents/NA2-INBEV-UECH-
FULL.pdf
- Barthélémy COURMONT, Chine, la grande séduction, essai sur le soft power chinois, 2009, Choiseul
- Nicolas Mazzucchi, « Les industriels chinois découvrent le soft power ».
Polemos.fr
http://www.polemos.fr/2011/10/les-industriels-chinois-decouvrent-le-soft-
power/
- Emission « Softpower » sur France Culture animée par Frédéric Martel datant
du 20 novembre 2011- L'institut français : la culture française dans le monde
http://www.franceculture.fr/emission-soft-power-l-institut-francais-la-culture-
francaise-dans-le-monde-2011-11-20
- Article de Next Magazine « La Chine veut détrôner Hollywood », 8 novembre
2011,
http://next.liberation.fr/cinema/01012370295-la-chine-veut-detroner-hollywood
- Site de l’Institut Confucius de l’université Paris 7
http://www.confucius.univ-paris7.fr/
A lire aussi :
- Géopolitique de l’Afrique et de la Chine, l’affirmation d’une stratégie de
puissance
http://www.diploweb.com/forum/chine07102.htm
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