beta programme - rapport complet

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BETA PROGRAMME

Aot 2011

BETA PROGRAMMEProgramme concert dactions dans les secteurs Btiments, Emplois, Transports, Alimentation pour enclencher une dynamique de rduction dmissions de gaz effet de serre par un facteur 4 dici 2050.Septembre 2010 - Mai 2011

BETA Programme A transition programme in the Buildings, Employment, Transportation and Agrifood sectors designed to cut carbon emissions by a factor 4 by 2050.

Etude ralise pour le compte de lADEME et du MEDDTL par Quattrolibri (Julien Dossier, Louise Hain) Programme de recherche : Repenser les Villes dans une socit Post Carbone . www.villepostcarbone.fr Coordination technique : Eric VIDALENC, Service Economie et Prospective Direction Recherche et Prospective ADEME Paris. quattrolibri 2010 - 2011

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SYNTHESE DU BETA PROGRAMMECe document prsente : limportance des petites villes satellites dans la transition post carbone (rduction des missions de gaz effet de serre par un facteur 4 dici 2050), une mthodologie de transition BETA Programme (programme concert dactions dans les secteurs Btiments, Emplois, Transports, Alimentation), une synthse de la recherche-action mene sur le territoire de Fontainebleau, en application du BETA Programme .

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LETTRE DE MISSION

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INTRODUCTIONLe BETA Programme est un programme concert dactions dans les secteurs Btiments, Emplois, Transports, Alimentation qui vise enclencher une dynamique de rduction dmissions de gaz effet de serre par un facteur 4 dici 2050. Il cible en priorit les villes satellites de mtropoles. Le BETA Programme consiste mobiliser lensemble des parties prenantes du territoire pour relocaliser des filires demplois, en vue doptimiser la valorisation durable des ressources locales.

FOCUS SUR LES VILLES SATELLITESLa rduction des missions de gaz effet de serre par un facteur 4 impose de trouver une solution pour les villes, qui rassemblent plus des trois quarts de la population franaise. Nous soulignons dans le rapport linterdpendance entre centre et priphrie. Le BETA Programme sappuie sur une recherche action mene sur le territoire de Fontainebleau, reprsentatif de la typologie des villes satellites des grandes villes : des territoires asphyxis par leurs mtropoles, en risque de devenir des zones dortoir, source de mobilit pendulaire de longue distance, facteur de congestion des infrastructures ; des territoires qui sous-emploient leurs ressources de proximit, et augmentent dautant leurs importations de matriaux fortement carbons, sur des distances longues, sans cration demplois productifs sur le territoire. Le BETA Programme vise inverser cette tendance ; des territoires o le lien social reste fort, facilitant le bouche oreille et une mulation de proximit, renforant ainsi le systme dchanges locaux et lintroduction de services permettant de mutualiser des infrastructures.

Plusieurs facteurs soulignent limportance dune stratgie post carbone pour les villes satellites. Notamment, nous rappelons que la congestion actuelle des infrastructures de transport public desservant les grands centres urbains ne pourra tre rsorbe par une extension de loffre de transports publics. En effet, le scnario business as usual indique un quadruplement du trafic ferroviaire de proximit dici 2030, bien au-del des capacits de financement et de mise en uvre de nouvelles lignes. Il est donc critique de mener en parallle un effort de rduction des besoins de mobilit, notamment dans les villes satellites, en complment des investissements sur lextension de loffre de transports desservant les mtropoles.

DIAGNOSTIC SYSTEMIQUENous menons un diagnostic systmique lchelle de la ville, soulignant linterdpendance entre les facteurs cl dmissions et la ncessit dajuster tant loffre (les quipements nergtiques, offres de transports, constructions) que la demande (talement urbain, loignement des zones demploi et de rsidence, consommation jetable). La rduction des missions de gaz effet de serre lies aux transports nest ainsi pas seulement une question de mutation du parc automobile vers un parc lectrique ou une question de report modal de la voiture individuelle vers des options moins carbones. Lexemple de Fontainebleau rappelle que la mise en uvre dun plan vlo comportant des pistes cyclables et des modifications de circulation double sens ne garantit pas une plus grande utilisation du vlo tant que les besoins de mobilit nont pas volu. Lanalyse sur les transports est un rvlateur des autres facteurs dmissions : la part du fret de moyenne et longue distance reflte les typologies de consommation et les capacits (ou le manque de capacit) de production locale. Ds lors, il faut analyser les besoins de mobilit, notamment les trajets rcurrents et prvisibles (les trajets lis la vie scolaire et lactivit professionnelle), mais aussi les trajets secondaires , dont lorganisation rsulte des solutions choisies pour rpondre aux besoins rcurrents et prvisibles.

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Ainsi, le fait de devoir se rendre en voiture sur son lieu de travail cre une dpendance par rapport la voiture, qui est utilise pour des trajets secondaires, notamment pour les approvisionnements alimentaires ou les courses de proximit. Les conditions de stationnement autour des commerces posent un dilemme: en situation de dpendance gnralise par rapport la voiture, le stationnement proximit des commerces est un facteur diffrenciant dattractivit et donc de vitalit du commerce (aujourdhui au profit des zones commerciales en priphrie des villes, et au dtriment des anciennes zones commerantes de centre ville). Si lquation est pose de manire traditionnelle, elle est insoluble : sans stationnement, pas de clients, sans clients, pas de commerce, sans commerce, pas demplois locaux et donc ncessaire de travailler loin, donc en voiture, donc avec des besoins de stationnement automobile. Ce cercle vicieux amne dvelopper les infrastructures routires, donc par dfaut fragiliser les zones commerantes de centre ville. En outre, cette tendance est consommatrice despace, notamment agricole. Or, lextension de places de stationnement saccompagne du maintien voire de laugmentation du trafic automobile, et rencontrent des limites physiques : lquation du dimensionnement des rseaux (dveloppe au XIXe pour le rseau deau claire de Paris) montre les limites physiques de lcoulement de fluides dans un rseau. Cette tendance couple donc plusieurs facteurs : saturation et congestion du rseau routier, fortes missions lies aux transports, faible dynamisme du tissu conomique local. La faiblesse du tissu conomique local saccompagne dune sous-valorisation des co-ressources de proximit (les deux seules maisons en bois de Fontainebleau sont un exemple difiant sur la valorisation locale du bois). Lanalyse mene sur les filires matriaux de construction ou sur les filires alimentaires sinscrit dans un mme cadre : quelle est la part des matriaux et de lalimentation produite proximit ? La production locale permet de substituer du fret longue distance par du fret local, mais elle est aussi une source demplois locaux, donc une source de mobilit de personnes de courte distance. Et cest sur de courtes distances quil est envisageable de substituer la voiture individuelle des solutions dcarbones.

LENJEU DE LA RESILIENCE DU TERRITOIRECe diagnostic systmique pose la question de la rsilience du territoire : quelle est la capacit du territoire rpondre aux besoins de ceux qui y habitent, quelle est la capacit du territoire sadapter aux chocs climatiques, nergtiques, sociaux ou conomiques ? Un territoire domin par une mono-industrie se trouvera vulnrable en cas de crise industrielle (textile, sidrurgie), produisant ainsi des territoires en dshrence, dans lesquels la population est dpendante de subventions dquilibre, sans dvelopper de capacit dinvestissement pour financer la transition post carbone (renouvellement du parc bti, renouvellement du systme de transport et des filires nergtiques notamment). La diversit du tissu conomique local est non seulement une meilleure rsistance aux chocs conomiques ventuels, et un facteur pour rduire les distances dapprovisionnement (et donc les missions de gaz effet de serre induits par les transports), mais aussi une source denrichissement du territoire : les dividendes, salaires et achats de matires premires profitent au territoire, sont sources dinvestissement et de richesse pour les acteurs du territoire. Il est donc critique de coupler le dynamisme conomique territorial avec les objectifs de rduction des missions de gaz effet de serre. Cette approche sinscrit dans une mutation plus large des outils de production, modles conomiques et infrastructures nergtiques, dune mutation des filires demploi et de formation. La rsilience conomique du territoire induit une plus grande proximit entre les acteurs conomiques locaux, donc un lien social renforc, qui contribue renforcer la confiance et favorise en retour les transactions, la mutualisation des ressources (type covoiturage, rgie de quartier). La rsilience conomique va donc de pair avec la rsilience sociale et cologique.

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B, E, T, A : QUATRE LEVIERS DACTIONS PRIORITAIRESNous proposons donc un programme de relocalisation des activits, et de valorisation des coressources du territoire. Ce programme touche aux sources cl des missions de gaz effet de serre du territoire : - Btiment, la rnovation du parc bti est source demploi travers les chantiers et les dbouchs offerts aux filires locales dagro-matriaux ; - Emploi, limplantation de bureaux de proximit, laugmentation de la part des emplois ddis des activits bas carbone facilite la relocalisation dactivits et donc la rduction des distances parcourues ; - Transports, les filires locales dapprovisionnement et demploi rduisent les besoins de mobilit de longue distance et favorisent le report modal vers une mobilit sobre en nergie ; - Alimentation, lalimentation de saison augmente les dbouchs pour les productions et transformations locales, rduisant dautant les dchets induits par les filires longues. Nous ne traitons pas la question de lnergie ou de la part carbone de lnergie comme un point de dpart de la stratgie de transition, mais comme une rsultante. En effet, les travaux de David MacKay (conseiller climat du gouvernement britannique) montrent la difficult (limpossibilit) de substituer une filire nergique dcarbone la filire actuelle pour rpondre au niveau de demande actuelle. Nous devons dabord rduire la demande nergtique pour avoir une chance de dcarboner la filire nergtique. Par analogie, il vaut mieux fermer les fentres en hiver avant de dimensionner la solution de chauffage.

STRATEGIE ORGANIQUE : CONSTRUIRE LES BASES DE LA TRANSITIONPlutt que de souligner le gouffre qui spare la vision de la ville post carbone, affranchie des sources de consommation dnergie fossile, de la ville daujourdhui, nous nous attachons la dmarche de transition, au cheminement qui fait voluer par tapes loffre et la demande. Un des enjeux principaux consiste susciter lenvie des citoyens, viabiliser des investissements conomiques, conforter des projets politiques sur le long terme, pour dvelopper les diffrentes tapes dune transition. Nous cherchons qualifier des demandes latentes, donner de la visibilit des signaux faibles, dvelopper en somme les outils qui facilitent lintroduction dinnovations et la mutation des activits conomiques. Nous devons en effet sortir de lanalyse mcanique des parts de march qui ralentit le rythme de linnovation post carbone : t0, en labsence de part de march significative, les usages dcarbons nattirent que peu dinvestissement et donc ninfluent peu sur lvolution de loffre produit. En retour, tant que loffre dcarbone reste marginale, la demande nvolue pas sensiblement. Cette dpendance mutuelle maintient le statu quo, et donc nous cantonne au scnario business as usual. Nous rappelons limportance de sortir de cette dpendance mutuelle, tant lintensit des efforts de rduction dmissions de gaz effet de serre doit sacclrer, durablement : la part des rductions atteintes au cours des annes 1990-2006 est vingt fois infrieure la part qui reste atteindre entre 2006 et 2050. Ce qui veut dire que nous devons trouver un rythme annuel de rductions sept fois plus intense que celui que nous avons connu dans la priode passe. Nous proposons donc une dmarche itrative, o chaque tape consolide ltape prcdente et prpare ltape suivante. Ce programme sarticule sur trois horizons de temps, dans une logique de dveloppement organique : - 0-1 an, des actions immdiatement ralisables, dj valides ou testes sur des sites pilotes, pour lesquelles des financements et des comptences locales existent ; - 1-5 ans, des actions connues, qui ncessitent une premire phase de planification pour mobiliser le capital et les comptences, ainsi que pour mettre en place les modalits de coordination public-priv ncessaires leur excution ; - 5-10 ans, des actions de plus grande ampleur, qui supposent des changements dusage, dinfrastructures ou de business modles au cours dune premire phase de cinq ans.

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APPROCHE

INCLUSIVE : MOBILISER LENSEMBLE DES ACTEURS DU TERRITOIRE AUTOUR DUNE VISION NON PARTISANELes postes B, E, T, A forment un systme fortement interdpendant, qui requiert une action concerte : - Elus, via leurs dcisions rglementaires pour le territoire (PLU, PLH, SCOT etc.), les investissements publics, ils donnent une impulsion politique laction locale ; - Entreprises locales, via le soutien quelles apportent un systme dchanges locaux, au gr de leurs commandes et embauches, elles rinvestissent la richesse cre dans le territoire ; - Citoyens et associations, via le rseau social quils entretiennent et leurs dcisions dachat ou dorganisation du quotidien, ils sont les ambassadeurs du programme ; - Grands groupes, via les investissements en infrastructures et en quipements, les relais mdiatiques et les financements dinnovations, ils acclrent la mutation des usages locaux. Cette approche non partisane est critique pour susciter ladhsion dun public le plus large possible. Il est vain dimaginer faire reposer un effort de lampleur du facteur 4 sur une minorit de la population, donc il faut construire ladhsion des diverses sensibilits politiques, des diffrentes classes dge ou milieux socioprofessionnels. Notre recherche-action porte donc aussi sur les moyens de dmultiplier limplication des acteurs du territoire, en sappuyant sur la convivialit, le bouche oreille et la mise en exprience des parties prenantes. En effet, nous observons quune communication rationnelle et factuellement juste du type fumer tue nempche pas un fumeur de lire le message toute en allumant une cigarette. De mme, les arguments en faveur dune volution en profondeur des modes de vie mme parfaitement rationnellement tays, ne suffiront pas convaincre un public qui est addicted to oil , ou du moins subit une contrainte dusage (nous soulignons la faible marge de manuvre de la part la plus pauvre de la population). Les dispositifs proposs visent donc mettre en scne les changements, valoriser les parties prenantes impliques, renouveler les modes de communication urbaine, en suscitant la surprise.

APPLICATION TERRITORIALE : LE TERRITOIRE DE FONTAINEBLEAULa Recherche-Action BETA Programme sest droule sur deux registres : un registre analytique et stratgique pour formuler les diffrents volets du programme de transition, un registre territorial pour affiner la comprhension des enjeux locaux, des freins ou des leviers daction. Nous avons ainsi poursuivi sur le territoire de Fontainebleau la mission de conception de la stratgie post carbone , que nous avions mene sur financement de lARENE. Cette deuxime phase de recherche-action nous a permis de nous appuyer sur un diagnostic territorial dj tabli au cours de la phase de stratgie ainsi que sur un rseau dacteurs locaux qui ont soutenu et enrichi notre dmarche locale. Nous avons sollicit pour cette approche terrain une quipe de huit tudiants du mastre Dveloppement Durable dHEC, qui ont pu ainsi affiner et tester les volets dapplication de quatre projets pilotes : B / Etude de prfiguration des filires bois locales E / Etude de prfiguration dun tlcentre T / Cartographie des besoins de mobilit lis la vie scolaire A / Cuisine du coin, promotion de recettes de saison de proximit

Nous dtaillons dans le rapport les conclusions et avances dans chacun de ces registres ; il ressort une forte complmentarit entre les actions proposes : Les filires bois sont associes lamnagement des sites pr-identifis pour les tlcentres Le tlcentre est une source de mobilit de proximit, La mthodologie de cartographie des besoins de mobilit lis la vie scolaire peut tre transpose ltude des besoins de mobilit lis lactivit professionnelle

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Le dispositif cuisine du coin est prcieux, dans un premier temps, pour crer des liens entre des acteurs pionniers du territoire. Ces super-utilisateurs runissent des parents dlves, des membres dassociations, des lus, des reprsentants dinstitutions locales, des entrepreneurs, et permettent de coordonner des actions, de dgager des synergies entre les quatre registres du programme.

Nous avons pu tester lintrt dune dmarche projets petits pas dans un territoire o les conditions de dpart ne sont pas forcment propices une transition. Le jeu dacteurs institutionnels locaux est particulirement complexe, et les formes de coopration territoriale peinent merger (ainsi plusieurs tentatives dlargissement de la communaut de communes Fontainebleau Avon nont pas pu voir le jour, malgr des arbitrages prfectoraux). En outre, la stratgie de dveloppement organique propose par le BETA Programme sapplique un territoire fortement endett, disposant de peu de moyens en propre pour initier et financer des projets de transition. Il sagit en effet pour le territoire de Fontainebleau de compenser une perte de 25% de sa population en 40 ans, et de dvelopper une attractivit qui ninduise pas un surcrot de circulation automobile dans un territoire dj satur.

PERSPECTIVES DE REPLICATIONNotre recherche-action sest galement porte sur lanalyse des conditions de rplicabilit du BETA Programme lchelle des villes satellites. Nous avons ici form un chantillon de 144 villes cibles rpondant au cahier des charges suivant : - une agglomration entre 10 et 50 000 habitants : nous privilgions ici de petites villes moyennes, pour faciliter la lecture du travail cartographique (et limiter en nombre les villes retenues dans notre chantillon, au moins dans cette phase amont de la recherche-action) ; lanalyse que nous proposons doit senvisager terme dans un cadre plus large (villes de moins de 10 000 habitants et villes moyennes entre 50 000 et 100 000 habitants). Les villes de moins de 50 000 habitants ne sont pas (encore) tenues de raliser des PCET. Cest une des raisons de notre choix : quel dispositif daction pour des territoires hors PCET ? - Une agglomration en discontinuit urbaine : nous avons ainsi exclu les petites villes faubourg en continuit urbaine avec leur mtropole. Une large part des villes retenues dans lchantillon sont des sous-prfectures : Nous avons cherch reconstituer un maillage homogne sur lensemble du territoire et avons explor le maillage des relais de poste, des vchs et avons retenu celui des sous-prfectures. Ces villes ont reu le statut de sous-prfecture lissue dun processus de slection, qui visait crer des dpartements homognes, prsentant un profil analogue de ressources. Les villes prfectorales taient espaces dau plus une journe cheval les unes des autres. Cette analyse montre la rcurrence des enjeux identifis sur le territoire de Fontainebleau : vulnrabilit du territoire sur les plans conomiques et sociaux faible capacit dinvestissement affaiblissement du tissu commerant de proximit faible part des co-ressources de proximit valorises sur le territoire

Nous positionnons donc le BETA Programme comme un relais danimation territoriale, et comme outil de pilotage territorial, en complment des Agendas 21, SCOT et PCET. Enfin, la similitude denjeux au sein de cet chantillon renforce la proposition de mener de manire simultane des actions analogues, entrainant dune part une mulation lchelle de lchantillon, et dautre part des conomies dchelles : les actions projets petits pas comme cuisine du coin ou cartographie de la vie scolaire pourront tre rpliqus faible cot dun territoire lautre. Dans la perspective de rplication, nous prconisons de poursuivre plusieurs volets de recherche : la politique foncire, les indicateurs de suivi pour le BETA Programme , les indicateurs de valeur et les monnaies locales et ainsi que les formes de rpartition de la valeur.

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RemerciementsLes auteurs tiennent remercier lensemble de la mission prospective et les membres du comit de pilotage pour leur aide dans llaboration de ce document et tout particulirement Eric Vidalenc pour son soutien, ses conseils et sa relecture avise ainsi que Jacques Theys pour ses clairages scenarios de transition . Nous remercions vivement Jean-Michel Martin, de la Rserve de Biosphre de Fontainebleau et du Gtinais, pour son implication dans lanimation de notre rechercheaction, dans la formation du rseau de parties prenantes et davoir cofinanc notre tude. Nous adressons nos chaleureux remerciements aux parties-prenantes de notre recherche-action : Nicole Delporte, Sonia Lefaut et Daniel Taccon (Communaut de Communes du Pays de Seine), Isabelle Chanclud (Chambre dagriculture 77), Stfanie Dubreuil (Initiatives 77), Corinne Bianchini (CCI Seine et Marne), Patricia Fraile, Michel Franz, Frdrique Vincent (Mines ParisTech), Denis Ouls et Thierry Lajaunie (Ple Sud Paris), Sonia Dutartre et Harold Chnard (Seine et Marne Dveloppement), Noline Neyret et Elisabeth Longueville (Seine et Marne Tourisme). Nous exprimons notre reconnaissance Sylvain Ducroux (ONF), Didier Drouin (conseiller municipal de Fontainebleau), Silvia Gollini et Matthieu Daum (citoyens de Fontainebleau) pour lencadrement quils ont assur auprs des quipes HEC. Nous remercions particulirement, pour leur professionnalisme et leur engagement, lquipe dtudiants HEC qui ont rejoint la recherche-action : Emma-Oriane LAFARGUE, Benoit LE BARS, Giuseppe MURONI, Julia WAGNER, Giulio BERRUTI, Florian HUG-FOUCHE, Bruno VALENTIN, Tran Yen DUONG, ainsi que Bndicte Faivre-Tavignot et Fabrice Graff du Mastre Dveloppement Durable dHEC. Nous saluons chaleureusement les partenaires du premier repas cuisine du coin , Linda Angulo Lopez, de R3P ("Redesigning for people, planet and profit"), Jean-Alec Ducros (premier adjoint au maire de Fontainebleau), Camille et Dominique Bourrelier (Association Botanique et Dlices), Christian Zimmermann, (AMAP des Belles Fontaines de la Valle et convivium Slow Food du territoire de Fontainebleau), Micheline Eiser (Conseil Municipal des Ans de Fontainebleau), Sarah Coriat (projet Htel Solidaire), Genevive Tabourel (Conseil Municipal dAvon), Muriel Delage et Stphane Woegtlin (MASA et FLC), Yvan Le Pape (boulanger passionn), Patrick Anghert (Cisco), Yohann Vallier (Rpublique de Seine et Marne). Notre gratitude sadresse tout personnellement Louise Hain, Nicolas Sawicki, Blandine Chambost pour leur soutien et participation irremplaable pour cette mission.

L'ADEME en brefL'Agence de l'Environnement et de la Matrise de l'Energie (ADEME) est un tablissement public sous la tutelle conjointe du ministre de l'Ecologie, de l'nergie, du Dveloppement durable et de la Mer et du ministre de lEnseignement Suprieur et de la Recherche. Elle participe la mise en oeuvre des politiques publiques dans les domaines de l'environnement, de l'nergie et du dveloppement durable. Afin de leur permettre de progresser dans leur dmarche environnementale, l'agence met disposition des entreprises, des collectivits locales, des pouvoirs publics et du grand public, ses capacits d'expertise et de conseil. Elle aide en outre au financement de projets, de la recherche la mise en uvre et ce, dans les domaines suivants : la gestion des dchets, la prservation des sols, l'efficacit nergtique et les nergies renouvelables, la qualit de l'air et la lutte contre le bruit. www.ademe.fr

CopyrightToute reprsentation ou reproduction intgrale ou partielle faite sans le consentement de lauteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite selon le Code de la proprit intellectuelle (art. L 122-4) et constitue une contrefaon rprime par le Code pnal. Seules sont autorises (art. 122-5) les copies ou reproductions strictement rserves lusage priv de copiste et non destines une utilisation collective, ainsi que les analyses et courtes citations justifies par la caractre critique, pdagogique ou dinformation de luvre laquelle elles sont incorpores, sous rserve, toutefois, du respect des dispositions des articles L 122-10 L 12212 du mme Code, relatives la reproduction par reprographie. Toute citation doit comporter les mentions suivantes : rapport BETA Programme de Quattrolibri (programme repenser les villes dans une socit post carbone , ADEME, MEDDTL, 2010-2011)

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Table des matiresSYNTHESE DU BETA PROGRAMME ......................................................................2Lettre de mission ..................................................................................................................3 Introduction ...........................................................................................................................4 Focus sur les villes satellites ................................................................................................4 Diagnostic systmique ..........................................................................................................4 Lenjeu de la rsilience du territoire ......................................................................................5 B, E, T, A : Quatre leviers dactions prioritaires ....................................................................6 Stratgie organique : construire les bases de la transition ...................................................6 Approche inclusive : mobiliser lensemble des acteurs du territoire autour dune vision non partisane ...............................................................................................................................7 Application territoriale : le territoire de Fontainebleau ..........................................................7 Perspectives de rplication ...................................................................................................8

CONTEXTE ET PRINCIPES......................................................................................131. Une urgence renouvele .................................................................................................14 Rduire les missions plus vite, en moins de temps ..........................................................14 Les villes, source prponderante demissions de GES ......................................................15 Des villes lechelle des tats dans les ngociations climat ..............................................19 Le calendrier des villes converge avec celui du Facteur 4 .................................................22 Des facteurs dclenchants autres que les enjeux climatiques ...........................................23 Une urgence renouvele : changer de rythme dici 2050 ...................................................24 2. De la ncessit dune approche systmique ...................................................................25 Lmergence dune vision systmique ................................................................................25 Une convergence de facteurs, fortement interdpendants .................................................26 Un systme interdpendant en quilibre, mais non durable...............................................30 La mobilit : rvlateur dun systme non rsilient.............................................................34 3. Le choix de lintervention sur les villes satellites .............................................................35 Les villes satellites : entre vulnrabilite et dclin ................................................................38

LE BETA PROGRAMME .......................................................................................44Les principes du BETA Programme ..............................................................................45 Sadresser tous ................................................................................................................45 Impliquer les utilisateurs .....................................................................................................45 Innover dans le mode danimation du territoire...................................................................45 Rduire la demande avant de dimensionner la solution .....................................................45 Faire face au problme de la poule et luf .......................................................................45 Grer le temps long, et commencer ds 2011....................................................................46 Anticiper les limites de laction publique .............................................................................46 Prenniser le programme ...................................................................................................46 2. Axes principaux du BETA Programme ..........................................................................47 BETA : Btiment, Emploi, Transports, Alimentation ...........................................................47 Approche hybride, entre bilan carbone et pyramide de Maslow .............................47 3. Mthodologie pour le BETA Programme .......................................................................50 Une stratgie de croissance organique ..............................................................................50 Une gamme dactions segmentes : lapproche intgrale ............................................51 Construire un systme local dchanges ............................................................................53 4. Tirer parti de linterdpendance entre les actions proposes..........................................55 Impasse de lapproche sectorielle, isolee ...........................................................................55 Corrlations positives entre secteurs..................................................................................55 Approche concerte entre acteurs......................................................................................55 5. Des axes de recherche poursuivre...............................................................................56 Quels indicateurs pour le BETA Programme ? .................................................................56 1.

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La question fonciere, au cur du problme .......................................................................57 Mesurer la valeur ................................................................................................................58 Crer et partager la valeur ..................................................................................................59

ETUDE DE CAS : LE TERRITOIRE DE FONTAINEBLEAU ....................................601. 2. 3. 1. 2. De la ville au territoire......................................................................................................61 Un territoire satellite, qui souffre de lengorgement routier..............................................64 La vulnrabilit du territoire : un dfi pour la ville post carbone ......................................66

RECHERCHE-ACTION DANS LE TERRITOIRE DE FONTAINEBLEAU ................68Chronologie de la recherche-action.................................................................................69 Programme de recherche-action dans le territoire ..........................................................69 Objectifs ..............................................................................................................................69 Mthodologie ......................................................................................................................70 Parties prenantes................................................................................................................70 Sites Internet.......................................................................................................................71 Autres dispositifs danimation locale ...................................................................................71 3. Organisation ....................................................................................................................72 Projets.................................................................................................................................72 Equipes ...............................................................................................................................73 4. Rsultats..........................................................................................................................74 Btiments : vers une SCIC bois du territoire.................................................................74 Emploi : prfiguration dun projet de tlcentre ..................................................................76 Transports: cartographie de la mobilite scolaire .................................................................78 Alimentation: Cuisine du coin .............................................................................................79

ETUDE EXPLORATOIRE : LA REPLICATION DE BETA .......................................801. 2. Prsentation de lchantillon de villes cibles ...................................................................81 Analyse de lchantillon ...................................................................................................83 Des territoires qui ont subi une crise industrielle ................................................................83 Des territoires qui se sont vids du fait de lattraction dautres villes alentour....................84 Des territoires qui font face des enjeux de desserte........................................................85 3. Positionnement du BETA Programme comme outil de planification du territoire ..........86 Le SCOT .............................................................................................................................87 Lagenda 21 ........................................................................................................................89 Le PCET .............................................................................................................................91

ANNEXES..................................................................................................................931. Enonc de la stratgie post carbone du territoire de Fontainebleau ...............................94 Des petits pas au facteur 4 : planifier la monte en charge................................................94 Segmenter les actions : chacun joue un rle complmentaire ...........................................95 Construire un cercle vertueux : tisser des liens entre les actions .......................................96 Mise en uvre de la stratgie : coordonner le programme................................................96 2. Bibliographie Gnrale ....................................................................................................97 Rfrences internationales .................................................................................................97 Sources nationales .............................................................................................................98 Etudes Territoriales.............................................................................................................99 3. Articles de rfrence......................................................................................................100 Les petites villes ...............................................................................................................100 "Regards sur lconomie urbaine 40 ans de recherches francophones (1965-2007)," ....102 les dplacements domicile-travail, de plus en plus d'actifs travaillent loin de chez eux ...107 "Radiographie dun fait de socit : la priurbanisation" ..................................................110 "Formation et Territoire : des liens multiples et complexes, mais dcisifs" ......................113 "LEtat social de la France. Mise en perspective historique et geographique." ...............116 La ville compacte ..............................................................................................................117

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CONTEXTE ET PRINCIPESContexte : une urgence renouvele. Il faut gagner en rsilience et rduire plus fortement les missions, avec moins de moyens en moins de temps. La ncessit dune approche systmique. La mobilit (besoins et offre), la structure du march de lemploi, la nature du parc immobilier et les modes de production et de consommation alimentaires forment un systme interdpendant, faible rsilience. Le choix des petites villes satellites des grandes villes. Les perspectives des mgalopoles sont intimement lies la vulnrabilit des villes satellites qui les entourent

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1. Une urgence renouveleRepenser les villes dans une socit post carbone est un impratif pour atteindre les objectifs de rduction des missions de gaz effet de serre.

REDUIRE LES EMISSIONS PLUS VITE, EN MOINS DE TEMPSNous avons franchi le seuil de 390ppm en 2010 sur la base dun rythme annuel de laugmentation des missions de 2ppm, tendance suprieure au pire des scnarios business as usual tudis par le GIEC. Le scnario business as usual conduit une augmentation de 5 6C, soit une catastrophe 1 climatique pour notre plante . Les ngociations internationales COP 15 et COP 16 se basent sur un objectif de limiter le rchauffement plantaire 2C, ce qui suppose davoir stabilis le seuil dmissions de CO2 de 450 ppm (parties par million) dici 2050. Le Tyndall Centre for Climate Change Research a rappel 2 que lobjectif de 450ppm navait quune chance sur deux dviter un runaway climate change , un changement climatique hors de contrle (Anderson and Bows 2009). Lorganisation 350.org souligne que le seuil critique ne pas dpasser est de 350 ppm, et quil sagit donc non seulement de rduire laugmentation des missions, mais surtout de rduire le stock dj mis et par consquent acclrer la mutation vers une socit dcarbone . Plus quun dbat de chiffres, cest lampleur du dfi qui doit tre comprise et le rythme de mise en uvre des solutions qui doit sacclrer, afin datteindre au moins les objectifs facteur 4 dici 2050. Lobjectif de 2C semble donc la fois modeste (face au considrable enjeu climatique) et considrable (du point de vue des modestes moyens mis en uvre). David MacKay, auteur de Sustainable Energy without the hot air , rappelle que si chacun fait un petit effort nous obtiendrons de petits rsultats . Dbrancher un chargeur lectrique de tlphone portable permettra de rduire la consommation dlectricit dun mnage dun quart de pourcent (calcul pour le Royaume Uni). Le changement de rythme dans la rduction des missions amne cibler des rductions sur les postes principaux, largir la gamme des actions possibles en traitant les sources structurelles des missions, pas seulement des ajustements la marge. En France, les villes regroupent les trois quarts de la population et consomment prs de la moiti de lnergie fossile. Ce sont donc elles qui doivent tre mises contribution, et ce dans un temps court, infrieur au cycle de renouvellement du tissu urbain. Ce sont les villes dans leur ensemble qui doivent voluer, et pas seulement lchelle des co-quartiers ou co-btiments clairsems ici ou l. Il ne sagit pas seulement dun changement dinfrastructures techniques, dune substitution de modes de production dnergie fossiles par des nergies dcarbones. La rduction carbone pour les villes doit ainsi sinscrire dans un cadre plus large dadaptation et de rsilience, savoir : La capacit dun systme absorber un changement perturbant et se rorganiser en intgrant ce changement, tout en conservant essentiellement la mme fonction, la mme structure, la mme identit et les mmes 6 capacits de raction. Il faut gagner en rsilience et rduire plus fortement les missions, avec moins de moyens en moins de temps.5 4 3

www.ipcc.org http://www.tyndall.ac.uk/ 3 Organisation porte par le scientifique de la NASA Jim Hansen, conseiller climatique d'Obama et soutenue par Al Gore et par Rajendra Pachauri, Bill McKibben ou George Monbiot. 4 ISBN -9780954452933, David McKay, professeur du dpartement de Physique de lUniversit de Cambridge, www.withouthotair.com 5 Donnes INSEE (via ONU) 2007, http://www.insee.fr/fr/themes/tableau.asp?reg_id=98&ref_id=CMPTEF01105 6 Walker ; http://www.ecologyandsociety.org/vol9/iss2/art5/2

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LES VILLES, SOURCE PREPONDERANTE DEMISSIONS DE GESPlus de 50% de la population mondiale est urbaine et cette proportion ira croissant. Durant le XXme sicle, la population urbaine a dj connu une croissance fulgurante, passant de 220 millions 2,8 7 milliards dhabitants. Dici 2030, cette tendance devrait se poursuivre pour atteindre prs de 5 8 milliards dindividus, soit 60% de la population mondiale . Ce phnomne sera dautant plus visible et rapide dans les pays en dveloppement : en Afrique et Asie la population urbaine doublera entre 2000 et 2030. Dici 2030 les villes du monde en dveloppement, grandes et petites, abriteront 81% de la population urbaine mondiale. Les phnomnes migratoires enclencheront galement une pousse significative de la population dans les mtropoles europennes. Fig. 1 Proportion de la population vivant en ville en 2007, par continent9

Bien que peu mdiatises lchelle mondiale, les petites agglomrations (dfinies au seuil maximum de 500 000 habitants) reprsentent toutefois un levier important pour la rsorption des missions de GES. Elles abritent aujourdhui 52% de la population urbaine mondiale contre 9% pour les mgalopoles et seront le site de la moiti de la croissance dmographique urbaine de 2000 10 2015. Au total, les villes consomment deux tiers de lnergie produite et sont lorigine de lordre de 11 70% des missions de CO2 . Cette proportion est un ordre de grandeur bas sur des estimations difficiles raliser au plan pratique. Elle recouvre des situations diffrentes : dans les pays dvelopps, ce sont gnralement les mnages ruraux qui mettent le plus de CO2 du fait de limportance des missions lies au transport, dans les pays en dveloppement, ce sont au contraire les mnages urbains qui mettent le 12 plus car ils ont adopt des modes de vie bien plus consommateurs dnergie.

UNPFA, Etat de la population mondiale en 2007 United Nations , United Nations - World Population Prospects. The 2006 Revision , New York, 2007 (http://esa.un.org/unpp/) 9 INED, Vron J., Population & Socits n 435, juin 2007, donnes ONU 10 UNPFA, Etat de la population mondiale en 2007 . 11 AIE, 2008. 12 Institut de lEnergie et de lEnvironnement de la Francophonie (IEPF), Energies et territoires ou comment construire les territoires de demain face la nouvelle donne climatique et nergtique, 2010.8

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Fig. 2 Population urbaine du monde selon le nombre et la taille des agglomrations urbaines en 13 1975 et en 2005

Fig. 3 Le taux de croissance de la population urbaine selon la taille des villes (2009-2025)

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13 14

INED, Vron J., Population & Socits n 435, juin 2007, donnes ONU WWF, Reinventing the city, Three prerequisites for greening urban infrastructures , mars 2010.

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Fig. 4 Evolution et projection de la population mondiale totale et citadine

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Fig. 5 Evolution des populations totale et urbaine en Europe et en Chine de 1500 2050

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LITTLE BIG CITY, Une exposition ralise par Luc Guillemot, Elsa Chavinier, Jacques Lvy et Boris Beaude. Laboratoire Chros - Ecole Polytechnique Fdrale de Lausanne. 16 Ibid.

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Fig. 6 Part de la consommation nergtique urbaine par rapport la consommation dnergie Graphique 1 - Part de la consommation nergtique urbaine par rapport commerciale par pays (2008) la consommation d'nergie commerciale totale par pays (2008)#!!" +!" *!" )!" (!" '!" &!" %!" $!" #!" !"3 2 3/ 'B 67 ;27 12 ?G /39 2G7 327 0 A# C.D= ?@H I5F J 1 2 5 .2 . 7 EK ,@ /0 4 G : : 1 7@ -. 997 >.? , 5F 8 E= =30) Diabte Source : Taux de prvalence diabte, CNAM Publicit (milliards euros courants) ; Source : Syndicat national de la publicit tlvise

Le graphique inclut des donnes extrapoles de manire linaire pour les annes manquantes (moyenne anne n-1 ; anne n+1 ).INSEE, L'industrie en France en 2008, Fiches - Investissement, R & D et innovation. Voir ltude UFC Que Choisir marketing tlvis pour les produits alimentaires destination des enfants : analyse des engagements des professionnels et impact sur les comportements alimentaires dcembre 2010. 44 Donnes Association Franaise de Pdiatrie Ambulatoire. 45 Voir aussi le Rapport OCDE Lobsit et lconomie de la prvention in Objectif sant, 2010. http://www.oecd.org/dataoecd/38/17/46023385.pdf 46 Le graphique reprsente des donnes ramenes en base 100 (anne de rfrence : 2000).43 42

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Mais o ce mnage trois se loge-t-il ? Au-del de la formule rhtorique, le logement est le quatrime pilier de ce systme interdpendant. Lessor de population de laprs-guerre a conduit une urbanisation de masse, privilgiant la rapidit et le cot de la construction, lre de lessor des techniques de construction prfabriques (systme Pailleron par ex) dont les grandes barres HLM sont le signe emblmatique. La progression des niveaux de vie des premiers habitants des HLM a cr un phnomne de nivellement par le bas de loccupation de ces grandes barres : les plus riches ont acquis des terrains bas prix en priphrie des villes, construit des petites surfaces. Ne restent que ceux qui ne peuvent pas en sortir. Le march ne peut corriger cette dsaffection : quoique prsentant un avantage rationnel indniable, les prix bas ne sont pas un argument suffisant pour enrayer cette tendance. Ce phnomne a cass lhypothse initiale de crer des villages verticaux : Le Corbusier envisageait les projets de grands ensembles comme des villages verticaux, regroupant lensemble des fonctions dun village, et donc sa diversit, non pas en 2D, au sol, mais en 3D, en hauteur. Ltude IPSOS Logica Consulting de mars 2011 illustre cette tendance : plus des trois quarts des habitants des quartiers sensibles dclarent ainsi vouloir dmnager, plus de la moiti dentre eux indiquent quils y pensent souvent. La premire aspiration des rsidents des quartiers sensibles est de voir plus dentreprises simplanter pour employer localement. Raoul Pastrana commente ce phnomne lorsquil critique le projet de destruction de la Cit des Potes, Pierrefitte dans le Val dOise. Il souligne que le projet urbanistique se trouve aujourdhui vou la destruction, non pas du fait dune erreur de construction, mais dune ghettosation sociale de leur usage. Il sinterroge sur la responsabilit quon fait aujourdhui porter aux architectes de ces btiments : une autre forme architecturale aurait-elle chang la donne et empch ce 48 phnomne dexode des plus riches et de ghettosation de ceux qui y restent ? Le couple emploi-transports est l encore luvre : lessor du taux dquipement en automobile permet aux habitants de choisir limplantation en habitat diffus en grande couronne. Et ce taux dquipement est dautant plus ncessaire que les emplois sont de plus en plus dconnects des lieux de rsidence, au moins fonctionnellement (mutation vers le tertiaire) sinon gographiquement (concentration des quartiers daffaires et des zones dactivits loin des zones dhabitation). De mme que pour le mnage trois , le facteur prix a principalement dict les choix de construction, donc la demande pour des pavillons moduls sur une mme base architecturale (amortissant ainsi les cots dtudes architecturales lchelle du lotissement ou du btiment produit catalogue ), justifiant lindustrialisation de filires de matriaux, indpendamment des ressources locales : le bton a remplac quasi uniformment la pierre (tuffau, grs, meulire, granit ou autre), le bois, la brique, donc les matriaux correspondant aux systmes constructifs locaux. De ce fait, de cette volution rsulte une demande accrue pour le sable (avec les limites rencontres pour lapprovisionnement en sable des chantiers bretons), le ciment, lacier, donc pour des matriaux de construction industrialiss, produits dans des units de production forte intensit capitalistique (reprsentant une forte barrire lentre), amorties grce au volume de leur activit. Ces matriaux sont le premier poste de marchandises transports par le fret ferroviaire et fluvial. Le fret ferroviaire sest progressivement structur autour de ces produits, sur des axes cl connectant les grands centres de production aux principales agglomrations (lieux privilgis de lurbanisation), dlaissant progressivement les dessertes de plus petite chalandise. Au-del des lignes, les frquences, plus espaces, ont t dictes par la constitution de trains runissant des volumes suffisamment importants pour justifier les rotations. Cette double volution de la demande sest accompagne dun report modal vers le fret routier des biens de plus petit volume, rotation plus rapide, du fait des stocks plus faibles imposs par les clients finaux. Cette volution quatre bandes prend ainsi une dimension tentaculaire, et forme un systme contraint, hyper interdpendant, et trs faible rsilience (cf les grves des dpts de carburant).47 48

47

http://www.ipsos.fr/ipsos-public-affairs/actualites/quartiers-sensibles-trois-quarts-habitants-souhaitent-demenager http://www2.archi.fr/DOCOMOMO-FR/dossier-poetes-pierrefitte.htm

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UN SYSTEME INTERDEPENDANT EN EQUILIBRE, MAIS NON DURABLEDans The Slow Pace of Fast Change, Bashkar Chakravorti, chercheur Harvard, a prsent les mcanismes de changement et les obstacles au changement de systmes interconnects en quilibre. Il traite notamment de changements tels que lapparition du tlphone (la valeur initiale de linvestissement tait disproportionne par rapport la valeur dusage, le rapport stant invers une fois la masse critique atteinte) ou lchec du Betamax. Il montre quiI est possible de changer, de basculer dun systme en quilibre un autre : Une fois qu'un nombre suffisant d'acteurs d'un march en rseau dcide de passer un nouveau produit, la motivation des autres acteurs faire de mme devient plus forte. Au-del de ce seuil, le rseau devient un alli plutt que son rival. 49 Nous proposons denvisager la mutation post carbone des villes comme un saut systmique, comme le passage dun systme interdpendant en quilibre un autre, linstar des bouleversements majeurs durant la Renaissance ou la premire rvolution industrielle. Plus quune simple analogie, il sagit de souligner les dynamiques de mutations et les enjeux technologiques tels quils sintensifient dans le temps ; la ncessit du changement augmente mesure que nos ressources spuisent. Les horizons de temps envisags pour chacun de ces exemples peuvent paratre loigns (un rapport de 1 2,5 au moins entre plus de 100 ans contre moins de 40 ans), mais ils correspondent des priodes courtes sur le temps long, celui qui relie les pyramides Twitter. La dure rduite du saut post carbone montre surtout lampleur du problme : le temps est contraint, et l o il aurait peuttre fallu 100 voire 200 ans pour entreprendre une mutation en profondeur du systme de valeurs, des formes urbaines, des techniques de fabrication, il sagit de trouver des solutions en acclr, de les mettre en uvre activement, sans avoir le luxe de laisser le temps au temps . La Renaissance, premier saut systmique A la Renaissance, le saut systmique est principalement visible travers lvolution de la forme urbaine et des codes artistiques. En lespace de 100 ans, la ville passe dune motte fodale, protge dune enceinte fortifie une ville ouverte, tourne vers lagrment. Cest ainsi que Palladio, auteur de I Quattro Libri dellArchitettura (1570, Vicence), conoit les archtypes des nouveaux lieux dinfluence et de pouvoir : les villas des patriciens du Veneto, en pleine campagne. Les techniques de construction voluent peu, en dehors des prouesses de constructions sans chafaudages (Brunelleschi, Florence) et de calculs de portance permettant des btiments plus ariens. Au-del de la forme urbaine, cest une volution des modes de dplacement (voyages maritimes au long cours, caravelles fort tonnage, techniques dalimentation pour des trajets de longue dure), du mode de cration de richesse (dveloppement des banques et du crdit), de la religion (Rforme), des codes artistiques (perspective, couleur, hommages aux classiques), et des techniques de diffusion de la connaissance (imprimerie). Du point de vue de lnergie, les dcouvertes sont marginales. Le saut systmique de la Renaissance est avant tout Europen et rgionalis. Linterdpendance entre les ples est principalement le fait des changes lchelle des Etats (guerres, alliances, artistes de cour), plus quun fait commercial ou religieux. Lensemble de ces mutations forme un saut systmique , une volution en profondeur et concomitante des principaux registres dorganisation de la socit.

Chakravorti B., The slow pace of fast change: bringing innovations to market in a connected world, Harvard Businness Press, 2003.

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La rvolution industrielle, deuxime saut systmique La rvolution industrielle marque un saut analogue, au cours du XIXe sicle. Le facteur dterminant est une meilleure matrise de lnergie de puissance dans un premier temps, lectrique dans un deuxime temps. Les modes de dplacement sont dabord lapanage de la vapeur puis du moteur explosion, ouvrant de nouvelles lignes maritimes et terrestres ; la forme urbaine connat ainsi un premier talement, avec larrive du chemin de fer, qui modifie les sources et filires dapprovisionnements alimentaires. La 50 ville peut stendre au-del des voies navigables et primtres vivriers. Les modes de cration de richesses voluent, avec lessor du capitalisme, des marchs financiers, la cration de villes industrielles (nes de lexploitation minire, des aciries et autres filatures mtiers). Les techniques de construction exploitent le potentiel des poutrelles mtalliques (rendant possible les difices de grande hauteur). Les codes artistiques voient apparatre les prmices de lart abstrait et des mouvements non figuratifs. Les techniques de diffusion de la connaissance sont dmultiplies par lintroduction des rotatives, qui augmentent le tirage des journaux dans une phase dinstruction publique, ouvrant une diffusion de la connaissance toutes les classes de la socit (et concidant avec lmergence de mouvements sociaux). Lmergence du mouvement lac poursuit une mutation sur le registre des valeurs : elle sillustre autant par la sparation de lglise et de lEtat que par linstruction laque gratuite que par les rvolutions des valeurs prnes par les mouvements marxistes et communistes. Le saut systmique se globalise, avec une forte corrlation entre pays Europens, les USA et le Japon de lre Meiji, lchelle des industries (changes commerciaux et la diffusion des connaissances scientifiques, essor concurrentiel des dpts de brevets). La transition post carbone, nouveau saut systmique ? La transition post carbone qui souvre en ce dbut de XXIe sicle reprsente un enjeu de taille similaire, un saut systmique . Contrairement aux deux exemples prcdents, qui se sont drouls sans contrainte de temps ni sur le mode de la ncessit, la transition post carbone a la particularit dtre impose par le changement climatique et la rarfaction des nergies fossiles (en tous cas leur accessibilit restreinte), tant sur le plan des objectifs que du calendrier. Elle sinscrit dans une phase marque avant tout par la crise nergtique et par linterdpendance croissante des systmes humains. La diffusion des connaissances connat un nouveau saut systmique avec lessor dInternet et des technologies de publication distribues, produisant la fois une masse considrable de connaissances supplmentaires accessibles au plus grand nombre au mme titre quune masse considrable de bruit informationnel qui conduit noyer linformation dans un flot de miscellanes, attnuant dautant la porte des connaissances disponibles. De manire corrle la diffusion globalise des connaissances et des communications, lessor de la mobilit grande vitesse (avions dmocratiss, lignes grande vitesse reliant les principales villes dEurope et en Chine) et de la mobilit individuelle (explosion du parc automobile lchelle mondiale) conduit une volution profonde des modes de vie : dcouplage activit / territoire ; globalisation des changes de biens et de personnes ; impact mondial des rgles de concurrence. Les modes de cration de richesse voluent avec les produits drivs, qui crent un systme parallle dinterdpendances entre des actifs a priori non corrls : les faillites immobilires en Californie dclenchent ainsi des licenciements conomiques en Europe. Au-del de la corrlation, cest la source de cration de richesse qui passe du rel au virtuel : lencours des produits50

Voir Steel C., Hungry City : how food shape our lives, Random House Group, 2009 : http://www.hungrycitybook.co.uk/.

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drivs (montaires, obligataires et autres) dpasse de plusieurs ordres de magnitude le PNB mondial. La circulation des produits drivs, plus que celle des biens ou des personnes, devient source de richesse. La financiarisation touche un registre de plus en plus large dactivits humaines et de productions naturelles : le vivant peut-tre brevet et protg au titre de la protection de la proprit intellectuelle. Les techniques de construction dmultiplient les formes et le gigantisme des difices, conduisant lmergence de mgalopoles (Tokyo reprsente une aire urbaine six sept fois plus peuple que la plus grande ville de la premire rvolution industrielle) et une normalisation des techniques lchelle mondiale (en attestent ainsi la similitude des gratte-ciels de par le monde). Linterdpendance du systme semble absolue, tant les interconnections humaines transfrontalires 51 se sont dveloppes, non plus seulement des Etats ou des industries, mais lchelle des individus . La globalisation et la prise de conscience dhabiter une seule plante sont des phnomnes distribus ; les outils permettant de connecter les foules nont jamais t aussi abondants ou sophistiqus. Et pourtant ce sont des tendances isolationnistes qui mergent : scissions dtats europens, affaiblissement du mouvement fdraliste et monte des partis populistes en Europe (Pays Bas, Belgique, Autriche, France, Italie) et radicalisation populiste aux USA (tea party), en labsence dun projet commun. Lindividualisme et le court termisme semblent lemporter sur les plans de lesthtique (essor de lautopromotion, de la clbrit instantane), des quipements (aspiration possder une maison et voiture individuelles), des valeurs (du moins en Europe et aux USA). Ces tendances isolationnistes et de repli sur soi dans un hdonisme du temps prsent sont pour autant antinomiques avec les principes de co-responsabilit et dauto-rgulation en vue dobjectifs long-terme. La poursuite dintrts individualiss et individualistes nest pas garante de lintrt gnral. Fig. 13 Sauts systmiques: quelques points de comparaison Renaissance Temporalit Interdpendance Impact Valeurs Information Mobilit 200 ans Cours royales, Culturelle Europe Humanisme, dcouvertes Imprimerie, Milliers douvrages Voies maritimes, Exploration Rvolution Industrielle 150 ans Rgionalise, Industrielle Europe, USA, Japon Lacit, mancipation Rotatives, Millions douvrages Chemin de fer, clippers Approvisionnement Transition Carbone Post

Sous contrainte 2050 Universelle, Globale Monde Individualisme, concurrence Internet, Milliards de documents Mobilit grande vitesse Logistique flux tendus

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cf lanalyse des connections en six degrs de sparation

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La transition post carbone sinscrit dans ce contexte de tensions croissantes, exacerbes par la lutte globalise pour scuriser laccs aux matires premires. Le Carbon Footprint Network estime que le taux de consommation de ressources naturelles a excd la biocapacit de 155% en 2010. Fig. 14 Earth overshootday over time

Source : Carbon Footprint Network, 2010

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http://www.footprintnetwork.org/en/index.php/GFN/page/earth_overshoot_day_over_time

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LA MOBILITE : REVELATEUR DUN SYSTEME NON RESILIENTMalgr les progrs massifs de lindustrie automobile, ayant permis des vhicules dassurer une autonomie sur plusieurs centaines de kilomtres, des vitesses bien suprieures aux limites fixes par la scurit routire, la congestion des villes est une constante. Il sagit ici dun problme de physique. [Pour stabiliser et dimensionner le rseau de distribution deau claire Paris], les ingnieurs interpellent alors la science, la mcanique cleste de Laplace, la mcanique des fluides de d'Alembert, consultent les savants, mettent en rapport la section du tuyau son diamtre (D) avec le dbit d'eau (Q) et la perte d'nergie due au frottement sur la paroi interne (J). La solution la plus conomique est de relier les branches comme un rseau maill : le terme ancien (rt) est rhabilit par le gographe militaire d'Allent (1799). L'ingnieur en chef Mallet, directeur du Service, formule l'quation des rseaux en 1829 : J = kQ2D-5. L'ingnieur Gnys construit alors les premiers abaques pour normaliser la distribution d'eau dans la capitale. Le succs est immdiat. Ds lors la technologie est applique Londres, Berlin, etc. L'quation universelle sert pour la distribution de tous les fluides 53 dans la ville, le gaz, la chaleur, l'lectricit, la circulation, l'information. Tant Haussmann (avec le percement dartres de circulation pour les troupes de maintien de lordre) que Pompidou (avec lintroduction des autoroutes urbaines) nont pu modifier cette loi. Plus gnralement, linvestissement dans de nouvelles infrastructures de mobilit nest pas en soi une rponse lengorgement des villes : il faut raisonner simultanment sur loffre et les besoins de mobilit.

Fig. 15 Vue de la place de lOpra, 1900 En 1900, lapoge du cheval, la vitesse moyenne Paris ne dpasse pas 16km/h, et la ville souffre de lengorgement de sa voirie, notamment du fait des tombereaux vacuant le fumier de cheval.

Fig. 16 Vue de la place de lOpra, 2000 En 2000, lapoge de lautomobile, la vitesse moyenne Paris ne dpasse pas non plus 16 54 km/h , et la ville souffre de lengorgement de sa voirie, notamment du fait des flux de livraison et de mobilit pendulaire.

Outre les problmes de congestion, la mobilit des biens et marchandises est grandement vulnrable, ainsi que lont dmontr la fermeture du ciel arien en Europe lors de lruption volcanique islandaise en 2010 (interruption de lapprovisionnement en fleurs et produits frais pour Londres) et surtout le blocus des dpts de carburant lors des mouvements sociaux en France lautomne 2010. Lord Sainsbury a ainsi rappel Tony Blair, lors du mouvement social des routiers britanniques, que le pays navait une autonomie alimentaire que de quelques jours. Ces piphnomnes fournissent des aperus de la vulnrabilit de notre socit par rapport lapprovisionnement en flux tendu sur des circuits longs.http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/flux_1162-9630_1986_num_2_5_1085 et http://www.lemonde.fr/idees/article/2010/04/05/paris-perd-ses-eaux-par-andre-guillerme_1329118_3232.html 54 http://www.paris.fr/portail/pratique/Portal.lut?page_id=8697&document_type_id=4&document_id=55410&portlet_id=20649&mu ltileveldocument_sheet_id=1203053

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3. Le choix de lintervention sur les villes satellitesNota : nous qualifions de ville satellite une petite ville moyenne (10-50 000 habitants) en discontinuit urbaine, situe environ une heure dune grande ville. Fig. 17 Rpartition des villes en France, par taille55

Les petites communes sont les plus nombreuses, mais elles ne regroupent quune faible partie de la population. Les 27 301 communes de moins de 1 000 habitants, reprsentant 74,4 % des communes, ne comptabilisent pourtant que 15 % de la population, quasiment autant que les 41 communes de plus de 100 000 56 habitants. Les tablissements publics de coopration intercommunale (EPCI) peuvent galement constituer un territoire daction pertinent pour les initiatives BETA. En effet, ces structures sorganisent pour prendre 57 leur charge des groupements de comptences de leurs communes membres. Elles mutualisent des moyens, quipements et services pour permettre de dmultiplier limpact de leurs initiatives tout en permettant des conomies dchelles et un rayonnement sur un bassin de population plus important. En 2010, 94,8% des communes et 89,1% de la population appartiennent un EPCI.

Lecture graphique : Les 41 grandes villes franaises (> 100 000 habitants) correspondent une population proche de 10 millions dhabitants. 56 Direction gnrale des collectivits locales ; Les collectivits locales en chiffres, rapport 2010. 57 Structures permettant aux communes qui se regroupent de grer en commun des quipements, des services publics, dlaborer des projets de dveloppement conomique, durbanisme ou damnagement du territoire lchelle plus vaste que celle dune commune. Ils comprennent les syndicats intercommunaux, les communauts de communes, les communauts dagglomration, les communauts urbaines, les communauts dagglomration nouvelle et syndicats dagglomration nouvelle.

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Fig. 18 Rpartition gographique des villes moyennes en France

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INTERDEPENDANCE ENTRE VILLE SATELLITE ET METROPOLELessor des mgalopoles nourrit le dclin des villes satellites alentour et cre un cercle vicieux : Des emplois tertiaires concentrs autour de ples centraux et des grandes infrastructures de transport (exemple du ple St Denis Stade de France ; de La Dfense), induisant des dpenses massives pour assurer la desserte de ces ples demploi en heure de pointe, polarisant par dfaut lattractivit des territoires rsidentiels (ceux qui sont bien relis ces ples demploi, ceux qui ne le sont pas). Un systme foncier qui pousse ltalement urbain : une inflation foncire dans les centres et un report des populations modestes en priphrie, qui renouvelle la demande pour la conversion de terres agricoles. Cette mutation dusages des sols est facilite par labsence dun mcanisme de sanctuarisation pour prserver les zones agricoles. Les villes satellites fournissent ainsi la main duvre (cols blancs, cols bleus) qui travaille dans les hyper-centres ; des mouvements pendulaires qui sallongent et concentrent les trajets sur les grandes infrastructures (RER et dessertes ferroviaires, autoroutes urbaines) Un mode de financement des infrastructures de transport qui parie sur la valorisation foncire des terrains proximit des gares. Ce pari sur lattractivit future de ces zones draine de nouveaux habitants et de nouveaux usages, en supplment des bassins de vie pour lesquels 58 les infrastructures sont initialement dimensionnes. Le mcanisme prolonge ainsi la saturation des infrastructures : les investissements prvus horizon 2030 visent augmenter loffre de transport pour rpondre la demande de 2010 tandis que la demande continuera daugmenter ; ce faisant, ces investissements encouragent une prolongation de la tendance. Le rsultat : une course contre la montre, loin dtre gagne. La SNCF a ainsi estim un 59 quadruplement de la demande de mobilit de proximit dici 2030 , qui reprsente une 60 croissance bien suprieure la capacit dextension de loffre de transport. Le mcanisme nourrit un cercle vicieux : lexode des classes populaires des centres urbains nourrit une demande de mobilit de plus longue distance, sans nourrir le dveloppement local des zones de priphrie, ce qui prive par consquence les pri-urbains dune alternative la 61 galre induite par les longs trajets pendulaires vers les centres.

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Conclusion : les perspectives des mgalopoles sont intimement lies la vulnrabilit des villes satellites qui les entourent.

En outre, ces nouveaux ples viennent concurrencer les centres urbains existants, plus quils ne les renforcent, et remettent en question les dessertes, zones de chalandise, distances parcourues lors des trajets du quotidien (mtiers de bouche, petits commerces, services de petite enfance). 59 Les nouvelles frontires du TER. Ville et transports n 451, p. 26-31 02/07/2008 60 Nous nous prparons une course contre la montre. Nous avons mme fait une tude, TERX4, sur un scnario de quadruplement du trafic l'horizon 2030. Elle conclut que pour adapter ces outils, il faut s'atteler maintenant la tche, sous peine de rencontrer de srieuses difficults dans 15 ou 20 ans G. Ppy, 14 dcembre 2008, La Provence 61 Voir carte du hard discount

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LES VILLES SATELLITES : ENTRE VULNERABILITE ET DECLIN62Une grande vulnrabilit dans un contexte dfavorable Nous soulignons plusieurs facteurs de vulnrabilit pour les petites villes: - un schma de dveloppement construit autour de mono-industries, comme le textile Tarare, la bonneterie Troyes, la coutellerie Thiers. Le risque pour les petites villes est ici un risque sectoriel, non li la dynamique du march local. En cas de crise sectorielle, cest la ville dans son ensemble qui souffre du dclin de la mono-industrie, le tissu local noffrant quune gamme restreinte demplois en vue des reclassements. une comptition de lune contre lautre (exemples de dlocalisations de proximit ; de comptition pour des financements publics), qui se manifeste par exemple laune des 63 64 rformes territoriales des cartes militaires, judiciaires ou de sant ; LAPVF rappelle limportance des petits hpitaux comme composante indispensable de loffre de soins sur le territoire, et insiste sur les graves consquences des fermetures de services hospitaliers, un moment o la mdecine gnrale connat elle-mme des problmes de dmographie, ce qui ne peut quaccentuer les risques de dserts sanitaires sur certaines zones du territoire. des bases fiscales qui rtrcissent, sous leffet conjugu de la perte dhabitants et/ou de la pauprisation de ceux qui restent sur place (vieillissement de la population), do des marges de manuvre financires rduites. une difficult de sinsrer dans un schma globalis : une taille insuffisante pour tre raccordes au premier maillage du rseau dautoroutes, de plates-formes logistiques, daroports, de lignes grandes vitesses, couple parfois une sous-utilisation des infrastructures existantes (rseaux deau, de dchets, routes et transports publics). Le cot dentretien de ces infrastructures reste stable alors que les ressources fiscales sont en dclin.

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Ces facteurs ont un impact dautant plus marqu sur les petites villes quelles ont une rsilience faible : lchelle dune ville de 10-30 000 habitants, un hpital, une caserne, un tribunal dinstance figurent parmi les plus gros employeurs du territoire (cest le cas de lhpital de Fontainebleau, premier employeur de la ville). Ces quipements ont donc un caractre stratgique pour le tissu local. La probabilit de voir les sites reconvertis pour un usage de taille analogue est faible, et ce dautant plus que lattractivit de la ville qui perd un tel quipement aura baiss. Lhypothse dune reconversion hospitalire vers des activits de griatrie ou de rducation de personnes ges ayant fait une chute nest pas non plus porteuse dune dynamique vertueuse : la fermeture des maternits (Tarare) ou units de chirurgie entraine ainsi un report de mobilit vers des units loignes, que ce soit pour des consultations ou des visites aux malades. De surcrot, il conviendrait danalyser la corrlation entre la perte de fonctions hospitalires gnralistes et lacclration du vieillissement de la population (cette spcialisation entrainant une acclration de lexode des actifs, et polarisant encore plus le vieillissement de la population rsiduelle ). De mme lenjeu du raccordement aux infrastructures de premier maillage (autoroutes, lignes grandes vitesse) induit une concurrence locale entre diffrentes villes. Ainsi le projet du doublement de la LGV Paris-Lyon prsente-t-il un avenir plus ou moins radieux pour Nevers ou pour Montluon, suivant le trac qui aura t retenu (Est ou Ouest-Sud) respectivement, favorisant lune ou 65 lautre de ces deux villes . Nevers serait ainsi soit 55 soit 1h30 de Paris, tandis que Montluon serait soit 1h25 soit 2h15 de Paris. Le principe mme de parier le dveloppement sur le raccordement ces infrastructures de premier maillage est antinomique avec une solution homogne grande chelle. Le propre de ces infrastructures tant dtre des liaisons traversantes, plutt que des dessertes de proximit, il sagit de choisir quels territoires seront desservis, au dtriment de quels autres.Source : " Dclin urbain et Shrinking Cities : une valuation critique des approches de la dcroissance urbaine", Sylvie Fol in Annales gographiques, n674, 2010. 63 http://www.apvf.asso.fr/1-15-Detail-activite-de-l-APVF.php?num_actu=91 64 http://www.apvf.asso.fr/files/publications/2008-10-Livre-blanc-hopitaux-2008-publie-dans-la-Gazette.pdf 65 http://lgv-pocl.fr/wp-content/uploads/downloads/2010/12/POCL-scenarios-0812.pdf62

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Ce nest donc pas une politique rplicable lchelle de lensemble des villes dans une perspective post carbone. Tout au plus peut on imaginer un scnario o les villes petites et moyennes les mieux desservies seront amenes contribuer une rduction des missions de gaz effet de serre suprieure la rduction attendue des villes petites et moyennes les moins desservies. Rappelons ce titre que 20 millions de franais vivent dans des villes de moins de 30 000 habitants, ce qui souligne limportance dun scnario facteur 4 qui puisse tre appliqu au plus grand nombre de ces villes, et non une minorit dentre elles. Fig. 19 Analyse de limpact territorial de la LGV Paris-Orlans-Clermont-Lyon, RFF, 201066

Fig. 20 Scnario Est

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Fig. 21 Scnario Ouest-Sud

http://lgv-pocl.fr/ http://lgv-pocl.fr/quatre-scenarios-pour-le-debat-public/ scenarios-0812.pdf67

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http://lgv-pocl.fr/wp-content/uploads/downloads/2010/12/POCL-

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Faut-il ds lors tirer parti du dclin des villes satellites avec les shrinking cities ? Certains chercheurs et urbanistes ont propos de tirer parti du dclin pour permettre damliorer la qualit de vie des habitants. Ils prconisent dadapter les infrastructures et lempreinte btie une population rduite, en lanant un mouvement de dsurbanisation. Ce mouvement de creative shrinkage, de right sizing ou encore de smart decline, peut tre dfini comme planning for less fewer people, fewer buildings, fewer land uses (Hollander et al., 2003). Encadr 3 : petites villes en dclin Le processus de global shrinkage affecte en particulier les villes qui ne parviennent pas ou plus se connecter aux rseaux du capitalisme global contemporain (Audirac, 2007). Cest le cas, en 68 Europe , des petites villes, nombreuses connatre une stagnation ou un dclin dmographique (European Commission, 2007). Ces villes, peu dotes dans les domaines de la recherche, de lenseignement et de lemploi qualifi et parfois mal desservies par les infrastructures de transport, ne peuvent faire face la concurrence des grandes villes. En position priphrique par rapport aux mtropoles, elles ont du mal attirer les investisseurs (Lang, 2005). En outre, les effets des restructurations post-fordistes sont beaucoup plus dvastateurs dans les petites villes, quand la mono-industrie a engendr une dpendance forte du systme urbain lgard dun seul secteur conomique, voire dune grande entreprise. La capacit dadaptation de ces villes est dautant plus rduite quelles bnficient rarement des infrastructures dducation et de recherche leur permettant une reconversion rapide dans dautres secteurs dactivits et le march de lemploi y est trop rduit pour absorber la population active devenue sans emploi la suite de restructurations conomiques (Lang, 2005). Turok et Mykhnenko (2007) soulignent que les petites villes ont connu une contraction au cours de la dernire dcennie, alors que leur croissance avait t soutenue dans la priode prcdente. Ils en dduisent un processus actuel de concentration de la croissance urbaine. En France, parmi les 69 112 aires urbaines en dclin , seules 8 dentre elles sont des agglomrations de plus de 150 000 habitants. Le dclin dmographique, affectant prs du tiers des aires urbaines franaises, concerne donc surtout les petites villes (Julien, 2000 ; Bessy-Pietri, 2000). Situes dans la partie centrale du pays, loin des ctes et des frontires (qui connaissent linverse les plus fortes croissances dmographiques franaises dans la dernire priode), ces petites villes sont toutes isoles des principales infrastructures de transports et des rseaux urbains (CunninghamSabot et Fol, 2007). Laisses pour compte des processus de globalisation, ces petites villes sont situes trop loin des mtropoles pour devenir des acteurs du systme urbain. Les tendances gnrales la concentration et la comptition entre villes les condamnent au dclin en termes de population et dactivits (Pumain, 1999) et une position priphrique par rapport aux opportunits de dveloppement conomique (Cheshire et Hay, 1989).

Ce nest pas le cas aux tats-Unis, o les petites villes sont, au contraire, celles connaissant la plus forte croissance dans la dernire priode. De mme, en Europe, il faut distinguer le cas de la Grande-Bretagne, o les petites villes connaissent galement la croissance la plus forte de toutes les agglomrations urbaines (Office of the Deputy Prime Minister, 2006). 69 Rappelons que la France compte 361 aires urbaines dfinies par lINSEE. Laire urbaine est divise en trois lments : la ville centre qui correspond le plus souvent la ville au sens historique du terme, constitue dune commune, parfois de plusieurs ; la banlieue, territoire plus ou moins vaste sous linfluence directe de la ville (elle forme, avec la ville centre, une unit urbaine, au sens de la continuit du bti) ; la couronne priurbaine, priphrie plus lointaine, au-del du front dense de lurbanisation mais encore sous linfluence directe de la ville et de sa banlieue.

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En France, la thmatique du dclin reste pour lessentiel applique au monde rural (et dans une 70 moindre mesure, aux rgions industrielles) et lie des politiques spcifiques de revitalisation. En effet, pour les leaders politiques et amnageurs, des politiques de rtrcissement volontaire peuvent tre vcues comme lacceptation du dclin de leur territoire. Or le dclin est peru comme un chec public qui doit tre vit tout prix : Les collectivits confrontes au dclin dmographique peuvent promouvoir par exemple la qualit de leur cadre de vie pour attirer de nouvelles populations dans une logique densemble o les amnits rsidentielles semblent tre aujourdhui des dterminants notables du dveloppement rsidentiel et touristique (Talandier, 2007). Mais il semble que ces politiques fassent rarement lobjet de vritables stratgies publiques, elles tendent plutt se construire au cas par cas, en particulier dans les communes rurales, o elles vont rarement au-del de mesures 71 symboliques comme laccueil des nouveaux arrivants. Les rsultats contrasts de politiques dattractivit pratiques dans dautres pays amnent ainsi rflchir au bon calibrage et aux risques de relgation de certaines populations. A Glasgow, entre 1996 et 2004, le nombre demplois a augment de 20,5%, presque deux fois plus quen Ecosse (+11,3%). Pour autant lchelle micro-locale, dans le quartier de Govan, qui concentrait lindustrie navale glaswgienne, un dsquilibre social sest install ne laissant sur place que les populations les plus dfavorises avec un apport marginal de populations trs aises dans les tours luxueuses et marinas prs de la rivire Clyde ; dsquilibre territorial avec des zones industrielles et dactivits prolifrant et des zones dhabitation se rduisant comme une peau de chagrin, les nouveaux emplois cres ne rsolvant pas le problme du sous-emploi local. La rgnration conomique et la 72 rgnration sociale nont pas fonctionn de concert, mais au contraire lune contre lautre . Un autre enjeu de poids pour ces villes, quel que soit le type de stratgie propos (dveloppement, croissance ou maintenant dcroissance) repose sur la ncessit de pouvoir mobiliser de solides moyens financiers, alors mme que les leviers publics locaux sont mis mal dans de nombreuses collectivits europennes, France comprise. Comme le souligne Sylvie Fol, les panoplies de stratgies et doutils ne proposent souvent que des solutions pour tenter de faire revenir cette croissance disparue, et certaines solutions utilises (par exemple sduire le capital mobile) peuvent produire un dveloppement temporaire donc illusoire. Enfin, ce scnario de shrinking cities ne prend pas en compte la transformation dun territoire dans sa globalit et lude les dversements de population. Dans un contexte o la population franaise saccrot dans son ensemble, si un territoire se vide alors il induit un transfert de population vers dautres territoires, avec les risques inhrents de crer ailleurs de lengorgement ou de nouvelles formes de cloisonnement social. Le dclin des unes ne peut ignorer la congestion des autres, et vice versa. Ce phnomne de vases communicants peut en revanche oprer de manire vertueuse sil consiste renforcer des territoires ayant perdu de la population tout en allgeant dautres territoires actuellement engorgs.

Sylvie Fol Villes et rgions europennes en dcroissance : maintenir la cohsion territoriale (dir. Baron M, Cunningham-Sabot E., Grasland C., Rivire D., Van Hamme G., Collectif, Herms-Sciences, Paris, 2010. Paulet J.P., La France villes et systmes urbains, Armand Collin, 2010. 72 Ibid.71

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Fig. 22 Centres et priphries en croissance (dbut 2000)

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Fig. 23 Centres et priphries en dcroissance (dbut 2000)

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LE BETA PROGRAMME En appliquant le prisme danalyse post carbone aux villes satellites, il apparat quun scnario business as usual (dpendance par rapport la ville centre, rsidentialisation et vieillissement des villes satellites), ou quun scnario shrinking ne sont ni tenables, ni rplicables. Le BETA Programme se dmarque de ces deux impasses en proposant un programme concert dactions dans les secteurs Btiments, Emplois, Transports, Alimentation (B, E, T, A) qui vise renforcer les capacits dadaptation des petites villes face au changement climatique, et donc renforcer leur attractivit et leur dynamisme. Le BETA Programme consiste relocaliser des filires demplois, en vue doptimiser lexploitation durable des ressources locales. La relocalisation dactivits contribue r-quilibrer la relation entre villes satellites et leurs mtropoles. Le BETA Programme met en uvre une animation polyvalente, inclusive, qui sadresse lensemble des parties prenantes du territoire de manire rpartir leffort de rduction des missions de gaz effet de serre sur le plus grand nombre. En retour, cette approche systmique permet de dgager des synergies entre les diffrentes actions prvues dans le programme. Il y a de fait une course de vitesse entre l'mergence des technologies hybrides et les changements d'organisation et de politiques urbaines en faveur de la ville compacte, mais aussi sans doute bas sur la ractivation de petites villes de campagnes et de bourgs, donc sur le dpassement du modle de priurbanisation dpendantes des grandes agglomrations bas sur la rinvention dun modle de 73 socit rurale urbanise .

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Sminaire La ville post carbone : mythe ou ralit , (20 mars 2008) http://www.reperes-oipr.com/html/doc/2008/mars.doc

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LE BETA PROGRAMME

1. Les principes du BETA Programme SADRESSER A TOUSLa transition post carbone ne peut russir quavec le concours de tous : il ne sera pas possible datteindre le facteur 4 sur la base dune participation de 20% de la population. Il sagit donc de crer un projet collectif, co-cr et promu par tous, en dehors du jeu politique. Sur le plan de la communication, la stratgie doit tre simple ; le dispositif pdagogique doit tre dclin pour plusieurs publics

IMPLIQUER LES UTILISATEURSLe BETA Programme reprend limage des services et produits qui sont en test permanent