bibliothquedel166ecol

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    littp://www.archive.org/details/bibliothquedel166ecol

  • ETUDES

    SUR

    L'ADMINISTRATI(3N DE ROMEAU MOYEN AGE

    (:31-12o2)

  • MAON, PROTAT FRERES, IMPRIMEURS.

  • ETUDESSUR

    L'ADMINISTRATION DE ROMEAU MOYEN AGE

    751-1252)

    PAR

    Louis HALPHEN

    PAllISLIBRAIRIE HONORE CHAMPION, EDITETH

    O,

    QUAI >1 A L A Q U A l S

    1907Tous droits r(-servs

    Cet ouvrage forme le fascicule 166' de la BibUothque de l'cole des Hautes ludes.

  • BIBLIOTHEQUEDE L'COLE

    DBS HAUTES TUDESPIBLIE SOUS LES AUSPICES

    DU MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE

    SCIENCES HISTORIQUES ET PHILOLOGIQUES

    CENT SOIXANTE-SIXIEME FASCICULE

    TUDES SUR l'administration DE ROME AU MOYEN AGE

    PAR

    Louis HALPHEN

    H .. /'

  • Sur l'avis de M. Gabriel Monod, directeur des confrences d'his-

    toire, et de MM. F. Lot et R. Poupardin, commissaires res-ponsables, le prsent mmoire a valu M. Louis Halphen letitre d'lve diplm de la Section dliistoire et de philologie

    de rcole pratique des Hautes Etudes.

    Paris, le 4 novembre 1906.

    Les Commissaires responsables,

    Sign : F. Lot.Pi. Polpardin.

    Le directeur de la confrence,

    Siarn : G. Monod.

    Le Prsident de la Section,

    Sign : G. Monod.

  • IXRODLCTIOX

    Les historiens qui ont eu s'occuj3er soit de l'histoire dela papaut, soit de l'hisloire de l'empire au moyen ge, ontfrquemment regrett l'absence d'une tude sur l'oro-anisa-tion administrative de Rome. Sauf l'ouvraufe vieilli deHegel ', qui s'arrte d'ailleurs au xii'' sicle, il n'existe surce sujet aucun travail d'ensemble : le livre de M. Rodo-canachi sur Les institulions communales de Rome ""-^ estsans valeur pour l'poque antrieure au xiv" sicle, etGregorovius n'a pu donner sur l'administration, dans saGeschichte der Stadl Rom im Mittelalter ''\ que quelquesrenseignements, trs prcis, comme l'ordinaire, maisforcment fragmentaires et incomplets.

    L'tat des documents y est sans doute pour quelquechose : assez abondants partir du xiii*' sicle, ils sont,pour les poques antrieures, rares, peu circonstancis etmme, sur plusieurs points, tout fait muets. C'est ce quiexpliquera la forme de cet ouvrage et le titre mme quenous avons adopt : laissant volontairement de ct toutesles questions sur lesquelles les textes n'auraientpu suffisam-

    ment nous clairer^, nous avons d renoncer tracer un

    1. Hegel, Geschichle der Stclleverfassung von Italien seil fier Zeit derrmischen Herrschaft hh znm AusgaKj des ziclfien Jnhrhunderl, Leip-zig, 1847, 2 vol. in-8.

    2. Rodocanachi, Les institutions communales de Borne sous la papaut,Paris, 1901, in-8.

    3. Nous citons cet ouvrage d'aprs la ij*" dition pour les quatre premiersvolumes Stuttgart-Berlin, 1903-1906) et d'aprs la 4 dition pour les(juatre derniers volumes (Stuttgart, 1892-1896). La pagination est d'ail-leurs la mme dans les deux ditions.

    4. Par exemple, celle de l'organisation financire avant la commune, pourla([uelle on en est rduit un ou deux textes (voir Malatesta, Stafuti dlief/nhelle di Roma, p. 17-19, et Tomasselti, dans VArchivio dlia IL Socielrom. di sforia patria, t. XX, 1897, p. 316). Nous avons laiss aussi de ct

  • X INTRODUCTION

    tableau systmatique et suivi des instil niions administra-tives de Rome.Nous avons pris pour date initiale de nos recherches

    l'anne 751, au cours de laquelle, suivant l'opinion com-

    mune*, s'acheva la dissolution de l'exarchat de Ravenne.Il

    tait, en effet, inutile de remonter plus haut, l'poque ant-

    rieure ayant t tudie d'une manire approfondie parMM. Diehl ^ et Hartmann \ Nous ne pouvions, d'autrepart, reporter notre point de dpart une date plus tardive,sous peine de laisser inexpliques la plupart des institu-tions que nous trouvons en vigueur, au moins jusqu'auxiii^ sicle.

    En l'absence de toute tude srieuse sur l'histoire de lacommune romaine, le choix de la date laquelle il convenaitde s'arrter tait plus dlicat. Il et t arbitraire de con-

    tinuer ces recherches jusqu' la rdaction des plus anciensstatuts qui nous aient t conservs (1363)^; car rien nenous permet d'affirmer que ces statuts aient innov d'unemanire sensible. Il semble, au contraire, que le choixfait par les Romains, en 1252, d'un snateur tranger^,nomm pour trois ans et muni de pouvoirs discrtion-naires, ait t l'origine de modifications importantes

    la question des notaires ou tabellions romains, dont on ne pourra pas parleravec quelque assurance tant qu'on n"aura pas tudi de prs l'organisa-tion des bureaux de scribes la chancellerie pontificale (voir Hartmann,Ecclesiae S. Mariae in Via Lala tahularium, t. I, p. xiii-xxi, et t. 11,p. xi-xii, et Kehr, dans les Gllingische gelehrte Anzeigen, t. 158, 1890,p. 18-2.3, discussion de la thorie de M. Hartmann).

    1. Cf. Charles Diehl, Eludes sur Vndmiiiistralion byzantine dans l'exar-chat de Ravenne {368-751 ), Paris, 1888, in-8" Bibliothque des colesdAlhnes et de Rome, fasc. 53), p. 41.

    2. Ouvrage cit la note prcdente.3. Ludo-Moritz Hartmann, Unlersuchungen zur Geschichle der hyzantin-

    ischen Verwallung in Italien {oiO-7oO), Leipzig, 1889, in-8.4. Ces statuts ont t dits par M. Re, sous le titre de Statuti dlia citt

    di rtonia, Roma, 1880, in-4 (public, de TAccademia di conferenze storico-giuridiche).

    ."). Brancaleone degli Andal. Le dernier travail consacr ce snateurest celui de M. Roveve, Brancaleone degli Andal, senatore di Roma, Udine,1893, in-8 (96 p.). Il n'a que peu de valeur.

  • IMRODUCTION XI

    dans le rgime intrieur de la cit. C'est cette considra-tion qui nous a amen ne pas pousser plus loin notretude.

    Mme dans les limites restreintes que nous nous sommesassignes, nous ne nous flattons pas d'tre parvenu appor-ter tous les claircissements possibles. Pour tre complet,il et fallu dpouiller, non seulement tous les chroniqueursde l'poque ^ mais toutes les archives de Rome et desenvirons ' : ceux-l seuls qui ont travaill dans un pays ola centralisation des documents n'est pas ralise et o leselYorts de Frudit se heurtent trop souvent l'insoucianceou la mauvaise volont des archivistes pourront com-prendre quel point un pareil idal tait irralisable ^

    C'est ainsi qu'aprs avoir t admirablement accueillipar l'archiviste de San Paolo fuori le Mura, nous noussommes vu brusquement refuser le droit de consulter leschartes romaines du monastre ^, sous prtexte qu'un autre

    1. Nous ne pouvons indiquer ici mme les principaux ; mais on sait qu'endehors du Liher ponlificalis {d. Duchesne), il existe un ouvrage fort com-mode de Wattericli, Poiitificnm romanorum qui fuerunt inde ab exeuniesaeculo IX iisqiie ad finein saeculi XIII vitse (Leipzig-, 1862, 2 vol. in-8), osont relevs les principaux passages des chroniqueurs intressant l'histoiredes papes de 872 1 198. A la condition de se reporter aux ditions rcentesdes auteurs cits, cet ouvrage peut servir de point de dpart.

    2. Sur les archives de Rome et des environs, voir les articles consa-crs par M. Kehr aux Papsturkunden in Rom, dans les Nachrichlen von derk. Gesellschaft der Wissenschaften zu Gttingen ; philologisch-hislorischeKlasse, 1900, p. 111 et suiv., p. 3G0etsuiv. ; 1901, p. 2.39 et suiv. ; 1903,p. soi) et suiv., et aux Papsturkunden im ehemaligen Patrimonium undin sUdlichen Toscana, dans le mme recueil, 1900, p. 196 et suiv. Lesindications contenues danses articles se trouvent en grande partie con-denss dans le rcent volume du irrme auteur: Rejesla pontifcum roma-norum; Italia pontificia ; I : Borna (Berlin, 1906, gr. in-8). Voir aussi unarticle rapide de M. Bazzoni, Gli archivi di Roma, dans VArchivio sloricoitaliano, 3 srie, t. XVI, 1872, p. 461-470.

    3. Lors des dmarches que nous avons faites pour pntrer dans lesarchives de Rome, M. Pietro P'edele nous a prt plusieurs reprises unamical et trs utile concours, dont nous ne saurions trop le remei-cier.

    4. Une faible partie de ces chartes a t pul)lie par Galletti, dans sonouvrage: Capena, miinicipin de' Romani, Roma, 1761, in-i".

  • XII INTRODLCTlftN

    ruclit en tudiait les chartes ravennates; c'est ainsi encore

    que l'accs des archives Orsini, jalousement dfendu parun historien peu libral, nous a t interdit raison de

    prtendues formalits qui se prolongent depuis plusieursannes. Les conservateurs de l'Archivio di Stato de Rome,

    quoique plus complaisants, ne nous ont laiss consulter ni

    le fonds de Santa Gecilia, ni celui de San Crisogono,

    allguant que d'autres personnes avaient commenc enprparer la publication.

    Les seuls dpts d'archives o nous ayons pu pntrersont ceux du Vatican (fonds du Chteau Saint-Ange), desglises San Pietro, Santa Francesca Romana (ancienneSanta Maria Xuovai, Santa Maria in Trastevere, celui deschanoines rguliers de Latran ', o se conservent leschartes des glises San Pietro in Vincoli, Saut* Agnese fuori

    le Mura, San Lorenzo fuori le Mura, Saut' Andra deAquariciariis (aujourd'hui Santa Maria dlia Pace), l'Ar-chivio Colonna (au palais Golonna, Rome), l'Archivio diStato de Rome, o nous avons dpouill les fonds des SantiGosma e Damiano in Mica Aurea (San Gosimato), de SanPaolo, des Santi Silvestro e Martino, des Santi Apostoli et

    de l'hpital San Spirito ; nous avons pu enfin consulter tout

    loisir la Bibliothque du Vatican, grce l'extrmeoblioeance du P. Ehrle, les riches archives de Santa Mariain Via Lata et celles de Sant" Angelo in Pescheria.Pour d'autres archives, aujourd'hui disparues ou gares,

    nous avons eu recours aux transcriptions que Galletti en

    fit excuter au xviii^ sicle et qui sont conserves laBibliothque du ^ atican, notamment celles des manuscritsVat. lat. 7930, 7931, 8054 (fonds de Santa Maria in GampoMarzo et de San Lorenzo in Panisperna) et 802.3 (fonds deSanta Gecilia in Trastevere) "~.

    1. Ces archives se trouvaient, quand nous les avons tudies, Rome, auMacao, 12 via San Martino. Elles ont t depuis lors transportes SanPietro in Vincoli, o elles se trouvaient dj autrefois.

    2. Grce l'obligeance de MM. Federici et Tonetti, qui ont bien voulunous communiquer les copies qu'ils en ont faites, nous avons pu nous assu-

  • IISTRODL'CTIOX XUl

    Pour beaucoup d'autres fouds, notre travail s'est trouvnotablement facilit et abrg par les excellentes publicationsentreprises surtout sous la direction de la k Societ roma-na di storia patria : dans VArchivio de cette socit ontparu successivement par les soins de MM. Galisse, Fedele,Federici, Ferri, Monaci, Schiaparelli et Stevenson, pourRome mme, les chartes des Santi Cosma e Damiano in MicaAurea (jusqu' la fin du xi*^ sicle) ', de San Silvestro deCapile (jusqu' la fui du xiii^ sicle) -, de Santa MariaNuova (jusqu' la fin du xn*^ sicle) "^^ de San Pietro (jusqu'la fm du xii*^ sicle) \ de Santa Prassede (jusqu'au milieudu xiv*^ sicle) ^, de Santa Maria Maggiore (jusqu' la findu xiii^ sicle) '', de Sant' Alessio (jusqu' la fin du xiv^sicle) ', et, pour les environs, les chartes de Velletri (jus-qu'au milieu du xii^ sicle) ^ et de San Salvatore sul MonteAmiata (jusqu' la fin du xii*' sicle) -K La mme socit apubli part les cartulaires de Subiaco et de Farfa, par les

    soins, le premier, de MM. AUodi et Levi'^\ et, le second, deMM. Giorgi et Balzani".

    rer '[ue les archives d'Asprai [)i'ov. de Prouse; et de Veroli (piov. de Rome)ne renferment aucun document susceptible de nous intresser. D'autrepart, M. Ph.Lauer, cjui a dpouill pour son compte les archives de Saint-Jean de Latran, a pu nous assurer qu'elles ne contenaient aucune cliarte

    dont nous pussions tirer parti.1. Archivio dlia R. Sociel romana disloria patria, t. XXI, 1898, p. 4o9-

    534; t. XXII, 1899, p. 2:i-107et 383-447 (Fedele).2. Ihid., t. XXII, 1890, p. 213-300 et 489-:j38; t. XXIII, 1900, p. 07-128

    et 411-445 (Federici).3. Ihid., t. XXIII, 1900, p. 171-237; t. XXIV, 1901, p. i:i9-19(l; t. XXV,

    1902, p. 169-209 ; t. XXVI, 1903, p. 21-141 (Fedele).4. IJnd., t. XXIV, 1901, p. 393-496 ; t. XXV, 1902, p. 273-354 (Schiaparelli).

    5. lbid.,t.XXyil, 1904, p. 27-78; t. XXVIII, 1905, p. 41-114 (Fedele).

    6 Ihid., t. XXVII, 190i, p. 147-202; t. XXVIII, 1905, p. 23-39 (Ferri).

    7. Ihid.,L XXVII, 190t, 1. 351-398; t. XXVIII, 1905, p. 151-200 et 359-

    449 iMonacij.V,. Ihid., l.XII, I88'.l, p. l^l-IKJ (Stevenson).9. Ihid., t. XVI, 1893, p. 289-345; t. XVII, 189V, p. (15-129 Calisse).

    10.// rege^lo sahlaceii.'

  • XIV INTRODUCTION

    D'autres publications sont dues l'initiative prive de

    quelques rudits. Ds le xviii^ sicle, Mittarelli a reproduitdans ses Annii/es CnmnUIulenses ' la plupart des documentscontenus dans le cartulaire, aujourd'hui perdu, de SanGregorio in Clivo Seau ri. Plus rcemment, M. Bruzza adit le cartulaire de l'glise de Tivoli (fin du xii^ sicle) ' ;M. De Gupis a donn dans son Regesto degli Orsini ''' letexte de quelques-unes des chartes les plus importantes

    de l'Archivio Orsini; un savant autrichien enfin, M. Hart-

    mann, a commenc la publication des archives de SantaMaria in Via Lata ''. Si Tony ajoute les chartes dites parGalletti ', Moretti ", Vitale ^,lesdeux Codici diplomatici

    d'Orvieto et d'Arezzo, dus MM. Fumi ^etPasqui ^, et sur-tout le Liber censuum de l'glise romiiine^^- et les recueils

    1. Mittarelli, Annales Caniahlulenses o?'ilinis sancli Benedicti, Venezia,1753-1773, 9 vol. in-fol. Les chartes les plus anciennes de S. Gregorio ontt republies par Marini, / papiri diplomatici, Roma, 1803, in-fol.

    2. Regesto dlia chiesa di Tivoli, publ. par Bruzza, Roma, 1880, in-4o (sup-plment aux Docurnenti di sforia e diritlo).

    3. Regesto degli Orsini e dei conti Angaillara, publ. par De Cupis, dansle Bollettino dlia Socief di storia patria Anton Liidovico Antinori negliAhruzzi, t. XIV, 1902, p. 127-132 (prface) et p. 233-288; t. XV, 1903, p. 169-196; t. XVI, 1904, p. 77-92, 173-194 et 247-384. A suivre.

    4. Ecclesiae S. Mariae in Via Lata tabulariiim, d. L.-M. Hartmann,Vienne, 1893-1901, 2 vol. in-4, avec pi. (ann. 921-lllG).

    3. GaUelii, Del primicero delta santa sede apostolica e di altri uffizialimaggiori del sacro palagio Lateranense,Y{oma, 1776, in-4".

    6. Moretti, Ritus dandi preshyteriuni papae, cardinalihus et clcrivis iiun-nullarinn ecclesiarum Urhis, Roma, 1741, in-4 (chartes de Santa Maria inTrastevere).

    7. \[la\e, Storia diploinalicade^ senalori di Roma dalla decadenza dell'im-pero romanofino a nostri ieT7ipi, Homa, 1791, 2 vol, in-4.

    8. Codice diplomalico dlia cilla d'Orvieto, publ. par Fumi. Fironze,1884, in-4 [Documenfi di storia italiana... per le provincie di Toscana, delVUnihria e dlie Marche, t. VIIli.

    9. Docurnenti per In sforia dlia citlli di Arezzo ; vol. I, Codice diplomalico.publ. par Pasqui, Firenze, 1899, in-4" (mme collection, t. XI). Toutrcemment, M. Egidi a publi dans le Bulleltino delV Islituto storico ita-linno, n 27 (1906), p. 7-382, les chartes de Varcliivio dlia cattedrale diV7/er/)o jusquen l'an 1300.

    10. Le Liber censuum de l'glise romaine, publ. par Paul Fabre [et MgrDuchesne], Paris, 1899 et suiv., in-4, en cours de puh\icalion{Bihlioth. desEcoles franc. d'Athnes et de Rome). Il faut y joindre une srie de docu-ments publis parlTnstitut historique autrichien de Rome d'aprs les ori-

  • INTRODUCTION XV

    de lettres pontificales, on aura la list peu prs eomplledes sources auxquelles nous avons puis pour composerce travail.

    Quelques ouvrages spciaux nous ont t, en outre, duplus grand secours. En ce qui touche les sept juges dupalais pontifical, le livre classique de Gallelti * nous a surbien des points fray la voie, et quelques pages de M. Bress-lau 2 nous ont plus servi, cet gard, que les tudeslongues et souvent confuses de M. Keller ^. Pour la ques-tion des divisions administratives de Rome, nous avons tguid par le mmoire de M. Re ^ et surtout par ceux deMgr Duchesne \ Quelques observations faites depuis parM. Egidi ^ n'ont pas apport sur ce sujet de nouvelleslumires. Nous avons eu encore moins tirer des deuxmdiocres brochures publies rcemment par M. Paravicinisur la prfecture de Rome " et sur le snat romain avant lacommune ^.

    ginaux des Archives du Vatican, fonds du Chteau Saint-Ange, sous letitre de Docuntcnii per la storia ecclesiastica e civile dlRoina, dans les Sludie documeniidi storia e diritto, t. VII, 1886, p. 101-122, 195-212 et 317-336.

    1. Indiqu ci-dessus, p. xn, n. o.2. Bressiau, Handhiich der Urkundenlehre fiir DeutAchland utid Italien^

    t. I, Leipzig, 1889, in-8, p. 165-182.3. Sigmund Keller, Untersuchunc/en herdie Indices sacri palatii Lateran-

    ensis, dans le Deutsche ZeilscJirift fur Kirchenrecht, 3"= srie, t. IX, 1899,p. 4-44, et t. X, 1900, p. 161-203; du mme. Die siehen rmischen Pfalzrich-ler iin h>/zantinischen Zeilalter, Stuttgart, 1904, in-S" [KirchenrechllicheAhhandiuiifjeii, 1889, publ. par U. Stutz, t. XII).

    4. Camillo Re, Le regioni di Roma nel medio evo, dans les Sludi e docu-meniidi storiae diritto, t. X, 1889, p. 349-381.

    5. L. Duchesne, Les circonscriptions de Rome pendant le moyen ye, dansla Revue des questions historif/ues, t. XXIV, 1878, p. 217-225; du mmeLes n'-gions de Rome au moyen ge, dans \e^ Mlanges d'archologie et d'his-toire de l'cole franc, de Rome, t. X, 1890, p. 126-149.

    6. Egidi, Intorno alVesercito del coniune di Roma nella prima meta delsecolo XIV, Viterbo, 1897, in-8, p. 7-31.

    7. Paravicini, Saggio storico sulla prefeltura urbana dal secolo X al XIV.Roma, 1900,in-8(47 p.). Cf., sur la prfecturede Rome, lelivrcdeCalisse,Iprefettidi Vico, Roma, 1888, in-8 (extrait de VArchivio dlia R. Societrom. di storia patria, t. X), utile surtout partir du milieu du xn" sicle.

    8. Pv;\v\c\m, Il senato ivjmano dal VI al XII secolo, Roma, 1901, in-8

    i86p.;.

  • XVI INTRODUCTION

    Sur celle-ci et sur ses origines, les travaux de dtail ne

    manquent pas ; mais trs peu sont utiles. La Storia diplo-nuilica de' senntori di Ronui de Mlale est encore le seullivre jusqu' prsent o 1 on puisse trouver une liste desnateurs qui mrite d'tre consulte, bien que la critique

    y fasse trop souvent dfaut. On trouvera aussi sur quelquespoints de bons renseignements dans l'article consacrpar M. Tomassetti La pace di lioma [anno 118S) ~ oudans YInnocent III de M. Luchaire -^ Quant l'tude deM. Villari, // comune di Ronia nel medio evo ^ ce n'estqu'un brillant essai, auquel de petits travaux, comme celui

    de M. Paolucci sur L'ori(/ine dei comuni di Milano e diRoma ^ n'ont peu prs rien ajout '\

    1. Indique ci-dessus, p. xii, n. 7.2. Tomassetti, La pace di Boma(anno 1188), dans la Ririsia inlernazio-

    naledi scienze sociali e discipline ansiliarie, 1896.3. A. Luchaire, Innocent III; Rome et l'Italie, Vavls. 19U4, in-12, chap. ii,

    p. 33-7.5 sans notes. Ce chapitre a t imprim avec notes et rfrencesdans la Revue historique, t. LXXX, 1003, p. 22.5-237, sous le titre : Inno-cent III et le peuple romain.

    4. Publi dans la Xuova Antulofjia, 3'' 'srie, t. \'IU, 1887, p. 203 et 4)12,et t. IX, 1887, p. 19, et reproduit parranleur dans ses Saygi storici e cri-lici, Boiogrna, 1890, in-12, p. 99-203.

    't. Palermo-Torino, 1892, in-12. Il n'y a rien nonplus prendre danslestravaux consacrs Arnaud de Brescia. Un des derniers en date el, en toutcas, un des plus clairs est Tarticle de M.laljb Vaeandard, Arnauld de Bre-scia, dans la Revuedes questions historiques, t. XXXV, 1884, p. o2-li4.

    0. Le prsent travail a t compos Rome pendant le sjour que nousy avons fait l'cole franaise d'archologie et d'histoire (novembre1904-juillet 1906). Nous prions Mgr Duchesne, directeur de cette cole,qui nous a prodigu ses bienveillants conseils, d'agrer ici l'expressionde noire respectueuse reconnaissance.

  • PREMIERE PARTIE

    L ORGANISATION ADMINISTRATIVE

    AYANT LA RVOLUTION COMMUNALE

    CHAPITRE P'-

    LE PAPE ET l'administration DE ROME

    Quand disparut le dernier reprsentant de l'empereur d'Orient Rome, le duc de Rome, il y avait dj longtemps que le papese trouvait de fait le matre de cette ville. Le duc lui-mme,d'ailleurs, dans les derniers temps, avait fini par n'tre plusgure qu'un auxiliaire docile du pontife, et l'on avait autour delui ce point oubli Byzance et l'exarque, dont il tenait cepen-dant officiellement son pouvoir, que le biographe de Zachariepouvait crire sous le coup des vnements mmes : Zachariequitta Rome, en laissant le gouvernement au duc et patriceEtienne K

    Les donations des rois carolingiens, tout en crant un nouveltat de droit, pour Rome du moins, ne changrent donc rien l'tat de fait : le pape en tait et en restait le seul chef vri-table.

    Mais, ct de l'autorit pontificale, une autorit nouvelle ne

    tarda pas s'insinuer dans la ville. Ds le temps d'Hadrien I*"",le roi franc semble avoir voulu tirer des prrogatives relles du

    1. Relicta Romana urbe jamdicto Stephano patricio et duci ad guber-nanduna (Liber pontificalis, d. Duchesne, t. I, p. 429).

    L. Halphen. L'administration de Rome an moyen ge. 1

  • CUAPll r

    titre hoiiorilique de pntricius Homanorum que le pape lui avait

    confr'. On sait comment l'avuenient de Lon III (795) permit ses dsirs do prendre corps : en faisant remettre Gharlemagne

    l'tendard de Rome, Lon semblait reconnatre la valeur effec-tive du patriciat. Gharlemagne, d'ailleurs, rpondit par Tenvoi

    d'un niissus, charg de recevoir les serments de fidlit des

    Romains-. La situation malheureuse de Lon III fortifia dansRome celle du roi '\ Alcuin, s'adressant lui, semble parler de

    ses droits tant la dignit impriale qu' l'administration tem-

    porelle de la cit ''. En 800 enfin, Charlemagne y parut en vri-

    table souverain ; son couronnement comme empereur sembla

    ratifier cette situations Dsormais deux puissances se trouvaient

    en prsence dans Rome : le pape et l'empereur.Jamais cependant ce dernier ne songea se substituer

    au pape comme chef de l'administration romaine. Il lui laissa le

    choix des fonctionnaires et se rserva seulement un droit de

    contrle et un droit d'appel, qu'il fit exercer par des missi envoys

    Rome comme dans le reste de l'empire.L'institution complmentaire d'un missiis imprial permanent,

    dcide par Lothaire, fils de Louis le Pieux, en 824, ne changea

    rien cet tat de choses : car .l'acte mme qui dict cettemesure traite les fonctionnaires romains de fonctionnaires

  • LE PAPE ET L ADMIMSK ATION DK UOMK 3

    SUS pontifical est adjoint au missus imprial, et c'est au papeque tous deux doivent avant tout en rfrer '.

    L'institution du missus permanent devait tre phmre;

    mais, avec des vicissitudes qu'expliquent les vicissitudes mmesdu pouvoir imprial, la situation gnrale que nous avons vus'tablir au temps de Charlemagne se maintint travers tout leix" sicle : le pape gouvernant la ville, l'empereur y envoyantdes missi charges de surveiller les fonctionnaires pontificaux.C'est en leur prsence que trois conspirateurs sont jug-s en8o3 - ; la mme anne, le pape oll're lui-mme de se justifier devantdes niissi enquteurs ^

    ;Lambert de Spolte revendique expres-

    sment le droit de se faire reprsenter par des missi lors de l'or-dination du pontife ^ ; Louis II et mme Charles le Gros, quoiqu'on ait prtendu, ont Rome un m/ssj/s permanent, qu'un mis-sus pontifical assiste '.

    Au x*^ sicle, les choses se prsentent moins nettement. En962, Otton I"' semble bien avoir au moins voulu restaurer l'ins-titution du missus permanent, dont il n'avait plus t questiondepuis de longues annes ' ; mais ce ne fut sans doute qu'une

    1. Ihid., p. 323, art, 4 : u Volumus ut missi constituantur de parte domnii< apostolici et nostra, etc. Qui missi decernimus ut primum cunctos cla-(I mores qui per neglegentiam ducum aut judicum fuerint invenii ad notitiamu domni apostolici dfrant, et ipse unum e duobus eligat, etc. Sur lemissus permanent, voir Krause, Geschichle des Inslilutes de?- ?nissi dnniinici,dans les Millheiluncjen des Inslituts fiir sterreichische Geschichtsforschung,t. XI, 1890, p. 238-241. L'tablissement Au inissus permanent n'empchapas l'empereur de continuer envoyer Rome des missi itinrants, ainsiqu'il est stipul dans la Constitutio roinana art. 4 {Mon. Germ., loc. cil.,p. 323). Cf. Krause, loc. cil. On a d'ailleurs, en 829, l'exemple de deux de cesmissi, (jui, venus Rome sur l'ordre de l'empereur, l'endent un jugementen faveur du monastre de Farfa [Regesto di f^arfa, d. Giorgi et Halzani,n 270:.

    2. JalT-Wattenbachj Regesla ponlificuin i-oinanoruin, n 2G38.3. Ibid., n 2646.4. Cf. Laptre, L'Europe el le Saiiil-Sige Vpoque carolingienne; />=

    partie : Le pape Jean VIII, Paris, 1895, in-8, p. 192.5. Pour Louis II, voir Kleinclausz, Uempire carolingien, ses origines el

    ses Iransformations, p. 406; pour Charles le Gros, voir ihid., p. 522, etDuchesne, Les premiers temj)s de Vlai pontifical, ^'' d., p. 264.

    6. Dans son privilge pour l'glise romaine, dont il faut, semble-t-il,admettre l'authenticit, au moins dans l'ensemble, Otton rpte le passagede la constitution de 824 relative aux missi permanents {Mon. Germ.,Diplomal., t. I, p. 326, 1, 37), En 1020, Henri II rpte bien, son tour, lamme formule (Ihid., t. II, p. 547); mais certainement, celte po([ue,elle n'avait plus de valeur pratique.

  • 4 CHAPITRE l^""

    tentative isole et sans succs. Il y a mme tout lieu de penserque l'envoi de missi occasionnels tomba, elle aussi, en 'su-tude : tout au plus voyons-nous un missus prendre part l'lec-

    tion de Benot ^'I1 * ; mais de missi, inspecteurs des fonctionnairesromains, aucun texte ne parlera dsormais.

    11 est vrai que la frquence des sjours faits Rome par lesOtton compensa largement cette disparition et que l'influence desempereurs put ainsi se manifester directement dans les alairesromaines. A plusieurs reprises, on les verra intervenir dans lesprocs 2. Mais, pas plus alors qu'auparavant, le recrutement etla direction du personnel administratif n'chappa aux mains dupape -^ ; et, le missus permanent ayant cess d'exister, la libert

    d'action du pontife ne subit plus Rome, du fait de lempereur,aucune restriction.

    Et cependant, dira-t-on, n'y avait-il pas dans la ville un fonc-tionnaire, le prfet, qui, relevant la fois du pape et de l'empe-reur, y rendait toujours prsente l'autorit impriale ? C'est, eneiet, la thorie que nous verrons soutenir au milieu du xii'' siclepar le polmiste allemand Gerhoh de Reichersberg ^ ; mais nous

    1. Voir Uhlirz, Jahrhcher des cleufschen Reiches unter Otto II und Otto77/, t. I, Leipzig-. 1902, in-8, p. '.')!. "Cf. Duchesne, Les premiers temps del'tat pontifical, 'i*" d., p. 337.

    2. Mon. Germ., Diplomat., l. II, p. 699, n 278, et Regesto di Farfa, d.Giorgi et Balzaiii, n 420 ,ann. 998) ; Regesto di Farfa, n 492 nn. 1014)et 1097 (ann. 1084,.

    3. C'est par suite d'une lrang-e illusion qu'on a voulu reprsenter OttonIII transformant en fonctionnaires impriaux les fonctionnaires du palaispontifical. Voir notre article sur La cour d'Otlon III, dans les Mlangesd archologie et d'histoire de l'Ecole franaise de Rome, t. XXV, 1905,p. 349-363.

    4. Gerhoh de Reichersberg, De investigatione Christi, dans les Mon.Germ., Lihelli de lite, t. III, p. 344 : Ibi etenim prefectus Urbis accepta(( a romano pontifice super causas civiles judicandi poteslate simul cum(' beneficio vel stipendie eidem potostati pertinente, vindictarum, que sanguinis dumtaxat efTusionem poscunt, faciendarum potestatemab impe-(( ratore per g-ladium evaginatum accipit, quod suum est utrique potestati recognoscens ; du mme, Commentarius in psalm. LXIV, ihid., p. 440 :(< itemque ad Romanoi'um imperatorem sive illius vicarium, urbis prefectum," qui de sua dignitate respicit utrumque, videlicet domnum papam, cui facit hominium et domnum imperatorem, a quo accipit suae potestatis insigne, scilicet exertum gladium... Prefectus vero Urbis desuper sibi dato gladio tune lgitime utitur ad vindictam malorum, laudem vero bonorum, quando exinde tam domno papae quam domno imperatori ad honorificandum sacerdocium et imperium famulatur, promissa vel jurata

  • LE PAPE ET L ADMINISTRATION DE ROME 5

    aurons occasion plus loin ^ de dire pourquoi cette thorie ne nousparat pas rpondre aux faits. Et, en tout cas, l'assertion deGerhoh de Reichersberg- serait-elle vraie pour Tpoque laquelleil crivait, que rien ne nous permettrait de supposer qu'elle l'aitt auparavant -.

    *

    * *

    Il est certain aussi que le pape vit plusieurs reprises sonautorit limite et branle par l'aristocratie romaine

    ; au

    x*^ sicle, il sembla mme un moment avoir le dessous, et l'onput croire qu'il allait abandonner des j^atrices la charge d'ad-ministrer la ville \ Mais, quelle qu'ait t en fait la faiblesse decertains papes, jamais la noblesse, avant le milieu du xii"" sicle,n'arriva jouer, Rome, un rle rgulier dans la direction desaffaires.

    Sans doute, il est question frquemment dans les textes de snat et de snateurs romains

    ; mais ces termes avaientperdu toute signification prcise. Le chroniqueur de Moissac, parexemple, parlera aussi bien, au ix*" sicle, de senatus Fran-corum que de senatus Romanorum 4. C'est que, pour lui,comme pour tous les crivains de cette poque, le mot

  • b f.HAlMTHK r'

    la classe des clercs et au menu peuple '; le biographe

    d'Hadrien II, un sicle plus tard, oppose le qualificatif sena-torius celui de popularis ~; en l'an 101 1 enfin, le rdac-teur d'une charte de Farfa emploie indiiremment les mots( senator et nobilis 3.

    C'est donc s'abuser trangement que de parler ^, la suitede chroniqueurs comme Benzon % tout nourri des historiensantiques, d'un snat romain sigeant au Gapitole et partageantavec le pape le gouvernement de la cit. Parmi les patres con-scripti , auxquels Benzon fait adresser par ses hros les discoursqu'il a soigneusement composs, on trouve ple-mle la foisdes fonctionnaires pontificaux et des reprsentants de la noblesseromaine '', et si sou affectation d'archasme peut faire un instantillusion, elle ne saurait tromper un historien attentif '.

    1. Mnn. Gerni., EpiriloL, t. fil, p. 529 : '< Salutant itaque communem exoellentiae vestrae christianitatem cuncti sacerdotes et clerus islius sacrosanctao catholicae et apostolicae Romanae ecclesiae, salutant vos et cunctus proceruni senatus atque diversi populi congregatio {JafT-Wattenbach, Regesla, n" 2351).

    2. Liber pontificalis, d. Duchesne, t. II. p. 179 : Vcnerabilis pontifex,annitente omni senatorio popularique conventu...

    3. Regesto di Fnrfa, d. Giorgi etBalzani, n" 657. Il est question, unepremire fois, du prfet, des judices et des senalores ; une secondefois, du prfet, des mmes c judices (dont on donne le dtail) et des(( nobiles Romanorum .

    4. Comme le fait encore tout rcemment M. Paravicini, dans sa l)rochuresur // senato roinano dal VI al XII secolo, Roma, 1901, in-8.

    5. Benzonis ad Ileinricum IV imperatorem libri VII, dans les Mon. Gerrn.,Scriptor., t. XI, p. 597 et suiv.

    6. Ihid., p. 613-614.7. Quant aux textes allgus par M. Paravicini [op. cit., p. 52-531 pour

    prouver que le Capitole n'avait cess d'tre le centre de la vie politique Rome, ils sont sans porte : les passages qu'il cite pour les annes 108i-1085 et 1109 ont tous trait au sige fait de la forteresse des Corsi, situenon loin de l'glise d'Ara Coeli.

  • CHAPITRE II

    LES CIRCONSCRIPTIONS ADMINISTItATlVKS

    Quand, au milieu du vi'' sicle, les empereurs byzantins sou-mirent Rome leur autorit, ils y trouvrent tablie une doubledivision administrative : une division civile en quatorze rgionset une division ecclsiastique en sept rt^ions.La premire remontait au temps de l'empereur Aug-uste ^ ; la

    seconde datait, semble-t-il, du m* sicle et s'tait, sur plusd'un point, superpose la prcdente - : la premire rgion eccl-siastique, aux anciennes rgions XII et XIII et peut-tre I ; laseconde rgion ecclsiastique, aux rgions II et VIII et peut-treX et XI ; la troisime, aux rgions III et V; la quatrime, largion VI et peut-tre la rgion IV; la cinquime, la rgionVII et une fraction de la rgion IX ; la sixime, au reste de lafgion IX ; la septime enfin, la rgion XIV.

    Dans la pratique, ces deux divisions continurent pendant delongues annes tre employes concurremment -^ et on en a desexemples jusqu'en plein \i^ sicle. C'est le premier systme quesuit le biographe de Benot VI (972-974), quand il dclare^ que cepape tait n dans la rgion VIII, (( sub Capitolio )>'; c'est ce-systme que se rfrent aussi les rdacteurs de chartes, quand ils

    1. Sur les l'gions cFAuguste, voir Jordan, Topographie (1er Stadt Romin Alterthum, t. II, Berlin, 1871, in-8, p. 1-40; Richter, Topor/raphie von/OHi, dans Ivan Millier, Ilandbuch der klassischen Allerlunis-Wissenschaft,t. III, p. 765-766; voir enfin la carte n" II de Kiepert et Ili'ilseii, Formaeiirhis Bomae antiquae, Berlin, 1896, in-i".

    2. Voir L. Duchesne, Les circonscriptions de Rome pendant le moyen ge,dans la Revue des questions historiques, t. XXIV, 1878, p. 219.

    3. Mgr Duchesne a soutenu le contraire dans son article sur Les rgionsde Rome au moyen ge, publi dans les Mlanges d'archologie et d'histoirede l'cole franaise de Rome, t. X, 1890, p. 126-149.

    4. Liber pontificalis, d. Duchesne, t. II, p. 255 : Benediclus diacoiius,de regione VIII, sub Capitolio.

    5. Mgr Duchesne fait, pour expliquer cette phrase dans son systme,des hypothses qui nous paraissent au moins inutiles (article cit desMlanges d'archologie et d'histoire, t. X, 1890, p. 141).

  • 8 CHAPITRE II

    parlent de biens situs au Champ de Mars, dans la rgion IX *,ou dans la rg^ion XIV, au Transtvre -. Quand, au contraire,nous voyons l'Aventin et la Marmorata placs dans la rgion I '-^^

    1. Donation, le l'"aot 1030, < Theodora , abbesse de Santa Maria etSan Gregorio in Cainpo Marzo dune terre positam Rome, regione IX,quam (>ampo Martio copie du wiii sicle, faite pour Galletti, Bibl. du Vati-can, ms. Vat. lat. 8051-, fol. 8, d'aprs l'orig. des archives de Santa Mariain Canipo Marzo). En 998, un bien est dit situ regione nona, in thermisAlexandrinis Regesto cli Farfa, d. Giorgi et Balzani, n" 426); en lOH,un bien est dit situ regione nona, in Scorticlari, juxta theinias Alexan-drinas vel deintus easdem Ihermas ibkl., n 650) ; la mme anne, unautre bien est dit pareillement situ regione nona, in Scorticlari, juxtaihermas Alexandvinas (iAJ., n 657) ; en 1012, il est question d'une mai-son sise Romae, regione nona, ubi dicitur Agones [ihid, n" 658), et, en1013, de deux autres maisons positas Romae, regione nona, in Scorticlari,juxta thermas quae vocantur Alexandrinae )> [ihid., n* 667 et 608) ; en 1027,donation est faite d'une maison posita Romae, regione nona, in Pai'-riones [Le carte antiche delVarchivio capitolare di S. Pietro in Vaticano,d. Schiaparelli, n 9, dans VArchivio dlia R. Sociel rom. di stor. patria,t. XXIV, 1901, p. 453); en 1029, une maison est dite positam Romae,regione VII II, non procul a thermis Alexandrinis (Regesto diFarfa, n 585);en 1042, il est parl d'une terre positam Romae, regione nona, juxtathermas Alexandrinas (ihid., n 761); en 1066, un certain Cencius vend une terre positam Roma, regione nona, in Scorticclari {Le carte...di S. Pietro, d. Schiaparelli, n 23, loc. cit., p. 485). Citons enfin la donationfaite en 1076 de biens sis Rome, regione nona, prope venerabilis titulumS. Christi levitae et martiris Laurentii qui appellatur illicina (in Lucina) (Galletti, Del primicero, p. 293, n" 50). Ces diverses indications ne peuventse rapporter qu' la rgion IX d'Auguste. Pour toutes les dsignationstopographiques, nous nous l'frons au plan publi par M. Lanciani,Forma Urhis Romae, Milano, Hoepli, un atlas in-folio.

    2. Confirmation par le pape Jean XVIII, en l'an 1005, au monastre desSanti Cosma e Damiano de proprits sises Rome, regione XIV, Trans-tiberim, in loco qui vocatur Mica Aurea (Pflugk-llarttung, Actapontificum romanorum inedita, t. II, p. 57, n" 93; indiqu dans Jaff-Wat-tenbach, Regesta, n 3944, et Kehr, Italia poniifcia, t. I, p. 130, n 3|; con-cessions faites, en l'an 1029, de biens sis Romae, regione quarta dcima,Transtiberim , dont l'un se trouve sur leJanicule [Carte del monastero deiSs. Cosma e Damiano in Mica Aurea, d. Fedele, n"^ 34 et 35, dans VArchi-vio dlia R. Societh rom. di stor. patria, t. XXII, 1899, p. 57 et 59) ; conces-sion faite, le 14 fvrier 1037, par Tarchiprtre de Santa Maria in Trasteverede la moiti d'une maison posita Roma, regione (juarta dcima, Transti-berim (copie du xviii'^ sicle, faite pour Galletti, Bil)l. du Vatican, ms. Vat.lat. 8031 ', fol. 7).

    3. Le pape Eugne I^"" (654-6o7|, au dire de son biographe, tait i< deregione prima Aventinense {Liher ponti/icalis, d. Duchesne, t. 1, p. 341) ;dans une bulle de Jean X, de l'anne 926 JafT-Wattenbach, Regesta,n 3569,, il est (jueslion d'une maison sise Rome, in regione prima, inRipa Graeca, juxta Marmorato, super fluvium Tiberis (Regesto Suhlacense,d. Allodi et I.evi, n" 9).

  • LES CIRCONSCIUPTIONS ADMIMSTHATIVES 9

    la jiorte Majevire et Sainte-Croix de Jrusalem places dans largion III ', ou quand il nous est dit qu'une maison proche deSanta Maria in Via Lata est comprise dans la rgion V -', nous re-connaissons sans peine la division en sept rgions ecclsiastiques.Mais si ces deux divisions continurent assez longtemps

    tre suivies traditionnellement par les scribes, lorsqu'ils a'ou-laient indiquer l'emplacement d'une maison ou d'une terre, il estcertain qu'elles avaient, bien avant le xi'" sicle, perdu toutevaleur administrative '. Presque aussi peu en rapport l'une que

    1. Donation de l'oratoire San Tcocloro, sis Rome, rogione III*^, juxtaporta Majore , en l'an 924 [Regesto stnblacense, d. Allodi et Levi, n 27)

    ;

    bulle du pape Lon VII, de Tanne 936 (Jaff-Wattenbach, Regesta,n 35971, confirmant au monastre de Subiaco des biens sis regione tertia,juxta porta Majore (Regeslo suhlacense, n 17) ; nouvelle donation, faiteen 952, de l'oratoire San Teodoro, sis regione III'', juxta porta Majore {ibid., n 122;. Pour Sainte-Croix de Jrusalem, voir deux actes, l'un de l'an929, l'autre de l'an 939, o il est question de terres situes Rome, " regionetertia, non longe a Ilierusalem, juxta muro islius civitatis romane (ibid.,n^ 92 et 97). De mme, en 967 et en 973, il est question de biens situs regione tertia, in loco qui appelatur Massa Juliana c'est--dire l'AquaGiulia, aujourd'hui piazza Vittorio Emanuele [ibid., n"^ 14 et 120).

    2. Location consentie en l'an 1008 d'une vigne sise regione quinta, juxtaarco marmoreo, non longe a suprascripto monasteiio (S. Cyriaciet S. Mariaein Via Lata) {Ecclesiae S. Mariae in Via Lata tabulariuin, d. Hartmann,n" 29). L'arc dont il est parl ici se trouvait en travers du Corso actuel,juste devant l'glise Santa Maria in Via Lata (voir la feuille 15 de la FormaUrbis Roniae de M. Lanciani).

    3. C'est ce que prouvent, entr autres, les confusions frquentes faitespar les scribes entre des rgions voisines. En voici plusieurs exemplescaractristiques en ce qui concerne les l'gions VII, VIII et IX du systmed'Auguste : en 1004, le monastre de S. Ciriaco in Via Lata est dit situmRomae, regionae soptimae , alors qu'il tait dans la rgion IX d'Auguste{Ecclesiae S. Mariae in Via Lata tabulariuin, d. Hartmann, n 26) ; en 1017,don est fait d'une terre sise Romae, regione septima, in Divurium, non longeamonasterii sancti Cyriaci n(ibid., n'> 38), ce qui rvle la mme confusion,puisque le Divurium , ou c Porticus Divorum , se trouvait ct du Sera-peum , dans la rgion IX (voir Iliilsen, Porticus Divorum und Serapeumim Marsfelde, dans les Mitleilungen des kaiserlich deutschen archaeolog-ischen Instituts ; romische Abteilung, t. XVIII, 1903, p. 17-57). De mme,en 1033, un terrain e^t dit positum Rome, regione octava, in valneo Mic-cino , touchant d'un ct le monastre de S. Salvator ad duos amantes{ibid., t, II, p. 58, n 61 ') : nous sommes en pleine r. ion IX, l'glise S.

    Sebastiano de' Mercanti. En 1019, il est question d'une terre po^ita Romae,regione nono, justa S. Maria quae vocatur Isinicheo {ibid., n 41), c'est--dire ct de l'glise Santa Maria in Trivio ou in Xenodochio ,en pleine rgion VII f^via de' Crociferi) ; en 1035, une terre est dite aussi posita Romae, regione noua, justa columna Traiani imperaloris , alorsque la colonne de Trajan se trouve dans la rgion VIII.

  • Kl ciiAPiTRr: II

    lautro avec le nouveau groupement de la population romaine,elles avaient t remplaces par une division nouvelle, non plusen quatorze ni en sept, mais en douze rgions.

    C'est au xii^ sicle seulement que cette division nous apparatdune manire tout fait claire. En 11 18, le pape Glase II,nouvellement lu, ayant t fait prisonnier par Gencio Frangipane,les Romains se soulvent : le prfet et les nobles accourent pourdlivrer le pontife; les douze rgions de Rome , crit le chro-niqueur, les Transtvrins et les hal)itants de l'Ile sejoignent eux '.

    Ces douze rgions, on le voit, ne comprenaient que les quartierssitus sur la rive gauche du Tibre. Elles devaient donc tresemblables, dans l'ensemble, aux douze rgions cistibrinesqu'on trouve ds le dbut du xiii'' sicle "-' : I, Montium et Bihe-rnticae ; II, Trivii et Viae Latae ;\\\^ Co/iimnae et S. Mariae inAquiro ; IV, Campi Martis et S. Laurentii in Lucina; V, Pontiset Scorticlarioruni ; VI, .S. Euslachii et Vineae Teclemarii ; ^'l.

    Arenulae et Caccahariorum ; VIII, Parionis et S. Laurentiiin Damaso ;IX, Pineae et S. Marci ; X, S. Angeli in foro pis-ciinn ;X1, Ripae et Marmoratae ; XII, Campitelli et S. Adriani.

    L'existence de presque toutes ces rgions nous est, en effet,atteste au xii'" sicle : en octobre 1188, une srie d'accords est

    conclue entre le pape Clment III et divers habitants (( Montiumet Biberatice , Sancte Marie in Aquiro et Columne , Pontiset Scorticlarioruni , Arenule et Caccahariorum , lipe etMarmorate ' ; et l'on trouve cites isolment ds le dbutdu xiT sicle les rgions Columnae '', Scorticlario-

    1. Liher pnntifcalis, d. Duchesne, t. II, p. 313 : i< Rogiones diiodocimRomanae civitatis, Transtiberini et Insulani. >

    2. Voir Re, Le reginni di Roma nel medio evo, dans les Stiidi e docuinentidi slorin e dirilto, t. X, 1889, p. 372, et Duchesne, Les rgions de Bonie aurnoi/en ,/,

  • LKS CIRCO.NSCRIPTKtNS ADMINISTRATIVES il

    runi ', (( Arenulae -, Pineae ^, Saucti Angeli '* ; ds1158, la rgion (( Sancti Laurentii in Lucina "'; ds 1162, la r-gion (( Santi Laurentii in Damaso '' ; ds 1 173, la rgion Trivii "

    1899, p. 49o) ; biens sis regione Columne , en 1177 (ibUL, n" 34, p. 505),(( regione Columpne Antonini , en 1184 [ibicL, n 306, p. 506), en 1190(orig., Bibl. du Vatican, fonds de S. Maria in Via Lata, caps. 316, n" 62),en 1200 [Rec/esto di S. Silvesti^o, n 54, loc. cit., p. 518), en 1201 (orig.,Bibl. du Vatican, fonds de S. Maria in Via Lata, caps. 316, n 63 et n*suivants), en 1212 (Bcgcsto di S. Silveslro, n 67, Inc. cil., p. 528), en 1213,1217, 1218, 1226, 1234, 1263, 1264 {ihid., n^ 68, 73, 76, 81, 90, 129, 132,loc. cit., p. 529 et suiv.), etc.

    1. Le 6 janvier 1115, vente est faite par Romanus et sa sur

  • 12 CHAPITRE II

    ds 1184, la rg'ion

  • LES CIRCONSCRIPIIONS ADMINISTRATIVES 13

    sicle, le rdacteur des Annales romaines connat les rgions Sancti Angeli et Campitelli '

    ; la rgion Pineae estmentionne ds 1079-

    ; la rgion a Columnae Test ds 1023-^et la rgion Scorticlariorum , ds 4011 ^, c'est--dire unepoque o les scribes continuaient d'ordinaire reproduire machi-nalement l'ancienne division d'Auguste, pendant que d'autres,hsitant entre les deux systmes, juxtaposaient les appellationsrgionales nouvelles aux numros anciens'.

    C'est cependant avant le dbut du xi^ sicle que la divisionen douze rgions parat s'tre substitue la division ancienne :quand, en 1118, la population de Rome prend les armes, elleest groupe en douze rgions*^

    ; de mme, en 963, quand elle sesoulve contre le pape Jean Xlll, elle marche sous la conduite

    1. A propos d'un vnement de l'anne 1059, il est question de Petrusprefectus, de regione Sancti Angeli [Liber ponlUicalift, d. Duchesne,t. II, p. 335); et propos d'vnements de Tanne 1061, il est dit quei< cotidie pugne erant in civitate usque in regione Campitelli [ibid.,p. 337).

    2. Concession, en l'on 1079, d'une proprit posita Roma, regio in Pinea,prope arcum Divurio {Ecclesiae .S. Mariae in Via Lata tahulariuin, d.Hartmann, n 105).

    3. Orig., Bibl. du Vatican, fonds de S. Maria in Via Lata, caps. 316,n" 58. Il y est question d'un bien situ regione IX, Colonnae )>.

    4. Eglise situe infra urbem Romam et in thermis Alexandrinis, inregione quae vocatur Scorticlari [Begesto di Farfa, d. Giorgi et Balzani,no 652} ; biens situs intra urbem Romam, in thermis Alexandrinis, inregione quae vocatur Scorticlari {ibid., n" 653). En 1092, il est aussiquestion d'une maison sila Rome, in regione Scorticlaria , d'aprs un textecit par Corvisieri, Dlie posterule tiherine, dans VArchivio dlia R. Societroi}}, di sloria patria, t. I, 1878, p. 112, n. 3. Sous son autre nom de regio Pontis , la mme rgion est mentionne ds 1073 [Le carte... diS. Pietro in Vaticano, d. Schiaparelli, n" 25, dans le mme Archivio,t. XXIV, 1901, p. 489).

    5. Ainsi, un bien est dit, en 1023, situ Rome, regione nona Colonnae 'orig., Bibl. du Vatican, fonds de S. Maria in Via Lata, caps. 316, n 58);un autre, en 1030, est dit situ regione nona, quam Campo Martio copiedu xviir sicle, faite pour Galletti, Bibl. du Vatican, ms. Vat. lat. 8054-,fol. 8). Il est parl dans des chartes des annes 1011, 1013, 1066, de bienssis regione nona, in Scorticlari [Regesto di Farfa, d. Giorgi et Balzani,n"^ 650, 657, 667,668; Le carie... di S. Pietro in Vaticano, d. Schiaparelli,ns 23 et 24, dans VArchivio dlia R. Societ roiti. di stor. patria, t. XXIV,1901, p. 485 et 487), et, dans une charte de l'an 1027, d'une maison positaRome, regione nona, in Parriones [Le carte... di S. Pietro, n 9, ibid.,p. 454 .

    6. Voir ci-dessus, p. 10, n. 1.

  • 14 CllAPlTRb; 11

    de douze decarcones '. Si ce rapprochement n'est pas fortuit,nous voil reports en plein x'' sicle.

    Il y a plus : de mme qu' Ravenne -, nous avons la preuvequ' Rome, ds le vir sicle, au plus tard, les empereursbyzantins avaient org;anis une milice urbaine, divise en uncertain nombre de rg'iments [numerL ou bandi, ou scholae), latte desquels se trouvaient des x patrons

    -K Cette organisa-tion survcut au gouvernement qui l'avait cre : la lin duVI 11*" sicle, quand Charlemagne vient Rome, Hadrien P"' envoie sa rencontre (( tous les corps de troujDes, avec leurs patrons *.

    Plus tard, nous voyons qu'il est d'usage que tout pape nouvelle-ment lu soit acclam par les patrons des rgions romaines "'.

    Ne sont-ce point l. de part et d'autre, les mmes patrons ?et ne faut-il pas, ds lors, reconnatre dans la rpartition desmilices romaines l'origine mme des douze rgions de Rome ?Cette opinion est d'autant plus vraisemblable que celles-cisemblent avoir t encore au xii'' sicle un groupement essentielle-ment militaire : c'est propos d'une prise d'armes qu'il en estquestion en 1118 ^, et ce sont douze soldats porte-enseignes qui,vers la mme poque, occupent dans les processions pontificalesla place que nous verrons occupe.plus tard j^ar les caporioni )> ^.

    1. Liber ponli/irnlts, d. Duchesne, t. II, p. 252 : Ilic comprehonsus est a Rofredo Campanino comit cum Petro pi'aofecto et adjutorio vulgi populi, qui vocantiu- decarcones, etc.. De vulyi populo, qui vocantur decarcones duodecini suspendit in patibulo.

    2. Cf. Duchesne, Les rgions de Rome au moyen ar/e, dans les M>''lanf/esd'archologie et (F histoire de l'Ecole franc, de Rome, t. X, 1890, p. 133.

    3. Voir Diehl, Etudes sur l'administration byzantine dans Vexarchat deRavenne, p. 310; Hartmann, l'ntersuchungen zur Geschichfe der hijzant-inischen Verwallung in Italien, p. 67-68.

    4. Liber pontificalis, d. Duchesne, t. I, p. 497 :

  • LES (JlKCO.NSClllPlIUNS ADMIMS I UATIVK.S 15

    S'il n'est donc point prouv que la division de Roniie endouze rgions ait un lien quelconque avec Torg-anisation de lamilice romaine au temps de la domination byzantine, les vrai-semblances sont en faveur de cette hypothse ' : cette divisionest atteste d'une manire formelle depuis le dbut du xii^ sicle

    ;

    on trouve la trace de son existence travers tout le xi'' sicle;

    les vnements du x" sicle la supposent, et les institutionsde l'poque byzantine sont celles qui semblent en rendre lemieux compte -.

    tantes XII vexilla, quae l)andora vocantur (Mabillon, Musum ilalicum,t. II, p. 128L Mme texte dans VOrdo d'AIbinus et dans celui de Cencius(Liber censuuin, d. Fabre, t. I, p. 292, t. II, p. 124-125). Pour les capo-rioni (chefs des rgions de Rome) et leur place dans les cortges pontifi-caux au xn^ sicle, voir une description de cette poque dite par Mura-tori, Antiquitates italicae medii aevi, t. II, col. 8o6, et Egidi, IntornoaH'esercito (lel coinune (li Boina nella prima mel del secolo XIV, Viterbo,1897, in-8o, p. 12")-128.

    1. C'est celle qu'a soutenue Mgr Duchesnedans son article, dj plusieursfois cit, sur Les i^gions de Rome au moyen ge. M. Egidi, dans l'opuscule([ue nous indiquions la note prcdente, p. 26-27, prtend (sans connatred'ailleurs l'article de Mgr Duchesne) que la cration des douze rgionsmilitaires est postrieure 963, sous prtexte que Liutprand, proposd'un vnement de cette anne, nomme seulement un certain PetrusImperiola comme le chef de 1" omnis Romanorum militia (Liutprand,Ilistor. Ollonis, IX). Larg-ument n'a pas grande valeur, l'existence d'un chefou dun meneur unique n'excluant pas celle des douze

  • CHAPITRE III

    LE PREFET

    Entre tous les reprsentants de Tautorit publique Rome,

    le principal tait, sans conteste, le prfet.

    Dj sous l'Empire romain, Rome avait eu un prfet, dont lesattributions s'taient si bien tendues qu'il avait fini par devenir

    le plus haut fonctionnaire de la ville et le prsident du snat.

    Chef de la police, il avait russi peu peu se faire donner

    des pouvoirs judiciaires importants et par devenir juge d'appelpour toutes les causes civiles et criminelles de Rome et de labanlieue, dans un rayon de cent milles '.

    Cet tat de choses, qu'on retrouve encore l'extrme fin du

    VI'' sicle ', survcut-il la plupart des autres institutions

    romaines, et le prfet mdival ne fut-il que le continuateur

    du prfet antique? Y a-t-il eu, au contraire, disparition, puis res-tauration de la prfecture urbaine ? Les avis sont, sur ce point,

    fort partags : pendant que les uns soutiennent la thse traditio-

    naliste ^, il en est d'autres^ qui ne manquent pas de faire hon-

    neur aux Otton d'avoir tir de l'oubli une institution morte depuis

    longtemps.

    1. Cf.Vii^neaux, Essai sur r histoire de la praefectura Urhis Rome.

    Paris, 189G, iii-8"; Mar([iiardt et Mommsen, Manuel des anticjuiles romaines,ti-ad. Ilumberl, t. V, p. 361-373. Voir aussi Bouch-Leclercq, Manuel desinstitutions romaines, p. lJ>7-lo9.

    2. On trouve encore en ;j99 un pi-fet de tradition antique : voir Diehl,tudes sur Vadministration byzantine dans Vexarchat de Bavenne, p. 127;Hartmann, Unlersuchungen zur Geschichte der hyzantinischen Verwaltung

    in Italien, p. 44 et li9.3. En dernier lieu, A. Paravicini, Sar/gio storico sulla prefettura urbana

    dal secoto X al XIV, Roma, 1900, in-8, 47 p.4. Giesebrecht, Geschichte der deutschen Kaiserzeit, 5*= d., t. I, p. 875;

    Gre^ovovius, Geschichte der Stadt Rom im Mitlelalter, W, m, 4, i'" d.,l. 111, p. 345 (quelques rserves cependant p. 457) ; De Rossi, dans les Noti-zie degliscavi di antichith, 1882, p. 268; Calisse, I prfet ti di Vico, Roma,

    1888, in-8 (extr. de VArchivio dlia R. Socit romana di storia patria,

    t. X), p. 7.

  • LE PRFET 17

    Cette dernire opinion nous parat insoutenable. l^]lle repose

    sur ce postulat tacite que le prfet mdival, tant la t'ois repr-sentant du pape et reprsentant de l'empereur, n'a pu existersans l'empire et tre cr que par un empereur. Mais, sans p.irler

    de ce qu'il y a d'incertain dans le fait mme sur lequel on s'ap-puie 1, les textes contredisent manifestement une telle manirede voir. Sans doute, c'est seulement partir de l'an 965 quenous pouvons tablir avec certitude une liste de prfets ^ ; mais,entre le dernier prfet de tradition antique, mentionn en 599 3,et celui de l'an 965, nous en trouvons un dans la seconde moiti

    du Yiu^ sicle*. A quels prfets le rattacherons-nous ? aux prfetsantiques? aux prfets mdivaux? Rien ne le distingue, en toutcas, des prfets que nous rencontrons plus tard : comme eux,

    il est jug^e criminel; c'est lui que revient le soin d'emprison-

    ner et de chtier les assassins^. Par l, en mme temps, il se rat-tache aux prfets du Bas Empire.

    Entre ceux-ci et les prfets du moyen ge, il existe d'ailleursplus d'un point de contact. Non seulement ce sont les mmesattributions de justice criminelle s, mais le ressort de leur juridic-tion est le mme : Home et la banlieue dans un rayon de centmilles ^ ; les uns comme les autres sont chefs de la police^ ; les

    uns comme les autres ont la datio tutoris ^. Les lacunes des

    documents ne sont ni plus ni moins sensibles sur cette matireque sur d'autres, et c'est nier l'vidence que d'affirmer la dispa-

    1. Cf. ci-dessous, p. 2o-27.2. Voir ci-dessous, 3"= partie, la Liste des prfets de Rome. En 9oS, on trouve

    bien une mention qui semble dnoter l'existence d'un prfet Thodorequelques annes auparavant ; mais cette mention n'est pas assez sre pourque nous nous croyions en droit d'en faire tat.

    3. Cf. ci-dessus, p. 16, n. 2.4. En 772, suivant le biographe d'Hadrien I""", ce pape jussit contradere

    antefatum Calvulum cubicularium et praenominatos Campaninos pi"ae- fecto Urbis, ut more homicidantium eos eoram universo populo romano examinaret [Liber ponlificalis, d. Duchesne, t. I, p. 490).

    5. Voir note prcdente.6. Voir ci-dessous, p. 19 et suiv.7. Jean de Salishuvy, Historia pontificalis, XXVII, dans les Mon. Germ.,

    Scriptor., t. XX, p. 536 : Nam ille prfecture maximus et antiquissimus honor, ab ecclesia habens auctoritatem jurisdicendi uscpie ad centesi- mum lapidemet utens (^ladii potestate, ad inane nomen redactus erat.

    8. Voir ci-dessous, p. 18.9. Voir ci-dessous, p. 19.L. Halphen. L'administra lion de Borne an moyen /e. ?

  • 18 cnAPirni-: m

    rition d'une institution dont la conUauiti'' est atteste j)ar despreuves aussi nombreuses '.

    Les attributions du prfet de Rome au moyen g'e ne sontquimpjirfaitemont connues. Ce sont la fois des attributions depolice et des attributions judiciaires.Comme dans lantiquil. il est le chef de la police dans la

    ville et dans la banlieue : ce titre, nous le voyons charg d ar-rter et demprisonner les brigands, les voleurs, les assassins et,d'une manire gnrale, tous les criminels ^, ou parfois de signi-fier aux parties des citations comparatre devant les tribunaux *;

    i. Quel(jiies aiitros preuves allgues par divers rudits sont sans valeur.Ainsi, M. Paiavicini (Sur/gio storico sulla prefellura urbana dal secolo X alXIV, p. 6) signale en 896 un Crescentius praefectus d'aprs une notedu xii" sicle du liegeslo Suhlacense, d. Allodi et Levi, p. 245, se rfrantau document n 14t. Mais, dans cette note, il a pris sans l'aison l'adverbe profecto qui suit le nom de Crescenziopour une erreur qu'il corrige taci-tement en

  • LE PHFKT 19

    c'est lui enfin que le pape s'adresse pour maintenir la scuritdes rues et des chemins '.Au point de vue judiciaire, il possde une juridiction gracieuse

    trs tendue : seul, semble-t-il, avec les juges ordinaires

    '

    puis, aprs le xi*" sicle et jusqu'au dernier quart du xii'', avecceux-ci et avec les juges datifs '^ il a, comme le prfet duBas Empire, le pouvoir d'instituer des tuteurs et des curateurs ''

    ;

    et ses prrogatives se sont mme tendues au point qu'il peutdsormais accorder la venia aetatis \

    Mais le prfet est, avant tout, un juge criminel. Il est mmele seul juge criminel de Rome, parce que les autresjuges ordinaires, en leur qualit de clercs, ne peuvent seprononcer sur les affaires qui pourraient entraner une con-damnation mort ". Ces attributions du prfet nous sont attestes maintes reprises : la fin du vui"" sicle, nous le voyons juger,en prsence du peuple assembl, les meurtriers du secondicierSerge, qui lui ont t remis par le pape Hadrien '; c'est lui, en

    1. En 1198, Pierre de Vico, faisant hommage Innocent III, lui prte unserment, o il dclare, entre autres :

  • 20 CHAPITKK 111

    1135, qui, semble-t-il, juge et condamne Arnaud de Brescia ausupplice ' ; il est question, la mme poque, de sa juridictioncriminelle dans les crits de Jean de Salisbury "' et de Gerhoh deReichersberg '. Au surplus, nous savons dune manire formelleque le soin mme d'assurer l'excution des condamns luiincombait : on sait notamment qu'il veilla, en 1155, l'ex-cution d'Arnaud de Brescia '' et, dans un texte qui remonte lafin du xii'' sicle, il est parl des sommes dues k ses bourreaux,lorsqu'ils pendent, dcollent, aveuglent ou amputent d'unmembre quelque criminel '.

    Les pouvoirs du prfet en matire de juridiction civile nous

    1. C'est ce que suppose, croyons-nous, le texte des Annales Palidenses,o il est dit qu'Arnaud (( praefecto traditur et suspendio adjudicatur [Mon.Germ., Scriptor., t. XXVI, p. 89). Les bruits dont Gerhoh de Keichersbergs'est fait l'clio confirment cette impression {De investigatione Antichrisli,1,40, dans les Mon. Germ., Lihclli de lile., t. 111, p. 347).

    2. Jean de Salisbury, Ilislnria ponlifiralis, XXVII, dans les Mon. Germ.,Scriptor., t. XX, p. 'i.'iG : Nam ille prfecture maximus et antiquissimus(( honor, ab ecclesia habens auctoritatem jurisdicendi usque ad centesi- muni lapidem et utens gladii potestate, ad inanenomen redactus erat.

    3. Gerhoh de Reichersberg, De investigatione Antichristi, I, 37, dans lesMon. Germ., Libelli de lite, t. 111, p. 344-345, et, du mme, Commentariusinpsalmum LXIV, ibid., p. 440 (textes cits plus haut, p. 4, n. 4, et ci-dessous, p. 2o).

    4. Otton de Freising, Gesta Friderici imperatoris, 11, 20, d. Waitz, dansles Scriptores rerum germanicarum in usum scholarum, p. 107 : ... et ad ultimum a prefecto Urbis ligno adactus ac rogo in pulverem redacto funere, ne a furente plbe corpus ejus veneralioni haberetur, in Tyberim sparsus ; Gerhoh de Reichersberg, De investigatione Anticliristi, I, 40,dans les Mon. Germ., Libelli de lite, t. III, p. 347 : Nam si, ut.aiunt,(( abs([ue ipsorum scientia et consensu, a prefecto urbis Romae de sub eorum custodia, in qua tenebatur, ereptus ac pro speciali causa occisus ab ejus servis est, maxiniam siquidem cladem ex ocoflsione ejusdem doctri- nae idem prefectus a romanis civibus perpessus fuerat. ... De mme,en 115.0, quand l'empereur entre dans Rome, il fait prisonnier un certainnombre d'habitants et les remet au prfet Pierre, dont ils avaient dtruit lepalais : Ex quibus prefectus Urbis quosdam pro tanto ausu punivit sus-pendio , dclare Vincent de Prague, a quibusdam vero phirimam accepitpecuniam (Mon. Germ., Scriptor., t. XVII, p. 666).

    5. Gesta pauperis scholaris Albini, X, 73, dansleLiher censuum, d. Fal^re,t. II, p. 108 : Sorrenliales (?) prefecti, quando suspendunt ali(juem, V" solidos, et quando dcollant, V solidos, quando cecant, XII [denarios] pro uno((uoque oculo, ([uando truncant aliquod membrum, XII denarios simi- Hier. Mgr Duchesne met en note : Je ne comjjrends gure pourquoi laconfession de Saiul-Pierre tait charge depourvoir ces frais d'excution. C'est ({ue l'argent de la confession de Saint-Pierre est, en principe, attribueau pape et que la justice est rendue au nom du pape et ses frais.

  • LE PREFET 21

    sont g"alement attests par Jean de Salisbury' et par Gerhohde Reichersberg '-'. Mais nous ne croyons- pas qu'il ait t Romejuge civil au mme titre que les juges ordinaires du palaisde Latran, dont nous aurons reparler ^ : car nulle part il n'est

    dit formellement qu'il ait rempli ce rle, et on le distingue d'or-

    dinaire des personnages appels judices ''. Sa juridiction civileconsiste, semble-t-il, seulement accueillir les plaintes des plai-

    deurs, citer les accuss, runir les juges, prsider leursdbats et enfin prononcer la sentence.En 993, par exemple, une contestation s'lve entre les moines

    de Subiaco et un nomm Cardinal au sujet d'une saline. Le pr-fet, saisi de l'affaire par l'abb de Subiaco, fait sommer Cardinal

    de comparatre pour s'expliquer avec les reprsentants du monas-tre. Aprs un essai de rsistance, Cardinal se rend la citation ;les deux parties sont mises en prsence dans la maison du pr-

    fet et sont interroges par un tribunal compos du primicierdu Saint-Sige et du nomenclateur, qui tranchent le dbat '^.

    En lOH, l'abb de Farfa revendique la possession d'une

    1. Texte cit ci-dessus, p. 20, n.2.2. Textes cits ci-dessus, p. 4, n. 4.3. Ci-dessous, chap. v.4. Ainsi, dans une charte de l'an 998, il est dit qu'un tribunal est com-

    pos de Lo, archidiaconus sacri imperii palatii, ex parte domni imperato- ris, una cum Johanne, urbis Rome praefecto, et judicibus romanis Gregorio primo defensore, Leone arcario, Atrocio, Petro, Paulo, dativis judicibus, ex parte domni papae. Plus loin, une rponse est faite par l'archi-^diacre Lon una cum Ropperto, venerabili et laudabili diacono et oblatio- nario sanctae et apostolicae sedis, simulque domno Johanne urbis Romae praefecto et leg-um latoribus judicibus [Regesto di Farfa, d. Giorgi etBalzani, n 426; Mon. Genn., Diplomata, t. II, p. 699, n 278). Voir un autre

    exemple caractristique, en 1017, dans le Regesto cl i Farfa, n 504. C'estseulement quand, par exception, le prfet se trouve tre juge datif deson tat, qu'il peut tre rang parmi les juges : cela fut le cas du prfetJean, cit entre les annes 993 et 1002, et qui est qualifi de dativus judex ,en 993, 998, 999 {Regesto Sublacense, d. Allodi et Levi, n 78; Regesto di

    Farfa, d. Giorgi et Balzani, n"^ 426 et 437). On le voit rang parmi les

  • 22 cnAPiTRi-: m

    maison que dtient un certain Grgoire ; il porte plainteau patrice Jean, cjui donne ordre au prfet Crescenzio deprononcer entre les parties. Celui-ci cite alors Grgoire.L'accus faisant dfaut, le procs trane en longueur ; mais fina-lement les juges, runis dans la maison de Crescenzio, oue laplaidoirie prononce par l'avocat de Farfa, donnent raison auxmoines, et le prfet, en vertu de ce jugement, les rinvestit dela maison conteste ". Voil donc deux affaires qui nousmontrent le prfet, d'une part, comme prsident du tribunal,dirigeant les dbats et prononant la sentence et, d'autre part,sur la plainte d'une des parties, citant l'autre devant son tribunal.Les documents qui le montrent dans ce dernier rle sont d'ail-leurs relativement nombreux -, et un hasard heureux nous a mmeconserv le texte original d'une citation adresse par lui en1148 \

    De qui le prfet tenait-il tous ces pouvoirs ? A prinin, uneseule rponse semble possible : il les tenait du pape, souverainde Rome ; et c'est, en effet, ce qu'affirme Jean de Salisbury, aumilieu du xii*" sicle ^.

    1. Regesto di Farfa, d. Giorgi et Balzani, n" 6")7. La distinction entre leprfet, prsident du tribunal, et les juges, est nettement faite : Ad ulti-(I mum praedictus domnus praefectus cum judicio supradictorum judicum reinvestivit praedictos monachos et advocatos illorum de jam dicta(( domo.

    2. Outre les deux textes que nous venons de citer, voir, entre autres,Regesto di Farfa, n 504 (ann. 1017), et une charte de Fan 1137 (orig., Bibl.du Vatican, fonds de S. Maria in Via Lata, caps. 306, n" 5,anc. 3), o il estdclar que Grisoltus de Ingizzo , au cas o il aurait engag quelqu'unun terrain qu'il abandonne l'abbesse de San Ciriaco in Via Lata, ddom-magerait celle-ci sine proclamatione pape, prefecti et consulum .

    3. Orig., Bibl. du Vatican, fonds de S. Maria in Via Lata, caps. 30.*j,n 21 : Ego P., Dei gralia urbis prefectus, hoc uno pi'o omnibus perem- torio edicto moneo te, Raimundum de Scotta, ut infra hos X continuos dies venias incuriam nostram ad faciendam justitiam clericis S. Mariein1 Via Lata de terra in Pulveriola, unde sepe conquesti sunt. Nisi veneris, sententiam feram et te petitorem et illos possessoros constituam. Anne IIII domni Eugenii III pape, indictione XI, mense madii, die V (publipar Calisse, I prefetlidi Ftco, p. 4, n. 7, d'ai)rs une copie faite pour Gal-letti

    I

    elle-mme daprs le fol. 661 du Liber transumptoriim deS. Maria in ViaLata, aujourd'hui au Vatican, dans le fonds de cette glise], qui se trouvedans le ms. Vatic. lat. 8040, fol. 9).

    4. Texte cit, p. 20, n. 2.

  • LE l'RKFK 23

    De nombreux indices viennent, crailleurs, appuyer cette affir-mation : le prfet est au service du pape ' ; il chevauche sescts dans les processions -

    ;il ne peut tre nomm contre sa

    volont et ne peut entrer en charge sans son investiture ^. Aussi,lors du pacte d'Anagni, en 1176, voyons-nous Alexandre IIIexiger de Frdric Barberousse la restitution entire et sansrserve de la prfecture ', qui lui avait chapp un moment aucours des luttes antrieures ' ; et quand, un peu pkis tard, aprsavoir pass de nouveau au parti imprial, le prfet Pierre deVico viendra faire sa soumission Innocent 111, on nous diraqu'il vient recevoir des mains du pape la dignit qu'il tenaitjusqu'alors de l'empereur ''. De ces faits, il semble bien ressor-

    1. Ainsi, Calixto II (1119-1124) fait, suivant l'usage (lgitime ), citerun accus par le prfet Pierre {Tahularium S. Mariae Novae, d. Fedele,n 42, dans VArchivio dlia R. Socit roni. di stor. patria, t. XXIV, 1901,p. 176).

    2. Voir VOrdo de Cencius, 4, dans le Liher censuiim, d. Fabre, t. I,p. 291 : Qui videlicet prefectus ab ecclosia Sancte Marie usque ad pala-ce tium, indulus manto precioso et calciatus zanca una aurea, id est caliga, altra rubea, eadem die et secunda et etiam in duobus diebus Pasche et quando papa eligitur, juxta domnum papam collateraliler, nullo medio, equitando incedit. >j

    3. En 1116, leprfet Pierre, qu'une faction populaire veut imposera Pas-cal II, est oblig d'attendre que le ])ape ait consenti lui donner l'investi-ture (Liber pontificalis, d. Duchesne, t. II, p. 302) ; en 1130, l'antipapeAnaclet dit que le prfet lui a prle consuelam fidelitatem (Jaf-Wattenbach, Regsta, n" 8379) ; Jean de Salisbury, Historia ponii/calis,XXVII, dit que c'est de l'iiglise que le prfet tient sa juridiction (Mon.Germ., Scriplor., t. XX, j). !j36) ; la mme ide est exprime, on l'a djvu, dans Gerhoh de Reichersberg f3/o/i. Germ., Lihelli dlite, t. III, p. 344-345 et 440); en 1178, le prfet, ad pedes Alexandri pape accedens, con-firmata sibi prefectura, ejus homodevenit (Romuald de Salerne, A/ma/es,dans les Mo. Germ., Scriplor., t. XIX, p. 459i; pour 1198 enfin, voir ci-dessous, n. 6.

    4. (( Possessionem quoque prfecture Urbis dominus imperator libre et plenarierestiluet domino pape Alexandre et romane ecclesie [Mon.Germ., Constilutiones, t. I, p. 3'0, n 249).

    5. Cf. Calisse, / prefetli di Vico, p. 10-14.6. Gesta Innocenta III, dans Migne, Patrol. lat., t CCXIV, col. xxii :

    (( Sequenti die post consecrationem suam, Petrum, Urbis praefectum, ad ligiam fidelitatem recejjit etper mantum quod illi donavit de praefectura eum publie investivit, qui ustjue ad id tempus juramento fidelitatis imperatori fuerat obligatus et ab eo praefecturae tenebat honorem. Leserment f)rt alors par le pifet Pierre Innocent III nous at conserv(Migne, ihid., col. 529). }>l. CaVisse {Ipi-efetli di Vico, p. 18) prlenl qu'In-nocent III, en 1198, transforma la prfecture en proprit hrditaire des

  • 24 CHAPITRE III

    tir (jue le prfet n'est qu'un fonctionnaire pontifical, dont l'ind-pendance, qui va sans cesse croissant, dpend, non point de sasituation lo^ale, mais iniiquement de sa situation personnelle.A y regarder de plus prs, cependant, des doutes viennent

    l'esprit. La seule nomination de prfet sur laquelle nous ayonsdes dtails suffisamment circonstancis est celle de Pierre, enlilC). Or, le biographe de Pascal II, Pandolfe ^, dclare qu' lamort de son j>re, Pierre est choisi comme prfet par une faction

    populaire, inconsultis patribus primoribus , et, s il est indi-gn de la chose c'est, semble-t-il, uniquement parce que Pierrea t lu le jour mme o l'on clbrait les obsques de son pre;s'il reprsente le peuple allant solliciter le pape de confirmerl'lu, il ajoute que Pascal renvoie l'affaire plus tard, d'abordparce que c'est la semaine sainte, puis parce qu'il veut en dli-brer ; nulle part il ne dit que la procdure suivie ait t illgale.On pourrait donc croire, la lecture de ce texte, que le peupleou une partie du peuple jouait un rle important dans la dsi-gnation du prfet -.

    En fait, c'est l une pure illusion, car la nomination de l'anne1116, uvre d'une insurrection, ne saurait tre prise comme

    type d'une nomination rgulire. Nous ne devons d'ailleurs pascouter le seul Pandolfe. Nous avons, sur le mme vnement,trois autres rcits indpendants : de tous, il ressort que le choixdu prfet par le peuple, en 111 G, a t le rsultat d'un abus depouvoir et qu'il s'est agi alors uniquement de forcer la main aupape, qui voulait nommer un autre candidat ^. Enfin, Pandolfe

    seigneurs de Vico et il cite l'appui de son dire la phrase suivante : Petrus praefectus ab Innocentio III perptue titulo pro se et suis major natis

  • LR PRFET 25

    lui-mme met dans la bouche de Pascal II des paroles d'o ilressort qu' ses yeux la prfecture et -ses dpendances appar-tiennent au pape '. Rien ne nous autorise, par suite, dnier celui-ci le choix du prfet pour l'attribuer au peuple.

    Mais, s'il est A-rai que le prfet tait nomm par le pape, est-ilcertain qu'il tenait de lui tous ses pouvoirs ? Sur ce point nousnous heurtons aux affirmations d'un crivain du xii*^ sicle,Gerhoh de Reichersberg-. Dans im ouvrage crit en 1151, il parledu prfet, vicaire de l'empereur, qui, de par sa charge, relve(( la fois du pape, auquel il fait hommage, et de l'empereur, dont il reoit l'insigne de son pouvoir, un glaive nu . Il est, ajoute- t-il, en vertu d'un usage ancien, investi par les empereurs au moyen d'un glaive nu, pour chtier les malfaiteurs de Rome... Il exerce sa charge l'honneur la fois de la papaut et de l'em- pire et jure fidlit l'un et l'autre -. Quelques annes plustard, en 11(32, il revient sur ce sujet : (( Le pi'fet de Rome, dit-ce il, reoit du pape le pouvoir de juger les causes civiles, avec les

  • 26 flH.MMTRi; Tll

    (( titure du g-laive nu, le pouvoir de juger les causes qui rclament relTusion du sang ' . Ainsi donc, en croir. Gerhoh de Reichers-hevg, le prfet, avant d'entrer en charge, aurait d tre investid'abord par le pape, puis par l'empereur, et c'est k ce dernier seul

    qu'il aurait t redevable de ses pouvoirs de juge criminel.On en voit de suite l'explication : en vertu de l'adage eccle-

    sia abhorret sanguine , le pape n'aurait })u confrer au prfet ledroit d'dicter des condamnations capitales et il aurait d recou-rir l'empereur pour le suppler cet gard ; le prfet aurait t,par suite, Rome, le reprsentant des deux puissances -. Cettesituation toutefois ne laisse pas que d'tre assez complique, etnous doutons fort qu'elle ait t relle, sinon peut-tre pendantla querelle des investitures. Il ne faut sans doute pas, du reste,attacher une importance excessive aux affirmations isoles d'unpolmiste aussi tendancieux que Gerhoh de Reichersberg. Jeande Salisbury, qui est son contemporain, est muet sur ce point ; ilsemble mme admettre que le prfet tient du pape la fois sajuridiction civile et sa juridiction criminelle -^ et nulle partailleurs, quelque dtail qu'on nous donne sur la nomination duprfet, il n'est question de cette double investiture.

    Qu'en fait, il soit arriv, pendant les luttes qui mirent auxprises le pape et l'empereur, que le prfet ft install par ce

    dernier, personne ne songera le nier ' ; mais il est notable qu'la suite de chaque ingrence dans les affaires romaines, l'empe-

    1. Mon. Germ., Libelli de lite, t. III, p. 344-345.2. Gregorovius, Geschichfe der Stadt Rom, VII, iv, 4, et VIII, ii, 1,

    S*" d., t. IV, p. 450 et 347-348 ; CaUsse,! prefettidi Vico, p. 7 ; Paravicini,Sufjgio storico sulla prefettura iirhana dal secolo X al XIV, p. 15; Rodoca-nachi. Les institutions communales de Rome sous la papaut, p. 24.

    3. Jean de Salisbury, Histoiia ponti/icalis,XX\'ll, dans les Mon. (ierm.,Scriptor., t. XX, p. 53G : < Nam ille prlecture maximus et antiiiuissimus honor, ah ecclesia habens auctoritatem jurisdicendi usque ad centesimuin lapidem et ulens gladii polestate, ad inane nomeu redactus erat.

    4. Ainsi, Jean Maudit i< a P'rederico Urbis prel'ectusfactus fuerat avantl'anne 1170 (Boson, Vie d'Alexandre III, dans le Liber pontificalis, d.Duchesne, t. II, p. 422). Le biographe d'Innocent III dit qu'en 1198 Pierrede Vico, qui usque ad id tenipus juramentolidelitatisimperatori fucratobli-gatuset ab eopraeleclurac lenebat lionorem , prle hommage au pape (Ges/aInnocenta III, dans Mh^nc, Pal roi. lat.,t. CCXIV, col. xxii). En 1244, Fr-dric II dit que le pri'et omni temijore imperii luit et dignitalem abimperio recepit (IIuillard-Brholles, Ilistoriadiplomatica Friderici secundi,t. VI, p. 219).

  • LE PRliFKT 27

    reur, faisant la paix avec le pape, ne manque pas de lui restituerla libre disposition de la prfecture, sans se rserver personnel-lement avicun droit '. Aussi croyons-nous qu'il n'y a pas lieu,au moins en rgle g-nrale, de considrer le prfet comme autrechose qu'un fonctionnaire pontifical ni qu'il soit ncessaire derecourir une intervention de l'empereur pour expliquer l'ori-gine de sa juridiction criminelle

    -.

    1. Au pacte d'Anagni, en 1176, on stipule que possessioneni quoque prfecture Urbis dominus imperator lil)ere et plenarie restituet domino pape Alexandre et romane ecclesie Mon. Germ., Constitutiones, t. I,p. 350. u^ 249]. En 1198, d'aprs le texte des Gesia Innocenta III, cit lanote prcdente, le cas fut le mme.

    2. Aussi bien avons-nous vu ci-dessus, p. 17 i que, dj au viii^ sicle, une poque o Rome tait soustraite toute autorit impriale, il y avaitdans la ville un prfet, juge criminel. Mgr Duchesne suppose, sans preuvesformelles, que la rsidence officielle du prfet tait en haut du march, surle Capitole, l o sigera plus tard le snat (L. Duchesne, L'auteur des Mirabilia , dans les Mlanges d'archologie et d'histoire de l'cole franaisede Rome. t. XXIV, 1904, p. 482). C'est assez vraisemblable. Toutefoisremarquons qu'un jugement est rendu, en 1017, sous la prsidence du pr-fet, ad basilicam Beati Ptri apostoli, in palatio domni Karoli imperato-ris, c'est -dire dans l'ancien palais carolingien lev ct de Saint-Pierre,sur l'emplacement du Vatican Regesto di Farfa, d. Giorgi et Balzani,n^ r)04\

  • CHAPITRE IV

    LES CONSULS ET LES DUCS

    A cot du prfet, il faut faire ici une place des person-nages qui paraissent dans les textes revtus des titres de consul,consul et dux, consul Romano^um. Ces titres ont justementintrig-u les historiens et ont suscit les hypothses les plusvaries. On a mme t jusqu' y vouloir reconnatre l'indiced'une organisation municipale indpendante du pape, antrieure-ment la rvolution communale du xii'' sicle '.

    C'est Heg-el que revient le mrite d'avoir montr k quelpoint cette thorie, en ce qui concerne les consulcs, tait dnuede fondement -. Mais sur plusieurs autres points les explicationsproposes tant par lui que par Gregorovius ' nous paraissentinsuffisantes ou inexactes. Aussi croyons-nous ncessaire dereprendre rapidement la question dans son ensemble '^

    Il importe tout d'abord de bien disting-uer les simples consulesdes consules et duces et des consules Romanorum. Non pas quecette distinction soit absolue : il peut arriver qu'un consul et duxou un consul Romanorum soit dsign par la premire partieseulement de son titre, surtout quand ce titre a dj t donn

    1. Pour ce qui concerne le simple titre de consul, voir Savio^ny, Ges-chichle des i-mischen Redits iin Miltelalter, i^ d., Ileidelbero-, 183^-1851,7 vol. in-8'', t. I, p. 368-369 et p. 378; Paravicini, // senato romano dal VIal XII secolo, surtout p. 5b-59. Quant aux consules Bomanoruin, nousaurons occasion d"y revenir plus loin.

    2. Hegel, Geschichte der Siadteverfassunc/ von Italien, t. 1, p. 304 et suiv.3. Gregorovius, Geschichte der Stadt Rom, IV, vi, 2, et VIII, iv,l, 5e d.,

    t. 11, 420-421, t. IV, p. 435.4. Les pages rpii suivent sont la reproduction d'une Vo/c sur les consuls et

    les ducs de Rome du VIII'^ au XIII^ sicle, (jue nous avons jniblie dans lesM/'langes d'archolorjie et d'histoire de l'cole franaise de Rome, t. XXVI,1906, p. 67-77.

  • LES CONSULS El' LKS DUCS 29

    intg^ralement par l'auteur ou par le scribe qui tient la plume '.Pareil manque de prcision ne saurait tonner au moyen ge.Mais, dans la plupart des cas, la distinction que nous faisons entreles deux groupes de personnages est trs nettement tablie - : ilest visible que les contemporains ne les confondaient pas. Lesconsules et duces et las consules Romanorum appartiennent, d'ail-leurs, toujours, autant que nous en pouvons juger, l'aristocratieromaine, tandis que les simples consuls appartiennent souventaux classes infrieures de la socit : on trouve notammentparmi eux plusieurs tabellions -^

    Cette catgorie de consuls disparat avant la fin du x^ sicle ^.Passe cette poque, les seuls consuls dont il soit parl sont lesconsules Romanorum et, un peu plus tard ', les consuls des diverscorps de mtiers.On pourrait penser, il est vrai, que les consuls cits antrieu-

    rement appartenaient dj eux-mmes aux corporations de Rome.Le fait qu'on compte parmi eux plusieurs tabellions ne seraitpas de nature nous faire rejeter cette hypothse, puisqu'un

    1. Ainsi, dans une charte de lan 866, le consul et clnx Lon est appelune fois consul [Regesto Sublacense, d. Allodi et Levi, n" 83). Il en est demme, en 883, du consul et dux Cesarius (ibid., n" 6). Quant aux consulesRomanorum, nous veri'ons plus loin qu'on les a souvent appels seulementconsules, pai'ce que, l'poque o on les rencontre d'ordinaire, il n'y avaitplus d'autres consuls Rome, en dehors des consuls des corporations, aunom desquels on ajoutait toujours l'indication d'un mtier (par exemple,-consul mercatoruni et marinariorum).

    2. Qu'on consulte, par exemple, les chartes du Regeslo Sublacense, d.Allodi et Levi ; on y verra que, dans les listes de tmoins, jamais lessimples consules ne sont confondus avec les consules et duces.

    3. (( Johannes, in Dei nomine consul et tabellio urbis Rome , en 837[Regesto Sublacense, d. cit., n 60) ; Leone, in Dei nomine consul et tabel-lio urbis Rome , en 927 et en 929 (ibid., n 62 et 92) ; Faustus, in Deinomine consul et tabellio urbis Rome , en 929 [ibid., n 92) ; Theodorus,in Dei nomine consul et tabellio urbis Rome , en 961 (Mittarelii, AnnalesCamaldulenses, t. I, append., col. 69, n 26). Le cas est le mme Ravenne. Voir Fantuzzi, Monumenii Ravennati, t. I, n" 39, 54, 56, 57, 60;t. II, n= J6, 27 ; t. III, n8. On a aussi Ravenne l'exemple d'un marchand consul (ibid., t. I, n" 21).

    4. Le dernier que nous ayons relev est Teofilatto, en 963 {RegesloSublacense, n 123).

    5. La premire mention de consuls d'une corporation romaine (pie nousconnaissions est de 1088: cette date apparaissent les consuls des agricul-teurs [bobatterii], sous le titre de k consules communilatis boum [Regestodi Farfa, d. Giorgi et Balzani, t. V, n lllo).

  • CllAl'ITlU; IV

    semblable cumul se retrouve au xii'' sicle '. Mais, si Torganisa-tion corporative est atteste Rome ds le x*' sicle '', rien nenous autorise supposer que les corporations y aient t ds cette

    poque diriges par des consuls ; nous trouvons seulement latte de chacune d'entre elles un patronus ^ et un conseil de

    quelques gens du mtier, dont le plus important se nommaitpriur ^.

    D'autre part, si les simples consuls des viii'", ix"" et x'' sicles

    sont distincts des consules et clLices, il n'en reste pas moins que

    \. Une charte de Tan 1166 publie par M. Giorgi dans YArcliivio dliaH. Socit romana di storia patria, t. XXV, 1902, p. 419, est crite au nom,des consules mercatorum et marinarioriiin de Rome par Cencius, sancte Romane ecclesie scriniarius necnon mercatorum ac marinariorum Urbis consul >i.

    2. Parmi les souscripteurs d'une charte de Tan 978, figure Stephanus,prior i^scole", candicatoris icorr. candicatorum) [liegesto Sublarense, n ij9);une charte de Tan 974, qui relate une vente de terre faite par un cordonnier,est souscrite par un certain Boso, prior scole , appartenant sans doute la scola des cordonniers {ihid., n 66). Nous ne parlons pas, bienentendu, des scolae inilitum, qui, elles, sont attestes bien plus ancienne-ment,

    3. (( Rainerius, patronus scole sandalariorum ', en [ii^) i Regpsto di Farfa,d. cit., t. V, n 1215).

    4. Outre les textes cits plus haut, note 2, voir une charte de 1030, quinous montre la constitution d'une sco/a de jardiniers dont un certain Amatoest nomm prior [Ecclesiae S. Mariae in Via Lata iahulariiini, d. Hart-mann, t. I, n''57); il n'y a d'ailleurs pas, d'aprs cette ciiarte, qu'une scolade jardiniers cette poque Rome, et chacune son prior. Un priorortulanorum reparait en 1120 [Tabulariuni S. Mariae Novae, d. Fedele,dans l'Arc/iirio (/e//a B. Societ romana di storia patria, t. XXIV, 1901,p. 173, n'>40). Une cession est faite en 1025 Santa Maria Xuova par le prior scole erariorum {ihid., t. XXIII, 1900, p. 195, n 6). Gregoroviuscite un Bovo, prior oleariorum en 1029 (Geschichte der Stadl liom,l)^ d., t. IV, p. 430, n. 2). Une charte de l'an 1118 relate une sentence pro-nonce par le prior salinariorum et parles rectores supradicte scolae au sujet dune saline Tahnlarium S. Mariae Novae, d. Fedele, dans VAr-chivio cit, t. XXIV, p. 167, n" 37). Une autre charte, de l'anne iHo,met en scne la scola sandalariorum avec son patronus et son prior Regesto di Farfa, d. cit., t. V, n" 1215). Enfin, pour l'organisa-

    tion intrieure de chaque scola, on peut voir un texte de l'an 1145, relatif une

  • LF.s coNSii.s i:t li:s DL'CS 31

    le titre mme de consul leur est commvin ; et ds lors, il faut bienadmettre que ce titre dsigne soit une fonction, soit une dignitcommune. Les textes tant muets sur les fonctions des consulset ceux-ci ne figurant pas dans les documents o se trouventnumrs les fonctionnaires romains ', c'est tout naturellementla seconde hypothse qu'on est port adopter.

    Ds l'poque byzantine d'ailleurs, le consulat tait devenupurement honorifique '^, et il avait mme t prodigu ce pointqu'on le distribuait contre argent -K Doit-on donc s'tonner si onle trouve quelques annes plus tard donn mme des tabellions ?

    *

    * *

    Il en est tout autrement des consules Romanorum. Les histo-riens sont d'accord, en gnral, pour reconnatre que leur titrecorrespond des attributions positives ; mais l'explication qu'ilsen donnent est bien peu satisfaisante.A entendre la plupart d'entre eux, la commune romaine aurait

    t prcde d'une rpublique aristocratique, contre laquelle seserait faite la rvolution populaire de l'anne 1143, et les consulesRomanorum n'auraient t que les chefs de cette rpublique pri-mitive '*. Le nom de consul Romanorum aurait d'ailleurs sur-vcu au triomphe de la commune ; mais il n'aurait plus dsignds lors que les reprsentants de la haute noblesse ''.

    Le principal dfaut de cette explication est qu'elle ne reposesur rien. Car les seuls semblants de preuves qu'on apporte, ce sontquelques textes o les consules Romanorum sont cits ct duprfet comme des personnages influents de la cit, auxquels l'em-

    i. Par exemple, dans la conslitutiou promulgue en 824 par Lolhaire,fils de Louis le Pieux (Monumenta Gerinaniae, Capitularia regum Franco-riini, i. I, n 161).

    2. Cf. Hegel, Geschichfe der Sldtevprfassung von Italien, t. I, p. 307-30U,et Dielil, Etudes sur Vadministration byzantine dans Vexarchal de Ravenne,p. 314.

    3. Grgoire le Grand, Epistolae, II, 36. Remarquer aussi que, dsl'poque byzantine, il tait presque de rgle que tout dux ft consul. Cf.Diehl, op. cit., p. 147.

    4. Hegel, op. cit., l. Il, p. 286-291; Gregorovius, Gcschichte der StadlRom, VIH, IV, let IX, v, 1, t. IV (;5 d.), p. 435, et t. V (4 d.), p. 180; Vil-lari, Sa(jf/i slorici e crilici, Bologna, 1800, in-8, p. 166.

    5. Gregorovius, op. cit.,\X, v, I,t. V i4d.), p. 180.

  • 32 CHAPITRE IV

    pereur s'adresse l'occasion '. Et Ton trouve, du reste, mmeaprs la rvolution communale, des lettres crites aux consulsde Rome -.

    Supposera-t-on alors que la commune romaine comprit lafois des snateurs et des consuls? A premire vue, cette opinionne serait pas absurde ; car nous savons qu'en 1152 les Romainssongrent nommer, outre les snateurs, deux consuls, l'un pourla ville, l'autre pour la banlieue '^. Mais ce cas est isol, et dansaucun des nombreux documents relatifs la commune qui nousont t conservs, on ne voit paratre de consuls municipaux.Force nous est donc de chercher une autre explication.

    Or, parmi les documents qui ont chapp jusqu'ici auxrecherches des rudits, il en est un qui est, croyons-nous, denature jeter sur la question un jour nouveau. En 1137, un cer-tain (( Grisottus de Ingizzo , abandonnant une terre l'abbesse deSanta Maria in Via Lata, dclare qu'il n'a pralablement engagcette terre personne ; et si, ajoute-t-il, le contraire venait treprouv et que labbesse et en souffrir, celle-ci pourra seddommager sur mes autres biens sans avoir mme besoin deporter plainte au pape, au prfet ou aux consuls ''. De quelsconsuls entend-on parler ? Ce ne -saurait tre des consuls d'une

    1. Voir les textes rassembls par Hegel et par Gi-egoroviiis, loc. cit.2. En 1151, Conrad III de Hohenstaufen crit praefecto Urbis, consu-

    libiis, capitaneis et omni populo romano, tam minoribus quam majoribus [Mon.Gerin., Lee/., t. II, p. 88); en 1237, Frdric II critsenatoribus, con-sulibus et populo romano (Winkelmann, Ac/a imperii inedifa seculi XIII,t. I, n" 3iO). En rapprocher les lettres crites vers 1164 au roi de FranceLouis VII par Jordanus Ptri Leonis, Petrus Ovicionis ac Gratianus,Omnipotentis gratia Romanorum consules , pour lui recommander unclerc de Rome qui venait tudier Paris {Recueil des historiens des Gauleset de la France, t. XVI, p. 77 et 78 ; Denifle et Chtelain, CharfulariujnUniversitatis Parisiensis, t. I, p. 37-38, n"* 32 et 33).

    3. A cette date, Eugne III crit l'abb de Corvey (JafT-Wattenbach,Regesla pontificum romanorum, n 0606). Circiter enim duo milliaiuunum(< sunt secretius conjurati et in proximis kalendis novembris centum perpe- tuos senatores malorum operum et duos consules, alter quorum infra urbem, alter extra, illorum centum consilio, reipublicae statum disponant, immo potius rodant.

    4. Quod si aliquo tempore apparuerit et in aliquod dampnum incede- ritis, quantum fuerit dampnum, tanlum in nostris rbus vindicetis sine proclamalione pape (pap.), prefecti et consulum et contrarietate (orig.,Bibl. du Vatican, fonds de Santa Maria in Via Lata, caps. 306, n 5, ancienn 3).

  • LES CONSULS ET LES DUCS 33

    corporation : on ne voit pas ce qu'ils viendraient faire ici, et d'ail-leurs, on prciserait la corporation k laquelle ils appartiennent.Il ne peut donc s'ai^ir que des consulcs Romanorum.

    Quelques autres textes confirment cette manire de voir. En11 20, l'archiprtre de Santa Maria Nuova se plaint au papeHonorius II des comtes de Galera, qui, au mpris d'une sentencercente, ont usurp des domaines de son glise : le pape envoieaussitt un cardinal et Gencius Roizonis, romanus consul ,pour enjoindre aux comtes de respecter les droits d'autrui '.Voici donc un consul romain qui joue un rle analogue ceuxde l'anne 1137.De mme, en 1139, plainte est porte Innocent II par l'abb

    de San Greg-orio in Clivo Scauri contre un certain Odo dePolo )) qui avait occup des proprits du monastre : l'accus sedrobant, le pape le fait sommer de comparatre par Tedelg-a-rius consul ~.

    Ges textes seuls suffiraient prouver que les consuls romains,loin de reprsenter un pouvoir oppos au pape, se rattachaient,au contraire, lui par des liens dune dpendance assez troite.Au reste, nous savo