bulletin de l'académie nationale de chirurgie dentaire

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Bulletin de l'Académie nationale de chirurgie dentaire 22, rue Émile Ménier - BP 2016 - 75761 Paris cedex 16 2010 - N° 53 ISSN 0339-9710

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ChirDentTitre22, rue Émile Ménier - BP 2016 - 75761 Paris cedex 16
2010 - N° 53 ISSN 0339-9710
ChirDentTitre:ChirDentTitre 22/07/10 10:49 Page1
BULLETIN DE L’ACADÉMIE NATIONALE DE CHIRURGIE DENTAIRE
Année 2010 ¢ No 53
7 Composition
17 Administration
19 Commissions
Séance officielle du lundi 23 mars 2009 Palais du Luxembourg
29 Allocution du professeur Marysette Folliguet, présidente de l’Académie nationale de chirurgie dentaire
33 Vingt ans de recherche en implantologie dentaire : avancées technologiques et révolutions cliniques Mithridade Davarpanah, Serge Szmukler-Moncler
Séance officielle du lundi 16 novembre 2009 Palais du Luxembourg
39 Allocution du professeur Marysette Folliguet, présidente de l’Académie nationale de chirurgie dentaire
42 Allocution du docteur Michel Jourde, secrétaire perpétuel de l’Académie nationale de chirurgie dentaire
43 Aspects vétérinaires de deux crises sanitaires majeures : encéphalite spongiforme bovine et grippe aviaire Jeanne Brugère-Picoux
63 De l’intérêt de la reconstitution faciale Jean-Noël Vignal
Séance de travail, jeudi 28 mai 2009
Imagerie et odontologie
77 L’imagerie dento-maxillaire Robert Cavézian, Gérard Pasquet, Thomas Fortin
Recherche clinique et odontologie
105 Rôle de la mastication dans les traitements de l’obésité Jean-Luc Veyrune, Catherine Chaussain, Anne-Espérance Godlewski, Cécile Ciangura, Arnaud Basdevant, Martine Hennequin
Séance de travail, jeudi 8 octobre 2009
La dent de sagesse
113 Chronique d’une complication annoncée : la dent de sagesse François Prédine-Hug
Lecture critique de la littérature
115 Comment prévenir la carie ? Analyse de la littérature Wolf Bohne
III ¢ Travaux des commissions
Commission de santé publique 139 Pathologies bucco-dentaires du sujet âgé : répercussions sur la nutrition et la
qualité de vie 149 Autisme et prise en charge bucco-dentaire
2 Bull. Acad. Natle Chir. Dent., 2010, 53
IV ¢ Vie de l’Académie
Assemblée générale du 15 février 2010
161 Allocution de la présidente sortante Marysette Folliguet
163 Rapport moral du secrétaire général Michel Jourde
175 Rapport de congrès
179 Hommage à Jean Dausset, le passionné passionnant Edgardo D. Carosella
185 Résumés des travaux des lauréats de l’Académie nationale de chirurgie dentaire pour l’année 2009
195 Rapport financier du trésorier pour l’exercice 2009 Philippe Casamajor
197 Allocution du président pour l’année 2010 Georges Dorignac
199 Hommage de l’Académie nationale de chirurgie dentaire
201 Le Dictionnaire de l’Académie nationale de chirurgie dentaire
203 Informations
I
L’Académie nationale de chirurgie dentaire au 31 décembre 2009
MEMBRES FONDATEURS
PRÉSIDENTS D’HONNEUR
Jean VERNE, ancien président de l’Académie nationale de médecine André BESOMBES Charles BÉRÉNHOLC
SECRÉTAIRES GÉNÉRAUX D’HONNEUR
TRÉSORIER D’HONNEUR
Roger DIÉVART
ANCIENS PRÉSIDENTS
Roger RIALLAND (1957, 1958, 1959, 1967), André BESOMBES (1960, 1961, 1962, 1968), Charles AYE (1963, 1964), Pierre DEPRUNEAUX (1965, 1966), Robert IBOS (1969), Pierre BARTHÉLÉMY DE MAUPASSANT (1970), Odette-Émilie CUNIN (1971), Robert VIEILLEVILLE (1972), Georges ROUSIÈRES (1973), Clément VIALATEL (1974), Léon ROUCOULES (1975), Pierre TREYSSAC (1976), Jean OUVRARD (1977), René RIGOLET (1978), Marcel-Aimé RIVAULT (1979), André-Henry OLIVÉ (1980), Henri SAHEL (1981), Robert DUPONT (1982, 1985), Are EDWARDS (1983), Robert DULOQUIN (1984), Jean COURTOIS (1986), Michel VARIN (1987), Albert CLÉMENT (1988), Robert WEILL (1989), Charles BÉRÉNHOLC (1990, 1995, 2000), Bernard BECK (1991), Maurice TRÉVOUX (1992, 1996), Georges LE BRETON (1993), Yves COMMISSIONAT (1994), Simon BÉRÉNHOLC (1997), Paul-Hugh DÉMOGÉ (1998), Pol DANHIEZ (1999), Claude SEVERIN (2001, 2006), Michel GUILLAIN (2002, 2004), Louis VERCHÈRE (2003), Roland NÉJAR (2005), Hubert OUVRARD (2007), Pierre LAFFORGUE (2008)
Bull. Acad. Natle Chir. Dent., 2010, 53 7
MEMBRES D’HONNEUR
Jean-François BACH, 180, rue de Grenelle, 75007 Paris Charles BÉRÉNHOLC, 49, avenue Paul Doumer, 75116 Paris Christian CABROL, 36, rue Vivienne, 75002 Paris Yves COPPENS, 4, passage Sainte Anne Popincourt, 75011 Paris Bernard DEBRÉ, 30, rue Jacob, 75006 Paris Pierre DELAVEAU, 13, rue Soufflot, 75005 Paris Roger DIÉVART, domaine de Rouvres, 381, avenue du Docteur Belletrud,
06530 Cabris en Provence Pierre FABRE, 29, avenue du Sidobre, 81106 Castres Cedex Jean FLAHAUT, Résidence Les Hespérides, 27, boulevard Carnot, 92340
Bourg la Reine Wolf Hervé FRIDMAN, Hôpital européen Georges Pompidou, Dépt
immunologie, 20, rue Leblanc, 75908 Paris Cedex 15 Marc GENTILINI, 7, rue de l’Armée Patton, 91640 Briis sous Forge Pierre GODEAU, 9, avenue Anatole France, 94100 Saint Maur des Fossés Claude GRISCELLI, 14, rue du Docteur Roux, 75015 Paris Maurice TUBIANA, 53 bis, quai des Grands Augustins, 75006 Paris Jean-Marie VAILLANT, 33, rue Singer, 75016 Paris Louis VERCHÈRE, 5, Résidence de la Roseraie, 78000 Versailles Le président du Conseil national de l’Ordre des chirurgiens dentistes, 22, rue
Émile Ménier, 75116 Paris
MEMBRES HONORAIRES
Jean-Jacques BARRELLE, le Sémiramis, 55, avenue du Roi Albert Ier, 06400 Cannes
Aimé BÉNILLOUZ, résidence des Arceaux, 20, rue Fédoux, 11000 Carcassonne
SimonBÉRÉNHOLC, 47, boulevardBeaumarchais, 75003Paris PierreCHASSAGNE,hôteldeBouillac,24290MontignacLascaux Suzanne CLERGEAU-GUÉRITHAULT, 27, boulevard Gabriel Guist’hau,
44000Nantes Jean COURTOIS, résidence les Grands Logis A, 390, avenue des Âmes du
Purgatoire,06600 Antibes PolDANHIEZ,37,allée desAcacias,14920Mathieu Jean-PierreDEFFEZ,13,boulevardRaspail, 75007Paris Jean-CharlesDÉTRUIT, 6, rueMagenta,78000Versailles ArnaudÉMERY,12, rue Brousseau,87000Limoges SergeGOGUEL, résidence SaintMartin,6,avenueduCanada,14000Caen Robert-Gustave GUDIN,28, rueCastéja,33000Bordeaux Jean-ClaudeHARTER,133,boulevardHaussmann,75008Paris BernardJONIOT,27, rue de la Dalbade,31000Toulouse
BernardKAESS,1, ruedeNiederhausbergen,67450Mundolsheim JeanLAKERMANCE,66, rue laBoëtie, 75008Paris HenriLAMENDIN,chaletMarcus,5, chemindesNoyers,05600Guillestre JosephLEJOYEUX,4, rueduBelvédèrede laRonce,92310Sèvres AndréLUBESPÈRE,17, ruedeLorraine,32000Auch Marcelle MARINGE-CHASTANG, 12, rue Gaston Israël, 95880 Enghien les
auMontd’Or RogerPLESKOF,10-12, rueRodier,75009Paris Jean-MarieRIGNON-BRET,10, ruedeLiège,75009Paris Marcel-Aimé RIVAULT, Ciel d’Arbois, 63, chemin des Pettoreaux, Mont
d’Arbois, 74120Megève AndréROBERT,58, rueJacquard,69004Lyon JeanROMÉROWSKI,19, rueduColisée,75008Paris GeorgesROUSIÈRES,14, ruede laTour,75116Paris Jean-Pierre SANTORO, 54, boulevard du Général Leclerc, 92200 Neuilly-sur-
Seine GeorgesTABET,5,avenueVanDyck,75008Paris PierreTONNELLIER,73,avenuedesJonquilles, 91800BoussySaintAntoine PierreTREYSSAC,203bis, avenueDaumesnil, 75012Paris HenriVINARD, leFrance,162,avenueMauriceFaure,26000Valence PierreVOREAUX,rueduCaillouet,60460Blaincourt lesPrécy
Bull. Acad. Natle Chir. Dent., 2010, 53 9
Michel BURDIN, Les Hauts de Vaugrenier, 3, allée de l’Adoux, 06270 Villeneuve Loubet
Jean-ClaudeCAMBRAY, 5, ruedesFossésSaintJacques,36400LaChâtre DominiqueCARON,Dubai HealthcareCity,POBox505068,Dubai,EAU PhilippeCASAMAJOR, 3, rueAnatolede laForge,75017Paris AnneCLAISSE-CRINQUETTE,452,avenuedeDunkerque,59130Lambersart Yves COMMISSIONAT, 10, avenue Percier, 75008 Paris Joëlle DECLERCQ, 203, rue Jean Lefrancq, 62400 Locon Paul-Hugh DÉMOGÉ, 29, rue de Sèvres, 75006 Paris Philippe DEMOLON, 15, avenue de Tourville, 75007 Paris Annick DEVILLERS, 2, allée Saint-Pierre, 59130 Lambersart Georges DORIGNAC, 12, allée des Floralies, 33120 Arcachon Jean-Marie DOUAL, 22, rue Léo Lagrange, 59320 Haubourdin Jean-Gaston EVEZARD, 57, avenue du Maréchal Foch, 78400 Chatou Marysette FOLLIGUET, 9, rue de Quatrefages, 75005 Paris Pierre FOURET, 56, rue Jouffroy, 75017 Paris Frédéric GOMBEAUD, 66, rue Alfred Kastler, 17000 La Rochelle Nicole GRAS, 1 bis, avenue Foch, 94160 Saint Mandé Yvonne HELD, 57, rue de Rome, 75008 Paris Francis HOUZELOT, 25, route de Saint-Dié, 88100 Nayemont-les-Fossés Jean JARDINÉ, 10, quai Koch, 67000 Strasbourg Albert JEANMONOD, 22 bis, rue Norvins, 75018 Paris Michel JOURDE, 6, avenue Mac Mahon, 75017 Paris Paul KARSENTY, 17, rue Denfert-Rochereau, 78200 Mantes-la-Jolie Pierre LAFFORGUE, 11, rue des Jardins Fleuris, 66400 Céret Marguerite-Marie LANDRU, 96, avenue Niel, 75017 Paris Pierre-Charles LANSADE, 16, rue Daunou, 75002 Paris Georges LE BRETON, 15, avenue de La Bourdonnais, 75007 Paris Jean-Paul LOUIS, 2, rue de la Monnaie, 54000 Nancy Jean-Claude MARTIN, 24, rue Charles Silvestri, 94300 Vincennes Louis-Claude MERVILLE, 99, Élysée II, 78170 La Celle Saint Cloud Jean MEYER, 8, square Moncey, 75009 Paris Louis MINIAC, 9, rue Lucien Bellivier, 94130 Nogent sur Marne Roger MOATTY, 203, rue Ordener, 75018 Paris Thibault MONIER, 51, rue Marguerite, 94210 La Varenne Saint Hilaire Daniel NEBOT, 40, rue Claude Terrasse, 75016 Paris Olivier NÉDÉLEC, 34, rue Laugier, 75017 Paris Roland NÉJAR, 42, rue de Tocqueville, 75017 Paris Ronald NOSSINTCHOUK, 20, rue Choron, 75009 Paris Jean-Michel PAUCHARD, 68, rue des Petites Filles Dieu, 28000 Chartres Bruno PÉNIGUEL, rue du 8 Mai 1945, 38450 Grenay Philippe PIRNAY, 9 bis, allée de Gagny, 93340 Le Raincy Michel POMPIGNOLI, 89, Boulevard Magenta, 75010 Paris
10 Bull. Acad. Natle Chir. Dent., 2010, 53
Michel POSTAIRE, 37, rue Ernest Renan, 92130 Issy les Moulineaux Jean POUEZAT, 29, rue du Calvaire, 44000 Nantes Guy PRINC, 7, rue Decamps, 75116 Paris Robert REGARD, 4, rue Jondeau, 71400 Autun Jean-Denis ROCHE, 7, rue du Président Fabre, 74000 Annecy Claude ROUSSEAU, 22, allée Centrale, 78170 La Celle Saint Cloud Micheline RUEL-KELLERMANN, 109, rue du Cherche Midi, 75006 Paris Gabriel SAUVEUR, La Varenne Hodier, lieudit Les Marais, RN 10, 28200
Donnemain Saint Mamès Charles SEBBAN, 31, rue Camille Mouquet, 94220 Charenton le Pont Claude SEVERIN, 9, rue Bertrand de Mun, 51100 Reims Jean-Claude TAVERNIER, 23, avenue Alexis Pessot, 94100 Saint Maur des
Fossés Maurice TRÉVOUX, 57, boulevard Murat, 75016 Paris Liliane VANBÉSIEN, 116, rue Ferdinand Dutert, 59500 Douai Yves VANBÉSIEN, 116, rue Ferdinand Dutert, 59500 Douai Claude VENDROUX, 11, rue Jarente, 69002 Lyon Madge VERCHÈRE, 5, résidence de la Roseraie, 78000 Versailles Jean-Claude YULZARI, 5, rue Geiler, 67000 Strasbourg Roland ZEITOUN, 51 avenue Montaigne, 75008 Paris
MEMBRES ASSOCIÉS NATIONAUX
Alp ALANTAR, 79, Rue des Plantes, 75014 Paris Yves ALLARD, Service d’odontologie, Hôpital Saint Roch, 5, rue Pierre
Devoluy, 06000 Nice Sylvain ALTGLAS, 45-47, rue Vineuse, 75116 Paris Yves BAILLIEZ, 16, résidence Gounod, 59118 Wambrechies Richard BALASTRE, 75, avenue Kléber, 75116 Paris DanielBANDON,LaBlancherie, 85,boulevarddeSaint-Loup,13010Marseille Yves BARAT, 49, boulevard du Lycée, 92170 Vanves Jacques-Christian BÉATRIX, 47, quai Victor Hugo, 77140 Nemours Jean-Claude BENSOUSSAN, 89, rue Garibaldi, 69006 Lyon Patrick BERMOT, 11, rue Magellan, 75008 Paris Marc BERT, 1, rue de Chazelles, 75017 Paris Hervé BLOCQUEL, 170, rue Sadi Carnot, 62400 Béthune Jean-Jacques BONFIL, Hôpital Nord, Chemin des Bourrelys, 13015 Marseille Philippe BOUSSEMART, 16, rue de Koufra, 59155 Faches-Thumesnil Michel BRESSET, Villa Anna, 34, boulevard Thiers, 64500 Saint Jean de Luz Philippe CALFON, 114, rue Galliéni, 92100 Boulogne-Billancourt Daniel CANTALOUBE, 14 bis, rue Montbauron, 78000 Versailles Pierre CARPENTIER, 9, boulevard de Dixmude, 75017 Paris Jacques CHARON, 27, quai du Wault, 59800 Lille
Bull. Acad. Natle Chir. Dent., 2010, 53 11
Christian CHAVRIER, 98, rue Montgolfier, 69006 Lyon Jean-Pierre CHÉTRY, l’Armenonville, Rond-Point Duboys d’Angers, 06400
Cannes Michel DANGUY, 83, avenue Victor Hugo, 62110 Hénin-Beaumont Christian DECLOQUEMENT, 169, Grande Rue, 92380 Garches Élisabeth DELCOURT-DEBRUYNE, 50, rue de la Carnoy, le Gingko,
appt 422, 59130 Lambersart Charles-Étienne DE TESSIÈRES, 35, avenue de Saint Mandé, 75012 Paris Jean-Marie DONSIMONI, 12, rue de Milan, 75009 Paris Arlette DOUAL-BISSER, 22, rue Léo Lagrange, 59320 Haubourdin Sophie DRIDI, 11, rue de Londres, 75009 Paris Jean-Patrick DRUO, 9, rue Eugène Manuel, 75016 Paris Patrick FELLUS, 18, rue de Condé, 75006 Paris Françoise FONTANEL, 169, boulevard Haussmann, 75008 Paris Didier GAUZERAN, 67, avenue Foch, 92270 La Garenne Colombes Edmond-Pierre GEIDER, Serre du Moulin à Vent, chemin du Télégraphe,
30620 Bernis Charles GEORGET, 5, rue Voltaire, 37400 Amboise Bernard GIUMELLI, 73, avenue de la Praudière, 44700 Orvault Bruno GOGLY, 21, rue de Montcel, 77510 Hondevilliers Marie-Christine GOLDSMITH, 5, avenue Jean Jaurès, 12100 Millau Jean GRANAT, 59, rue Claude Bernard, 75005 Paris Patrick HESCOT, 21, chemin du Clos d’Agasse, 06650 Le Rouret Francis JANOT, 23, rue de la Préfecture, 88000 Épinal Guy-Michel KADOUCH, 4, avenue de Verdun, 06000 Nice Claude LABORIER, 29, rue de Talant, 21000 Dijon Corinne LALLAM-LAROYE, 1, rue du Lunain, 75014 Paris Jacques LALO, 17 bis, avenue Foch, 75116 Paris Serge LAVERNHE, Résidence Les Cordeliers, 10, rue des Cordeliers,
46100 Figeac Pierre LE BOT, 101, avenue Henri Martin, 75116 Paris Philippe LECLERCQ, 45, rue de Courcelles, 75008 Paris Michel LEGENS, 3, rue Anatole de la Forge, 75017 Paris Christian LEMAUR, 56, rue Molière, 78150 Le Chesnay Pierre MACHTOU, 43, rue Madame, 75006 Paris Louis MAMAN, 63, avenue de la République, 92120 Montrouge François MAUPRIVEZ, 70, avenue Pierre Brossolette, 94000 Créteil Henri MICHELET, 8, avenue du Petit Port, 73100 Aix les Bains André MICOULEAU, 38 bis, avenue Wilson, 11200 Lézignan-Corbières Philippe MONSÉNÉGO, 22ter, boulevard du Général Leclerc, 92200 Neuilly
sur Seine Catherine NABET, 63, boulevard Carnot, 31000 Toulouse JavotteNANCY,RésidenceSaintGenès-E4A242,1,rueBorda,33000Bordeaux
12 Bull. Acad. Natle Chir. Dent., 2010, 53
Claude PALLANCA, 2, avenue Saint Charles, 98000 Monaco Thierry PIRAL, 15, rue Daumier, 75016 Paris Christian PIREL, 105, rue président Édouard Herriot, 69002 Lyon Francis POULMAIRE, Domaine de l’Intendance, Pere Laval street, Rose Hill,
Mauritius Peter PRÉ, 30, avenue de Villiers, 75017 Paris Christophe RIGNON-BRET, 10, rue de Liège, 75009 Paris Alain RIVAULT, 65, avenue Marceau, 75116 Paris Gérard SABOUNTCHIAN, 82, rue La Fayette, 75009 Paris Jean-Michel SALAGNAC, 5, rue Meynieu, 44000 Nantes Bruno SCHIFF, 481, avenue de Mazargues, 13008 Marseille Gérard SCORTECCI, 19, rue Rossini, 06000 Nice Alfred SEBAN, 51, avenue de la République, 75011 Paris Claude SÉGUIN, 8, rue des Platanes, 92500 Rueil Malmaison Patrick SIMONET, 113, boulevard Haussmann, 75008 Paris Gérard SORNIN, 98, allée du Panorama, 76230 Bois Guillaume Jean-François TECUCIANU, 22, place Vendôme, 75001 Paris Christophe TEILLAUD, 31, rue Caillaux, 75013 Paris Pierre TERESTRI, 160, rue de Sassy, le Val d’Or, 83700 Saint Raphaël Marie-Claire THÉRY-HUGLY, Les Petites Vignes, 11, route de Villeneuve,
89320 Vaumort Franck THEUVENY, 3, rue du Père Brottier, 75016 Paris Patrick TRÉVIDIC, 7, rue de Sontay, 75116 Paris Olivier VOSS, 3, rue Victor Chevreuil, 75012 Paris Claude-Bernard WIERZBA, 113, boulevard Voltaire, 75011 Paris
MEMBRES ASSOCIÉS ÉTRANGERS
Abdellatif ABID, Zone El Mechref, avenue de Montréal, Skanès, 5000 Monastir, Tunisie
Gil ALCOFORADO, rua Camilo Castelo Branco, 2, 1100 Lisbonne, Portugal Henri ARONIS, 15, rue du Président Krüger, 92400 Courbevoie Chedly BACCOUCHE, Immeuble Rouaibi, Khézana-Est, 4000 Sousse, Tunisie Umberto BAR, Corso G. Ferraris 26, 10121 Turin, Italie Louis BAUME, 3, rue Henri Spiess, 1208 Genève 4, Suisse Mongi BEIZIG, Faculté de médecine dentaire, avenue Avicenne, 5000
Monastir, Tunisie Faten BEN AMOR, Faculté de Médecine Dentaire, avenue Avicenne, 5000
Monastir, Tunisie Med Jamel BOUSLAMA, 12, rue Mahdia, Tunis, Tunisie Djamila BOUZIANE-RAHMANI, 15, boulevard de l’ALN, 31000 Oran,
Algérie Mohamed BOUZIANE, 15, boulevard de l’ALN, 31000 Oran, Algérie
Bull. Acad. Natle Chir. Dent., 2010, 53 13
Vasile BURLUI, Faculté de médecine stomatologique, Université de médecine et pharmacie GR. T. Popa, Str. B.P. Hasdeu no 4, 6600 Iasi, Roumanie
José CAMPOS NEVES, 1030, avenue du Dr Antunes Guimaräes, 4100 Porto, Portugal
Carlos DE BRU DE SALA I OMS, 120, Paseo de Gracia, 08008 Barcelone, Espagne
Christiane DEMARS, Clinique universitaire Saint-Luc, 15, avenue Hippocrate, UCL 15/57.32, 1200 Bruxelles, Belgique
William FITTING, La Môlaz, 4, chemin de La Môlaz, 1164 Buchillon, Suisse Hichem GHEDIRA, R4 No 70, 5000 Monastir, Tunisie David GUTMAN, POB 9649, Bat Galim, 31096 Haïfa, Israël Tetsuo IIZUKA, 1-5-2, Atago Ageo Shi, Saitama Ken, Japon Newell Walter JOHNSON, Griffith University, School of Dentistry and Oral
Health, PMB 50, Gold Coast Mail Centre 9726, Australia Toshitaka KAKETA, Sendai College of Dental Hygiene, 1-2-16 Honcho Aoba-
ku, Sendaï, MZ 980-0014, Japon Daniel KANDELMAN, 7380, rue Maynard, Montréal H3R 3B4, Québec,
Canada Marc LIPPERT, 167, avenue Prekelinden, 1200 Bruxelles, Belgique Charles PILIPILI, Warandeberg, 75, 1970 Wezembeek-Oppem, Belgique Valerian POPESCU, 81 bis, avenue Secrétan, 75019 Paris Sami SANDHAUS, 4, avenue de Provence, 1007 Lausanne, Suisse Hubert-Ernst SCHROEDER, Grossackerstrasse 38, 8152 Opfikon, Suisse Hansjoachim TREFZ, Wendelsteinstrasse 1, 65199 Wiesbaden, Allemagne André TZAMOURANIS, 1, rue du Patriarche Joakim, Athènes 106 73, Grèce
MEMBRES LIBRES
Alain BELLAVOIR, Fondation Hôpital Saint Joseph, 185, rue Raymond Losserand, 75674 Paris Cedex 14
Ariane BERDAL, Institut des Cordeliers, Inserm U 714, 15, rue de l’École de médecine, 75270 Paris Cedex 06
François BOURILLET, 52, avenue du Roule, 92200 Neuilly-sur-Seine Gilles BRÜCKER, Institut de veille sanitaire, 12, rue du Val d’Osne, 94415 Saint
Maurice Cedex Jean CABANE, Hôpital Saint Antoine, 184, rue du Faubourg Saint Antoine,
75571 Paris Cedex 12 Edgardo CAROSELLA, 116, rue de la Faisanderie, 75116 Paris Robert CAVÉZIAN, 179, rue Saint-Honoré, 75001 Paris Georges-Alfred CRÉMER, 21, rue de l’Odéon, 75006 Paris Nadine FOREST, 5, rue Bel Ébat, 37370 Neuvy-le-Roi Jean GINISTY, 8, rue Olier, 75015 Paris Danielle GOURÉVITCH, 21, rue Béranger, 75003 Paris
14 Bull. Acad. Natle Chir. Dent., 2010, 53
Guy JOST, 53, rue de Prony, 75017 Paris Henri JUDET, 6, square Jouvenet, 75016 Paris Alain LACAN, 31, avenue Hoche, 75008 Paris Maurice LAUDE, route de Sains, 80680 Saint-Fuscien Renée-Claire MANCRET, 18, rue Violet, 75015 Paris Maurice MASSON, 3, rue Deleau, 92200 Neuilly sur Seine Robert MOULIAS, 12, avenue du Président Kennedy, 75016 Paris Claude NICOLÉTIS, 5, rue Vauthier, 92100 Boulogne-Billancourt Annette PÂRIS-HAMELIN, 3, avenue Robert Schumann, 92100 Boulogne
Billancourt Hubert REEVES, 1, rue Jacob, 75006 Paris Meyer-Michel SAMAMA, Hôtel Dieu, Laboratoire d’hématologie, 1, place du
Parvis Notre Dame, 75181 Paris Cedex 04 Joseph THOUVENOT, 33, rue Principale, 37250 Veigné Pierre VILLARD, 53, avenue du Maréchal Lyautey, 75016 Paris
Bull. Acad. Natle Chir. Dent., 2010, 53 15
Administration Année 2009
Vice-président
Secrétaire général
Secrétaires adjoints
Roger PLESKOF, 10-12, rue Rodier, 75009 Paris Yves VANBÉSIEN, 116, rue Ferdinand Dutert, 59500 Douai
Trésorier
Philippe CASAMAJOR, 3, rue Anatole de la Forge, 75117 Paris
Trésorier adjoint
Archiviste
Louis MINIAC, 9, rue Lucien Bellivier, 94130 Nogent sur Marne
BIBLIOTHÈQUE
Conservateur
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION
Roger DIÉVART, domaine de Rouvres, 381, avenue du docteur Belletrud, 06530 Cabris en Provence
Bull. Acad. Natle Chir. Dent., 2010, 53 17
CONSEIL D’ADMINISTRATION
Robert BALDENSPERGER, 13, avenue de la République, 75011 Paris Simon BÉRÉNHOLC, 47, boulevard Beaumarchais, 75003 Paris Yves COMMISSIONAT, 10, avenue Percier, 75008 Paris Pol DANHIEZ, 37, allée des Acacias, 14920 Mathieu Annick DEVILLERS, 2, allée Saint-Pierre, 59130 Lambersart Marysette FOLLIGUET, 9, rue de Quatrefages, 75005 Paris Michel JOURDE, 6, avenue Mac Mahon, 75017 Paris Pierre LAFFORGUE, 11, rue des Jardins Fleuris, 66400 Céret Marguerite-Marie LANDRU, 96, avenue Niel, 75017 Paris Jean-Paul LOUIS, 2, rue de la Monnaie, 54000 Nancy Louis MINIAC, 9, rue Lucien Bellivier, 94130 Nogent sur Marne Roger MOATTY, 203, rue Ordener, 75018 Paris Olivier NÉDÉLEC, 34, rue Laugier, 75017 Paris Roland NÉJAR, 42, rue de Tocqueville, 75017 Paris Hubert OUVRARD, 26, rue Philibert Delorme, 75017 Paris Philippe PIRNAY, 9 bis, allée de Gagny, 93340 Le Raincy Roger PLESKOF, 10-12, rue Rodier, 75009 Paris Michel POMPIGNOLI, 89, boulevard Magenta, 75010 Paris Jean POUËZAT, 29, rue du Calvaire, 44000 Nantes Claude SÉVERIN, 9, rue Bertrand de Mun, 51100 Reims Yves VANBÉSIEN, 116, rue Ferdinand Dutert, 59500 Douai
Présidents des cinq dernières années
† Michel GUILLAIN (2004) Roland NÉJAR (2005) Claude SEVERIN (2006) Hubert OUVRARD (2007) Pierre LAFFORGUE (2008)
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Commissions
Commission des candidatures Président : le président de l’Académie Coprésident ¢ secrétaire : Claude SEVERIN Membres : Charles BÉRÉNHOLC, Simon BÉRÉNHOLC, Michel JOURDE,
Pierre LAFFORGUE, Louis MINIAC, Roland NÉJAR, Roger PLESKOF, leprésidentduConseilnationalde l’Ordredeschirurgiensdentistes ès qualité
Commission des prix Président : Annick DEVILLERS Secrétaire : Marysette FOLLIGUET Membres : Robert BALDENSPERGER, Charles BÉRÉNHOLC,
Wolf BOHNE, Jean BUQUET, Paul-Hugh DÉMOGÉ, Louis MINIAC, Roland NÉJAR, Claude SEVERIN, Louis VERCHÈRE
Commission hospitalo-universitaire et de la recherche scientifique et clinique Président : Roland BENOIT Secrétaire : Jean GRANAT Membres : Pierre BARON, Ariane BERDAL, Pol DANHIEZ, Jean-Pierre
FARGE, Bruno GOGLY, Georges LE BRETON, Henry MAGLOIRE, Louis-Claude MERVILLE, Jean-Michel SALAGNAC, Claude SEVERIN Consultants : Roland BARON, Evelyne PEYRE, Brigitte VI FANE
Commission du Bulletin Président : Roger DIÉVART Secrétaire : Louis VERCHÈRE Membres : le président sortant ès qualité, le trésorier ès qualité
Commission de terminologie et du site de l’Académie Président : Michel POMPIGNOLI Secrétaire : Joëlle DECLERCQ Membres : Marcel BÉGIN, Florine BOUKHOBZA, Philippe CALFON,
Robert CAVÉZIAN, Anne CLAISSE-CRINQUETTE, Pol DANHIEZ, Élisabeth DELCOURT-DEBRUYNE, Françoise FONTANEL, Pierre FOURET, Javotte NANCY, Daniel NEBOT
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Commission des relations extérieures et de l’information Président : le président de l’Académie Membres : le vice-président, le secrétaire général, les anciens présidents,
Thibault MONIER
DONSIMONI, Frédéric GOMBEAUD, Serge LAVERNHE, Claude- Bernard WIERZBA
Commission de l’exercice professionnel Coprésidents : Roger DIÉVART, Roger MOATTY Responsable étude et thérapeutique : Jean-Gaston ÉVEZARD Membres : Yvan BISMUTH, Florine BOUKHOBZA, Jean-Claude
CHARDON, Marysette FOLLIGUET, Olivier NÉDÉLEC, Philippe PIRNAY, Jean-Denis ROCHE, Marie-Claire THÉRY-HUGLY, Roland ZEITOUN
Responsable maladies professionnelles : Jean GINISTY Membres : Yves ALLARD, Pol DANHIEZ, Christian PIREL, Jean-Claude
TAVERNIER
Commission de santé publique Président : Marysette FOLLIGUET Secrétaire : Marguerite-Marie LANDRU Membres : Patricia BÉNÉTIÈRE-DAGNOT, Alexandre BOUKHORS,
Antoine GIACOBBI, Bruno GOGLY, Roger MOATTY, Sylvie SÉGUIER
Commission d’histoire Président : Pierre BARON Secrétaire : Jean GRANAT Membres : Pol DANHIEZ, Pierre FOURET, Francis JANOT, Henri
LAMENDIN, Louis MINIAC, Thibault MONIER, Charles SEBBAN, Jean-Claude TAVERNIER, Yves VANBÉSIEN
Commission de clinique Président : Georges LE BRETON Responsable chirurgie bucco-dentaire : Maurice TRÉVOUX Responsable prothèse : Jean-Marie RIGNON-BRET
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Membres : Michel ACHE, Marcel BÉGIN, Patrick BERMOT, Marc BERT, Yves COMMISSIONAT, Frédéric GOMBEAUD, Francis HOUZELOT, Henri JUDET, Jacques LALO, Jean-Claude MARTIN, Louis-Claude MERVILLE, Michel POSTAIRE, Peter PRÉ, Guy PRINC, Gabriel SAUVEUR, François UNGER
Commission du suivi Président : le président de l’Académie Membres : Pol DANHIEZ, Claude SEVERIN
Groupe de réflexion normatif : Philippe CALFON, Martine BONNAURE- MALLET, Jean-Gaston EVEZARD
GROUPES DE TRAVAIL
Groupe de travail "Prospective Académie" Président : Charles BÉRÉNHOLC Secrétaire : Paul-Hugh DÉMOGÉ Membres : Simon BÉRÉNHOLC, Roger DIÉVART, Georges LE BRETON,
Maurice TRÉVOUX, Louis VERCHÈRE, le secrétaire général ès qualité, le trésorier ès qualité
Groupe de travail administratif Président : Charles BÉRÉNHOLC Secrétaire : Jean-Marie RIGNON-BRET Membres : Jean BOMBIN, Jean-Charles DÉTRUIT, Roger DIÉVART,
Louis VERCHÈRE Affaires militaires : Olivier NÉDÉLEC
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PARTICIPATIONS DE L’ACADÉMIE
Pierre-Charles LANSADE, Georges LE BRETON, Joseph MACCOTTA, André MICOULEAU, Alain MOUTARDE, Jean POUËZAT, ClaudeSEVERIN
GroupedeconcertationentreAcadémies des sciencesde lavie etde la santé
CharlesBÉRÉNHOLC, PierreLAFFORGUE,LouisVERCHÈRE
NOUVEAUX MEMBRES
Daniel BANDON La Blancherie, 85, boulevard de Saint Loup 13010 Marseille
Docteur en chirurgie dentaire Docteur en sciences odontologiques Maître de conférences des universités ¢ Praticien hospitalier
Christian DECLOQUEMENT 169, Grande Rue 92380 GARCHES
Docteur en chirurgie dentaire Ancien assistant des universités ¢ Praticien hospitalier
Rédacteur en chef des Cahiers de l’Association dentaire française
Président du Cercle d’études d’odonto-stomatologie des Hauts-de-Seine
Secrétaire général du Groupement des sociétés scien- tifiques en odonto-stomatologie
Conseiller à l’Ordre départemental des Hauts-de- Seine des chirurgiens dentistes
Jean-Patrick DRUO 9, rue Eugène Manuel 75016 Paris
Docteur en chirurgie dentaire Ancien assistant des universités ¢ Praticien hospitalier
Président du Comité exécutif de la Société Française de Pédodontie
Secrétaire général adjoint de l’Association dentaire française
Vice-président du Groupement des sociétés scientifiques odonto-stomatologiques
Membre du Conseil national de la formation continue odontologique
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Danielle GOURÉVITCH 21, rue Béranger 75003 PARIS
Ancienne élève de l’École normale supérieure Agrégée de grammaire Docteur ès lettres Directeur d’études à l’École pratique des hautes études ¢ Histoire de la médecine
Présidente de la Société française d’histoire de la médecine
Ancien membre du Comité national des universités Lauréate de l’Académie nationale de médecine et de l’Académie des inscriptions et belles lettres
Médaille de bronze de la Ville de Paris Chevalier de la Légion d’honneur Officier des palmes académiques
Louis MAMAN 63, avenue de la République 92120 Montrouge
Docteur en chirurgie dentaire Docteur en sciences odontologiques Habilité à diriger des recherches Professeur des universités ¢ Praticien hospitalier Membre du Conseil national des universités Secrétaire général de la Société francophone de médecine buccale et de chirurgie buccale
Charles PILIPILI Warandeberg, 75 1970 WEZEMBEEK-OPPEM ¢ Belgique
Chirurgien dentiste Licencié en sciences dentaires Docteur en sciences dentaires Spécialiste en médecine dentaire Professeur ¢ Chef de clinique Vice-président du Groupement international de recherche scientifique en stomatologie et odonto- logie
Rédacteur adjoint de la Revue francophone d’odontologie pédiatrique
Membre du bureau de l’Entraide médicale internatio- nale (Belgique)
24 Bull. Acad. Natle Chir. Dent., 2010, 53
Jean-Michel SALAGNAC 5, rue Meynieu 44000 NANTES
Docteur en chirurgie dentaire Docteur en sciences odontologiques Attaché de consultation des hôpitaux Vice-président de la société française d’orthopédie dento-maxillo-faciale
Vice-président de l’Association de recherche et d’études des malformations et anomalies cervicales et céphaliques
Patrick SIMONET 113, boulevard Haussmann 75008 PARIS
Docteur en chirurgie dentaire Ancien attaché de consultation ¢ Université Denis Diderot Paris 7
Expert près la Cour d’appel de Paris
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II
Allocution de la présidente Marysette Folliguet
Chers collègues, chers amis,
Permettez-moi, avant d’ouvrir officiellement cette nouvelle séance de notre Académie, de vous demander quelques instants de recueillement. Notre ancien président, Michel Guillain, nous a quittés en janvier dernier. Je le dis avec beaucoup d’émotion car il fut avant tout mon patron, mon guide ; je reçois madame Guillain parmi nous ce soir et je demande au professeur Lafforgue de bien vouloir rejoindre la tribune pour un hommage à celui qui fut notre ami.
Le professeur Pierre Lafforgue
Michel,
Il est toujours très pénible de parler d’un ami qui nous quitte. On ne trouve plus, ni les mots, ni les verbes, ni le temps pour les conjuguer.
Nous tous qui avons toujours pensé que, cette fois encore, tu surmonterais la maladie et nous reviendrais rue Brunel et rue Ménier, plein d’esprit et de gaîté, nous sommes aujourd’hui très tristes.
Personnellement je le suis d’autant plus que, depuis mes premiers pas en pédodontie, tu n’as jamais cessé de m’entourer de tes conseils et d’une bienveillance de tous les instants.
Cette année encore, malade, tu m’encourageais dans cette tâche, ô combien passionnante, de président de notre Compagnie. Tu savais de quoi tu parlais, toi qui, par deux fois, avais guidé cette Académie nationale de chirurgie dentaire, que tu aimais tant, sur le chemin de la réussite et de la reconnaissance. Tu m’as toujours fait comprendre que l’ "on ne s’implique réellement que dans ce que l’on a contribué à créer". Tu as fait partie des bâtisseurs de notre Académie.
Vois-tu, Michel, c’est un peu de la mémoire de notre Compagnie qui s’envole chaque fois qu’un ancien nous quitte ! Certes, ton exemple nous guidera encore
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longtemps. Il nous manquera cependant ta présence et cette assurance modérée, cette élégance, qui faisait de toi un conseiller digne et écouté.
Et puis, il y a celle qui partageait avec tant de présence, tes joies et tes peines. Comment vous imaginer l’un sans l’autre ?
Que notre tâche sera prenante et difficile, madame ! Il vous faudra nous permettre de vous entourer et de vous prodiguer, aux côtés de vos enfants et petits-enfants, l’affection d’une grande famille, d’une autre famille, celle que tu avais choisie, Michel, et à qui tu vas beaucoup manquer.
Tu voulais encore, en septembre, assister à notre assemblée générale du 11 février 2009. Nous aurons tous une pensée pour toi et s’il est vrai que de là-haut tu peux guider nos pas, fais nous un signe si tu juges que nous sommes dans la bonne direction, celle de l’excellence.
Le professeur Marysette Folliguet
Mesdames, messieurs, mes chers collègues,
Je suis très heureuse de vous accueillir pour la séance solennelle de l’Académie nationale de chirurgie dentaire ; la fidélité doit être une vertu académique, vous en êtes un exemple, tous ici présents ce soir, et je vous en remercie.
Sans aucun doute, êtes-vous impatients d’entendre nos conférenciers ; chacun d’entre eux est un expert dans son domaine et je sais qu’ils vont nous passionner.
Avant cela, je souhaite remercier monsieur Larcher, président du Sénat, de nous permettre de nous retrouver dans ce cadre prestigieux.
Merci également aux personnalités éminentes dont la présence nous honore :
Le Dr Gourmet, représentant le médecin général des armées Lafont Le Dr Jean Pierre Fogel, président de la Fédération nationale des chirurgiens
dentistes de réserve Le Dr Anne Desouches, médecin inspecteur régional DRASS Monsieur Francis Desbrosse, président de l’Académie vétérinaire de France Le Dr Mancret, représentant le président de l’Académie nationale de pharmacie Le Dr Trivin, vice-président du Conseil national de l’ordre des pharmaciens,
représentant le président Nos confrères, le Dr Pierre Lansade, vice-président du Conseil national de l’Ordre des chirurgiens dentistes, représentant le président Couzinou, et le Dr Paul Samakh, président du Conseil régional de l’Ordre des chirurgiens dentistes.
Parmi nos collègues étrangers, je salue madame le professeur Bruziewicz, qui vient nous voir de Pologne, le professeur Bouziane, d’Oran, et nos amis de Tunisie.
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Certaines personnes n’ont pu se joindre à nous ce soir et vous prient d’excuser leur absence. Il s’agit de messieurs :
Gérard Larcher, président du Sénat Bernard Accoyer, président de l’Assemblée nationale Les professeurs Géraud Lasfargues, président de l’Académie nationale de médecine Alain Pompidou, président de l’Académie des technologies Gérard Lévy, doyen de Paris 5 ¢ René Descartes Marc Bolla, doyen de Nice Pierre-Hubert Dupas, doyen de Lille Jean-François Peli, doyen de Bordeaux André Salvadori, doyen de Marseille Les docteurs Meyer Fitoussi, président de la Société Odontologique de Paris André Micouleau, vice-président du Conseil national de l’ordre des chirurgiens
dentistes Jean-Marc Preynat, président de l’UJCD Mme Catherine Bréchignac, présidente du CNRS. Sans trop abuser de votre patience, permettez-moi quelques mots sur l’actualité. Lors des premières assises de la santé dentaire, en septembre dernier, le professeur Matillon, conseiller de Mme la ministre de la Santé, de la Jeunesse, des Sports et de la vie associative précisait : "la santé bucco-dentaire relève de la santé publique à part entière". C’est dire la légitimité de notre Compagnie et l’importance des travaux de tous les professionnels de santé en ce moment car, unis, nous constituons une véritable force de propositions. Il faut que se concrétisent nombre de projets débattus depuis longtemps au sein de notre profession. La loi Hôpital, Patients, Santé et Territoires, dite loi HPST, a été votée le 18 mars au Parlement après quatre semaines de débats. Elle devrait permettre de voir aboutir certains d’entre eux. Parmi les sujets en attente, je citerai : ¢ pour les professionnels, la réflexion sur la démographie des praticiens, le statut des assistantes dentaires et la délégation de tâches, la permanence des soins, les besoins matériels et humains liés à la formation des étudiants, la place de l’odontologie à l’hôpital, le développement de la recherche, mais aussi la spécialité de chirurgie buccale ou l’internat qualifiant. ¢ pour les patients, le droit à l’information qui doit être respecté, la réduction des inégalités de soins dans les zones désertifiées, un égal accès aux soins de qualité pour tous. De très nombreuses études ont montré que le mauvais état dentaire pouvait être considéré comme un marqueur social et les chirurgiens dentistes ont donc un rôle à jouer dans la réduction des inégalités de santé.
Pour revenir à l’actualité, la qualité et la pérennité de notre système de santé sont une préoccupation de tous. Bien que déclaré meilleur système du monde par
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l’OMS, il persiste de nombreux freins qui limitent l’optimisation du système : le cloisonnement ville / hôpital, l’opposition sanitaire et médico-social, la dichotomie santé publique et soins... La loi HPST devrait conduire à la modernisation du système de santé, en garantir la qualité et permettre l’accès de tous aux soins. Tels en sont les objectifs. C’est un projet d’organisation sanitaire qui a été élaboré à partir de plusieurs rapports, celui de la commission Larcher portant réforme de l’hôpital, le rapport Ritter sur les agences régionales de santé, le rapport Flajolet sur les disparités territoriales des politiques sanitaires, et après de nombreux débats vifs et passionnés. Les Agences Régionales de Santé ou ARS prévues dans la loi devraient répondre à ces objectifs par un pilotage unifié et responsabilisé du système territorial de santé. Le rapprochement entre la ville et l’hôpital facilitera la permanence des soins. Les politiques de santé, adaptées aux besoins et spécificités de chaque territoire assureront l’égalité de traitement à tous les patients sur l’ensemble du territoire. Mais comment réguler la démographie médicale face à ces enjeux ? C’est l’un des grands défis de cette loi. Inclure la santé publique dans le champ de compétence de ces agences permet de mettre l’accent sur la prévention et l’éducation pour la santé, jusque là insuffisamment développées et coordonnées. En effet, la santé publique est souvent considérée comme un rêve, nécessaire certes, mais qui reste du domaine de la théorie. Le titre 2 de la loi fait de l’éducation thérapeutique du patient une priorité de santé ; elle fait partie intégrante de sa prise en charge et sa reconnaissance permettra d’apporter un réel bénéfice en termes de qualité de vie des patients. Malgré les améliorations attendues grâce à ce projet, la loi fait débat. De nombreu- ses propositions ont été faites pour amender le texte et nous espérons qu’elles ne resteront pas au stade de vœux pieux. C’est d’ailleurs dans cette maison que la loi sera discutée à partir du mois de mai.... Nous attendons aussi la diffusion des travaux de la Commission Marescaux portant réforme des CHU, car l’avenir de notre profession dépend aussi de la qualité de la formation donnée aux étudiants en chirurgie dentaire. Comme nos collègues médecins, pharmaciens, nous sommes directement concernés par le devenir des CHU. Le changement est toujours source d’inquiétude mais, sans changement, il n’est pas de progrès possible. Churchill disait qu’il n’y a rien de négatif dans le changement si c’est dans la bonne direction. Alors restons optimistes. Je vous remercie. Notre secrétaire général, Michel Jourde, va maintenant accueillir les nouveaux membres titulaires et leur remettre leur diplôme. En mon nom, et au nom de tous les Académiciens, nous leur adressons nos félicitations.
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Vingt ans de recherche en implantologie dentaire : avancéestechnologiquesetrévolutionscliniques
Mithridade DAVARPANAH *, Serge SZMUKLER-MONCLER **
En 20 ans, c’est-à-dire depuis 1990, l’implantologie dentaire s’est profondément transformée. De jeune discipline naissante, hésitante quant à l’étendue de son domaine, elle a gagné en maturité, en audace aussi. Des traitements, des protocoles que l’on n’osait pas même imaginer sont devenus routiniers après une phase relativement courte de développement. Le but de cette intervention était de décrire quelques nouvelles applications cliniques récemment introduites ainsi que celles encore en cours d’élaboration couvrant les cinq points suivants : ¢ la mise en charge immédiate, ¢ la gestion des tissus mous, ¢ la chirurgie non invasive à l’aide de l’implantologie assistée par ordinateur, ¢ le placement de dents au contact de résidus dentinaires, ¢ l’utilisation d’une surocclusion sur implants pour réaliser une ingression molaire
maxillaire. La mise en charge immédiate des implants dentaires était par le passé la caractéristique la plus saillante de l’implantologie pré-branemarkienne, vouée à l’échec. Elle fut donc mise hors-la-loi, avant de revenir sur la scène, portée au frontispice de la respectabilité par Branemark lui-même en 1999. La démarche consistant à réhabiliter la mise en charge immédiate fut simple : il suffisait que les taux de succès des protocoles de mise en charge immédiate soient comparables aux protocoles classiques de mise en charge différée. Le risque supplémentaire lié à la mise en charge immédiate est pris en compte mais il est aisément maîtrisé en identifiant les paramètres critiques. En réunissant les conditions optimales de succès ainsi que nous l’avons décrit dans un ouvrage dédié à la mise en charge immédiate (Davarpanah et Szmukler-Moncler 2007a), les taux de succès peuvent être mainte- nus élevés, équivalant à ceux de la mise en charge différée (Del Fabbro et al. 2006). La nouvelle démarche qui est ici proposée prend à contre-pied l’hypothèse de départ qui repose sur l’équivalence des taux de réussite des protocoles de mise en charge immédiate et différée. Nous avançons que dans certains cas, des taux d’échecs supérieurs atteignant 10-15 % sont tolérables lors d’une mise en charge
* De l’Académie nationale de chirurgie. ** Professer associé, Université Paris 6.
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immédiate, dès lors que ces échecs n’aboutissent pas à un échec prothétique de la temporisation (Davarpanah et al. 2007). Les cas concernés par cette exception sont les patients à risque multiples, habituellement évincés de ce type de protocole, au risque supérieur. Ces derniers cumulent les facteurs de risque suivants :
1) addiction tabagique, 2) bruxomanie, 3) hygiène déficiente, 4) maladie parodontale chronique, 5) site post-extractifs, 6) os de faible densité.
Ces patients peuvent aussi prétendre au bénéfice d’une mise en charge immédiate à la condition de mettre davantage d’implants immédiatement en charge ou laissés en réserve en des points stratégiques, à activer en cas d’échec. Cinq cas illustrent notre propos (Davarpanah et al. 2007a). La gestion des tissus mous dans la zone antérieure est une thématique cardinale en implantologie. Classiquement, ce mode de gestion est chirurgical. Il concerne le positionnement optimal des implants en respectant les distances mésio-distales, vestibulo-palatines et apico-coronaires entre implants et/ou éléments naturels adjacents. Pour rendre plus prédictible le résultat esthétique, il est cependant possible de lui adjoindre une gestion prothétique. Elle consiste à réduire, dès la phase de temporisation : 1) le volume du pilier afin de faire combler l’espace ainsi libéré par un feston
gingival plus volumineux, 2) le bombé de la face vestibulaire en regard de l’émergence gingivale afin
d’amener le niveau du bord marginal de la gencive à un niveau plus coronaire qu’avant la chirurgie.
La maturation gingivale se fait dans cette position et, de la sorte, il est possible d’éviter une perte de hauteur gingivale. Une seconde prothèse de temporisation est préparée de manière à accentuer le feston du bord marginal, ce qui l’épaissit davantage et lui garantit une plus longue stabilité dans le temps. Un exemple est illustré dans l’ouvrage sur la mise en charge publié par les auteurs (Davarpanah et Szmukler-Moncler 2007). Le troisième point concerne la chirurgie non invasive ou chirurgie transmuqueuse sans lambeau. Avant de s’y prêter, certaines conditions sont à réunir, entre autres une largeur de crête confortable. De plus, elle ne peut s’appliquer que de manière marginale au traitement de l’édenté total, au maxillaire ou à la mandibule (Davarpanah et Szmukler-Moncler 2008, Manuel d’implantologie chap 7). Pourtant, c’est pour ce type d’édentement que cette procédure serait utile, du fait des faibles suites opératoires comparées à celle observées lors d’une chirurgie avec lambeau. L’avènement de la chirurgie assistée par ordinateur transforme totalement l’indication de la chirurgie sans lambeau. Elle en fait une intervention de première intention à moins que des raisons spécifiques ne s’y opposent, telles que la nécessité
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d’une augmentation osseuse due à la largeur limitée de la crête ou la présence de gencive non attachée. La chirurgie assistée par ordinateur requiert : 1) un examen tomodensitométrique réalisé en portant un guide radiologique, 2) un logiciel pour reconstituer le maxillaire examiné en un objet 3D et pour
simuler, dans le volume osseux existant, la pose d’un implant issu d’une bibliothèque d’implants,
3) la fabrication d’un guide contraignant fabriqué par stéréo-lithographie. La maîtrise de cette nouvelle manière de travailler nécessite une certaine courbe d’apprentissage ; cependant elle simplifie drastiquement la complexité des cas, surtout lorsque l’édenté total est traité.
L’édenté partiel peut aussi être traité sans soulever de lambeau surtout dans la zone esthétique car le fait de ne pas réaliser de lambeau diminue le risque de perte osseuse et de migration des tissus mous en direction apicale. Dans tous les cas, elle permet une chirurgie rapide, où tout aura été pensé et validé avant l’intervention, moment où il ne "restera" plus qu’à exécuter le passage des forets déterminés par la feuille de route remise avec le guide chirurgical. Le chirurgien doit savoir garder la main et son expérience chirurgicale doit lui faire apprécier que tout se déroule comme prévu en conformité avec la planification. Si pour une raison ou une autre le praticien note que la chirurgie prend un tour inattendu, par exemple dû à une mauvaise planification, trop vestibulaire ou trop dans une autre direction, ou un mauvais positionnement du guide chirurgical, il doit immédiatement arrêter de suivre les indications de la feuille de route et les axes du guide chirurgical pour reprendre la contrôle de l’acte chirurgical de manière manuelle. L’implantologie assistée par ordinateur permet dans de nombreux cas d’inverser la chronologie des séquences implantaires, c’est-à-dire préparer la prothèse avant l’acte chirurgical pour réaliser une mise en charge immédiate plus contrôlée.
Le quatrième point est sans doute le plus original dans cette panoplie de nouveautés, car il sous-entend un changement potentiel de paradigme. Le désir de diminuer le recours à des chirurgies invasives nous y a menés. Il est admis, de manière implicite tellement cela semble évident, que l’implant dentaire ne doit en aucun cas venir au contact d’un autre tissu qu’osseux, tel que tissu fibreux, dentinaire, cémentaire ou pire encore des restes du ligament alvéolo-dentaire. Lorsque cette règle est appliquée à la lettre, l’extraction de dents ankylosées conduit à une chirurgie extrêmement invasive. Il faut alors minutieusement enlever la dent en question morceau par morceau, jusqu’à l’apex. S’il était possible de laisser derrière soi des résidus radiculaires au contact de l’implant, le traitement de la dent ankylosée serait simplifié. Il suffirait alors de forer au travers de la dent ankylosée, de vérifier que les pans radiculaires résiduels ne sont pas mobiles et poser un implant au travers du lit implantaire composé d’un tissu mixte, osseux et restes dentinaires. De fait, les quelques cinq cas traités à l’aide de ce protocole (fig. 1,2) n’ont subi aucun échec au cours de ces 44 mois de suivi moyen, minimum de suivi 24 mois, maximum de suivi 61 mois (Davarpanah et Szmukler-Moncler 2009a). Cela entrouvre de nouvelles possibilités de traitement et de surcroît cela
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peut remettre en question la suprématie jusqu’à présent incontestée de l’interface titane-os au profit d’une coexistence avec une autre interface, l’interface titane- tissus radiculaires. La remise en question de cet ancien paradigme nous a permis d’envisager une autre application, celle de la pose d’implants au travers de dents incluses (Davarpanah et Szmukler-Moncler 2009b) ou de racines résiduelles recouvertes de tissu osseux (Szmukler-Moncler et Davarpanah 2009). Lorsqu’une dent incluse se trouve sur le trajet d’un implant dentaire, l’approche classique consiste à l’extraire. Un temps de guérison de cinq à six mois est envisagé avant de procéder à la pose de l’implant. Cependant, la table vestibulaire est susceptible de s’effondrer suite à l’extraction. Une greffe osseuse est alors nécessaire pour recréer un volume compatible avec la pose d’un implant en ce site. La pose d’un implant au travers d’une dent incluse a pour but d’éviter ce type de complication. De plus, ce protocole, en s’appuyant sur la possibilité de venir au contact d’une racine, réduit le temps de traitement et le nombre d’interventions chirurgicales. Les figures 3-8 illustrent un tel cas où un implant a été placé au travers d’une canine incluse ainsi que son suivi à quatre ans (Davarpanah et Szmukler-Moncler 2009b). Le dernier point concerne le traitement des égressions dentaires du secteur postérieur maxillaire. Ces égressions font suite à l’extraction de dents antagonistes mandibulaires. Lorsque la réhabilitation du segment édenté mandibulaire est envisagée à l’aide d’une prothèse implanto-portée, l’espace prothétique s’avère rapidement insuffisant. Le moyen le moins invasif à notre disposition est de recréer un espace prothétique en ingressant les dents égressées. Classiquement, ces dents sont tractées à l’aide de mini-vis à ancrage squelettique (Davarpanah et al. 2007b). L’alternative ici proposée suggère d’utiliser les implants destinés à la réhabilitation mandibulaire comme point d’ancrage fixe, à partir duquel les implants seront progressivement ingressés (Serfaty et al. 2009). La procédure est la suivante : 1) les implants sont posés sans tenir compte de l’insuffisance de l’espace
prothétique, 2) lorsque les implants sont ostéo-intégrés, du composite est rajouté sur les
implants de manière à obtenir une surocclusion locale d’un mm, 3) le composite en surocclusion exerce des pressions alternatives et régulières sur
les dents égressées de par la fonction occlusale du patient, livrée à elle-même, 4) au terme de quatre à six semaines, la prématurité occlusale mise en place a
disparu, les dents du secteur maxillaire ont débuté leur ingression, 5) l’opération est renouvelée le nombre de fois nécessaire, jusqu’à ramener les
dents à leur position antérieure ou jusqu’à obtenir un espace prothétique suffisant pour la prothèse implanto-portée. Les six cas traités n’ont pas montré de souffrance osseuse spécifique, ni sur les implants, ni sur les dents ingressées.
En conclusion, le but de cette présentation au travers de ces cinq points était de montrer que l’implantologie est une discipline dynamique, qu’elle laisse encore de la place aux innovations conceptuelles et que ses paradigmes ne sont pas encore définitivement arrêtés.
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Fig. 1 ¢ Traitement implantaire d’une dent for- tement ankylosée. a ¢ Radiographie pré-opératoire. L’ankylose est avancée, l’extraction complète de cette dent serait très amputante pour la table corticale externe. b ¢ Radiographie de contrôle à 1 an avec la couronne définitive. L’implant posé au travers de la racine ankylosée a été mis en charge immédia-
tement. Noter les résidus radiculaires sur les côtés mésial et distal. L’interface implant- tissu péri-implantaire semble stable et ne présente pas d’image radiologique particulière.
Fig. 2 ¢ Traitement d’une canine incluse se trouvant sur le trajet d’un implant. a ¢ Situation préopératoire. La canine de lait est tombée récem- ment et la patiente désire réhabi- liter cet espace à l’aide d’une pro- thèse fixe.
b ¢ Radiographie préopératoire. La canine définitive est impactée, elle se trouve sur le trajet de l’implant qui permettrait de réhabiliter cet espace édenté.
c ¢ Radiographie lors de la séquence de forage. Le foret est passé sur le trajet de l’implant, au travers de la canine incluse et au-delà, comme si elle était absente.
d ¢ Radiographie post-opératoire. L’implant a été posé au travers de la canine qui se trouvait sur son trajet. La partie coronaire de la canine a été enlevée. Noter l’espace en mésial de l’implant ainsi que le platform-switching.
e ¢Vue clinique lors du contrôle à 4 ans. L’esthétique de la couronne implanto-portée est satisfaisante, les papilles et le bord marginal sont stables.
f ¢Radiographie lors du contrôle à 4 ans. L’espace post-opératoire laissé en mésial a été comblé. Le niveau crestal en mésial et distal de l’implant n’a pas migré en direction apicale du fait du platform-switching. L’interface os-implant ne présente aucune image anormale.
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Séance officielle Palais du Luxembourg Lundi 16 novembre 2009
Allocution de la présidente Marysette Folliguet
Mesdames, messieurs, chers amis,
C’est un honneur et un grand plaisir pour moi de vous accueillir aussi nombreux ici ce soir. Grâce à la bienveillance du président du Sénat, M. Larcher, nous profitons de ce lieu chargé d’histoire.
Je tiens à remercier les personnalités qui honorent de leur présence cette séance solennelle :
M. Schroedt-Girard, directeur de cabinet du président du Sénat, Mme Mouneyrat, secrétaire générale du Comité national consultatif d’éthique, M. Trivin, vice-président de l’Ordre des pharmaciens, le Pr Laboux, doyen de la faculté de chirurgie dentaire de Nantes, le Pr Péli, doyen de la faculté de chirurgie dentaire de Bordeaux, M. Desbrosse, président de l’Académie vétérinaire de France, M. Brugère, vice-président de l’Académie vétérinaire de France, le Dr Micouleau, vice-président du Conseil national de l’Ordre des chirurgiens
dentistes, le Dr Samakh, président du Conseil régional de l’Ordre des chirurgiens dentistes
d’Ile-de-France, le Dr Fogel, président de la Fédération nationale des chirurgiens dentistes de réserve, M. Dupuydauby, directeur général de la MACSF, M. Chevallet, directeur des Laboratoires Pierre Fabre Santé, M. Laloup, directeur des éditions Chabassol.
Je saluerai tout particulièrement deux dames de la salle : Mme Ibos, dont le mari fut l’un des fondateurs de notre Compagnie, et Mme Guillain, dont l’époux, Michel, qui nous a quittés récemment, a consacré une grande partie de son énergie à l’Académie.
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Certaines personnalités n’ont pu se joindre à nous, parmi elles :
Mme Podeur, directrice de l’hospitalisation et de l’organisation des soins au ministère de la Santé et des Sports, représentée par le Pr Nicolas, son conseiller médical,
le Pr Patrick Gérard, recteur de l’Académie de Paris, le Pr Axel Kahn, président de l’Université René Descartes ¢ Paris 5, le Pr Lionel Collet, président de l’Université Claude Bernard ¢ Lyon 1, le Pr Yves Lecointe, président de l’Université de Nantes, représenté par le doyen de
la faculté de chirurgie dentaire, le Pr Guy Cathelineau, président de l’Université de Rennes 1, le Pr Jean-Pierre Finance, président de l’Université de Nancy, le Pr Géraud Lasfarges, président de l’Académie nationale de médecine, le Pr Sixou, doyen de la faculté de chirurgie dentaire de Toulouse, le Pr Bolla, doyen de la faculté de chirurgie dentaire de Nice, le Pr Zerilli, doyen de la faculté de chirurgie dentaire de Brest, le Pr Bourgeois, doyen de la faculté de chirurgie dentaire de Lyon, représenté par
le Pr Seux, vice-doyen, le Pr Bravetti, doyen de la faculté de chirurgie dentaire de Nancy, représenté par le
Dr Janot, le Pr De Mello, doyen de la faculté de chirurgie dentaire de Rennes, le médecin général inspecteur Touze, directeur de l’École du Val-de-Grâce, le médecin général inspecteur Vergos, directeur de l’École du service de santé des
armées de Bron, le Dr Couzinou, président de l’Ordre national des chirurgiens dentistes, représenté
par les Drs Micouleau et Lansade, le Dr Fitoussi, président de la Société odontologique de Paris, le Dr Preynat, président de l’UJCD.
Je déclare ouverte la séance solennelle de notre Académie.
Notre Compagnie est une belle quinquagénaire ; en effet, ses statuts ont été déposés il y a 54 ans.
L’article 2 définit ses objectifs : "L’Académie a pour but l’étude et le progrès de la chirurgie dentaire et tout ce qui peut concourir à cet objet".
Interlocuteur incontournable dans le domaine scientifique, l’éthique et la morale professionnelle sont aussi pour nous des sujets d’intérêt récurrents. Les membres de notre compagnie, gens de devoir, d’expérience, engagés, sont très éloignés de ceux que fustigeait le Pr Leprince Ringuet, et qu’il appelait les abstractocrates, ceux qui n’ont pas mis la main à la pâte. Nous accompagnons l’évolution de l’odontologie et ainsi contribuons à l’odontologie de demain.
Nous sommes de plus en plus souvent sollicités par les pouvoirs publics et les instances professionnelles pour donner des avis d’experts. L’indépendance de notre Compagnie, la qualité de ses membres garantissent des avis objectifs et impartiaux.
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Nous devenons aussi force de propositions par nos publications sur les sujets essentiels de notre profession.
L’année 2008 a été marquée par l’adoption et l’usage de toutes les technologies actuelles de communication grâce à l’action décisive menée par mon prédécesseur et ami, le professeur Lafforgue.
Par ailleurs, l’Europe des Académies de chirurgie dentaire est en marche. La présence des membres associés étrangers, ce soir, montre bien qu’il n’y a plus de frontière à la connaissance et à la communication. Nous avons des échanges fructueux avec des collègues de nombreux pays et je salue ces collaborations. Certains nous ont même sollicités pour les aider à créer des Académies nationales sur le modèle de la nôtre.
Une telle ouverture permet l’harmonisation des pratiques professionnelles et sera ainsi source de progrès de la chirurgie dentaire.
Une telle évolution reste cependant dans le droit fil de ce que disait l’académicien Augustin Grisolle il y a plus de 150 ans ; pour lui : "le rôle des académies n’est point de faire des découvertes, mais bien de les reconnaître, de les consacrer : d’avertir, de diriger parfois l’esprit d’innovation pour le préserver de ses écarts, l’empêcher de s’égarer et de prévenir de la sorte les grandes secousses, les invasions brusques des systèmes qui, le plus souvent, retardent les progrès réguliers".
Ce soir, notre Compagnie joue pleinement son rôle. Elle remet ses prix, pour la pertinence de leurs travaux, à de jeunes confrères. Ils sont porteurs d’idées, et nous les invitons, par cette reconnaissance, à poursuivre leur tâche et comptons sur eux pour assurer la relève.
C’est la Commission des prix, présidée par le Dr Devillers, qui a la lourde responsabilité du palmarès ; sa tâche s’accroît d’année en année. Les choix sont quelquefois cornéliens compte tenu de l’excellence des travaux soumis à son arbitrage. La grande diversité des thèmes proposés justifie le recours à des rapporteurs extérieurs, sollicités pour leur compétence. Leurs avis motivés éclairent la Commission. Qu’ils soient chaleureusement remerciés.
Je cède la place à notre secrétaire perpétuel.
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Allocution du secrétaire perpétuel Michel Jourde
Mesdames, messieurs, chers amis,
Il m’est agréable, au nom de notre présidente et au nom du bureau, de vous dire quelques mots sur les actions principales que nous avons mises en place ou que nous souhaitons voir s’installer de façons pérennes dans les années à venir.
Après notre participation, fin mars, au Congrès de la francophonie à Iasi, en Roumanie, nous avons décidé d’actualiser une idée retenue sous la présidence de Pierre Lafforgue à savoir, développer nos relations internationales.
Nous avons la chance d’avoir, comme membres associés étrangers, d’éminents confrères et chercheurs ; nous souhaitons les rencontrer plus souvent lors de nos journées de travail et de nos séances solennelles. Pour cela nous les inviterons à formuler auprès de notre ancien président leurs impressions sur leur vécu au sein de notre Compagnie et surtout, nous les inviterons à nous faire bénéficier de leur savoir.
Pour ce qui est du fonctionnement de notre Académie, qu’il nous soit permis de mentionner combien chaque commission a travaillé avec grande assiduité sur des sujets aussi importants les uns que les autres. Peut-être manque-t-il encore de connaître suffisamment tôt leurs projets, pour anticiper sur le contenu de notre bulletin. Nous proposerons, à leurs présidents respectifs, de nous rencontrer une fois l’an et de faire un bilan prévisionnel des grandes actions à mener.
Par ailleurs, nous continuerons à vous informer de la façon la plus exhaustive possible de nos actions, tant auprès de l’Ordre national des chirurgiens dentistes, que du ministère de la Santé, de la Jeunesse, des Sports et du Handicap.
Enfin puisque aujourd’hui, nous allons décerner les prix de l’Académie à certains brillants lauréats, je voudrais remercier, en votre nom à tous, les généreux donateurs qui croient à l’excellence de l’Académie nationale de chirurgie dentaire comme tribune pour tous les jeunes chercheurs.
Le docteur Annick Devillers, présidente de la Commission des prix, fera un résumé de leurs travaux et nous remettrons à chacun le prix mérité.
Je ne saurais terminer sans remercier nos conférenciers, mais je sais que notre présidente le fera de savante manière.
Je vous remercie de votre attention.
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Aspects vétérinaires de deux crises sanitaires majeures : encéphalopathie spongiforme bovine et grippe aviaire
Jeanne BRUGÈRE-PICOUX *
Introduction
En 1985, personne n’attendait l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) et l’augmentation progressive et impressionnante du nombre de bovins infectés inquiéta surtout les spécialistes en santé animale. La maladie de Creutzfeldt-Jakob était une affection humaine rare mais dont on connaissait seulement la transmissibilité interhumaine. Les Britanniques annonçaient que l’ESB était spécifique aux bovins comme la tremblante pouvait l’être pour les petits ruminants et que la barrière d’espèce protégeait le consommateur. À l’époque le "principe de précaution" n’était pas entré dans la Constitution et les "lanceurs d’alerte" annonçant un risque de zoonose étaient de dangereux alarmistes. Pourtant le franchissement de la barrière d’espèce du bovin vers le chat avec l’apparition du premier cas anglais d’encéphalopathie spongiforme féline observé en mai 1990 était déjà inquiétant, mais il a fallu attendre mars 1996 pour que l’on découvre que l’ESB pouvait être une zoonose. Il s’ensuivit une crise sanitaire sans précédent dans le monde agro-alimentaire.
Avec la seconde crise grave liée à la "grippe aviaire", surtout médiatisée à partir d’août 2005, on appliqua le principe de précaution. Alors que le virus influenza A hautement pathogène de sous-type H5N1 provoquait une peste aviaire (terme plus approprié à cette affection) très meurtrière dans les élevages de volailles et que les pestes aviaires étaient connues chez les vétérinaires pour n’être que des zoonoses exceptionnelles, on entendit surtout l’OMS et certains médecins annoncer que la future pandémie serait due à ce virus. Nous n’avons pu que constater les conséquences dramatiques pour les filières aviaires de ces annonces médiatisées. Les cas de "grippe aviaire" chez l’Homme sont restés sporadiques, sans mutation permettant la transmission interhumaine redoutée. En revanche, les médias (et l’OMS) découvrirent brutalement en avril 2009 un vrai virus pandémique inattendu car de sous-type H1N1, tout d’abord dénommé à tort "grippe porcine", alors
* De l’Académie nationale de médecine et de l’Académie vétérinaire de France.
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qu’aucun élevage porcin n’avait été affecté ! Nous présenterons dans cet article le point de vue du vétérinaire sur la gestion de ces deux crises sanitaires majeures de ces deux dernières décennies.
L’encéphalopathie spongiforme bovine
L’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) n’était pas nouvelle en médecine vétérinaire puisque l’on connaissait depuis plus de deux siècles la tremblante du mouton et de la chèvre. Bien peu de scientifiques savaient à l’époque que la transmissibilité de la tremblante avait été démontrée dans les années trente par des vétérinaires français, les professeurs Cuillé et Chelle de l’École vétérinaire de Toulouse (Cuillé et Chelle, 1938). C’est pourtant grâce à cette découverte qu’un autre vétérinaire, Jim Hadlow (Hadlow, 1959), conseilla à Gajdusek (prix Nobel de médecine en 1976) de vérifier la transmissibilité éventuelle au singe du kuru, affection rencontrée dans une tribu papoue pratiquant un cannibalisme funéraire, en raison des similitudes lésionnelles de la tremblante et du kuru. C’est ainsi que l’on sut à partir des années soixante que le kuru, puis la maladie de Creuzfeldt- Jakob (MCJ) étaient des maladies transmissibles. D’autres encéphalopathies spongiformes transmissibles ont été découvertes chez les animaux, comme l’encéphalopathie transmissible du vison, la maladie du dépérissement chronique des cervidés américains, ou chez l’Homme (syndrome de Gertsmannn-Sträussler- Scheinker) (tableau I). Dès l’apparition de l’ESB, les scientifiques furent partagés sur l’origine de cette infection. Pour les uns, il s’agissait d’une transmission par des carcasses ovines provenant de moutons atteints de tremblante. Pour d’autres, il s’agissait d’une maladie bovine rare ayant toujours existé mais amplifiée par le recyclage de carcasses bovines dans la fabrication de farines de viandes et d’os (FVO) à des températures insuffisantes pour inactiver le prion bovin. Pour les Britanniques, le problème fut d’abord celui de la santé animale alors que, dès 1989, nous souhaitions une plus grande vigilance en écrivant (Brugère-Picoux et Chatelain, 1989) : "En raison du risque potentiel de zoonose que représente l’ESB et des conséquences économiques de l’apparition d’une telle infection dans un pays (en particulier dans le cas de l’exportation de bovins ou de produits contenant des protéines d’origine bovine) il faut espérer que le mode de transmission de cette affection restera "accidentel" (transmission par un aliment contaminé sans possibilité de transmission verticale ou horizontale ultérieure) et limité au Royaume-Uni. Il convient aussi d’être particulièrement vigilant quant à l’emploi de protéines d’origine animale dans l’alimentation des animaux de rente (origine, modes de fabrication...). Si des mesures ont été prises pour prévenir l’apparition de l’ESB en France, il faut remarquer que rien n’est fait pour limiter les cas de tremblante chez les petits ruminants." C’est en 1990 que la première "alerte" a été lancée, par l’annonce du premier cas d’encéphalopathie spongiforme féline (ESF) au Royaume-Uni (depuis, près d’une centaine d’ESF ont été répertoriées chez les chats britanniques). Nous avons alors
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Tableau I ¢ Encéphalopathies spongiformes subaiguës transmissibles humaines et animales
* Infection observée chez un individu génétiquement prédisposé ** Infection observée chez un individu génétiquement prédisposé lors de greffe de
dure-mère, apport d’hormones hypophysaires.... ETV : encéphalopathie transmissible du vison MCJ : Maladie de Creutzfeldt-Jakob vMCJ : forme variante de la maladie de Creutzfeldt-Jakob SGSS : Syndrome de Gertsmann-Sträussler-Scheinker MDC : Maladie du dépérissement chronique ES : encéphalopathie spongiforme ESB : encéphalopathie spongiforme bovine ESF : encéphalopathie spongiforme féline nd : transmission non démontrée
collaboré à la rédaction de l’avis de l’Académie vétérinaire de France du 30 mai 1990 : "[...] Considérant qu’aucune étude ne permet pour l’instant d’affirmer que l’homme est insensible à l’agent transmissible et que la plupart des études d’inoculation de prions aux animaux de laboratoire, y compris les primates, se révèlent positives, l’Académie vétérinaire de France souhaite que le risque potentiel de zoonose soit examiné dans tous ses aspects et que la plus grande rigueur soit prise pour la surveillance des denrées d’origine bovine. En particulier, tant que dureront les impor- tations, les tissus potentiellement virulents (encéphale, moelle, nerfs, thymus, abats en général) devraient être retirés des consommations humaine et animale."
La seconde alerte correspond à la publication de la sensibilité du porc à l’agent bovin inoculé par la voie intracérébrale. Curieusement, jusqu’en 1994, peu de mesures furent mises en œuvre pour lutter contre l’ESB. L’annonce des 100 000 cas d’ESB confirmés au Royaume-Uni passa presque inaperçue.
Après l’annonce du 20 mars 1996 sur la relation possible entre l’ESB et une nouvelle forme dite nouvelle variante de la MCJ (nvMCJ dénommée plus tard vMCJ) chez dix sujets britanniques, le risque lié à l’agent bovin devenait connu de tous et même considéré comme certain, même si la confirmation définitive n’a été apportée qu’avec la publication de l’identification de l’agent bovin dans la vMCJ en octobre 1997 (Bruce et al., 1997) et les "mesures de précaution" furent particulièrement nombreuses.
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Épidémiologie de l’ESB
En raison du grand nombre de bovins atteints au sein du cheptel, seuls le Royaume-Uni (plus de 185 000 cas d’ESB pour 11 millions de bovins) et le Portugal (plus de 1 000 cas d’ESB pour 1,7 millions de bovins) furent classés "pays à risque enzootique". Par suite des importations d’origine britannique (FVO, bovins vivants ou carcasses), de nombreux pays européens ont été atteints par l’ESB avec un certain décalage. C’est ainsi que, dans la figure 1, on peut noter le pic de 40 000 cas d’ESB déclarés au Royaume-Uni en 1993 (soit cinq ans après l’interdiction des FVO en 1988 dans ce pays, durée qui correspond à la période d’incubation moyenne de l’ESB, et qui est classiquement considérée comme le délai nécessaire pour observer l’effet d’une mesure dans le cadre de l’ESB). Dans les autres pays européens qui n’ont pas toujours mis en œuvre rapidement des mesures de précaution, ce pic, certes plus faible puisqu’il atteint 1 000 cas annuels pour l’ensemble de ces pays, est observé en 2003 avec un décalage de près de 10 ans. Cinq ans après l’année 2000 où les mesures de lutte contre les encéphalopathies spongiformes transmissibles des ruminants ont été particulièrement sévères, on peut maintenant noter une très nette diminution des cas d’ESB dans tous les pays.
Figure 1 ¢ Nombre de cas annuels d’ESB déclarés entre 1987 et 2009 de l’ESB au Royaume-Uni (à gauche) et en Europe hors Royaume-Uni (à droite)
(http://www.oie.int/fr/info/fr_esbmonde.htm, consulté le 25 février 2010).
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La méconnaissance du risque de zoonose avant 1996 (associée à la crainte de voir abattre son troupeau dans les pays atteints sporadiquement comme la France), peut expliquer la sous-déclaration des cas d’ESB par les éleveurs, d’autant plus qu’ils étaient les premiers à pouvoir reconnaître les symptômes précoces de la maladie au sein du troupeau (troubles du comportement, vache refusant d’entrer dans la salle de traite et devenant agressive...). En 1999, les vétérinaires suisses furent les premiers à démontrer l’intérêt d’une meilleure surveillance dite "active" avec la mise en place des tests ESB chez les animaux "à risque" (animaux trouvés morts, accidentés ou malades) ou par sondage à l’abattoir. Après la Suisse, la France fut le premier pays européen à envisager la mise en place de ces tests post mortem en 2000. Puis les autres pays européens ont suivi : à la fin de l’année 2000, la surveillance active de l’ESB a permis de détecter les premiers cas autochtones en Allemagne, en Espagne etenItalie.
Encéphalopathie spongiforme bovine et risque pour l’Homme
Lors de l’apparition de l’ESB, plusieurs scientifiques ont été rassurants sur le risque en santé publique. Ils considéraient qu’il existait une barrière d’espèce entre les ruminants et l’Homme pour les ESST en se basant sur les connaissances acquises depuis de nombreuses années avec la tremblante des petits ruminants. C’était