commission de l’union africaine · 2017. 12. 22. · ua : union africaine ue : union européenne...
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COMMISSION DE L’UNION AFRICAINE
MISSION D’OBSERVATION DE L’UNION AFRICAINE POUR
L’ELECTION PRIMAIRE DU PRESIDENT DE L’UNION DES
COMORES ET LE PREMIER TOUR DE L’ELECTION DES
GOUVERNEURS DES ILES AUTONOMES DU
21 FEVRIER 2016 ET DE LA REPRISE DES ELECTIONS DU
PRESIDENT DE L’UNION DES COMORES ET DU
GOUVERNEUR DE L’ILE D’ANJOUAN DU 11 MAI 2016
RAPPORT FINAL
Mission d’Observation Electorale de l’Union Africaine: Union des Comores 2016
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Table des matières
SOMMAIRE EXECUTIF ............................................................................................................... 3
LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES....................................................................................... 4
I. INTRODUCTION................................................................................................................. 5
II. OBJECTIF ET METHODOLOGIE DE LA MISSION ................................................... 6
A. Objectif ................................................................................................................................... 6
B. Méthodologie .......................................................................................................................... 6
III. CONTEXTE DES ELECTIONS DU 21 FEVRIER 2016 ET DE LA REPRISE DES
ELECTIONS DU 11 MAI 2016 ................................................................................................... 7
IV. OBSERVATION PRE-ELECTORALE .............................................................................. 8
A. Cadre juridique........................................................................................................................ 8
B. Administration électorale ........................................................................................................ 8
C. Inscription des électeurs et révision du fichier électoral ....................................................... 10
D. Education civique et électorale ............................................................................................. 10
E. Enregistrement des candidats ................................................................................................ 11
F. Campagne électorale ............................................................................................................. 13
G. Participation des femmes et les droits des minorités ............................................................ 14
H. Implication de la Société Civile ............................................................................................ 14
I. Medias ................................................................................................................................... 15
J. Préparatifs électoraux............................................................................................................ 15
RESUME DE LA PHASE PRE ELECTORALE .................................................................... 16
V. OBSERVATION DES JOURS DE SCRUTIN .................................................................... 17
A. Ouverture des bureaux et procédure de vote ......................................................................... 17
B. Matériel électoral .................................................................................................................. 18
C. Personnel électoral ................................................................................................................ 18
D. Localisation et accessibilité des bureaux de vote ................................................................. 18
E. Délégués des candidats et observateurs électoraux .............................................................. 18
F. Sécurisation des scrutins ....................................................................................................... 19
G. Participation électorale.......................................................................................................... 20
H. Secret du vote ........................................................................................................................ 20
Mission d’Observation Electorale de l’Union Africaine: Union des Comores 2016
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I. Participation des femmes ...................................................................................................... 20
J. Clôture des votes et dépouillement ....................................................................................... 20
K. Gestion des résultats et des procès-verbaux de dépouillement ............................................. 21
RESUME DE L’OBSERVATION DES JOURS DE SCRUTIN ............................................ 21
VI. OBSERVATION POST- ELECTORALE ......................................................................... 22
A. Transmission et centralisation des résultats .......................................................................... 22
B. Les résultats des élections couplées du 21 Février 2016 et du 11 mai 2016 ........................ 22
C. Résolution de contentieux électoraux ................................................................................... 23
D. Environnement politique post-électoral ................................................................................ 24
VII. CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS ................................................................. 25
A. Conclusion ............................................................................................................................ 25
B. Recommandations ................................................................................................................. 26
Annexe 1: Plan de Déploiement de la MOEUA pour le scrutin du 21 Février 2016 ................. 27
Annexe 2: Plan de Déploiement de la MOEUA pour le scrutin du 11 Mai 2016 ...................... 28
Mission d’Observation Electorale de l’Union Africaine: Union des Comores 2016
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SOMMAIRE EXECUTIF
Une Mission d’observation électorale de l’Union africaine (MOEUA) a séjourné dans l’Union
des Comores du 17 au 27 février 2016, puis du 09 au 17 mai 2016 pour suivre le déroulement de
l’élection primaire du Président de l’Union des Comores et du premier tour de l’élection des
Gouverneurs des îles autonomes et de la reprise des élections du Président de l’Union des
Comores et du Gouverneur de l’île autonome d’Anjouan1.
Les deux scrutins couplés se sont tenus les 21 février et 11 mai 2016. En février comme en mai
2016, la Mission a rencontré l’ensemble des acteurs du processus électoral et échangé avec les
autres missions d’observation électorale présentes à Moroni et les membres de la Communauté
internationale sur place. Elle a déployé des équipes d’observateurs à Ngazidja, et Mohéli, d’une
part, et, à Anjouan d’autre part. Bien que l’élection du président ait été couplée à celle des
gouverneurs, l’analyse ci-dessous ne portera que sur l’élection du président de l’Union des
Comores conformément au mandat de l’Union africaine en ce qui concerne les MOEUA.
Il conviendra également de procéder à l’évaluation exhaustive de la MOEUA, des rôles qu’elle a
joué afin de dénouer les sources de tensions et de favoriser la transparence dans le dénouement
du scrutin décisif qui s’est tenu le 11 mai 2017 à Anjouan afin de départager définitivement les
deux finalistes.
L’élection primaire du Président de l’Union des Comores, prélude à l’élection programmée pour
le 10 avril 2016, constitue une étape importante dans l’histoire politique des Comores. En effet,
elle marque le début du deuxième cycle de la tournante en ce qui concerne la présidence de
l’Union. Après avoir inauguré le principe quinze (15) jours plus tôt, il revenait à nouveau à la
Grande Comore (Ngazidja) de désigner les candidats devant solliciter le suffrage de l’ensemble
des électeurs comoriens le 10 avril 2016.
Nonobstant une interprétation équivoque des dispositions juridiques encadrant la tournante,
l’organisation de cette primaire a scellé l’engagement des acteurs comoriens à respecter la règle
de la tournante qui aura permis de mettre un terme aux velléités séparatistes des différentes îles
en réaffirmant l’Union des Comores. Cette élection offre ainsi aux différentes parties prenantes
au processus électoral l’occasion de procéder à l’évaluation du principe de la présidence
tournante pour mieux le fixer.
1 Le scrutin présidentiel du 11 mai 2016 est la résultante de l’arrêt n°021/E/G/NDZ/CC de la Cour Constitutionnelle
du 30 avril 2016 qui a requis la reprise du vote dans treize bureaux de vote sur l’île d’Anjouan. Pour des raisons
d’ordre organisationnel, les électeurs inscrits dans ces bureaux n’avaient pas pu voter le 10 avril 2016.
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LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES
CECI : Commission Electorale Communale Indépendante
CEII : Commissions Electorales Insulaires Indépendantes
CENI : Commission Electorale Nationale Indépendante
CNPA : Conseil national de la presse et de l'audiovisuel
CUA : Commission de l’Union Africaine
ECES : European Center for Electoral Support/ Centre Européen d’Appui Electoral
EISA: Electoral Institute for Sustainable Democracy in Africa
FECOSC : Fédération Comorienne des Organisations de la Société Civile
MOE : Mission d’observation électorale
MOEUA : Mission d’Observation Électorale de l’Union Africaine
OBSELEC : Observatoire des élections
OIF : Organisation internationale de la Francophonie
ONG : Organisation Non Gouvernementale
ONU : Organisation des Nations Unies
OSC : Organisation de la Société civile
PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement
UA : Union Africaine
UE : Union Européenne
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I. INTRODUCTION
Sur invitation du Gouvernement de l’Union des Comores, la Présidente de la Commission de
l’Union africaine (CUA), SE Dr. Nkosazana Dlamini Zuma, a décidé de déployer une Mission
d’Observation Electorale (MOEUA), à l’occasion de l’élection primaire du Président de l’Union
des Comores et le premier tour de l’élection des gouverneurs des îles autonomes du 21 février
2016 et de la reprise de l’élection présidentielle dans treize (13) bureaux de vote de l’île
d’Anjouan du 11 mai 2016.
La première Mission a été conduite par SE Dr. Mohammed Moncef Marzouki, ancien Président
de la République Tunisienne. Elle était composée de trente-cinq (35) observateurs issus du
Comité des Représentants Permanents auprès de l’Union africaine à Addis Abeba, du Parlement
Panafricain, des Organismes de Gestion des Elections et de la société civile africaine. Ces
observateurs provenaient de (21) pays africains2.
Pour la reprise du scrutin dans les treize (13) bureaux de vote de l’île d’Anjouan, la Mission a été
conduite par Me Barthélémy Kéré, Président de la Commission Electorale Nationale
Indépendante du Burkina Faso. Elle comprenait 20 observateurs issus de quinze (15) pays3.
Pour les scrutins du 21 février 2016, la MOEUA est arrivée aux Comores le 17 février et y a
séjourné jusqu’au 27 février 2016. Pour les élections de reprise, la MOEUA est arrivée sur le sol
comorien le 9 mai pour en repartir le 17 mai 2016. Dans les deux cas, la MOEUA a bénéficié de
l’appui technique et logistique d’experts de la CUA, du Parlement Panafricain (PAP) et de
l’Institut Electoral pour une Démocratie Durable en Afrique (EISA).
Ce rapport constitue l’évaluation finale de la MOEUA en Union de Comores sur l’élection
primaire du président de l’Union des Comores, le premier tour de l’élection des gouverneurs des
îles autonomes et la reprise de l’élection présidentielle dans treize (13) bureaux de vote sur l’île
d’Anjouan.
2 Afrique du Sud, Algérie, Burundi, Cameroun, Ethiopie, Gabon, Libye, Maurice, Mauritanie, Nigeria, Ouganda,
République Centrafricaine, République Démocratique du Congo, Seychelles, Sierra Leone, Soudan, Swaziland,
Togo, Tunisie, Zambie et Zimbabwe. 3 Algérie, Bénin, Burkina Faso, Burundi, Ethiopie, Gabon, Madagascar, Maurice, Ouganda, République
Démocratique du Congo, Sénégal, Sierra Léone, Tchad, Togo et Tunisie.
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II. OBJECTIF ET METHODOLOGIE DE LA MISSION
A. Objectif
La MOEUA avait pour objectif fondamental l’évaluation indépendante, objective et impartiale
des scrutins des 21 février et 11 mai 2016 en Union des Comores, conformément aux
dispositions pertinentes de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la
gouvernance (CADEG) entrée en vigueur en 2012, de la Déclaration de l’OUA/UA sur les
principes régissant les élections démocratiques en Afrique de 2002, des Directives de l’Union
africaine pour les missions d’observation et de suivi des élections de 2002, du Mécanisme
Africain d’évaluation par les pairs (MAEP) et du cadre juridique comorien encadrant
l’organisation des élections, notamment la Loi électorale n°14-004/AU du 12 avril 2014 et la Loi
n° 14-017/AU du 26 juin 2014 relative aux élections des Représentants de la Nation.
B. Méthodologie
La méthodologie d’observation retenue est une combinaison de l’observation mobile et de
l’observation fixe. En prélude au déploiement, plusieurs activités ont été conduites par la
Mission. Tout d’abord, la MOEUA a conduit une série de concertations avec les principales
parties prenantes au processus électoral, à l’instar de la Commission Electorale Nationale
Indépendante (CENI), les candidats et partis politiques, le Conseil National de la Presse et de
l'Audiovisuel (CNPA), les partenaires techniques et financiers internationaux impliqués dans le
processus électoral, les organisations de la société civile, la Cour Constitutionnelle et le corps
diplomatique en Union des Comores. La Mission a aussi interagi avec les autres missions
internationales d’observation électorale notamment, l’Organisation Internationale de la
Francophonie (OIF), la Communauté de l’Océan Indien (COI) et la Ligue Arabe. Ensuite, la
MOEUA a organisé deux séances d’information et d’orientation des observateurs les 19 février
et 10 mai 2016.
Le 21 février 2016, onze (11) équipes d’observateurs mobiles ont été déployées dans les îles de
Ngazidja, d’Anjouan et de Mohéli, et ont couvert 144 bureaux de vote. Pour le scrutin du 11 mai
2016, une première fois dans son histoire, la coordination de la MOEUA a innovée dans son
approche d’observation par la mise en place d’une stratégie d’observation fixe du scrutin. Ainsi,
treize (13) équipes d’observateurs fixes ont été déployées. Elles ont couvert les treize (13)
bureaux de vote concernés par la reprise du scrutin présidentiel.
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III. CONTEXTE DES ELECTIONS DU 21 FEVRIER 2016 ET DE LA
REPRISE DES ELECTIONS DU 11 MAI 2016
Le 21 Février 2016 se sont tenues en Union des Comores, les élections couplées du Président de
l’Union et des Gouverneurs des îles autonomes. Quinze années après l’adoption de la
Constitution de 2001 qui consacre le système de la tournante entre les îles permettant de mettre
définitivement un terme aux crises séparatistes récurrentes, ces élections marquent le début de la
deuxième phase de la tournante.
Après Ngazidja en 2002, Ndzouwani en 2006 et Mwali en 2011, le tour échoit à nouveau à
Ngazidja de choisir parmi vingt-cinq (25) postulants, ses candidats à l’élection présidentielle qui
devront solliciter le suffrage de l’ensemble des électeurs comoriens le 10 avril 2016. Cette
élection primaire est couplée à l’élection des gouverneurs des îles autonomes pour laquelle se
sont présentés quarante (40) candidats.
L’élection primaire s’est déroulée dans un contexte particulièrement tendu, dû aux interprétations
divergentes de l’article 13 de la constitution et de l’article 6 de la Loi organique n°10-019/AU
fixant les conditions d’éligibilité du Président de l’Union des Comores et les modalités
d’application de l’article 13 de la Constitution. Certaines interprétations ont semblé remettre en
cause le principe de la tournante avec un risque certain de retour à l’instabilité politique et le
réveil des velléités séparatistes.
Outre ces tensions politiques, le contexte entourant les scrutins de 2016 a été émaillé par une
crise institutionnelle ayant secoué la CENI suite à la révocation de deux de ses membres. Cela a
provoqué une paralysie du processus électoral qui a considérablement affecté les préparatifs
électoraux. Des tractations politiques ont été conduites et ont permis de mettre un terme à la crise
par le rétablissement des membres révoqués.
Il est à noter que la question du vote par procuration, qui constituait une pomme de discorde
entre les acteurs politiques, a trouvé un dénouement politique consistant en l’interdiction de toute
procuration. Un accord en ce sens a été paraphé le 20 février 2016, soit la veille des scrutins, par
l’ensemble des candidats et la CENI. Même si la MOEUA salue le consensus politique sur la
question, elle déplore l’atteinte que cet accord porte au principe du vote par procuration consacré
par les articles 121 et 122 du code électoral. La Mission note qu’une telle interdiction constitue
une violation manifeste du droit des électeurs régulièrement empêchés de prendre part aux
élections. La CENI aurait pu prendre des mesures adéquates pour garantir ce droit.
Malgré l’absence de la MOEUA au second tour des élections le 10 avril 2016, il convient
d’indiquer que c’ést le 15 avril, soit le délai de rigueur autorisé par la loi, que la CENI a
proclamé les résultats provisoires qui donneront élu, le candidat Azali Assoumani. Au même
moment, chaque camp se déclarait vainqueur et le pays semblait au bord de fortes tensions.
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Toutefois, avec ce risque d’exacerbation des tensions, la Communauté Internationale parviendra
à arracher un accord pour la reprise du vote dans 13 bureaux de vote à Anjouan, en se fondant
sur des raisons d’ordre organisationnel, les électeurs inscrits dans ces bureaux n’avaient pas pu
voter le 10 avril 2016.
Le 30 avril 2016, soit deux semaines après la proclamation des résultats provisoires, la Haute
instance matérialisera cet accord par arrêt n°021/E/G/NDZ/CC de la Cour Constitutionnelle.
IV. OBSERVATION PRE-ELECTORALE
A. Cadre juridique
Le cadre juridique régissant l’organisation des élections du Président de l’Union et des
Gouverneurs des îles autonomes de l’Union des Comores est constitué par plusieurs textes. La
Constitution du 23 décembre 2001, révisée le 17 mai 2009, est attachée au principe de la
démocratie aux termes de son article 6, ainsi qu’aux valeurs de l’égalité des droits civils et
politiques de tous les citoyens sans distinction de sexe. La Constitution consacre par ailleurs, la
liberté des partis ou des groupements politiques.
Elle définit le système d’administration et le mode de désignation du Président de l’Union. Ainsi,
l’article 13 dispose que la Présidence de l’Union est tournante entre les îles. Le Président de
l’Union et ses trois (3) Vice-Présidents sont élus pour un mandat de cinq ans. L’élection au plan
national (les trois îles) est précédée par une élection primaire sur l’île concernée conformément
au principe de la rotation.
Le code électoral (loi n°14-004.AU du 12 avril 2014) fixe les conditions d’éligibilité du
Président de l’Union et des Gouverneurs des îles autonomes. Ses modalités d’application sont
fixées par le décret n°14-120/PR du 21 juillet 2014.
La loi organique n° 10-019/AU du 06 septembre 2010, portant modification de certaines
dispositions de la loi organique n° 05-009/AU du 04 juin 2005, fixe les conditions d’éligibilité
du Président de l’Union et les modalités d’application de l’article 13 de la Constitution.
La MOEUA note que l’architecture juridique régissant l’organisation des élections en Union des
Comores rend complexe sa mise en œuvre et ouvre la voie à de multiples interprétations. Une
attention particulière devrait être portée à la législation pour éviter les conflits d’interprétation
susceptibles de déboucher sur des crises politiques.
B. Administration électorale
Le Ministère de l’Intérieur chargé des élections et la CENI sont les deux organes chargés de
l’organisation des élections en Union des Comores. Les articles 29 et 49 de la loi n°14-004/AU
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du 12 avril 2014 portant code électoral énoncent très clairement les fonctions respectives de ces
institutions.
Aux termes de l’article 29 du code électoral, le Ministère de l’Intérieur chargé des élections est
responsable de l’établissement du fichier électoral et de la mise en place des règles et modalités
d’organisation des élections.
Quant à la CENI, ses prérogatives sont définies par l’article 49 du code électoral. Elle est chargée
de la préparation, de l’organisation et de la supervision de toutes les élections ainsi que de la
centralisation et la proclamation des résultats provisoires. Elle est composée de treize (13)
membres issus des partis politiques de la majorité, de l’opposition politique, des organisations de
la société civile. Elle comporte des démembrements au niveau des îles (CEII) et des communes
(CECI)4.
Bien que la loi électorale énonce clairement les responsabilités du Ministère de l’Intérieur chargé
des élections et de la CENI, la MOEUA est d’avis que les prérogatives du Ministère de
l’Intérieur chargé des élections constituent des exceptions au pouvoir de la CENI. De plus, les
relations entre les deux organes ne sont pas de nature à garantir l’indépendance et l’autonomie
de la CENI, d’autant plus que le Ministère de l’Intérieur est fondé à évaluer les différents
rapports produits par la CENI. De fait, l’Union des Comores applique un système mixte
d’organisation des élections avec les risques de friction que cela entraîne entre les différentes
entités. Il est à rappeler que la CADEG (article 17) engage les Etats à mettre en place des
organes indépendants, autonomes et permanents chargés de conduire les processus électoraux.
La MOEUA note, enfin, que le mode de désignation des membres de la CENI en fait une
structure plus politique que technique. Ce qui pourrait affecter la synergie nécessaire entre les
différents membres pour une meilleure conduite du processus électoral. Cela a été justement
ressenti lors de la crise née de la révocation de deux membres par le président qui a été accusé de
se laisser aller à un jeu politique.
4 L’article 44 du code électoral définit les modalités de désignation ainsi que les critères à remplir par les membres :
5 membres désignés par le Président de l’Union des Comores, dont 3 personnalités indépendantes issues de la
société civile et de l’administration, dont 2 femmes, un juriste et un informaticien ; 5 membres désignés par le
bureau de l’Assemblée de l’Union, 3 au titre de la majorité et 2 au titre de l’opposition, dont 2 femmes et un ou une
statisticienne ; 1 personnalité indépendante désignée par chacun des Gouverneurs des iles autonomes.
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C. Inscription des électeurs et révision du fichier électoral
Les conditions d’inscription des électeurs sur les listes électorales sont définies par le code
électoral. Conformément à l’article 12, l’inscription est ouverte aux citoyens comoriens des deux
sexes âgés d’au moins dix-huit ans. Elle est matérialisée par la possession d’une carte d’électeur
donnant accès aux bureaux de vote. L’établissement et la révision du fichier électoral sont de la
responsabilité du Ministère de l’Intérieur chargé des élections en collaboration avec la CENI.
En prélude aux élections des 21 février et 11 mai 2016, la CENI, sous la supervision technique
du Ministère de l’Intérieur en charge des élections à qui il échoit la responsabilité de
l’enrôlement des électeurs, a procédé du 1er Septembre 2015 au 23 Novembre 2015 à l’opération
de révision exceptionnelle du fichier électoral.
A cette occasion, sur les prévisions de 158 458 nouveaux électeurs annoncés par la CENI, ce ne
sont finalement que 25 658 votants qui ont été enregistrés sur la liste des électeurs.
Tableau 1 : Répartition des électeurs par île.
ILES NOMBRE D’ELECTEURS
Ngazidja 158 645
Ndzuani 121 479
Mwali 20 882
TOTAL 301 006
La Mission a été informée d’un engouement tardif des comoriens pendant la période de révision
exceptionnelle et déplore les conséquences engendrées par celui-ci sur l’élaboration de la liste
définitive des électeurs.
Par ailleurs, en dépit du cadre juridique favorable au vote des comoriens de l’étranger, la Mission
a relevé que l’annonce de la participation des 100 000 électeurs potentiels n’a pas eu dans la
pratique une suite favorable, essentiellement pour des raisons matérielles et financières.
D. Education civique et électorale
Le code électoral confère à la CENI et à ses démembrements (CEII, CECI), à travers le comité
technique chargé de la communication5, la responsabilité d’éduquer et de sensibiliser les
populations en âge de voter. A cet effet, elle pourrait s’appuyer sur les organisations de la société
civile.
5 Ce comité est fondé par l’article 32 du règlement intérieur de la CENI à définir et à mettre en œuvre des actions et
stratégies d’information et de sensibilisation des électeurs.
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Sur la question de l’éducation et de la sensibilisation des électeurs, la plupart des interlocuteurs
de la Mission ont relevé les insuffisances qui ont impacté sur les actions d’éducation et de
sensibilisation des électeurs.
- Les défaillances du comité technique : Les stratégies et les actions de sensibilisation
sont définies et mises en œuvre sous l’impulsion du comité technique mis en place par la
CENI. Suite à la démission du secrétaire général de la CENI, le comité n’a pas pu remplir
ses missions, d’où l’indisponibilité des informations sur le processus électoral. Du fait de
ses défaillances, le comité n’a pas été en mesure d’interagir avec les organisations de la
société civile pour mettre en place un plan global de sensibilisation des électeurs. Seuls
quelques messages ont été diffusés dans les médias publics nationaux et communautaires.
- Les problèmes structurels de la CENI : Les tensions nées au sein de la CENI suite à la
révocation de deux membres par son président ont constitué une véritable paralysie des
activités de sensibilisation des électeurs. En effet, de l’avis de la quasi-totalité des acteurs
du processus électoral, les préparatifs des élections ont été considérablement ralentis de
sorte que la réhabilitation des deux membres révoqués n’a pas permis de rattraper le
retard accusé.
- La faible portée de la sensibilisation électorale : En raison de la modicité des fonds
dédiés à l’éducation et à la sensibilisation des électeurs, les rares actions, qui ont été
menées aussi bien par la CENI que par les organisations de la société civile, ne se sont
déroulées que dans les principaux centres urbains. Ainsi, de nombreuses zones n’ont pas
été prises en compte, particulièrement les zones rurales.
Toutefois, la Mission a relevé le rôle primordial joué par les partenaires internationaux,
notamment le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), qui ont
accompagné et soutenu les actions de sensibilisation des électeurs initiées par la CENI et les
organisations de la société civile. Des programmes spécialisés ont été mis en œuvre au bénéfice
des femmes et des jeunes.
La Mission s’est également félicité des actions entreprises par l’ Observatoire des élections
(OBSELEC) qui, grâce à l’appui de ses partenaires financiers, a déployé un panel de vingt-une
équipes de sensibilisateurs sur l’ensemble des îles pour sensibiliser et mobiliser les électeurs, en
particulier les jeunes et les femmes.
E. Enregistrement des candidats
Les articles 6 de la Constitution et 4 du code électoral garantissent respectivement les libertés
politiques et le droit pour tout parti ou groupement de partis politiques légalement constitué de
présenter des candidats aux différentes élections. Les candidatures indépendantes sont également
autorisées.
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Pour l’élection du Président de l’Union des Comores, les conditions d’éligibilité sont définies par
l’article 6 de la loi organique n° 10-019/AU du 06 Septembre 20106 comme suit :
- être de nationalité comorienne ;
- jouir de ses droits civils et politiques, de sa faculté intellectuelle et mentale ;
- être âgé de quarante (40) ans au moins au 31 décembre de l’année précédant les
élections ;
- être inscrits sur la liste électorale.
Les candidatures sont reçues auprès de la Cour Constitutionnelle trente (30) jours au plus tard et
quarante-cinq (45) jours au plus tôt avant la date fixée pour le démarrage de la campagne
électorale ou du premier tour de l’élection primaire (cf. articles 68 et 73 du code électoral). Elles
doivent être accompagnées de la preuve du versement au Trésor Public d’un cautionnement de
cinq (5) millions de francs comoriens7. Dans le cadre de l’élection primaire du 21 février 2016, la
période de dépôt des candidatures s’est déroulée du 6 au 21 décembre 2015.
A l’issue de cette phase, vingt-huit (28) candidats se sont manifestés parmi lesquels une (1)
femme. Après examen et épuisement des recours, la Cour Constitutionnelle a retenu vingt-cinq
(25) candidats. Les candidatures de l’ancien président Ahmed Abdallah Sambi, Said Hassana
Hachim et Hassani Said Harouna ont été rejetées. Pour Abdallah Sambi, le rejet a été justifié par
le fait qu’il a déjà été président dans le cadre de la tournante pour le compte de l’île d’Anjouan. Il
est à rappeler que cette candidature a d’ailleurs été la source de vives tensions en ce qu’elle a
semblé remettre en cause le principe de la tournante. Dans son arrêt de rejet, la Cour
Constitutionnelle a été obligée de définir les critères d’application de ce principe en ce qui
concerne les candidatures à la primaire. Pour le candidat Said Hassana Hachim le rejet a été
motivé par le défaut de la qualité d’électeur de l’un de ses vice-présidents alors que dans le cas
de Hassani Said Harouna, le motif du rejet se rapportait à la non satisfaction de la condition
d’âge par l’un de ses vice-présidents.
Pour l’élection des Gouverneurs des îles autonomes, la déclaration de candidature est déposée
auprès de la CEII de l’île concernée. Selon l’article 176 du code électoral, pour être éligible au
poste de gouverneur, il faut :
- être de nationalité comorienne à la naissance ;
- savoir lire et écrire le Shikomori8 et l’une des deux autres langues officielles ;
- jouir de ses droits civique et politiques, de ses facultés intellectuelles et mentales ;
- être âgé de trente-cinq (35) ans ;
6 La loi organique n° 10-019/AU du 06 septembre 2010 portant modification de certaines dispositions de la loi
organique n° 05-009/AU du 04 juin 2005, fixant les conditions d’éligibilité du président de l’Union et les modalités
d’application de l’article 13 de la Constitution 7 Conformément à l’article 8 de la loi n°10-019/AU, cette somme est remboursée à tout candidat ayant obtenu au
moins 10% des suffrages. 8 Le Shikomori est l’appellation utilisée pour les langues du groupe comorien.
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13 | P a g e
- avoir résidé au moins six (6) mois aux Comores avant les élections ;
- déclarer son patrimoine ;
- être inscrit sur la liste électorale de l’île depuis au moins six mois ;
Le dossier de candidature doit être accompagné de la preuve du versement d’un cautionnement
de trois (3) millions de francs comoriens au Trésor Public, qui sera remboursé aux candidats
ayant recueilli au moins 10% des suffrages selon les dispositions de l’article 71 du code
électoral. Au total, quarante (40) candidats ont été retenus, parmi lesquels deux (2) femmes.
F. Campagne électorale
La propagande électorale est réglementée par le titre VI du code électoral. Sa durée est
déterminée par l’article 77 entre 21 et 45 jours pour le premier tour et 7 et 21 jours pour le
deuxième tour. Elle est déclarée ouverte selon les termes du décret convoquant le collège
électoral. Pour les scrutins du 21 février 2016, le décret n°15-184/PR portant convocation du
corps électoral a fixé la période de la campagne électorale du 20 janvier au 19 février 2016. Pour
la reprise des élections dans les 13 bureaux de vote sur l’île d’Anjouan le 11 mai 2016, la
campagne a été ouverte le 3 mai et close le 9 mai 2016.
Pour les scrutins du 21 février 2016 comme pour la reprise partielle le 11 mai 2016, la Mission a
pu observer les derniers jours de la campagne électorale. Dans l’ensemble, elle s’est déroulée
dans le calme et la sérénité. En dépit des enjeux entourant ces scrutins, particulièrement la
reprise partielle après le gel de la publication des résultats par la Cour Constitutionnelle, les
acteurs engagés dans la compétition ont fait montre de retenue et de tolérance les uns à l’égard
des autres. Aucun acte manifeste de violence n’a été relevé ni porté à la connaissance de la
Mission.
Toutefois, la Mission a relevé plusieurs lacunes dans l’encadrement juridique de la campagne
électorale. Le code électoral est muet sur la nature des financements que devraient recevoir les
compétiteurs politiques. L’article 82 se contente juste de souligner que « les dons, libéralités et
autres faveurs administratives à un individu ou à un groupe d’individus à l’effet d’influencer le
vote sont interdits ». De même, on ne trouve aucune trace de limitation ou de plafonnement des
dépenses de campagne. Ce qui peut donner lieu à des abus de nature à accentuer le déséquilibre
entre les différents candidats. En ce qui concerne le contrôle des dépenses de campagne, le
mécanisme mis en place parait bien laxiste. Certes, la CENI est bien fondée par le code électoral
à veiller à l’application de la disposition interdisant les dons et libéralités aux candidats dans les
trois mois précédant le scrutin, mais dans la pratique ce contrôle n’est pas opérationnel avec la
configuration actuelle de la CENI. La Mission souligne donc que de telles insuffisances
juridiques sont de nature à laisser cours à une campagne déséquilibrée et à rompre l’égalité entre
les candidats.
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14 | P a g e
La MOEUA a aussi déploré l’échec de l’initiative du Cadre de Concertation à l’effet de faire
valider par les acteurs politiques un code de conduite pendant la période électorale.
G. Participation des femmes et droits des minorités
Le cadre juridique des élections aux Comores reconnaît le principe de l’égalité de tous les
citoyens devant la loi et contient de nombreuses dispositions de nature à favoriser la participation
des femmes dans la gestion des affaires publiques (primauté accordée aux conventions
internationales ratifiées par le pays, parmi lesquelles la Convention contre l’élimination de toutes
les formes de discrimination à l’égard des femmes et le Protocole additionnel à la Charte
africaine des Droits de l’Homme et des Peuples relatif aux droits des femmes).
Sur le plan électoral, la MOEUA a relevé, pour s’en féliciter, les nombreuses dispositions du
cadre juridique visant une meilleure implication des femmes dans le processus électoral. Il s’agit
notamment des articles 42 et 44 relatifs à la composition et à la désignation des membres de la
CENI et de l’article 72 fixant le principe de l’alternance entre homme et femme sur les listes des
candidats.
En dépit de ces efforts louables, la Mission a noté que la participation politique de la femme
comorienne reste résiduelle. Pour les élections en cours, on ne compte qu’une seule femme
candidate à la primaire de la présidentielle sur 25 candidats et deux femmes sur quarante
candidats aux élections des gouverneurs des îles. Tout en félicitant les autorités pour les progrès
déjà accomplis, elle les exhorte à mettre en œuvre des actions concrètes et à renforcer les
structures existantes pour mieux renforcer le niveau de la participation politique des femmes.
Elle appelle les femmes comoriennes à tirer profit du cadre juridique favorable pour prendre plus
de place dans l’arène politique.
H. Implication de la Société Civile
La participation de la société civile à la conduite du processus électoral est prescrite par le cadre
juridique comorien. En effet, l’article 42 du code électoral accorde deux places à la société civile
dans la composition de la CENI.
En dépit de moyens financiers limités, la MOEUA a relevé une implication forte appréciable de
la société civile dans les différentes opérations électorales, notamment dans les activités de
sensibilisation des électeurs et d’observation électorale. Elle a déployé un panel de
sensibilisateurs électoraux et des équipes d’observation électorale à l’occasion des scrutins des
21 février et 11 mai 2016. A cet effet, elle a bénéficié de l’appui de partenaires techniques
internationaux au rang desquels le Centre Européen d’appui électoral (ECES), l’Institut Gorée, le
PNUD, l’Organisation Internationale de la Francophonie, à travers deux principales plateformes
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15 | P a g e
que sont l’OBSELEC et la Fédération comorienne des organisations de la société civile
(FECOSC).
La Mission salue le projet de mise en synergie des organisations de la société civile comorienne
à travers la Plateforme des femmes et des jeunes pour des élections apaisées et crédibles en
Union des Comores. Cette synergie regroupe dix (10) organisations de la société civile appuyées
par le PNUD.
I. Medias
Le préambule de la Constitution comorienne garantit le droit à l’information et la liberté de la
presse. La régulation du secteur des médias est dévolue à un organe indépendant, le Conseil
National de la Presse et de l’Audiovisuel (CNPA), mis en place par la loi n° 10-009 du 29 juin
2010 et effectif depuis avril 2012.
A l’occasion des scrutins du 21 février et 11 mai 2016, la MOEUA a noté que les médias ont
accompli leur mission sans entrave en informant les électeurs sur le processus électoral. Aucun
fait de nature à compromettre la liberté de la presse n’a été observé ou rapporté à son attention.
En ce qui concerne la couverture des activités de campagne, elle s’est faite dans le cadre du
temps d’antenne déterminé en application de l’article 81 du code électoral. Tous les candidats en
lice ont disposé d’un temps d’antenne égal pour s’adresser aux électeurs. A cet égard, la Mission
se félicite du professionnalisme du CNPA qui a mis en place un mécanisme d’interaction avec
les compétiteurs pour renforcer un climat de confiance autour du processus électoral.
La Mission félicite les médias comoriens pour avoir fait preuve de responsabilité dans l’exercice
de leur métier au regard du cadre juridique, en particulier lors du gel de la publication des
résultats de l’élection présidentielle du 10 avril 2016 et de la reprise partielle des élections dans
les 13 bureaux de vote sur l’île d’Anjouan. Elle les encourage à maintenir cet élan pour les
processus électoraux à venir.
J. Préparatifs électoraux
En vue des scrutins du 21 février 2016, la CENI a établi un chronogramme des activités
préalables. Bien que ledit chronogramme ait été suivi et respecté dans l’ensemble, la MOEUA a
noté qu’il a été perturbé par la crise qu’a traversé la CENI suite à la révocation de deux de ses
membres et à la démission de son secrétaire général. Certaines activités, notamment la
sensibilisation et l’éducation des électeurs ont pris un coup certain et ont été accomplies à
minima.
Nonobstant ces insuffisances, le matériel électoral a été déployé à temps dans l’ensemble des
bureaux de vote. La formation du personnel commis dans les bureaux de vote a été organisée
dans les temps.
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La MOEUA félicite la CENI pour les progrès remarquables réalisés comparativement aux
dernières élections tenues en 2015.
RESUME DE LA PHASE PRE ELECTORALE
En dépit de quelques défaillances techniques observées tout au long de la phase pré-électorale
qui ont émané en majeure partie de la crise institutionnelle traversée par la CENI, cette dernière
en collaboration avec le Ministère de l’Intérieur chargé des élections a assuré la tenue de scrutins
transparents et libres.
La MOEUA a constaté une forte mobilisation de la société civile comorienne pour les scrutins
des 21 février et 11 mai 2016 en vue de contribuer à la crédibilisation du processus électoral et à
la réduction des fraudes électorales.
La MOEUA a encouragé le Gouvernement et la CENI à œuvrer pour consolider les efforts de
pacification du processus électoral mis en œuvre par les différentes parties prenantes.
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V. OBSERVATION DES JOURS DE SCRUTIN
L’évaluation des scrutins est basée sur les comptes rendus des équipes d’observateurs déployées
dans toutes les îles autonomes de l’Union des Comores pour les élections du 21 février 2016 et
dans tous les 13 bureaux de vote lors de la reprise partielle des élections à Anjouan le 11 mai
2016. Au total, les membres de la MOEUA ont observé les élections dans 157 bureaux de vote
(144 bureaux le 21 février 2016 et 13 bureaux le 11 mai 2016).
L’observation de la MOEUA porte sur les points suivants :
A. Ouverture des bureaux et procédure de vote
L’article 89 du code électoral prescrit le début des opérations de vote à sept (7) heures. En
prélude à l’ouverture du vote, le président du bureau de vote doit s’assurer de la disponibilité du
matériel électoral9.
Concernant l’ouverture du vote, la MOEUA a constaté que 56% des bureaux de vote ont ouvert
en retard le 21 février 2016. Ce pourcentage est monté à 77% le 11 mai 2016. Le retard, variable
entre quinze (15) et trente (30) minutes, était dû essentiellement à l’arrivée tardive des membres
des bureaux de vote et à l’aménagement des salles devant accueillir le vote et accessoirement à la
livraison tardive du matériel électoral.
Dans tous les bureaux de vote visités, la procédure de vote telle que décrite par les articles 113 et
115 du code électoral a été bien respectée par le personnel électoral. La vérification préalable de
l’identité des électeurs ainsi que l’émargement et le marquage du doigt des électeurs ayant
accompli l’acte de vote à l’encre indélébile ont été systématiques. Très peu de cas de refoulement
ont été observés. Les rares cas concernaient les électeurs qui se sont trompés de bureaux.
En dépit du jumelage des élections, l’aménagement conséquent des bureaux de vote a permis
d’assurer la fluidité du passage des électeurs.
Le 21 février 2016, la MOEUA a été informée du boycott des élections dans les localités de
Selemani 1 et 2 où les électeurs entendaient protester contre les faiblesses des services publics et
plus particulièrement de l’absence de route desservant lesdites localités.
Pour le reste, les opérations de vote se sont déroulées dans le calme et la sécurité. En dehors de
quelques rares escarmouches entre les membres des bureaux de vote et les délégués de certains
candidats, aucun incident grave n’a été relevé.
9 Selon l’article 113 du code électoral, c’est une formalité substantielle.
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B. Matériel électoral
Dans la plupart des bureaux de vote visités, le matériel électoral était disponible en quantité
suffisante tout au long des journées de vote. Toutefois, la Mission a relevé des cas de
manquement de scellés dans certains bureaux de vote et des bulletins de vote disproportionnels
au nombre des inscrits sur la liste d’autres bureaux de vote.
C. Personnel électoral
Dans la quasi-totalité des bureaux de vote visités par la MOEUA, le personnel électoral était au
complet, soit six (6) membres par bureau de vote.
La MOEUA a noté avec satisfaction le professionnalisme des membres des bureaux de vote qui
ont accompli leurs missions dans le respect des procédures définies par les articles 118 et 131 de
la loi. En outre, ils ont bien interagi tant avec les délégués des candidats que les électeurs et les
observateurs. Aucune tentative de distorsion du libre choix des électeurs n’a été relevée de leur
part.
Toutefois, la MOEUA souligne qu’à l’occasion de la reprise partielle des élections le 11 mai
2016 sur l’île d’Anjouan, des malentendus ont été observés entre le personnel électoral et les
délégués des candidats dans les localités de Mrijou 2, Mjimandra 2 et Nyamboimo 2 sans que
cela ne paralysent véritablement le bon déroulement des opérations de vote et de dépouillement.
D. Localisation et accessibilité des bureaux de vote
Tous les bureaux de vote visités par la Mission étaient installés dans des édifices publics,
notamment les établissements scolaires, aisément identifiables par les électeurs. Environ 62%
des bureaux étaient accessibles à tous les électeurs, y compris ceux à mobilité réduite. Dans le
reste des bureaux, l’absence de rampe et la présence des escaliers ont semblé poser des soucis
pour les personnes à mobilité réduite. Mais ces derniers ont pu bénéficier du soutien et de
l’assistance des personnes valides, en particulier les membres des bureaux de vote.
E. Délégués des candidats et observateurs électoraux
L’article 95 de la loi électorale prescrit le droit pour tout candidat d’être représenté dans chaque
bureau de vote par un représentant en qualité d’assesseur.
Les 21 février et 11 mai 2016, la MOEUA a noté que la plupart des candidats en lice étaient bien
représentés dans les bureaux de vote. Pour les scrutins du 21 février 2016, elle a dénombré en
moyenne neuf (9) délégués de candidats par bureaux de vote, avec une forte représentation des
candidats indépendants notamment, parmi lesquels de nombreuses femmes. La mobilisation des
délégués a été encore plus importante le 11 mai 2016 en raison des enjeux attachés à la reprise de
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du vote dans les treize (13) bureaux de vote sur l’île d’Anjouan. La Mission a ainsi relevé la
présence des représentants des candidats dans la quasi-totalité des bureaux des bureaux (11/13
pour le candidat Mohammed Ali Soilihi, 13/13 pour le candidat Azali Assoumani, 7/13 pour le
candidat Mouigni Baraka, 13/13 pour le candidat Abdou Salami Abdou, 12/13 pour le candidat
Anissi Chamsidine).
Dans l’ensemble, les représentants des candidats sont restés toute la journée et ont bien interagi
avec les membres des bureaux de vote, même si par moment les interventions intempestives de
certains ont ralenti les opérations de vote.
En ce qui concerne les observateurs électoraux, la Mission a noté que leur accréditation et leur
liberté de mouvement sont garanties par la loi électorale en ses articles 67 et 96. La Mission se
félicite des dispositions prises par la CENI pour faciliter l’accréditation des observateurs tant
nationaux qu’internationaux.
Plusieurs organisations nationales et internationales ont observé les scrutins des 21 février et 11
mai 2016. Au titre de l’observation nationale, les équipes de la MOEUA ont croisé les
observateurs déployés par la FECOSC, l’OBSELEC, la Plateforme des Femmes et des Jeunes
pour des Elections apaisées en Union des Comores et la FCDH. En ce qui concerne les
observateurs internationaux, la Mission a rencontré les observateurs de la Ligue des Etats
Arabes, de l’Organisation Internationale de la Francophonie et de la Commission de l’Océan
Indien.
Tout en félicitant les organisations de la société civile comorienne pour leur mobilisation, la
MOEUA souligne la nécessité pour ces dernières d’avoir une plus grande synergie pour une
meilleure couverture du territoire national au regard de la taille réduite des observateurs déployés
par chacune. La Mission pense que l’implication des acteurs nationaux est un gage d’intégrité du
scrutin et contribue à leur appropriation du processus électoral.
F. Sécurisation des scrutins
Les 21 février et 11 mai 2016, les opérations de vote se sont déroulées dans une atmosphère
calme et paisible. Les forces de sécurité ont accompli leur mission avec professionnalisme,
surtout lors de la reprise partielle du scrutin le 11 mai où des risques potentiels de tensions
étaient observés. Aucune intrusion de la part des forces de sécurité dans le déroulement du vote
n’a été notée par les équipes de la MOEUA ou portée à leur connaissance.
Cependant, la Mission a déploré leur absence dans de nombreux bureaux de vote en milieu rural
surtout, bien qu’elles aient mis en place un système de ronde des bureaux de vote pour combler
justement les faiblesses de leur effectif.
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G. Participation électorale
La participation électorale a été relativement élevée aussi bien le 21 février 2016 que le 11 mai
2016, en dépit des intempéries notamment à Anjouan le 21 février. La MOEUA a noté un fort
engouement des électeurs devant les bureaux de vote.
Pour les scrutins du 11 mai 2016 où des observateurs fixes ont été déployés dans tous les treize
(13) bureaux de vote, le taux de participation s’établissait à 68,80%.
H. Secret du vote
La MOEUA a noté que dans 98% des bureaux de vote observés, le secret de vote était garanti.
Dans trois (3) cas seulement, l’isoloir mal positionné pouvait compromettre le secret du vote.
I. Participation des femmes
En dépit des facilités offertes par le cadre juridique comorien pour une meilleure implication des
femmes dans la gestion des affaires publiques10, la MOEUA a noté que leur participation aux
scrutins des 21 février et 11 mai 2016 a été somme toute assez mitigée. Comme candidates, seule
une femme était en lice pour la primaire à la présidentielle et deux pour les élections des
gouverneurs. C’est finalement au niveau du personnel électoral que la Mission a relevé les
meilleurs taux d’implication des femmes dans le processus électoral, avec environ deux (2)
femmes par bureaux de vote en moyenne, soit 34% de l’effectif global des cent cinquante-sept
(157) bureaux de vote visités. Comme représentantes de candidats, la Mission a dénombré
environ 25% de femmes. Quant aux observatrices citoyennes, elles représentaient 38.29% des
observateurs rencontrés sur le terrain.
J. Clôture des votes et dépouillement
En raison du couplage des élections aussi bien le 21 février que le 11 mai 2016, les opérations de
vote devaient s’étaler sur au moins onze (11) heures, conformément à l’article 88 du code
électoral. Quant à l’article 90, il souligne qu’en cas de retard, il doit en être tenu compte dans la
détermination de l’heure de clôture.
La Mission note que ces dispositions ont été bien observées par les membres des bureaux de
vote. De plus, les électeurs présents devant les bureaux de vote avant l’heure légale de clôture
ont été admis à accomplir leur vote.
10 La loi électorale impose en effet l’alternance entre homme et femme sur les listes de candidats, particulièrement
aux élections communales, mais c’est en réalité une alternance biaisée. Le système utilisé alterne deux candidats du
même sexe et un candidat de l’autre sexe. Dans la plupart des cas, les femmes les mieux placées se retrouvent à la
troisième place, avec très peu de chance d’être élues.
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Dans tous les bureaux de vote témoins, le dépouillement a effectivement débuté après le vote du
dernier électeur. Les dispositions du code électoral y relatives (articles 131 à 134), à savoir le
choix des scrutateurs par le président du bureau, la constitution de la table de dépouillement, le
rapprochement entre le nombre de bulletins trouvés dans l’urne et le nombre d’émargements sur
la liste électorale du bureau, l’ordre des dépouillements11, ont été observées dans la quasi-totalité
des bureaux de vote observés. En outre, le dépouillement s’est déroulé dans le calme et sans
discontinuité, en présence des représentants des candidats et des observateurs. La MOEUA se
félicite de l’atmosphère propice qui a prévalu tout au long du processus de dépouillement.
K. Gestion des résultats et des procès-verbaux de dépouillement
Dans tous les bureaux de vote témoins, des copies des procès-verbaux dûment signés ont été
remises aux délégués des candidats comme l’exige la loi électorale. Ces derniers ont d’ailleurs
pris une part active dans les opérations de dépouillement et de remplissage des procès-verbaux.
Toutefois, la MOEUA souligne que l’affichage des résultats à l’attention du public n’a pas été
systématique dans tous les bureaux de vote témoins. Les résultats ont été juste annoncés par le
président du bureau.
RESUME DE L’OBSERVATION DES JOURS DE SCRUTIN
Au terme de ses observations, la MOEUA note que les scrutins du 21 février et du 11 mai 2016
comportaient des enjeux considérables compte tenu de l’ampleur de la mobilisation des parties
prenantes au processus électoral, et du dispositif sécuritaire mis en œuvre pour encadrer le
déroulement des opérations de vote.
Aussi, il convient de mentionner que le déploiement de la MOEUA lors du scrutin du 11 Mai
2016 a eu un impact décisif sur le climat du vote. En raison de la méthodologie adoptée à savoir,
le dispositif d’observateurs internationaux fixes dans les 13 bureaux de vote. Ainsi, les
observateurs de l’UA ont effectués en temps réel un monitoring systématique de toutes les étapes
du vote dans leurs bureaux respectifs et les données étaient transmises instantanément au Chef de
Mission pour alerter en cas de besoin les autorités de la CENI.
En tout état de cause et en dépit de quelques incidents isolés constatées par la MOEUA, les
journées de vote se sont déroulées dans la sérénité, renforcées par la présence massive des forces
de sécurité.
Les opérations de vote et de dépouillement se sont déroulées dans la plupart des bureaux de vote
en conformité avec la législation nationale même s’il demeure des besoins d’harmonisation des
pratiques en matière de dépouillement et de gestion de résultats.
11 Lire les articles 130 à 136 du code électoral. L’article 134 notamment dispose que l’ordre de dépouillement en cas
de couplage de scrutins est Union-Ile-Commune.
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VI. OBSERVATION POST- ELECTORALE
A. Transmission et centralisation des résultats
Conformément aux dispositions de l’article 144 du code électoral, les documents électoraux issus
des bureaux de vote sont recensés par les CECI pour transmission aux CEII qui les achemineront
à leur tour à la CENI. Il revient à cette dernière d’en vérifier la conformité, la régularité et
l’intégrité en vue de la compilation des résultats et l’annonce des résultats provisoires.
Les opérations de compilation des deux premiers scrutins se sont déroulées dans le calme,
exception faite de celles du 11 mai 2016.
La fin de cette journée électorale était en effet marquée par des tergiversations au sein de la
CENI (tous les membres étaient présents à Anjouan pour superviser le vote) sur la publication
des résultats provisoires immédiatement après le dépouillement du vote sur place à Anjouan.
Cette situation a suscité un risque de tensions et face a cela, il est a noté l’action de diplomatie
préventive menée par la Communauté Internationale dont la MOEUA pour la crédibilité de cette
reprise de scrutin.
En l’absence du Président de la CENI, la Vice-Présidente publia les résultats provisoires qui
donneront le candidat Azali ASSOUMANI gagnant.
B. Les résultats des élections couplées du 21 Février 2016 et du 11 mai 2016
Conformément aux dispositions de l’article 150 du code électoral, les résultats provisoires des
scrutins du 21 février 2016 ont été annoncés par la CENI le 24 février 2016 et s’établissent
comme ci-dessous indiqués dans le tableau
PRIMAIRES
ILE AUTONOME DE NGAZIDJA
POURCENTAGE
Nombre d’inscrits 158645
Nombre de votants 118057
Taux de participation 74%
Suffrages annulés par la Cour 7110
Suffrages exprimés valable 110947
1. Mohammed Dahoudou 4662 4.20%
2. Allaoui Said Hamidou 1055 0.95%
3. Salimou Mohammed Amiri 1938 1.75%
4. Mahamoud Ahmed Wadaane 443 0.40%
5. Mohamed Mohamed Ali Dia 535 0.48%
6. Bourhane Hamidou 6397 5.77%
7. Cheikh Ahmed Said Abdourahamane 767 0.69%
8. Mouigni Baraka Said Soilihi 16738 15.09%
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9. Salim Saadi 1033 0.93%
10. Azali Assoumani 16596 14.96%
11. Youssouf Abdou Moinaecha 735 0.66%
12. Said Hachim Achirafi 3229 2.91%
13. Youssouf Said Mahazi 552 0.5%
14. Larifou Said 6795 6.12%
15. Mohammed Ali Soilihi 19541 17.6%
16. Ibrahima Hissani Mfoihaya 1366 1.23%
17. Mze Abdou Soule El-Bak 1767 1.59%
18. Assoumani Aboubou 2847 2.57%
19. Said Ibrahim Fahmi 16037 14.45%
20. Said Ali Kemal Ed-Dine 1570 1.42%
21. Said Ahmed Said Ali 573 0.52%
22. Maecha Mtara 455 0.41%
23. Abdouloihabi Mohamed 1377 1.24%
24. Mohammed Issimaila 2041 1.84%
25. Nassor Mohamed Ali 1901 1.71%
TOTAL 110947 100%
RESULTATS DEFINITIFS
Nombre d’inscrits 301 006
Nombre de bureaux de vote 723
Nombre de bureaux de vote 720
Nombre de bureaux de vote en carence 2
Nombre de bureaux de vote en quarantaine 1
Nombre de votants 208 049
Taux de participation 69.12%
Bulletins blancs ou nuls 11 686
Suffrages annulées par la cour 340
Suffrages exprimés valables 196 023
MOUIGNI BARAKA SAID SOILIHI 37 073 18.91%
AZALI ASSOUMANI 81 214 41.43%
MOHAMMED ALI SOILIHI 77 736 39.66%
Les résultats d’un (1) bureau de vote a été mis en quarantaine.
Les résultats annoncés par la CENI ainsi que les bureaux mis en quarantaine ont été transmis à la
Cour Constitutionnelle pour appréciation et proclamation des résultats définitifs au terme de
l’examen des requêtes éventuelles.
C. Résolution du contentieux électoral
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La Cour Constitutionnelle est compétente pour connaitre du contentieux en matière électoral
conformément aux dispositions de l’article 13 de la Loi organique n. 14-06 du 26/06/2014. Par
ailleurs, « les résultats peuvent être contestés dans les cinq jours qui suivent la proclamation des
résultats provisoires par la CENI. Le droit de contester les résultats provisoires d’une élection
appartient à toutes personnes inscrites sur les listes électorales de la circonscription dans laquelle
il a été procédé à l’élection ainsi qu’aux personnes qui ont fait acte de candidature ».
Ainsi après compilation et proclamation des résultats provisoires du scrutin primaire le 24 février
2016, 19 candidats ont procédé dans une requête collective à la demande du recomptage des
voix.
Statuant sur ladite requête, la Cour a dans son arrêt, fait état de quelques "défaillances dans
certains bureaux de vote" et d'"irrégularités" en violation de la réglementation électorale, mais
"sans influence sur le résultat de l'élection". La Cour a toutefois invité la Commission électorale
nationale indépendante (CENI) et le gouvernement à améliorer la réglementation et adopter un
nouveau code électoral.
Elle a validé les résultats du premier tour de l'élection présidentielle du 21 février 2016, plaçant
le candidat du parti au pouvoir Mohamed Ali Soilihi en tête avec 17,61% des suffrages. Selon un
arrêt de la Cour rendu ce samedi, M. Soilihi devance le gouverneur de l'île de la Grande-Comore
Mouigni Baraka (15,09%) et l'ancien président, le colonel Azali Assoumani (14,96%)
La CEII a proclamé le 11 avril 2016, les résultats provisoires du scrutin d’Anjouan du 10 avril
2016. Partant, le délai de recours contre cette proclamation devait intervenir le 16 avril 2016 à
minuit. Cependant, le 09 mai 2016, la Cour a, dans un communiqué de presse fixé le délai de
recours au jeudi 12 mai 2016 à minuit et le dépôt des mémoires au vendredi 13 mai 2016 à
minuit.
Au 13 mai, la Cour n’avait reçu aucune requête et aucun mémoire, validant ainsi les résultats
provisoires qui proclamait Azali Assoumani, Président de l’Union des Comores.
D. Environnement politique post-électoral
La MOEUA salue le calme et la sérénité relatifs qui ont caractérisé le climat post-électoral.
Malgré la mise en quarantaine de certains bureaux de vote et le gel de la publication des résultats
des élections du 10 avril 2016, les acteurs politiques comoriens ont fait preuve d’une retenue
appréciable en préservant la stabilité politique. La Mission félicite les acteurs politiques et les
électeurs comoriens pour cet élan et les invite à avoir confiance dans les institutions en charge
des contentieux électoraux.
Mission d’Observation Electorale de l’Union Africaine: Union des Comores 2016
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Dans la perspective de la mise en œuvre des politiques publiques, l’Union africaine a pris part à
une session d’évaluation des élections présidentielle et des gouverneurs en Union des Comores
organisée par le PNUD, regroupant les représentants des partis politiques, de la Cour
Constitutionnelle, du Conseil National de la Presse et de l’Audiovisuel (CNPA), de la
Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) et le directeur des élections au Ministère
de l’Intérieur, des Comores du 20 au 22 Septembre 2016.
Constat est de relever que ces élections marquent une étape importante dans l’histoire politique
de l’Union des Comores. En effet, à la suite des réformes électorales entamées en 2001, un
nouveau cycle de la tournante est entamé. De même, du fait d’un contexte économique morose,
ainsi qu’un système électoral relativement complexe, les participants ont félicité la MOEAU
pour avoir contribué de manière décisive à la prévention des conflits post électoraux en Union
des Comores.
L’objectif visé par cet atelier de 3 jours d’évaluation des processus électoraux (législatives 2015
et Présidentielles/Gouverneurs 2016) était d’analyser en toute sérénité et de dégager toutes les
solutions/corrections possibles aux dysfonctionnements constatés, pour asseoir des bases saines
susceptibles de garantir l’organisation d’élections transparentes et crédibles et la pérennisation
des acquis.
Ainsi, les recommandations formulées dans la déclaration préliminaire de la MOEUA ont été
jugées pertinentes et furent adoptées dans les conclusions de l’atelier d’évaluation avec une
insistance particulière pour l’application de futures réformes électorales en Union des Comores.
Bien plus, une Commission sera mise en place pour se charger de la rédaction d’un rapport
définitif qui prendra en compte toutes les recommandations formulées durant cet atelier. Ce
rapport sera ensuite adressé au gouvernement pour approbation avant d’être soumis à l’adoption
de l’Assemblée nationale.
VII. CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
A. Conclusion
Les élections des 21 février et 11 mai 2016 marquent un tournant important dans l’histoire
politique de l’Union des Comores. Elles marquent, également, la confirmation du principe de la
tournante quant à l’élection du président en inaugurant le début de la deuxième rotation.
, Elles ont également démontré la capacité d’adaptation de la méthodologie d’observation de
l’Union africaine, qui après évaluation de la situation sur le terrain a décidé de procéder a une
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observation fixe du scrutin. Cette méthodologie a eu une prégnance décisive dans l’intégrité du
scrutin du 11 Mai 2016, car ayant permis à l’UA d’asseoir un leadership certain s’agissant du
renforcement de la démocratie sur le continent.
Par ailleurs, la MOEUA se réjouit du dénouement heureux de ces élections grâce à la maturité
des acteurs politiques et du peuple comorien qu’elle félicite particulièrement. Elle rend aussi
hommage à la société civile comorienne dont la mobilisation à l’occasion de ces scrutins a
permis leur tenue dans de bonnes conditions.
La MOEUA salue les progrès réalisés par rapport aux dernières élections de janvier et février
2015 et encourage les autorités impliquées dans la gestion du processus électoral à amorcer le
cap de la professionnalisation du personnel électoral.
La MOEUA remercie l’ensemble des acteurs politiques pour avoir sauvegardé le calme et
respecté les résultats qui ont été rendus publics par les instances compétentes.
La MOEUA voudrait toutefois formuler les recommandations suivantes :
B. Recommandations
Au Gouvernement
Mettre en place un dispositif juridique permettant le contrôle des sources de
financement des partis politiques, des candidats et de la campagne électorale afin
d’établir l’équilibre des moyens entre les candidats conformément à la Déclaration de
l’OUA/UA sur les principes régissant les élections démocratiques en Afrique ;
Organiser des assises nationales en vue de dresser un bilan des quinze années
marquant le premier cycle de la tournante afin de mieux renforcer le principe ;
Garantir une meilleure indépendance des institutions chargées de l’organisation des
élections à travers la réformes des mécanismes de désignation de leurs membres;
Refondre le cadre juridique encadrant l’organisation des élections pour une plus
grande harmonie dans la conduite des processus électoraux.
Au besoin et selon l’évaluation qui sera faite des scrutins, initier des réformes au
niveau des institutions en charge des processus électoraux afin de clarifier d’avantage
les prérogatives des unes et des autres.
A la CENI
Veiller à la fonctionnalité de ses différentes structures, notamment l’Assemblée
Générale afin de résorber toutes les frictions liées au manque de communication;
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Garantir une meilleure appropriation de l’organisation des élections à travers la mise
en place de stratégies inclusives permettant d’aboutir à terme à son autonomie
fonctionnelle;
Instaurer des mécanismes de suivi et de contrôle qui permettent de garantir la
transparence dans le recrutement des agents électoraux en particulier au niveau de ses
démembrements ;
Elaborer de meilleures stratégies pour informer et sensibiliser les électeurs :
Prendre des mesures pour faciliter une plus grande participation des personnes à
mobilité réduite au processus électoral.
A la société civile
Poursuivre les actions citoyennes pour permettre à la société civile de s’informer et
d’apporter sa contribution en soutenant les institutions électorales;
Mutualiser les plans de déploiement en vue d’une meilleure couverture des bureaux
de vote.
Valoriser la participation de la femme dans les activités de la vie politique et sociale
par des actions orientées.
Aux partis politiques et aux candidats
Respecter les résultats des urnes et en cas de contentieux, privilégier le recours aux
voies légales ;
Contribuer à la mobilisation et à l’éducation des électeurs ;
Annexe 1: Plan de Déploiement de la MOEUA pour le scrutin du 21 février 2016
S/No. Name Team No. Area Contact No.
1. Mr. Kalombo Djilio Kumbi 1 Anjuan
2. Mr. Usman Babba Aliyu
3. Mr. Ombi Bangaya Jean Paul 2 Anjuan
4. Ms. Gaye Dariatou
5. Ms. Nzitonda Chantal 3 Moheli
6. Mr. Gnamke Esso Wedeou
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Annexe 2: Plan de Déploiement de la MOEUA pour le scrutin du 11 mai 2016
No. Name Team Name of Polling Station Telephone No.
1. Me Kere Barthemy 1 Mijimandra 1
2. M. Baggnan Jocahim
3. M. Ndiaye Valdiodio 2 Mijimandra 2
4. M. Kalombo Djilio Kumbi-Kumbi 3 Mramani 1
5. Mme Belarbi Monia 4 Mramani 2
6. Mme Ndayishimiye Christine 5 Mramani 3
7. M. Nouagovi Henri 6 Mramani 4
8. M. Ndrina Mamy Ralaikiliva 7 Mramani 5
9. Mme Samsia Eliane Kara 8 Nyamboimro 1
7. Hon. Mohamed Guidji 4 Moroni
8. Hon. SIMAKANDO NJEKWA
9. Hon. KARIM HELALI 5 Moroni
10. Hon. Prof. AWARD HAJ ALI AHMED
11. H.E Ndabarushimana Dieudonne 6 Moroni
12. Hon. KAMANDA CLAUDE DANIEL
13. Mr. Zue Obame Jean-Clar 7 Moroni
14. Prof. Warigon Ahrey Dishon
15. Ms. Manka Cynthia Che Awambeng 8 Moroni
16. Hon. Dr. Mashakada Tapiwa
17. Ms. Lucianne Sofola 9 Moroni
18. Mr. Yusuf Abdul Zango
19. Hon. Hlatshwayo Victor Phesheya 10 Moroni
20. Mr. Babooa Indrajeet
21. Mr. Ahmed Awad Hag Ali 11 Moroni
22. Ms. Isabelle Boukinda Nzaou
23. Mr. Butedi Nzolani Francois 12 Moroni
24. Ms. Ghliss Ep Dammak Douaa
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10. Mme Kebbie Florence 9 Nyamboimro 2
11. M. Mourad Lamoudi 10 Bimbini 1
12. Mme Diolle Marie Alexandra Tania 11 Bimbini 2
13. Mme Maria Sylvie 12 Bongoueni 1
14. M. Gnamke Esso-Wèdeou 13 Bongoueni 1