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Thèse présentée par
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pour obtenir le grade de
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Soutenue le 17 Octobre 2005, devant le Jury composé de :
Président : Pr. RANDRIANOELINA Benjamin
Rapporteurs : Pr. RAKOTOMARIA Etienne
Pr. RANDRIANJA Roger
Examinateurs : Pr. RANDRIAMANANTANY Zely Arivelo
Pr. RASOARAHONA Jean
2005
UNIVERSITE D’ANTANANARIVO ECOLE SUPERIEURE POLYTECHNIQUE
����������������0000���������������� DEPARTEMENT SCIENCES DES MATERIAUX
ET METALLURGIE
CONTRIBUTION A L'ETUDE D'ELABORATION
DE CIMENTS A HAUTE RESISTANCE A MADAGASCAR ACTIONS SUR LE MELANGE CRU
Aux trois Dames de ma vie :
� Ma Femme Bakoly,
� Mes Filles Ieja et Nasaina
En témoignage d’amour et de reconnaissance
I
REMERCIEMENTS
Cette thèse a pu voir le jour grâce aux concours de plusieurs personnes. Je saisis ici l’occasion
qui m’est offerte pour leur exprimer ma profonde reconnaissance.
J’adresse mes plus vifs remerciements :
• Au Professeur RANDRIANOELINA Benjamin, Directeur de l’Ecole Supérieure Polytechnique
d’Antananarivo, pour le grand honneur qu’il me fait en présidant le jury de cette soutenance.
• Aux membres de jury qui ont accepté avec sympathie d’examiner ce travail et de siéger à ma
soutenance :
- Professeur RANDRIAMANANTANY Zely Arivelo,
- Professeur RASOARAHONA Jean.
Qu’ils trouvent ici l’expression de mes sentiments les meilleurs.
• A mes Directeurs de thèse :
- Professeur RAKOTOMARIA Etienne, il a beaucoup apporté à la réalisation de ce
travail. Les aides et les conseils qu’il m’a prodigués tout au long de ma carrière ont
constitué pour moi les meilleurs de tous les encouragements. Qu’il trouve ici le
témoignage de mon indéfectible gratitude.
- Professeur RANDRIANJA Roger qui m’a encouragé, conseillé et soutenu. Je tiens à lui
exprimer toute ma reconnaissance.
Je ne saurais oublier l’ancienne équipe de l’ex SOMACIM, plus particulièrement Madame
RAZANAMPARANY Fara, Ingénieur – qualité de la société. Mille fois merci pour la franche
collaboration que vous avez témoignée à mon égard.
II
Je saisis l’opportunité qui m’est donnée pour exprimer ma profonde gratitude aux responsables
des différents laboratoires chez qui j’ai pu commencer mes travaux :
- Laboratoire de Chimie minérale de l’ESPA,
- Laboratoire de Mécanique des sols de l’ESPA
- Laboratoire National des Travaux Publics et des Bâtiments,
- Les laboratoires de l’Institut National des Sciences Appliquées de Lyon France.
- Les laboratoires « Turkiye Cimento Mustahsilleri » d’Ankara Turquie.
Enfin, je présente mes meilleurs remerciements à tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué
à la réalisation de ce travail. Qu’ils trouvent ici l’expression de ma profonde gratitude.
III
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 01 : Les différentes phases du clinker 9
Tableau 02 : Caractéristiques des six variétés de C3S 10
Tableau 03 : Caractéristiques des cinq variétés de C2S 10
Tableau 04 : Les cinq types de ciments courants 15
Tableau 05 : Classes de résistance 15
Tableau 06 : Les différents types de ciments de la norme NF EN 197-1 16
Tableau 07 : Correspondance entre anciennes et nouvelles désignations des ciments 17
Tableau 08 : Composition chimique moyenne des ciments (en % massique) 21
Tableau 09 : Composition minéralogique moyenne des ciments (en % massique) 25
Tableau 10 : Domaines d’utilisation des différents types de ciments 29
Tableau 11 : Température de déshydratation de quelques minéraux argileux 43
Tableau 12 : Composition chimique des matières premières de base en % massique 64
Tableau 13 : caractéristiques physiques des matières premières de base 64
Tableau 14 : Données sur les combustibles 64
Tableau 15 : Composition chimique des ajouts (en % pondéral) 69
Tableau 16 : caractéristiques physiques des ajouts 69
Tableau 17 : Composition chimique des minéralisateurs (en % pondéral) 73
Tableau 18 : Composition chimique du CPA 45 témoin (en % pondéral) 77
Tableau 19 : Valeurs requises du CPA 45 témoin 77
Tableau 20 : Caractéristiques physiques et mécaniques du CPA 45 témoin 77
Tableau 21 : Composition minéralogique du CPA 45 témoin (en % pondéral) 78
Tableau 22 : Composition des farines crue (en % pondéral) (Suivant la teneur en CaCO3 visée) 82
Tableau 23 : Composition chimique des farines crues (en % pondéral) 83
Tableau 24 : Modules des farines crues 83
Tableau 25 : Composition chimique des clinkers (en % pondéral) 83
Tableau 26 : Teneurs en C3S et en chaux libre des clinkers (en % pondéral) 83
IV
Tableau 27 : Résistance à la compression simple des ciments, à 28 jours (en MPa) 84
Tableau 28 : Caractéristiques physiques des ciments 84
Tableau 29 : Modules des farines crues corrigées 86
Tableau 30 : Composition des farines crues corrigées (en % pondéral) 86
Tableau 31 : Composition chimique des clinkers (en % pondéral) 87
Tableau 32 : Composition minéralogique des clinkers (en % pondéral) 87
Tableau 33 : Teneur en chaux libre et poids au litre des clinkers 87
Tableau 34 : Caractéristiques physiques des ciments 87
Tableau 35 : Résistance à la compression à 28 jours des ciments (en MPa) 88
Tableau 36 : Composition des crus industriels gypsés (en % pondéral) 94
Tableau 37 : Composition chimique des crus industriels gypsés (en % pondéral) 94
Tableau 38 : Modules des crus industriels gypsés 94
Tableau 39 : Composition chimique des clinkers industriels gypsés (en % pondéral) 95
Tableau 40 : Composition minéralogique des clinkers industriels gypsés (en % pondéral) 95
Tableau 41 : Teneur en chaux libre et poids au litre des clinkers « gypsés » 96
Tableau 42 : Caractéristiques des ciments « gypsés » 96
Tableau 43 : Résistance à la compression à 28 jours des ciments « gypsés » 96
Tableau 44 : Valeurs requises des mélanges crus 111
Tableau 45 : Composition des mélanges crus (en % pondéral) 112
Tableau 46 : Composition chimique des mélanges crus (en % pondéral) 112
Tableau 47 : Composition chimique des clinkers (en % pondéral) 113
Tableau 48 : Composition minéralogique des clinkers (en % pondéral) 113
Tableau 49 : Résistance à la compression à 28 jours sur pâte pure (en MPa) 113
Tableau 50 : Composition des crus gypsés et teneur en SO3 (en % pondéral) 117
Tableau 51 : Composition chimique des crus gypsés et corrigés (en % pondéral) 117
Tableau 52 : Composition chimique des clinkers gypsés (en % pondéral) 118
Tableau 53 : Composition minéralogique des clinkers gypsés (en % pondéral) 118
Tableau 54 : Résistance à la compression sur pâte pure à 28 jours (en MPa) 119
Tableau 55 : Points (C3S – CaO libre) pour les crus gypsés 123
V
Tableau 56 : Compositions des mélanges crus (en % pondéral)(Activation par SO3 et MgO) 126
Tableau 57 : Composition chimique des mélanges crus (en % pondéral)(Activation par SO3 et MgO) 127
Tableau 58 : Composition chimique des clinkers (en % pondéral) (Activation par SO3 et MgO) 128
Tableau 59 : Composition minéralogique des clinkers (en % pondéral) (Activation par SO3 et MgO) 129
Tableau 60 : Résistance mécanique (en MPa)(Activation par SO3 et MgO) 129
Tableau 61 : Points (C3S – CaO libre) – Activation par SO3 et MgO 135
Tableau 62 : Composition des mélanges crus et teneur en CaF2 (en % pondéral) 138
Tableau 63 : Composition chimique des mélanges crus en % pondéral(Activation par la fluorine) 138
Tableau 64 : Composition chimique des clinkers en % pondéral (Activation par la fluorine) 139
Tableau 65 : Composition minéralogique des clinkers en % pondéral(Activation par la fluorine) 139
Tableau 66 : Résistance à la compression sur pâte pure à 28 jours (en MPa) (Activation par la fluorine) 139
Tableau 67 : Points (C3S – CaO libre) pour les crus activés par la fluorine 143
Tableau 68 : Résultats de l’essai d’activation thermique (∆T/∆t ≈ 300 °C/mn) 147
Tableau 69 : Teneur en chaux libre en fonction du temps de broyage (en % pondéral) 151
Tableau 70 : Temps de séjour en minutes (pour avoir CaO libre ≈ 2 %) en fonction du temps de broyage
151
Tableau 71 : Résistance à la compression à 28 jours en MPa en fonctiondu temps de broyage 151
Tableau 72 : Composition des ciments (en % pondéral) 157
Tableau 73 : Caractéristiques de la poudre 158
Tableau 74 : Caractéristiques mesurées sur pâte ou mortier normal 158
Tableau 75 : Composition chimique des ciments (en % pondéral) 159
Tableau 76 : Composition minéralogique des ciments (en % pondéral) 160
Tableau 76 : Résultats des essais de compression (en MPa) 172
Tableau 77 : Résultats des essais de traction (en MPa) 172
VI
LISTE DES FIGURES
Figure 01 : Utilisations possibles des ciments de la classe 35 (Source SOMACIM) 30
Figure 02 : Utilisations possibles des ciments de la classe 45 ou plus(Source SOMACIM) 31
Figure 03 : Installations pour procédé par voie sèche 34
Figure 04 : Installations pour procédé par voie semi – sèche(Cas de la cimenterie d’Ibity) 35
Figure 05 : Schéma du procédé de fabrication par voie sèche et semi – sèche 36
Figure 06 : Installations pour procédé à voie humide(Cas de la cimenterie d’Amboanio) 37
Figure 07 : Schéma du procédé de fabrication par voie humide et semi – humide 38
Figure 08 : Diffractogramme X du Cipolin 65
Figure 09 : Spectrogramme IR du Cipolin 65
Figure 10 : Diffractogramme X de l’Argile 66
Figure 11 : Spectrogramme IR de l’Argile 66
Figure 12 : Diffractogramme X du charbon de SAKOA 67
Figure 13 : Spectrogramme IR du charbon de SAKOA 67
Figure 14 : Diffractogramme X des Cendres de balles de riz CBR 70
Figure 15 : Spectrogramme IR des Cendres de balles de riz CBR 70
Figure 16 : Diffractogramme X de la Latérite 71
Figure 17 : Spectrogramme IR de la Latérite 71
Figure 18 : Diffractogramme X du Gypse 74
Figure 19 : Courbe d’ATD du Gypse 74
Figure 20 : Diffractogramme X de la Fluorine 75
Figure 21 : Spectrogramme IR de la Fluorine 75
Figure 22 : Diffractogramme X du CPA 45 témoin 78
Figure 23 : Spectrogramme IR du CPA 45 témoin 78
Figure 24 : Variation de la chaux libre en fonction de MS 89
Figure 25 : Degré de combinaison de la chaux en fonction de MS 89
Figure 26 : Evolution de la teneur en alite en fonction de MS 90
VII
Figure 27 : Variation de la résistance en fonction de MS 91
Figure 28 : Relation entre résistance mécanique et teneur en alite 92
Figure 29 : Evolution de la teneur en chaux libre en fonction de la quantité de gypse ajoutée 97
Figure 30 : Evolution du degré de combinaison de la chaux en fonction de la quantité de gypse ajoutée 98
Figure 31 : Evolution de la teneur en alite en fonction de la quantité de gypse ajoutée 98
Figure 32 : Evolution du poids au litre du clinker en de la quantité de gypse ajoutée 100
Figure 33 : Evolution de la résistance mécanique en de la quantité de gypse ajoutée 100
Figure 34 : Relation entre teneur en alite et résistance mécanique 103
Figure 35 : Chronogramme du traitement thermique 110
Figure 36 : Variation des critères de sélection : CaO libre, C3S et Rc 114
Figure 37 : Evolution de la teneur en alite en fonction de la quantité de gypse ajoutée 120
Figure 38 : Evolution de la teneur en chaux libre en fonction de la quantité de gypse ajoutée 121
Figure 39 : Evolution de la résistance à la compression en fonction 122
de la quantité de gypse ajoutée (essais sur pâte pure)
Figure 40 : Critères de choix de la teneur optimale en SO3 123
Figure 41 : Evolution du rapport SO3/MgO dans les crus gypsés, additionnés de dolomie 127
Figure 42 : Influence de l’addition de dolomie sur la teneur en alite 130
Figure 43 : Influence du rapport SO3 / MgO sur la teneur en alite 131
Figure 44 : Influence de l’addition de dolomie sur la teneur en chaux libre 132
Figure 45 : Influence du rapport SO3 / MgO sur la teneur en chaux libre 132
Figure 46 : Influence de l’addition de dolomie sur la résistance mécanique 133
Figure 47 : Influence du rapport SO3 / MgO sur la résistance mécanique 134
Figure 48 : Critères de choix de la valeur du rapport SO3 / MgO 135
Figure 49 : Evolution de la teneur en alite en fonction de la quantité de fluorine ajoutée 140
Figure 50 : Evolution de la teneur en chaux libre en fonction de la quantité de fluorine ajoutée 141
Figure 51 : Evolution de la résistance à la compression en fonction 142
de la quantité de fluorine ajoutée (essais sur pâte pure)
Figure 52 : Choix de la teneur optimale en CaF2 143
Figure 53 : Evolution de la teneur en alite en fonction de la durée de cuisson (activation thermique) 148
VIII
Figure 54 : Evolution de la teneur en chaux libre en fonction de la durée de cuisson 149
Figure 55 : Evolution du degré de combinaison de la chaux fonction de la durée de cuisson 149
Figure 56 : Evolution du degré de combinaison de la chaux fonction de la durée de cuisson 149
Figure 57 : Evolution de la teneur en chaux libre en fonction de la durée du broyage 152
Figure 58 : Evolution du temps de séjour en fonction de la durée du broyage 153
Figure 59 : Evolution de la résistance mécanique en fonctionde la durée du broyage 153
Figure 60 : Diffractogrammes X de CM3 anhydre et de son produit d’hydratation à 28 jours 163
Figure 61 : Diffractogrammes X de CM2 anhydre et de son 164
produit d’hydratation à 28 jours
Figure 62 : Diffractogrammes X de CM1 anhydre et de son 165
produit d’hydratation à 28 jours
Figure 63 : Diffractogrammes X de CPA 45 anhydre et de son 166
produit d’hydratation à 28 jours
Figure 64 : Spectres IR des produits d’hydratation à 28 jours 167
Figure 65 : Courbes d’ATD des produits d’hydratation à 28 jours 167
Figure 66 : Evolution de la résistance en compression 173
en fonction du temps
Figure 67 : Evolution de la résistance en traction 173
en fonction du temps
IX
LISTE DES PHOTOS
PHOTO 01 : Vue générale – petits hydrates ( x 1000) 168
PHOTO 02 : Ettringite (x 10 000) 168
PHOTO 03 : CSH ( x 4 500) 169
PHOTO 04 : Ettringite (x 10 000) 169
PHOTO 05 : CSH (x 10 000) 170
PHOTO 06 : C4AH13 ( x 6 000) 170
X
NOTATION DES CIMENTIERS
La notation simplifiée utilisée dans le texte est celle adoptée par les cimentiers pour
facilité d’écriture, et dénommée couramment «NOTATION DES CIMENTIERS » :
C : CaO
S : SiO2
A : Al2O3
F : Fe2O3
H : H2O
_ C : CO2 _ S : SO3
Exemples :
Ca(OH)2 ou CaO.H2O → CH
Al2O3,2SiO2 → AS2
CaO,SiO2.H2O → CSH
2CaO,Al2O3,SiO2.8H2O → C2ASH8
3CaO,Al2O3.6H2O → C3AH6
3CaO,SiO2 → C3S
2CaO,SiO2 → C2S
3CaO,Al2O3 → C3A
4CaO,Al2O3,Fe2O3 → C4AF
2CaO,Fe2O3 → C2F
SOMMAIRESOMMAIRESOMMAIRESOMMAIRE
REMERCIEMENTS I LISTE DES TABLEAUX III LISTE DES FIGURES VI LISTE DES PHOTOS IX NOTATION DES CIMENTIERS X INTRODUCTION 1 PREMIERE PARTIE:GENERALITES & RAPPELS BIBLIOGRAPHIQ UES Chapitre 01 : L'INDUSTRIE CIMENTIERE À MADAGASCAR 4 1. HISTORIQUE ET SITUATION ACTUELLE 4
1.1. Cimenterie d'Amboanio 4
1.2. Cimenterie d'Ibity 5
2. LE CALCAIRE A MADAGASCAR 6
3. L'ARGILE A MADAGASCAR 7
4. CONCLUSION 7 Chapitre 02 : GENERALITES SUR LES CIMENTS 8
1. DEFINITION 8
1.1. Les ciments 8
1.2. Les ciments à hautes résistances 8
2. LES CONSTITUANTS DU CIMENT 8
2.1. Le clinker 9
2.1.1. Alite – Silicate tricalcique 9
2.1.2. Bélite – Silicate bicalcique 10
2.1.3. Aluminate tricalcique 10
2.1.4. Alumino-ferrite tetracalcique 11
2.2. Les autres constituants principaux 11 2.2.1. Laitier granulé de haut fourneau 11
2.2.2. Pouzzolanes naturelles 11
2.2.3. Cendres volantes 11
2.2.4. Schistes calcinés 12
2.2.5. Calcaires 12
2.2.6. Fumées de silice 12
2.3. Les constituants secondaires 12
2.4. Les additifs 13
2.5. Sulfate de calcium 13
3. NORMALISATION ET CLASSIFICATION 13
3.1. Les ciments et la normalisation 13
3.2. La norme européenne EN 197-1 14 3.2.1. Désignation et marquage 14
3.2.2. Classes de résistance 15
3.3. Les ciments de la norme NF EN 197-1 (ciments courants) 16 3.4. Les ciments qui font l’objet d’autres normes 18
3.4.1. Ciment de laitier à la chaux (CLX) 18
3.4.2. Ciment à maçonner (CM) 18
3.4.3. Ciment naturel (CN) 18
3.4.4. Ciment sursulfaté (CSS) 18
3.4.5. Ciment prompt naturel (CNP) 19
3.4.6. Ciment alumineux fondu (CA) 19
3.5. Ciments à caractéristiques complémentaires normalisées 19
3.5.1. Ciments pour travaux à la mer (PM) 19
3.5.2. Ciments à teneur en sulfures limitée (CP) 20
3.5.3. Les ciments pour travaux en eaux à haute teneur en sulfates 20 4. CARACTERISTIQUES DES CIMENTS 20
4.1. Caractéristiques chimiques et minéralogiques 20
4.1.1. Composition chimique élémentaire 20
4.1.2. Hydraulicité 21
4.1.3. Chaux de saturation 21
4.1.4. Modules et valeurs requises 22
4.1.5. Composition minéralogique – Formule de BOGUE 23
4.1.6. Chaux libre : 26
4.2. Caractéristiques physiques 26
4.2.1. Couleur 26
4.2.2. Finesse de mouture 26
4.2.3. Densités 26 4.2.4. Début de prise 27
4.2.5. Expansion 27
4.2.6. Retrait 27
4.2.7. Eau de consistance normale 28
4.3. Caractéristiques mécaniques 28
5. DOMAINES D’UTILISATION 28 Chapitre 03 : FABRICATION DU CIMENT 32
1. APERÇU GENERAL 32
2. LES DIFFERENTES ETAPES DE LA FABRICATION 33
2.1. Approvisionnement en matières premières 33
2.2. Dosage du mélange cru 39
2.2.1. Objectifs 39
2.2.2. Calcul du mélange cru 39
2.3. Préparation du cru 41
2.4. Cuisson du cru 41
2.4.1. Aperçu sur les principales réactions mises en jeu lors de la cuisson 42
2.4.2. Déshydratation des minéraux argileux 42 2.4.3. Décarbonatation 43
2.4.4. Réactions entre solides 44
2.4.5. Réactions en présence de matière fondue - clinkerisation 44 2.5. Traitement du clinker - conditionnement 45
3. EVALUATION DES PRODUITS - CONTROLES DE QUALITE 45
3.1. Evaluation du clinker 46
3.2. Evaluation du ciment 47
4. FACTEURS INTERVENANT SUR LA FABRICATION DU CLINKER 47
4.1. Composition du cru 47
4.2. Teneurs en éléments secondaires 48
4.3. Composition minéralogique du cru 49
4.4. Composition granulométrique 49
4.5. Homogénéité 49
4.6. Activation chimique 50 4.7. Activation thermique 50
4.8. Activation mécanique 51 Conclusion 52 DEUXIEME PARTIE: ETUDE EXPERIMENTALE Chapitre 01 : METHODES EXPERIMENTALES 53
1. CARACTERISTIQUES PHYSIQUES 53
1.1. Teneur en eau naturelle 53
1.2. Limites d'Atterberg 53
1.3. Densités 54
1.4. Granulométrie 55
1.5. Surface spécifique 56
1.6. Porosité 57
1.7. Début de prise 57
1.8. Retrait 57
1.9. Expansion 58
2. CARACTERISTIQUES CHIMIQUES ET MINERALOGIQUES 58 2.1. Analyse chimique 58
2.2. Diffraction des rayons X DRX 58
2.3. Spectrométrie Infra Rouge SIR 59
2.4. Analyse thermique différentielle ATD 60
2.5. Microscopie électronique à balayage 60
3. CARACTERISTIQUES MECANIQUES 61
3.1. Principe 61
3.2. Coulage et conservation des éprouvettes 61 Chapitre 02 : CARACTERISTIQUES DES MATIERES PREMIER ES 63
1. LES MATIERES PREMIERES DE BASE 63
1.1. Expression des résultats 63
1.2. Interprétation 68
2. LES AJOUTS 69
2.1. Expression des résultats 69 2.2. Interprétation 72
3. LES MINERALISATEURS 73
3.1. Expression des résultats 73
3.2. Interprétation 76
4. LE CPA 45 TEMOIN 76
4.1. Expression des résultats 76
4.2. Interprétation 79 Chapitre 03: CONTRIBUTION AUX ETUDES SUR L'AMELIOR ATION DE LA QUALITE D'UN CLINKER INDUSTRIE L 80
1. PRESENTATION DE L'ETUDE 80
2. FABRICATION DE CLINKER PAR LES METHODES DE L'USINE 81
2.1. Calcul du mélange cru 81
2.2. Expression des résultats 82
2.3. Interprétation 84
3. CORRECTION DE LA COMPOSITION DU CRU INDUSTRIEL 85
3.1. Expression des résultats 86 3.1.1. Composition des farines crues corrigées 86
3.1.2. Caractéristiques des clinkers et des ciments 86
3.2. Interprétation 88
4. ESSAI DE GYPSAGE DU MELANGE CRU INDUSTRIEL 93
4.1. Expression des résultats 93
4.2. Interprétation 96
5. CONCLUSION 104 Chapitre 04: ELABORATION DE CLINKERS RICHES EN ALI TE ET A FAIBLE TENEUR EN CHAUX LIBRE 105
1. PRESENTATION DE L'ETUDE 105
2. CHOIX DES PARAMETRES TECHNIQUES DE FABRICATION 106
2.1. Finesse de mouture 107
2.2. Homogénéisation 108
2.3. Préparation de la matière à cuire 108
2.4. Chronogramme du traitement thermique 109
3. DETERMINATION DE LA COMPOSITION OPTIMALE 110
3.1. Principe 110 3.2. Expression des résultats 111
3.3. Choix de la composition optimale 113
4. ESSAI D'ACTIVATION CHIMIQUE 115
4.1. Activation par le gypse 116
4.1.1. Principe 116
4.1.2. Expression des résultats 116
4.1.3. Détermination de la teneur optimale en SO3 119
4.1.4. Conclusion 124
4.2. Activation par action combinée de SO3 et MgO 125 4.2.1. Principe 125
4.2.2. Expression des résultats 126
4.2.3. Détermination de la combinaison SO3 - MgO optimale 130
4.2.4. Conclusion 136
4.3. Activation par la fluorine 137
4.3.1. Principe 137
4.3.2. Expression des résultats 137
4.3.3. Détermination de la teneur optimale en CaF2 140
4.4. Conclusion 144
5. ESSAI D'ACTIVATION THERMIQUE 146
5.1. Principe 146 5.2. Expression des résultats et interprétation 147
6. ESSAI D'ACTIVATION MECANIQUE 150
6.1. Principe 150
6.2. Expression des résultats et interprétation 151
7. CONCLUSION 154 Chapitre 05: ELABORATION DE CIMENTS A HAUTE RESISTA NCE 156
1. PRESENTATION DE L'ETUDE 156
2. FABRICATION DES CIMENTS 157
2.1. Principe 157
2.2. Composition des ciments 157
3. CARACTERISATION ET CONTROLE 158
3.1. Caractéristiques physiques 158
3.2. Analyse chimique 159
3.3. Analyse minéralogique 160
3.3.1. Calcul de la composition minéralogique potentiel par la formule de Bogue 160
3.3.2. Détermination qualitative des constituants des ciments 161
3.4. Identification des produits d'hydratation 161 3.5. Performances mécaniques - Classe de résistance. 171
3.6. Stabilité et durabilité 174
3.7. Conclusion 175 CONCLUSION GENERALE 176 BIBLIOGRAPHIE 178 ANNEXES 01 - Méthodes d’analyse chimique des matières premières A1 02 - Analyse chimique du Clinker et/ou du Ciment A4 03 - Norme AFNOR NF P 15-301 de 1981 – Enoncé des garanties A5 04 - Préparation du mortier – Norme NF EN 196-1 A7 05 - Préparation des éprouvettes A8 06 - Détermination du temps de prise A9 07 - Principe de fonctionnement des appareils de caractérisation A11
1
Cette étude entre dans le cadre des recherches menées au sein de l’Ecole Supérieure
Polytechnique d’Antananarivo en coopération avec le secteur privé, pour la recherche de
nouveaux matériaux ou pour l’amélioration des performances des matériaux déjà existant.
Le ciment est un des matériaux qui restent indispensables dans le domaine du génie civil et du
bâtiment. On a toujours essayé de trouver des liants qui puissent se substituer au ciment.
Plus un pays aspire au modernisme, plus il ne peut se passer de béton et donc de ciment. Plus les
ouvrages sont sollicités mécaniquement, plus les liants utilisés doivent avoir des performances
mécaniques élevées.
Les ciments à haute résistance sont des ciments dont la résistance à la compression simple des
mortiers normaux peut atteindre 80MPa. De tels ciments permettent la construction d’ouvrages
de plus en plus sollicités mécaniquement et avec un délai d’exécution écourté. En outre, ils
présentent un intérêt économique certain puisque, dans les limites techniques permises et à
résistances égales, ils sont utilisés en moindre quantité. Enfin ces ciments peuvent donner des
bétons plus étanches, donc durables, qui auront des meilleures résistances aux milieux agressifs,
en particulier l’air marin, que les bétons classiques courants.
Compte tenu de ces avantages, nous pensons qu’il serait intéressant de maîtriser la fabrication
de tels ciments à Madagascar. C’est la raison de la création d’un groupe de recherche sur le
thème « Ciments à hautes résistances » au sein du Département Sciences des Matériaux de
l’Ecole Supérieure Polytechnique.
Ils existent plusieurs méthodes qui permettent d’obtenir des ciments à hautes résistances mais
elles peuvent être classées dans deux groupes distincts :
o celles qui reposent sur une bonne préparation du mélange cru et une bonne
conduite de la cuisson ;
o celles qui agissent sur le clinker.
2
Dans ce travail qui s’intitule " Contribution à l’étude d’élaboration de ciments à haute
résistance à Madagascar – Actions sur le mélange cru" et qui a été faite en étroite
collaboration avec la SOMACIM (actuellement HOLCIM), nous essayons de définir les
conditions optimales qui permettent, en agissant sur le mélange cru, d’obtenir, un produit de
cuisson qui constitue le clinker d’un ciment à haute résistance.
Des travaux de recherche, qui ont abouti à une soutenance de thèse d’état [1], sur le même
thème mais avec une approche différente, ont été menés parallèlement à notre étude sur le
ciments à haute résistance.
Ces deux thèses constituent la contribution du Département Sciences des Matériaux et
Métallurgie de l’Ecole Supérieure Polytechnique d’Antananarivo à la recherche de solutions
aux problèmes liés aux liants minéraux en général et aux ciments en particulier :
o prix ;
o performances ;
o durabilité ;
o normes ;
o …
La première partie de notre travail est consacrée à un bref aperçu de l’industrie cimentière de
Madagascar et à un rappel bibliographique sur le ciment en général et sur les différentes
méthodes d’obtention de ciments à haute résistance mécanique.
La partie expérimentale comprend successivement :
o une présentation des différentes techniques expérimentales mises en œuvre lors de
cette étude ;
o la caractérisation des matières premières utilisées ;
o notre contribution, à l’échelle industrielle, à l’amélioration de la qualité des
ciments de la SOMACIM ;
o les essais, à l’échelle du laboratoire, d’obtention de ciments à haute résistance :
- choix des paramètres techniques de fabrication,
- détermination de la meilleure composition,
3
- essais d’activation chimique,
- essais d’activation thermique,
- essais d’activation mécanique.
L’étude se termine par la caractérisation et le contrôle des meilleurs ciments obtenus.
4
CChhaappii tt rree 0011 :: LLL’’’IIINNNDDDUUUSSSTTTRRRIIIEEE CCCIIIMMMEEENNNTTTIIIEEERRREEE ÀÀÀ MMMAAADDDAAAGGGAAASSSCCCAAARRR
1. HISTORIQUE ET SITUATION ACTUELLE [1]
ÀÀ l’heure actuelle, Madagascar possède deux industries cimentières :
- La SANCA (Société Anonyme de la Nouvelle Cimenterie d’Amboanio) ;
- La Holcim Madagascar (Holderbank Cimenteries).
1.1. Cimenterie d’Amboanio
Elle se situe à Amboanio, 30 Km au sud-est de Mahajanga, Commune de Boanamary,
Fivondronana de Mahajanga II. Cette cimenterie d’ Amboanio a été fondée en 1932 par
la Société de ciments française VICAT. La mise en exploitation commençait en 1934 et
l’usine produisait 20 000 tonnes au cours de cette année. ÀÀ cette époque, à cause de la
concurrence des ciments étrangers, la société a été mise en faillite en 1935.
L’usine a été rachetée par le Belge CURRIMJEE JEEWANJEE en 1936. De 1940 à
1941, la nouvelle société belge n’atteignait qu’une production de 10 000 tonnes / an.
Ceci s’expliqua par la pénurie d’approvisionnement en énergie due à la guerre ; mais au
cours de cette même guerre, les difficultés d’approvisionnement en ciment incitèrent la
société à relancer sa production.
En 1953, le Gouvernement colonial a alloué à l’usine une importante somme de 182
millions de Francs et entreprit de la faire exploiter. Plusieurs sociétés furent pressenties
et contactées. En 1956, un groupe belge relançait de nouveau l’usine et la nommait
« Compagnie Malgaches des Ciments » ; le Gouvernement colonial contribuait pour un
apport évalué à 44 millions de Francs.
De nouveau privatisée en 1993, elle portait le nom de « SANCA » (Société Anonyme de
la Nouvelle Cimenterie d’Amboanio) et le Groupe SOMIFRERES était l’actionnaire
majoritaire. ÀÀ partir du 14 Février 1997, la société LAFARGE est devenue l’actionnaire
majoritaire de la SANCA.
5
La SANCA produit actuellement 70 000 tonnes de ciments par an avec trois variétés de
produits : CM 160, CPA 32.5 et CPJ 35.
1.2. Cimenterie d’Ibity
Fondée en 1980 par l’état Malagasy avec l’accord de la Banque Mondiale et de la FMI,
elle se situe à Ibity à 25 Km d’Antsirabe. ÀÀ cette époque, elle était désignée sous le
nom de « CIMA » (Cimenterie de Madagascar).
L’installation de l’usine et le début d’exploitation de la carrière de cipolin d’Ibity ont
commencé en 1980 mais la mise en exploitation effective ne débuta qu’ en 1985. Dans
les années 87/88, la société connut des problèmes d’ordre financier et l’Etat a eu
recours à sa privatisation en 1990.
ÀÀ partir de 1990, une nouvelle marque de ciment est apparue : les ciments ABACIMAL,
du nom du propriétaire Prince ABASUBUNG. La nouvelle société, à cause de la
mauvaise qualité de ses produits, a vite fait faillite et a été reprise par ses principaux
créanciers : l’Etat Malagasy, la BNI et la JIRAMA.
Vers la fin de l’année 1994, la société a été rachetée par le HOLDERBANK dont fait
partie le groupe ORIGNY sous le nom de SOMACIM (Société Malgache des Ciments).
ÀÀ partir de 1995, la réhabilitation des installations a commencé, et la société a pu se
lancer dans de nouvelles productions. La SOMACIM produisait deux types de ciments :
CPJ 35 et CPA 45. De nouvelles marques de ciment sont apparues sur le marché : les
ciments MORAINGY.
Actuellement, la cimenterie d’Ibity appartient au puissant groupe HOLCIM et les
produits portent la marque du groupe. La HOLCIM a une capacité de production de
120 000 à 200 000 tonnes de ciments par an et propose sur le marché du CPJ 35, du
CPA 45 et dernièrement du CPJ 45.
Un projet de réhabilitation de l’usine d’Ibity, et plus particulièrement le remplacement de
toutes les installations de cuisson est actuellement en cours de réalisation.
6
En plus de ses installations d’Ibity, la HOLCIM possède une usine de traitement de
clinker importé et d’ensachage à Tamatave. Cette usine livre sur le marché du CPA 45
de marque HOLCIM.
D’autres projets sont en cours, à l’instar du projet chinois d’installation d’une usine de
traitement de clinker et d’ensachage à Ambohimanambola (Antananarivo).
2. LE CALCAIRE A MADAGASCAR [2]
L’industrie cimentière d’un pays doit être considérée en parallèle avec ses ressources
potentielles en matières premières. En effet, on ne peut penser créer une cimenterie
sans évaluer les réserves en matière de calcaire. A titre indicatif nous donnons les
gisements de calcaires dont dispose Madagascar.
Le calcaire ou pierre à chaux est très abondant à Madagascar. Selon les gisements, il
peut être très pur ou dolomitique :
- Antsiranana : réserve inépuisable, peu dolomitique, autour de la Baie de
Diégo ;
- Mahajanga : beaucoup de gisements dolomitiques sauf à Marohogo et
Amboanio (gisement exploité par la SANCA) ;
- Toliary : réserve inépuisable aux environs de Toliary, gisements exploités par
des fabricant de chaux de façon artisanale ;
- Antsirabe :
� gros gisement fortement dolomitique à Ambatofinandrahana et
Sahatany ;
� un bon gisement estimé à 10 millions de m3 à Ibity, exploité par
la CHAUMAD et la HOLCIM ;
- Ambatondrazaka : réserve constitué par de petits gisements dispersés.
7
3. L’ARGILE A MADAGASCAR Le constituant silico-alumineux généralement utilisé pour la fabrication du clinker à
ciment avec le calcaire, est l’argile naturelle. L’argile est abondante à Madagascar, mais
ne convient pas toujours à des fins cimentières.
A Madagascar, les gisements d’argile sont nombreux mais d’intérêt variable. Parmi les
plus importants, on peut citer (Source Service Géologique de Madagascar):
- les gisements de kaolin d’Ampanihy ;
- les pegmatite fortement kaolinisées dans la région d’Andilana;
- les argiles réfractaires de la plaine d’Antananarivo;
- les argiles kaoliniques d’Ambatolampy, d’Ambohimena et de Fianarantsoa ;
- les argiles sédimentaires du bassin lacustre de Mangoro ;
- les argiles mélangées (kaolinite, beidellite, nontronite) d’Antanifotsy et
d’Antsirabe ;
- les marnes argileuses de Toliary et de Soalara, et celles calcaires de
Mahajanga ;
- les argiles bentonitiques de la région d’Ejeda (Beomby).
4. CONCLUSION En conclusion, on peut dire qu’au point de vue géologique, Madagascar possède les
matières premières nécessaires à l’industrie du ciment : calcaires, argiles, schistes et
peut être gypse…
La production cimentière de Madagascar doit suivre l’augmentation de la
consommation. Les industries existantes doivent moderniser leurs installations
anciennes.
L’expansion de la consommation en ciment nécessite la recherche et l’étude de
nouveaux sites de cimenteries pouvant conduire à une installation lorsque les
gisements de matériaux sont importants et économiquement bien placés.
8
CCChhhaaappp iii ttt rrreee 000222 ::: GGGEEENNNEEERRRAAALLLIIITTTEEESSS SSSUUURRR LLLEEESSS CCCIIIMMMEEENNNTTTSSS 1. DEFINITION
1.1. Les ciments
Les ciments sont des liants hydrauliques : ils se combinent à l’eau en donnant des
composés hydratés stables qui leur confèrent une résistance mécanique. Ils sont
constitués essentiellement de silicates et aluminates de calcium. Ils sont obtenus par la
cuisson à haute température (1400 – 1450 °C) de mél anges dosés de calcaire et
d’argile et se présentent sous forme de poudres inodores, grises en général. [3] [4]
1.2. Les ciments à hautes résistances
Selon la norme AFNOR NF P 15 301 de 1981, les ciments à hautes résistances sont
des ciments dont la résistance à la compression des mortiers normaux à 28 jours a une
valeur moyenne supérieure à 65 MPa. [5]
Selon la nouvelle norme européenne NF EN 197-1 de Janvier 2001, ce sont des
ciments dont la résistance à la compression des mortiers normaux à 28 jours a une
valeur minimale supérieure à 52,5 MPa. [5]
En général, ce sont des ciments à prise rapide et à faible retrait (début de prise
inférieure à 1 heure à 20 °C ; retrait environ 1mm/ m).
2. LES CONSTITUANTS DU CIMENT
Ils présentent une ou plusieurs des propriétés suivantes :
• des propriétés hydrauliques : ils forment par réaction avec l’eau des
composés hydratés stables très peu solubles dans l’eau ;
9
• des propriétés pouzzolaniques : ils ont la faculté de former à température
ordinaire, en présence d’eau, par combinaison avec la chaux, des composés
hydratés stables ;
• des propriétés physiques qui améliorent certaines qualités du ciment
(accroissement de la maniabilité et de la compacité, diminution du
ressuage…).
2.1. Le clinker [5] [6] [7] C’est le principal constituant des ciments. Le clinker est un produit obtenu par la
cuisson jusqu’à fusion partielle (clinkerisation) d’un mélange dosé et homogénéisé de
matières contenant les quatre oxydes : CaO, SiO2, Al2O3 et Fe2O3.
Les oxydes cités ci-dessus se retrouvent dans le clinker sous forme de silicates et
aluminates de calcium anhydres dont les principaux sont :
- C3S : 45 à 65 %,
- C2S : 10 à 30 %,
- C3A : 05 à 15 %,
- C4AF : 05 à 15 %.
Ces différentes phases ne se trouvent pas à l’état pur dans le clinker, mais sous forme
de solution solide. (Tableau 01)
Tableau 01 : Les différentes phases du clinker
Minéral pur Formule chimique Notation Minéral présent dans le clinker
Silicate tricalcique 3CaO,SiO2 C3S Alite
Silicate bicalcique 2CaO,SiO2 C2S Bélite
Aluminate tricalcique 3CaO,Al2O3 C3A Célite
Alumino-ferrite 2CaO,pAl2O3,(1-p) Fe2O3 C4AF Alumino-ferrite tetracalcique
2.1.1. Alite – Silicate tricalcique (C3S)
On connaît six variétés de C3S. Dans le clinker, l’alite se présente sous une forme
monoclinique (MII) et trigonale (R). Le C3S est le minéral le plus important du clinker,
10
étant donné qu’il confère au ciment la plus grande partie de sa résistance. Le tableau 02
donne les caractéristiques des six variétés du C3S.
Tableau 02 : Caractéristiques des six variétés de C3S [8]
Minéraux Variétés
cristallines Température
[°C] Paramètres cristallins [nm]
a b c α β γ C3SR Rhomboédrique 1100 1.283 0.715 2.556 90 90 90 C3SMII Monoclinique 1000 1.234 0.714 2.543 90 90 90 C3SMI Monoclinique 985 1.233 0.714 2.542 90 89.85 90 C3STIII Triclinique 940 2.463 1.423 1.429 2.541 90.06 89.86 C3STII Triclinique 680 2.453 1.427 2.530 89.98 89.75 89.92 C3STI Triclinique 20 2.443 1.421 2.510 89.91 89.69 89.69
2.1.2. Bélite – Silicate bicalcique (C2S)
Il existe cinq variétés de C2S (Tableau 03). Dans les clinkers, le bélite correspond, en
général, à C2Sβ et plus rarement à C2Sα et C2Sα’. Elle intervient positivement dans les
résistances du ciment à 7 et 28 jours d’âge (à un degré moindre que C3S toute fois). Les
cristaux sont d’aspects variables, souvent arrondis, d’une taille moyenne de 30 µ. Leur
surface est lisse ou striée (stries provenant du passage de la forme α à la forme β).
Tableau 03 : Caractéristiques des cinq variétés de C2S [8] Minéraux Variétés
cristallines Température
[°C] Paramètres cristallins [nm] ρ
a b c α β γ [g/cm2] C2Sα Hexagonal 1500 0.553 - 0.731 - - - 3.04
C2SαH’ Orthorhombique 1250 0.559 0.954 0.686 - - - 3.40 C2SαL’ Orthorhombique 1000 1.118 1.895 0.684 - - - 3.40 C2Sβ Monoclinique 650 0.555 0.681 0.942 - 93.6 - 3.28 C2Sγ Orthorhombique 200 0.508 0.677 1.124 - - - 2.97
2.1.3. Aluminate tricalcique (C3A)
On ne connaît pas de transformations allotropiques de C3A pur. Le réseau cristallin est
cubique (a = 1.526 nm). Dans le clinker, C3A peut être cubique, orthorhombique ou
quadratique ; deux de ces formes peuvent exister conjointement.
11
C’est le constituant qui possède la prise la plus rapide et la chaleur d’hydratation la plus
élevée. Les cristaux sont petits et mal formés, si le refroidissement est rapide. Ils sont
grands et rectangulaires dans le cas inverse. Il joue un rôle important dans la résistance
à court terme et la tenue du ciment à certains milieux agressifs.
L’aluminate tricalcique constitue, avec C4AF, ce qu’on appelle la « masse interstitielle »
du clinker.
2.1.4. Alumino-ferrite tetracalcique (C4AF)
Elle correspond à la phase aluminoferritique tetracalcique C4AF ; C’est une solution
solide à l’intérieur des solutions solides dont les éléments extrêmes sont la combinaison
C2F et l’hypothétique C2A.
Dans le clinker, C4AF se présente sous une forme orthorhombique. Il n’entre pas en jeu
dans la résistance du ciment, mais joue par contre le rôle de fondant favorisant
l’eutectique lors de la cuisson du mélange cru.
2.2. Les autres constituants principaux [5]
Ils sont ajoutés au clinker, dans certaines proportions bien définies (supérieure à 5 %),
pour donner les différents types de ciments.
2.2.1. Laitier granulé de haut fourneau
Il est obtenu par refroidissement rapide de la scorie provenant de la fusion du minerai de
fer dans un haut fourneau. Le laitier de haut fourneau doit présenter des propriétés
hydrauliques latentes pour convenir à son emploi en cimenterie.
2.2.2. Pouzzolanes naturelles
Ce sont des produits essentiellement composés de silice, d’alumine et d’oxyde de fer,
présentant soit naturellement, soit après activation thermique, des propriétés
pouzzolaniques.
12
2.2.3. Cendres volantes
Ce sont des particules pulvérulentes obtenues par dépoussiérage électrostatique ou
mécanique des gaz de chaudières alimentées au charbon pulvérisé. Elles peuvent être
de nature silico-alumineuse ou calcique. Dans le premier cas présentent des propriétés
pouzzolaniques, dans le second des propriétés hydrauliques.
2.2.4. Schistes calcinés
Sous réserve de caractéristiques convenables définie dans la norme [3] ils peuvent être
utilisés. Dans ce cas ils contiennent des phases du clinker, principalement du silicate
bicalcique et de l’aluminate monocalcique, de même que de la chaux libre et du sulfate
de calcium. Finement broyés, ils montrent de fortes propriétés hydrauliques et des
propriétés pouzzolaniques.
2.2.5. Calcaires
Ce sont des produits obtenus par broyage fin de roches naturelles présentant une teneur
en carbonate de calcium (CaCO3) supérieure à 75 %. Ils sont ajoutés en tant que
« fines » au ciment.
2.2.6. Fumées de silice
Ce sont des particules très fines (environ 1 µm) présentant une très forte teneur en silice
amorphe. Elles proviennent de la réduction de quartz de grande pureté par du charbon
dans des fours à arc électrique utilisés pour la production du silicium et d’alliage de
ferrosilicium.
2.3. Les constituants secondaires
Les constituants secondaires sont des matériaux minéraux naturels ou dérivés du
processus de fabrication du clinker ou des constituants décrits dans les paragraphes
ci-dessus, sauf s’ils sont déjà inclus en tant que constituants principaux.
13
Dans tous les cas, ils entrent dans la composition des ciments dans des proportions qui
n’excèdent pas 5 % en masse.
2.4. Les additifs
Les additifs sont des constituants qui ne figurent pas dans ceux énumérés ci-dessus et
qui sont ajoutés pour améliorer la fabrication ou les propriétés du ciment. La quantité
totale des additifs doit être inférieure ou au plus égale à 1 % en masse (exception faite
des pigments). La proportion des additifs organiques, sous forme d’extrait sec, doit être
inférieure à 0,5 % en masse du ciment.
2.5. Sulfate de calcium
Le sulfate de calcium, généralement du gypse ou de l’anhydrite, doit être ajouté en faible
quantité (4 – 5 %) aux autres constituants du ciment lors de sa fabrication pour réguler la
prise.
3. NORMALISATION ET CLASSIFICATION
3.1. Les ciments et la normalisation [5]
L’objectif de la normalisation est de répondre à un souci de qualité et de régularité des
ciments, grâce à des spécifications rigoureuses de leurs compositions et de leurs
caractéristiques.
Plusieurs normes sont utilisées, pour la normalisation des ciments. Ces normes peuvent
être propres à un pays ou adoptées par un ensemble de pays. Les pays membres de
l’Union Européenne (UE), par exemple, utilisent la même norme (EN 197-1) dans le
domaine des ciments.
A Madagascar, les normes en vigueur et utilisées par les laboratoires de contrôle sont
celles publiées par l’AFNOR.
14
L’évolution des ciments a justifié en 1978 l’homologation de la norme AFNOR NF P
15 301 (appliquée en 1981), qui définit et classe la plupart des ciments selon des
spécifications conformes aux textes réglementaires. Cette norme a été révisée en 1994
en vue de l’élaboration d’une norme commune européenne ; la nouvelle norme conservait
cependant les exigences de la norme précédente de 1981.
Le 21 mai 2000, le projet de norme commune européenne EN 197-1 a été adopté à
l’unanimité par les pays membres du CEN et mise en application à partir du 1er avril 2001.
3.2. La norme européenne EN 197-1
La norme de référence des ciments courants est la norme européenne EN 197-1 publiée
par l’AFNOR sous la référence NF EN 197-1 « Ciment – Partie 1 : composition,
spécifications et critères de conformité des ciments courants ».
La norme NF EN 197-1 est subdivisée en trois rubriques :
- une première partie descriptive qui définit les constituants du ciment et
délimite les différents types de ciments ;
- une deuxième partie qui fixe les classes de résistance, les spécifications
mécaniques et physico-chimiques ;
- une troisième partie consacrée aux critères de conformité, les procédures de
leur vérification et les seuils de garantie.
3.2.1. Désignation et marquage
Les ciments courants bénéficient d’un double marquage CE et NF qui atteste :
- pour le marquage CE, que les produits sont conformes aux réglementations
européennes en matière de santé, de sécurité et de respect de l’environnement, et sont
donc réglementairement aptes à l’usage ;
- pour le marquage Nf associé à CE, que les produits bénéficient de garanties
complémentaires (de l’AFNOR) sur leur composition, leur performance et leur contrôle.
Dans la norme NF EN 197-1, les ciments courants sont subdivisés en cinq types selon la
nature et la proportion des constituants (Tableau 04).
15
Tableau 04 : Les cinq types de ciments courants [5]
Type Désignation
Ciments Portland CEM I
Ciments Portland composés CEM II / A ou B
Ciments de haut fourneau CEM III / A, B ou C
Ciments pouzzolaniques CEM IV / A ou B
Ciments composés CEM V / A ou B
(De plus amples informations seront fournies concernant ces types de ciments)
3.2.2. Classes de résistance
Un mode de classification des ciments le plus utilisé est la classification suivant les
résistances mécaniques, et plus exactement la résistance à la compression simple.
Selon la norme NF EN 197-1, les ciments sont réparties en trois classes : 32.5, 42.5 et
52.5, définies par la valeur minimale de la résistance normale du ciment à 28 jours. La
résistance normale d’un ciment est la résistance mécanique à la compression mesurée
à 28 jours sur mortier normal conformément à la norme NF EN 196-1 et exprimée
en MPa. (Tableau 05)
Tableau 05 : Classes de résistance [5]
Désignation
de la classe
Résistances à la compression [MPa]
à 2 jours à 28 jours
Limite Limite Limite
inférieure inférieure supérieure
32.5N - ≥32.5 ≤52.5
32.5R ≥ 10
42.5N ≥10 ≥42.5 ≤62.5
42.5R ≥20
52.5N ≥20 ≥52.5 -
52.5R ≥30
● Sous classe N : Normale
● Sous classe R : résistance au jeune âge élevée
Remarques : 1°- Pour l’ancienne norme NF P 15 301 jusqu’à 1994, les classes de résistance étaient définies par la valeur moyenne de la résistance normale du ciment à 28 jours. C’est le mode de classification encore en vigueur à Madagascar : • 35 (n’a pas de correspondance dans la nouvelle norme) ; • 45 et 45 R (→ 32.5 N et 32.5 R) ; • 55 et 55 R (→ 42.5 N et 42.5 R) ; • HP et HPR (→ 52.5 N et 52.5 R) ; 2°- Pour les liants dont la résistance normale moyenne est inférieure à 35 MPa, la classe de résistance est définie par sa valeur exprimée en bar.
16
3.3. Les ciments de la norme NF EN 197-1 (ciments c ourants)
Les ciments de la norme NF EN 197-1 sont définis comme ciments courants, à l’instar des
autres ciments plus spécifiques, dans la composition, la fabrication et/ou l’utilisation. Le tableau
suivant donne une description détaillée des différents types de ciments courants.
Tableau 06 : Les différents types de ciments de la norme NF EN 197-1 [5]
Types Notation Composition (en % en masse) (1)
dénomination Symbole (2) Clinker Constituants principaux
Constituants secondaires
CEM I Ciment Portland CEM I 95 -100 0 0 - 5
CEM II
Ciment Portland au laitier
CEM II/A – S 80 - 94 6 – 20 0 - 5
CEM II/B – S 65 – 79 21 - 35 0 - 5
Ciment Portland à la fumée de silice (3)
CEM II/A – D 90 - 94 6 - 10 0 - 5
Ciment Portland à la pozzolane
CEM II/A – P 80 - 94 6 – 20 0 - 5
CEM II/B – P 65 – 79 21 - 35 0 - 5
CEM II/A – Q 80 - 94 6 – 20 0 - 5
CEM II/B – Q 65 – 79 21 - 35 0 - 5
Ciment Portland aux cendres volantes
CEM II/A – V 80 - 94 6 – 20 0 - 5
CEM II/B – V 65 – 79 21 - 35 0 - 5
CEM II/A – W 80 - 94 6 – 20 0 - 5
CEM II/B – W 65 – 79 21 - 35 0 - 5
Ciment Portland au schiste calciné
CEM II/A – T 80 - 94 6 – 20 0 - 5
CEM II/B – T 65 – 79 21 - 35 0 - 5
Ciment Portland au calcaire
CEM II/A – L 80 - 94 6 – 20 0 - 5
CEM II/B – L 65 – 79 21 - 35 0 - 5
CEM II/A – LL 80 - 94 6 – 20 0 - 5
CEM II/B – LL 65 – 79 21 - 35 0 - 5
Ciment Portland composé (4) (5)
CEM II/A – M 80 - 94 6 – 20 0 - 5
CEM II/B – M 65 – 79 21 - 35 0 - 5
CEM III Ciment de haut fourneau (6)
CEM III/A 35 - 64 36 – 65 0 - 5
CEM III/B 20 – 34 66 – 80 0 - 5
CEM III/C 5 - 19 81 – 95 0 - 5
CEM IV Ciment pouzzolanique (5) (7)
CEM IV/A 65 – 90 11 – 35 0 - 5
CEM IV/B 45 – 64 36 – 55 0 - 5
CEM V Ciment composé (5) CEM V/A 40 – 64 36 – 60 0 - 5
CEM V/B 20 - 39 61 - 80 0 - 5
17
(1) : Les valeurs données se réfèrent à la somme des constituants principaux et secondaires. (2) : Signification des lettres :
• Quantité des constituants principaux (autres que le clinker) : - A : 6 à 20 % - B : 21 à 35 % - C : 36 à 65 %
• Nombre : la lettre M pour signaler qu’on a au moins 2 constituants principaux • Noms :
- S : laitier de haut fourneau - D : fumée de silice - P : pouzzolane naturelle - Q : pouzzolane naturelle calcinée - V : cendres volantes siliceuses - W : cendres volantes calciques - T : schiste calciné - L ou LL : calcaire
(3) : La proportion de fumée de silice est limitée à 10 % (4) : Présence de plusieurs constituants principaux à différentes proportions (5) : Les constituants principaux doivent figurer dans la désignation du ciment (Symboles entre parenthèses) (6) : Le laitier de haut fourneau est le seul principal ajout au clinker pour ce type de ciments (7) : Les principaux ajouts sont de la fumée de silice, de la pouzzolane naturelle et des cendres volantes (D, P ou Q et V ou W)
A titre indicatif nous donnons ci-après le tableau de correspondance entre anciennes et
nouvelles désignations des ciments. (Tableau 07)
Tableau 07 : Correspondance entre anciennes et nouvelles désignations des ciments [5]
Depuis 1994 NF P 15 301 À partir de 2001 NF EN 197-1
Ciment Portland CPA – CEM I Ciment Portland CEM I
Ciment Portland composé CPJ – CEM II / A ou B
Ciment Portland au laitier CEM II / A ou B - S
Ciment Portland à la fumée de silice CEM II / A ou B - D
Ciment Portland à la pouzzolane CEM II / A ou B - P CEM II / A ou B - Q
Ciment Portland aux cendres volantes
CEM II / A ou B - V CEM II / A ou B - W
Ciment Portland au schiste calciné CEM II / A ou B - T
Ciment Portland au calcaire CEM II / A ou B - L CEM II / A ou B - LL
Ciment Portland composé CEM II / A ou B - M
Ciment de haut fourneau
CHF – CEM III / A ou B Ciment de haut fourneau CEM III / A, B ou C
CLK – CEM III / C Ciment pouzzolanique CPZ – CEM IV / A ou B Ciment pouzzolanique CEM IV / A ou B
Ciment au laitier et aux cendres CLC – CEM V / A ou B Ciment composé CEM V / A ou B
18
3.4. Les ciments qui font l’objet d’autres normes [5]
D’autres ciments, seulement évoqués par la norme NF EN 197-1, font l’objet de normes
spécifiques.
3.4.1. Ciment de laitier à la chaux (CLX) NF P 15 306
Le ciment de laitier à la chaux est obtenu par broyage d’un mélange intime de laitier de
haut fourneau et de chaux. Ce type de ciment fait partie de la famille des liants
pouzzolaniques.
o Deux classes de résistance : 100 et 160.
3.4.2. Ciment à maçonner (CM) NF P 15 307
Il résulte de mélange, en proportion variable, de liants hydrauliques (clinker, CPA, CPJ,
chaux hydraulique…) et d’autres produits (laitier de haut fourneau, pouzzolane, filler…).
La proportion de laitier doit être inférieur à 5o %, de même pour la proportion des
éléments inertes.
o Deux classes de résistance : 160 et 260
3.4.3. Ciment naturel (CN) NF P 15 308
Ce ciment résulte de la cuisson d’un mélange naturel de calcaire et d’argile de très
grande régularité. Les ciments de « grappiers », sous produits de la fabrication de la
chaux vive, font partie de ce type de ciment.
3.4.4. Ciment sursulfaté (CSS) NF P 15 313
C’est un ciment à prise lente, mais à durcissement rapide, développé entre les deux
grandes guerres. Il est obtenu par mélange intime de laitier de haut fourneau,
d’anhydrite ou de gypse avec un peu de clinker. Sa composition moyenne est :
80 % de Laitier + 15 % d’Anhydrite + 5 % de clinker
o Deux classes de résistance : 35 et 45
19
3.4.5. Ciment prompt naturel (CNP) NF P 15 314
Le ciment prompt naturel est obtenu par la cuisson à température modérée
(1000 – 1200 °C), d’un calcaire argileux de composi tion très régulière, suivie d’un
broyage très fin. C’est un produit naturel, à prise et durcissement rapides, à faible retrait
et à résistances élevées à très court terme.
Le ciment prompt est caractérisé par la présence de silicate de calcium, essentiellement
sous forme de silicate bicalcique actif, d’aluminate de calcium riche en alumine et de
sulfo-aluminate de calcium qui est une spécificité du produit.
3.4.6. Ciment alumineux fondu (CA) NF P 15 315
Il résulte de la cuisson jusqu’à la fusion d’un mélange de calcaire et de bauxite, suivie
d’un broyage sans gypse à une finesse comparable à celle des CPA. Le ciment
alumineux fondu, appelé couramment « ciment fondu », est composé principalement
d’alumine, d’oxydes de fer et de silice, dans des proportions telles que le ciment obtenu
renferme au moins 30 % de sa masse d’alumine. Il est parfois dénommé « ciment
réfractaire » à cause de ses propriétés réfractaires qui permettent son utilisation dans la
fabrication de bétons réfractaires. C’est un ciment à prise lente, mais à durcissement
rapide.
3.5. Ciments à caractéristiques complémentaires nor malisées [5]
Pour certains types d’ouvrages des exigences relatives aux caractéristiques des
ciments peuvent être requises ; elles font l’objet de normes spécifiques.
3.5.1. Ciments pour travaux à la mer (PM) NF P 15 317
Les ciments n’ont pas tous la même résistance face aux attaques chimiques liées à
l’environnement marin ; l’emploi de ciments présentant de bonnes caractéristiques de
résistance à ces agressions est donc nécessaire.
Ces ciments son signalés par la mention PM (Prise Mer) dans le cartouche de
marquage. Ils présentent des teneurs limitées en aluminate tricalcique (C3A) qui leur
20
permettent de conférer au béton une résistance accrue à l’agression des ions sulfates
en présence d’ions chlorures, au cours de la prise et ultérieurement.
3.5.2. Ciments à teneur en sulfures limitée (CP) NF P 15 318
Ces ciments sont des produits dont les caractéristiques sont complémentaires de celles
des ciments de la norme NF EN 197-1. Ils son signalés par la mention CP sur leur
emballage. Ces ciments trouvent leurs principales applications dans les ouvrages de
masse et certains ouvrages en béton précontraint.
3.5.3. Les ciments pour travaux en eaux à haute teneur en sulfates (ES) XP P 15 319
Les eaux séléniteuses constituent un milieu particulièrement agressif, qui nécessite
l’emploi de ciments spécifiques. Ces ciments présentent également des teneurs limitées
en aluminate tricalcique (C3A). Ils comporte la mention ES sur leur emballage.
4. CARACTERISTIQUES DES CIMENTS
Un ciment est caractérisé par un certain nombre de critères mesurés de façon
conventionnelle, soit sur la poudre, soit sur pâte pure, soit sur « mortier normal »
(mélange normalisé de ciment, sable et eau défini par la norme NF EN 196-1). Ces
critères constituent les caractéristiques du ciment. Elles sont d’ordre chimique,
minéralogique, physique et mécanique.
4.1. Caractéristiques chimiques et minéralogiques
4.1.1. Composition chimique élémentaire
Elle renseigne sur les différents éléments chimiques présents dans le ciment. Les
éléments sont déterminés sous forme d’oxydes (et sous forme d’ions pour quelques
rares exceptions). On distingue :
- les quatre principaux oxydes : CaO, SiO2, Al2O3 et Fe2O3 ;
- les éléments secondaires : MgO, SO3, Na2O, K2O, Cl−…
21
Elle est la base de calcul de la composition minéralogique. Plusieurs auteurs donnent des compositions chimiques types des ciments Portland ;
nous pouvons citer R. H. BOGUE [9] et PAPADAKIS [10] (Tableau 08).
Tableau 08 : Composition chimique moyenne des ciments (en % massique)
Auteur Teneur SiO2 Al2O3 Fe2O3 CaO MgO SO3 PF
BOGUE Minimum 20 3,4 2,7 62 1 1 0,8 Maximum 25 6 4,3 64 3 3 3
PAPADAKIS Minimum 19 2 1 62 0 1 0,2 Maximum 25 9 5 67 3 3 1,3
4.1.2. Hydraulicité [11]
C’est une grandeur qui permet d’évaluer le caractère hydraulique d’un liant. Elle est
définie par l’indice d’hydraulicité i :
i = (SiO2 + Al 2O3 + Fe2O3) / (CaO + MgO)
L’indice d’hydraulicité représente le rapport entre la somme des constituants acides et
celle des constituants basiques du liant.
4.1.3. Chaux de saturation [11]
C’est la quantité maximale de chaux qui peut être fixée par les constituants acides
(SiO2, Al2O3 et Fe2O3) contenus dans le mélange :
- tout SiO2 transformé en C3S,
et, cas d’un mélange riche en alumine :
- tout Al2O3 transformé en C3A,
- tout Fe2O3 transformé en C4AF avec le reste de Al2O3 ;
ou, cas d’un mélange riche en oxyde de fer :
- tout Fe2O3 transformé en C2F,
- tout Al2O3 transformé en C4AF avec le reste de Fe2O3.
22
On a l’expression de la chaux de saturation :
CaOsat = 2,80 SiO 2 + 1,65 Al 2O3 + 0,35 Fe2O3 (mélange riche en alumine) ;
CaOsat = 2,80 SiO 2 + 1,10 Al 2O3 + 0,70 Fe2O3 (mélange riche en oxyde de fer).
4.1.4. Modules et valeurs requises [11]
Tout ciment est caractérisé par trois grandeurs :
- le module de chaux MC,
- le module de silice MS,
- le module d’alumine ou module oxydique MA.
Ce sont des valeurs requises, en rapport avec la composition minéralogique et les
performances mécaniques attendues du ciment.
� Module de chaux MC :
C’est le rapport, exprimé en pourcentage, de la teneur en chaux du ciment sur la chaux
de saturation :
MC = 100 CaO / CaOsat
MC varie de 92 à 103 pour l’ensemble des ciments, et de 95 à 98 pour les ciments
Portland courants.
- Si MC = 100, le mélange contient exactement la quantité de chaux qui peut
être fixée par SiO2, Al2O3 et Fe2O3 contenus dans ce mélange.
- Si MC > 100, il existe forcément de la chaux libre, non combinée, dans le
mélange.
23
� Module de silice MS :
Il renseigne sur le rapport entre la quantité de silicates et celle d’aluminates contenus
dans le ciment ou le clinker.
MS = SiO2 / Al 2O3 + Fe2O3
MS varie de 1,8 à 3,4 pour les ciments en général, et de 2,2 à 2,5 pour les ciments
Portland courants.
� Module d’alumine (ou oxydique) MA :
Ce module caractérise la nature de la masse interstitielle du clinker, contenant la
presque totalité des oxydes d’aluminium et de fer.
MA = Al 2O3 / Fe2O3
- Si MA > 0,638, le ciment est normal et contient du C3A et du C4AF ;
- Si MA < 0,638, le ciment est dit « riche en fer », et contient du C2F au lieu de
C3A.
Les ciments sans C3A présentent une grande résistance chimique aux sulfates, ainsi
qu’une faible chaleur d’hydratation.
MA varie, en général, de 1,2 à 2,5 et de 1,5 à 2 pour les ciments Portland courants.
4.1.5. Composition minéralogique – Formule de BOGUE
4.1.5.1. Définition
La composition minéralogique d’un ciment est l’ensemble des teneurs en constituants
principaux (C3S, C2S, C4AF, et C3A ou C2F), ainsi que celles d’autres constituants du
clinker de moindre importance, et celles des composés introduits volontairement
(constituants principaux, constituants secondaires et régulateurs de prise) ou
accidentellement dans le ciment.
24
La composition minéralogique est déterminante sur les propriétés hydrauliques et
mécaniques des ciments et par conséquent sur leur mode d’utilisation.
La composition minéralogique peut être déterminée par l’association de quelques
méthodes physiques :
- microscopie électronique (MEB),
- diffraction des rayons X (DRX),
- spectrométrie infra rouge (SIR),
- analyse thermique différentielle,
- …
Elle peut être déduite de la composition chimique en utilisant la « formule de BOGUE).
Dans ce cas elle est dénommée composition minéralogique potentielle. [9]
4.1.5.2. Formule de Bogue [9]
Bogue a établi, sur la base de la composition chimique, et sur le principe de la
proportion stoechiométrique, pour les différents cas qui peuvent se présenter, des
systèmes d’équations qui permettent de calculer la composition minéralogique du
ciment (ou du clinker). L’ensemble des équations constitue la « formule de BOGUE »
pour le cas considéré.
� Quantité insuffisante de chaux : MC ≤ 90
Système C2S – C3A – C5A3 – C4AF (C2S ne peut se transformer en C3S).
C2S = 2.87 SiO2
C3A = 3.61 – 6.74 SiO2 – 3.81 Al2O3 – 2.96 Fe2O3
C5A3 = 4.88 SiO2 + 4.31 Al2O3 + 0.92 Fe2O3 – 2.61 CaO
C4AF = 3.04 Fe2O3
25
� Quantité suffisante de chaux mais sans excès : 90 < MC ≤ 100
Système C3S – C2S – C3A – C4AF (Théoriquement il n’y a pas de chaux libre).
C3S = 4.07 CaO – 7.61 SiO2 – 6.72 Al2O3 – 1.43 Fe2O3
C2S = 2.87 SiO2 – 0.75 C3S
C3A = 2.65 Al2O3 – 1.69 Fe2O3
C4AF = 3.04 Fe2O3
� Excès de chaux: MC > 100
Système CaO – C3S – C3A – C4AF (Théoriquement tout x est transformé en y, et il y a
existence de chaux libre).
C3S = 3.80 S
C3A = 2.65 Al2O3 – 1.69 Fe2O3
C4AF = 3.04 Fe2O3
CaOL = CaO - CaOsat
� Quantité suffisante de chaux mais excès en oxyde de fer : 90 < MC ≤ 100 et MA < 0.638
Système C3S – C2S – C2F – C4AF (Théoriquement il n’y a pas de chaux libre).
C3S = 4.07 CaO – 7.61 SiO2 – 4.48 Al2O3 – 2.86 Fe2O3
C2S = 2.87 SiO2 – 0.75 C3S
C2F = 1.70 Al2O3 – 2.67 Fe2O3
C4AF = 4.77 Fe2O3
Gilles BERARD – BERGERY [3] propose une composition minéralogique moyenne
pour les ciments Portland. (Tableau 09)
Tableau 09 : Composition minéralogique moyenne des ciments (en % massique)
Constituant C3S C2S C3A C4AF
Teneur 60 15 8 8
26
4.1.6. Chaux libre :
Le suivi de la quantité de chaux libre contenue dans le clinker ou le ciment est très
important car il renseigne sur le degré de cuisson du produit.
La chaux libre, ou chaux non combinée, est en relation étroite avec les qualités d’un
ciment (performances mécaniques, expansion, poids au litre…). En général, la quantité
maximale de chaux libre acceptable est de 2% [5].
4.2. Caractéristiques physiques [12] [13] [14]
4.2.1. Couleur
Elle varie avec la composition chimique des matières premières (particulièrement la
teneur en oxydes de fer) et la nature des combustibles utilisés pour la fabrication du
clinker.
Généralement elle est grise (à cause des cendres des combustibles), mais il existe
toute une gamme de colories, et particulièrement les ciments blancs obtenus par
l’utilisation de matières premières très pures et de combustibles fluides.
4.2.2. Finesse de mouture (NF EN 196 - 6)
Elle est caractérisée par la surface spécifique ou surface développée totale de tous les
grains contenus dans un gramme de ciment. La notion la plus utilisée est la surface
spécifique de BLAINE notée SSB [14].
Elle s’exprime en g / cm2. Suivant le type de ciment, cette grandeur est généralement
comprise entre 2 800 et 5 000 g / cm2.
4.2.3. Densités
� Masse volumique apparente
Appelée aussi « poids au litre du ciment », elle représente la masse de la poudre par
unité de volume (vides entre les éléments inclus).
27
Elle est de l’ordre de 1 Kg / L en moyenne pour un ciment.
� Poids spécifique
Il représente la masse de tous les grains de solides contenus dans une unité de volume
(vides entre les éléments exclus).
Il varie de 2.9 à 3.15 Kg / L suivant le type de ciment. Un ciment de faible poids
spécifique (d < 2.9) indique une forte concentration en produits d’addition ou une
mauvaise cuisson pour son clinker.
4.2.4. Début de prise (NF EN 196 - 3)
C’est le temps au bout duquel le ciment commence à faire prise. Le temps de début de
prise est déterminé par l’instant ou l’aiguille de VICAT de 1 mm2 de section ne
s’enfonce plus jusqu’au fond d’une pastille de pâte pure de ciment.
Suivant les types de ciment, le temps de début de prise doit être supérieur à 45 minutes
ou 1 heure.
4.2.5. Expansion (NF EN 196 - 3)
C’est un phénomène qui se passe au cours de la prise et le durcissement du ciment par
une augmentation de volume due à un excès de sulfates, de chaux libre ou de
magnésie.
Il permet de s’assurer de la stabilité du ciment. L’expansion ne doit pas dépasser
10 mm sur pâte pure pour tous les ciments (NF EN 197 – 1).
4.2.6. Retrait (NF P 15 433)
C’est une diminution de volume pendant le durcissement qui est due à un départ d’une
partie de l’eau de gâchage par évaporation. La mesure est effectuée sur éprouvette
prismatique de « mortier normal » 4 x 4 x 16 cm.
Le retrait est limité à 0.8 mm / m ou à 1 mm / m suivant le type de ciment.
28
4.2.7. Eau de consistance normale
Elle caractérise la quantité d’eau utile pour obtenir une consistance normale pour un
mortier normal (NF EN 196 – 1).
4.3. Caractéristiques mécaniques [14]
Elles sont définies par la capacité d’un matériau à résister à toute sollicitation extérieure
impliquant une force. La plus importante, pour les ciments, est la résistance à la
compression simple. Quelque fois il y a lieu de déterminer la résistance à la traction par
flexion et la résistance à l’usure.
Conformément à la norme NF EN 196 – 1, la classe de résistance d’un ciment est
définie par la valeur minimale de la résistance à la compression simple du mortier
normal à 28 jours d’âge et exprimée en MPa.
5. DOMAINES D’UTILISATION
Les ciments tirent leurs principaux domaines d’utilisation dans la confection de mortiers
et de bétons ainsi que d’autres produits dérivés.
A partir des différents types de ciment et en fonction de leur dosage, il est possible
d’obtenir une infinité de bétons aux caractéristiques pouvant varier en fonction du type
de ciment, de la nature et des caractéristiques des granulats, de leur mélange, des
colorants, des adjuvants, de la mise en œuvre, des traitements ultérieurs…
Le béton peut s’adapter aux exigences de chaque réalisation par ses performances
comme par ses aspects : on peut, à volonté, lui demander une résistance aux chocs, à
l’usure, aux agents agressifs, ainsi que des caractéristiques de légèreté ou de lourdeur,
d’isolation phonique et/ou thermique, d’étanchéité, une durabilité accrue, un bel
aspect… Le béton, application majeur du ciment, fait partie intégrante de notre cadre de
vie. Il est présent dans tous les types de construction, qu’il s’agisse de logements,
d’écoles, d’hôpitaux,de bureaux, d’usines, d’ateliers, d’espaces commerciales… Il est
aussi présent dans de nombreuses applications routières et aussi, et surtout, dans de
grands ouvrages d’art…
29
A titre indicatif, nous donnons dans le tableau 10 et les figures 01 et 02 les principales
applications des différents types de ciments avec les recommandations y afférentes.
Tableau 10 : Domaines d’utilisation des différents types de ciments [15]
TYPES DOMAINES D’UTILISATION EMPLOIS NON RECOMMANDE S
CEM I CEM II / A ou B CEM V / A ou B
Travaux courants de béton en élévation ou fondation
Présence d’eaux agressives
CEM III / A, B ou C - Travaux de béton armé souterrains - Travaux en eaux agressives - Travaux hydrauliques
- Travaux en élévation - Enduits et chapes - Ouvrages de faible épaisseur
CEM IV / A ou B
- Construction sous-marine et souterraine en béton et béton armé - Etanchéité et résistance à l’eau
- Travaux aériens - Bétonnage par tems froid
CNP - Travaux à prise rapide : scellement, aveuglement de voies d’eau - Travaux en milieu agressif
Tout autre emploi
CA
- Doublure des appareils thermiques - Mortier et béton réfractaire - Bétonnage par temps froid - Pieux d’essai en béton armé
- Bétonnage par temps chaud - Travaux de masse - Présence d’eau alcaline - Mélange avec d’autres ciments
CLX
- Travaux de maçonnerie - Présence d’eau quelque peu agressive - Travaux de génie rural - Tous travaux souterrains
- Travaux en élévation - Travaux en béton armé
CM - Maçonnerie - Agglomérés
Travaux de béton armé
CN
- Petits travaux de bétonnage - Maçonnerie - Enduits - Agglomérés - Présence d’eau quelque peu agressive
Travaux de béton armé
(ES) (PM)
- Travaux de fondation à décoffrage rapide - Présence d’eaux agressives
- Présence d’eaux acides - Ouvrages soumis au gel - Mélange avec d’autres ciments
(CP) - Travaux de béton armé souterrains - Travaux en eaux agressives - Travaux hydrauliques
- Travaux en élévation - Enduits et chapes - Ouvrages de faible épaisseur
30
Figure 01 : Utilisations possibles des ciments de la classe 35 (Source SOMACIM)
31
Figure 02 : Utilisations possibles des ciments de la classe 45 ou plus (Source SOMACIM)
32
CChhaappii tt rree 0033 : FFFAAABBBRRRIIICCCAAATTTIIIOOONNN DDDUUU CCCIIIMMMEEENNNTTT
1. APERÇU GENERAL [11] [14]
Le constituant principal des ciments est le clinker, qui est obtenu à partir de la cuisson
d’un mélange approprié de calcaire et d’argile, en proportion moyenne 80 % / 20 %.
Actuellement, les cimenteries modernes utilisent jusqu’à quatre matières premières : le
calcaire, un constituant riche en silice, un autre riche en alumine et un dernier riche en
oxydes de fer.
La fabrication du ciment dépense beaucoup d’énergie : concassage et broyage des
matières premières – homogénéisation du mélange cru – cuisson à haute température
– broyage du clinker.
Quelque soit le procédé utilisé, la fabrication du ciment doit comprendre les phases
suivantes :
- approvisionnement en matières premières ;
- dosage du cru ;
- préparation du cru ;
- cuisson ;
- traitement du clinker ;
- conditionnement.
Les figures 03 à 07 illustrent les différentes phases de la fabrication du ciment (cas des
cimenteries d’Ibity et d’Amboanio)
Il existe deux procédés extrêmes de fabrication [14]:
� Le procédé par voie sèche (Figure 03 et 05) :
Les matières premières sont broyées à sec, et envoyées à l’état sec dans les fours. Ce
procédé est actuellement, et de très loin, le plus utilisé dans les pays industrialisés
33
depuis l’adoption de la technique des préchauffeurs (échangeurs de chaleur à cyclones)
et de précalcinateur (foyer complémentaire dans le dernier cyclone).
� Le procédé par voie humide (Figure 06 et 07) :
Le mélange cru, dosé, est broyé avec de l’eau pour former une pâte que l’on envoie
dans les fours.
Entre ces deux procédés, il y a les procédés par voie semi-sèche (Figure 04 et 05) et
semi-humide (Figure 07).
Il existe aussi différents types de fours, mais ils peuvent être classés dans deux
catégories distinctes :
� Les fours droits ou verticaux :
Un moment abandonnés, ils connaissent un regain d’intérêt avec l’adoption des
techniques des granules et/ou des pastilles.
� Les fours rotatifs ou horizontaux :
Ces derniers types sont les plus employés. Ce sont des cylindres en tôle d’acier, de 50
à 80 m de longueur pour le procédé à voie sèche contre 60 à 150 m pour le procédé à
voie humide, et de 4 à 5 mètres de diamètre, avec un revêtement intérieur en matériaux
réfractaires, légèrement inclinés par rapport à l’horizontale (< 5%) et tournant à environ
1 tr / mn.
2. LES DIFFERENTES ETAPES DE LA FABRICATION [11] [14]
2.1. Approvisionnement en matières premières
Les matières premières (calcaire et argile) sont extraites de carrières généralement à
ciel ouvert et sises le plus près possible des installations de la cimenterie.
Les blocs obtenus sont concassés pour être réduits en éléments de taille moyenne
d’environ 50 mm, qui vont être envoyés vers le système de dosage du mélange cru.
34
Figure 03 : Installations pour procédé par voie sèche
35
Figure 04 : Installations pour procédé par voie semi – sèche
(Cas de la cimenterie d’Ibity)
36
VOIE SEMI – SECHE VOIE SECHE .
Figure 05 : Schéma du procédé de fabrication par voie sèche et semi – sèche [8]
37
Figure 06 : Installations pour procédé à voie humide
(Cas de la cimenterie d’Amboanio)
38
Figure 07 : Schéma du procédé de fabrication par voie humide et semi – humide [8]
39
2.2. Dosage du mélange cru [8 ] [11]
2.2.1. Objectifs
Il permet d’atteindre, ou d’approcher, par un choix judicieux de la composition du
mélange à cuire en ses différents constituants, la composition minéralogique prévue qui
correspond à un ciment aux propriétés mécaniques bien définies (à conduite de cuisson
et traitement du clinker identiques).
Pour un ciment de bonne performances mécaniques, on cherchera à avoir le plus de
C3S possible dans le clinker, mais on évitera, autant que possible, l’existence de chaux
libre, néfaste aux propriétés mécaniques du ciment et à la durabilité des mortiers et
bétons.
2.2.2. Calcul du mélange cru
Pour un ciment donné, la composition du mélange cru est calculée sur la base des trois
valeurs requises (MC, MS et MA) et de la composition chimique de chaque matière
première (ainsi que de la quantité et de la composition des cendres, dans le cas où l’on
utilise des combustibles solides).
La littérature technique fournit une multitude de procédés pour calculer les proportions
requises des différents constituants entrant dans la composition du mélange cru. On
utilise surtout « le procédé par équations de détermination et de concordance de
phases » basé sur les valeurs de MC, MS et MA et les compositions chimiques des
matières premières.
� Principe du calcul :
- Chaque matière première présente des écarts par rapport aux valeurs requises
(MC, MS et MA).
- L’ensemble mélange cru a des écarts nuls par rapport à ces valeurs.
- On cherchera à déterminer les proportions x, y et z des matières premières qui
devront être mélangées à une partie de calcaire (ou d’un autre constituant choisi
arbitrairement).
40
� Ecarts par rapport aux valeurs requises :
On définit : - Ecart hydraulique φ (par rapport au module de chaux) :
φ = CaO – CaO* CaO* : teneur en chaux que devrait avoir le constituant considéré pour atteindre la
valeur de MC, avec ses teneurs en SiO2, Al2O3 et Fe2O3. Soit :
MC = CaO*.100/CaOsat
φ = CaO – ((MC . CaOsat)/100)
- Ecart silicique ψ (par rapport au module de silice) :
ψ = SiO2 – SiO2
*
SiO2
* : teneur en silice que devrait avoir le constituant considéré pour atteindre la valeur
de MS, avec ses teneurs en Al2O3 et Fe2O3. Soit :
MS = SiO2
* / (Al2O3 + Fe2O3)
ψ = SiO2 – MS(Al 2O3 + Fe2O3)
- Ecart oxydique χ (par rapport au module d’alumine) :
χ = Al2O3 – Al2O3*
Al2O3*: teneur en alumine que devrait avoir le constituant considéré pour atteindre la
valeur de MA, avec sa teneur en Fe2O3. Soit :
MA = Al2O3* / Fe2O3
χ = Al 2O3 – MA . Fe2O3
41
� Proportions respectives des différents constituants :
Soient φi, ψi et χi les écarts par rapport aux valeurs requises pour chaque constituant.
On a le système d’équations :
φ1 + φ2x + φ3y + φ4z = 0
ψ1 + ψ2x + ψ3y + ψ4z = 0
χ1 + χ2x + χ3y + χ4z = 0
Les proportions x, y et z, des autres constituants, qui seront mélangées à une partie de
calcaire, sont connues par la résolution du système d’équations. Et on peut en déduire
la composition (en % massique) du mélange cru.
2.3. Préparation du cru
Les grains de matières premières sont intimement mélangés par broyage ou délayage,
dans les proportions définies, en un ensemble très fin de diamètre moyen ≤ 90 µ qui
constitue le « cru » ou « mélange cru » ou encore « farine crue ».
A cette occasion, des corrections de compositions peuvent être effectuées, en
incorporant en faible proportion les éléments nécessaires.
Le mélange cru est préparé automatiquement sous forme de granules (voie sèche ou
semi-sèche) ou de pâte (voie humide ou semi-humide), en fonction de la technique de
fabrication utilisée.
2.4. Cuisson du cru
Le mélange cru, convenablement préparé, est cuit à haute température, pour obtenir le
clinker.
Quelque soit la technique de fabrication utilisée, les réactions qui se passent pendant la
cuisson sont les mêmes.
42
2.4.1. Aperçu sur les principales réactions mises en jeu lors de la cuisson [8]
Les réactions qui se passent pendant la cuisson, lorsque la température monte
progressivement, peuvent être résumées comme suit :
� 100 – 120 °C : départ de l’eau d’humidité ;
� 500 – 750 °C : déshydratation des minéraux arg ileux ;
� 700 – 1000 °C : décomposition des argiles ;
� Vers 950 °C : décarbonatation ;
CaCO3 → CaO + CO2↑
MgCO3 → MgO + CO2↑
� 1000 – 1100 °C : formation de C 4AF ;
Al2O3 + Fe2O3 + 4 CaO → C4AF
� Vers 1250 °C :
- formation de C3A et C2S :
Al2O3 + 3CaO → C3A
SiO2 + 2CaO → C2S
- apparition d’une phase fondue ;
� 1250 – 1450 °C :
- augmentation de la quantité de phase fondue,
- mise en solution de CaO et de C2S ;
� Vers 1450 °C : formation de C 3S (réaction de clinkerisation) ;
C2S + CaO → C3S
2.4.2. Déshydratation des minéraux argileux
Les argiles naturelles constituent un mélange de plusieurs minéraux : quelques
minéraux argileux, quartz, calcite, dolomite, hydroxyde de fer, hydroxyde d’aluminium…
43
La déshydratation est caractérisée par le départ des ions hydroxyles (eau de
constitution) que contiennent les minéraux argileux et les hydroxydes. Cette
déshydratation se produit dans un large domaine de température, allant de 200 °C à
1100 °C ( Tableau 11)
Tableau 11 : Température de déshydratation de quelques minéraux argileux [8]
Minéral Teneur en eau [%] Déshydratation [°C] Etat amorphe [°C]
Gibbsite - 180 – 350 Vers 600
Kaolinite ≈14 500 – 700 700 – 950
Illite ≤ 20 400 – 650 850 – 900
Montmorillonite ≤ 20 450 – 750 750 – 950
Chlorite ≤ 14 500 – 750 750 – 900
La transformation thermique est influencée par plusieurs paramètres, entre autres le
type de minéral, la teneur en impuretés, l’état d’ordre cristallin, la dimension des grains
etc...
La cinétique de déshydratation des minéraux argileux n’a que très peu d’influence dans
la cuisson du cru.
2.4.3. Décarbonatation
CaCO3 → CaO + CO2↑
MgCO3 → MgO + CO2↑
Ce sont des réactions réversibles et fortement endothermiques. La décarbonatation se
caractérise par le fait qu’elle se produit sur un front de décomposition.
La décarbonatation présente cinq phases :
- transfert de chaleur du milieu vers la surface des particules (par convection) ;
- conduction de la chaleur à travers la couche de CaO déjà formée vers la zone
de décomposition ;
- réaction chimique, germination et recristallisation de CaO ;
- diffusion de CO2 à travers la couche de CaO vers la surface des particules ;
44
- passage de CO2 de la surface des particules vers l’environnement.
La vitesse globale de la réaction est une fonction des vitesses de ces cinq étapes.
2.4.4. Réactions entre solides
La formation des minéraux du clinker, à l’exception de C3S, résulte de réactions entre
solides. La néoformation de phases débute avec la déshydratation des argiles et la
décomposition de CaCO3 vers 550 °C.
La zone des réactions entre solides est limité vers le haut par l’apparition d’une phase
fondue vers 1250 °C.
Ce sont des réactions de surfaces de séparation de phases, au cours desquelles le
transport des matières qui réagissent vers la zone de réaction, est en général l’étape
déterminante.
2.4.5. Réactions en présence de matière fondue – clinkerisation
La réaction de formation du constituant principal du clinker se fait en présence d’une
phase fondue. Cette réaction est dénommée « réaction de clinkerisation » du fait de son
importance sur les qualités futures du ciment.
Pour les mélanges crus industriels, la phase fondue apparaît à partir de 1250 °C
environ. Le clinker atteint le stade de fusion complète entre 1750 et 1800 °C.
La température de cuisson optimale de 1350 à 1500 °C utilisée a pour but d’obtenir des
vitesses de réactions les plus élevées en marche stable pour la réaction :
C2S + CaO → C3S
La température la plus basse devrait être théoriquement la limite inférieure de stabilité
de l’alite : 1250 °C. Toute fois, à cette températu re, la vitesse de la réaction est
extrêmement faible.
La température de cuisson est limitée vers le haut à 1550 °C, car au dessus de cette
température la matière en cours de cuisson perd ses propriétés de phase solide, la
phase fondue prenant trop d’importance.
45
On peut distinguer dans la formation de l’alite les étapes suivantes :
- dissolution de CaO et x dans la matière fondue ;
- diffusion des éléments en réaction vers les lieux de formation des nouvelles
phases .
- cristallisation de l’alite.
La réaction de formation de l’alite est fortement influencée par la proportion de la phase
fondue, de la composition de cette dernière, de sa viscosité, de sa tension superficielle,
ainsi que de la mobilité des ions dans la phase fondue et de la température.
2.5. Traitement du clinker – conditionnement
Le clinker sorti du four est envoyé vers un dépôt pour un délai minimum de 15 jours,
pour permettre le refroidissement définitif et le pourrissage (il est rarement broyé
directement).
Il est ensuite broyé avec du gypse (4 – 5 % en masse) et les autres constituants si l’on
veut obtenir d’autres types de ciments que le ciment Portland.
Le ciment ainsi produit est mis en sac à raison, généralement, de 50 Kg, ou dirigé par
transport pneumatique vers des silos de stockage à l’abri de l’humidité.
3. EVALUATION DES PRODUITS – CONTROLES DE QUALITE [8] [11] [15]
La cuisson est certainement la partie la plus délicate de la fabrication du ciment.
Néanmoins, chaque phase a une influence sur les qualités du produit fini. Des contrôles
se font à chaque niveau de ces opérations par le laboratoire de contrôle. En particulier
le ciment qui va être commercialisé doit être conforme aux normes en vigueur.
46
3.1. Evaluation du clinker
L’évaluation des qualités du clinker, en laboratoire, a lieu par au moins deux des
méthodes suivantes :
• Mesure de la masse volumique apparente ou poids au litre du clinker sur une fraction
étroite des grains (en général 3 – 7 mm). Pour chaque farine crue et chaque installation
de four, il existe une courbe ρ = f (CaOL) ;
• Analyse chimique complète selon les normes en vigueur, par voie humide ou par
fluorescence X ;
• Détermination de la teneur en chaux libre (CaOL) ;
La détermination de la chaux libre est particulièrement importante pour juger de la
cuisson du clinker (et donc de la qualité du ciment). Des clinkers bien cuits résultant de
farines crues bien dosées, présentent des teneurs en chaux libre ≤2 %.
Les causes possibles d’une teneur en CaOL élevée sont les suivantes :
- un module de chaux trop grand pour la farine crue (MC > 100),
- un broyage trop grossier de la farine crue,
- une homogénéité insuffisante du mélange cru,
- une absorption irrégulière de cendres du combustible,
- une température de cuisson trop faible,
- une importante décomposition de l’alite, provoquée par un refroidissement
trop lent,
- des conditions de cuisson réductrices : les ions Fe2+ introduits dans le
réseau de l’alite se transforme en Fe3+ au refroidissement, et accélère
fortement la décomposition de l’alite.
- une teneur en MgO trop élevée (> 2%).
• calcul des modules du clinker à partir des données de l’analyse chimique ;
• détermination de la composition minéralogique potentielle, en appliquant la formule
de Bogue.
47
3.2. Evaluation du ciment
Pour le ciment, les qualités sont vérifiées par l’ensemble des méthodes suivantes :
• détermination du temps de début de prise ;
• vérification de la classe de résistance ;
• mesure du retrait ;
• détermination de la stabilité (mesure de l’expansion) ;
• détermination de la chaleur d’hydratation.
4. FACTEURS INTERVENANT SUR LA FABRICATION DU CLINK ER [8]
L’aptitude à la cuisson de la farine crue est déterminée par plusieurs paramètres
technologiques et propriétés des matières premières.
4.1. Composition du cru
La farine crue est caractérisée par les trois grandeurs MC, MS et MA, qui sont les
bases même de sa composition en ses différents constituants.
D’une manière générale, l’aptitude à la cuisson diminue quand MC, MS et MA
augmentent. Toute fois, l’influence de MA est moindre que celle de MC et MS.
•••• Pour avoir des taux de chaux libre faible (< 2 %), il faut des températures ou des
durées de cuisson plus élevées quand MC est grand.
•••• Un module de silice MS élevé diminue non seulement l’aptitude à la cuisson, mais
aussi son aptitude à la granulation dans la zone de clinkerisation.
•••• Une augmentation de MA se manifeste par une quantité importante de chaux libre
suite à une diminution de la proportion de la masse fondue et de sa viscosité, la
quantité de Fe2O3, qui est un fondant, étant faible.
48
4.2. Teneurs en éléments secondaires
Les éléments secondaires sont ceux qui sont apportés par les matières premières avec
les quatre principaux oxydes. Les alcalis, les sulfates et la magnésie ont des effets plus
ou moins favorables sur l’aptitude à la cuisson suivant leur proportion dans le cru.
•••• Les alcalis (K2O et Na2O), pour des teneurs élevées, entravent la combinaison de la
chaux. Lorsque ces teneurs sont plus faible (0,2 – 0,3 %), ils ont une influence positive
par leur caractère fondant qui se traduit par une augmentation de la quantité de la
masse fondue et un abaissement de la température de début de clinkerisation.
•••• L’influence négative des alcalis sur la formation du clinker peut être compensée
dans certaines limites par l’addition de sulfates à la farine crue.
•••• Pour des teneurs < 2 %, MgO accélère la combinaison de la chaux et contre
l’influence négative des alcalis.
•••• Pour les ciments riches en MgO (MgO > 2 %), et pour éviter le risque d’expansion,
on peut ajouter à la farine crue une quantité de SO3 qui est fonction de la teneur en
MgO et telle que :
SO3 = 0,67(MgO – 2). [16]
L’addition de sulfates au cru permet la fabrication de ciments dont l’expansion reste
conforme aux normes, pour des teneurs en MgO atteignant 5,5 %.
•••• En première approximation, la teneur en chaux libre du clinker dépend comme il suit
des quantités ajoutées de SO3, de MgO et d’alcalis [17] :
CaOL = 8,5 – 3,07MgO + 0,74K2O + 2,19Na2O – 0,74 SO3
Cette équation montre que K2O et Na2O entravent la formation du clinker tandis qu’au
contraire MgO et SO3 l’accélèrent. Des teneurs élevées en alcalis combinées à teneurs
faibles en MgO et SO3 conduisent, pour une durée et une température de cuisson
constantes, à des teneurs élevées en chaux libre.
49
4.3. Composition minéralogique du cru [8]
Les connaissances scientifiques en ce domaine sont encore insuffisantes, ce qui se
reflète dans des données contradictoires fournies par la littérature technique.
Le mélange cru se compose d’un nombre élevé de minéraux différents. La composition
minéralogique influence les paramètres suivants, en raison des propriétés physico-
chimiques différentes des minéraux :
- teneur en eau nécessaire des pâtes crues,
- propriétés rhéologiques de celles-ci,
- capacité de granulation des farines crue,
- stabilité mécanique et thermique des granules de farine crue,
- formation de poussière au cours de la cuisson,
- consommation spécifique de chaleur pour la cuisson.
4.4. Composition granulométrique
La vitesse des réactions à l’état solide et les processus de dissolution dans la phase
fondue sont inversement proportionnels à la grosseur des grains. Toutefois, c’est la
proportion des gros grains (> 90 µ) qui est plus préjudiciable que la répartition
granulométrique. Dans la pratique le refus au tamis de 0,09 mm (R0,09) est de 5 à 20 %.
La farine crue devrait être moulue aussi finement que possible, pour réduire le temps de
séjour dans la zone de cuisson. Toutefois une trop grande finesse peut favoriser les
réactions à l’état solide au détriment de la formation de l’alite. De plus une trop grande
finesse de mouture serait synonyme d’une dépense supplémentaire en énergie.
En général, il existe pour chaque farine crue une finesse de mouture optimale, en
rapport avec l’aptitude à la cuisson dans son ensemble, ainsi qu’avec le prix de revient
du ciment.
4.5. Homogénéité
Pour obtenir un clinker de bonne qualité, il faut une répartition homogène de tous les
constituants et que tous les micro volumes aient la même composition dans l’ensemble
de tout le mélange cru.
50
Une répartition uniforme de tous les constituants qui participent à la formation du
clinker, facilite le phénomène de diffusion.
Un manque d’homogénéité aboutit à la formation de composés autres que ceux que
l’on veut obtenir (CaOL et autres produits intermédiaires par exemple).
4.6. Activation chimique
Les processus de formation du clinker peuvent être activés par addition en faible
proportion de substances appelées « minéralisateurs », au cru.
Ce sont des substances inorganiques, telles que CaF2, Na2CO3, Na2SiF6, le gypse, le
laitier de plomb, le laitier de cuivre… qui agissent aussi bien sur les processus de
déplacement de matières que sur les réactions purement chimiques.
En raison du grand nombre de facteurs qui influencent les processus de formation du
clinker, on n’a pas encore réussi à formuler des lois de valeur universelle sur le
mécanisme de l’action des minéralisateurs et leur efficacité.
4.7. Activation thermique
La vitesse à la quelle on porte la farine crue à la température maximale de cuisson
constitue une variable importante des réactions de formation des minéraux du clinker.
Une vitesse de chauffe élevée est synonyme de perturbation dans le réseau cristallin
des divers constituants et de taille faible pour les phases néoformées.
CaO et C2S se dissolvent d’autant mieux dans la phase fondue, qu’ils sont finement
divisés et que leur réseau est perturbé.
La décomposition de CaCO3 et des minéraux argileux conduit à des produits dont le
réseau cristallin est fortement perturbé et qui sont donc très réactifs.
Si par contre, le cru séjourne longtemps dans la zone de réaction à l’état solide
(1100 – 1200 ° C), l’état d’activité se dégrade en raison du rétablissement de l’ordre
dans le réseau cristallin ; et il en découle une vitesse de dissolution faible de CaO et
C2S dans la phase fondue.
51
4.8. Activation mécanique
Elle consiste en un broyage intensif, des matières solides crues, qui conduit à des
modifications physiques importantes, telles que :
- la réduction de la dimension des particules ;
- l’apparition de perturbation dans le réseau cristallin ;
- la tendance vers un état amorphe comme cas limite.
L’augmentation de la vitesse de réaction, suite à l’activation mécanique, résulte non
seulement de la grande finesse des grains mais également des modifications du réseau
et d’une meilleure homogénéisation de la farine crue.
52
CONCLUSION
A travers l’étude bibliographique que nous avons menée il s’avère que l’industrie
cimentière malgache n’a pas beaucoup évoluée depuis son installation qui date de
1932. Les deux usines productrices n’arrivent pas à subvenir aux besoins du pays en
matière de ciments.
Plusieurs recherches ont été effectuées dans le domaine des ciments pour améliorer la
qualité des produits et surtout leurs performances mécaniques. Ces recherches
convergent de plus en plus vers les procédés d’obtention de ciments à hautes
résistances. Les méthodes sont nombreuses ; certaines s’appuient sur des actions
opérées sur le mélange cru et sur la conduite de la cuisson, d’autres consistent en des
modifications apportées par addition d’éléments ultra fins, associés à du superplastifiant
genre lignosulfonates ou gluconates, au ciment Portland.
Plusieurs paramètres influent sur l’aptitude à la cuisson du cru, pourtant beaucoup de
phénomènes restent inexpliqués, ou plutôt, des contradictions sont à noter quant aux
essais d’interprétation des mécanismes qui régissent ces paramètres.
Compte tenu de ces remarques, nous avons pris le parti d’essayer d’obtenir des
ciments à hautes résistances mécaniques à partir de matières premières locales, en
optimisant les paramètres qui interviennent dans la fabrication du ciment et en
maîtrisant la conduite de la cuisson.
53
Chapitre 01 : MMMEEETTTHHHOOODES EXPERIMENTALES
Dans ce chapitre, nous donnons de brèves descriptions des techniques et méthodes de
caractérisation et d’essai que nous avons mis à profit pour toutes nos investigations.
1. CARACTERISTIQUES PHYSIQUES
1.1. Teneur en eau naturelle
Les matériaux sont placés dans une étuve à 105 °C j usqu’à l’obtention d’un poids
constant. Soit Po le poids initial du matériau et soit P son poids exempt de toute eau
d’adsorption, L’expression de la teneur en eau W est :
W [%] = 100.( Po – P)
1.2. Limites d’Atterberg [18]
Ce sont des teneurs en eau qui sont caractérisées sur la fraction du matériau dont la
granulométrie est inférieure à 1,25 mm (tamis 32 de la série AFNOR)
���� Limite de plasticité Lp:
C’est la frontière entre l’état solide et l’état plastique pour un matériau. Elle correspond
à la teneur en eau minimale à laquelle le matériau est encore plastique. Cet état
correspond à une teneur en eau pour laquelle on peut encore rouler la pâte en fil de
3 mm de section sans qu’elle se rompe.
���� Limite de liquidité LL:
C’est la frontière entre l’état plastique et l’état liquide pour un matériau. Elle correspond
à une teneur en eau au-delà de laquelle la pâte devient liquide, c'est-à-dire qu’on ne
peut plus la travailler. Sa détermination préconise l’utilisation de l’appareil de
CASAGRANDE.
54
���� Indice de plasticité IP:
Il caractérise la malléabilité ou le caractère plastique d’un matériau. Il mesure l’étendue
de la plage de teneurs en eau dans laquelle un matériau se trouve à l’état plastique.
C’est la différence entre la limite de liquidité et la limite de plasticité :
IP [%] = LL - Lp
Casagrande définit une relation empirique entre IP et LL :
IP [%] = 0,73 (LL – 20)
���� Indice de consistance Ic:
Il caractérise la fermeté d’un matériau selon sa teneur en eau naturelle :
Ic = (LL – W) / (LL - Lp)
TERZAGH définit une échelle de consistance en fonction de la valeur de Ic :
Liquide Pâteux Mou Ferme Très ferme dur
0 0,25 0,5 0,75 1 Ic
1.3. Densités
���� Masse volumique ρ :
C’est le poids de l’unité de volume du matériau, vides entre les grains inclus.
Sa détermination consiste à :
- remplir un récipient taré de 1 litre avec le matériau versé en filet continu
avec un entonnoir,
- a raser ensuite la surface en évitant de tasser,
- peser le tout.
55
���� Poids spécifique γ :
C’est le poids d’une quantité de matériau tel que le volume réellement occupé par la
matière solide est égal à l’unité. Sa détermination préconise l’utilisation d’un
pycnomètre.
1.4. Granulométrie
���� Méthode classique :
Les analyses granulométriques de nos échantillons ont été faites par la méthode
classique du tamisage pour la fraction supérieure à 100 µ, et par sédimentométrie pour
la fraction inférieure à 100 µ.
La méthode du tamisage consiste à faire passer une masse bien déterminée de
matériau à travers une série normalisée de tamis de différents modules. Les refus sont
pesés, on en déduit les tamisats. On trace la courbe représentant les tamisats cumulés.
La sédimentométrie est une méthode qui consiste à mesurer la densité d’une
suspension de l’échantillon après un temps t de sédimentation, et à calculer le diamètre
et le pourcentage des grains à la profondeur de mesure.
L’ensemble de ces deux méthodes nous renseigne sur la distribution dimensionnelle
des grains de nos échantillons en poudre et permet de tracer leur courbe
granulométrique.
���� Granulométrie au laser :
Pour les échantillons de grande finesse, la méthode adoptée est la granulométrie au
laser. Elle consiste à mettre la poudre à analyser en suspension dans un liquide
(alcool), et à maintenir la suspension en mouvement dans une cuve à faces parallèles.
La cellule de mesure est mise sur le parcours d’un faisceau de lumière cohérente
(laser – hélium – néon). Les grains en mouvement diffractent le faisceau.
Le faisceau diffracté est analysé par un dispositif muni d’un calculateur. La déviation
des rayons lumineux par un grain est inversement proportionnelle au diamètre de
56
celui-ci. Un traitement statistique des informations recueillies permet de déduire la
granulométrie de l’échantillon.
Les analyses granulométriques au laser ont été effectuées sur un appareil CERILH
Silas 715, qui permet d’évaluer les diamètres des grains compris entre 1 et 196 µ, en
découpage de 16 familles granulométriques.
1.5. Surface spécifique
La détermination de la surface spécifique de nos poudres a été faite par la méthode de
Blaine ou par la méthode BET.
���� Surface spécifique de Blaine :
La méthode nécessite l’utilisation de l’appareil de Blaine ou « Perméabilimètre de
Blaine ». Elle est basée sur le temps que met un volume d’air constant, sous une
pression et température bien déterminée, pour traverser une couche de matériau
tassée dans des conditions bien définies. Ce temps est proportionnel à la surface
développée par tous les grains de solides de l’échantillon.
���� . Surface spécifique BET :
Lorsque les matériaux sont de très grande finesse, la méthode de Blaine est inopérante
ou donne des résultats erronés. La surface spécifique peut être alors déterminée par la
méthode BET (Brunauer, Emmett, Teller).
Le principe de la méthode est fondé sur l’adsorption de gaz par le matériau étudié. Une
masse connue de matière est soumise à un dégazage poussé sous vide. L’ensemble
de la cellule de mesure est plongé dans un bain d’azote afin de maintenir sa
température constante. Des quantités connues d’azote sont alors successivement
introduites dans la cellule. La pression résiduelle permet de déduire la surface
spécifique qui est en relation directe avec la quantité d’azote adsorbée.
L’appareil utilisé est du type ASAP 2000 MICROMERITICS.
57
1.6. Porosité
Les mesures de la porosité ont été faites à l’aide d’un porosimètre à mercure
COULTRONICS 9300 .
Le principe de la mesure repose sur le phénomène de dépression capillaire. La
méthode consiste à dégazer sous vide l’échantillon à analyser (environ 2 à 3 g). Le
mercure est ensuite introduit sous pression dans les pores. Il est ainsi possible de
calculer le volume de mercure ayant pénétré dans l’échantillon, volume qui est aussi
celui des pores, d’après la différence des hauteurs entre les niveaux et le diamètre du
tube. L’appareil enregistre automatiquement la baisse du niveau de mercure en fonction
de pression. Une pression d’intrusion croissante permet la pénétration des pores plus
petits. On pourra ainsi tracer l’ensemble de la distribution des diamètres des pores. La
pression exercée permet de déduire le rayon d’accès des pores, et le volume de
mercure injecté correspondant permet de déduire le volume relatif à chaque classe de
pores.
L’appareil permet la détermination du volume poreux, l’aire des pores, le facteur de
porosité ou le pourcentage des vides, la densité apparent et le poids spécifique du
matériau.
1.7. Début de prise [5]
Sa détermination préconise l’utilisation de l’appareil de VICAT. Le temps de début de
prise est défini par l’instant où l’aiguille de Vicat – aiguille de 1 mm2 de section pesant
300 g – ne s’enfonce plus jusqu’au fond d’une pastille de pâte pure de ciment.
Les modalités de l’essai font l’objet de la norme NF EN 196-3.
1.8. Retrait [5]
La mesure du retrait est effectuée sur des éprouvettes prismatiques 4 x 4 x 16 cm sur
mortier normal (norme NF P 15 433). Le retrait est limité à 0,8 mm/m ou 1 mm/m selon
le type de ciment.
58
1.9. Expansion [5]
Elle se mesure suivant un procédé normalisé (norme NF EN 196-3) et grâce aux
aiguilles de Le Chatelier. L’expansion ne doit pas être supérieure à 10 mm sur pâte
pure pour tous les ciments (NF EN 197-1).
Tous les essais de prise, de retrait et d’expansion ont été effectués au LNTPB
(Laboratoire National des Travaux Publics et des Bâtiments).
2. CARACTERISTIQUES CHIMIQUES ET MINERALOGIQUES
2.1. Analyse chimique
Les analyses chimiques de nos échantillons ont été effectuées soit par voie humide
classique, soit par fluorescence X.
Les analyses par voie humide ont été effectuées au laboratoire de chimie minérale du
Département Génie Chimique de l’ESPA.
L’appareil utilisé pour la méthode par fluorescence X est un spectromètre de
fluorescence X à dispersion d’énergie du type EDAX DX-95.
2.2. Diffraction des rayons X DRX
Cette méthode permet d’estimer l’état de cristallisation des matériaux. Elle sert aussi à
la détermination qualitative et, dans la mesure du possible, quantitative des constituants
minéralogiques des échantillons ainsi que des phases hydratées formées lors de
l’hydratation des ciments.
Les analyses ont été effectuées sur des produits broyés passant au tamis de 100 µ.
L’appareil utilisé est un Diffractomètre SIEMENS D5000 couplé d’un système
informatique dont l’élément central est un ordinateur digital « PDP 11/23 PLUS » qui
permet l’exploitation des résultats grâce à un choix de logiciels.
59
2.3. Spectrométrie Infra Rouge SIR
La spectrométrie infra-rouge est une méthode complémentaire à la diffraction des
rayons X pour l’étude des matériaux.
Les mesures sont en général réalisées par transmission. Quels que soient leurs
arrangements, les atomes, les ions et les électrons peuvent vibrer autour de leur
position d’équilibre. Ils deviennent ainsi de véritables oscillateurs dont les fréquences
propres sont variables selon la nature des types de liaison.
Irradiés, ces oscillateurs sont excités et lorsque la fréquence de rayonnement est égale
à l’une des fréquences propres du système, il y a absorption d’énergie
électromagnétique. Les spectres d’absorption IR constituent de véritables « empreintes
digitales » de la matière et permettent de déterminer le type de liaison des atomes, ions
ou groupements fonctionnels.
La SIR apporte les informations suivantes :
- identification des liaisons, notamment dans les mélanges à plusieurs
constituants ;
- altération des structures soumises à un traitement thermique ou
chimique ;
- étude des différentes formes d’eau ;
- état de cristallinité.
L’appareil utilisé est un spectrophotomètre PERKIN ELMER 451 qui permet de balayer
les nombres d’ondes comprises entre 250 et 4000 cm-1, dans les conditions suivantes :
- support : KBr (bromure de potassium) ;
- concentration : 2 mg d’échantillon dans 200 mg de KBr.
L’appareil est couplé à un système informatique qui permet l’exploitation des résultats
et l’impression des spectres.
60
2.4. Analyse thermique différentielle ATD
Cette méthode, couplée à la DRX, est utilisée pour caractériser les matières premières
et à identifier les produits d’hydratation des ciments. Elle permet aussi, dans certains
cas, de pallier les insuffisances de la DRX inadaptée aux produits mal cristallisés.
Le principe de la méthode consiste à enregistrer les transformations endothermiques et
exothermiques d’un produit au cours d’une montée linéaire en température. Ces
transformations peuvent traduire des pertes d’eau ou des changements d’états. Les
températures auxquelles se produisent ces transformations permettent d’identifier un
certain nombre de produits.
L’appareil de mesure est constitué de 4 creusets, d’un four et d’un enregistreur. Il
permet d’analyser simultanément deux produits. Les deux creusets contenant les
substances à analyser sont reliés à des thermocouples montés en opposition avec un
troisième disposé dans un autre creuset contenant un corps inerte (témoin). Un autre
thermocouple disposé dans le quatrième creuset permet d’enregistrer la montée en
température.
Les conditions expérimentales sont les suivantes :
- le matériau à étudier est finement broyé et passé au tamis de 100 µ ;
- la masse de l’échantillon est de 600 mg ;
- la vitesse de chauffe adoptée est de 300 °C/heure entre l’ambiante et
1000 °C ;
- les thermocouples sont des couples Nickel Chrome – Nickel allié.
2.5. Microscopie électronique à balayage
La microscopie électronique à balayage est une technique qui permet de visualiser les
structures grâce à des appareils dont la source de rayonnement émet des électrons.
Ces électrons incidents vont exciter la couche superficielle de l’échantillon, produisant
par la suite une émission d’électrons secondaires. Ceux-ci seront plus facilement émis
par les reliefs de la surface en donnant naissance à des zones lumineuses, alors que
les creux (zones plus attaquées par les réactifs) apparaîtront en sombre.
61
Le MEB a une résolution de l’ordre de 100 Ǻ. Son agrandissement peut varier de
quelques unités à 50 000 ou même 100 000. Il permet l’examen d’échantillons massifs
avec une très grande profondeur de champ d’où une impression de vision
tridimensionnelle.
Les observations au MEB ont été faites avec un microscope JEOL 35CF, sur poudres
ou fractures préalablement recouvertes d’une mince couche d’alliage or – palladium par
métallisation sous vide pour obtenir des images en électrons secondaires.
3. CARACTERISTIQUES MECANIQUES
3.1. Principe
Les propriétés mécaniques sont évaluées à partir d’essais de résistance en
compression simple sur pâte pure et/ou sur mortier normal selon la norme
NF EN 196-1.
Les essais sont effectués sur des micro-éprouvettes cylindriques 2 x 4 cm pour les
pâtes pures, et sur éprouvettes prismatiques 4 x 4 x 16 cm pour les mortiers. La presse
de mise en charge est du type ADAMEL LOMARGY DY29. Elle permet des
asservissements en déplacement de 1/100 mm /mn à 10 mm/mn. C’est un montage
compression par traction inversée muni d’une rotule à grand débattement. Deux
capteurs inductifs permettent le suivi de l’écrasement de l’échantillon avec une grande
précision.
3.2. Coulage et conservation des éprouvettes
Les micro-éprouvettes de pâte pure et les éprouvettes de mortier sont coulées par
batterie de 6 unités.
Elles sont conservées dans leur moule, en ambiance saturée en vapeur d’eau à 20 °C,
durant deux jours.
Le troisième jour, les éprouvettes sont démoulées et conservées sous eau jusqu’à la
veille de l’essai mécanique.
62
La veille de l’essai mécanique, les éprouvettes sont passées à l’étuve à 50 °C pendant
24 heures.
Les éprouvettes sont rompues à l’échéance fixée. Les fragments de pâte pure ou de
mortier sont récupérés, broyés et tamisés à 100 µ (100 % de passant).
La poudre ainsi obtenue servira aux examens ultérieurs en DRX, ATD et SIR.
63
CCChhhaaappp iii ttt rrreee 000222 ::: CCCAAARRRAAACCCTTTEEERRRIIISSSTTTIIIQQQUUUEEESSS DDDEEESSS MMMAAATTTIIIEEERRREEESSS PPPRRREEEMMMIIIEEERRREEESSS
Les matières premières utilisées peuvent être classées dans trois catégories :
- les matières premières de base : les mêmes que celles utilisées par la
société SOMACIM ;
- les ajouts ;
- les minéralisateurs.
En plus de ces matières premières, nous avons tenu à caractériser le CPA 45
commercialisé par la société SOMACIM, qui nous servira de témoin.
1. LES MATIERES PREMIERES DE BASE
Ce sont les mêmes matières premières que celles utilisées par la cimenterie d’Ibity :
- un cipolin qui est extrait d’une carrière sise près des installations de l’usine
à Ibity ;
- une argile naturelle provenant de la région de Mandaniresaka, à une
soixantaine de kilomètres de l’usine ;
- le combustible, qui est constitué par un mélange de charbon de bois et
d’anthracite importé d’Afrique du Sud.
1.1. Expression des résultats
Des analyses, aussi complètes que possible, ont été effectuées sur ces matières
premières. Nous rapportons ci-après les résultats de ces analyses.
� Caractéristiques physico-chimiques :
Les données physico-chimiques concernant le cipolin, l’argile et les combustibles
utilisés par la SOMACIM (et qui nous ont servi de matières premières de base) sont
exposées dans les tableaux qui suivent.
64
Tableau 12 : Composition chimique des matières premières de base en % massique
Elément CaO SiO2 Al2O3 Fe2O3 MgO Na2O K2O SO3 P.F.
Cipolin 50,88 8,08 0,51 0,24 0,34 0,17 0,15 0,12 39,42
Argile 1,73 40,66 25,21 11,86 0,97 0,72 1,25 0,70 14,98
Teneur en CaCO3 :
- Cipolin : 90,89 % ;
- Argile : 4,03 %.
Tableau 13 : caractéristiques physiques des matières premières de base
W [%] LP [%] LL [%] IP [%] IC ρ [Kg/L] γ [Kg/L] S [cm2/g]
Cipolin 1,54 - - - - 2,45 2,89 -
Argile 4,67 53 28 25 1,93 1,12 2,35 6452
Tableau 14 : Données sur les combustibles
Caractéristiques
C. Sakoa C. de bois Anthracite CB + Ant
MV [%] 29,3 16,24 12,65 13,91
CF [%] 55,62 80,74 69,72 73,58
Cendres [%] 15,08 3,02 7,63 6,02
PCI [Kcal/Kg] 6451,43 7050,98 7045,81 7047,62
Composition chimique des Cendres (en % pondéral)
C. Sakoa C. de bois Anthracite CB + Ant
CaO 26,65 15,37 5,82 9,16
SiO2 36,24 42,64 45,10 44,24
Al2O3 16,77 18,63 30,43 26,30
Fe2O3 15,56 8,76 7,05 7,65
SO3 2,56 - 1,04 0,67
MgO 1,72 3,19 2,46 2,72
65
� Caractéristiques structurales et minéralogiques :
Les analyses minéralogiques ont donné les résultats représentés par les figures
suivantes.
Figure 08 : Diffractogramme X du Cipolin
Figure 09 : Spectrogramme IR du Cipolin
66
Figure 10 : Diffractogramme X de l’Argile
Figure 11 : Spectrogramme IR de l’Argile
67
Figure 12 : Diffractogramme X du charbon de SAKOA
Figure 13 : Spectrogramme IR du charbon de SAKOA
68
1.2. Interprétation
� Le cipolin :
Le cipolin d’Ibity est un calcaire d’assez grande pureté : 91 % de CaCO3. Sa principale
impureté est de la silice. Du point de vue composition chimique, il convient parfaitement
pour la fabrication du clinker à ciment.
L’analyse minéralogique confirme que la silice libre est la principale impureté du cipolin.
La DRX informe de plus sur l’organisation presque totale du réseau cristallin de ce
calcaire.
� L’argile :
L’argile de Mandaniresaka est relativement riche en silice et en alumine. Les éléments
secondaires sont en faible quantité, en particulier les alcalis.
Le spectre IR met en évidence les différentes formes d’eau contenue dans l’argile
(bandes à 3600, 3400 et 1600 cm-1).
Le diffractogramme X de l’argile montre un aspect confus, ce qui traduit son mauvais
état de cristallisation. On arrive tout de même à distinguer les raies caractéristiques du
quartz, des minéraux de feldspath, de l’hématite et de la montmorillonite. Toute fois,
une analyse par ATD a confirmé que le principal minéral argileux de l’argile de
Mandaniresaka est l’illite. Ce qui est en accord avec la valeur du rapport
SiO2/Al2O3 + Fe2O3) ≈ 2.
C’est une argile qui présente de bonnes possibilités du point de vue plasticité et
propriétés géotechniques. L’argile de Mandaniresaka convient pour la fabrication du
ciment par sa composition chimique et minéralogique, mais aussi par ses propriétés
physiques qui confèrent aux granules, en cours de cuisson, les résistances requises
aux chocs mécaniques et thermiques.
� Les combustibles :
Les trois types de combustible peuvent être indifféremment utilisés. Toute fois le
charbon de terre de Sakoa présente le pourcentage de cendres le plus élevé, et surtout
69
une teneur en soufre (SO3) non négligeable qui peut être dangereuse et non
écologique.
Notre choix porte donc (comme celui de la SOMACIM d’ailleurs) sur l’utilisation d’un
mélange de charbon de bois et d’anthracite importé.
2. LES AJOUTS
Ils sont ajoutés au mélange cru pour corriger la composition qui doit vérifier les valeurs
requises, imposées, qui correspond à des caractéristiques prédéfinies du ciment à
fabriquer. Notre choix s’est porté sur une matière très riche en silice (le CBR) et une
latérite qui est parmi les plus riche en oxydes de fer, la latérite de Vontovorona.
2.1. Expression des résultats
� Caractéristiques physico-chimiques :
Elles sont regroupées dans les tableaux 15 et 16 suivants :
Tableau 15 : Composition chimique des ajouts (en % pondéral)
Elément CaO SiO2 Al2O3 Fe2O3 MgO Na2O K2O SO3 P.F.
CBR 3,20 80,70 2,71 1,82 3,01 0,95 1,25 0,80 4,70
Latérite 0,00 20,81 25,75 28,20 0,12 0,02 0,01 0,05 17,87
Tableau 16 : caractéristiques physiques des ajouts
W [%] LP [%] LL [%] IP [%] IC ρ [Kg/L] γ [Kg/L] S [cm2/g]
CBR - - - - - 0,81 2,35 -
Latérite 14,72 35,95 24,35 11,60 1.83 1,34 2,78 8635
70
� Caractéristiques structurales et minéralogiques :
Les résultats des analyses minéralogiques sont représentés par les figures 14 à 17
Figure 14 : Diffractogramme X des Cendres de balles de riz CBR
Figure 15 : Spectrogramme IR des Cendres de balles de riz CBR
71
Figure 16 : Diffractogramme X de la Latérite
Figure 17 : Spectrogramme IR de la Latérite
72
2.2. Interprétation
� Les Cendres de balles de riz :
On note dans le CBR la présence de :
- une forte teneur en SiO2 (81 %), ce qui est prévisible, la combustion de
balles de riz donnant des cendres à haut pourcentage en silice amorphe ;
- une teneur notable en K2O, qui peut provenir des engrais potassiques ;
- une perte au feu assez faible, qui est due essentiellement aux imbrûlés.
Le diffractogramme X du CBR correspond à celui d’un produit dans un état
d’amorphisation avancé avec une élévation du bruit de fond surtout dans la zone
2θ = 20°. On arrive toute fois à distinguer quelques pics qui correspondent au quartz.
� La latérite de Vontovorona :
La latérite de Vontovorona présente une teneur en fer élevée. Par contre, pour une
latérite, elle est relativement pauvre en silice. Elle peut être classée dans les latérites
vraies (d’après une méthode classification adoptée par A. RAZAFIMANDIMBY [19]).
Le spectrogramme IR de ce matériau comporte en plus des bandes correspondant à
l’eau d’hydratation (3454 et 1634 cm−1) et aux groupements hydroxyles de la kaolinite
(3695 à 3620 cm−1), des bandes d’absorption dues aux ions OH− de la gibbsite 3600 à
3300 cm−1. Les oxydes de fer se manifestent par une bande peu intense de
1470 à 1350 cm−1.
Les différents constituants minéralogiques identifiés dans cette latérite sont : la
kaolinite, la gibbsite, l’illite, le quartz et l’anatase. On décèle aussi d’autre forme d’oxyde
de fer (la maghémite) et de titane (pseudorutile). En tenant compte des intensités des
raies, les faits suivants peuvent être notés :
- très faible quantité de quartz dans cet échantillon ;
- teneur en oxydes et hydroxydes de fer très élevée ;
- teneur notable en oxyde de titane sous différentes formes ;
- présence d’illite sous forme de trace.
73
La latérite de Vontovorona a une granulométrie très fine et serrée : 36 % des éléments
à moins de 2 µ, près de 87 % à moins de 200 µ, pour un diamètre médian égal à 6,8 µ.
3. LES MINERALISATEURS
Ce sont des substances inorganiques ajoutées en faible proportion au cru pour
améliorer son aptitude à la cuisson. Sur la base des données fournies par la littérature
technique et d’une question de disponibilité, nous avons opté pour le gypse et la
fluorine. De la dolomie sera utilisée en mélange avec le gypse.
3.1. Expression des résultats
� Caractéristiques chimiques :
Le tableau 17 donne la composition chimique élémentaire des minéralisateurs utilisés.
Tableau 17 : Composition chimique des minéralisateurs (en % pondéral)
Elément CaO SiO2 Al2O3 Fe2O3 MgO SO3 K2O P.F.
Gypse 30,22 5,05 0,70 0,32 0,32 41,67 -- 20,28
Fluorine 2,68 30,21 0,24 0,00 0,97 -- 64,02 0,38
Dolomie 28,34 5,61 3,24 0,82 18,68 -- -- 41,98
� Caractéristiques structurales et minéralogiques :
Les résultats des analyses minéralogiques sont représentés par les figures 18 à 21 :
- DRX et ATD pour le Gypse ;
- DRX et SIR pour la fluorine ;
- aucune analyse pour la dolomie qui n’est pas utilisée comme principal
minéralisateur.
74
Figure 18 : Diffractogramme X du Gypse
1: Transformation de CaSO4,2H2O en CaSO4,½H2O
2: Transformation de CaSO4,½H2O en CaSO4
3: Transformation de CaSO4,2H2O en CaSO4,½H2O
Figure 19 : Courbe d’ATD du Gypse
75
Figure 20 : Diffractogramme X de la Fluorine
Figure 21 : Spectrogramme IR de la Fluorine
76
3.2. Interprétation
� Le gypse :
Le gypse utilisé provient du gisement de Mahazoma de la province de Mahajanga.
La teneur en sulfate > 40 %, indique que le gypse de Mahazoma se prête idéalement à
l’utilisation comme minéralisateur.
Le diffractogramme X met en évidence la présence de calcite, d’argile et de quartz qui
constituent les principales impuretés.
On peut déduire de l’ensemble des analyses effectuées que la pureté du gypse de Mahazoma
est d’environ 90 %.
� La fluorine :
La fluorine utilisée provient de la partie sud de Madagascar.
Les analyses nous permettent de déduire que c’est un produit dont la teneur en CaF2
est d’environ 64 %. Les principales impuretés détectées par DRX sont le calcaire et le
quartz.
� La dolomie :
La dolomie utilisée est fournie par la CNaPMad. Elle est livrée sous forme micronisée.
Nous l’utiliserons pour renforcer l’effet minéralisateur du gypse…
4. LE CPA 45 TEMOIN
4.1. Expression des résultats
Le produit qui nous servira de témoin, pour juger de l’efficacité des traitements
d’amélioration apportés, est un CPA 45 fourni par la société SOMACIM. Ses
caractéristiques sont données ci-après.
77
� Caractéristiques physico-chimiques :
Elles sont regroupées dans les tableaux 18 à 20 suivants :
Tableau 18 : Composition chimique du CPA 45 témoin (en % pondéral)
CaO SiO2 Al2O3 Fe2O3 MgO SO3 CaOL CaOcomb
63,0 20,3 5,5 2,9 1,2 1,7 1,6 61,4
Tableau 19 : Valeurs requises du CPA 45 témoin
MC MS MA
91,74 2,42 1,90
Tableau 20 : Caractéristiques physiques et mécaniques du CPA 45 témoin
ρ (T/m3) γ (T/m3) SSB (g/cm2) Rc à 28 jours en Mpa
Rcmin Rcmax Rc
0,98 3,01 4421 35,24 43,51 39,78
� Caractéristiques structurales et minéralogiques :
Le tableau 21 donne la composition minéralogique du CPA 45, calculée sur la base de
sa composition chimique en tenant compte de la chaux libre qu’il contient.
Les figures 22 et 23 représentent respectivement le diffractogramme X et le
spectrogramme IR de ce ciment témoin.
78
Tableau 21 : Composition minéralogique du CPA 45 témoin (en % pondéral)
C3S C2S C3A C4AF CaOL
54,31 17,53 9,67 8,82 1,6
Figure 22 : Diffractogramme X du CPA 45 témoin
Figure 23 : Spectrogramme IR du CPA 45 témoin
79
4.2. Interprétation En ce qui concerne les résistances mécaniques et la quantité de chaux libre, le CPA 45
témoin est conforme aux normes :
- il appartient bien à la classe de résistance 45, définie par la norme
NF P 15 301 ;
- la chaux libre est inférieure à la quantité maximale admise de 2 %.
Le module de silice MS est acceptable, et il en est de même pour le module d’alumine
MA même s’il est un peu plus élevé que la valeur normale d’environ 1,5.
Le module de chaux MC, par contre, est anormalement faible pour un CPA 45. Ce qui
explique en partie la faible teneur en chaux libre. Ce ciment correspond sans aucun
doute à un cru dont le module de chaux est faible (insaturation en chaux).
La granulométrie est assez grossière si on se réfère à sa surface spécifique.
Le diffractogramme X confirme l’existence des constituants prévus pour un CPA. La
teneur en C3S est acceptable, ce qui est en rapport avec les performances mécaniques
du ciment. D’autres éléments en état de trace sont aussi décelés (le calcite, la chaux) et
leur présence est confirmée par la spectrométrie IR.
80
CChhaappii tt rree 0033 ::
CCOONNTTRRIIBBUUTTIIOONN AAUUXX EETTUUDDEESS SSUURR LL’’AAMMEELLIIOORRAATTIIOONN DDEE LLAA QQUUAALLIITTEE DD’’UUNN CCLLIINNKKEERR IINNDDUUSSTTRRIIEELL
1. PRESENTATION DE L’ETUDE Au cours des années 1997 – 1998, la société SOMACIM connut des problèmes au
niveau de la régularité de la qualité de ses produits : elle n’arrivait pas à produire, d’une
façon permanente et régulière, un clinker qui correspond au ciment Portland de
classe 45. Un responsable du contrôle de la qualité des produits est venu consulter le
Département Sciences des Matériaux et Métallurgie (SMM) de l’ESPA à propos de ces
problèmes. Le Département a bien voulu apporter sa contribution à la recherche de
solutions.
Les solutions provisoires adoptées par la société étaient alors :
- fabriquer du CPA 35 avec les clinkers non performants ;
- utiliser les bons clinkers pour la fabrication de CPJ 35, par ajout de
pouzzolane ;
- importer du bon clinker pour la fabrication de CPA 45.
Les causes évoquées de ces irrégularités étaient nombreuses, mais elles peuvent être
résumées en deux principales raisons :
- non maîtrise des installations et procédés de cuisson ;
- mélange cru mal dosé et mal préparé.
Un groupe de recherche a été formé, spécialement à cette occasion, au sein du
Département SMM et une descente sur terrain a été organisée pour constater de visu
les cas évoqués.
Le problème était délicat à résoudre car on devait travailler en vraie grandeur, à
l’échelle industrielle. Les interventions ne devraient, en aucune façon, conduire à un
rejet total de la production en cas de non réussite.
81
Comme on ne pouvait intervenir directement au niveau des installations de cuisson, les
solutions proposées, sur la base des informations fournies par la littérature technique,
étaient les suivantes :
- révision de la composition du mélange cru, en respectant les méthodes de
calculs de la société ;
- correction de la composition du mélange cru, en adoptant une méthode de
calcul plus fiable ;
- utilisation de minéralisateurs, dans les limites techniquement permises.
2. FABRICATION DE CLINKER PAR LES METHODES DE L’USI NE L’usine n’utilise que deux matières premières pour la fabrication de son clinker. La
méthode de calcul de la composition du mélange cru consiste à viser une teneur en
CaCO3 entre 70 et 72 %.
Quatre compositions, correspondant à quatre enfournements, sont proposées.
2.1. Calcul du mélange cru
Le calcul du cru est fait en visant une teneur en CaCO3, sur la base des compositions
chimiques des matières premières et des caractéristiques du combustible.
� Quantité de charbon Q :
Elle est calculée en fonction de la quantité de matière à cuire : le « préhomo », mélange
dosé et préhomogeneisé de calcaire et d’argile.
- Rendement du préhomo (PH) : 1,54 (Source SOMACIM)
100 Kg de PH → 64 Kg de Clinker
- Consommation de chaleur : 900 kcal / Kg de clinker (Source SOMACIM)
- 100 Kg de PH nécessitent 57 600 kcal
→→→→ Quantité de charbon pour 100 Kg de PH : Q = 57 600 / PCI
82
� Composition de la farine crue (FC) :
La farine crue se compose de C % de charbon et de PH % de préhomo :
- C (%) = 100 Q / (100 + Q)
- PH (%) = 100 - C
Le CaCO3 de la farine crue est supposé être apporté par seulement le PH.
Soit CaCO3 (FC) la teneur visée et CaCO3 (PH) celle du préhomo on a :
- CaCO3 (PH) = CaCO3 (FC) / PH (%)
Le cipolin et l’argile présentent des écarts par rapport à cette valeur ; on déduit la
composition du préhomo à partir de ces écarts. Soient : CIP (PH) et ARG (PH).
→→→→ Composition de la farine crue :
Cipolin (%) = CIP (PH) x PH (%)
Argile (%) = ARG (PH) x PH (%)
Charbon (%) = C (%)
2.2. Expression des résultats
Les farines crues subissent approximativement les mêmes traitements jusqu’à
l’obtention du ciment (degré de broyage, homogénéisation, conduite de cuisson…). Les
clinkers et ciments correspondants ont été analysés. Les résultats de ces analyses sont
exposés ci-après.
� Farines crues :
Tableau 22 : Composition des farines crues (en % pondéral) (Suivant la teneur en CaCO3 visée)
FC C1 C2 C3 C4 CaCO3 visée 71 71,50 72 72,50
CIPOLIN 78,32 78,90 79,49 79,93 ARGILE 13,91 13,33 12,94 12,30
CHARBON 7,77 7,77 7,77 7,77 Tableau 23 : Composition chimique des farines crues (en % pondéral)
83
FC CaO SiO2 Al2O3 Fe2O3 Na2O K2O MgO SO3 PF
C1 39,83 12,24 4,18 1,81 0,23 0,29 1,01 0,17 39,17
C2 40,12 12,04 4,03 1,75 0,23 0,28 1,01 0,17 39,31
C3 40,40 11,86 3,88 1,69 0,22 0,28 1,01 0,17 39,46
C4 40,61 11,71 3,17 1,64 0,22 0,27 1,00 0,17 39,57
Tableau 24 : Modules des farines crues
CaCO3 FC MC MS MA
71 C1 95,28 2,04 2,31
71,5 C2 97,91 2,08 2,30
72 C3 100,49 2,13 2,30
72,5 C4 102,59 2,16 2,30 � Clinkers :
Tableau 25 : Composition chimique des clinkers (en % pondéral)
FC CaO SiO2 Al2O3 Fe2O3 MgO SO3
C1 65,48 20,12 6,87 2,98 1,66 0,28
C2 66,11 19,84 6,64 2,88 1,65 0,26
C3 66,73 19,59 6,41 2,79 1,67 0,27
C4 67,20 19,38 6,23 2,69 1,65 0,28 Tableau 26 : Teneurs en C3S et en chaux libre des clinkers (en % pondéral)
FC C1 C2 C3 C4
C3S 44,49 52,98 53,63 52,55
CaOL 3,31 4,02 5,36 6,82
Rc28 36,27 38,53 40,62 37,98 � Ciments :
84
Les ciments sont obtenus par broyage fin des clinkers avec du gypse, à raison de
4 %. Les essais mécaniques sont effectués sur mortier normal.
Tableau 27 : Résistance à la compression simple des ciments, à 28 jours (en MPa)
FC C1 C2 C3 C4
Rc28 36,27 38,53 40,62 37,98
Rcmin 32,56 35,01 37,92 35,21
Rcmax 38,22 41,57 42,33 39,02 Tableau 28 : Caractéristiques physiques des ciments
FC C1 C2 C3 C4
γ (T/m3) 3,05 3,02 2,98 3,09
ρ (T/m3) 1,15 1,09 0,99 1,01
SSB (g/cm2) 4425 4418 4432 4447
2.3. Interprétation
Les premières constatations, aux vues de ces résultats, sont :
- des teneurs en chaux libre anormalement élevées (toutes supérieures à la
limite admise de 2 %) ;
- des teneurs en alite relativement faibles, quelque soit la valeur du module de
chaux ;
- des modules d’alumine MA excessivement élevée, pour l’ensemble des
farines crues ;
- des valeurs de MS convenables mais insuffisantes pour les valeurs élevées
de MC ;
- des farine crues sursaturées en chaux (C3 et C4).
- des résistances mécaniques respectant les normes (35 < Rc < 55 MPa ou
Rcmin ≥ 32,5 MPa), mais relativement faibles, pour des ciments de classe 45.
Ces remarques, qui découlent les unes des autres, traduisent les faits essentiels
suivants :
85
- un mauvais dosage du cru ;
- une aptitude à la cuisson insuffisante du cru ;
- des performances limitées des installations de cuisson.
Compte tenu de ces remarques, nous proposons dans un premier temps de corriger la
composition du mélange cru, en adoptant une méthode de calcul plus rigoureuse.
3. CORRECTION DE LA COMPOSITION DU CRU INDUSTRIEL
Parmi les quatre farines crues industrielles précédemment testées, nous en avons
retenues deux qui présentent quelques intérêts :
- C2 : elle est proche des farines crues pour clinkers normaux, par les valeurs
des modules de chaux et de silice (MC ≈ 98 et MS ≈ 2) ; elle peut donner un
clinker qui a de bonnes performances mécaniques tout en respectant les teneurs
en chaux libre admises par les normes.
- C4 : elle peut donner un clinker riche en alite (MC > 100 et MS ≈ 2,2).
La méthode de composition adoptée propose de fixer les valeurs des trois modules, et
non plus de viser une teneur en CaCO3.
Fixer simultanément les valeurs des trois modules implique l’utilisation de quatre
matières premières.
Le procédé adopté pour le calcul de la composition du mélange cru est celui par
équations de détermination et de concordance des phases.
Les ajouts de correction choisis sont le CBR, riche en silice, et la latérite de
Vontovorona, riche en oxydes de fer. Des simulations de composition ont permis de
vérifier que ces deux matériaux sont bien compatibles avec le cipolin d’Ibity et l’argile de
Mandaniresaka, par leurs compositions chimiques.
3.1. Expression des résultats
86
3.1.1. Composition des farines crues corrigées
Les crus industriels C2 et C4 sont corrigés de la manière suivante :
- Pour C2 : fixer MC = 98, MA = 2 et faire varier MS de 2 à 2,5 ;
- Pour C4 : fixer MC = 102, MA = 1,5 et faire varier MS de 2 à 2,5 ;
- Une composition supplémentaire, jugée plus intéressante a été testée à partir
de C2 : MC = 98, MS = 2,5 et MA = 1,5.
Tableau 29 : Modules des farines crues corrigées
FC CC1 CC2 CC3 CC4 CC5 CC6 CC7
MC 98 98 98 98 102 102 102
MS 2 2,20 2,50 2,50 2,00 2,20 2,50
MA 2 2 2 1,50 1,50 1,50 1,50
Tableau 30 : Composition des farines crues corrigées (en % pondéral)
FC CC1 CC2 CC3 CC4 CC5 CC6 CC7
CIP 77,86 78,21 78,65 78,49 78,42 78,78 79,23
ARG 13,45 12,30 10,86 6,38 7,83 7,08 6,14
CBP 0,02 0,90 2,00 3,62 1,59 2,31 3,22
LAT 0,73 0,65 0,55 3,57 4,22 3,89 3,47
Charbon 7,94 7,94 7,94 7,94 7,94 7,94 7,94
3.1.2. Caractéristiques des clinkers et des ciments
Ce paragraphe concerne l’évaluation des produits de cuisson correspondant aux
mélanges crus corrigés.
Les caractéristiques des clinkers ainsi que celles des ciments sont regroupées dans les
tableaux 31 à 35.
Tableau 31 : Composition chimique des clinkers (en % pondéral)
FC CC1 CC2 CC3 CC4 CC5 CC6 CC7
87
CaO 67,28 67,59 67,98 67,66 67,78 68,11 68,53
SiO2 20,14 20,57 21,10 21,23 19,75 20,15 20,66
Al2O3 6,71 6,23 5,63 5,10 5,92 5,50 4,96
Fe2O3 3,36 3,12 2,81 3,40 3,95 3,66 3,31
MgO 0,67 0,70 0,73 0,74 0,67 0,69 0,73
Na2O 0,39 0,39 0,39 0,36 0,35 0,35 0,36
K20 0,48 0,48 0,47 0,41 0,40 0,40 0,40
SO3 0,32 0,32 0,32 0,29 0,28 0,28 0,28 Tableau 32 : Composition minéralogique des clinkers (en % pondéral)
FC CC1 CC2 CC3 CC4 CC5 CC6 CC7
C4AF 10,21 9,47 8,55 10,33 12,01 11,14 10,05
C3A 12,12 11,25 10,16 7,76 9,02 8,37 7,55
C3S 60,77 61,35 61,68 63,12 64,58 64,92 64,88
C2S 12,23 13,02 14,31 13,59 8,24 9,15 10,63 Tableau 33 : Teneur en chaux libre et poids au litre des clinkers
FC CC1 CC2 CC3 CC4 CC5 CC6 CC7
ρ (T/m3) 2,50 2,47 2,42 2,46 2,49 2,47 2,45
CaOL (%) 2,42 2,67 3,08 2,85 3,82 4,12 4,61
C3S (%) 60,77 61,35 61,68 63,12 64,58 64,92 64,88
Rc28 (Mpa) 39,58 40,67 41,07 44,78 47,69 48,34 47,81 Tableau 34 : Caractéristiques physiques des ciments
FC CC1 CC2 CC3 CC4 CC5 CC6 CC7
γ (T/m3) 3,02 3,06 3,09 3,10 2,96 3,12 3,08
ρ (T/m3) 1,08 1,15 0,98 1,06 0,97 1,02 1,05
SSB (g/cm2) 4435 4419 4442 4427 4478 4423 4412
Tableau 35 : Résistance à la compression à 28 jours des ciments (en MPa)
FC CC1 CC2 CC3 CC4 CC5 CC6 CC7
88
Rc28 39,58 40,67 41,07 44,78 47,69 48,34 47,81
Rcmin 38,71 39,62 40,16 43,68 46,84 46,94 46,70
Rcmax 40,44 41,72 41,98 45,88 48,54 49,75 48,92
3.2. Interprétation
Les corrections effectuées sur la composition des mélanges crus ont apportés les
améliorations attendues, entre autres :
- une diminution notable de la chaux libre (< 4,02 pour C2 ; < 6,82 pour C4) ;
- une nette augmentation de la teneur en alite : C3S > à 60 % pour tous les
crus corrigés ;
- une augmentation de la résistance mécanique, très marquée pour C4.
Pour mieux apprécier le degré de transformation de la matière au cours de la fabrication
du clinker, nous avons utilisé, avec la chaux libre (non combinée), une autre
grandeur utilisée par d’autres auteurs, le degré ou taux de transformation y [8] tel que :
y [%] = 100 (CaOTotal – CaOLibre) / CaOTotal
Par son expression, y traduit mieux le degré de combinaison de la chaux avec les
constituants acides.
� Chaux libre et degré de transformation : Les teneurs en chaux libre des clinkers obtenus avec les farines crues corrigées, sont
nettement inférieures par rapport à celles de C2 et C4. Ce qui traduit une nette
amélioration de l’aptitude à la cuisson de ces crues. Toute fois ces teneurs sont
toujours supérieures à la limite admise de 2 %.
Cette amélioration de l’aptitude à la cuisson peut s’expliquer par le choix d’une valeur
plus faible du module de silice MA. En effet, des valeurs faibles de MA conduisent à
l’augmentation de la quantité de la phase fondue et facilitent la dissolution de CaO et de
C2S ainsi que leur mobilité. La température de début de formation de l’alite est aussi
abaissée. La réaction de clinkerisation est favorisée dans son ensemble.
89
Les effets positifs d’une baisse de la valeur de MA sont supplantés par l’influence
négative de forts valeurs de MC et MS.
Les figures 24 et 25 illustrent le degré de combinaison de la chaux suivant les valeurs
du module de silice, pour MC et MA donnés.
0
0,5
1
1,5
2
2,5
3
3,5
4
1,9 2,0 2,1 2,2 2,3 2,4 2,5 2,6MS
CaO
libr
e [%
]
MC=98 / MA=2
MC=102 / MA=1,5
Figure 24 : Variation de la chaux libre en fonction de MS
95,0
95,2
95,4
95,6
95,8
96,0
96,2
96,4
96,6
1,9 2 2,1 2,2 2,3 2,4 2,5 2,6MS
Deg
ré d
e co
mbi
nais
on y
[%] MC=98 / MA=2
MC=102 / MA=1,5
Figure 25 : Degré de combinaison de la chaux en fonction de MS
Ces figures montrent que plus MS est élevé plus la chaux se combine difficilement : la
chaux libre augmente et y diminue, d’une façon quasi linéaire, lorsque MS augmente.
L’augmentation de la chaux libre en fonction de MS est d’autant plus marquée que le
90
module de chaux est grand. Ceci confirme que des valeurs élevées de MC et MS sont
néfastes à l’aptitude à la cuisson du cru.
Il faut aussi signaler que des crus sursaturés en chaux (MC > 100) contiendront
toujours de quantités notables de chaux libre.
� Teneurs en alite :
L’augmentation de la teneur en alite rejoint ce qui a été dit sur la chaux libre en ce qui
concerne le choix d’une faible valeur de MA.
La figure 26 montre l’évolution de la quantité d’alite dans le clinker en fonction de la
valeur de MS, pour MC et MA donnés.
60
61
62
63
64
65
66
1,9 2 2,1 2,2 2,3 2,4 2,5 2,6MS
C3S
[%]
MC=98 / MA=2
MC=102 / MA=1,5
Figure 26 : Evolution de la teneur en alite en fonction de MS
Pour obtenir des clinkers à haute teneur en alite, il faut des fortes valeurs de MC et MS.
Ceci est en accord avec la théorie de « l’excès de réactifs ».
La teneur en C3S semble augmenter avec le module de silice. Toutefois l’ampleur de
cette augmentation diminue au fur et à mesure que MS croit. A partir d’une certaine
91
valeur de MS (et suivant celle de MC) on assiste à une diminution de la quantité d’alite
formée.
Pour les fortes valeurs de MC et de MS, les effets négatifs découlant de la nature de la
phase fondue (augmentation de la viscosité, diminution de la mobilité des éléments…)
l’emportent sur l’influence bénéfique d’un excès de réactif.
� Résistance mécanique :
L’augmentation de la résistance mécanique résulte, de celle de la teneur en alite. Les
ciments à haute résistance sont généralement des ciments à haute teneur en alite.
Des résistances élevées, en rapport avec des fortes proportions d’alite dans le clinker,
sont obtenues avec de fortes valeurs de MC et de MS, ce qui s’accompagne donc d’une
augmentation indésirable de chaux libre.
La figure 27 montre l’évolution de la résistance mécanique avec le module de silice,
pour MC et MA donnés.
35
37
39
41
43
45
47
49
51
1,9 2 2,1 2,2 2,3 2,4 2,5 2,6MS
Rc
[MP
a]
MC=98 / MA=2
MC=102 / MA=1,5
Figure 27 : Variation de la résistance en fonction de MS
Les farines crues qui donnent des ciments résistants sont celles qui présentent des
modules de chaux et de silice élevés avec des valeurs de MA relativement faibles.
92
Les résultats de nos essais sur les crus industriels nous conduisent à une remarque
importante : pour un ciment donné, la résistance à la compression simple du mortier
normal à 28 jours d’âge semble varier d’une façon linéaire avec la teneur en C3S du
clinker correspondant.
La figure 28 illustre cette affirmation
35
40
45
50
55
60 61 62 63 64 65 66C3S [%]
Rc 2
8 [M
Pa]
Figure 28 : Relation entre résistance mécanique et teneur en alite
Pour les crus industriels étudiés, cette affirmation peut être exprimée par la relation
empirique :
Rc28 [MPa] = 2 C3S – 82
Inversement, toujours pour ces crus industriels, la mesure de la résistance mécanique
permettrait de déduire une valeur approximative de la teneur en alite :
C3S [%] = (Rc28 + 82) / 2
4. ESSAI DE GYPSAGE DU MELANGE CRU INDUSTRIEL
93
De simples corrections, effectuées au niveau de la composition des mélanges crus, ont
apporté beaucoup d’améliorations sur la qualité des produits de cuisson. Toutefois ces
produits ne sont pas toujours conformes aux normes par leur teneur en chaux libre.
Sur l’appui des informations fournies par la littérature technique, nous avons décidé
d’exploiter la théorie des minéralisateurs pour essayer d’améliorer d’avantage nos
produits.
Le procédé consiste à ajouter au mélange cru, en faible proportion, des substances
inorganiques qui vont favoriser, dans son ensemble, la cuisson du clinker et en
particulier la formation du principal constituant : le C3S.
Le minéralisateur choisi est le gypse de Mahazoma. C’est un matériau de pureté
acceptable, qui titre environ 90 % en sulfate de calcium.
Le principe est simple : substituer une petite partie du cru par du gypse. On ajoute au
mélange cru des quantités croissantes de gypse. On se garde, par des calculs
approximatifs de prévision, de ne pas dépasser la teneur limite de 3 % en SO3 dans le
clinker.
Nous avons choisi d’appliquer le « gypsage » à deux crus industriels améliorés :
- C4 : Il présente le meilleur rapport résistance – chaux libre ;
- C7 : Il offre la plus grande potentialité pour la production de clinkers à haute
teneur en alite (MC et MS élevés).
4.1. Expression des résultats
� Composition des mélanges crus gypsés Du gypse est additionné aux deux crus corrigés C4 et C7. Les quantités ajoutées vont
de 1 à 5 % en masse ; ce qui correspond à des teneurs en SO3 inférieures à 3% dans
le clinker.
94
Une correction de la composition des crus gypsés, pour respecter les valeurs requises,
s’avère superflue : les modifications apportées par le gypsage sur les valeurs de MS et
MA sont pratiquement nulles et celles de MC restent faibles jusqu’à une certaine limite.
Les tableaux 36, 37 et 38 donnent respectivement les compositions des crus gypsés,
leurs compositions chimiques et les valeurs des modules.
Tableau 36 : Composition des crus industriels gypsés (en % pondéral)
CRU Composition des crus
CRU Composition des crus
CC4 Gypse SO3 (%) CC4 Gypse SO3 (%)
CC4 100 0 0,18 CC7 100 0 0,18
CC41 99 1 0,60 CC71 99 1 0,59
CC42 98 2 1,01 CC72 98 2 1,01
CC43 97 3 1,43 CC73 97 3 1,42
CC44 96 4 1,84 CC74 96 4 1,84
CC45 95 5 2,26 CC75 95 5 2,25 Tableau 37 : Composition chimique des crus industriels gypsés (en % pondéral)
CRU CC4 CC41 CC42 CC43 CC44 CC45 CC7 CC71 CC72 CC73 CC74 CC75
CaO 43,63 43,49 43,36 43,22 43,09 42,96 44,02 43,88 43,74 43,60 43,47 43,33
SiO2 13,69 13,60 13,52 13,43 13,34 13,26 13,27 13,19 13,11 13,02 12,94 12,86
Al2O3 3,29 3,26 3,23 3,21 3,18 3,16 3,18 3,16 3,14 3,11 3,09 3,06
Fe2O3 2,19 2,17 2,15 2,13 2,12 2,10 2,12 2,11 2,09 2,07 2,05 2,03
MgO 0,48 0,48 0,48 0,48 0,47 0,47 0,47 0,47 0,46 0,46 0,46 0,46
Na2O 0,23 0,23 0,23 0,23 0,22 0,22 0,23 0,23 0,22 0,22 0,22 0,22
K20 0,26 0,26 0,26 0,26 0,25 0,25 0,26 0,25 0,25 0,25 0,25 0,24
SO3 0,18 0,60 1,01 1,43 1,84 2,26 0,18 0,59 1,01 1,42 1,84 2,25
PF 35,52 35,37 35,22 35,07 34,92 34,76 35,76 35,61 35,45 35,30 35,15 34,99 Tableau 38 : Modules des crus industriels gypsés
CRU CC4 CC41 CC42 CC43 CC44 CC45 CC7 CC71 CC72 CC73 CC74 CC75
MC 98,00 98,34 98,69 99,04 99,40 99,76 102,00 102,34 102,68 103,03 103,38 103,74
MS 2,50 2,50 2,51 2,51 2,52 2,52 2,50 2,50 2,51 2,51 2,52 2,52
MA 1,50 1,50 1,50 1,50 1,50 1,51 1,50 1,50 1,50 1,50 1,50 1,51
95
� Caractéristiques des clinkers industriels gypsés L’évaluation des clinkers se fait par la détermination de leur composition chimique, de
leur composition minéralogique, de leur teneur en chaux libre et par la mesure de leur
poids au litre.
Ces caractéristiques sont regroupées dans les tableaux 39 et 41.
Tableau 39 : Composition chimique des clinkers industriels gypsés (en % pondéral)
CRU CC4 CC41 CC42 CC43 CC44 CC45 CC7 CC71 CC72 CC73 CC74 CC75
CaO 67,66 67,30 66,93 66,57 66,21 65,85 68,53 68,15 67,77 67,39 67,02 66,65
SiO2 21,23 21,05 20,86 20,68 20,50 20,32 20,66 20,48 20,31 20,13 19,95 19,78
Al2O3 5,10 5,04 4,99 4,94 4,89 4,84 4,96 4,91 4,86 4,81 4,76 4,71
Fe2O3 3,40 3,36 3,32 3,29 3,25 3,21 3,31 3,27 3,23 3,20 3,16 3,13
MgO 0,74 0,74 0,74 0,73 0,73 0,72 0,73 0,72 0,72 0,71 0,71 0,71
Na2O 0,36 0,36 0,35 0,35 0,34 0,34 0,36 0,35 0,35 0,34 0,34 0,33
K20 0,41 0,40 0,40 0,39 0,39 0,38 0,40 0,39 0,39 0,38 0,38 0,37
SO3 0,29 0,88 1,52 1,70 2,53 2,96 0,28 0,92 1,56 2,20 2,84 3,47 Tableau 40 : Composition minéralogique des clinkers industriels gypsés (en % pondéral)
CRU CC4 CC41 CC42 CC43 CC44 CC45 CC7 CC71 CC72 CC73 CC74 CC75
C4AF 10,33 10,21 10,10 9,99 9,88 9,77 10,05 9,94 9,83 9,72 9,61 9,51
C3A 7,76 7,69 7,61 7,54 7,46 7,39 7,55 7,48 7,41 7,33 7,26 7,19
C2S 13,59 10,18 7,78 6,97 6,71 6,61 10,63 6,04 4,34 4,61 5,73 6,19
C3S 63,12 66,97 69,47 69,86 69,51 68,96 64,88 70,33 71,91 70,88 68,72 67,45 Tableau 41 : Teneur en chaux libre et poids au litre des clinkers « gypsés »
CRU CC4 CC41 CC42 CC43 CC44 CC45 CC7 CC71 CC72 CC73 CC74 CC75
CaOl [%] 2,85 2,18 1,64 1,62 1,78 1,99 4,61 3,52 3,18 3,48 3,96 4,42
y [%] 95,79 96,76 97,55 97,57 97,31 96,98 93,27 94,83 95,31 94,84 94,09 93,37
ρk [Kg/L] 2,46 2,63 2,83 2,84 2,77 2,70 2,45 2,57 2,61 2,57 2,52 2,48
96
� Caractéristiques des ciments Les ciments résultant des clinkers gypsés sont évalués par des mesures de la surface
spécifique et des densités et surtout par des essais mécaniques effectués sur mortier
normal.
Les résultats de ces analyses sont regroupés dans les tableaux 42 et 43.
Tableau 42 : Caractéristiques des ciments « gypsés »
CRU CC4 CC41 CC42 CC43 CC44 CC45 CC7 CC71 CC72 CC73 CC74 CC75
γ (T/m3) 3,10 3,09 3,12 3,15 3,11 3,09 3,08 3,10 3,15 3,12 3,09 3,01
ρ (T/m3) 1,08 0,98 1,12 1,16 0,95 0,97 1,05 1,02 1,12 1,00 0,98 1,10
SSB (g/cm2) 4435 4447 4428 4424 4485 4475 4412 4436 4423 4452 4478 4426
Tableau 43 : Résistance à la compression à 28 jours des ciments « gypsés »
CRU CC4 CC41 CC42 CC43 CC44 CC45 CC7 CC71 CC72 CC73 CC74 CC75
Rc [Mpa] 44,78 53,76 61,92 63,20 61,91 59,94 47,81 63,38 69,23 65,39 59,08 53,63
Rcmin[Mpa] 43,58 52,58 60,70 62,02 60,69 58,75 46,70 62,25 68,10 64,31 57,94 52,55
Rcmax[Mpa] 45,88 56,04 64,12 65,48 64,21 62,34 48,92 64,45 70,26 66,48 60,19 54,81
4.2. Interprétation
Les additions de gypse, aux meilleurs mélanges crus, ont apporté encore plus
d’amélioration aux caractéristiques des produits de cuisson. En particulier, on peut
noter :
- une nette diminution de la quantité de chaux libre dans le clinker ;
- des teneurs élevées en alite ;
- des résistances mécaniques très élevées pour certaines compositions du
mélange cru.
Ces améliorations peuvent être expliquées par l’influence positive du gypse, en tant
que minéralisateur, sur l’aptitude à la cuisson du mélange cru et les processus de
formation des constituants du clinker.
97
Les effets minéralisateurs du gypse s’expliquent par l’action des ions sulfates qui se
traduit par :
- une diminution de la viscosité de la phase fondue, en partie par fixation des
alcalis dans des sulfates alcalins ;
- une augmentation de la vitesse de dissolution de CaO et de C2S dans la
phase fondue ;
- une augmentation des cœfficients de diffusion des ions dans la matière
fondue [20].
Pour les raisons citées, une addition de gypse, dans des proportions adéquates, a un
effet accélérateur sur le processus de formation de l’alite dans son ensemble.
� Teneur en chaux libre et degré de transformation Les figures 29 et 30 montrent, en fonction de la proportion de gypse ajoutée, l’évolution
de la teneur en chaux libre des clinkers et du degré de combinaison de la chaux.
Quelque soit la valeur du module de chaux, on note une amélioration progressive de la
combinaison de la chaux, qui se traduit par une diminution de la chaux libre, jusqu’à
une quantité ajoutée de gypse d’environ 2%. Au-delà de cette valeur, l’effet
minéralisateur du gypse diminue. Dans notre cas, cette diminution est en partie
renforcée par une augmentation du module de chaux des farines crues trop gypsées.
1,0
1,5
2,0
2,5
3,0
3,5
4,0
4,5
5,0
0 1 2 3 4 5 6Gypse (%)
Cha
ux li
bre
(%)
CC4
CC7
Figure 29 : Evolution de la teneur en chaux libre en fonction de
la quantité de gypse ajoutée
98
92
93
94
95
96
97
98
0 1 2 3 4 5 6Gypse (%)
Deg
ré d
e co
mbi
nais
on y
(%)
CC4CC7
Figure 30 : Evolution du degré de combinaison de la chaux
en fonction de la quantité de gypse ajoutée
Nous pouvons également noter l’obtention, pour quelques compositions de la farine
crue industrielle gypsée, de clinkers dont les teneurs en chaux respectent les normes
(< 2 %).
� Teneur en alite
62
63
64
65
66
67
68
69
70
71
72
0 1 2 3 4 5 6Gypse (%)
C3S
(%
)
CC4
CC7
Figure 31 : Evolution de la teneur en alite en fonction de la quantité de gypse ajoutée
99
La figure 31 illustre les effets de l’addition de gypse, au mélange cru, sur la teneur en
alite des clinkers. On assiste, jusqu’à une quantité de gypse ajoutée d’environ 2 %, à
une augmentation de la proportion d’alite dans le clinker. Pour des proportions de gypse
plus élevées, l’influence positive des ions sulfates sur le processus de formation de
l’alite diminue. Toutefois cette diminution reste faible pour les crus à module de chaux
raisonnable (< 100), elle est fortement accentuée pour les crus sursaturés en chaux.
On peut également noter que, pour certaines compositions du mélange cru gypsé, on
arrive à obtenir des teneurs élevées en alite (jusqu’à 71 %), malheureusement couplées
à des teneurs en chaux libre élevées qui sont au-delà de la limite permise de 2%.
Ces contradictions sont dues, à notre avis, à un module de chaux élevé, synonyme de
mauvaise combinaison de la chaux, mais qui est nécessaire à l’obtention d’une grande
proportion d’alite dans le clinker.
� Poids au litre des clinkers La mesure de la densité apparente du clinker, appelé communément poids au litre dans
l’industrie cimentière, est la première méthode utilisée pour juger de la bonne cuisson
d’un clinker industriel : plus un clinker est dense, plus il est bien cuit.
A un clinker bien cuit correspond en effet une masse interstitielle plus compacte,
présentant moins de vides et moins de chaux libre.
La figure 32 montre l’évolution du poids au litre de nos clinkers en fonction de la
quantité de gypse ajoutée au mélange cru.
Les résultats des mesures du poids au litre des clinkers renforcent ce qui a été dit à
propos de la combinaison de la chaux et de la teneur en alite, qu’une addition entre 2 et
3 % de gypse améliore l’aptitude à la cuisson du mélange cru.
En outre, la figure 32 illustre clairement l’influence négative d’un fort module de chaux
sur l’aptitude à la cuisson : quelque soit la quantité de gypse ajoutée, les clinkers
obtenus à partir du mélange cru CC4 (MC ≈ 98) sont plus denses que ceux fabriqués
avec CC7 (MC ≥102).
100
2,4
2,5
2,6
2,7
2,8
2,9
0 1 2 3 4 5 6Gypse (%)
Poi
ds a
u lit
re (
Kg/
L)
CC4CC7
Figure 32 : Evolution du poids au litre du clinker en fonction de la quantité de gypse ajoutée
� Résistance mécanique En ce qui concerne l’amélioration de la résistance mécanique par gypsage du cru, les
résultats obtenus sont probants. L’influence de l’addition de gypse au mélange cru est
illustrée par la figure 32.
40
45
50
55
60
65
70
75
0 1 2 3 4 5 6Gypse (%)
Rc 28
(M
Pa)
CC4CC7
Figure 33 : Evolution de la résistance mécanique en fonction de la quantité de gypse ajoutée
101
La quantité optimale de gypse dépend de la composition du cru, et en particulier de la
valeur du module de chaux. En effet, l’action minéralisante optimale du gypse dépend
beaucoup du module de chaux du cru :
- Pour la série de crus CC4 (MC ≈ 98) : le maximum de résistance est obtenu
pour une addition de gypse comprise entre 2 et 3 %, mais on peut aller jusqu’à
5 % sans observer une diminution notable de Rc.
- Pour la série de crus CC7 (MC ≥ 100) : l’action minéralisante optimale est
également obtenue pour environ 2 % de gypse, mais une addition
supplémentaire entraîne une diminution brusque de la résistance.
Ce fait est dû, à notre avis, à un renforcement de l’influence négative du module de
chaux sur l’aptitude à la cuisson suite à un apport supplémentaire de chaux par le
gypse. L’effet de cet apport supplémentaire de chaux n’est pas perceptible tant que la
valeur du module de chaux n’est pas trop élevée. Pour les crus déjà sursaturés en
chaux, l’effet minéralisante du gypse n’arrive plus à corriger l’influence négative due à
une augmentation supplémentaire de MC.
Autre fait remarquable constaté : tous les ciments obtenus sont de classe supérieure à
45. Les moins performants appartiennent à la classe de résistance 55, d’autres entrent
dans la catégorie des ciments à haute résistance.
Parmi les essais effectués, deux compositions peuvent faire l’objet de remarques
particulières :
- CC43 : cet échantillon présente en même temps le maximum de résistance
(dans sa série) avec la valeur honorable de 63,2 MPa à 28 jours et le minimum
de chaux libre (inférieure à 2 %). Cet échantillon est obtenu avec un ajout de 3 %
de gypse au cru CC4, ce qui correspond à un cru dont les caractéristiques sont :
MC ≈ 99 ; MS = 2,5 ; MA = 1,5 et SO3 = 1,43 %.
- CC72 : c’est le ciment le plus résistant (Rc28 ≈ 70 MPa) de toute la série. Il
présente cependant l’inconvénient d’une teneur en chaux libre qui ne respecte
pas les normes (CaOL = 3.18 %). Cet échantillon est obtenu avec un ajout de
gypse de 2 % au cru CC7. Les caractéristiques du mélange cru sont les
suivantes : MC ≈ 102,7 ; MS ≈ 2,5 ; MA = 1,5 et SO3 ≈ 1 %.
102
Traduit en teneur en SO3, et pour les mêmes valeurs de MS et de MA (2,5 et 1,5),
l’action minéralisante optimale du gypse est obtenue pour une teneur en SO3 dans le
cru de :
- 1,3 à 1,5 % pour MC compris entre 98 et 99 ;
- 0,9 à 1,1 % pour MC compris entre 102 et 103.
� Relation entre résistance mécanique et teneur en alite L’examen des résultats de nos essais sur les crus industriels gypsés fait ressortir un
autre fait remarquable : la vérification qu’il existe une relation étroite entre la résistance
mécanique d’un ciment et la teneur en alite de son clinker.
En comparant les figures 31 et 33, on constate que les courbes illustrant l’évolution de
la teneur en alite et de la résistance mécanique, en fonction de la quantité ajoutée de
gypse, ont pratiquement la même allure. Ce qui confirme l’hypothèse qui a été émise
(cf. paragraphe 3.2.) que la résistance mécanique d’un ciment est due essentiellement
à sa teneur en alite.
Toutefois la relation entre ces deux grandeurs ne s’applique pas, comme c’était le cas
pour les crus non gypsés, à l’ensemble de nos échantillons. Il semble qu’il y ait deux
relations différentes pour les deux séries de composition. La figure 34 illustre cette
affirmation.
Ce qui confirme le fait que l’action minéralisante du gypse dépend de la valeur du
module de chaux.
De même, pour les crus gypsés, Rc et C3S ne vérifient plus la relation empirique
proposée auparavant pour les mélanges non additionnés de gypse. Nous proposons les
relations approximatives suivantes pour les farines crues gypsées :
- MC compris entre 98 et 99 : Rc28 [MPa] ≈ 2,94.C3S – 140,80
- MC compris entre 102 et 103 : Rc28 [MPa] ≈ 3,33.C3S – 168,43
103
40
45
50
55
60
65
70
75
64 65 66 67 68 69 70 71 72
C3S (%)
Rc 2
8 (M
Pa)
CC7
40
45
50
55
60
65
62 63 64 65 66 67 68 69 70
C3S (%)
Rc 2
8 (M
Pa)
CC4
Figure 34 : Relation entre teneur en alite et résistance mécanique
On observe, d’après la figure 34, que Rc s’écarte de la droite de référence lorsque la
teneur en C3S augmente ; ce qui veut dire que d’autres facteurs contribuent aussi à la
résistance mécanique, on peut citer, entre autres, la nature et la compacité de la
matrice interstitielle, ainsi que la faible teneur en chaux libre.
104
5. CONCLUSION
Pour clore ce chapitre relatif à notre contribution aux études sur l’amélioration de la
qualité d’un clinker industriel, nous pouvons tirer les conclusions suivantes :
Les essais d’améliorations ont apportés les résultats escomptés, et même un peu plus :
notre objectif primaire était la régularité de la qualité du clinker pour CPA ; nous
sommes arrivé à produire des ciments à haute résistance.
En ce qui concerne la composition du mélange cru : adopter une méthode de calcul du
mélange qui se base sur la fixation des trois modules, ce qui impose l’utilisation de
quatre matières premières (deux constituants de base et deux ajouts de correction).
Pour une valeur du module d’alumine moyenne (d’environ 1,5) couplée à des forts
modules de chaux et de silice, nous recommandons l’utilisation de minéralisateurs,
genre gypse, pour obtenir des ciments de bonne qualité : à haute résistance et à faible
teneur en chaux libre.
L’action minéralisante optimale du gypse est obtenue pour une addition de l’ordre de
2 à 3 % au mélange cru dont les modules sont : MC (98 – 99), MS ≈ 2 et MA ≈ 1,5.
De meilleures résistances peuvent être obtenues avec des modules de chaux plus
élevés (102 – 103) et des additions de gypse ne dépassant pas les 2 %, mais les
teneurs en chaux libre resteront en dehors de la limite permise par les normes de 2 %.
Aux vues des bons résultats obtenus à l’échelle industrielle, nous avons décidé
d’approfondir le sujet au niveau de l’échelle du laboratoire. Ce qui fera l’objet du
prochain chapitre.
105
CChhaappii tt rree 0044 ::
EELLAABBOORRAATTIIOONN DDEE CCLLIINNKKEERRSS RRIICCHHEESS EENN AALLIITTEE EETT AA FFAAIIBBLLEE TTEENNEEUURR EENN CCHHAAUUXX LLIIBBRREE
1. PRESENTATION DE L’ETUDE
Dans ce chapitre, nous allons essayer de déterminer les conditions optimales qui
permettent d’obtenir un clinker Portland à haute teneur en alite, mais qui contient le
minimum de chaux libre possible.
Notre démarche est un peu contre nature, dans ce sens que, généralement, ce sont les
résultats des recherches en laboratoire qui sont transposés à l’échelle industrielle. Dans
notre cas, ce sont des résultats très probants et inattendus, obtenus en industrie, qui
nous ont incités à approfondir le cas à l’échelle du laboratoire.
Notre principal objectif est de fixer les conditions optimales pour la fabrication d’un
ciment à haute résistance. La première condition pour atteindre cet objectif est
l’obtention d’un « clinker à haute teneur en alite ».
Un second objectif que nous nous sommes fixé est « une teneur minimale en chaux
libre », pour que le ciment produit soit conforme aux normes.
Les matières premières sont les mêmes que celles utilisées pour notre étude à l’échelle
industrielle : Le cipolin d’Ibity, l’argile de Mandaniresaka, les cendres de balles de riz et
la latérite de Vontovorona.
Plusieurs méthodes sont utilisées pour l’obtention de ciments à haute résistance.
Certaines consistent en l’amélioration des caractéristiques d’un clinker par des
techniques éprouvées, d’autres se basent sur des actions apportées sur la matière à
cuire pour obtenir un clinker correspondant à un ciment à haute résistance.
Pour notre étude, nous avons choisi d’agir sur le mélange cru pour obtenir des ciments
à haute résistance.
106
Plusieurs paramètres régissent la fabrication d’un bon clinker, ils sont d’ordres
technologiques, thermiques, rhéologiques, minéralogiques, chimiques,…
Dans un premier temps, nous allons fixer les paramètres technologiques et les
conditions techniques de fabrication. Ces paramètres seront choisis aussi près que
possible de ceux appliqués en exploitation industrielle, ceci dans un souci d’obtenir des
résultats qui peuvent être exploités.
Notre étude portera ensuite sur quatre axes principaux :
- recherche de la composition optimale du mélange cru, pour l’obtention d’un
clinker à la fois riche en alite et pauvre en chaux libre ;
- essai d’activation chimique, en utilisant des minéralisateurs ;
- essai d’activation thermique ;
- essai d’activation mécanique.
Les résultats obtenus par une méthode peuvent, bien entendu, être améliorés par la
méthode suivante.
Au terme de ce chapitre, les meilleurs clinkers serviront à fabriquer des ciments à haute
résistance.
2. CHOIX DES PARAMETRES TECHNIQUES DE FABRICATION
La composition du mélange cru constitue, sans aucun doute, le premier paramètre qui
conditionne l’obtention d’un bon clinker. Toutefois, plusieurs autres paramètres
interviennent dans la fabrication du ciment. On peut citer, entre autres, la finesse de
mouture et l’homogénéité de la farine crue, la préparation de la matière à cuire, la
conduite de la cuisson et le régime de refroidissement.
Ces paramètres seront fixés et, sauf pour des cas éventuels correspondant à des
changements volontaires, seront appliqués à toutes nos investigations, dans la mesure
du possible. Ce choix est fait dans le souci d’une possibilité de comparaison des
résultats obtenus avec les différentes méthodes utilisées. Les conditions opératoires
107
seront choisies aussi voisines que possible de celles appliquées en exploitation
industrielle.
2.1. Finesse de mouture
La vitesse des réactions de décomposition, des réactions entre solides et des
processus de dissolution dans la matière fondue est inversement proportionnelle à la
grosseur des grains. Il a été constaté qu’en ce qui concerne l’influence de la dimension
des grains sur la vitesse de formation des constituants du clinker, la teneur en gros
grains (<90 µ) est beaucoup plus importante que la répartition granulométrique [23]
[24].
Dans les cimenteries c’est le refus au tamis de 90 µ d’ouverture des mailles R90 qui fixe
la finesse de mouture de la matière à cuire. Cette grandeur varie de 5 à 20 % selon les
installations de cuisson. Cette finesse s’est révélée satisfaisante pour la fabrication du
clinker. En outre une trop grande finesse de mouture favorise les réactions à l’état
solide, ce qui peut exercer une influence négative sur la vitesse de dissolution dans la
phase fondue suite à une augmentation de la viscosité.
La moyenne gravimétrique de la grosseur des grains des farines crues industrielles se
situe entre 30 et 40 µ. On peut, à l’échelle du laboratoire, réduire sensiblement le temps
de réaction nécessaire par un broyage plus poussé qui ne serait en réalité économique
pour une exploitation industrielle.
Compte tenu de toutes ces remarques, pour définir la finesse de mouture de nos farines
crues, nous avons adopté les valeurs suivantes :
⇒⇒⇒⇒ R90 compris entre 10 et 15 % ;
⇒⇒⇒⇒ Passant cumulé au tamis de 120 µ : 100 %.
Ces conditions sont facilement réalisées à l’échelle du laboratoire et sont proches des
conditions d’exploitation d’une cimenterie.
108
2.2. Homogénéisation
Pour une farine crue bien dosée et ayant la finesse de mouture idéale, une bonne
homogénéité est une condition nécessaire à l’obtention d’un bon clinker. La réaction de
formation du clinker est conditionnée par la réunion dans un agglomérat d’un nombre
suffisamment grand de particules de farine crue, afin que la composition de cet
agglomérat corresponde à celle de l’ensemble de la farine crue. Un manque
d’homogénéité dans le mélange à cuire aboutit à la formation de minéraux autres que
ceux que l’on veut obtenir, par exemple la chaux libre.
A notre échelle, pour assurer une bonne homogénéisation de nos mélanges crus, nous
avons adopté un passage obligé pour ces derniers :
⇒⇒⇒⇒ Malaxage de 5 mn dans un malaxeur de laboratoire R ILEM Type 32.
Nous estimons que ce traitement supplémentaire renforcera l’homogénéité déjà acquise
par le cru suite à son passage dans le broyeur.
2.3. Préparation de la matière à cuire
Le mélange cru finement broyé et bien homogénéisé doit passer par d’autres
traitements avant son introduction au four.
Une technique qui a fait ses preuves pour favoriser les réactions à haute température à
l’état solide sur une poudre finement broyée, est de constituer des granules avec le
matériau d’expérimentation. Cette technique permet de maintenir en contact intime les
particules en réaction. La constitution des granules doit suivre certaines règles, entre
autres :
- La taille des granules doit permettre une uniformisation rapide de la
température et faciliter les phénomènes de transport vers le milieu extérieur;
- Les granules doivent pouvoir supporter les conditions opératoires.
Dans notre cas, les granules doivent avoir une bonne résistance aux chocs mécaniques
et thermiques. Ce qui est assuré par le choix du type et de la nature de l’argile qui entre
dans la composition du mélange cru. Ces granules auront une taille moyenne
109
équivalente à celle adoptée en exploitation industrielle. Nous retiendrons pour le
conditionnement de la matière à cuire, les consignes suivantes :
⇒⇒⇒⇒ Diamètre moyen des granules : 5 à 10 mm ;
⇒⇒⇒⇒ Séchage à l’étuve à 100 °C avant l’introduction da ns le four.
2.4. Chronogramme du traitement thermique
Le chronogramme du traitement thermique relatif à la fabrication du clinker diffère selon
les procédés de fabrication, toutefois, quelque soit le procédé adopté, il comprend les
phases successives suivantes : montée en température, maintien isotherme et
refroidissement.
A l’échelle industrielle, la vitesse de chauffe jusqu’à la température maximale de
cuisson dépend beaucoup du type de four, et varie généralement en fonction de
l’importance de l’installation. Dans notre cas nous adopterons une montée linéaire en
température de 30 °C par minute.
Il en est de même pour la durée de passage du mélange cru à travers la zone de
clinkerisation, elle varie largement avec les dimensions de l’installation de cuisson,
allant de 12 minutes à plus d’une heure. Nous adopterons la valeur moyenne de
30 minutes pour la durée du maintien isotherme.
La température de maintien isotherme est limitée, par les possibilités des fours
disponibles, à 1400 °C. Le choix de 30mn pour la du rée de maintien à la température
de clinkerisation est aussi, en partie, dicté par celui de la température de cuisson.
En exploitation industrielle, le refroidissement du clinker s’effectue en 2 étapes. La
première étape, de la température maximale de cuisson jusqu’à environ 1200 °C (limite
des réactions en présence de matière fondue), s’effectue dans le four. La seconde
étape s’effectue dans le refroidisseur par trempe à l’air.
Le régime optimal de refroidissement pour un clinker normal riche en alite est [8] :
- Tmax → 1200 °C : ∆T/∆t = 20 K/mn ;
- 1200 °C → 500 °C : ∆T/∆t = 70 K/mn.
110
Comme notre objectif est d’obtenir des clinkers riches en alite, nous avons adopté ce
régime de refroidissement.
En résumé, le chronogramme du traitement thermique adopté est le suivant :
⇒⇒⇒⇒ Montée linéaire en température jusqu’à 1400 °C : ∆∆∆∆T/∆∆∆∆t = 30 °C/mn ;
⇒⇒⇒⇒ Maintien isotherme à 1400 °C : 30 minutes ;
⇒⇒⇒⇒ Refroidissement au four jusqu’à 1200 °C : ∆∆∆∆T/∆∆∆∆t = 20 °C/mn ;
⇒⇒⇒⇒ Refroidissement par trempe à l’air jusqu’à 500 °C : ∆∆∆∆T/∆∆∆∆t = 70 °C/mn.
Ce chronogramme est illustré par la figure 35.
0
500
1000
1500
0 20 40 60 80 100t (mn)
T (°
C)
Figure 35 : Chronogramme du traitement thermique
3. DETERMINATION DE LA COMPOSITION OPTIMALE
3.1. Principe La détermination de la composition optimale se fait par le choix, parmi les différentes
compositions proposées, de celle qui fournit le clinker le plus riche en alite et qui
présente en même temps une faible teneur en chaux libre.
La méthode adoptée pour le calcul des mélanges crus est le procédé par équations de
détermination et de concordance de phases. Cette méthode est basée sur la fixation
des trois valeurs requises MC, MS et MA.
111
Le choix des valeurs des modules est dicté par l’objectif à atteindre, qui est d’obtenir un
clinker à haute teneur en alite.
L’évaluation des produits de cuisson se fait par les méthodes suivantes :
- analyse chimique complète ;
- détermination de la proportion de chaux libre ;
- calcul de la composition minéralogique sur la base des deux premiers
essais ;
- mesure de la résistance mécanique qui confortera le choix effectué.
Vu le nombre d’essais à effectuer, la détermination de la résistance à la compression
est opérée sur pâte pure des clinkers moulus avec 4 % de gypse.
3.2. Expression des résultats En nous basant sur les résultats obtenus dans les essais en industrie, et en nous
inspirant des données fournies par la littérature, nous proposons les combinaisons de
valeurs suivantes pour MC, MS et MA. Chaque combinaison correspond à une
composition de la farine crue.
Tableau 44 : Valeurs requises des mélanges crus
CRU Valeurs requises
MC MS MA
C1 99 2,5 1,5
C2 102 2,0 1,5
C3 102 2,2 1,5
C4 102 2,5 1,5
C5 102 2,8 1,5
C6 102 2,0 1,2
C7 102 2,2 1,2
C8 102 2,5 1,2
C9 102 2,8 1,2
C10 102 3,0 1,2
112
La première composition est proposée car elle correspond à celle qui a permis de
vérifier simultanément les deux critères de choix, lors des essais à l’échelle industrielle.
Le module de chaux est, pour les autres compositions, fixée à 102, car cette valeur de
MC permet, potentiellement, de satisfaire le premier critère : haute teneur en alite. De
plus, cette valeur, tout en étant élevée, reste dans le domaine des modules de chaux
des ciments courants à haute résistance.
Le module de silice est varié de 2 à 3 pour voir lequel donnerait, avec MC = 102, le
meilleur clinker.
Le module d’alumine est choisi assez faible pour améliorer l’aptitude à la cuisson des
crus : MA = 1,5 et MA = 1,2.
Les résultats des calculs des mélanges crus et ceux des analyses effectuées sur les
clinkers sont donnés dans les tableaux suivants.
Tableau 45 : Composition des mélanges crus (en % pondéral)
FC C1 C2 C3 C4 C5 C6 C7 C8 C9 C10
CIP 85,47 85,19 85,58 86,07 86,47 85,01 85,42 85,93 86,35 86,59
ARG 6,86 8,51 7,69 6,67 5,83 3,83 3,35 2,75 2,25 1,97
CBR 3,82 1,72 2,51 3,50 4,31 3,41 4,07 4,91 5,60 5,99
LAT 3,85 4,59 4,22 3,77 3,40 7,76 7,16 6,41 5,80 5,45
Tableau 46 : Composition chimique des mélanges crus (en % pondéral)
FC C1 C2 C3 C4 C5 C6 C7 C8 C9 C10
CaO 43,73 43,54 43,75 44,02 44,24 43,43 43,65 43,92 44,15 44,28
SiO2 13,58 12,69 12,95 13,27 13,54 12,79 13,04 13,36 13,62 13,77
Al 2O3 3,26 3,81 3,53 3,18 2,90 3,49 3,23 2,91 2,65 2,50
Fe2O3 2,17 2,54 2,35 2,12 1,93 2,91 2,69 2,43 2,21 2,09
MgO 0,48 0,43 0,45 0,47 0,48 0,44 0,45 0,47 0,49 0,50
Na2O 0,23 0,22 0,23 0,23 0,23 0,21 0,21 0,21 0,22 0,22
K20 0,26 0,26 0,26 0,26 0,26 0,22 0,22 0,23 0,23 0,23
SO3 0,18 0,18 0,18 0,18 0,18 0,16 0,16 0,16 0,17 0,17
113
Tableau 47 : Composition chimique des clinkers (en % pondéral)
FC C1 C2 C3 C4 C5 C6 C7 C8 C9 C10
CaO 67,88 67,78 68,11 68,53 68,87 67,47 67,82 68,27 68,64 68,85
SiO2 21,09 19,75 20,15 20,66 21,08 19,87 20,26 20,76 21,17 21,41
Al 2O3 5,06 5,92 5,50 4,96 4,52 5,42 5,02 4,53 4,12 3,89
Fe2O3 3,37 3,95 3,66 3,31 3,01 4,52 4,19 3,78 3,44 3,24
MgO 0,74 0,67 0,69 0,73 0,75 0,68 0,68 0,74 0,76 0,78
Na2O 0,36 0,35 0,35 0,36 0,36 0,32 0,33 0,33 0,34 0,34
K20 0,41 0,40 0,40 0,40 0,40 0,34 0,34 0,35 0,35 0,36
SO3 0,28 0,28 0,28 0,28 0,28 0,25 0,25 0,26 0,26 0,26
Tableau 48 : Composition minéralogique des clinkers (en % pondéral)
FC C1 C2 C3 C4 C5 C6 C7 C8 C9 C10
C4AF 10,26 12,01 11,14 10,05 9,15 13,73 12,73 11,48 10,45 9,86
C3A 7,71 9,02 8,37 7,55 6,88 6,73 6,24 5,62 5,12 4,83
C3S 65,23 64,90 65,04 64,60 63,97 66,26 66,42 66,11 65,58 65,02
C2S 11,59 8,00 9,06 10,84 12,51 7,32 8,34 10,01 11,58 12,68
CaO libre 2,89 3,74 4,09 4,68 5,23 3,51 3,85 4,40 4,92 5,28 Tableau 49 : Résistance à la compression à 28 jours sur pâte pure (en MPa)
FC C1 C2 C3 C4 C5 C6 C7 C8 C9 C10
Rc 90,77 89,55 90,05 88,43 86,14 94,52 95,09 93,96 92,01 89,97
Rcmin 89,56 89,03 89,62 88,00 85,71 94,09 94,66 93,53 91,58 89,54
Rcmax 91,42 90,45 90,84 89,21 86,93 95,31 95,84 94,79 92,76 90,73
3.3. Choix de la composition optimale La figure 36 montre l’évolution des valeurs de la teneur en C3S, de celle en chaux libre
et de la résistance à la compression, mesurée sur pâte pure, à 28 jours.
114
Figure 36 : Variation des critères de sélection : CaO libre, C3S et Rc
En fin de compte, notre choix se fixera non pas sur une composition optimale, mais
plutôt sur deux compositions qui sont intéressantes pour la suite de l’étude.
Les farines crues qui feront l’objet d’autres investigations sont :
- C1 : elle n’est pas sursaturée en chaux (MC = 99) et elle correspond au
minimum de chaux libre. Cette farine crue est définie par la combinaison des
valeurs requises suivante : MC = 99 / MS = 2,5 / MA = 1,5.
- C8 : dans sa série, c’est C6 qui correspond au minimum de chaux libre, et
C7 qui présente la meilleure résistance mécanique. Toutefois les résistances
des trois ciments correspondants sont voisines.
CaOlibre
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
C3S
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Résistance mécanique
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
115
Nous avons opté pour C8 car, parmi les trois farines crues et avec la valeur
de son module de silice, c’est elle qui présente la plus grande potentialité
pour produire davantage d’alite par l’application d’autres traitements. Cette
farine crue est définie par la combinaison des valeurs requises suivante :
MC = 102 / MS = 2,5 / MA = 1,2.
4. ESSAI D’ACTIVATION CHIMIQUE
Après avoir déterminé la composition « optimale » de la farine crue, nous avons axée
notre étude sur l’influence des minéralisateurs sur le processus de formation du clinker
à haute teneur en alite et avec le minimum possible de chaux libre.
Diverses hypothèses ont été avancées pour décrire le principe d’action des
minéralisateurs. Toutefois, les connaissances scientifiques en ce domaine restent
insuffisantes, ce qui se reflète par des données souvent contradictoires fournies par la
littérature technique.
On n’a pas encore réussi à formuler des lois de valeur universelle sur le mécanisme et
l’efficacité des minéralisateurs.
L’essai pratique de minéralisateurs composés, basé sur le fait que s’additionnent les
effets des minéralisateurs spécifiques sur les processus partiels de la formation du
clinker, n’a jusqu’à présent donné aucun résultat utilisable. Il faut caractériser l’effet
minéralisant de ces combinaisons comme une action complexe affectant le
déroulement global de la formation des constituants du clinker [25].
Dans notre cas, nous avons utilisé des substances inorganiques de bonne qualité et
disponibles à Madagascar : le gypse et la fluorine. Nous avons également essayé de
voir l’influence combinée de SO3 et de MgO, en utilisant des mélanges dosés de gypse
et de dolomie comme minéralisateur.
Les divers cas sont traités séparément dans les paragraphes qui suivent :
- Activation par le gypse ;
- Activation combinée par SO3 et MgO ;
- Activation par la fluorine.
116
4.1. Activation par le gypse
Le gypse a été choisi pour faire partie des minéralisateurs d’expérimentation. Il est
parmi les substances les plus utilisées pour améliorer la clinkerisation dans les
cimenteries qui utilisent la technique des minéralisateurs. Le gypse est disponible à
Madagascar, et le matériau trouvé est d’assez bonne qualité et se prête ainsi à
l’utilisation prévue.
4.1.1. Principe
On substitue une partie du mélange cru par de quantités croissantes de gypse, ce qui
correspond à des apports en ions sulfates en proportions déterminées.
La composition des farines crues ainsi formées est ensuite corrigée, pour respecter les
valeurs requises. Les ajouts de corrections sont ici l’argile, le CBR et la latérite.
On vérifiera par la suite que la teneur en SO3 du clinker ne dépasse pas les 3 %
permises. Dans le cas échéant, la composition est rejetée.
L’influence de l’addition de gypse est étudiée par la détermination des teneurs en chaux
libre et en alite des clinkers. Ce qui permet de fixer l’action minéralisante optimale du
gypse. Le choix de la composition optimale est conforté par des essais de compression
effectués sur pâte pure.
4.1.2. Expression des résultats
Une série de résultats concerne les améliorations apportées au cru C1, une autre série
se rapporte au cru C8.
Le premier tableau donne les compositions des mélanges crus gypsés. Les résultas
des analyses sont présentés dans les autres tableaux qui suivent : composition
chimique des crus et des clinkers, composition minéralogique des clinkers et résistance
mécanique à 28 jours d’âge.
117
Tableau 50 : Composition des crus gypsés et teneur en SO3 (en % pondéral)
MC = 99 / MS = 2,5 / MA = 1,5
Cru gypsé CG0 CG1 CG2 CG3 CG4 CG5 CG6 CG7 CG8
C1 100 98,5 98 97,5 97 96,5 96 95,5 95
Gypse 0 1,5 2 2,5 3 3,5 4 4,5 5
SO3 0,18 0,81 1,01 1,22 1,43 1,63 1,84 2,04 2,25
MC = 102 / MS = 2,5 / MA = 1,2
Cru gypsé MG0 MG1 MG2 MG3 MG4 MG5 MG6 MG7 MG8
C8 100 98,5 98 97,5 97 96,5 96 95,5 95
Gypse 0 1,5 2 2,5 3 3,5 4 4,5 5
SO3 0,16 0,78 0,99 1,20 1,40 1,61 1,82 2,02 2,23
Tableau 51 : Composition chimique des crus gypsés et corrigés (en % pondéral)
MC = 99 / MS = 2,5 / MA = 1,5
Cru gypsé CG0 CG1 CG2 CG3 CG4 CG5 CG6 CG7 CG8
CaO 43,73 43,47 43,38 43,30 43,21 43,12 43,04 42,95 42,87
SiO2 13,58 13,50 13,47 13,45 13,42 13,39 13,37 13,34 13,31
Al2O3 3,26 3,24 3,23 3,23 3,22 3,21 3,21 3,20 3,20
Fe2O3 2,17 2,16 2,16 2,15 2,15 2,14 2,14 2,13 2,13
MgO 0,48 0,48 0,48 0,47 0,47 0,47 0,47 0,47 0,47
Na2O 0,23 0,23 0,23 0,23 0,23 0,22 0,22 0,22 0,22
K20 0,26 0,26 0,26 0,26 0,26 0,25 0,25 0,25 0,25
SO3 0,18 0,81 1,01 1,22 1,43 1,63 1,84 2,04 2,25
PF 35,59 35,33 35,24 35,15 35,07 34,98 34,89 34,81 34,72
MC = 102 / MS = 2,5 / MA = 1,2
Cru gypsé MG0 MG1 MG2 MG3 MG4 MG5 MG6 MG7 MG8
CaO 43,92 43,39 43,30 43,22 43,13 43,05 42,96 42,88 42,79
SiO2 13,36 12,96 12,94 12,91 12,89 12,86 12,84 12,81 12,78
Al2O3 2,91 3,21 3,21 3,20 3,20 3,19 3,18 3,18 3,17
Fe2O3 2,43 2,68 2,67 2,67 2,66 2,66 2,65 2,65 2,64
MgO 0,47 0,45 0,45 0,45 0,45 0,45 0,45 0,45 0,45
Na2O 0,21 0,21 0,21 0,20 0,20 0,20 0,20 0,20 0,20
K20 0,23 0,22 0,22 0,22 0,22 0,21 0,21 0,21 0,21
SO3 0,16 0,78 0,99 1,20 1,40 1,61 1,82 2,02 2,23
PF 35,66 35,38 35,30 35,21 35,12 35,04 34,95 34,86 34,78
118
Tableau 52 : Composition chimique des clinkers gypsés (en % pondéral)
MC = 99 / MS = 2,5 / MA = 1,5
Cru gypsé CG0 CG1 CG2 CG3 CG4 CG5 CG6 CG7 CG8
CaO 67,88 67,21 66,99 66,76 66,54 66,32 66,10 65,88 65,67
SiO2 21,09 20,88 20,81 20,74 20,67 20,60 20,53 20,46 20,40
Al2O3 5,06 5,01 4,99 4,98 4,96 4,94 4,93 4,91 4,90
Fe2O3 3,37 3,34 3,33 3,32 3,31 3,30 3,29 3,27 3,26
MgO 0,74 0,68 0,68 0,68 0,68 0,68 0,68 0,68 0,68
Na2O 0,36 0,35 0,35 0,35 0,35 0,35 0,34 0,34 0,34
K20 0,41 0,40 0,40 0,40 0,39 0,39 0,39 0,39 0,39
SO3 0,28 1,24 1,56 1,88 2,19 2,51 2,82 3,14 3,45
MC = 102 / MS = 2,5 / MA = 1,2
Cru gypsé MG0 MG1 MG2 MG3 MG4 MG5 MG6 MG7 MG8
CaO 68,27 67,15 66,93 66,71 66,48 66,26 66,04 65,82 65,61
SiO2 20,76 20,06 20,00 19,93 19,86 19,80 19,73 19,67 19,60
Al2O3 4,53 4,97 4,96 4,94 4,92 4,91 4,89 4,88 4,86
Fe2O3 3,78 4,15 4,13 4,12 4,10 4,09 4,08 4,06 4,05
MgO 0,74 0,68 0,68 0,68 0,68 0,68 0,68 0,68 0,68
Na2O 0,33 0,32 0,32 0,32 0,31 0,31 0,31 0,31 0,31
K20 0,35 0,34 0,34 0,33 0,33 0,33 0,33 0,33 0,33
SO3 0,26 1,21 1,53 1,85 2,16 2,48 2,79 3,11 3,42
Tableau 53 : Composition minéralogique des clinkers gypsés (en % pondéral)
MC = 99 / MS = 2,5 / MA = 1,5
Cru gypsé CG0 CG1 CG2 CG3 CG4 CG5 CG6 CG7 CG8
C4AF 10,26 10,15 10,12 10,09 10,05 10,02 9,99 9,95 9,92
C3A 7,71 7,63 7,61 7,58 7,56 7,53 7,51 7,48 7,46
C3S 65,23 68,46 69,18 69,34 69,01 68,51 67,98 67,36 66,71
C2S 11,59 8,57 7,83 7,51 7,57 7,74 7,94 8,21 8,51
CaO libre 2,89 1,91 1,67 1,57 1,59 1,65 1,72 1,81 1,91
MC = 102 / MS = 2,5 / MA = 1,2
Cru gypsé MG0 MG1 MG2 MG3 MG4 MG5 MG6 MG7 MG8
C4AF 12,73 12,60 12,56 12,52 12,48 12,43 12,39 12,35 12,31
C3A 6,24 6,18 6,16 6,14 6,12 6,09 6,07 6,05 6,03
C3S 66,42 69,55 69,93 69,70 69,07 68,19 67,31 66,36 65,36
C2S 8,34 5,42 4,94 4,92 5,21 5,68 6,15 6,67 7,24
CaO libre 4,40 3,26 2,98 2,90 3,02 3,20 3,41 3,61 3,84
119
Tableau 54 : Résistance à la compression sur pâte pure à 28 jours (en MPa) (Activation par le gypse)
MC = 99 / MS = 2,5 / MA = 1,5
FC CG0 CG1 CG2 CG3 CG4 CG5 CG6 CG7 CG8
Rc 90,77 102,80 106,10 106,72 104,81 102,45 99,96 96,74 93,49
Rcmin 90,12 101,08 105,45 106,02 103,84 101,81 99,21 96,09 92,73
Rcmax 91,53 102,50 106,86 107,42 105,29 103,21 100,63 97,50 94,15
MC = 102 / MS = 2,5 / MA = 1,2
FC MG0 MG1 MG2 MG3 MG4 MG5 MG6 MG7 MG8
Rc 93,96 117,52 120,58 120,24 116,61 111,76 106,62 101,26 95,79
Rcmin 93,25 116,82 119,88 119,53 115,92 111,05 105,91 100,55 95,08
Rcmax 94,71 118,27 121,33 120,99 117,36 112,51 107,37 102,01 96,54 4.1.3. Détermination de la teneur optimale en SO3 Les critères qui servent à la détermination de la teneur optimale en SO3 sont les
teneurs en C3S et en chaux libre : maximale pour la première et minimale pour la
seconde.
Les deux critères peuvent être combinés pour permettre un meilleur choix de la teneur
optimale : on attribue des points à chaque farine crue ; le total de points donnés étant
égal à la teneur en alite (maximale) diminuée de celle en chaux libre (minimale). La
teneur optimale correspond à la composition qui a obtenu le maximum de points.
Points = (Teneur en alite) – (Teneur en chaux libre)
Les résultats obtenus confirment, dans l’ensemble, l’influence positive des additions de
gypse sur les mélanges crus industriels. On note en effet :
- une nette diminution de la quantité de chaux libre dans le clinker ;
- des teneurs élevées en alite ;
- des résistances mécaniques très élevées pour certaines compositions du
mélange cru.
120
Tout ce qui a été dit à propos de l’action minéralisante du gypse sur la formation des
clinkers industriels restent valables à notre échelle ; Il nous reste à déterminer les
proportions optimales de gypse qui permettent d’obtenir des clinkers riches en alite et à
faible teneur en chaux libre.
A partir d’un bon mélange cru, nous allons voir les effets d’une addition croissante de
gypse sur les caractéristiques des produits de cuisson.
� Influence de l’addition de gypse sur la teneur en alite
La figure 37 illustre les effets de l’addition de gypse au mélange cru, sur la teneur en
alite des clinkers.
64
65
66
67
68
69
70
71
0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5 4 4,5 5 5,5
Gypse (%)
C3S
(%
)
CGMG
Figure 37 : Evolution de la teneur en alite en fonction de la quantité de gypse ajoutée
On assiste, jusqu’à une quantité de gypse ajoutée d’environ 2 %, à une augmentation
de la proportion d’alite dans le clinker. Pour des proportions de gypse plus élevées,
l’influence positive des ions sulfates sur le processus de formation de l’alite diminue.
Cette diminution est fortement accentuée pour les crus sursaturés en chaux ; elle est
telle qu’à partir d’une certaine teneur (environ 4 % de gypse) l’effet attendu est inversé
(le cru gypsé donne un clinker moins riche en alite que le cru de départ).
L’activation optimale est obtenue pour une addition de gypse comprise entre 2 et 2.5 %.
Ce qui correspond à une teneur en SO3 comprise entre 1 et 1,2 % dans le mélange cru.
121
En ajoutant du gypse au mélange cru, de sorte que sa teneur en SO3 atteigne 1,2 %, on
peut obtenir un clinker dont la teneur en C3S peut atteindre 70 %.
� Influence de l’addition de gypse sur la teneur en chaux libre
La figure 38 montre, en fonction de la proportion de gypse ajoutée, l’évolution de la
teneur en chaux libre des clinkers.
1,0
1,5
2,0
2,5
3,0
3,5
4,0
4,5
5,0
0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5 4 4,5 5 5,5
Gypse (%)
Cha
ux li
bre
(%)
CG
MG
Figure 38 : Evolution de la teneur en chaux libre en fonction de la quantité de gypse ajoutée
Quelque soit la valeur du module de chaux, on note une amélioration progressive de la
combinaison de la chaux, qui se traduit par une diminution de la chaux libre, jusqu’à
une quantité ajoutée de gypse d’environ 2,5 %. Au-delà de cette valeur, l’effet
minéralisateur du gypse diminue. Dans notre cas, cette diminution est en partie
renforcée par l’influence d’un fort module de chaux pour les farines crues trop gypsées.
Pour la combinaison de valeurs requises MC = 99 / MS = 2,5 / MA = 1,5, l’addition de
gypse dans le mélange cru, pour des proportions qui va de 1à 5 %, permet l’obtention
d’un clinker dont la teneur en chaux libre est conforme aux normes (< 2 %). Le
minimum (1,57 %) est atteint pour environ 2,5 % de gypse, soit une teneur optimale de
1,2 % en SO3 dans le mélange cru. Ce minimum correspond à un degré de
combinaison de la chaux de 97,7 % (contre 95,5 % pour le mélange cru non gypsé).
122
Pour la combinaison de valeurs requises MC = 102 / MS = 2,5 / MA = 1,2, suite aux
fortes valeurs des modules de chaux et de silice, on ne peut obtenir une teneur en
chaux libre < 2 %. Toutefois, pour une proportion d’ions sulfates de 1 à 1,2 % dans le
mélange cru, on arrive à faire baisser la valeur de cette teneur jusqu’à 3 %, valeur
admise dans les cimenteries qui utilisent des fours droits [1]. Le minimum est atteint
pour une addition de gypse de 2,5 % au mélange cru, soit une teneur optimale en SO3
de 1,2 %.
� Influence de l’addition de gypse sur la résistance mécanique
En ce qui concerne l’amélioration de la résistance mécanique par addition de gypse au
mélange cru, les résultats probants obtenus lors des essais à l’échelle industrielle sont
confirmés : l’utilisation du gypse comme minéralisateur, pour des proportions bien
définies, permet d’améliorer la résistance mécanique. L’influence de l’addition de gypse
au mélange cru, sur la résistance mécanique, est illustrée par la figure 39.
80
85
90
95
100
105
110
115
120
125
0 0,5 1 1,5 2 2,5 3 3,5 4 4,5 5 5,5
Gypse (%)
Rc2
8 (M
Pa)
CGMG
Figure 39 : Evolution de la résistance à la compression en fonction de la quantité de gypse ajoutée (essais sur pâte pure)
Pour les deux combinaisons de valeurs requises, le maximum de résistance est obtenu
pour une addition de gypse comprise entre 2 et 2,5 %. Ce qui correspond à une teneur
en SO3 optimale de 1,2 % dans le mélange cru.
123
A partir de 3 % de gypse ajouté (environ 1,4 % en SO3), on assiste à une diminution
assez brusque de la résistance mécanique. Ceci veut dire que l’on n’a pas intérêt à
utiliser une quantité excessive de gypse comme minéralisateur, au risque de voir l’effet
attendu s’inverser.
� Détermination de la teneur optimale en SO3
La détermination de la teneur optimale est faite en appliquant le principe d’attribution de
points mentionné plus haut. Le tableau 55 donne le total de points attribués à chaque
farine crue gypsée. La figure 40 illustre le choix de la teneur optimale.
Tableau 55 : Points (C3S – CaO libre) pour les crus gypsés
MC = 99 / MS = 2,5 / MA = 1,5
Cru Gypsé CG0 CG1 CG2 CG3 CG4 CG5 CG6 CG7 CG8
Points 62,34 66,55 67,51 67,77 67,42 66,86 66,26 65,55 64,80
MC = 102 / MS = 2,5 / MA = 1,2
Cru Gypsé MG0 MG1 MG2 MG3 MG4 MG5 MG6 MG7 MG8
Points 62,02 66,289 66,95 66,8 66,05 64,99 63,9 62,75 61,52
Figure 40 : Critères de choix de la teneur optimale en SO3
58606264666870
CG0 CG1 CG2 CG3 CG4 CG5 CG6 CG7 CG8
MC = 99 / MS = 2,5 / MA = 1,5
Poi
nts
5860
6264
6668
MG0 MG1 MG2 MG3 MG4 MG5 MG6 MG7 MG8
MC = 102 / MS = 2,5 / MA = 1,2
Poi
nts
124
Le maximum de points est attribué à CG3 pour la première série et à MG2 pour la
deuxième série :
- CG3 : 2,5 % d’addition de gypse – 1,22 % de SO3 dans le mélange cru ;
- MG2 : 2 % d’addition de gypse – 0,99 % de SO3 dans le mélange cru.
D’après ces résultats, on peut conclure que l’action minéralisante optimale est obtenue
avec une teneur en SO3 de 1 à 1,2 % dans le mélange cru, ce qui correspond à des
additions de gypse allant de 2 à 2,5 %.
4.1.4. Conclusion Pour clore cette étude d’activation par le gypse, on peut tirer les conclusions suivantes :
- On peut utiliser le gypse comme minéralisateur pour améliorer les qualités
d’un clinker.
- L’action minéralisante optimale est obtenue pour 2 à 2.5 % de gypse, ce qui
correspond à une teneur optimale en SO3 équivalente d’environ 1,2 % dans le
mélange cru.
- Pour une farine crue normale, définie par la combinaison de valeurs requises
MC = 99 / MS = 2,5 / MA = 1,5, l’influence positive de l’addition de gypse au cru
permet d’obtenir des clinkers dont la teneur en chaux libre respecte les normes,
même avec des teneurs équivalentes en SO3 allant jusqu’à 2,3 %.
- Pour une farine crue sursaturée en chaux, définie par la combinaison de
valeurs requises MC = 102 / MS = 2,5 / MA = 1,2, on arrive à obtenir des teneurs
élevées en alite (jusqu’à 70 %) dans le clinker, mais avec un taux de chaux libre
qui reste en dehors de la limite de 2 % admise par les normes. Toutefois, le
minimum de chaux libre de 3 % est acceptable pour certaines installations qui
utilisent des fours droits. Cette contradiction est due, à notre avis, d’une part aux
fortes valeurs de MC et MS, et d’autre part à la présence d’alcalis dans le
mélange cru.
125
- Nos résultats sont en bonne concordance avec les données de la littérature
technique [8] qui autorisent des additions en ions sulfates allant de 0,5 à 5%. Les
quantités les plus favorables accusent une différence notable : 2 à 2,5 % contre
3 à 5 % (pour les données bibliographiques). Cette différence, à notre avis, est
due en partie par la différence de pureté du gypse utilisé.
Les meilleurs clinkers (CG3 et MG2) feront l’objet d’essais d’amélioration par d’autres
méthodes d’activation, et serviront à la fabrication de ciments à haute résistance.
4.2. Activation par action combinée de SO 3 et MgO
La littérature technique affirme qu’une action minéralisante optimale des sulfates est
toujours liée à une teneur déterminée en MgO de la farine crue [8]. Nous estimons donc
que les résultats obtenus avec le gypse, utilisé comme seul minéralisateur, peuvent être
encore améliorés en ajoutant de l’oxyde de magnésium à un mélange cru qui a déjà
subi une activation par le gypse. Partant des meilleurs crus gypsés, nous allons
exploiter ces nouvelles données.
4.2.1. Principe
On substitue une partie du mélange cru par des quantités croissantes de dolomie, ce
qui correspond à des apports en MgO en proportions déterminées. Les mélanges à
améliorer sont les farines crues gypsées CG3 et MG3 qui sont caractérisées par des
teneurs en SO3 d’environ 1,2 % (2,5 % de gypse).
, La composition des farines crues ainsi formées est ensuite corrigée, pour respecter les
valeurs requises. Les ajouts de corrections sont ici une chaux grasse, un sable siliceux
et de l’oxyde de fer.
Les additions de dolomie sont effectuées de telle sorte que l’on ne dépasse pas la
teneur limite en MgO de 5 % dans le clinker, seuil prescrit par les normes [5]. Dans le
cas échéant, la composition est rejetée.
L’influence de l’addition de dolomie, ou plus précisément du rapport SO3/MgO, est
étudiée par la détermination des teneurs en chaux libre et en alite des clinkers ; ce qui
126
permet de fixer le rapport qui correspond à l’action minéralisante optimale. Le choix de
la composition optimale est conforté par des essais de compression effectués sur pâte
pure.
4.2.2. Expression des résultats
Le tableau 56 donne les compositions des mélanges crus, et la figure 41 montre la
variation du rapport SO3/MgO, suite à des additions croissantes de dolomie dans le cru
gypsé. Les résultats des autres analyses sont ensuite exposés.
Tableau 56 : Compositions des mélanges crus (en % pondéral) (Activation par SO3 et MgO)
Série CG3
CRU gd0 gd1 gd2 gd3 gd4 gd5 gd6 gd7 gd8 gd9
CG3 100,00 99,00 98,00 96,00 94,00 92,00 90,00 88,00 86,00 85,00
Dolomie 0,00 1,00 2,00 4,00 6,00 8,00 10,00 12,00 14,00 15,00
MgO 0,47 0,66 0,84 1,19 1,55 1,90 2,24 2,59 2,93 3,09
SO3 1,22 1,20 1,19 1,16 1,13 1,10 1,07 1,04 1,01 1,00
SO3/MgO 2,57 1,84 1,42 0,97 0,73 0,58 0,48 0,40 0,35 0,32
Série MG3
CRU GD0 GD1 GD2 GD3 GD4 GD5 GD6 GD7 GD8 GD9
MG3 100,00 99,00 98,00 96,00 94,00 92,00 90,00 88,00 86,00 85,00
Dolomie 0,00 1,00 2,00 4,00 6,00 8,00 10,00 12,00 14,00 15,00
MgO 0,45 0,60 0,77 1,10 1,43 1,76 2,09 2,41 2,73 2,89
SO3 1,20 1,11 1,09 1,06 1,04 1,01 0,98 0,96 0,93 0,92
SO3/MgO 2,65 1,84 1,42 0,97 0,72 0,57 0,47 0,40 0,34 0,32
127
Figure 41 : Evolution du rapport SO3/MgO dans les crus gypsés, additionnés de dolomie
Tableau 57 : Composition chimique des mélanges crus (en % pondéral) (Activation par SO3 et MgO)
Série CG3
CRU gd0 gd1 gd2 gd3 gd4 gd5 gd6 gd7 gd8 gd9
CaO 43,30 43,19 43,08 42,87 42,66 42,46 42,25 42,05 41,85 41,75
SiO2 13,45 13,41 13,38 13,32 13,25 13,19 13,12 13,06 13,00 12,97
Al2O3 3,23 3,22 3,21 3,20 3,18 3,17 3,15 3,13 3,12 3,11
Fe2O3 2,15 2,15 2,14 2,13 2,12 2,11 2,10 2,09 2,08 2,07
MgO 0,47 0,66 0,84 1,19 1,55 1,90 2,24 2,59 2,93 3,09
Na2O 0,23 0,22 0,22 0,22 0,21 0,20 0,20 0,19 0,19 0,19
K20 0,26 0,25 0,25 0,24 0,24 0,23 0,23 0,22 0,21 0,21
SO3 1,22 1,20 1,19 1,16 1,13 1,10 1,07 1,04 1,01 1,00
PF 35,15 35,14 35,12 35,09 35,06 35,03 34,99 34,96 34,93 34,92
Série CG3
0,0
1,0
2,0
3,0
gd0 gd1 gd2 gd3 gd4 gd5 gd6 gd7 gd8 gd9
Farines crues
SO
3 / M
gO
Série MG3
0,0
1,0
2,0
3,0
GD0 GD1 GD2 GD3 GD4 GD5 GD6 GD7 GD8 GD9
Farines crues
SO
3 / M
gO
128
Tableau 57 (Suite): Composition chimique des mélanges crus (en % pondéral) (Activation par SO3 et MgO)
Série MG3
CRU GD0 GD1 GD2 GD3 GD4 GD5 GD6 GD7 GD8 GD9
CaO 43,22 44,99 44,89 44,69 44,49 44,29 44,10 43,90 43,71 43,62
SiO2 12,91 13,68 13,65 13,59 13,53 13,47 13,41 13,35 13,29 13,26
Al2O3 3,20 2,99 2,98 2,97 2,95 2,94 2,93 2,91 2,90 2,89
Fe2O3 2,67 2,49 2,48 2,47 2,46 2,45 2,44 2,43 2,42 2,41
MgO 0,45 0,60 0,77 1,10 1,43 1,76 2,09 2,41 2,73 2,89
Na2O 0,20 0,19 0,19 0,18 0,18 0,17 0,17 0,16 0,16 0,16
K20 0,22 0,20 0,20 0,19 0,19 0,18 0,18 0,17 0,17 0,17
SO3 1,20 1,11 1,09 1,06 1,04 1,01 0,98 0,96 0,93 0,92
PF 35,21 33,00 32,99 32,97 32,94 32,92 32,90 32,87 32,85 32,84
Tableau 58 : Composition chimique des clinkers (en % pondéral)
(Activation par SO3 et MgO)
Série CG3
CRU gd0 gd1 gd2 gd3 gd4 gd5 gd6 gd7 gd8 gd9
CaO 66,76 66,58 66,40 66,05 65,69 65,34 65,00 64,66 64,32 64,15
SiO2 20,74 20,68 20,63 20,51 20,41 20,30 20,19 20,08 19,98 19,93
Al2O3 4,98 4,96 4,95 4,92 4,90 4,87 4,85 4,82 4,79 4,78
Fe2O3 3,32 3,31 3,30 3,28 3,26 3,25 3,23 3,21 3,20 3,19
MgO 0,68 1,01 1,29 1,84 2,38 2,92 3,45 3,98 4,50 4,75
Na2O 0,35 0,35 0,34 0,33 0,32 0,31 0,31 0,30 0,29 0,29
K20 0,40 0,39 0,39 0,38 0,37 0,36 0,35 0,34 0,33 0,32
SO3 1,88 1,86 1,83 1,78 1,74 1,69 1,65 1,60 1,56 1,53
Série MG3
CRU GD0 GD1 GD2 GD3 GD4 GD5 GD6 GD7 GD8 GD9
CaO 66,71 66,55 66,38 66,22 66,06 65,90 65,74 65,58 65,41 65,25
SiO2 19,93 19,84 19,75 19,65 19,56 19,47 19,37 19,28 19,19 19,09
Al2O3 4,94 4,95 4,95 4,96 4,96 4,97 4,98 4,98 4,99 4,99
Fe2O3 4,12 4,09 4,07 4,04 4,02 4,00 3,97 3,95 3,92 3,90
MgO 0,68 0,98 1,26 1,55 1,83 2,12 2,40 2,69 2,97 3,26
Na2O 0,32 0,31 0,31 0,31 0,30 0,30 0,30 0,30 0,29 0,29
K20 0,33 0,33 0,33 0,33 0,32 0,32 0,32 0,31 0,31 0,31
SO3 1,85 1,83 1,82 1,80 1,78 1,77 1,75 1,73 1,72 1,70
129
Tableau 59 : Composition minéralogique des clinkers (en % pondéral) (Activation par SO3 et MgO)
Série CG3
CRU gd0 gd1 gd2 gd3 gd4 gd5 gd6 gd7 gd8 gd9
C4AF 12,52 11,29 11,26 11,21 11,15 11,10 11,05 10,99 10,94 10,92
C3A 6,14 5,53 5,52 5,49 5,47 5,44 5,41 5,39 5,36 5,35
C3S 69,34 69,55 69,78 69,87 70,19 69,72 69,40 69,15 68,73 68,57
C2S 4,92 5,46 5,13 4,90 4,61 3,89 2,69 2,89 3,27 3,52
CaO libre 1,57 1,53 1,42 1,21 1,06 1,11 1,20 1,28 1,35 1,40
Série MG3
CRU GD0 GD1 GD2 GD3 GD4 GD5 GD6 GD7 GD8 GD9
C4AF 10,09 10,06 10,03 9,98 9,93 9,87 9,82 9,77 9,72 9,69
C3A 7,58 7,56 7,54 7,50 7,46 7,42 7,38 7,34 7,30 7,28
C3S 69,70 70,39 70,65 70,98 71,07 71,66 72,90 72,27 71,40 70,89
C2S 7,51 7,38 7,04 6,39 5,92 6,05 6,31 6,54 6,74 6,89
CaO libre 2,90 2,89 2,78 2,70 2,60 2,36 1,96 2,02 2,14 2,22
Tableau 60 : Résistance mécanique (en MPa) (Activation par SO3 et MgO)
Série CG3
CRU gd0 gd1 gd2 gd3 gd4 gd5 gd6 gd7 gd8 gd9
Rc 106,72 110,98 112,18 117,71 122,60 113,44 110,61 106,84 102,49 100,08
Rcmin 106,01 110,12 111,66 117,12 121,85 112,80 109,93 106,21 101,83 99,34
Rcmax 107,42 111,56 112,75 118,43 123,13 114,16 111,04 107,49 103,01 100,65
Série MG3
CRU GD0 GD1 GD2 GD3 GD4 GD5 GD6 GD7 GD8 GD9
Rc 120,24 124,66 125,40 125,18 125,21 126,97 130,69 128,81 126,20 124,55
Rcmin 119,53 123,80 124,88 124,59 124,46 126,33 130,01 128,18 125,54 123,81
Rcmax 120,99 125,24 125,97 125,90 125,74 127,69 131,12 129,46 126,72 125,12
130
4.2.3. Détermination de la combinaison SO3 – MgO optimale
Les résultats obtenus indiquent qu’il y a effectivement une relation entre l’action
minéralisante de SO3 et la teneur en MgO du mélange cru.
� Influence du rapport SO3 / MgO sur la teneur en alite
La teneur en sulfate des mélanges crus diminue au fur et mesure que l’on ajoute de la
dolomie aux crus gypsés. Inversement la teneur en MgO augmente. Jusqu’à une
certaine proportion de dolomie ajoutée, la quantité d’alite dans le clinker augmente, puis
accuse une diminution progressive. (Figure 42)
68
69
69
70
70
71
71
72
72
73
73
74
0 2 4 6 8 10 12 14 16
Dolomie ajoutée (%)
C3S
(%)
Série CG3
Série MG3
Figure 42 : Influence de l’addition de dolomie sur la teneur en alite
Le maximum d’alite est obtenu entre 5 et 7 % et 9 et 11 % respectivement pour les crus
sulfatés CG3 (MC = 99 / MS = 2,5 / MA = 1.5) et MG3 (MC = 102 / MS = 2.5 / MA = 1.2)
Ces additions correspondent à des valeurs du rapport SO3/MgO bien définies : entre
0,6 et 0,8 pour la première série, 0,4 et 0,6 pour la seconde. (Figure 43)
L’influence de SO3 sur la formation de l’alite dépend donc d’une part de la composition
du mélange cru, et d’autre part de la teneur en MgO.
131
Figure 43 : Influence du rapport SO3 / MgO sur la teneur en alite
� Influence du rapport SO3 / MgO sur la teneur en chaux libre
Jusqu’à une certaine proportion, l’addition de dolomie à un mélange cru gypsé peut
renforcer l’action minéralisante du gypse, ce qui se traduit par une diminution de la
quantité de chaux libre dans le clinker.
L’apport optimal nécessaire en dolomie varie en fonction de la composition du mélange
cru, en particulier de ses teneurs en oxydes principaux. (Figure 44)
Série CG3
68,5
69,0
69,5
70,0
70,5
0,1 0,3 0,5 0,7 0,9 1,1 1,3 1,5 1,7 1,9 2,1 2,3 2,5 2,7 2,9
SO3 / MgO
C3S
(%
)
Série MG3
69,5
70,0
70,5
71,0
71,5
72,0
72,5
73,0
73,5
0,1 0,3 0,5 0,7 0,9 1,1 1,3 1,5 1,7 1,9 2,1 2,3 2,5 2,7 2,9
SO3 / MgO
C3S
(%
)
132
1
1,5
2
2,5
3
0 2 4 6 8 10 12 14 16
Dolomie ajoutée (%)
Cha
ux li
bre
(%)
Série CG3
Série MG3
Figure 44 : Influence de l’addition de dolomie sur la teneur en chaux libre
La quantité de dolomie nécessaire à l’obtention du minimum de chaux libre varie
effectivement en fonction des valeurs des modules du mélange cru gypsé. Cette
quantité correspond à une valeur bien déterminée du rapport SO3/MgO. On trouve les
mêmes valeurs que celles correspondant à l’obtention du maximum d’alite : entre 0,6 et
0,8 pour la première série, 0,4 et 0,6 pour la seconde. (Figure 45)
Figure 45 : Influence du rapport SO3 / MgO sur la teneur en chaux libre
Série CG3
1
1,1
1,2
1,3
1,4
1,5
1,6
0,1 0,3 0,5 0,7 0,9 1,1 1,3 1,5 1,7 1,9 2,1 2,3 2,5 2,7 2,9
SO3 / MgO
Cha
ux li
bre
(%)
Série MG3
1,8
2,0
2,2
2,4
2,6
2,8
3,0
0,1 0,3 0,5 0,7 0,9 1,1 1,3 1,5 1,7 1,9 2,1 2,3 2,5 2,7 2,9
SO3 / MgO
Cha
ux li
bre
(%)
133
� Influence du rapport SO3 / MgO sur la résistance mécanique
Les courbes de variations de la résistance mécanique en fonction de la quantité de
dolomie ajoutée et de la valeur du rapport SO3/MgO ont les mêmes allures que celles
obtenues avec C3S (Figure 46 et 47). Ce qui suit une certaine logique puisqu’il y a une
concordance entre ces deux grandeurs.
90
95
100
105
110
115
120
125
130
135
0 2 4 6 8 10 12 14 16
Dolomie ajoutée
Rc2
8 (M
Pa) Série CG3
Série MG3
Figure 46 : Influence de l’addition de dolomie sur la résistance mécanique
A partir d’un cru gypsé, le maximum de résistance est atteint pour une addition de
dolomie en une proportion bien déterminée. Ce qui correspond, pour le mélange obtenu
à une valeur du rapport SO3/MgO bien déterminée :
- entre 0,6 et 0,8 pour CG3 (MC = 99 / MS = 2,5 / MA = 1,5) ;
- entre 0,4 et 0,6 pour MG3 (MC = 102 / MS = 2.5 / MA = 1.2).
On peut donc renforcer la résistance d’un ciment obtenu à partir d’un mélange cru
gypsé, en ajoutant une certaine quantité de dolomie à ce mélange cru, si on ne
dépasse pas une certaine limite.
134
Figure 47 : Influence du rapport SO3 / MgO sur la résistance mécanique
� Détermination du rapport SO3 / MgO optimal
Le choix de la meilleure combinaison SO3 – MgO, définie par le rapport SO3 / MgO,
pour les cas étudiés, est fait en appliquant toujours le principe d’attribution de points. Le
tableau 61 donne les points acquits par chaque farine crue. La figure 48 illustre le mode
de détermination de la combinaison SO3 – MgO optimale.
On définie une valeur optimale du rapport SO3 / MgO pour les deux farines crues
gypsées de départ.
Série CG3
9095
100105110115120125130
0,1 0,3 0,5 0,7 0,9 1,1 1,3 1,5 1,7 1,9 2,1 2,3 2,5 2,7 2,9
SO3 / MgO
Rc2
8 (M
Pa)
Série MG3
118
120
122
124
126
128
130
132
0,1 0,3 0,5 0,7 0,9 1,1 1,3 1,5 1,7 1,9 2,1 2,3 2,5 2,7 2,9
SO3 / MgO
Rc2
8 (M
Pa)
135
Tableau 61 : Points (C3S – CaO libre) – Activation par SO3 et MgO
Série CG3
CRU gd0 gd1 gd2 gd3 gd4 gd5 gd6 gd7 gd8 gd9
Points 67,77 68,02 68,36 68,66 69,13 68,61 68,20 67,87 67,38 67,17
Série MG3
CRU GD0 GD1 GD2 GD3 GD4 GD5 GD6 GD7 GD8 GD9
Points 66,80 67,50 67,87 68,28 68,47 69,30 70,94 70,25 69,26 68,67
Figure 48 : Critères de choix de la valeur du rapport SO3 / MgO
Le maximum de points est attribué à la farine crue gd4 pour la première série, et à GD6
pour l’autre série.
Série CG3
65,0
66,0
67,0
68,0
69,0
70,0
gd0 gd1 gd2 gd3 gd4 gd5 gd6 gd7 gd8 gd9
Farines crues
Poi
nts
Série MG3
646566676869707172
GD0 GD1 GD2 GD3 GD4 GD5 GD6 GD7 GD8 GD9
Farines crues
Poi
nts
136
- gd4 correspond à une addition de dolomie de 6 %, soit à une valeur du
rapport SO3 / MgO de 0,73 dans le mélange cru, pour une combinaison des
valeurs requises MC = 99 / MS = 2,5 / MA = 1,5.
- GD6 correspond à une addition de dolomie de 10 %, soit à une valeur du
rapport SO3 / MgO de 0,48 dans le mélange cru, pour une combinaison des
valeurs requises MC = 102 / MS = 2,5 / MA = 1,2.
Ces résultats montrent que l’action minéralisante optimale de SO3 est toujours liée à
une teneur en MgO bien déterminée de la farine crue. Le rapport SO3 / MgO optimal est
propre à une composition donnée.
A notre avis, les différences trouvées pour la valeur optimale de ce rapport proviennent,
en partie, des influences positives mais compétitives de SO3 et de MgO sur le
processus de formation du clinker dans son ensemble.
Dans notre cas, le cru gd4 nécessite une teneur en SO3 plus forte que GD6 pour
corriger une teneur en alcalis et un module oxydique MA un peu plus élevés. En effet
en présence d’alcalis, SO3 contribue à la diminution de la viscosité de la phase fondue,
en les fixant dans des sulfates alcalins qui, fondus, se mélangent au clinker fondu.
4.2.4. Conclusion
En conclusion, on peut dire que l’influence positive de SO3 peut être renforcée en
combinant son action minéralisante avec celle de MgO. Toutefois, pour chaque farine
crue, il faut déterminer expérimentalement le rapport optimal SO3 / MgO, qui lui est
propre.
En procédant ainsi, on arrive à améliorer d’avantage un mélange cru gypsé déjà riche
en alite et contenant le minimum de chaux libre.
Sur ce point, nos résultats confirment les données de la littérature ; nous nous
contentons d’avancer quelques explications car [8]:
- l’essai pratique de minéralisateurs composés, basé sur le principe selon
lequel s’additionnent les effets minéralisantes spécifiques sur les processus
137
particuliers de la clinkerisation, n’a jusqu’à présent donné aucun résultat
utilisable ;
- Il faut caractériser l’effet minéralisante de ces combinaisons comme une
action complexe affectant le déroulement global de la formation des phases du
clinker.
4.3. Activation par la fluorine
La fluorine a été également choisie pour faire partie des minéralisateurs
d’expérimentation. EIle est parmi les substances qui, en tant que minéralisateur,
présentent une influence très positive. La fluorine est disponible à Madagascar, et le
matériau trouvé est d’assez bonne qualité, se prêtant ainsi à l’utilisation prévue.
4.1.1. Principe
On substitue une partie du mélange cru par de quantités croissantes de fluorine, ce qui
correspond à des apports en CaF2 en proportions déterminées. Le mélange cru à
améliorer est toujours C8, défini par MC = 102 / MS = 2,5 / MA = 1,2.
La composition des farines crues ainsi formées est ensuite corrigée, pour respecter les
valeurs requises. Les ajouts de corrections sont ici une chaux grasse, l’argile et la
latérite.
Les additions de fluorine sont effectuées de telle sorte que l’on ne dépasse pas la
teneur en CaF2 de 3.1% dans le mélange cru [8]. Dans le cas échéant, la composition
est rejetée.
L’influence de l’addition de fluorine est étudiée par la détermination des teneurs en
chaux libre et en alite des clinkers. Ce qui permet de fixer son action minéralisante
optimale. Le choix de la composition optimale est conforté par des essais de
compression effectués sur pâte pure.
4.1.2. Expression des résultats
Le premier tableau donne les compositions des mélanges crus résultant des additions
de fluorine. Les résultas des analyses sont présentés dans les autres tableaux qui
138
suivent : composition chimique des crus et des clinkers ; composition minéralogique des
clinkers, résistance mécanique à 28 jours d’âge.
Tableau 62 : Composition des mélanges crus et teneur en CaF2 (en % pondéral)
CRU CF0 CF1 CF2 CF3 CF4 CF5 CF6 CF7 CF8 CF9 CF10
C8 100,0 99,5 99,0 98,5 98,0 97,5 97,0 96,5 96,0 95,5 95,0
Fluorine 0,0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0 3,5 4,0 4,5 5,0
CaF2 0,00 0,31 0,63 0,93 1,24 1,53 1,82 2,11 2,39 2,66 2,93
Tableau 63 : Composition chimique des mélanges crus en % pondéral (Activation par la fluorine)
RU CF0 CF1 CF2 CF3 CF4 CF5 CF6 CF7 CF8 CF9 CF10
CaO 43,92 44,31 44,11 44,19 44,28 44,36 44,45 44,53 44,61 44,69 44,77
SiO2 13,36 13,33 13,41 13,44 13,47 13,49 13,52 13,54 13,57 13,59 13,62
Al2O3 2,91 2,94 2,93 2,93 2,94 2,94 2,95 2,95 2,96 2,97 2,97
Fe2O3 2,43 2,45 2,44 2,44 2,45 2,45 2,46 2,46 2,47 2,47 2,48
MgO 0,47 0,47 0,47 0,47 0,47 0,47 0,47 0,47 0,47 0,47 0,46
Na2O 0,21 0,21 0,21 0,21 0,20 0,20 0,20 0,20 0,20 0,19 0,19
K20 0,23 0,22 0,22 0,22 0,22 0,21 0,21 0,21 0,21 0,21 0,20
SO3 0,16 0,16 0,16 0,16 0,16 0,16 0,15 0,15 0,15 0,15 0,15
CaF2 0,00 0,31 0,63 0,93 1,24 1,53 1,82 2,11 2,39 2,66 2,93
PF 35,66 34,93 34,76 34,32 33,89 33,47 33,05 32,64 32,24 31,85 31,46
139
Tableau 64 : Composition chimique des clinkers en % pondéral (Activation par la fluorine)
CRU CF0 CF1 CF2 CF3 CF4 CF5 CF6 CF7 CF8 CF9 CF10
CaO 68,27 68,10 67,61 67,29 66,98 66,68 66,39 66,11 65,84 65,57 65,32
SiO2 20,76 20,49 20,56 20,46 20,37 20,28 20,19 20,11 20,02 19,94 19,86
Al2O3 4,53 4,52 4,49 4,46 4,44 4,42 4,41 4,39 4,37 4,35 4,33
Fe2O3 3,78 3,77 3,74 3,72 3,70 3,69 3,67 3,66 3,64 3,63 3,61
MgO 0,74 0,72 0,72 0,72 0,71 0,70 0,70 0,69 0,69 0,68 0,68
Na2O 0,33 0,32 0,32 0,31 0,31 0,30 0,30 0,29 0,29 0,28 0,28
K20 0,35 0,34 0,34 0,33 0,33 0,32 0,32 0,31 0,31 0,30 0,30
SO3 0,26 0,25 0,25 0,24 0,24 0,23 0,23 0,23 0,22 0,22 0,22
CaF2 0,00 0,48 0,96 1,42 1,87 2,30 2,72 3,13 3,52 3,90 4,28
Tableau 65 : Composition minéralogique des clinkers en % pondéral (Activation par la fluorine)
CRU CF0 CF1 CF2 CF3 CF4 CF5 CF6 CF7 CF8 CF9 CF10
C4AF 11,48 11,45 11,36 11,31 11,26 11,21 11,16 11,11 11,07 11,02 10,98
C3A 5,62 5,61 5,57 5,54 5,52 5,49 5,47 5,45 5,42 5,40 5,38
C3S 66,11 68,70 70.01 72,22 74,04 74,25 72,71 70,65 68,73 65,82 64,87
C2S 10,01 7,27 8,15 4,56 2,93 2,52 3,42 4,71 5,92 7,12 8,36
CaO libre 4,40 4,13 3,78 2,6 2,06 1,92 2,21 2,63 3,02 3,41 3,81
Tableau 66 : Résistance à la compression sur pâte pure à 28 jours (en MPa)
(Activation par la fluorine)
CRU CF0 CF1 CF2 CF3 CF4 CF5 CF6 CF7 CF8 CF9 CF10
Rc 93,96 109,00 121,31 128,04 132,48 134,25 129,53 122,32 118,36 111,83 105,88
Rcmin 93,25 108,42 120,74 127,56 131,80 133,51 129,02 121,66 117,62 110,73 104,96
Rcmax 94,71 109,73 122,03 128,72 133,14 134,72 130,87 123,14 120,02 112,47 106,42
140
4.1.3. Détermination de la teneur optimale en CaF2 Les critères qui servent à la détermination de la teneur optimale en CaF2 sont les
mêmes que pour les autres modes d’activation expérimentés auparavant : teneur
maximale pour C3S et minimale pour la chaux libre, et attribution de points.
Les résultats obtenus confirment, dans l’ensemble, l’influence très positive des
additions de fluorine sur les mélanges crus, évoquée par la littérature technique.
On note effectivement :
- une nette diminution de la quantité de chaux libre dans le clinker ;
- des teneurs élevées en alite ;
- des résistances mécaniques très élevées pour certaines compositions du
mélange cru.
A partir d’un bon mélange cru, nous allons voir les effets d’addition croissante de
fluorine sur les caractéristiques des produits de cuisson.
� Influence de l’addition de fluorine sur la teneur en alite
La figure 49 illustre les effets de l’addition de fluorine au mélange cru, sur la teneur en
alite des clinkers.
64
66
68
70
72
74
76
0 1 2 3 4 5 6
Fluorine (%)
C3S
(%
)
Figure 49 : Evolution de la teneur en alite en fonction de la quantité de fluorine ajoutée
On assiste, jusqu’à une quantité de fluorine ajoutée d’environ 2,5 %, à une
augmentation de la proportion d’alite dans le clinker.
141
Pour des proportions plus élevées, l’influence positive de CaF2 sur le processus de
formation de l’alite diminue. Cette diminution est de plus en plus accentuée; elle est
telle qu’à partir d’une teneur d’environ 4,5 % de fluorine l’effet attendu est inversé (le cru
donne un clinker moins riche en alite que celui de départ).
L’activation optimale est obtenue pour une addition de fluorine comprise entre 2 et
2.5 %. Ce qui correspond à une teneur en CaF2 comprise entre 1,2 et 1,5 % dans le
mélange cru.
En ajoutant de la fluorine au mélange cru, de sorte que sa teneur en CaF2 atteigne
1,5 %, on obtient un clinker dont la teneur en C3S peut atteindre plus de 70 %.
� Influence de l’addition de fluorine sur la teneur en chaux libre
La figure 50 montre, en fonction de la proportion de fluorine ajoutée, l’évolution de la
teneur en chaux libre des clinkers.
1,0
1,5
2,0
2,5
3,0
3,5
4,0
4,5
5,0
0 1 2 3 4 5 6
Fluorine (%)
Cha
ux li
bre
(%)
Figure 50 : Evolution de la teneur en chaux libre en
fonction de la quantité de fluorine ajoutée
On note une amélioration progressive de la combinaison de la chaux, qui se traduit par
une diminution de la chaux libre, jusqu’à une quantité ajoutée de gypse d’environ 2.5 %.
Au-delà de cette valeur, l’effet minéralisateur de la fluorine diminue : la quantité de
chaux libre recommence à augmenter. Cette augmentation est une fonction quasi
linéaire de la quantité de fluorine ajoutée.
142
Le minimum de chaux libre est atteint pour une addition de fluorine de 2,5 % au
mélange cru, ce qui correspond à une teneur optimale en CaF2 d’environ 1,5 %. Ce
minimum est de 1,92 %, ce qui est conforme aux normes prescrites.
� Influence de l’addition de fluorine sur la résistance mécanique
L’influence de l’addition de fluorine au mélange cru, sur la résistance mécanique, est
illustrée par la figure 51.
80
90
100
110
120
130
140
150
0 1 2 3 4 5 6
Fluorine (%)
Rc2
8 (M
Pa)
Figure 51 : Evolution de la résistance à la compression en fonction de la quantité de fluorine ajoutée (essais sur pâte pure)
Le maximum de résistance est obtenu pour une addition de fluorine comprise entre
2 et 3 %. Ce qui correspond à une teneur en CaF2 optimale de 1,2 à 1,8 % dans le
mélange cru.
A partir de 3 % de Fluorine ajouté (environ 1,8 % en CaF2), on assiste à une diminution
assez brusque de la résistance mécanique. Ceci veut dire que l’on n’a pas intérêt à
utiliser une quantité excessive de fluorine comme minéralisateur, au risque de voir
l’effet attendu s’inverser.
143
� Choix de la teneur optimale en CaF2
La détermination de la teneur optimale est faite en appliquant le principe d’attribution de
points, comme pour le cas du gypse. Le tableau 68 donne le total de points attribués à
chaque farine crue. La figure 52 illustre le choix de la teneur optimale en CaF2.
Tableau 67 : Points (C3S – CaO libre) pour les crus activés par la fluorine
CRU CF0 CF1 CF2 CF3 CF4 CF5 CF6 CF7 CF8 CF9 CF10
Points 61,71 64,57 65,23 69,62 71,98 72,33 70,50 68,02 65,71 63,41 61,06
545658
6062646668
707274
CF0 CF1 CF2 CF3 CF4 CF5 CF6 CF7 CF8 CF9 CF10
Farines crues
Poi
nts
Figure 52 : Choix de la teneur optimale en CaF2
Le maximum de points est attribué à CF5. Cette farine crue correspond à une addition
de fluorine de 2,5 %, soit une teneur équivalente optimale de 1,53 % en CaF2.
D’après ces résultats, on peut conclure que l’action minéralisante optimale est obtenue
avec une teneur en CaF2 d’environ 1,5% dans le mélange cru. Ce qui correspond à une
addition de fluorine d’environ 2,5 %.
144
Ainsi, de cette étude d’activation par la fluorine, on peut tirer les conclusions suivantes :
- La fluorine se prête bien au rôle de minéralisateur pour améliorer les qualités
d’un clinker.
- L’action minéralisante optimale est obtenue pour environ 2.5 % de fluorine, ce
qui correspond à une teneur optimale en CaF2 équivalente d’environ 1,5 % dans
le mélange cru.
- Pour une farine crue définie par la combinaison de valeurs requises
MC = 102 / MS = 2,5 / MA = 1,2, on arrive à obtenir des teneurs élevées en alite
(jusqu’à 74 %) dans le clinker, et ceci avec un taux de chaux libre qui est dans
les normes (< 2 %).
- Nos résultats sont en bonne concordance avec les données de la littérature
technique [1] [8] [22] qui autorisent des additions en fluorine allant de 0,5 à 3 %.
On note toutefois une certaine divergence sur les teneurs en CaF2 les plus
favorables : entre 1.2 et 1.5 % dans notre cas, contre 0.9 et 2 % pour certains
auteurs [1], ou 0.5 et 1.5 % pour d’autres [70]. Cette différence, à notre avis, est
due en partie à la différence de la composition de la farine crue de départ, et en
particulier de ses modules.
Le meilleur clinker (CF5) fera l’objet d’essais d’amélioration par d’autres méthodes
d’activation, et servira à la fabrication de ciments à haute résistance.
4.4. Conclusion
Dans cette étude, nous avons essayé de voir l’influence des minéralisateurs sur les
processus d’obtention de clinkers riches en alite et à faible teneur en chaux libre.
L’obtention d’une action minéralisante optimale dépend d’une part de la composition de
la farine crue, et d’autre part de la nature du minéralisateur.
145
Une addition de 2,5 % de gypse, soit une teneur en SO3 de 1,2 % dans la farine crue,
permet d’obtenir :
- avec une composition du cru définie par MC = 99 / MS = 2.5 / MA = 1.5, un
clinker assez riche en alite (69,34 %) et avec une teneur en chaux libre de
1,57 % ;
- avec une composition du cru définie par MC = 102 / MS = 2.5 / MA = 1.2,
une teneur en alite de près de 70 %, mais avec des proportions de chaux libre
plus élevées (2,90 %).
Ces résultats peuvent être améliorés davantage en cherchant, pour chaque
composition, la quantité de MgO qui, associée à SO3, donnerait le maximum d’effet
positif sur les processus de formation du clinker. En effet, il a été constaté qu’une action
minéralisante optimale de SO3 correspond à une valeur bien déterminée du rapport
SO3/MgO :
- Pour MC = 99 / MS = 2.5 / MA = 1.5, on arrive à obtenir des teneurs en
alite et en chaux libre respectivement égales à 70,19 % et 1,06 %, avec
SO3/MgO = 0,73.
- Pour MC = 102 / MS = 2.5 / MA = 1.2, avec SO3/MgO = 0,47, on obtient un
clinker très riche en alite (72,90 %) avec une teneur en chaux libre qui
respecte les normes (1,96 %).
Pour la même farine crue, définie par MC = 102 / MS = 2.5 / MA = 1.2, la teneur
optimale en CaF2 est de 1,5 %. Cette teneur a permis d’obtenir un clinker encore plus
riche en alite (plus de 74 %) et contenant encore moins de chaux libre (1,92 %).
Ces résultats montrent une efficacité relative plus grande de la fluorine comme
minéralisateur, par rapport au gypse, utilisé seul ou en combinaison avec MgO. Ceci
peut s’expliquer, entre autres, par la place du fluor dans le tableau périodique et son
électronégativité plus grande [26].
146
5. ESSAI D’ACTIVATION THERMIQUE
5.1. Principe
Selon le procédé de cuisson, on porte la farine crue à la température maximale de
cuisson, à des vitesses de chauffe différentes. La matière reste à la température
maximale, à laquelle se passe la réaction de clinkerisation, pendant un temps
déterminé, fonction des capacités de l’installation, de la composition de la matière à
cuire et d’autres paramètres technologiques de fabrication.
Les réactions à l’état solide, en deça de la température de cuisson (1400 – 1450 °C),
déterminent, de façon décisive, la capacité de réaction des produits, en particulier celle
de C2S et de CaO. Ils se dissolvent d’autant mieux dans la phase fondue qu’ils sont
plus finement divisés et que leur réseau est perturbé. Pour cette raison, la vitesse de
chauffage de la matière à cuire, dans le domaine des réactions à l’état solide, constitue
une variable importante pour réduire au minimum le temps de réaction. Plus la montée
en température est rapide, plus les cristaux néoformés dans le domaine des réactions à
l’état solide sont fins et leurs réseaux cristallin perturbés et plus ils sont réactifs.
Dans notre cas, nous allons faire subir à une farine crue de bonne composition un
traitement thermique qui diffère de celui adopté par la vitesse de chauffage jusqu’à la
température de maintien isotherme.
La farine crue choisie est toujours C8, caractérisée par la combinaison de valeurs
requises : MC = 102 / MS = 2,5 / MA = 1,2. Cette farine crue, avec un traitement
thermique proche des conditions industrielles, a permis l’obtention d’un clinker assez
riche en alite (plus de 66 %), mais dont la teneur en chaux libre (≈ 4,5 %) dépasse
largement la limite permise de 2 %. Elle a en outre conduit à d’excellents résultats, avec
d’autres méthodes d’activation.
Tous les autres paramètres techniques de fabrication restant inchangés, le mélange cru
est porté à la température de clinkerisation aussi rapidement que possible. L’idéal serait
d’introduire directement la matière à cuire dans un four préchauffé à 1400 °C. Toutefois,
pour éviter que les granules ne cassent, par suite d’un choc thermique, nous avons
adopté le mode d’activation thermique décrit ci-dessous.
147
La méthode d’activation préconise l’utilisation de quatre fours :
⇒⇒⇒⇒ Un four de préchauffage à 500 °C ;
⇒⇒⇒⇒ Deux fours pour la montée en température :
- le premier chauffé à 900 °C,
- le second à 1200 °C ;
⇒⇒⇒⇒ Un four pour le maintien isotherme à 1400 °C.
La farine crue sortie du four de préchauffage à 500 °C est introduite successivement
dans les deux fours de montée en température puis dans celui réservé à la réaction de
clinkerisation.
Le séjour dans les fours de montée en température ne dure que le temps nécessaire à
l’homogénéisation de la température au niveau de l’ensemble de la matière à cuire et
surtout au niveau de chaque granule. Ce temps de séjour, pour chaque four, est évalué
expérimentalement à 2 mn.
La durée du maintien isotherme est variée, pour mieux apprécier l’influence de
l’activation thermique sur la réaction de formation du principal constituant du clinker,
l’alite.
Les produits de cuisson sont toujours évalués par leurs teneurs en alite et en chaux
libre, ainsi que par des essais de compression.
5.2. Expression des résultats et interprétation
Les résultats des essais expérimentaux sont groupés dans le tableau 68. L’activation
thermique correspond à une vitesse de chauffe d’environ 300 °C/mn.
Tableau 68 : Résultats de l’essai d’activation thermique (∆T/∆t ≈ 300 °C/mn)
t (mn) 4 8 12 16 20 24 28 32
C3S (%) 51,54 60,69 69,53 74,98 77,02 77,54 77,87 78,07
CaO libre (%) 7,98 5,73 3,56 2,22 1,72 1,59 1,51 1,46
y (%) 88,31 91,61 94,79 96,75 97,48 97,67 97,79 97,86
Rc28 (Mpa) 73,53 96,62 120,88 133,79 138,21 139,51 140,05 140,86
148
Par ce mode de montée en température, on dépasse les résultats obtenus avec le
chronogramme de traitement thermique standard adopté auparavant, en seulement
12 minutes.
Pour des durées de cuisson supérieures à 16 mn, on obtient des résultats très
intéressants :
- des teneurs en alite de 75 à 78 % (Figure 53);
- des teneurs en chaux libre qui respectent les normes (2 à 1,5 %)
correspondant à un degré de combinaison très élevé (97 à 98 %)
(Figures 54 et 55) ;
- des résistances mécaniques très élevées (Figure 56).
50
55
60
65
70
75
80
0 4 8 12 16 20 24 28 32 36
Temps de séjour (mn)
C3 S
(%
)
Figure 53 : Evolution de la teneur en alite en fonction de la
durée de cuisson (activation thermique)
149
0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
0 4 8 12 16 20 24 28 32 36
Temps de séjour (mn)
Cha
ux li
bre
(%)
Figure 54 : Evolution de la teneur en chaux libre en fonction de la durée de cuisson
86
88
90
92
94
96
98
100
0 4 8 12 16 20 24 28 32 36
Temps de séjour (mn)
Deg
ré d
e co
mbi
nais
on y
(%
)
Figure 55 : Evolution du degré de combinaison de la chaux en fonction de la durée de cuisson
60
70
80
90
100
110
120
130
140
150
0 4 8 12 16 20 24 28 32 36
Temps de séjour (mn)
Rc2
8 (M
Pa)
Figure 56 : Evolution du degré de combinaison de la chaux
en fonction de la durée de cuisson
150
Une activation thermique adéquate permettrait donc, à partir d’un bon mélange cru,
l’obtention d’un clinker pour ciments à haute résistance dont la teneur en chaux libre
serait conforme aux normes. Malheureusement, les procédés actuels de cuisson ne
permettent pas de recourir de façon optimale à l’activation thermique.
Pour pouvoir intensifier le processus de cuisson, par activation thermique, il faudrait
trouver d’autres procédés de cuisson qui permettrait de porter très rapidement la
matière à cuire à la température de clinkerisation.
6. ESSAI D’ACTIVATION MECANIQUE
6.1. Principe On entend par activation mécanique, le broyage intensif des matières solides qui
induisent des modifications physiques importantes.
L’augmentation de la vitesse de réaction, suite à une activation mécanique, résulte non
seulement des modifications de réseau des éléments en réaction, mais également des
dimensions plus réduites des grains et de la meilleure homogénéité de la farine crue.
Dans notre cas, on fait subir au mélange cru C8, prêt pour la cuisson, un broyage plus
intensif dans un broyeur centrifuge à billes. Plus la durée du broyage dB est longue, plus
l’échantillon est activée mécaniquement.
Deux traitements thermiques différents sont ensuite appliqués à un même mélange cru
activé :
- une partie du mélange subit le traitement thermique standard (TT1) ;
- l’autre partie est soumise à une activation thermique (TT2).
L’efficacité du traitement est évaluée par la détermination, pour chaque durée de
broyage :
- de la teneur en chaux libre du clinker pour un temps de réaction constant
(30 mn pour TT1 et 16 mn pour TT2) ;
151
- du temps de réaction nécessaire à l’obtention d’une teneur en chaux libre
d’environ 2 %.
Des essais mécaniques de compression simple conforteront les résultats obtenus.
6.2. Expression des résultats et interprétation Les résultats des essais expérimentaux sont groupés dans les tableaux 69, 70 et 71.
Tableau 69 : Teneur en chaux libre en fonction du temps de broyage (en % pondéral)
dB (min) 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
TT1 4,40 4,23 4,02 3,77 3,52 3,25 2,85 2,45 2,06 1,66
TT2 2,22 2,16 2,09 2,01 1,91 1,78 1,68 1,53 1,36 1,21
Tableau 70 : Temps de séjour en minutes (pour avoir CaO libre ≈ 2 %) en fonction du temps de broyage
dB (min) 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
TT1 66 64 62 60 57 54 49 42 33 24
TT2 20 19 17,5 16 14,5 13 11 9 7 5
Tableau 71 : Résistance à la compression à 28 jours en MPa en fonction du temps de broyage (essai sur pâte pure)
dB (min) 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90
TT1 93,96 96,21 99,05 102,95 106,12 110,06 114,94 121,12 130,65 139,20
TT2 133,79 134,63 135,26 136,02 136,88 137,70 138,72 139,97 142,01 144,21
152
On remarque tout de suite que les effets de l’activation mécanique varient selon le
traitement thermique appliqué à la farine crue, plus précisément de la vitesse à laquelle
on la porte jusqu’à la température du maintien isotherme :
- Pour une vitesse de chauffage lente, correspondant au traitement
thermique standard, les 30 minutes de maintien isotherme à la température de
cuisson, ne permettent d’obtenir des teneurs en chaux libre ≤ 2 % qu’avec une
activation mécanique très poussée (dB > 80 mn). Par contre, avec une montée
rapide en température (TT2), les 16 minutes de cuisson suffisent pour obtenir
un clinker dont la teneur en chaux libre est inférieure à 2 %, par suite d’une
durée de broyage ≥ 30 mn. (Figure 57)
- L’influence de l’activation mécanique n’est que faiblement perceptible
lorsqu‘on applique le traitement thermique standard. Par contre une activation
mécanique couplée à une activation thermique permet d’obtenir des résultats
très intéressants. Ce fait est illustré par les figures 58 et 59 : le temps de
réaction nécessaire est réduit de 4 à 5 fois par l’influence combinée d’un
broyage intensif et d’une montée rapide en température.
1,0
1,5
2,0
2,5
3,0
3,5
4,0
4,5
5,0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Durée de broyage (mn)
Cha
ux li
bre
(%)
TT1
TT2
Figure 57 : Evolution de la teneur en chaux libre en fonction de la durée du broyage
153
0
10
20
30
40
50
60
70
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Durée de broyage (mn)
Tem
ps d
e sé
jour
(m
n)
TT1
TT2
Figure 58 : Evolution du temps de séjour en fonction de la durée du broyage
80
90
100
110
120
130
140
150
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Durée de broyage (mn)
Rc2
8 (M
Pa)
TT1
TT2
Figure 59 : Evolution de la résistance mécanique en fonction de la durée du broyage
De cette étude, on peut conclure que les effets d’une activation mécanique sur la
vitesse de formation des constituants du clinker dépendent du gradient d’échauffement.
L’état actif provoqué mécaniquement se dégrade d’autant plus fortement que la vitesse
de chauffe devient plus faible.
Etant donné la technologie actuelle de cuisson, un broyage intensif du mélange cru ne
présente aucun intérêt car, en raison du faible gradient d’échauffement, il est fortement
désactivé quand il atteint la température maximale de cuisson, suite à un
154
rétablissement de l’ordre dans le réseau et à une recristallisation des éléments
néoformés.
7. CONCLUSION Dans ce chapitre, nous avons expérimenté les différentes méthodes qui, à partir d’un
mélange cru, permettent d’obtenir un clinker riche en alite et contenant le minimum de
chaux libre.
Dans une première étape, nous avons fixé les paramètres technologiques et les
conditions techniques de fabrication. Ces paramètres ont été choisis aussi voisins que
possible de ceux appliqués en exploitation industrielle.
Une bonne composition de la farine crue est la première condition d’obtention de bons
clinkers. Nous avons alors déterminé les meilleurs compositions du mélange cru. Deux
compositions intéressantes on été retenues pour la suite de l’étude :
- Une farine crue normale qui a permis d’obtenir le minimum de chaux libre,
définie par la combinaison des valeurs requises MC = 99 / MS = 2 / MA = 1.5.
- Un autre mélange cru, sursaturé en chaux, qui présente la plus grande
potentialité pour produire davantage d’alite par l’application d’autres
traitements. Cette farine crue est définie par la combinaison des valeurs
requises MC = 102 / MS = 2.5 / MA = 1.2.
Nous avons ensuite essayé d’améliorer la composition des mélanges crus en
expérimentant diverses méthodes d’activation : chimique, thermique et mécanique.
En ce qui concerne l’activation chimique, en choisissant le gypse et la fluorine comme
minéralisateurs, les résultats ont montré une efficacité relative plus grande de la fluorine
comme minéralisateur, par rapport au gypse.
De plus, il a été constaté qu’une action minéralisante optimale de SO3 correspond à une
valeur bien déterminée du rapport SO3/MgO :
155
- Pour MC = 99 / MS = 2.5 / MA = 1.5, on arrive à obtenir des teneurs en
alite et en chaux libre respectivement égales à 70,19 % et 1,06 %, avec
SO3/MgO = 0,73.
- Pour MC = 102 / MS = 2.5 / MA = 1.2, avec SO3/MgO = 0,47, on obtient un
clinker très riche en alite (72,90 %) avec une teneur en chaux libre qui
respecte les normes (1,96 %).
Pour la même farine crue, définie par MC = 102 / MS = 2.5 / MA = 1.2, l’action
minéralisante optimale est obtenue avec une addition de fluorine d’environ 2.5 % de
fluorine, ce qui correspond à une teneur optimale en CaF2 équivalente d’environ 1,5 %
dans le mélange cru.
Une activation thermique adéquate permettrait, à partir d’un bon mélange cru,
l’obtention d’un clinker pour ciments à haute résistance dont la teneur en chaux libre
serait conforme aux normes. Malheureusement, les procédés actuels de cuisson ne
permettent pas de recourir de façon optimale à l’activation thermique.
Enfin, il a aussi été constaté que les effets d’une activation mécanique sur la vitesse de
formation des constituants du clinker dépendent du gradient d’échauffement.
L’état actif provoqué mécaniquement se dégrade d’autant plus fortement que la vitesse
de chauffe devient plus faible.
Etant donné la technologie actuelle de cuisson, un broyage intensif du mélange cru ne
présente aucun intérêt car, en raison du faible gradient d’échauffement, il est fortement
désactivé quand il atteint la température maximale de cuisson, suite à un
rétablissement de l’ordre dans le réseau et à une recristallisation des éléments
néoformés.
Les meilleurs clinkers serviront à la fabrication de ciments à haute résistance qui
respectent les normes en vigueur.
156
CChhaappii tt rree 0055 :: EELLAABBOORRAATTIIOONN DDEE CCIIMMEENNTTSS AA HHAAUUTTEE RREESSIISSTTAANNCCEE
1. PRESENTATION DE L’ETUDE
Dans le chapitre précédent, en optimisant les paramètres de fabrication, nous avons pu
obtenir des clinkers riches en alite et avec le minimum de chaux libre. Les meilleurs de
ces clinkers vont servir à l’élaboration de ciments à haute résistance.
Pour fabriquer un ciment du type Portland, on ajoute du gypse au clinker pour
régulariser la prise. En effet, additionné au clinker, le gypse retarde le phénomène de
prise. Cette propriété est mise à profit pour permettre la mise en œuvre des mortiers et
bétons. L’addition se fait pendant l’opération de broyage. Ce cobroyage constitue
l’étape principale de la fabrication du ciment, à partir d’un clinker.
Nous avons confectionné trois ciments, à partir de trois clinkers les plus intéressants :
- CM1 avec le clinker gd4 caractérisé par la combinaison des valeurs
requises MC = 99 / MS = 2,5 / MA = 1,5, et un rapport SO3 / MgO de 0,73
dans le mélange cru. C’est le clinker qui présente le minimum de chaux libre.
- CM2 avec le clinker GD6 :c’est le meilleur des clinkers résultants d’une
action minéralisante combinée de SO3 et de MgO. Il est caractérisé par un
rapport SO3 / MgO de 0,48 dans le mélange cru et une combinaison des
valeurs requises MC = 102 / MS = 2,5 / MA = 1,2.
- CM3 avec le clinker CF5 qui correspond à une farine crue additionnée de
2,5 % de fluorine, soit une teneur équivalente optimale de 1,53 % en CaF2, et
à une combinaison des valeurs requises MC = 102 / MS = 2,5 / MA = 1,2.
C’est le meilleur clinker du point de vue teneur en alite.
Le gypse utilisé comme régulateur de prise, est celui qui nous a servi pour l’activation
chimique.
157
L’évaluation et le contrôle des ciments fabriqués se feront par comparaison de leurs
caractéristiques aux valeurs admises par les normes et à celles d’un CPA 45 témoin.
2. FABRICATION DES CIMENTS
3.1. Principe Les clinkers sont broyés avec du gypse dans un broyeur à boulets pendant un temps
déterminé.
Pour nous rapprocher des conditions d’exploitation industrielle, la durée de broyage est
fixée de telle sorte que, pour chaque ciment, la finesse de mouture correspond à une
surface spécifique comprise entre 4000 et 4700 cm2/g, pour un passant cumulé de 100
% au tamis de 120 µ.
La quantité de gypse est calculée de façon à avoir une teneur en SO3 égale à 3 % dans
le ciment (inférieure à la limite autorisée de 4 % pour les ciments Portland de classe 45
et plus).
3.2. Composition des ciments Le calcul de la composition des ciments est basé sur le procédé par équations de
détermination et de concordance de phase : le clinker et le gypse présentent des écarts
par rapport à la teneur en SO3 de 3 % visée, ces écarts sont nuls pour le mélange
considéré. Les compositions des ciments sont données dans le tableau 72.
Tableau 72 : Composition des ciments (en % pondéral)
Ciment CM1 CM2 CM3
Clinker 96,84 96,87 93,33
Gypse 3,16 3,13 6,67
Nous remarquons que CM1 et CM2 nécessitent moins de gypse par rapport à CM3. Ce
qui est normal, car ce sont des ciments fabriqués à partir de mélanges crus gypsés.
158
3. CARACTERISATION ET CONTROLE 3.1. Caractéristiques physiques Les résultats de la caractérisation physique des ciments sont présentés dans les
tableaux 73 et 74. Le premier tableau donne les caractéristiques de la poudre, le
second celles mesurées sur pâte pure ou mortier normal.
Tableau 73 : Caractéristiques de la poudre
ρ (T/m3) γ (T/m3) SSB (g/cm2)
CM1 1,04 3,15 4652
CM2 1,07 3,03 4523
CM3 1,02 3,14 4684
CPA 45 0,98 3,01 4421
� Les valeurs des densités sont celles de ciments Portland, que ce soit pour la masse
volumique ou pour le poids spécifique. Toutefois, on peut remarquer que ce sont les
ciments les plus fins qui ont le plus faible poids au litre. Ceci s’explique par une
augmentation du volume total des vides entre les grains plus finement divisés.
Les différences, quoique faibles, enregistrées pour le poids spécifique γ peuvent
provenir, d’une part d’une teneur plus ou moins élevée en alite, et d’autre part de la
nature de la masse interstitielle. Un clinker bien cuit présente une masse interstitielle
homogène et compacte.
Tableau 74 : Caractéristiques mesurées sur pâte ou mortier normal
CM1 CM2 CM3 CPA 45
Début de prise (mn) 114 128 117 98
Expansion à 100° C (mm) 8,4 8,5 3,5 3,2
Retrait mm/m 8,18 7,84 9,52 6,28
Volume poreux (cm3/g) 0,084 0,080 0,131 0,068
Facteur de porosité (%) 15,9 15,4 21,3 14,0
159
� La vitesse de prise de nos ciments n’est pas particulièrement élevée. Elle correspond
néanmoins à celle des ciments Portland de classe 55 ou plus. C’est le CPA 45 témoin
qui manifeste la prise la plus rapide. A notre avis, c’est dû à sa teneur la plus élevée en
C3A. En effet, lors de l’hydratation d’un ciment, parmi les constituants du clinker, c’est
C3A qui constitue la principale source des résistances aux très jeunes ages, par
formation de sulfoaluminates. A teneur en C3A égale c’est la finesse de mouture qui
conditionne la vitesse de prise.
� La forte expansion à chaud enregistrée pour CM1 et CM2 est due en partie à une
forte teneur en MgO, qui manifeste une augmentation de volume en s’hydratant.
� Le retrait, comme la porosité est liée à la surface spécifique, à cause d’une demande
en eau de gâchage plus importante pour les matériaux plus finement broyés.
3.2. Analyse chimique Les résultats des analyses chimiques de nos ciments sont présentés dans le
tableau 75.
Tableau 75 : Composition chimique des ciments (en % pondéral)
Ciment CM1 CM2 CM3
CaO 64,57 64,63 64,25
SiO2 19,92 18,93 19,26
Al2O3 4,76 4,84 4,18
Fe2O3 3,17 3,86 3,46
MgO 2,32 2,34 0,68
Na2O 0,31 0,29 0,28
K20 0,35 0,31 0,30
SO3 3,00 3,00 3,00
CaF2 - - 2,15
PF 0,64 0,64 1,35
160
De l’examen de ces résultats, on peut noter les teneurs assez élevées en MgO, déjà
signalées plus haut, pour CM1 et CM2. En effet pour des ciments normaux, ces teneurs
ne respectent pas les normes. Des teneurs en MgO > 2 % sont inadmissibles à cause
des risques d’expansion tardive qui endommagerait le béton et/ou le mortier durci.
Dans notre cas, ce phénomène est évité par la présence de sulfates. Ce qui a d’ailleurs
été vérifié par une expansion à l’autoclave qui reste conforme aux normes (< 10 mm).
3.3. Analyse minéralogique 3.3.1. Calcul de la composition minéralogique potentiel par la formule de Bogue Sur la base de la composition chimique élémentaire, la teneur en chaux libre et les
valeurs des modules du ciment, on peut en déduire sa composition minéralogique
potentielle en utilisant la formule de Bogue (cf. Première partie).
En appliquant la formule adéquate pour chaque ciment, on a obtenu les résultas qui
sont présentés dans le tableau 76.
Tableau 75 : Composition minéralogique des ciments (en % pondéral)
Ciment CM1 CM2 CM3
C4AF 9,61 10,70 10,46
C3A 7,22 5,24 5,13
C3S 67,97 70,61 69,29
C2S 5,73 2,60 2,35
CaO libre 1,03 1,90 1,79
Nous remarquons une diminution de la teneur en alite de CM3, qui est fabriqué avec le
clinker le plus riche en C3S, par rapport à CM2. Ceci est dû à une addition plus
importante de gypse pour atteindre la proportion de 3 % de SO3 visée. Nous pensons
toutefois que cela n’affectera en rien les performances du ciment, car en premier lieu,
ses qualités découlent de celles du son clinker.
161
3.3.2. Détermination qualitative des constituants des ciments Des analyses par diffraction des rayons X ont été effectuées sur les ciments anhydres,
ainsi que sur leurs produits d’hydratation à 28 jours (Figures 60, 61 et 62). Les
diffractogrammes X des produits anhydres signalent l’existence des constituants
habituels des ciments Portland : C3S, C2S, C3A, C4AF et le gypse. En plus, d’autres
éléments en état de trace s’y trouvent (la chaux, le calcite).
L’intensité des raies caractéristiques de chaque constituant, confirme les résultats
trouvés en utilisant la formule de Bogue :
- CM3 est le plus riche en alite (raies de C3S les plus intenses),
- CM1 a la plus faible teneur en chaux libre.
3.4. Identification des produits d’hydratation L’identification des phases présentes dans les pâtes de ciments durcies a été faite par
diffraction des rayons X (Figures 60, 61, 62 et 63), par spectrométrie IR (Figure 64) et
par analyse thermique différentielle (Figure 65). Des observations au microscope
électronique à balayage viennent conforter les résultats de l’analyse minéralogique et
renseigne sur la morphologie des produits d’hydratation.
Les raies caractéristiques des produits d’hydratation émergent difficilement des
diffractogrammes X. On arrive toute fois à déceler la présence de l’éttringite, de la
portlandite et de CSH. Sur ces diffractogrammes à 28 jours, on a encore les raies
caractéristiques des constituants des ciments anhydres (C3S, C2S, C3A et C4AF). De
toute évidence, l’hydratation, pour tous les ciments, ne s’est pas totalement effectuée à
cette échéance. On peut évaluer le degré d’avancement des réactions d’hydratation par
l’importance des raies caractéristique de la portlandite, qui sont les seules à pouvoir
être clairement observées sur les spectres X trop diffus.
Les spectres infrarouges des quatre ciments analysés présentent des similitudes au
niveau des liaisons ioniques. Les bandes d’absorption à 3450 et 1635 cm−1
correspondent à l’eau d’hydratation. La présence d’ions SO42- est confirmée par un
léger décrochement vers 1150 cm-1.
162
Les bandes très marquées à 790 et 925 cm-1 sont attribuées respectivement aux
liaisons Si-O-Al (IV) et Si-O.
Les courbes d’ATD des produits d’hydratation donnent encore plus d’informations. Les
pics qui apparaissent sur ces courbes sont les mêmes pour tous les échantillons, seule
leur intensité varie (Figure 65).
Le pic endothermique à 130 °C peut correspondre à l a fois au CSH et à l’éttringite ; le
léger décrochement, qui se traduit dans certains cas par un dédoublement, signifie la
présence simultanée des deux phases. L’existence de ces deux constituants ne fait pas
de doute, la DRX l’a confirmé et il en est de même avec l’observation au MEB (photos
02-04 et 03-05).
Un léger épaulement qui se passe vers 265 °C tradui t très certainement la présence de
C4AH13. Cette phase a été identifiée d’une façon formelle au microscope électronique à
balayage (photo 06).
Le pic à 540 °C est attribuable à la chaux libérée lors de l’hydratation des ciments, ou
portlandite.
Enfin le pic endothermique vers 840 °C correspond à la décomposition du carbonate de
calcium contenu dans le ciment ou formé par carbonatation de la portlandite libérée.
Compte tenu de toutes ces remarques, on peut conclure que la phase hydratée
principale de nos ciments est le silicate de calcium hydraté CSH.
163
Figure 60 : Diffractogrammes X de CM3 anhydre et de son produit d’hydratation à 28 jours
164
Figure 61 : Diffractogrammes X de CM2 anhydre et de son produit d’hydratation à 28 jours
165
Figure 62 : Diffractogrammes X de CM1 anhydre et de son produit d’hydratation à 28 jours
166
Figure 63 : Diffractogrammes X de CPA 45 anhydre et de son produit d’hydratation à 28 jours
167
Figure 64 : Spectres IR des produits d’hydratation à 28 jours
Figure 65 : Courbes d’ATD des produits d’hydratation à 28 jours
168
PHOTO 01 : Vue générale – petits hydrates ( x 1000 )
PHOTO 02 : Ettringite ( x 10 000)
169
PHOTO 03 : CSH ( x 4 500)
PHOTO 04 : Ettringite ( x 10 000)
170
PHOTO 05 : CSH ( x 10 000)
PHOTO 06 : C4AH13 ( x 6 000)
171
3.5. Performances mécaniques – Classe de résistance . Afin de déterminer la classe de résistance de nos ciments et les comparer au CPA 45
Moraingy témoin, des essais de rupture en traction par flexion et en compression simple
ont été effectués sur des mortiers normaux à base des trois ciments, conformément à la
norme NF EN 196 – 1 (ou l’ancienne norme NF P 15 451).
La confection et le coulage des éprouvettes de mortier normal ont été exécutés
conformément aux prescriptions de la norme AFNOR NF P 15 403.
Le sable utilisé pour ces essais normalisés, est un sable spécial, lui-même normalisé,
dénommé sable normal.
La constitution du mélange de mortier normal est la suivante (proportions massiques) :
- Liant : ¼ ;
- Sable normal : ¾ ;
- Eau de gâchage : eau de consistance normale, qui correspond à un rapport
Eau/Solide : ⅛.
Ce qui nécessite pour la confection de trois éprouvettes prismatiques 4 x 4 x 16 cm :
1350g de sable normal, 450 g de ciment et 225 g d’eau.
Les essais de rupture ont été effectués à des échéances de 2, 7 et 28 jours suivant les
prescriptions de la norme NF EN 196 – 1. D’autres essais à plus longs termes ont aussi
été réalisés pour vérifier la stabilité et la durabilité de nos ciments (64, 90 et 360 jours).
Les résultats obtenus sont regroupés dans les tableaux 76 et 77.
La valeur retenue pour la résistance est :
- la moyenne des résultats obtenus sur trois éprouvettes d’essais, pour la
résistance à la traction par flexion ;
- la moyenne obtenue avec les six demi éprouvettes provenant des essais
de traction, pour la résistance à la compression.
172
Les figures 66 et 67 montrent respectivement l’évolution des résistances en
compression et en traction en fonction du temps.
Tableau 76 : Résultats des essais de compression (en MPa)
Age CPA 45 CM1 CM2 CM3
(jours) Rc Rcmax Rcmin Rc Rcmax Rcmin Rc Rcmax Rcmin Rc Rcmax Rcmin
2 16,02 16,63 15,51 21,96 22,58 21,54 20,02 20,71 19,38 26,82 27,47 26,26
7 25,88 26,49 25,37 45,23 45,80 44,86 50,96 51,61 50,36 56,12 56,74 55,59
28 39,76 40,26 39,36 62,92 63,44 62,60 70,47 71,18 69,81 74,31 74,98 73,73
64 45,38 45,94 44,92 69,68 70,27 69,29 77,95 78,63 77,32 81,34 81,97 80,80
90 46,51 47,10 46,02 71,12 71,72 70,72 79,63 80,33 78,98 83,46 84,10 82,91
180 47,93 48,55 47,41 72,01 72,61 71,61 81,03 81,72 80,39 85,21 85,86 84,65
360 48,26 48,84 47,78 72,14 72,78 71,70 81,62 82,32 80,97 86,03 86,67 85,48
Tableau 77 : Résultats des essais de traction (en MPa)
Age CPA 45 CM1 CM2 CM3
(jours) Rt Rtmax Rtmin Rt Rtmax Rtmin Rt Rtmax Rtmin Rt Rtmax Rtmin
2 3,22 3,83 2,71 5,19 5,81 4,77 4,71 5,36 4,15 6,38 7,07 5,74
7 5,26 5,87 4,75 9,86 10,43 9,49 11,21 11,83 10,68 12,73 13,38 12,13
28 7,12 7,62 6,72 11,65 12,17 11,33 14,00 14,67 13,42 14,79 15,50 14,13
64 7,69 8,25 7,23 12,31 12,90 11,92 14,32 14,95 13,78 15,61 16,29 14,98
90 8,02 8,61 7,53 12,96 13,56 12,56 14,64 15,28 14,09 16,12 16,82 15,47
180 9,11 9,73 8,59 14,62 15,22 14,22 16,43 17,08 15,87 17,98 18,67 17,34
360 9,23 9,81 8,75 14,97 15,61 14,53 17,01 17,65 16,46 18,21 18,91 17,56
173
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
0 20 40 60 80 100
Temps (jours)
Rc
(MP
a)
CPA 45
CM1
CM2
CM3
Figure 66 : Evolution de la résistance en compression en fonction du temps
0
2
4
6
8
10
12
14
16
18
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Temps (jours)
Rt
(MP
a)
CPA 45
CM1
CM2
CM3
Figure 67 : Evolution de la résistance en traction
en fonction du temps
174
Les deux séries de courbes présentent, à peu de choses près, les mêmes allures.
Quelque soit l’âge, nos ciments sont, de beaucoup, plus performants que le CPA 45.
La grande partie de la résistance des mortiers est acquise dans les 28 premiers jours.
Toutefois ils continuent à durcir jusqu’à un âge très avancé. L’augmentation de la
résistance entre 28 jours et une année est d’environ 21 % pour le CPA témoin contre
16 % pour nos ciments. Pour tous les ciments, le durcissement n’est pratiquement
terminé qu’au bout de 6 mois.
A première vue, la résistance des mortiers semble être liée à la teneur en alite des
ciments : le ciment le plus performant est le plus riche en alite. En général, cette
affirmation est vérifiée. Cependant, on peut noter quelques exceptions à cette règle :
- Le ciment CM2 est plus riche en alite que CM3, or pour toutes les
échéances, c’est le mortier à base de CM3 qui manifeste les résistances les
plus élevées. Ceci peut provenir, d’une part d’une plus grande finesse de
mouture, et d’autre part des qualités des clinkers de départ. En effet, CM3
possède une plus grande surface spécifique, et est fabriqué à partir du clinker
le plus riche en alite. On peut donc avancer qu’à teneur égale en SO3 dans les
ciments, la teneur en alite du clinker d’origine influe plus sur la résistance que
celle du ciment, à cela s’ajoute une plus grande finesse de mouture.
- Au très jeunes âges (< 7 jours), CM1 moins riche en alite, présente une
résistance plus élevée que CM2. La finesse de mouture peut en partie
expliquer ce fait. A notre avis, une teneur en C3A plus élevée peut aussi en
être la cause.
D’après les valeurs de leur résistance normale à 28 jours, et selon les spécifications de
la norme NF EN 197-1, les trois ciments peuvent être classés dans la catégorie des
ciments à haute résistance, définie par la classe 52,5 N.
3.6. Stabilité et durabilité La stabilité du ciment conditionne la durabilité des bétons et des mortiers.
Conventionnellement, et selon les normes en vigueurs, la stabilité d’un ciment est
évaluée par des essais d’expansions à l’autoclave. Cet essai permet d’accélérer les
effets néfastes de l’augmentation des contraintes internes dans les mortiers et bétons
175
suite à l’hydratation tardive, accompagnée d’un accroissement de volume, de certains
constituants du ciment, dont font partie la magnésie et la chaux libre.
Les résultats des essais d’expansion opérés sur nos ciments montrent qu’ils sont, sur
ce point, conformes aux normes (expansion < 10 mm) (cf. tableau 74).
Pour vérifier que les ajouts volontaires de gypse, de dolomie et de fluorine, dans la
farine crue, n’ont aucune influence négative sur les propriétés de nos ciments, nous
avons effectué des essais de rupture en compression et en traction à plus long terme
(180 et 360 jours). Les résultats obtenus (tableau 76 et 77) confirment ceux des essais
d’expansion. Nous pouvons affirmer que nos ciments sont stables, et que l’utilisation de
minéralisateurs (du moins ceux que nous avons employés) lors de la cuisson du cru
n’affectent aucunement leurs qualités à long termes. Dans notre cas, le MgO tant
redouté est fixé, en majeure partie dans les solutions solides et autres combinaisons du
clinker, suite à la présence d’ions sulfates.
3.7. Conclusion En partant de bons clinkers, riches en alite et avec le minimum de chaux libre, nous
avons obtenu, dans des conditions proches de celles appliquées en exploitation
industrielle, des ciments à haute résistance qui sont conformes aux normes.
Les principaux constituants de ces ciments sont ceux rencontrés habituellement chez
les ciments Portland (C3S, C2S, C3A, C4AF et le gypse).
L’identification des produits d’hydratation a montré que la phase hydratée principale de
nos ciments est le silicate de calcium hydraté CSH.
D’après leur résistance normale, nos ciments sont tous rangés dans la classe de
résistance 52,5 N. Toutes fois à teneur en SO3 égale, c’est celui fabriqué avec le clinker
le plus riche en alite qui est le plus performant.
Ces ciments sont stables ; l’utilisation de minéralisateur pour la fabrication du clinker
n’altère en rien leurs qualités à longs termes.
176
Dans ce travail, suite à l’analyse documentaire et l’interprétation des données
collectées dans la littérature technique, nous avons dressé une synthèse
bibliographique présentant la problématique.
Nous avons commencé notre étude expérimentale par une contribution aux études sur
l’amélioration de la qualité d’un clinker industriel. Les recommandations pour l’obtention
d’un bon clinker industriel sont :
- l’adoption d’une méthode qui se base sur la fixation des valeurs requises
MC, MS et MA pour le calcul du mélange cru, ce qui prescrit l’utilisation de
quatre matières premières ;
- l’emploi de minéralisateur, genre gypse et fluourine, pour obtenir des
clinkers riches en alite et à faible teneur en chaux libre.
Nous avons ensuite expérimenté, à l’échelle du laboratoire, les différentes méthodes
qui, en agissant sur le mélange cru, permettent d’obtenir un clinker à haute teneur en
alite et contenant le minimum de chaux libre. En fixant les paramètres techniques de
fabrication aussi proches que possible des conditions d’exploitation industrielle, nous
avons déterminé les meilleures compositions du mélange cru. Ces farines crues on été
améliorées par différentes méthodes d’activation.
En ce qui concerne l’activation chimique, en choisissant le gypse et la fluorine comme
minéralisateurs, les résultats ont montré une efficacité relative plus grande de la fluorine
comme minéralisateur, par rapport au gypse. De plus, il a été constaté qu’une action
minéralisante optimale de SO3 est toujours liée à une valeur bien déterminée du rapport
SO3 / MgO :
- Pour la combinaison MC = 99 / MS = 2.5 / MA = 1.5, on arrive à obtenir des
teneurs en alite et en chaux libre respectivement égales à 70,19 % et 1,06 %,
avec SO3 /MgO = 0,73.
177
- Pour la combinaison MC = 102 / MS = 2.5 / MA = 1.2, et avec
SO3/MgO = 0,47, on obtient un clinker très riche en alite (72,90 %) avec une
teneur en chaux libre conforme aux normes (1,96 %).
La technique d’addition de MgO à un mélange cru gypsé, pour renforcer l’action
minéralisante de SO3 est nouvelle. Couramment, on ajoute du gypse à une farine crue
trop riche en magnésie pour prévenir le risque d’expansion de MgO tant redouté dans
les ciments.
Avec la fluorine et pour la même farine crue, définie par MC = 102 / MS = 2.5 /
MA = 1.2, la teneur optimale en CaF2 du mélange cru est d’environ 1,5 %.
L’activation thermique conduit à de bons résultats, malheureusement, les procédés
actuels de cuisson ne permettent pas de recourir de façon optimale à cette méthode.
Pour la même raison, un broyage intensif du mélange cru ne présente aucun intérêt car,
en raison du faible gradient d’échauffement, il est fortement désactivé quand il atteint la
température maximale de cuisson.
Pour terminer l’étude, nous avons élaboré des ciments avec les meilleurs clinkers que
nous avons produits.
Les essais d’identification et de caractérisation, effectués sur ces ciments, ont permis
de conclure que leurs principaux constituants sont ceux habituellement rencontrés chez
les ciments Portland (C3S, C2S, C3A, C4AF et le gypse).
D’après leur résistance normale et selon les prescriptions de la norme NF EN 197-1,
nos ciments peuvent être qualifiés de la dénomination de « ciments à haute
résistance ». Ils sont tous rangés dans la classe de résistance 52,5 N.
Les résultats de nos travaux nous permettent d’affirmer que l’on peut produire des
ciments à haute résistance à Madagascar, par des actions effectuées sur le mélange
cru. Ces résultats peuvent facilement être appliqués à la fabrication industrielle.
178
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Février 1986
A1
ANNEXE 01
METHODES D’ANALYSE CHIMIQUE DES MATIERES PREMIERES
A2
A3
Les cendres seront analysées comme pour les matières premières.
A4
ANNEXE 02
ANALYSE CHIMIQUE DU CLINKER ET/OU DU CIMENT
A5
ANNEXE 03
NORME AFNOR NF P 15-301 DE 1981 ENONCE DES GARANTIES
A6
A7
ANNEXE 04
PREPARATION DU MORTIER – NORME NF EN 196-1
A8
ANNEXE 05
PREPARATION DES EPROUVETTES
A9
ANNEXE 06
DETERMINATION DU TEMPS DE PRISE
A10
A11
ANNEXE 07
PRINCIPE DE FONCTIONNEMENT DES APPAREILS DE CARACTERISATION
A – PRINCIPE DU MICROSCOPE A BALAYAGE (type JEOL 35 CF)
A12
B - PRINCIPE D’UN APPAREIL DE FLUORESCENCE X
A13
C - PRINCIPE D’UN APPAREIL DE DIFFRACTION DES RAYO NS X
A14
D - PRINCIPE D’UN APPAREIL D’ANALYSE THERMIQUE DIF FERENTIELLE
A15
E - PRINCIPE D’UN APPAREIL DE SPECTROMETRIE INFRA -ROUGE
Auteur : RANAIVONIARIVO Velomanantsoa Gabriely
Titre : « Contribution à l’étude d’élaboration de ciments à haute résistance à Madagascar – Actions sur le mélange cru » Nombre de pages : 182 Nombre de tableaux : 77 Nombre de figures : 67 Nombre de photos : 06
RESUME Ce travail est une étude sur l’élaboration de ciments à haute résistance avec des matières premières malgaches. Elle a porté, dans un premier temps, sur des essais d’amélioration de la résistance mécanique d’un ciment industriel. Des corrections apportées au niveau du calcul de la composition du mélange cru industriel et l’utilisation du gypse comme minéralisateur ont permis l’obtention d’un clinker de meilleure qualité. Quelques méthodes d’activation du mélange cru ont été, ensuite, expérimentées, à l’échelle du laboratoire. La mise en œuvre de différentes techniques physico-chimiques ont permis de déterminer les conditions optimales pour l’obtention de clinkers riches en alite (> 60 %) et contenant le minimum de chaux libre (< 2%). Ces clinkers ont servi à la confection de ciments, qui après caractérisation et contrôle, et suivant les prescriptions de la norme NF EN 197 -1, peuvent être qualifiés de « ciments à haute résistance ». Par la valeur de leur résistance normale, ces ciments sont rangés dans la classe de résistance 52,5 N. Mots clés : Ciment – Haute résistance – Clinker – Minéralisateur – Activation
ABSTRACT This work is a research about elaboration of high resistance cements with malagasy raw materials. In a first time, the research wore on mechanical resistance improvement tests of an industrial cement. Corrections brought on the calculation of the industrial raw mixture composition and the use of gypsum as mineralizator permitted to get a clinker which has best qualities. In a second time, on laboratory scale, some methods of raw mixture activation were tested. The use of different physico-chemical techniques permitted to determine the optimal conditions to obtain clinkers which contain more alite (> 60%) and minimal free lime (<2%). These clinkers served to prepare cements, which after characterization and control, and according to the prescriptions of the NF EN 197 - 1 norm, can take the qualification of “high resistance cements”. By the value of their normal resistance, these cements can be ranged in the 52,5 N resistance class. Key words: Cement - High resistance - Clinker - Mineralizator - Activation
Directeurs de thèse : Professeur RAKOTOMARIA Etienne Professeur RANDRIANJA Roger Adresse de l’auteur : 21, Cité des Professeurs - Ambolokandrina E-mail : [email protected]