cynthia durand collection prise 1 des bouts de craie

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Cynthia Durand UN TABLEAU NOIR ET DES BOUTS DE CRAIE Collection PRISE 1 Annie Prévost DIVAGATIONS NOCTURNES Collection PRISE 1

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Page 1: Cynthia Durand Collection PRISE 1 DES BOUTS DE CRAIE

Cynthia Durand

UN TABLEAU NOIR ET DES BOUTS DE CRAIE

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Annie Prévost

DIVAGATIONS NOCTURNES

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Annie Prévost

DIVAGATIONS NOCTURNES

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Annie Prévost

Divagations nocturnes

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Un merci particulier à Giulio pour son amour des petits plaisirs,à Anne pour l’éclair dans ses yeux,à Didier pour le voyage,et à la vie puisqu’elle a su me faire chavirer.

Divagations nocturnes est le soixante-huitième recueil de textes publié dans la collection Prise I. Cette collection a été créée afi n de permettre à des jeunes auteurs du cégep du Vieux Montréal de publier une première œuvre.

© Tous droits réservés Annie Prévost et le CANIF,Centre d’animation de français du cégep du Vieux Montréal. Décembre 2005.

Renseignements : 982-3437, poste 2164

Dépôt légal : Décembre 2005Bibliothèque nationale du QuébecBibliothèque nationale d Canada

Infographie et impression : Communications du CVM (26128) et Centre de reprographie du CVM

Cégep du Vieux Montréal255, rue Ontario EstMontréal (Québec)H2X 1X6

Illustration de couverture : Isabel Caron. Le seul moyen de se délivrer de la tentation, c’est d’y céder (fragment), collection cégep du Vieux Montréal (1992)Conception graphique de la couverture : Dominic Prévost

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À toutes ces lanternes qui éclairent ma route,

vous faites en sorte que le rêve m’absorbe.

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Si le monde survit, c’est qu’il rêve de changer.

Rêver

Toujours.

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Il fait nuit noire à perte de vue.

Jusqu’au bout de mes onglesdes lumières citadinesun bruit sourd comme ambianceet la ville qui m’enivreau sommeil des passantsje suis seule en route vers l’ailleursvers nulle partje ne sais où.

Et l’image s’évanouitlaissant place à l’aveugleje parcours des millesles yeux cernésj’inspire.

À tout moment je peux mourirnoyée dans les grabugessous l’air condamnéde ma ville fantôme j’aspire.

Le poids s’affaisse et me rend lourde.

Je ne pourrai vieillir si mes yeux s’étouffentje suis seuleen route vers l’ailleursvers nulle partje ne sais où.

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Je déambule

aux balancements de mes hanchestête haute, regard fi ercomme il m’arrive d’existerj’évite quelques rireset j’enfi le mes yeux de lin.

Je carbure à l’oxygène dans l’ombrej’y dépose mes nuits naissantesj’y étouffe parfois mais j’en vis comme l’alcoolique le poisonsans nulle trace.

Je déambule

aux balancements de mes hanchestête haute, regard fi ercomme il m’arrive d’exister.

Page 9: Cynthia Durand Collection PRISE 1 DES BOUTS DE CRAIE

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Un jour comme les autresoù je marche sans regardermes pas me portentloin de toutloin de moi.

Je suis là, inconscienteJ’alourdis l’instantdes souvenirs en éclipseun orage s’annonce.

Je suis lasse mais j’avanced’un regard perduj’en oublie qu’il fait froidloin de toutloin de moi.

Qu’importent les effortsqu’importe l’existenceil est inévitablequ’un jour ou l’autremes paupières sombress’éteignent sans bruit.

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Je vogue sur une mer calmeaussi bleue que l’azurje maintiens le cap vers le sudvers mes adieuxpour un voyage au-delà du réel.

Un énorme gouvernail entre les mainsj’évite les naufragesje navigue sans chavirer.

L’œil dans ma lucarneje veux voir par-dessus mes regards hostilesla crainte de me noyer.

Halte là !

Halte là, je siège iciet nul ne saura m’enduirede sa chair odoranteje suis seuleseule jusqu’aux oset je pèle l’insenséà m’en mordre les lèvres.

Je vogue comme on tapisse les mursde vulgaires humaineries avec pour seule victimel’orgueil.

J’évite les naufragesj’aime m’y baigner.

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J’ai dans la tête un air de jazzau bout des lèvres, un goût acidequelques notes disparatesun parfum d’aujourd’hui.

Et je suis là, dans la fouledes passants aveuglesje suis là silencieuse un murmure assoiffé.

J’ai dans la tête un air de jazzcomme un souvenir qui me guidej’ai l’ambition fragileau creux de mes reins.

J’étais là, dans la fouledes passants aveuglesles veines tranchées d’amouret le cœur amarré

sur un pont de fortune.

Page 12: Cynthia Durand Collection PRISE 1 DES BOUTS DE CRAIE

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Je suis myope pourtant je voisde longs écueils aux couleurs âpresparalyser ma course folledans un monde désintox.

J’ignore le butmais je recherche chaque moment de tempêteschaque îlot de naufragedes paroles en confettisdes confessions sordidesj’ignore que j’existe.

J’éventre mes soupirs.

Où es-tu?Je perds le sens des aiguillessi tu pouvais m’endormiraux sons de ton âmeque je m’esquiveque je dérive.

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Comme s’il avait été ce décorderrière des pas que l’on effacej’ai cru voir un étrangercomme on rêve subitement son visage dans l’ombreses mains sur une vitreet mon ventre de néantpleure son absence.

Je l’ai vu disparaîtreses yeux noirs dévoilés,je l’ai vu me fuiret j’ai pleuré.

Mon crâne se fracturesous le poids des secondeschaque note de ce rêveest l’écho de sa voixil est là mais je ne le vois pas.

Je ne peux le regarderje me contente de l’entendreil est làje ne peux le toucher.

Il est là derrière sa vitre

mon étranger.

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Une nuit colombienne.

Des bouts de cigares pour chapiteaudes lèvres qu’on humecte au plaisir des autresqu’on partage sans parole.

Les verres tintent au son des doigtschacun boit sa rage de vivrecomme pour en fi nir avec l’amour.

Il s’est réfugié contre l’ivresseun papillon dans une main

et comme un enfantil a marché sur mes paupières.

Page 15: Cynthia Durand Collection PRISE 1 DES BOUTS DE CRAIE

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Sur mon iris je dessineun sigle de brumeune nuée interditeun brouillard d’ébauchespour une trace de moisur l’épaule dénudéed’une nymphe endormiequelque part sous les spasmesd’un sommeil fragile.

Je me sens légèredu poids de l’impasseje parcours mes veinessans vouloir y resterle ciel semble s’éteindrelorsque je le regardej’ai envie d’y greffermes délires inconscients.

Pour une trace de moisans compter les secondes.

Pour une trace de moià l’odeur de mes rêves.

Page 16: Cynthia Durand Collection PRISE 1 DES BOUTS DE CRAIE

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J’entrevois un périmètreau hasard des joursil encadre la routede l’homme égaréJe me poste aux frontièresd’un étrange payset j’attends le jugementqui saura m’habiter.

Des serpents sur ma têtedes lambeaux éphémèresje tressaille de rireà l’idée d’être belleregardez mes paruresje suis reine de rienje préfère l’essentielà vos dires obscènes

Page 17: Cynthia Durand Collection PRISE 1 DES BOUTS DE CRAIE

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Je sens mes doigts faillir sous des larmes de boismes paumes rougissent

pour des mots décalagesl’ivresse en perfusion.

L’oubli n’est que surface sur une peau de béton

je m’acharne à polirje gruge l’immortel.

Je sens mes doigts faillirmes paumes rougir

pour une fois.

Page 18: Cynthia Durand Collection PRISE 1 DES BOUTS DE CRAIE

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Roulement de tambour...

Je savoure la lumièreentre deux battements de cils.

J’éternue au désastred’une fanfare agonisantele bruit court qu’elle pleuremais je préfère l’entendreimaginerses notes dissoutesses moments cinétiquesses vengeances capricieuseset les silences.

Ses silences.

Je savoure ma victoireJe daigne être closestrictement formelleje ne veux pas de critèresni de numéros.

Je préfère attendrecar la vie me croquede ses dents de lait.

Page 19: Cynthia Durand Collection PRISE 1 DES BOUTS DE CRAIE

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Ces paroles d’inspiration lyrique sous un dôme où se fi gentdes danseurs au corps à demi nusont l’extase du jour naissantla frime d’un jeu de billesl’amère solitude de l’êtredes illusions trompeuses.

Je dois laisser le temps gravir le murde mes lamentations, de mes chimèresil semble pourtant faiblir à vue d’œilles symptômes persistentJe renais malgré ma fi èvresi j’en souffre, je sourirai.

Si de mon âme, l’espace s’amenuiseje veux vivre dans un deux et demiJe ne sais pas pourquoi je pleuremes larmes sont sèches.

Quel sera l’hymne à la gloirede tous mes combats perdus ?Je peux m’entendre chanter j’en grince des dents.

Ces paroles d’inspiration lyrique sous un dôme où se fi gentdes danseurs au corps à demi nune sont que l’extase du jour naissant.

Page 20: Cynthia Durand Collection PRISE 1 DES BOUTS DE CRAIE

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J’ai envie d’être qu’importe le rôlepour pâlir de l’existencepour me rappeler qu’il fait bon vivre.

J’anticipe les condoléancessans pressentir une fi n tardive.

Qui donc êtes-vous pour m’assouvirles pores couverts de mépris ?Je peux vous pointer de mes yeuxmais je reste immobile sous vos jugements hâtifs.

J’ai envie d’êtremême si je vieillispour ne pas mourirIl fait froid sous terrej’ai peur du noiril fait bon de vivre.

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Je sème l’odeur de la terrecomme des pièces de monnaiedans l’eau verte d’un jardinje tends les bras vers le cielbravant mon propre refl et.

Si je pouvais prédire des mots à perdre la raisonje tracerais l’impardonnablecomme la victime et son doute.

Je traîne un lourd bagagedans la valse qui s’empourpredes images s’effondrentet mes pas seront gracieuxaprès la mort du jour.

Vu d’ici, l’hiver imposedes gestes d’aujourd’hui

l’instant fuit par la fenêtre.

Je regarde sous ta pupillej’y installe mon refuge

je ne m’enfuis guèrecar le temps est inodore.

Vu d’ici l’hier s’expose

et l’enfance ressurgit.

.

Page 22: Cynthia Durand Collection PRISE 1 DES BOUTS DE CRAIE

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Je m’invente des histoires parfumées d’eau de roseJe me dis que peut-être j’oublierai les pourquoiJe fabule et je tourne, tournecomme un traître de vinylequi lance des airsà tordre le ventre.

Hommage aux pages blanchesje n’ai su les tacherque de balbutiements.

Je fabule dans un corps périssablemeilleur avant demain.

Je feins avec briomes instants d’illusionsceux qui m’ont crachéle dégoût d’être.

Ou ne pas être, là est la question.

Hommage aux migrainesà la mitraillesur mes tempes en sueur.

Les yeux hors de l’orbitela bouche sèche, le néantje taille mon existencedans les moindres détailscomme une pierre poliequi s’empoussière à l’écartsur des pages de ma vieoù je semble égarée.

Page 23: Cynthia Durand Collection PRISE 1 DES BOUTS DE CRAIE

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Quelques rares épaves gisent aux abords d’une route sinueuse en margeà sens uniquechaque pas que je déposeune démarche chancelantechaque pas me transperceje frôle l’insomnie.

Si je ne peux m’éteindrelaissez-moi m’incendierchaque pas que je déposeest une marque d’avenirchaque nuit d’ivressej’épuise mes riresje puise l’envieet je brûle.

Je brûle jusqu’à l’aubepeinte d’absurdeet j’en oublie d’être.

Au singulier.

Page 24: Cynthia Durand Collection PRISE 1 DES BOUTS DE CRAIE

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J’écris sans écrirecomme une somnambulesur un parquet de tuilesportant des œillèresdes pantoufl es d’espoiret des morceaux de grèvequi s’égrainent.

Dans sa paume glacéele poing renferme le videl’histoire est proscriteet semble surannée.

Plus rien ne résisteaux chagrins que j’épuiseje veux éteindre mes pausessur le corps d’une étoilelaisser fi ler mes doigtssur le toit d’une gare.

Puis, attendre le trainqu’il m’enlève

qu’il me sauve.

Page 25: Cynthia Durand Collection PRISE 1 DES BOUTS DE CRAIE

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Ne me regardez plus, je suis mortene voyez-vous pas comme il grêleau matin d’un soir d’été ?

J’ai si peur du noirmon sommeil s’exposeà des risques aigusil fait froid comme l’hiverje me couvre de larmessi chaudes.

Ne me regardez plus, je suis morteon m’enterre demainoubliez mon rirej’ignore tout de sa survie.

Aujourd’hui comme hier, je m’éclipse.Une ombre me poursuitj’ai si peur du noir.

Laissez moi !

Je suis morte et je m’éclipse.

Page 26: Cynthia Durand Collection PRISE 1 DES BOUTS DE CRAIE

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J’ai appris de ces mots,qu’il était si facile de faire couler du béton sur les parois de l’âme mais même le béton s’effrite.

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Il y a trop de silences qu’on ne comprend pas.

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