deux conceptions de hegemonie: gramsci et le pci

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Request Date: 17-JUL-2015 Expiration Date: 24-JUL-2015 1 LL Number: lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll ILL Number: 7003825 Call Number: Format: Article Printed Ext. No: Title: Dialectiques Article Author: Salvadori, Massimo Article Title: Gramsci et le PCI: deux conceptions de Ia hegemonie Volume/Issue: 1{18-19) Part Pub. Date: Spring 1977 Pages: 121-136 Pub. Place: Paris Borrower: UCSC McHenry Library Email: [email protected] Patron Name: KING,PATRICK LIAM (Graduate) Patron e-mail: [email protected] Service Level: Normal - Full Search Delivery Method: Electronic Mail Request Notes: OCLC #: [680803337, 4600786] Need By: Printed Date: 20-JUL-2015 TGQ or OCLC #: lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll TGQ or OCLC #: 7001 003 ID: USC2 ISBN/ISSN: Publisher: David Kaisergruber./Paris Address: Interlibrary Loan, McHenry Library University of California, Santa Cruz 1156 High Street Santa Cruz, CA 95064 Service Type: Copy non returnable Max Cost: USD40 Payment Type: IFM Verification Source: MELVYL-ucsc.worldcat.org:worldcat Copyright Info: CCG Supplier Reference: Local request number: Owned By: NRLF Requester Symbol: Return To: 1301 So. 46th St. \c 'r S . . --, /. . .._ ervices . :n1 _.tJ_V- ---- . ....... J I ·-- RFS-400 Richmond, CA 94804-4698

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Dialectiques

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    LL Number: lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll ILL Number: 7003825

    Call Number: Format: Article Printed Ext. No:

    Title: Dialectiques

    Article Author: Salvadori, Massimo Article Title: Gramsci et le PCI: deux conceptions de Ia

    hegemonie Volume/Issue: 1 {18-19)

    Part Pub. Date: Spring 1977 Pages: 121-136

    Pub. Place: Paris Borrower: UCSC McHenry Library

    Email: [email protected] Patron Name: KING,PATRICK LIAM (Graduate) Patron e-mail: [email protected] Service Level: Normal - Full Search

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    Printed Date: 20-JUL-2015

    TGQ or OCLC #: lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll TGQ or OCLC #: 7001 003

    ID: USC2 ISBN/ISSN:

    Publisher: David Kaisergruber./Paris

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    Pt~.Ailio.n~ : po.uc une nt~.uoell e pcalique ~ de La polilique (j..-p. eo.in)

    anaLg~eA : La dielaluce du pcoLelacial en c!Juc.ope de L~ o.ueAl ( eo.lleelil alle1nand)

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  • liennes : le debat sur l'eurocommunisme, sur les rapports democratie/ socialisme, pluralisme/ centralisme democra-tique, sur les voies de la revolution (politique et culturelle) est aujourd'hui (nous l'affirmions deja dans notre numero consacre a Althusser) europeen.

    Ce debat est aussi pour nous le prolongement d'un tra-vail entrepris des notre premier numero : sur I'Etat, sur la nature de classe de la transition, sur la revolution un r peu partout dans la culture, travail qui se poursuit par exemple avec le numero 17.

    En somme un numero d'exploration, de recherche, un numero-dossier qui donne aussi les moyens de mieux ana-lyser ce qui se passe actuellement.

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    Ce numero a ete rassemble sous la direction I . de Danielle Kaisergruber 1 ,

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    i

    --J'italie et nous p. INGRAO, l'ltalie aujourd'hui: strategie politique et dialectique sociale. M. DIANI, le mouvement syndical italien. B. TRENTIN, un syndicalisme pour la revolution. D. SASSOON, vers l' eurocommunisme. J. RONY, note sur l'historiographie du P. C. I.

    M. MONTANARI, 1968, intellectuels et classe ouvriere en ltalie. A. TORTORELLA, intellectuels, hegemonie et culture. T. DE MAURO, langue et politique. A. TOSEL, Ia philosophie marxiste en ltalie. AU TRAVERS DES REVUES.

    M. L. SALVADOR!, gramsci et le P. C. I. : deux conceptions de l'hegemonie. C. BUCI-GLUCKSMANN, eurocommunisme et problemes de l'Etat.

    A TRAVERS LA PRESSE, etat, pluralisme, stalinisme (COLLETTI, SAL V ADORI, INGRAO, CHIAROMONTE).

    Deja en 54/55 ... N. BOBBIO, democratie et dictature. P. TOGLIATTI, sur la question des libertes.

    p. 7 a 17 p. 19 a 20 p. 21 a 30 p. 31 a 57 p. 58 a 59

    p. 63 a 70

    p. 71 a 77 p. 78 a 92 p. 93 a 109 p. 110 a 117

    p. 121 a 136

    p. 137 a 152

    p. 153 a 165

    p. 166 a 173

    p. 174 a 179

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    ------------- , rJASSIMO SAL V ADORI

    le numero 4/5, numero special GRAMSCI,

    a ete r6-edite,

    a~gmente d'un dossier de presse

    extraits de l'Unita, Le Monde, La Quinzaine Litteraire, La Nou-velle Critique, Critica Marxista ...

    Gramsci et l'etat C. BUCI-GLUCKSMANN

    jacobinisme et antijacobinisme H. PORTELLI

    le concept d'hegemonie L. GRUPPI

    la litterature dans la theorie marxiste J. THIBAUDEAU

    35 F

    120

    conception du monde, philosophie spontanee, folklore A.M. CIRESE

    le probleme de la revolution N. BADALONI

    Labriola et Gramsci V. GERRATANA

    actualite de Gramsci M. SALVADOR!

    gramsci et le P.C.I. : deux conceptions de l'hegemonie Mgemonie et I ou dictature du proletariat

    traduit de l'italien par Michel Franchitti

    et David Kaisergruber

    Le sens originel, du terme hegemonie regroupe deux elements : !'idee d'un commandement pour celui qui exerce l'hegemonie et !'idee que ce commandement

    . est assure par celui qui le detient en vue des objectifs suivants : 1) diriger des allies, 2) mener avec eux une action violente contre un ou plusieurs groupes adverses. II apparait ainsi que le concept d'hegemonie dans sa double articulation implique d'une part la recherche d'un consensus a l'interieur d'un bloc d'alliances et, d'autre part, d'une domination sur les adversaires, que l'on obtient par la force. Ces deux aspects sont absolument indissociables.

    Nous savons tous que, dans la culture politique italienne ( et pas seulement italienne) contemporaine, ce debat sur l'hegemonie et ses implications est lie a !'ceuvre d'Antonio Gramsci et, en particulier, a la sigtaification du concept d'hege-monie dans les Cahiers de Prison. Si bien que l'on peut affirmer globalement que Gramsci apparait aujourd'hui, avant tout, comme le theoricien de l'hegemonie . L'attention particuliere portee ala theorie gramscienne de l'hegemonie a ses racines dans la recherche menee par le P. C. I. sur les formes d 'nne voie au socialisme adap-tee a la complexite du developpement de la societe civile et de l'Etat dans les pays industriellement developpes. Ceci en sachant bien que le modele de socialisme represente par les pays socialistes de type bolchevico-stalinien n'est plus desormais ni realisable, ni souhaitable. L'reuvre de Gramsci, et plus precisement les Cahiers, est consideree par les theoriciens et les ideologues communistes comme une etape centrale, comme un trait d'union entre le Ieninisme et le post-Ieninisme. Les inter-pretations, disons les plus courantes, et celles de nature plus directement politique (celle de Luciano Gruppi est exemplaire a cet egard) tendent a suggerer une lee-

    ........._

    * Les textes de Gramsci auxquels Salvadori fait reference sont : dans Ia partie L'Experience consiliaire, Alcuni temi della questione meridionale, in La Costructione det partito communista, 1923-1926 et l'Ordine Nuovo, 1919-1920 ; dans la partie Les theses de Lyon, La Situazione italiana e i compiti del PC, la Costructione economica; dans la partie L'hegemonie comme fondement de la dictature, la Costructione economica et les Quaderni; dans la partie L'abandon de la conception gramscienne, Athos Lisa; Memorie, in Carcere con Gramsci.

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  • ture ~elon laquelle -~ramsc~ ~ur~it ?~compli u?~ ~orte de rotation t~eorique , peut 9ualifier synthetiquement de lenini~te-r~voluti~mna_ire _au sens qu'inaugure Au debut de celle-ct t1 seratt a 1 tnteneur du lerurusme et dans sa perspecttve tna histortquement 1917 ; dans le cas contratre, il seratt necessatre de demander au a }a fi~ il ouvrirait, .r:reciseme~t. au terme de 1' elaboration d~ la ~eorie de l'h~~ p. C. I. ~ ~claircir ~n. termes mieux definis et la natu:e . reelle de son . rapp~rt gemorue , la route a la strategte actuelle du P. C. 1., fondee sur 1 acceptation d a Ja traditton bolchevtque et sa nature de force soctaliste. On peut, Je crots, pluralisme , sur la democratie politique, sur un dialogue entre forces politiqueu affirmer sans etre contredit que !'absence d'une clarification adequate du rap-d.ifferentes,, s,ur une strategie ~e ~ef~rmes. . s port entre la theorie et la pratique conduit a l' empirisme tant theorique que Les elements de la theonsatton gramsctenne contenue dans les Cahier pratique. main tenant les plus utilises concernent : s ' Pour etre plus explicite : le P. C. I. est le parti le plus important de la gauche

    1) la _necessite pour une force qui entend fonder un Etat nouveau d'etre italienne, il a un grand succes populaire ; bien plus qu~ le P. S. 1., il a su mener hegemoruque avant meme d'assumer le pouvoir, une politique de grande envergure sur le front ideologique; il represente, pour 2) la necessite pour le proletariat de se lier un bloc de forces historiques , conclure, la force centrale et decisive de la gauche italienne et a un poids crois-afin d'etre en mesure d'exprimer la complexite de la societe civile, ' sant a l'echelle internationale. Pour c~tte raison, il a les responsabilites les plus 3) la necessite d'assigner un role capital a la liaison avec les intellectuels grandes car les problemes qui se posent a lui sont inevitablement, directement ou 4) la ne~essite de mener en Occident une lutte qui tienne compte e~ac- indirectement, ceux que rencontre la gauche tout entiere dans notre pays. tement des differences entre les formes de la revolution sociale en Russie et les' Les dirigeants du P. C. 1., a divers echelons, font sans cesse valoir cette force formes d'un processus revolutionnaire dans Ies pays bourgeois developpes, en , comme preuve effective d'une capacite theorique et pratique qui, a elle seule, devrait somme de terur compte des ler;ons decoulant d~ l'echec de la revolution dans l'Eu. ~ rendre prudents ceux qui le critiquent. On peut, a ce sujet, faire deux observa-rope centrale et occidentale de l'immediat apres-guerre. 1 dons. La premiere, c'est que l'histoire nous a deja fourni l'exemple de partis

    un probleme politique ouvriers et socialistes qui, parvenus au maximum de leur force, en terme de consen-sus electoral, de solidite et d'extension de leur assise dans les masses populaires, ~ debouchent sur une impasse strategique, egalement caracterisee par une rup-

    - I ture entre la theorie et }a pratique (qu'on pense simplement a la Social-democtatie Qu'une force ayant le poids politique du P. C. I. tende a utiliser sa tradi- allemande a la veille de la premiere guerre mondiale ou au Parti socialiste italien tion theorique, et avant tout ce qui en elle est lie a la figure de son plus grand des annees vingt). La seconde observation c'est que le P. C. 1., de toute fac;on, penseur, voila qui est non seulement naturel mais juste. Mais ceci dit, il me semble I devrait evaluer attentivement (s'il ne l'a deja fait) le fait que sa force actuelle que le debat doit etre porte sur un plan plus fecond, c'est-a-dire au niveau des provient, pour parler un peu brutalement, dans une mesure appreciable de l'espece modalites d'une telle utilisation. de rente que le malgoverno de la D. C. et les faiblesses historiques de la Une telle interrogation sur le comment peut partir de deux exigences qui peu- domination bourgeoise ont presque offert au principal patti d'opposition, faisant vent rester isolees mais qu'il est cependant bon d'unir etroitement. La premiere de confluer vers lui des forces interclassistes et heterogenes, forces qui etaient a c~lles-ci a un ,ca:actere histori~ue et consiste a determiner exactement la sign~fica- ; juste titre eoce~rees par la D. C. et ,d~~ues par_l'inc~pacite

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    clair que, si l'on repo~d ~j'a~~nce d~s m~nt:n~nt q~e c'est _mon cas) 9,u:entre les~ pretation :

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    qu'?Ue fac;~>t~ brillante e_t im~gee d'~firmer qu'il ne peut Y, avoir de ve~it~ble dotni. \ 5ence de superstructures ~ues. au plus grand developpe~ent du capit~sme rend plus natton poliuque sans duectton sociale et une fac;on de denoncer les lim1tes d'un jlente e! plu~ prudente 1 a~tlon des masses, et reqmert par consequent du parti dictature de parti qu'on fait passer pour la D. D.P. II est clair, en meme tempe revo!utwnnaue une s~rategie et une ~actique bien plus complexes et de plus longue que la strategie de l'hegemonie, durant la periode des Conseils, est l'instrume~' I haleme que cell~s qm fure~~ necessaues aux bolcheviques entre mars et novembre par excellence non d'un elargissement de la democratie, mais d'un renvers t 1917 . Gramsci_ devance Ici, avec une perfection achevee, ce qu'il ecrira dans les ment de l'ordre etabli : le Conseil est l'antithese du pouvoir patronal dans l'usin e. Cahi~rs sur les, d~erences entre l'Orient et !'Occident. Mais quels autres elements la recherche par le proletariat d'alliances avec les paysans et les intellectuels com;' met-~ en corr~lauon avec cet asp~ct de son argumentation ? En bref, a quoi lui moyen de briser le bloc social de la bourgeoisie ; la reforme intellectuelle e~ sert-il de souligne; la complexlte de !'Occident ? A inaugurer un discours mora!e des masses etant l'objectif a atteindre pour aneantir l'hegemonie hour nouveau sur 1 Etat, sur les composantes sociales du bloc historique ? A elabo-geoise-capitaliste sur la societe et rendre impossible la domination de l'Etat qu: rer une conception. de l'hegemonie qui s'exprime dans une formule qui modifie le en est !'expression. 1

    1 proj~t de constructiOn ?e la d~ctature, et permet la mise sur pied d'une politique

    Cette serie d'antitheses est demeuree au fondement de la pensee politique d d'alliances d: typ~ democratique .? Au contraire. Son argumentation est entie-Gramsci jusqu'a son achevement. Mais si ceci est exact, il s'ensuit qu'une theorie reroent fon,~ee, dune part, sur la pnse de conscience des difficultes supplemep-de l'Etat, d,es alliances sociales, du role des intellectuels, qui culmine dans le renon~ tair~s ~> cree~s par le plus grand developpement atteint en Occident par la societe cement a la mobilisation contre le capitalisme et l'Etat bourgeois au lieu de: caplt?hste, ? aut:e pa~t, su~ la r~cherche d'une strategie qui permette d'arriver a penser cette mobilisation en termes de creation d'une base sociale de la D. D. p un resul~at I~entlque a celm at~emt par les bolcheviques russes. La difference qu'il et de l'Etat ouvrier , ne peut pretendre etre gramscienne. entend etablir. avec le bolchevisme s'appuie entierement sur une conception plus

    Le raisonnement que faisait Gramsci pendant les annees 1919-1920 peut etre comple~e et disons plus mure de la dictature du proletariat. C'est pourquoi assez rapidement retrace. II part de !'hypothese commune au mouvement revolu- Gra~sci peu~ af~rmer au moment oil il reflechit sur les differences entre tionnaire se reclamant du bolchevisme, a savoir que la Premiere Guerre mondiale !'Orient et 1 Occident, q_ue l'o~jectif a atteindre est d'arriver aux conditions avait marque en termes historiques generaux la mort du capitalisme. En pronon- dans_ lesquelles se tr?uvaient deJa les bolcheviques russes au moment de Ia cons-~ant la condamnation de cette hypothese, il se preoccupait de savoir comment on ututwn de leur Paru_ . arriverait en Italie a un systeme de D. D.P. qui donnerait a cette dictature un En somme, la difficulte pour Gramsci consiste a surmonter tous les obstacles caractere expansif, en mesure d'assumer positivement deux taches : la gestion de que _la complexite .?e la societe bourgeoise en Occident, avec la creation d'une la machine productive et la construction d'un bloc de forces sociales qui, dans son: anstocratle ouvnere et ses annexes, bureaucratie syndicale et groupes sociaux ensemble, serait Capable de s'opposer aVeC maturite et done SUCCeS aU bloc dorni- I derooct~teS , oppose a la bolchevisation du proletariat et d'arriver, grace a l'exis-nant. Le germe de la theorie de l'hegemonie residait precisement dans la prise de I tence bien anc~ee_ de forces dem?cratiques , a une politique des alliances qui conscience que !'utilisation de la force seule contre les classes ennemies ne mene permett~ la creatton d\m bloc historique revolutionnaire. Par consequent, la pas au succes de la revolution si celle-ci n' atteint pas une maturite sociale pro pre perspe;uye ql!e Gramsci entend donner au mouvement ouvrier et sa conception de c' est-a-dire si on ne construit pas une reserve suffisante de consensus politique et un; l', hege~ome sont totalement determinees par I' idee de battre : 1) la social-capacite technique et gestionnaire. Le Conseil des ouvriers et des paysans etait pour, democratle, 2) les _force~ de ~a democratie qourgeoise. Gramsci se rend compte lui le creuset, la cellule premiere et fondamentale de la direction du parti que, par rapp~rt a 1~ situation russe, la revolution et le bolchevisme ne peuvent revolutionnaire sur la masse des producteurs et de la dictature sur les classes a abat- : reusstr en Occident SI, avant meme la revolution, on ne provoque pas un deplace-tre. Tenant pour un fait acquis, en un certain sens, la maturation objective de ment des forces dans un sens revolutionnaire, en mesure d'assurer sur une base la revolution, le probleme de Gramsci etait la construction de la maturation sub-

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    le Parti populaire, le Parti republicain et le Patti socialiste reformiste. De mem . cifte nouvelle. Cette derniere necessite un consensus actif des masses laborieuses divers Partis democratiques regionaux, tels le Parti d'action sarde, represente~~ s~; doit s'exprimer dans le cadre des institutions issues de la revolution et de la un obstacle pour la realisation d'une alliance entre ouvriers et paysans, sou 4upture de l' appareil de gouvernement bourgeois. la direction du P. C. I. L'attention portee aux luttes sectorielles sert l'objectll 1 Gramsci met cet aspect en valeur parce qu'il concerne non seulement la de laD. D.P. et la fondation de l'Etat ouvrier . Les derniers points des These rrategie italienne et plus generalement occidentale, mais egalement la strategie ( 42 a 44) indiquent tres bien la relation entre une tactique qui utilise ~ de ]'Union sovietique. C'est de cette fa~on, c'est-a-dire a la lumiere de sa theorie dessein. des mots d'ordre . democratiq~es et ~ne, strategie ,qu~ a pour objectif de l'hegemonie, qu'?n peut lire l'affirmati?n faite a Tog~iatti, selo~ laquelle a~jourl'excluslOn de toute solutiOn ne condmsant pas a 1 Etat proletanen fonde sur la ' "hui, neuf ans apres octobre 1917, ce nest plus le fazt de la przse du pouvozr par dictature. La tactique du front unique comme action politique "mouvement" fes bolcheviques qui peut mener les masses occidentales a la revolution, puisque a po~It role la .creation des pr~misses d'un: . '!irection ~fficace d,es mass~s par le 'cela est ?e!a co~nu et a produit. ~es effets. Au1ourd'hui, c'est 1~ c~nviction (s~ elle Parti commumste et la conquete de la maJonte en leur sem. Elle echouerart si elle existe), 1deolog1quement et pohtiquement active, que le proletanat, une f01s le ne permettait pas de demasquer les partis et les groupes soi-disant proletariens et 'pouvoir pris, peut construire le socialisme . Toutes les reserves exprimees par revolutionnaires . C'est d'ailleurs par rapport a la question de Ia determination Gramsci vis-a-vis des methodes de Staline sont motivees par Ia preoccupation qu'une d'une voie efficace vers Ia dictature qu'est introduite !'observation selon laquelle capacite d'hegemonie vienne a manquer en U. R. S. S. et que Ia domination l'em-la tactique du front unique et l'adoption tactique de mots d'ordre democra- porte unilateralement sur la direction. tiques sont rendues necessaires, car il existe une aclil~sion des masses aux partis ' Je suis convaincu que ce qui caracterise Gramsci et sa theorie de l'hegemonie, ct au." groupes que l'on doit detruire politiquement. Cette adhesion rend la lutte ce n'est pas du tout d'avoir introduit des elements propres a ouvrir Ia route a une frontale inopportune dans certaines circonstances. conception de l'Etat de type liberal-parlementaire et a une voie nationale, au

    On doit done voir dans ce probleme Ia racine de !'affirmation des Cahiers sens que lui donne aujourd'hui le ~.C. 1., mais bien plutot le fait que cette theorie selon laquelle il faut retarder la guerre de mouvement , tant que la guerre de i est !'expression la plus elaboree et la plus complexe de sa tentative pour donner position n'a pas porte ses fruits. C'est pourquoi entre les deux concepts de I a !a D. D.P. un fondement adequat, de sorte que Gramsci est le disciple le plus guerre il n'y a pas opposition, mais bien correlation fonctionnelle. On ne peut { independant et meme le plus autonome, mais le disciple a tous egards de la se lancer a l'assaut en vue de la prise du pouvoir (Etat ouvrier et dictature du doctrine leniniste. Bien sur, il l'etait et il entendait bien toujours le rester en proletariat) tant que la lutte de tranchees n'a pas ouvert la voie au succes : l'assaut 1926. Les Cahiers ouvrent-ils une phase nouvelle ? Et en quel sens ? pour la destruction de l'adversaire demeure cependant le but supreme. A tel point 1 que la conclusion des Theses (expression d'un mouvement de pensee dont les Quez-

    1

    ------.----------------.-----------

    ques themes sur la question meridionale sont une explicitation particuliere), est Ia' I'hegemonte comme fondement de la dtctature suivante : la formule de gouvernement ouvrier et paysan (mot d'ordre qu'en 1 ---------------------------------un certain sens nous pouvons dire democratique ) est une formule d'agitation, I mais ne correspond pas a une phase reelle du developpement historique si ce n'est I II n'est pas necessaire de chercher a attenuer Ia signification de la maniere dont en tant que solution de transition ( ... ). Sa realisation en fait ne peut etre con~e

    1

    Gramsci caracterise Lenine dans les Cahiers, precisement en ce lieu ou la theorie par le Parti que comme le point de depart d'une lutte revolutionnaire directe, !a de l'hegemonie re~oit son achevement philosophique . A propos de Lenine, il guerre civile, ayant a sa tete le proletariat allie aux paysans pour la conquete du affirme deux choses fondamentales que l'on doit examiner dans leur unite concep-pouvoir. Le Patti pourrait etre conduit a de graves deviations par rapport a sa I tudle : tache, qui est de guider la revolution, s'il interpretait le gouvernement ouvrier et 1) Lenine doit etre considere comme celui qui a jete les fondements de la paysan comme une reponse a une phase reelle du developpement de la lutte pour \ theorie ( le principe theorico-pratique de l'hegemonie, a lui aussi une portee gno-le pouvoir, c'est-a-dire s'il considerait que ce mot d'ordre indique Ia possibilite de , seologique et, partant, c'est dans ce domaine qu'on doit rec;hercher !'apport theori-resoudre le probleme de l'Etat dans I' interet de la classe ouvriere sous une forme que le plus important d'Illich a la philosophie de la praxis ). qui ne soit pas celle de laD. D.P. . 2) Lenine pourtant n'a pas eu le temps d'approfondir sa formule . Or,

    Done Gramsci, au moment meme ou il parvient a une connaissance precise ou Gramsci decouvre-t-il une insuffisance de Lenine ? Precisement dans les (identique en tous points a celle exprimee dans les Cahiers) des differences entre indications concernant le passage en Occident d'une guerre de position a une !'Orient et !'Occident, au moment meme ou il exprime dans Quelques themes sur guerre de mouvement , pour parvenir en tout etat de cause ala D. D.P. C'est la question meridionale la conception de la maturite de la theorie de l'hegemo- l une veritable deformation d'imaginer que Ia tentative gramscienne de developper le nie et du bloc historique , eclaircit egalement sans equivoque possible !a I leninisme sur la base d'une conscience des diHerences entre !'Occident et !'Orient signification meme de sa strategic : la D. D.P. et l'Etat ouvrier. Qu'est-ce qui a pour corollaire Ia mise au grenier de la theorie leniniste de l'Etat et de I'ob-differencie alors Gramsci des partisans les plus attardes de la dictature et de jectif de D. D.P. l'Etat ouvrier? C'est qu'il n'entend pas fonder la dictature et l'Etat sur Ia seule Quand il dit, dans une formule deyenue celebre, et qui a pour lui Ia valeur force, convaincu qu'elle ne peut resoudre les problemes lies a !'edification d'une 1 de principe general dans une science de la politique : la suprematie de tout groupe 128 129

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    l

  • ~ocial s'exprime de deux fa
  • consensus et rien d'autre , qu' il n'existe que l'Etat et naturellement l'Etat. gouvernement, etc. ;

    2) pour Croce, l'histoire est en revanche ethico-politique , c'est-a-dire qu celui-ci entend maintenir la distinction entre societe civile et societe politiquee entre hegemonic et dictature . 'I

    Comment pouvons-nous, a partir de la, synthetiser la position de Gramsci ~ En fait, dans sa conception de l'hegemonie, il se detache de Gentile en refusan~ ( c'est la un trait particulier) d'identifier dictature et hegemonic, puisque toute s . ~onception vis; ,a expliquer .l'exist~nce d'Etats A s'appuyant sur la dictature Illai:' mcapables d'hegemome ; et 11 se detache de meme de Croce en ce sens qu'il ne distingue pas, de la meme maniere que lui, hegemonic et dictature societe civile et societe politique . En synthetisant ce qui precede, on peu~ affirmer que, selon Gramsci, le systeme de l'begemonie peut se ramener au systeme de la dictature, mais qu'il peut exister un systeme de dictature incapable de s'expri-l mer en termes d'begemonie, alors que l'hegemonie doit intervenir comme caracte .. ristique d'une dictature capable d' effectuer a la fois la dominq#on sur les classes' adverses et la direction des classes alliees et des groupes proches.

    II semble evident, pour conclure, que lorsqu'il cherche quel est le mode d'etre. adequat de l'Etat ouvrier, Gramsci le decouvre a travers sa conception de l'hege.l monie. II existe bien sur un systeme hegemonique bourgeois fonde sur le mode I de production capitaliste et qui a son expression dans l'Etat democratique-bour. ' geois. II faut selon lui qu'existe aussi un systeme begemonique, fonde sur le depas- t sement du mode de production capitaliste. Ce systeme s'exprimera dans l'Etat qui organisera, pour les classes et les groupes appartenant au bloc historique revo. lutionnaire des formes de democratic proletarienne et, pour les classes et les ' groupes hostiles a l'Etat ouvrier, des formes de controle et de repression fondees sur la violence. Ce qui, de toute fa\;on, semble inacceptable pour Gramsci, c'est une conception de l'Etat, comme expression generale de la democratic ( telle celle qui s'est traduite dans le systeme liberal-representatif), du marxisine comme ideo-. Iogie parmi d'autres, en concurrence avec elles et integree dans le pluralis.rne' institutionnalise d'un parti dans lequel le marxisme pourrait cohabiter .avec des croyances religieuses ou des doctrines de types divers.

    Pour etre bref, je pense qu'on doit affirmer avec force cette idee que la theorie de l'hegemonie gramscienne est !'expression la plus haute et la plus com- . plexe du leninisme, en aucune fa\;on un point de passage entre le leninisme et une : conception de la lutte politique et de l'Etat qui opposerait le systeme de l'hege- 1 monie au systeme de la dictature et de l'Etat tel qu'ils s'expriment chez Lenine, I que Gramsci, comme s'il voulait eviter toute equivoque pour l'avenir, appelle le ~ saint-Paul du marxisme. Dans la vision gramscienne, le moment constantinien . etait encore a venir.

    Ia troisieme internationale

    Si l'on ~eut saisir la motivation profonde de ce Ieninisme structure! de Gramsci, il est necessaire de souligner qu'il est etroitement lie a une interpretation de la nature de l'epoque historique qui est celle de la Troisieme Internationale eta

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    ........_

    }'analyse theorique de l'imperialisme selon Lenine. Gramsci etait absolument convaincu que le socialisme etait mur objectivement depuis longtemps deja. Comme le rappelle Athas Lisa dans ses Memoires, resumant cette conviction en quelques mots, Gramsci pensait que les conditions objectives de la revolution proleta-rienne existaient en Europe depuis plus de cinquante ans .

    C'est seulement en tenant compte de cette conviction qu'on peut apprecier exactement le sens reel de !'opposition de Gramsci a la theorie du social-fascisme et a la ligne politique aventuriste qui en decoulait. II ne s'opposait pas a cette derniere parce qu'il considerait que la lutte contre le fascisme devait etre menee au nom de la reconstitution d'un systeme de democratic de type liberal dans le cadre d'une Constituante de type democratique, telle celle qui existait en Italic apres la Premiere Guerre mondiale ; mais il s'y opposait parce qu'il estimait

    nc~cessaire une phase intermediaire qui, avec les differences qui s'imposaient, permettrait au Parti revolutionnaire d'accumuler les forces necessaires pour un Octobre italien. Son opposition a la ligne du social-fascisme tenait a ce que celle-d pretendait realiser un objectif qui etait aussi le sien mais sans la phase tac-tique appropriee deja definie en 1924 : la recherche d'une voie permettant de se placer dans les conditions des bolcheviques et d'arriver ala D. D.P. En bref, son opposition tenait a ce qu'il accusait le P. c. I. et l'Internationale 'd;avoir con\;U de

    fa~on schematique les premisses de la dictature et de n'avoir pas compris !'impor-tance de la construction d'une dimension hegemonique tout aussi indispen-sable. I1 existait done une opposition entre deux conceptions ayant comme objet unique les bases de la D. D.P.

    Lisa est tres precis : l'expose (de Gramsci) sur la question de la Constituante etablissait ces deux idees :

    1) la tactique pour la conquete d'allies du proletariat; 2) la tactique pour la conquete du pouvoir . La phase de transition a pour but de faire comprendre aux masses rura-

    les la justesse du programme communiste et la faussete de celui des autres partis politiques ; l'objectif du Parti est la prise du pouvoir par la violence et la D. D.P. qu'il doit instaurer en utilisant la strategic qui repond le mieux a une situation historique determinee, au rapport de forces entre les classes, aux divers moments de la lutte ; "la Constituante" represente une forme organisee dans laquelle peuvent etre posees les revendications les plus avancees de la classe laborieuse. C'est au sein de celle-d que peut et doit s'exercer, par l'inter-mediaire de ses representants, !'action du Parti qui consiste a deprecier tout pro-jet de reforme pacifique et a montrer a la classe laborieuse italienne que la seule solution possible en Italic reside dans la revolution proletari~nne .

    On comprend bien comment, voulant eviter toute. equivoque possible sur une interpretation democratique de sa conception du role de la Constituante, Gramsci rappelle qu'en Russie !'Article 1 du Programme de Gouvernement du Parti bolchevique prenait en compte la Constituante et conclut en disant que le mot d'ordre du Parti doit etre : Republique des Soviets ouvriers et paysans en Ita-lie.

    Ne pas tenir compte de tous ces elements dans une interpretation de la theorie de l'hegemonie exprimee par Gramsci dans les Cahiers signifie la mutiler afin de la faire servir une actualite politique qui n'a rien a voir avec la situation et les perspectives de Gramsci.

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  • . --- ----- ------------ -------.----- ""?'

    I , , - 1) }fi moyen d'une teflexion entre hommes politiques egaux c'est-a-dite 1 I abandon de la conception gramsctenne tre communistes sur les presupposes et les modalites de leur action,

    - en 2) le moyen pour diriger des forces sociales subalternes , ~ .3) le moyen permettant au Patti revolutionnaire de rassembler les energies

    On ne peut comprendre les positions de Gramsci mentionnees ci-dessus si ecessaires pour detruire par la rationalite et la persuasion ces fausses idoles ne, l~s replace pa~ dans so~ ar:ai;:se plu; generale du capitalisme et dans celle pl~~ I ~ui dominent encore la cons~ience des allies s~baltern~s et ~reer, par conse-SJ.?ecifique du _fas~lsme. II n,amvalt pas~ penser_m;e phase a venit d'expansion orga. quent, l~s bases pour une. dt~tatur~ ~ur ~es s_outle_n_s ,actifs du vte~ ~onde .. Le ruque du capttahsme. Et ~est pourqll:o1 il_constd~rait 9ue la lutte des classes etait , plur~lis~e .de Grar;:sct (st, ce~m-c1 a Jamats utilise le terme) _n av~t ~ertam~-~ondamentalement marquee ~ar la dial~~tlque revolutton-contre-revolution, a une rnent nen a volt ~vee 1 mterp:etatton qu~ le P_. C. I. en dor:ne ~UJ~urd h~t, relat~-epo:rue dont !a nat_ure essenuelle est d etre, une epoque de revolution sociale. Le vernent aux; P!oblemes que _lu~ pose son msertton dans les m~tltuttons democratt-fasctsme ;epresentatt u,ne fo~me de c_ontre-~evolution in~apable er: soi d'etre autre ' ques-r~publicames de type hberal, dans lesq_uelles u~e conception ~u monde entre chose qu ~e con.~re:revo~utton passtve; c est pourquot Gramsct pensait que la en hbre concurr;?ce . avec les autres,, vtsant ,,a ce q~e la metlleure gagne >~. fin. du fasctsflle c~mctder~tt ave~ le renouveau de l'actualite de Ia revolution prole- Sans d?u~e, 1 evolutton du P. C. I. n a pas, ete tou~ d ab~r~ ~e, nature. doctn-tancnne, meme s1 celle-ct devatt rencontrer des problemes tactiques identiques , I nale . elle etatt par contre et av~nt tout le resultat dune realite economtque et ceux que nous rappelions ci-dessus. a sodaie precise. Face a la realite du capitalisme international et aux rapports entre

    L~ situation qui s'ouvrit de f,ai~ avec la. fin du fascisme dans le monde, Puis r Ies blocs ~> qui, en O~cident et en Italie, avaient rendu irrealisables. une modifi-e~ Italie, fut tout autre, .et la strategte gramsctenne fut ecartee. Le capitalisme mon- cation relattve~en~ raptde de_s r~pp?rts de fo,rces entre, c~as,ses, soctales en. vue dtal ~rouva ~on. leaders~up dans les Etats-Unis, sous la direction duquel Ia recons- d'abattre le capttaltsme et ses ms~l~utlons, face a la dure realite Ad un conservatr,sme tr?ctl?n capttahst~ d~ 1 ~urope, eut lie~, a l'ecart de.la sphere sovietique. Ceci vou- s'appuyant st;r u?e large base polittque de masse, le P. C. I. a .du se fix~r ~me tache latt dtre que les mstttutlons democrattques-bourgeotses et les Etats qui en etaie nouvelle : s mserer dans un tel contexte, accepter les techniques qm reglent les !'expression ?evenaienAt le milieu da_ns lequel, ~t pour to~te une epoque historiq: , rapports entre classe~ et ~roupes s~ciau~ differents, entre les divers partis d~ masse? nouve~e (qm est la notre), les !'ar!ts ~ommurustes devratent trouver leur place. II et abar;d~nner le p~o)et dune m~d!catton de ce~ ~appo.rts selon _une dynam1que qut Y avatt _done une profonde redistrt~utton des cartes par rapport a !'hypothese de mene a 1 Etat _ou~ne~. Con~ronte a ;me ~ourgeo~ste q~t, en Italie, a eu les ~o;:ens Gramsct.. Les rapports de classe s ~n trouve~ent modifies avant tout en ce qui d'irnp?ser ses. mstttuuon~ d Etat, mem~ s1 cela s e~t f~tt dans un cadre c~ns~tut:on-concernatt les rapports de forces nattonaux et mternationaux qui rendaient irreali _ nel democrauque avance, le P. C. I. s est propose d occuper les mstttuttons tes tout. projet ~e lutte contre les in~~tutions pour leur transformation dans u~ 1 par une action ,hegemm;liqu: qui, d'une. par~, renon;e a l'Etat ouvri~r et a _I~ sens anttbourgeots. La guerre de posttton brisait, pour ainsi dire ses liens avec D. D.P., et, de 1 autre, vtse a prendre la directton de 1 Etat parlementatre. Votla la guerre de mouvement . ' une conception de 1' hegemonic bien differente de celle de Gramsci.

    C'est ?ans ce co~texte nouveau qll:e, traversant contradictions et desaccords, I II est pourt~folt indeniable q~e le ~C. I: es~ a,us~i parvenu .a cette strate?ie le P. C.! ~~bora peu a peu u?~ co?ceptlon de l'hegemonie , assumee ensuite de nouvelle en utthsant Gra~sc~. Apres avotr re~e~h1 sur la cnse du .

  • ment ses comptes avec la tradition theorique et abandonne cette sagesse catho. lique pour laquelle tout est adaptation et rien n'est mutation . Sa theorie de l'hegemonie est qualitativement differente, sans equivoque possible, de celle de Gramsci. Dans ses buts comme dans ses moyens, la theorie de Gramsci est !'expres-sion theorique la plus haute, comme je le soulignais plus haut, de cette phase his-torique du mouvement communiste international qui s'ouvre par la revolution d'Octobre et se termine lorsque le stalinisme s'erige en regime. La theorie de l'he. gemonie selon le P. C. I., elle, exprime la tentative d'elaborer une strategie sur Ia base fondamentale de !'acceptation des institutions existant en Occident et sur celle d'une liquidation progressive de la phase historique du stalinisme.

    Demander au P. C. I. d'appuyer sa pratique sur une confrontation moins tac-ticienne avec le patrimoine theorique du passe ne repond pas seulement a une exigence de verite . II s'agit avant tout d'une exigence politique. La gauche italienne tout entiere dont, et tout le monde le sait, le P. C. I. est une composante essentielle, a besoin de plus de verite pour un plus grand realisme. Celui qui ecrit est convaincu que, dans ses aspects essentiels, la politique du P. C. I. est propre a rattacher ce Parti a une conception de l'Etat, des rapports entre les classes, du chemin du pouvoir , du role des gouvernements de coalition , propre au marxisme social-democrate, bien plus qu'a la conception leniniste et meme grams-cienne. Malgre une seule exception : le residu leniniste, de grande importance, des criteres d'organisation interne du Parti, residu dont la survivance est pour le moins sujette a caution. Si c'est la la realite, il faut en parler. Si la realite est autre, il est necessaire d'en clarifier les elements.

    Ce n'est jamais un signe de force d'etablir un rapport clerical et commemoratif avec le passe (s'il y a une force du passe, c'est pour les conservateurs), sauf si, dans les faits, on agit de maniere transformiste . Le transformisme a une place considerable dans le clericalisme marxiste . Lorsque les sociaux-democra-tes se rattacherent a une conception liberale de l'Etat, ils dirent le faire en rein-terpretant Marx ; quand Staline fit ce que l'on sait, il declara faire du pur leni-nisme ; et ainsi de suite. Aujourd'hui, alors que le socialisme est confronte a des situations difficiles, il est necessaire d'assumer pleinement ses responsabilites et en premier lieu ses responsabilites theoriques. II me parait clair en tout cas que la stra-tegie du compromis historique , le pluralisme ideologique , la lutte pour la transformation democratique de l'Etat, n'ont rien a voir avec la pensee d'Anto-nio Gramsci, le plus grand et le plus fecond interprete du leninisme historique, et marguent un tournant definitif par rapport a ce dernier.

    L'histoire est interessante aussi en ce qu'elle ne permet a personne de vivre au-dela d'un certain seuil de rentes accumulees par le passe. On peut, ala rigueur, agir ainsi pendant un certain temps, mais tot ou tard on se retrouve nus , et il n'est pas dit, en derniere analyse, que ce soit toujours un mal, car elle nous permet de nous voir tels que nous sommes.

    De Massimo Salvadori, on peut lire dans Dialectiques, Actualites de Gramsci, in n 4/5, special Gramsci.

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    cH. BUCI-GLUCKSMANN

    I eurocommumsme , de l'etat

    et problemes

    L

    Gramsci en question

    C'est un fait maintenant admis, un certain eurocommunisme politique est ne a Madrid en mars dernier. Certes, il ne s'agit pas d'une variante ou d'un modele regional de socialisme niant la specificite des situations nationales et encore moins d'un nouveau pole organisationnel du mouvement communiste international creant un nouveau schisme succedantl a Tito ou Mao. Mais la reconnaissance explicite d'une evaluation convergente des problemes de la democratie et du socialisme , l'enonce de principes communs au cours de declarations bilaterales, puis au som-met de Madrid presuppose bien une strategie difjerente de celle de 1917 et des pays de l'Est, et partant une conception nouvelle du socialisme dans la liberte . En ce sens, dans les societes en crise de !'Occident capitaliste, l'eurocommunisme exprime une nouvelle etape de la lutte pour le socialisme et peut constituer un ferment revolutionnaire, voire quelque chose de plus : un element de destabilisa-tion des rapports sociaux et du statu quo social et politique qui modifie la bipolarite des rapports U.S. A.-U. R. S. S. 1

    1. . F.urocommunisme et Etat

    Les principaux aspects de cette elaboration politique qui voit converger les dif-ferentes voies nationales au socialisme sont desormais connus : affirmation du pluralisme politique et ideologique, developpement de toutes les libertes indi-viduelles et collectives, distinction du parti et de l'Etat, reconnaissance du role du

    * Cet article est le developpement d'un article publie dans Paese Sera (20 janv. 77), l'Etat et l'begemonie chez Gramsci, et d'une Conference faite a la Maison de la culture de Milan (23 fevr. 77).

    1. Sur l'eurocommunisme on peut se reporter a : Mariangela Bosi et Hugues Portelli : Les P. C. espagnol, franfais et italien face au pouvoir (Bourgois) ; Bernardo Valli Gli euro-comunisti (interviews de J. Elleinstein P. Spriano et Santiago Carrillo) Bompiani; ? Que es el eurocomunismo ?, Maximo Loizu - Pere Vilanova - Editorial Avance; Les socialistes les communistes et les autres, J.P. Chevenement, chapitre cinquieme (Aubier) ; Peut-on parler d' eurocommunisme ? , article de Gerard Streiff publie dans France Nouvelle, 28 fevrier 77.

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