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Dialogues avec Jésusle Miséricordieux

L’ŒUVRE PONTIFICALE DE LA PROPAGATION DE LA FOI

textes : René Mailloux, f.m.s.

citations bibliques : TOB

conception graphique : Fabiola Roy

illustrations : Annie Vallotton, artiste suisse,Pages : 01-06-08-09-12-15-18-24-27-29-30-33-35-39-42Good News Translation © 1976, 1992American Bible Society, utilisées avec permission_D.C.Pages : 21-26-36-46-49

© 2016Œuvre Pontificale de la Propagation de la Foi

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L’Œuvre Pontificale de la Propagation de la Foi

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Dialogues avec Jésusle Miséricordieux

Avant-proposLe pape François a proclamé un Jubilé extraordinaire de la Miséricorde.Il nous rappelle à nous, qui croyons être de bons chrétiens, que nousavons souvent oublié de suivre l’exemple du Maître qui pardonnait toujours.Ce Jubilé pourrait nous inciter à reprendre la bonne voie.

Ces dialogues avec Jésus le miséricordieux sont inspirés des écrits et desparoles du Pape de la miséricorde. Les Œuvres pontificales missionnairesveulent s’unir aux efforts de l’Église pour promouvoir la miséricordependant cette année jubilaire et pendant les années qui suivront.

Le thème du Dimanche missionnaire mondial de 2016 fera la promotionde la miséricorde comme moyen extraordinaire de faire la mission.Ces dialogues demeureront cependant pertinents tout au long desannées à venir. Nous sommes au début d’une période de miséricorde,une période qui durera longtemps, c’est comme un assaisonnementredécouvert pour la nouvelle évangélisation.

Tout chrétien se doit non seulement d’être missionnaire dans son milieu,mais il doit aussi contribuer au travail de ceux et celles qui vont auxpériphéries, comme le suggère souvent notre Pape, et ce, en offrantl’obole de ses prières et en contribuant au soutien matériel. Les Œuvrespontificales missionnaires ont comme mission de le rappeler auxfidèles. Ce petit livre se veut un instrument pour aider les fidèles à prier.

Quand nous prions, nous n’attendrissons pas le cœur de Dieu. Son cœurest déjà infiniment tendre. Ce n’est pas Dieu que nous changeons, c’estnotre propre cœur qui change quand nous prions. Nous nous exposonsau soleil divin et il réchauffe notre cœur pour le rendre meilleur et plusmiséricordieux à l’image de son propre cœur.

Ce qui vient immédiatement après cet avant-propos est la prière duJubilé composée par le pape François. Les allusions bibliques contenuesdans cette prière ont dirigé le choix des textes évangéliques utiliséspour commencer chacun de ces dialogues.

03 — OPPF DIALOGUES AVEC JÉSUS LE MISÉRICORDIEUX

DIALOGUES AVEC JÉSUS LE MISÉRICORDIEUX OPPF — 04

Un texte biblique est cité. C’est un texte qui a rapport avec la miséricorde.C’est souvent aussi un texte dans lequel il y a un dialogue entre Jésus et unepersonne envers laquelle il a fait preuve de miséricorde.

Un dialogue entre un fidèle et Jésus suit. Il s’agit d’une conversationà bâtons rompus entre deux personnes qui s’aiment et qui veulent secomprendre. Il ne faut pas y chercher une explication théologique dupassage biblique. C’est plutôt un épanchement cordial entre deux amis.

Une courte prière est mise dans la bouche et le cœur d’un personnage dela péricope évangélique. C’est souvent un personnage qui a joui d’un pardonet de la miséricorde de Jésus.

Cette dernière est suivie d’un paragraphe de ce qu’a dit le pape François.C’est un texte choisi parmi les très nombreux écrits et discours du SouverainPontife. Le plus grand nombre de ces textes sont choisis dans la bulle« Misericordiae Vultus », bulle d’indiction du Jubilé extraordinaire de laMiséricorde. Certains viennent d’autres sources.

Nous terminons avec une maxime missionnaire. Il s’agit de faire ressortirle fait que la miséricorde est la meilleure façon de vivre la mission. C’esten la pratiquant que Jésus a vécu sa vie publique et qu’il est mort. Nousne pouvons certainement pas trouver de meilleure façon d’agir.

Nous vous souhaitons d’entrer profondément dans la miséricorde de Dieu en lisantet en méditant ces quelques dialogues. Cette miséricorde est aussi contagieuse.Plus nous nous approchons de la source de la miséricorde, plus nous deviendronsmiséricordieux et plus nous réussirons à aller jusqu’à soixante-dix fois sept foiscomme le demande l’Évangile.

Bonne méditation

des repèresVoici comment ces dialogues sont constitués


Prière du Jubiléde la Miséricorde

Seigneur Jésus-Christ; toi qui nous as appris à être miséricordieuxcomme le Père céleste et qui nous as dit que te voir, c’est le voir, montre-nouston visage et nous serons sauvés.

Ton regard rempli d’amour a libéré Zachée et Matthieu de l’esclavagede l’argent, la femme adultère et Madeleine de la quête du bonheur àtravers les seules créatures; tu as fait pleurer Pierre après son reniementet promis le paradis au larron repenti.

Fais que chacun de nous écoute cette parole dite à la Samaritaine commesi elle s’adressait à nous : si tu savais le don de Dieu!

Tu es le visage visible du Père invisible, du Dieu qui manifesta sa toute-puissance par le pardon et la miséricorde : fais que l’Église soit dans lemonde, ton visage visible, toi son Seigneur ressuscité dans la gloire.

Tu as voulu que tes serviteurs soient eux aussi habillés de faiblesse pourressentir une vraie compassion à l’égard de ceux qui sont dans l’ignoranceet l’erreur : fais que quiconque s’adresse à l’un d’eux se sente entendu,aimé, et pardonné par Dieu.

Envoie ton Esprit et consacre-nous tous de son onction afin que le Jubilé de laMiséricorde soit une année de grâce du Seigneur, et qu’avec un enthousiasmerenouvelé, ton Église annonce aux pauvres la bonne nouvelle, auxprisonniers et aux opprimés la liberté, et aux aveugles qu’ils retrouverontla vue! Nous te le demandons par Marie, Mère de la Miséricorde, à toi quivis et règnes avec le Père et le Saint-Esprit, pour les siècles des siècles.

Amen.

Pape François


Les scribes et les Pharisiens amenèrent alorsune femme qu’on avait surprise en adultère etils la placèrent au milieu du groupe. « Maître,lui dirent-ils, cette femme a été prise en flagrantdélit d’adultère. Dans la Loi, Moïse nous a prescritde lapider ces femmes-là.

Et toi, qu’en dis-tu? » Ils parlaient ainsi dans l’intentionde lui tendre un piège, pour avoir de quoi l’accuser. Mais Jésus, se baissant, semit à tracer du doigt des traits sur le sol. Comme ils continuaient à lui poser desquestions, Jésus se redressa et leur dit : « Que celui d’entre vous qui n’a jamaispéché lui jette la première pierre. »

Et s’inclinant à nouveau, il se remit à tracer des traits sur le sol. Après avoirentendu ces paroles, ils se retirèrent l’un après l’autre, à commencer parles plus âgés, et Jésus resta seul. Comme la femme était toujours là, au milieudu cercle, Jésus se redressa et lui dit : « Femme, où sont-ils donc? Personne net’a condamnée? » Elle répondit : « Personne, Seigneur », et Jésus luidit : « Moi non plus, je ne te condamne pas : va, et désormais ne pèche plus. »

fidèle : Seigneur, tu as trouvé un bon moyen de te sortir du piège que lespharisiens te tendaient.

jésus : J’étais beaucoup plus préoccupé par cette pauvre femme qui étaitdevant moi en proie à une grande terreur. Elle savait que normalement ce seraitla lapidation. Non seulement elle faisait face à la mort, mais c’était une morthorrible. Il me fallait trouver un moyen de la sortir de sa situation dramatique.

fidèle : Seigneur, elle avait tout de même commis l’adultère et tu ne vas pasme dire que tu approuves l’adultère.

jésus : Bien sûr que non. D’ailleurs à la fin, je lui ai dit de ne plus pécher.Cependant, le péché n’est pas pour moi l’occasion de punir, mais plutôtl’occasion de pardonner. Tu sais bien que pendant la nuit pascale, vouschantez l’heureuse faute qui vous a valu un rédempteur. Un rédempteurvient pour sauver et non pour réprimander.

fidèle : Parfois, Seigneur, il faut dénoncer le péché pour que les pécheurspuissent prendre conscience du mal qu’ils font.

jésus : Tu as raison. Cependant, il y a bien des façons de dénoncer le péché.Même quand nous devons le faire, il faut toujours le faire avec amour. Tu devraisle savoir, j’aime tous les humains et ceux qui ont le plus besoin d’amour sontjustement ceux qui sont pécheurs. Quand ils partaient les uns après les autresen commençant par les plus vieux, ils devenaient conscients de leurs fautes etplusieurs prenaient de bonnes résolutions. C’est quand une personne devientconsciente de son péché que je peux exercer ma miséricorde envers elle.

Jean 8, 3-11

La femme adultère


fidèle : Seigneur, tu me sembles très bon envers les méchants, peut-êtreparfois trop bon.

jésus : S’ils sont méchants, ce n’est pas une autre méchanceté qui va les fairechanger. Il ne faut pas neutraliser un acide avec un autre acide. Ce n’est qu’avecbeaucoup de bonté que l’on peut neutraliser la méchanceté. Ce n’est pas seulementune évidence religieuse. En simple psychologie humaine, c’est la même chose.

fidèle : Revenons à cette femme adultère. Elle n’a certainement pas commisce péché toute seule. Qu’est-il arrivé à l’homme avec qui elle a été trouvée?

jésus : Eux, ils ne s’en sont pas occupés. Leur but était plutôt de me piéger.En ce temps-là, c’étaient surtout les hommes qui faisaient la loi. J’étais bienavant mon temps dans ma façon de considérer les femmes. Pour ces pharisiens,ce n’était pas grand-chose de sacrifier une femme pour pouvoir faire tairele prophète encombrant que j’étais.

fidèle : Ces gens étaient des hypocrites. Ils auraient mérité un châtiment!

jésus : Si tu veux marcher à ma suite, il va falloir que tu oublies les châtimentset les punitions. Tout ce qui m’importe c’est d’aimer. Je ne force personne àm’aimer. Mais mon amour est toujours en attente à la porte de chaque cœur.

fidèle : Ce que tu dis est bien beau, mais il doit certainement y avoir dessituations où il faut punir ceux qui font le mal.

jésus : Tu parles comme un humain. Je te comprends, car moi aussi je suiscomplètement homme. Cependant, je suis aussi complètement Dieu et pourmoi, ce qui importe c’est le pardon. Toute punition ne devrait être qu’un moyenpour aider le coupable à retourner vers le bien. Un pardon amoureux esthabituellement bien plus efficace.

fidèle : Cette façon de pardonner est divine. Tu ne peux pas nous demanderde pardonner comme tu le fais. Ce serait au-dessus de nos forces.

jésus : Je ne te demande pas de réussir. Je te demande seulement d’essayer.Plutôt que de considérer ceux à qui tu devrais pardonner, considèrecombien toi, tu as besoin de mon pardon. Ce sera un moyen d’arriver àl’humilité nécessaire pour pouvoir pardonner.

fidèle : C’est l’orgueil qui nous empêche de pardonner?

jésus : Tu as parfaitement raison. J’ai été humilié jusqu’à la mort sur unecroix et c’est pourquoi mon amour et ma miséricorde sont sans limites. Situ considères ta situation et celle de cette femme dont nous parlons, tuverras qu’à toi aussi je dis : « Personne ne t’a condamnée. »

fidèle : Seigneur, aide-moi à être humble.

jésus : Regarde le pape François; il est mon vicaire, mon représentant surla terre et il se reconnaît pécheur. Pour devenir humble, il ne faut pas tellement


La femmeadultère

L’Église de laMiséricorde,Médiaspaul,

2014, p.45

considérer tes péchés, si terribles qu’ils puissent être, mais plutôt considèrela miséricorde divine. Pour te trouver petit, il faut que tu te compares à cequi est réellement grand et non à la petitesse de ce que tu as pu commettre.

fidèle : Ne faut-il pas être humilié pour devenir humble?

jésus : Ce sont les humains qui veulent humilier leurs semblables afin depouvoir les dominer. Je ne cherche pas à dominer mes frères et sœurs en humanité,je veux tout simplement les aimer. C’est pour cette raison que l’humilité quej’aime est celle provoquée par ma miséricorde. Ce n’est pas une humiliation.

Qui es-tu Seigneur? Quel prophète es-tu? Comment peux-tu m’avoir sauvée desaffres de la mort où je me trouvais? Mes actions auraient peut-être mérité lamort. Tu es arrivé et tu m’as libérée de tous mes ennemis les uns après lesautres. Tu m’as relevée et maintenant je me tiens debout devant toi et devantla vie. Je réalise que ton amour est sans limites. Toute ma vie, je saurai quel’amour est plus fort que la haine. Merci Seigneur.

« L’Église est formée de pécheurs. Nous le voyons chaque jour. Et cela est vrai,nous sommes une Église de pécheurs : et comme pécheurs, nous sommesappelés à nous laisser transformer, renouveler et sanctifier par Dieu. Il y a eudans l’histoire la tentation de certains qui affirmaient : l’Église est seulementl’Église des purs; de ceux qui sont entièrement cohérents; et tous les autresdoivent être éloignés. Cela n’est pas vrai! L’Église, qui est sainte, ne refuse pasles pécheurs; nous tous, elle ne nous refuse pas. Elle ne nous refuse pas, carelle appelle toutes les personnes, elle les accueille, elle est ouverte égalementà ceux qui sont le plus éloignés, elle appelle chacun à se laisser entourerpar la miséricorde, par la tendresse et par le pardon du Père, qui offre àtous la possibilité de le rencontrer, de marcher vers la sainteté. “Mais, Père,moi je suis un pécheur, j’ai commis de grands péchés; comment puis-je sentirque je fais partie de l’Église?” Cher frère, chère sœur, c’est précisément celaque désire le Seigneur; que tu dises : “Seigneur, je suis ici avec mes péchés.”L’un d’entre vous est-il ici sans péché? Personne, personne d’entre nous.Nous portons tous avec nous nos péchés. Mais leSeigneur veut nous entendre dire : “Pardonne-moi, aide-moi à marcher, transforme moncœur!” Et le Seigneur peut transformerle cœur. Dans l’Église, le Dieu quenous rencontrons n’est pas un jugeimpitoyable, mais il est comme le Pèrede la parabole évangélique. »

La Miséricorde attire les pécheursvers le ciel alors que la condamnationles envoie en enfer.


Entré dans Jéricho, Jésus traversait la ville.Survint un homme appelé Zachée; c’était unchef des collecteurs d’impôts et il était riche.Il cherchait à voir qui était Jésus, et il ne pouvaity parvenir à cause de la foule, parce qu’il

était de petite taille. Il courut en avant etmonta sur un sycomore afin de voir Jésus

qui allait passer par là. Quand Jésus arriva àcet endroit, levant les yeux, il lui dit : « Zachée,

descends vite : il me faut aujourd’hui demeurerdans ta maison. » Vite, Zachée descendit et

l’accueillit tout joyeux.

Voyant cela, tous murmuraient; ils disaient : « C’est chez un pécheur qu’ilest allé loger. » Mais Zachée, s’avançant, dit au Seigneur : « Eh bien!Seigneur, je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens et, si j’ai faittort à quelqu’un, je lui rends le quadruple. » Alors Jésus dit à son propos :« Aujourd’hui, le salut est venu pour cette maison, car lui aussi est un filsd’Abraham. En effet, le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce quiétait perdu. »

fidèle : Seigneur, nous voyons bien que tu as pardonné à Zachée, cependanttu ne lui as même pas dit que tu le pardonnais. À d’autres, tu as dit :« Tes péchés sont pardonnés. » À Zachée, tu n’as rien dit de tel.

jésus : Je n’utilise le mot péché que quand c’est absolument nécessaire.Ce que je veux, ce n’est pas rappeler à quelqu’un qu’il est pécheur,c’est tout simplement le réinstaller dans mon réseau d’amis, pour qu’ilm’aime officiellement. En ce qui me concerne, je n’ai jamais cessé de l’aimer.

fidèle : Au paralytique descendu du toit et à la femme qui te parfumait lespieds chez Simon, tu leur as pourtant dit que leurs péchés étaient pardonnés.

jésus : C’était pour les autres que je le disais. Ces personnes savaient trèsbien qu’elles étaient pardonnées. Je voulais provoquer l’assistance. Cespersonnes étaient les moyens audiovisuels que j’utilisais dans ma pédagogiepour faire comprendre que je pouvais réellement pardonner les péchés.

fidèle : Je comprends le cas du paralytique et de la fille de joie. Cependant,tu sais ce qu’était un publicain : un traître, un voleur, un exploiteur de pauvresgens. Les publicains allaient jusqu’à vendre comme esclaves la femme et lesenfants d’un contribuable insolvable.

Zachée pardonné

Luc 19, 1-10


jésus : Crois-tu qu’après ma rencontre, notre ami Zachée a continué de faireces actions mauvaises? Non, il a même promis de donner la moitié de sa fortuneaux pauvres et de remettre quatre fois ce qu’il avait volé. Comme la très grandepartie de sa fortune venait de vols, je ne sais pas comment il a pu faireses mathématiques. Cela m’importe peu. L’essentiel, c’est la transformationde son cœur.

fidèle : Tu sembles pourtant avoir été plus dur envers les pharisiensqu’envers les publicains.

jésus : Tu te trompes. Beaucoup de pharisiens sont devenus mes amis. Penseà Nicodème et à bien d’autres qui sont nommés dans les Écritures, mais oùil n’est pas mentionné qu’ils étaient pharisiens. La première croyance, la pluscaractéristique des pharisiens était de croire à la résurrection des morts. Tusais bien que j’ai donné la preuve qu’ils avaient raison en ressuscitant moi-même. Ce n’est pas contre les pharisiens que j’en avais, c’était contre ce queles gens ont appelé plus tard le pharisaïsme. Le mot pharisianisme n’a pasété inventé et il aurait pu représenter la bonne doctrine des pharisiens quej’approuvais et que j’approuve encore.

fidèle : Je suis heureux d’apprendre que tu aimes aussi les pharisiens.Est-ce que par hasard tu en serais un, toi aussi?

jésus : Je n’étais pas officiellement membre de leur groupe, mais j’adhérais àla plus grande partie de leurs croyances. Pour te prouver ce que je viens de dire,je te rappelle que Saul, que je suis allé chercher plus tard pour en faire l’apôtredes gentils, afin qu’il soit le catalyseur qui permettrait à mon Église de devenirréellement catholique, c’est-à-dire universelle, eh bien, Saul était un pharisien.Sa conversion un peu miraculeuse l’a cependant débarrassé de tout restede pharisaïsme qu’il aurait encore eu.

fidèle : Revenons à Zachée. L’Écriture ne nous dit pas ce qui est advenude lui plus tard. A-t-il continué dans le bien ou si après le feu de pailleintempestif de sa rencontre avec toi, il a continué dans sa voie précédente?

jésus : Si l’Écriture ne le dit pas, c’est que ce n’est pas ce qui est essentiel.Zachée avait fait l’expérience du pardon et le souvenir de cette expériencea influencé toute sa vie. Les humains ont toujours besoin de pardon. La saintetéconsiste souvent à le réaliser. Le pardon peut être parfois un peu spectaculairecomme ce fut le cas chez Zachée. Cependant, mon pardon est accordé le plussouvent au fond des cœurs sans que ce soit apparent extérieurement. C’estdans l’intimité des cœurs que je me plais. C’est d’ailleurs au fond du cœurde Zachée que je suis demeuré après ma rencontre. C’est pour cela que tune connais pas la suite. Nous avons droit à une amitié privée.

fidèle : Seigneur, tout ce que tu fais semble tellement ajusté à chaquecirconstance et à chaque personne. Comment fais-tu pour avoir toujours lajuste réponse amoureuse?


Zachée

Bulle d’indiction du Jubilé

extraordinairede la

Miséricorde,no 12

jésus : Tu sais, les gens me définissent de plusieurs façons. Ils me nommentle Très-Haut, le Tout-Puissant et beaucoup d’autres noms qui sont tous bienadaptés à moi. Ce que je préfère entre tous, c’est de me faire appeler l’Amour.Mon essence et mon existence sont la même chose, je ne suis qu’Amour.Je t’aime déjà. Aime-moi, c’est tout ce qui est important.

Seigneur, tu as dit que le salut était venu dans ma maison. Je crois qu’il estsurtout venu dans mon cœur. Depuis que j’ai accepté ton amitié, la paix etla joie habitent maintenant à l’intérieur de moi. Depuis que tu m’as regardéquand j’étais sur mon sycomore, j’ai réalisé que tu ne me jugeais pas, maisque tu m’acceptais malgré ma misère. Qu’il fait bon d’être avec toi!

« L’Église a pour mission d’annoncer la miséricorde de Dieu, cœur battantde l’Évangile, qu’elle doit faire parvenir au cœur et à l’esprit de tous.L’Épouse du Christ adopte l’attitude du Fils de Dieu qui va à la rencontrede tous, sans exclure personne. De nos jours où l’Église est engagée dansla nouvelle évangélisation, le thème de la miséricorde doit être proposéavec un enthousiasme nouveau et à travers une pastorale renouvelée. Ilest déterminant pour l’Église et pour la crédibilité de son annonce de vivreet de témoigner elle-même de la miséricorde. Son langage et ses gestesdoivent transmettre la miséricorde pour pénétrer le cœur des personnes etles inciter à trouver le chemin du retour au Père. »

Il ne faut pas attendre que les pécheurs viennent à nous pour leur offrirla miséricorde de Dieu. Il faut aller vers eux pour la leur présenter.Il faut aller jusqu’au pied du sycomore.


Un Pharisien l’invita à manger avec lui;il entra dans la maison du Pharisien et semit à table. Survint une femme de la villequi était pécheresse; elle avait apprisqu’il était à table dans la maison duPharisien. Apportant un flacon de parfumen albâtre et se plaçant par-derrière, touten pleurs, aux pieds de Jésus, elle se mit àbaigner ses pieds de larmes; elle les essuyaitavec ses cheveux, les couvrait de baisers etrépandait sur eux du parfum.

Voyant cela, le Pharisien qui l’avait invité se dit en lui-même : « Si cet hommeétait un prophète, il saurait qui est cette femme qui le touche, et ce qu’elle est :une pécheresse. » Jésus prit la parole et lui dit : « Simon, j’ai quelque chose àte dire. » – – « Parle, Maître, » dit-il. – – « Un créancier avait deux débiteurs; l’unlui devait cinq cents pièces d’argent, l’autre cinquante. Comme ils n’avaient pasde quoi rembourser, il fit grâce de leur dette à tous les deux. Lequel des deuxl’aimera le plus? » Simon répondit : « Je pense que c’est celui auquel il a faitgrâce de la plus grande dette. » Jésus lui dit : « Tu as bien jugé. »

Et se tournant vers la femme, il dit à Simon : « Tu vois cette femme? Je suisentré dans ta maison : tu ne m’as pas versé d’eau sur les pieds, mais elle,elle a baigné mes pieds de ses larmes et les a essuyés avec ses cheveux. Tune m’as pas donné de baiser, mais elle, depuis qu’elle est entrée, elle n’apas cessé de me couvrir les pieds de baisers. Tu n’as pas répandu d’huileodorante sur ma tête, mais elle, elle a répandu du parfum sur mes pieds.

Si je te déclare que ses péchés si nombreux ont été pardonnés, c’est parcequ’elle a montré beaucoup d’amour. Mais celui à qui on pardonne peu montrepeu d’amour. » Il dit à la femme : « Tes péchés ont été pardonnés. » Les convivesse mirent à dire en eux-mêmes : « Qui est cet homme qui va jusqu’àpardonner les péchés? » Jésus dit à la femme : « Ta foi t’a sauvée. Va en paix. »

fidèle : Seigneur, je sais bien que tu as mis Simon à sa place. Cependant,je me demande si c’était réellement bien que tu te laisses parfumer lespieds par une femme de ce genre, et ce, malgré sa conversion.

jésus : J’ai l’impression que tu es bien comme Simon. Tu te préoccupesde ce que les gens diront, de ce qui est convenable dans la société et detoutes sortes de choses humaines, bien humaines de ce genre. Pour moi,tout ce qui importe, c’est qu’une personne qui jouit de la miséricorde divineexprime sa joie. Sa façon de l’exprimer importe peu.

Luc 7, 36-50

Chez Simon le pharisien


fidèle : Il semble bien que si tu étais au courant de sa conversion, cen’était pas tout le monde qui le savait. N’était-ce pas un peu un scandale?

jésus : Tu ne considères que la réaction de ceux qui n’ont pas le pardon facile.Moi, ma principale préoccupation était de donner à cette pauvre fille l’occasiond’exprimer sa joie d’avoir été une bénéficiaire de la miséricorde de Dieu.C’est en manifestant ma miséricorde que je peux montrer qui est Dieu, cen’est pas nécessairement en respectant toutes les conventions sociales.

fidèle : Seigneur, cette femme avait la réputation d’être une fille de vie.Tu ne me diras tout de même pas que tu approuves les filles de vie!

jésus : Tu as de la difficulté à comprendre. Bien entendu, je n’approuvepas la mauvaise conduite de qui que ce soit. Cependant, j’aime toutes lespersonnes humaines, saintes ou pécheresses. Tu sais, mon Père est le Pèreuniversel. Toute créature humaine est mon frère et ma sœur. Commentpourrais-je ne pas les aimer toutes?

fidèle : Je trouve que tu as été un peu sévère avec Simon. Tu lui as reprochéde ne pas t’avoir donné de l’eau pour tes pieds ni de t’avoir donné unbaiser de bienvenue.

jésus : Oui, j’ai adressé des reproches à Simon, mais ce n’était pas ausujet de son manque de politesse envers moi. Ce que je lui reprochais c’étaitde porter des jugements téméraires sur cette pauvre femme. Seul Dieu peutlire dans les cœurs et les consciences. Il ne donnait même pas le bénéficedu doute à cette pauvre femme.

fidèle : Tout pharisien qu’il était, Simon était un homme respectable,est-ce que tu peux lui reprocher de ne pas avoir été content de voir unepécheresse agir comme elle l’a fait dans sa propre maison?

jésus : Là, tu touches le vrai problème. Simon se croyait juste et croyaitque l’autre n’était qu’une pécheresse. Dieu a un amour préférentiel pourceux qui souffrent. Le péché est la plus grande des souffrances. Quand unepersonne se voit pécheresse, elle attire l’attention et la compassion deDieu. Quand une personne ne se voit que vertueuse, elle a tendance àcroire qu’elle n’a pas besoin de mon Père, ni de moi, ni de notre Esprit.

fidèle : Faudra-t-il citer encore une fois cette fameuse phrase de l’Exultet :« Ô, heureuse faute qui nous a valu un tel rédempteur. »

jésus : Cette phrase que l’on chante ou que l’on récite chaque Samedi saintest là pour exprimer ce que je ressentais lors de cette nuit de la Résurrection.Je venais d’accomplir l’acte d’amour le plus grand de toute l’histoire humaineet en même temps, j’ouvrais la demeure de mon Père à toute la race humaine.Vous pouvez bien exulter.


fidèle : Mais Seigneur, un péché, une faute, peut-il être heureux?

jésus : Est-ce que tu veux bien cesser d’être préoccupé par le péché? Cequi importe, c’est la miséricorde de mon Père, cette miséricorde que je suisvenu apporter sur la terre pour tout le monde. Je suis venu pour neutraliserle mal par le pardon et la miséricorde. Cesse d’être obsédé par le péché.Pense plutôt à mon amour.

Jésus, mon bon maître, tu m’as permis de t’exprimer ma reconnaissancepour ta miséricorde. Je n’avais plus de honte devant Simon et ses semblables.Leur jugement m’était égal. Tout ce qui importait, c’était d’exprimer majoie débordante. Te parfumer les pieds était la chose la plus décentequ’une fille comme moi connaissait pour exprimer bonheur et amour.C’est vrai que tu m’as beaucoup pardonné. Je ne peux que t’aimer beaucoup.

« Lorsque Jésus entre dans la vie de quelqu’un, celui-ci ne reste pas emprisonnédans son passé, mais il commence à regarder le présent d’une autre manière,avec une autre espérance.

Il commence à se regarder lui-même d’un autre œil, ainsi que sa propreréalité. Il ne reste pas ancré dans ce qui est arrivé, mais il est en mesurede pleurer et d’y trouver la force de recommencer. »

Rencontre à la prison de Santa Cruz de la Sierra, Bolivie, le 10 juillet 2015

La discrimination envers les pécheurs, surtout à l’égard de ceux quisont convertis, est contraire à la miséricorde universelle de Dieu.

La pécheresse

Méditer sur la miséricordeavec le pape

François, Éditions

Salvator, p. 70


Luc 5, 17-26

Or, un jour qu’il était en traind’enseigner, il y avait dansl’assistance des Pharisiens etdes docteurs de la loi qui étaient

venus de tous les villages deGalilée et de Judée ainsi que de

Jérusalem; et la puissance duSeigneur était à l’œuvre pour lui faire

opérer des guérisons.

Survinrent des gens portant sur une civière un homme qui était paralysé; ilscherchaient à le faire entrer et à le placer devant lui; et comme, à cause dela foule, ils ne voyaient pas par où le faire entrer, ils montèrent sur le toit et,au travers des tuiles, ils le firent descendre avec sa civière en plein milieu,devant Jésus.

Voyant leur foi, il dit : « Tes péchés te sont pardonnés. » Les scribes et lesPharisiens se mirent à raisonner : « Quel est cet homme qui dit des blasphèmes?Qui peut pardonner les péchés, sinon Dieu seul? » Mais Jésus, connaissantleurs raisonnements, leur rétorqua : « Pourquoi raisonnez-vous dans voscœurs? Qu’y a-t-il de plus facile, de dire : “Tes péchés te sont pardonnés”ou bien de dire : “Lève-toi et marche?” Eh bien, afin que vous sachiez quele Fils de l’homme a sur la terre autorité pour pardonner les péchés, – il ditau paralysé : “Je te dis, lève-toi, prends ta civière et va dans ta maison.” »

À l’instant, celui-ci se leva devant eux, il prit ce qui lui servait de lit et il partitpour sa maison en rendant gloire à Dieu. La stupeur les saisit tous et ilsrendaient gloire à Dieu; remplis de crainte, ils disaient : « Nous avons vuaujourd’hui des choses extraordinaires. »

fidèle : Seigneur, je ne comprends pas pourquoi la première chose quetu as dite concernait le pardon des péchés. Ces brancardiers ne l’avaientcertainement pas descendu devant toi à cause de ses péchés, mais à causede sa paralysie.

jésus : Tu ne lis pas au fond des cœurs, c’est pour cette raison que tu necomprends pas. Bien que sa paralysie fût la chose la plus apparente, cepauvre homme avait aussi de la poussière sur la conscience. En m’entendantpardonner tout cela, il a reçu une grande paix intérieure et sa guérisonphysique n’est devenue que plus agréable.

L’homme descendu sur un brancard


fidèle : En même temps, tu as provoqué l’indignation des pharisiens quiétaient loin de croire que tu étais le Fils de Dieu.

jésus : Beaucoup de gens sont indignés devant ma miséricorde. Ils necomprennent pas que pardonner soit ma priorité. Ils voudraient que je commence parfaire admettre les péchés par leurs auteurs, que je les sermonne un peu etque seulement après j’accorde mon pardon. Ces gens ne me connaissent pasintimement. Quand j’entre dans l’intimité d’une personne et accorde lepardon avant l’aveu, ou même sans aucun aveu, il s’établit entre nousune grande intimité.

fidèle : Est-ce que tu veux dire qu’il n’est pas nécessaire d’avouer sespéchés? À quoi servirait le sacrement de Réconciliation?

jésus : Tu es très légaliste. Bien entendu, le sacrement existe parce que j’aidonné à mes apôtres et à leurs successeurs le pouvoir de pardonner en monnom. Pour le faire, ils ont mis en place un rituel et c’est très bien. Cependant,je ne suis prisonnier d’aucun rituel. Si je pardonne chaque fois que l’un demes ministres donne l’absolution, je pardonne aussi dès que j’entre chezl’un des enfants de Dieu, quelle que soit ma porte d’entrée.

fidèle : Après la guérison du paralytique, est-ce que les pharisiens et lesgens de leur acabit ont compris que tu pouvais pardonner les péchés?

jésus : Quelques-uns ont compris, mais celui qui l’a compris le mieux, c’estce paralytique pardonné et guéri. La miséricorde de Dieu n’est pas d’abordun pardon public pour redonner l’innocence à quelqu’un. C’est une paix del’âme qui se ressent au plus intime de la personne. Que les hommes accusentou même qu’ils punissent, ce sentiment de paix demeure là où lesautres ne peuvent pas le voir, ni même le déceler.

fidèle : Seigneur, tu sembles obsédé par la compassion et la miséricorde.Ce que tu as fait pour ce paralytique le montre clairement, tu as pardonnéet tu as guéri.

jésus : Comme un poisson ne peut pas vivre hors de l’eau, je ne pourraispas être le Dieu que je suis sans ce que tu appelles mes obsessions. Je suisle Dieu d’Abraham et tous ceux qui disent remonter à moi disent que je suismiséricordieux. Dans l’Ancien Testament, les Juifs admettent que je suis unDieu bon et miséricordieux, lent à la colère et plein de bienveillance. (cf. Jonas 4, 2)Le Coran répète au début de chacune des sourates (chapitres dans le coran)la formule suivante : « Au nom de Dieu : celui qui fait miséricorde, leMiséricordieux. »


fidèle : Seigneur, n’aurais-tu pas utilisé l’événement de ce paralytiquedescendant du toit afin de prouver que tu avais le pouvoir de pardonnerles péchés?

jésus : Bien entendu, je voulais que tous sachent que je peux pardonnerles péchés, mais même s’il n’y avait pas eu de foule, j’aurais tout de mêmeagi de la même façon. La joie que je ressens quand je vois un pécheur repentiet pardonné est tellement grande que je ne peux jamais m’empêcher dedonner mon pardon quand une occasion se présente. Il faut cependantajouter que l’occasion était bonne pour témoigner devant une foule. Jevoulais que tout le monde sache que mon Père et moi, avec notre EspritSaint, faisons nos délices dans la miséricorde.

Seigneur, je ne trouve pas les mots que je devrais dire devant cette tendresseque tu as eue envers moi. Tu as guéri mon âme et mon corps. Ce n’est pasfacile de devoir être transporté par les autres comme c’était mon cas. C’esttoi seul qui as pu m’aider à me libérer du poids de ma conscience. Je ne peuxque te dire : merci, pour qui tu es; et pour ce que tu as fait pour moi!

« Le monde a besoin d’hommes et de femmes qui ne soient pas fermés, maisremplis de l’Esprit Saint. La fermeture à l’Esprit Saint est non seulement unmanque de liberté, mais aussi un péché. Il y a tant de manières de se fermerà l’Esprit Saint : dans l’égoïsme de son propre avantage, dans le légalismerigide – comme l’attitude des docteurs de la Loi que Jésus appelle Hypocrites—, dans le manque de mémoire de ce que Jésus a enseigné, dans le fait devivre la vie chrétienne non comme service, mais comme intérêt personnel,et ainsi de suite. Au contraire, le monde a besoin de la foi et de la persévérancedes disciples du Christ. »

Homélie, messe de la Pentecôte, 24 mai 2015.

Pour agir en missionnaire du Christ, il convient de montrer de la miséricordeplutôt que de dénoncer ce qui nous semble être des abus, surtoutquand il s’agit d’abus de bonté et de générosité. La première actiondu Christ est toujours de pardonner.

Le paralytique

Méditer sur lamiséricordeavec le pape

François, Éditions

Salvator,2015


Le Seigneur dit : « Simon, Simon, Satanvous a réclamés pour vous secouer dansun crible comme on fait pour le blé. Maismoi, j’ai prié pour toi, afin que ta foi nedisparaisse pas. Et toi, quand tu serasrevenu, affermis tes frères. » Pierre lui dit :« Seigneur, avec toi je suis prêt à aller même enprison, même à la mort. » Jésus dit : « Je te le déclare, Pierre, le coq nechantera pas aujourd’hui, que tu n’aies par trois fois nié me connaître. »Alors Simon-Pierre, qui portait un glaive, dégaina et frappa le serviteur dugrand prêtre, auquel il trancha l’oreille droite; le nom du serviteur étaitMalchus. Mais Jésus dit à Pierre : « Remets ton glaive au fourreau! La coupeque le Père m’a donnée, ne la boirai-je pas? » Ils se saisirent de lui,l’emmenèrent et le firent entrer dans la maison du Grand Prêtre. Pierre suivaità distance. Comme ils avaient allumé un grand feu au milieu de la cour ets’étaient assis ensemble, Pierre s’assit au milieu d’eux. Une servante, levoyant assis à la lumière du feu, le fixa du regard et dit : « Celui-là aussi étaitavec lui. » Mais il nia : « Femme, dit-il, je ne le connais pas. » Peu après, un autre

dit en le voyant : « Toi aussi, tu es des leurs. » Pierre répondit :« Je n’en suis pas. » Environ une heure plus tard, un autre

insistait : « C’est sûr, disait-il, celui-là était avec lui;et puis, il est Galiléen. » Pierre répondit : « Je ne

sais pas ce que tu veux dire. » Et aussitôt,comme il parlait encore, un coq chanta.

Le Seigneur, se retournant, posa son regard sur Pierre;et Pierre se rappela la parole du Seigneur qui lui

avait dit : « Avant que le coq chante aujourd’hui, tum’auras renié trois fois. » Il sortit et pleura amèrement.

fidèle : Seigneur, ton apôtre avait été fougueux quand il a coupé l’oreillede Malchus, le serviteur du grand prêtre. Tu l’as arrêté. Peut-on lui reprocherd’être devenu poltron devant une servante?

jésus : Je ne lui reproche rien. Bien entendu, renier son maître n’est pasune chose à encourager. Pour moi, l’important n’est pas qu’il m’ait renié,mais bien qu’il a pleuré sa faute et qu’il l’a pleurée amèrement. EntrePierre et moi, il y avait et il y a encore beaucoup d’amour.

fidèle : Si tu l’avais laissé aller avec Malchus, il aurait probablementmontré qu’il était capable de mourir avec toi comme il l’avait dit.

Luc 22, 31–34.54–62

Jean 18, 10–11

Pierre renie Jésus


jésus : Je ne voulais surtout pas sa mort. C’est moi qui allais mourir pourtous. Pierre devait être celui qui continuerait ma mission de pardon etd’amour. Je voulais seulement lui faire comprendre qu’il était encoreun humain faible. Son tempérament fougueux, ses actions impétueusesavaient besoin de devenir plus posés, plus réfléchis. Son reniement luia donné l’occasion d’expérimenter mon amour et mon pardon. Un regard asuffi pour le lui faire comprendre.

fidèle : L’Évangile nous dit qu’il a pleuré amèrement. Qu’est-ce qui achangé dans votre relation après ces pleurs?

jésus : Le véritable pardon renforce le lien d’amour qui peut exister entredeux personnes. Se savoir aimé malgré sa faute et accepter ce pardoncomme un cadeau, une grâce quand cela vient d’en haut est un moyen deréaliser la grandeur de cet amour inconditionnel dont nous jouissons. Etpour celui qui accorde son pardon et qui réalise que ce pardon est accepté,c’est une joie profonde. C’est toujours vrai qu’il y a plus de joie à donnerqu’à recevoir.

fidèle : Pierre devait être gêné et humilié après cet événement. Ce n’estpas agréable de se sentir coupable d’une bêtise, même si nous savonsque nous sommes pardonnés.

jésus : Je ne voulais pas qu’il soit humilié, je voulais seulement qu’il soithumble. Il lui fallait beaucoup d’humilité pour avoir l’audace nécessairepour diriger mon Église après la Pentecôte. Aucun homme ne pouvaitfaire ce que Pierre a fait sans avoir une foi sans limites qui repose surla certitude que Dieu nous aime même dans notre faiblesse et dansnotre petitesse.

fidèle : Après la Résurrection, tu lui as demandé s’il t’aimait et aprèssa réponse positive, tu lui as dit de paître tes brebis. (cf. Jean 21, 15-17)Est-ce que c’était pour officialiser ton pardon et lui redonner confiance?

jésus : Tu peux le considérer comme cela si tu le veux. Quand une personneaime, elle trouve toujours de bons mots à dire. J’ai eu raison d’avoirconfiance en lui. Il a eu à faire face à bien des difficultés. Il a affronté lesJuifs en leur disant d’abord qu’ils avaient tué le Juste. Ensuite, il lui a falluvivre toute la saga de l’admission des gentils dans l’Église sans passerpar le rite de la circoncision. Il y a eu la vision sur le toit, la visite chezCorneille et le concile de Jérusalem. Ce ne fut pas facile pour Pierre.

fidèle : Oui, mais un jour, il a fait marche arrière et Paul a dû le lui reprocher.(cf. Galates 2, 11-14)


jésus : Pierre est demeuré pécheur et il a eu droit à bien d’autres pardons.Chaque fois, son amour en est sorti plus grand. Tu dois comprendre que lafaiblesse humaine fait réaliser aux humains qu’ils ont besoin de Dieu etceci lui donne l’occasion de démontrer son amour en distribuant son pardon.C’est cela que l’on appelle la miséricorde et le seul spécialiste en la matièreest le Père Éternel et ceux qu’il entraine à sa suite.

Seigneur, tu me l’avais pourtant prédit et je t’ai renié quand même. Tu saisbien que je t’aime. Quand ton regard a croisé le mien, après que j’eus prispeur devant une servante, j’ai compris que tu m’aimais encore malgré monmanque de courage. Plutôt que de couper une oreille, il aurait peut-êtrefallu me tenir debout et témoigner devant tes accusateurs. Tu m’aimes malgrémon impétuosité irréfléchie et ma poltronnerie dégoutante. Dans une tellesituation, Seigneur, je ne peux que t’aimer à mon tour.

« Et rappelons-nous aussi Pierre : par trois fois, il renie Jésus; juste aumoment où il devait lui être plus proche : et quand il touche le fond, ilrencontre le regard de Jésus qui, avec patience, sans paroles lui dit :“Pierre, n’aie pas peur de ta faiblesse, aie confiance en moi”; et Pierrecomprend, sent le regard d’amour de Jésus et pleure. Qu’il est beau, ceregard de Jésus — que de tendresse! Frères et sœurs, ne perdons jamaisconfiance en la miséricorde patiente de Dieu. »

Prêcher sur le péché ne doit pas servir à faire grandir le sentiment deculpabilité des fidèles, mais à leur faire prendre conscience de la bontéet de la miséricorde de Dieu, toujours prêt à pardonner.

Pierre

L’Église de laMiséricorde,Médiaspaul 2014, p.12


L’un des malfaiteurs crucifiés l’insultait : « N’es-tu pas le Messie? Sauve-toi toi-même et nous aussi! » Mais l’autre le reprit en disant : « Tu n’asmême pas la crainte de Dieu, toi qui subis la même peine! Pour nous, c’estjuste : nous recevons ce que nos actes ont mérité; mais lui n’a rien fait demal. » Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras commeroi. » Jésus lui répondit : « En vérité, je te le dis, aujourd’hui, tu seras avecmoi dans le paradis. »

fidèle : Seigneur, il semble que jusqu’au bout de ton souffle, il t’a fallupardonner. Tu n’en avais pas assez d’accepter les terribles souffrances quetu endurais?

jésus : Mes souffrances étaient terribles, tu as raison. Je savais pourtantpourquoi je les endurais. De voir leur effet même avant que tout ne soitaccompli a été pour moi une consolation dans mes souffrances; c’était unpeu comme la présence de l’ange envoyé par mon Père à l’agonie.

fidèle : Ce mécréant a tout de même été chanceux d’avoir été exécuté enmême temps que toi. C’était obtenir un passage VIP pour le paradis!

jésus : Ne l’appelle pas mécréant. Il était mon compagnon d’infortune. Il m’adonné la joie de montrer ma divinité à un moment où elle semblait pourtantbien cachée sous mon humanité souffrante.

fidèle : Laquelle de tes deux natures, humaine ou divine, convient-il deconsidérer quand nous te voyons sur la croix?

Le bon larron

Luc 23, 39-43


jésus : La mort était l’accomplissement de mon Incarnation. J’étais devenucomplètement homme en acceptant la mort qui est le point ultime de la viehumaine. En même temps, je venais chercher cette humanité que j’introduisaisdans la grande famille trinitaire. C’était l’accomplissement de la Rédemption.

fidèle : Était-il nécessaire d’être encadré par deux bandits afin d’accomplir cetacte sublime?

jésus : Ne les appelle pas bandits. Ils étaient là pour que je puisse fairecomprendre à tout le monde que mon pardon est offert à tous sans exception,il ne vous reste qu’à l’accepter. Un l’a accepté et l’autre ne l’a pas sollicité.

fidèle : L’autre s’est-il retrouvé en enfer le même jour?

jésus : Est-ce que tu veux laisser la miséricorde divine s’occuper despécheurs? Ce n’est pas à toi de les juger. Mon Père et moi savons commentagir avec eux. Toi, tu n’as qu’à accepter notre miséricorde et à vivre selonnotre Esprit, c’est-à-dire que tu dois aussi exercer la miséricorde commenous, la Trinité, le faisons.

fidèle : Seigneur, n’est-il pas bon de parler de l’enfer de temps en temps?Ne convient-il pas de montrer aux gens ce qui peut leur arriver s’ils ne secomportent pas selon ce qui est bien? N’est-il pas vrai que les gens doiventpayer pour leurs crimes? Est-ce que la justice ne doit pas être faite?

jésus : Ma justice, c’est la miséricorde. Un jour, un homme disait aux assassinsde son épouse bien aimée : « Vous n’aurez pas ma haine. Ce serait fairevotre volonté ». Vois-tu, cette personne avait appris à raisonner commemoi. M’offenser, c’est m’inciter à déployer davantage de miséricorde. Si jen’étais pas toujours prêt à la compassion et au pardon, je ne serais pas leDieu que je suis.

fidèle : Seigneur, j’ai presque envie de dire que tu as permis le mal sur laterre seulement pour pouvoir montrer ta miséricorde.

jésus : Tu te trompes, la possibilité du mal vient de la liberté que j’ai donnéeaux humains. La liberté est la plus grande marque de confiance que je pouvaisdonner au joyau de ma création. L’amour fait confiance. C’est parce que j’aimeles humains que je les laisse libres.

fidèle : Tu ne trouves pas que ce cadeau est une arme à deux tranchants?


jésus : Je le sais. N’oublie pas que la liberté, donnée aux êtres humains,ne m’enlève ni ma liberté, ni mon pouvoir de pardonner, ni la fine fleur demon amour qui est la miséricorde. Vous, mes frères et sœurs de l’humanité,je vous connais bien. Je partage votre nature. Mon désir le plus grand estde vous approcher le plus près possible de mon autre nature. Vous ne serezjamais des dieux. Cependant, si vous acceptez de baigner dans la miséricorde,vous goûterez un peu à ma bonté. Sachez que ma bonté et ma miséricordesont contagieuses.

fidèle : Ton bon larron avait-il deviné tout ça?

jésus : Il s’est accroché à la miséricorde divine, car il savait que c’étaitsa seule chance de salut.

« Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras comme roi. » Je ne comprendspas complètement le sens de tout ce que je peux vivre au moment où je meurs,mais je réalise que je suis en présence d’une situation qui dépasse la simplenature humaine. J’accepte ce paradis que tu me promets pour aujourd’huimême. Tout ce que j’y comprends, c’est que je serai avec toi. Déjà, la mortsemble moins terrible en ta compagnie, je suis certain que ce paradis seramerveilleux puisqu’il sera en ta compagnie.

« Si Dieu s’arrêtait à la justice, il cesserait d’être Dieu : il serait comme tousles hommes qui invoquent le respect de la loi. La justice seule ne suffit paset l’expérience montre que faire uniquement appel à elle risque de l’anéantir.C’est ainsi que Dieu va au-delà de la justice avec la miséricorde et le pardon.Cela ne signifie pas dévaluer la justice ou la rendre superflue, au contraire.Qui se trompe devra purger sa peine, mais ce n’est pas là le dernier mot,mais le début de la conversion, en faisant l’expérience de la tendresse dupardon. Dieu ne refuse pas la justice. Il l’intègre et la dépasse dans unévénement plus grand dans lequel on fait l’expérience de l’amour, fondementd’une vraie justice. »

Plusieurs organismes humains font la promotion de la justice etc’est une bonne chose. Mais, seul l’amour évangélique peut amenerles gens au pardon et à la miséricorde.

Le bon larron


extraordinairede la

Miséricorde,no 21


On en conduisait aussi d’autres, deuxmalfaiteurs, pour les exécuter avec lui.

Arrivés au lieu-dit « le Crâne », ils l’ycrucifièrent ainsi que les deux malfaiteurs,l’un à droite, et l’autre à gauche. Jésus disait :« Père, pardonne-leur car ils ne saventpas ce qu’ils font. » Et, pour partagerses vêtements, ils tirèrent au sort.—Mais, poussant un grand cri, Jésus expira.

Et le voile du sanctuaire se déchira endeux du haut en bas. Le centurion qui se

tenait devant lui, voyant qu’il avaitainsi expiré, dit : « Vraiment, cet

homme était Fils de Dieu. »

fidèle : Seigneur, c’est bien beau de pardonner à ceux qui viennent de tecrucifier après un semblant de procès; après t’avoir fait souffrir comme cen’est pas possible, mais dire qu’ils ne savaient pas ce qu’ils faisaient,c’est un peu fort. Ne le trouves-tu pas?

jésus : Pourquoi penses-tu que j’ai accepté de mourir en me laissantcrucifier alors que j’aurais pu demander à mon Père de m’envoyer deslégions d’anges pour me sortir de là? C’est d’ailleurs ce que j’ai dit à Pilatequand il m’interrogeait. Dis-moi, pourquoi ai-je accepté de mourir?

fidèle : Seigneur, nous savons tous que tu es mort par amour, pour nousracheter du péché, d’une certaine façon pour nous ouvrir le ciel et la vieéternelle.

jésus : Je mourais pour pardonner et tu aurais voulu que je commence pardamner ceux qui étaient tout proche de moi. Tu ne comprends pas ce quec’est que d’aimer et d’aimer sans condition. C’est vrai qu’ils ne réalisaientpas ce qu’ils faisaient. Ils me prenaient probablement pour un agitateurpublic et ils croyaient agir pour conserver l’ordre public.

fidèle : Mais Jésus, ils sont allés jusqu’à se partager tes vêtementset à tirer ta tunique au sort devant toi alors que tu agonisais sur le gibet.

Le pardon des bourreaux

Luc 23, 32-34—Marc 15, 37-39


jésus : Je sais tout cela, mais je n’aurais pas été fidèle à qui je suis, à mamission, à ce pour quoi mon Père m’avait envoyé sur la terre si j’avais faitautre chose que de pardonner. Il faut que tu comprennes que la justice deDieu, c’est la miséricorde et je ne peux être rien d’autre que l’incarnationde la miséricorde divine.

fidèle : N’y a-t-il pas de différence pour toi entre ceux qui font le mal etceux qui font le bien?

jésus : Pas tellement. Je les aime tous et c’est pour tous que je suis venusur la terre et que j’ai réalisé l’Incarnation et la Rédemption. L’amour estdonné selon les besoins de celui qui le reçoit, de celui qui en a besoin. Bien entendu, ma façon d’aimer est différente dans chaque cas, je m’adapteà la façon qui convient à chaque personne. Cependant, j’ai autant d’amourpour les pécheurs que pour les justes.

fidèle : Il me semble que ce soit impossible d’aimer autant celui qui nousfait du mal que celui qui nous fait du bien. Comment nous est-il possiblede t’imiter dans de telles circonstances?

jésus : J’ai aussi dit dans mon Évangile que « ce qui est impossible auxhommes est possible pour Dieu. » (Luc 18,27) Les humains ne peuvent pasêtre miséricordieux comme mon Père et moi pouvons l’être en union avecnotre Esprit. Cependant, si tu nous accueilles, si tu nous laisses t’habiter,en toi nous pourrons faire de grandes choses et augmenter ton pouvoir demiséricorde.

fidèle : Tu veux nous dire que si nous baignons dans ton amour, nous pourronsfaire de grandes choses. Qu’en est-il de ceux qui refusent de baignerdans cet amour et qui veulent se venger pour tout ce qui leur déplait?

jésus : Je les aime aussi et c’est en les aimant, en leur donnant mamiséricorde et mon pardon à pleines mains que j’ai le plus de chance qu’ilsacceptent un jour de venir se réfugier au centre de mon cœur. Même siactuellement ils choisissent de rester à la périphérie de ce cœur, je ne cessede les attirer vers moi. Je souhaite de tout mon cœur qu’ils entrent chezmoi et qu’ils cohabitent avec moi et tous les miens.

fidèle : Quand je regarde ma faiblesse, je ne crois pas qu’il soit possiblepour moi d’en arriver à un tel degré d’amour?

jésus : Cesse de te déconsidérer. Ce qui importe, ce n’est pas ta faiblesse,mais la force de l’amour que j’ai pour toi. Pendant que les soldats se


partageaient les quelques vêtements que je portais, c’est mon pardonet ma miséricorde que je leur donnais en abondance. Essaie donc depenser comme moi, tu verras que tout changera dans ta tête. Tu sais,je t’aime vraiment.

« Vraiment, cet homme était le Fils deDieu! » (Marc 15, 39) Comment unhomme peut-il mourir ainsi à moinsd’être aussi quelque chose deplus qu’un homme? Si tout étaitfini pour lui, pourrait-il pardonnerainsi? Il faut qu’il soit le Fils deDieu. Je ne comprends pasexactement ce que ce termepeut signifier, mais je réaliseque je suis témoin d’unphénomène qui me dépasse.Je ne suis pas seulementdevant un corps déchiré parune passion horrible, maisdevant une grandeur sublime etinfinie qui ne peut qu’être un traitd’union entre le ciel et la terre.Merci, mon Dieu, de m’en avoirfait le témoin.

« La miséricorde est propre à Dieu et c’est justement dans celle-ci quese manifeste sa toute-puissance. » Ces paroles de saint Thomasd’Aquin montrent que la miséricorde n’est pas un signe de faiblesse, maisbien l’expression de la toute-puissance de Dieu. C’est pourquoi une desplus antiques collectes de la liturgie nous fait prier ainsi : « Dieu qui donnela preuve suprême de ta puissance lorsque tu patientes et prends pitié. »Dieu sera toujours dans l’histoire de l’humanité comme celui qui est présent,proche, prévenant, saint et miséricordieux. « Patient et miséricordieux »,tel est le binôme qui parcourt l’Ancien Testament pour exprimer la naturede Dieu.

Pour révéler aux humains la nature de Dieu, témoignons de samiséricorde en paroles et en actes.

L’officierromain

Bulle d’indictionde Jubilé

extraordinairede la

Miséricorde,no 6


« Un homme avait deux fils. Le plus jeune dità son père : “Père, donne-moi la part de bienqui doit me revenir”. Et le père leur partageason avoir. Peu de jours après, le plus jeunefils, ayant tout réalisé, partit pour un payslointain et il y dilapida son bien dans une viede désordre. Quand il eut tout dépensé, unegrande famine survint dans ce pays, et ilcommença à se trouver dans l’indigence. Il allase mettre au service d’un des citoyens de ce paysqui l’envoya dans ses champs garder les porcs. Il auraitbien voulu se remplir le ventre des gousses que mangeaient les porcs, maispersonne ne lui en donnait. Rentrant alors en lui-même, il se dit : “Combiend’ouvriers de mon père ont du pain de reste, tandis que moi, ici, je meursde faim! ” Je vais aller vers mon père et je lui dirai : “Père, j’ai péché enversle ciel et contre toi. Je ne mérite plus d’être appelé ton fils. Traite-moicomme un de tes ouvriers”.

Il alla vers son père. Comme ilétait encore loin, son père

l’aperçut et fut pris de pitié : ilcourut se jeter à son cou et le

couvrit de baisers. Le fils lui dit :“Père, j’ai péché envers le ciel et

contre toi. Je ne mérite plus d’êtreappelé ton fils…” Mais le père dit à

ses serviteurs : “Vite, apportez la plusbelle robe, et habillez-le; mettez-lui un

anneau au doigt, des sandales aux pieds.Amenez le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons, car mon fils

que voici était mort et il est revenu à la vie, il était perdu et il est retrouvé”.

Et ils se mirent à festoyer. Son fils aîné était aux champs. Quand, à son retour,il approcha de la maison, il entendit de la musique et des danses. Appelantun des serviteurs, il lui demanda ce que c’était. Celui-ci lui dit : “C’est tonfrère qui est arrivé, et ton père a tué le veau gras parce qu’il l’a vu reveniren bonne santé”. Alors, il se mit en colère et il ne voulait pas entrer. Sonpère sortit pour l’en prier; mais il répliqua à son père : “Voilà tant d’annéesque je te sers sans n’avoir jamais désobéi à tes ordres; et, à moi, tu n’asjamais donné un chevreau pour festoyer avec mes amis. Mais quand ton filsque voici est arrivé, lui qui a mangé ton avoir avec des filles, tu as tué le veaugras pour lui! ” Alors le père lui dit : “Mon enfant, toi, tu es toujours avec moi,et tout ce qui est à moi est à toi. Mais il fallait festoyer et se réjouir, parce queton frère que voici était mort et il est vivant, il était perdu et il est retrouvé ”. »

Luc 15, 11-32

Le f ils prodigue


fidèle : Seigneur, est-ce que tu n’exagères pas en pardonnant ainsi sansaucune condition?

jésus : Crois-tu que je puisse mettre des conditions à mon pardon? C’estun cadeau gratuit que je donne. Un vrai cadeau devrait toujours êtregratuit. De toute façon, moi je pardonne.

fidèle : Je crois que la demande de ton fils était plus convenable que ceque tu as fait. Tu pouvais l’accepter comme un de tes serviteurs. Il auraitété en bien meilleure situation qu’en compagnie des porcs, mais il auraitréfléchi sur sa mauvaise conduite.

jésus : Tu crois qu’une punition modérée aurait été plus efficace pourl’empêcher de récidiver? Tu as encore beaucoup à apprendre sur monamour. Les punitions sont répugnantes pour moi. Bien entendu, je souhaiteque mes enfants ne répètent pas leurs péchés. Je crois que la miséricordeest bien plus efficace que les punitions. De toute façon, si mon enfant retombedans le péché, cela me donnera l’occasion de le pardonner une autre fois.

fidèle : Seigneur, je crois tout simplement que tu exagères. Tu ne semblespas connaître la nature humaine. Sans une certaine crainte, un certain frein,nous sommes capables de bien mauvaises actions.

jésus : Mon ami, je crois tout simplement que tu ne comprends pas grand-chose à ma miséricorde. Je ne suis pas un juge qui traite les gens selon ce qu’ilsont fait. Je suis un père qui accueille, qui aime et qui pardonne. Je ne m’inquiètepas trop de balancer mes livres, les sorties de miséricorde sont plus grandesque les rentrées de repentir. Cependant, mon capital d’amour ne baisse pas.

fidèle : Avec de tels raisonnements, tu vois comment ton fils aîné aété frustré. Je crois qu’il avait un peu raison.

jésus : C’est vrai qu’il a eu une réaction qui n’était pas en accord avec monaction. Je lui ai fait comprendre et j’ai eu l’occasion de lui pardonner sonattitude. Je lui ai même donné ce chevreau qu’il ne m’avait jamais demandéet il a fêté avec ses amis. Il a même invité son frère cadet à la fête.

fidèle : C’est bien beau ce que tu dis. Je ne crois pas qu’il soit possiblepour de simples humains comme nous d’en arriver à pardonner de la mêmefaçon quand nous sommes victimes d’une injustice.

jésus : Tu serais surpris de voir ce que tu peux faire avec le secours de magrâce. Quand nous avons fait l’expérience de pardonner profondément etdu fond du cœur, nous éprouvons tellement de joie que nous avons beaucoupde difficulté à faire autrement.


fidèle : C’est beau Seigneur, mais je ne crois pas être rendu là encore.

jésus : C’est bien de chercher à imiter le Père dans la parabole. Cependant,tu peux te contenter d’être le fils qui se fait pardonner. C’est moi qui jouele rôle du Père. Plus tu t’approches de moi pour des pardons successifs,plus tu deviendras capable d’exercer cette miséricorde avec moi. De toutefaçon, c’est toujours ainsi avec mes disciples. Sans moi, leur puissance estbien limitée. Mais avec moi, ils deviennent des géants. Je t’invite à grandiravec moi dans la miséricorde.

Qui êtes-vous, Père, pour m’accorder un tel pardon? Quand au milieu de mesporcs, j’ai pris la résolution de venir vers vous, je me suis souvenu de votrebonté. Je vous connaissais déjà, mais après ce que vous venez de faire pourmoi, je suis complètement démuni devant vous. Qui êtes-vous et qui suis-je pour être encore considéré comme votre Fils après ce que j’ai fait? Si j’aigrandi, c’est que votre grandeur est venue m’accrocher dans ma petitesse.

« Dans les paraboles de la miséricorde, Jésus révèle la nature de Dieu commecelle d’un Père qui ne s’avoue jamais vaincu jusqu’à ce qu’il ait absous le péchéet vaincu le refus, par la compassion et la miséricorde. Nous connaissons cesparaboles, trois en particulier : celle de la brebis égarée, celle de la piècede monnaie perdue et celle du père et des deux fils. (cf. Lc 15, 1-32) Dans cesparaboles, Dieu est toujours présenté comme rempli de joie, surtout quandil pardonne. Nous y trouvons le noyau de l’Évangile et de notre foi, car lamiséricorde y est présentée comme la force victorieuse de tout, qui remplitle cœur d’amour, et qui console en pardonnant. »

Quand les humains réalisent leur pauvreté et lasituation de pécheurs dans laquelle ils se trouvent,

la bonne nouvelle dont ils ont besoin est lamiséricorde, la compassion de Dieu.

Le filsprodigue


extraordinairede la

Miséricorde,no 9


« Lequel d’entre vous, s’il a cent brebiset qu’il en perd une, ne laisse pasles quatre-vingt-dix-neuf autresdans le désert pour aller à larecherche de celle qui estperdue jusqu’à ce qu’ill’ait retrouvée?

Et quand il l’a retrouvée, illa charge tout joyeux surses épaules, et, de retourà la maison, il réunitses amis et ses voisins,et leur dit : “Réjouissez-vous avec moi, car jel’ai retrouvée, ma brebisqui était perdue! ”

Je vous le déclare, c’est ainsi qu’il y aura de la joie dans le ciel, pour un seulpécheur qui se convertit, plus que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ontpas besoin de conversion.

Ou encore, quelle femme, si elle a dix pièces d’argent et qu’elle en perd une,n’allume pas une lampe, balaie la maison et cherche avec soin jusqu’à ce qu’ellel’ait retrouvée? Et quand elle l’a retrouvée, elle réunit ses amies et ses voisines,et leur dit : “Réjouissez-vous avec moi, car je l’ai retrouvée, la pièceque j’avais perdue! ”

C’est ainsi, je vous le déclare, qu’il y a de la joie chez les anges de Dieupour un seul pécheur qui se convertit. »

fidèle : Seigneur, je ne comprends pas pourquoi tu laisses ces 99 brebiset te lances à la recherche de la fugueuse.

jésus : Si tu ne comprends pas, c’est que tu ne connais pas encore quel est legenre d’amour que Dieu a pour les humains. Je ne les aime pas pour en recevoirquoi que ce soit. Je les aime seulement parce qu’ils ont besoin de mon amour.En aimant, je ne cherche pas à satisfaire un besoin d’aimer que j’aurais.Étant Dieu, je suis parfaitement heureux. Mais étant Dieu, ma nature estd’aimer. C’est pour cela que je cherche les brebis qui se sont éloignées etqui souffrent d’un manque d’amour.

Luc 15, 4-10

La brebis perdue


fidèle : Seigneur, tu sembles plus préoccupé à courir derrière lespécheurs qu’à récompenser les justes.

jésus : Tu as raison. Il ne faut cependant pas croire que je néglige lesjustes, ni que je les oublie. D’ailleurs, tu dois réaliser que les justes sonttrès souvent d’anciens pécheurs et que je me réjouis dans le souvenir descourses que j’ai déjà faites pour les ramener à ma bergerie. Mon amour estinfini, je peux y englober tous les humains, justes et pécheurs. Ne me jugepas d’après ta courte vision des choses.

fidèle : Je comprends quand il s’agit d’un pécheur occasionnel, quandc’était un juste qui a chuté par faiblesse. Il y a ces irréductibles méchants.

jésus : Tous les fils d’Adam et Ève sont les créatures de mon Père et il n’acréé aucun pécheur irréductible. Il n’y a que des brebis égarées. Je te concèdeque quelques-unes se sont égarées plus loin que d’autres. Quand nouscherchons ce qui est perdu, nous ne pouvons pas tout trouver au même endroit.Je cherche jusqu’à ce que je trouve et je suis patient jusqu’à ce que labrebis accepte que je la prenne sur mes épaules et la ramène à la bergerie.

fidèle : Tu es certainement un berger bien particulier. Je ne crois pasque nos bergers ici sur la terre aiment leurs brebis comme tu nous aimes.

jésus : Tu dois bien savoir que toute comparaison est en deçà de la réalité.Mes brebis sont des personnes. Elles ne font pas partie de mon capital, cecapital duquel je dépendrais pour mon existence et ma subsistance. Cesont mes brebis qui dépendent de moi, qui ont besoin de moi pour leurbonheur et leur accomplissement complet.

fidèle : Seigneur, tu es un berger et tu nous aimes plus de ce qu’il semblenormal pour un berger d’aimer ses brebis. C’est comme si tu nous considéraiscomme un autre berger de ton entourage proche, comme un frère ou un père.

jésus : Encore une fois, tu as raison. Mon Père m’a envoyé pour qu’enm’incarnant, je fasse du genre humain la famille du Père. Je suis ton frère,oui tu as raison, et le Père est notre Père. Notre Esprit vit en chacun et chacunede vous. Comme l’a dit mon pape François, je suis un berger qui sent le mouton.

fidèle : Il est difficile de comprendre jusqu’à quel point tu t’abaissespour être proche de nous.


jésus : C’est cela que nous appelons le mystère de l’Incarnation. En entrantdans le genre humain, j’ai renversé l’ordre des choses. Marie l’avait déjàcompris seulement trois mois après mon entrée dans son sein. Elle a parléd’élever les humbles et de rabaisser les puissants. Si j’aime les humbles,c’est que je suis humble moi-même. La grandeur de Dieu est de se faireassez petit pour pouvoir interagir avec la création. Ceux qui cherchent àdominer les autres n’ont pas encore assez grandi pour le réaliser.

fidèle : Se faire petit est donc imiter l’Être le plus grand et le plus puissant.

jésus : Si Dieu avait voulu se faire grand, il n’y aurait pas eu de création.La recherche de la grandeur est de l’égoïsme. Pour pouvoir aimer, ilfaut savoir s’abaisser, être bon, pardonner, répandre la compassion etla miséricorde. L’amour est tellement important que mon ami Augustina dit un jour : « Aime et fais ce que tu voudras. » Il avait tout compris.Va et fais de même avec toutes mes brebis bien-aimées.

Seigneur, tu m’as cherchée jusqu’à ce que je me laisse aimer par toi. Je réalisece que veut dire l’expression Bon Pasteur. Tu as creusé au travers l’égoïsmequi entourait mon cœur jusqu’à ce que tu arrives à un point où tu pouvaisme toucher et me serrer dans tes bras.

des bergers à l’odeur de brebisQue signifie être un berger?

« Paissez le troupeau de Dieu qui vous est confié, veillant sur lui, non paspar contrainte, mais de bon gré, selon Dieu; non pour un gain sordide, maisavec l’élan du cœur; non pas en faisant les seigneurs à l’égard de ceux qui voussont échus en partage, mais en devenant les modèles du troupeau. » (1P 5,2)

« Que ces paroles de saint Pierre soient gravées dans votre cœur! Nous sommesappelés et constitués comme pasteurs, et non comme pasteurs de nous-mêmes, mais du Seigneur; nous ne devons pas nous servir nous-mêmes,mais le troupeau qui nous a été confié et le servir jusqu’à donner notre viecomme le Christ, le Bon Pasteur. » (cf. Jn 10, 11)

Pour présenter l’évangile à ceux qui ne le connaissent pas ou qui leconnaissent mal, il faut se mettre à leur niveau et réaliser que nousaussi avons besoin de la miséricorde divine autant que nos néophytes,quand ce n’est pas davantage.

La brebis retrouvée



Alors Pierre s’approcha et lui dit : « Seigneur,quand mon frère commettra une faute à monégard, combien de fois lui pardonnerai-je?Jusqu’à sept fois? » Jésus lui dit : « Je nete dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’àsoixante-dix fois sept fois. »

« Ainsi en va-t-il du Royaume des cieuxcomme d’un roi qui voulut régler ses comptesavec ses serviteurs. Pour commencer, on luien amena un qui devait dix mille talents.

Comme il n’avait pas de quoi rembourser, lemaître donna l’ordre de le vendre ainsi que sa femme, ses enfants et tout cequ’il avait, en remboursement de sa dette. Se jetant alors à ses pieds, leserviteur, prosterné, lui disait : “Prends patience envers moi, et je te rembourseraitout”. Pris de pitié, le maître de ce serviteur le laissa aller et lui remit sa dette.En sortant, ce serviteur rencontra un de ses compagnons, qui lui devait centpièces d’argent; il le prit à la gorge et le serrait à l’étrangler, en lui disant :“Rembourse ce que tu dois”. Son compagnon se jeta donc à ses pieds et ille suppliait en disant : “Prends patience envers moi, et je te rembourserai”.Mais l’autre refusa; bien plus, il s’en alla le faire jeter en prison, en attendantqu’il eût remboursé ce qu’il devait. Voyant ce qui venait de se passer, sescompagnons furent profondément attristés et ils allèrent informer leurmaître de tout ce qui était arrivé. Alors, le faisant venir, son maître lui dit :“Mauvais serviteur, je t’avais remis toute cette dette, parce que tu m’enavais supplié. Ne devais-tu pas, toi aussi, avoir pitié de ton compagnon,comme moi-même j’avais eu pitié de toi? ”

Et, dans sa colère, son maître le livra aux tortionnaires, en attendant qu’il eûtremboursé tout ce qu’il lui devait. C’est ainsi que mon Père céleste vous traitera,si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du cœur. »

fidèle : Seigneur, si je comprends bien ta parabole, elle illustre ces mots duNotre Père quand nous disons : « Pardonne-nous nos offenses comme nouspardonnons à ceux qui nous ont offensés. »

jésus : C’est vrai que quand je pardonne, je souhaite que mon pardon soitcontagieux et que les personnes qui sont pardonnées deviennent à leurtour des personnes qui pardonnent. Il faut cependant remarquer quele roi avait d’abord pardonné avant de faire punir celui qui ne voulaitpas pardonner. L’initiative du pardon vient toujours de Dieu en premier.

Matthieu 18, 21-35

Le serviteur qui refusait de pardonner


fidèle : Est-ce qu’il vaudrait mieux que nous demandions de pouvoirpardonner comme Dieu nous pardonne, car s’il ne nous pardonne seulementcomme nous pardonnons, nous pourrions être en mauvaise position?

jésus : Cette prière, la seule que j’ai composée et publiée, te fait réaliser queplus tu sens le besoin d’être pardonné, plus tu dois pardonner toi-même.Cette prière, si tu la récites en prenant conscience de ce que tu dis, t’obligeà pardonner. Quand tu pries, tu ne fais pas changer les décisions de Dieu.Ta prière ne change rien en Dieu, c’est toi qui es transformé par ta prièreet tu t’approches de celui qui n’est qu’amour et miséricorde. Cette prière asur toi et sur tous ceux qui la récitent un effet de conversion.

fidèle : Je pensais que par la prière, Dieu s’approchait de nous et qu’ilnous comblait de ses grâces; qu’il nous rendait plus saints, plus purs afinque nous devenions plus dignes de lui et de son amitié!

jésus : La seule distance qui puisse exister entre Dieu et toi est celle quetu veux mettre. Il n’a pas besoin de pureté, de sainteté, ni de dignité. Il veuttoujours t’accepter comme tu es et c’est à son contact que tu deviendrastoutes ces belles choses dont tu parles. C’est Dieu qui te cherche, ne rendspas sa tâche trop lourde.

fidèle : Ne faut-il pas être pur pour s’approcher de Dieu?

jésus : Faut-il être propre pour s’approcher du bain? Il faut seulementdésirer devenir plus propre. C’est pour cela que j’ai choisi l’eau commesigne de mon premier sacrement. Quand tu reçois le baptême, tu medonnes la chance d’utiliser ma miséricorde pleinement, tu es aussi prochede moi qu’il est possible de l’être.

fidèle : Tu es Dieu et nous ne sommes que des humains. Pour toi, il sembleque ce soit facile de pardonner. Tu as dit à Pierre 70 fois 7 fois, cela veutdire toujours. Est-ce possible pour de pauvres humains comme nous?

jésus : C’est justement pour que tu ne te croies pas seulement un pauvrehumain que je suis venu sur la terre. En devenant ton frère en humanité, jet’ai donné la possibilité de rester mon frère même quand je suis le Fils deDieu. Bien entendu, je ne fais pas de toi un dieu, je te permets d’utiliser la grâceet la force de Dieu pour accomplir ce que tu ne pourrais pas accomplir seul.

fidèle : Qu’arrivera-t-il de nous si nous réussissons à pardonner aussisouvent et aussi complètement que Dieu le fait?


jésus : Tu t’approcheras du ciel. Je ne parle pas seulement du ciel de l’éternité,de celui que tu obtiendras après ta mort. Je te parle du ciel que tu pourras vivreà l’intérieur de ton cœur dès aujourd’hui. Crois en mon expérience, la joie depardonner est tellement grande que c’est cela qui fait mon bonheur divin. Soisun agent de miséricorde. Ce n’est pas en connaissant le bien et le mal que leshumains deviendront comme Dieu, c’est en agissant comme Dieu agit etc’est en étant bon et compatissant, en pardonnant, en étant miséricordieux.

fidèle : Seigneur, c’est tout un programme! Heureusement, nous pouvonscompter sur ton aide pour l’accomplir.

Merci, Seigneur, de m’avoir fait comprendre que je ne devais pas être unégoïste et me contenter de jouir de ton pardon sans penser aux autres.Ton pardon a pour but de nous rendre miséricordieux à notre tour.

« La parabole est d’un grand enseignement pour chacun de nous. Jésus affirmeque la miséricorde n’est pas seulement l’agir du Père, mais elle devient le critèrepour comprendre qui sont ses véritables enfants. En résumé, nous sommesinvités à vivre de miséricorde, car nous avons été les premiers à jouir decelle-ci. Le pardon des offenses devient l’expression la plus évidente del’amour miséricordieux, et pour nous les chrétiens, c’est un impératifauquel nous ne pouvons pas nous soustraire. Bien souvent, il nous sembledifficile de pardonner! Cependant, le pardon est le moyen déposé dans nosmains fragiles pour atteindre la paix du cœur. Se défaire de la rancœur, dela colère, de la violence et de la vengeance, est la condition nécessaire pourvivre heureux. »

C’est en pardonnant à ceux qui ont besoin de notre pardon que nousmontrerons le vrai visage de Dieu et que nous rendrons ce visageattirant pour ceux qui ont le plus besoin de miséricorde.

Celui qui nevoulait paspardonner


extraordinairede la

Miséricorde,no 9


Il dit encore la parabole que voici àcertains qui étaient convaincusd’être justes et qui méprisaienttous les autres : « Deux hommesmontèrent au temple pour prier;l ’un était Pharisien et l ’autrecollecteur d’impôts.

Le Pharisien, debout, priait ainsien lui-même : “Ô Dieu, je te rendsgrâce de ce que je ne suis pas commeles autres hommes, qui sont voleurs,malfaisants, adultères, ou encorecomme ce collecteur d’impôts. Je jeûnedeux fois par semaine, je paie la dîme detout ce que je me procure”.

Le collecteur d’impôts, se tenant à distance, ne voulait même pas lever lesyeux au ciel, mais il se frappait la poitrine en disant : “Ô Dieu, prends pitiédu pécheur que je suis”.

Je vous le déclare : celui-ci redescendit chez lui justifié, et non l’autre, cartout homme qui s’élève sera abaissé, mais celui qui s’abaisse sera élevé. »

fidèle : Seigneur, tu sembles aimer ces publicains, ces collecteursd’impôts alors que tes compatriotes ne les aimaient pas beaucoup.

jésus : Tu sais, il y en avait qui étaient très bons parmi les autres. Certainsavaient même été des disciples de Jean le Baptiste. Alors qu’ i lsdemandaient au Baptiste quoi faire, mon précurseur leur avait répondutout simplement : « N’exigez rien de plus que ce qui vous est fixé ». (Luc 3,13)

fidèle : Ceci veut dire qu’un bon nombre étaient corrompus et voleurs.

jésus : Bien entendu, l’occasion était propice et la tentation forte. Cependant,il y avait bien des gens honnêtes parmi eux. Si un policier se laisse corrompre,tu n’iras pas nécessairement condamner tous les policiers. Il en est demême pour les publicains. Les gens n’ont jamais tendance à aimer lescollecteurs d’impôts. Personne n’aime se faire demander de l’argent.

Luc 18, 9-14

Le pharisien et le publicain


fidèle : Celui que tu justifies dans cette parabole admet pourtant qu’ilest un pécheur.

jésus : Pour un humain, être juste signifie habituellement que l’on sereconnaît comme pécheur. Se vanter d’être juste est souvent un péchéde vanité. Je n’aime pas la vanité. Je préfère l’humilité et la contrition.J’ai alors l’occasion d’être miséricordieux. Tu sais, la miséricorde estma façon d’aimer.

fidèle : Ce que le pharisien de ta parabole dit semble pourtant bien.Jeûner et payer sa dîme sont certainement de bonnes choses. Le jeûnecalme les passions et payer la dîme permet de financer les activités religieuses.

jésus : Et se croire meilleur que les autres parce que l’on agit ainsi ests’arroger un jugement qui n’appartient qu’à Dieu. Je n’aime pas les cœursdurs, car moi-même, je suis doux et humble de cœur. Quand j’entredans le cœur d’une personne, la première chose que je fais, je lui ramollisle cœur. C’est d’ailleurs ce qui arrivait au publicain de ma parabole.

fidèle : Le Jean Baptiste dont tu m’as parlé était pourtant dur enversles pécheurs. Il a perdu la vie parce qu’il reprochait à Hérode sa mauvaiseconduite. Il parlait de repentance de la même façon que les prophètesde l’Ancien Testament. Toi, quand tu arrives en scène, tu délaissespratiquement le prophétisme tel qu’utilisé avant toi et tu te contentesd’être miséricordieux.

jésus : Il faut dire que certains prophètes de l’Ancien Testament ont aussi parléde miséricorde et de pardon. Pensons à Isaïe (cf. 41, 13-20), à Sophonie (cf. 3, 11-13)et à bien d’autres. Il est cependant vrai que pour moi, ce fut un thèmedominant. C’est pour cette raison que je m’étais incarné. Quand ils parlaientde miséricorde, les prophètes de l’Ancien Testament annonçaient mavenue. Je ne faisais qu’accomplir les prophéties quand je me montraismiséricordieux.

fidèle : Tu montrais aussi ta vraie nature. Tu n’es que miséricorde.

jésus : Revenons à ma parabole. Après que ces deux hommes eurentaccompli leurs dévotions, le pharisien est retourné inchangé. Il avaitencore un cœur dur. Le publicain, au contraire, était justifié. Son cœurétait devenu un peu plus tendre et un peu plus semblable au cœur de Dieu.

fidèle : Est-ce que ce devrait être notre idéal, devenir semblable aucœur de Dieu?


jésus : J’ai manifesté mon amour envers toi en devenant semblable à toi.Il est bien normal que tu me manifestes ton amour en agissant comme moi.Tu dois comprendre qu’il aurait été un peu inutile de m’incarner si celan’avait pas été afin d’exercer la miséricorde. La Rédemption est l’acte demiséricorde par excellence.

Ô Dieu, prends pitié du pécheur que je suis. Tu sais bien que j’ai tendanceà m’approprier un peu de l’argent des impôts. Les Romains sont sévères etce n’est pas de leur côté que je peux prendre un petit extra. Ce sont lespauvres gens sans défense qui paient pour ma cupidité. Seigneur Dieu,aide-moi à être juste et honnête. Pardonne-moi.

« Le Seigneur Jésus nous montre les étapes du pèlerinage à traverslesquelles nous pouvons atteindre ce but : “Ne jugez pas et vous ne serezpas jugés; ne condamnez pas et vous ne serez pas condamnés. Pardonnezet vous serez pardonnés. Donnez et l’on vous donnera : c’est une mesurebien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans le pan devotre vêtement; car la mesure dont vous vous servez pour les autres servirade mesure aussi pour vous” (Luc 6, 37-38). Avant tout, il nous dit de ne pasjuger et de ne pas condamner. Si nous ne voulons pas être exposés aujugement de Dieu, personne ne doit devenir le juge de son frère. De fait,en jugeant, les hommes s’arrêtent à ce qui est superficiel, tandis que lePère regarde les cœurs. Les paroles font beaucoup de mal lorsqu’elles sontanimées par des sentiments de jalousie ou d’envie. Mal parler du frèreen son absence, c’est le mettre sous un faux jour, c’est compromettresa réputation et l’abandonner aux calomnies. Ne pas juger et ne pascondamner signifie, de façon positive, savoir accueillir ce qu’il y a de bondans toute personne et ne pas permettre qu’elle ait à souffrir de notre jugementpartiel et de notre prétention de tout savoir. Mais ceci n’est pas encore suffisantpour exprimer ce qu’est la miséricorde. Jésus demande aussi de pardonneret de donner. D’être des instruments du pardon puisque nous l’avonsdéjà reçu de Dieu. D’être généreux à l’égard de tous en sachant queDieu étend aussi sa bonté sur nous avec une grande magnanimité. »

Le missionnaire doit se reconnaître pécheur parmi les pécheurs.C’est la seule façon pour lui d’imiter le Christ qui s’est fait Hommeparmi les hommes. Bien entendu, il n’avait pas de péché, il était Dieu,mais il a pris, en tout le reste, notre condition.

Le publicain

Bulle d’indictiondu Jubilé

extraordinairede la

Miséricorde,no 14


Comme il descendait à terre, vint à sa rencontre un homme de la ville qui avaitdes démons. Depuis longtemps, il ne portait plus de vêtements et ne demeuraitpas dans une maison, mais dans les tombeaux. À la vue de Jésus, il se jeta àses pieds en poussant des cris et dit d’une voix forte : « Que me veux-tu, Jésus,Fils du Dieu Très-Haut? Je t’en prie, ne me tourmente pas. » Jésus ordonnaiten effet à l’esprit impur de sortir de cet homme. Car bien des fois il s’étaitemparé de lui; on le liait, pour le garder, avec des chaînes et des entraves;mais il brisait ses liens et il était poussé par le démon vers les lieux déserts.Jésus l’interrogea : « Quel est ton nom? » – –« Légion », répondit-il, car denombreux démons étaient entrés en lui. Et ils le suppliaient de ne pas leurordonner de s’en aller dans l’abîme.

Or il y avait là un troupeau considérable de porcs en train de paître dans lamontagne. Les démons supplièrent Jésus de leur permettre d’entrer dans cesporcs. Il le leur permit. Les démons sortirent de l’homme, ils entrèrent dans lesporcs, et le troupeau se précipita du haut de l’escarpement dans le lac et s’y noya.

À la vue de ce qui était arrivé, les gardiens prirent la fuite et rapportèrent lachose dans la ville et dans les hameaux. Les gens s’en vinrent pour voir cequi s’était passé. Ils arrivèrent auprès de Jésus et trouvèrent, assis à sespieds, l’homme dont les démons étaient sortis, qui était vêtu et dans sonbon sens, et ils furent saisis de crainte. Ceux qui avaient vu leur rapportèrentcomment celui qui était démoniaque avait été sauvé. Alors, toute la populationde la région des Gergéséniens demanda à Jésus de s’éloigner d’eux, car ilsétaient en proie à une grande crainte; et lui monta en barque et s’en retourna.

L’homme dont les démons étaient sortis le sollicitait; il demandait à êtreavec lui. Mais Jésus le renvoya en disant : « Retourne dans ta maison etraconte tout ce que Dieu a fait pour toi. » Et l’homme s’en alla, proclamantpar toute la ville tout ce que Jésus avait fait pour lui.

Luc 8, 27-39

Le démon envoyé aux cochons


fidèle : Seigneur, dans ce passage, je te vois exercer ta miséricorde enversun pauvre Juif possédé du démon, mais tu ne sembles pas bien gentil enversles Gergéséniens.

jésus : La perte de quelques cochons n’a pas changé grand-chose pources personnes riches. J’avais là la chance de montrer mon désir d’aider lesétrangers autant que d’aider les Juifs. J’ai profité de l’occasion.

fidèle : Je dois t’avouer que je ne comprends pas comment tu avais poureux un bon message quand tu détruisais une partie de leur troupeau de porcs.

jésus : C’était d’abord au diable que j’envoyais un message. Ce vilain, avecson esprit tordu, me disait qu’il me laissait mon peuple d’Israël représenté parle pauvre possédé, mais qu’il voulait continuer à dominer les autres peuplesreprésentés par les porcs, animaux considérés comme impurs par les Juifs.

fidèle : Et qu’est-ce que le démon a compris après la noyade des cochons?

jésus : Comme il n’a pas pu posséder les cochons bien longtemps puisqu’ilsse sont noyés, il a compris que je venais sauver tous les peuples, y compris lesGergéséniens, de son empire. Je venais offrir l’eau du baptême à tous. J’aimême dû utiliser la même image des animaux impurs pour faire comprendrela même chose à Pierre au début de l’Église. (cf. Actes 10, 11-16)

fidèle : Je ne comprends pas pourquoi ton peuple juif a eu tant de difficultéà accepter que ton salut était universel. Étaient-ils égoïstes pour vouloirgarder pour eux seuls tous les bénéfices de la Rédemption?

jésus : C’est parce qu’ils n’entrevoyaient pas un messie incarné. Ils espéraientplutôt que la venue de ce messie serait le début de la domination de l’universpar le peuple juif. Il y’a tellement de personnes qui considèrent que Dieun’est que celui qui va régler les problèmes matériels des humains.

fidèle : Si tu as beaucoup de tendresse et de miséricorde envers les humains,ne devrais-tu pas les aider même dans leurs problèmes matériels?

jésus : Il y a deux volets à ma réponse. Je donne plutôt à mes frères humainsla force, le courage et l’intelligence pour qu’ils puissent se sortir eux-mêmesdes situations difficiles où ils se trouvent. Cependant, je n’enlève jamais laliberté aux humains, c’est ce qui les rend supérieurs aux animaux. Certainsm’empêchent ainsi de déployer complètement ma compassion universelle.

fidèle : Tu es le Tout-Puissant, pourquoi n’arrêtes-tu pas tout ce qui pourraitêtre la cause des souffrances pour les hommes?


jésus : En exhibant ma toute-puissance, je ne ressemblerais plus tellement àmes frères humains. Je préfère être au milieu d’eux, être l’un d’eux, c’estpour cela que je me suis incarné. Ma divinité et celle de mon Père leurseront manifestées par la miséricorde, celle que nous avons montrée à cepossédé que j’ai délivré du démon.

fidèle : Pourquoi n’as-tu pas permis à cet homme de te suivre?

jésus : Je voulais que la bonté miséricordieuse de Dieu soit déjà prêchéedans des territoires éloignés de ceux où je me trouvais habituellement. Jem’étais trouvé un éloquent prédicateur. Il me tardait de voir cette miséricordedivine atteindre toutes les périphéries de l’univers. C’était déjà une avant-première de mon dernier message avant mon Ascension : « De toutesles nations allez faire des disciples ». (Matthieu 28, 19)

Le Seigneur est grand! Avant, les gens me considéraient presque comme unebête. C’était normal puisque je ne vivais que parmi les tombeaux et que je nesupportais aucun vêtement. J’étais comme une bête féroce. J’ai rencontré le Filsde Dieu et maintenant, je suis guéri. Dieu est miséricordieux! Louez-le avec moi!

« La miséricorde est le pilier qui soutient la vie de l’Église. Dans son actionpastorale, tout devrait être enveloppé de la tendresse par laquelle ons’adresse aux croyants. Dans son annonce et le témoignage qu’elle donneface au monde, rien ne peut être privé de miséricorde. La crédibilité del’Église passe par le chemin de l’amour miséricordieux et de la compassion.L’Église vit “un désir inépuisable d’offrir la miséricorde”. Peut-être avons-nousparfois oublié de vivre le chemin de la miséricorde? D’une part, la tentationd’exiger toujours et seulement la justice a fait oublier qu’elle n’estqu’un premier pas, nécessaire et indispensable, mais l’Église doit aller au-delàpour atteindre un but plus haut et plus significatif. D’autre part, il est tristede voir combien l’expérience du pardon est toujours plus rare dansnotre culture. Même le mot semble parfois disparaître. […] Le pardon estune force qui ressuscite en une vie nouvelle et donne le courage de regarderl’avenir avec espérance. »

La miséricorde divine retire les amarres qui nous retiennent rivés au malet ouvre devant nous le champ de l’univers où nous pouvons aller cultiverla Bonne Nouvelle.

Le possédédélivré


extraordinairede la

Miséricorde,no 10


Jésus traversait la Samarie. C’estainsi qu’il parvint dans une villede Samarie appelée Sychar, nonloin de la terre donnée par Jacobà son fils Joseph, là même où setrouve le puits de Jacob. Fatiguédu chemin, Jésus était assis toutsimplement au bord du puits. C’étaitenviron la sixième heure. Arrive unefemme de Samarie pour puiser de l’eau.Jésus lui d i t : « Donne-moi à boire. »

Ses disciples, en effet, étaient allés à la ville pour acheter de quoi manger.Mais cette femme, cette Samaritaine, lui dit : « Comment? Toi, un Juif, tume demandes à boire à moi, une femme samaritaine! » Les Juifs, en effet,ne veulent rien avoir de commun avec les Samaritains. Jésus lui répondit :« Si tu connaissais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : “Donne-moi àboire”, c’est toi qui aurais demandé et il t’aurait donné de l’eau vive. »La femme lui dit : « Seigneur, tu n’as pas même un seau et le puits est profond;d’où la tiens-tu donc, cette eau vive? Serais-tu plus grand, toi, que notrepère Jacob qui nous a donné le puits et qui, lui-même, y a bu ainsi que sesfils et ses bêtes? » Jésus lui répondit : « Quiconque boit de cette eau-ciaura encore soif; mais celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’auraplus jamais soif; au contraire, l’eau que je lui donnerai deviendra en lui unesource jaillissant en vie éternelle. » La femme lui dit : « Seigneur, donne-moicette eau pour que je n’aie plus soif et que je n’aie plus à venir puiser ici. »Jésus lui dit : « Va, appelle ton mari et reviens ici. »

La femme lui répondit : « Je n’ai pas de mari. » Jésus lui dit : « Tu dis bien :Je n’ai pas de mari; tu en as eu cinq et l’homme que tu as maintenant n’estpas ton mari. En cela tu as dit vrai. » – – « Seigneur, lui dit la femme, je voisque tu es un prophète. Nos pères ont adoré sur cette montagne et vous,vous affirmez qu’à Jérusalem se trouve le lieu où il faut adorer. » Jésus lui dit :« Crois-moi, femme, l’heure vient où ce n’est ni sur cette montagne ni àJérusalem que vous adorerez le Père. Vous adorez ce que vous ne connaissezpas; nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs. Maisl’heure vient, elle est là, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit eten vérité; tels sont, en effet, les adorateurs que cherche le Père.

Dieu est esprit et c’est pourquoi ceux qui l’adorent doivent adorer en espritet en vérité. » La femme lui dit : « Je sais qu’un Messie doit venir, celuiqu’on appelle Christ. Lorsqu’il viendra, il nous annoncera toutes choses. »Jésus lui dit : « Je le suis, moi qui te parle. »

Jean 4, 4-43

La Samaritaine


Sur quoi les disciples arrivèrent. Ils s’étonnaient que Jésus parlât avec unefemme; cependant, personne ne lui dit « Que cherches — tu? » ou« Pourquoi lui parles -tu? » La femme alors, abandonnant sa cruche, s’enfut à la ville et dit aux gens : « Venez donc voir un homme qui m’a dit toutce que j’ai fait. Ne serait-il pas le Christ? » Ils sortirent de la ville et allèrentvers lui. Entre-temps, les disciples le pressaient : « Rabbi, mange donc. »Mais il leur dit : « J’ai à manger une nourriture que vous ne connaissezpas. » Sur quoi les disciples se dirent entre eux : « Quelqu’un lui aurait-ildonné à manger? » Jésus leur dit : « Ma nourriture, c’est de faire la volontéde celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre. Ne dites-vous pas vous-mêmes : “Encore quatre mois et viendra la moisson? ” Mais moi je vousdis : levez les yeux et regardez; déjà les champs sont blancs pour la moisson!Déjà le moissonneur reçoit son salaire et amasse du fruit pour la vie éternelle,si bien que celui qui sème et celui qui moissonne se réjouissent ensemble.Car en ceci le proverbe est vrai, qui dit : “l’un sème, l’autre moissonne.”Je vous ai envoyés moissonner ce qui ne vous a coûté aucune peine;d’autres ont peiné et vous avez pénétré dans ce qui leur a coûté tant depeine. » Beaucoup de Samaritains de cette ville avaient cru en lui à cause dela parole de la femme qui attestait : « Il m’a dit tout ce que j’ai fait. » Aussi,lorsqu’ils furent arrivés près de lui, les Samaritains le prièrent de demeurerparmi eux. Et il y demeura deux jours. Bien plus nombreux encore furentceux qui crurent à cause de sa parole à lui; et ils disaient à la femme : « Ce n’estplus seulement à cause de tes dires que nous croyons; nous l’avons entendunous-mêmes et nous savons qu’il est vraiment le Sauveur du monde. »Deux jours plus tard, Jésus quitta ces lieux et regagna la Galilée.

fidèle : Seigneur, dans ton dialogue avec cette femme de Samarie, il estclair qu’elle se sent pardonnée en fin de compte, mais nous ne voyons pasclairement à quel moment exact tu lui offres ton pardon durant votre longentretien.

jésus : Dès que j’ai vu sa détresse; celle d’une femme de réputation douteusequi doit venir chercher de l’eau en plein midi, quand il fait chaud, maisaussi quand il n’y a pas grand risque de rencontrer des personnes quipourraient faire des commentaires désobligeants, dès que je l’ai vue,j’ai senti pour elle une telle compassion dans mon cœur, qu’elle étaitpardonnée de tout ce qu’elle avait pu faire.

fidèle : Avant même qu’elle ne te parle, tu dis que tu avais pardonnéses péchés.

jésus : Quand je considère une personne, je ne me soucie pas de savoirsi elle est en état de péché ou non. Bien sûr, je le vois, mais ce que je veuxen premier, c’est l’aimer et l’aider. Elle était tellement seule et désespérée,


il me fallait en premier entrer en dialogue avec elle pour lui donner lachance de se sortir de son isolement malsain. C’est ce que j’ai fait en luidemandant à boire.

fidèle : Avais-tu réellement soif ou voulais-tu seulement trouver unmoyen d’entrer en dialogue avec elle?

jésus : J’avais soif. Il faisait chaud et c’était l’heure du midi. Mais ma plusgrande soif était de dépanner cette pauvre fille. Je l’ai d’ailleurs dit à mesapôtres quand ils me pressaient à manger un peu plus tard. « Ma nourriture,c’est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre. »Le pauvre état de cette femme aiguisait mon appétit de Fils de Dieu.Il me fallait lui révéler l’amour de Dieu et lui permettre de jouir desconséquences de cet amour.

fidèle : Pourquoi lui as-tu parlé de ses cinq maris? N’était-ce pas luirappeler sa situation délicate et l’embarrasser?

jésus : C’était pour lui faire réaliser que le but de notre conversationn’était pas de résoudre des problèmes d’approvisionnement en eaupotable. Elle a réalisé qui j’étais, le Messie; et que je ne venais pas pourrégler des problèmes de lieux de culte, mais pour entrer dans les cœursdes humains. Quand elle a réalisé que je connaissais tout sur elle et quemalgré tout, je m’approchais d’elle, ce fut le moment de grâce pour elle.

fidèle : Est-ce que c’est à ce moment qu’elle a été pardonnée?

jésus : Quand elle a réalisé la miséricorde de Dieu, ses péchés avaientperdu toute importance pour elle. Elle est tout de suite devenue un apôtreet laissant sa cruche, comme d’autres avaient jadis laissé leurs filets,elle est allée annoncer la Bonne Nouvelle dans tout le village. Les genssont venus et j’ai pu leur montrer l’amour de mon Père pour tous.

fidèle : Un jour, tu as dit que les publicains et les prostituées auraientles premières places dans le Royaume. Est-ce que Matthieu et la samaritaineseraient des illustrations de tes dires?

jésus : Si tu le veux. N’oublie pas que les cinq maris de la Samaritainesignifient aussi les cinq idolâtries que les Samaritains pratiquaient en plusdu culte juif. Ceci était aussi une prostitution. Elle a compris que le Messieque j’étais venait pour changer tout cela. Elle a compris que j’étais lamiséricorde. C’est tout ce qui importe pour elle et pour moi.

fidèle : Les Juifs n’aimaient pas les Samaritains. N’était-ce pas les provoquerque de faire ainsi une prédication en Samarie et en plus, en commençantpar une conversation avec une fille de mauvaise réputation?

jésus : Bien sûr, je provoquais mes coreligionnaires et compatriotes.C’est d’ailleurs ce que je voulais faire. Pour qu’ils comprennent bienl’universalité du salut que je venais apporter aux humains, il étaitnécessaire que je manifeste devant eux une miséricorde qui était aussiuniverselle. J’ai fait la même chose en guérissant l’enfant de la Syro-Phénicienne. (cf. Marc 7, 24-30) Prophétisme et miséricorde sont des attributsjumeaux chez le Fils de Dieu.

Seigneur, tu as tout changé dans ma vie. Je vivais dans le péché, mais aufond de moi, il y avait une petite flamme d’espérance. J’espérais que cemessie promis à nos pères se manifesterait un jour. C’est devant moi qu’ils’est manifesté et qu’il a en même temps changé ma tristesse en joie. Toneau vive qui coule en moi maintenant est mon trésor le plus précieux.C’est dans mon cœur que j’accueille mon Dieu.

« Ayez le courage d’aller à contrecourant de cette culture maniaque del’efficacité, de cette culture du rebut. La rencontre et l’accueil de tous, lasolidarité — un mot que l’on cache dans cette culture, comme si c’était ungros mot —, la solidarité et la fraternité sont les éléments qui rendentnotre civilisation vraiment humaine.

Être serviteurs de la communion et de la culture de la rencontre! Je veux quevous soyez obsédés dans ce sens. Et soyez-le sans être présomptueux,en imposant « nos vérités », mais au contraire guidés par l’humble et l’heureusecertitude de celui qui a été trouvé, rejoint et transformé par la Véritéqui est le Christ et qui ne peut pas ne pas l’annoncer. » (cf. Luc 24, 13-35)

C’est dans le dialogue franc et ouvert que l’on peut laisser coulerla miséricorde de Dieu et présenter notre Dieu, le Dieu des chrétiens,comme un amoureux de l’humanité.


La Samaritaine



En ce temps-là, Jésus prit la parole et dit :« Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre,d’avoir caché cela aux sages et aux intelligentset de l’avoir révélé aux tout-petits.

Oui, Père, c’est ainsi que tu en as disposédans ta bienveillance. Tout m’a été remispar mon Père. Nul ne connaît le Fils si cen’est le Père, et nul ne connaît le Père sice n’est le Fils, et celui à qui le Fils veutbien le révéler. »

« Venez à moi, vous tous qui peinez sous lepoids du fardeau, et moi je vous donnerai lerepos. Prenez sur vous mon joug et mettez-vous à mon école, car je suis doux et humblede cœur, et vous trouverez le repos de vosâmes. Oui, mon joug est facile à porter et monfardeau léger. »

fidèle : Seigneur, bonté, tendresse et amour des petits sont les élémentsde base qui te permettent d’être un Dieu de miséricorde.

jésus : C’est quand nous nous reconnaissons petits et faibles que nousressentons le besoin d’être aidés et aimés. Ceux qui se croient grands etsages pensent qu’ils peuvent se débrouiller seuls. Mon Père et moi aimonstout le monde. Si nous semblons aimer davantage les faibles, c’est qu’ilsont besoin de plus d’amour.

fidèle : Quel est ce tout que ton Père t’a remis et qui te permet de nousrévéler qui est ton Père?

jésus : Dieu a compris de toute éternité que la plus grande preuved’amour qui puisse exister est de se rendre là où se trouvent les êtresaimés et prendre leur nature. C’est en devenant humain que je suis devenule trait d’union entre la divinité et l’humanité. C’est au travers de monhumanité que j’ai pu faire comprendre la bonté de Dieu. Je suis l’incarnationde la bienveillance du Père.

Matthieu 11, 25-30

Léger fardeau


fidèle : Il faut donc se faire petit devant Dieu afin que sa grandeur puissese manifester. D’une certaine façon, nous pourrions dire : « Qui sommes-nous pour essayer de paraître grands et sages en présence de Dieu? »

jésus : Mon Père et moi ne désirons pas humilier les humains. Nous necroyons pas du tout qu’ils pourraient nous faire ombrage. De toute façon,ils ne le peuvent pas. Au contraire, nous voulons les rendre participants denotre divinité. C’est la seule façon pour eux de devenir réellement grands.Je suis devenu ton frère en humanité et mon Père du ciel t’a adopté commeson enfant.

fidèle : Vivre en enfant de Dieu semble parfois une chose difficile à faire.Tu sais, il y a les tentations et les commandements ainsi que le reste.

jésus : La croix que j’ai portée était très lourde, si je n’avais pensé qu’àson poids, je n’y serais pas arrivé, mais je pensais que c’était pour toi queje la portais et alors, elle était déjà moins lourde. C’est à ce moment quele Cyrénéen est venu la prendre pour moi.

fidèle : Toi, tu deviens pour nous un Cyrénéen si je comprends bien?

jésus : D’une certaine façon, c’est bien cela, mais il faut que tu te concentressur la raison pour laquelle tu portes une croix. Le colis merveilleux que tuattendais depuis un certain temps sera moins lourd dans tes bras que dansceux du livreur qui ne fait que gagner sa nourriture.

fidèle : Je sais qu’une pièce de bois de 15 kg est plus lourde que l’enfantdu même poids que sa mère aime et porte dans ses bras avec tendresse.

jésus : Le poids de mon joug ne se mesure pas en kilogrammes. J’exerceplutôt une force d’attraction, comme un magnétisme et plus tu t’approchesde moi, plus c’est moi qui soutiens ton fardeau. Tu disais vrai quand tudisais que je devenais pour toi un Cyrénéen.


Seigneur, je réalise que l’amour rend tout léger. Ton amour est toujours làet il attend le nôtre. Pour aimer comme tu aimes, pour répondre à cet amourmiséricordieux que tu as pour nous, il nous faut aimer les plus petits parmiles tiens comme tu nous aimes avec un cœur miséricordieux. Nous savonscependant que notre capacité d’aimer est bien faible et nous avons besoinde ton aide pour nous approcher des autres avec un amour qui ressembleau tien. Montre-nous comment aimer.

« En ayant le regard fixé sur Jésus et son visage miséricordieux, nouspouvons accueillir l’amour de la Sainte Trinité. La mission que Jésus areçue du Père a été de révéler le mystère de l’amour divin dans sa plénitude.L’évangéliste Jean affirme pour la première et unique fois dans toute l’Écriture :“Dieu est amour” (cf. Jean 4, 8-16). Cet amour est désormais rendu visibledans toute la vie de Jésus. Sa personne n’est rien d’autre que de l’amour,un amour gratuit. Les relations avec les personnes qui s’approchent de luiont quelque chose d’unique et de singulier. Les signes qu’il accomplit,surtout envers les pécheurs, les pauvres, les exclus, les malades et lessouffrants, sont marqués par la miséricorde. Tout, en lui, parle de miséricorde.Rien en lui ne manque de compassion. »

La bonté miséricordieuse de Jésus et son amour sous toutes sesfacettes doivent être présentés bien avant les lois de la morale. Cesdernières ne sont que des compléments de la foi, le sujet étantl’amour trinitaire.

Le fidèle

Bulle d’indictiondu Jubilé

extraordinairede la

Miséricorde,no 8


Jean19, 25–27

Près de la croix de Jésus setenaient debout sa mère, la sœurde sa mère, Marie, femme deClopas et Marie de Magdala. Voyantainsi sa mère et près d’elle ledisciple qu’il aimait, Jésus dit àsa mère : « Femme, voici tonfils. » Il dit ensuite au disciple :« Voici ta mère. » Et depuis cette

heure-là, le disciple la prit chez lui.

fidèle : Seigneur, ta mère a été présente tout au cours de ta vie. Ellet’a donné ton corps et elle était encore présente quand tu as offert cemême corps pour notre salut.

jésus : Elle m’a accompagné tout au long de ma vie. Elle a été la témoinprivilégiée des pardons que j’ai accordés et de la miséricorde que j’airépandue sur tout le monde, particulièrement au moment de ma passionet de ma mort. Je suis très heureux quand elle est invoquée comme étantla Mère de miséricorde. C’est réellement ce qu’elle est.

fidèle : Tu lui en as demandé beaucoup. Il était bien que tu la confiesà saint Jean, ton disciple préféré.

jésus : J’avais beaucoup de compassion pour ma Mère. Toute sa vie, elle aaccepté bien des choses qu’elle ne pouvait pas comprendre. Même à la fin, ellene comprenait pas tout, mais elle savait que ce qui se passait était le sommetde l’amour de Dieu pour l’humanité. Elle savait que je mourais par amour.D’ailleurs, pendant mon jeune âge, c’est en la regardant que j’ai appris à aimer.C’est elle qui m’a enseigné, dès que j’ai pu comprendre, la miséricorde de Dieu.Son magnificat en parlait déjà avant ma naissance.

fidèle : Est-ce que sa présence au pied de la croix était pour toi uneconsolation dans tes souffrances?

jésus : C’était une consolation, mais c’était beaucoup plus qu’une consolation.Quand elle avait accepté d’être la porte d’entrée de Dieu dans l’humanité,elle avait déjà été bénie entre toutes les femmes. En acceptant de souffrirdans son cœur de mère la passion de son Fils, elle a montré que l’humanitéqu’elle représentait alors acceptait la Rédemption que Dieu venait offrir.

Marie , Mère de la miséricorde


fidèle : Est-il juste de l’appeler co-rédemptrice?

jésus : C’est comme quand elle est appelée Mère de Dieu. Elle n’est pasmère de la divinité, elle est ma mère et je suis Dieu, la seconde personnede la Trinité. Elle était au pied du gibet où j’accomplissais la Rédemptiondu monde. Elle acceptait dans son cœur ma mort comme elle avait acceptéma naissance et ma vie, elle était associée à la Rédemption plus que touteautre personne humaine. Elle recevait déjà, au nom de l’humanité, le salutque j’étais venu apporter sur la terre.

fidèle : Quand tu as lié Marie et Jean dans cette sublime filiation, quelétait le sens profond de ce geste?

jésus : D’abord, il y avait le sens premier de ces mots. Comme tout bon filsdans de telles circonstances, j’étais soucieux de ce qui arriverait à ma mèreaprès mon départ. Jean était mon cousin préféré et le seul présent à ce moment.Quand une mère a perdu son fils unique, c’est à un neveu que revient lerôle de soutien. Jean a d’ailleurs accompli ce rôle d’une façon merveilleuse.Je le connaissais bien et je savais que je pouvais avoir confiance en lui. J’enai fait mon exécuteur testamentaire.

fidèle : Malgré tes souffrances extrêmes, tu pouvais encore penser àta mère et à toutes ces choses que tu viens de m’expliquer! Je vois queta compassion n’a pas de limites. La miséricorde implique le pardon.Tu n’avais rien à pardonner à ta mère. Est-ce que cette compassion étaitalors la seule manifestation possible de ton cœur miséricordieux?

jésus : Tu as raison, mais ce geste était aussi une manifestation de miséricordeenvers tous mes frères et toutes mes sœurs de l’humanité. Cette mère avait étéun soutien et un encouragement pour moi pendant toute ma vie. À Cana, ellem’avait presque poussé dans le dos pour que je commence ma vie publique.En la confiant à Jean, je la donnais comme mère à mon Église qui allait naîtreofficiellement cinquante jours plus tard. Je savais que l’Église en auraitbien besoin, car, comme moi, elle devrait traverser des périodes difficiles.

fidèle : Quel a été son rôle dans l’Église primitive?

jésus : Son rôle au début de l’Église a été discret comme il l’avait été pendantma vie terrestre. Son rôle en a été un de présence. Elle était présente avec lapremière communauté. Elle priait avec les apôtres dans l’attente de ce quiviendrait. Elle avait fait l’expérience de la puissance de l’Esprit de Dieu qui l’avaitcouverte de son ombre. (cf. Luc 1,35) Maintenant, ce ne sera plus seulement l’ombrede l’Esprit, ce sera un vent violent et des flammes de feu. (cf. Actes 2, 1-2)La discrétion de Nazareth et de Bethléem sera remplacée par la notoriété deJérusalem. Marie se contente encore d’être une présence encourageante.Elle est toujours comme un visage humain présent chaque fois que la miséricordede Dieu pénètre plus profondément dans l’humanité.


Dieu de nos pères, d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, je ne comprends toujourspas ce qui arrive. J’ai dit « oui » à Gabriel et sa promesse s’est accomplie. Levieillard Siméon m’a prédit un glaive de douleur et je comprends maintenantce que cela voulait dire. Quel sera l’aboutissement de toutes ces choses? C’estlà que je ne comprends pas encore. Cependant, j’ai foi en toi et je sais que cequi arrivera sera toujours pour le bien de cette humanité dans laquelle tu esentré si discrètement. Je suis certaine que tu es en train de nous combler deton amour miséricordieux.

« Que notre pensée se tourne vers la Mère de la Miséricorde. Que ladouceur de son regard nous accompagne en cette Année Sainte, afin quetous puissent découvrir la joie de la tendresse de Dieu. Personne n’a connucomme Marie la profondeur du mystère de Dieu fait homme. Sa vie entièrefut modelée par la présence de la miséricorde faite chair. La Mère du CrucifiéRessuscité est entrée dans le sanctuaire de la miséricorde divine en participantintimement au mystère de son amour.

Choisie pour être la Mère du Fils de Dieu, Marie fut préparée depuis toujourspar l’amour du Père pour être l’arche d’alliance entre Dieu et les hommes.Elle a gardé dans son cœur la divine miséricorde en parfaite syntonie avecson Fils Jésus. Son chant de louange, au seuil de la maison d’Élisabeth, futconsacré à la miséricorde qui s’étend “d’âge en âge”. (cf. Luc 1,50) Nousétions nous aussi présents dans ces paroles prophétiques de la ViergeMarie, et ce sera pour nous un réconfort et un soutien lorsque nous franchironsla Porte Sainte pour goûter les fruits de la miséricorde divine.

Près de la croix, Marie avec Jean le disciple de l’amour, sont témoins desparoles de pardon qui jaillissent des lèvres de Jésus. Le pardon suprêmeoffert à qui l’a crucifié nous montre jusqu’où peut aller la miséricorde deDieu. Marie atteste que la miséricorde du Fils de Dieu n’a pas de limites etrejoint tout le monde, sans exclure personne. Adressons-lui l’antique ettoujours nouvelle prière du Salve Regina, puisqu’elle ne se lasse jamais deposer sur nous un regard miséricordieux, et nous rend dignes de contemplerle visage de la miséricorde de son Fils. »

Présenter Marie aux côtés de son fils est un excellent moyen demontrer jusqu’où va la miséricorde divine. C’est mettre en valeurla grandeur du Dieu qui s’incarne.

Marie au soirdu premier

Vendredi saint

Bulle d’indiction du

Jubilé extraordinaire

de la Miséricorde,

no 24

Nous avons vu dans l’Évangile jusqu’à quel point Jésus n’a été qu’amouret miséricorde. Nous avons aussi pu constater l’importance que le Vicairedu Christ déploie pour faire ressortir la compassion de Jésus.

Ce petit livre est publié par l’Œuvre pontificale de la propagation de la foi.À la fin de chaque méditation, nous avons mis une maxime missionnaire.Nous croyons que la compassion et la miséricorde doivent être la pièce deproue de toutes les barques que le successeur de Pierre envoie de par lemonde pour annoncer la Bonne Nouvelle. Nous terminons par une autrecitation du Pape de la Miséricorde. Il y fait l’éloge d’un grand missionnaire.

« Les missionnaires qui portèrent l’Évangile au Nouveau Monde ontdéfendu les autochtones contre les abus des colonisateurs, et parmieux, le frère Junipero Serra.

[…]

Il est louable pour son élan missionnaire inlassable qui le poussa jusqu’auxconfins extrêmes de la terre, sa dévotion mariale et son témoignage desainteté. Tous ces missionnaires qui se sont projetés dans les périphériesgéographiques, sociales et existentielles, nous interpellent.

[…]

Nous prenons le temps d’analyser scrupuleusement leurs qualités,mais surtout leurs limites et leurs misères.

[…]

Mais serions-nous capables de répondre avec la même générosité etavec le même courage à l’appel de Dieu? »

Pour être missionnaire, il faut imiter le Christ et s’armer de beaucoupde compassion et de miséricorde. Le missionnaire prêche l’évangilepar sa façon de vivre. Sa compassion et sa miséricorde envers lesautres sont ses plus touchantes homélies.

Homélie du 2 mai 2015,

évoquant ce moine

franciscain nouvellement

canonisé


Après avoir dialogué


L’Œuvre pontificale de la propagation de la foi vous propose

• Le Chemin de croix biblique et missionnaire nous aide à suivre le Christdurant sa passion tout en ayant un fond de pensée missionnaire.

• Le Rosaire missionnaire médité parcourt les 15 mystères traditionnelsdu rosaire; les mystères lumineux ajoutés par le pape Jean-Paul II etles 5 mystères missionnaires ajoutés par nous. Ces derniers proviennentdu livre des Actes des apôtres.

• Dialogues avec Jésus le miséricordieuxPubliés à l’occasion de l’Année de la Miséricorde, ces dialogues à bâtonsrompus avec Jésus sont toujours actuels et nous invitent à accueillir etpartager cette miséricorde comme moyen de faire la mission.

L’Œuvre pontificale de Saint-Pierre-Apôtre vous propose

• Les petits personnages bibliques sont des méditations sur des petitspersonnages qui semblent souvent comme des personnages secondairesdans la Bible, mais dont les actions tout de même importantes noussont proposées comme des modèles imitables.

L’Œuvre pontificale de l’enfance missionnaire vous propose

• La prière n’a pas d’âge. Carnet de prières intergénérationnelles.Apprenez aux enfants de nouvelles prières en plus des prières usuelles, le tout illustré.

Pour aiderla prière missionnaire

175, rue Sherbrooke Est, Montréal (Québec) H2X 1C7 CanadaTél. : 514 844-1929 • Sans frais : 1 866 844-1929 • Téléc. : 514 844-0382

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Prix

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Les Œuvres pontificales missionnaires ont publié certains instruments pour aiderceux et celles qui désirent alimenter leur vie de prière. Ce sont des prières assaisonnéesde pensée missionnaire.

avant-propos

des repères

prière du Jubilé de la Miséricorde

La femme adultère

Zachée pardonné

Chez Simon le pharisien

L’homme descendu sur un brancard

Pierre renie Jésus

Le bon larron

Le pardon des bourreaux

Le fils prodigue

La brebis perdue

Le serviteur qui refusait de pardonner

Le pharisien et le publicain

Le démon envoyé aux cochons

La Samaritaine

Léger fardeau

Marie, Mère de la miséricorde

après avoir dialogué

pour aider la prière missionnaire

fondateurs des O.P.M.

Table des matières


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L’Œuvre pontificale de la propagation de la foiMademoiselle Pauline Marie Jaricot lance en 1818 l’« Association de laPropagation de la Foi », officiellement reconnue le 3 mai 1822. Paulineest « la fondatrice de la plus grande agence d’aide aux missions de toutel’histoire de l’Église catholique : l’Association pour la Propagation de la Foi »,devenue par la suite l’« Œuvre de la Propagation de la Foi » élevée par Pie XIau rang d’œuvre « Pontificale » en 1922. Au Canada, l’Œuvre de la propagationde la foi organise chaque année le Dimanche missionnaire mondial. Elleprépare des dossiers d’animation et les fait parvenir à toutes les paroissesdu pays. De plus, nous publions la revue « Univers » quatre fois par année.Nous soutenons plusieurs actions missionnaires dans de nombreux pays.

Œuvre pontificale de Saint-Pierre-ApôtreMademoiselle Jeanne Bigard, encouragée et guidée par sa mère Stéphanie,se fixe comme objectif dans la vie, la préparation au ministère des jeunesdes pays de mission. En 1894, elle lance le premier manifeste de l’Œuvrede Saint-Pierre-Apôtre, dont l’activité débute en 1886, avant de s’établirdéfinitivement à Caen, en France, en 1889 et d’être reconnu « Pontificale »par Pie XI en 1922. Au Canada, l’Œuvre de Saint-Pierre-Apôtre, sectionfrancophone, soutient environ 700 séminaires dans différents pays demission. Nous publions « La Barque de Pierre », six fois par année pour resteren lien avec nos bienfaiteurs. Ces derniers font des dons de différentesfaçons et peuvent même adopter spirituellement un séminaristequ’ils accompagnent pendant toutes les années de sa formation.

Œuvre pontificale de l’enfance missionnairePour donner une orientation à la dévotion de l’Enfant-Jésus, l’évêque deNancy, en France, Mgr Charles Auguste Marie de Forbin-Janson lance unmouvement d’enfants chrétiens pour l’aide des enfants qui ne connaissent pasJésus. C’est ainsi que naît le 19 mai 1843 l’association de la « Sainte-Enfance »que Pie XI proclame « Pontificale » en 1922. Au Canada, l’Œuvre est mieuxconnue sous le nom de « Mond’Ami ». Sur le site Internet, nous présentonsdes activités à caractère missionnaire. Nous publions un kit d’animationmissionnaire pour inviter les enfants à participer au Projet Partagede l’année. Il y a aussi différentes publications dont un recueil deprières intergénérationnelles et un chemin de croix pour enfants. Nousoffrons aussi un dizainier missionnaire. De plus, une équipe est disponiblepour aller faire des animations dans différents endroits si nécessaire.

L’Union pontificale missionnaireLe Père Paolo Manna, missionnaire en Birmanie, constatant l’immensité dutravail missionnaire et souffrant de l’indifférence du clergé se soucie du petitnombre de missionnaires. Aussi, il fonde l’« Union Missionnaire du Clergé »pour animer les prêtres à toujours mieux faire, à l’évangélisation du monde,à promouvoir la connaissance et la prière pour les missions. Le 23 octobre 1916,Benoît XV approuve l’union qui, après une diffusion rapide et fécondedans le monde, est déclarée « Pontificale » par Pie XII en 1956. Les activitésde cette œuvre sont toutes dirigées par le bureau des Œuvres pontificalesmissionnaires de Rome.

Mlle Pauline MarieJaricot

Mlle Jeanne Bigard

Mgr Charles Auguste Marie

de Forbin-Janson

Père Paolo Manna

ŒUVRES PONTIFICALES MISSIONNAIRESFondateurs

L’Œuvre Pontificale de la Propagation de la Foi175, rue Sherbrooke EstMontréal (Québec) H2X 1C7 Canada www.oppf.ca

« Avec des yeux deMiséricorde »

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