Download - Alexandre THOMAS CIR 1
ISEN Yncréa Ouest - 1 - Stage associatif
2018
7
RAPPORT DE
SECOURS POPULAIRE
STAGE ASSOCIATIF Alexandre THOMAS – CIR 1
STAGE
ISEN Yncréa Ouest - 2 - Stage associatif
Table des matières Introduction ...................................................................................................................................... 3
Le Secours Populaire ........................................................................................................................ 4
Historique ..................................................................................................................................... 4
Le Secours Populaire aujourd’hui................................................................................................. 5
L’organisation ........................................................................................................................... 5
Les actions ................................................................................................................................ 6
La fédération d’Ille-et-Vilaine ................................................................................................... 6
Le stage associatif ............................................................................................................................. 7
Les missions effectuées ................................................................................................................ 7
La réception (8h) ...................................................................................................................... 7
Le Village Pop (12h) .................................................................................................................. 8
L’accueil (2h en observation) ................................................................................................... 9
L’accueil donateur (4h)............................................................................................................. 9
Le tri des jouets (6h) ............................................................................................................... 10
Le tri des vêtements (2h) ....................................................................................................... 10
Le libre-service alimentaire (30h) .......................................................................................... 11
Le stage en général ..................................................................................................................... 15
Les bénévoles rencontrées ..................................................................................................... 15
La philosophie du SPF ............................................................................................................. 15
Retour sur expérience ................................................................................................................ 16
Les points positifs ................................................................................................................... 16
Les points négatifs .................................................................................................................. 16
Analyse sociale ............................................................................................................................... 17
Introduction ................................................................................................................................ 17
Des comportements variés due à une situation critique ........................................................... 17
De la honte au droit ............................................................................................................... 17
L’éloignement de la société ................................................................................................... 18
Conclusion .............................................................................................................................. 18
La relation asymétrique entre le bénévole et le bénéficiaire .................................................... 18
L’iniquité des bénévoles ......................................................................................................... 18
La réduction du bénéficiaire .................................................................................................. 19
Conclusion .............................................................................................................................. 20
Des cas particuliers à relativiser ................................................................................................. 20
Conclusion de l’analyse .............................................................................................................. 21
Conclusion générale ....................................................................................................................... 22
Bilan technique ........................................................................................................................... 22
Bilan personnel ........................................................................................................................... 22
Pour finir ..................................................................................................................................... 23
ISEN Yncréa Ouest - 3 - Stage associatif
Introduction Dans le cadre de nos études, nous devons réaliser un stage associatif de 70 heures. Ce stage a
pour objectif de nous faire travailler et découvrir le monde professionnel sans argent en jeu. De
plus, cela doit permettre de développer nos capacités humaines et sociales en étant « en bas de
l’échelle ». Je voulais réaliser ce stage dans une association caritative afin d’aider les plus
démunis. J’ai donc contacté le Secours Populaire qui a accepté de me prendre en stage. Ce
dernier fut réalisé pendant deux semaines consécutives entre le 2 et le 13 juillet 2018 à Rennes.
Tout d’abord, nous verrons les actions réalisées par le Secours Populaire. Ensuite seront décrites
les missions que j’ai effectuées au cours de ces deux semaines. Enfin j’expliquerai les analyses
sociales et humaines que j’ai pu tirer de ce stage.
ISEN Yncréa Ouest - 4 - Stage associatif
Le Secours Populaire Historique
1923 – 1936 : Le Secours rouge international
Après la première guerre mondiale, la France est dévastée et meurtrie.
Des millions de civils ont été victimes des combats et des destructions.
C’est dans ce contexte que des militants communistes créent en 1923 le
« Secours rouge international ». L’association s’intéresse du sort des
bagnards, des militants anticolonialistes et des ouvriers licenciés. Dès
cette période, l’association développe des activités sociales destinées
aux enfants démunis comme des colonies de vacances ou des aides
pour les enfants de chômeurs.
1936 – 1945 : Le Secours Populaire de France et des colonies
A la faveur du Front populaire et dans l’intention de s’ouvrir plus largement à la société civile,
l’association change de nom pour devenir le Secours Populaire de France et des colonies en
1936. En 1938, le slogan « Tout ce qui est humain est nôtre » devient la devise de l’association.
Celui-ci est toujours en vigueur aujourd’hui. L’association dénonce les conditions de vie des
natifs des colonies, apporte de l’aide aux populations réfugiées en France et organise l’aide à
l’Espagne républicaine.
Malgré son interdiction pendant l’Occupation, l’association poursuit ses actions de solidarités.
Elle se réorganise dans le Paris de la Libération et envoie dès décembre 1944 des enfants en
vacances.
Affiche du Secours rouge international
Devise du Secours Populaire depuis 1938
ISEN Yncréa Ouest - 5 - Stage associatif
Depuis 1945 : Le Secours Populaire Français
Le Secours Populaire Français nait en 1945 de la fusion du Secours
Populaire de France et des colonies et de l’Association nationale des
victimes du nazisme (ANVN). L’association vient en aide aux victimes des
guerres coloniales de Madagascar, d’Indochine, du Vietnam et d’Algérie.
Dès 1950 la notion de solidarité s’élargit : elle est désormais morale et
matérielle. Suivront de nombreuses actions en France et dans le monde,
offrant de l’aide aux personnes les plus démunies.
Le Secours Populaire aujourd’hui
L’organisation En 2017, l’association a aidé 3,3 millions de personnes grâce aux 80 000 bénévoles, 600
employés et 1,1 million de donateurs. Avec un budget de 351 millions d’euros, le SPF est la
troisième association en terme du budget derrière la Croix-Rouge française et le Secours
Catholique.
Le Secours Populaire est un mouvement décentralisé qui s’organise pour agir au plus près des
besoins. Un grand nombre de comités animent un réseau de permanences d’accueil et de
structures locales. Les fédérations, au niveau départemental, assurent un rôle de soutient,
d’impulsion et de lien avec l’association nationale. L’Union regroupe l’ensemble de ces
structures. Cette décentralisation permet aux antennes locales d’avoir un plus grand pouvoir et
ainsi d’adapter les aides à la situation.
Affiche du mouvement d’enfant Copain du Monde en 1992
Source et emploi des ressources financière en 2017
ISEN Yncréa Ouest - 6 - Stage associatif
Les actions Le Secours Populaire intervient dans des domaines variés : aide alimentaire, aide vestimentaire
et matérielle, accès aux droits et aide juridique, accès aux soins, accès à la culture et loisirs,
accompagnement scolaire, insertion sociale.
Dans le monde, l’association en partenariat avec d’autres agit lors de catastrophes tel que des
séismes ou des famines. De plus, le Secours Populaire
et ses partenaires financent la construction
d’infrastructure permettant l’accès à l’eau, l’énergie
et la scolarisation des enfants dans des pays
défavorisés comme le Bénin ou l’Ethiopie.
La fédération d’Ille-et-Vilaine La structure Rennaise fait partie de la fédération d’Ille-et-Vilaine avec Redon, Fougère et Saint-
Malo. Cependant, la majorité des activités se concentrent sur Rennes. Trois personnes sont
salariées, dont deux à plein temps pour la gestion des quatre structures du département.
La fédération d’Ille-et-Vilaine c’est 712 000€ de produits en 2016 provenant principalement
d’initiatives (35%), des dons (31%) et des subventions (15%). Les charges représentent 688 000€
et sont dues principalement à l’achat de marchandise (27%).
En 2016, la fédération a aidé 13 000 personnes, en partie grâce aux 9000 donateurs. De plus, le
bénévolat représente l’équivalent de 23,5 salariés à plein temps. L’aide la plus demandée est
l’aide Alimentaire qui concerne 13 000 personnes. Vient ensuite l’aide vestimentaire avec 4000
bénéficiaires. Le détail des aides est disponible ci-dessous.
Nombre de personnes aidées Aide
13 000 Alimentaire
4 000 Vestimentaire
235 Soutient ou accompagnement juridique
460 Accès à la culture et aux loisirs
445 Accès et maintien dans le logement
440 Accompagnement scolaire ou action contre l’illettrisme
290 Accès aux sports
150 Insertion sociale et accompagnement vers l’emploi
85 Accès aux soins, aux droits de santé et à la prévention Détails des différentes aides apportées par la fédération d’Ille-et-Vilaine en 2016
Le Secours Populaire auprès des réfugiés syriens en février 2013
ISEN Yncréa Ouest - 7 - Stage associatif
Le stage associatif
Les missions effectuées L’objectif de ce stage était d’effectuer différentes missions au sein de l’antenne Rennaise du
Secours Populaire. Celles-ci avaient pour but la découverte des différents travaux effectués par
les bénévoles. En raison de la période estivale, certains bénévoles étaient absents. Cela posait
problème notamment à l’alimentaire. En accord avec mon maître de stage, j’allais donc
régulièrement aux postes qui nécessitaient de l’aide immédiate plutôt qu’aux missions
planifiées. J’ai pu ainsi passer beaucoup de temps au libre-service mais peu aux jouets ou aux
vêtements.
La réception (8h) La réception accueille les personnes se présentant au Secours Populaire. Le but est de s’assurer
que la personne qui se présente peut être aider. Le bénéficiaire explique ce dont il a besoin et le
bénévole vérifie qu’il possède les papiers nécessaires. Ce premier tri permet de ne pas faire
patienter inutilement des personnes qui n’auraient pas tous les documents. Celles pouvant être
reçues attendent ensuite au Village Pop.
Après avoir passé une heure en observation, j’ai
pu prendre la place du réceptionniste en restant
sous la supervision de la bénévole. Certains cas se
traitent rapidement, tandis que d’autres prennent
plus de temps. Cela dépend de la raison qui amène
la personne, des justificatifs qu’elle a, si c’est sa
première visite ou si elle est déjà venue.
La principale difficulté rencontrée est la barrière
du langage. Beaucoup de gens ne parlent ni
français ni anglais. Selon la personne, des moyens
différents sont utilisés pour se faire comprendre.
Certaines utilisent Google Traduction, d’autres se font comprendre avec des gestes ou bien
viennent accompagnées d’une personne qui sert de traducteur.
Le cas qui m’a le plus marqué est celui d’une jeune fille qui entrait en 5ème. Elle était venue pour
obtenir des fournitures scolaires avec son père qui ne parlait pas français. Elle a fait preuve
d’une grande maturité et faisait les démarches elle-même. J’ai pu revoir à plusieurs reprises
cette situation où des personnes venaient avec leurs enfants pour se faire comprendre. Ces
Réception de l’antenne Rennaise
ISEN Yncréa Ouest - 8 - Stage associatif
enfants ont la chance d’aller à l’école en France et donc d’apprendre le français. Cependant ils
doivent faire preuve d’une grande maturité pour leur âge. En effet, leur famille s’appuie
beaucoup sur eux pour les démarches en France.
Le Village Pop (12h) Le Village Pop est la salle d’attente. Lorsqu’il y a du monde, les bénéficiaires peuvent attendre
plus d’une heure avant d’être reçus, d’où l’intérêt de cette salle où ils peuvent s’assoir pour
patienter. On leur propose des boissons chaudes (thé ou café). Lorsque les magasins envoient
des produits comme des gâteaux ou des jus de fruits, ceux-ci sont aussi proposés. La salle
dispose de jeux pour les enfants. De plus, deux ordinateurs sont à disposition. La majorité des
bénéficiaires n’ont pas d’accès à Internet. Or aujourd’hui, de plus en plus de démarches se font
en ligne. Les bénéficiaires ont parfois besoin d’imprimer des attestations, notamment de la
Caisse d’Allocation Familiale d’où l’intérêt de ces ordinateurs.
De mon point de vue, ce poste est clairement l’un des plus simple. En début de journée, il faut
préparer du café et disposer des assiettes de gâteaux sur les tables. Ensuite, il suffit d’accueillir
les gens qui arrivent en leur proposant une boisson. Parfois, certains demandent de l’aide pour
l’utilisation des ordinateurs. Hormis lorsqu’il y a vraiment beaucoup de monde, ce poste est
plutôt calme. La plupart des gens sont polis et il suffit simplement d’attendre qu’une personne
arrive, lui dire bonjour et lui proposer quelque chose.
Salle d’attente, aussi appelée Village Pop.
ISEN Yncréa Ouest - 9 - Stage associatif
Un des bureaux utilisé pour l’accueil
L’accueil (2h en observation) Après avoir attendu en salle d’attente, le
bénéficiaire est reçu à l’accueil dans un cadre
privé. Si la personne n’est jamais venue, un
dossier est créé sur le service du Secours
Populaire. Ce dossier regroupe plusieurs
informations notamment le nombre de
personne à charge, les revenus et les charges
de la famille. A chaque fois que la personne
revient, ces informations sont mises à jour.
La grande majorité des personnes venant à
l’accueil demande une aide alimentaire. Cela
se traduit par un carnet avec un certains nombre de points. Ce carnet permet de prendre de la
nourriture au libre-service, son fonctionnement sera détaillé plus bas. En fonction de différents
critères (revenus, charges, nombre de personnes dans la famille), le bénéficiaire a le droit à un
carnet avec un nombre de point précis. Par exemple, pour le même revenu et les mêmes
charges, une famille de 3 personnes aura le droit à plus de points qu’une personne seule.
L’accueil demandant beaucoup de connaissances administratives, je n’ai passé que peu de
temps à ce poste et uniquement en observation. On retrouve les mêmes difficultés qu’à la
réception à savoir notamment la barrière de la langue. C’est très compliqué de demander à des
gens qui ne parlent pas français des factures ou des justificatifs.
En deux heures, j’ai vu 4 personnes différentes en étant à ce poste et elles étaient toutes à la
fois reconnaissantes pour l’aide apportée mais aussi dépitées d’y avoir recours, surtout celles
qui n’étaient jamais venues.
L’accueil donateur (4h) A ce poste, on récupère les dons matériels que font les gens au Secours Populaire. Les dons sont
rangés et stockés. Les jouets et les vêtements sont mis à part pour y être vérifiés. La difficulté de
ce poste est variable et dépend du nombre de personnes à gérer. Lorsqu’il n’y a pas beaucoup
de monde, on passe la plupart du temps à attendre. En revanche, quand beaucoup de gens
arrivent en même temps, il faut se dépêcher pour ne pas encombrer le passage et ne pas faire
attendre les donateurs.
ISEN Yncréa Ouest - 10 - Stage associatif
Jouets reçus en attente de vérification
Le tri des jouets (6h) Ici, on reçoit tous les jouets donnés. Les bénévoles les
trient, vérifient qu’ils fonctionnent et qu’ils sont en bon
état. La plupart des peluches sont données gratuitement car
il y en a beaucoup. Le reste des jouets est mis en vente à un
prix très faible, de l’ordre de quelques euros.
Il n’y a pas vraiment de difficultés ici, c’est un poste qui
n’est pas du tout prioritaire. En effet, ce n’est pas grave si
les jouets s’accumulent. Pour cette raison, je passais
rarement plus d’une heure et demie à ce poste avant de que
l’on me demande d’aller à l’alimentaire.
Le tri des vêtements (2h) Comme pour les jouets, les vêtements sont triés et rangés.
Seuls les habits sans tâches et pas trop démodés sont gardés.
Ils sont ensuite triés en fonction de la taille et du sexe. Ceux
qui ne peuvent pas être vendus sont donnés à l’association
« Le Relais » qui collecte et recycle le textile. Cela permet de
donner une nouvelle vie à ces vêtements. Environ 15% des
vêtements donnés au Secours Populaire vont au Relais.
Tous les objets donnés au secours populaire (meubles, jouets,
vêtements, …) sont ensuite remis à la vente. Rien n’est gratuit
mais le prix fixé est très bas. Les bénéficiaires peuvent acheter
ces objets. Cela permet aux personnes les plus pauvres d’avoir
quand mêmes quelques vêtements, des jouets pour les enfants
ou des meubles.
Ces trois derniers postes étaient de mon point de vue les moins intéressants. Bien que plutôt
calme, ils étaient plutôt ennuyants. J’ai largement préféré les autres postes où j’étais en contact
avec des gens et où il se passait quelque chose. Ce sentiment est renforcé par le fait que j’ai
passé une partie du temps seul à ces postes, sans aucun n’autre bénévole. Il m’est donc arrivé
de passer une heure, seul à trier des jouets et compter le nombre de pièces d’un puzzle dans le
fond du hangar.
Vêtements donnés et non triés
Vêtements triés, prêts à être achetés
ISEN Yncréa Ouest - 11 - Stage associatif
Réception de l’alimentaire
Le libre-service alimentaire (30h)
Le fonctionnement du libre-service
Lorsqu’un bénéficiaire demande une aide alimentaire, il est reçu à l’accueil et le bénévole lui
donne un carnet. Ce carnet contient des points roses et bleus. Chaque produit possède un prix
en points. Par exemple, un paquet de sucre coûte 3 points tandis que les pâtes c’est 1 point
pour deux paquets. Les points roses correspondent aux produits secs et les bleus aux produits
frais. A chaque fois que le bénéficiaire vient, le bénévole lui enlève donc un certain nombre de
points en fonction des achats.
Chaque bénéficiaire a le droit de venir une fois par mois. Le
carnet est valable trois mois et n’est pas renouvelable avant la
fin. Cela implique que le bénéficiaire doit bien répartir ses
dépenses de points pour ne pas se retrouver avec trop ou pas
assez de point le 3ème mois. Les personnes n’ayant pas de
moyen de conservation peuvent revenir une fois par semaine
mais n’ont pas plus de points.
Les activités
La plupart des produits secs ou en boite (sucre, pâtes, thon, …) sont emballés dans des cartons
sur des palettes. Avant l’arrivée des bénéficiaires, les produits sont déballés et disposés sur les
étagères. De plus, depuis la loi du 11 février 2016 relative à la lutte contre le gaspillage
alimentaire, les magasins sont obligés de donnés leurs invendus. Des cargaisons de produits,
majoritairement frais, sont réceptionnées tous les jours.
Lorsque la distribution commence, chaque bénévole prend un poste. L’un est à l’accueil de
l’alimentaire, il se charge de prendre les rendez-vous du mois prochain pour chaque
bénéficiaire. Il fait aussi entrer les personnes une par une. Le
nombre de personne à l’intérieur du libre-service est limité
pour ne pas déborder les bénévoles. Trois autres personnes
s’occupent respectivement des produits secs, des produits
frais et des légumes. Les bénévoles au sec et au frais
comptent les points et les retirent du carnet. Les légumes ont
un règlement particulier.
Stock des produits secs
ISEN Yncréa Ouest - 12 - Stage associatif
Fruits & légumes disponibles. Photos prises à un jour d’intervalle
Si une personne veut des légumes, elle paye un certain prix. Après ça, elle peut prendre autant
de produit qu’elle veut. Cela est théorique, le but est d’être équitable. On limite le nombre
maximum pour les produits qui sont très demandés pour que chacun puisse en avoir. Le prix
pour prendre des légumes est assez faible et dépend de la quantité de produits disponibles.
Quand il n’y a pas beaucoup de produits c’est gratuit mais ça peut aller jusqu’à deux points
lorsqu’il y a du choix.
Mon expérience
Compter les points au sec ou au frais n’était pas très difficile, on connait rapidement le prix de
chaque produit. La plupart des bénéficiaires connaissent déjà le système. Le plus compliqué
c’est d’expliquer aux nouveaux le système avec les points roses, les points bleus, le carnet
valable trois mois, etc. Personnellement je n’ai pas constaté de tentative de vol, ni même de
personne qui essaient de négocier pour avoir plus de produits.
J’ai passé la majorité de mon temps aux rayon légumes, environ 24 heures. De mon point de
vue, ce poste était l’un des plus difficile mais aussi l’un des plus intéressants. La première
difficulté vient de la gestion des stocks. On ne sait jamais ce qu’on va recevoir le lendemain. Il
est arrivé à plusieurs reprises pendant mon stage qu’un jour je limite le nombre de citrons à 3
par personne car il n’y en avait pas beaucoup et que le lendemain j’en donne une trentaine.
Comme on peut le voir sur les photos, la quantité de produit varie beaucoup d’un jour à l’autre.
Un autre problème qui s’ajoute à cela c’est le pourrissement des légumes. Cela ne sert à rien de
garder des produits s’ils ne sont plus consommables le lendemain. Il faut donc en donner un
maximum avant qu’ils ne soient plus comestibles. Un exemple frappant est lorsqu’un magasin a
donné une palette entière d’abricots. Ces fruits sont très demandés, le problème est qu’ils
pourrissent vite surtout en plein milieu de l’été. Ce jour-là, j’ai donc donné 4 ou 5 cagettes
pleine d’abricots à des bénéficiaires.
ISEN Yncréa Ouest - 13 - Stage associatif
La gestion de l’équité n’est pas la seule difficulté. Les légumes sont reçus et disposés dans des
cagettes qui sont empilées. Quand on distribue les produits, les cagettes se vident et il faut donc
aller les jeter. Il faut ensuite jeter les produits qui ont commencés à pourrir dans la cagette du
dessous. Parfois les magasins envoient de grandes quantités d’un certain produit. Pendant ma
première semaine on a reçu une quarantaine de cagettes de courgettes. Une semaine plus tard
il en restait encore et que je me suis trouvé à jeter les trois quarts des courgettes de chaque
cagette car elles commençaient à pourrir. S’ajoute à cela, les différences de comportement des
bénéficiaires. Tandis que certains ne voudront que les légumes en parfait état, d’autres
accepteront d’en avoir un peu abimés.
Enfin, la dernière difficulté est la réception des produits. Lorsque les magasins donnent, parfois
on reçoit des caisses qui contiennent de tout et rien n’est trié. Certains produits sont déjà
pourris avant même d’arriver au Secours Populaire. Toutes ces difficultés sont gérables quand
elles surviennent séparément. Il n’est pas difficile de jeter des cagettes vide, d’enlever des fruits
pourris et d’essayer de satisfaire au mieux le bénéficiaire. Ce qui rend ce poste épuisant certains
jours c’est l’addition de toutes les tâches simultanément. Quand il y a beaucoup de monde, il
faut servir rapidement et en même temps disposer et trier les produits envoyés par le magasin.
Le manque de bénévoles pendant l’été se faisait ressentir. Cependant, ce n’était pas aussi
difficile tous les jours. En effet, moins on reçoit de produit, moins on en a à jeter et les gens font
la queue moins longtemps. Selon les jours, je pouvais passer mon après-midi à courir ou au
contraire à attendre.
Les comportements constatés
C’est aux fruits et légumes que j’ai pu constater le plus de comportements inappropriés. En
effet, les bénéficiaires savent qu’ils ne peuvent pas négocier au sec ou au frais. Les produits
coutent un certain nombre de points et ce n’est pas négociable. De plus, des quantités
maximums sont fixés pour que certains ne prennent pas trop d’un produit en particulier. En
revanche au rayon légumes, les quantités maximums sont plus arbitraires. C’est le bénévole qui
les fixe pour essayer de faire une distribution équitable.
Le premier manque de civilité est que certaines personnes touchent les produits. Pour des
raisons sanitaires, le bénévole aux légumes porte des gants pour servir les bénéficiaires. Ils ne
doivent pas se servir eux-mêmes. Mais, même après leur avoir répéter plusieurs fois qu’ils ne
devaient pas toucher les produits, ils continuaient à le faire.
D’autres n’hésitaient pas à se servir discrètement et ranger les produits dans leur sac. Lorsqu’il y
a beaucoup de monde, chacun fait la queue. Il arrivait que des gens se servent eux même
directement pendant que je ne regardais pas et qu’une fois que c’était à eux d’être servis,
redemandent le même produit pour en avoir plus.
ISEN Yncréa Ouest - 14 - Stage associatif
Produits que je ne m’attendais pas à trouver dans un libre-service associatif.
Le cas le plus constaté est la tentative de négociation pour en avoir plus. Généralement je
donnais autant du même produit a chacun pour plus d’équité. Si une personne m’en demandait
plus et qu’il restait encore assez de ce produit, j’acceptais. Le but n’est pas d’être rigide.
Certains bénéficiaires ont de grandes familles à nourrir. Les gens qui demandaient poliment si
c’était possible d’en avoir plus, si je pouvais je donnais, sinon je refusais et la plupart
comprenait. Cependant, certains même après avoir reçus plus que les autres continuaient de
négocier, allant jusqu’à se servir d’eux-mêmes en partant.
Malgré cela, la majorité des bénéficiaires étaient polis et respectueux, le nombre de
comportement inappropriés est très faible par rapport au nombre de personnes servis.
Ce qui m’a surpris
En commençant l’alimentaire, je m’attendais à être beaucoup plus dans une relation
bénéficiaire/bénévole, où j’allais distribuer aux gens. A ma grande surprise, les gens sont plus
des clients que des bénéficiaires. Ils choisissent leurs produits et paient (avec des points). Cela
donne plus l’impression d’être dans un magasin.
Un autre fait qui m’a étonné est le mode de consommation de ces personnes. En effet, je
m’attendais à ce qu’ils favorisent les produits coutant le moins de points ou les plus nourrissants
comme les pates ou le riz. Cependant, lorsque les magasins donnent des produits comme des
gâteaux ou des bonbons, ceux-ci partent très vite. En fait, le mode de consommation de
beaucoup est très proche de celui d’un européen.
ISEN Yncréa Ouest - 15 - Stage associatif
Le stage en général
Les bénévoles rencontrées Lors de mes deux semaines, j’ai eu l’occasion de travailler avec plein de bénévoles différents. La
plupart ne sont là qu’une journée ou qu’une demi-journée par semaine. C’était très enrichissant
car chaque personne appréhende son bénévolat d’une manière différente. Or cela à un impact
direct sur la manière dont sont aidés les bénéficiaires. Certains auront tendances à donner plus
si possible tandis que d’autres seront inflexibles sur les règles. Cet aspect reviendra dans la
partie Analyse de ce rapport.
De plus, la grande majorité des bénévoles que j’ai rencontrés étaient retraités. En parlant avec
la responsable j’ai pu comprendre pourquoi. La première
raison qui vient est simple, ces personnes étant à la
retraite, ont le temps de faire du bénévolat. Cependant,
cela n’explique pas tout car ça impliquerait que seuls les
retraités font du bénévolat. En fait, les responsables ont
besoins de gens qui soient là régulièrement. Il est
impensable de gérer une organisation avec 200
bénévoles si les présences varient en permanence. Les
autres volontaires, notamment les jeunes sont envoyés
sur des opérations ponctuelles pour récolter des fonds ou
participer à des activités.
Enfin, j’ai pu rencontrer des personnes qui étaient à la fois bénéficiaires et bénévoles. Parmi les
bénéficiaires, beaucoup n’ont pas de travail ou un travail à mi-temps. Certains choisissent de
devenir bénévoles au Secours Populaire. L’avantage qu’ils ont sur les autres c’est qu’ils peuvent
venir une fois par semaine au libre-service. Ils n’ont cependant pas plus de points. C’est
intéressant pour eux, ils ne sont pas isolés, s’améliorent en français et reçoivent de l’aide sans
être passifs.
La philosophie du SPF Depuis mars 2007 et la promulgation de la loi 2017-290, l’état à l’obligation de garantir le droit
au logement de toute personne résidant sur le territoire. Cette loi s’applique que la personne
soit française ou non. Cependant les pouvoirs publics ne sont pas en mesure d’y répondre c’est
pourquoi le SPF et d’autres associations viennent en soutient. L’association agit uniquement sur
les conséquences et non les causes. Le but est d’aider directement ceux qui n’ont rien et pas de
résoudre les causes que ce soit un licenciement, la guerre civile en Syrie ou la situation en
Afrique Centrale.
Bénévoles aux Secours Populaire depuis plusieurs années.
ISEN Yncréa Ouest - 16 - Stage associatif
La responsable m’a expliqué que le Secours Populaire n’a pas vocation à faire le devoir des
pouvoirs publics. L’antenne rennaise aide environ 1000 personnes de plus chaque année et
l’État doit faire face à ses responsabilités.
Retour sur expérience
Les points positifs L’aspect qui m’a le plus intéressé dans ce stage est la partie relationnelle. J’ai eu l’occasion de
travailler avec des bénévoles très gentils qui m’expliquaient tout ce qu’il y avait à savoir. De
plus, les échanges avec ces personnes étaient instructifs car les bénévoles font généralement ça
depuis longtemps. Certains bénéficiaires étaient eux aussi très agréables même si j’ai rarement
eu le temps de discuter avec eux. Ce fut vraiment intéressant de travailler dans ce cadre.
Les missions effectuées durant ces deux semaines étaient aussi profitables. Trier des vêtements
ou donner des légumes sont des tâches beaucoup plus concrètes que la programmation ou les
mathématiques. De plus, ce stage était l’occasion de faire des activités plutôt manuelles que je
n’aurais probablement pas dans mon futur travail. Enfin, cela montre que je possède d’autres
compétences que celles acquises durant mes études.
Le dernier point qui m’a passionné était de voir le fonctionnement de ce genre d’association. On
espère tous ne jamais avoir besoin d’une association caritative pour nous venir en aide.
Cependant, certaines personnes n’ont pas d’autres choix et ont besoin des autres pour les
soutenir. Voir des bénévoles toujours aussi motivés, certains faisant ça depuis 20 ans était
passionnant.
Les points négatifs Tout d’abord, une partie des tâches est ennuyante comme le tri des jouets. Il m’arrivait de me
retrouver seul dans le fond du bâtiment à trier ce que les gens avaient donné.
Ensuite, toutes les activités que j’ai effectuées, que ce soit le tri des vêtements, l’accueil des
gens ou le libre-service étaient faisable par n’importe qui. Cela ne demandait pas de
compétence particulière. J’ai trouvé dommage de ne pouvoir apporter mes connaissances et
mes compétences dans ce stage, en informatique par exemple.
Enfin, en deux semaines j’ai aussi rencontré quelques personnes désagréables. Il y en a très peu
par rapport au nombre de personne que l’on aide. Cependant, leur comportement ne donne
pas envie de les servir et pourrait décourager des gens se lançant dans le bénévolat.
ISEN Yncréa Ouest - 17 - Stage associatif
Analyse sociale
Introduction Lors de ces deux semaines, j’ai pu constater que le bénévolat n’est simple. Il faut essayer d’être
équitable au maximum pour que tout le monde reçoit la même aide. De plus le Secours
Populaire est une association caritative, des gens viennent pour être aider. Il est donc facile de
considérer la personne à son unique situation, de la voir d’abord comme un bénéficiaire avant
de la voir comme une personne. Tout cela à un impact sur les bénévoles et les bénéficiaires. On
rencontre certains bénéficiaires avec des comportements très mauvais. En étudiant quels sont
ces comportements, nous essaieront de comprendre quelles en sont les causes. Nous verrons
tout d’abord que ces comportements peuvent être expliqués par la situation parfois critique des
bénéficiaires. Ensuite, nous chercherons à comprendre pourquoi le bénévole à lui aussi une part
de responsabilité dans ces situations.
Des comportements variés due à une situation critique
De la honte au droit La plupart des bénéficiaires sont dans des situations critiques. Certains n’ont pas de domicile,
d’autres en ont mais n’ont pas ou peu de revenus. Ces personnes n’ont pas d’autres choix que
de demander de l’aide à des associations comme le Secours Populaire. Cela n’est pas forcément
simple pour tout le monde. Pour certains, avoir recours à une association signifie qu’on a raté sa
vie, que l’on n’est pas capable de s’en sortir tout seul. Y être obligé peut être perçu comme
honteux. Ce sentiment de honte peut se matérialiser sous la forme de mauvais comportements
à l’égard des bénévoles comme être agressif ou tenter de négocier pour avoir des produits
gratuitement. En effet, si un produit est gratuit alors ce sentiment d’être redevable est moindre.
Cela dépend aussi beaucoup de la culture du bénéficiaire. Certains seront très gênés et
embarrassés d’avoir recours à une association tandis que d’autres non.
A l’opposer, on retrouve des personnes qui considèrent comme un droit l’aide des associations
caritatives. Elles voient ces associations comme quelque chose de normal, au même titre que
les aides de l’Etat. Cela est problématique car les bénévoles ne sont plus ceux qui aident mais
ceux qui font leur travail. Pour ces personnes, il est inconcevable qu’elles n’aient pas ce qu’elles
désirent puisque les bénévoles sont là pour ça. Ce genre de situation est assez courante lorsque
le bénéficiaire qui vient depuis longtemps commence à considérer l’aide qu’il reçoit comme un
dû.
ISEN Yncréa Ouest - 18 - Stage associatif
L’éloignement de la société Enfin, il peut y avoir une autre explication des comportements dû à la situation des
bénéficiaires. Parmi eux, certains ont des parcours très difficiles, ils ont pu être à l’écart de la
société pendant longtemps. Or tous les codes sociaux qui nous semblent basiques comme la
politesse ou le respect peuvent ne plus l’être plus pour ces personnes. De la même manière,
même s’il nous semble évident de partager le plus équitablement possible les produits entre les
bénéficiaires, ce n’est pas leur point de vue. Cela ne veut pas dire qu’ils ne se préoccupent pas
des autres, mais qu’ils font passer leur situation avant tout. Leur but est uniquement de vivre au
mieux et de passer le mois ou la semaine en ayant quelque chose à manger. Cela peut conduire
à des situations ou le bénéficiaire peut être tenté de voler.
Conclusion Dans cette partie, nous avons constaté que les comportements parfois mauvais des
bénéficiaires n’est pas forcément dut à la personne en elle-même mais plutôt à leur situation
qui les pousse à agir de la sorte. Cependant, il est intéressant de constater que les bénévoles
peuvent aussi avoir leur part de responsabilité dans ces comportements.
La relation asymétrique entre le bénévole et le bénéficiaire
L’iniquité des bénévoles Tout d’abord, il est nécessaire de rappeler que les bénévoles doivent normalement être
parfaitement équitable et donner la même quantité à chaque personne. Cependant, cela est
compliqué, nous sommes humains et nous avons tendance à plus aider ceux qui nous inspire de
la pitié. Un exemple flagrant est arrivé pendant mon stage. Une jeune fille qui devait avoir une
vingtaine d’années et qui parlait parfaitement français se présente. Elle n’était jamais venue,
elle était stressée et complètement paniquée sur son nombre de points à utiliser. La bénévole
du frais a donné plus que ce dont elle avait le droit et n’a pas compté tous les points. Moi-même
aux légumes je lui ai donné un peu plus. Le fait qu’elle parle français et qu’elle avait mon âge
fait probablement que j’ai été plus compatissant. La personne était gentille, polie et
extrêmement reconnaissante. Cet exemple est flagrant, les bénévoles ont tendance à donner
plus à certains et moins à d’autres et cela en se basant uniquement sur des critères arbitraires.
Cependant, cela est problématique car ce n’est plus équitable. En théorie, chaque bénéficiaire
doit recevoir autant, qu’importe le bénévole et qu’importe son comportement. D’abord, cela
signifie que la quantité de produit qu’un bénéficiaire pourra avoir ne dépend pas uniquement
des donations des magasins qui peuvent beaucoup varier d’un jour à l’autre, mais aussi de quel
bénévole est en face de lui. Si le bénévole est un peu plus souple avec les règles, le bénéficiaire
ISEN Yncréa Ouest - 19 - Stage associatif
peut espérer recevoir davantage de produits. De plus, cela montre que les bénévoles ont un
certain pouvoir sur les bénéficiaires. Ils peuvent choisir de donner plus ou moins. Le problème
est que ce pouvoir est intrinsèque à la fonction mais aussi illégitime puisque les produits
n’appartiennent pas plus au bénévole qu’au bénéficiaire. Ce pouvoir que possède le bénévole
peut être source de tension. La quantité de nourriture disponible varie beaucoup en fonction
des jours et cela peut être vécu comme une injustice. Certains jours, les légumes se limitent à de
la salade, des courgettes et des radis tandis que le lendemain, plein de produits différents sont
disponibles. Déjà que la quantité de produit varie en fonction des magasins, si en plus elle varie
en fonction du bénéficiaire, cela devient vraiment compliqué pour les bénéficiaires. Ce pouvoir
que possède le bénévole peut être une explication des tentatives de vol mais aussi des
comportements irrespectueux de personnes ne comprenant pas pourquoi cette fois ils ont eu
moins de denrées que la fois précédente. Les bénévoles font du mieux pour être le plus
équitable mais l’exemple que j’ai vécu avec la jeune fille montre que ce n’est pas si simple. Ces
inégalités se ressentent surtout au frais et aux légumes où les quantités changent chaque jour et
ou les bénévoles choisissent eux même les quantités à donner.
La réduction du bénéficiaire Un autre point qui peut pousser à l’agacement des bénéficiaires, et donc à des mauvais
comportements est la vision du bénévole. Avec le temps, il est malheureusement possible de
réduire la personne en face à son unique situation de bénéficiaire. Cela n’est pas volontaire de
la part des bénévoles, cependant cette vision à un impact à long terme. Comme évoqué dans la
partie sur l’alimentaire, je fus surpris qu’autant de monde prennent des gâteaux et des
friandises. J’ai donc eu des préjugés à propos des bénéficiaires. En effet, logiquement le
bénéficiaire n’a pas assez d’argent pour se nourrir seul, il devrait donc prendre des pâtes car il y
en a beaucoup et ce n’est pas cher. Cependant, une personne qui voit des gâteaux et qui n’en a
pas mangé depuis longtemps va avoir tendance à les prendre.
Je voyais donc avant tout ces personnes comme des gens qui bénéficiaient de notre aide avant
de les voir comme des gens. En soit, cela n’est pas grave puisque c’est une vision des choses.
Cependant cette vision à un impact ensuite sur la manière dont on sert ces personnes. En effet,
personne ne sait mieux que le bénéficiaire ce dont il a besoin. Or si un bénéficiaire arrive pour
payer en ayant pris des friandises et que le bénévole propose, même sans méchanceté qu’il
prenne des pates ou du riz, cela peut être vécu comme infantilisant. La personne peut avoir
l’impression que le bénévole en face sait mieux qu’elle ce qu’elle droit prendre. Dans ce cas, le
bénévole est « au-dessus » du bénéficiaire et il porte un regard de jugement. Une situation
comme celle-ci peut être la cause d’irrespect.
ISEN Yncréa Ouest - 20 - Stage associatif
Conclusion Nous avons vu que le bénévole a une part de responsabilité dans les comportements
irrespectueux de certains bénéficiaires. Ces bénévoles ne le font pas volontairement, cependant
cela montre que la manière dont ils voient et dont ils aident les bénéficiaires peuvent être mal
perçue. Le problème réside dans le fait que les bénévoles sont avant tout humains et même
avec la meilleure volonté du monde, il est impossible d’être parfaitement équitable ou
impartiale. La relation entre le bénévole et le bénéficiaire est complexe. Si elle est
déséquilibrée, l’un prend le dessus sur l’autre. Il est cependant impossible d’avoir une relation
équilibrée puisque c’est le bénévole qui donne et le bénéficiaire qui prend. Les bénévoles sont
là pour faire un travail humain, où ils essaient de comprendre et de s’adapter à la personne.
Cependant ils doivent aussi être juste. Il n’y a pas de solution miracle aux problèmes cités, le
bénévole se doit d’être à la fois le plus équitable et le plus bienveillant possible même si parfois
cela est contradictoire.
Des cas particuliers à relativiser Dans les deux parties précédentes, nous avons essayé de comprendre ce qui peut pousser
certains bénéficiaires à avoir des comportements inadéquats. Pour essayer de les comprendre,
je me suis basé sur ce que j’ai vu mais aussi sur ce que les bénévoles ont pu me raconter. En
effet, durant mon stage j’ai constaté très peu de mauvais comportement. Parmi les mauvais cas
que j’ai constaté, la plupart était juste des personnes qui n’étaient pas polis mais sans plus.
Seule une minorité de ces personnes avait des comportements vraiment qualifiables de
mauvais. De la même manière, il y a eu très peu de vol ou d’irrespect flagrant. Cela m’a intrigué
car durant les cours de formation humaine et sociale, ceux qui avait fait leur stage disaient que
beaucoup de bénéficiaires étaient irrespectueux, tentaient de voler ou d’avoir toujours plus.
Cependant, je n’ai que peu constaté ces problèmes et nous allons donc essayer de comprendre
pourquoi.
La raison de cette différence de comportement entre ce que l’on m’a raconté et ce que j’ai pu
constater vient peut-être du fait que les bénéficiaires ont moins l’impression d’être redevables.
Au Secours Populaire, rien n’est gratuit. Les prix sont extrêmement bas mais si quelqu’un veut
un vêtement ou avoir un carnet pour l’alimentaire il doit payer. Cela maintient ces bénéficiaires
dans la réalité, ils participent et ne sont pas passifs en attendant de recevoir des aides. De la
même manière, le carnet de l’alimentaire crée une sorte de monnaie. Les bénéficiaires achètent
des produits avec leur points. Selon moi, cette manière de procéder ou le bénéficiaire est le
responsabilisé est une bonne chose. Cela évite justement de se sentir réduit à la situation de
bénéficiaire. De plus, la plupart des produits ayant un prix fixe, ils savent que ce n’est pas
négociable.
ISEN Yncréa Ouest - 21 - Stage associatif
La plupart des bénéficiaires rencontrés durant mes deux semaines étaient parfaitement polis.
Certains étaient même très reconnaissants et extrêmement gentils. Finalement, seule une
poignée de personne ont eu un comportement inadéquat. Il est important de noter que cela ne
concerne qu’une très faible partie des gens que j’ai pu rencontrer.
Conclusion de l’analyse Si l’on rencontre plus de personne avec de mauvais comportements dans les associations que
dans la société en général, il est important de se demander pourquoi. Il serait trop simple de
simplement considérer qu’ils sont ainsi sans chercher à comprendre. En se penchant sur la
question, nous avons pu montrer que ces comportements pouvaient être justifiables. Cela
n’excuse rien mais il est important de comprendre que leur situation précaire explique
beaucoup de choses. De plus, nous avons montré que malgré la bonne volonté des bénévoles,
ceux-ci pouvaient être la cause de ces comportements. Il n’y a probablement pas de solution
miracle, il est impossible d’être humain en servant de manière complètement équitable d’autres
humains. Cependant, ces comportements doivent être relativisés. La grande majorité des
personnes qui se présentent sont tout à fait respectueuses. Seulement une partie infime de ces
personnes sont irrespectueuses et cela peut être explicable par la situation dans laquelle elles
sont. Tout n’est pas excusable mais il important de comprendre l’origine de ces comportements
pour voir comment les aider au mieux.
ISEN Yncréa Ouest - 22 - Stage associatif
Conclusion générale
Bilan technique Les différentes missions effectuées durant ces deux semaines de stage m’ont permis d’acquérir
des compétences très variées. Lorsque j’étais aux rayon légumes, j’ai appris à gérer au mieux un
stock et à le répartir entre les personnes. Cela n’est pas simple avec tous les paramètres à
prendre en compte. Pendant que j’étais au Village Pop j’ai dû apprendre à préparer le café et
accueillir des gens. Ce n’est pas compliqué mais il faut montrer que l’on est disponible sans être
intrusif.
Enfin, ce qui je pense m’a été le plus utile d’un point de vue technique est l’autonomie. Bien que
la responsable m’attribuait des missions par demie journée, je disposais d’une certaine liberté.
Si besoin je décidais moi-même d’aller là ou c’était le plus nécessaire comme au service
alimentaire. Lorsqu’il y avait beaucoup de monde, il fallait se débrouiller seul et ne pas attendre
qu’on me demande quelque chose pour le faire. Dans ce genre d’association, chaque bénévole
dispose d’une grande autonomie et cela fut bénéfique.
Bilan personnel Sur le plan personnel, voir le fonctionnement de ce genre d’association fut très intéressant.
N’ayant jamais fait de bénévolat, découvrir ce monde que je ne connaissais pas m’a permis
d’avoir une meilleure compréhension du monde dans lequel on vit. Différents cas qui m’ont
marqué comme cette fille en 5ème qui s’occupaient elle-même des fournitures, ou cette
bénévole qui avait 11 ans et que sa mère déposait le matin. Voir tout cela fut enrichissant et j’ai
beaucoup appris sur un monde dont j’ignorais complètement le fonctionnement. De plus
l’analyse sociale que j’ai pu tirer de cette expérience montre qu’il faut parfois essayer de
comprendre les autres pour les aider au mieux. Toutes ces rencontres que j’ai pu faire sont
probablement ce qui fut le plus intéressant et c’est principalement ce que je retiens de ces deux
semaines.
ISEN Yncréa Ouest - 23 - Stage associatif
Pour finir Ces deux semaines de stage associatif furent pleines de découverte et d’apprentissage, autant
sur le plan technique qu’humain. Cela fut une expérience enrichissante que je ne regrette pas.
Professionnellement, avoir effectué ce stage m’apporte quelque chose en plus sur mon
curriculum vitae. Etre en bas de l’échelle et apprendre à être autonome me seront
probablement utile dans mon futur emploi. Mis à part des petits moments moins intéressants et
quelques personnes rencontrées pas toujours agréables, je garde un très bon souvenir de ce
stage. Je remercie particulièrement Mme Jouannet qui m’a accepté en stage et m’a laissé être
autonome.