"NOUS OFFRONS NOTRE AMITIE A TOUS LES PEUPLES DE LATERRE ET SOUHAITONS LA LEUR EN RETOUR"
Gustavo Diaz OrdazPrésident de la République mexicaine
sous le haut patronage duquel étaient placésles Jeux de la XIX Olympiade
"WE OFFER AND ASPIRE TO THE FRIENDSHIP OF ALL THENATIONS OF THE WORLD"
Gustavo Diaz OrdazPresident of the Republic of Mexico
and Patron of the Gamesof the XIX Olympiad
Symbole mythique de la vallée de Mexico, le Popocatépetl et l'Iztacíhuatlenrichissent son histoire et sa réalité des mille péripéties de leur légende.
Commanding the valley that shelters Mexico City, Popocatépetl and Iztacíhuatlare symbolically linked with its legend and history, with its myth and reality.
The presence of the past: an important ceremonial center before the SpanishConquest, Teotihuacan remains today a source of wonder and magic splendor.
Le passé rejoint le présent: très important centre cérémoniel avant la Conquê-te, Teotihuacán n'a rien perdu de sa grandeur ni de son écrasante fascination.
The imagination of the Indian enriched the baroque, giving it his own specialimprint. The ex-convent at Tepotzotlán is a splendid example of this fusion.
A Tepotzotlán, les stucs et les ors proclament à l'unisson l'inépuisable verved'un baroque enrichi et souvent personnalisé par la sensibilité indigène.
Yesterday, Tenochtitlan. Today, the capital—a city that gives its name to theentire country. Here Casimiro Castro captured its nineteenth-century beauty.
Autrefois Tenochtitlan, aujourd'hui capitale dont le nom s'identifie avec celui dupays. Au o XIXe siècle, le graveur Casimiro Castro rendit hommage à sa beauté.
Le Mexique doit son "nouveau" visage au triomphe des luttes sociales du débutdu siècle. Des hommes et des femmes "nouveaux" célèbrent ici cette victoire.
With the triumph of the social movement during the early 1920's, Mexico tookon a new countenance. The men and women who celebrate it have also changed.
Source naturelle de richesse, le pétrole symbolise aussi le très rapide déve-loppement industriel du pays. Le Mexique vit et respire à l'heure du monde.
A natural source of wealth, petroleum is a vivid example of the country's in-dustrial growth. Today Mexico's progress rivals that of the rest of the world.
Edité par leComité organisateur des Jeuxde la XIX Olympiade
THE COUNTRYLE PAYSProduced by theOrganizing Committee of the Gamesof the XIX Olympiad
Comité organisateur des Jeux de la XIX OlympiadeDroits réservésMarque déposée ®
Imprimé au Mexique
Organizing Committee of the Games of the XIX OlympiadAll Rights ReservedTrademark ®
Printed in Mexico
MEXICO 68 © 1969 MEXICO 68 © 1969
TABLE DES MATIERES TABLE OF CONTENTS
INTRODUCTION
1
2
3
4
5
6
7
8
LE TERRITOIRE
LE REVEIL DU PASSE
LA VIE POLITIQUE
METAMORPHOSE DU TRAVAIL
UN PEUPLE JEUNE
FORCE ET DYNAMISME PLASTIQUES
RYTHME DES MODES D'EXPRESSION
LE GENIE DE LA FIESTA
INTRODUCTION
THE LAND
SALVAGING THE PAST
POLITICAL LIFE
THE METAMORPHOSIS OF LABOR
ACCENT ON YOUTH
VIGOR IN FORM
THE RHYTHM OF EXPRESSION
THE HOLIDAY SPIRIT
22
69
99
121
179
217
265
295
INTRODUCTION INTRODUCTION
En organisant les Jeux de la XIX Olympiade, le Mexique poursuivait un
triple objectif: d'abord, offrir au plus grand festival de la jeunesse
un climat d'entente, de fraternité et de paix; ensuite, renforcer la
solidarité sportive entre les participants par un programme culturel
les familiarisant avec leurs divers modes d'expression artistique. Les
manifestations de la pensée s'inscrivent en effet, et ceci quels que
soient les facteurs idéologiques, économiques, religieux et raciaux,
dans un domaine où elles ont toutes même valeur. Enfin, le Mexique
entendait montrer son vrai visage au monde pour répondre à l'intérêt
suscité par la célébration des Jeux. Tout comme l'organisation du
rendez-vous olympique, l'élaboration des quatre volumes du Mémoire
a été guidée par cette triple préoccupation.
Bien que les comptes rendus olympiques précédents n'aient comporté
aucune description des pays sièges, M. Gustavo Díaz Ordaz, sous le
haut patronage duquel étaient placés les Jeux, a voulu que l'introduc-
tion de ce Mémoire brosse un panorama complet et objectif du
Mexique. Le président de la République a estimé en effet qu'une
analyse de son pays et de son peuple aiderait à mieux comprendre
l'accueil réservé l'année dernière aux jeunes du monde entier.
In organizing the Games of the XIX Olympiad, Mexico set itself a three-
fold objective: to give this greatest of all sports festivals an atmos-
phere of fraternal understanding and a climate underlining the need
for world peace; to augment the sports competitions with a cultural pro-
gram that would form a close and ever-stronger bond among the youth of
the world through mutual knowledge of their cultures, a field wherein
human expressions—regardless of economic, ideological, religious or
racial differences—clearly demonstrate man's essential equality; and,
finally, to respond to the international interest shown toward Mexico—
which became especially apparent during the Olympic Games—by
presenting itself and its people in a true light. The four commemora-
tive volumes have been prepared with these three objectives in mind.
Although previous Official Reports did not include a description of the
host country, President Gustavo Díaz Ordaz, patron of the Games of
the XIX Olympiad, expressed a desire that the present report be pre-
ceded by an objective presentation of Mexico. The President was firmly
convinced that a general understanding of the contemporary nature and
spirit of the Mexican people would result in a better appreciation of the
open-hearted reception they offered the youth of the world.
1 LE TERRITOIRE THE LAND
Située dans la partie nord du continent américain, la République mexi-
caine couvre une superficie de 2 millions de Km2 — quatre fois celle de
la France ou de l'Espagne, huit fois celle du Royaume-Uni, ou la dixième
partie de l'URSS. Sa limite septentrionale se trouve au confluent des
fleuves Gila et Colorado, à la même latitude (32°43') que Chang-hai et
Jérusalem. A 14°33' de latitude, son extrémité sud coïncide avec l'embou-
chure du fleuve Suchiate qui marque la frontière avec le Guatemala et
se trouve à la même distance de l'Equateur que Manille, Bangkok, Madras
et Dakar. D'est en ouest, le pays s'étend entre les longitudes 86°46'
(pointe sud de "Isla Mujeres") et 117° 08', à la hauteur de la borne
258 de la frontière des Etats-Unis.
Les limites du territoire mexicain ne sont déterminées avec précision
que depuis soixante-dix ans. Imposée au pays par le Traité de Guadalupe
Hidalgo signé à la fin de la guerre de 1847-1848, la frontière avec les
Etats-Unis fut ensuite modifiée par le Traité de La Mesilla, lequel fut
amendé à son tour en 1853. La ligne de démarcation séparant le Mexi-
Situated in the southern part of North America, the Republic of Mexico
occupies an area of nearly two million square kilometers—a territory
four times the size of France or Spain, eight times that of the United
Kingdom, and one-tenth that of the U.S.S.R. Its most northern point
is located at the confluence of the Colorado and Gila rivers at 32° 43'
north latitude, the same latitude as that of Shanghai and Jerusalem.
Its southernmost point, at the mouth of the Suchiate River—its com-
mon boundary with Guatemala—lies at 14° 33' N., the same distance
from the equator as Manila, Bangkok, Madras, and Dakar. Its most
eastern and western limits are, respectively, the southern tip of Isla
Mujeres at 86° 46' west longitude and Monument 258 on the U.S.-
Mexican border at 117° 08' W.
The present boundaries of Mexico were established only some seventyyears ago. The border with the United States was defined by theTreaty of Guadalupe Hidalgo after the Mexican-American War of 1847-48; it was subsequently modified by another cession of territory im-
23
Il y a des milliers d'années, ce bloc d'ambre emprisonna des insectes dansses formes translucides et, avec eux, la marche du temps.
In some distant past, these insects became entrapped in the eternal formsof amber. And like them, time itself seems to have come to a standstill.
24
que du Guatemala date théoriquement de septembre 1882, mais ne fut
établie de façon définitive qu'à la suite des accords d'avril 1895. Enfin,
la limite avec le Honduras britannique a été fixée en 1897.
Les immenses possessions espagnoles en Amérique, dont faisait partie
la Nouvelle-Espagne, s'étendaient entre 41°43' de latitude sud et 37°48'
de latitude nord, soit 79 degrés, la longueur totale du continent africain.
Désignant l'une des neuf grandes juridictions américaines de la Péninsule,
ce nom de Nouvelle-Espagne s'appliquait généralement au territoire
administré par le vice-roi du Mexique dont l'autorité ne s'étendit jamais,
sauf pour des affaires de peu d'importance, à la Capitainerie générale
du Guatemala. Pour rehausser leurs exploits, les conquérants firent croire
à l'empereur Charles Quint que les possessions de Moctezuma englo-
baient aussi cette région, alors qu'en réalité son empire ne dépassa
jamais les fleuves Coatzacoalcos et Tuxpan sur les côtes orientales, les
plaines du Soconusco à l'ouest, et le Santiago au nord. Ce fleuve, le plus
long du pays, coule au fond d'un ravin énorme qui, durant des siècles,
constitua la frontière infranchissable de la Mésoamérique, démarcation
entre les peuples agricoles de la vallée de Mexico et du Michoacán
d'une part, les hordes barbares d'autre part.
Le territoire mexicain actuel peut être assimilé schématiquement à un
triangle inversé dont la base serait la frontière nord du pays et le som-
met, dévié au sud-est, l'extrémité de la péninsule du Yucatán. Tout au
sud, à Tehuantepec, commence la série des isthmes qui relient les deux
moitiés du continent. Le pays se rétrécit à cet endroit en une plate-
forme dont les versants descendent vers les deux océans tandis qu'au
nord, les deux imposantes cordillères de la Sierra Madre divergent pour
former un angle à l'intérieur duquel s'abritent vallées et hauts plateaux.
A l'extrémité nord-ouest du pays s'étend, parallèlement à la côte, la
péninsule de Basse-Californie. Cette situation — à la fois continentale,
isthmique et péninsulaire — constitue l'originalité du Mexique dans le
contexte géographique américain.
Des 9 743 km de côtes que possède le pays, 2 963 sont baignés par
l'océan Atlantique (golfe du Mexique et mer des Caraïbes) et 6 780
par l'océan Pacifique. Les particularités physiques des régions que
bordent les deux océans font que le littoral présente un aspect concave
à l'est et convexe à l'ouest. Du côté du golfe se trouve une plaine côtiè-
re, prolongement de la dépression qui, amorcée à Long Island aux Etats-
posed by the Treaty of La Mesilla in 1853. The boundary with Guate-
mala was tentatively established in September, 1882, and formally
ratified by the treaty of April, 1895. The border with British Honduras
was finally determined two years later.
The former Spanish possessions in the New World—whose vast extent
included the colony of New Spain–spanned a total of seventy-nine de-
grees, extending from 41° 43' south latitude to 37° 48' north latitude,
a distance equal to the length of Africa. New Spain–one of the nine
territories of the Spanish government in America—was the name
loosely applied to all the area under the jurisdiction of the Viceroy of
Mexico, and did not include the Captaincy General of Guatemala ex-
cept in matters of slight importance. The Spanish Conquistadors, exag-
gerating their exploits to Emperor Charles V, reported that Moctezuma's
domain was equal in extent to the territory that would later be known
as New Spain. In fact, however, his empire reached only as far as the
Coatzacoalcos and Tuxpan rivers on the Gulf coast, the plains of Soco-
nusco on the Pacific, and the Santiago-Lerma River in the North. The
longest river in Mexico, the Santiago-Lerma flows through a formidable
canyon which for centuries constituted an impregnable natural barrier
between the agricultural peoples of the Valley of Mexico and Michoa-
cán and the nomadic and barbaric northern tribes.
The present territory of Mexico may be roughly described as an in-
verted triangle, with its base forming the border with the United States
to the north and its apex pointed toward the southeast, deflecting to
connect with the Yucatán Peninsula. In the South, the Isthmus of
Tehuantepec is related to the Central American series of isthmuses
that join the two great continental land masses. As the land nar-
rows in Tehuantepec, there is a distinct watershed between the two
oceans. This mountain complex then branches off to the north in the
two imposing Sierra Madre ranges, which form the sides of an open
angle enclosing and setting off the Mexican valleys and highlands. Lo-
cated in the Northwest, the peninsula of Baja California parallels the
mainland. Thus the territory of Mexico is by turns continental, isthmic,
and peninsular–a diversity of geographical formations which make
it unique among all the countries of the Americas.
Mexico has 9,743 kilometers of coastline—2,963 kilometers on the Gulf
of Mexico and Caribbean Sea and 6,780 kilometers on the Pacific
Unis, passe à l'est des Appalaches, contourne la Floride et longe l'ancien-
ne Louisiane pour suivre ensuite les plages mexicaines. Le sol, en pente
douce aussi bien à la surface que dans sa partie immergée, est parsemé
de vastes lagunes salées ou de marais de faible profondeur. Côté Pacifi-
que au contraire, des montagnes d'origine récente provoquent de fortes
inclinaisons qui se poursuivent sous la mer, sauf au nord-ouest et dans
l'isthme où se trouvent des plaines procédant de plissements ou de
sédimentations. Le golfe de Californie possède enfin des côtes abruptes
et rocheuses à l'ouest, douces et sablonneuses à l'est.
Mais le territoire et le littoral mexicains n'ont pas toujours présenté
cette physionomie. Au début du Précambrien, la partie nord du continent
avait la forme d'une immense péninsule limitée par un couloir inter-
océanique à l'endroit où se trouve l'étranglement actuel de l'isthme
de Tehuantepec. Si l'on attribuait à l'histoire complète de la planète
un indice égal à 100, cette période initiale, le Cryptozoïque, équivaudrait
à 73. Au cours de l'ère suivante, dite paléozoïque ou primaire (indice
17), se produisit un effondrement de la masse continentale: les mers
occupèrent les fosses ainsi produites, les océans se rejoignirent en
divers endroits et la plus grande partie du Mexique disparut sous les
eaux. D'importantes secousses sismiques provoquèrent des plissements
de l'écorce terrestre et un phénomène d'émersion continue dessina
les contours du golfe.
L'ère mésozoïque ou secondaire fut d'abord marquée par une période
d'effrondrement progressif durant laquelle la mer submergea certaines
régions, érodant les couches superficielles, mettant à jour d'autres
strates plus anciennes et provoquant une confusion générale qui ne va
pas sans compliquer les recherches géologiques. Par la suite, la zone
continentale se réduisit encore et ce n'est qu'à la fin de cette période
que se produisirent des soulèvements de terrain préfigurant les chaînes
de montagne de la sierra ainsi que les vastes étendues du haut plateau.
A cette époque, 97 périodes de l'histoire du monde s'étaient déjà
écoulées. Les trois dernières correspondent à l'ère cénozoïque ou
tertiaire à l'aube de laquelle se produisit une intense activité orogé-
nique: la rupture de l'écorce terrestre sous l'effet des plissements fit
émerger des magmas internes qui modifièrent profondément le relief;
Ocean. The eastern coastline is concave and the western convex, a
result of differences in their geological structures. The plain of the
Gulf coast forms part of the great coastal plain that originates on
Long Island and continues down the eastern coast of the United
States, skirting the foot of the Appalachian Mountains and passing
through Florida and what was formerly the Louisiana Territory to enter
Mexico and follow the semicircular line of the Mexican coast. Due to
the gentle slope of the terrain in tidal areas, these Mexican coastal
plains are dotted with saltwater lagoons and shallow lakes. In con-
trast, mountain ranges of relatively recent formation rise sharply
from the sea on the Pacific coast. The Gulf of California has steep,
rocky slopes to the west and sandy, level beaches to the east.
Plains of sedimentary or folding origin are found only in the Northeast
and along the Isthmus of Tehuantepec.
Mexico's land and shorelines were not always as they are today. In
early geological times, the northern part of North America was a great
peninsula, with an interoceanic strait where the Isthmus of Tehuan-
tepec now lies. If the entire history of the earth were represented as
a total of one hundred time units, this obscure formative period
—the Cryptozoic Eon—would cover seventy-three of them, and the
Paleozoic Era which followed would occupy seventeen. During the
latter, the continental land masses sank and the seas rushed in to
fill the great depressions; the oceans of the world were connected
at several points, and most of the present territory of Mexico was
covered by water. Intense upheavals produced folds in the earth's
crust, while a process of constant emersion gradually shaped the con-
tours of the Gulf.
In the Mesozoic Era there was first a time of gradual sinking, during
which the seas covered certain regions, eroded the earth's surface
to expose substrata, and caused a world-wide dislocation which has
greatly complicated geological research. The continental areas later
diminished in size, but at the close of this period rising land masses
produced the long mountain ranges and high tablelands. By this time,
ninety-seven time units of history had elapsed. The last three units
are spanned by the Cenozoic Era, which began with a period of in-
25
THE PAST
LE PASSE
26
les volcans provoquèrent des cônes de lave ou projetèrent au loin des
matériaux qui modifièrent la composition du sol; les eaux, à leur tour,
s'infiltrèrent dans les failles, faisant naître sources et solfatares.
Devant la progression des montagnes et des cordillères, les mers se
retirèrent pour donner au littoral sa configuration actuelle. Au fur et
à mesure que s'apaisèrent les phénomènes tectoniques, certaines es-
pèces s'implantèrent définitivement tandis que d'autres, incapables de
s'adapter à ces grandes mutations, disparurent. Au quaternaire enfin,
apparaît l'homme qui, au prix de longs et pénibles efforts, apprend à
cultiver les fruits et les céréales.
De nos jours subsiste de part et d'autre du 19e parallèle une zone
d'activité tellurique intense, encore renforcée par un volcanisme
spectaculaire. En 1943, un paysan du Michoacán voit naître un cratère
sous ses pieds alors qu'il est en train de labourer son champ et, dix
ans plus tard, une lointaine île mexicaine de l'océan Pacifique entre
en éruption. Aujourd'hui encore les habitants de Ciudad Guzmán, dans
l'Etat de Jalisco, peuvent observer les hautes fumerolles du volcan
Colima qui, depuis de longues années, déverse de temps à autre des
coulées de lave sur ses versants abrupts. Toutes les villes du centre
du pays se trouvent dans le voisinage d'un volcan: Jalapa et Orizaba
ont le Citlaltépetl (5 747 m); Tlaxcala et Puebla, la Malinche (4 461 m);
Mexico voisine avec le Popocatépetl et l'Iztacíhuatl qui s'élèvent
respectivement à 5 452 et 5 286 m au-dessus du niveau de la mer;
Toluca possède son Nevado (4 392 m) dont les vieux cratères sont
occupés par des lacs aux eaux glacées; Celaya, Salamanca, Salvatier-
ra et Acámbaro, le Culiacán; Colima, le grand volcan qui porte son
nom; Tepic, le Sangangüey, sans parler de bien d'autres qui, majes-
tueux, servent de toile de fond aux villes et villages des vallées.
Au début de l'ère chrétienne, les laves du Xitle enterrèrent vivants
les habitants de Copilco et de Cuicuilco, deux centres précolombiens
construits sur l'emplacement actuel du Village olympique et de la Cité
universitaire. Les aborigènes utilisèrent par la suite ces pierres volcani-
ques pour la fabrication de leurs mortiers à maïs et les habitants du
Pedregal laissent aujourd'hui affleurer les roches noires et rugueuses
dans leurs patios et leurs jardins. Un volcan fournit même, il y a plu-
sieurs siècles, le soufre nécessaire aux premières arquebuses mexicai-
nes. Aujourd'hui pourtant, les versants et même les cratères vol-
caniques de la vallée de Mexico sont cultivés. Les volcans offrent
tense orogenic activity. As the earth's crust was cracked by continued
folding, magna flowed from the interior and modified many surface
features; volcanoes spewed forth lava to form conic mountains and
hurled masses of material great distances, altering the composition
of the soil; water seeping through faults in the crust reappeared in
the form of springs and geysers; and the seas retreated as mountains
arose, causing coastlines and mountain ranges to assume their present
shapes. When volcanic activity finally subsided, the various animal
species established themselves in particular geographical areas or
became extinct because of their failure to adapt to the new conditions.
Man first appeared at the close of this era—during the Quaternary
Period—following the evolution of the fruits and grains which would
be the object of his first laborious and lengthy efforts at domestication.
A region of intense volcanic activity still exists in Mexico along both
sides of the nineteenth parallel. It is frequently marked by spectac-
ular eruptions. In 1943, a farm worker in the state of Michoacán
actually witnessed the birth of a volcano on a plot of land he was
plowing; and ten years later, a remote Mexican island in the Pacific
Ocean erupted. Even today, the inhabitants of Ciudad Guzmán in the
state of Jalisco can observe smoke escaping from the high crater of
the Colima Volcano, which only infrequently—and not for many years
now—sends lava streaming down its steep slopes. Almost every city in
central Mexico can boast of a volcano on its skyline: Jalapa and Orizaba
share Citlaltépetl (alt. 5,747 meters); Tlaxcala and Puebla, the Malinche
(alt. 4,461 meters); Mexico City has both Popocatépetl and Iztacíhuatl (alt.
5,452 and 5,286 meters respectively); Toluca has its Nevado (alt. 4,392
meters), whose crater bed contains several ice-cold lakes; Celaya, Sala-
manca, Salvatierra, and Acámbaro have a view of the Culiacán volcano;
Colima has the great smoking cone that bears its name; and Tepic has
the Sangangüey. Many other volcanoes serve as backdrops for numerous
small towns nestled in the valleys of Mexico.
At the beginning of the Christian Era, the El Xitle volcano buried the
ancient cities of Copilco and Cuicuilco—the present sites of the Olympic
Village and the National University of Mexico—under a sheet of lava.
This same lava was later used by the Indians to fashion domestic
utensils for grinding corn. Today the area of the lava flow is occupied
in part by the Pedregal section of Mexico City, whose handsome resi-
dences and gardens recall the remote eruption through an architectural
d'ailleurs au voyageur la première et la dernière vision du Mexique: le
sommet du pic d'Orizaba annonce le continent au large des côtes de
Veracruz et les cimes enneigées du Popocatépetl et de l'Iztacíhuatl
émergent de la mer de nuages sous l'aile des avions quittant la capitale.
Voyager au Mexique, c'est par définition traverser des montagnes. A
l'exception des déserts du Nord et de la plaine du Yucatán, il n'y a
pas en effet dans tout le pays un endroit d'où l'on n'aperçoive, proche
ou lointain, le profil d'une chaîne montagneuse. Sierras, pics et crêtes
sont la constante d'un paysage aux multiples aspects: hospitalier dans
les collines couvertes d'orangers du Veracruz; âpre dans les monts
d'Hidalgo, hérissés des longues lances des agaves; dur dans les
escarpements rocheux et profondément érodés de Guaymas ou de Mon-
terrey; hallucinant et multicolore sur la cordillère éternellement verte
et fleurie de Bahía de Banderas; impénétrable près de Palenque, dont
les innombrables tertres et mamelons dissimulent souvent des py-
ramides recouvertes par la jungle; accueillant et ombragé dans les
montagnes boisées de Durango; hostile enfin sur les pics et défiant
toute approche sur les pentes glacées et le sommet des volcans.
Tout au long de l'histoire du Mexique, ces montagnes, créatrices
d'îlots à l'intérieur des terres, ont constitué un défi aux communica-
tions. Devenus sédentaires après des pérégrinations mythiques et
séculaires, les indigènes précolombiens tracèrent de leurs pieds nus
les premières pistes nécessaires à leurs activités commerciales et
militaires. L'absence de bêtes de somme et la faible navigabilité des
rivières les obligeaient en effet à se déplacer à pied, sauf dans les
zones inondées et peu élevées de la vallée de Mexico où tous les échan-
ges étaient assurés par voie d'eau. Les premières routes furent cons-
truites pour desservir les gisements aurifères et les mines, ou pour
relier entre elles des communautés amies. Alors que les transports
s'effectuaient par voie d'eau chez les Aztèques, les Maya eux, utilisaient
des chaussées rectilignes tracées en terrain plat; quoi qu'il en soit,
le système utilisé dans l'un et l'autre cas ne put être développé que
dans des régions non accidentées.
En 1519, les conquistadores espagnols traversèrent à cheval les con-
style inspired by, and developed around, the rough texture of the vol-
canic stone. Another Mexican volcano at one time supplied sulphur for
the gunpowder used in early firearms. Several of the smaller craters in
the Valley of Mexico are used today for farming. For many travelers,
the volcanoes are their first or last glimpses of Mexico: for those
arriving in Veracruz by sea, the distant peak of Orizaba's Citlaltépetl
is their first landfall; while those departing from Mexico City by air in
summer can usually see only the snow-capped mountains emerging
from the cloud cover.
To travel in Mexico is to travel through mountainous country. Only in
the northern deserts and the Yucatán Peninsula are there places where
one can survey the horizon without seeing the silhouette of at least
one distant group of mountains. These, along with a myriad of ever-
changing hills, are constant features of the landscape: there are
pleasant, rolling hills covered with orange groves in Veracruz; harsh,
dry hills in Hidalgo, where agave plants raise their pointed leaves like
clustered spears; high, rocky, eroded hills in Guaymas and Monterrey;
a fascinating and colorful range lush with year-round tropical foliage
and flowering trees surrounding Puerto Vallarta's Bahía de Banderas;
the impenetrable mounds of Palenque, which frequently prove to be
man-made pyramids hidden under layers of jungle growth; sheltering,
shadowy pine forests in Durango; and the forbidding peaks and proud,
snowy slopes of the towering volcanoes.
Throughout Mexican history, mountains have been a challenge to com-
munications: they created virtual inland islands. When the Indians
of pre-Columbian times had finally settled after centuries of legendary
wanderings, they began to break trails in order to meet their need
for information, to wage war, and to carry on trade. Owing to the
lack of beasts of burden and the scarcity of navigable rivers, they
traveled almost exclusively on foot, but, in the Valley of Mexico, lakes
made water-borne social and commercial interchange possible. The
first roads constructed outside the cities were those that led to the
placers and mines or that linked friendly communities. While the Aztecs
developed lake transportation, the Maya built straight roads across
their flat countryside. The transportation systems of both the Maya
27
LES COMMUNICATIONS: UN DEFI ET UNE REUSSITE
COMMUNICATIONS: CHALLENGE AND ACHIEVEMENT
treforts s'étageant entre la côte et le haut plateau et, franchissant les
crêtes successives de la sierra, arrivèrent au col qui sépare les deux
grands volcans de la vallée de Mexico. De ce site, appelé depuis lors
passage de Cortés, ils découvrirent, se détachant sur le miroir du lac
et des canaux, les splendides monuments de la grande Tenochtitlan.
A dater de cette expédition, chevaux et bêtes de somme furent, durant
trois siècles et demi, la réponse de l'homme au défi des montagnes.
Cavaliers infatigables, les soldats, les moines et les colons élargirent
les anciennes pistes. L'itinéraire des diligences et des muletiers fut
adapté à la géographie minière et assura la jonction entre les routes
d'Asie (Acapulco-Mexico) et d'Europe (Mexico-Veracruz), la première
correspondant à l'entrée et au transit des marchandises en provenance
de Chine et des Philippines, la seconde à l'acheminement des métaux
précieux vers l'Espagne.
Le président Miguel Lerdo de Tejada inaugura la ligne de chemin de
fer Mexico-Puebla tracée par les ingénieurs de Maximilien et, en 1873,
accueillit le premier convoi en provenance de Veracruz. Le gouverne-
ment suivant, celui de Porfirio Díaz qui occupa le pouvoir pendant
trente ans, encouragea les investissements étrangers dans le domaine
ferroviaire, ce qui permit au Mexique de construire un surprenant
réseau de 20 000 km. Avant la Révolution de 1910, les voies ferrées,
qui avaient vaincu les obstacles géographiques et relié la capitale à
la frontière du Nord ainsi qu'aux principaux ports du pays, remplaçaient
complètement l'ancienne route coloniale de Veracruz pour l'achemine-
ment des matières premières, et en particulier des minéraux. Emprun-
tant les mêmes wagons, bien qu'en sens inverse, durant la Révolution,
le peuple en armes avança sur la capitale et abolit la dictature. Les
chemins de fer furent nationalisés vers 1930, mais la Seconde Guerre
mondiale obligea les autorités à en ajourner les plans d'aménagement.
A la fin du conflit, durant lequel le réseau avait fourni le double de sa
capacité normale, ce dernier fut amplifié et l'équipement rénové. Les
lignes les plus récentes — celle qui relie la péninsule du Yucatán au
reste du pays et celle qui traverse la Sierra Madre occidentale en son
point le plus abrupt, c'est-à-dire entre Chihuahua et Topolobampo — ont
été construites avec des capitaux nationaux. Aujourd'hui le Mexique
possède 23 826 km de voies ferrées et cherche moins à développer
son réseau (doublé des circuits routiers) qu'à en améliorer le rendement.
Si l'établissement de ce système ferroviaire est l'oeuvre de la dictature
28
and the Aztecs were made possible by the absence of mountains.
In 1519, mounted Spanish Conquistadors climbed the mountain barrier
that separates the central plateau from the east coast, crossed succes-
sive mountain ranges, and rode through the gap—since then known as
the Paso de Cortés—between the two snow-capped volcanoes that
guard the Valley of Mexico. Looking out across the valley, they gazed in
awe at its sunlit lakes and canals and at the causeways, streets, and
massive architecture of Tenochtitlan. For three and a half centuries
after the Spaniards' arrival, horses and mules were man's only answer
to the challenge of the Mexican mountains: the ancient trails were
constantly widened and improved through use by soldiers, priests,
and colonists—tireless riders all. Highways for stagecoaches and pack
trains followed the roads that led to the mines, the same roads that
linked up with routes to Asia by way of the Mexico City-Acapulco
highway, and to Europe by the Mexico City-Veracruz road—one a
channel for the products of China and the Philippines, the other a
similar avenue for the shipment of Mexico's mineral wealth to Spain.
President Miguel Lerdo de Tejada inaugurated the first Mexican railroad
line—Mexico City-Puebla—which originally had been planned by en-
gineers of Emperor Maximilian. In 1873, President Lerdo de Tejada
also had the honor of presiding over the events celebrating the arrival
of the first train from Veracruz, which marked the completion of the
project. Later, the government under the thirty-year dictatorship of
Porfirio Díaz continued to encourage foreign investment in railroad
construction until a network of 20,000 kilometers was eventually in
operation. By the outbreak of the Revolution of 1910, the railroads
had conquered formidable geographical obstacles, connecting the na-
tion's capital with not only the northern border but the principal seaports
of both coasts. They also complemented the old Veracruz highway,
transporting raw materials, principally minerals, for export. Over these
same rails, revolutionary forces advanced on the capital to overthrow
the Díaz dictatorship. The railroads were nationalized in the thirties,
but the Second World War brought the government's renewal plans to
a halt. At the end of the war—during which the railroads operated at
twice their normal capacity—track gauges were widened, roadbeds
improved, and equipment replaced and modernized. Using exclusively
internal resources, the government built several new routes: the Chi-
huahua-Topolobampo line, which traverses the most forbidding portion
et des financements étrangers, le réseau routier par contre a été
entièrement réalisé par les gouvernements postrévolutionnaires avec des
capitaux mexicains. C'est en 1925 que fut construite la première route
carrossable entre Mexico et Puebla. Aujourd'hui le pays possède un
complexe routier de 65 000 km qui traverse le territoire en tous sens
et croît au rythme de 9 km par jour. Le financement nécessaire à
l'extension du réseau est assuré par des investissements fédéraux et
privés. Parallèles aux routes libres, les autoroutes à péage ont encore
réduit les distances. A l'échelle du temps, l'étendue du pays diminue
sans cesse, les semaines des muletiers, les journées des diligences et les
heures du chemin de fer se transformant peu à peu en minutes routières.
Alors que la mise en place des transports terrestres fut une entreprise
collective, celle du réseau aérien relève plutôt d'initiatives isolées. En
1785, José María Fernández survola Mexico en ballon et, soixante ans
plus tard, Joaquín de la Cantolla y Rico fonda la Compagnie aérostatique
mexicaine. En dépit de ses audacieuses ascensions, ce pionnier ne put
jamais faire de la montgolfière un moyen de transport régulier et il
fallut attendre cent vingt-quatre ans pour assister aux débuts de l'avia-
tion mexicaine. En 1909 en effet, les frères Juan Pablo et Eduardo Alda-
soro réussirent à parcourir dix mètres dans un aéroplane tiré par une
automobile à vapeur. Mais c'est à Alberto Braniff que revient le mérite
d'avoir piloté la première machine volante à moteur qu'il enleva, le
8 janvier 1910, sur un kilomètre et demi à 25 m d'altitude et 40 km
à l'heure. Dès 1921, le gouvernement délivrait des concessions de
transport aérien et la première compagnie mexicaine alignait orgueilleu-
sement quatre aéroplanes achetés à un cirque. Depuis lors, l'aviation
commerciale s'est développée régulièrement et, le 4 juillet 1960, elle
a mis en service ses premiers jets. Le nombre de passagers transportés
quotidiennement sur les lignes nationales est égal à celui que cahotaient
autrefois les premiers avions en deux ans. Bien que les appareils mili-
taires aient acheminé les sacs postaux dès 1917, le service de courrier
aérien mexicain n'a que quarante ans.
Mais temps et espace sont aujourd'hui des notions périmées. La trans-
mission des signes, des images et de la parole se superpose directe-
ment à l'actualité. De sommet en sommet, onze grands circuits de
micro-ondes sillonnent le territoire pour assurer les liaisons téléphoni-
ques et télégraphiques ainsi que les transmissions par télévision et
télex. Au programme national de télécommunications, qui douze ans
of the Western Sierra Madre, and lines connecting population centers
of the Yucatán Peninsula. Besides merely enlarging Mexico's railway
network—which today totals 23,826 kilometers of track, and is continu-
ally supplemented by new highways—the government began to place
greater emphasis on improved service and greater overall efficiency.
Although Mexico's railroad system was originally the work of a dicta-
torship and was financed by foreign capital, its highway system is a
product of the post-revolutionary governments and of domestic financ-
ing. In 1925, the first Mexican highway—Mexico City-Puebla—was
opened for automobile traffic. Today Mexico's 65,000 kilometers of
highways span the country in all directions, and each day an average of
nine kilometers is added to the total. This continuing construction is
financed not only by federal and state funds but by private enterprise
as well. Toll roads running parallel to the free federal highways have
helped to shorten travel time between cities. In this respect, Mexico
has shrunk incredibly: distances that required weeks of travel by mule
train, days by stagecoach, and hours by train are now covered in min-
utes by automobile.
The planning and opening of overland communications in Mexico has
always been a collective enterprise. Mexican aviation, however, began
as a series of personal adventures. In 1785, José María Fernández floated
over Mexico City in a balloon; sixty years later, Joaquín de la Cantolla y
Rico founded the Mexican Aereostatic Company, but, despite his daring
ascents, he was never able to develop a means of air travel based on
guided balloons. One hundred and twenty-four years elapsed from the
time Mexicans made these initial ascents until they developed a means
of horizontal flight. This was achieved for the first time in 1909, when
the brothers Juan Pablo and Eduardo Aldasoro succeeded in gliding ten
meters off the ground in a plane drawn by a steam automobile. Alberto
Braniff, however, was the first Mexican actually to fly a motor-powered
aircraft; on the memorable morning of January 8, 1910, he flew one
and a half kilometers, reaching a height of twenty-five meters and
a speed of forty kilometers an hour. The Mexican government has
awarded concessions for air transport services since 1921, at which
time the first company's equipment consisted of four airplanes purchased
from a circus. Since then, commercial aviation has continued to expand,
and, on July 4, 1960, it entered the jet age. The number of passengers
carried daily by Mexican commercial airlines in 1968 equalled the total
29
30
après sa création culmina avec les Jeux Olympiques, sont inscrits: les
réseaux de téléguidage aérien, les courants porteurs, les postes émet-
teurs à haute puissance reliant le Mexique à l'Europe, l'Asie et l'Améri-
que du Sud, les services de fac-similé et de radio-photo, ainsi que le
réseau auxiliaire des stations côtières. Par ailleurs, un service d'entre-
tien et de monitoring disposant de cabines d'exploration, d'unités
mobiles et de radio-sondes de la ionosphère permet de surveiller et de
contrôler l'utilisation efficace du spectre radio-électrique.
La liaison et l'interconnexion de tous ces systèmes ont nécessité la
construction d'une Tour de Télécommunications (100 mètres de haut)
sur les terrains du ministère des Transports à Mexico. Chargées de la
retransmission en couleur des Jeux Olympiques dans le monde entier,
des chaînes de télévision étrangères ont été installées, à titre provi-
soire, dans les premiers étages de la Tour. Pour compléter cet ensem-
ble, une station terrestre de communication par satellite (dont l'antenne
parabolique mesure 32 mètres de diamètre et pèse 330 tonnes) a été
mise en place dans l'Etat d'Hidalgo. Ainsi la liaison établie en octobre
avec divers satellites a permis la retransmission mondiale des Jeux.
Dès que l'on sort de Mexico, on rencontre, et ceci quelle que soit la
direction choisie, des paysages fortement typés et opposés. L'automo-
biliste quittant la ville par le sud traverse en quelques minutes les
contreforts et les plateaux couverts de conifères et de hauts pâtura-
ges de la chaîne de l'Ajusco, pour descendre ensuite dans une zone
tropicale où voisinent canne à sucre, riz et arbres fruitiers. Principale
ville de cette région, Cuernavaca jouit d'un été perpétuel, grâce à des
vents chauds en provenance de l'océan Pacifique.
S'il sort de Mexico par le nord, le voyageur roule à travers des plaines
uniformément grises dont la végétation rare et désolée lui donne,
après une heure de route, l'impression de parcourir un désert: dans
la vallée du Mezquital, il est saisi par l'aridité du sol et l'absence quasi
totale de végétation, principales caractéristiques de cette région, la
plus pauvre et la plus austère du haut plateau. L'autoroute Est, par
contre, est constamment dominé par la masse écrasante des deux volcans
aux neiges éternelles, soit qu'ils surplombent les montagnes boisées ou
number of passengers served by the country's airlines during their first
two years of operation. The Mexican Air Force began to transport mail
in 1917, and regular airmail service has existed for forty years.
Time and space have been conquered. Events and their transmission by
means of symbols, images, and words have become nearly simulta-
neous. Passing from peak to peak over the length and breadth of Mexico,
eleven microwave trunk lines form a network of telephone, telegraph,
television, and Telex systems. Now in its twelfth year of operation, the
federal telecommunications system—whose development reached a peak
of efficiency during the Olympic Games—includes an airline guidance
system, a carrier-wave system, high-power radio broadcasting stations
to cover Europe, Asia and South America, facsimile and radiophoto
equipment, and a support network for coast guard stations. A check-
ing and monitoring system with scanning stations, mobile units, and
radio equipment for sounding the ionosphere permits efficient super-
vision and control of the telecommunications system.
In order to interconnect all the systems, a one-hundred-meter telecom-
munications tower was built on the grounds of the Center of the Min-
istry of Communications and Transport in Mexico City. Foreign tele-
vision companies were granted space on the lower floors for handling
color telecasts of the Olympic Games. This system is complemented by
the satellite communication ground station in the state of Hidalgo,
which operates a 32-meter, 330-ton parabolic antenna. In October,
1968, communication was established with various satellites covering
an area large enough to permit transmission of the Olympic Games to
the entire world.
Mexico City is surrounded in every direction by a series of contrasting
landscapes. Southward, the pine-forested Ajusco range drops into a
tropical region of sugar fields, rice paddies, and fruit orchards. Cuer-
navaca, the principal city of this area, enjoys a year-round resort cli-
mate produced by warm winds from the Pacific Ocean.
To the north, a gray plain of colorless scrub vegetation is soon followed
by the Mezquital, one of the most arid valleys of the central plateau,
CONTRASTES
CONTRASTS
se dessinent à l'horizon au-dessus des champs et des arbres fruitiers;
à l'ouest enfin, la route grimpe entre pins et mélèzes et, en hiver, il
n'est pas rare d'y trouver de la neige.
Mêmes contrastes aux environs des autres villes. Le voyageur quit-
tant Guadalajara vers l'est atteint rapidement un haut plateau basalti-
que de terre rouge où collines et vallons couverts de pâturages se
succèdent sur de vastes horizons; vers le nord, et ceci sans perdre de
vue les tours de la cathédrale, il amorce une vertigineuse descente
de mille mètres entre d'immenses falaises rocheuses et l'abîme jusqu'aux
rives tropicales du rio Santiago. Au sud, Guadalajara voisine avec une
zone de dépôts lacustres s'étendant d'un côté jusqu'à Cajititlán et
Chapala, et de l'autre, jusqu'à Zacoalco et Sayula, tandis que vers l'ouest
s'étagent des forêts de pins, des plantations d'agaves, des pâturages
et des champs de maïs.
Plus ou moins prononcés, ces brusques changements de paysage se
retrouvent partout au Mexique où, à une zone prospère et luxuriante
succède presque invariablement une région ingrate, voire hostile. Dans
la géographie mexicaine, les extrêmes se touchent et l'on passe sans
transition de la plus grande richesse à la plus grande pauvreté. Par
exemple, les Etats de Oaxaca et de Chiapas, dont les communautés
indigènes comptent parmi les plus démunies du pays, possèdent des
vallées centrales d'une grande fertilité, tandis que le Nord-Ouest,
région qui connaît un spectaculaire essor économique, est en majeure
partie formé de déserts où la vie humaine paraîtrait impossible sans
les réalisations techniques qui ont entièrement modifié son contexte
naturel et géographique.
Le tropique du Cancer délimite les deux grandes zones climatiques du
Mexique. Au sud, le soleil atteint le zénith deux fois par an tandis
que le climat de la moitié nord du pays est conditionné par l'obliquité
variable de ses rayons. Dans chacune de ces zones — torride et
tempérée — de brusques changements d'altitude dus à la configura-
tion orographique entraînent une multitude de micro-climats, que com-
plique encore l'influence exercée par les masses océaniques. Il existe
cependant dans la météorologie mexicaine deux points de repère prati-
quement infaillibles: dans les régions situées à moins de 1 000 mètres
au-dessus du niveau de la mer, la température est déterminée par la
latitude, dans les autres par l'altitude. Ainsi, au-dessous de 1 000 mè-
characterized by vast stretches of rocky soil and stunted plants.
East of Mexico City, the twin volcanoes' imposing masses block the
horizon, perpetual snow rising above their forested slopes while cul-
tivated alfalfa fields and fruit orchards lie at their feet. To the west,
there is a region of pine and spruce forests which in winter are oc-
casionally blanketed by snow.
This patchwork panorama is often repeated in other cities. West of Gua-
dalajara, for example, a broad basaltic tableland of red earth is grad-
ually followed by a series of rolling hills covered with pastures. To
the north, within sight of the cathedral towers, the terrain begins a
thousand-meter descent into the depths of a sheer-cliffed canyon. At
the bottom of this chasm flows the Santiago-Lerma River, its banks
covered with tropical vegetation. South of Guadalajara lies a region of
lakes, some—such as Chapala and Cajititlán—filled to overflowing, and
others—Zacoalco and Sayula—dried up and dying. The countyside west
of the city is covered with pine forests; beyond them begins a hilly
region of agave plants, pastures, and cornfields.
Similar geographical contrasts, although not always so spectacular,
characterize many regions of Mexico. It is almost a general rule that
wherever there is a fertile and prosperous region, there is another
nearby with a poor or even hostile soil. For this reason, extremes of
wealth and poverty are often found juxtaposed in the Mexican country-
side. In spite of their fertile central valleys, the states of Chiapas and
Oaxaca are among the poorest in Mexico. In contrast, the northwestern
part of the country is making spectacular progress, although it is mostly
a region of deserts where human life would be impossible if modern
technology had not mastered the problems of climate and soil.
Mexico's climate is influenced by a favorable geographical location.
Since the Tropic of Cancer passes through the country's middle lati-
tudes, in the South the sun appears directly overhead twice a year, while
in the North its rays always slant down from a southerly direction. In
both the torrid and temperate zones of Mexico, the irregular topogra-
phy—characterized by a multiplicity of extremes of altitude within short
distances—produces many local climatic variations. The great ocean
areas to the east and west also have an important effect on the climate
of the continental land masses. Despite these various influences, the
climatic conditions of geographical regions follow two nearly infallible
31
32
tres et au sud du tropique, la température moyenne est de 22°5 C pen-
dant toute l'année; tandis qu'au nord, les régions situées au-dessus de
1 000 mètres possèdent une température moyenne de 15°. Pratiquement
imperceptibles sur les côtes méridionales, les variations thermiques
s'accentuent dans le Nord pour atteindre un écart maximal de 30°.
Mexico, où se sont déroulés les Jeux de la XIX Olympiade, jouit au mois
d'octobre d'un climat extrêmement clément. Du 1er au 31 , la tempéra-
ture moyenne est de 14°7 avec des minima (6h. du matin) de 9° et
des maxima de 22°. A partir de 3 heures de l'après-midi, la température
baisse régulièrement et sa chute s'accentue au coucher du soleil par
suite de l'augmentation relative de l'humidité. Située à 2 240 mètres,
la capitale de la République est placée sur le 19e parallèle, soit à
quatre degrés au sud du tropique du Cancer, latitude qui compense
l'altitude de Mexico et lui confère son climat tempéré. Lors de l'inau-
guration des Jeux Olympiques le 12 octobre 1968, la saison des pluies
était virtuellement terminée, bien que la capitale ait subi deux averses
d'après-midi entre le 12 et le 15. Dans la deuxième moitié du mois, la
probabilité des pluies n'est que de 23 pour 10 000, et ceci uniquement
après cinq heures du soir.
Sauf dans l'extrême Nord où la chaleur est très forte l'été et où il
neige parfois en hiver, la division de l'année en saisons correspond
plus au Mexique à une convention qu'à une réalité. Ignorant les
brusques changements si familiers aux pays situés au nord du 40 e
parallèle, les Mexicains ne connaissent ni l'exubérance du printemps,
ni la torpeur de l'été, ni le romantisme automnal, ni le recueillement
de l'hiver. Ici, les états d'âme sont plus fonction des réactions inté-
rieures que des variations climatiques. Pas de meilleure époque en effet
que les mois d'hiver pour passer ses vacances dans les eaux tièdes
d'Acapulco, ni de plus grande satisfaction que de s'emmitoufler en
été quand soufflent les vents frais annonciateurs des pluies. Précisons
que ces variations n'excèdent jamais les limites d'un climat tempéré.
Les pluies, par contre, jouent un rôle significatif. Pour la majorité des
Mexicains, l'année se divise en une saison humide et une saison sèche,
bien que certaines périodes soient, par leur instabilité même, à l'origine
de surnoms et dictons populaires: les "cabañuelas" par exemple, douze
premiers jours de janvier dont les fantaisies météorologiques permet-
tent de prévoir le climat de toute l'année; et aussi les "averses de mai"
general rules: temperature in regions less than one thousand meters
above sea level is governed by the latitude, whereas that of the
higher regions is dependent upon the altitude. Thus, in tropical zones
at elevations below one thousand meters the monthly average mean
temperature is 22.5° C., while in areas north of the Tropic of Cancer
or at elevations over one thousand meters it drops to 15° C. Annual
variations in temperature increase from almost none along the southern
coasts to differences of up to 30° C. in the North.
During the month of October, Mexico City usually enjoys very mild
weather. The monthly average mean temperature is 14.7° C., with min-
ima of 9° C. and maxima of 22° C. Six in the morning is the coolest
time of day and three in the afternoon is the warmest, after which the
temperature slowly drops, with a sharp decrease after sundown due
to the increase in relative humidity. Mexico City is situated near the
nineteenth parallel, four degrees south of the Tropic of Cancer, at an
altitude of 2,240 meters above sea level. Thus, despite the high alti-
tude, the city's climate is tempered by its location within the tropic
zone. Weather forecasts for the period of the 1968 Olympic Games
predicted that, even though the rainy season would officially be over,
late showers might be expected. These predictions proved accurate
and, except for two wet afternoons, the weather was excellent.
Throughout the country—except in the extreme North where summers
are very hot and winters are apt to be marked by heavy snows—the
traditional names of the seasons are merely accepted terminology rather
than climatic fact. In most of Mexico the severe changes in weather
familiar to people living north of the fortieth parallel are unknown:
Mexicans do not experience the enthusiasm of spring, the fatigues of
summer, the romanticism of autumn, or the introspective withdrawal
of winter. Their states of mind are more a product of inner feelings
than a result of outside influences such as weather conditions. There
is no better time to enjoy the warm waters of Acapulco than the
winter months, nor a greater comfort than to put on heavy clothes in
summer when, throughout much of Mexico, chill breezes announce an
approaching rainstorm.
In fact, an important annual "season" begins with these summer rains.
For most Mexicans, the year is divided into "rainy" and "dry" seasons,
although there are unstable periods for which folk tradition attempts
(qui peuvent tomber en mars ou en avr i l . . . ) annonçant la saison des
pluies, laquelle commence généralement au mois de juin et se termine
à la mi-octobre. Dans certaines régions, tel le haut plateau de Jalisco,
les précipitations sont si ponctuelles que pour les paysans, le 13 juin,
jour de la Saint-Antoine, marque le début officiel des pluies, et ceci
"qu'il pleuve ou non"l Les précipitations d'été varient entre 300 mm
dans les zones semi-désertiques et 1 500 mm sur les versants de la
sierra, dépassant ainsi largement le chiffre fatidique de 800 mm,
indispensable à la récolte du maïs. Pour les cultures, il faut cependant
tenir compte de la "pause du mois d'août", pénible période de quinze
jours durant laquelle le temps reste couvert sans que tombe une goutte
d'eau. Il existe néanmoins des exceptions à la règle, tels les versants
extrêmes de la Sierra Madre orientale et du Chiapas, où il pleut durant
toute l'année: averses torrentielles en été, crachins persistants en hiver.
La moyenne annuelle des précipitations pluviales est d'un billion et
demi de mètres cubes pour l'ensemble du territoire, chiffre cor-
respondant à une nappe d'eau imaginaire de 75 cm sur la superficie
du pays. La plus grande partie s'évapore, s'infiltre dans le sous-sol
ou est absorbée par les plantes. Equivalant au cinquième des
précipitations annuelles, l'eau qui circule dans les torrents, les ruis-
seaux et les rivières forme ensuite les fleuves, alimente les lacs ou
se jette dans la mer. Si l'on considère le problème dans son ensemble,
cette quantité est nettement insuffisante pour satisfaire à la fois les
besoins de l'agriculture et de l'élevage, la consommation humaine et
celle des services municipaux, de l'industrie et des transports.
L'EAU ET SA CONQUETE
to predict future weather conditions. For example, according to the
weather which prevails on each of the first twelve days of January—
called the "cabañuelas"—calculations are made regarding the weather
for the rest of the year, as well as for the beginning of the "May
rains," which in fact often begin in March or April and which herald
the onset of the rainy season. In the highlands of Jalisco, the weather
is so predictable that the people insist that the rainy season there
begins on June 13, St. Anthony's Day, "whether it rains or not." In and
around Mexico City the total summer rainfall varies from 300 mil-
limeters in the drier regions to 1,500 millimeters in the mountains. In
general, Mexican farmers hope for a summer rainfall of 800 millimeters
on unirrigated land, an amount sufficient to produce a crop of corn.
Plantings must nevertheless be made with due consideration for the
"August calm," a two-week interval of hot weather when there is usually
no rainfall. There are exceptions to these general rules of climate, how-
ever: on the southern slopes of the Eastern Sierra Madre and in the
state of Chiapas it rains throughout the year, with tropical downpours
in summer and prolonged lighter rains in winter.
Approximately a trillion and a half cubic meters of rain fall annually
in Mexico—enough to cover the entire country to a depth of seventy-five
centimeters. The greater part evaporates, is absorbed into the ground,
or is taken up by plants. The run-off of streams and rivers into lakes
or the sea accounts for only a fifth of the total annual precipitation—
the equivalent of an average distribution of fifteen centimeters over
the total area of Mexico. On the whole, this is not sufficient to meet
all the requirements of agriculture, stockraising, human consumption,
public services, industry, and transportation.
33
Le Mexique possède trente-quatre fleuves principaux dont onze se
déversent dans le Golfe, un dans la mer des Caraïbes, treize dans l'océan
Pacifique, et les neuf derniers alimentent les lagunes de l'intérieur.
Quatre très vastes régions — deux dans les déserts du Nord et deux
dans les péninsules du Yucatán et de la Basse-Californie — manquent
de système de drainage superficiel. Modelant à leur gré l'écorce ter-
restre, les fleuves mexicains prennent généralement leur source, en
raison de la configuration même du territoire, sur le versant des mon-
tagnes; le cours moyen traverse les vallées pour creuser à son terme
des ravins profonds, des canyons et des défilés débouchant sur les
Rivers are the great leveling agents of the earth's crust. Floodwaters
erode the land and carry silt down to the lower valleys, where it forms
soft deposits over which rivers flow and diverge. Mexico is divided
into thirty-four principal drainage areas, of which eleven drain into the
Gulf of Mexico, one into the Caribbean, and thirteen into the Pacific
Ocean, while the other nine are inland basins. Four great regions are
completely lacking in rivers—two of the northern desert areas and the
Yucatán and Baja California peninsulas. Due to Mexico's geographical
WATER AT WORK
34
plaines côtières ou, par d'étroites gorges, sur la mer. Se frayant
passage à travers la sierra, les torrents forment des chutes hautes
et encaissées qui se déploient en gradins ou en éventail.
Pourtant si les fleuves ont modifié la nature, c'est à l'homme qu'on
doit la transformation de la nature des fleuves. Au cours des quarante
dernières années, 64 nouveaux lacs, dont certains de plus de 50 kilo-
mètres de long, ont été créés au Mexique dans le cadre du programme
d'irrigation du ministère des Ressources hydrauliques. Ces réservoirs
captant chaque année 35 millions de m3 (cinq fois la capacité du lac
de Chapala, le plus grand du pays) ont profondément modifié le
paysage sur deux millions et demi d'hectares. Pour s'en convaincre, il
n'est que de prendre l'avion desservant le nord-ouest du pays sur 1 000
kilomètres, depuis Culiacán jusqu'à Hermosillo. On aperçoit à droite
la série de barrages construits dans la sierra; à gauche, les champs
de blé, de coton, de tomates et de carthame voisins de la mer et, au
centre, le désert qui vient buter contre les canaux les plus élevés.
Le fleuve Yaqui donne sa physionomie actuelle au Nord-Ouest. Prenant
sa source non loin de la lagune de Bustillos dans l'Etat de Chihuahua,
il modifie rapidement son cours pour se frayer passage à travers les
canyons de la sierra et déboucher sur les versants du Sonora. Sur son
trajet il reçoit des affluents aux noms indigènes: Zahuaripa, Bacanora,
Nácori, Bavispe et, avant de se déverser dans les plaines autrefois
habitées par les tribus Yaqui, fait une pause au barrage d'Oviachic.
Portant le nom d'Alvaro Obregón — l'un des premiers présidents révo-
lutionnaires — ce complexe englobe les réservoirs Angostura et Plu-
tarco Elías Calles qui captent à eux deux 3 400 000 m3 servant à
irriguer le grenier à blé du pays.
Autre grand courant de civilisation, la rivière Culiacán naît dans l'Etat
de Durango, traverse des sites très pittoresques et, après avoir serpenté
entre des failles minières, se jette dans l'océan Pacifique. Sur son
cours elle change plusieurs fois de nom avant de prendre finalement
celui de la capitale de l'Etat de Sinaloa, au confluent de l'Humaya et
du Tamazula. Les 4 milliards de m3 stockés dans le barrage de Sanalona
irriguent environ 100 000 hectares de la principale région horticole du
pays, dont les produits, surtout destinés à l'exportation, sont extrême-
ment variés: tomates, concombres, piments, haricots verts, petits pois,
aubergines, oignons, melons et pastèques.
structure, its rivers always originate high in the mountains and carve
deep gullies, ravines and canyons, through which they descend to
flow across the coastal plains or wind through narrow valleys on their
way to the sea. In their passage down the mountains they often take
the form of high, narrow waterfalls, cataracts, or wide, fan-shaped
falls. But while the rivers have changed the nature of the land, man
in turn has changed the nature of the rivers.
During the past forty years, sixty-four new lakes—some of them more
than fifty kilometers long—have been created in Mexico. Storage reser-
voirs, their waters are backed up by dams built as part of irrigation pro-
jects by the Ministry of Hydraulic Resources. Their combined annual ca-
pacity is over thirty-five billion cubic meters, roughly five times that of
Lake Chapala, the largest lake in Mexico. These impounded waters—
which have created places of great beauty in the mountains—have made
it possible to transform the appearance of over two and a half million
hectares of land. Travelers flying between Culiacán and Hermosillo in
northwestern Mexico, a distance of one thousand kilometers, can see
a series of dams in the mountains off to the right, while to the left,
along the coast, there are green fields of tomatoes, safflower, wheat,
and cotton made possible by the dams. Between the mountains and the
coast lies the barren desert, not yet touched by the irrigation waters.
The Yaqui River gives much of the Northwest its characteristic ap-
pearance. It rises in the vicinity of Lago de Bustillos in Chihuahua,
but soon changes its course and, plunging down deep mountain can-
yons, winds through the Sonora sierra. The Yaqui is fed by tributaries
bearing historic Indian names: the Zahuaripa, the Bacanora, the Nácori,
and the Bavispe. Before flowing out onto the plains that are the tribal
home of the Yaqui Indians, it is briefly checked by the Oviachic Dam.
The whole system—known by the name of Alvaro Obregón, one of the
first revolutionary presidents of Mexico—includes the smaller Angostura
and Plutarco Elías Calles dams, which have a combined storage ca-
pacity of 3,400,000,000 cubic meters. These waters eventually irrigate
the wheat fields that feed the nation.
Another river recently harnessed by man originates in the state of Du-
rango and empties into the Pacific Ocean. In its upper reaches it is a
beautiful mountain stream running through a rich mining district; its
name changes several times until, below the confluence of the Humaya
Ces barrages et nombre d'autres ouvrages construits dans le Nord-Ouest
font partie du très vaste programme de mise en valeur des ressources
hydrauliques, dont le but essentiel est la récupération des eaux des
bassins limitrophes en vue de leur redistribution optima. L'exploitation
de neuf rivières (sept au Sinaloa, deux au Sonora) et des nappes souter-
raines permettra à long terme de vaincre définitivement les déserts
mexicains, en portant la surface irriguée à 1 100 000 hectares.
Le plus grand fleuve du pays, le Lerma Santiago, prend sa source au
pied du Nevado de Toluca, dont il absorbe les eaux glacées par voie
souterraine. Ses alluvions ont fait la richesse agricole d'innombrables
vallées. Son bassin occupe la région la plus peuplée du Mexique (à
l'exception de la capitale), région qu'il alimente en eau et en énergie
électrique. Au-delà du surplomb granitique de La Piedad qu'il dévale
en une chute spectaculaire, le Lerma draine les marécages des Etats
de Michoacán et de Jalisco pour former le lac de Chapala, avant de
poursuivre sa route vers la mer par un défilé long de 300 kilomètres.
Gorgées de toute la force de ses affluents, ses eaux sont captées par
quatre centrales hydroélectriques en différents points de son cours
inférieur. Peu avant son embouchure, ses crues annuelles recouvrent de
limon les terres de Santiago Ixcuintla et ses eaux, dont 10 milliards
de m3 se déversent dans la mer, font la prospérité de neuf des trente-
deux Etats mexicains.
Le Río del Oro était autrefois un torrent indomptable qui, à travers les
déserts du Nord, charriait des cailloux aurifères depuis les versants de
la Sierra Madre. Augmenté des eaux du Ramos, il forme aujourd'hui le
fleuve Nazas, célèbre depuis le milieu du siècle dernier pour les riches
plantations de coton qui bordent ses rives. A l'époque, ses crues étaient
si redoutées des fermiers du Durango et du Coahuila que les premières
digues furent construites dès 1850. Voulant compléter la redistribution
agraire d'un solide programme d'irrigation, le gouvernement révolution-
naire construisit par la suite le barrage de Palmito, d'une capacité de
3 milliards de m3. Trois agglomérations importantes — Torreón, Lerdo et
Gómez Palacio — témoignent de la prospérité de cette région.
Découvert par Juan de Orante en 1598 à l'occasion de la gigantesque
crue qui lui valut son nom, le Río Bravo ("fleuve farouche") servit
d'abord à délimiter la colonie mutinée du Texas, puis à marquer la
frontière avec les Etats-Unis. Quatorze communes, huit mexicaines et
and Tamazula rivers, it becomes the Culiacán River. The Sanalona Dam,
with a storage capacity of four billion cubic meters, irrigates nearly
one hundred thousand hectares of the most important vegetable-growing
region of Mexico. Tomatoes, cucumbers, peppers, string beans, peas,
eggplant, onions, melons, and watermelons are grown on a large scale,
principally for export.
Many similar irrigation projects have been constructed in the North-
west as units of a regional master plan. The present policy regarding
the use of hydraulic resources is to establish a system of connecting
canals between the various irrigation districts in order to redistribute
water from one district to another as required. There are seven great
rivers in the state of Sinaloa and two in Sonora—in addition to under-
ground water deposits—which will eventually permit the irrigation of
1,100,000 hectares. The desert will come to life. The Lerma-Santiago
River, the longest in Mexico, rises at the foot of the Nevado de Toluca
from springs fed by the mountain's icy crater lakes. It flows through a
fertile alluvial valley which, with the exception of Mexico City, has
the highest density of population in Mexico. In its course it provides
both irrigation water and electric power. Beyond the granite escarp-
ment of La Piedad, over which it plunges in a spectacular waterfall,
it drains the marshes of Michoacón and Jalisco and forms Lake Chapala
before continuing to the sea through a canyon three hundred kilometers
long. Swollen by tributaries, it is harnessed in its lower course by four
great hydroelectric plants. Farther toward the coast, it covers the lands
near Santiago Ixcuintla with a new layer of silt every year. The
Santiago carries a yearly volume of ten billion cubic meters of water,
and in its course directly benefits nine of Mexico's thirty-two states.
The Río del Oro was once an untamed torrent that wound its way
through the northern deserts bearing gold-laden sands from the Sierra
Madre continental divide. After taking on the waters of the Ramos, it
becomes the Nazas River, along whose banks a prosperous cotton-
growing district was established toward the end of the nineteenth
century. Its floods, however, periodically brought destruction to small
villages in the states of Durango and Coahuila. The first levees were
built 150 years ago, and, later, when the leaders of the Revolution be-
gan their policy of distributing irrigation water as well as land to the
local communities of small farmers, the Palmito Dam was built. Its pre-
sent storage capacity of three billion cubic meters serves three im-
35
36
six américaines, furent créées sur ses rives. Grâce à quelques
barrages construits par les Texans sur son cours supérieur, le débit
du fleuve put être contenu et régularisé, les crues du Río Bravo étant
aujourd'hui le fait de ses affluents mexicains. En 1944, les deux pays
établirent un plan commun de répartition et de stockage des eaux dont
les deux principaux ouvrages — barrage Falcón déjà terminé et barrage
La Amistad encore en construction — permettront d'irriguer 560 000
hectares au Mexique et 270 000 aux Etats-Unis. Des travaux semblables
ayant été réalisés sur ses affluents, le Conchos, le Salado et le San
Juan, le Río Bravo sera bientôt dompté, et ce même en période de
grandes crues. Partiellement navigable au XIXe siècle, ce fleuve servit
au transport des troupes et des marchandises durant la guerre de
Sécession. Aujourd'hui, on envisage d'en détourner le cours car son
ancien lit, ensablé, commence à provoquer des inondations près de
l'embouchure, vers la Laguna Madre.
Long de 600 km, le Pánuco débute dans la vallée de Mexico pour
se jeter dans le Golfe, après avoir traversé le port de Tampico à 12
km de son embouchure. Sur son parcours, il reçoit plusieurs affluents
et, ainsi grossi, rebondit en chutes spectaculaires à Micos et à El
Salto. Le Pánuco est navigable au-delà du confluent des rivières Mocte-
zuma et Tamuín.
La vallée de Mexico, qui mesure 125 km du nord au sud et 80 d'est en
ouest, est un plateau d'origine volcanique. Complètement fermée, elle
abritait dans ses dépressions les grands lacs qui donnèrent leur physio-
nomie très particulière aux villes du monde précolombien. Les premières
inondations mentionnées par les chroniqueurs obligèrent le jeune prince
de Texcoco, Nezahualcóyotl, à faire construire une gigantesque digue
de 16 km partageant en deux les eaux de la vallée: d'un côté
le lac de Texcoco, qui absorbait au nord de Tenochtitlan les crues du
Cuautitlan, de l'autre celui de Mexico, déjà couvert de canaux et de
"chinampas" (jardins flottants). Sans que l'ait expressément voulu son
auteur, la digue servit également à séparer les eaux saumâtres des
eaux douces, puisque le lac de Mexico, alimenté par les sources de
Xochimilco, demeura à l'abri de toute contamination. Tandis qu'une
évaporation intense provoquait sur le lac de Texcoco des concentrations
salines interdisant toute vie animale, dans le lac de Mexico par contre,
les espèces comestibles proliférèrent et des vergers furent aménagés
sur ses rives.
portant towns—Torreón, Lerdo, and Gómez Palacio—all of which areexamples of the prosperity of the district served by the dam.
The Río Bravo—also known as the Río Grande—was discovered in 1598
by Juan de Orante, who, seeing it at the peak of a raging flood, gave
it this descriptive name. The river originally marked the southern
limits of the secessionist territory of Texas, and later became the
U.S.-Mexican border. Eight Mexican and six American cities are located
along its banks. The United States has built dams on the upper reaches
of the river for flood control; now the only flooding on the lower river
is caused by its Mexican tributaries. In 1944, both nations signed an
agreement to share the river's waters and to construct dams along
its course. The Falcon and Amistad (Friendship) dams have now been
completed, which together supply Mexico additional irrigation water
for 560,000 hectares and the United States 270,000. Since dams have
also been built on the Conchos, Salado, and San Juan tributaries, the
Rio Grande will soon carry only surplus waters and aid in flood control.
During the nineteenth century, part of the river channel was navigable
and, during the American Civil War, provided a means of military trans-
portation. Today work is being carried out to open channels for the
river, whose original bed has silted up near the mouth and tends to
overflow in the direction of Laguna Madre.
The Pánuco River—six hundred kilometers long—originates in the
Valley of Mexico. The port of Tampico is located on its left bank,
twelve kilometers from the Gulf of Mexico. In its course, the Pánuco
is joined by tributaries which provide spectacular waterfalls at Micos
and El Salto. It is navigable only from its mouth to the confluence of
the Moctezuma and Tamuín rivers.
The Valley of Mexico is a volcanic depression 125 kilometers long
from north to south and 80 kilometers wide from east to west. It has
no natural outlet, and in its lowest parts once lay the large lakes which
gave the cities of the pre-Hispanic civilizations their special appearance.
The Valley's first disastrous floods moved Nezahualcóyotl, the young
Prince of Texcoco, to order the construction of an impressive sixteen-
kilometer dike to divide Lake Texcoco into two parts: Lake Texcoco
itself, which received the flow of the Cuautitlan River to the north of
the city of Tenochtitlan; and the great expanse of waters surrounding
this old city of canals and floating gardens, the nucleus of what
Quand les brigantins de Cortés attaquèrent la capitale en 1521, ce
dernier fit ouvrir de larges brèches dans les digues pour faciliter leur
passage. Le conquistador et ses successeurs se souciant fort peu de
contrôler les eaux, la ville subit une autre inondation en 1533, et une
nouvelle digue dut être édifiée par le vice-roi. Par la suite, les Espagnols
préférèrent consolider et élargir les terre-pleins nécessaires au passage
de leurs chargements et de leurs chevaux plutôt que de conserver les
voies d'eau où circulaient les canots indiens. On assista alors à la
transformation géographique de la ville et de la vallée, dont les eaux
n'eurent désormais plus besoin d'être endiguées mais seulement drai-
nées. En 1607, le cosmographe Enrico Martínez commença à forer la
brèche de Huehuetoca et le tunnel de Nochistongo, qui permit l'évacua-
tion des eaux du Cuautitlan. Ces travaux furent réalisés dans le sur-
prenant délai d'une année. Ensuite on se contenta de réparations et
d'aménagements minimes jusqu'en 1856, date à laquelle fut approuvée
la construction du grand égout collecteur qui débouche sur Tequixquiac
et dont les travaux furent terminés à la fin du XIXe siècle.
Les soixante dernières années ont été marquées par un assèchement
progressif des lacs et canaux de la vallée de Mexico: drainage du lac
de Chalco dont le bassin a été récupéré pour les cultures; disparition
de ceux de Zumpango et Xaltocan dont les eaux ont été déviées par
des barrages; réduction de celui de Texcoco; canalisation des rivières,
aujourd'hui recouvertes par des viaducs et des avenues. Les travaux
de creusement du grand collecteur ont provoqué un glissement des nap-
pes phréatiques qui, à leur tour, ont accentué l'affaissement progressif
de la ville. Ainsi, la Colonne de l'Indépendance semble s'être élevée
de deux mètres et demi en cinquante-huit ans car ses piliers reposent
sur des roches dures tandis que le sol, lui, s'enfonce. Alors qu'un
système de pompage coûteux et compliqué (rejetant chaque année des
centaines de millions de m3) protège aujourd'hui Mexico des inondations,
les autorités municipales connaissent une nouvelle préoccupation: son
ravitaillement en eau. Le débit atteint en septembre 1968 a été de
31 m3 à la seconde et l'on construit actuellement un système d'inter-
ception souterraine composé de tunnels de 5 m de diamètre (enfouis à
25-30 m sur une longueur de 45 km) ainsi qu'un collecteur principal
(6 m de diamètre) enterré entre 30 et 200 m de profondeur sur une
longueur de 50 km. Quand ces travaux seront terminés, Mexico dispo-
sera d'un système de drainage de tout premier ordre et tout risque
d'inondation sera définitivement écarté.
would later become modern-day Mexico City. Although it was perhaps
not the prince's intention, the dike also served to divide the sweet
waters from the salt, since the lake water around Tenochtitlan was fed by
fresh-water springs at Xochimilco. Thus, while the rapid evaporation
of Lake Texcoco brought about a concentration of salt deadly to
fishes, the waters of Lake Xochimilco provided Tenochtitlan with
edible fish and fresh water for gardens.
When Cortés gained control of the lake during his siege of Tenochtitlan
in 1521, he broke open the dike at several places to permit the passage
of his brigantines. Neither Cortés nor his successors concerned them-
selves with controlling the lake's level, and, in 1533, another great
flood swept through the city. The viceroy ordered a new dike built,
but the Spaniards were not interested in preserving the ancient canals
for water transportation, prefering instead to widen and consolidate
the system of causeways for their cavalry and wheeled traffic. Thus, the
geographical features of the city and its basin were changed:
plans were devised not to contain the waters, but to drain them out
of the valley entirely. In 1607 an engineer, Enrico Martínez, began the
task of digging the Huehuetoca Cut and the Nochistongo Tunnel to
open an outlet for the Cuautitlan River. The work was carried out in the
astonishingly short period of one year. Subsequent work consisted of
maintenance, repair, and some improvements, until 1856, when approval
was given for the digging of the Great Drainage Canal to empty the
Valley of Mexico by way of Tequixquiac. This project was finished in
the closing years of the nineteenth century.
During the past sixty years, the lakes and canals of the Valley of Mexico
have been drying up at an accelerated rate. First, Lake Chalco was
entirely drained in order to cultivate its fertile bed. The next to disap-
pear were Zumpango and Xaltocan, whose sources were diverted by
dams. Lake Texcoco receded and dried up, and its feeder streams were
successively covered over and used as streets and viaducts. It was
necessary to deepen the Great Canal, a project which drew off un-
derground water deposits and eventually brought on the gradual sinking
of the city. The Independence Column on the Paseo de la Reforma has
apparently "grown" two and a half meters in fifty-eight years: the
surrounding ground has sunk away from its base, which is set on piles
resting on bedrock. A complicated and expensive pumping system
protects Mexico City from floods by drawing off hundreds of millions of
37
38
A I'encontre de celles qui se jettent dans le Pacifique et dont la mise en
valeur est très récente, les rivières qui débouchent dans le Golfe ont
influencé, depuis fort longtemps, le peuplement et l'activité économique
des régions qu'elles traversent. Sur les rives du Tonalá, du Grijalva
et de I'Usumacinta s'établirent les Olmèques et les Maya. Par la suite,
les conquérants espagnols explorèrent leurs estuaires et, depuis, tous
les ports de cette région (à l'exception de Veracruz et de Progreso)
ont été aménagés à l'intérieur des terres. En effet, ici, le cours infé-
rieur des fleuves offre une protection équivalente à celle des baies
du littoral du Pacifique.
Deux chutes d'eau du Tecolutla alimentèrent les premières centrales
hydroélectriques. La prospérité de la région industrielle (textile et bras-
series) d'Orizaba est due à la proximité du Río Blanco. Dans les plaines
que traverse le Papaloapan (endigué pour protéger les villages rive-
rains) voisinent pâturages, champs de coton et plantations de canne
à sucre. Bordé de puits de pétrole, le cours du Coatzacoalcos préfigure
le tracé d'un éventuel canal interocéanique et enfin, l'mmense com-
plexe hydraulique Grijalva-Usumacinta (avec son premier grand barrage
de Raudales) fait de cette région l'une des plus importantes réserves
électrique, agricole et d'élevage du Mexique.
Pour la production d'énergie électrique, un autre programme a été
mis au point dont l'élément le plus important, le barrage d'EI Infiernillo
sur le fleuve Balsas, permet de stocker 12 milliards de m 3 sur une
superficie de 40 000 hectares et possède une capacite installée de
675 000 kw. Son mur de 148 m est l'un des plus hauts du monde.
Souterraine, la centrale (128 m de long, 20 m de large et 40 m de
haut) est creusée à même le roc et précédée d'un tunnel de 400 m.
Non contente de transformer le paysage, cette construction a aussi
bouleversé les normes de production d'une région toute entière. Six
mille personnes, depuis les manoeuvres jusqu'aux ingénieurs, ont
participé à sa construction.
Plus récent que le barrage d'EI Infiernillo, celui de Nezahualcóyotl a
une capacité de production de 720 000 kw. Il retient 13 milliards de m3
des eaux du fleuve Grijalva dans un réservoir de 30 000 hectares situé
au coeur de la jungle. Federico Canessi, l'auteur du gigantesque
bas-relief (300 m de long) représentant la nature offrant l'eau à l'hom-
me, a dirigé par radio le travail de ses assistants qui, suspendus à des
cubic meters of water each year during the rainy season. Authorities
are also concerned with finding new sources for the city water system,
which in September, 1968, supplied an average of thirty-one cubic
meters per second. Meanwhile, construction continues on a deep storm-
sewer—a system of tunnels five meters in diameter and forty-five
kilometers long, laid twenty to thirty meters underground, and a main
tunnel, six meters in diameter and fifty kilometers long, placed thirty
to two hundred meters underground. This project, when finished, will
provide a definite solution to the flood problem.
In contrast to the rivers emptying into the Pacific Ocean—which only
recently have been harnessed for public projects—those flowing into the
Gulf of Mexico have been stimulating economic growth and the develop-
ment of new communities for hundreds of years. The Olmecs and the
Maya settled on the margins of what today are the Tonalá, Grijalva and
Usumacinta rivers, whose estuaries were explored by the Spaniards at
the beginning of the sixteenth century. Since then, with the exception of
Veracruz and Progreso, all ports along the Gulf coast have been built
upstream. On the Pacific coast, bays and inlets provide navigation with
the same measure of shelter afforded by inland ports along the Gulf.
Two waterfalls on the Tecolutla River have provided the area with its
initial stage of hydroelectric development; the Río Blanco has been
instrumental in the growth of the textile and brewing industries around
Orizaba; cotton, sugar cane, and livestock industries have developed
along the plains traversed by the Papaloapan, which is now fully
controlled to prevent flooding of riverside communities; the Coatzacoal-
cos, along whose course the petroleum industry has flourished, traces
the route of a possible inter-ocean canal; and the vast network of the
Grijalva-Usumacinta system, with its first large dam at Raudales, consti-
tutes not only one of Mexico's most important potential sources of
electric energy but a region propitious to farming and livestock raising.
Another system of reservoirs has been built for generating electricity.
One of the largest of these is the Infiernillo Dam on the Balsas River,
which stores twelve billion cubic meters of water in a reservoir having
a surface area of 40,000 hectares. The dam itself is 148 meters high,
and its power plant has a generating capacity of 675,000 kilowatts. The
underground generator room, carved out of solid rock at the end of a
400-meter tunnel, is 128 meters long, 20 meters wide, and 40 meters
câbles, sculptaient la falaise au marteau pneumatique. Et si cette
réalisation semble inouïe, elle est pourtant bien à la mesure de l'exploit
technique que représentait la conquête d'un fleuve dont les crues fai-
saient et défaisaient chaque année la topographie de l'Etat de Tabasco.
Là encore, l'homme a été plus fort que la nature et a su vaincre et
remodeler la géographie.
Les barrages (il y en a des centaines au Mexique) ne sont que des relais
posés sur les cours des fleuves et ceux-ci, les sillons où se rejoignent
les eaux du ciel et de la terre. De plus en plus important, le volume
des eaux utilisées avant de se jeter dans la mer fournit, outre le liquide
nécessaire aux travaux d'irrigation, une énergie électrique de deux
millions et demi de kw, les trois autres millions et demi que produit
le pays étant libérés par les usines thermiques. Le Mexique entend,
et c'est là l'un de ses principaux objectifs, arriver à une utilisation
complète de toutes ses ressources hydrauliques.
La configuration orographique du pays détermine en grande partie la
nature de son sol. Ses chaînes de montagnes parallèles aux côtes, son
axe volcanique transversal ainsi que ses innombrables collines et val-
lons forment des déclivités où ne peuvent se développer que forêts
et pâturages. Conditionné dans une certaine mesure par le tropique du
Cancer, le climat est responsable des grands déserts du Nord. Une
partie du Sud-Est est occupée par des marécages qui, faute d'un
drainage superficiel rapide, naissent du débordement des rivières.
Certains terrains sont fortement alcalins tandis que d'autres, très
nombreux, sont sujets à une érosion intense. Pour toutes ces raisons,
7,5% seulement du territoire mexicain sont cultivés, sans compter une
réserve de 4,5% — escarpements, zones désertiques ou insalubres —
qu'il est indispensable de conquérir. Nous sommes donc, encore une
fois, à la veille d'une aventure colonisatrice de ce pays, dont les paysans
sans terre et les terres sans paysans constituent l'un des grands
problèmes d'actualité.
Triplée depuis 1910 et doublée en 1947, la population du Mexique compte
46 millions d'habitants. L'accroissement démographique annuel est de 36
pour 1 000, soit deux fois celui de la Pologne et cinq fois celui de l'Alle-
high. The work of six thousand Mexicans—from laborers to chief
engineers—this great project has changed the physical features of
the surrounding countryside and transformed the economy of an ex-
tensive region.
Even newer than the Infiernillo, the Nezahualcóyotl Dam generates
720,000 kilowatts. Its storage basin on the Grijalva River has a capacity
of thirteen billion cubic meters and a total surface area of 30,000
hectares. On the side of a mountain three hundred meters high at the
site of the dam, sculptor Federico Canessi executed a work representing
nature's gift of water to man. From a distance of one kilometer, he
used a radio to direct the work of his assistants, who operated heavy
pneumatic drills while suspended from slings. The scope of this artistic
effort was on a scale worthy of the taming of the Grijalva, one of
Mexico's greatest rivers, which each year not only flooded and eroded
the lands of the state of Tabasco but changed its own course as well
as the contours of the land. With the construction of the dam, the
river has been brought under control and the land is no longer subject
to its former ravages.
There are hundreds of similar dams in Mexico that temporarily check
the flow of rivers and reduce the amount of water which runs uselessly
out to sea. In addition to valuable irrigation waters, these dams provide
two and a half million kilowatts of power. The remainder of Mexico's
production of six million kilowatts is supplied by thermoelectric plants.
One of the principal objectives of government policy is the integral
utilization of the country's hydraulic resources.
The general orography of Mexico has been decisive in determining the
nature of the soil. The mountain ranges running parallel to the coasts,
the transverse volcanic axis, and countless isolated hills and mountains
make up that large portion of the national territory suitable only for
forestry or grazing. The climate, determined to a great extent by the
location of this country's north-south mid-line on the Tropic of Cancer,
has helped to create great deserts in the North. The absence of
adequate drainage in the Southwest has favored the formation of
swamps and lagoons, which are exposed to the ravages of torrential
rivers. Some regions are rendered unproductive by alkali deposits,
while others are plagued by erosion. Owing to these conditions, only
7.5 per cent of the total area of Mexico is under cultivation; there
39
QUELQUES CHIFFRES
40
magne de l'Ouest. Alors qu'en 1940, 6 5 % des Mexicains vivaient à la
campagne et 3 5 % dans les villes, en 1960 la répartition était déjà
équilibrée. En 1980, lorsque le pays aura 72 millions d'habitants, les
pourcentages seront inversés.
Forte de 15 millions de personnes, la population active est à moitié
agricole. Les paysans cultivent 14 millions d'hectares, dont 2 580 000
de terres irriguées, et récoltent 44 millions de tonnes de produits,
principalement de la canne à sucre, du maïs, du blé, de la luzerne et
des haricots. Ils travaillent en outre 820 000 hectares de plantations:
caféiers, cocotiers, bananiers, cacaoyers, orangers, pommiers et autres
arbres fruitiers. Couvrant une superficie de 436 000 km2, les forêts
produisent pour leur part 3 millions et demi de m3 de bois et 100 000
tonnes de produits forestiers par an.
Le Mexique compte également de grandes installations avicoles — 57,5
millions de volailles (poules, dindons, canards et oies) — qui, entre
autres bénéfices, fournissent annuellement 3,2 milliards d'oeufs. Les
ruches donnent 17,5 millions de litres de miel. L'élevage compte 16
millions de bovins, 12 millions d'ovins, 3,5 de porcs, 2,5 de chevaux,
2,2 d'ânes, et 9,7 de caprins. Les principaux dérivés animaux sont
représentés par le lait (3 milliards 667 millions de litres), le fromage
(19 000 tonnes) et près d'un million de kilos de beurre. Qu'ils opèrent
en mer, en rivière ou en lac, les pêcheurs fournissent à leur tour
166 000 tonnes de quatre vingt douze espèces comestibles et 32 000
tonnes de produits industriels.
Pays aux très anciennes traditions minières, le Mexique apporta, avec
la Bolivie et le Pérou, la plus grande partie du numéraire qui servit à
consolider l'économie monétaire mondiale. Le pays continue à produire
de l'argent (1 300 tonnes par an), de l'or, du cuivre, du plomb, du zinc,
du graphite, du mercure, de l'arsenic, de l'étain, du fer, du manganèse,
du soufre et plusieurs autres minéraux, pour une valeur annuelle de
5 milliards 116 millions de pesos. Ses 134 gisements pétrolifères
— 4 720 puits — produisent 21,5 millions de m3 de pétrole brut et
15 millions de m3 de gaz. A ces combustibles s'ajoutent les ressources
énergétiques de 1 572 centrales électriques d'une capacité de production
de 5,9 millions de kw. Précisons que l'industrie minière emploie cent
quatre-vingt mille Mexicains tandis que l'industrie électrique compte
soixante-douze mille ouvriers.
remains another 4.5 per cent in reserve, consisting of uncleared lands
and other areas uninhabited because of their unhealthy climate. Once
again Mexico faces a challenge of colonization: it has both farmers
without land and land without farmers.
Today Mexico has a population of forty-six million, or double that of
1947 and triple that of 1910. The annual rate of population growth is
3.6 per cent—double the rate of Poland, five times that of France, and
six times that of West Germany. In 1940, sixty-five per cent of the
population lived in the country and thirty-five per cent in the cities; in
1960 the proportion was equal, and in 1980, when the country will
have seventy-two million inhabitants, the proportions of forty years
earlier will be reversed.
In Mexico, the economically active sector is made up of only fifteen
million people. Half of them cultivate 14,000,000 hectares of land, of
which 2,580,000 hectares are irrigated. These lands produce 44,000,000
tons of agricultural products, principally sugar cane, corn, wheat,
alfalfa, and beans. There are another 820,000 hectares of plantations,
groves, and orchards producing coffee, coconuts, bananas, cocoa,
oranges, apples, and many other fruits. Forests, which cover 436,000
square kilometers, annually supply 3,500,000 cubic meters of lumber
and 100,000 tons of forest products.
Many Mexicans earn their living through animal husbandry. The country
has approximately 57.5 million chickens, turkeys, ducks, and geese,
which produce 3.2 billion eggs annually, in addition to providing meat
and other by-products. Bees produce 17.5 million liters of honey a
year. There are 16 million head of cattle, 12 million sheep, 3.5 million
hogs, 2.5 million horses, 2.2 million donkeys, and 9.7 million goats.
The more important animal products include an annual production of 3.7
billion liters of milk, 19 thousand tons of cheese, and nearly a million
kilograms of butter. Fishing—in lakes, rivers and lagoons, as well as
on the open sea—brings in 166 thousand tons of 92 edible varieties of
fish and 32 thousand tons of fish products for industrial use.
Traditionally a mining country, Mexico—along with Bolivia and Peru—
FACTS AND FIGURES
Ce panorama du Mexique contemporain ne serait pas complet sans
l'étude des transports et des communications. Sur ses routes circulent
813 000 automobiles, 27 500 autobus et 409 000 camions. Le réseau
ferroviaire transporte annuellement 38 millions de passagers et 43
millions de tonnes de frêt. Nationales ou étrangères, les compagnies
d'aviation réalisent 114 000 vols par an et déplacent 3 487 000 person-
nes, tandis que les compagnies maritimes effectuent 14 500 entrées
et autant de départs. Enfin, 5 053 bureaux de poste distribuent, en
moyenne, 1,2 milliards de pièces à l'année.
L'importance des relations économiques entretenues par le Mexique
avec le reste du monde transparaît, entre autres, dans le volume de
son commerce extérieur. En 1966, les importations ont atteint 5 608 000
tonnes pour une valeur de 90 milliards de pesos et les exportations,
13 761 579 tonnes, soit 15 milliards de pesos. Les principaux produits
d'importation sont la machinerie, les machines-outils, le matériel élec-
trique et de transport, tandis qu'au chapitre des exportations figurent
en premières places les comestibles, les matières premières, les com-
bustibles et les lubrifiants minéraux, les articles manufacturés et les
produits chimiques. Les importations proviennent à 66% des Etats-Unis
et à 2 5 % de l'Europe, les 9% restants étant fournis par divers autres
pays. A leur tour 62,49% des exportations sont destinées aux Etats-
Unis; 13,86% à l'Europe; 11,07% à l'Asie; 8 , 7 1 % à l'Amérique centrale
et du Sud, le reste à l'Afrique et à l'Océanie.
has supplied a major part of the precious metals used in international
finance. The country's silver production has today stabilized at the rate
of 1,300 tons annually, and its total revenue from mining—including
silver as well as gold, copper, lead, zinc, graphite, mercury, arsenic, tin,
iron, manganese, sulphur, and other minerals—amounts to 5,116,000,000
pesos a year. The 4,720 wells of Mexico's 134 active oil fields produce
21.5 million cubic meters of crude oil and 15.7 million cubic meters of
natural gas. There are 1,572 electric power plants, whose total pro-
ductive capacity amounts to 5.9 million kilowatts. One hundred and
ninety thousand people are employed by the petroleum industry
and seventy-two thousand by the electric power companies.
In the fields of communication and transportation, much progress has
been made in recent years. There are approximately 813,000 auto-
mobiles, 27,500 buses, and 409,000 trucks in Mexico today. The railroads
transport a yearly total of 38 million passengers and 43 million tons
of freight. Mexican and foreign airlines fly 114,000 flights a year and
transport 3,487,000 passengers. Mexico's seaports handle 14,500 ships
annually. There are 5,053 post offices, which together handle an average
of 1.2 billion pieces of mail each year.
Mexico's relations with other nations are reflected in its foreign trade
statistics. In 1966, Mexico imported 5,608,000 tons of goods worth 20
billion pesos and exported 13,761,579 tons worth 15 billion pesos. Its
most important purchases abroad were machinery and machine tools,
electrical supplies, and transportation equipment. Sales abroad were
mostly foodstuffs, raw materials, mineral fuels and lubricants, manu-
factured products, and chemicals. Imports came mainly from the United
States (66 per cent) and Europe (25 per cent), with the remaining 9 per
cent from the rest of the world. Exports went principally to the United
States (62.49 per cent), Europe (13.86 per cent), Asia (11.7 per cent),
Central and South America (8.71 per cent), and the remainder to African
countries and Oceania.
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Le Canyon du Cobre: depuis les gouffres insondables jusqu'auxcimes balayées par le vent remonte l'écho grossi, hallucinant,du piétinement des Indiens tarahumara.
Le long des rives du lac de Chapala, le plus grand du pays, lemurmure apaisé de l'eau ajoute encore à l'immobile qualitédu silence.
In the Barranca del Cobre, wind sweeps over the cliff-tops andone hears the deep, many-leveled and hallucinatory echoes of thefootsteps of Tarahumara Indians.
Along the endless shores of Lake Chapala—the largest lake inMexico—the murmur of tranquil waters ruffles the grace andimmobility of its silence.
Sa cime hautaine apparemment perdue dans les nuages, le Popocatépetl," la montagne qui fume" , veille pourtant sur la ville.
Autrefois privilèges de quelques-uns, les champs de citrus sont aujourd'huipartout, offrant à chacun leur promesse d'acidité rafraîchissante.
Popocatépetl, the smoking mountain, timeless guardian of Mexico City. Itssnow-covered summit caresses the clouds, blending invisibly with them.
No longer limited to the needs of private growers, today the cultivation ofcitrus fruit is spread throughout the land—a refreshing promise to all.
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Les hommes apprennent à vivre en commun. Grands ensemblesd'habitation et cités ouvrières apportent une solution à l'ex-plosion démographique.
Des centaines de mains, de journées de travail ont été néces-saires pour arracher Palenque à l'emprise de la selva: prodi-gieuse renaissance du monde maya.
A housing unit, designed to resolve some of the problems posedby the population explosion. Man begins to learn the art ofcommunity living.
The jungle concealed Palenque. Hundreds of days and handsassisted in its rebirth—a brilliant, mute testimony to theglories of ancient Maya culture.
Dans la sierra de Bernal, le vent et les siècles ont écrit un âpre poème delumière, de défilés profonds, de sols et de roches tourmentés.
Sur le littoral et vers le sud, le paysage "se referme" sur la végétationexubérante. Puis, comme dit le poète, la jungle "apparaît".
A luminous mystery of the centuries and the wind, the Bernal sierra is filledwith a medley of bristling slopes, rocky crags and deep gullies.
In the South and along both coasts, the landscape—as poets say—"closes i n "with lush vegetation and the forest "looms up . "
L'urbaniste Luis Barragán a apporté couleur et gaieté à cequartier résidentiel qui, il a deux mille ans, disparut sousles laves noires du volcan Xitle.
Sur leur cours impétueux, les fleuves pénètrent la forêt dePalenque et ses secrets les mieux gardés pour, faroucheset muets, les engloutir avec eux dans la mer.
This hospitable setting of striking gardens and beautifulhomes, designed by architect Luis Barragán, was coveredtwo thousand years ago by lava from the Xitle volcano.
During their winding journeys, rivers penetrate the junglenear Palenque and discover its secret, carrying this withthem on their descending way to the sea.
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Tulúm, élevé par les Maya au sommet d'une falaise. Forte de son passélégendaire, sa blanche silhouette tient tête à la voracité de la mer Caraïbe.
Tulum, a ceremonial center built on the heights of a cliff. Legacy of a Mayanpast, its majestic beauty today confronts an implacable Caribbean Sea.
Plus vite, plus loin, vers les quatre points cardinaux. Distances et frontièresabolies, tous sont invités à prendre part au voyage.
A link with all countries—faster and farther to all four cardinal points.Distances and frontiers are nullified, and everyone is welcome.
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Généreuse mission que celle du barrage de El Infiernillo: donner à l'hommela lumière et étancher la grande soif de la terre.
Principes générateurs de la topographie mexicaine, les chaînes de montagnesalignent leurs formidables échines d'un océan à l'autre.
Water's generous mission at Infiernillo Dam: bringing light to man andquenching the earth's gigantic thirst.
Origin and essence of Mexico's topography, these mountains stretch fromborder to border in waves of skyscraping ranges.
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Au long des autoroutes qui sillonnent le pays d'un extrême à l'autre, levoyageur trouve tous les paysages, tous les climats, toutes les saisons.
Pays de contrastes. Le nopal préfigure le désert, les pins la verdeur deshauts pâturages: mariage du soleil qui assoiffe et de l'ombre qui désaltère.
Along roads and highways extending from one end of the country to theother, the traveler passes through myriads of landscapes, climates and seasons.
Land of extremes. The cactus brings us close to the desert, the pineforests to the cold regions—a concord of sun and protective shade.
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Sous les nuages amoncelés s'alignent à perte de vue les agaves acérésdont le nectar cascadera bientôt son joli nom liquide: Tequila.
Nom: Paricutín. Domicile: Michoacán. Date de naissance: 1943. Ses lavesmeurtrières ont desséché la terre qui cependant retrouvera sa fécondité.
In sun-gilded fields, under seas of clouds, rise endless lines of agaveswhose liquid will soon take on that pleasant name: tequila.
Name: Paricutín. Place: state of Michoacán. Date: 1943. That year its lavasilenced the land, which one day will find new life in its enriched soil.
San Cristóbal se chamarre des couleurs de l'Espagne. Ocre des tuiles, blancdes murs, bigarrure des patios où jamais ne décroît la rumeur de la fête.
Chargé de tous les parfums de l'Orient, le temps est revenu vers lesrivages dorés de Puerto Vallarta pour y savourer la perfection de l'instant.
San Cristóbal de Las Casas recreates a small corner of Spain—red tiles,white walls, and patios that offer the promise of a continuing fiesta.
Paradise on earth—Puerto Vallarta. The time spent by galleons sailing to theEast it recaptured here in the clear perfection of the moment.
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Avec les Espagnols vint le blé. Généreuse, la terre mexicaine l'accueillit,l'adopta, le fit sien. Les jeunes épis frémissent dans le vent.
Qu'elle conduise à la mer ou dans le secret d'un mouillage tropical, lapromenade sur la lagune de Santecomapan s'émaille de sortilèges.
Wheat was brought to Mexico by the Spaniards, and the land received itand made it hers. The wind caresses the budding, golden stalks.
Whether it leads to the sea or reaches some tropical secret, a journeyalong the Santecomapan lagoon is inevitably wrapped in magic.
L'eau est conquise, les barrages l'ont domptée, l'homme s'est concilié lanature et de cette heureuse alliance est née la lumière.
Trente-deux mètres de diamètre. Trois cents tonnes. Depuis Tulancingo, leMexique et son antenne parabolique dialoguent avec le reste du monde.
Water is harnessed, the number of dams increased, man is inwith nature, and—in this happy accord—light is born.
Thirty-two meters in diameter, three hundred tons. This parabolic a nTulancingo links Mexico with satellites and the rest of the world.
Xochimilco: " l ieu planté de fleurs" en langue náhuatl. Jardin flottantsillonné de canaux où le dimanche évoluent les gracieuses "trajineras".
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In Náhuatl, Xochimilco means " the place of the flowers." Each day becomes aSunday as "trajineras" glide along the placid canals of these floating gardens.
2 LE REVEIL DU PASSE SALVAGING THE PAST
Pays jeune, le Mexique est pourtant habité depuis les temps les plus
reculés. Les découvertes archéologiques, fruits du hasard ou de la
recherche, ont permis de définir les différentes étapes de son passé,
de les classer scientifiquement et de transformer ainsi peu à peu le
mythe en histoire. Sachant qu'il est impossible de comprendre le
présent et de construire l'avenir sans la notion de continuité historique,
les Mexicains s'efforcent de retrouver et d'assimiler ce sens du devenir.
Les ouvriers installant les égouts de la capitale dans la gorge de Te-
quixquiac découvraient, le 4 février 1870, un sacrum de lama sculpté en
forme d'animal auquel la datation au carbone 14 attribua un âge
minimum de 11 ou 12 000 ans, avec une marge possible de 3 à 4
milliers d'années supplémentaires. Cet ossement, que les spécialistes
considèrent comme le vestige le plus ancien de la présence humaine
en Mésoamérique, a été trouvé dans des strates du pléistocène parmi
d'autres objets et ustensiles ayant une fonction à la fois esthétique
et utilitaire.
Although a young nation, Mexico has long been a dwelling place of man.
Chance and determined effort have at times combined to bring about
discoveries which have made it possible to trace archaeological periods
and establish the nature of times past. Data is processed by investigators
using modern research methods, with the result that over the years a
national awareness has emerged from the realms of mythology to take
on precise historical perspective. It is as impossible to understand the
present as to chart the future if a sense of historical continuity has
been lost. To explore the past, and in some cases reconstruct it,
has been a slow and never-ending process for Mexican archaeologists.
On February 4, 1870, during the course of work on the Tequixquiac Cut
of the Great Drainage Canal, the sacral bone of a Ilama that had been
worked in the shape of an animal figure was unearthed. Recent
Carbon 14 tests have placed the minimum age of the artifact at eleven
to twelve thousand years, and quite possibly three or four milleniums
more. This bone, which experts consider the earliest evidence of man's
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L'une des plus anciennes manifestations artistiques de l'homme mésoaméricain,ce sacrum de lama fut sculpté il y a près de douze mille ans.
One of the most ancient human artifacts yet found in Mesoamerica, this head-like form was carved from the sacrum of a Ilama 12 thousand years ago.
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Nouvelle et passionnante découverte, il y a vingt-quatre ans. Lors de la
construction d'un hôpital à Tepexpan, près de Mexico, un maçon mit à
jour des os de mammouth fossilisés datant de près de 8 000 ans.
A côté du crâne on découvrit un fragment d'obsidienne qui avait ap-
paremment servi à tuer l'animal, ce qui permit de supposer la présence
de l'homme dans la région depuis cette époque très reculée. Hypothèse
qui devint certitude lors de la découverte du squelette dit, à tort, "Hom-
me de Tepexpan", puisque des recherches ultérieures révélèrent qu'il
s'agissait d'une femme sexagénaire. Peut-être cette femme appartenait-
elle à une tribu installée en ces lieux après un long voyage commencé
10 000 ans plus tôt au-delà du détroit de Behring?
Le passage de l'état nomade à la vie sédentaire ne se fit qu'avec la
découverte de l'agriculture. Si l'Europe a vu naître la civilisation du
blé et l'Asie celle du riz, en revanche le maïs fut le principe vital
du Nouveau Monde. Doublement vital puisque, contrairement aux pri-
mitifs des autres continents, l'homme américain se consacra à la
conquête du règne végétal avant celle du règne animal.
La création des villages ayant favorisé une abondance et une sécurité
relatives, l'artisanat et le commerce se développèrent. D'abord assez
limités, les échanges s'étendirent peu à peu à des tribus géographique-
ment et ethniquement éloignées. Un heureux hasard a mis en évidence
l'importance de ce troc. En 1940, l'expansion de la capitale ayant con-
sidérablement accru la demande de matériaux de construction, de nom-
breuses briqueteries furent édifiées aux alentours de la ville. Sur l'em-
placement de l'une d'elles, à Tlatilco, on trouva des objets attestant un
commerce intensif entre des peuples aussi éloignés que ceux du Pérou
et du sud du Canada et, dans la région, des figurines représentant selon
l'historien Miguel Covarrubias "des personnages obèses, aux traits nota-
blement mongoloïdes, à la bouche épaisse et maussade": les Olmèques.
Une patiente et périlleuse campagne de fouilles permit à Covarrubias
de localiser les villes olmèques du golfe du Mexique, dont ne subsistent
que des sculptures: quelques têtes monumentales taillées dans le
basalte et des statuettes aux dimensions moins impressionnantes mais
tout aussi révélatrices. Citons à titre d'exemple cette figurine repré-
sentant un homme nu, gras et chauve, sur le ventre duquel le sculpteur
a gravé un chiffre qui, transposé dans le calendrier grégorien, indique
la date de 98 av. J.-C. L'astronomie et la chronométrie comptèrent en
presence in Mesoamerica, was found in a Pleistocene level along with
other artifacts that combined utility with artistic design.
In 1945, during the construction of a hospital in Tepexpan, near Mexico
City, a workman uncovered large fossil bones which were identified
as those of a mammoth. A chipped obsidian stone bearing evidence of
human use was found lying beside the skull, which permits the reasonable
supposition that man not only existed in the proximity of mammoths
but also hunted them. This theory was substantiated by the discovery
of the bones of the so-called Tepexpan Man—although the skeleton is
actually that of a sixty-year-old woman. She may have belonged to a
tribe which halted at that place in its long wanderings, begun some ten
thousand years earlier at the Bering Strait. However, the transition from
a nomadic to a sedentary life did not take place until the development
of agriculture. Civilizations in the Americas were based on maize, in
contrast to those of Europe, where wheat has been the main crop, and
of Asia, where rice is the staple. Another differentiating characteristic of
the ancient Americans was their domestication of plants, while men
of other continents concentrated on the domestication of animals.
The earliest farmers gathered in villages where, in an environment of
relative plenty and safety, the first crafts and a primitive system of com-
merce were developed. Barter, initially restricted to limited areas, was
gradually extended to contacts with tribes of different origins and
customs. The extent of this early commerce was also discovered ac-
cidentally. In 1940, several new brickyards were established on the
outskirts of Mexico City to meet an increased demand for building
materials. At one of these sites, in Tlatilco, artifacts were discovered
which revealed that a substantial amount of trade had taken place
between tribes as distant as southern Canada and Peru. In this same
location, figures were found depicting—to quote Miguel Covarrubias—
"stout-bodied persons with extraordinary Mongoloid features and thick,
scornful lips." These people were the ancient Olmecs.
After a hazardous and intensive search along the Gulf of Mexico's
coastal plain, Covarrubias located the only remains of the Olmec cities:
huge basaltic heads and a great number of statuettes which, though
less impressive, have helped to unmask a small part of this mysterious
culture. One of these, for example, portrays a bald and pudgy naked man
on whose stomach the artist engraved glyphs which, when converted to
effet parmi les activités les plus anciennes et les plus fécondes de
l'homme précolombien. En dépit des nombreuses découvertes faites
dans la région marécageuse de l'Etat de Tabasco, les Olmèques sont
loin d'avoir livré tous leurs secrets aux archéologues. On ignore leur
origine et aucun témoignage n'a permis de reconstituer leur évolution.
Néanmoins, certains savants n'hésitent pas à leur attribuer l'invention
du papier, de l'écriture, des sceaux, du ciseau, et à en faire la culture
mère de toutes les civilisations précolombiennes du Mexique.
Les diverses tentatives d'implantation des tribus préhispaniques con-
vergèrent finalement dans la vallée centrale de Teotihuacán, où furent
édifiés d'immenses pyramides et des palais reliés entre eux par de
grandes avenues pavées et dotées d'un système de drainage. Les
vestiges de cette civilisation permettent d'apprécier son luxe raffiné,
la complexité de son art et de sa pensée, le haut degré d'habileté de ses
artisans et aussi le respect accordé, pour ses connaissances ésotéri-
ques, à la caste sacerdotale. Dès l'abandon de Teotihuacán, la nature
reprit ses droits, les temples disparurent sous la végétation et les
travaux de restauration, commencés au début du siècle, ne sont pas
encore terminés.
Toutefois, le site n'a rien perdu de sa splendeur. Un spectacle son et
lumière y est régulièrement présenté sur les pyramides: celle du Soleil
(224 mètres de côté à la base et 65 mètres de haut) et celle de la Lune,
un peu moins élevée (42 mètres), dont l'assise rectangulaire mesure
120 sur 150 mètres. Le commentaire explique le mythe indigène selon
lequel les dieux se rencontraient en ces lieux pour élire celui qui,
sacrifié, deviendrait le nouvel astre de vie. Rappelons en outre la céré-
monie de réception du Flambeau olympique symboliquement célébrée à
Teotihuacán pour exprimer l'espérance en la survie de l'humanité.
A des centaines de kilomètres au sud-est de Teotihuacán s'épanouit en
pleine forêt la civilisation des Maya, dont on a retrouvé des centres au
Honduras, au Guatemala et dans la région du Chiapas. A son apogée,
cet empire comptait trois millions de sujets unis par les mêmes concepts
religieux, scientifiques, artistiques, techniques et politiques. Uaxactún,
Tikal, Quiriguá et Palenque, dont les édifices ont résisté à l'âge, à
l'érosion et à la voracité de la jungle, témoignent encore de l'opulence
de cette culture dont les hiéroglyphes cèlent jalousement les secrets.
Quelles étaient les croyances des Maya? Leurs aspirations? Autant
our own calendar, give a date of 98 B.C. Astronomy and the calculation
of time were among the most ancient and highly developed sciences of
Mesoamerican man. Despite the great number of archaeological sites
discovered in the swamplands of Tabasco, the Olmecs remain an enigma.
Their origin is unknown, and researchers have been unable to recon-
struct their history. Many authorities, however, attribute to them the
invention of paper, writing, incised seals, and the chisel. The Olmec
culture was apparently the mother culture.
In the course of centuries, the many scattered attempts at settlement
over a large territory began to center around Teotihuacan. Its inhabitants
built huge pyramids and a series of palaces connected by broad, paved,
and well-drained avenues. At this site it is still possible to admire the
refined achievements of a wealthy society—a maze of artistic and intel-
lectual complexity—and sense the recognition accorded the builder's
skill and the reverence in which the esoteric knowledge of the priest-
hood was held. When Teotihuacan was abandoned, nature reclaimed the
site; sand and brush covered many of the structures. But beneath
the mounds the temples remained, and a series of excavations begun
at the beginning of the present century are still in progress.
Although not completely restored, the splendor of Teotihuacan is still
in evidence today. At the Pyramid of the Sun (which is 65 meters
high and 224 meters along its bases) and the Pyramid of the Moon
(which is 42 meters high and 150 meters along its bases), a "light-and-
sound" program is presented nightly. Audiences hear a recital of the
Indian legend which speaks of Teotihuacan, the meeting place of
the gods, as the site where a divinity was chosen for sacrifice and
transfiguration into a guardian star. In 1968 the Olympic Flame, symbol-
izing mankind's universal hope for a better future, was received at this
ancient ceremonial center.
Hundreds of kilometers to the southeast, amid tropical jungles, the
Maya civilization flourished during a period contemporary to that of
Teotihuacan. The cities of the Old Empire are located in Honduras,
Guatemala, and the Mexican state of Chiapas. At the height of their
prosperity, their combined populations totaled three million people
united by a common religion, science, art, culture, and political system.
Uaxactún, Tikal, Quriguá, and Palenque have resisted the ravages
of time and the jungle, and the astonishing ruins bear witness to their
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d'inconnues que seul le décryptage des stèles et bas-reliefs permettra
de résoudre. Et aussi quelle fut la catastrophe, l'irrésistible impulsion
qui força ce peuple à abandonner à la forêt le fruit de tant d'efforts?
L'exceptionnelle importance accordée par les Maya aux disciplines as-
tronomiques explique le nombre d'observatoires retrouvés dans leurs
villes. De la contemplation du ciel naquirent les mathématiques qui,
appliquées principalement à la mesure du temps, permirent à leur tour
de pratiquer l'agriculture. Les Maya avaient ainsi créé un calendrier
d'une extrême précision suivant lequel l'année était divisée en 18 mois
de 20 jours complétés d'une période de cinq jours. De plus, un réa-
justement similaire à notre année bissextile — mais encore plus
strict puisqu'il était de l'ordre du dix millième de jour — avait lieu
périodiquement. Cette structure complexe reposait sur le zéro qui fut
inventé par les Maya bien avant que les Arabes ne le transmettent aux
savants européens. Le temps fut emprisonné dans un réseau numéri-
que s'étendant sur 23 millions d'années. Loin d'être une abstraction vide
de sens, il était le véhicule même de la vie: le passé, le présent et le
prévisible étaient inscrits dans la pierre à l'aide de signes décoratifs
mais aussi profondément symboliques.
L'archéologie nous renseigne abondamment sur la vie des Maya, en
particulier sur le caractère âpre et féroce de leurs batailles, le faste
avec lequel ils commémoraient leurs victoires et le luxe de leurs palais.
Découvertes en 1946, les peintures murales de Bonampak sont peuplées
de prisonniers torturés et implorants, de victimes immolées et de
glorieux capitaines. Pour reprendre l'image du poète Xahil, l'armée
était le linteau de pierre sur lequel reposait le gracieux édifice de la
cour, où des hommes blasés et des femmes d'une beauté insolente se
divertissaient de la cruauté des vainqueurs et de la douleur des vaincus;
sans oublier les vieilles femmes gourmandes, les esclaves à genoux, les
musiciens et les officiants... L'harmonie de la composition, la variété
des personnages, la richesse des coloris et la précision du détail font
de ces fresques un chef-d'oeuvre doublé d'un précieux document.
Non moins intéressantes, les recherches entreprises en 1949 dans le
temple des Inscriptions de Palenque mirent à jour une somptueuse
chambre mortuaire où dormait, depuis plusieurs siècles, un homme
d'âge mûr dans un sarcophage de pierre pesant un peu plus de
vingt tonnes.
wealth and splendor. But most Maya hieroglyphs have defied interpreta-
tion. When their secrets are unlocked, the religious beliefs of the Maya,
their customs, and the catastrophes that finally dispersed them will
become known. It is difficult to believe that the product of so much
accumulated human effort could have been abandoned to ruin except
as the result of some cataclysmic event.
The most important feature of all Maya cities is their astronomical
observatory. Their knowledge of mathematics evolved from the study
of the heavens, which was focused primarily on the calculation of time,
an important factor in agriculture. The Maya developed a calendar of
eighteen twenty-day months, with five extra days each year. Accuracy was
maintained by periodical adjustments similar to our present leap year
system, but with a tolerance of only one ten-thousandth of a day. The
basis of this complex mathematical structure was the concept of zero,
which the Maya grasped long before the Arabs passed it on to European
scholars. Time—the fugitive—was trapped by the Maya in a mathematical
net whose calculations covered 23 million years. But time was not an
empty abstraction. It was the vehicle of life, and everything that
happened—past, present, and predictions of the future—was carved
on stone stelae in symbols which also had a decorative function.
Archaeology also gives us records of the ferocity and severity of
Maya battles, of victory celebrations, and the pomp and ceremony
of court life. All of this is preserved at Bonampak in the murals
discovered in 1946, which in addition tell of victorious generals, tortured
prisoners, and sacrificial victims. The army is depicted, in what might
well have been a description by the poet Xahil, as the lintel support-
ing the graceful structure of the court, with its cultured courtiers
and elegant women, secure in their beauty and high position, looking
down on the cruelty of the victors and the agony of the conquered.
There are other scenes showing old women at the banquet table,
kneeling slaves, musicians, and court officials. The harmonious composi-
tion of the murals, their balanced design and variety of figures, as well
as the rich coloring and minute attention to significant detail make
Bonampak both a monument and a superb historical record.
Up to the present time, nothing finer has been unearthed than
the Maya Temple of the Inscriptions at Palenque, discovered in
1949. Inside it, in a magnificent burial crypt, are the remains of a mid-
Les grands centres religieux et les petits villages de l'Ancien Empire
maya furent ensuite désertés au profit de Chichén-ltzá, une nouvelle ci-
té construite loin de la forêt sur la péninsule aride et inhospitalière du
Yucatán. Dans cette région les rivières — toutes souterraines — sont
alimentées par des pluies abondantes dont les eaux s'infiltrent dans la
roche calcaire. Dans les dépressions, les nappes cachées affleurent à la
surface sous forme de puits naturels, les "cenotes", autour desquels les
Maya édifièrent leurs cités, Chichén-ltzá entre autres. Quelques années
après sa création, cette ville fut abandonnée pour des raisons inconnues
et ses 75 000 habitants s'en allèrent bâtir ailleurs. Lorsque leurs des-
cendants revinrent quatre siècles plus tard, les eaux étaient saumâtres
et le "cenote" devint lieu sacré où l'on jetait offrandes et victimes.
La légende a quelque peu embelli ces sacrifices propitiatoires offerts
aux divinités de la pluie. De plus, les premières fouilles ayant été plus
orientées vers la "chasse aux trésors" que vers les exhumations histo-
riques, on ne possède pas les pièces maîtresses du puzzle de cette
grande civilisation qui, par l'abondance de ses vestiges, l'étendue de
son territoire et le nombre de ses énigmes, est sans doute unique sur
le continent américain.
Pendant ce temps, dans la vallée de Mexico, se poursuivait le brassage
des peuples et des civilisations. A la culture de Teotihuacán succéda
celle des Toltèques, si raffinés que leur nom devint synonyme d'artiste.
Tula, leur capitale aux gigantesques atlantes de pierre ne fut retrouvée
qu'en 1943. On leur doit également Cholula, où les Espagnols construi-
sirent une église catholique sur l'emplacement de chacun des trente-
neuf temples et adoratoires indigènes. Ce peuple fut supplanté à son
tour par les Aztèques, les plus dynamiques et les plus agressifs des
Indiens mésoaméricains qui, sur une île du lac de la vallée de Mexico,
édifièrent la grande Tenochtitlan dont l'hégémonie s'étendit sur la
majeure partie du Mexique et déborda même ses frontières actuelles.
Obéissant à des impulsions essentiellement religieuses, les Aztèques
instituèrent une civilisation guerrière et affermirent leur puissance par
une intense activité commerciale.
MEXICO: SITE ARCHEOLOGIQUE INEPUISABLE
La très grande et très célèbre Tenochtitlan a subi de nombreuses
dle-aged man in a stone sarcophagus weighing more than twenty tons.
The great ceremonial centers and small villages of the Old Empire were
left deserted when the Maya moved to the north and began to build
Chichén Itzá, a site far from the jungle on the harsh and arid Yucatán
Peninsula. Here there are no rivers, only subterranean streams fed by
heavy rains that filter down through the porous limestone. In some of
the sinks, hidden currents have carved natural wells called "cenotes,"
around which Maya cities were usually built. The early inhabitants of
Chichén Itzá obtained their water from a large circular "cenote." A
few years after the city was founded, it was abandoned for unknown
reasons. Its 75,000 inhabitants wandered to distant places, and when
they returned four hundred years later the water was no longer potable.
The well was then designated a sacred site into which offerings and
sacrificial victims were thrown.
Legend has magnified the richness and splendor of these sacrifices to
the rain gods. Centuries later, numerous research teams were spurred
on more by a desire to find treasure than to advance scientific
knowledge. As a result of this looting, many important clues to the
puzzle of Maya archaeology have been irretrievably lost. In its richness
and territorial extent, and in the importance of the secrets it stub-
bornly conceals, this great cultural horizon cannot be matched by any
other in the Western Hemisphere.
At this point in history, several cultures in the Valley of Mexico were
subjugating others, later either assimilating or mixing with them. The
people of Teotihuacan were followed by the Toltecs, whose name became
synonymous with artistry. Their capital was Tula, a once-lost city redis-
covered in 1943, which is characterized by a series of gigantic carved
stone columns, or caryatids. Another of their great achievements was
Cholula, a city-state where the Spaniards later erected thirty-nine
Christian churches to replace the equal number of Indian temples and
places of worship that they destroyed. The Toltecs were in turn suc-
ceeded by the Mexica, the most vigorous and aggressive of all the
pre-Columbian peoples of the Mesoamerican world. On an island in the
Great Lake of the Valley of Mexico they built Tenochtitlan, a city of
avenues and canals, whose people would eventually extend their domain
over a large portion of the present territory of Mexico and, at times,
even beyond its borders. The creative force that inspired this great
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74
métamorphoses au cours des temps. Installée sur une immense zone
archéologique, elle n'a cessé de croître sans pour autant renier son
passé. Les travaux d'excavation entrepris pour l'établissement de fon-
dations, de canalisations, de tunnels ou de passages souterrains sont
en effet exécutés sous la double supervision de l'entrepreneur et de
l'archéologue. A l'aide d'instruments délicats, ce dernier explore, sauve,
identifie et classe les données historiques qui bénéficient ainsi directe-
ment des progrès du modernisme.
Le plus important ensemble résidentiel de Mexico a été construit sur
l'emplacement d'un ancien quartier indigène, dont le marché rassemblait
jusqu'à 60 000 personnes occupées à "des tractations de vente et
d'achat", selon le témoignage d'Hernán Cortés qui affirmait aussi que
le "tianguis" de Tlatelolco était "deux fois plus grand que la ville de
Salamanque." Les négoces s'y faisaient en gros et au détail. Des
régions les plus éloignées de l'empire aztèque ainsi que de ses ter-
ritoires limitrophes arrivaient mille merveilles fort recherchées pour leur
rareté et leur exotisme. Les puissants seigneurs y achetaient de quoi
pourvoir leur table et leur demeure. Leurs femmes s'y procuraient des
fards, des tissus et des bijoux délicats, tandis que les gens du peuple
marchandaient les accessoires et denrées indispensables à leur vie de
tous les jours. Quant aux esclaves, ils faisaient eux-mêmes l'objet d'un
commerce, gagnant ou perdant leur liberté en échange des quelques
graines de cacao ou de quelques aunes de toile qui faisaient alors
office de monnaie. Enfin, les querelles provoquées par les abus d'un com-
merçant ou la malhonnêteté d'un acheteur étaient arbitrées sur place par
un tribunal qui imposait immédiatement amendes et châtiments.
Située au coeur même de Tlatelolco, la Place des Trois Civilisations
présente une saisissante juxtaposition des trois grands chapitres de
l'histoire du pays: l'univers indigène représenté par les vestiges d'une
pyramide; l'époque coloniale avec l'église Santiago Apóstol et le monde
contemporain symbolisé par les hautes silhouettes des gratte-ciel de
béton et de verre qui entourent le ministère des Affaires étrangères.
Les habitants du village de Xochimilco, voisin du parcours olympique
d'aviron, pratiquent depuis des siècles un original système de culture
intensive qui favorisa l'essor de cette zone lacustre. Sa principale
caractéristique, la "chinampa" ou jardin flottant, est un terrain arti-
ficiel reposant sur une structure à pilotis dont la longueur peut varier,
civilization was primarily a religious one, but its most obvious manifesta-
tions were military, and it relied on the development and extension of
trade to maintain its supremacy.
The great and ancient city of Tenochtitlan has undergone many changes
during its long history. Today it is known as Mexico City, the capital of
Mexico. Although it is built on an important archaeological site, the city
has not been fettered by the past; however, its noise and bustle are
not to be interpreted as neglect or forgetfulness of past eras in deference
to current progress. The ground is being continuously excavated to
build new structures, lay sewer lines, open tunnels, and construct traffic
underpasses. But at each of these sites there is always an archaeolo-
gist on call with delicate instruments to examine, claim, and protect
national treasures. Thus, owing to the demands of contemporary
living, the historical horizon is constantly being widened by new
discoveries and enriched with new details.
The city's largest housing development is built on the site of an old
quarter of the Aztec city in whose plaza as many as 60,000 people
once, in the words of Hernán Cortés, "gathered to buy and sell." He
also reported that this market at Tlatelolco was "twice the size of the
city of Salamanca." It was both a wholesale and a retail market, and
to it were brought the produce of the soil, the fish from the lakes and
the sea, and manufactured goods, as well as artistic creations from every
region of the Aztec Empire and its tributary and neighboring nations.
Prices were determined by the scarcity of an article or the distance of
its place of origin. Great lords furnished their houses and filled their
tables with the finest wares and food, while their women purchased
richly-embroidered cloth, exquisitely-worked jewels, and a wide variety
of cosmetics. The lower classes bargained for articles to satisfy their
household needs. Slaves, who were also articles of trade, were ex-
changed for cocoa beans or the cotton cloth that then passed for
currency. Disputes involving transactions were judged on the spot by
a special court which heard evidence and handed down judgments.
Order and discipline, the pillars of Aztec greatness, were also evident
in their commercial activities.
MEXICO CITY: ENDLESS ARCHEOLOGICAL TREASURE
mais dont la largeur est toujours la même afin d'assurer une pénétration
uniforme de l'humidité. Pour obtenir un niveau constant, on leste la
plate-forme avec de la boue tirée du fond du lac, cet humus assurant
un rendement comparable à celui des cultures en laboratoire. Seule
technique précolombienne qui ait survécu sans modification sensible,
la "chinampa" aide — avec les canaux de Xochimilco, ses barques, ses
arbres, ses fleurs et ses légumes — à reconstituer l'ancienne physiono-
mie de la capitale aztèque.
Comme le précise le titre de ce chapitre, Mexico est une vaste réserve
archéologique. Lorsqu'en 1790 la municipalité décréta le pavage de sa
place centrale, les terrassiers découvrirent un gigantesque monolithe,
le Calendrier aztèque ou Pierre du soleil, qui est sans doute le plus
impressionnant et le plus complexe témoignage graphique de cette
civilisation. Partiellement déchiffrées par le fameux historien mexicain
Antonio León y Gama, les données astronomiques et chronométriques
qu'y ont sculptées les artistes précolombiens font encore l'objet de
recherches spécialisées.
Ce monument est devenu l'un des symboles du peuple mexicain. Figurant
déjà sur les billets de banque d'un peso, les pièces d'or et d'innom-
brables produits artisanaux, il est aussi devenu l'emblème du Comité
organisateur des Jeux de la XIX Olympiade. Il est aujourd'hui conservé
dans la salle Aztèque du Musée national d'Anthropologie, splendide
édifice spécialement construit pour rassembler, préserver et exposer
le patrimoine artistique du pays. Pesant vingt-quatre tonnes et mesurant
près de quatre mètres de diamètre, ce monolithe a dû être transporté
sur une remorque spéciale. Véritable exploit qui pourtant a été renouvelé
lors de la construction d'une route et d'une gigantesque plate-forme
tirée par deux tracteurs pour la mise en place sous une averse — cu-
rieuse coïncidence — des 168 tonnes du dieu de la pluie, Tláloc.
Situé au sud de Mexico près des bâtiments de l'Université, le quartier
du Pedregal correspond aux zones archéologiques de Copilco et de
Cuicuilco. Les fouilles effectuées dans ces deux centres cérémoniels,
qui en l'an 11 avant J. C. furent ensevelis sous la lave, ont mis à jour
des pyramides ainsi que de nombreuses pièces archéologiques parmi
lesquelles des poteries du plus haut intérêt.
Le deuxième centre d'enseignement supérieur de Mexico, l'Institut
Today, the Plaza of the Three Cultures at Tlatelolco symbolizes the
three great influences in Mexican history: the Indian, represented by
the ruins of a pyramid; the Spanish, by the Church of St. James the
Apostle; and the present, by the slender modern tower housing the
Ministry of Foreign Affairs.
The new Olympic Canal for Rowing and Canoeing is near the village of
Xochimilco, whose inhabitants for centuries have practiced a unique
form of agriculture which brought prosperity to their lake community.
On the shallow lake bed they constructed their "chinampas"—artificial
gardens built on soil-covered rafts which became anchored to the
lake bottom by roots and stakes. The "chinampas" varied in length but
were always narrow in order to allow water to seep in from both sides.
The yields thus produced were as high as those obtained in many
modern botanical laboratories. The construction and use of the "chi-
nampa" is the only pre-Columbian technique that has remained sub-
stantially unchanged down to the present time. The canals at Xochimilco,
with their gaily-decorated boats and with cypresses delimiting the
flower and vegetable plots, offer a glimpse of what the ancient Aztec
city must have once been like.
It is hardly possible to take a step in Mexico City without walking over
still undiscovered or unexplored archaeological sites. In 1790, when the
authorities undertook the paving of the Zócalo, workmen came across a
giant monolith—which later became known as the Sun Stone or "Aztec
Calendar"—undoubtedly the most impressive and complex glyphic stone
monument produced by the Aztecs. The design on the carved face gives
important information about Aztec astronomy and computation of time.
The famous Mexican historian Antonio León y Gama attempted to
decipher the stone, but he was only partly successful, and today
archaeologists are still at work on the task.
Recognized throughout the world, the Sun Stone is the best known of
the ancient Mexican monuments. It is displayed on one-peso banknotes,
gold coins, and many Mexican curios, and was chosen by the Organizing
Committee for the emblem of the Games of the XIX Olympiad. The
Aztec Calendar occupies the place of honor in the Mexica Room at
the National Museum of Anthropology, a huge structure specially
designed to house and exhibit the great treasures that have been
salvaged from Mexico's past. Almost four meters in diameter and
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polytechnique national de Zacatenco, a été créé à trente kilomètres au
nord de la ville dans une région occupée aux premiers siècles de
notre ère par une tribu sédentaire. Près du quartier industriel de Nau-calpan se trouve un autre site archéologique, Tlatilco, dont les figu-rines aux innombrables coiffures ont aidé à reconstituer les moeurs de
la riche communauté agricole qui l'habita il y a 1 500 ans. Sur l'empla-cement d'Atzcapotzalco, l'une des principales seigneuries de l'ancienne
vallée de l'Anáhuac, a été construite une raffinerie de pétrole. Enfin,au centre même de la ville, on voit encore les restes du grand temple
aztèque dont l'un des escaliers subsiste toujours dans les sous-sols
d'un immeuble de bureaux. Devant la multiplicité de ces vestiges,
l'archéologue peut, sans forfanterie mais avec gratitude, s'écrier com-
me Picasso: "Je ne cherche pas, je trouve."
En dépit de leurs splendides édifices, de leurs mathématiques complexes
et de leur passé millénaire, les peuples précolombiens ne parvinrent
pas à surmonter les obstacles créés par leur retard technologique:
ignorance de la roue, manque de bêtes de somme et insuffisance des
techniques métallurgiques, dans de nombreux cas limitées aux travaux
d'orfèvrerie. Les Mixtèques et les Zapotèques de l'Etat de Oaxaca se
distinguèrent particulièrement dans ce domaine. En 1932 fut découverte
la tombe No. 7 de Monte Albán, la plus riche des 170 sépultures de ce
centre cérémoniel voisin de Oaxaca: neuf individus, dont le plus jeune
âgé de 16 ans et le plus vieux déjà sexagénaire, y avaient été réenterrés;
l'absence d'armes dans le tombeau laisse supposer qu'il s'agissait de
prêtres et non de rois ou de chefs militaires. Les bijoux y étaient si
nombreux qu'ils occupent aujourd'hui une salle entière du musée de
Oaxaca: parures d'or mais aussi de pierres précieuses, d'os gravé et
de perles de l'océan Pacifique, dont une a la taille d'un oeuf de pigeon
et pèse 23 carats. Renfermant sans aucun doute des richesses identi-
ques, les autres tombes furent malheureusement pillées avant que les
archéologues n'entreprennent des fouilles systématiques.
Orfèvres émérites, les habitants de l'Amérique moyenne ne travaillaient
cependant pas les métaux durs et lorsque les Tarasques du Michoacán
commencèrent à façonner des objets de cuivre, il était déjà trop tard:
les conquistadores espagnols débarquaient sur les côtes. C'est en effet
weighing twenty-four tons, the stone required a special trailer to
transport it to its present site. This feat of transportation was surpassed
only by a similar effort involving a 168-ton stone idol of the rain god
Tlaloc, for which it was necessary to build a reinforced roadbed and
use two outsized tow trucks. Although the idol was moved to Mexico
City during the dry season, by a strange coincidence the last stage of
the transfer took place in a heavy downpour.
The archaeological sites of Copilco and Cuicuilco, which were buried
under a lava flow around 11 B.C., are located on the southern edge
of the capital, near the campus of the National University of Mexico.
Today, these sites of ancient pyramids—centers of important cultures—
continue to yield significant anthropological and ceramic discoveries.
The National Polytechnic Institute, one of Mexico's two greatest institu-
tions of higher learning, is located at Zacatenco, some thirty kilometers
north of the National University on lands which were inhabited by
an agricultural tribe during the first centuries of the Christian Era.
Naucalpan, an industrial sector of Mexico City, today spreads over the
site of ancient Tlatilco, whose ceramic ware depicts the daily life of a
prosperous farming community which tilled the land more than fifteen
hundred years ago. Female statuettes with an astonishing variety of
hair styles have been found here. In the Azcapotzalco district—once an
important city of the old Anáhuac Valley region—there is now an oil
refinery. In the center of Mexico City there are ruins of an important
Aztec temple whose main stairway has been removed and stored in the
basement of a nearby office building. With so much treasure of the
past still uncovered, an archaeologist doing field work in Mexico might
gratefully, though without arrogance, repeat Picasso's phrase, "I do not
seek; I f ind."
Despite their splendid buildings, their advanced mathematics, and their
wide dominions, none of the old Indian nations ever succeeded in
overcoming the handicaps of an inadequate technology. Some of the
reasons for this lack of progress can be found in their unexplained
failure to make practical use of the wheel, their rudimentary knowledge
of metallurgy, and the absence of beasts of burden.
AGONIE ET TRANSFIGURATION
DEATH AND TRANSFIGURATION
en 1519 que, parti de Cuba à la tête d'une armée de 518 soldats pour
gagner de nouvelles possessions à la Couronne, Hernán Cortés lança un
bref et victorieux assaut contre la péninsule du Yucatán. Après s'être
allié aux indigènes du Tabasco, il choisit un point plus au nord du
golfe du Mexique pour y faire aborder ses navires. En souvenir du jour
de sa fondation, le port reçut le nom de "Villa Rica de la Vera Cruz"
et devint le centre d'opérations du conquistador. Fasciné par le prestige
de l'empire aztèque sur lequel les tribus soumises ne tarissaient pas
d'éloges, Cortés promit les plus hautes distinctions à ses soldats qui,
pour la plupart, hésitaient à affronter un si puissant ennemi. Craignant
les désertions, il décida de brûler ses navires. Dès lors, il ne restait
plus qu'à avancer vers Tenochtitlan. L'ascension du haut plateau fut
particulièrement difficile. Etaient-ils sur le bon chemin? Les guides
n'essayaient-ils pas de les entraîner dans un guet-apens? Sans parler
de ce climat aux violentes sautes d'humeur et de ces Indiens au sourire
énigmatique, à l'excessive courtoisie, au parler quasiment intraduisible!
Que contaient-ils à Cortés? Lui parlaient-ils du pouvoir incomparable de
l'empereur Moctezuma Il, dont les émissaires apportaient des présents
en gage d'amitié tout en le suppliant — mais cette prière n'était-elle
pas une menace dissimulée — de ne pas poursuivre sa route? Néan-
moins, impossible de s'arrêter; les dés étaient jetés et Tenochtitlan,
déjà en vue. Devant le spectacle de la grande capitale, l'étonnement,
la peur et la convoitise s'emparèrent de ces aventuriers rudes et
ambitieux. Rien de surprenant à cela quand on lit Bernal Díaz del
Castillo: "Tant de villes et de villages établis sur la lagune et d'autres
encore construits sur la terre ferme et cette chaussée si droite et
si bien nivelée qui faisaient penser aux descriptions enchanteresses
du livre d'Amadis, et les tours altières, et les temples, et les édifices
de maçonnerie construits sur l'eau. Quelques-uns de nos soldats disaient
qu'ils croyaient rêver, et ce que j'écris n'est pas exagéré car il y avait
tant de causes d'émerveillement que je ne sais comment les raconter:
voir des choses jamais vues ni même jamais rêvées comme celles que
nous voyions!"
Les chaussées étant coupées de ponts surélevés, il était possible de par-
courir en barque la ville entière. On pouvait même accéder en canot au
palais de Moctezuma dont, fait étrange, Cortés ne voulut jamais donner
de description. Pour ne pas blesser la vanité de Charles Quint, empereur
d'Allemagne et roi d'Espagne? Pour minimiser l'importance du butin et,
Most of the pre-Hispanic nations limited their metal-working activities
to the more precious metals. The Mixtec-Zapotec peoples of Oaxaca
were masters of this art, as evidenced by the contents of Tomb Seven,
one of 170 discovered at Monte Albán, an abandoned Indian site only
a few kilometers from the city of Oaxaca. In 1932 the remains of the
richest tomb ever found in Mexico were uncovered there beneath a
patio. The skeletons of nine humans of varying ages—the youngest
sixteen, the oldest sixty—had been reinterred inside the tomb. From
the absence of weapons, it has been deduced that the people buried
there were members of the priesthood rather than kings or warriors.
The treasure hoard was so great that today it occupies an entire room
in the Oaxaca Museum. Gold objects are in the majority, although there
are also precious stones, human and animal bones, and even pearls
from the Pacific—one of them, the size of a pigeon's egg, weighing
twenty-three carats. It is believed that the other tombs contained
treasure of equal importance. Unfortunately, they had been looted
long before the excavations were begun.
Although they were expert goldsmiths, the inhabitants of Mesoamerica
did not work the base metals. When another lake people, the Tarascans,
learned to work copper, it was too late. The Spaniards had already
arrived on the North American continent. This was in 1519, when Hernán
Cortés and an army of 518 adventurers sailed from Cuba in search of
new colonies for Spain. After making several brief and successful
attacks along the Yucatán Peninsula and concluding favorable alliances
with the people of Tabasco, Cortés founded a settlement farther north on
the Gulf of Mexico. The site, named "La Villa Rica de la Vera Cruz"
(The Rich Town of the True Cross) after the day on which it was founded,
became his base of operations. He was fascinated by the reported
splendor of the Aztec Empire, of whose greatness he learned from its
tributary peoples. The expedition lacked the resources usual to a great
military power, and many of the men hesitated to undertake the venture
despite the tempting rewards to be won. To make retreat impossible,
Cortés burned his ships. No other choice but the road to Tenochtitlan
then lay before his small force. The way to the high central plateau
over unknown trails was difficult. Suspicion arose that treacherous
guides might be leading them into a trap, and the army suffered from
extremes of hot and cold weather. The Indians, with their enigmatic
smiles and exaggerated courtesy, speaking a language whose meaning
could not always be understood, did not allay the general uneasiness.
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partant, le cinquième dû à la Couronne? Peut-être aussi par pressenti-
ment du terrible forfait qu'il allait perpétrer dans cette auguste et
fastueuse demeure. N'est-ce pas là en effet que, sur un audacieux
coup de main, le conquistador fit prisonnier Moctezuma? Ce même
Moctezuma qui, entouré d'un cérémoniel de plus en plus complexe et
hiératique, avait été déclaré d'essence divine; cet empereur tout-
puissant qui, accablé par les pressentiments et les augures, renonça à
son royaume pour devenir l'otage du hardi capitaine.
Mais la stupeur des vaincus ne dura point. Quelques années plus tôt,
en l'an 10 Acatl (1515), Moctezuma Il avait décerné à un jeune soldat
valeureux, Cuauhtémoc, l'un des plus hauts titres de la hiérarchie
aztèque, celui de prince souverain de Tlatelolco. Dès que les Mexicains
prirent les armes pour résister au siège de la capitale que préparait
Cortés, Cuauhtémoc fut élevé au rang de chef suprême politique, mili-
taire et religieux. Triple distinction qui ne porta pas plus chance au
dernier empereur aztèque que son nom, littéralement: "l'aigle qui tombe",
dans lequel était aussi inscrit le destin malheureux de son peuple.
Après plusieurs échecs, Cortés comprit que Tenochtitlan ne succom-
berait qu'à une attaque navale. Dans un chantier improvisé, de puissants
brigantins furent armés à partir des agrès et des pièces des navires
démantelés à Veracruz et quelques-uns des plus habiles marins du
monde occidental furent chargés de diriger la manoeuvre. On alla
jusqu'à escalader le volcan Popocatepetl pour trouver le soufre néces-
saire aux arquebuses et canons devant effrayer les indigènes. Bien
qu'inévitable, la reddition fut lente. Trois mois durant, les assiégés
affamés résistèrent à l'attaque, attendant pour capituler que leurs
maisons soient en ruines et leurs défenseurs exterminés jusqu'au
dernier. Cuauhtémoc ne se rendit à Cortés que lorsque "son pays ne
fut plus que filet en lambeaux", selon l'expression du poète náhuatl.
Comme toutes les conquêtes, celle du Mexique fut cruelle et le pillage
impitoyable. Pourtant, dans la lointaine capitale espagnole, des cons-
ciences scrupuleuses s'interrogeaient sur la meilleure justification
morale à donner à ces actes. Comment s'attribuer sans remords cet
immense butin si ce n'est en sublimant les exploits militaires et
colonisateurs? La seule motivation plausible était d'ordre religieux:
conversion au christianisme de pauvres âmes aveuglées par le Malin
et subitement, providentiellement, illuminées par la lumière de la vraie
They told Cortés of the incomparable power of Moctezuma, who had al-
ready sent the Spaniards friendly presents and entreaties—that just
might have been veiled threats—to turn back. But to turn back was
no longer possible. The die had been cast from the beginning, and
Tenochtitlan was now in sight. Its splendor and great expanse astonished
these rough, bold adventurers. They were not only awe-struck by the
scale of the discovery, but also enticed by the riches that awaited them.
The spectacle they beheld was that of a lake "with so many cities and
towns on the water and others on the shores, and causeways so straight
and level. . . that it seemed like one of those works of enchantment de-
scribed in the book by Amadis. The great towers and temples and build-
ings rose out of the water, and some of our soldiers believed they were
dreaming, and it is not surprising that I (Bernal Díaz del Castillo) should
write in this manner for there was so much to behold that I do not
know how to tell the tale, when one sees, as we did, things never
heard or even dreamt of."
At intervals along the causeways there were bridges, which al-
lowed the passage of canoes used to transport goods. The canals
and waterways made it possible not only to tour the entire city by boat
but even to enter the palace of Moctezuma, which Cortés failed to
describe—perhaps to avoid wounding the vanity of Charles V, perhaps to
lessen his expectations of booty and reduce the "royal f i f th," the
mandatory fraction of the spoils to be rendered to the king. It was in
this same palace that Cortés, in a bold stroke, took Moctezuma prisoner
and held him hostage.
But the shock of this sacrilege soon passed. A few years before, in the
year 10 Acatl (1515), Moctezuma had appointed a young soldier—
Cuauhtémoc—Lord of Tlatelolco, one of the highest ranks in the king-
dom, as a reward for his military exploits. When the Aztecs rallied
to expel the invaders from their city, and later when they prepared to
resist the siege laid by the Spanish forces, Cuauhtémoc was named
supreme head of state with full political, military, and religious powers.
But his heroic efforts to save his people were to no avail. The meaning
of his name, "Falling Eagle," became symbolic of the Aztecs' tragic fate.
After suffering several reverses, Cortés realized that Tenochtitlan could
be conquered only by naval action. A provisional shipyard was set up,
and several powerful brigantines were built and fitted out with materials
foi. C'est alors qu'apparut l'instrument fondamental de l'occidenta-
lisation de l'Amérique: l'évangélisateur. Son zèle apostolique prit deux
formes bien distinctes. Les uns considéraient l'aborigène comme l'in-
carnation du mal et se consacraient, suivant le mot d'ordre de saint
Paul, à le régénérer par le reniement de ses croyances et de ses
coutumes millénaires (ce qui s'est traduit par la démolition des temples
et des statues, la destruction par le feu des manuscrits anciens, l'anéan-
tissement systématique de tous les vestiges historiques). Les autres
approchaient le païen avec sympathie, tentaient d'entrer en communica-
tion avec lui en apprenant sa langue, essayaient de comprendre sa
pensée et son comportement, dissimulaient leur réprobation pour mieux
gagner sa confiance et imprimer dans son âme ébranlée les principes
de la foi. Outre la préservation des documents indigènes, cette attitude
tolérante permit de transcrire la tradition orale, d'ordonner ce qui était
dispersé et de jeter les bases d'une nouvelle science: l'anthropologie.
Fait étrange, ces deux méthodes, totalement antagoniques et irréducti-
bles en apparence, coexistaient parfois chez le même individu. Le cas
de Fray Diego de Landa témoigne bien des conflits que devaient sur-
monter les hommes de l'époque. Ce missionnaire, qui à partir de 1549
brûle en de gigantesques autodafés les manuscrits des Maya, se
transforme simultanément en observateur attentif et méthodique de
leurs structures sociales et politiques et rédige "Relación de las Cosas
de Yucatán", un ouvrage d'une incalculable valeur documentaire.
Pour des raisons encore mal définies, trois documents échappèrent aux
bûchers. Le plus important, qui est enregistré sous le No 300 à la
bibliothèque de Dresde, est un manuscrit original de trente-neuf pages
sur papier d'écorce indigène couvert de caractères symboliques traitant
d'astronomie, de chronométrie et de religion. Le second, portant le
N 386, est conservé à la Bibliothèque nationale de Paris sous le nom
de "Codex Pereciano" et le troisième, le "Codex Tro-Cortesiano", se
trouve à Madrid.
En dépit des tentatives de linguistes éminents, ces manuscrits n'ont
encore pu être déchiffrés. On espère cependant pouvoir, à l'aide des
ordinateurs, reconstituer et traiter les glyphes des codex et, par
voie de conséquence, décrypter les stèles, pyramides et vases maya
qui ont été épargnés. De patientes mais prometteuses recherches sont
aussi poursuivies sur les dialectes encore en usage pour essayer de
salvaged from the ships scuttled at Veracruz. These hurriedly built ves-
sels would be manned by some of the most expert sailors in the Christian
world. Sulphur, used to manufacture gunpowder for the cannon and
firearms, was obtained from volcanic deposits in the crater of lofty
Popocatépetl. Slowly but remorselessly, the native defenders were
forced back. For three months they resisted assaults, encirclement, and
hunger. Buildings were abandoned only when they lay in ruins and all
of their defenders were slain. Cuauhtémoc did not surrender to Cortés
until, as the Aztec chronicle says, his kingdom was "a net in shreds."
The Conquest of Mexico, like the other Spanish conquests, was violent,
and the victor's hunger for spoils insatiable. But in distant Madrid,
capital of the homeland, many responsible people were appalled. How
could such deeds be justified? How could such ill-gotten wealth be
enjoyed with a clear conscience? The solution was to give these military
and colonizing activities the stamp of a crusade: Christianity had come
to save souls deceived by the Devil for thousands of years, and now
providentially offered the benefits of the True Faith. Thus, the mis-
sionaries—new and powerful agents in westernizing the Americas—
appeared on the scene. Their approach to the problems was ambivalent.
Some of them saw in the Indian an incarnation of evil and, following
the example of St. Paul, attempted to produce a new personality by
forcing him to abjure his old beliefs, turn his back on the customs of
centuries, and abandon a faith in old traditions. This attitude inspired
the razing of temples and idols, the burning of codices, and the system-
atic destruction of every reminder of the past. Other missionaries took
a kindlier attitude and attempted to communicate with the Indian by
learning his language and understanding his ways. Restraining their
own disapproval, they were able to gain his confidence and guide his
broken spirit, thus leading him by gradual stages to a civilized way of
life. Thanks to this second school of thought, some of the ancient Indian
documents were preserved, oral traditions were set down in books,
native lore was compiled, and foundations were laid for what would
later become the new science of anthropology.
Both of these attitudes, so apparently irreconcilable, were occasionally
present in the mind of a single person. As an example of the conflict-
ing opinions of the time, Fray Diego de Landa in the years following
1549 organized autos-da-fé accompanied by the wholesale burning
of Maya codices, while at the same time he published accurate obser-
79
o.
80
reconstituer la langue d'origine dans laquelle furent rédigés les codex.
Outre ces documents, il subsiste quelques écrits indigènes en caractères
latins qui, bien qu'élaborés après la Conquête, sont du plus haut intérêt.
Tel est le cas du "Popol Vuh" ou "Livre du Conseil" qui est à la fois
un traité de cosmogonie maya, un récit épique et une chronique de la
vie quotidienne de ce peuple. Quelques exégètes ont voulu attribuer
à ces pages un ésotérisme scientifique et technique encore très con-
troversé. Par contre, le mérite littéraire du "Popol Vuh" est indiscutable,
comme on peut en juger par les différentes versions espagnoles tirées
de l'original.
Essentiellement pragmatiques, les "Annales des Xahil" ont été rédigées
pour revendiquer devant les autorités compétentes la propriété de
quelques terres, devenues sujets de litiges parmi les "encomenderos"
espagnols (exploitants faisant travailler des péons indiens). Dans le feu
de l'argumentation, l'auteur remonte — et c'est là l'intérêt de l'ou-
vrage — jusqu'à l'origine de sa tribu. A la lecture, on y pénètre aussi
la logique très particulière des Indiens, leurs commentaires et réactions
devant la Conquête ainsi que la nature de leurs rapports avec leurs
nouveaux maîtres. Les "Chilam-Balam" de Chumayel, de Tizimín et
plusieurs autres étaient des livres religieux réservés aux prêtres et
aux initiés dans lesquels, par delà les énigmes du texte, resplendissent
la beauté des images, la nostalgie de la grandeur perdue et le souffle
puissant des prophéties.
Quoique dans l'ancienne Tenochtitlan les livres aztèques aient été
également brûlés sur l'ordre de l'évêque Juan de Zumárraga, le nombre
des documents qui échappèrent au zèle de l'Inquisition fut plus élevé
que chez les Maya. Citons entre autres le splendide "Codex Borbonicus"
qui est conservé à la Bibliothèque nationale de Paris. Composé de
trente-huit feuilles qui se déplient en accordéon sur presque quatorze
mètres de long, ce manuscrit était le livre des horoscopes des Aztèques
et couvrait les 260 jours de leur calendrier rituel. A la bibliothèque du
Vatican existe un autre codex, le "Borgia", dont les 39 sections peintes
recto verso ont une longueur de dix mètres.
Passionné par ces documents, Lord Edward Kinsbourough entreprit la
tâche monumentale de copier les textes et les illustrations de tous les
exemplaires connus en 1850. Telle fut son opiniâtreté que lorsqu'il
vations on the Maya's folkways and socio-political structure in his
"Relación de las Cosas de Yucatán" (Chronicle of Yucatán), an indis-
pensable reference work for students of this ancient people.
Somehow, in ways which can only be guessed at, three books managed
to escape the flames. The most important of these, the Dresden Codex,
is registered under Number 300 in the catalogue of the Dresden Library
in the German Democratic Republic. This codex is written in pictographs
on bark paper and deals with astronomy, the calculation of time, and
religious matters. The second, the Codex Peresianus appears as Num-
ber 386 in the Bibliothèque Nationale in Paris; and the third, preserved
in Madrid, is known as the Codex Tro-Cortesianus.
Despite the efforts of many linguists, none of these codices has yet
been deciphered. Modern computers have been used to classify and
organize their basic symbols, which are the same as those found on
Maya stelae, pyramids, and ceramics. Present-day Maya, which is derived
from the ancient language, is also being studied in order to discover
clues to its linguistic structure at the time the codices were written.
Progress is slow, but encouraging.
In addition to these documents, various indigenous records set down in
Roman characters have been preserved. Although quite obviously written
after the Conquest, they are nevertheless of great documentary interest.
There is, for example, the "Popol Vuh," or Book of Counsel, a treatise
on Maya cosmogony containing descriptions of heroic figures and the
blessings of daily life. Some scholars have found in it a scientific
and technical content, an interpretation which is still a matter of
debate. As a literary work, however, its merit cannot be denied, and
several Spanish translations have been published.
The "Anales de los Xahil" (Annals of the Xahil) were written for purely
practical reasons; they pretended to offer proof of indigenous own-
ership in answering certain lawsuits filed by possessors of Spanish
land grants. The native author, in substantiating his arguments,
included a review of the origins and recent history of his tribe. A
reading of the text enables us to follow the thought processes of
these men, whose ways were so different from those of our own civi-
lization. It is fascinating to see the world through their eyes, feel the
impact of the Conquest, and trace the kind of relationships they were
songea à vérifier ses finances, déjà fort entamées par les frais d'édition,
il s'aperçut qu'il était ruiné. L'un de ses créanciers, un fabricant de
papier qu'il n'avait pas su gagner au culte de l'archéologie, le fit jeter
en prison où il resta jusqu'à sa mort.
Un jour de 1934, se promenant dans la bibliothèque du Vatican pour se
délasser de ses laborieuses compilations, Miss Emily Walcott Emart
sortit par hasard des rayons un petit livre à la couverture rouge parfaite-
ment anodine. Elle l'ouvrit pourtant et se trouva devant d'étranges
dessins botaniques. C'est ainsi que fut découvert le "Codex Badiano",
un traité sur les plantes et herbes médicinales du Mexique précolombien,
élaboré par les indigènes à l'intention de don Antonio de Mendoza,
premier vice-roi de la Nouvelle-Espagne.
L'existence de la littérature náhuatl a été, jusqu'à une date récente,
matière à controverses passionnées. En effet, alors que la beauté et
la concision de cette langue laissaient supposer sa transcription lit-
téraire, aucun écrit n'avait été retrouvé et seules existaient dans les
chroniques anciennes quelques références à un roi-poète, Nezahual-
cóyotl. La polémique s'engagea entre les "hispanistes", totalement
sceptiques, et les "indigénistes" qui n'hésitaient pas à affirmer l'exis-
tence de cette littérature sans craindre de se voir un jour contredits
par les faits. Coup de théâtre: il y a quelques années, le chercheur
Angel María Garibay découvrait une série de manuscrits rédigés en
náhuatl mais écrits en caractères latins par les descendants de seigneurs
aztèques. Elevés dans un collège spécial, ces derniers avaient ras-
semblé sous la direction de Fray Bernardino de Sahagún tous les sou-
venirs du passé dont ils disposaient.
L'annonce de cette découverte et la traduction de quelques extraits de
poésie épique et lyrique provoquèrent une vive émotion tant dans les
milieux intellectuels mexicains qu'à l'étranger. S'en tenant à leurs pré-
jugés respectifs, hispanistes et indigénistes accueillirent avec la plus
grande méfiance les affirmations de Garibay et certains n'hésitèrent mê-
me pas à taxer de supercherie son extraordinaire découverte. Toutefois,
la parution en 1953 de son "Histoire de la littérature náhuatl", oeuvre
rigoureuse, exhaustive et d'une grande exactitude, dissipa les derniers
doutes. A la suite de cette publication, un groupe de chercheurs se
consacra avec enthousiasme à l'étude de la principale langue indienne
des hauts plateaux mexicains. Toujours vivant dans de nombreuses ré-
obliged to establish with their new masters. The "Books of Chilam
Balam"—chronicles set down in Chumayel, Tizimín, and other sites—
were written exclusively for the priesthood and for those men initiated
into the mysteries of the Maya religion. But through the obscurity of
their enigmas shines a beauty of imagery, a mourning for days of former
greatness, and an intensity of prophetic warnings.
In similar autos-da-fé at Tenochtitlan, many of the Aztec codices
were solemnly burnt—in this case by order of Bishop Juan de Zu-
márraga. However, a larger number of these documents than of those
of the Maya escaped the Inquisition's religious fanaticism. Among those
saved, the Codex Borbonicus—now in the Bibliotèque Nationale in
Paris—is outstandingly beautiful. It consists of thirty-eight leaves
which, when unfolded, have a total length of almost fourteen meters.
It is a book of Aztec horoscopes, with one for each day of the 260-day
religious calendar. The Codex Borgia—today in the Vatican Library in
Rome—has thirty-nine leaves, each painted on both sides, which to-
gether measure ten meters when unfolded.
The enthusiasm of Lord Edward Kingsborough for the Mexican codices
led him to undertake the difficult task of publishing in facsimile all
the known codices extant in the first half of the nineteenth century.
This was the beginning of a monumental work which would appear
in several large volumes. He was so carried away by his scientific
research that he bankrupted himself with the publishing expenses.
One of his creditors, a paper manufacturer who did not share his
passion for archaeology, sent him to debtors' prison where he remained
until his death.
One day in 1934, Emily Walcott Emart was strolling through the stacks
of the Vatican Library enjoying a momentary rest from her arduous
studies. Suddenly her eye was caught by a small red-bound book on
the shelves. There was nothing about it to arouse curiosity, but Miss
Walcott took it down, examined it, and found that it contained strange
botanical drawings. Such was the chance discovery of a manuscript
prepared by Indian artists for the First Viceroy of New Spain, Antonio
de Mendoza, which catalogued the medicinal plants and herbs of his
dominions. Today his book is known as the Codex Badiano.
The Nahuatl language, praised for its clarity and conciseness, was
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gions du pays, le náhuatl est en effet la langue "classique" des
indigènes, celle qui a fixé les moments les plus brillants d'une de
leurs civilisations.
Garibay divise la littérature aztèque en deux périodes principales: la
première qu'il fait remonter aux environs de 1430 et qui s'étend jusqu'à
la victoire des Espagnols; la seconde qui commence l'année même de
la Conquête et s'achève vers 1750, au moment de "la recrudescence
de la tendance hispanisante". A ce sujet, le docteur Garibay ajoute:
"Un homme (Fray Bernardino de Sahagún) qui, par ailleurs, aime la
culture, n'inclue pas en vain dans ses instructions aux prêtres des
clauses comme celle-ci: que les enfants reçoivent l'enseignement en
espagnol, qu'ils apprennent à le lire et à l'écrire, car c'est ainsi qu'ils
pourront progresser. En outre, il est irrespectueux de leur part de s'adres-
ser à leurs supérieurs ou de s'exprimer devant eux dans leur langue
maternelle quand ils pourraient le faire en espagnol, et ce même s'ils
le parlent peu." Négligée, la littérature náhuatl déclina progressivement.
Et, bien que les Indiens aient continué à parler cette langue, depuis
la seconde moitié du XVIIIe siècle jusqu'à nos jours toute la production
littéraire náhuatl est restée limitée au domaine du folklore.
Les genres abordés par les écrivains aztèques ne le cédaient ni en
richesse, ni en variété, à la littérature occidentale. Très abondante, la
poésie jaillissait du sentiment religieux ou de l'émotion lyrique, se
nourrissant de légendes et d'exploits. A l'inverse des poètes espagnols,
individualistes à l'extrême, les Aztèques concevaient la création poéti-
que comme un facteur de rapprochement entre les membres de la com-
munauté; d'où l'anonymat voulu de leur création, la répétition des
formules d'exorcisme, la référence constante aux rites sacrés et le
recours aux moyens mnémotechniques susceptibles de graver dans le
coeur des foules les règles d'or de la sagesse.
La prose commençait à perdre sa vocation didactique et historique
pour s'orienter vers la fiction, lorsque le choc de la Conquête la força
soudain à s'ouvrir aux influences européennes. Les lettres devinrent
instrument d'évangélisation et le théâtre, imité des drames espagnols
et surtout des autos sacramentales, prit un essor considérable.
La rencontre des deux civilisations a engendré un syncrétisme linguisti-
que qui transparaît surtout dans les noms de lieux du pays. La dévotion
undoubtedly a suitable medium for literary expression. However, apart
from the name and prestige of Nezahualcóyotl, the poet-king, the
possibility of a great Aztec literature having once existed was rejected
by hispanists because of the lack of written records, while defenders
of Indian culture made exaggerated claims without fear that they could
be successfully challenged. Only recently did Angel María Garibay
discover a sheaf of papers written in Roman letters by a group of
descendants of ancient Aztec nobility who, having been educated in
special schools and encouraged by Fray Bernardino de Sahagún, sys-
tematically set down everything that could be salvaged from the
literature of their Indian past.
The announcement of this discovery and the translations of some
examples of its lyric and epic poetry caused a sensation in the in-
tellectual world, in Mexico as well as abroad. Both hispanists and
their opponents, trapped by the extreme positions they had previously
taken on the subject, looked with suspicion on Garibay's discovery,
and there were even murmurs of forgery. But his monumental "His-
toria de la Literature Náhuatl" (History of Náhuatl Literature), published
in 1953 with scholarly treatment, precise references, and abundant
examples, not only swept away the last reasonable doubts but even
inspired an enthusiastic interest in the study of Náhuatl, the mother
tongue of a great civilization, the principal language of tribes throughout
the central plateau, and still spoken in many regions.
Garibay's study divides Aztec literature into two great periods. The
first extends from its origins—which he places around A.D. 1430—
to the Spanish Conquest. The second begins with the Conquest and
continues to 1750, when "the Hispanic trend was revived. Typical of
this tendency were the orders given to some clergymen by a man
otherwise noted for his love of culture: 'Let them be taught Spanish and
let them learn to read and write so that they may better themselves.'"
"The Indians were taught that it was a mark of disrespect to speak
in their own language to their superiors—or in the latter's hearing—when
they could do so in Spanish, even though they might speak but lit-
t le . " Under such a policy, the written language of the Indians fell
into disuse, although this was not the case with their daily speech.
From the middle of the eighteenth century to the present, what has
been written in indigenous languages can only be classified as folklore.
particulière des colonisateurs pour tel ou tel saint se manifeste dans
la fréquence des villages homonymes que seuls différencient leurs vieux
noms indigènes, d'ailleurs conservés dans de nombreuses aggloméra-
tions dénuées de centre religieux. De même que les vestiges des pyrami-
des ont servi de soubassements aux cathédrales, aux basiliques et aux
sanctuaires, de même, pourrait-on dire, les dieux précolombiens ont
servi de socles aux saints du martyrologe chrétien.
L'origine de la toponymie indigène n'est pas exclusivement aztèque, car
sur l'ancien territoire mexicain coexistaient près de cent-vingt idiomes
et dialectes appartenant à une douzaine de familles linguistiques. Un
grand nombre d'entre eux disparurent, d'autres ont fusionné dans des
conditions mal définies et, aujourd'hui, près de quatre millions d'indigè-
nes, dont un peu moins de la moitié ignore l'espagnol, parlent cin-
quante-deux dialectes.
Au Mexique, le mot "Indien" ne se réfère pas à une race mais à une
culture. Sont considérées comme indiennes les communautés les plus
reculées qui, du fait de leur isolement, n'ont pu s'intégrer à l'évolution
du pays et restent attachées à leurs coutumes et traditions. Depuis
1941, quelques spécialistes ont entrepris l'acculturation de ces groupes
marginaux qui sortent peu à peu de leur réclusion géographique et
intellectuelle. Le premier pas consistait à trouver un instrument de
communication accessible à tous — l'espagnol — dont l'enseignement
ne put se faire qu'après l'étude des dialectes autochtones et l'établis-
sement de lexiques bilingues. On arriva de la sorte à alphabétiser les
Indiens dans leur propre langue, ce qui leur permit ensuite d'aborder
la seconde étape: la traduction. Pourtant, cette forme d'enseignement
purement théorique est si lente qu'elle ne correspond ni au rythme ni
aux exigences de la vie contemporaine. Un contact plus large — échan-
ges commerciaux, relations de travail — est indispensable. Malheureuse-
ment, pendant des siècles ces deux activités ont été si défavorables
aux indigènes que ceux-ci n'ont encore pu surmonter leur méfiance
vis-à-vis de l'homme blanc et du métis.
Il a donc fallu, outre leur langue, observer leurs coutumes et leur
psychologie. Dans ce domaine, les études ethnologiques ont abouti à
des résultats très positifs. Lorsque les barrières tombent, lorsque l'un
des membres de la tribu se charge lui-même d'établir les contacts avec
ses semblables, la coopération est plus spontanée, plus enthousiaste et
All the literary genres known to Western civilization were essayed in
Náhuatl. Poetry was strongly tinged with religious or lyric feeling,
evoking legendary persons and dramatizing past events. In contrast
to the Spaniards, the Aztecs did not see poetry as a means of stres-
sing individuality or originality. On the contrary, they viewed it as
a unifying force useful to the forging of a national spirit. They also
sought through anonymity and the repetition of magic formulas to
raise it to the level of conjuration, to the sacred appeal of ritual,
applying it as a mnemonic device to instill in the collective conscious-
ness a treasury of knowledge accumulated by their wise men.
In prose, they had begun to emerge from the didactic and historic
phase and enter into the realms of fiction. The shock of the
Conquest sharply broke this trend and the language began to absorb
European influences. When literature became an instrument of the
missionary spirit, a great interest developed in the theater, particularly
in the Spanish-influenced "auto sacramental" (a liturgical drama,
usually a statement of the tenets of the Catholic faith).
The intermixing of languages is easily observed in Mexican place-names.
Names of saints were chosen according to the personal preferences of
colonists and landholders and were individualized by the addition of
the old Indian names. Occasionally the Indian name appears alone,
but never when the town was formerly a religious center. Just as
pyramids were demolished to provide stone for church walls, a name
from the calendar of saints was added to that of the pagan deity.
These old Indian place-names are not always of Aztec origin. One
hundred and twenty languages and dialects belonging to at least twelve
linguistic families were spoken in what is now Mexico. Many of these
languages have become extinct, others have merged by processes not
fully understood, and today only fifty-two survive. They are spoken by
four million people, of whom nearly half do not speak Spanish.
In Mexico, the term "Indian" refers not to race but to cultural back-
ground. The word is used today to denote ethnic groups that, because
of their isolation, have been unable to become a part of modern
Mexican history and progress, and hence cling to ancient ways and
traditions. In 1941 a group of specialists in theoretical as well as
practical matters began the task of raising the living standards of
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plus efficace. Disposant d'offices de coordination stratégiquement ré-
partis dans le pays, l'Institut national indigéniste participe activement
a la construction de routes, d'écoles et d'hôpitaux; son objectif est de
transformer progressivement, par la présentation d'exemples concrets,
la mentalité des Indiens, leurs façons de penser, d'agir et de juger, tout
en les familiarisant avec la complexité de la vie moderne et en dévelop-
pant leur potentiel intellectuel et économique.
Lorsque sera terminée cette intégration, lorsque la différence entre
Indien et non-Indien ne s'imposera plus et que toute la population du
pays sera homogène, les vestiges des cultures disparues ou assimilées
n'en seront pas pour autant relégués dans les musées et les sites
archéologiques. Métamorphosés, ils survivront dans la physionomie d'un
pays moderne, lui donnant une saveur et un style particuliers, une
profonde raison d'être.
these marginal groups in order to free them from their physical and
cultural isolation, thus bringing them into the mainstream of Mexican
life and furthering national unity. The first step was to find a means of
communication open to all.
The Spanish language is the key, but to use it linguists must first
learn the native languages and dialects in order to establish their
syntax and grammar. The Indian can then be taught to read and write in
his native language. Once he is familiar with the alphabet he can easily
be taught to translate. But if this process is restricted to the school-
room, it becomes a cumbersome procedure ill-adapted to the pace
and requirements of modern society. A wider contact is necessary—
that found in the world of commerce and labor. For centuries, however,
both of these sectors have operated to the Indian's disadvantage,
producing in him an attitude of reserve and mistrust toward the white
man and the mestizo.
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In order to help the Indian improve his condition, it has been necessary
to understand his customs and scale of values. Ethnic studies have
shown the way for positive action. When barriers are pulled down,
when Indians find a place the larger integrated society and one of
them brings the message of nationality back to the tribe, the response
is always more spontaneous, enthusiastic, and effective. The Na-
tional Institute of Indian Affairs, with its Centers for Coordination
located in strategic areas, is actively at work not only constructing
roads, schools, and hospitals but changing basic mental attitudes by
using its personnel to provide the Indian with living examples of
thought and action, reasoning processes, the use of complex tools, and
the development of innate capacities.
When this task is finished and the differences between the Indians and
the rest of the Mexican population have disappeared, the remains of
destroyed and assimilated cultures will not be found in museums and
archaeological sites alone. The ancestral spirit will have extended
its influence into contemporary society, contributing a shade of
color, a tone, and a style all its own.
La Pierre du Soleil et le temps circulaire cher aux Aztèques: Tonatiuh est lepivot d'où rayonnent et où convergent les mois et les jours.
The Aztecs set the mobility of their circular time in the Sun Stone. Tonatiuhwas the central figure. . .the beginning and end of the days and months.
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Vibrant acte de foi, les statues de saints "estofados" se suc-cèdent au long des galeries du musée colonial de Tepotzotlán.
These ornamented figures of saints grace the Museum at Te-potzotlán, their very presence constituting an act of faith.
Les fouilles entreprises à Cholula ont mis à jour les différentsrevêtements de stuc de l'une de ses plus anciennes pyramides.
Recent excavations at Cholula have uncovered stucco remainswhich once served as protective layers for the inner pyramids.
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Cette statuette d'argile lustrée témoigne de la maîtriseatteinte par les potiers de la culture olmèque.
Jeux d'ombre et de lumière dans la ruelle du Padre Belaunzarán,aménagée à Guanajuato dans l'ancien lit d'une rivière.
This burnished clay statuette reveals the high degree ofperfection attained by the Olmecan, or "rubber," culture.
Through Padre Belaunzarán street—once a river bed—the colonialcity of Guanajuato relives and tells many of its legends.
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L'un des chefs-d'oeuvre de la culture aztèque, ce singeagenouillé enserre de sa queue le col d'un vase d'obsidienne.
Paradis de Tlaloc, le dieu de l'eau, le Tlalocan accueillait lesnoyés et les victimes de maladies d'origine hydrique.
This obsidian vessel—a valuable example of Aztec culture—shows a monkey holding his tail in his hand.
Those who died by drowning or by a water-caused illnessarrived at Tlalocan, a paradise presided over by Tlaloc.
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Maquette de la place centrale de Tenochtitlan et de son grand teocalli(temple) dont la splendide ordonnance stupéfia les conquérants espagnols.
Détail d'une fresque du XVIe siècle retrouvée dans la cathédrale de Cuerna-vaca. Les missionnaires franciscains débarquent en Nouvelle Espagne.
This scale model recreates the heart of Tenochtitlan—its Great Temple (Teocalli)rising in the background—a city whose size and splendor dazzled the Spaniards.
Remains of a sixteenth-century mural depicting the arrival of Franciscanmissionaries in New Spain have been uncovered at the Cuernavaca cathedral.
Aujourd'hui soulagés du fardeau de leurs temples ancestraux, les atlantesdes pyramides de Tula portent encore le poids d'un monde hiératique.
Perfectly symmetrical, giant atlantes at Tula once carried the horizontalweight of temples. Now free-standing, they recall their hieratic past.
Réussite architecturale, le musée d'Anthropologie qu'a dessiné Pedro Ramí-rez Vázquez abrite de fastueuses collections archéologiques et ethnographiques.
An architectural masterpiece, the Museum of Anthropology was designed by Ped-ro Ramírez Vázquez to house Mexico's archeological and ethnographic treasures.
Comme beaucoup d'autres sites et monuments mexicains, la place de laSanta Veracruz a bénéficié d'intelligents et minutieux travaux de restauration.
Plus étendue que celle de Teotihuacan, la colossale pyramide de Choluladéfend pierre à pierre les secrets d'un passé séculaire.
Like many other plazas, Santa Veracruz has recovered its original charmand beauty as a result of a carefully planned restoration program.
Centuries-old secrets will come to light once studies are completed atCholula—a striking pyramid with a larger base than that at Teotihuacan.
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3 LA VIE POLITIQUE POLITICAL LIFE
Installée dans l'ancienne église du Colegio Máximo de San Pedro y
San Pablo, l'Hémérothèque nationale rassemble tous les journaux et
publications du Mexique. Jusqu'à la voûte de ces nefs vénérables
s'étagent des rayons où, très soigneusement répertoriées et clas-
sifiées, les publications relatant l'histoire quotidienne du pays sont
chaque jour consultées par des centaines de personnes soucieuses
d'approfondir l'actualité par la compilation du passé.
Cet édifice a eu une vie mouvementée qui reflète d'une certaine manière
celle du pays lui-même. Il abrita pendant près de deux siècles l'église
du Grand Collège de la Compagnie de Jésus jusqu'à ce que Charles III
expulse cet ordre des possessions d'Espagne en 1767. Le roi s'empara
alors des trésors conservés dans le temple et en disposa à son gré. Au
retour des jésuites en 1816, l'église servait de paroisse annexe et le
resta jusqu'à leur seconde expulsion, commandée cette fois par Fer-
dinand VII en 1820. Deux ans plus tard, Agustín de Iturbide s'y fit pro-
clamer empereur et, en 1824, la Constitution républicaine fut promulguée
The Periodicals Library, a branch of the National Archives, is
located in the sixteenth-century church of the College of St. Peter and
St. Paul in Mexico City. Today its naves are completely lined with shelves
containing journals, magazines, and newspapers—a multifarious collec-
tion chronicling many decades of life in Mexico. Each day, hundreds
of people use these records to gain an insight into the country's past.
The building itself has had a hectic history, which in many ways paral-
lels that of the country. For nearly two hundred years, until Charles III
of Spain ordered the expulsion of the Jesuits from America in 1767, it
served as a chapel of the main college of the Jesuits. At that time, the
Spanish monarch appropriated the church's jewels and artistic works and
disposed of them as he saw fit. In 1816, when the Jesuits were allowed
to return, the building was being used as a parish church. Their
second expulsion, in 1820—this time by order of Ferdinand VII—came
on the eve of Mexico's Independence. Two years later, Agustín de
Iturbide proclaimed himself emperor in this church, and, in 1824, it
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Grand centre cérémoniel précolombien, la Place de la Constitution esttoujours le coeur de la ville et le principal pôle d'attraction du pays.
In pre-Hispanic times a ceremonial center, Constitution Square today isthe heart of the capital, the country's nerve center where all roads meet.
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sous ses voûtes. Par la suite, le local fut successivement sanctuaire
de la Vierge de Lorette, collège militaire, caserne, dépôt de vivres des
envahisseurs français, magasin de la douane, atelier typographique,
salle de débats, école de musique et de peinture et musée industriel,
pour devenir finalement dépôt d'archives historiques.
Une révision sommaire des documents de l'Hémérothèque, ou la simple
évocation de l'histoire de l'édifice qui les abrite, permet de distinguer
deux grandes étapes dans l'effort du pays pour conquérir la démocratie
et la stabilité: l'une qui s'étend sur 113 années, l'autre couvrant les
34 années suivantes. Ces deux périodes offrent un contraste saisissant.
Pendant la première, cinquante et un hommes occupèrent la présidencede la République; deux se proclamèrent empereurs; d'autres exercèrentsymboliquement le pouvoir et l'un d'entre eux mena les destinées dupays pendant trente années consécutives.
Depuis 1934, cinq présidents ont terminé leur mandat de six ans et
transmis légalement et pacifiquement leurs pouvoirs à leur succes-
seur. M. Gustavo Díaz Ordaz, qui assume aujourd'hui la présidence,
commence la cinquième année de son gouvernement. Trois décennies
de stabilité qui sont dues à la stricte application de la Constitution
de 1917, laquelle régit la vie politique du Mexique contemporain.
was the site of the proclamation of the Constitution of the Republic.
Since then, it has by turns served as a chapel dedicated to the Virgin
of Loreto, a military college, a military barracks, a storehouse for
the French interventionists, a customs warehouse, a printing shop, a
public assembly room, a school of music and painting, an industrial
museum, and, today, a periodicals library for historical research.
A glance at the material in the Hemeroteca—or even a brief review
of the history of the building itself—will reveal two great periods in
the country's efforts to achieve democracy and stability, the first
spanning 113 years and the second covering the last 34 years.
During the first period, fifty-one men occupied the presidency of the
Republic. Two proclaimed themselves emperor, others assumed command
under special circumstances, and one monopolized power through a
dictatorial regime for a period of thirty years.
All the presidents that have served since 1934 have completed their
six-year terms and executed normal transfers of power to their suc-
cessors. The current president, Gustavo Díaz Ordaz, has completed his
fourth year in office. There have thus been thirty-four years of political
stability, achieved through strict compliance with the laws and precepts
of the Constitution of 1917.
Née de la Révolution de 1910, la Constitution définit dans sa partie
organique la structure des pouvoirs et leur fonctionnement; dans sa
partie dogmatique, les libertés individuelles; et dans sa section "pro-
grammes", les garanties sociales qui donnent son caractère moderne
et novateur à la législation mexicaine. Ces principes démocratiques
régissent aussi l'intervention de l'Etat dans le domaine économique,
intervention qui tend à distribuer avec équité les richesses produites
tant par le capital que par le travail et assurent au gouvernement un
rôle de promoteur et de régulateur des secteurs public et privé. La
Constitution satisfait ainsi les aspirations libérales du siècle dernier en
même temps que les exigences de justice sociale du XXe siècle.
Avant le mouvement armé qui devait aboutir à l'établissement de la
The laws of the Mexican Constitution—a product of the Revolution of
1910—delineate the organization and exercise of federal and state
authority. Another section provides for individual liberties, and a third
deals with social rights and guarantees. It is this last section that
strikes a unique note in modern constitutional law: in it, as a basic
means of making democracy effective, the state assumes formal re-
sponsibility for freeing economically weak sectors of the populace from
undue want and privation. The government's active role in the
economy is based on the principle of an equitable distribution of the
wealth derived from both capital and labor. In providing for this fed-
eral regulation of the economy through control of both corporate and
private enterprise, the Constitution combines nineteenth-century lib-
eralism and modern ideals of social justice.
LA CONSTITUTION ET SES EFFETS THE CONSTITUTION AND ITS EFFECTS
nouvelle charte constitutionnelle, le Mexique connaissait de cruelles
inégalités. Au début du siècle, huit grands propriétaires se partageaient
un territoire équivalant à la France, l'Allemagne, la Suisse et l'Italie
réunies. Dans ce pays essentiellement agricole, près de 12 millions de
journaliers travaillaient au service de 840 propriétaires d'haciendas et les
biens du pays étaient concentrés dans les mains d'un petit groupe de
partisans du régime de Porfirio Díaz, tandis que les concessions minières
et pétrolières étaient généralement données à des consortiums étran-
gers. Soixante-six centimes de chaque peso investi au Mexique entre
1900 et 1911 provenaient de l'extérieur. Les capitalistes nationaux
préféraient employer leurs fonds à des transactions commerciales ou
immobilières et à peine 8% des ressources privées étaient consacrées
à l'industrie. Outre l'electrification naissante que contrôlaient des
compagnies extérieures, les transports ferroviaires, les mines et les
sociétés pétrolières accaparaient la plus grande partie des investisse-
ments provenant de l'étranger.
Les dirigeants révolutionnaires employèrent toutes leurs ressources à
la solution de ces injustices. Pour satisfaire les légitimes aspirations
de leurs combattants, les diverses factions insurgées proclamèrent
des réformes agraires et, dans certains cas, la distribution des
parcelles eut lieu sur les champs de bataille. La Constitution fut ap-
prouvée au milieu des cris de guerre, ce qui incita sans doute les
membres de l'Assemblée constituante à promulguer les Articles 27 et
123, les postulats les plus significatifs de la nouvelle Constitution.
L'un et l'autre ont en effet été à la base de tous les changements
radicaux survenus dans la structure du pays.
L'Article 27, qui a modifié le concept traditionnel de la propriété, confia
la gestion des terres et des eaux à la nation et conféra à l'Etat le droit
d'expropriation moyennant indemnité. Ces principes ont orienté le
développement du Mexique contemporain en atténuant, dans un contexte
mieux équilibré, les inégalités susceptibles de diviser ses habitants.
Signalons au passage l'importance de la participation gouvernementale
dans les affaires économiques et son incidence sur la protection des
intérêts particuliers. Prenant en charge les activités que le secteur
privé ne peut assumer, l'Etat l'appuie également dans divers domaines.
Il défend les intérêts des consommateurs en contrôlant les prix des
articles de première nécessité et accorde des tarifs de garantie aux
paysans pour la vente de leurs produits.
Before the Revolution, the distribution of the national wealth in Mexico
was extremely inequitable, At the beginning of the twentieth century,
for example, land equivalent to the combined areas of France, Germany,
Switzerland, and Italy was owned by only eight people. There were
nearly twelve million peasants bound in servitude to the approximately
840 owners of the major portion of the national territory, and the
national wealth was concentrated in the hands of a small group of sup-
porters of the Díaz regime. Most of the concessions for the exploitation
of national resources were granted to foreigners: sixty-six centavos of
every peso invested in Mexico between 1900 and 1911 were of foreign
origin. The Mexicans themselves invested most of their capital in com-
mercial establishments or real estate; only eight per cent went into
industrial enterprises. Although the nascent electric power industry was
controlled by foreign companies, the major portion of foreign capital
in Mexico went into railroads, mining, and petroleum.
The revolutionary leaders' prime goal was to eradicate these flagrant
inequalities. The hope of owning land—a promise of the various revolu-
tionary factions—inflamed the ardor of the armed rebels. Agrarian
reforms were proclaimed, and parcels of land were distributed at the
very edges of battlefields. The Constitution of 1917 was approved
while the country was still in the throes of war, a circumstance that
undoubtedly gave rise to the key articles—27 and 123—which laid
the foundation for radical changes in the political structure of the nation.
Article 27 radically altered the traditional concept of property ownership
by recognizing the government as primary owner of all land and water
within the national boundaries. When required by the national interest,
these may be expropriated—with payment of indemnity—by the state.
This provision serves not only to stimulate the economic development of
the nation but also to temper gross inequalities that could interfere
with its internal stability. The intention is not to eliminate private
enterprise but to complement it, with the interests of the consumer
foremost in mind. In particular, the state undertakes those development
projects that are beyond the scope of private enterprise, controls
consumer prices on staple commodities, and maintains price supports
for agricultural products.
Large estates have been broken up and distributed under a new form
of land tenure known as the "ejido." This system permits the use of
101
102
La distribution des latifundia a généralisé un type de propriété com-
munautaire, l'"ejido", qui est un ensemble de parcelles dont les
dimensions varient en fonction de l'usage auquel elles sont destinées.
Ces terres peuvent être exploitées par une seule personne mais ne
peuvent être vendues ni transférées. Existe également un système de
petite propriété rurale, dont l'exploitant doit s'engager à ne posséder
aucune autre terre afin d'éviter la reconstitution des grands domaines.
L'Article 27 a également consolidé la souveraineté nationale, la pre-
mière mesure prise dans ce sens ayant été la revendication des
gisements pétrolifères possédés par les compagnies étrangères. Le
23 août 1962, le Mexique payait aux compagnies expropriées les
derniers trois millions de livres sterling d'indemnisation correspondant
au coût des installations. Les capitaux mexicains sont actuellement
majoritaires dans les entreprises minières et il y a un peu plus de huit
ans (27 septembre 1960), les droits de la dernière société électrique
étrangère étaient rachetés par le pays.
Si les clauses de l'Article 27 ont cimenté le développement du Mexique,
la reconnaissance des droits du travailleur, stipulée par l'Article 123,
en a été la pierre angulaire. Il suffit en effet de considérer la vocation
exclusivement agricole de l'économie mexicaine et l'inconcevable répar-
tition des richesses du pays au début du siècle, pour saisir l'extraordi-
naire bond en avant qu'ont représenté les garanties accordées à la
main-d'oeuvre industrielle.
Le même article prescrit un rapprochement des travailleurs et des
entreprises, ces dernières étant tenues de distribuer aux ouvriers une
partie de leurs bénéfices. Par ailleurs, les garanties accordées aux
travailleurs et les prestations sociales ont été inscrites à titre prioritaire
dans la législation que l'Etat est chargé d'appliquer et de perfectionner.
Ces lois régissent non seulement le secteur privé mais aussi le secteur
public, où les allocations sont d'ailleurs sensiblement plus importantes.
Toujours dans le cadre de cette politique, la loi de Sécurité sociale a
été promulguée en 1943.
LE GOUVERNEMENT ET LES CITOYENS
Le président, tout comme le maire du plus petit village mexicain, termine
small plots of land—whose size depends upon the particular agricultural
product—by individuals who may neither sell nor transfer their rights.
Another system of rural property rights permits private ownership, but
restricts the amount of land that may be accumulated.
Application of Article 27 has also been responsible for restoring
national sovereignty over the country's natural resources. First to be
recovered from foreign ownership were the petroleum deposits; the
final indemnity payment of three million pounds sterling was made on
August 23, 1962. All mining companies must now have a majority of
Mexican capitalization. On September 27, 1960, the last electric power
company remaining in foreign hands was purchased by the government.
If Article 27 can be called the mainspring of Mexico's economic de-
velopment, Article 123—which embodies workers' rights—represents a
principal axis of this development. One need only recall that during
the first decades of the twentieth century Mexico's economy was
basically agricultural, with a highly uneven distribution of wealth, to
appreciate how far advanced for their time were these provisions for
the welfare of urban and industrial workers.
Article 123 provides for a close relationship between labor and man-
agement and includes provisions for profit sharing. Workers' rights
and social security form the keystone of this legislation, which is
constantly regulated and improved by the government. Laws covering
these fields apply not only to labor-management relationships in the
private sector, but also to the corresponding relationships in the govern-
ment and its various enterprises, even though in the latter case the
total cost of such benefits requires major appropriations. As part of
this policy, the Social Security Law was enacted in 1943.
Whether from the office of the mayor of a small town or from that
of the President of the Republic, the signatures on all official cor-
respondence in Mexico are preceded by the same four words: "Sufragio
efectivo. No reelección," which may be roughly translated as "Popular
suffrage. No re-election." This slogan was the rallying cry during the
1910 uprising against the dictator then in power, Porfirio Díaz, who
THE GOVERNMENT AND THE PEOPLE
ses lettres officielles par la formule "Sufragio Efectivo. No reelección"
(Respect du vote. Non réélection). Ces quatre mots servirent de devise
au soulèvement national organisé en 1910 pour mettre fin au "Por-
firiato", les trente années de dictature qu'avait imposées, grâce à des
réélections successives, le président Porfirio Díaz. De nos jours, ils
expriment les deux principes fondamentaux de la politique mexicaine.
Le premier stipule que tous les citoyens — hommes et femmes —
exercent leurs droits par vote direct, devoir civique issu de la Constitu-
tion où il est dit que "tout pouvoir émane du peuple et n'est institué
que pour le servir." Pour répondre à cette obligation, près de 17 mil-
lions de personnes (hommes et femmes à parts égales), soit la presque
totalité de la population en âge de voter, se sont présentées aux urnes
lors des dernières élections.
Le second principe fixe la durée du mandat présidentiel à six ans et,
la réélection étant interdite par la Constitution, aucun chef d'Etat ne
peut assumer deux fois le pouvoir.
République fédérale représentative, le Mexique est gouverné par un
président qui est le chef de l'exécutif et le seul fonctionnaire élu
au scrutin national, d'où son immense popularité. Les hommes politi-
ques — gouverneurs, présidents municipaux, administrateurs, sénateurs
et députés — sont investis dans leurs circonscriptions.
Les autres grandes instances sont les pouvoirs législatif et judiciaire,
le premier représenté par un Congrès général formé de la Chambre
des Députés et du Sénat, le second par la Cour suprême de Justice,
les tribunaux et les parquets. Le pouvoir législatif dicte les lois,
l'exécutif les applique et le judiciaire les interprète. Formule es-
sentiellement démocratique, la division des pouvoirs limite leurs at-
tributions respectives. Introduit dans le droit public mexicain au XIXe
siècle, le "juicio de amparo" évite que les autorités ne violent les ga-
ranties individuelles ou ne portent atteinte à la souveraineté des Etats.
Une fois consolidé le gouvernement, l'action des masses révolu-
tionnaires put enfin acquérir un caractère institutionnel dans les
années 20. La nouvelle armée nationale valida les grades des anciens
insurgés et le parti donna une idéologie et des méthodes communes
aux organisations ouvrières, paysannes et populaires. Ces deux institu-
had arranged to have himself re-elected successively for a total of nearly
thirty years. That period is now known as the "Porfiriato," perpetuating
the dictator's name. The slogan "Popular suffrage. No re-election"
reflects two of the country's fundamental constitutional laws.
The first of these is that the electorate—men and women alike—vote
directly for the candidates. The Constitution states that "all authority
derives from the people and is instituted for the people." In compliance
with this precept, seventeen million voters—almost the entire voting-age
population—were registered for the last national elections. Half of those
who received a voter's card were women.
The second fundamental law limits the presidential term to six yearsand excludes all possibility of re-election at any time.
Mexico has a representative form of government with a president as
chief executive. The president is the only nationally-elected official;
all other public officials—governors, senators, deputies, mayors, and
councilmen—are elected regionally. For this reason, the president enjoys
a popularity beyond that of any other official.
The executive branch is complemented by the legislative and the judi-
cial. The former is made up of the General Congress—the Senate and
the Chamber of Deputies; the latter, of the Supreme Court and all the
lesser courts of justice throughout the nation. Law is the reference
point of this division of powers: the legislature writes the law; the
executive branch applies it; and the judiciary interprets it. It is a
democratic separation, since each power is specifically enjoined to
limit the others. The "juicio de amparo"—a legal writ which restrains
authority from violating individual liberties or interfering with states'
rights—has been a part of Mexican law since the nineteenth century.
With the consolidation of the new political structure during the twen-
ties, the collective aspirations of those who carried out the Revolution
of 1910 were given institutional form. The country's military establish-
ment merged the former opposing factions, organizing them into
branches of the armed forces; the labor, farmers' and civil associations
were united by the ideology of the Institutional Revolutionary Party
(PRI). This military unity and party discipline have provided the strength
necessary to maintain national security and ideological continuity.
103
104
tions — l'armée et le parti — ont depuis lors cimenté par leur unité
et leur discipline la continuité des gouvernements issus de la Révolu-
tion, la stabilité de la République et le maintien de ses principes.
Le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) gagne avec une avance con-
fortable les élections à la présidence de la République ainsi qu'aux
postes de gouverneurs et de sénateurs, et n'a perdu qu'en de très
rares occasions des sièges de maires ou de députés.
Ce parti et son porte-parole, le gouvernement, se sont assigné deux
objectifs principaux: l'amélioration du niveau de vie des classes popu-
laires et la souveraineté de la nation, le premier de ces buts découlant
tout naturellement du développement économique et des principes
d'équité sociale. Par ailleurs, le calme et la stabilité politiques sont
assurés par le maintien d'un juste équilibre entre les impératifs du
progrès économique d'une part, ceux de la société d'autre part.
Intelligemment guidées par un gouvernement populaire, toutes les clas-
ses sociales agissent de concert dans la poursuite de l'expansion
économique. Les éventuelles dissensions concernant la répartition des
ressources trouvent un apaisement et une solution dans le cadre du
système juridique. Les militants du PRI sont donc aussi bien des patrons
que des ouvriers, des propriétaires terriens que des "ejidatarios".
Parmi les autres partis, tous fondés après la Révolution, le Parti
d'Action nationale (PAN) est celui qui, après le PRI, présente le plus
grand nombre de candidats. Jouant le rôle d'une opposition sceptique
et conservatrice, il n'attaque toutefois jamais les bases du système ni sa
structure. Ses objections portent davantage sur des points de détail que
sur les principes fondamentaux de la politique officielle. Le Parti popu-
laire socialiste et le Parti authentique de la Révolution mexicaine n'ont
qu'une importance secondaire. Trouvant son expression dans l'action
parlementaire des députés, la vie politique est régie par un système
de représentation proportionnelle. Les partis minoritaires ont le droit
d'occuper au maximum vingt sièges, et ceci même si leurs représentants
n'ont pas obtenu la majorité.
Outre la très vaste représentation populaire offerte par le PRI et les
autres partis, le gouvernement a prévu des mesures spéciales pour
faire participer certains groupes marginaux à la vie politique du pays.
The PRI consistently wins gubernatorial, senatorial, and presidential
elections by ample margins, and only rarely do its candidates lose
elections for mayor or deputy. This so-called official party, which has
always exercised its governmental functions creditably, is guided by
two primary objectives: ever-increasing national sovereignty and a higher
standard of living for the country. It believes that the means to the
latter will be found in the promotion of economic growth within
the framework of social justice and an equitable distribution of wealth.
The proper balance between economic and social development is con-
sidered the key to political stability and internal order.
Because of the government's active role in the economic development
of the nation, all social classes are encouraged to participate in the
common quest for a better life. For its part, the legal system seeks
to lessen and resolve differences between economic classes. Exemplify-
ing this, the ranks of the PRI are filled with representatives of both labor
and management, landowners and tenants—all contributing to their
own as well as their country's progress, and all convinced that their
differences can be resolved within the framework of the law.
The other political parties active today were founded after the PRI. The
largest of these, the Party of National Action (PAN), is conservative,
and frequently criticizes the validity or accuracy of figures and state-
ments published by both the government and the PRI, although it does
not attack the foundations or the structure of the system itself. Two
lesser parties are the Popular Socialist Party and the Authentic Party of
the Mexican Revolution.
The parliamentary procedures of government are carried out in the
Chamber of Deputies through a system of proportional representation.
All minority parties are allotted a minimum of twenty deputies; should
a given party fail to achieve the election of at least twenty of its
candidates, the party in question is itself empowered to appoint the
number of additional representatives needed to fill this allowance.
In addition to the activities of organized political parties such as the
PRI, non-political groups also have the opportunity to participate di-
rectly in government decisions. Industrial, banking, and business orga-
nizations have been created by law for the express purpose of defending
the respective interests of these sectors. In addition to citizens'
C'est ainsi qu'ont été instituées légalement des associations d'indus-
triels, de banquiers et de commerçants qui, en liaison constante avec
l'Etat, assurent le cas échéant la défense des intérêts qu'elles repré-
sentent. Par ailleurs, les autorités municipales ont été doublées de
groupements de promotion morale, civique et matérielle, et de conseils
divers permettant aux citoyens de financer par eux-mêmes des travaux
d'intérêt général qui, dans de nombreux cas, sont trop lourds pour le
budget des administrations locales. Ces organismes auxiliaires ont
permis d'accroître les investissements sociaux tout en stimulant le
sens civique des particuliers.
L'Article 130 de la Constitution stipule la séparation de l'Eglise et de
l'Etat. Considérés comme des professionnels, les ecclésiastiques ne
peuvent intervenir dans la vie politique du pays. Tous les édifices
religieux sont propriété de la nation et la loi garantit la liberté de
croyance et de culte. Si cet article a provoqué des désaccords et des
conflits dans le passé, les deux institutions coexistent aujourd'hui nor-
malement. A l'intérieur des églises enfin (le catholicisme étant la
religion la plus répandue au Mexique), l'exercice du culte est entière-
ment libre.
Le visiteur étranger qui aurait la curiosité de répertorier les rues de
quelques-unes des 6 079 agglomérations du Mexique — et ceci qu'elles
aient 2 500, 250 000, un million ou six millions d'habitants — consta-
terait qu'elles portent toujours les mêmes noms: Hidalgo, Morelos,
Juárez, Madero ou Carranza; Indépendance, Réforme ou Révolution; 16
septembre, 5 mai, 20 novembre. Sans doute plus pittoresques, les noms
anciens — rue des Argentiers, passage du Fleuve, impasse du Baiser —
sont pourtant beaucoup moins évocateurs puisque les rues des villes et
villages du pays brossent une rétrospective complète des trois
grandes étapes de son histoire.
16 septembre 1810: le curé Miguel Hidalgo déclenche contre l'Espagne
l'insurrection qui aboutit à l'indépendance du Mexique. Bien qu'il n'ait
jamais été élevé au pouvoir, Hidalgo décrète l'abolition de l'esclavage.
José María Morelos, un autre prêtre, succède à Hidalgo à la tête des
troupes rebelles et convoque l'Assemblée qui donne au pays sa première
councils, boards for moral, civic, and material betterment have been
created for collective action at the municipal level. The financial
magnitude of some of these self-financed undertakings often surpasses
the disbursement of the local government itself. Such auxiliary
organizations have channeled capital into the economy through public
projects, and have fostered the growth of civic spirit as well.
The separation of church and state is prescribed by Article 130 of
the Constitution. Clergymen may not take part in political activities or
hold public office, and their religious functions are classified as profes-
sional activities. Although these regulations were a source of dissent
and conflict in the past, at present a normal relationship exists
between church and state. Today the vast majority of Mexicans are
Roman Catholic. While churches and places of worship belong to the
government, freedom of worship is guaranteed by law, and religious
ceremonies are conducted within the churches without any restrictions.
A tourist visiting any of the 6,079 cities and towns in Mexico—whether
a tiny village or the capital itself—will find that the main streets
always bear the same names: Hidalgo, Morelos, Juárez, Madero, or
Carranza; Independencia, Reforma, or Revolution; 16 de Septiembre,
5 de Mayo, or 20 de Noviembre. The former names—Calle Plateros,
Paseo del Río, Callejón del Beso—were certainly picturesque, though
not nearly so meaningful as the present system of nomenclature, which
is related to the three major periods into which the modern history of
Mexico is commonly divided: Independence, Reform, and Revolution.
The movement for independence from Spain was launched on Septem-
ber 16, 1810, by Father Miguel Hidalgo. Although Hidalgo never as-
sumed a formal position in the government, he issued many important
decrees, among them the one proclaiming the abolition of slavery. As
Hidalgo's successor in command of the uprising, José María Morelos
convened the constituent assembly that gave the country its first
constitution. Benito Juárez, a pure-blooded Indian, led the Republican
forces through the period of the French intervention and the imperial
rule of Maximilian of Hapsburg, and served as president from 1858 to
1872. May 5 marks the defeat of the French in one of the battles of
105
DES RUES QUI PARLENT DE HEROS
STREETS AND HEROES
106
Constitution. De pure race indienne, le président Benito Juárez assure
le triomphe de la cause républicaine face à l'intervention française et
à l'empire de Maximilien de Habsbourg. 5 mai 1862: les Mexicains
remportent une grande victoire contre le corps expéditionnaire français.
20 novembre 1910: début de l'insurrection fomentée par Francisco I.
Madero, le "père de la Révolution", pour renverser le dictateur Porfirio
Díaz. Venustiano Carranza, lui, combat l'usurpation militaire et lutte
pour donner au Mexique la Constitution de 1917. Hidalgo et Morelos
symbolisent donc l'Indépendance; Juárez, la Réforme; Madero et Carran-
za, la Révolution.
Le Mexique se borne à une surveillance administrative de ses frontières
(4 358 km) pour éviter la contrebande et empêcher l'entrée illégale des
ressortissants étrangers. Entretenant avec ses voisins d'excellentes
relations fondées sur le respect mutuel et l'arbitrage pacifique des
litiges, il n'a — pas plus d'ailleurs que les Etats-Unis, le Guatemala et
le Honduras britannique — établi aucune base ou installation militaire
sur ses territoires limitrophes.
Par ailleurs, le Mexique n'a jamais entrepris de guerre d'agression et
s'il a combattu des forces étrangères, cela a toujours été pour défendre
sa souveraineté. En 1846, il doit faire face à une invasion américaine,
sa défaite lui coûtant 2 millions de km2, soit la moitié de son territoire.
De 1862 à 1867, il lui faut à nouveau repousser une intervention
extérieure, puis la domination d'un prince européen et, au début du
XXe siècle, le pays reprend les armes pour expulser des forces
régulières ou des groupes terroristes. En 1942 enfin, un détachement
mexicain prend part à la Seconde Guerre mondiale pour protester contre
le torpillage de plusieurs unités de sa flotte pétrolière. Très modestes,
les installations et le budget de l'armée mexicaine n'ont représenté,
en 1968, que 4% des dépenses publiques. Les forces armées préservent
non seulement l'ordre et la souveraineté nationale, mais rendent égale-
ment d'importants services à la population civile, notamment lors des
désastres ou catastrophes. En outre, elles collaborent à des campagnes
d'intérêt social, telles que l'alphabétisation et le reboisement.
Ayant atteint une incontestable maturité politique, le Mexique ne s'im
1862, while November 20 commemorates the beginning of the Revolution
of 1910 which toppled the dictatorship of Porfirio Díaz, a movement
whose outstanding hero was Francisco I. Madero. Venustiano Carranza
is remembered for his leadership of the struggle against the military
usurpation of power following the Revolution of 1917 and his important
role in establishing the basis for the present Constitution.
Neither Mexico nor any of its immediate neighbors has a single military
base along the 2,723 miles of its international boundaries. It maintains
only border guards and customs stations to prevent smuggling and
illegal entry. Together with its three neighboring countries—the United
States, Guatemala, and British Honduras—Mexico pursues a policy of
peaceful coexistence based on mutual respect and the friendly solution
of any problems or disagreements.
Mexico has never fought a war of aggression. Its only wars with foreign
powers have been in defense of its national sovereignty. These include
one fought in 1846 against the United States, in which it lost some two
million square kilometers (750,000 square miles), half of its original
territory. Between 1862 and 1867, Mexico fought against foreign
intervention and struggled to free itself from the reign of a European
prince, Maximilian of Hapsburg. At the beginning of the twentieth
century, several battles were fought to prevent the entry of foreign
powers and filibusters. Mexico entered the Second World War in 1942,
after the sinking of several tankers of its petroleum fleet, and took
part in the conflict with a limited number of contingents.
The Mexican Army has no extensive installations, nor does it receive
any sizeable fiscal appropriation (in 1968 it was only four per cent of
the total national budget). The armed forces not only maintain public
order and protect national sovereignty, but also serve in times of
natural disaster and cooperate in long-range programs such as literacy
campaigns and reforestation.
Mexico's growth and development as a nation and its desire for the
similar growth of other nations have prompted it to take an independent
position with respect to the major world powers, yet one of active
LE MEXIQUE ET LE MONDE
MEXICO AND THE WORLD
misce pas dans les affaires des autres pays. Il maintient une position d'in-
dépendance en marge des grands blocs et participe activement aux tra-
vaux des organismes régionaux et internationaux auxquels il appartient.
Lors des réunions de l'Organisation des Etats américains par exemple,
le Mexique a chaudement appuyé les mesures ou recommandations
tendant à accélérer le développement économique des pays membres;
par contre, il s'est opposé à la création d'une force armée continentale
susceptible, selon lui, de contrevenir aux principes de non-intervention
et de libre détermination des peuples.
Membre fondateur de l'Organisation des Nations Unies, il a également
milité pour le maintien du principe de sécurité collective. Dans ce
sens, il a encouragé la signature du Traité de Tlatelolco (portant le nom
du quartier de Mexico où se trouve le ministère des Affaires étrangères),
par lequel plusieurs pays se sont engagés à ne considérer l'énergie
nucléaire que comme un instrument de progrès et à ne l'utiliser, sous
aucun prétexte, à des fins d'agression.
Les grands postulats de la politique internationale mexicaine sont le
respect mutuel, l'application réciproque des accords et l'égalité juridi-
que des Etats, quelles que soient leurs dimensions ou l'importance de
leurs ressources naturelles et économiques.
Pour en revenir aux bonnes relations entretenues par le pays avec ses
voisins, citons l'exemple du Chamizal, litige résolu par arbitrage con-
formément aux normes du Droit international. Il s'agit d'une zone de
333 hectares apparemment passée en territoire nord-américain à la
suite d'une déviation du Río Bravo qui marque la frontière naturelle
avec les Etats-Unis. Après un siècle de pourparlers, le président Kennedy
accepta, sur les instances du président López Mateos, de rendre El
Chamizal au Mexique, décision mise en application par les présidents
Johnson et Díaz Ordaz au mois de décembre 1967.
Etablie au cours de la décennie 1920-1930, la Doctrine Estrada régit
également la politique de non-ingérence extérieure du Mexique. Se
bornant à maintenir ou à rappeler ses ambassadeurs, le gouvernement
ne se prononce en effet jamais sur les décisions des autres pays.
La coopération avec les nations amies est un autre aspect de la politique
participation in regional and international organizations.
Within the Organization of American States, Mexico has placed special
emphasis on those recommendations and measures that serve to
promote the economic development of the member countries; and,
fearing a threat to the principles of self-determination and non-inter-
vention, it has opposed the creation of a continental armed force.
A charter member of the United Nations, Mexico has been mainly
concerned with the strengthening of collective security. To this end,
it has promoted the "Tratado de Tlatelolco" (Treaty of Tlatelolco)—
named after the sector of Mexico City where the Ministry of Foreign
Affairs is located—by which each of the signatory nations pledges to
use nuclear energy not as a destructive weapon but as a force for
the betterment of mankind.
Mutual respect, the honoring of agreements, and equal justice for all
nations, regardless of their size or natural and economic resources,
are fundamental principles of Mexico's international position.
An example of respect for international law and of peaceful settlement
of controversy through arbitration is the recent return to Mexico of the
territory called El Chamizal. The more than one hundred years of
negotiations over the 333 hectares (823 acres) that had apparently
become part of the United States because of a shift in the course of
the Río Grande were finally concluded during the administration of
President Kennedy at the suggestion of President López Mateos. Presi-
dent Johnson officially returned the territory to Mexico in December,
1967, during the tenure of President Díaz Ordaz.
By the terms of the Estrada Doctrine, formulated in the 1920's, Mexico
neither grants to nor accepts recognition from foreign governments.
It restricts itself to maintaining or recalling its ambassadors, intending
no political judgment or violation of national sovereignty.
Another aspect of Mexico's foreign policy is its encouragement
of cooperation among friendly nations. This was evident on the occasion
of the visit of President Díaz Ordaz to Central America in 1965, at
which time he sought bilateral agreements for technical and cultural ex-
change as well as for the improvement of commercial relations.
107
108
internationale mexicaine. En 1965 par exemple, le président Díaz Ordaz
a effectué un voyage pour signer avec les pays d'Amérique centrale
des accords bilatéraux favorisant les relations commerciales et ren-
forçant les échanges, notamment dans le domaine de la culture et de
l'assistance technique.
Autre préoccupation du Mexique: la recherche de l'intégration et du
développement économiques de l'Amérique latine en faveur desquels
le pays a milité en diverses occasions. Lors de la réunion des présidents
américains d'avril 1967, M. Díaz Ordaz définissait la position officielle
de son pays en ces termes: "Le développement économique n'est pas
une fin en soi mais un moyen de réaliser le progrès intégral et har-
monieux de nos communautés; un moyen de conquérir le bien-être
pour leurs membres, par l'amélioration de leur situation spirituelle et
matérielle. Un développement qui ne profiterait qu'à une minorité
et dont seraient exclues les masses n'est pas souhaitable. Le progrès
économique est inséparable de la justice sociale. Si nous laissons libre
cours à la nature humaine, les nantis, individus ou nations, gagneront
davantage; les riches seront plus riches et les pauvres encore plus
pauvres.. . La croissance n'implique pas nécessairement le progrès,
d'où la nécessité de l'étayer par une politique de réforme de nos
anciennes structures."
Conformément à ces principes, le Mexique a soutenu à plusieurs
reprises des théories favorables aux pays économiquement faibles:
majoration du prix des matières premières et établissement d'échanges
commerciaux plus équitables entre les grandes puissances et les pays
qui sont leurs fournisseurs.
Dans le cadre d'un discours prononcé en 1967 devant le Congrès des
Etats-Unis, le président mexicain, après avoir exposé les problèmes
communs à tous les pays en voie de développement, précisa: "L'huma-
nité devra décider s'il est plus juste ou plus souhaitable de vivre
dans un contexte opulence-pauvreté plutôt que dans un ensemble de
nations prospères, sinon fastueuses. . . Les agitateurs les plus dange-
reux sont la crainte, l'insalubrité, le manque de pain, de toit, de
vêtements et d'écoles."
Pourtant, ainsi que le déclarait le président en janvier 1968, " le
Mexique n'est le leader d'aucune partie du monde; il n'en a pas la
Mexico has long demonstrated its interest in the development and
economic integration of the Latin American countries. President
Gustavo Díaz Ordaz clearly voiced his government's position in April,
1967, at the meeting of Pan-American heads of state: "Economic develop-
ment is not an end in itself; it is a means of achieving the integral and
harmonious advancement of our communities, of assuring the well-
being of our peoples, and of improving their spiritual and material
conditions. Progress that benefits the few rather than the many is
undesirable: economic development must of necessity be accompanied
by social justice. If we allow nature to run its course, those with
possessions—whether nations or individuals—will profit the most; the
rich will become richer and the poor poorer. . . . Growth alone does not
imply progress. It is therefore necessary to advance a policy aimed
at reforming our old structures."
In applying these principles, Mexico has often made economic
recommendations that would benefit all developing countries. Foremost
among them have been better market prices for raw materials and
more equitable trade relations between the major powers and the
countries that supply them with raw materials.
President Díaz Ordaz, in his speech before the Congress of the United
States in October, 1967, dealt with the problems common to all develop-
ing countries. "Mankind," he said, "will have to decide which is more
just and proper: to live in splendor surrounded by poor nations or to
form part of a community of prosperous nations, even though none
achieve extreme wealth . . . . The most dangerous social agitators are
fear, unhealthy living conditions, and the lack of food, shelter, clothing,
and education."
In a speech in January, 1968, however, the President stated that "Mex-
ico is not the leader of any sector of nations; it neither pretends to
be, nor wishes to be, nor would allow itself to be. Likewise, it has
never thought of becoming a 'big brother' in Latin America. It is es-
sentially neither inferior nor superior to any other nation in the world;
it considers itself equal to each of them."
Today, aliens may reside in Mexico under either of two statuses: " in-
migrante" (immigrating resident) or "inmigrado" (immigrant). In 1939,
this country gave refuge to thousands of Spaniards who have since
prétention, ne le souhaite pas et ne l'accepterait point. Il n'a jamais
envisagé non plus d'être considéré comme le frère aîné de l'Amérique
latine. En tant que peuple, si on prend ce mot dans toute son acception,
il n'est ni inférieur, ni supérieur aux autres mais leur pair."
Parmi les immigrants et immigrés qui résident dans le pays, nombreux
sont ceux qui ont obtenu la nationalité mexicaine. Les milliers d'Espagnols
qui y ont trouvé refuge en 1939 se sont assimilés à la vie nationale
et leurs enfants sont mexicains à part entière.
Ces ressortissants étrangers vivent librement au Mexique et bénéficient
de toutes les garanties constitutionnelles. Il leur est seulement interdit
de s'immiscer dans les affaires politiques du pays et d'enfreindre ses
lois, en matière d'immigration notamment. Ils peuvent être proprié-
taires, sauf dans les zones frontalières ou côtières, et doivent renoncer
expressément à invoquer la protection de leurs gouvernements. Les
porteurs de capitaux étrangers sont autorisés à participer à la vie
économique, à condition toutefois qu'ils se soumettent à la législation
mexicaine et n'interviennent qu'à titre minoritaire dans le financement
des entreprises.
Enfin, près de deux millions de touristes viennent chaque année
chercher au Mexique l'accueil chaleureux que laisse augurer la
désormais célèbre formule olympique: "Le Mexique offre son amitié
à tous les peuples de la terre et souhaite recevoir la leur en retour."
Si l'Hémérothèque nationale peut être considérée comme la chroniquede l'histoire mexicaine, le Zócalo, la grande "plaza" du pays, en estindubitablement l'épitomé.
Cette ancienne île, dont les premiers habitants chassaient le mammouth
il y a dix mille ans, fut en quelque sorte la terre promise où vinrent
se fixer, après des siècles d'aventures, les farouches guerriers aztèques.
Ils y construisirent temples et palais pour célébrer leurs fastueuses
cérémonies militaires et religieuses et, par la suite, y lapidèrent leur
empereur qui n'avait su dissimuler sa crainte et son indécision face
aux conquérants espagnols. Témoin de la chute des seigneurs aztèques,
become part of the nation and whose sons and daughters are now
Mexicans. Many other foreign-born residents have obtained Mexican
citizenship. Aliens are free to live in Mexico and are granted all the
constitutional guarantees; they must, however, avoid participation in
national political affairs, abide by immigration and all other laws, and
renounce the right to invoke the protection of their governments. Aliens
may own property anywhere in Mexico except in areas near the national
borders or along the seacoasts. Foreign capital is welcome, provided
that all laws are observed and that the controlling interest of each
firm remains in the hands of Mexican investors. Mexico also welcomes
almost two million tourists each year, offering them ample proof that
the Mexican people sincerely wish to share friendship and mutual
understanding with all the peoples of the world.
While the well-stocked and widely-used National Periodicals Library
contains only records of Mexico's past, the Zócalo—the nation's main
plaza—has been a witness to most of its history.
Ten thousand years ago, what is now the Zócalo was part of a small
island where the ancient inhabitants of the valley hunted mammoth.
Many centuries later, the Aztecs, a nomadic tribe of warriors, settled
on this island after long years of wandering, and made it the center of
their daily life and the site of their great military and religious festivals.
It was here that the Aztec people stoned their emperor, Moctezuma II,
who, weak and indecisive, was unable to hide his fear of the Spanish
conquerors. A silent observer of the attendant upheaval of ethical,
religious, and political values, the Zócalo later witnessed not only the
fall of the Aztec Empire and the Spaniards' destruction of the ancient
palaces and temples, but the construction—from the same stones—
of the new Cathedral.
The buildings that grew up around the Zócalo—the Palace of the Viceroy
to the east; the Cathedral to the north; and the Municipal Palace to
the south—symbolized the three important sectors of power in New
Spain. The Zócalo itself became a marketplace for the people and its
pillory stood as a reminder of the punishment awaiting heretics and
rebels. All the country's internecine conflicts have culminated in the
109
LE "ZOCALO": DIX MILLE ANS D'HISTOIRE MEXICAINE
THE ZOCALO: TEN THOUSAND YEARS OF MEXICAN HISTORY
110
la grand'place vit ensuite disparaître ses plus belles constructions qui,
aussitôt démolies, furent remplacées par d'autres palais, d'autres tem-
ples au service d'un nouvel empereur, d'un nouveau Dieu. Impassible,
elle a ainsi connu le plus radical peut-être des bouleversements
éthiques, religieux et politiques de l'histoire du monde.
Sur ses faces est, nord et sud furent respectivement érigés le Palais
des vice-rois de la Nouvelle-Espagne, la cathédrale et le Palais du
gouvernement de la ville. Les trois pouvoirs de la Colonie y étaient ainsi
symboliquement réunis. Un marché y fut ouvert, où la population in-
digène vint échanger ses marchandises et assister aux exécutions des
hérétiques et des rebelles sur le pilori. Centre stratégique de la ville,
le Zócalo devint le symbole du pouvoir et l'endroit le mieux gardé
de Mexico.
Ayant perdu sa vocation guerrière, la plaza préside encore à tous les
grands événements de la capitale: commémoration du " C r i " de l'Indé-
pendance dans la nuit du 15 septembre; discours et messages d'amitié
des présidents étrangers en visite officielle au Mexique; serment des
conscrits jurant fidélité au drapeau; fête du ler mai; défilé des troupes
à l'occasion de l'anniversaire de l'Indépendance et manifestations
sportives organisées par les jeunes en hommage à la Révolution.
Impressionnés par la majesté du lieu et par la richesse de son histoire,
les milliers de Mexicains qui traversent chaque jour le Zócalo remar-
quent à peine la présence de quelques soldats montant la garde à
la porte gauche du Palais national; seule arrive à les tirer de leur
rêverie la sonnerie d'un clairon présentant les honneurs militaires à
un simple citoyen qui, dans sa limousine noire, se rend comme tout
le monde à son bureau: le président de la République.
Zócalo, and—a symbol of power—it has always been closely guarded.
This ancient square remains the physical center of the national govern-
ment. It is here that, on the night of September 15, the Mexican people
gather to celebrate "El Grito"—the symbolic shout that commemorates
Father Hidalgo's cry for a free Mexico which heralded the start of the
War of Independence. Great crowds also assemble here to listen to
the greetings of friendship from foreign leaders on official visits
to Mexico. Each year in the Zócalo military personnel pledge their
allegiance to the flag, workers celebrate May Day, the armed forces
march in review on Independence Day, and young Mexicans organize a
sports parade to commemorate the Mexican Revolution.
Thousands of people pass through the Zócalo every day, and many of
them are aware of the centuries of history it represents. But few notice
the soldiers standing guard at the left gate of the National Palace;
here, twice a day when a black sedan drives through the gate, a bugle
sounds military honors to the citizen in the black limousine—the
President of the Republic.
L'Hémérothèque nationale, où sont conservés fous les journaux et publicationsdu pays, offre au chercheur le miroir quotidien de l'histoire.
A record of Mexico's daily history—in all its aspects and expressed throughdiverse points of view—is on file at the National Library of Periodicals.
Construite au début du siècle, la Colonne de l'Indépendance rend hommageaux héros qui mirent fin à trois cents ans de domination espagnole.
La Constitution politique des Etats-Unis du Mexique où l'on retrouve, fidè-lement interprétées, les aspirations et les réformes de la Révolution de 1910.
Erected during the early part of this century, the Independence Monumenthonors the heroes who brought three hundred years of Spanish rule to an end.
The Constitution of the United States of Mexico faithfully interprets theideals and achievements of the Revolution of 1910.
113
Destiné à l'un des édifices administratifs dugouvernement de Porfirio Díaz, ce monumentcélèbre aujourd'hui le triomphe de la Révolu-tion mexicaine.
L'une des grandes artères de la ville, l'an-cienne rue des Argentiers a été rebaptiséerue Madero en l'honneur du promoteur desluttes sociales de 1910.
Planned as a government building duringthe Porfirio Díaz administration, this struc-ture today serves as a monument to theMexican Revolution.
Formerly called Plateros, one of the capital'sbusiest avenues was renamed Madero inhonor of the man who initiated the socialmovement of 1910.
116
Reprenant la devise "Suffrage effectif, non réélection" du soulèvement arméde 1910, Juan O'Gorman présente ici le début de l'épopée révolutionnaire.
Place des Trois Cultures — Echo d'hier: une pyramide préhispanique, uneéglise coloniale. Accent d'aujourd'hui: le ministère des Affaires étrangères.
The cry of "Effective Suffrage, No Reelection"—the basis of the revolutionarymovement of 1910—is depicted in this painting by Juan O'Gorman.
Plaza of the Three Cultures—echo of yesterday: a pre-Hispanic pyramid, aColonial church. Today's voice: the Ministry of Foreign Relations.
118
Monument érigé à la mémoire de Benito Juárez dans la zone de El Chamizal,territoire rendu au Mexique après un siècle de pourparlers.
At El Chamizal—a strip of land reincorporated into Mexico after a centuryof litigation—this monument to Benito Juárez serves as a symbolic guide.
Le président de la République, M. Gustavo Díaz Ordaz, arrive au Palais na-tional le 16 septembre, jour anniversaire de l'Indépendance.
Gustavo Díaz Ordaz, President of the Republic of Mexico, arrives at theNational Palace on the 16th of September, anniversary of the Independence.
4 METAMORPHOSE DU TRAVAIL THE METAMORPHOSIS OF LABOR
Le Mexique a cessé d'être un pays essentiellement agricole. En 1930
encore, trois Mexicains sur quatre travaillaient la terre alors qu'au-
jourd'hui, moins de la moitié de la population se consacre aux travaux
des champs. La cause de ce transfert doit être cherchée dans les boule-
versements économiques provoqués par l'explosion industrielle du pays
depuis 1940. Transformant ainsi la physionomie des villes et des vil-
lages, de nombreux agriculteurs ont quitté leurs champs pour construire
des routes et des barrages et la grande majorité des ouvriers du pays
sont de souche paysanne. Cette redistribution de la main-d'oeuvre a
entraîné, au cours des trente-huit dernières années, une considérable
amélioration du standard de vie de la population.
Bien que peu différente de celle des autres pays en voie de dévelop-
pement, l'évolution a été si rapide qu'elle étonne les Mexicains eux-
mêmes. Toutefois, la préparation de la main-d'oeuvre qualifiée n'ayant
pas suivi le même rythme que la croissance économique, l'industrie a
dû donner une formation accélérée à des milliers de travailleurs. L'en-
Mexico was once basically a farming nation. In 1930, seventy-five per
cent of the labor force was devoted to agriculture; the figure is now
less than fifty per cent. Since the early forties there has been a
radical change in the national economy, with a strong emphasis on
industrialization. Many of those who were once farmers are now em-
ployed in road and dam construction and in municipal building programs.
Today, Mexican laborers—most of them from farm families—enjoy a
standard of living that, as a result of these changes in the composition of
the labor force, has greatly improved during the past thirty-eight years.
In Mexico, progress has exceeded all expectation, paralleling that of
many other developing countries. However, the total number of skilled
workers and technicians has not increased at a rate proportionate to
the rapid growth of the Mexican economy. To meet their needs until
enough skilled workers have been trained in technological schools
throughout the country, many industries have created effective on-the-
job training programs.
121
Anticipation de l'odyssée terrestre des transports: silhouettes et véhiculesemblent suspendus dans une lumière irréelle.
Swift realities of transport's terrestrial odyssey, light and color change theshape of the vehicle as well as the figures of those who build it.
122
seignement technique est encore dispensé par les entreprises en
attendant que les écoles technologiques aient formé un nombre suf-
fisant d'ouvriers spécialisés et de cadres moyens et supérieurs.
Un Mexicain sur quatre travaille, proportion qui s'explique en premier
lieu par le fait que la moitié de la population est âgée de moins de 17
ans, en second lieu, par une réticence traditionnelle à l'égard des em-
plois féminins. Le chômage est pratiquement inconnu, mais nombreux
sont ceux qui exercent des activités mal rémunérées ou ne bénéficient
pas d'un travail stable. Citons à ce sujet les trois mille "mariachis" de
la place Garibaldi dont le métier comporte tous les aléas de celui des
vendeurs ambulants. Ayant joué pour la plus grande joie de son public
de citadins et de touristes, le pauvre musicien rentre chez lui quand
les pluies le forcent à ranger ses violons et ses guitares! Et que dire
des propriétaires d'ateliers de réparation de toutes sortes, des vendeurs
de billets de loterie, des infatigables cireurs de bottes, des marchands
de petits drapeaux et autres babioles vendus à l'occasion des fêtes
nationales? Tous font partie de ces émigrants des campagnes venus
tenter leur chance à la ville.
La route qui relie Mexico à Guadalajara traverse, au centre du pays,
une région connue sous le nom de "El Bajío". Dans cette zone équiva-
lant à un dixième du territoire (à peu près la superficie de l'Allemagne)
vit plus d'un tiers de la population alors que les immenses provinces
du Nord n'en hébergent qu'un dixième, et cela sur une superficie égale
à la moitié du Mexique. Les grands axes de communication traversent
ou côtoient les vieilles cités de cette région essentiellement agricole.
Au long des routes, les maisonnettes à toit plat caractéristique abri-
tent aujourd'hui de petits commerces, tandis qu'au loin sonnent
les cloches qui, depuis l'époque coloniale, égrènent les dolentes li-
tanies de la vie provinciale. Dans les banlieues, au contraire, ont surgi
des édifices modernes dont les façades de béton et de verre brisent
l'harmonie horizontale des aqueducs de la vice-royauté. Décor nouveau
et insolite où ont surgi des modes de vie et de travail inconnus.
Le phénomène s'est d'ailleurs généralisé. Partout les nouveaux emplois
ont accru le pouvoir d'achat de la population et, bien que le travailleur
mexicain soit relativement mal rétribué par rapport à ses camarades
d'autres pays, la valeur des prestations qu'il reçoit — subventions
alimentaires, facilités de logement, service médical gratuit — excède
Only one of every four Mexicans is employed. This perhaps seems a
small proportion, but it must be taken into consideration that half of
the total Mexican population is under seventeen years of age and
that there is a traditional resistance to women working outside the
home. Rather than unemployment, Mexico's problem is underemploy-
ment: there are no unemployed workers, but many are poorly paid or
do not receive a steady income. For example, the three thousand
"mariachis"—members of string and brass groups that may be hired
in Mexico City's Garibaldi Plaza for serenades—can never be sure of
their daily earnings. While on some nights all the plaza's cabarets
are filled to overflowing and the demand for serenades can hardly be
met, after à rainy evening most of the musicians go home with little
more than the hope for better luck the next night. These free-lance
types—like those who are self-employed in small repair shops; those who
sell National Lottery tickets, promising to make the buyer a millionaire;
the tireless shoeshine men; and the vendors of tri-colored banners
along the parade routes on national holidays—all form part of that large
group of workingmen who are in transition from farm labor to urban
and industrial employment.
Between Mexico City and Guadalajara lies an agricultural region known
as El Bajío. Less than one-tenth the size of the total Mexican
territory, it is an area in which more than a third of the Mexican
people live. In contrast, only one-tenth of the population lives in
the vast regions of northern Mexico, which make up more than half
the national territory. Through or near the historic cities of El Ba-
jío pass the nation's most heavily traveled highways, along which
many of the old one-story, flat-roofed houses have been converted
into places of business. Provincial manners and customs have survived
in the older parts of the towns and cities, where much remains of
the Colonial past, and where church bells still bring daily activity to life.
In the suburbs, however, modern buildings of concrete and glass have
gone up, and industrial smokestacks break the horizontal lines of
landscapes still spanned by ancient aqueducts. New jobs and customs
have also taken their places among the modern aspects of this setting.
Similar scenes are common throughout the country. Better employment
opportunities have meant greater buying power for a large sector of
the population. Although Mexican workers receive relatively low salaries
in comparison with those of other countries, fringe benefits in many
dans certains cas celle de son salaire net. Egalement bénéficiaire
d'allocations diverses, d'indemnités de transport et de services récréa-
tifs et pédagogiques, il touche aussi une retraite et reçoit des crédits
lui permettant d'acheter un mixer, une télévision et même une maison.
L'Institut mexicain de Sécurité sociale — organisme gouvernemental —
ajoute à ces facilités un vaste programme d'assurances sociales. Outre
les services médicaux dispensés dans ses cliniques et hôpitaux, il offre
en effet les prestations les plus variées: assurances vie, travail, maladie,
retraite et accidents. Ces diverses mesures sont enfin complétées d'une
participation — stipulée par un article de la Constitution— aux béné-
fices de l'entreprise.
Le mode de vie des Mexicains évolue chaque jour. Nombreux sont ceux
qui, abandonnant ranchos et villages en quête d'emplois meilleurs,
viennent grossir la population urbaine. Alors que les jeunes cherchent
à parfaire leur instruction et leur formation professionnelle, beaucoup
d'adultes, conseillés par les membres de leur famille déjà installés en
ville, s'embauchent chez le premier venu. L'industrie de la construction,
et plus particulièrement la maçonnerie, est ainsi devenue le refuge des
illettrés. Les foyers de la moyenne et de la haute bourgeoisie confient
leurs travaux domestiques à des jeunes filles de la campagne. Vivant
d'abord chez des parents, la majorité de ces émigrés ruraux cherchent
ensuite un logement indépendant ou construisent eux-mêmes leur mai-
son. Dans la capitale, les quartiers populaires s'étendent à raison de
200 000 habitants par an et, en vingt ans, 164 nouveaux centres d'ha-
bitation sont apparus.
Le secteur industriel se consacre, pour une large part, à la fabrication
d'articles ménagers. Dès que les marchés urbains sont saturés, les
distributeurs se déplacent vers les bourgs, centres d'attraction domi-
nicale des rancheros. Modifiant ainsi peu à peu leur cadre quotidien,
ces derniers se renseignent sur l'usage et les conditions de vente de
ces objets nouveaux pour les emporter chez eux après de longues
palabres et tractations. Telle est l'histoire de la lente conquête du
monde rural par l'industrie. Délaissant le traditionnel "petate" (natte
qui, en raison de sa beauté, continue à se vendre malgré cette désaf-
fection), le paysan dort aujourd'hui à 30 cm du sol sur un lit bourgeois.
Il a troqué de la même façon ses "huaraches" (sandales de cuir) pour
des bottes à semelle de caoutchouc, ses "calzones" blancs jadis fa-
cases provide ample compensation. These benefits include allowances
for food, rent and transportation, free medical care, educational and
recreational facilities, retirement benefits, and cash loans for the pur-
chase of homes and home appliances. The Mexican Social Security
Institute (Instituto Mexicano del Seguro Social), a government agency,
offers a supplementary social security program which provides unem-
ployment, accident, health, old-age and life insurance, out-patient
medical services, and hospitalization. In addition, by constitutional
enjoinment all firms must grant an annual bonus to each employee.
Life is constantly changing for Mexicans. With the hope of finding better
opportunities, they leave their farms and small towns each year in a
steady stream and settle in the rapidly growing cities. Many young
men and women come seeking the training that will assure them a
brighter future; others, with the aid and advice of relatives who have
come before them and who know the ways of the city, look for any
type of job, perhaps in the construction trades—which is a haven for
illiterate laborers—or as domestic help in the case of women. Most
of those who come to the city live first with relatives and then rent or
build their own homes. The residential areas of the working classes in
Mexico City are growing at the rate of 200,000 inhabitants a year; 164
of these neighborhoods have sprung up within the last two decades.
Consumer goods account for a high percentage of Mexican industrial
production. When the urban market has been saturated, distributors go
to the small market towns in the country where farmers are able to see
the goods and inquire about them, buy them, and finally incorporate
them into their daily lives. Because of increased agricultural production,
farmers now have enough money to buy manufactured goods. Beds are
replacing "petates," the straw mats which are today often sold as deco-
rative items; rubber-soled work boots are taking the place of "huaraches"
or the vulnerability of bare feet; and ready-made trousers are worn
instead of home-sewn white breeches. Bread has taken its place
alongside tortillas, while beer has become as popular as pulque. Corn is
now mill-ground. Today a medical doctor—not the medicine man—is con-
sulted. And, everywhere, electric lights brighten rural communities and
lengthen their workdays.
In towns and cities, change is evident in the use of new construction
materials, fuels, and household furnishings. Brick and cement are re-
123
124
briqués dans les ranchos, pour des articles de confection et mange
aujourd'hui aussi bien du pain que ses traditionnelles galettes de maïs.
Il achète sa farine au moulin au lieu de la moudre chez lui, a remplacé
le "pulque" (boisson fermentée tirée d'un agave) par la bière, consulte
le médecin et non plus le sorcier-guérisseur et prolonge ses veillées
à la lumière électrique.
Dans les villages et les bourgs, le changement transparaît surtout dans
les matériaux de construction, les combustibles, le mobilier et les
articles de ménage: brique et ciment contre torchis; casseroles d'alumi-
nium contre jarres et marmites en terre cuite; gaz et pétrole contre
charbon de bois. Les traditions les mieux ancrées cèdent peu à peu: le
poste de radio et la télévision étouffent les derniers accents de la
sérénade et rien ne laisse supposer que le coton traditionnel puisse
résister longtemps au séduisant "wash and wear" du nylon.
Près de 80% des familles ouvrières des villes possèdent des appareils
de radio, 5 0 % des cuisinières à gaz et des montres-bracelets, le tiers
des foyers étant équipé de machines à coudre et de casseroles en
aluminium. Une famille sur vingt-cinq est propriétaire d'un mixer électri-
que et d'un poste de télévision. Une sur dix utilise une machine à laver
et un réfrigérateur. Quant à la célèbre "siesta", elle n'est plus pour
les citadins qu'une histoire à dormir debout. . . Les nouveaux horai-
res de travail en ont eu définitivement raison. Tout cérémonial familial
disparu, le petit déjeuner se prend à la hâte et les employés d'usine
et de bureau ont fait la fortune des cafétérias et libres-services au
détriment des repas de midi à la maison. Les supermarchés sont
ouverts jusqu'à des heures avancées et même le dimanche afin de
permettre aux femmes qui travaillent de se ravitailler. Enfin dans les
logements des quartiers populaires, pourtant exigus, s'entassent meubles
neufs, vaisselle, appareils électriques, chromos, bibelots et, plus souvent
qu'on ne le croit, des livres et objets d'artisanat d'une grande beauté.
Le maïs dont, selon les légendes, les dieux ont façonné la chair de
l'homme, a été de tout temps la plante nourricière par excellence, le
principe vital de l'Amérique. Des graines fossilisées retrouvées dans
les cavernes de Coxcatlán près de Tehuacán (Etat de Puebla) ont permis
placing adobe, and aluminum cooking utensils have taken the place
of the old clay ones in the kitchen, where the cooking fuel is now most
likely to be kerosene or gas rather than wood. Customs, too, are
changing. Radio and television compete with the evening band concert
in the plaza, and synthetic "wash-and-wear" fabrics are gaining favor
over those of cotton. Almost eighty per cent of the families of urban
workers own at least one radio; fifty per cent own wristwatches and an
equal percentage use gas for cooking; more than thirty per cent have
a sewing machine or a pressure cooker; ten per cent have a washing
machine or a refrigerator; and four per cent an electric mixer or a
television set. In the cities, where the new work schedule has brought
about a transformation of the old ways, the siesta has disappeared.
Morning breakfast is no longer a leisurely family meal, and many
restaurants now advertise a quick lunch for the ever-growing population
of factory and office workers, thus eliminating the traditional multiple-
course afternoon dinner at home. Supermarkets have not only extended
their weekday hours but are open Sunday mornings as well, thereby
allowing the working housewife more time for shopping. The low-
income neighborhoods are crowded with large families living in cramped
quarters, but there always seems to be room for more china, furniture,
electric applicances, framed prints, and ornamental figurines.
The basic food of America is maize, the universal life sustenance
par excellence from which, according to the most ancient legends, the
flesh of man was fashioned. Fossilized maize grains discovered in the
storage caves of Coxcatlán near Tehuacán in the state of Puebla made
it possible for botanists to determine that the use of maize became
common around 8,000 B.C.
For thousands of years, maize has been Mexico's most important agri-
cultural product and the staple of the Mexican diet. Both cultivated
and worshipped, it has been the determinant of the people's prosperity
or failure, their well-being or poverty. Even today, maize can be found
in a great variety of forms in any typical Mexican meal.
Easy to cultivate, maize yields a thousand-to-one increase, even on
mountainsides with forty-five-degree slopes. It needs little moisture
TRANSFORMATION DES CAMPAGNES
NEW TRENDS IN AGRICULTURE
aux botanistes de faire remonter l'existence de cette céréale au huitième
millénaire avant J.-C.
Essence de l'agriculture mexicaine, produit de la terre et symbole rituel,
image de la tradition et facteur de progrès, elle décidait également du
bonheur et du malheur, de la richesse et de la pauvreté. Sa permanence
et son universalité ont déterminé les habitudes diététiques du Mexicain
qui, aujourd'hui encore, consomme le maïs sous toutes ses formes.
Cette plante dont la culture exige relativement peu d'eau donne un
rendement à cent pour un, et ceci même sur les terrains inclinés à
45 degrés. Une mince couche de terre suffit pour que surgissent ses
tiges élancées, alourdies d'un ou deux épis délicatement enveloppés
dont le poids est cinq cents fois supérieur à celui de la graine qui fit
naître le pied tout entier. Bien que précaires, ses qualités répondent
parfaitement aux exigences du paysan mexicain et expliquent son
profond attachement à la terre. D'une nature simple et modeste, le
maïs est en effet facile à cultiver: n'importe quel outil, y compris la
main de l'homme, suffit à creuser le sillon où se fera sa germination.
De plus, très résistant, il se conserve fort bien dans les silos et même
dans les jarres de terre cuite placées à l'abri de l'humidité. Aujourd'hui
pourtant, les généticiens ont encore développé ses dons naturels par
le traitement des semences, l'irrigation et les engrais.
La transformation des méthodes d'exploitation du maïs a bouleversé
l'agriculture mexicaine. Après avoir vaincu la répugnance des paysans
qui se refusaient à ce que les gens des villes leur apprennent à cultiver
leur champ, les ingénieurs agronomes ont créé de vastes plantations
expérimentales pour la production de semences hybrides et améliorées.
Les derniers réfractaires ont bientôt dû se rendre à l'évidence devant
les plantes vigoureuses et uniformes, les épis aux grains abondants,
fermes et réguliers, obtenus dans les nouvelles exploitations. Au début,
les "rancheros" semaient en cachette ces maïs surprenants mais, les
produits hybrides étant stériles, s'étonnaient fort devant leurs sillons
vides. Quand enfin ils se fournirent en semences chez les producteurs,
ils apprirent qu'il était possible de prévoir la durée du cycle de germina-
tion et même le degré de résistance à la sécheresse et à l'humidité. Ils
apprirent également à pallier les déficiences de la terre, car seul un
mariage heureux entre graines, sol et climat garantit des rendements
maxima. C'est ainsi que, par le truchement des nouvelles semences,
and grows well in regions with a seasonal rainfall. Even in a shallow
layer of top soil the plant sprouts and grows tall, producing several
ears of new maize, each of which weighs five hundred times that of
the parent seed. The dried kernels are resistant to spoilage and can
be safely stored in bins, clay pots, or almost any dry place. Although
its yield is unpredictable, maize satisfies the multiple needs of the
farmer and is largely responsible for his great love of the soil. A
simple and unpretentious plant, it does not require complex farming
methods: almost any object—even a hand—is sufficient for scraping
a hole to plant the seeds, although of course better crops result
through the use of genetically-improved seeds and proper land irrigation
and fertilization.
Mexican agriculture has been radically transformed by new techniques
in maize cultivation. Although experimental farms succeeded in devel-
oping improved hybrid seed, agricultural agents at first had a difficult
task in overcoming the farmers' resistance to the new seed. "How
can you city people know anything about farming?" the agents were
asked. To convince these doubtful farmers, they made sample plantings
to prove that the seed would produce vigorous and uniform plants
with large, full ears. At first many farmers secretly planted seed
taken from the marvelous large-eared maize that came up in these
demonstration plots, hoping to produce a new crop of equal size and
quality. Being unaware of the new strain's latent properties—that, as
with all second-generation hybrids, it would be characteristically stunted
and uneven in quality—they were very disappointed in the crop which
resulted. But when farmers finally understood that they must use only
first-generation hybrid seed, they were able to produce excellent crops
of a drought- and flood-resistant maize with a predictable growing
season. It was also necessary, however, to test for soil deficiencies
and to correct them with nutrients, since only the right combination
of seed, climate, and soil would guarantee the maximum yield. Thus,
technology came to the Mexican countryside along with the new seed,
and nature, improved upon by man, became even more liberal in her
rewards. From then on, the advice of the agricultural agents was ac-
cepted, and the land gradually became more productive. In the last
fifteen years, the per-acre yield of maize has doubled every five years.
Maize has always been an important part of Mesoamerican life: the
ancient peoples believed it to be the substance from which man was
125
126
la technique a conquis la campagne mexicaine. Remodelée par l'homme,
la nature a une fois de plus montré sa largesse, les techniciens ont
été écoutés et, bien que la surface ensemencée n'ait pas augmenté,
la production de maïs a régulièrement doublé tous les cinq ans depuis
une quinzaine d'années.
Cette céréale a toujours été intimement liée à la vie des peuples
mésoaméricains. Comme nous le disions précédemment, les anciens
Mexicains croyaient que l'homme en était issu et, par un juste retour
des choses, les indigènes du XVIe siècle façonnèrent les statues de
leurs nouveaux dieux chrétiens dans de la pâte de maïs. Constituant
encore la base essentielle de l'alimentation populaire et de la nourriture
du bétail, le maïs donne aussi naissance à de très nombreux sous-
produits industriels et conditionne entièrement les revenus du paysan.
Un organisme officiel, la Compañía Nacional de Subsistencias Populares
(CONASUPO), achète en quantités illimitées les produits agricoles de
base qu'elle conserve dans ses entrepôts en vue de leur commercialisa-
tion. Payant le maïs à un prix de garantie légèrement supérieur à celui
des marchés mondiaux, elle subventionne ainsi directement les agricul-
teurs (qui sont entièrement responsables du contrôle de la qualité et de
la conservation des graines) tout en augmentant de façon sensible leur
pouvoir d'achat.
Garantis par les Almacenes de Depósito, les achats de la CONASUPO
sont couverts par les crédits des banques du gouvernement. Aux
alentours des "ejidos", dont les silos coniques inspirés des greniers
coloniaux ajoutent pittoresque et beauté à la campagne mexicaine, et
dans les zones urbaines relativement pauvres, la CONASUPO contrôle
des centaines de magasins — dont certains ambulants — dans lesquels
elle vend ses produits au détail; elle approvisionne également à des
prix de garantie les grossistes et les particuliers chargés de la distribu-
tion ou de la transformation des denrées, cette politique officielle
avantageant aussi bien les producteurs que les petits consommateurs.
A ces mesures techniques, commerciales et financières s'ajoute la
construction intensive de barrages et de canaux destinés à une meilleure
distribution des eaux sur l'ensemble du territoire mexicain. Le quart
environ de la population rurale ayant bénéficié de leurs travaux, les
gouvernements qui se sont succédé depuis la Révolution ont pu con-
created, and in the sixteenth century the Indians used maize dough
to fashion their Christian deities. It is still the basis of the common
diet, the principal livestock feed, and the source of many by-products
used in industry. In Mexico, therefore, more maize means more money
for the farmer.
The Compañía Nacional de Subsistencias Populares (CONASUPO)—a
government agency for public assistance and a large-volume buyer—
stores and markets basic agricultural products. The guaranteed price
it pays for maize is substantially higher than the world market price;
this acts as a subsidy to farmers, serving to strengthen their buying
power. The farmers themselves are responsible for the quality control
and storage of their crops. The cooperative farm silos, reminiscent of
the old conical-shaped granaries used during the Colonial period, add
another element of beauty to the Mexican countryside.
Financed with credit from government banks, the purchases of
CONASUPO are certified by the National Deposit Warehouses (Almacenes
Nacionales de Depósito), another government agency. CONASUPO main-
tains several hundred consumer outlet stores—some in large, mobile
vans—principally in cooperative farm regions and low-income urban
areas. It also supplies wholesalers and private industry, which then
distribute or produce goods sold at government-controlled prices. The
official policy of paying a guaranteed price and setting ceiling prices
for retail sales benefits both producers and low-income consumers.
Irrigation and flood control have taken their places along with these
technical, commercial, and financial means of promoting Mexico's pro-
gress. The construction of dams and irrigation canals throughout the
country has continued at a rapid rate. Developing in practice the ideals
of the Revolution, successive administrations have succeeded in control-
ling lowland flooding and have brought 2,500,000 hectares (6,175,000
acres) of land under irrigation—an area larger in size than Israel. One-
fourth of the total number of Mexican farmers receive the benefits of
these substantial technical achievements.
Higher maize yields have made it possible for farmers to introduce
new crops or to expand the cultivation of existing ones. Because of
the farm machinery needed for planting and threshing, wheat has
never been grown extensively in Mexico; in poor years, it had to be
trôler les inondations et irriguer plus de deux millions et demi d'hec-
tares — superficie supérieure à celle d'Israël.
L'amélioration des conditions d'exploitation du maïs a aussi permis
l'introduction d'autres types de culture. Jusqu'à une époque récente,
le blé était fort peu populaire au Mexique où les paysans répugnaient
aux complications des semailles et du battage. Cette céréale devait
donc être importée dans les périodes difficiles. Peu à peu pourtant,
la nouvelle politique de crédit et de prix, les progrès de l'irrigation, des
engrais et de l'équipement agricole ainsi que les études sur les graines
et la nature des sols ont permis d'accroître sensiblement les terres à
blé, dont le rendement est passé de 750 à 3 200 kg à l'hectare. Nombre
de ces exploitations toutefois ne sont pas cultivées pour les besoins
de la consommation locale mais pour la production des graines de haut
rendement qu'exporte le Mexique dans le cadre du programme mon-
dial de lutte contre la faim. Plus de trente autres types de cultures
présentant une histoire similaire viennent compléter la production
du pays qui, aujourd'hui, subvient seul à sa consommation interne.
Depuis bien des années déjà, le Mexique participe activement au
marché international des matières premières. Autrefois pays essentiel-
lement minier, il est devenu grand exportateur de produits agricoles.
Les avantages de la polyculture ont été amplement confirmés par l'ex-
périence. Alors que sa carence en devises étrangères l'obligeait, il y a
encore quelques années, à semer du coton sur ses terres les plus
fertiles et à financer d'abord les produits agricoles destinés à l'expor-
tation, le Mexique — poussé par son expansion économique et la crise
mondiale du coton — a récemment tenté de diversifier ses cultures.
La production de café et de sucre (respectivement en quatrième et
cinquième places sur les marchés intérieur et extérieur après le maïs,
le blé et le coton) est si bien contrôlée que les plantations ne fournis-
sent pas un seul sac excédentaire. Par ailleurs, le pays ne possédant
pratiquement pas d'hiver, ses fruits et ses légumes arrivent à maturité
bien avant ceux du sud des Etats-Unis. Toutefois, pour faciliter et diver-
sifier les exportations, un effort spécial a été entrepris en vue de la
transformation industrielle de ces produits.
Cultivée au Yucatán et connue dans le monde entier sous le nom de
sisal, la fibre d'agave, tout comme le coton, a été victime de l'avidité
des grandes puissances. Elle a ensuite dû affronter la concurrence des
imported to meet the domestic demand. More recently, however, ample
credit, guaranteed market prices, irrigation, improved fertilizers, farm
machinery, genetic studies, and soil analysis have all contributed to
greater wheat production, which during the last two decades has risen
from 1,650 Ib. to 7,040 Ib. per hectare. Wheat fields throughout the
countryside have somewhat changed the traditional Mexican landscape
of endless fields of corn. Much of the wheat, though, is not raised
for immediate consumer needs; it is used in the development of high-
yield seed which is exported as Mexico's contribution to the campaign
against hunger throughout the world. Some thirty other crops have
a similar history. Mexico's overall agricultural progress has enabled
its farm production to fully meet domestic consumer requirements.
Consequently, Mexico does not import basic foodstuffs. A nation rich in
mineral resources, Mexico has long supplied the international market
with raw materials; today it is mainly a supplier of food.
Diversification of agriculture is a policy amply justified by experience.
In the past, because of the need for foreign income, most fertile land
in Mexico was reserved for raising cotton, and preferential credit was
given to those who produced cotton and other export crops. But a world
crisis in cotton—and Mexico's accelerated rate of development—
later made crop diversification a vital necessity. Both in the domestic
and foreign markets, sugar and coffee now follow corn, wheat, and
cotton in importance, and sugar and coffee production is strictly
controlled to prevent the accumulation of surpluses over assigned
quotas. Because of Mexico's mild winters, its fruits and vegetables
ripen earlier than those in the southern regions of the United States,
a factor that has encouraged the growing of these products for
shipment to northern markets. But Mexico is not content to be merely
an exporter of primary commodities, and a growing number of agri-
cultural products are now processed locally.
Henequen fiber—originally from Yucatán and today known in world mar-
kets as sisal—was, like cotton, the cause of much internal unrest fo-
mented by the greed of great foreign powers. Later, the Mexican fiber
was forced to compete with improved strains developed from Mexican
stock in Tasmania, Angola, Kenya, Mozambique, and Brazil. In response
to declining markets, planters in Yucatán have—aided by government
support—gradually begun to industrialize their fiber. A carpet factory
is already in operation and three others are under construction—one for
127
128
espèces améliorées obtenues — à partir de boutures mexicaines — en
Tasmanie, en Angola, au Kenya, au Mozambique et au Brésil. Considéra-
blement aidés par les pouvoirs publics, les cultivateurs du Yucatán ont
surmonté la crise en se tournant vers l'industrialisation. Une fabrique
de tapis est déjà ouverte et trois autres exploitations — une filature,
une corderie et une usine de matières plastiques, d'huiles, de produits
dérivés du lin et de cires — sont en construction.
Bien que ses rendements se soient beaucoup améliorés depuis trente
ans et qu'elle constitue encore la principale source de travail et de
revenus extérieurs, l'agriculture a perdu de sa valeur relative et ne
représente plus que 20 centimes de chaque peso de la production
totale du pays.
Si le secteur rural vient grossir la population des villes, certains
citadins en échange ont puissamment contribué à l'amélioration des
techniques agricoles. Monterrey par exemple, grande ville industrielle
située dans une région peu propice à l'agriculture, est devenue en moins
de quinze ans l'un des principaux centres avicoles du pays. Séduits par
les crédits et l'aide technique offerts par les usines d'aliments avicoles
et les laboratoires vétérinaires pour freiner l'importation massive de
poulets et d'oeufs, de nombreux employés et même des industriels
s'improvisèrent éleveurs. Ce qui à l'origine n'était qu'un "hobby" lucratif
se convertit bientôt en un véritable métier. L'augmentation de la
production entraîna même une chute des prix. Certains aviculteurs
firent faillite, mais les plus avisés surent améliorer leurs méthodes de
travail et de gestion et réussirent. Ils se groupèrent en coopératives,
fondèrent leurs propres usines d'aliments pour volailles, achetèrent
des véhicules frigorifiques, automatisèrent leurs installations et sup-
primèrent entièrement les importations de produits avicoles. Enrichis-
sant par contrecoup son alimentation traditionnellement pauvre en
protéines animales, le consommateur a modifié ses habitudes diététiques
et cessé de considérer le poulet et les oeufs comme des produits de
luxe. Double succès que celui des aviculteurs de Monterrey puisque,
non contents de persuader les paysans de la région des avantages éco-
nomiques de la technologie, ils ont aussi suscité de nombreuses voca-
tions agricoles dans le pays.
L'élevage des porcs et des vaches laitières par exemple a connu un
phénomène similaire grâce aux multiples facilités offertes par les
fine fibers and textiles, another for sacking, and a third for the pro-
cessing of by-products such as plastics, oils, and waxes. Through this
diversification the farmers not only receive better prices but are no
longer subject to fluctuations in the international market.
Although crop yields are higher than those of thirty years ago, and
agriculture is still Mexico's principal means of livelihood and source
of foreign exchange, the relative value of farm production has declined
and today represents only twenty per cent of the gross national product.
While many farm workers are today migrating to the cities, at the same
time city dwellers are constantly bringing modern techniques to the coun-
try. Monterrey is a great industrial center whose surrounding countryside,
although unsuitable for agriculture, has been transformed into an
important poultry-raising region in less than fifteen years. The develop-
ment of this important local industry was encouraged by the need to
eliminate heavy imports of poultry products. Many salaried workers and
professional men from Monterrey took up poultry raising without previous
experience, motivated by a desire for economic betterment and induced
by tempting offers of easy credit and technical assistance from feed
companies and producers of veterinary supplies. What had perhaps
begun as an excuse for enjoying a productive rest in the country soon
became a primary source of income. As production increased, prices
fell, and there were some failures. But the most able survived through
use of efficient production techniques: they introduced exact cost
accounting and the most modern business systems; they organized
themselves into larger associations; they established their own feed
companies and purchased refrigerated trucks for transporting their
products; and they modernized their installations and took the first
steps toward introducing automation. Poultry imports have now been
completely eliminated, and chicken and eggs are no longer luxuries in
the Mexican diet, which in the past was traditionally low in animal
proteins. The successful methods of these poultry raisers have been
enthusiastically imitated by other farmers, who have learned to use
modern technology to reduce costs and increase efficiency.
Similar advancements have been made in hog raising and dairying.
Industrial consumers now extend easy credit for the construction of
swineries and the stocking of purebred strains. When Mexican animal
husbandry—which is still deficient in many respects—is finally stabi-
industries concernées. Lorsque l'élevage mexicain, encore déficient dans
l'ensemble, se sera amélioré, les pâturages et les cultures fourragères
qui exigent actuellement de vastes surfaces pourront faire l'objet d'une
exploitation intensive. Par ailleurs, la disparition progressive des bêtes
de somme et de trait a donné un nouvel essor à l'élevage des animaux
de boucherie. Le cheval a été détrôné par la bicyclette, les mulets et
les boeufs ont été en grande partie remplacés par les tracteurs, et
les charrettes par les camions. On peut donc prédire que, dans un avenir
proche, l'évolution du bétail et la mise en valeur rationnelle des forêts
changeront radicalement la physionomie de la campagne mexicaine.
Lors de la suppression des haciendas, les ouvriers agricoles devinrent
à leur tour propriétaires grâce au système de l'"ejido". Pour les guider,
on créa dans les environs de Mexico l'Ecole nationale d'Agriculture de
Chapingo qui, de pair avec d'autres institutions spécialisées, forme
les ingénieurs agronomes du pays. Le "Plan Chapingo" vise à aug-
menter le nombre des spécialistes et des promoteurs susceptibles
d'initier le paysan à l'utilisation des machines, des engrais, des graines
sélectionnées et des insecticides: tâche d'autant plus importante que
le nombre total d'agronomes est encore inférieur à celui de la Roumanie,
pourtant neuf fois moins étendue que le Mexique.
Vivant autrefois sous la menace constante de la maladie, des chutes
de neige, de la grêle, des incendies, de la sécheresse ou des inonda-
tions, le "campesino" mexicain peut aujourd'hui assurer son bétail et
sa récolte au Seguro Agrícola y Ganadero. En outre, sa famille et
lui-même bénéficient de plus en plus souvent des diverses allocations
de la Sécurité sociale.
Ne semant plus uniquement pour assurer sa subsistance, il gagne de
l'argent, fruit de sa rêcolte, obtient des crédits divers, consomme des
produits industriels et peut utiliser les services économiques et sociaux
qui garantissent son avenir.
Chaque année, le calendrier mexicain commémore deux initiatives d'une
exceptionnelle importance pour l'histoire économique du pays: l'expro-
priation des compagnies pétrolières, décrétée le 18 mars 1938 et la
lized, grasses and fodder which now require large areas of land will
be cultivated on an intensive scale. The gradual decline in the number
of beasts of burden has permitted a corresponding increase in the
number of animals raised for meat. Horses have been displaced to a
great extent by bicycles; mules and oxen by tractors; and carts by
trucks. With so many changes taking place in stock raising—in addition
to those brought about by the scientific and integral forestry program
now in operation—the Mexican countryside is undergoing a complete
and radical transformation.
With the disappearance of the large landowning class in Mexico, farm
workers acquired small plots through the "ej ido" system of land distri-
bution. A shortage of agronomists to advise them resulted in the
founding of the National School of Agriculture at Chapingo, near Mexico
City. The graduates of this and similar schools have made the most
advanced cultivation methods available to farmers. The "Chapingo
Plan" is aimed at increasing the number of extension workers and
instructors available to teach farmers the proper use of machinery and
equipment, fertilizers, improved seeds, and insecticides. This problem
is an urgent one, since there are fewer agronomists in Mexico than
there are in Rumania, for example, which is nine times smaller in area.
Unpredictable weather continues to plague agriculture. The possibility
of snow, hail, fire, drought, or excessive rain is always a latent threat
in many regions. For this reason, an insurance program for farmers
and stock raisers frees them from worries and offers them protection
for their crops and animals. The farmer's welfare, as well as that
of his family, is also protected by a rapidly expanding social security
program with both preventive and curative medical benefits.
Mexico is no longer a land of subsistence farmers. The Mexican farmer
has money earned from the sale of cash crops and his standard of living
is improving. Credit is available to him for production as well as for
the purchase of consumer goods. The farmer is now able to buy indus-
trial products and enjoy services which make his life more pleasant.
Two important acts of nationalization are commemorated each year in
Mexico: March 19 marks the expropriation of the holdings of foreign oil
UNE NOUVELLE PERSPECTIVE: l'INDUSTRIALISATION
INDUSTRIALIZATION: THE NEW PATH
129
130
nationalisation de l'industrie électrique, effectuée le 27 septembre 1961.
Pétrole et électricité sont en effet les deux éléments moteurs du pays,
le premier représentant à lui seul les trois quarts de l'énergie consom-
mée. Véritables artères sustentant et rythmant la production des gran-
des villes, les pipe-lines en provenance des bassins pétroliers courent
parallèlement aux pylones électriques qui, depuis les usines génératrices
et les barrages, irradient la quasi totalité du Mexique.
Commencée au début de ce siècle et totalement contrôlée par des
compagnies étrangères, l'exploitation pétrolière atteignit son apogée
vers 1920, époque à laquelle la presque totalité de la production sortait
du pays. Durant les années qui suivirent l'expropriation, la surveillance
des installations fut assurée par les ouvriers tandis que les techniciens
recevaient une formation accélérée devant leur permettre d'améliorer
les techniques de prospection et de production. Dès que les uns et les
autres eurent acquis l'expérience nécessaire, le nouvel organisme d'Etat,
Petróleos Mexicanos, multiplia les forages, les raffineries et développa
les réseaux de distribution, jusqu'à devenir l'une des premières com-
pagnies pétrolières du monde occidental.
Sans avoir une forte incidence sur le marché du travail, l'exploitation
pétrolière a donné lieu à un grand nombre d'industries secondaires qui
élèvent sensiblement l'indice de l'emploi. Pour s'en convaincre, il n'est
que de constater l'extraordinaire prolifération des usines de fertilisants
à proximité des raffineries de pétrole et de gaz naturel. Organisme à
participation gouvernementale, Guanos y Fertilizantes est le principal
producteur dans ce domaine. La pétrochimie s'impose également peu
à peu par l'importance de son embauche et par la diversité des industries
qu'elle fait prospérer: matières plastiques, caoutchouc, fibres textiles
synthétiques, noir de fumée, etc. La demande interne et externe garantit
un brillant avenir tant à ses produits primaires placés sous le contrôle
de l'Etat, qu'à ses exploitations secondaires, entièrement financées par
des capitaux privés.
La production d'énergie électrique fut amorcée vers la fin du XIXe
siècle puis, au début du XXe, des compagnies étrangères installèrent
les premières centrales dans les grandes villes du pays. En 1938 enfin,
le gouvernement créa la Commission fédérale d'Electricité, qu'il chargea
du contrôle et de l'extension du réseau de distribution ainsi que du
rachat des actions des principales compagnies étrangères. Fréquemment
companies in 1938; and September 27 recalls the nationalization, by
purchase, of the electric power companies in 1961. Petroleum and
electricity are the prime sources of power in Mexico, with petroleum
products supplying three-fourths of the country's power needs. Oil and
gas pipelines now branch out from the oil fields to stimulate productive
activity in the more modern cities. Fanning out from generating plants
and hydroelectric dams—which have, in addition to creating electric
power, radically transformed Mexican agriculture—power lines cross
the national territory in all directions.
Petroleum has been produced in Mexico since the turn of the century.
Originally developed and controlled by foreign companies, production
reached a maximum during the twenties, but almost the entire output
was exported. During the years following the expropriation of the
foreign-controlled companies, Mexican workers at first did little more
than maintain the existing installations while Mexican technicians were
being trained to continue exploration and production. Once experience
was acquired, the government petroleum agency began to prosper. New
wells were drilled, refineries built and pipelines laid. Today PEMEX
(Petróleos Mexicanos) is one of the most important enterprises in the
Western world.
As a source of employment, the petroleum industry itself is not an
important factor in the country's labor force. It does, however, make
possible many other allied industries which employ a large number
of workers. The chemical fertilizer industry is an example. It has grown
explosively, with manufacturing plants located wherever supplies of
petroleum and gas are available. This industry's largest company,
Guanos y Fertilizantes, is owned in part by the government. The
petrochemical industry is also very important, both for the number
of persons it employs and for its auxiliary industries, which produce
plastics, rubber, synthetic fibers, and carbon black. The basic industry
is controlled entirely by the government, while the secondary sector
is under private ownership. The combination of domestic demand for
petrochemical products and their use in the manufacture of articles
for export assures a great future for this industry.
The production of electric power in Mexico dates from the latter part
of the nineteenth century. In the early 1900's, foreign investors
built power plants in many of this country's major cities. The Federal
associée à des programmes d'irrigation et de contrôle des inondations,
la construction de nouvelles usines génératrices a également permis
d'utiliser les hydrocarbures, autrefois employés comme combustibles,
à des fins industrielles.
Une autre particularité de l'économie mexicaine est la libre concurrence
entre les secteurs public et privé. D'après la Constitution, l'Etat peut
être propriétaire d'entreprises au même titre que les particuliers.
Chargé de régulariser et de compléter l'expansion économique, il peut,
s'il le juge d'intérêt public, absorber certaines activités non couvertes
par le secteur privé ou que ce dernier n'estime pas rentables. Le
gouvernement devient ainsi bailleur de fonds et producteur: à part
entière dans les organismes décentralisés, conjointement avec les par-
ticuliers dans les sociétés à participation gouvernementale.
Après s'être consacré à un très vaste programme de travaux publics
pour consolider sa production et son marché intérieur, le Mexique a fait
preuve depuis 1940 d'un remarquable dynamisme économique. Jusqu'en
1950, il a connu un développement accéléré que favorisèrent, au début
tout au moins, les achats effectués par les pays industriels participant
à la Seconde Guerre mondiale. La décennie suivante a été marquée par
une récession des investissements publics et une montée en flèche de
la participation du secteur privé. Après l'expropriation pétrolière, les
importations de capitaux sont restées stationnaires mais le revenu
individuel a augmenté de plus de 50%. Depuis 1950, les investissements
publics et privés se sont équilibrés, les ressources financières provenant
de l'extérieur ont considérablement augmenté et le produit per capita
s'est accru de 19%.
Les principales transformations économiques ont eu lieu dans le secteur
industriel: expansion des compagnies pétrolières et électriques; partici-
pation croissante de l'industrie de la construction au revenu national
grâce au développement des travaux publics; production sidérurgique
quintuplée au cours des quinze dernières années; réduction des charges
publiques au chapitre des frais d'opération, augmentation à celui des
dépenses de capital.
L'industrialisation poursuit un double objectif: satisfaire la demande
interne tout en empêchant la majoration des prix après substitution des
importations par des produits de fabrication nationale et, par voie de
Electricity Commission, whose efforts made it possible for the govern-
ment to control and expand the production of electric power, was
created in 1938. Later, the government purchased the most important
foreign-owned power companies in Mexico and created a single integra-
ted and interconnected system. New generating plants were built—
frequently in connection with irrigation systems and flood control
programs—which not only increased production but freed the country
from an exaggerated dependence on the petroleum industry for fuels.
This expanded production of electric power has released large amounts
of hydrocarbons for use as raw materials in industrial processing.
One of the peculiarities of Mexico's economic system is the existence
of mixed enterprise—joint government and private ownership. The
Constitution authorizes the state as well as private individuals to
engage in commercial activities; the government thus complements as
well as regulates the process of national economic development. It
may take over commercial activities considered unprofitable by private
enterprise if it deems such activities to be beneficial to the general
welfare. In this way, the state becomes an investor and a producer,
either through its semi-official agencies or in association with private
persons in partly state-financed corporate enterprises.
Mexico's dynamic expansion accelerated noticeably in 1940. During the
preceding presidential administration, a program of public works helped
to increase production and integrate domestic markets. This stage of
rapid expansion, which lasted until 1950, was stimulated by emergency
war-time purchases made by the great industrial powers. During the
next ten years, not only did government investments decline, but
foreign capital remained scarce—an after-effect of the expropriation
of the petroleum industry. However, private national investment boomed,
and national income per person increased over fifty per cent. Since 1950,
total investments have been equally divided between the public and
private sectors, and there has been a considerable increase in the
influx of foreign capital. Individual productivity has increased by nine-
teen per cent since that time.
The principal economic changes have taken place in industry. The
nationalized petroleum and electrical industries have enjoyed an
outstanding period of expansion; the construction industry has contri-
buted a tremendous number of private and public works; iron and steel
131
132
conséquence, augmenter et diversifier cette fabrication. Ce programme
implique une modernisation des méthodes et l'amélioration de la pro-
ductivité. Un dégrèvement fiscal a été octroyé à toutes les entreprises
utilisant les matières premières et la main-d'oeuvre nationales jusqu'à
concurrence de 6 0 % du prix de revient. Par ailleurs, la production lo-
cale a entraîné la signature de contrats de fabrication sous licence,
avec patentes, marques et assistance technique étrangères.
Le rythme moyen d'accroissement des industries chimique, sidérurgique
et mécanique ainsi que celui des équipements de transport est de 10%,
tandis que l'expansion générale de l'industrie n'est que de 7 % , chiffre
correspondant aussi à la progression du tabac, du papier, du ciment,
des minerais non métalliques et des produits d'alimentation. Dans le
domaine de l'édition, des textiles, des chaussures, de la confection,
des cuirs et du bois, l'évolution est plus lente. L'une des plus anciennes
du pays, l'industrie textile employait 3% de la main-d'oeuvre nationale
il y a dix ans, le second débouché sur le marché de l'emploi étant l'in-
dustrie du fer et de l'acier qui absorbe aujourd'hui 1,5% des ou-
vriers. Ensuite vient l'industrie automobile qui, entre 1962 et 1965, a
complété ses ateliers de montage de chaînes où sont fabriqués moteurs,
ensembles et pièces détachées. Occupant la quatrième place, l'industrie
alimentaire est suivie de celles de la bière, du tabac, du verre, du ciment,
des matériaux de construction, de la pulpe de bois, du papier et des
articles de caoutchouc. Pour la valeur de la production, le fer et l'acier
viennent en tête, suivis de près par les textiles, tandis que l'automobile
et les denrées alimentaires occupent respectivement les troisième et
quatrième places.
Bien que l'activité minière ait peu progressé au cours des dernières
décades, le Mexique continue à fournir un cinquième de l'argent du
monde occidental, 5% de la production suffisant à couvrir les besoins
du marché intérieur. La hausse constante des prix a encouragé l'explo-
ration et la remise en service des vieilles mines, mais il est encore trop
tôt pour se prononcer sur les effets de ce renouveau d'une industrie
qui, pendant des siècles, a été la première du Mexique. Le pays est
également représenté sur le marché mondial de l'or. Mêlé à l'argent,
ce métal se trouve en petites quantités dans les mines de plomb et
de zinc, dont l'exploitation diminue en raison de la baisse des cours
internationaux. Pour sa part, le cuivre s'inscrit parmi les dix premiers
produits d'exportation, bien que les diverses industries utilisant ce
production has increased by five hundred per cent in the last fifteen
years; and short-term public expenditures have decreased, while long-
term investments have grown.
Mexican industrial development has a two-fold objective: to meet—
without inflation—domestic requirements by reducing imports; and to
develop and diversify domestic production. Both of these aims require
modern business methods and increased production. To encourage the
former, tax exemptions—often as much as sixty per cent of the basic
cost—have been granted to companies that utilize domestic raw mate-
rials and employ Mexican labor. Local manufacture of spare parts has
encouraged production under license agreements, together with the
use of patents and trade marks and foreign technical assistance.
Chemical and steel production as well as the manufacture of machinery
and equipment for the transportation industry have increased annually
at an average rate of ten per cent. In industry, the rate is seven
per cent for products such as tobacco, paper, cement, non-metallic
minerals, and foods. Development has been slower in textiles, shoes,
clothing, leather products, lumber, and printing. Of these, the textile
industry—one of the oldest in Mexico—offers the most employment
opportunities. In the early sixties, the spinning and weaving of cotton,
wool, and synthetic fibers provided employment for nearly three per cent
of the labor force. The second largest employer was the basic iron and
steel industry, which employed 1.5 per cent of the country's skilled labor.
The automotive industry—which between 1962 and 1965 advanced from
mere assembly work to the manufacture of motors, sub-assemblies, and
spare parts—today ranks third in the number of people employed, with
the food industry close behind. The brewing, tobacco, glass, cement,
building materials, pulp, paper, and rubber goods industries are also
important sectors in the labor market. With respect to the value of goods
produced, the steel industry occupies first place, slightly ahead of the
textile, automotive, and food products industries.
During the past few decades mining activities have remained unchanged,
although Mexico still supplies almost one-fifth of the silver produced
in the Western world. Only five per cent of its production is reserved
for domestic use. Rising silver prices have encouraged prospecting and
the reopening of old mines, but the effects of this increased interest
in a field which for centuries was Mexico's principal activity have not
métal (conducteurs électriques entre autres) aient sensiblement réduit
sa vente à l'extérieur.
Alors qu'autrefois 8 5 % de l'industrie minière mexicaine étaient con-
trôlés par des capitaux américains, le 5 février 1961 (quarante-qua-
trième anniversaire de la Constitution) fut promulguée la clause de
l'Article 27 sur l'exploitation et la mise en valeur des ressources mi-
nières, selon laquelle les concessions ne pouvaient être accordées qu'à
des citoyens mexicains ou à des sociétés constituées conformément
à la législation nationale. En septembre 1968 enfin, le président Díaz
Ordaz annonçait que 9 0 % de la production minière et métallurgique
étaient assurés par des entreprises mexicanisées.
La nouvelle orientation de cette industrie est en grande partie due
au décret du 7 décembre 1966, stipulant que l'exploitation de plus de
cent minerais métalliques et non métalliques est exclusivement réser-
vée à des entreprises financées à 66% au moins par des capitaux
nationaux. Cette décision a eu des répercussions décisives sur l'indus-
trie soufrière dont onze sociétés ont été mexicanisées en mars 1967,
une en juin de la même année et la dernière, en février 1968. De
nouvelles entreprises de création récente ont amorcé des travaux de
prospection intensifs et les réserves se sont considérablement accrues.
A l'instar de plusieurs secteurs économiques, l'industrie minière uti-
lise avec succès le système coopératif. Afin de protéger l'emploi et
de préserver la vocation industrielle des agglomérations voisines, quel-
ques coopératives ouvrières ont ainsi racheté de vieilles mines dont la
rentabilité n'était plus assez élevée pour intéresser leurs propriétaires.
Une banque privée mexicaine a récemment installé un système d'or-
dinateurs électroniques — ces nouvelles machines classant, traitant et
archivant des millions de données en quelques secondes — et a, par
ailleurs, lancé un service de cartes de crédit qui permet à l'usager
d'acquérir les articles les plus variés. Ces deux initiatives témoignent
de la complexité actuelle de la structure financière du pays dont les
spectaculaires progrès n'ont d'ailleurs pas été obtenus sans sacrifices
ni difficultés.
yet been noticeable. Mexico is also a gold producer: this metal is usually
found associated with silver in lead and zinc mines but at present their
exploitation is depressed because of low prices in the international
market. Copper is one of Mexico's ten principal exports, although
increased domestic use of this metal in electrical equipment and other
articles has recently caused a slow decline in foreign sales.
Eighty-five per cent of Mexican mining was once controlled by capital
from the United States. Subsequently, on February 5, 1961—the
forty-fourth anniversary of the Mexican Constitution—an amendment to
Article 27 went into effect governing the development and exploitation
of mining resources. This new law stipulates that only Mexican
citizens and companies set up in accordance with Mexican participa-
tory regulations are eligible for licenses and franchises. In Septem-
ber, 1968, the government of President Díaz Ordaz announced that
ninety per cent of mining and metallurgical production now derived
from Mexican-controlled firms.
Further change in the mining industry was brought about by the regula-
tions enacted on December 7, 1966. Franchises to mine more than
a hundred metallic and non-metallic minerals would be granted to
companies whose capital was at least sixty-six per cent subscribed
by Mexicans. This measure had a decisive effect on sulphur companies.
Eleven of these companies were Mexicanized in March, 1967, another
followed in June of the same year, and the last in February, 1968.
Nine recently-established firms have begun intensive exploration pro-
grams, and sulphur reserves have increased considerably.
As in other sectors of the Mexican economy, the cooperative system
has been successfully applied to the mining industry. In order to retain
their jobs and maintain the industrial economic bases of nearby towns,
various miners' cooperatives have acquired exploitation rights to mines
which were no longer profitable for private owners to operate.
A privately-owned Mexican bank recently installed a modern electric
computer that classifies, compares, and files millions of items in
less than a minute. This speed and accuracy in the processing of
133
MOBILITE DE l'ARGENT
MONEY BECOMES MOBILE
134
Avant 1917, le Mexique ne possédait pas d'institution unique chargée
d'émettre la monnaie et son système bancaire était très insuffisant. La
Constitution stipula l'établissement d'une banque centrale d'émission
qui fut créée en 1924 en tant que société anonyme sous le nom de
"Banco de México". Cet organisme se charge de l'émission des billets
et de la distribution monétaire sur l'ensemble du territoire, du contrôle
des changes avec l'extérieur, des taux d'intérêt, du réescompte des
documents commerciaux et, d'une façon générale, de toutes les opéra-
tions propres aux banques de dépôt et d'escompte. De plus, le fonction-
nement des autres établissements de crédit a été réglementé par une
loi fédérale dont la Commission nationale bancaire surveille l'application.
Entre 1930 et 1940 ont été créées la plupart des institutions de crédit
gouvernementales chargées de la promotion et du financement des
secteurs spécialisés: banques nationales de Crédit agricole, de Crédit
pour les Ejidos, Banque hypothécaire urbaine (aujourd'hui Banque des
Travaux et Services publics), Banque du Commerce extérieur, Union des
producteurs de sucre, Magasins de Dépôt et Nacional Financiera (NA-
FINSA). Cette dernière institution, qui en 1934 est devenue l'organe
financier de l'Etat et a été autorisée à intervenir activement sur le
marché des valeurs, est également habilitée à organiser, transformer
et administrer des entreprises de tous genres, posséder des parts dans
des sociétés et émettre des actions, des bons et des obligations. En
1940 enfin, la NAFINSA est devenue instrument de promotion économi-
que. Quelques années plus tard était fondée la Commission nationale
des Valeurs chargée de surveiller le marché, de canaliser l'épargne
nationale et de déterminer le montant des titres d'investissement.
Après la Seconde Guerre mondiale enfin, les institutions nationales ont
été diversifiées en vue de la promotion de branches économiques ex-
trêmement variées.
La plus grande partie des investissements privés sont couverts par
deux types d'établissements: les banques de dépôt et d'épargne et
surtout les sociétés financières. Entrent également dans le cadre de
ce système les unions de crédit, les bourses de valeurs, les "magasins
généraux de dépôt" ainsi que les chambres de compensation. L'impor-
tance des banques de dépôt en tant qu'intermédiaires financiers n'a
cessé de croître en raison du faible développement des marchés de
capitaux et de valeurs. Pour faciliter la canalisation des ressources
financières vers l'industrie, on a créé des sociétés d'investissement
accounts is an indication of the complexity of the present Mexican
financial structure. The same bank has instituted a system of credit cards
for its customers, by means of which the holder may purchase a great
variety of articles and charge them to his checking account. The Mexican
economy has had to solve difficult problems in order to make available
such improvements in the mobility and value of money.
Prior to the Constitution of 1917, the Mexican government did not
have a central agency authorized to issue currency, and the Mexican
banking system was not integrated. The Constitution provided for the
creation of a central bank with authority to control the monetary system;
this provision was realized in 1924 with the chartering of the Banco de
México. It is authorized to issue paper money and regulate currency
in the Republic of Mexico, as well as to control foreign exchange rates
and discount rates, to rediscount commercial notes, and to carry out
all the natural and proper functions of a discount and deposit bank. A
federal law established the operating bases for other banks and created
the National Banking Commission to supervise their activities.
In the thirties, the government created most of the financial institutions
empowered to promote and finance specialized activities: the Banco
de Crédito Agrícola, the Banco de Crédito Ejidal, the Banco Hipotecario
Urbano (now called the Banco de Obras y Servicios Públicos), the Ban-
co Nacional de Comercio Exterior, the Union Nacional de Productores
de Azúcar, and the Almacenes de Depósito. The Nacional Financiera—
the national development bank, another of these institutions—expanded
its operations in 1934, when it began to take an active part in the
stock market and became the government's chief fiscal agent for
financing purposes. This agency was also authorized to organize,
reorganize, and manage all classes of commercial enterprises, as well
as associate itself with them and issue stocks, bonds, and debentures.
In 1940 NAFINSA, as it is more commonly known, took on its pre-
sent role as chief promotor of economic progress. A few years later,
the National Securities Commission was created, with powers to super-
vise the stock market, direct savings into proper channels, and ap-
prove the issue of stocks and bonds. After World War II, the federal
banking system diversified its activities and entered new economic fields.
Private enterprise is financed by two classes of institutions—savings
banks and finance companies. These organizations control the greater
dont les fonds sont affectés à l'achat de valeurs d'entreprises diverses,
les compagnies d'assurances et de garanties constituant de leur côté
des réserves qu'elles orientent vers des placements rentables.
Le développement économique du Mexique est largement fondé sur sa
stabilité monétaire. Depuis avril 1954 en effet, le taux du change n'a
pas varié: 12,50 pesos pour un dollar US. Mais il n'en a pas toujours
été ainsi: la démonétisation de l'or provoquée par le crack financier de
1929 força le pays à dévaluer une première fois sa monnaie et à frapper
sans délai des pesos d'argent. Le portefeuille du Banco de México fut
débloqué et ses opérations limitées à celles d'une banque centrale. En
autorisant les banques associées à effectuer des opérations de ré-
escompte, le pays assainit sa circulation monétaire et le Banco put
constituer des réserves. A partir de 1934, le renforcement des investis-
sements publics et des émissions de contrôle budgétaire provoquèrent
un mouvement inflationniste, l'expropriation pétrolière et l'augmentation
des dépenses publiques entraînant une baisse des exportations et une
plus grande circulation interne qui aboutirent à une nouvelle dévaluation
du peso. Après la Seconde Guerre mondiale, la récession des exporta-
tions provoqua une troisième dévaluation (1948), la dernière (1954)
ayant été le fait du rapide processus d'expansion survenu au cours du
sexennat 1946-1952.
Aujourd'hui, les réserves d'or et de devises du Banco de México dépas-
sent 500 millions de dollars. En outre, le pays dispose d'un droit de
virement sur le Fonds monétaire international et de crédits de stabilisa-
tion auprès du Trésor des Etats-Unis et de la Banque d'Exportation et
d'Importation (EXIMBANK), pour 435 millions de dollars supplémentaires.
Depuis 1954, le Mexique participe aux bénéfices de la Banque interna-
tionale pour la Reconstruction et le Développement (BIRD) et de ses
filiales. Membre de la Banque interaméricaine de Développement (BID),
il fait aussi partie de plusieurs autres organismes de coopération inter-
nationale. Récemment, son quota de participation au Fonds monétaire
international a augmenté de 25%. Considéré comme émanant d'un pays
politiquement et économiquement stable, le peso a été la première
monnaie latino-américaine à être rangée parmi les monnaies "fortes"
utilisées par le Fonds dans ses transactions multilatérales.
Le peso suit d'ailleurs la progression du produit national car, depuis
1952, les divers gouvernements qui se sont succédé ont lutté par tous
part of private capital and complement the credit unions, the stock
market, the bonded warehouses, and the clearing houses. Savings
banks have become more important as financial intermediaries due to
the relative under-development of the stock market. Investment trusts
have also been created to tap the reservoir of private savings and
channel them into industry. In addition, the insurance and bonding
companies collaborate in the country's financing through the formation
of monetary reserves which are eventually directed into investments
productive to the country as well as to the companies themselves.
Mexico has maintained a relatively stable currency while carrying out
a policy of economic development. Since 1954, the value of the Mexican
peso has remained unchanged at the rate of 12.50 to the U.S. dollar.
Gold was demonetized as a result of the world-wide depression of
1929, which led to the first devaluation of the peso. Silver pesos were
rapidly coined at the mint's full production rate; the portfolio of
the Banco de México was unfrozen and its operations thenceforth
restricted to those of a central bank. By authorizing the associate banks
to rediscount commercial paper, Mexico acquired a sound monetary
system and the Banco de México increased its reserves. In 1934, the
undertaking of a great number of public works projects and the issuing
of paper to balance the budget produced an inflationary spiral. The
expropriation of the petroleum industry and the increase in public
spending caused a decline in exports and an increased internal circu-
lation of money that eventually resulted in a second devaluation of
the peso. Following the Second World War, a decline in exports brought
about the devaluation of 1948, and a period of rapid expansion from
1946 to 1952 resulted in the last devaluation in 1954.
At present, the gold and currency reserves of the Banco de México are
in excess of five hundred million dollars. Mexico also has the right to
draw on the International Monetary Fund, and has stabilization agree-
ments with the United States Treasury and the Export-Import Bank.
These credits amount to an additional 435 million dollars. Since 1954,
Mexico has shared in the benefits of the International Bank for Recon-
struction and Development (IBRD) and its affiliated institutions. It is also
associated with the Inter-American Development Bank (IADB) and other
organizations for international cooperation. Mexico recently increased its
participation in the International Monetary Fund by twenty-five per cent.
In recognition of its status as one of the countries of greatest political
135
136
les moyens dont ils disposaient pour enrayer les pressions inflationnistes.
D'où une salutaire et presque constante stabilité des prix dont profite
directement l'économie du pays.
Depuis 1958, les financements bancaires ont enregistré un spectaculaire
accroissement annuel (17,4%) dont témoigne celui — 20,2% — des
valeurs à revenu fixe appartenant aux institutions de crédit, aux en-
treprises et aux particuliers.
La politique économique du Mexique accordant une importance crois-
sante aux investissements publics, les dépenses des organismes décen-
tralisés et des entreprises à participation gouvernementale sont celles
qui ont le plus augmenté au cours des six dernières années. Après
s'être presque exclusivement consacré aux travaux publics pendant la
guerre et jusque vers les années 50, le gouvernement fédéral a depuis
lors tenté de canaliser les ressources vers les services et la production
des biens de consommation. Près des deux tiers de ces dépenses sont
réalisées par PEMEX, les Chemins de Fer mexicains, l'Institut de Sécurité
sociale et la Commission fédérale d'Electricité.
A la moitié de l'exercice 1965, la dette publique intérieure et extérieure
du gouvernement fédéral représentait approximativement un dixième
du produit national brut de 1964. Outre ce passif, l'Etat garantit quel-
ques obligations des grands organismes décentralisés. Entre 1960 et
1964, les revenus du gouvernement à titre de placements et finance-
ments divers représentaient en moyenne moins du tiers des disponibi-
lités, tandis que les remboursements des crédits comptaient pour le
quart. Fin 1965, la dette publique extérieure a été réduite à 1 milliard
771 millions de dollars, chiffre qui n'excède pas la capacité d'endette-
ment du pays. La stabilité du taux de change n'est donc pas menacée,
et ceci d'autant plus que les fonds provenant de l'étranger sont affectés
à des projets rapidement amortissables.
Au début de l'année dernière, Coatzacoalcos, sur le golfe du Mexi-
que, recevait le plus important équipement jamais sorti d'un port
britannique: un réacteur pour la production d'ammoniac par combinaison
d'azote et d'hydrogène, que venait de commander l'usine construite par
stability and economic development, in 1965 the Fund declared the
Mexican peso a hard currency for international exchange, thereby
permitting other countries to use it in multilateral transactions with
the Fund. It is the first Latin American currency to achieve this status.
Since 1952, the government has followed a policy of equilibrium aimed
at preventing inflationary pressures. As a result, money in circulation
has maintained an even pace with the increase in the gross national
product, and Mexico has enjoyed relative price stability.
During the past decade, financing granted by the Mexican banking
system has shown an average increase of 17.4 per cent annually. This
has resulted in a 20.2 per cent annual increase in bonds held by credit
institutions, businesses, and private investors.
Expenditures by decentralized government organizations and partly
state-financed enterprises have increased sharply during the past six
years as a result of a change in emphasis regarding government
investments. During the Second World War and a period in the fifties,
the federal government undertook large basic works projects, but in
each instance subsequently reduced its activities in public construction
and directed more resources toward the production of goods and
services. The Mexican National Railways, the Mexican Social Security
Institute, PEMEX (Petróleos Mexicanos), and the Federal Electricity
Commission account for approximately two-thirds of all government
enterprise expenditures.
By mid-1965, the direct public debt, both internal and external,
represented approximately one-tenth of the 1964 gross national product.
In addition to these liabilities, the government guarantees some of the
obligations acquired by the more important decentralized government
organizations. From 1960 to 1964, the income of the federal government
from loans and various financing arrangements represented on the
average less than one-third of the total reserves, of which one-fourth
was earmarked for repayment of loans. By the end of 1965, the govern-
ment's total outstanding liabilities incurred from foreign loans had been
reduced to 1.77 billion dollars, an amount well within the capacity of
the country to repay. The stability of the currency has in no way been
endangered by these loans, which have been invested in projects that
ensure the loans' prompt retirement.
ACHETER DES MACHINES — VENDRE DES ARTICLES MANUFACTURES
PEMEX dans le complexe industriel voisin de la raffinerie de Minatitlán.
Le débarquement et le transport du réacteur, qui une fois installé
pesait plus de 500 tonnes, exigèrent des mesures exceptionnelles: cons-
truction de deux plates-formes mobiles (huit essieux chacune) pour son
transfert du quai aux installations, et d'une structure spéciale pour sa
mise en place définitive dans l'usine, qui sera l'une des plus importantes
du monde. Ce matériel lourd n'est qu'un exemple de la politique com-
merciale extérieure du Mexique qui, d'une part, achète machines et
biens de capital et, d'autre part, vend des matières premières ainsi
qu'un pourcentage chaque jour plus élevé de produits manufacturés.
Ventes et achats extérieurs ont d'ailleurs déterminé dans une largemesure le destin de la monnaie et de l'économie mexicaines, lesquellessubissent toutes les pressions et fluctuations du marché de biens deconsommation et de devises. De nombreux courants inflationnistes ayantété provoqués par le déséquilibre de la balance commerciale, fin 1950le gouvernement mexicain annula les accords réciproques conclus avecles Etats-Unis afin d'obtenir une plus grande liberté dans ses taxes àl'importation. Depuis lors, des restrictions considérables ont été im-posées à l'achat des biens de consommation qu'on espère, dans unavenir très proche, pouvoir produire localement.
L'expansion du pays exige l'importation de machines, d'appareils mécani-
ques et électriques, d'automobiles, de camions et de pièces de
rechange, de produits chimiques organiques et inorganiques, de ma-
tières premières pour les fonderies et les forges, d'instruments de
mesure et de calibrage de précision. En échange, le Mexique vend des
matières premières — coton, sucre, maïs, soufre et pétrole surtout —
ainsi qu'un produit de la mer d'exploitation traditionnelle: la crevette.
Parmi les principaux articles manufacturés destinés à l'extérieur—près
d'un cinquième des exportations — signalons les livres, les produits
alimentaires, le verre plat et les mosaïques de verre, les machines à
écrire, les wagons de chemins de fer, les meubles de bureau, les
tuyaux et rails d'acier, les valves électroniques et l'outillage agricole.
Cherchant essentiellement à remplacer ses importations par des produits
de fabrication nationale, le Mexique a d'abord voulu favoriser ses
industries locales. Néanmoins, dans le but d'augmenter la qualité des
produits et d'établir une certaine concurrence, ces mesures protection-
Early in 1968, the heaviest piece of machinery ever to leave a British
port arrived in Coatzacoalcos, a port on the Gulf of Mexico. The shipment
—a five-hundred-ton reactor designed to produce ammonia from the
reaction of hydrogen and nitrogen—was consigned to a plant which
PEMEX (Petróleos Mexicanos) is building as part of an industrial complex
near the refinery at Minatitlán. The unloading and transportation of
such a heavy object posed problems that required extraordinary
solutions: to transport the reactor from the dock to the factory, two
platforms mounted on eight axles had to be built; and to install the
converter in its final position a special structure was designed.
When finished, the ammonia plant will be one of the largest in the
world. This immense reactor symbolizes Mexico's foreign trade policy of
purchasing machinery and capital goods and selling raw materials and a
growing proportion of manufactured products.
Exports and imports have to a great extent determined the fortunes of
the currency and the economy of Mexico, neither of which is outside
the influence of pressures and fluctuations that characterize internation-
al trade. Inflationary tendencies can often be traced to an unfavorable
balance of payments. For this reason, in 1950 the government of Mex-
ico abrogated a reciprocal treaty with the United States in order to
enjoy greater freedom in establishing import tariffs. Since then, con-
siderably more restrictions have been placed on the importation of
consumer goods than on the machines that produce them.
Mexico's continuing progress toward this end is shown by its heavy pur-
chases of machinery, electrical and mechanical apparatus, automobiles,
trucks and parts, organic and inorganic chemical products, rough
castings and forgings, and measuring and precision instruments—which
clearly demonstrate the technical benefits brought about by this
country's foreign trade policy.
Mexico is still, however, an exporter of minerals and basic agricultural
products. Its principal exports are agricultural commodities such as
cotton, sugar, and corn. Of the non-metallic minerals, sulphur and
petroleum are especially important, while shrimp is a valuable and
traditional export of the fishing industry. Exports of manufactured goods
represent twenty per cent of Mexican sales abroad. The principal
137
BUYING MACHINERY—SELLING MANUFACTURED PRODUCTS
138
nistes ont été contrebalancées par l'octroi de permis d'importation de
machines aux entreprises les plus dynamiques. Par ailleurs, l'intérêt
des investisseurs éventuels a été stimulé par une liste de 528 produits
dont la fabrication est considérée avantageuse sur le territoire mexi-
cain. Les importations de biens d'équipement sont complétées d'im-
portations de capitaux (deux tiers en provenance des Etats-Unis) qui
sont orientés vers l'industrie. Comme nous l'avons dit précédemment,
la politique officielle consiste à établir un système mixte où la participa-
tion mexicaine doit être au minimum de 51% du capital.
Bien que le Mexique ait diversifié ses exportations, il n'en reste pas
moins que la plupart de ses ventes et achats s'effectuent avec les
Etats-Unis, d'où une certaine préoccupation face à la politique protec-
tionniste pratiquée par ce pays en matière d'importations. Le Mexique
achète plus qu'il ne vend, mais ce déséquilibre est compensé par les
bénéfices du tourisme, dont les chiffres ont doublé entre 1960 et 1966.
Le nombre de visiteurs est passé de 750 000 à 1 500 000 et le volume
des recettes, de 150 à 328 millions de dollars. Par ailleurs, les trans-
actions commerciales se sont récemment intensifiées aussi bien avec la
zone latino-américaine de libre échange qu'avec le marché commum
d'Amérique centrale.
La journée de travail du Mexicain est maintenant prolongée de quelques
heures consacrées aux cours du soir. Les industriels participent à des
congrès. Sur les murs des bureaux des cadres supérieurs s'alignent
parchemins et diplômes témoignant de leur assistance à des séminaires,
conférences, cours et colloques où sont abordés tous les sujets, depuis
l'art de parler en public jusqu'aux spécialités post-universitaires.
Alléchées par les emplois bilingues et les secrétariats de direction,
les jeunes filles suivent des cours de langues étrangères ou
d'administration commerciale. Les centrales ouvrières multiplient
leurs journées de formation syndicale. La Sécurité sociale ouvre des
centres de spécialisation professionnelle pour les ouvriers en leur ga-
rantissant un poste en fin de stage et propose à la femme au foyer des
travaux d'artisanat lucratifs pour occuper ses heures de loisir. De
plus en plus dynamiques, les vendeurs suivent des cours de marketing
dans les salons des plus grands hôtels de la ville. Les paysans assistent
manufactures are books, processed foods, window glass, ceramic tiles,
typewriters, railroad cars, office furniture, steel rails and pipe, elec-
tronic parts, and agricultural machinery.
Mexico's policy of industrialization is aimed at reducing imports. The
first step taken in this direction was the protection accorded local
industry. This protective policy is kept flexible, however, through the
issuance of import permits for new machinery to the more progressive
companies, which has the dual objective of raising the quality of manu-
factured products and of stimulating healthy competition. In order to
encourage investors, the government has published a list of 528
products that can be profitably manufactured in Mexico. Capital as
well as goods are imported. The attention of foreign investors has been
principally attracted by Mexican industry. Today, capital originating in
the United States accounts for two-thirds of all foreign investment.
Official policy calls for a system of mixed ownership, whereby fifty-one
per cent of each company must belong to Mexicans.
Although Mexico does not depend on one or only a few products for
foreign exchange, most of its trade is with the United States. This
situation has caused a certain concern in Mexican business circles
because this neighbor country has recently begun to levy higher import
tariffs. In international trade, Mexico buys more than it sells, but
income from tourist expenditures compensates for the imbalance.
Between 1960 and 1965 the number of tourists visiting Mexico each
year rose from 750,000 to 1.5 million, and the annual value of their
expenditures climbed from 150 million to 328 million dollars. Trade
with the Latin American Free Trade Association and the Central
American Common Market has also increased.
Mexicans are willing to spend time and money on adult education, and
many extend their working hours to take special courses for learning
new skills. Each year business executives attend a constantly increasing
number of conventions, and the offices of business managers are
hung with framed diplomas which testify to their attendance at semi-
nars, conferences, intensive courses, and round tables covering a
wide range of subjects. In the hope of becoming bilingual or executive
FORMATION PROFESSIONNELLE CONTRE IMPROVISATION
JOB TRAINING VS. IMPROVISED SKILLS
aux conférences illustrées de projections des ingénieurs agronomes, et
nombre de servantes de maisons aisées délaissent leurs fourneaux pour
devenir coiffeuses, serveuses ou vendeuses. Au Mexique, on paie
pour apprendre et les frais d'étude sont considérés comme un pla-
cement fructueux. Au cours de l'année 1967, les entreprises ont donné
des centaines de classes auxquelles ont assisté plus de 37 000 person-
nes. L'enseignement traite de tous les sujets et s'adresse à tout
le monde: la coutume ne veut-elle pas que les jeunes filles de la
moyenne et de la haute bourgeoisie suivent des cours de formation ma-
trimoniale avant leur mariage?
Besoin d'apprendre où l'on décèle une reconnaissance tacite des la-
cunes de l'improvisation et un indubitable désir de perfectionnement.
L'exemple des adultes se propage d'ailleurs parmi les enfants et les
jeunes gens, qui ont exigé des cours du soir dans la majorité des écoles
publiques et privées. Signalons aussi que les programmes éducatifs ac-
cordent une importance croissante à l'orientation professionnelle des
individus qui, pour une raison ou une autre, ont abandonné leurs
études prématurément.
Nombre de paysans devenant ouvriers du jour au lendemain, le gouver-
nement a dû établir un service national de formation accélérée de la
main-d'oeuvre industrielle (ARMO — Adiestramiento Rápido de la Mano
de Obra en la Industria). Aidé sur le plan technique et financier par le
Fonds spécial de l'ONU, ce service s'est énergiquement attaqué à la
formation immédiate de près d'un million de travailleurs.
Dépendant encore de l'aide technologique étrangère, les entreprises
publiques et privées déploient d'énormes efforts pour la promotion sys-
tématique de la recherche pure et appliquée. D'une part le nombre des
boursiers mexicains à l'étranger augmente chaque année, d'autre part
les chercheurs disposent d'équipements de plus en plus perfectionnés.
En conclusion, les Mexicains sont fermement résolus à exploiter au
maximum les changements économiques qui, en trente ans, leur ont
déjà permis d'améliorer considérablement leur niveau de vie.
secretaries, office workers take language courses and study business
administration. Labor unions are constantly improving their organization
and seeking new members. Social security agencies have opened
trade schools for workers and can assure them well-paying jobs on
completion of the courses. Instruction in arts and crafts is available
to housewives who wish to make use of their leisure time. Lectures
on effective salesmanship are held in hotel auditoriums. Farmers
attend talks and demonstrations by agronomists and are instructed
and entertained by documentary films. Many domestic servants leave
their jobs to take positions as beauty operators, salesgirls, or waitresses.
Young girls of the middle and upper classes take counseling courses
to prepare themselves for marriage. In 1967, Mexican manufacturing
centers gave hundreds of courses attended by a total of more than
37,000 workers. Today there are classes for everything and everyone.
This drive to acquire learning is a manifest desire for self-improve-
ment and a tacit recognition of the deficiencies that result from a
lack of education. Young people imitate their elders, and have re-
quested night courses in the majority of public and private schools.
Programmed education has also been designed to aid school dropouts
in acquiring the skills needed to find a job. And the realization
that farmers may be quickly trained for industry has encouraged the
government to organize a program—ARMO (Adiestramiento Rápido de la
Mano de Obra en la Industria)—which, with United Nations technical
and financial aid, has established an ambitious goal of rapidly training
almost a million skilled industrial workers.
Acutely aware of present-day Mexican dependence on foreign technology,
private companies as well as government agencies are vigorously
and systematically supporting current research programs in pure as
well as applied science. The number of students awarded foreign
scholarships increases yearly, and research scientists are supplied
with the best modern equipment for their investigations. In short,
the people of Mexico are convinced that they must take full advantage
of the recent economic changes which have permitted them to live on
a level incomparable to that of only a generation ago.
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Originaire d'Amérique, le maïs a toujours été l'aliment par excellence dupeuple mexicain. Omniprésent, il est source de mythe, de poésie, de vie.
Native to America, corn has always been the Mexican people's basic staple.Grown throughout the country, it is myth, poetry, existence.
Désormais classé en Bourse parmi les monnaies fortes, le peso permet auMexique de vivre au rythme du monde contemporain.
La mise en route en 1903 du haut-fourneau de Monterrey, première villeindustrielle du pays, a donné son essor à l'industrie lourde mexicaine.
Recently designated a hard currency, the Mexican peso plays an importantrole in stock exchange operations and many world markets.
Monterrey is the country's leading industrial city. Construction of its smeltingfurnaces in 1903 marked the origin of Mexico's heavy industry.
La culture de la canne à sucre est pratiquée non seulement le long descôtes, mais aussi dans diverses régions du centre du Mexique.
Jadis confinées dans les travaux domestiques, les femmes participent au-jourd'hui largement à l'activité industrielle.
The cultivation of sugar cane has spread not only along the coasts butthroughout various parts of central Mexico as well.
Formerly confined to house-work, this television factory worker is todayparticipating in Mexico's vigorous industrial development.
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Symbole du jour des morts, la fleur de cempoalxóchitl ne se contente plusd'être élément décoratif, mais devient aliment pour volailles.
Les mines des environs de Monclova, au nord du Mexique, fournissent lecharbon nécessaire à la production d'acier.
No longer purely decorative, the cempoalxóchitl flower — symbol of the Dayof the Dead—is being industrialized as feed for fowl.
Extensive coal mines near Monclova, in northern Mexico, supply this basicmineral to several important steel-producing centers.
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Les techniciens de l'Ecole nationale d'Agriculture travaillent à l'améliorationdes espèces et à l'augmentation du rendement de la terre.
Sans rompre pour autant avec la tradition des "tianguis", les supermarchéssavent aussi faire appel à la curiosité et à la gourmandise.
Research dealing with improvement of species and greater productivityof the soil is undertaken at the National School of Agriculture.
Mexican supermarkets often link the old traditions of the "t ianguis" withnew ones directed at arousing curiosity and the tastes of a gourmand.
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Le tabac mexicain s'est fait une place sur le marché international où sesnombreuses marques de cigarettes et cigares sont hautement appréciées.
L'industrie textile est l'une des plus anciennes du pays. De plus, l'excellentequalité du coton mexicain a permis d'en augmenter les exportations.
Mexican tobacco has entered the international market, and today many brandsof cigarettes and cigars enjoy wide acceptance throughout the world.
The textile industry is one of the country's oldest enterprises. The highquality of Mexican cotton has allowed it to become a leading export.
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Conçus pour satisfaire les besoins d'une population croissante, les super-marchés offrent au public des conditions idéales d'hygiène et d'efficacité.
Un conditionnement industriel ultramoderne permet d'expédier dans le paystout entier les denrées alimentaires, même périssables.
Designed to meet the needs of growing population, supermarkets offer thepublic not only hygienic conditions but proven methods of efficiency.
Today, food-packing firms distribute throughout the country an assortmentof products previously unobtainable in many isolated regions.
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La fabrication des automobiles a connu un essor considérable, probablementsans précédent dans l'histoire industrielle du Mexique.
L'industrie de la construction est devenue à l'heure actuelle l'une des prin-cipales sources d'emploi pour l'ouvrier mexicain.
In Mexico's industrial development, the automotive industry is perhaps thebest example of rapid integration over a markedly short period.
The construction industry has become the most important source of em-ployment for the Mexican worker.
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"Plus d'eau que de terre: un marécage" a écrit le poète Carlos Pellicer. Ilparlait du sol de Tabasco, qui recélait pourtant une richesse: le pétrole.
Les puits sous-marins creusés dans le plateau continental, au large de l'Etatde Veracruz, ont permis d'augmenter la production de pétrole.
"More water than land: waterland," wrote poet Carlos Pellicer, referring tothe soil of Tabasco. When drilled it reveals another mantle: petroleum."
Oil production has been increased by offshore wells drilled along thecontinental shelf bordering the state of Veracruz.
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Depuis son exposition aux rayons du soleil jusqu'à sa transformation enbreuvage odorant, le café passe par une série d'étapes variées.
Exposed here to the life-giving rays of the sun, coffee will later pass throughvarious processes before reaching the lips of the public.
Le sisal est la principale richesse du Yucatán. Considérée autrefois commeun matériau de luxe, sa fibre est aujourd'hui d'un usage courant.
In Yucatán, sisal is a principal source of wealth. Considered a luxury inpre-Hispanic times, today this fiber is common throughout the world.
Appelée tlixóchitl par les Aztèques, la vanille, plante à "l'arôme divin", estoriginaire du Mexique qui en reste le principal producteur.
Cette usine installée à Ciudad Pemex, dans l'Etat de Tabasco, fournit la ma-jeure partie du gaz consommé dans le pays.
Called tlixóchitl in Mexica, vanilla — "aroma of gods"— originated in Mexico.Today this country produces most of the world's supply.
Built at Ciudad Pemex, state of Tabasco, this plant is the principal producerof gas in Mexico.