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Annick Le DOUGET Sainte Anne De fouesnant Le fonds dit "Peyron", constitué par l'éminent chanoine Peyron et conservé à l'évêché de Quimper, recèle des trésors. Parmi eux figure un document que l'on peut dater du siècle, hélas non signé : on peut légitimement penser qu'il s'agit de l'ouvrage d'un prêtre, passionné par l'histoire de sa paroisse. Voici la légende de Sainte Anne, telle que recueillie et retranscrite par l'historien. "Voici une légende que j''ai souvent entendu raconter, avec quelques petites, variantes, au sujet de cette chapelle de Sainte-Anne de Fouesnant. Un jour, vers onze heures, une belle dame modestement habillée, mais belle comme tout, entre dans une chaumière située dans un coin du champ qui touche le côté Est du placître actuel de la chapelle. - "Bonjour ! dit-elle en entrant. Sa voix était si harmonieuse que la ménagère, qui en ce moment faisait des crêpes, se détourna brusquement. - Qui est là ? fait-elle, ravie. 1/9

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Eglises du Pays de Fouesnant -

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Annick Le DOUGET

Sainte AnneDe fouesnant

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Le fonds dit "Peyron", constitué par l'éminent chanoinePeyron et conservé à l'évêché de Quimper, recèle des trésors.Parmi eux figure un document que l'on peut dater du siècle,hélas non signé : on peut légitimement penser qu'il s'agit del'ouvrage d'un prêtre, passionné par l'histoire de sa paroisse.Voici la légende de Sainte Anne, telle que recueillie etretranscrite par l'historien.

"Voici une légende que j''ai souvent entendu raconter, avecuelques petites, variantes, au sujet de cette chapelle de Sainte-Anne de Fouesnant.

Un jour, vers onze heures, une belle dame modestement habillée, mais belle commeout, entre dans une chaumière située dans un coin du champ qui touche le côté Est dulacître actuel de la chapelle. "Bonjour ! dit-elle en entrant. Sa voix était si harmonieuse que la ménagère, qui en ceoment faisait des crêpes, se détourna brusquement.

Qui est là ? fait-elle, ravie.

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- Je vous demande pardon, reprit la belledame, de vous déranger dans votre travail.Je viens vous demander une chose qui feradu bien et un grand plaisir à tout lemonde.- Parlez, Madame, répondit la fermière,qui ouvrait tout grands les yeux pourmieux voir la dame. Dites-Ie vite, car jesuis pressée par mon travail.- Je viens vous demander la permission debâtir une maison dans votre champ, là,tout à côté.- Pas maintenant au moins, répond lafermière, nous venons d'y semer du blénoir.- Quand votre blé sera mûr, vous me lepromettez ? demande la dame.- Oui, je veux bien, si mon mari y consent.- C'est bien, dit la dame. Je vous enremercie, car votre blé est mûr. Il esttemps de le couper.- Mûr mon blé ? Il n'est pas sorti de terre !- Venez voir, dit la dame. Il estcertainement mûr.- Vous vous moquez de moi, réplique laménagère.- Mais venez voir, insiste la dame avecdouceur.La ménagère, hors d'elle-même, crie:"Allez vous-en ! "En même temps, elle court toute rouge decolère, après la dame pour la frapper desa patelle (ou pastelle). La dame se retire.Étant venue presque sur le seuil de saporte, la ménagère ne peut s'empêcher dejeter un coup d'oeil sur son champ.

Ô surprise ! le blé noir a poussé etest réellement mûr ! La fermière cherche àrevoir la dame, mais celle-ci a disparue.Elle revient à son travail. Plusieurs crêpes,dit-on, échappèrent de ses mains ettombèrent dans le feu, tant elle était émue.

Quand son mari vint dîner, elle lui

raconta l'apparition et n'eut pas de peine(à se faire croire, car le blé était vraimentmûr.

On en parla au recteur, qui vintvoir le champ, et se décida à bâtir unechapelle en l'honneur de Sainte Anne.Cependant, il manquait l'argent nécessairepour cette construction. Pour se procurer(les ressources, il eu l'idée de mettre untronc au bord de la route de Fouesnant àQuimper, à l'embranchement de Sainte-Anne, et l'on dit que l'argent n'y manquajamais pendant la construction de lachapelle.Et depuis...

"A, Fouesnant, la dévotion vad'emblée à Sainte Anne. Même les hommesqui ne venaient que rarement à la messe,qui négligeaient leurs Pâques, venaient enpèlerinage à la chapelle, non seulement lesjours du Pardon, mais les mardis duCarême, et faisaient comme tout le mondetrois fois le tour de la chapelle le chapeleten main" conclut notre narrateur.

Ceci se passait bien sûr dans destemps très anciens... Peut-être quand futdécidée la construction de la premièrechapelle de Sainte-Anne, car l'édifice quenous connaissons fut précédé d'un autreplus modeste.

Voici l'acte notarié du 16 août 1680portant acquisition du placître avantl'édification en 1683 de la chapelleactuelle. Il est important, car il démontrel'existence, à proximité, d'un autresanctuaire, devenu vraisemblablement troppetit pour recevoir la foule des pèlerins. Lafontaine se trouvait déjà à l"emplacementque nous connaissons. Les deux édificesont coexisté au moins le temps des travaux,sans doute même davantage, mais on nesait quand l'ancien a été détruit.

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Ce document provient de la même sourcedu fonds Peyron : il est retranscrit sur unvieux cahier et on y reconnaît l'écriture durédacteur de la légende de Sainte-Anne:une annotation intéressante y est ajoutée,(l'historien arrivait bien sûr aux mêmesconclusions que ci-dessus). "Il se peutqu'on ait voulu représenter cette premièrechapelle par l'image d'une petite chapellesculptée en relief dans un des panneauxdu maître autel actuel."

"Le 16 août 1680 après midydevant nous notaires royaux de la cour etsiège royal de Conq, Fouesnant elRosporden, ont comparu en personnes :Tanguy Le Béchennec et Jeanne Le Tymensa femme, demeurant au village deSiIligeau en la paroisse de Fouesnant,d'une palr, et Jean Keradennec à présentfabrique de la chapelle de Sainte Anne deFouesnant, demeurant au village deKervransel, en la prédite paroisse, adhéréde vénérable et discret messsire PierreMoro, prestre recteur de la dite paroissede Fouesnant et des vénérables et discretsmessires Tanguy Nédélec, prestre et curéde la dite paroisse et Jean LeMoal prestre

de la dite paroisse de Fouesnant, faisanttant pour eux que pour le général îleFouesnant, d''autre part. "

Par cet acte de vente, Béchennec etsa femme vendent à Kéradennec et à cesmessieurs comme fabriciens etreprésentants de la paroisse de

Fouesnant "le fond, la propriétépossession et saisine, édifices et droitsréparatoires et superficies d'un journal deterre chaude, superficies, temps et endroitssitués dans un parc appelé vulgairementparc an illis autrement parc Mary, la ditejournée de terre située dans le dit parc ducosté du couchant, le dit parcfermant versorient sur le chemin conduisant au bourgde Saint Evarzec au bourg de Fouesnant etdu nord sur la fontaine de la chapelle deSainte Anne, le dit journal contenir quatrevingt cordes, la dite vente faite et accordéeentre parties pour cession de la somme detrois cents vingt Livres.

Kéradennec paie immédiatement"en louis et demi-louis d'argent en bonnesmonnaies que le dit Kéradennec déclareprovenir des deniers appartenant à la ditechapelle de Sainte Anne de Fouesnant".

L'acte est signé de M. Moro, Moal,Nédélec, prètres : de Guillaume ConanKerhorenas, recteur de Saint Évarzec pourBéchennec et sa femme : de GuillaumeNoblet, seigneur de Keryon : BerterrandDesange, sieur de Rosmeur, et se terminepar: "Billetté, cotté et chiffré :Longchamp, Parquer."

La prise de possession de la terre sefit le 20 août suivant. Cet acte précisaitexpressément que l'achat se faisait au profitde la chapelle Sainte Anne de Fouesnant.La copie de l'acte de prise de possession nefut délivrée que le 16 juin 1687 : cedocument ainsi que celui de l'achat ontlongtemps été conservés au presbytère deFouesnant.

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Un pardon animé en 1726

La décision prise par le seigneurGuillaume-Joseph Riou de Kerouant et

Kernuz de "lever la coutume " lorsd'un pardon de Sainte Anne en 1726 futsource de scandale et troubla la sérénitéhabituelle des pèlerins.

Un procès s'en suivit, l'opposant aurecteur de Fouesnant: le procès verbal desdeux "playdoyés" relate cette curieuseaffaire. (Archives de l'Evêché)

Que signifiait "lever coutume" ? La"coustume" était un privilège noble,autorisant le seigneur du lieu à prélever àson profit sur les étals des vendeurs, lesjours de pardon ou "assemblées", des fruitsou autres marchandises, selon son bonvouloir.

En 1726 donc, il plut à MessireGuillaume-Joseph Ryou, chevalier,seigneur et baron de Kerouent et deKernus, seigneur de la cour et de lajuridiction de Bréhoulou et de Kergaradec,de faire lever la coutume sur le placître deSainte-Anne de Fouesnant la veille et lejour du pardon, qui a lieu le 26 juillet.

Il envoya Jean Le Roy, ménager àLaëren en Plonéour, porter ses ordres àMaître Bernard-Sébastien Démizit, avocat,sénéchal et seul juge de la cour etjuridiction de Kergaradec et de Bréhoulou.Pierre Chattou, procureur ans fiscal de lamême cour et habitant Mesmeur en LaForêt et le dit sénéchal demeurant au lieude La Forêt vinrent, accompagnés deMaître René Mascé, greffier de la mêmecour, demeurant aussi à La Forêt, et suivisde Yves Tolliec, sergent de la ditejuridiction, et de Jean Le Roy, jusqu'auplacître de Sainte Anne, la veille duPardon. Et ils se mirent à lever la coutumesur tous les boulangers installés dans le dit

placître, puis sur les fruits et autresdenrées, quand Jean Le Louarn, deKervransal, qu'ils appellent "le valet de lafabrice de Sainle-Anne", se mit à crier:"Aux voleurs ! Hers al laëron! " Bientôt,la foule fut nombreuse et menaçante, criantcomme Louam : "Aux Hers al Laëron !".

Ces messieurs durent se retirer. Ilsrevinrent le lendemain, vers onze heures,pendant qu'on chantait la messe, etvoulurent continuer à lever le droit decoutume. Mais on leur dit que Monsieur leRecteur l'avait fait le matin même. Ainsil'attestaient Marie Le Saux, boulangère aubourg de Trégunc, Catherine Ligen,boulangère au bourg d'Elliant, HenriStéphan, mercier à Quimper, FrançoisMessager, mercier au bourg du Juch etbien d'autres.

Le Sénéchal et ses compagnonsallèrent alors à l'église par la sacristie,pendant le sermon, protester auprès duRecteur, lui disant que le baron deKerhouent seul avait le droit de faire leverla coutume surce placître.

Monsieur le Recteur protesta à sontour qu'il était inouï qu'on vînt ainsitroubler l'office au grand scandale dela population. Il y eut échange de proposaigres-doux entre les deux parties. Il s'ensuivit un procès qui dura près de deux ans.

Le Recteur soutenait qu'il ne levaitpas la coutume, mais faisait une quête, quechacun pouvait donner l'offrande qu'ilvoulait, mais que le baron de Kerhouent, niles seigneurs de Kergaradec et deBréhoulou n'avaient aucun droit sur leplacître, que c'était la première fois que leshommes de cette juridiction récente seprésentaient pou réclamer un pareil droit.

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Le baron, en effet pensait queplacître avait été détaché du village deSilligeau qui était de sa juridiction. Enréalité, le placître avait été la propriété desfermiers de Silligeau sans faire partie de cevillage, et relevait de la juridiction du Roiet non de celle de Kergaradec etBréhoulou.

Le 28 mai 1728, il y eut uncompromis entre le recteur et le Baron. Parce compromis, le baron, de Kerhouentreconnaissait qu'il n'avait aucun droit dansle placître et le Recteur renonçait àdemander réparation pour les proposmalveillants des hommes de la juridictionde Kergaradec et Bréhoulou.

1739 : La croix deSainte- Anne

En 1739, avec l'assentiment dufabricien et du général Messire Perrot,recteur de Fouesnant, acheta à MonsieurAppert, de Quimper, une croix d'argent, dupoids de sept mares cinq gros, avec sonbâton, pour la chapelle de Sainte-Anne.Sans doute pour obtenir un consentementplus complet, il précisa à ses conseillersque cette croix "servira aussi aux grandescérémonies de l'église paroissiale".

Cette croix façonnée coûta 450Livres, 10 sols, une somme élevée. C'étaitune croix de chapitre à bâton d'argentchargé d'hermines et de fleurs de lys.

Le marc d'argent façonné coûtaitalors 51 Livres ; le titre en était celui de laville de Rennes (cahier des comptes et desdélibérations). La croix pesait donc 1865grammes environ (sans le bâton, sansdoute).

1753 : Bénédiction de lapremière pierre du

dallage de Sainte-Anne

Peut-être vous êtes vous un jourinterrogé sur la teneur des inscriptionsdifficilement lisibles gravées sur des dallesprès du choeur de Sainte-Anne ? Voici laréponse: elles datent de 1753 etcommémorent la pose de la première pierredu dallage du sanctuaire. Le pavage de lachapelle et du choeur fut fait en 1753, alorsque Yves Guériven de Kerancras étaitfabricien. Les pierres provenaient de Saint-Évarzec et les ardoises de Pleyben.

Avant le début des travaux eut lieuune grande cérémonie. La première pierrefut bénite par Messire Noël-Anthoine Perrot,Recteur de Fouesnant, assisté de ses vicaires: J.Guéréven, curé de La Forêt: Delatont, prêtre àLa Forêt : Perrault, curé de Fouesnant: LeGuillou, qui prenait le titre de chapelain.

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Le parrain qui aidé de la marraine,posa la première pierre, était M. AlainDordelin, officier des vaisseaux de laCompagnie des Indes. La marraine était ladame Marie Dordelin, épouse de M.Joseph Bouvet. Capitaine de vaisseau de laCompagnie des Indes.

Ce sont ces noms qui furent gravésdans la pierre.

1867 : Sainte-Anne"Chapelle de secours"

En 1807, la chapelle de Sainte-Anne futérigée en "Chapelle de secours" par undécret de l'Empereur Napoléon III, dontvoici la teneur :

1- Le culte y sera célébré sous ladirection du Curé de Fouesnant et sousl'administration de la fabrique de cetteparoisse.

2- Le trésorier de la fabrique del'église paroissiale de Fouesnant estautorisé à accepter les deux legs gratuitsde trois cents francs faits par la dameJeanne Lagadec, "veuve du sieur JeanBodivit, suivant son testament du 4novembre 1842, l'un à la fabrique del'église paroissiale et l'autre à la chapellede Sainte-Anne.Biarritz, 30 décembre 1867 Suit lasignature de Napoléon

1893 : Le pèlerinage dela sécheresse

Il n'est que six heures du matin celundi 19 juin 1893, et la chapelle Sainte-Anne connaît déjà une affluenceexceptionnelle: trois mille personnesvenues de tout le canton de Fouesnant sont

là, regroupées autour d'un autel champêtredressé sur le placître. Que se passe-t-il,quel est donc l'événement à l'origine d'unetelle effervescence ? Une fête ? Non, lesmines sont sombres, nous sommes loin del'ambiance joyeuse de l'inauguration duclocher de la chapelle juste vingt ansauparavant. en 1873. En fait, il s'agit d'unpèlerinage destiné, par des invocations etdes prières adressées à "hor Mam SantezAnna" à faire cesser la sécheresse qui sévitsur le pays fouesnantais depuis de longsmois.

Le journal local "L'Union Agricoleet Maritime" parle dans ses colonnes de1893 de la sécheresse persistante: débutjuin" il fait état d'un "climat tropical" surnotre région, source de calamité agricole."La Semaine Religieuse" (Année 1893 p.440-441) précise que "les gazons rougis, lesol crevassé, les bestiaux mourant d'inani-tion montraient assez le besoin d'implorerla miséricorde divine". C"est ainsi que lepèlerinage fut organisé..... La Semaine Religieuse" nous décrit ledéroulement de cette "manifestation defoi". Les pèlerins fouesnantais sortentd"abord de leur église paroissiale au chantdes litanies. Le très long défilé, avec croixet bannières, se met en marche vers Sainte-Anne : "les versets du Miserere, et le PaceDomine arrachent des larmes à plusieurs"nous dit-on : ...." la récitation du chapeletatteste une ferveur inusitée".

Arrivée à Sainte-Anne, laprocession fouesnantaise rencontre lesprocessions des autres paroisses du cantonet va les saluer par le symboliquebaisement des croix.

La messe commence alors sous leschênes. Le curé de Fouesnant adresse à lafoule compacte un sermon retentissant.

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Lisez-le bien, il est intéressant à plus d'untitre ; il témoigne notamment d'un mode deprédication disparu, faisant appel à lacrainte de Dieu et au châtiment divin.

Voici sa retranscription."Pourquoi êtes-vous si nombreux

autour de cette chapelle bénie, monumentantique de la foi de vos pères ? Parce quedans votre détresse prolongée, vous vousêtes dit : Désormais, les secours humainssont inutiles. Les plus habiles docteurs,malgré la perfection de leurs instrumentset la solennité de leur langage ne peuventarracher une goutte de pluie aux fontainesd'En Haut. Nous succombons : Sursumcorda ! En haut les cœurs, vers ce Dieu quitient entre ses mains les destinées dumonde et dispense à son gré "et la chaleurdes jours et la fraîcheur des nuits".

Dans quel but êtes-vous venus?Pour attendrir le cœur d'un Dieu justementirrité. Vous n'avez pas tort. Toute offensefaite à Dieu mérite punition, en ce mondeoù en l'autre. Or, jamais Dieu fut-il plusoutragé que de nos jours ? Commentapaiser la justice divine ? Par la prière etla pénitence. "La prière pénètre les nues",nous dit la Sainte Écriture ; quand elle sortd'un cœur pur, elle est doublementpuissante. Purifiez donc vos âmes par unevraie pénitence. Offrez vos prières par lesmains de Sainte Anne, votre puissantepatronne et le Dieu juste se laisserafléchir".

Tous les pèlerins pleurent et prientde tout leur cœur, nous rapporte-t-on.Après la messe, ils regagnent leur paroisseen priant toujours. Quelle a été"l'efficacité" d'un tel pèlerinage?

"La Semaine Religieuse" rapporteque "dès le lendemain le soleil si brillantjusqu'alors se voilait légèrement, lachaleur diminuait peu à peu. Le dimanchesuivant, une pluie intense tombait plusieursheures durant et sauvait ce qui n'était pasencore irrémédiablement perdu."

Quant à "L'Union Agricole etMaritime", dans son édition du 23 juin,après avoir fait état de la disette desfourrages, elle précise que les pluies serapprochent mais "seule notre BasseBretagne est oubliée dans cettebienheureuse distribution: mais encore unpeu de patience, on sent l'orage dans l'air:par moments, de lourds nuages sombres setraînent péniblement dans le ciel…." Lapluie, se rapproche de nous enfin…" Le 25juin, il est dit que la température a baisséet que des averses sont probables. Le 28juin, grains et rafales surprennent tout lemonde, et la consultation des journaux dejuillet nous apprend que ce mois-là desorages d'une extrême violence éclatent enCornouaille.

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L'eau est bien là, mais trop tardpour les agriculteurs : un créditexceptionnel sera débloqué à la fin d'aoûtpar le ministre de l'agriculture, Mr Vigier,pour leur venir en aide.

21 septembre 1 902Un faux "pèlerinage de la

sardine"

L'été 1902 est resté dans les annalesde la III ème République comme un grandmoment d'intolérance, de violence, voirede haine. La séparation des Églises et del'état se prépare ; la fermeture des écolescongréganistes, votée en 1901 et appliquéele 10 juillet 1902, met le feu aux poudres.Un vent de guerre sainte va souffler enBretagne, dans le Finistère notamment.Protestations, manifestations, émeutes sesuccèdent en juillet et août.

Dans ce climat passionnel, unpèlerinage est organisé par les concarnoissous la houlette du virulent vicaire Pichon,à la chapelle Sainte Anne, pour le 21septembre.

Mais laissons s'exprimer lecommissaire de police de Concarneau quiadresse le 17 septembre un rapport aupréfet Colignon.

"On organise à Concarneau sousles auspices de ces Messieurs dupresbytère un pèlerinage qui se rendra àSainte Anne de Fouesnant dimancheprochain et auquel Monsieur le Curé ainvité tous ses paroissiens.

Ce pèlerinage inusité a pour butd'aller prier Sainte Anne pour faire venirla sardine sur nos côtes ; mais ce n'estqu'un but déguisé et ce pèlerinage n'est enréalité organisé que dans le but de

continuer l'agitation que l'on fait àl'occasion de la mise en exécution de la loisur les congrégations. En effet, le sermondu vicaire Pichon de Concarneau auxoffices de dimanche dernier laissaitcomprendre qu'il ne s'agissait passeulement prier Sainte Anne de faire venirla sardine. Le vicaire Pichon disait qu'ilfallait prier et se rendre à Sainte Annepour conjurer les maux qui atteignent lescatholiques à cette époque qui est touted'anarchie.

De nombreuses voitures sont déjàretenues pour aller assister à cette petitemanifestation"Gageons que ce pèlerinage s'est fait soushaute surveillance..

(Archives Départementales, série M)

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