game of quoi - talkmag · 2015. 1. 29. · rencontre avec nikolaj coster-waldau À riga, talk...

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GAME OF QUOI ? DOMENIKO On ne compte plus les stars européennes de la série GAME OF THRONES et l’acteur danois Nikolaj Coster-Waldau est certainement la plus importante d’entre elles grâce au rôle de Jaime Lannister, surnommé le Régicide, un personnage bien plus complexe que le laisse entendre son sobriquet réducteur. INTERVIEW 80

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Page 1: GAME OF QUOI - TalkMag · 2015. 1. 29. · RencontRe avec nikolaj costeR-Waldau À Riga, TALK Magazine a revêtu son costume de céré- monie pour assister aux European Film Awards

GAME OF QUOI ? DOMENIKO

On ne compte plus les stars européennes de la série GAME OF THRONES et l’acteur danois

Nikolaj Coster-Waldau est certainement la plus importante d’entre elles grâce au rôle de Jaime Lannister, surnommé le Régicide, un personnage bien plus complexe

que le laisse entendre son sobriquet réducteur.

INTERVIEW80

Page 2: GAME OF QUOI - TalkMag · 2015. 1. 29. · RencontRe avec nikolaj costeR-Waldau À Riga, TALK Magazine a revêtu son costume de céré- monie pour assister aux European Film Awards

RencontReavec nikolaj costeR-WaldauÀ Riga, TALK Magazine a revêtu son costume de céré-monie pour assister aux European Film Awards. Assis deux fauteuils plus loin, un Nikolaj particulièrement causant de tout, sauf de la 5e saison de Game of Thrones, dont il vient d’achever le tournage deux jours plus tôt. On l’aborde...

Bonsoir, seriez-vous partant pour une petite inter-view ces jours-ci ?

Nikolaj Coster-Waldau : La cérémonie met une plombe à démarrer. Allons-y tout de suite, mais je ne suis pas autorisé à vous parler de Game of Thrones ou ils me couperont la main pour de bon cette fois.

Game of quoi ?

N C-W : Hahaha, ok. Je ne crois pas que c’est moi que vous souhaitez interviewer. Je ne suis pas Josh Holloway de Lost.

Et Charmant dans Shrek, ce n’est pas vous non plus ?

N C-W : Bien vu. Hollywood a tout volé au Danemark. On tourne même les séries américaines en Europe : en Espagne, en Croatie, en Irlande...

Vous gardez un pied dans chaque monde. On vous voit dans des films européens comme Mama ou Head-hunters et aussi dans des séries américaines comme New Amsterdam. Est-ce par choix ou par nécessité ?

N C-W : Ah, John Amsterdam (NDLR : rôle principal de la série New Amsterdam interprété en 2008 par Nikolaj Coster-Waldau) ! J’adorais ce personnage. Paix à son âme. Les lois de la télévision américaine sont impitoyables. Cette série aurait mérité un peu plus de temps d’antenne pour faire ses preuves. Mais pour revenir à votre question, je dirais que c’est un choix. J’ai suffisamment de propositions aux USA pour y baser ma carrière, mais j’aime la diversité et j’aime mon pays, ma langue : le Danois. C’est pour ça que je continue à travailler en Europe et au Danemark, sur des projets de cœur.

Vous êtes “bankable” en Europe ? Un producteur arrive à monter un film si vous êtes au casting ?

N C-W : Je n’en sais rien. Il faudrait leur demander. À moi, ils me disent toujours que c’est parce qu’ils adorent mon jeu d’acteur ou que je conviens parfaitement au rôle. Il s’agirait en fait d’argent et on m’aurait menti ?

Vous avez raison. Je n’en sais rien non plus. Parlons plutôt de Jaime Lannister…

N C-W : J’ai signé un contrat avec mon sang. Je ne peux rien dire sur la nouvelle saison. La vérité, c’est que j’ai moins peur de la production que des fans qui me feraient saigner encore plus au moindre spoiler. Il y a d’autres acteurs de la série ici, ils vous répondront tous la même chose. Ce que je peux vous dire, c’est que je suis ravi d’avoir l’opportunité d’interpréter un personnage qui évolue. Même si vous avez lu les romans, ma version de Jaime possède d’autres nuances et cette complexité est une véritable bénédiction pour un acteur.

Justement, la série de romans n’est pas encore terminée. Pensez-vous que l’auteur s’inspire du succès de la série et de vos versions de ses personnages pour écrire la suite ?

N C-W : Je suis moi-même scénariste et ça ne m’étonnerait pas, même si c’est probablement un processus inconscient. George R.R. Martin a écrit un épisode de chaque saison, mais ce n’est pas le cas pour la 5e. Il a souhaité se concen-trer sur l’écriture du 6e roman : The Winds of Winter. Je suppose qu’il demeure important que les romans sortent avant la série. J.K. Rowling a connu un processus similaire avec Harry Potter et c’est peut-être un peu le cas de Robert Kirkman avec sa participation à l’adaptation télévisée de The Walking Dead.

Je comprends la paranoia autour des spoilers à l’heure du web. Retirez-vous une certaine fierté de jouer dans la série la plus piratée de tous les temps ?

N C-W : Je n’approuve pas le piratage, mais je me mets à la place des fans. Attendre six mois ou une année entière pour voir les derniers épisodes après leur première diffusion alors que les réseaux sociaux en parlent constamment ? C’est aberrant. Il faut trouver une solution légale satisfaisante et ce n’est pas encore le cas. La technologie nous dépasse. Je me souviens de la première fois où un ami m’a envoyé un lien pirate pour télécharger Black Hawk Down de Ridley Scott. C’était il y a presque 15 ans. Son commentaire ressemblait à quelque chose comme : « Tu es VRAIMENT célèbre main-tenant ! ». Quelque part, il avait raison. C’est l’audience qui dicte tout. Si New Amsterdam a été annulée après seulement 8 épisodes, c’est aussi parce qu’elle n’était pas suffisamment téléchargée illégalement. Le piratage est un baromètre de popularité pour les chaînes américaines. Plus les épisodes sont vus – quels que soient les moyens – plus ils génèrent du buzz sur Internet et ce bruit est mesurable. Il vaut de l’argent. Game of Thrones a beaucoup d’argent maintenant, mais la popularité du show est en grande partie due au télécharge-ment illégal. Si on proposait aux fans dans le monde de payer entre 5 et 10 dollars par épisode pour les découvrir en même temps que les américains, beaucoup ne penseraient même pas au piratage… mais je ne suis qu’un acteur, très heureux de participer à une telle aventure.

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