gratuit animé - zoo le magzoo-bd.typepad.com/zoo-le-mag/magazines/zoo5.pdf · le meilleur de...

32
ET TOUJOURS : LE MEILLEUR DE L’ACTU BD & NOTRE SÉLECTION LIVRES, CD, FILMS, DVD, JEUX, EXPOS ... w w w . z o o l e m a g . c o m le premier culturel BD N°5 Mars - Avril 2006 DISTRICT ! L’ÂGE DE GLACE 2 ASTÉRIX ET LES VIKINGS HAPPY TREE FRIENDS RENAISSANCE ... MAGASIN GÉNÉRAL Interview : Loisel & Tripp Un printemps très GRATUIT © Onyx Films / Millimages / Luxanimation / Timefirm Ltd / France 2 Cinema animé !

Upload: lyhuong

Post on 12-Sep-2018

219 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

ET TOUJOURS : LE MEILLEUR DE L’ACTU BD& NOTRE SÉLECTION LIVRES, CD, FILMS, DVD, JEUX, EXPOS ...

www.zoolemag.com

le premier culturel BD

N°5 Mars - Avril 2006

DISTRICT !L’ÂGE DE GLACE 2ASTÉRIX ET LES VIKINGSHAPPY TREE FRIENDSRENAISSANCE ...

MAGASIN GÉNÉRALInterview : Loisel & Tripp

Un printemps très

GRATUIT

©O

nyx

Film

s /

Mill

imag

es /

Lux

anim

atio

n / T

imef

irm L

td /

Fra

nce

2 C

inem

a

animé !

i comme Auguste, les bourgeons qui éclo-sent et les zoziaux (grippés ou pas) qui bati-folent dans les flaques d’eau ne vous fontpas fantasmer, vous serez peut-être plus

sensible à un autre phénomène propre à ce prin-temps 2006 : l’invasion des films d’animation dansnos salles de cinéma... Entre les trois blockbustersimmanquables venus d’outre-Atlantique, L’âge deglace 2, The Wild et Cars, le phénomène hongroisDistrict !, petite merveille d’ingéniosité, le décapant

Happy tree friends et pourfinir, les deux films bien dechez nous, Astérix et lesVikings et Renaissance... vousne saurez plus où donner desmirettes (voir nos articlespages suivantes). Sanscompter qu’il va falloir garderaussi de la place (et des sous)pour les DVD, avec des arri-vages de toute beauté, tout

d’abord Gen d’Hiroshima et Appleseed en avril chezKaze, qui vient de sortir le «monstrueux» coffretMonster (chronique p.14). Etfin mars chez Dybex :Paranoia Agent, la sériedécoiffante de l’immenseSatoshi Kon (Perfect Blue),Dybex qui vient également desortir le coffret CaptainHerlock, suite des aventuresde notre grand frère à tous,j’ai nommé «Albator» ! (voirarticle page 14). Toujours en DVD, mais un peu plus tard, le 7 juinexactement, sortira chez Gaumont Columbia FinalFantasy VII : Advent children, annoncé comme tech-niquement et esthétiquement révolutionnaire. Celong métrage d’une heure quarante en images desynthèse, réalisé par Tetsuya Nomura et suite du

jeu sorti en 1997 FinalFantasy VII, est projetéen avant-première auCarrefour de l’anima-tion, le samedi 11mars à 20h30 à la Citédes Sciences et del’Industrie. Cet événe-ment, organisé horsles murs par le Forumdes Images actuelle-ment en travaux, pré-sente du 10 au 12 marsdes projections, desprotoypes de jeuxvidéo, des rencontres

(notamment avec Yohitaka Amano, character desi-gner de Final Fantasy) et des tables rondes réunis-sant des professionnels et des écoles d’animationcomme Supinfocom, EMCA - EMCI ou Émile Cohl.À propos d’Émile, savez-vous lequel inventa l’ani-mation ? Était-ce Émile Reynaud qui déposa le 1erdécembre 1882 le brevet de son petit manèged’images : le Praxinoscope ? Ou Émile Cohl juste-ment, qui, en 1908, réalisa un film de deux minutes,Fantasmagorie, le premier dessin animé enregistrésur pellicule ? Ni l’un ni l’autre, bien sûr, l’inventeur de l’animationest le bon Dieu tout simplement, qui, bien avantNick Park, avait créé les deux premières poupéesanimées en pâte à modeler. Et nous sommes enco-re sans le savoir les personnages d’un immense etpassionnant cartoon... What’s up, doc ?

ÉRIC BORG

Un printemps

DOSSIER

S

ZOO est édité parMédiabandes sarl17, rue Beaumarchais93100 MontreuilTél : 01 48 58 39 41email : [email protected]

Directeur de la publication &Rédacteur en Chef : Éric Borg.

Rédaction : Jérémy Fraise, Thierry Lemaire,Clarisse Bouillet, Olivier Pisella,Boris Jeanne, Louisa Amara, JulienFoussereau, Stéphane Urth, Fanch.

Direction artistique & maquette :Éric Borg.

BD (p.30) : Yvang.

Publicité : MÉDIABANDES : 01 45 26 78 42

Dépôt légal à parution. Imprimé en France par SIB.

Les documents reçus ne pourront êtreretournés. Tous droits de reproductionréservés.

Copyright image couverture (et p.8 & 9) :Renaissance © Onyx Films / Millimages /Luxanimation / Timefirm Ltd / France 2 Cinema

www.zoolemag.com

édito

N°5 mar-avr 2006 3

De la BD à l’animation il n’y a qu’un pas, les Japonais l’ontbien compris, et ZOO aussi avec ce super dossier printanier !

ne chose est sûre, LewisTrondheim a été sacréGrand Prix d’Angoulême2006. Mais le mystère

reste entier, ou demi-écrémédisons : Trondheim est-il ou nonFrantico, l’auteur star d’Internet,récemment publié chez AlbinMichel ? Voici ma contribution audébat, alimentée par une anecdoteassez incroyable...Il y a un mois environ, un typem’appelait sur mon portable : - Eric Borg ?- Oui...- J’ai un scoop pour vous : vousavez Frantico au bout du fil...- Ah bon ? Vous êtes LewisTrondheim ?- Non, ma véritable identité estHenry Boscault. Bon vous avezvotre scoop, salut ! Et il raccrocha. Son numéro était resté affiché surmon téléphone. J’allai vérifier surQuiDonc et, effectivement, c’étaitbien le numéro d’un HenryBoscault, 69 rue machin... en pro-vince. Mais bon, Henry Boscaultc’était bien gentil, mais qui celapouvait intéresser ? Je n’y pensaiplus... jusqu’à hier.Alors que je lisais un magazine touten jouant au scrabble, j’appris avecstupéfaction que Lewis Trondheimn’était pas le vrai nom de LewisTrondheim, mais un pseudonyme !Son véritable nom est en faitLaurent Chabosy. Machinalement jecomposai le nom avec les lettrespiochées dans la boîte de jetons,puis, en m’amusant à les intervertirau hasard, je parvins à former lenom d’Henry Boscault !Dingue non ?

ÉRIC BORG

U

Dans la langue de Richard Brautigan, «cartoon»désigne un dessin humoristique, une bande dessi-née, et plus couramment un dessin animé. En cequi concerne cette dernière définition, sachez que lecartoon est intimement lié à la production améri-caine des deux décennies s'étalant entre 1930 et1950, des œuvres d'animation courtes orientées surl'humour et l'invraisemblable (Tex Avery). Pourtoute réclamation concernant cette brève,s'adresser à Philippe Dana. O.P.

C comme Cartoon

DR

très animé !

DOSSIER

'année écoulée a vu le couronnement incontestable deWallace & Gromit - le mystère du lapin-garou, merveilled'animation traditionnelle en volumes. Le succès mondial desaventures du vieux garçon amateur de fromages et de son

chien (à qui il ne manque plus que la parole) s'explique, bien sûr, parle génie de Nick Park dans la conduite d'une histoire sachant distillerun humour aussi décalé que dévastateur ; mais aussi parce qu'il avaitun boulevard devant lui, laissé par les mastodontes de l'animation 3Dtrop occupés à affûter leurs armes pour 2006. Ainsi, Bluesky (Fox),Disney Animations et Pixar vont se livrer une guerre planétaire quidébutera début avril pour s'achever à la mi-juin.

Bluesky ouvre les hostilités avec L'âge de glace 2, la suite de leur grossuccès de l'été 2002. Une fois encore, le studio d'animation joue lacarte du secret avec un teaser mettant en scène Scrat, le rongeur fou,

4 N°5 mar-avr 2006

La déferlante virtuelle2005 brilla par la quasi-absence des poids lourds de l'animation virtuelle. 2006 marqueraleur retour avec pas moins de trois superproductions dans les quatre mois à venir, avecl’Âge de glace 2 en tête de peloton, le 5 avril prochain.

et son obsession pour les glands à l'origine de catastrophes natu-relles, alors que les héros de cette aventure restent Manfred le mam-mouth, Diego le tigre à dents de sabre et Sid le paresseux. Cette fois-ci, nos amis devront faire face aux dangers d'une fonte des glacesaccélérée menaçant d'inonder leur vallée. Carlos Saldhana, déjà réa-lisateur du premier, promet de nouveaux personnages déjantéscomme Ellie, mammouth femelle orphelin recueillie bébé par unefamille d'opossums et qui se prend pour l'un deux. Pour le plus grandplaisir des spectateurs, qui le réclamaient, le rôle de Scrat sera déve-loppé et intégré au scénario. Les autres personnages évolueront aussipour donner encore plus de profondeur et d'intérêt à l'histoire.Visuellement, l'animation devrait être encore plus fluide et les détails(les fourrures des héros) plus riches encore. En VF, on retrouveraGérard Lanvin, Vincent Cassel et Elie Semoun dans les rôles princi-paux. En guest star dans la VO, Queen Latifah interprètera Ellie, mam-mouth femelle dont Manfred tombera amoureux. Un nouvel opus quidevrait nous surprendre. Réponse très attendue le 5 avril prochain.

L

«L’ÂGE DE GLACE 2», EN SALLES LE 5 AVRIL

L’âge de glace 2

©Tw

entie

th C

entu

ry F

ox

Une semaine plus tard, Disney lui emboîtera le pas en sortant sur nosécrans The Wild. Suite à un jeu qui tourne mal, Ryan, un jeune lionceauest propulsé hors du zoo de Central Park dans une caisse. Son pèreSamson (interprété par Kiefer Sutherland dans la VO) et ses amis selancent à sa recherche sans se douter que cette expédition de secoursles conduira jusqu'en Afrique. Un zoo, un lion, une girafe, la jungle…Cela ne vous rappelle pas Madagascar ? Rien d'étonnant dans lamesure où il y a toujours eu une guéguerre entre Disney etDreamworks et que cette affaire de copier/coller a déjà connu deuxprécédents (Fourmiz/1001 pattes, Gangs de requins/Le monde deNémo). Les différences essentielles se situent dans le style, nettementplus naïf chez Dreamworks alors que les premières images semblentafficher un cachet plus réaliste. Les précédentes affaires ont tourné àl'avantage de Disney/Pixar, intouchable sur la technologie et la narra-tion sauf que cette fois-ci Disney se retrouvera tout seul.

Cars, des studios Pixar justement, débarquera sur nos écrans le 14juin et marquera le retour à la réalisation de son fondateur, JohnLasseter. Six ans après Toy Story 2, le dieu vivant de l'animation parordinateur délaisse l'univers du coffre à jouet pour celui des jeux ducirque motorisé dans lequel Lightning McQueen, bolide flambant neuf,découvre que la vie ne se limite pas aux anneaux de vitesse quand ilatterrit dans un bled paumé sur la mythique route 66. Le graphismelaisse apparaître les influences des cartoons d'après-guerre où, déjà,les voitures avaient une âme. On peut éprouver quelques réticencesface à ce look très policé, surtout après que les démentielsIndestructibles ont placé la barre si haut. Mais la présence de OwenWilson et de Paul Newman ainsi que le savoir-faire d'une écurie qui n'ajamais déçu ne fait que décupler l'impatience. Si Cars remportait la bataille du box-office, John Lasseter rappelleraitqu'il est toujours le patron d'un art qu'il a contribué à développer. C'esttout le mal qu'on lui souhaite, à lui comme aux autres. Ready ? Go !

JULIEN FOUSSEREAU

N°5 mar-avr 2006 5

The Wild

Cars

©D

isne

y /

Pix

ar©

Dis

ney

DOSSIER 6 N°5 mar-avr 2006

lors que la saga d'Astérix se poursuit en bande dessinéede façon poussive, sa carrière cinématographique conser-ve quant à elle un certain label de qualité. À l'exceptionnotoire du médiocre Astérix et Obélix contre César (1999),

les différentes adaptations au cinéma des aventures du hérosGaulois ont toujours été d'assez bonne facture. Certains même deces films sont des petites merveilles et ont durablement marquénos mémoires, en particulier Les Douze Travaux d'Astérix et Astérixet Cléopâtre (le pudding à l'arsenic, souvenez-vous).

Après le succès phénoménal d'Astérix version Alain Chabat en 2002(qui restera surtout une ode à Jamel Debbouze et son interprétationtrès personnelle de Numérobis), notre petit moustachu teigneuxrevient sur les écrans dans Astérix et les Vikings, un film d'anima-tion adapté d'Astérix et les Normands, l'un des meilleurs albums del'ère Goscinny / Uderzo. D'un côté, nous avons des Vikings, quicomme on le sait sont des guerriers sanguinaires, débarquant enGaule pour connaître la peur. «La peur donne des ailes» pensent-ils, et c'est dans le but d'apprendre à voler qu'ils partent en quêtedu «champion de la peur». D'un autre côté, notre village d'irréduc-tibles Gaulois accueille le neveu d'Abraracourcix, un adolescentarrogant de Lutèce qui s'appelle ironiquement Goudurix (puisquec'est lui qui sera kidnappé par les Vikings en qualité de champion dela peur). Astérix et Obélix, chargés par le chef du village de faire dece couard un vrai et fier Gaulois, devront s'employer, consécutive-ment au rapt du jeune dandy parisien, à le récupérer en terresgelées car septentrionales. Un joli programme pour 1h18 de film,d'autant plus que le scénariste Jean-Luc Goossens a inventé pourl'occasion une amourette entre Goudurix et Abba, la pétulante fillerouquine du chef Viking Grossebaf (une création elle aussi), ainsiqu'un personnage magnifique : Olaf, fils du mage Cryptograf, guer-

rier complètement abruti qui donne lieu à d'intenses séquencescomiques.Vous l'aurez compris, question scénario il n'y a pas grand-chose àredire. S'appuyant sur un très bon album, la production n'a pas prisde grands risques si ce n'est de saborder une mine d'or. De plus lefilm reste très fidèle à l'esprit de Goscinny, avec un constant doublesens des gags qui raviront les spectateurs de tous âges. La réalisa-tion non plus ne fait pas défaut : les 22 millions d'euros de budgetont permis à l'équipe technique de s'exprimer, avec un dessin trèsrespectueux du trait d'Albert Uderzo. Graphismes et animationsn'ont en effet rien d'extravagant, tout est beau et bien senti, rienn'est gratuit, la mer et les paysages glacés sont superbes. Un ventfrais, vigoureux et authentique circule dans ce film, et répand unedrôlerie pleine de finesse, faisant la part belle à l'absurde et auxrépliques efficaces. Seul bémol : les musiques ne marqueront pasles esprits. Tant pis, la bande son c'est surtout Pierre Palmade(Cryptograf), Sara Forestier (Abba), l'indétrônable Roger Carel(Astérix), Lorànt Deutsch (Goudurix), et bien sûr Pierre Tchernia ennarrateur top crédibilité. Fendez-vous donc d'un ticket, quand bienmême il gèlerait à pierre fendre.

OLIVIER PISELLAAstérix et les Vikingssortie nationalele 12 avril 2006

Dans le crâne des vaincusAutant le dire tout de suite pour les paresseux, la sortie prochaine d'Astérix et les Vikingsest une bénédiction, et s'inscrit dans la lignée des meilleures adaptations d'Astérix etObélix au cinéma.

A

©SN

DG

roup

e M

6

DOSSIER

nspiré par les polars américains, les grands classiques du cinéma,mais également par le monde de la BD futuriste, les scénaristesapportent avec Renaissance un polar futuriste en noir et blanc, audesign magnifique. L'action se déroulant à Paris, les scénaristes

ont fait de la capitale un véritable personnage de l'histoire. D'où uneséquence d'ouverture particulièrement belle qui nous fait entrer dansce Paris d'anticipation à la fois futuriste et réaliste. Visuellement ce qui séduit tout de suite dans Renaissance, c'est l'éton-nante fluidité des personnages, la profondeur des noirs. Une attentiontoute particulière y a été apportée. Marc Myans nous l'explique : «Nousavons utilisé la technique de la motion capture et de la 3D. [...] Nousavons obtenu le noir et blanc non pas en dessinant du noir et du blanc,mais en éclairant des volumes en noir et blanc avec un très hautcontraste, ce qui nous a permis d'avoir des mouvements fluides aussibien pour les personnages que pour les mouvements de caméra etc.L'ambition était de ne pas avoir un graphisme statique, mais dyna-mique, d'où l'utilisation de la 3D». Le défaut de nombreux films d'ani-mation est souvent de négliger la qualité du scénario au profit desprouesses visuelles. L'équipe de créateurs du film a su éviter cet écueildès le départ, comme l'explique les scénaristes : «Le film a vraimentété construit avec l'ambition de raconter une histoire d'1h30, qui ait unrythme de cinéma. Des mouvements réalistes et un visuel fantastique,c'est le contraste entre les deux qui nous a intéressé». Ils ajoutent :«Parce qu'on va croire aux personnages de l'histoire, la surprise du noir

I

8 N°5 mar-avr 2006

Un rêve réalisé devAvant que les grosses productions américaines débarquent, l'animation française va vous su

ristes, Alexandre de la Patellière et Mathieu Delaporte, d'un réalisateur passionné Christipetit génie de l'animation, Marc Myans, ce film est la preuve vivante que l'on p

et blanc passée, les spectateurs regarderont le film comme un film tradi-tionnel. Car c'est avant tout une histoire.»Par ces simples partis pris, cette équipe a trouvé la recette d'un film à lafois beau, passionnant, plein de suspense et de surprises. On sent surtout chez ces auteurs passionnés, l'envie, le talent, les idées foi-sonner et se concrétiser enfin dans un film à la hauteur de toutes leursespérances et des nôtres. Il aura fallu sept longues années de travail, derecherche de budget, de peaufinage pour aboutir à ce résultat.Renaissance a ainsi mûri, les personnages ont été approfondis, le scénariociselé, l'univers visuel composé au détail près, pour un résultat parfait etépoustouflant sur le plan esthétique et artistique. Un film rare et précieuxà ne pas manquer. Les scénaristes du film, inspirés par Blade Runner et Bilal notamment, onteu l'idée de décliner leur film en BD. L'histoire et le style de Renaissances'y prêtent parfaitement. Des photogrammes du film ont donc été utilisés

et adaptés par les graphistespour faire de la BD une œuvreaussi réussie que le film et uncomplément idéal. On retrouvedonc une trame pleine de sus-pense et de tension dans unParis futuriste absolumentmagnifique.

LOUISA AMARA

DOSSIERN°5 mar-avr 2006 9

venu chef-d'œuvreurprendre à plus d'un titre le 15 mars avec Renaissance. Né du rêve fou de deux jeunes scéna-ian Volckman, d'un producteur fasciné par le projet et courageux, Aton Soumache et d'unpeut faire en France un film d'animation de qualité s'adressant à des adultes.

RENAISSANCE : LA DISPARITION

POUY, DELAPORTE, DE LA PATELIÈRE,

RAYNAL, VOLCKMAN (SCÉNARIO)

NEWMAN, RENOULT (DESSIN)

56 P. COULEURS

CASTERMAN 9,80 €

©P

athé

10 N°5 mar-avr 2006DOSSIER

Multiethnique ta mère !Après avoir raflé de nombreux prix internationaux en 2005 (dont le grand Prix à Annecy)District ! sort en salles le 29 mars. Un film rythmé, délirant et très drôle sur une musiquerap originale aux textes décapants. Interview du réalisateur Aron Gauder.

e film dépeint une atmosphère horrible dans ce quartier deBudapest, la réalité de District ! est-elle loin de la fiction ?Non, c’est vraiment comme ça. Bien sûr notreapproche est caricaturale, mais tout provient de

notre expérience sur place.

Le film a-t-il été projeté au cinéma dans ce quartier ?Comment les habitants ont-ils réagi ?Oui, et je peux vous dire qu’ils ont adoré. La question de latolérance entre les différentes ethnies est souvent abor-dée en Hongrie en ce moment et plusieurs réalisateurs sesont emparé de ce sujet, aboutissant le plus souvent à desfilms politiquement corrects. L’originalité de District ! estplus dans son approche, rude et sincère, que dans le choixdu sujet. Les gens du quartier ont apprécié la liberté de tondu film.

Pourquoi ce choix de prendre de vrais visages pour vos personnages ?Avez-vous été inspirés par d'autres films d'animation utilisant cettetechnique ?C’était surtout inspiré par le budget limité ! District ! a été réalisé avecmoins de 500 000 euros, ce qui n’a jamais été fait dans le long métraged’animation. C’était aussi pour démarquer le film par ce mélange de des-sins et de vraies photos. Et enfin parce qu’on avait déjà réalisé plusieursépisodes de 5 minutes avec les mêmes personnages pour une émissionde télé hebdomadaire. Ça nous a fait gagner beaucoup de temps.

Quelles sont les différences entre la série TV et le long métrage ?

La série TV abordait chaque semaine un petit sujet basique comme la fêtedes mères par exemple, en le traitant de manière ironique, ce n’était pas

plus élaboré que ça au niveau scénario.

Votre scénario, ainsi que les textes des raps sont très critiques,très engagés. Vous dites que vous avez hésité avant de prendreces positions, pourquoi ?Peut-être pensions-nous que ça ne toucherait jamais un si largepublic. Mais ça l’a fait.

Avez-vous été surpris par ce succès et par vos prix dans lesFestivals ?Oui, et je le suis encore et pas mal de gens de l’industrie du ciné-ma aussi. Avant Annecy, peu de gens prenaient le film ausérieux.

Le film va-t-il sortir aux États-Unis ? Il a participé à trois ou quatre festivals canadiens comme Toronto etOttawa mais jamais aux États-Unis. Je pense qu’ils préfèrent éviter lesennuis.

Votre prochain projet empruntera-t-il la même technique ? Et le mêmeunivers (rap et street culture) ?Ce sera une saga Viking, donc le même univers... mais mille ans plus tôt.La technique sera similaire mais avec plus de 3D. Le film ne sera pas finiavant 2009.

PROPOS RECUEILLIS PAR ÉRIC BORG. FÉVRIER 2006.

L

ARON GAUDER

©C

TV

De sang animé !«Not recommended for small children or big babies».

En voyant les jolis minois de ces Happy Tree Friends, on a dequoi être surpris par cet avertissement. Mais au vu des épisodes... C’est bel et bien vrai : âmes sensibles s’abstenir !

ui mieux que les mouches pourraient témoigner de lacruauté enfantine ? Et si vous plaidez non coupable,c’est que vous n’avez jamais été enfant...L’apprentissage de la violence s’accompagne heu-reusement de celui de la souffrance et de la com-

passion. Mais que faire quand on ne peut plus arracher lesailes des mouches ou la queue des lézards pasque c’est pasgentil ? Mais voir des cartoons bien sûr ! Depuis l’invention dudessin animé, le défoulement par la torture et le meurtre a étéà l’honneur. On se souviendra de Tom et Jerry, Elmer le chas-seur, Bip Bip et Vil le Coyote... Même le gentil Walt à ses débutsavait saupoudré ses cartoons d’une pointe de sadisme. DansSteamboat Willie (1928), Mickey avait le culot de presser descanards en guise de klaxons ! Suite au nombreux courrierde parents scandalisés, Disney changea son fusild’épaule et prit par la suite bien moins deliberté avec la gent animale.

Mais tout ceci était encore bien innocentcomparé à ce qui va arriver sur nos écransen avril prochain. La stylisation de la vio-lence qui était de mise dans lescartoons des années 50 et 60,laisse place avec HappyTree Friends à un hyperréa-lisme gore hilarant pour lesuns, insoutenable pour lesautres. Ces petits lapins, écu-reuils, hérissons aux teintes pastel ontdes noms charmants : Flippy, Petunia,Toothy... mais leur (courte) vie l’est beaucoup moins. Exemple :Lumpy, un élan bleu un peu bêta, est en train d’abattre un arbre.L’arbre lui tombe dessus, il échappe à l’écrasement mais a unejambe coincée. Il n’a d’autre solution que de se la couper avec ce quilui tombe sous la main : une petite cuiller... Rien ne nous est épar-gné : cris, bruits d’os cassé... C’est atroce. Et la chute ne l’est pasmoins. Je vous laisse la surprise (1). Éviscérées, démembrées,décapitées, décervelées, broyées, ébouillantées... ces pauvres bes-

tioles passent leur temps à gémir, àhurler - il n’y a aucun dialogue -

et finissent immanquable-ment dans une mare de

sang rouge vif. Ça fait pen-ser aux strips de Squeakthe mouse la parodietrash de Tom et Jerry parle génial Mattioli, la por-

nographie en moins. Pourun avant-goût du film, on

peut trouver sur le Web les pre-miers épisodes de cette série

créée en 2000 par Rhode Montijo etKenn Navarro pour la société Mondo Media.C’est d’ailleurs sur Internet que tout a com-

mencé. En quelques mois, 15 millions d’épi-sodes sont visionnés, puis cinq DVD sont mis sur le

marchéet se vendent à 500 000 exem-plaires chacun, MTV achète lesdroits télé mondiaux, jeux vidéos dérivés, programmes destinés auxtéléphones mobiles... et maintenant le film cinéma, comprenant desépisodes inédits... Blood simple !Cette tendance à l’animation trash ciblant les ados et lesjeunes adultes s’affirme depuis quelques années (SouthPark entre autres). En France le long métrage en déve-loppement de Blanquet et Olive (Mauvaise Graine)en sera aussi représentatif, dans un style diffé-rent. Rendez-vous en 2007. Ça va continuer àsaigner dans l’anime !

ÉRIC BORG

(1) http://mondo.happytreefriends.comTitre de l’épisode : Out on a limb

Q

Deux choses essentielles sur Cubitus : sa présen-ce persistante en dernière page de Télé Loisirsdepuis de nombreuses années, ainsi qu'un géné-rique de dessin animé chanté par le merveilleuxBalutin («V'là Cubitus, bon Cubitus, Toutou pleind'astuce qui est pas un sac à puces»). Imaginéespar feu Dupa, les aventures du gros chien blanc etde son maître débonnaire Sémaphore, continuentgrâce à Aucaigne et Rodrigue. (LOMBARD, Cubitus,T.40, En Avant Toute !, 48 P., COUL., 8,70 €). O.P.

C comme Cubitus

DOSSIERN°5 mar-avr 2006 11

©B

ACFi

lms

DR

12 N°5 mar-avr 2006

zoom ciné

le 8 mars

Dérapage de Mikaël HafstromUn couple adultère surpris enplein acte et soumis à un chanta-ge cruel… Une trame classiquemais efficace qui nous tient debout en bout grâce à une tensionconstante et une réalisation sobreet vive. Clive Owen, le nouveausex symbol d'Hollywood au fleg-me tout britannique, apporte soncharisme à ce héros malmené parun Vincent Cassel qui en faitbeaucoup trop.

LOUISA AMARA

La panthère rose de Shawn LevyNe surtout pas chercher à com-parer le classique de BlakeEdwards avec cette mise à jourtant ont est loin de la finessecomique originale. Certes, SteveMartin ne peut pas rivaliser avecPeter Sellers mais l'énergie qu'ildéploie pour redonner vie à l'ins-pecteur Clouseau est communi-cative. Et l'on se surprend à rirefranchement devant ses gaffesphysiques et langagières. VO obli-gatoire.

JULIEN FOUSSEREAU

le 22 mars

La planète blanche de Thierry PiantanidaUn an après le succès de LaMarche de l'Empereur, le docuanimalier français ne lâche pas lefilon en proposant un inventaireplus généraliste sur l'Arctique etsa faune. La forme se veut elleaussi plus classique mais raressont ceux qui resteront de marbredevant les adorables oursonspolaires et les autres merveilles àpoils et à plumes de ce mondefragile, aujourd'hui menacé.

J.FO.

Le 26 avril

Veer-Zaara de Yash ChopraLoin de la légèreté de New YorkMasala, sorti l'an dernier, le duostar Shah Rukh Khan et PreityZinta revient avec un mélodrameplus profond qu'il n'y paraît. Sousla forme d'une histoire à laRoméo et Juliette, le cinéasteindien traite pour la première foisouvertement du conflit qui opposedepuis des décennies l'Inde auPakistan. Une histoire d'amourimpossible, des couleurs, despaysages magnifiques, des chan-sons… Bollywood comme on l'ai-me ! On en redemande.

L.A.

CINÉ & BD

n connaissait les films tirés de BD ou decomics à succès, les BD reprenant fidè-lement les images et le scénario d'unfilm, les BD racontant la suite d'un film.

Glénat innove et invente la BD prologue d'un longmétrage, en l'occurrence Les Brigades du Tigre(sortie le 12 avril), dont la première scène succèdeà la dernière case de l'album. En fait, ce projet est une question d'opportunités.«Les auteurs du film sont Dorison et Nury, deuxscénaristes publiés par Glénat, explique LaurentMüller. Ils me tenaient au courant de ce qu'ils fai-saient sur Les Brigades du Tigre et m'avaientpassé une des premières versions du scénario dufilm. La production avait souhaité, sachant qu'ilsétaient aussi auteurs de BD, faire un album.Publier la BD du film ne m'intéressait pas beau-coup. Nury et Dorison non plus. Ils avaient envie deraconter les 15 jours qui précèdent l'histoire dufilm. Le projet a abouti avec Jean-Yves Delitteparce que je ne connaissais qu'un seul auteur en

dessin réaliste capable de faire une BD de 54planches en 4 mois et demi. Delitte et Dorison vou-laient travailler ensemble depuis un petit moment,donc l'occasion était rêvée.»La coordination entre équipe du film et auteurs aainsi pu jouer pleinement. «La documentation étaitlà, par les auteurs. On avait des photos du film,surtout pour l'ambiance des bureaux.» La BDessaye pourtant de se démarquer du film. Les per-sonnages dessinés n'ont par exemple pas le visagedes acteurs. «Je ne voulais pas. Déjà, il y a un droità l'image. Si les acteurs ne sont pas parfaitementreprésentés, ça peut les gêner. Et puis je voulaisqu'on fasse un album indépendant du film. Que cene soit pas un produit dérivé. D'où l'idée de ne pasfaire l'histoire du film, de ne pas trop se coller auxacteurs. Que ce soit avant tout une BD qu'on puis-se lire dans 5 ans sans qu'on pense au film.»L'album bénéficiera de la promotion du film, indé-pendamment de la réussite ou de l'échec en salle,sans avoir subi de pression pendant sa création. Unfilon à creuser ? Avec circonspection pour Glénat.«On nous en propose pas mal, Jacquou le cro-quant, OSS 117, mais j'ai refusé.» Même si la suite du film est déjà en phase d'écritu-re, le tome 2 de la BD, s'il voit le jour, ne servira pasune nouvelle fois de prologue. Glénat espère biencréer une série à succès qui s'affranchira de songrand frère de celluloïd.

THIERRY LEMAIRE

La BD en éclaireurBande dessinée et cinéma font souvent bon ménage. Pour preuve,les éditions Glénat avec Les Brigades du Tigre, mais avec uneapproche tout à fait originale. Explications de Laurent Müller,directeur éditorial et audiovisuel de l'éditeur grenoblois.

O

LES AVENTURES DES BRIGADES DU TIGRENURY, DORISON (SCÉNARIO)DELITTE (DESSIN)64 P. COULEURSGLÉNATSORTIE LE 22 MARS

12,50

Une

ave

ntur

e de

s B

riga

des

du T

igre

©N

ury,

Dor

ison

, Del

itte

/ G

léna

t 200

6

14 N°5 mar-avr 2006

zoom DVDLa moustache d’Emmanuel Carrère, Pathé, 20 €

Si Moll avait raté larecette des Lemmingsà la Lynch, Carrère asu parfaitement doserles ingrédients de saMoustache. Unhomme se rase unjour celle-ci mais ni sa

femme ni personne ne le remarque :complot ou folie ? Un pitch étonnantqu’on aurait pu croire impossible àdévelopper en long métrage. Et pour-tant si, et le couple Emmanuelle Devos /Vincent Lindon fonctionne à merveille.Intéressant making-of en bonus.

Phantom of the paradise de Brian de Palma, Opening, 2DVD, 20 €

Winslow, un jeunecompositeur inconnu,se fait voler son œuvrepar Swan, un produc-teur sans scrupule quin’est autre que leDiable ; sa vengeancesera terrible...ment

drôle ! Farce brillante et kitchissimerevisitant Le Fantôme de l’Opéra, Faust,Le portrait de Dorian Gray, Franken-stein, Psychose... pour construire unesatire des plus virulentes sur leshowbiz ; le film laisse une large placeà la musique (parfois un peu trop)signée Paul Williams, également inter-prête inoubliable du rôle de Swan.Excellent documentaire sur la genèsedu film en bonus.

Mosquito Coast de Peter Weir, Warner, 10 €

Un inventeur génial etidéaliste déçu parl’Amérique embarquesa petite famille dansun voyage improbablevers le dernier paradissur terre, MosquitoCoast, pour y rebâtir

un monde nouveau. Le film questionneadmirablement l’utopie et sa fâcheusetendance à devenir paranoïaque ettyrannique. L’un des meilleurs rôlesd’Harrison Ford (et son film préféré !).Injustement boudé à sa sortie, ce filmsort enfin en DVD.

Monster, d’après la manga de NaokiUrasawa, Kaze, 4 DVD, 59,95 €

À Düsseldorf, unbrillant chirurgiend’origine japonaise, ledocteur Tenma, sauvela vie d’un enfant quis’avère être unmonstre abominable.Version animée et très

réussie - réalisée par le fameux studioMadhouse - d’un des plus gros succèsdu manga (100 millions d’exemplairesvendus au Japon), mélange détonnantdes ingrédients de X-Files, d’Urgenceset du Fugitif... Six heures 30 de suspen-se et de frissons garantis !

ÉRIC BORG

CINÉ & BD

e jeune Tadashi voit son père - un scien-tifique de renom - assassiné par desêtres étranges à l'allure de fantômes.Herlock, que personne n'a vu depuis

vingt ans, surgit pour le sauver et le prend soussa protection. Les «fantômes» répondent aunom de Noo, qui est aussi le nom d'un seigneurdes ténèbres qu'une expédition spatiale aréveillé aux confins de l'univers. Herlock ras-semble son ancien équipage qui a pris quelquesrides, tandis que la Terre disparaît mystérieuse-ment et que le gouvernement est totalementdépassé par les événements. Tadashi et Herlockembarquent alors à bord du mythique Arcadia,seuls capables désormais de lutter contre cenouvel ennemi. Albator n'a rien perdu de sa prestance, ni sesacolytes de leur charme et de leur originalité.Les fans de la première heure, qui étaient hautscomme trois pommes, retrouveront avec plaisirle pirate de l'espace, dans une version ado-adulte plus sombre que l'originale, comportantégalement des considérations scientifiques -notamment sur la formation de l'univers - pou-vant laisser de marbre les plus jeunes ! Visionsd'apocalypse, esthétique glauque, paysagesdévastés de planètes douteuses, personnalitétrouble de bon nombre de personnages dontHerlock lui-même que l'on découvre déterminécomme toujours mais froid comme la pierre,avare en paroles et en sentiments. Le capitaine

n'attire pas à proprement parler la sympathie,mais il semble être le seul à avoir la lucidité etle courage nécessaires dans cette aventure.Le scénario est solidement bâti par SadayukiMurai (Perfect Blue) ; l'histoire ne se permetde pauses que pour mieux sonder la personna-lité opaque du capitaine, et opérer quelquesflash-back qui feront frissonner les gossesfascinés que nous fûmes. L'animation est par-faite - les images sublimes mais pas esthéti-santes ; combinée à une musique profondel'atmosphère de l'ensemble a des allures demythologie moderne. Hissez le pavillon noir et barre à tribord toute !

JÉRÉMY FRAISE

Albator le célèbre corsairede l'espace est de retour !!!Après les séries «Albator 78» et «Albator 84», on aurait pu croireCaptain Herlock alias Albator à la retraite sur une planète au cli-mat agréable. Il n'en est rien, tout l'équipage à bord de l'Arcadiavous le dira !

L

CAPTAIN HERLOCK - THE ENDLESS ODYSSEYD'APRÈS LE MANGA DE LEIJI MATSUMOTOSCÉNARIO : SADAYUKI MURAIANIMATION : MADHOUSEÉD. STANDARD : 4 DVD9 (49,95 €) ÉD. COLLECTOR : 5 DVD9 + LIV. 132 P (59,95 €)PUBLIC : + 12 ANS 49,95

Fondée par Jean-Louis Gauthey, la maison d'édition Cornéliusest largement reconnue comme bienfaitrice dans le monde de labande dessinée. Des auteurs talentueux et originaux (Blutch,Blanquet), des rééditions de prestige issues de recherchesfastidieuses (notamment les œuvres de RobertCrumb)… Cornélius s'est construit une imagepleine de caractère et d'audace. Prévus pourmars, Prince Norman T.2 (Tezuka) et NecronT.1 (Magnus) viennent mettre du baumeau cœur de nos linéaires. O.P.

C comme Cornélius

©D

ybex

DR

ZIC & BD

I y a des signes qui ne trompent pas. D'abord lacouverture, reprise fidèle de l'album Rubbersoul. «Je ne voulais pas prendre Abbey Road,parce qu'il est trop connu, explique Christopher.

Et puis pour moi, Rubber Soul est l'album du passa-ge de l'innocence à la maturité, le sujet que je vou-lais traiter. J'ai choisi volontairement une couvertu-re que seuls les fans reconnaîtront. J'ai même eu lachance que l'éditeur ait accepté de ne pas mettremon nom sur la couverture, pour faire comme lesBeatles.» Tout a un sens, jusqu'à la place des per-sonnages de la BD par rapport à leurs aînés sur lapochette de l'album de 1964.Ensuite, le titre des dix chapitres qui composentLove Song, tous empruntés à des chansons desBeatles. «Belle galère ! (rire) J'ai essayé de garderl'ordre chronologique, de mettre tous les albumsprincipaux et de respecter la proportion des chan-sons écrites par Lennon, Mc Cartney et Harrison. Enréalité, je me suis vraiment régalé.»Enfin, les différents clins d'œil au quatuor magiquequi parsèment l'album. On croise une Eléonore, unpère Mc Kenzy, un docteur Roberts, et l'on entenddes phrases comme «Elle a à peine 17 ans, si tu voisce que je veux dire».On le comprend bien, le hasard ou l'opportunismen'ont rien à voir dans l'histoire. «C'est vraiment unhommage, précise Christopher. Je compte toucherles gens qui aiment les Beatles. Ayant une mère

anglaise, j'en ai été nourri et j'ai grandi avec. Et puisje trouvais que les icônes rock des années 60 conve-naient tout à fait pour illustrer cette crise de la tren-taine, avec le refus de vieillir, et la nostalgie de mespersonnages par rapport à l'adolescence.»Ce polyptique comportera quatre volumes, tous cen-trés sur un groupe mythique. Après les Beatles,viendra le tour des Rolling Stones, puis celui desWho pour terminer par les Kinks. Chaque tome met-tant l'accent sur l'un des quatre héros dont la psy-chologie correspond le mieux au groupe servant detoile de fond. Manu est placé sous les bons auspicesde Mc Cartney. Restent Greg, Samuel et Boulette,qui se dévoileront avec la sensualité d'un MickJagger, la frénésie d'un Pete Townshend, l'éléganced'un Ray Davies et le talent d'un Christopher.

THIERRY LEMAIRE

Quoi de neuf ? Les Beatles !

I

zoom cdOMR «Superheroes Crash»Uwe/Discograph

Deuxième albumd'un duo françaisqui fait figured'oracle. Uneelectro-pop ins-pirée, tour à tourmélancolique,

langoureuse et énergique. Lesmachines servent les instrumentset non l'inverse : son impeccable,guitares et voix omniprésentes,sans oublier le batteur ThomasDupuis qui survole l'album etcontribue à faire du deuxième titreun monument.

Spontane «God Is Dead In GoodLuck City» DAD Records/Differ-Ant

À la premièreaudition, on croi-rait une versionmélodique desBeastie Boys,mais très vite hiphop, rock,

musiques électroniques, funk acidevoire jazzy se diluent dans unjoyeux bordel ! Cocktail un brindéroutant, explosif et inventif à sou-hait : du son neuf, voilà ce que pro-pose ce turbulent collectif réunis-sant cinq français dont David Aknin(Collectif Slang) et un prolixe MCaméricain.

Acoustic Ladyland «Last ChanceDisco» Label Bleu (Bleu Electric)

Survolté, cequartet punk-jazz quasi seulreprésentantd'un créneauaussi singulierque jouissif !

Une rythmique soutenue, irrépro-chable, et le dialogue permanententre un sax écorché et un clavierélectrifié. Après leur hommage àHendrix en guise de premieralbum, Acoustic Ladyland exulte etbrasse, de Nico à Iggy. Énooorme !!

Coldcut «Sound Mirrors» NinjaTune/Pias

Les fondateursdes essentielslabels NinjaTune et Big Dadaprouvent unenouvelle fois leurmaîtrise et leur

audace, avec ce nouvel album très(trop ?) varié, mêlant hip-hop,electro et nu-jazz. De nombreusespistes carrément envoûtantes, àl'instar de Sound Mirrors qui donneson nom à l'album et qui n'est passans rappeler le CinematicOrchestra. Inclassable autant qu'in-dispensable.

JÉRÉMY FRAISE

Les petits gars de Liverpool n'ont pas fini de faire du bruit. Avec LoveSong Christopher signe la chronique de Manu, Greg, Samuel etBoulette, quatre trentenaires fous de musique qui entrent malgré euxdans l'âge adulte. Pour cet album, l'auteur des «Colocataires» ademandé à John, Paul, George et Ringo de donner le tempo. I feel fine.

LOVE SONGT. 1 MANUCHRISTOPHER (SCÉNARIO ET DESSIN)DELF (COULEUR)48 P. COULEURSCOLLECTION POLYPTYQUELE LOMBARD

13,00

Chr

isto

pher

©Le

Lom

bard

N°5 mar-avr 2006 15

16 N°5 mar-avr 2006

obert Illot, allias «l'étouf-feur de la RN 115», s'estévadé avant-hier de l'hô-pital psychiatrique de

Damar-Les-Gresses ! Ce dange-reux détraqué s'était rendu célèbreen étouffant ses victimes à l'aided'éléments divers (objets, nourri-ture…) Le tueur semble avoir réci-divé, si l'on considère qu'il existeun lien troublant entre sa toutefraîche évasion et la découverte cematin d'un cadavre à Rumeurs-Sur-Long : une jeune fille étoufféepar des morceaux de poulet aupaprika !Lorsque l'on rencontre René, il sif-flote au volant de son bolide quiavale la ligne blanche de la RN 115.Le paysage alentour est désolé,quelques souches mortes bala-frent une terre inhospitalière. Ildoit soudain écraser sa pédale defrein ; une femme est là, au beaumilieu de la route. C'est Agathe, quiembarque et doit se rendre commelui à la grande ville. Coïncidence,tous deux sont sur les pas deRobert Illot. René semble filer sonhomme à la manière d'un détectiveprivé, Agathe quant à elle demeureénigmatique, sans doute un peutrop… Le duo improvisé fait équipe et par-court les environs, commence parrendre visite à un ancien compa-gnon de chambre d'Illot, qui s'avère sérieusementdérangé. Ruelles glauques, intérieurs aux relentsde passé moche, cages d'escaliers lugubres,motels miteux, quartiers interlopes… C'est toute lasociété en marge qui défile au fil des pages, avecson lot de drames et d'actes inavouables. Au fur età mesure René glane des informations et enapprend de belles sur le tueur, mais tous ces ren-seignements, paradoxalement, ne contribuent-ilspas à l'égarer et l'éloigner de plus en plus de lavérité ?L'univers de Matthias Lehmann est singulier, unmélange d'Amérique du Nord et d'Amérique duSud fantasmé, un décor principalement urbain oùse côtoient la pègre, la pauvreté, la violence.L'intrigue est solide, le dénuement opaque jus-qu'aux dernières cases. Ce serait un euphémismede parler de talent de narration chez Lehmann,tant le rythme est soutenu, et la construction, enabyme, extrêmement habile. L'Étouffeur de la RN115 revêt l'apparat du polar, plus précisément du

roman noir. La tension qui règne sur les 240 pagesest contrebalancée par un humour salutaire,humour en demie teinte reposant sur l'incongruitédes situations et les dialogues déconcertants deRené avec les personnages qu'il interroge, tousplus dérangés les uns que les autres.Un euphémisme, également, de préciser que cetalbum est le fruit d'un travail de titan, quand onsait que son auteur a «gratté» pendant plus de sixans ! Le résultat est sidérant.

JÉRÉMY FRAISE

LIVRE & BD

Sur la routeMatthias Lehmann a manié la carte à gratter durant

des années pour livrer ce road-movie aussi intense que minu-tieux. Un album hors norme qui révèle son auteur et confirme le

rôle de tête chercheuse de son éditeur.

R

zoom livresMaggie Cassidy, de Jack Kerouac,traduit par Béatrice Gartenberg,Éditions Stock, 252 P., 18 €

Un an après avoirdactylographié laversion légendaire deSur la route (1951),Kerouac entreprendde fouiller les tré-fonds de sa mémoi-re. Maggie Cassidy

met en scène le jeune Jack Duluoz,fils de Canadiens français vivant àLowell, tout comme Kerouac lui-même. Jack est épris de Maggie,symbole de l'amour et du tempsperdus. Sans amertume, avec ten-dresse et truculence, Kerouac livreun texte unique sur l'enfance.

Chroniques de la Guerre de Lodoss,T1 de Ryo Mizuno, Calmann-Lévy/Kaze, 280 P., 20 €

Premier romand'une longue série,qui pose les basesd'une histoireépique conciliant lit-térature asiatique etfantasy occidentale.L'île de Lodossconnaît la tourmen-

te, théâtre du nouvel affrontemententre les forces de la Lumière etcelles des Ténèbres… La plumealerte de Mizuno fait des merveilles.(DVD chez Kaze, manga chez Kami).

Vie et mort de Katie Olson, deJames Garner, traduit par YannickGentil, La Dragonne, 48 P., 10 €

Le monologue denseet brutal d'unedétraquée notoire,pyromane de sur-croît, qui malgré sesrares éclairs de luci-dité et ses souvenirsd'enfance, ne par-

vient et ne cherche pas à attirer lacompassion. Ce petit livre est uneperle noire, une condamnation radi-cale d'un système et d'une pratiqueinadaptés : la peine de mort auxÉtats-Unis.

Petit Oncle, de Sherko Fatah, tra-duit par Olivier Mannoni, Métailié,240 P., 20 €

En Allemagne,Michael rencontre unvieil homme silen-cieux, «Petit Oncle»,clandestin venant duNord de l'Irak. Il déci-de alors de se rendredans ce pays pour

tenter de comprendre, mais seheurte à une culture et une souf-france qui lui sont étrangères. AprèsEn Zone frontalière, le réalisme et lestyle épuré à l'extrême de Fatahsont toujours aussi efficaces.

JÉRÉMY FRAISE

Mat

thia

s Le

hman

n©A

ctes

Sud

BD

L'ÉTOUFFEUR DE LA RN 115

MATTHIAS LEHMANN

(SCÉNARIO ET DESSIN)

244 P. N&B

ACTES SUD BD

23,00

N°5 mar-avr 2006 17

A knight called Wanda

ans Shadow ofthe Colossus,vous incarnezWanda, un héros

juvénile qui, pour res-susciter sa belle, devraterrasser les seizecolosses qui peuplent unsanctuaire désertique.Dans cet univers, Wandaaura pour unique alliéson fidèle destrier, Agro.Celui-ci lui permettrabien sûr de parcourir lescontrées sauvages à viveallure, mais il lui seraégalement d'une aideinestimable face à cer-tains colosses. SotC est avant tout unconcept original au partipris audacieux. Ici, pointde quêtes, de gestiond'inventaire ni d'étripageà tout va : c'est avanttout l'ambiance et les combats titanesques quipriment. Chaque voyage d'un colosse à l'autrenous fait découvrir un univers d'une beauté sai-sissante, à tel point qu'on se prend parfois à che-vaucher au hasard pour admirer des paysagesgrandioses à la topographie improbable.Ce calme apparent ne dure pas, cependant, etl'on passe sans transition de la balade contem-plative à la fureur d'un combat homériquerehaussé de musiques magistrales. Chaquecolosse est véritablement splendide et bénéficied'une animation parfaite qui souligne le contras-te entre la lourdeur du monstre et la gracilité deWanda.Les affrontements nécessitent une phase d'ob-servation préalable afin de cerner le comporte-ment et le talon d'Achille du colosse, puis unephase de jeu de type plateforme sur le colosselui-même. Il vous faudra bien souvent delongues minutes de progression, agrippé à la

tignasse du monstre et ballotté dans tous lessens, pour atteindre le point faible que vousdevrez poignarder rageusement.Si le scénario reste avare en détails tout au longdu jeu, le dénouement subtil de l'aventure luidonne toute sa cohérence scénaristique et laissela porte ouverte à de multiples interprétations.Malgré ses qualités indéniables qui en font unjeu unique, en marge de ce qui se fait à l'heureactuelle, SotC n'est toutefois pas exempt dedéfauts, en témoignent une maniabilité approxi-mative et des mouvements de caméra parfoisagaçants, notamment dans les moments cri-tiques. Mais ce que SotC perd en gameplay, il legagne en esthétique et si les amateurs d'actionfrénétique risquent d'être déçus, ceux quirecherchent l'originalité et l'ambiance serontcomblés.

FANCH

JEUX & BD

Il aura fallu attendre près de quatre ans pour découvrir enfin Shadowof the colossus, deuxième titre tant attendu de Fumito Ueda, l'auteurgénial du fantastique «Ico». De sa première œuvre, Ueda garde ce quifait désormais sa marque de fabrique, à savoir un univers oniriquesingulier faisant fi des conventions du genre.

D

SHADOW OF THE COLOSSUSACTION / AVENTUREPLAYSTATION 21 JOUEUR12 ANS ET PLUSSONYWWW. SHADOW OFTHE COLOSSUS .COM

60

zoom jeuxAmped 3sur Xbox 360, 60 €

On disait d'Ampedc'est une série tropdifficile, exigeantdes doigts trèsacrobates pourposer les figuresstylées du snowfer.Dans cet épisode,on prend son

temps pour caresser la montagne etfaire son joli en grind, aerial et com-pagnie. Une invisible bulle d'apesan-teur nous enveloppe quand on balaiela poudreuse en courbes onctueusesou plane au-dessus d'une barrerocheuse. Mais stop à la douceur desproduits laitiers, Amped 3 c'est rigo-lo avec plein de dessins animés enpapier maché et des défis à la bana-ne alternant cascades de luge à laJackass et poursuites de ninja lapinssurfers.

Dead or Alive 4sur Xbox 360, 60 €

Peut-être parcequ'aujourd'huin'importe quelpersonnage fémi-nin de jeux video ades gros lolos etqu'on ne plongeplus sur l'écran àchaque apparition

de petites culottes, Dead or Aliveperd de son exotisme et ne devientqu'un jeu de combat dans un écrinde velours et diamants. Rapide etsec, dans lequel les techniques decontre sont primordiales pourdéjouer l'opposant, et placer à l'ins-tant T sa série de frappes impa-rables. Une fois les muscles aigui-sés, on peut lancer son personnagedans des tournois et se faire mon-dialement ratatiner sur Internet.

Nanostraysur Nintendo DS, 42 €

Jeu de tirclassique, ilrappellel'époquesimple où lesarmesn'avaient pasde bonus.

Quatre tirs de base et leur megablastqui équipent le vaisseau spatial suffi-ront pour anéantir les hordes enne-mies. Mais pourquoi limiter le champde bataille sur un seul des deuxécrans ? Dans un déluge de feu hos-tile, il faut naviguer serré pour nepas crasher son vaisseau. Jolimentréalisé, le jeu est suffisamment exci-tant pour, une fois les 8 niveaux rapi-dement nettoyés, revenir se mesurerà 21 défis particulièrement tendus etvexants. On peut s'en lasser.

STÉPHANE URTH

Alors que Johnny Rotten s'ingéniait à maculer sonpublic de petits cauchemars verts en 1977, Mœbius,lui, publiait Cauchemar Blanc, inspiré du passage àtabac arbitraire d'un Arabe en 1974 (occasionnant samort). Créé à l'époque pour l'Echo des Savanes, lesombre scénario a été publié aux Humanos, accom-pagné d’autres histoires, puis fut adapté dans uncourt métrage en noir et blanc de Mathieu Kassovitzen 1991. Réédition prévue pour avril 2006. (HUMA-NOIDES ASSOCIES, 56 P., COULEURS, 15.50 €). O.P.

C comme Cauchemar

©So

ny

DR

18 N°5 mar-avr 2006ART & BD

zoom expos

oconino est unique en son genre : ce siteextrêmement riche ne propose pasmoins de 30 000 pages consacrées à laBD ! Josépé, co-fondateur de Coconino,

définit avec enthousiasme son site comme «unmusée en ligne de la bande dessinée et unecoopérative d'auteurs associés» ! Né en 1999 àAngoulême, le projet découle d'une idée origina-le : non seulement publier, et dans leur intégrali-té, les œuvres des classiques mais aussi être uneplate-forme d'expérimentation et de visibilitépour les dessinateurs contemporains.«Nos auteurs sont des amoureux du dessin qui sesont tous plus ou moins rencontrés à l'école desBeaux-Arts d'Angoulême, explique Josépé.L'idée, c'est de montrer les travaux des uns et desautres et notamment ce qu'on ne voit jamais».Coconino publie environ 80 auteurs vivants, despointures, comme Sfar ou Trondheim, mais aussides jeunes talents n'ayant jamais été publiés.Bandes dessinées, carnets de dessins, croquis etmême projets créés pour l'occasion, Coconinoinvente souvent de nouveaux modes de lectureset des formes inédites de BD. Celles-ci sont diffu-sées via le «Coconino Webdo Post» qui avertit parmail les internautes des nouveautés. Un mode dediffusion qui fait référence à la presse, tout enbénéficiant de la souplesse d'Internet : «on avaitenvie de retrouver l'esprit des journaux améri-cains des années 1900. Coconino Webdo Post,c'est la liberté d'éditer ce qu'on veut, avec la dis-tribution et les couleurs gratuites !». Une liberté qui permet aussi de publier desauteurs classiques : «on s'est rendu compte quenous avions de nombreuses éditions anciennes,parfois devenues chères ou introuvables»explique Josépé. De là, l'idée de les publier enligne. Terry et les pirates de Milton Caniff, BébéCyanure de Jean-Claude Forest ou encore KrazyKat de George Herriman, toutes ces bandes des-sinées peuvent être feuilletées page par page

dans «Coconino Classics». Où l'on retrouve aussiles œuvres de maîtres précurseurs n'ayant pasforcément utilisé la bulle : Caran d'Ache, Cham,Hokusaï... Des auteurs généralement boudés parles éditeurs. Pour Josépé, les publier est un choixmilitant : «à l'origine du projet, il y avait aussil'idée d'échapper à l'édition telle qu'elle est vuedepuis les années 80. Nous voulons rendre dispo-nibles ces ressources parce qu'elles sont larichesse de demain». Coconino l'utopie ? Josépé :«le nom Coconino fait référence au lieu où sedéroule l'histoire Krazy Kat de Herriman ; c'estaussi un comté des États-Unis. Coconino, pournous, c'est un peu le «comté magique de la bandedessinée !».

CLARISSE BOUILLET

Coconino-world.comTout 9ème art qu'elle soit, la bande dessinée est rarement considéréesérieusement. Peu de références sur son histoire et sur son art, etbien peu d'espaces d'expérimentation. Heureusement, il y aCoconino.

C

Bang Bang, de l'art et des armes« Guns, Gangs, Games et œuvresd'art », un sous-titre un peu racoleurmais tout à fait éloquent pour cetteexposition sur un sujet d'actualité :les armes. Mêlant des objets, tels quedes jeux vidéos et des BD, des armesréelles et les œuvres d'une soixantai-ne d'artistes contemporains, l'exposi-tion explore la fascination pour lesarmes, objet d'inspiration pour lesuns, imagerie populaire omniprésentepour les autres, de Steve Mc Queen àBen Laden. Une intéressante mise enperspective d'un aspect de notresociété par l'art contemporain. Saint-Étienne, musée d'art et d'in-dustrie. Jusqu'au 28 mai

Ann Lee, manga et oeuvre d'art

Ann Lee, personnage féminin demanga acquis en 2000 par PierreHuygues et Philippe Parreno auprèsd'une société japonaise, a fait l'objetde plusieurs adaptations. Leprincipe ? Confiée à différentsartistes, elle acquiert peu à peu voix,caractère, diffusant ses étrangespetits messages par le biais de lavidéo. La version de DominiqueGonzalez-Foerster, présentée ici,vient compléter celles des créateurs.Toulouse, Les Abattoirs. Jusqu'au 7 mai

Notre Histoire : jeune générationfrançaiseImportante exposition présentant lajeune scène française de l'artcontemporain. Mais qu'est-ce qui pré-occupe cette génération ? Rêve etenfance, humour et dérision, ou enco-re obsessions d'une société deconsommation et de médias. Certainsont un propos intéressant, d'autresparfois du talent, mais on reste globa-lement assez dubitatif.Paris, Palais de Tokyo. Jusqu'au 7 mai

Hans Bellmer, étrange surréalisteHans Bellmer (1902- 1975) est l'undes acteurs majeurs du surréalisme.Tout son œuvre tourne autour d'unseul et même objet : une poupée-mannequin créée en 1934. Celle-ci,déclinée sous de multiples formes etassemblages, va donner lieu à denombreux dessins, sculptures, pein-tures et photos. «La Poupée», œuvrede toute une vie, reste d'une étonnan-te actualité par ses aspects étrangeset subversifs. Paris, Centre Pompidou. Jusqu'au 22 mai

CLARISSE BOUILLET

Clé

riss

e©C

ocon

ino

wor

ld

ART & BDN°5 mar-avr 2006 19

Ree

d©C

ocon

ino

wor

ld

BD

zoom bdAmours fragiles T. 2, de PierreRichelle et Jean-Michel Beuriot,CASTERMAN, 56 P. COUL., 13,75 €

À Paris, à la veille dela seconde guerremondiale, desAllemands ont trouvérefuge. Parmi eux, onretrouve Martin, lejeune étudiant en litté-

rature du premier tome, qui a fui sonpays. Dans des conditions de vie diffi-ciles se poursuit le chassé-croiséavec Katarina, jeune fille juive dontMartin est secrètement amoureux.Une jolie fresque historique, à l'in-trigue bien tournée et au dessin clas-sique réussi.

C.B.

Le Combat ordinaire T. 3, de ManuLarcenet, DARGAUD, 64 P. COU-LEURS, 13 €

Marco le photographeest en deuil de sonpère. Souvenirs, sen-timents d'absence,regrets… mais aussicette curieuseréalité : la vie conti-nue. Ainsi, Marco va

publier un livre et sa compagne Émi-lie veut un bébé. Dans la lignée desalbums précédents, Larcenet conti-nue d'esquisser ces petites riens duquotidien avec une sensibilité et unefinesse rares. Sans doute l'un desmeilleurs albums du moment, par unauteur véritablement en état degrâce.

C.B.

Coelacanthes T. 1, de DaphnéCollignon, VENTS D'OUEST, 48 P.COULEURS, 12,50 €

Noa Winter, jeunepeintre reconnue,entretient des rela-tions ambiguës avecMagda. Qui est donccette meilleure amiedont elle ne peut sepasser ? Une amie,

une amante ou bien son maître ? Enson absence, plus rien ne va. Cloîtréedans son appartement, Noa perd peuà peu pied, s'abîmant dans lacontemplation de sa peinture. Le lec-teur aussi perd pied avec uneintrigue un peu trop elliptique etdiluée. Mais la qualité du dessin etdes choix graphiques audacieux peu-vent éventuellement faire oublier cesquelques longueurs.

C.B.

L'Enragé T. 2, de Baru, DUPUIS, 64P. COULEURS, 13,50 €Avec ce deuxième tome de L'Enragé,Baru poursuit l'exploration d'unthème qu'il affectionne : la boxe.Anton Witowsky, devenu championdu monde, mène une vie de fastes etde frasques jusqu'à ce qu'un procèsne lui tombe dessus et que n'éclate

Le héros imbu et imbibé quel'Amérique nous avait caché !

incoln est un alambic ambulant, et lapreuve vivante que la peau du ventre estextensible ! Corrompu comme pas deux,désinvolte, vulgaire, agaçant, une vraie

tête à claques. D'aucuns diront que c'est unhomme, un vrai. C'est surtout une tare pour lasociété, qui va le lui faire payer cher. Justement,on retrouve Lincoln après une descente de flics àbord d'un navire louche. En bon chef de brigade,il déboule après la bataille, les mains dans lespoches, et s'offre une entrevue solitaire aveccelui qui semble être le commandant du rafiot,ou du moins de la bande. Efficace et juteux, cetête à tête, surtout pour Lincoln qui fait moissonde billets verts, après avoir démoli la tête du typecontre un bureau sacrément solide ! Mais sur lequai, notre arriviste se fait pincer, se rebiffe uninstant (ridicule et hilarant), puis, bracelets auxpoignets, petite escale chez le juge où Lincoln

fait encore des siennes, avant d'aller croupir aubagne.Et Dieu là-dedans, me direz-vous ? Dieu a toutprévu, comme toujours ; si Lincoln est envoyé aubagne, ce n'est pas pour rien, le maître des lieuxest un tyran, un bureaucrate psychopathe adep-te des méthodes radicales, à qui il faut donnerune sérieuse leçon…Vous n'êtes pas sans savoir que notre cow-boyest en contact direct avec le Saint Père et leMalin, qu'il est immortel et mortellementdingue. Lincoln confirme l'idée reçue qu'il existeun dieu pour les ivrognes, car l'alcool est sonmoteur, et l'ivresse son état de prédilection lorsdes missions importantes. Le pire, c'est qu'ils'en sort sain et sauf, et vainqueur !Le scénario est truculent, bourré de rebondisse-ments et de situations loufoques. Les dialoguessont bien enlevés et les digressions alcoolisées

Le chemin de croix continue pour Lincoln, propulsé policier à NewYork. Récit d'une intervention divine, et divinement drôle !

L

20 N°5 mar-avr 2006

Jouv

ray©

Paq

uet

BDN°5 mar-avr 2006 21

la douleureusevérité. Dans la lignéede ses précédentsalbums, Baru conti-nue de dessiner avecbrio des chroniquessociales de milieux etd'individus. Superbe

récit d'une intrigue sportive et finan-cière sur fond de vie en banlieue.Sortie le 5 avril.

C.B.

Shandy T.2, de Matz et Bertail, DEL-COURT, 48 P. COULEURS, 12,90 €

Un Anglais qui sou-haite s'engager dansla Grande Armée,voilà qui n'est pasbanal. Heureusementpour lui, il n'aura pasà combattre ses com-patriotes puisqu'il

part tuer du Russe et de l'Autrichiendans l'enfer d'Austerlitz. Avec le scé-nario épique de Matz et les plansmagistraux de Bertail, le tome 2 deShandy prend le virage de l'épopée.Vive l'ampleur !

THL

Pema Ling T.2, de Georges Bess,DUPUIS, 48 P. COULEURS, 9,80 €

Recueillie dans unmonastère tibétainaprès le massacre desa famille (voir tome1), Pema Ling y gran-dit déguisée en gar-çon. Elle en profitepour se perfectionner

au sengeï ngaro, l'art du combat, etdevient un vrai prodige. Dessin etnarration parfaits. Courez-y, c'est duBess !

THL

Alim le Tanneur T.2, de Lupano etAugustin, DELCOURT, 48 P., COU-LEURS, 12,90 €

La traque d'Alim etde sa fille Bul par leshommes du sangui-naire Torq Djihidporte enfin ses fruitsaprès deux ans derecherche. L'étau seresserre sur le hors-

caste et son enfant. Scénario, dessinet couleurs au diapason. De l'HeroicFantasy, certes, mais sans blaguesgraveleuses et filles à forte poitrine.Ça fait du bien !

THL

Angel Fire, C. Blythe, S. Park-house,CASTERMAN, 88 P. COUL., 15,75 €

Conte fantastique ethistoire véritablementterrifiante, Angel Firemarque avec succèsla première collabo-ration de deux gra-phistes et scénaristesbritanniques expéri-

mentés. On plonge tout de suite dans

de Lincoln savoureuses parce qu'odieuses ! Ledessin, en conséquence, est très expressif,humoristique à son tour, non dénué d'une certai-ne beauté - j'en veux pour preuve certains pay-sages et les images nocturnes en fin d'album. Etenfin, Lincoln lui-même, le personnage qu'onadore autant qu'on déteste, est un véritable labo-ratoire de mines successives : désabusée,cynique, sérieuse, colérique, effrayée, défaite !On aura compris que la, ou plutôt, les tronchesque Jérôme Jouvray infligent au piteux lieute-nant-bagnard contribuent grandement à l'hu-mour ravageur de l'ensemble.

Un épisode mouvementé, donc, peut-être lemeilleur d'une série assurément incontournable.

JÉRÉMY FRAISE

zoom bd

LINCOLN

T.4 : CHÂTIMENT CORPOREL

OLIVIER JOUVRAY (SCÉNARIO)

JÉRÔME JOUVRAY (DESSIN)

48 P. COULEURS

PAQUET 11,00

Jouv

ray©

Paq

uet

zoom bdl'histoire. Celle d'un anti-héros

accro à une nouvelle drogue halluci-nogène hyper puissante et perdantpeu à peu tous ses repères. Unedescente aux enfers sombre etcynique qui réserve d'excellentessurprises. Du suspense jusqu'à ladernière planche.

L.A.

Pedro et moi, de Judd Winick, ÇA ET LÀ, 196 P. N&B, 23 €

Paru chez un nouveléditeur très promet-teur, ce récit autobio-graphique racontel’histoire poignanted’une amitié entre unauteur de BD et unjeune homo séroposi-

tif d’origine cubaine. Habitué auxsuper-héros (Winick est scénaristede Batman, Superman et X-men !),l’auteur a rencontré en Pedro unhéros en chair et en os, sans super-pouvoirs pour combattre le SIDA,mais avec un super-courage et unsuper-coeur... En plus du devoir demémoire envers son ami, il y avait làun scénario immanquable : vous lirezce livre d’une seule traite ! En outre,1 euro sera reversé à Sidaction sur lavente de chaque ouvrage.

E.B.

Capote in Kansas, de A. Parks et C.Samnee, AKILEOS, 128 P., N&B, 15 €

L'Amérique profondedes années 60.L'écrivain TrumanCapote quitte New-York pour le Kansaset enquête sur lemassacre d'unefamille. Il rencontre

les autochtones et les accusés dansleur cellule. De ce travail sur le ter-rain naîtra De Sang-froid, son chefd'œuvre. La genèse d'un textemajeur, voilà une idée séduisante descénario ; le résultat est parfait,sobre et réaliste.

J.F.

Ils ont retrouvé la voiture, de Gipi,VERTIGE GRAPHIC, 32 P., N&B, 9 €

Le téléphone sonneau milieu de la nuit,la voiture a étéretrouvée. Deuxanciens compèresdouteux sont forcésde se retrouver pourrégler une affaire sur

laquelle le temps avait passé.Retrouvailles nocturnes de voyous etdrame à l'aube blême, dans undécor de campagne et de bords deroutes, voilà qui convient parfaite-ment au dessin de Gipi.

J.F.

Et puis c'est comme ça !, de Lefred-Thouron, LAYEUR, 160 P., N&B, 21 €Lefred fait du bien là où ça faitmal. Le baume Thouron est plus

Coraline ma copineDans Songes, savoureuse alliance de fantastique et d'érotisme can-dide, une sublime demoiselle est employée pour distraire un jeunegarçon. Nourrice pour tout le monde !

as de doute, et c'est presque un poncif quede le dire, le retour du printemps dans nosrégions tempérées engendre une élévationspectaculaire de la libido ambiante, ce

fameux Mojo évoqué dans Austin Power, gage de for-nications fiévreuses. Eh oui, tous ces bourgeons gon-flés de sève, prêts à se répandre en coulées pois-seuses, toutes ces jeunes fleurs insolentes qui appâ-tent le butineur de passage, c'est véritablement toutela nature qui se met en branle pour saluer la sortiedu tome 1 de Songes. Les collaborations internatio-nales se multiplient chez les Humanos, et se révèlentfructueuses. Au scénario nous retrouvons Denis-Pierre Filippi, co-auteur de nombreuses séries ayanttrait au fantastique (Orull le faiseur de nuages), maiss'étant aussi essayé à la SF (Marshall), à la BD jeu-nesse (Un drôle d'ange gardien) et au polar (JohnLord). Dans Songes, il aborde un nouveau genre,celui que nous qualifierons de friponnerie victorienneet fantastique. Pour ce nouveau projet, il est suppléé

par l'américain Terry Dodson, rompu aux dessins defemmes affriolantes et reconnu pour ses collabora-tions à différents comics US tels Trouble, Daredevil,ou Spider Man/Black Cat (avec Kevin Smith, le génialcréateur de Jay et Silent Bob).

Initialement prévue pour 2003, Songes sort enfin etnous plonge dans un univers onirique, une histoirepleine de zones d'ombres mais déjà enthousiasman-te. Coraline est le nom de ce premier tome ; c'estaussi celui de son héroïne, une femme voluptueuse

BD 22 N°5 mar-avr 2006

P

SONGES, T.1 : CORALINE

DENIS-PIERRE FILIPPI (SCENARIO)

TERRY DODSON (DESSIN)

56 P. COULEURS

SORTIE : PRINTEMPS 2006...

HUMANOIDES ASSOCIES 12,90

Dods

on©

Hum

anoï

des

asso

ciés

N°5 mar-avr 2006 23 BD

fort que lamorosité, rienn'échappe à son coupde crayon ! Actualitépolitique, faits desociétés, petits rienset grosses bourdes

croqués par un sens de la répartiedevenu légendaire. Ce petit manifes-te illustré contre la bêtise et l'hypo-crisie est tout bonnement indispen-sable !

J.F.

Ascensions T.1, «La Structure-Monde», de Bouss, LE CYCLISTE,48 P. COULEURS, 12,50 €

Captivant, ce premiervolet d'une série quidevrait en séduireplus d'un. Une gigan-tesque structure,dont l'hypothétiquesommet est toujourscaché par une mer de

nuages, inquiète et fascine à la fois.Ceux qui ont tenté de l'explorer n'ensont jamais revenus. Quatre jeunescompagnons prennent le risque d'enpercer le mystère… L'histoire inter-pelle ; le dessin est remarquable,notamment les vues intérieures etextérieures de «la Structure».

J.F.

Matilda Clarck, d'Artur Laperla, PAQUET, 80 P., COULEURS, 15 €Matilda est une jeune hôtesse de l'air

qui reçoit la visited'un détective luiapprenant qu'elle estla fille cachée d'unchampion olympiqued'escrime ! Son pèreest mort dans sa voi-ture écrasée par un

piano ! Matilda débarque dans le châ-teau paternel où vivent ses deuxfrères, escrimeurs également, ainsiqu'un étrange petit majordome. Unalbum singulier, l'histoire absurde etnoire d'un héritage peu commun,dans une ambiance cinématogra-phique non dénuée d'humour.

THL

Partie de Plaisir, de Cayman etDelperdange, CASTERMAN, 72 P.,COULEURS, 14,75 €

Par ses travauxcontroversés sur lasexualité, le psycha-nalyste Wilhem Reich(1897-1957) se mit àdos la prude Amé-rique des années 50.Ses «accumulateurs

à orgones» furent minutieusementdétruits, et sa vie prit fin en prison.C'est sur ces faits historiques queles auteurs de Partie de Plaisir ontconstruit un brillant scénario, où uninspecteur de la Food and DrugAdministration se retrouve pris enétau entre sa mission à l'encontredes activités impies de Reich, et sapropre sexualité - contrariée.

O.P.

devant laquelle un moine Trappiste ferait preuved'une logorrhée contraire à ses principes. Tout com-mence par son arrivée dans un manoir étrange. Enréponse à une annonce parue dans un journal, elle seprésente pour devenir préceptrice d'un enfant, le pro-priétaire des lieux. Successivement accueillie par unmajordome visiblement sensible à ses charmes, puispar une gouvernante, Coraline découvre un petitgénie continuellement fourré dans sa bibliothèque oudans son atelier, dans lequel il réalise des machinesextravagantes. En tant qu'employeur, le mouflet aquelques règles à imposer à sa divine nourrice, les

heures de repas par exemple, ou encore l'interdictionformelle de se rendre dans ses ateliers sans sonautorisation expresse. Ce jeune garçon est bien diffi-cile à distraire, lui qui refuse les jeux de son âge.Encore plus étranges sont les rêves de Coraline,chaque nuit aux prises avec des pirates, ou un sauva-ge lubrique, qui se disputent ses faveurs. Ces songesparaissent d'ailleurs bien réels. Ainsi la gouvernantelui fait-elle remarquer, fort pertinemment, qu'ellesemble perdre ses petites culottes.

OLIVIER PISELLA

«Le fond du bocal» de Nicolas Poupon«Le gardien du Zoo» de Bast et Matyo

24 N°5 mar-avr 2006

Bast

/Mat

yo©

Le C

yclis

teP

oupo

n©Le

Cyc

liste

Régis Loisel, vous vouliez arrêter la bandedessinée et, finalement, vous voilà de retouravec un nouvel album ?!Loisel : Oui, j'ai encore ouvert mon clapet endisant que j'en avais marre et qu'à la fin dePeter Pan, j'allais arrêter de travailler pendantun temps dans la bande dessinée ! Mais je vou-lais surtout faire un break, de deux-trois ans,pour faire de la peinture, faire autre chose. Etalors que je disais ça, nous discutions avecJean-Louis Tripp de la possibilité decollaborer ! On a fait un petit essai, comme çapour voir, et c'était assez intéressant. Alors,bon, je me suis mis à refaire de la bande dessi-née ! Tripp : En août 2003, quand je suis venu m'ins-taller à Montréal pour enseigner la BD, Régism'a invité à partager son atelier. À ce moment-là, il finissait son Peter Pan dans la douleur !L'encrage, il n'aime pas ça et il souffrait beau-coup ! Alors que moi, c'est le crayonné qui sefait dans la douleur. Un jour, je lui dis : «mais sion était un seul, ce serait formidable, ce seraitque du plaisir !» L'idée a fait son chemin et ons'est décidé assez rapidement sur un scénario.

Parlons du scénario, qui devrait en surprendreplus d'un ! Magasin général, c'est le récitd'une vie rurale au fil des saisons, avec lanature, les animaux de la ferme… D'où vientcette histoire à la poésie très champêtre ?

Loisel : C'était une vieille histoire que j'avaisdans mes cartons. Dans mon esprit, c'était unehistoire «à la Capra» : quelque part en France,dans les années 30-40, une jeune veuve dans unpetit village. Quand je l'ai racontée à Jean-Louis, on l'a développée ensemble et on a déci-dé de la transposer au Québec. D'abord, parceque j'y habite, et aussi parce que je suis trèsempreint de campagne «Disney» ! J'ai été trèsmarqué par ça quand j'étais gamin. Le Québec,c'était pour retrouver cette ruralité nord-amé-ricaine et j'ai pris un réel plaisir à dessiner lesbaraques en bois, les granges, les canards, lespoules et tout le bazar !

Mais dans Magasin général, il y a aussid'autres influences ? Loisel : Mes influences, c'est vraiment la bandedessinée des années 30, les vieux cartoons.C'est tous les films qu'on pouvait voir surl'Amérique profonde, Les Raisins de la colèreavec la description de la ruralité pendant laDépression par exemple. Et puis, c'est Pim PamPoum, avec leur côté farceur, et c'est aussiNorman Rockwell, parce que c'est exactementle même univers et que c'est une documenta-tion intéressante. Magasin général, c'est unedigestion de tout ça ; c'est un genre de ruralitéd'opérette qui donne «l'impression de» maisc'est pas exact.

BD

zoom bdŒil de Jade T.1, de Weber etTenderini, HUMANOIDES ASSO-CIES, 48 P. COULEURS, 10,40 €

Un polar situé dansla Chine du XIIIesiècle ça ne voustente pas ?Détrompez-vous,cette intrigue prévueen deux parties estpassionnante. Ancien

soldat respecté, brave et loyal, Wangest muté dans une petite ville deprovince en tant que «shérif», et doitenquêter sur un assassinat mysté-rieux, l'œuvre d'un archer redou-table. Mais voilà : ses investigationsle conduisent directement à son PCR(Plan Cul Régulier), celle que l'onnomme le Tigre Blanc. Pas facile deservir la justice.

O.P.

Mina Loween, T.1, de Lylian, Nori etLillycat, HUMANOIDES ASSOCIES,48 P. COULEURS, 12,90 €

Mina Despréaux,ravissante fillettede13 ans, est orphe-line de sa mèremorte il y a 3 ans lesoir d'Halloween.Habituée à trouverdu réconfort auprès

de sa tombe, Mina se rend au cime-tière, en ce jour commémoratif. Etcette nuit lui réserve bien des sur-prises : un ticket pour visiter lemonde des morts - les Goulus -, etincidemment l'espoir de revoir samère. Un graphisme très maîtriséqui flirte avec l'esprit manga, au ser-vice d'une histoire attendrissante etd'un univers foisonnant.

O.P.

Adieu, Chunky Rice, de CraigThompson, CASTERMAN, 144 P.NOIR & BLANC, 12,75 €

Casterman rééditetrès pertinemmentce one-shot deThompson, déjà paruchez Delcourt en2002. C'était alors latoute première tra-duction française de

cet auteur américain, qui depuiss'est fait connaître grâce à Blankets,un récit autobiographique tout endélicatesse. Qu'est-ce que ChunkyRice ? Une tortue. Une tortue enquête d'elle-même, qui quitte sonpetit monde pour grandir. Un albumtrès sensible au dessin naïf et sur-prenant, qui se dévore comme unegalette de riz.

O.P.

Tête noire T.1, de Tanquerelle, MILAN,48 P. COULEURS, 9,50 €Tête noire est un minuscule cat-cheur… et aussi un gaffeur.Comment va-t-il s'en sortir face àcette invasion de monstres

26 N°5 mar-avr 2006

L'un, auteur à succès de «La Quête de l'Oiseau du temps» et de «PeterPan», voulait arrêter la bande dessinée. L'autre recommençait à endessiner après une pause de plus de 10 ans. Régis Loisel et Jean-LouisTripp se sont rencontrés et ont mélangé leurs talents pour compos-er un album à deux mains. Premier opus de l'histoire d'une jeuneveuve dans un petit village québécois, Magasin général est aussi uneode à la vie champêtre, poétique et truculente, sur fond de Québecrural des années 20.

©Lo

isel

&Tr

ipp

/Cas

term

an

en rayon au printempsLoisel et Tripp

BD

zoom bd

En parallèle de l'album, vous publiezégalement L'Arrière-boutique du Magasingénéral, un livre qui détaille votre collabora-tion. Comment se déroule ce travail à deuxmains ? Tripp : Notre collaboration se passe très bien :on fait le découpage et le scénario à deux. Lecrayonné, la mise en scène, c'est lui. Ensuite, jereprends tout ça en me l'appropriant. Il faut queça devienne mon dessin, mais en restant aussile sien, c'est subtil. Ce qui intéresse le plusRégis, c'est de faire sa mise en scène, de tenirson récit. Moi, c'est plus le trait et la lumière etun travail sur l'intériorité des personnages.C'est très complémentaire ! Jusqu'à présent lesréactions sont plutôt bonnes. Personne n'a dit :c'est pas vraiment du Loisel, c'est moins bien.Apparemment, ça fonctionne ! Ça m'auraitembêté d'être un peu un poids et de ne rienapporter !Loisel : Ce qui m'a séduit, c'est qu'on puissealler plus vite. J'en avais marre de travailler demanière trop peaufinée, j'étais arrêté par ça.Alors, évidemment, la collaboration avec Jean-Louis, c'est formidable. De mon dessin, onreconnaît certaines attitudes, la mise en scènemais le dessin final c'est lui. Et puis il ne fautpas oublier le travail de couleurs de FrançoisLapierre. C'est une aventure à deux au départmais il y a aussi un troisième !

Il y a un certain nombre d'expressions typi-quement québécoises dans Magasin général etvous avez fait appel à un dessinateur québé-cois, Jimmy Beaulieu, pour adapter ce langa-ge, pourquoi ?Tripp : Il y a eu un débat au début sur «commenton les fait parler ?». Comme des Français,comme des Québécois ? J'étais partisan duquébécois mais Régis pensait que le lecteurfrançais n'arriverait pas à suivre. On a trouvéune troisième voie : un niveau de langage queles Québécois puissent lire sans se sentir tra-his.Loisel : Jimmy a fait une adaptation de chaquebulle en essayant de transcrire nos intentionsavec des expressions québécoises. Parexemple, nous on va écrire, «quelle sacréebagarre» mais au Québec, ils ne disent pasbagarre, ils disent «bataille» ! «Quelle sacréebataille», on comprend quand même mais c'est

bizarres et peuragoûtants ?! Nouvelalbum réussi issu dela revue Capsule cos-mique, Tête noire nemanquera pas deplaire aux enfants,avec ses courtes his-

toires aux dessins amusants. Auteurdu Legs de l'Alchimiste et duProfesseur Bell avec Sfar,Tanquerelle développe un style trèspersonnel. On hésite entre Sfar, pourle dessin, et Tim Burton pour l'uni-vers sombre et fantaisiste. Un talentà suivre. À partir de 8 ans.

C.B.

Herobear & the kid, de Mike Kunkel,V2O, 48 P. NB & ROUGE, 11,50 €

Paru il y a sept ansaux États-Unis,Herobear n’avaitbizarrement pas trou-vé d’éditeur enFrance, à cause dunoir et blanc sansdoute. C’est pour

réparer une telle erreur que V2O futcréé. Un jeune garçon qui hérite deson grand-père d’une petite peluchequi se transforme en super-oursvolant de trois mètres de haut, cetome d’introduction donne le ton dela série : tendresse, humour et nos-talgie. À contrecourant d’un Titeuf etde ses problémes de zizi, l’univers deHerobear lorgne vers Disney et l’in-nocence des vieux cartoons. Et c’esttrès bien aussi ! À partir de 8 ans.

E.B.

Remember, de Benjamin, XIAO PAN, 192 P. COUL., 13,50 €

La BD chinoise(manha) fait sonincursion en France,grâce à un nouvel édi-teur qui en fait son ferde lance : Xiao Pan.Entièrement travaillésur ordinateur, le

résultat est époustouflant de virtuo-sité, plus proche de la peinture quedu dessin (la fin de l’ouvrage com-porte d’ailleurs une trentaine d’illus-trations pleines pages). L’écriture austyle autobiographique dépeint l’uni-vers sombre d’une jeunesse passion-née et suicidaire. En plus du dessin,l’originalité vient aussi des nombreuxcommentaires de l’auteur, d’une rarefranchise et d’une grande poésie,sur son travail et sur sa vie...

E.B.

Kimi Wa Pet T.4, de Yayoi Ogawa,KUROKAWA, 176 P. N&B, 6,50 €

Sumire est une jeunejournaliste brillanteet jolie, mais pour-tant... tout va mal !Son mec l’a quittéeparce qu’elle lui filaitdes complexes etelle est mise au

28 N°5 mar-avr 2006

� €

MAGASIN GÉNÉRAL

T.1 : MARIE

RÉGIS LOISEL (SCÉNARIO & DESSIN)

JEAN-LOUIS TRIPP (SCÉNARIO & DESSIN)

80 P. COULEURS

CASTERMAN 14,95

©Lo

isel

&Tr

ipp

/Cas

term

an

N°5 mar-avr 2006 29

placard à son boulot. Un soir,elle trouve un jeune inconnu devantsa porte et consent à l’héberger à unecondition, qu’il devienne son chien !Momo lui donne toute l’affection dontelle a besoin, mais lorsqu’ un chienest un jeune homme si craquant, çacomplique les choses... Ciblant appa-remment les lectrices de Cosmo,Yayoi Ogawa parvient à toucher unpublic beaucoup plus large, par sonoriginalité, ses personnages atta-chants et une bonne dose d’humour.

E.B.

Zetman T.4, de Katsura Masazaku,TONKAM, 244 P. N&B, 4 P. COUL., 9€

Il s'agit de devenir unsuper-héros - laroute est longue etles épreuves nom-breuses, l'optiquechoisie est celle ducheminement inté-rieur plutôt que l'ac-

cumulation des bastons. Et il en apassé du temps depuis les premièreshistoires super-héroïques de Katsura,c'était WingMan, entre temps il y a euVidéo Girl Aï, Dna2, Iria… Cette nou-velle série se place plutôt dans lacontinuité de Battle Royale, autantpour sa violence que pour son dis-cours sur le bien et le mal. Comme cen'est que le volume 4, il est encoretemps de raccrocher les wagons !

B.J.

Vagabond T.21, de Takehiko Inoué,TONKAM, 212 P. N&B, 8 P. COUL., 9€

Il ne peut en rester qu'un : dans cetteadaptation-fleuve de la biographie

romancée d'unsamouraï de l'époqueTokugawa (privilégiéepar les plus grands,de Lone Wolf & Cubau Livre du vent deTaniguchi), Takehiko«Slam Dunk» Inoué

suit l'itinéraire de duel en duel d'unbretteur rustaud cherchant à devenirla meilleure lame du pays. Un an apassé depuis son duel avecDenshichiro, un an à se préparer pourles deux brutes, mais c'est comptersans l'intervention du jeune boss duclan Yoshioka - et le combat com-mence plus tôt que prévu.

B.J.

Robot T.1, collectif, KAMI, 164 P.COUL., 24,90 €

Drôle d'objet à mi-chemin entre lemagazine et le art-book, Robot se pré-sente comme unesuccession de mini-récits en quelquesplanches dues auxmeilleurs mangakas

et character-designers. Dans desgenres allant du très kawaï à l'hyper-gore, les artistes ont bossé en margede leurs séries régulières, sans seconcerter, pour montrer ce qu'ilssavent faire ou expérimenter de nou-velles techniques, volontiers emprun-tées à l'Occident. Un excellent baro-mètre de la création graphique nippo-ne actuelle.

B.J.

différent ! On joue aussi avec certaines expressions,comme par exemple «chauffer un char», qu'on ne comprend pasimmédiatement! On espère avoir trouvé le ton juste. Le peu deQuébécois qui ont lu Magasin général l'ont trouvé formidable,notamment parce qu'on n'est pas dans la caricature du Québec.

Vous préparez déjà le tome deux de Magasin général. Alors,est-ce que Marie, la jeune veuve, va rester toute seule ? Tripp : Non, mais il faut attendre ! A la fin du premier album, il ya un type qui arrive avec sa moto. Dans le deuxième tome, il vase retrouver coincé dans le petit village par la neige ! Marie vitdans un village où la vie est rude, où la notion de plaisir est à peuprès absente. Cet homme va introduire cette notion à Notre-Dame-des-Lacs.Loisel : Il y aura un vent de liberté qui va souffler dans le village.C'est une histoire qui sera délicieuse. C'est pour ça qu'on faitréférence à Capra quand on l'évoque, parce qu'on va pataugerdans le bonheur…

RÉALISÉ PAR CLARISSE BOUILLET & THIERRY LEMAIRE

En plus de la BD, un second album, L'arrière-boutique du Magasin général,dévoile les coulisses de Magasin général.CASTERMAN, 160 P. BICHROMIE,22,95 €

30 N°5 mar-avr 2006«Julie et Auguste» par Yvang

www.zoolemag.com

LIBRAIRIES ET AUTRES LIEUX RÉGION PARISIENNE : LA MER À BOIRE, LES ENFANTS D'ICARE, UNIVERS BD, MANGATEC JUSSIEU, PULP'S COMICS, BOULINIER, ATOMIC CLUB, MRKMANGARAKE, MANGATEK GONCOURT, MYTH & MAGIC, IMAGIGRAPH, LIBRALIRE, ARBRE A LETTRE BASTILLE, ARBRE À LETTRES 14°, LIBRAIRIE DES DAMES, L’ATELIER D’EN FACE, TONKAM,TEMPS LIBRE, LA FOURMI (BAR), LES MOTS BLEUS, LA COMÈTE DE CARTHAGE, GALERIE FRÉDÉRIC BOSSER, GALERIE 9° ART, L’ENCRE DE CHINE, COMPTOIR DES MOTS, BATIGNOLLES ET CIE,LA MANŒUVRE, PALAIS DE TOKYO, DDB, COLORADO (BOULOGNE), PLANÈTE 103 (BOULOGNE), ZENITH (BOULOGNE), TBWA (BOULOGNE), CARAT (LA DÉFENSE), FOLIE D’ENCRE (MONTREUIL),LA BOUTEILLE À L’ENCRE (COURBEVOIE)... ECOLES : ESRA, FEMIS, ESAT, PARIS 6 JUSSIEU, PARIS 1 TOLBIAC, PARIS 3 CENSIER, IEP, BEAUX ARTS, ARTS DÉCO, GOBELINS...

CANAL BD RÉGION PARISIENNE : BD NET, SUPER HÉROS, OPÉRA BD, LIBRAIRIE NATION, BULLES DE SALON 15°, BULLES DE SALON (LEVALLOIS), PLANÈTE 33 (VERSAILLES),MILLEPAGES (VINCENNES). CANAL BD PROVINCE : BULLES D’ENCRE (POITIERS), BD RÊVE (LIMOGES), LA PIEUVRE (AUXERRE), LE TALON D'ACHILLE (MONTLUÇON), CULTURE

BD (RODEZ), GRAINE DE HÉROS (AIX-EN-PROVENCE), LIBRAIRIE DU PALAIS (ARLES), UNIVERS BD (CAEN), GREFINE (LA ROCHELLE), MILLE SABORDS (LA ROCHELLE), LIBRAIRIX (BOURGES),PLANÈTE BD (DIJON), COCONUTS (PÉRIGUEUX), CART BD (BESANÇON), DYNAMIC 26 (VALENCE), LA LICORNE (VALENCE), L'ÎLE AU TRÉSOR (VERNON), BD FLASH (CHARTRES), DITES 33(QUIMPER), EXCALIBULLE (BREST), ARCADE (TOULOUSE), ATMOSPHERES (TOULOUSE), BD FUGUE CAFÉ (BORDEAUX), BÉDÉLIRE (BORDEAUX), OSCAR HIBOU (BORDEAUX), AZIMUTS(MONTPELLIER), BÉDÉLIRE (TOURS), AUX ZÉLÉES (GRENOBLE), COLLINES (GRENOBLE), MOMIE FOLIE (GRENOBLE), LES BULLES DE VIENNE (VIENNE), DES BULLES ET DES HOMMES (ST-ETIENNE), INTERLUDE (LE PUY-EN-VELAY), ALADIN (NANTES), STORY (NANTES), LEGEND BD (ORLÉANS), BD BULLE (AGEN), LE YÉTI (CHOLET), CHAMP LIBRE (CHERBOURG), BÉDÉRAMA(REIMS), VITAMINE C (REIMS), LA PARENTHESE (NANCY), AUX AMIS DE LA BD (VANNES), CD BULLES (METZ), BD FUGUE CAFÉ (LILLE), FOLLE IMAGE (LILLE), AVENTURES BD (DUNKERQUE),MAISON DE LA BD (CREIL), LA PASSAGE (AVIGNON), CAP NORD (ARRAS), ESPRIT BD (CLERMONT-FERRAND), BACHI-BOUZOUK (PAU), GRIBOUILLE (BAYONNE), L’ILL LETTRÉ (MULHOUSE), LEBOULEVARD DE LA BD (LYON), BD FUGUE CAFÉ (LYON), BULLE (LE MANS), BD FIX (CHAMBÉRY), BD FUGUE CAFÉ (ANNECY), 9ÈME QUAI (ANNECY), BDVORE (SALLANCHES), AU GRAND NULLEPART (ROUEN), LABEL BULLES (LE HAVRE), L’HYDRAGON (NIORT), BULLES EN STOCK (AMIENS), JAUNE & NOIR (CASTRES).AUTRES LIEUX PROVINCE : KAOBANG (STRASBOURG), LA RÉSERVE À BULLES (MARSEILLE), AGORA INTERMARCHÉ (MELHAC), AGORA INTERMARCHÉ (PONTHIVY)...

ALBUM RÉGION PARISIENNE : ALBUM ST-GERMAIN (PARIS 5), ALBUM BERCY VILLAGE (PARIS 12), ALBUM COMICS (PARIS 5), ALBUM LAFAYETTE (PARIS 9), ALBUM MANGA(PARIS 5), ALBUM PRINCE (PARIS 5), ALBUM BELLE EPINE, ALBUM VAL D'EUROPE, ALBUM VELIZY ALBUM PROVINCE : ALBUM AIX EN PROVENCE, ALBUM BORDEAUX

MERIADECK, ALBUM LILLE, ALBUM LYON, ALBUM MARSEILLE, ALBUM MONTPELLIER, ALBUM NANTES POMMERAIE, ALBUM NICE, ALBUM NICE CAP 3000, ALBUM RENNES NORD, ALBUMRENNES SUD, ALBUM SAINT BRIEUC, ALBUM SAINT NAZAIRE, ALBUM SAINT QUENTIN, ALBUM STRASBOURG, ALBUM TOULOUSE.

FNAC RÉGION PARISIENNE : FNAC SAINT LAZARE, FNAC TERNES, FNAC LA DEFENSE, FNAC BOULOGNE, FNAC CRETEIL, FNAC EVRY, FNAC NOISY. FNAC PROVINCE : FNAC LYON BEL-LECOUR, FNAC LYON PART DIEU, FNAC BORDEAUX, FNAC MARSEILLE, FNAC NIMES, FNAC STRASBOURG, FNAC TOULON.

ESPACES CULTURELS LECLERC : CARCASSONNE, RODEZ, PLERIN, LANNION, QUIMPER, ROQUES SUR GARONNE, BLAGNAC, SAINT ORENS DE GAMEVILLE, AUCH, SAINTMEDARD EN JALLES, LANGON, SAINTE EULALIE, SAINT AUNES, RENNES CLEUNAY, NANTES, BASSE GOULAINE, PORNIC, GUERANDE, REZE, ORVAULT, SAINT HERBLAIN,

OLIVET, GAP, HAUCONCOURT, MAIZIERES LES METZ, PAU, ANGLET, IBOS TARBES, SAINT ETIENNE DU ROUVRAY, NIORT, MONTAUBAN, LA ROCHE SUR YON, MOISSELLES.

Tout le magazine en ligne* et toujours des albums, mangas ou DVD à gagner sur le site : cliquez sur «concours», répondez au questionnaire et le tour est joué !

200 dépositaires en France !

Et s’il n’en reste plus chez eux, il en restera encore sur ...

*Si vous disposez du logiciel Acrobat Reader