kompania, traditional musicians of epirus

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Grèce KOUMPANIA XALKIAS Musiciens traditionnels d’Épire Greece KOUMPANIA XALKIAS Traditional musicians of Epirus

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Traditional Musicians of Epirus

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  • W 260117 INEDIT/Maison des Cultures du Monde 101, Bd Raspail 75006 Paris France tl. 0 1 4 5 4 4 7 2 30 fax 01 45 44 76 60 www. m c m . a s s o . f r

    G r c eK O U M PANIA XALKIASMusiciens traditionnels dpire

    G re e c eK O U M PANIA XALKIAS

    Traditional musicians of Epiru s

    Couverture (1 & 4) 6/01/04 16:53 Page 1

  • Collection fonde par Franoise Grnd et dirige par Pierre Bois Enregistrements raliss en 2000 Hanovre et en 2003 Vourmbianni (pire). Enregistrements, pho-tos et notice, Hlne Delaporte. Traduction anglaise, Frank Kane. Illustrations, Franoise Grnd.Prmastrisation, ralisation, Pierre Bois. et OP 2004 Maison des Cultures du Monde.

    Ce disque a t produit l'occasion des concerts de la Koumpania Xalkias au 8 Festival de l'Imaginaire(mars 2004). Une partie des enregistrements a t ralise dans le cadre dune mission soutenue par leDpartement dethnomusicologie du Muse de lHomme, UMR 8574 du CNRS.

    INEDIT est une marque dpose de la Maison des Cultures du Monde (direction, Chrif Khaznadar).

    1. Mirolo suivi de Albasan (danse poghonissio) ................ 6161. Mirolo followed by Albasan (poghonissio dance)2. Mirolo suivi dune suite de poghonissia ..................... 18482. Mirolo followed by a suite of poghonissia3. Brati suivi de Vlaroula rovolay .................................. 6093. Berati followed by Vlaroula erovolaye4. Chant dexil et suite de danses................................... 10334. Song of exile and suite of dances5. Alexandra suivi de Vassilarondissa ................................ 9035. Alexandra followed by Vassilarondissa6. Skaros, poghonissio chant et suite de danses ........... 11246. Skaros, sung poghonissio and suite of dances7. Mirolo .......................................................................... 416

    Kostas Xalkias, klarino (clarinette / clarinet)Yorgos Xalkias, klarino (clarinette / clarinet)Antonios Kotikas, violi (violon / violin)Apostolis Mllis (n1, 3, 4, 5), laouto (luth / lute)Dimitri Xalkias (n2, 6), laouto (luth / lute)Dimitri Xalkias, accordon / accordeonDimitri Xalkias, dfi (tambour sur cadre / frame drum)

  • L pire se situe au nord-ouest de la Grce.Borde par le massif montagneux duPinde, les ctes de la Mer ionienne et lafrontire albanaise, elle comprend quatredpartements : Arta, Thesprotia, Prvza etIoannina. Ses frontires actuelles sont relati-vement rcentes puisquelles datent de laseconde guerre des Balkans et du trait deBucarest de 1913.Mme si elle a bnfici du boom cono-mique que connat la Grce depuis une ving-taine dannes, lpire reste la rgion la pluspauvre du pays. En dehors des bords de merou des centres urbains que sont Ioannina etArta, lactivit conomique est assez faible.La montagne occupe les trois quarts du terri-toire, concentrant les activits agricoles dansla plaine de Ioannina principalement.Offrant peu de travail, la rgion a t trsfortement marque par lexode rural et unemigration devenue massive au fil de sesvagues successives.Cela est particulirement vrai pour le nordde lpire do viennent les musiciens de laKoumpania Xalkias. Les hommes de ces vil-lages, excellents maons et tailleurs de pier-re, ont t employs dans tout le pays ds le

    dbut du XIXe sicle. Puis les offres de travaildiminuant, ils sont partis tenter leur chance ltranger, principalement aux tats-Unis,au Canada, en Australie et en Allemagne quiaccueillit la dernire grande vague migratoi-re dans les annes soixante. Depuis, les vil-lages continuent de se vider au profit desgrandes villes de Grce. Le village typique de la rgion du nord delpire est fait de maisons anciennes en pier-re grises, plus hautes que larges, adosses lesunes aux autres. Les ruelles troites, en terreou paves selon la richesse de la commu-naut, forment un maillage serr. La juxta-position de maisons bien entretenues etdautres ventres ou en ruines offre uncontraste saisissant qui traduit bien lqui-libre prcaire de ces villages.Pourtant ils se maintiennent en vie : ici onconstruit une nime fontaine, l on agran-dit une place ou lon btit une maisonmoderne au toit de tuiles mcaniquesrouges : sils ont d partir, les migrs nontpas pour autant oubli leur village. Ils conti-nuent simpliquer dans la vie locale etbeaucoup reviennent chaque anne oupresque.

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    GrceKOUMPANIA XALKIAS

    Musiciens traditionnels dpire

  • La vie musicale de lpire est au diapason dece contexte social et conomique. De lau-tomne au printemps, hormis quelques ftesprives ou associatives, les occasions den-tendre de la musique sont plutt rares. mesure que lt approche, la musique sefait de plus en plus prsente. Ioannina, lescommerces, les autobus et les taxis tra-vaillent au son du klarino. Tout se passecomme si la rgion se prparait progressive-ment la saison des ftes.Car lt la vie sociale sintensifie brusque-ment et lon fait alors appel aux musicienspour les mariages, les baptmes et les ftespatronales (paniyiria). Quils vivent en Grceo ltranger, les pirotes sen retournent,cote que cote, dans leur village natalcomme cet homme rencontr une fte quinous dit : Je viens me remplir le cur chaqueanne, sinon, je ne tiens pas.

    Une fte de villageSuivant limportance du village, les paniyiriadurent entre un et trois jours. Le matin, lesvillageois se rendent lEglise o une messeest dite pour le Saint Patron. Puis les hommesse dispersent dans les cafs et les femmesdans les maisons. Chacun vaque ses occu-pations jusquau soir o tous se rassemblentsur la place du village pour dner puis dansertout au long de la nuit. Les familles arriventles unes aprs les autres et sinstallent auxtables qui ont t disposes autour de laplace, de faon laisser un grand espace la

    danse. Les musiciens, qui ont au pralablergl leur systme de sonorisation, se tien-nent au centre sur une estrade.En pire, faire la fte, cest dabord se souve-nir de ses dfunts. Ainsi avant que ne dbu-tent les danses, les musiciens jouent une deces magnifiques lamentations funrairesquon appelle miroloyia. Cest aussi lemoment o lon pense aux absents : on voitsapprocher les tlphones portables dupavillon des clarinettistes : Ecoute papa,cest pour toi , dit une fille son pre restau Texas.Puis les musiciens prolongent la lamenta-tion par une srie de danses alors que les vil-lageois terminent leur repas. Dans quelquesrares villages, le Pope circule alors entre lestables avec licne du Saint que chacunembrasse aprs avoir particip la qute.Cest l, la dernire allusion la raison reli-gieuse de la fte. Les vivants et les morts une fois rassembls,les danses peuvent dbuter. La plupart desplaces de village ont en leur centre unimmense et vieux platane autour duquelvoluent les danseurs. Ils se tiennent par lamain de faon former un cercle ouvert quitourne dans le sens inverse des aiguillesdune montre. Cette ronde est mene par unpremier danseur, homme ou femme, quichoisit les danses quil dsire, contre de lar-gent donn aux musiciens. Tout au long dela nuit les familles ou groupes damis se suc-cdent sur la place. Le principe gnral de la

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    danse est que le premier danseur effectuedes figures tandis que les autres laccompa-gnent dun pas de base.Rtribus morceau aprs morceau, les musi-ciens jouent presque sans discontinuer jus-qu laube. Au gr des dsirs des danseurs,ils passent dun rythme un autre, dunechanson une autre sans marquer de pause.Dun signe de la main ou dun mot, le pre-mier danseur indique au clarinettiste cequil veut. Il peut intervenir tout momentet modifier ainsi ses choix. Les musiciensdoivent alors tre capables, dans la secondequi suit, de rpondre sa demande.La faon de payer est toujours ostentatoire :quil soit donn, lanc ou plaqu sur le frontdu clarinettiste, le billet est visible de tous. Il sagit de faire montre de sa puissancefinancire.Dans ce pays de montagnes, sabat avec latombe de la nuit une brume parfois paisse.Elle rveille les essences des arbres plongsdans lobscurit qui viennent se mler auxodeurs de viande de porc et de chvregrilles au feu de bois. Les conversationsvont bon train et saniment, voire senveni-ment, mesure que la fte avance. Le niveausonore est tel quil faut forcer la voix pour sefaire entendre de son voisin. Les hommessinterpellent dune table lautre, sesaluent, trinquent distance et soffrent boire du tsipouro (eau de vie de fabricationlocale), du vin blanc ou de la bire. Lesfemmes sont, des degrs divers, plus rser-

    ves. Les vieilles femmes, surtout les veuves,contemplent la danse sans y prendre part.Elles sirotent, impassibles, leur Fanta (bois-son exclusive des vieilles dames et desenfants). Lorange vif de la bouteille contras-te fortement avec le noir de leur robe dedeuil.Au cours de la fte, on passe de danses lenteset majestueuses, des danses plus rapides ;lalcool aidant, les danseurs se font plus gaiset dmonstratifs. Plus tard dans la nuit, lesmusiciens reviennent un tempo plus lent,cest parfois le moment des chants de table.Puis, peu peu la place du village se vide etne restent plus laube que quelques irr-ductibles qui nen finissent pas de solliciterles musiciens.

    La koumpaniaLes musiciens sorganisent en ensemblesappels koumpanies dont la formation ditetraditionnelle comprend une ou deux clari-nettes, un violon, un luth, un accordon etun tambour sur cadre.La musique de lpire et de la Grce conti-nentale en gnral est principalement jouepar des musiciens tsiganes. La prsence desTsiganes en pire est atteste ds le dbut duXIVe sicle.Trs rapidement sdentariss, ils proposentleurs services comme tameurs, chaudron-niers ou musiciens, activits dlaisses par lesautochtones pour des raisons de statut social.Sous lempire ottoman, ils sont musiciens de

  • village mais aussi de cour aux cts de musi-ciens juifs. Ce sont eux qui, depuis dessicles, font la musique traditionnelle grec-que. Ce sont des musiciens professionnelspour la plupart. Certains, cependant, ont uneactivit complmentaire comme la culture dutabac ou llevage.Leur rpartition est aujourdhui assez peuhomogne. Si la rgion de Poghoni com-prend une communaut tsigane assezimportante vivant principalement Parakalamos, celle de Konitsa par exemplene compte que trois familles de musiciensdont celle des Xalkias. Tout comme lesautres villageois, beaucoup ont d partir,notamment pour la capitale. Les alliances se font de prfrence, mais pasexclusivement, entre famille de musiciens ola musique se transmet oralement de pre enfils. Les enfants sont trs tt orients vers uninstrument dont lapprentissage devientquotidien ds lge de douze ans environ. Onprocde par imitation du plus simple au pluscomplexe. Ainsi le jeune clarinettiste dbuteen apprenant le squelette des mlodiesquil enrichit progressivement. Ce nestquau bout de plusieurs annes quil com-mence ajouter des dtails dornementationqui personnalisent son jeu. Lapprentissagese fait aussi grce aux nombreuses cassettesde musique dpire vendues dans les rues deIoannina ou de Konitsa.Trs vite les jeunes adolescents accompa-gnent leur pre dans les diffrentes ftes

    quils animent. Ils doublent un autre ins-trumentiste et acquirent ainsi le mtier jus-qu devenir leur tour des musiciens partentire.

    La clarinette, to klarinoArrive en pire par la Turquie dans lesannes 1830, la clarinette a t immdiate-ment adopte et est devenue linstrumentemblmatique de la rgion.Les musiciens jouent de prfrence sur desinstruments datant du sicle dernier quilsse sont transmis de gnration en gnra-tion. Les anciennes clarinettes franaisessont les plus apprcies et recherches. Cesinstruments, nombre de fois rpars, por-tent la trace des doigts successifs des musi-ciens qui ont creus lbne lendroit destrous de jeu. Ces clarinettes comportent trei-ze clefs et non pas dix-huit comme cela estle cas du systme Boehm actuel. Aujourdhuiles musiciens ne jouent que des instrumentsen si bmol, ceux en do et en la ont t aban-donns. Ils utilisent des anches faibles et desbecs raccourcis qui font monter le diapason.La combinaison des doigts et des tech-niques dembouchure complexes leur per-met de produire par exemple des glissandiparfaits sur une tierce mineure ou encore demonter ou dabaisser les notes.

    Le violon, to violiDeux accords coexistent pour le violon. Leplus ancien est dit la turque (alaturka) : r-

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  • la-r-sol, lautre, plus rcent, correspond laccord classique occidental (alafranga) :mi-la-r-sol.Les violonistes utilisent deux positions dejeu : soit ils font reposer linstrument sousleur clavicule quand ils accompagnent laclarinette, soit ils le font remonter et le tien-nent entre lpaule et le menton, lorsquilsdeviennent leur tour solistes.

    Le luth, to laoutoLe luth est un instrument de facture grecquecomprenant quatre doubles cordes accor-des en quintes (la-r-sol-do) et mises envibration par un plectre long. Il fut long-temps frettes mobiles mais lutilisationcroissante de laccordon ( hauteurs fixes) arendu caduque cette possibilit daccordvariable de linstrument : les frettes sontdornavant colles au manche.Bien que considr comme un pilier de lakoumpania, le luth est paradoxalement assezpeu jou. Il est parfois remplac par une gui-tare-luth (laoutoguithara), qui comme sonnom lindique est une guitare amnagecomme un laouto : sur un corps de guitare at mont un jeu de quatre doubles cordesaccordes comme celles du luth.

    LaccordonLusage de laccordon chromatique se seraitgnralis dans les annes soixante. Il com-prend le plus souvent quarante et une bassescomme dans tous les Balkans.

    Le tambour sur cadre, to dfiLe dfi est un tambour sur cadre, muni decymbalettes, dun diamtre dune vingtainede centimtres. La membrane est en peau dechvre ou dune matire synthtique.

    Plus lon se rapproche de Ioannina et pluscette configuration de la koumpania se trou-ve modifie. Depuis la fin des annessoixante les musiciens ont souvent recours lamplification et avec elle de nouveauxinstruments. Un synthtiseur vient sajouterou remplace laccordon et/ou le violon,une guitare lectrique joue la partie du luthet parfois une batterie remplace le dfi.

    La musique piroteLa musique pirote est modale, base sur desmodes pentatoniques anhmitoniques etheptatoniques dont les intervalles sont leplus souvent non temprs.Le rpertoire musical, sur lequel nous revien-drons plus en dtail dans la description desplages, est trs riche. Il comprend des lamen-tations funraires instrumentales (miroloyia)et des lamentations de berger (skaros) labo-res sur un rythme non mesur.Les danses reprsentent la majeure partie durpertoire. Elles reposent sur des mesuressimples ou composes, sur des rythmes pairsou impairs. Ainsi lon danse sur des rythmespanhellniques comme le kalamatianos (7/4,soit 3+2+2 ou 2+2+3), le stamikos (6/4), lesirto (2/4) mais aussi sur des rythmes lis

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    des sous rgions de lpire comme le zagho-rissio (5/4) et le poghonissio (4/4) qui vien-nent respectivement de Zaghori et dePoghoni, ou encore la danse Brati (8/4,3+2+3) dont la mesure vient du sud delAlbanie.Enfin, les chants de tables (pitrapzia), quivoquent principalement lamour et lexil,sont soit mesurs, soit de forme mixte, alter-nant des parties instrumentales mesures etdu chant non mesur. Les mlodies ne sont pas forcment asso-cies de faon stricte un rythme. Commedans bon nombre de traditions des Balkans,il est trs courant quune mme mlodie soitdanse sur des rythmes diffrents. Il en estde mme pour les rpertoires : suivant lecontexte, une danse peut par exemple deve-nir un chant de table.La clarinette tient le rle principal. Son jeuest extrmement virtuose et expressif ; lesmusiciens recherchent un son trs riche enharmoniques qui peut tre alternativementexplosif et doux. Le contraste tonnant entrela recherche dun tempo lent, dit lourd(vari) et la rapidit de jeu des clarinettistes estune caractristique spcifiquement pirote.Except dans les lamentations, le violon jouele plus souvent une deuxime voix en osti-nato sur des intervalles de seconde, secondeaugmente, quarte ou quinte. Le luth sou-tient la clarinette par un bourdon rythmiquetandis que laccordon renforce soit la partiedu luth, soit celle du violon.

    Le chant, mlismatique et trs ornement, estbas sur des vers de quinze pieds. Il est soitconfi un chanteur soliste, extrieur lakoumpania ou plus rarement faisant partie decelle-ci ; soit il est collectif et cest alors lesmusiciens qui chantent tous ensemble. Leursvoix sont tendues et fortement projetes.Pour rpondre aux attentes des danseurs, lesmusiciens se doivent de connatre un vasterpertoire, principalement constitu dedanses propres leur rgion et dautres com-munes lensemble de lpire. La lenteur dutempo des danses pirotes fait que si lonveut danser vite, on doit emprunter au voi-sin quelques mlodies rapides comme cellesdu dpartement de Grvna. Il faut pouvoirsatisfaire chaque gnration, apprendre denouvelles chansons et ne pas oublier les plusanciennes, comme celles qui, longtempsngliges, sont un jour exiges par unhomme qui veut danser sur les airs quaffec-tionnait tout particulirement son grand-pre ; les musiciens doivent alors jouer dansle style de lpoque.On la dit, les premiers danseurs successifsde la ronde demandent aux musiciens lesdanses quils souhaitent contre de largent.Il se cre alors dans linstant des suites dedanses plus ou moins indites. Soit lademande du danseur est trs prcise et ilnomme chaque danse quil souhaite, soitelle est plus vague et laisse aux musiciensune certaine marge de manuvre : parexemple, le danseur demande un ou deux

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    poghonissia suivis dun zaghorissio. Il incom-be au clarinettiste de passer dune danse une autre, et le reste du groupe doit le suivredans linstant. Le changement se fait extr-mement vite, il lui suffit de rpter brive-ment la tonique du morceau venir pourindiquer aux autres un changement demode et parfois de rythme.Souvent le danseur nhsite pas revenir surses choix : il lance un ordre aux musiciensqui russissent le tour de force de sinter-rompre au milieu dune phrase pour repartirimmdiatement sur une autre danse.

    La Koumpania XalkiasLes musiciens de la Koumpania Xalkias sontoriginaires du petit village montagnard deVourmbianni situ au nord de la rgion, quelques kilomtres de lAlbanie. Leur grou-pe est une histoire de famille qui mle troisgnrations.Kostas et Yorgos, les deux clarinettistes, sontfrres. Ils ont chacun un fils qui ils onttransmis leur savoir : depuis lge de dix ans,Dimitri et Dimitri, accompagnent leurs presdans les ftes. Tous deux portent le prnomde leur grand-pre paternel comme le veut latradition. Lun joue du dfi, tambour surcadre, lautre de laccordon. Le luth est tenusoit par leur cousin, un troisime DimitriXalkias, soit par Apostolis Mllis qui vient deles rejoindre. Enfin le violon est jou parAntonios Kotikas, dit papou, le grand-pre,qui a pous lune de leur cousine loigne.

    Kostas et Yorgos, excellents clarinettistes,ont une connaissance intime des villages dunord de Konitsa. Proches des villageois, ilssavent adapter le rpertoire en fonction duvillage o ils jouent. Ils connaissent lesinfimes variantes exiges dun village lautre. Sils ont appris la clarinette avec leurpre, les deux frres ont chacun un son et unmode de jeu qui leur est propre : en pire,chaque clarinettiste doit se diffrencier desautres tout en respectant les codes esth-tiques locaux.

    Les enregistrementsSi les pices qui composent ce disque sontjoues dans toute lpire, elles sont interpr-tes ici dans le style du nord de Konitsa,brillamment reprsent par la famille Xalkias.Les enregistrements de musique dpire sontrelativement nombreux mais rares sont ceuxqui donnent entendre la musique tellequelle est pratique dans les ftes : lesdanses y sont le plus souvent prsentesplage par plage. Or on laura compris, cestbien plutt sous la forme de suites de durevariable quest joue cette musique. Cest cedont nous avons souhait rendre compte icien respectant leur temporalit.Dans une certaine mesure, lordre des plagesrespecte la progression dune fte, et silnest pas envisager strictement il doit treconsidr comme un parcours possible.Une partie des enregistrements a t effec-tue au village des musiciens durant lt

  • 2003, et lautre en 2000, lors dune tourneen Europe. Un soir aprs le concert, danslune des chambres de lhtel, ils ont euencore envie de jouer. Eux qui, dans les ftespirotes, jouent beaucoup pour des migrsrevenus au pays pour quelques semaines, setrouvaient leur tour en exil, certes tempo-raire. Bien quil ait t ralis hors contexte,cet enregistrement reflte pourtant ce quipeut se passer de mieux lors dune fte,lorsque les musiciens gagns par lmotionjouent me orxi, avec apptit.

    1. Mirolo suivi de Albasan (poghonissio)Cette plage rend compte de ce quon joue enouverture dun paniyiri. Elle commence parune magnifique lamentation funraire basesur un mode pentatonique. tour de rle,les clarinettistes, le violoniste puis le luthis-te improvisent, autour de formules types,une grande exploration modale non mesu-re. La rapidit de lornementation contras-te fortement avec la lenteur de la pice. Lessolistes successifs voluent au dessus dunbourdon tenu par les autres instrumentistes.On remarquera le solo de luth car rares sontles luthistes qui utilisent les possibilitsmlodiques de linstrument.Le plus souvent, les miroloyia sont suivisdune danse poghonissio. Ici il sagit de ladanse Albasan sur un rythme de poghonissiokofto (4/4).Les poghonissia sont des danses typiques delpire dans lesquelles le danseur sexprime

    avec majest et lenteur. Lostinato du violonmet en relief les phrases mlodiques des cla-rinettes et cre ainsi un effet de perspectivesonore tout fait remarquable.

    2. Mirolo suivi dune suite de poghonissiaCette lamentation funraire obit la mmegrammaire musicale que le mirolo de laplage prcdente. Vient ensuite une longuesrie de poghonissia. Le clarinettiste principalprend linitiative de passer dune mlodie une autre et signale sil y a lieu les change-ments de mode par une rptition brve dela tonique du morceau venir (236, 515,624, 824, 956, 1241, 1422, 1550, 1750).Immdiatement les autres musiciens se met-tent au diapason. Les instrumentistes choi-sissent de donner des versions strictementinstrumentales ou chantes. Le chant surgitspontanment comme ici ( 1240 et 1422)ou est rclam par les danseurs : avec lesparoles ! peut-on entendre dans les ftes etimmdiatement les musiciens sexcutent.

    3. Brati suivi de Vlaroula rovolayLa danse Brati est trs clbre en pire. Extr-mement expressive et nostalgique, elle porte lenom de la ville albanaise Brat. Souvent jouesouvent sur une mesure 8 temps (3+2+3), iciles musiciens en donnent une version quilsnomment style zaghorissio (2+3). Elle est suivie de la version instrumentaledune danse appele Vlaroula rovolay (325)sur une mesure 4/4. On notera le fort ralen-

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  • tissement du tempo au passage de la secondedanse, chose trs courante durant les ftes.

    4. Chant dexil et suite de dansesIl sagit dune longue suite o les musiciensmlent des danses diffrentes. Elle souvrepar un chant dexil sur un rythme de pogho-nissio (4/4) au tempo modr :

    Xnitmno mou pouli

    Mon oiseau en exil,Mon oiseau si triste.

    La terre jouit de ta prsence,Et moi je nai que ton absence.

    Quoi tenvoyer mon tranger,Au loin o tu es.

    Je tenvoie une pomme, elle pourrit,Un coing, il blettit.

    Je tenvoie aussi mes larmes,Dans un mouchoir dor.

    Les musiciens prolongent le morceau par unyirisma, sorte dimprovisation, puis aprs unralentissement brutal du tempo les musi-ciens enchanent par la version instrumen-tale dun chant intitul Tha figho mana ktha kls, Je vais partir maman et tu vas pleu-rer (431). La gravit de la pice o les san-glots des clarinettistes sont trs explicitescontraste avec les deux danses qui terminentla suite. Tassia (721) et Xado (841)viennent de la rgion de Grvna.

    5. Alexandra suivi de VassilarondissaAlexandra et Vassilarondissa sont deuxchants anciens et clbres de Lpire. Leurrythme impair (2+3) est appel zaghorissiocar il est typique de la rgion de Zaghori. Lencore on remarquera le ralentissementcaractristique du tempo entre les deuxdanses (420). Lun est un chant damourmalheureux, lautre voque lenlvementdune jeune fille par un bandit :

    Alexandra

    Alexandra pourquoi es-tu fane, ma fleur ?Pourquoi es-tu en larmes ?

    Est-ce la faute du vent ?Est-ce la faute de la rose ?

    Ce nest pas la faute du vent, mon Pallicare,Ni de la rose.

    Cest cause de toi, mon Pallicare,Qui est loin en terre trangre.

    Vassilarondissa

    Nest-ce pas dommage et injuste,Nest-ce pas un pchQue Vasso soit seule dans le dsert ?

    Dans les repaires des brigands,Ma Vasso tu fais des lits de pinEt des oreillers de htres.

    Et Thimiogakis a cri du haut de la colline :Vasso rveille-toi !Il fait dj jour.

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  • 6. Skaros, poghonissio chant et suite dedansesLe skaros est une lamentation de berger,anciennement joue la tzamara, longueflte oblique en mtal. Par sa forme, elle esttrs proche du mirolo mais en diffre parson climat pastoral. Les musiciens disentclairement imiter par endroits le mugisse-ment des vaches et le chant des oiseaux.Cette lamentation de berger est trs souventsuivie par le poghonissio lent intitul Ta pira-n ta provata (313) :

    Ta piran ta provata

    Ils ont pris les moutonsDans lenclos,Ma Valaque, ma bergre.

    Ils ont trait les moutons, ma Valaque,Dans un vieux baquet,Mon amie, ma vieille amie.

    Puis le premier clarinettiste indique trsrapidement un changement de tonalit et derythme. Presque simultanment, le reste dugroupe le suit dans deux danses sept temps(3+4) de type kalamatianos (634 et 739).Vient ensuite une srie de danses rapides 2/4 empruntes, comme dans la plage 4, largion de Grvna (849). Ce pot pourri esttermin par un bref yirisma (1029) de largion de Konitsa. Heureux, les musiciensconcluent deux-mmes la suite par unItan yia thanaton! : Ctait mourir !

    7. MiroloParfois les ftes se terminent par un mirolo lesthtique bien plus intimiste que ceux quiouvrent les ftes. Alors quil ne reste plusque quelques personnes, que les musiciensont rang leurs instruments, un hommerclame une dernire lamentation.

    HLNE DELAPORTE

    Bibliographie :Brandl, Rudolf M. : Die struktur traditionellerVolkmusik-Ensembles in Griechenland, in Studia ins-trumentum musicae popularis, X. Erich Stockman, d.,Stockhlom, 1992, 103-8.Brandl, Rudolf M. : The Yiftoi and the Music ofGreece. Role and Function, The world of Music 38 (1),1996, 7-33.Damianakos, Stathis : Le paysan grec. Dfis et adapta-tion face la socit moderne, Paris, LHarmattan,1996, 498 p.Mazaraki, Despina : To lako klarino stin Ellada (La clari-nette populaire en Grce), Athnes, 1959.

    Discographie:Grce - pire - Takoutsia, musiciens de Zagori, INEDIT,W 260020, 1990.Miroloyia k yirismata, Petros Loukas Chalkias, AEPI,CD 0111, 1993.Musique de la Grce continentale, Christos Zotos etSkaros, Al Sur, ALCD 111, 1993.

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  • Antonios Kotikas

  • Yorgos Xalkias

  • Dimitri Xalkias & Kostas Xalkias

  • Dimitri Xalkias & Apostolis Mllis

  • Dimitri Xalkias

  • E pirus is a region of northwestern Greecebordered by the Pindus mountain range,the coast of the Ionian Sea and the Albanianborder, with four departments: Arta,Thesprotia, Preveza and Ioannina. Its cur-rent borders are relatively recent, datingfrom the second Balkan War and the Treatyof Bucharest of 1913.Although it has benefited from Greeces eco-nomic boom of the past twenty years, Epirusremains the countrys poorest region. Otherthan in the coastal areas and in the urbancentres of Ioannina and Arta, the level ofeconomic activity is low. Mountains coverabout three quarters of the territory, limit-ing agricultural activities mostly to theplains of Ioannina.Due to the scarcity of work possibilities, theregion has been very much subject to ruralexodus and emigration, which has becomemassive with the successive waves.This is especially true of the north of Epirus,the region of Koumpania Xalkias musi-cians. The men of these villages are excel-lent masons and stonecutters who wereemployed throughout the country as of thebeginning of the 19th century. As work offers

    diminished, they left to try their luckabroad, mostly in the United States, Canada,Australia and Germany, which welcomedthe last big wave of immigration in the1960s. Since then, the villages have emp-tied further as people move to the largecities of Greece.The typical village of northern Epirus iscomposed of old grey stone houses, whichare high rather that wide, built against eachother. The narrow streets, of packed earth orpaved depending on the villages means,form a dense meshwork. The juxtapositionof well-maintained houses with others thatare emptied out or in ruins provides a strik-ing contrast that is a good reflection of theprecarious situation of these villages.But they still manage to survive: here orthere you can see yet another fountainbeing built, a square being widened or amodern house built with a roof of interlock-ing red tiles: even when they leave, the emi-grants dont forget their villages. Theyremain involved in local life and manyreturn every year or almost every year.The musical life of Epirus is in tune with thissocial and economic context. From autumn

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    GreeceKOUMPANIA XALKIAS

    Traditional musicians of Epirus

  • to spring, with the exception of private par-ties or those organised by clubs, there arenot many opportunities to hear music. Assummer approaches, there is more and moremusic. In Ioannina, shops, buses and taxiswork to the sound of the klarino. The regionprogressively prepares for the season ofcelebrations.In summer the social life suddenly intensi-fies and musicians are called on for wed-dings, baptisms and celebrations in honourof the Patron Saints of the villages (pani-yiria). Whether they live in Greece orabroad, the Epirotes return at all cost totheir native villages, as for example a manwe met at a celebration who said to us: I come every year to fill my heart. If not, Icant go on.

    A village fairDepending on the size of the village, thepaniyiria lasts from one to three days. In themorning, the villagers go to the churchwhere a mass is celebrated for the PatronSaint. Then the men go to cafs and thewomen go home. They all go about theirbusiness until the evening when everyonegathers at the village square to have dinnerand to dance throughout the night. Thefamilies arrive one by one and sit at tablesarranged around the square so as to leave alarge area for dancing. The musicians, hav-ing first adjusted their sound system, standin the centre on a platform.

    In Epirus, partying starts with a remem-brance of the deceased. Before the dancingstarts, the musicians play one of the mag-nificent funeral dirges known as miroloyia. Itis also the time to think about people whoare absent: people walk up to the clarinetplayers holding mobile telephones: Listenpapa, this is for you, says a girl to her fatherwho stayed in Texas.Then, after the dirge, the musicians continuewith a series of dances while the villagers fin-ish their meal. In a few rare villages, thepriest walks from table to table holding anicon of the saint that everyone kisses aftermaking a donation. This is the last allusionto the religious reason for the fair.With the living and the dead broughttogether, the dances can begin. In the mid-dle of most village squares there is a huge oldplane tree around which the people dance.The people hold hands to form an open cir-cle that moves counter-clockwise. Thisround is led by a first dancer, a man or awoman, who chooses the dances that he orshe wants in exchange for money given tothe musicians. Throughout the night, fami-lies or groups of friends take turns on thesquare. The general principle of the dancingis that the first dancer dances figures whilethe others accompany with basic steps.The musicians are paid piece by piece andplay practically non-stop until dawn.Following the dancers whims, they switchfrom one rhythm to another and from one

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  • song to another, with no break. With a waveof his hand or a word, the first dancer indi-cates to the clarinet player what he wants.He can change his mind and choice at anytime. The musicians must be able to switchin a split second to meet the request.The payment is always ostentatious: given,thrown or slapped on the clarinet playersforehead, the note is visible to all in a showof financial might.In this mountainous region, a sometimesthick fog comes at nightfall. It wakes up theessences of trees plunged into darkness thatmixes with the odours of pork and goatmeat grilled on wood fires. The conversa-tions continue and grow more lively oreven bitter as the partying continues. Thenoise level is such that you have to shout sothat your neighbour will hear you. The mencall to each other from table to table, greeteach other, clink glasses and offer eachother drinks of tsipouro (locally-madebrandy), white wine or beer. The women areusually more reserved. The older women,especially the widows, watch the dancingwithout taking part. They impassively drinktheir Fanta (drink exclusively for old womenand children), the bright orange of the bot-tles in sharp contrast with the black of theirmourning dresses.During the celebration, the slow majesticdances gradually give way to more rapidones; with alcohol helping the processalong, the dancers become more jolly and

    demonstrative. Later in the night, the musi-cians return to calmer tempos, and this isoften the time for table songs. Then, littleby little, the village square empties, leavingat dawn only a few diehards who keep ask-ing the musicians to play.

    The koumpaniaThe musicians form ensembles calledkoumpanies, the traditional composition ofwhich is one or two clarinets, a violin, alute, an accordion and a frame drum.The music of Epirus and of continental Greecein general is mostly played by Gypsy musi-cians. The presence of Gypsies in Epirus isattested as of the beginning of the 14th century.They quickly became sedentary and offeredtheir services as tinsmiths, coppersmiths ormusicians, activities abandoned by thenatives for reasons of social status. In theOttoman Empire they were village musi-cians but also court musicians alongsideJewish musicians. For centuries now, theyhave been shaping Greek folk music. Theyare mostly professional. Some of them havean additional activity such as tobacco grow-ing or animal rearing.They are spread unevenly through theregion. While the region of Poghoni has alarge Gypsy community, living mostly inParakalamos, Konitsa for example has onlythree families of musicians including theXalkias. Like the other villagers, many hadto leave, especially to Athens.

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  • Marriages are preferably but not exclu-sively between families of musicians inwhich the music is transmitted orally fromfather to son. From an early age children areoriented to an instrument that they studyon a daily basis as of the age of abouttwelve. Pupils learn by imitation with firstsimple and then more complex music.Young clarinet players start by learning theskeleton of the melodies, which they pro-gressively enrich. Only after several years ofplaying do they start to add the ornamentaldetails that personalise their playing. Theyalso learn with the help of the many cas-settes of the music of Epirus that are sold onthe streets of Ioannina and Konitsa.The young adolescents accompany theirfathers when they go to the various celebra-tions that they play for. They act as under-studies for other instrumentalists and thusgradually become musicians in their ownright.

    The clarinet, to klarinoThe clarinet came to Epirus via Turkey in the1830s, was immediately adopted, andbecame the emblematic instrument of theregion.The musicians prefer to play instrumentsfrom the last century that are transmittedfrom generation to generation. The oldFrench clarinets are the most appreciatedand sought-after. These instruments,repaired again and again, bear the finger

    marks of the musicians who dug into theebony around the finger holes. These clar-inets have thirteen keys rather than eigh-teen as for the current Boehm system.Today, musicians only play instruments in Bflat, as those in C and A have been aban-doned. They use soft reeds and shortenedmouthpieces to raise the pitch. The combi-nation of complex fingering andembouchure techniques allows them to pro-duce, for example, perfect glissandi over aminor third or to raise or lower the pitches.

    The violin, to violiTwo tuning systems for the violin coexist.The oldest is called Turkish (alaturka): D-A-D-G, the other, more recent, corre-sponds to the western classical tuning(alafranga): E-A-D-G.The violinists use two playing positions:either they put the instrument under theirclavicle when they accompany the clarinetor they bring it up and hold it between theshoulder and the chin when they play solos.

    The lute, to laoutoThe lute is a Greek-made instrument that hasfour double strings tuned in fifths (A-D-G-C)that are set in vibration with a long plec-trum. For a long time it had movable frets,but with the growing use of the accordion(with fixed pitches) the possibility of varyingthe tuning of the instrument was no longerneeded: the frets are now fixed on the neck.

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  • Although it is considered a pillar of thekoumpania, the lute is paradoxically playedrather little. It is sometimes replaced with aguitar-lute (laoutoguithara), which, as itsname indicates, is a guitar modified to belike a laouto: a set of four double strings ismounted on a guitar body and then tunedas for a lute.

    The accordionThe use of the chromatic accordion is said tohave become widespread in the 1960s. Itusually has forty-one bass buttons as every-where else in the Balkans.

    The frame drum, to defiThe defi is a frame drum with jingles ofabout twenty centimetres in diameter. Themembrane is made of goatskin or syntheticmaterial.

    The closer we come to Ioannina, the morethis configuration of the koumpania changes.Since the end of the 1960s, musicians oftenuse amplification and with it new instru-ments. A synthesizer can be added or canreplace the accordion and/or violin, an elec-tric guitar may play the lute part and some-times a drum set replaces the defi.

    Epirote musicEpirote music is based on anhemitonic pen-tatonic and on heptatonic modes whoseintervals are usually not tempered.

    The musical repertoire, of which we willspeak in greater detail in the description ofthe tracks, is very rich. It includes instru-mental funeral dirges (miroloyia) and shep-herds dirges (skaros) based on a non-metricrhythm.Dance tunes account for most of the reper-toire. They are based on simple or com-pound time, with even or odd rhythms.People dance to pan-Hellenic rhythms suchas kalamatianos (7/4, either 3+2+2 or 2+2+3),stamikos (6/4), sirto (2/4) but also rhythmslinked to sub-regions of Epirus such aszaghorissio (5/4) and poghonissio (4/4), whichcome respectively from Zaghori andPoghoni, or the dance Berati (8/4, 3+2+3),the meter of which comes from the south ofAlbania.The table songs (epitrapezia), which mainlyspeak of love and exile, are either metric orin mixed form, alternating metric instru-mental parts and non-metric sung parts. The melodies are not necessarily strictlyassociated with a rhythm. As in many tradi-tions of the Balkans, it is common that agiven melody is danced to various rhythms.The same is true for the repertoires: depend-ing on the context, a dance may become atable song from example.

    The clarinet plays the leading role. Its play-ing is extremely virtuosic and expressive;musicians seek a sound that is very rich inharmonics that can be alternatively explo-

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  • sive or very soft. The stunning contrastbetween the search for a slow tempo, calledheavy (vari), and the rapidity of the play-ing of the clarinet players is a feature that isspecific to Epirus. Except in dirges, the vio-lin most often plays a second part in osti-nato on intervals of seconds, augmentedseconds, fourths or fifths. The lute supportsthe clarinet with a rhythmic drone whilethe accordion supports either the lute or theviolin part.The singing, melismatic and highly orna-mented, is based on verses of fifteen feet. Itis either sung by a solo singer who is not amember of the koumpania, or more rarely byone who belongs to the group. The singingmay also be in chorus, with all of the musi-cians singing together. Their voices are tenseand strongly projected.To meet the dancers expectations, the musi-cians must know a huge repertoire, chieflycomposed of dance tunes of their region andothers that are common to all of Epirus. Theslowness of Epirote dance tempos means thatif quick dancing is desired, rapid melodiesmust be borrowed from neighbours, from thedepartment of Grevena for example. Themusicians must be able to please each gener-ation, so they learn new songs without for-getting the old ones, even those, longneglected, that might one day be requestedby a man who wants to dance to the belovedmelodies of his grandfather; the musiciansmust then play in the style of that period.

    As mentioned, the successive first dancers ofthe circle ask the musicians for the dancesthey want in exchange for money. This leadsto the creation of dance suites that are moreor less new. The dancer may be very specific,naming each dance that he wants, or hemay be more vague, leaving the musicianssome room to manoeuvre: for example, thedancer may ask for one or two poghonissiafollowed by a zaghorissio. The clarinet playermust switch from one dance to another, andthe rest of the group must follow him imme-diately. The change occurs very quickly, heneed only repeat the tonic of the comingpiece briefly to indicate to the others achange of mode and sometimes of rhythm.The dancer will frequently change his mind:he shouts his order to the musicians whomanage the tour de force of stopping in themiddle of a phrase to immediately switch toanother dance.

    Koumpania XalkiasThe musicians of Koumpania Xalkias comefrom the small mountain village ofVourmbianni in the north of the region, afew kilometres from Albania. This group is afamily affair spanning three generations.Kostas and Yorgos, the two clarinet players,are brothers. They each have a son to whomthey have transmitted their knowledge:since the age of ten, Dimitri and Dimitriaccompany their fathers at fairs. Both ofthem were given the name of their paternal

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  • grandfather according to tradition. One ofthem plays the defi, frame drum, the otherthe accordion. The lute is played either bytheir cousin, a third Dimitri Xalkias, or byApostolis Mellis, who has just joined them.The violin is played by Antonios Kotikas,called papou, the grandfather, who mar-ried one of their distant cousins.Kostas and Yorgos, both excellent clarinetplayers, have an in-depth knowledge of thevillages of the north of Konitsa. They areclose to the village people and can adapt therepertoire to the village where they play.They know the minutest variants demandedfrom one village to another. While theyboth learned the clarinet with their father,the brothers each have their own sound andtheir own way of playing: in Epirus, eachclarinet player must distinguish himselffrom others while observing local aestheticcodes.

    The recordingsWhile the pieces that make up this CD areplayed throughout Epirus, they are per-formed here in the style of northernKonitsa, brilliantly represented by theXalkias family.Recordings of music from Epirus are rela-tively numerous but it is rare that they pre-sent the music as it is heard at fairs: thedances are most often presented track bytrack. As mentioned however, this music isusually played in the form of suites of vari-

    able duration. This is the aspect that wewanted to present here.The order of the tracks follows the develop-ment of a fair to a certain extent. While itmight not occur in exactly this way, it is onepossibility.Some of these recordings were made in themusicians village in the summer of 2003,the rest in 2001, during a European tour.One evening after a concert, in one of thehotel rooms, they still felt like playing. Afterplaying so many times at fairs for Epiroteemigrants who returned to the region for afew weeks, they found themselves inexile, if only for a short time. Eventhough it was made out of context, thisrecording reflects the best of what couldhappen during a fair, when the musicians,full of emotion, play me orexi, with gusto.

    1. Mirolo followed by Albasan (poghonissio)This track demonstrates what is played at thebeginning of a paniyiri. It begins with a mag-nificent funeral dirge based on a pentatonicmode. The clarinet players, the violinist andthen the lute player take turns improvising,based on standard patterns, in a great modal,non-metric exploration. The rapidity of theornamentation contrasts sharply with theslowness of the piece. The successive soloistsplay over a drone held by the other instru-mentalists. The lute solo is striking because itis rare that lute players take advantage of theinstruments melodic possibilities.

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  • The miroloyia are usually followed by adance poghonissio. Here it is an Albasandance to a poghonissio kofto (4/4) rhythm.The poghonissia are typical dances of Epirusin which the dancer dances slowly andmajestically. The ostinato of the violinbrings out the melodic phrases of the clar-inets and creates a remarkable sonorous per-spective.

    2. Mirolo followed by a suite of poghonissiaThis funeral dirge has the same musicalgrammar as the mirolo of the precedingtrack. Then comes a long series of poghonis-sia. The main clarinet player takes the ini-tiative of switching from one melody toanother and signals changes of mode, if any,by briefly repeating the tonic of the comingpiece (236, 515, 624, 824, 956, 1241,1422, 1550, 1750). The other musiciansimmediately follow. The instrumentalistschoose either strictly instrumental or sungversions. The song starts spontaneously ashere (at 1240 and 1422) or is asked for bythe dancers: with the words! at fairs, withthe musicians reacting immediately.

    3. Berati followed by Vlaroula erovolayeThe dance Berati is very famous in Epirus. Itis extremely expressive and nostalgic andbears the name of the Albanian city of Berat.It is often played in 8 (3+2+3), but here themusicians present a version that they callzaghorissio style (2+3).

    It is followed by the instrumental version ofa dance called Vlaroula erovolaye (325) witha 4/4 meter. There is a strong slowing of thetempo with the switch to the second dance,a common phenomenon at fairs.

    4. Song of exile and suite of dancesThis is a long suite in which the musiciansblend various dances. It starts with an exilesong in a poghonissio (4/4) rhythm with amoderate tempo:

    Xnitmno mou pouli

    My bird in exile,My bird so sad.

    The earth rejoices with your presence,And I have only your absence.

    What to send you, my foreign one,Far away where you are.

    I send you an apple, it rots,A quince, it becomes overripe.

    I also send you my tears,In a golden handkerchief.

    The musicians continue the piece with ayirisma, a sort of improvisation, then after abrutal slowing of the tempo the musicianscontinue with an instrumental version of asong called Tha figho mana k tha kls, I willleave mother and you will cry (431). The seri-ousness of the piece, in which the sobs of theclarinet players are very explicit, contrasts

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  • with the two dances that end the suite,Tassia (721) and Xado (841), from theregion of Grevena.

    5. Alexandra followed by VassilarondissaAlexandra and Vassilarondissa are two oldand famous songs of Epirus. Their oddrhythm (2+3) is called zaghorissio because itis typical of the region of Zaghori. Here alsothere is the characteristic slowing of thetempo between the two dances (420). One isan unhappy love song; the other mentionsthe abduction of a young girl by a bandit:

    Alexandra

    Alexandra why are you faded, my flower?Why are you in tears?

    Is it the fault of the wind?Is it the fault of the dew?

    It is not the fault of the wind, my Pallicare,Nor the dew.

    Its because of you, my Pallicare,Who are far, in a foreign land.

    Vassilarondissa

    Isnt it too bad and unfair,Isnt it a sin,That Vasso is alone in the desert?

    In the den of thieves,My Vasso you make beds of pine And pillows of beech.

    And Thimiogakis shouted from the top of thehill:Vasso wake up!It is already morning.

    6. Skaros, sung poghonissio and suite ofdancesThe skaros is a shepherds dirge, formerlyplayed on the tzamara, a long oblique metalflute. In its form, it is very close to themirolo but differs by its pastoral climate.The musicians say clearly that in someplaces they imitate the mooing of cows andthe song of birds.This shepherds dirge is very often followedby the slow poghonissio entitled Ta piran taprovata (313):

    Ta piran ta provata

    They took the sheepIn the pen,My Valaque, my shepherdess.

    They milked the sheep, my Valaque,In an old tub,My friend, my old friend.

    Then the first clarinet player very quicklyindicates a change of tonality and rhythm.Almost simultaneously, the rest of the groupfollows him in two kalamatianos type dancesin seven (3+4) (634 and 739).Then comes a series of rapid 2/4 dances bor-rowed, as with track 4, from the region of

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  • Grevena (849). This potpourri ends with ashort yirisma (1029) from the region ofKonitsa.The musicians joyfully bring it to a closethemselves with the cry Itan yia thanaton!:It was to die for!

    7. MiroloSometimes fairs end with a much more inti-mate mirolo than those played at the begin-ning. When there are only a few people left,and when the musicians have put away theirinstruments, a man demands a final dirge.

    HLNE DELAPORTE

    Kostas Xalkias

  • W 260117 INEDIT/Maison des Cultures du Monde 101, Bd Raspail 75006 Paris France tl. 0 1 4 5 4 4 7 2 30 fax 01 45 44 76 60 www. m c m . a s s o . f r

    G r c eK O U M PANIA XALKIASMusiciens traditionnels dpire

    G re e c eK O U M PANIA XALKIAS

    Traditional musicians of Epiru s

    Couverture (1 & 4) 6/01/04 16:53 Page 1

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    INEDITMaison des Cultures du Monde

    Catalogue disponible sur demande / Ask for the catalogueMaison des Cultures du Monde 101 Bd Raspail, 75006 Paris Francetl. +33 (0)1 45 44 72 30 fax +33 (0)1 45 44 76 60et sur internet / and on internet : www.label-inedit.come-mail : [email protected]

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    distribution NAVE

    2004

    INEDIT / MCM

    Made in France

    Collection fonde parSeries founded byFranoise Grnd

    dirige par / headed byPierre Bois

    Enregistrements et noticeRecordings and liner notes

    Hlne Delaporte2000-2003

    GRCE PIRE GREECE EPIRUSKOUMPANIA XALKIAS

    3 298492 601172 >

    1. Mirolo, Albasan ..................................................................... 6162. Mirolo, Poghonissia ............................................................. 18483. Brati, Vlaroula rovolay ......................................................6094. Chant dexil et danses / Song of exile and dances .......... 10335. Alexandra, Vassilarondissa .................................................... 9036. Skaros, Poghonissio & danses/dances ................................11237. Mirolo ..................................................................................... 416

    total ...... 6634

    Kostas Xalkias & Yorgos Xalkias : klarino ; Antonios Kotikas : violi ;Apostolis Mllis (n 1, 3, 4, 5) & Dimitri Xalkias (n 2, 6) : laouto ;Dimitri Xalkias : accordon ; Dimitri Xalkias : dfi (tambour/drum).