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PUBLICATIONS DE LA FACULTÉ DES LETTRES D'ALGER SÉRIE - BULLETIN DE 'CORRESPONDANTE AFRICAINE TOME L\II LE DÎWÂN DE ORWA BEN EL WARD TRADUIT ET ANNOTÉ PAU RENÉ BASSET PARIS LIBRAIRIE ORIENTALISTE PAUL GEUTHNER 13, hue jacob ivig) 1928

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  • PUBLICATIONS DE LA FACULTÉ DES LETTRESD'ALGER

    1» SÉRIE - BULLETIN DE'CORRESPONDANTE AFRICAINE

    TOME L\II

    LE DÎWÂNDE

    ORWA BEN EL WARD

    TRADUIT ET ANNOTÉ

    PAU

    RENÉ BASSET

    PARIS

    LIBRAIRIE ORIENTALISTE PAULGEUTHNER

    13, hue jacob ivig)— 1928

  • BULLETIN DE COBRESPONDANCE AFRICAINEpublié par l'école supérieure des lettres d'alg'er

    Années I à V. 2!) fascicules in-8 (tout ce qui a paru).

    PUBLICATIONS DE LA FACULTÉ DES LETTRES D'ALGERIre SÉRIE. AacicH Bulletin de correspondance africaine.

    I. E. Cat. Notice sur la carte de l'Ogôoué.,ïn-8,

    avec carte. ±II. É. Amélikbau. Vie du patriarche Isaae. Texte copte et traduction française.

    In-8. >

    III. E. Gat. Essai sur la vie et les ouvrages du chroniqueur Gonzajo d'Ayora,suivi de fragments inédits de sa Chronique. In-8.

    IV. E. LÉfëbure. Rites égyptiens. In-8. %V. Rehé Basset. Le dialecte de Syouah. In-8.VI. A. Le Chateher. Les tribus du Sud-Ouest marocain.™ln-8.VII. E. Gàt. De rabus in Africa a Carolo V gestis. Tn-8.VIll. E. Cat. Mission bibliographique en Espagne. In-8.IX. G. Ferrahd. Les Musulmans à Madagascar1 et aux îles Coiïiôrès, 1-" partie;

    Les Antaimorono. fn-8. . r— 2" partie : Zaflndraminia.— Antambahoaka. — Antaiony.— Antai-vandrika. — Sahatavy, etc. In-8. , y—

    3° partie : Antankarana, Sajtatava,Migrations arabes. In-8.Prix Boutroue, Société de Géographie de Paris (1902). ,

    X. J. Perruchoh. Vie de Lalibala, roi d'Ethiopie. Texte éthiopien publiéd'après un manuscrit du Musée britannique et traduit en français.

  • A A

    LE DIWANDE

  • PUBLICATIONS DE LA FACULTÉ DES LETTRES D'ALGER

    I" SÉRIE — BULLETIN DE CORRESPONDANCE AFRICAINE

    TOME LXII

    LE DÎWÂN

    IfiïÔÏO

    DE

    ORWA BEN EL WARD

    TRADUIT ET ANNOTÉ

    RENE BASSET

    PARIS

    LIBRAIRIE ORIENTALISTE PAUL GEUTHNER

    13, rue jacob (vie) — 1928

  • LE D1WAN DE

  • £ LE D1WAN DE ORWA BEN EL WARD

    Noldeke. Le P. Cheïkho donna dans ses Poètes arabes chrétiens (1) la presque totalité du Dîwân avec des notes tiréespour la plus grande partie de YAgânî.Comme source orientale, en dehors du Dîwân et de ses

    commentaires, on ne peut guère citer que le Kitâb elAgânî (2) d'Abu'l-Farag el-Isbahânî, t. II, p. 190-197 ; decourtes notices dans Ibn Qotaïba (3), p. 425-427, el Bagdad! (4), t. IV, p. 195-197, Abkarious Iskender Agha,Rawdat el adab (5), p. 221-227. Les sources occidentalessont aussi peu fournies : à part l'introduction de Noldekedans son ouvrage déjà cité (p. 4-15) et le mémoire deBoucher, on ne peut guère mentionner que les quelqueslignes que lui ont consacrées Brockelmann (6), Lyall(7),Huart (8) etPizzi(9).C'est encore de ses poésies et du Kitâb el Agânî qu'on

    peut tirer les plus sûrs renseignements sur sa vie, bienque les auteurs arabes rapportent sur lui des anecdotesdont nous ne pouvons contrôler Fauthenticité. Je ne citeraide ces dernières que l'aventure de lajeune fille de Sa'wâ'

    qu'il avait enlevée (10) ; les anecdotes où on le voit mettantsa femme en gage pour avoir du vin (11), sur sa généro-

    (1) Éd. Beyrouth.(2) Éd. Bûlâq, 1285 H.(3) Liber poësis et poëlaram, éd. De Goeje, Leyde, 1904, in-8.(4) Hizdnat el-adab, Bûlâq, 1299 H., 4 vol. in-4.(5) Éd. Beyrouth, 1858, in-12.(6) Geschichte der arabischen Litteratar, Weimar, 1S98, t. I, p. 25.(7) Translations ofancient arable poetry, London, 188b, in-S, p. 29-30.(8) Littérature arabe, Paris, 1902, in-8, p. 19-20.(9) Letteratura araba, Milan, 1903, in-16, p. 49.(10) Yàqùt, Mo'gam el boldân, éd.Wùstenfeld, Leipzig, 1866-70, t. III,

    p. 299 ; Maïdânî, Kitâb el amtâl, Bûlâq, 4284 H., t. II, p. 105.(11) En Nawâgî, Halbat el koma'it, Le Caire, 1299 H., in-8, p. 99. Ce

    récit paraît une altération de l'aventure de "Orwa chez les Banû-Nadir :cf. Kitâb el Agânî, t. II, p. 191-192 ; Yâqût, Mo'gam, t. IV, p. 119 ;

  • INTRODUCTION

    site (1), sur son aventure avec l'homme des Banî-Ho-daïl(2).Comme je l'ai fait autrefois pour Aws ibn Hagar (3),

    j'ai voulu rassembler les notes que j'avais recueillies pourcompléter l'édition du Dîwân de Noldeke. On trouveraces additions à la suite de la traduction du Dîwân. Lesvers que,j'ai réunis — et je n'ai pas la prétention d'êtrecomplet — sont-ils tous de 'Orwa ben el Ward ? On peuten douter quand on voit la multitude des poètes qui ontporté ce nom de 'Orwa : 'Orwa ben Morra el-Hodali, 'Orwaben Odaïna, 'Orwa ben Rouaïm, 'Orwa ben ez-Zobaïr benel 'Awwâm, 'Orwa ben Zaïd el-Haïl, 'Orwa ben 'Otba,Orwa ben Gazya, 'Orwa ben Marwàn el-Harrâr, 'Orwaben Ma'rûf el Asadl, 'Orwa ben Sarâhil at Tamîmî, 'Orwaben Wàsil at Tamîmî, et le plus célèbre de tous, le poèteamoureux 'Orwa ben Ilizâm. Des confusions purent s'établir : ainsi certains vers, ou môme certaines pièces, sontcitées comme appartenant à d'autres qu'à 'Orwa. On nepeut contester toutefoislajustesse de la remarque de 'Abdel Malik ben Marwàn citée par le scholiaste de Noldeke

    (Dîwân, p. 50-51) : « Je m'étonne que les 'gens aient attribué (uniquement) la noblesse et la générosité àHâtim (et-Tà'yî), commettant en cela une injustice envers 'Orwa. »Dans toutes ces incertitudes, le mieux est de s'en remettre à la formule musulmane : Allah Alain.

    Boucher, Notices sur deux poètes antéislamiqaes, p. 11 ; Cheïkho, Poètes arabes chrétiens, Beyrouth, 1890, p. 889-892.(1) Es Safadi, Elgaïtel mosgem (commentaire de la Làmiyatel cAgem),

    Le Caire, 1290 H., 2 vol. in-8, t. II, p. 96.(2) Agâni, II, p. 194-196 ; Et-Tigànî, Tohfat el 'arûs, Le Caire, 1300 H.

    in-S, p. 20-21 ; Abkarious Iskender Agha, Rawdat el adab, p. 224-227 ;Boucher, Notices, p. 20-22; Cheikho, Poêles arabes chrétiens, p. 900-901.(3) Contribution à l'étude d'Aous ibn Hadjar (Festschrift fur Ignaz

    Coldziher, Strasbourg, 1912, in-8, p. 295-304).

  • CONCORDANCE DES EDITIONS DE NOLDEKE

    DE CHEÏKHO ET DES HAMSA DAWÀWÎN

    Noldeke Cheïkho IJamsa Dawâwîn

    I. V P- 89-90

    11 Vm P- 91III i P- 91-92IV IX P- 101V XI P- 88-89VI X P- 102VII VII P- 103VIII XXX P- 105IX XIX P- 96X XX P- 97XI II P- 88XII XXXI P- 105XIII XXV P- 99XIV P- 101XV XIII P- 86XVI XIV P- 85XVII XXVII P- 100XVIII XXVIII P- 100XIX XV P- 87XX XXIX P- 100-101XXI XXVI P- 100XXII P- 105-106XXIII XIV P- 86XXIV XXII P- 99XXV XXI P- 98XXVI P- 100XXVII réunie à la pièce XXI P- 100XXVIII XVIII P- 89XXIX XVI P- 87XXX XII p. 85X.VXI XVII P- 87XXXII XXVII P- 99XXXIII P- 89

  • AUTEURS DÉPOUILLÉS POUR LES NOTES ET ADDITIONS

    El 'Abbàsî. — Ma'âhid et tansîs. Le Caire, 12(U H., in-4.Abu'l 'Alâ' el jMa'arrî. — Bisâlat el Gofrân, Le Caire, 1325 H..in-8.

    Abu Tammâm. — Hamâsa, éd. Freytag, t. I, Bonn, 1828. in-4.El 'Aïnî. — El maqûsid en nahwiya (en marge d'el Bagdâdî).El 'Amidî. — Mowdzana, Constantinople, 1288 IL, in-8.El Askarî. — Kitâb es sind'ataïn, Constantinople, 1320 H.,in-8.

    El Bagdâdî. — Ilizânat el adab, Bûlâq, 1299 H., 4 vol. in-4.El Balawî. — Kitâb alifbâ, Le Caire, 1287 IL, 2 vol. in-8.El Bekrî. — Mo'gam, éd. Wûstenfeld, Gôttingen, 1876, 2 vol.in-8.

    Besthorn. — Ibn Zaïduni vilam scripsit epistolamque ad Ibn Dscha-

    varumedidit, Copenhague, 1889, in-8.Boucher. — Deux poètes antéislamiques, Paris, 1867, in-8.Cheïkho. — Poètes arabes chrétiens, Beyrouth, 1890, in-8.Es Sarîsî. — Commentaire des Séances de Harirî, Bûlâq, 1300 IL,2 vol. in-4.

    Dâwûd el Antâkî. — Tazyin el aswâq, Bûlâq, 1291 H., in-4.El Gâhid. — Bayân, Le Caire, 1313 H., 2 vol. in-8.El Gorgânî. — Wasâta, Saïda, 1331 H., in-8.Dozy. — Recherches sur l'histoire politique et littéraire de l'Es

    pagne (première éd.), Leyde, 1849, in-8.Fresnel. — Troisième lettre sur l'histoire des Arabes. Journal

    asiatique, février 1838.

    El Hotay'ah. — Dîwân, éd. Amîn, Le Caire, 1323, in-8.El Ibsîhî. — Mostatraf, Bûlâq, 1292 H., 2 vol. in-4.

  • D LE DIWAN DE ORWA BEN EL WARD

    Ibn 'Abd Rabbîh. — El 'iqd elfarîd, Bûlâq, 1293 H., 3 vol. in-4.Ibn Abi'l Ilaltâb. — Gamharat a"s'âr el 'arab, Bûlâq, 1308 H.,in-4.

    Ibn Hagga. — Ilizânat el adab, Bûlâq, 1291 H., in-4.Ibn Hisâm. — Commentaire de la Maqsûra d'ibn Doraïd (ms. dela Bibliothèque Nationale d'Alger, n° 1831).

    Ibn Hisâm.— Commeataire de la Bûnat So'âd, éd. Guidi, Leipzig,1871, in-8.

    Ibn Hisâm. — Mogni'l labîb, Le Caire, 1317 IL, 2 vol. in-4.Ibn Maudûr. — Lisân el 'Arab, Bûlâq, 1299 IL, 20 vol. in-4.Ibn es Si'kkît. — Tahdîb el alfad, éd. Cheïkho, Beyrouth, 1896-98.Iskender Agha Abkarious. — Tazyîn nihâyat el arab, Beyrouth,1868, in-8.

    Landberg. — Primeurs arabes, Leyde, 1889, 2 part. in-8.El JMaïdânî. —

    Magma'

    el amtâl, Bûlâq, 1284 H., 2 vol. in-4.El Mobarrad. —- Kdmil, Constantinople, 1286 IL, in-4.El Mofaddal Ibn Salama. — Fâhir, éd. Storey, Leyde, 1915, in-8.Mohammad Tawfîq. — Kitâb arâgîz el 'arab, Le Caire, 1313 H.,in-8.

    Mohibb el Dîn. — Sarh "sawâhid el ka'ssâf, Le Caire, s. d. in-4.El 'Okbadî. — Commentaire du Dîwân de Motanabbi, Le Caire,1308 H., 2 vol. in-4.

    El Qâlî. — Amâlî, Le Caire, 132i H., 3 vol. in-8.Er Ràgib el Isfahânî. — Mohâdarât, Le Caire, 1326 H., 2 vol.in-4.

    Es Safadî. — Commentaire de l'épîlre d'ibn Zâidun à Gahwar,Damas, 1327 IL, petit in-8.

    Es Samhûdî. — Ijolâsat el wajâ, Bûlâq, 1285 H., in-4.Et Torlûsî. — Sirâgel molûk, Bûlâq, 1289 IL, in-8.El Wâhidî. — Commentaire du Dîwân de Motanabbi, éd. Diete-

    rici, Berlin, 1801, in-4.Yâqût. — Mo'gam el boldân, éd. Wûstenfeld, Leipzig, 1866-70,

    6 vol. in-8.Zamahsarî. —■ Asâs el balâga, Le Caire, 1299 IL, 2 vol. in-8.

  • BIOGRAPHIE DE ORWA BEN EL WARDEXTRAITE DE

    Kitâb al-Agânî, t. II. 190.

    ARIETTE

    Des cent airs choisis, d'après le récit de Gahda, d'aprèsses compagnons :

    « Que de fois j'ai été pour un ami l'œil de la bonnedirection, qui examine, et un auditeur attentif.

    « Mais il tournait dans son erreur et je me suis écartéde lui en lui disant : « Je vois quelque chose de grave. »

    Les vers sont de 'Orwa b. el Ward ; l'air d'accordchoisi (d'entre les ariettes) sur le second mode grave, avecle binsir, d'après 'Amr ben Bàna.Ibràhîm Màhûrî en composa un avec le Wostâ d'après le

    même 'Amr.

    'Orwa b. el Ward b. Zaïd, d'autres disent Ibn 'Amrb.Zaïd b. 'Abd Allah b. Nàsib b. Harîm b, Ladîm b. 'Ûd b.Gàlib b. Qotaï'a b.'Abs b. Bagid b. Er-Raït b. Gatafân b.Sa'd b. Qaïs b. 'Aïlânb. Modarb. Nizâr — poète du temps

    de l'ignorance, un des plus célèbres parmi leurs cavalierset leurs brigands les plus réputés et les plus généreux.

    Il était surnommé 'Orwat as-Sa'âlik, « le 'Orwa des

    gueux), parce qu'il les réunissait et en prenait soin quand

    ils échouaient dans leurs expéditions et qu'ils n'avaient

    ni provisions ni projet d'attaque. D'autres disent qu'il

  • 8 LE DÎWÂN DE 'ORWA BEN EL WARD

    reçut ce surnom pour avoir composé les vers suivants

    (Dîwân, III) :

    Que Dieu couvre de honte le misérable qui, pendant la nuit

    obscure, va fureter dans les ossements, fréquentant tous les en

    droits où l'on tue une bête.

    Il regarde comme une bonne fortune toutenuit où il mange aux

    frais d'un ami riche.

    Mais (tout autre est) le pauvre dont la face a l'éclat de la

    flamme d'une bûche qui s'aperçoit au loin.

    Ahmed b. 'Abd el 'Aziz- el Gawharî nous rapporte que'Omar b. Sabba disait : J'ai entendu rapporter qu'IbnMo'âwiya disait: Si 'Orwa avait des enfants, je voudraism'allier à eux par un mariage.

    Mohammed b. Halaf rapporte d'après Ahmed b. El Haï-

    tam b. Firàs qui le tenait d'une part d'Al 'Omari, d'aprèsEl Haïtamb, 'Adî, et d'autre part d'Ibrâhîm b. Ayyûbd'après 'Abd Allah b. Moslim: ils étaient tous d'accorddans ce récit : 'Abd el Malik b. Marwàn disait: Parmi lesArabes, qui ne m'ont pas engendré, je regrette seulementde n'avoir pas eu pour père 'Orwa b. el Ward à cause deses vers:

    Je suis un homme tel que beaucoup recherchent mon hospitalité ; mais toi, tu es un homme qui ne reçoit qu'un seul hôte.

    Te moquerais-tu de moi parce que tu es gras et que tu vois chezmoi la marque du devoir accompli ? Or, c'est une tâche fatigante.Je partage ma subsistance entre beaucoup de monde et je

    n'avale que de l'eau claire, encore est-elle froide.

    Ahmed b. 'Abd el 'Azîz nous a raconté : Je tiens déOmar b, Sabba : J'ai appris que 'Omar b. el Hattâb dit à

  • BIOGRAPHIE DE ORWA BEN EL WARD 9

    El Hotây'a : Combien étiez-vous dans vos expéditions? —

    Nous étions mille hommes déterminés.—Comment cela?— Il y avait parmi nous Qaïs b. Zohaïr, qui était plein derésolution et à qui nous ne désobéissions pas; nous attaquions comme 'Antara ; nous nous guidions sur les versde 'Orwa b. el Ward et nous obéissions aux ordres deRabî'

    b. Ziyàd.

    Ahmed b. 'v\.bd el-'Azîz nous rapporte aussi ce trait.D'après 'Omar b. Sabba, 'Abd el Malik disait : Celui quiprétend que I.Iàtim Tay' est le plus généreux des hommesfait tort à 'Orwa b. el Ward.Ahmed b. 'Abd el-'Azîz nous a rapporté : Je tiens de

    'Omar b. Sabba : Ibrahim b. el Mondir nous dit d'aprèsMa'n b. 'Isa : J'ai entendu dire que 'Abd Allah b. Ga'farb. AbùTàleb disait au précepteur de ses fils : Ne leur faispas apprendre par cœur la qasîda de 'Orwa b. el Wardoù il dit :

    Laisse-moi poursuivre la richesse; car j'ai vu que le pire des

    hommes, c'est le pauvre.

    Car, disait-il, cela les excite à quitter leur patrie-Ahmed b, 'Abd el-'Azîz nous rapporte d'après 'Omar

    b. Sabba qui le tenait de Mohammed b. Yahyà qui letenait de 'Abd el 'Azîz b. 'Imràn az-Zohrî d'après 'Amir b.Gàbir : 'Orwa b. el-Ward fit une expédition contre les

    Mozaïna, leur enleva une femme mariée des Kinâna ets'en retourna, la poussant devant lui et disant :

    Interroge les enfants de 'Adî, où sont leurs tentes — et lesgens de 'Atvf dans les siècles passés.

    Si je n'atteins pas Aies, ils ont eu assez de moi dans la dépression d'El Aw'âl, à Du s-Salâsil

  • 10 LE DÎWÂN DE 'ORWA BEN EL WARD

    Puis il marcha jusqu'à ce qu'il fût arrivé chez les Banun-Nadîr. En voyant cette femme, elle leur plut, ils enivrèrent 'Orwa et lui demandèrent cette femme qu'il leurdonna. Quand il revint à lui, il s'en repentit et dit :

    Ils m'ont fait boire du vin capiteux et m'ont entouré de men-

    sbnge et de tromperie; etc.

    Le Prophète emmena cette femme avec les captivesde la tribu des Banu n-Nadir.Abu 'Amr es-Saïbânî rapporte à propos de l'aventure de

    'Orwa b. el Ward et de cette Salmâ :Il s'empara d'une femme vierge des Banû Kinâna qui

    se nommait Salmà. Elle était surnommée Omm Wahb.Il l'affranchit et la prit pour lui. Elle demeura chez luienviron dix ans et lui donna des enfants: il ne doutaitpas d'avoir toute son affection. Un jour, elle lui dit: Situ m'emmenais en pèlerinage je passerais près de ma

    famille et je la verrais. Il partit avec elle pour la Mekke,puis Médine. Il était en relation avec les Banu n-Nadirde Yatrib qui lui prêtaient de l'argent lorsqu'il enavait besoin et il leur vendait le butin qu'il faisait. Latribu de la femme était aussi en relation avec les Banun-Nadîr. Ils allèrent trouver un ami, tandis que Orwaétait présent. Salmâ leur dit : Il va m'emmener avant lafin du mois sacré; venez le trouver et dites-lui: Nousrougissons qu'une femme des nôtres, de race connue,soit captive ; fixe-nous sa rançon, car, ajouta la femme, ilne pense pas que je voudrai jamais me séparer de lui nilui préférer quelqu'un. Ils allèrent chez 'Orwa, lui firentboire du vin et lorsqu'il fut ivre, ils lui dirent: Amène-

    nous notre parente à rançon ; elle est d'une famille considérable et illustre : C'est pour nous une honte qu'elle soit

  • BIOGRAPHIE DE ORWA BEN EL WARD 11

    prisonnière. Quand ellesera parmi nous, si tu veuxt'unir àelle, demande-la enmariage, nous te la donnerons. —C'estvotre affaire, dit-il, mais j'y mets une condition, c'est quevous lui donnerez à choisir: si c'est moi qu'elle choisit,elle partira avec moi vers ses enfants ; et si elle vous pré

    fère, vous l'emmènerez.— Soit, dirent-ils. — Laissez-moi.ajouta-t-il, me divertir avec elle cette nuit: demain vousla rachèterez. Le lendemain, ils vinrent le trouver et ilrefusa de la rendre, mais ils lui dirent: Tu y as consentidepuis hier, et des gens qui y avaient assisté en témoignèrent. Il ne put pas refuser et la mit à rançon. Quandils l'eurent obtenue, ils donnèrent le choix à la femmequi préféra sa famille. Elle s'avança vers le poète et luidit : « 'Orwa, je vais te dire la vérité, puisque je mesépare de toi: Par Dieu, je ne connais pas de femme desArabes qui ait fait tomber son voile devant un mari meil

    leur, plus noble, plus éloigné de la honte, plus vaillant,plus fidèle à la justice que toi. Mais il ne s'est pas passéun jour, depuis que je suis avec toi, sans que jene préfèrela mort à ma situation à cause de la honte que j'éprouvais dans la tribu ; jene pouvais supporter d'entendre unefemme des tiens dire : la servante

    d' 'Orwa dit telle et

    telle chose. — Je t'en conjure, jene puis regarder désor

    mais le visage d'aucune femme des Gatafàn ; retourne(puisses-tu suivre la bonne voie !) vers tes enfants, et soisbon pour eux. » Alors 'Orwa récita ces vers :

    Alors que mes compagnons étaient dans le défilé de Amq, j'aipassé la nuit à contempler un éclair qui volait dans le Tihâma.

    Puisse-t-il arroser Salmâ ! mais où est la demeure de Salmâ,lorsqu'elle était campée près d'Es-Sadîr.

    Lorsqu'elle s'éiablil sur le territoire des Banu Ali et qu'une

    tribu était entre Immara et Kir.

  • 12 LE DIWÂN DE 'ORWA BEN EL WARD

    Je me rappelle le campement a" Omm Wahb lorsque la tribuétait dans la partie inférieure de Naqîr

    Et ma dernière rencontre avec Omm Wahb, notre courte hallematinale au campement desBanu-n-Nadîr .

    Que veux-tu, me dirent-ils ? — Avant tout, me divertir jus

    qu'au matin

    Avec une femme dont le langage, dont la salive après le sommeil est (enivrante) comme le raisin pressé.

    'Ail b. Solaïman al-Ahfas nous rapporte d'après Ta'lab,d'après Ibn El A'ràbî cettehistoire comme l'a racontéeAbu'Amr. Il ajoute que la famille de Salmâ lui offrit une rançonexorbitante. Il avait avec luiTalqetGabbâr, sonfrèreet soncousin. Ceux-ci lui dirent: « Si tu acceptes cette proposition,tu seras riche à jamais. Quant aux femmes, tu pourrastoujours en avoir quand tu en voudras ». Ace moment ilétait ivre et consentit au rachat. Quand il eut repris sa

    raison, il se repentit ; mais ils témoignèrent contre lui et ilne put s'y refuser. Alors vint Salmâ qui fit son éloge etdit : « Par Dieu, tu es, je le sais bien, souriant quandtu viens au-devant de moi, grand acquéreur de butin quandtu me quittes, léger sur le tapis, lourd sur le dos de l'en

    nemi, très hospitalier et très généreux, bon pour les tienset les étrangers ; sois bon pour tes enfants ». Ensuite ellele quitta pour épouser un de ses cousins. Celui-ci lui ditun jour: ee Salmâ, fais mon éloge comme tu as fait celuide 'Orwa, car ce qu'elle avait dit de lui était devenucélèbre. Ne m'impose pas cette tâche, répondit-elle; car,si je dis la vérité, tu te fâcheras et parAllât et El'Ozzâ, jene mens pas ». Son mari reprit : « Je te conjure de venirdans la réunion de la tribu et de dire de moi le bien quetu sais » . Puis il sortit et s'assit dans la réunion. La femmes'avança sous les regards de tous et dit : « Salut, celui-ci

  • BIOGRAPHIE DE ORWA BEN EL WARD 13

    m'a adjuré de le louer pour les qualités que je lui connais ;puis elle se dirigea vers lui et lui dit : « Certes, tu tedrapesdans une grande pièce d'étoffe. Quand tu bois, tu videsles vases à fond ; tu dors la nuit que tu as peur, tu es rassasié la nuit où tu reçois l'hospitalité, et tu n'es bon ni àta famille, ni aux étrangers ». Puis elle s'en alla. Lesgens le blâmèrent : « Tu te serais bien passé de ces discours de ta femme ».El Ahfas nous raconte d'après Ta'lab d'après Ibn el

    A'ràbî : « Je tiens d'Abù Faq'as : « Lorsqu'une année difficile arriva aux gens, leur faisant abandonner dans leurdemeure le malade, le vieillard et l'infirme, 'Orwa b. elWard recueillit tous ceux de cette sorte, sans être aidépar les gens de sa tribu, creusa pour eux des enclos, leurdonna sa protection et leur fournit des vêtements. El lesplus valides, soit que le malade fût guéri soit que le faibleeût recouvré ses forces, il les emmenait avec lui dansses expéditions. Il faisait une part pour ses compagnonsqui étaient restés dans l'enclos. Quand les gens avaientdesproduits en abondance et que la mauvaise année était

    passée, il renvoyait l'individu à sa famille en le faisantaccompagner de sa part de butin. Il arrivait souvent qu'unhomme retournait riche dans sa famille. Aussi était-il surnommé 'Orwa des Sa'à lik. 11 a dit à propos d'une de ces

    années, alors qu'il était à l'étroit :

    Peut-être en voyageant dans les pays, en attachant solidement

    ma selle à la poitrine de ma monture,Serai-je porté un jour vers le maître d'un troupeau qu'il pro

    tège par sa dureté de cœur et son avarice ?

    On raconte qu'un jour qu'il était avec un groupe de

    gens affamés d'entre les siens, Dieu mit en son pouvoir

    2

  • 14 LE DÎWÂN DE 'ORWA BEN EL WARD

    deux chamelles noires : il égorgea l'une pour eux, mit surl'autre leurs effets et les plus faibles et se transporta ainsid'endroit en endroit. Il était entre En-Naqira et Er Rabdaet s'arrêta entre ces deux points à un endroit appeléMâwân. Dieumit en son pouvoir un individu qui possédaitcent chameaux, avec lesquels il fuyait les droits réclaméspar sa tribu. C'était au moment où les gens commençaient à avoir beaucoup de lait. 'Orwa le tua, prit ses chameaux et sa femme qui était des plus belles. Il les donnaaux gens de l'enclos, se mit à traire les chamelles poureux et les chargea sur les chameaux jusqu'au moment oùl'on approcha de la fraction de tribu. Alors, il les partageaentre eux et prit une part semblable à celle de l'un d'entreeux. Par Allât etEl'Ozzâ, dirent-ils, nous ne serons satisfaits que si tu faisais delà femme un lot pour qui voudrala prendre. Il songea à les charger, à les tuer et à leurreprendre les chameaux ; ensuite il réfléchit que ces gens-

    là étaient comme sonœuvre etqu'en agissant ainsi il gâterait ce qu'il avait fait. Il réfléchit longtemps; puis il dit àses compagnons qu'il leur rendait les chameaux, exceptécelui qui portait la femme, afin de pouvoir rejoindre safamille. Ils refusèrent jusqu'à ce que l'un d'entre eux semontrât favorable et lui abandonnât une chamelle de sonlot. A cette occasion, 'Orwa récita la qasîda qui commence ainsi:

    Les gens des huttes ! je les trouve pareils aux autres hommes,dès qu'ils sont dans un pays fertile et qu'ils ont de nombreuxtroupeaux.

    Leur protection m'était cependant échue àMâwân, alors quedans notre marche nous errions çà et là.

    Vous agissez envers moi comme le fils envers sa mère qui sacrifieraitpour lui l'eau de ses yeux, se dévouantpour lui et leportant.

  • BIOGRAPHIE DE ORWA BEN EL WARD 15

    Elle passe la nuit (appuyée) sur l'extrémité de ses coudes,éplorée et gémissant de douleur.

    Elle a le choix entre deux partis qui ne sont pas gais : s'affliger à moins qu'elle ne se résigne.

    Ibn El A'râbî dit encore à propos de ce récit : 'Orwaavait pris une femme des Banû Hilâl b. 'Âmir b. Sa'sa'a,qu'on appelait Laïlâ bent Sa'wà'. Elle resta quelque tempschez lui : elle lui plaisait, lui faisait croire qu'elle l'aimait. Puis elle lui demanda d'aller visiter sa famille. Il latransporta sur un chameau et l'amena aux B. Hilâl. Quandil voulut s'en retourner, elle refusa de partir avec luiet la tribu de cette femme le menaça de le tuer. Il s'enalla et se tournant vers elle, il lui dit : « Laïlâ, fais savoir à tes compagnes ce que je suis ». Elle lui répondit :« Tu n'as pas d'intelligence : je t'en préfère d'autreset tu me demandes de te faire connaître ! » Là-dessus,il dit :

    Tu gémis sur Laïlâ (Salmâ) à présent, au milieu de son pays,alors qu'à El-Malâ tu avais plein pouvoir sur elle.

    Comment espères-tu la revoir, après tant de temps passé loin

    d'elle, et qu'elle est allée dans une tribu hostile, à Tàimâ'.Peut-être un jour manifesteras-tu du repentir envers moi parce

    que tu m'as imposé le jour de Gadwar.

    Cette pièce est longue.Les Banû'Àmîr prirent une femme des 'Absites puis des

    Banù Sikkin ; on l'appelait Asmâ'.Elle ne resta qu'un jour chez ses ravisseurs : sa tribu

    la délivra. 'Orwa apprit que 'Âmir b. at-Tofaïl s'en étaitenorgueilli et avait parlé de la capture de cette femme.

    Alors il composa les vers suivants pour faire honte aux

  • 16 LE DÎWÂN DE 'ORWA BEN EL WARD

    B. 'Âmir en rappelant qu'il avait enlevé Laïlâ bent Sa'wà'

    la Hilâlienne :

    Si vous avez possédé Asmà" pendant la durée d'un instant, lacapture de Laïlâ encore vierge est bien plus étonnante.

    Je me suis paré de sa beauté et de sa jeunesse, et on fa renduà Sa'ivâ', quand sa tête était grise.

    Voilà comment nous prenons une belle, malgré elle, alors queses pleurs, au matin cVEl-Liwâ. coulaient à torrent, lorsqu'elleétait liée.

    Ibn el A'râbî raconte : Des gens des Banû 'Abs souffrant de la disette et ayant perdu leurs troupeaux, en proieà une famine et à une détresse très grande, allèrent trouverOrwa b. el Ward, s'assirent devant sa tente et en levoyant, poussèrent des cris en disant : « 0 le père des

    gueux, viens à notre secours » . Touché de compassion,il partit avec eux en expédition pour trouver de la nourriture. Sa femme chercha à l'en détourner, car elle craignait qu'il n'y pérît. Il lui résista et se mit en route. Il

    passa près de Mâlik b. Himâr el-Fazàrî, Es-Samhî, quilui demanda où il allait. Il l'en informa. Mâlik fit apporterune pièce de bétail qui fut égorgée et mangée; puis Mâlik invita 'Orwa à revenir sur ses pas. Il refusa et continuasa route jusqu'à ce qu'il arrivât chez les Banul-Qaïncontre lesquels il fit une expédition. Il enleva un troupeau qu'il ramena pour lui et ses compagnons et il dit à cesujet :

    Je vois Omm Hassan le matin où elle me blâmait cherchant

    à me faire peur des ennemis et c'était elle la plus effrayée.

    La petite Salmâ disait : « si tu restes, cela me réjouira et

    elle ne sait pas que si j'erre c'est pourpouvoir restera la maison.

  • BIOGRAPHIE DE 'ûRWA BEN EL WARD 17

    Peut-être le malheur dont tu nous effraies, atteindra-t-ilcelui qui reste en arrière, dans sa famille » .

    Il dit encore à ce sujet :

    Ne suis-je pas menacé de me traîner à l'aide d'un bâton,de façon que mes ennemis m'insultent, et que les miens se lassent, de moi !

    Retenu comme un gage au fond de la maison; tous les soirs,je sers de jouet aux enfants, tandis que je marche en chancelant

    comme la jeune autruche.

    Fils de Lobnâ, dirigez ailleurs vos montures, car il vautmieux pour un peuple périr que d'être consumé par la faim.

    Car vous ne connaîtrez la portée de mon esprit et ma finesse

    que lorsque vous verrez les plantations de tamarins.

    Peut-être en voyageant dans les pays, en attachant solide

    ment une selle à la poitrine de ma montureSerai-je porté un jour vers le maître d'un troupeau qu'il

    protège par sa dureté de cœur et son avarice !

    Je transcris ce qui suit du livre d'Ahmed b. El Qâsim

    b. Yoûsof : Je tiens de Horr b. Qofn que Tomâmab. el

    Walîd entra chez El Mansûr qui lui dit : « Tomâma,connais-tu l'aventure de ton cousin 'Orwa des gueux b.

    el Ward el 'Absî ? — Quelle aventure, commandeur desCroyants ? car il a eu beaucoup de belles aventures. ElMansûr ajouta : avec le Hodaïlite qui lui prit son cheval.— Cela nemerevientpas enmémoire ; raconte-la, comman

    deur des Croyants. — 'Orwa partit un jour et arriva près

    des campements des Hodaïlites dont il était éloigné d'en

    viron deux milles; il était affamé ; il vit passer un lièvre

    et le tua; puis il alluma du feu, le fit rôtir et le mangea.Il enterra ensuite le feu à la profondeur de trois coudées.

  • 18 LE DÎWÂN DE 'ORWA BEN EL WARD

    La nuit était déjà bien avancée et les étoiles se couchaientà l'horizon. Il alla vers un grand arbre (sarha) où il monta,car il craignait d'être recherché. A peine s'y était-il cachéqu'arrivèrent des cavaliers qui redoutaient une incursionnocturne. Il en arriva une troupe, et avec elle un individu monté sur un cheval qui vint enfoncer sa lance àl'endroit où le feu avait été allumé et dit : « Certes, j'aivu du feu ici ». Un individu descendit et creusa à la profondeur d'une coudée sans rien trouver. Alors les cavaliers se mirent à le blâmer et à lui faire des reproches enlui disant : « Tu nous as dérangés par une nuit froidecomme celle-ci et tu nous affirmes un mensonge. — Je n'aipasmenti, reprit-il; j'ai vu du feula où est ma lance. —Tun'as rien vu, dirent-ils, mais c'est ta manie de te vanteret de te targuer de finesse qui t'a poussé à dire cela. Nousne sommes surpris que d'une chose, c'est de t'avoirécouté et suivi ». Ils ne cessèrent pas leurs reproches jusqu'à ce qu'il fût revenu sur son dire. 'Orwa les suivit jusqu'à ce qu'ils fussent descendus dans leur campement, etse cacha sous le pan de derrière d'une tente. L'hommealla retrouver sa femme; mais déjà il avait été remplacépar un esclave noir sous les yeux de 'Orwa. Ce noir étaitvenu la trouver avec une seille pleine de lait et lui disait :« Bois. — Non, reprit-elle, à moins que tu n'aies commencé ». Il commença et but. Elle dit à l'homme quand ilarriva : « Que Dieu maudisse ta vanterie; tu as dérangéla tribu depuis la nuit ! — J'ai vu un feu, dit-il ». Puis ildemanda la seille pour boire. Quand on la lui apporta, ils'écria : « Certes, le souffle d'un homme a déjà remuéceci, par le maître de la Ka'ba ! » La femme répliqua :« En voici bien d'une autre ! Quelle odeur d'hommetrouves-tu dans tes rigoles sinon la tienne ? » Puis elle

    cria, sa famille arriva et elle leur raconta son histoire et

  • BIOGRAPHIE DE ORWA BEN EL WARD 19

    dit : « Il me soupçonne et a des doutes surmon compte ! »Ils insistèrent près de lui jusqu'à ce qu'il revînt sur cequ'il avait dit. 'Orwa pensa : Et de deux. Ensuite, l'hommealla se coucher et 'Orwa bondit sur le cheval, voulantl'emmener. Mais le cheval rua et se débattit. 'Orwa revint alors à sa place. L'homme s'élança et dit au cheval :« Comme tu ne m'avais jamais menti ! qu'y a-t-il ? » Safemme se mit à l'injurier et à lui faire des reproches."Orwa recommença trois fois et l'homme autant. Puis ilrevint à son lit, fatigué de tout ce qui s'était passé. « Jene me lèverai plus pour toi », dit-il encore au cheval. Alors'Orwa alla au cheval et galopa sur son dos. L'homme sortit rapidement et monta une jument qu'il avait. Je l'en

    tendis, raconte 'Orwa, dire à sa monture : « Marche, tues de sa descendance » . Quand il fut écarté des tentes,'Orwa lui dit : « Homme, arrête-toi, car si tu me connaistu ne t'avanceras pas vers moi; je suis 'Orwa b. el Ward.J'ai vu, de toi, cette nuit une chose extraordinaire : explique-la-moi et je te rendrai ton cheval. — Quoi donc?— Tu es venu avec ta tribu et tu as enfoncé ta lance à l'en

    droit du feu que j'avais allumé ; ils t'en ont détourné et tu

    t'es laissé faire. Puis je t'ai suivi et je suis venu vers ta

    tente ; et il y avait deux milles depuis le feu que tu avais

    vu à cette distance. Puis tu as senti l'odeur d'homme

    dans ton vase, et j'ai vu celui que ta femme te préfère;c'est ton esclave noir, Je crois qu'il s'est passé entre eux

    des choses que tu n'aimes pas. Tu as dit : « Voilà l'odeur

    d'un homme » ; mais elle n'a cessé de te tourmenter jus

    qu'à ce que tu te fusses dédit. Puis je suis sorti vers ton

    cheval, j'ai voulu le prendre, mais il a rué et s'est dé

    battu : tu es sorti. Puis je suis sorti et tu en as fait au

    tant. Enfin tu as renoncé : ta perspicacité en tout cela est

    accomplie, mais tu te laisses détourner et tu renonces à

  • 20 LE DÎWÂN DE 'ORWA BEN EL WARD

    ton avis ! L'homme se mit à rire et dit : « Cela vient demes maudits oncles maternels ; mais l'habileté que tu asremarquée cette nuit vient de mes oncles paternels, lesHodaïlites. La pusillanimité que tu as vue chez moi estdue à mes oncles maternels, qui sont une subdivision des

    Hozâ'a; la femme que tu as vue chez moi est de leur tribu.Je suis établi chez eux. Voilà ce qui me fait renoncer àbien des choses. Mais j'irai rejoindre ma tribu et je quitterai mes oncles maternels, renonçant à ma femme : sans

    la pusillanimité que tu as remarquée, aucun Arabe ne

    pourrait résister à ma tribu. » Alors'Orwa lui dit : « Prends

    ton cheval, puisses-tu marcher dans la voie droite ! —

    Je ne le prendrai pas, répliqua l'autre; j'en ai plusieurscomme lui de sa famille ; prends-le et qu'il te profite ! »

    Tomâma ajouta : (e J'ai sur 'Orwa de nombreux récits :

    je n'en ai jamais entendu de plus agréable que celui-

    ci. El Mansûr lui dit : Te raconterai-je une aventure encore plus amusante que celle-ci ? Assurément, émir desCroyants ; un récit qui vient de toi est supérieur auxautres. »

    Alors El Mansûr reprit : 'Orwa et ses compagnons sortirent pour aller à Mâwân ; il leur bâtit une hutte enbranches d'arbre ; ce sont les gens de la hutte dont tu asentendu parler et au sujet desquels il a dit :

    Les gens de la hutte ! je les ai trouvés pareils aux autres

    hommes, dès qu'ils sont dans un pays fertile et qu'ils ont des troupeaux !

    C'est au sujet de cette expédition qu'il dit:

    J'ai dit aux gens de la hutte: En marche, le soir où nousnous reposions exténués à Mâwân.

  • BIOGRAPHIE DE 'ûRWA BEN EL WARD 21

    C'est dans cette pièce qu'il dit;

    Nous trouverons une excuse, ou bien nous atteindrons notrebut; et celui qui peut se faire excuser, c'est comme s'il avaitréussi.

    .Puis il partit pour leur chercher à manger. Il rencontrades tentes, une vieille femme très âgée, et un vieillardsemblable à une tente tombée sur le sol. 'Orwa se cachadans l'arrière de la tente. Les gens souffraient de la disette ; le troupeau avait péri. Il était dans la tente avectrois poumons rôtis. Personne n'était dans la tente ; il mangea ce mets après être resté deux jours sans nourriture;il s'en rassasia et reprit des forces. « Je ne m'inquiéterai plus de ce que je rencontrerai après cela », dit-il.La femme regarda et crut que le chien les avait mangéset lui dit : « Qu'as-tu fait? scélérat », et elle le chassa. Ildemeura ainsi jusqu'au soir où des chameaux emplirentl'horizon ; la vieille regardait un troupeau. Orwa reconnut que le berger était solide et redoutable. Arrivées àl'endroit où elles s'arrêtaient, les chamelles s'agenouillèrent : le berger attendit un peu puis il alla à l'une,pressa ses pis, plaça la seille sur ses genoux et se mit àtraire jusqu'à ce qu'il l'eût remplie. Il alla trouver le vieillard et lui donna à boire. Puis il retourna à une autre

    chamelle, en fit autant et abreuva la vieille femme. Puis, àune autre chamelle de même, et but à son tour. Ensuiteil s'enveloppa de son vêtement et se coucha sur le côté.Le vieillard dit à la femme : Comment va mon fils ? — Cen'est pas ton fils, dit-elle. — Et de qui? malheureuse ! —C'est le fils de 'Orwa b. el Ward. — Et comment cela?— Ne te rappelles-tu pas le jour qu'il passa près de nous,quand nous allions au marché de Dul-Magàz? Tu dis :

  • 22 LE DÎWÂN DE 'ORWA BEN EL WARD

    Voilà 'Orwa b. el Ward et tu me le dépeignis comme unbrave. Je lui demandai de venir me voir la nuit. Le vieillard se tut jusqu'à ce qu'il s'endormît. Alors 'Orwas'élança et, excitant de la voix les chameaux, en séparaenviron la moitié, puis il s'en alla, espérant que le jeunehomme ne le suivrait pas ; c'était un jeune homme dontles moustaches commençaient à pousser. Mais il le suivit.Ils descendirent dans un bas-fond, et il lutta contre lui.Il frappa le sol avec lui, mais il tomba debout, et il lecraignit. Puis il s'élança contre lui et en frappa la terreet le devança en disant : Je suis 'Orwa b. el Ward ; ilvoulait l'empêcher de l'attaquer. Le jeune homme s'arrêtaet dit : « Quoi donc, je ne doute pas que tu n'aies apprisl'aventure de ma mère. — Oui, dit 'Orwa ; viens avecmoi, ainsi que ta mère et un chameau et laisse ce vieillardqui ne peut te défendre. L'autre reprit : 11 ne reste à cethomme que peu de temps à vivre ; mais je resterai toutce temps avec lui ; car il a pour lui le droit et l'obligation ;quand il sera mort avec quelle hâte j'irai te trouver.Prends un de ces chameaux. 'Orwa reprit : Cela ne suffit

    pas, j'ai des compagnons que j'ai laissés en arrière. —

    Alors prends-en deux. — Non. — Trois, alors ; mais,par Dieu, je n'en donnerai pas un de plus ». Il les prit etalla retrouver ses compagnons. Le jeune homme alla lerejoindre après la mort du vieillard.

    « Par Dieu, émir des croyants, dit Tomâma, tu lui asdonné un haut rang dans notre esprit et une place élevéedans nos cœurs.— A-t-il laissé une postérité parmi vous?— Non, nous augurions mal de son père, parce que c'estpar lui qu'éclata la guerre entre les 'Abs et les Fazàra, àla suite du pari qu'il avait fait avec Hodaïfa. J'ai entendudire qu'il avait un fils plus âgé que 'Orwa, qu'il le lui préférait à cause de ce qu'il lui donnait ». On lui dit : « Com-

  • BIOGRAPHIE DE ORWA BEN EL WARD 23

    ment préfères-tu l'aîné qui peut se passer de toi au plusjeune malgré sa faiblesse? — Ne savez-vous pas que sice jeune homme vit avec la dureté de caractère que jelui connais, l'aîné deviendra à charge ? »

  • LE DIWAN DE ORWA BEN EL WARD

    i

    1 . — Alors que nos compagnons étaient dans le défiléde 'Amq, j'ai passé la nuit à contempler un éclair quivolait dans le Tihâma.2. — Lorsque je disais : le nuage qui le porte s'abat sur

    Qodaïd, il faisait un détour comme (un chameau qui a unejambe cassée) un infirme.3. — Il ressemblait àla jument qui vient demettre bas et

    qui lève ses jambes blanches et noires pour écarter à coupsde pied les étalons de son poulain.4. — Puisse-t-il arroser Salmà—mais où est la demeure

    de Salmâ? — Lorsqu'elle était campée près d'Es-Sarîr,5. — Lorsqu'elle s'établit sur le territoire des Banû'Ali,

    et que la tribu était entre Immara et Kîr,6. — Je me rappelle le campement d'Omm Wahb,

    lorsque la tribu était dans la partie inférieure de Du-n-

    Naqîr,7. — Et ma dernière rencontre avec Omm Wahb, notre

    courte halte nocturne, un peu au-dessus des Banu-n-Nadlr.

    8. — Que veux-tu, me dirent-ils? — Avant tout me di

    vertir jusqu'au matin,9. — Avec une femme au doux langage, dont la salive,

  • 26 LE DÎWÂN DE ORWA BEN EL WARD

    après le sommeil est (enivrante comme) le raisin écrasé.10. — J'ai écouté ceux qui me conseillaient de me

    séparer de Salmâ et ils ont disparu dans le pays d'El-

    Yasta'ûr.11. — Ils m'ont fait boire un vin capiteux, et ensuite,

    les ennemis de Dieu ! ils m'ont entouré de mensonge etde tromperie.

    12. — Puis ils m'ont dit: Après que tu auras acceptéla rançon de Salmâ, tu ne pourras plus dépenser tes richesses et tu ne seras plus pauvre.

    13. — Par ton père, si les choses ne s'étaient pas passées demême aujourd'hui,—mais qui apporte la réflexionnécessaire dans les affaires ? —

    14. — J'aurais conservé .la possession d'Omm Wahb,malgré la colère des cœurs.15. — A moi, ô gens ! Comment me suis-je vaincu sur

    une chose à laquelle répugnait mon esprit?16. — Ah ! si seulement j'avais résisté à Talq, à Gab-

    bâr, et à ceux qui me conseillaient.

    NOTES

    D'après le commentaire de l'édition des Hamsa Dawâ.vîn,cette pièce serait d'En Nimr ben Tawlab et ne faisait paspartie de la recension d'ibn es Sikkît.Les vers 4, 5, 6 sont cités dans Yâqùt, Mo'gem, t. IV,

    p. '332; Lisân el 'Arab, t. VI, p. 27.Les vers 4, 7, 8, 9, dans Yâqût, Mo'gem, t. III, 88,

    a'Vec la variante au vers 8 cJU» pour cJisj :Le vers 8 dans Muïdânî, Magma' el Amtâl, t. II, p. 19;

    dans El Mofaddal, El Fâhir, p. 23, avec la varianteA>^>"

    pour ; dans le Lisân el \irab, t. V, p. 65, avec lavariante Jo_yAji\£i pour J—rLcJlïj.

  • LE DÎWÂN DE ORWA BEN EL WARD 27

    Levers 11 est dans le Lisân el 'Arab, t. I, p. 165 ; El Mo-

    barrad, Kâmil, p. 430, avec la variante ^AA\ pour »(-JI,daa«Abu'l 'Alâ'el Ma'arri, Risâlat el Gofrân, p. 13.Les vers 11 et 12 sont cités par Yâqût, Mo'gem, t. IV,

    p. 1019, avec la variante ^AA\ pour s.lJA\ au vers 11 et levers suivant :

    Les vers 11, 12, 13, 14, 15 sont donnés dans le Kitàb elAgânî, II, 175, avec les variantes suivantes : v. 11, ^A>S\ pour5(JjJl ; v. 13, l8r hémistiche-, Jj^j tsj*1* eJuXl» ji lipour Ai^j; v. 14, l'hém. iy>A^y-£ ^^A ; v. 15 :iS^y\ pour (_5—ai.

    Le vers 14 est dans le Lisân el 'Arab, t. XV, p. 298.

    II

    1. — Tu gémis sur Salmâ, à présent au milieu de sonpays, alors qu'à El Malâ, tu avais plein pouvoir sur elle.

    2. — Elle est campée dans un endroit égaré d'une

    vallée de Karà' ; Salmâ s'efforce de m'inspirer de la

    crainte et de l'angoisse.

    3. — Comment espères-tu la revoir, alors que des

    obstacles te séparent d'elle et qu'elle a passé dans une

    tribu qui m'est inconnue, à Taïman.4. — Mes ennemis désirent que je succombe à une ven

    geance ou sous un lion, aux larges pattes, à la poitrinerobuste. *

    5. — Les roseaux (où il habite) retombent sur son dos;

  • 28 LE DÎWÂN DE ORWA BEN EL WARD

    c'est lui qui attaque le premier quand il rencontre unadversaire.

    6. — Son rugissement ressemble au roulement dutonnerre ; il est de ceux qui habitent la jungle de 'Attar.

    7. — Lorsque nous sommes dans la fraîcheur, quenos moutons sont ramenés (du pâturage), et que nousnous trouvons à l'aise.

    8. — Alors tu penses à mon dévouement et à ma pa

    tience alors que la chose me fuit et tourne le dos.

    9. — Quoique j'arrive à oublier, je n'oublierai pas cequ'elle disait de moi à sa voisine : il ne vit pas avec intelligence.

    10. — Peut-être un jour témoigneras-tu du regret de

    ce que tu m'as imposé un jour à Gadwar.11. — Puisses-tu vivre en exil si tu ne me fais pas

    connaître à ta tribu, car il n'y a personne qui soit mieux

    connu de moi et qui me connaisse mieux.

    12. — Je t'adjure, par l'éternité de Dieu, ne sais-tupas que je suis généreux et plein d'éclat, quand les doigts(des autres) se noircissent au feu (d'hiver),13. — Patienta la mendicité des esclaves, défendant

    mon honneur jusqu'à ce qu'(au printemps) on mange lesplantes vertes ; » .

    14. — En hiver je suis amaigri et affamé, et pourtant

    prodigue ; et j'ai le visage brillant lorsqueles- fils des mi

    sérables sont couverts de poussière.

    NOTES

    Les vers 1 et 2 sont cités dans Yâqût, Mo'gem, IV, 248.Les vers 1, 2, 3 dans Yâqût, Mo'gem, I, 909.

  • LE DÎWÂN DE 'ORWA BEN EL WARD 29

    Les vers 4, 5, 6 dans Yâqût, Mo'gem, III, 316, avec lavariante ijyAcS\ pour JjYI (v. 5).Les vers 5 et 11 dans Ibn es Sikkît, Tahdîb el Alfâd,

    p. 491 avec la variante U?.jy*ï pour ^i^AJ (v. 11).Le vers 10 est cité par El Bekri, Mo'gem, p. 701.Dans la Hamâsa d'Abû Tammàm, Coin, de Tabrîzî, p. 637,

    et dans le Kitâb el Agânî, t. II, p. 101, le premier hémistiche du vers 9 est attribué à Ibn Mayyâdah.

    III

    Ces vers furent composés alors que sa femme voulaitle détourner d'une expédition :

    1. — « Épargne-moi le blâme, fille de Mondir (1), etdors, ou veille si tu ne veux pas dormir.2. — Laisse-moi à mon âme, Omm Hassan ; c'est par

    elle que j'achète la gloire avant que je ne possède plus lepouvoir d'acheter3. — Une réputation durable: le héros n'est pas im

    mortel lorsqu'il devient une chouette sur un tombeau (2)4. — Répondant aux échos des pierres d'El-Kinâs et se

    plaignant à tous ceux qu'elle voit, connus ou non connus.5. — Laisse-moi errer dans le pays : peut-être te lais-

    (1) La femme, dont il est question ici, est peut-être la même que cellequi est nommée Omm Hassan dans une anecdote citée plus haut par leKitâb el Agânî et qui cherchait également à le détourner d'une expédi

    tion. Dans le roman de 'Antara, Omm Hassan est donnée pour la sœurdu poète. Cf. plus loin IV, vers 1 et passim.(2) Allusion à la croyance des païens arabes d'après laquelle l'homme

    mort, surtout assassiné, devenait une chouette qui criait constamment :

    « Donne-moi à boire [le sang du meurtrier] ".

    3

  • 30 LE DÎWÂN DE ORWA BEN EL WARD

    serai-je [veuve] ou te délivrerai-je d'une misérable situation.

    6. — Si la flèche du trépas l'emporte, je n'en seraipoint troublé : est-ce qu'il peut y avoir de délai dans toutcela ?

    7. — Si c'est ma flèche qui sort, cela vous dispenserade vous asseoir derrière les tentes et d'attendre. » —

    8. — « Malheur à toi, dit-elle, ne cesseras-tu pas deguetter (ta proie) tantôt avec des piétons, ^tantôt avec

    une troupe de cavaliers9. — Et ne demeureras-tu pas cette année au milieu de

    tes richesses ? Je te vois sur (les bords du péril tel unhomme sur) la selle d'une chamelle stérile, ou qui neproduit que des mâles10. — Dangereuse pour les hommes bienveillants,

    les faisant glisser ; on craint de périr par elle ; prendsgarde » — .

    11. — « Le repos m'est impossible quand je vois venirà toi, tes proches et toute femme dont les poignets sontdevenus noirs, en suppliant

    12. — Et demandant du secours, eux qui ont Zaïdpour père. Je ne vois pas le moyen de les écarter : soisdonc réservée et prends patience. » —

    13. — « Que Dieu couvre de honte le misérable qui,pendant la nuit obscure, va fureter dans les ossements,fréquentant tous les endroits où l'on tue une bête;

    14. — Il regarde comme une bonne fortune toute nuitoù il mange aux frais d'un ami riche ;

    15. — Il s'endort au soir et se réveille affamé, en secouant les cailloux de son flanc poudreux ;

    16. — Il ne recherche guère à manger que pour lui;au soir il ressemble à une baraque effondrée;

    17. — Il aide les femmes de la tribu quand elles le lui

  • LE DÎWÂN DE 'ORWA BEN EL WARD 31

    demandent, et le soir il est fatigué comme un chameausurmené. » —

    18. — « Mais tout autre est un pauvre dont la face brillecomme l'éclat de la flamme de celui qui demande du feuou qui l'aperçoit de loin,

    19. — Menaçant toujours ses ennemis qui, dans leurs

    demeures, le couvrent d'imprécations comme (le joueurmaudit) la flèche qui sort sans rien gagner.20. — Quand bien même ils s'éloignent, ils ne sont pas

    en sécurité contre ses attaques et regardent comme lafamille d'un absent qu'elle attend.

    21 . — Celui-là, s'il rencontre la mort, c'est avec gloireet s'il s'enrichit quelque jour, qu'il en est digne !22. — Mo'tamm et Zaïd périront-ils sans que je m'ac

    quitte d'un exploit, moi qui ai l'âme audacieuse.

    23. — Après avoir désespéré (d'être attaqués), ceux

    qui ne nous craignaient pas sont mis en déroute par noschevaux qui refoulent les derrières d'un troupeau (de

    chameaux) en fuite.

    24. — Nous les défendons contre les premiers (rangs

    des) ennemis avec des lances et des épées légères dontla couleur est connue

    25.— Tantôt dans le Nedjd, en expédition contre ses habitants, tantôt dans une terre deSatt (arbre) et degenévriers .26. — (Nos chevaux) avancent peu à peu, portant des

    cavaliers d'âge mûr, généreux et forts, dans les défilésdu rlidjâz (les pieds enveloppés) dans des morceaux et

    des lacets de cuir.

    27. — La nuit, les hôtes d'un homme illustre et géné

    reux s'arrêtent chez moi et mon troupeau, visiblement,est celui d'un homme peu riche.

    28. — Interroge, Omm Mâlik, celui qui vient le soir,d'un air suppliant, entre ma marmite et ma boucherie.

  • 32 LE DÎWÂN DE 'ORWA BEN EL WARD

    29. — Si mon visage s'éclaire, c'est là le commencement de l'hospitalité. Je lui prodigue ensuite mon bien

    fait et ne lui cause pas de peine. »

    NOTES

    La pièce III a été reproduite par Nœldeke, dans sonDelectus veterum carminum arabicorum (27), p. 36-38.La pièce est donnée plus complète (29 vers au lieu de 27)

    par Iskender Abkarious Agha, Tazyîn nihâyat el Arab,p. 126-128; il ajoute ces deux vers après le v. 27 :

    tjjyyn j^as |j-oAVr^ \Ai\ eiUL.ML jA>\ >-AA\ ^^L.

    Ces deux vers sont aussi donnés comme étant de 'Orwa

    par la Hamâsa d'Abû Tammâm, p. 692, et par les HamsaDawciwîn, p. 99. Mais ils sont attribués à Hâtim et Tâyi parEl Gâhid, Bayân, t. I, 5; El Ibsihî, Mostatraf, t. I, p. 216;Es Sarisî, Commentaire des séances de Harîrî, t. II,p. 321. Ils se trouvent dans l'édition du Dîwân de Hâtim,n» LXVII, p. 48 (18).Le vers 1 est donné comme de Zaïd el Fawâris ben Ho-

    sain dans la Hamâsad'Abu Tammâm, p. 732.

    Le vers 3 est cité dans le Lisân el Arab, t. VI, p. 148.Le vers 8 dans Ibn es Sikkit, Tahdîb el Alfâd, p. 42.Le vers 12 dans le Lisân el \irab, t. I, p. 181.Les vers 13-1 5, 17-2 1 dans El 'Aini, al-Macjâsid enNahwya,

    t. III, p. 650-652 avec les variantes : v. 14, •*—£ pourfcyo ;v. 15,L.£-U pour 1»_jLW ; v. 17 , j>^>_j pour t5~A ; v. 18, Ua. ; v. 20, \i\ pour jli. Lesvers 13-15, 17-21 sont cités dans El Bagdâdî, Hizânat elAdab, t. IV, p. 196, avec les variantes : v. 17,

  • LE DÎWÂN DE ORWA BEN EL WARD 33

    V° i v- f5, Lftli pour L_jU» ; v. 17, ^-wj pour {jr.A ; v. 20,lii pour jls.Le vers 20 dans El Amidi, Mowâzana, p. 36, Lisân el

    \irab, t. VII, p. 75.Le vers 21 dans El Gargawî, Commentaire des vers cités

    dans Ibn 'Aqîl, p. 155.Le vers 22 dans Zamahsari, Asâs el balâga, t. II, p. 283,

    et"

    s-

    avec la variante Sl^A pour Alf\ ; Lisân el 'Arab, II, 251 ;XI, 323, avec la même variante.Les vers 1-2, 5-15, 17-19, 20, 21, 25 sont donnés par Ibn

    Abi'l Hattâb, Gamhara, Bûlâq, 1308 hég., p. 114.

    IV

    1 . — Je vois Omm Hassan le matin où elle me blâmaitcherchant à me faire peur des ennemis ; et pourtant monâme est la plus effrayée.2. — Solaïmâ me disait : « Si tu restais, cela nous

    réjouirait », et elle ne sait pas que si j'erre, c'est pourpouvoir rester à la maison.3. — Peut-être lemalheur dont tu nous effraies, attein-

    dra-t-il celui qui reste en arrière dans sa famille.4. — Quand je dis : Nous avons atteint la richesse,

    entre elle et nous s'interposera un père de iamille amai

    gri, se plaignant de la pauvreté.5. — Sa détresse est telle que les libéralités obliga

    toires ne peuvent la combler ; c'est un homme généreuxatteint par les coups du sort. "

    6. — Je parcours les pays avec une bande, et (en casd'insuccès), je m'excuse ou j'erre çà et là.

  • 34 LE DÎWÂN DE 'ORWA BEN EL WARD

    7. — Je vois les fils de Lobnà baisser les yeux ethabiter dans des huttes qui ne sont pas au milieu destentes (des autres).8. — Je vois Omm Siryàh, lorsqu'au matin, au milieu

    de litières, elle se mit à errer çà et là espérant revoirquelqu'un qui partit pour le 'Iraq.

    NOTES

    Les cinq premiers vers sont cités par Boucher, Notice,p. 16 ; les vers 1, 3, 4, 5 sont donnés par la Hamâsa d'AbûTammâm, 751 ; le vers 2 est cité par El-' Abbâsî,Ma 'âhid et-tanfis, p. 25. El-Gorgânï, Wasâta, p. 180 ; El-Amidi,Mowâzana, p. 30; El-Wâhidi, Commentaire de Motanabbi,p. 801; El-'Okbari, Commentaire de Motanabbi, t. II, p. 21 ,l'attribue à 'Orwa b. az-Zobaïr.

    1 . — J'ai dit aux gens amaigris des huttes : En marche,le soir où nous nous reposions à Mâwân.2. — Vous obtiendrez ce que vous désirez, ou bien

    vous arriverez à un endroit où vous vous reposerez devos pénibles souffrances.

    3. — Et que celui qui, comme moi, a de la famille etpeu de ressources, se lance dans toutes les aventures.4. — Il trouvera une excuse ou bien il atteindra son

    but : Celui qui peut se faire excuser, c'est comme s'ilavait réussi.

  • LE DÎWÂN DE 'ORWA BEN EL WARD 35

    5. — Peut-être, après ces infortunes présentes, trou-verez-vous la prospérité, comme les pousses des arbustesépineux qui repoussent.6. — Ils se soulevaient sur les mains et le meilleur de

    leur nourriture était un reste de chair d'une pièce debétail peu grasse (ou salée).Le commentateur Ibn es-Sikkît ajoute : Mâlik lui donna

    un chameau qu'il partagea entre ses compagnons. Ilvoyagea jusqu'au pays des Banu '1-Qaïn, qui sont dans laterre d'Et-Tlh ; il s'arrêta dans un endroit pierreux où setrouvait de l'eau. Là, il vit des traces. — Ce sont, dit-il,des traces qui vont à l'abreuvoir : cachez-vous; j'espèreque vous aurez quelque nourriture. Dans le pays desBanu'l Qaïn, il y avait de grands arbres couverts defeuilles. Dans les années de disette, on en nourrissait lestroupeaux. Les compagnons de 'Orwa passèrent un jouren cet endroit; puis, ayant aperçu un jeune chameau, ils

    dirent à 'Orwa de leur permettre de le prendre afin depouvoir manger pendant un jour ou deux. « Non, leurrépondit-il, parce qu'alors vous éloignerez son maître; il

    y aura bien, après ce chameau, un troupeau. » Ils le laissèrent partir, puis ils se repentirent et se mirent à blâmer

    'Orwa. Cinq jours après, arriva un troupeau de cent chamelles ayant mis bas en élé, conduit par un homme arméd'une épée et d'une lance; il y avait aussi une femmedans une litière. 'Orwa sortit de son embuscade, lança

    une flèche qui, pénétrant dans le dos de l'homme, sortitde la poitrine. Il tomba raide; 'Orwa poussa devant lui

    le troupeau et la litière et revint chez lui.

  • 36 LE DÎWÂN DE 'ORWA BEN EL WARD

    NOTES

    Le vers 1 est cité par El Bekrî, Mo'gem, p. 503, avec lesvariantes Jjil pour cAoî; e_à~\!l pour e_JLAJI,J.

    Les vers 1-4 sont cités par Yâqût, Mo'gem, IV, p. 399-400 et El Qàli, yhnâlL, II, 237, avec les variantes : v. 1LUj pour Ui» (Y. 9) ; >y Ji pour çyi. (Q) ; v. 2 ^A] pour ^\\(Y. Q.) ; çL^- pour *lx (Y); v. 3 j j>„ pour JUI^ (Q).Le vers 3 par Maïdânî, Magma', t. II, p. 23.Le vers 4 par Er Râgib el Isfahânî, Mohâdarât, t. I,

    p. 237, avec les variantes ALi! pour A^J; e;-~a pour e,*^ .Le scholiaste d'ibn Hâqân ap. Dozy, Recherches sur l'Espagne, p. 525, note 2, cite aussi ce vers.Le vers 6 est cité par le Lisân el 'Arab, t. III, p. 242,

    yyy-p p

    avec ce premier hémistiche : lolj^iS \ j ll~>- [$> L»il

    et par Zamahsari, Asâs el balâga, t. Il, p. 261, avec le premier hémistiche : loijj {j_J>A\±~j iAic.

    VI

    I. — Ne suis-je pas menacé de me traîner à l'aide d'un

    bâton, de façon à ce que mes ennemis reprennent confiance et que les miens se lassent de moi.

    2. — Comme retenu en gage au fond de la maison,tous les soirs, je sers de jouet aux enfants, tandis que jemarche en chancelant, comme la jeune autruche.

  • LE D ÎWÂN DE 'ORWA BEN EL WARD 37

    3- — Fils de Lobnâ, dirigez (ailleurs) vos montures, caril vaut mieux pour un peuple périr que d'être consumépar la faim,4. — Car vous ne connaîtrez la portée de mon esprit et

    ma finesse que lorsque vous verrez les plantations detamarix .

    5. — Si je me sentais le cœur glacé quand commencele pays ennemi, n'éprouvant de goût ni de dégoût pourquoi que ce soit,

    6. — Je serais revenu à Harsàn, alors que Mâlik medisait : tu es perdu. — Mais un pareil que moi peut-ilrecevoir des reproches pour une entreprise?7. — Peut-être en voyageant dans le pays, en attachant

    solidement ma selle à la poitrine de ma monture,8. — Serai-je porté un jour vers le maître d'un trou

    peau qu'il protège par sa dureté de cœur et son avarice,9. — Et que suivent peu de gardiens et peu de défen

    seurs quand j'appellerai pour l'emmener des cavaliers etdes piétons.

    10. — Toutes les fois que nous descendons à une ai-

    guade dans un endroit périlleux, nous envoyons sur leshauteurs une sentinelle pareille à un tronc d'arbre.

    11. — Il promène son regard autour de la plaine immense tandis que nos chamelles sont agenouillées et que

    notre marmite bout.

    NOTES

    La pièce est donnée dans Boucher, Deux poètes antéisla-

    miques, p. 17-20.

    Les vers 3-8 sont cités dans Yâqût, Mo'gem, t. II, p. 240,avec les variantes : v. 1 ^1 pour ^J ; ^Ul pour çyï\ ; v. 2

  • 38 LE DÎWÂN DE 'ORWA BEN EL WARD

    i/jj\ pour Jèj\; JA\ pour JJ'VI ; v. 3U peur O-^ ; v. 6

    Ajuu pour 4-i .

    VII

    1. — Les gens des huttes ! Je les ai trouvés pareils auxautres hommes, dès qu'ils vont dans un pays fertile etqu'ils ont de nombreux troupeaux.2. -— Leur protection m'était cependant échue à Mâ

    wân, alors que dans notre marche nous errions çà et là,3. — Quand ils trouvèrent le soir une chamelle qui

    donnait peu de lait, brune, sur laquelle une selle qu'on nepouvait détacher et qu'on ne dessanglait pas,4. — Aux flancs usés, à la bosse élevée, haute, tantôt

    attachée près de ses maîtres, tantôt leur servant de monture.

    5. — Autour de la marmite étaient les enfants que vousvoyez et marchaient de malheureuses veuves.6. — Alors je lui dis : Mère blanche (1), il y a des

    gens dont la nourrriture est ce qui sort en hâte des marmites :

    7. — Un morceau de vieille chamelle et une eau chaudeà laquelle nous en ajoutons une autre par-dessus [toutesles fois qu'elle est épuisée].8. — Vous agissez pour moi comme le fils envers sa

    mère qui sacrifierait pour lui l'eau de ses yeux, se dévouant pour lui, le portant,9. — Et lorsqu'elle espère tirer parti de lui et de sa

    (1) Surnom de la marmite.

  • LE DÎWÂN DE 'ORWA BEN EL WARD 39

    jeunesse, elle est mise à l'écart pour une jeune femme auxyeux noircis de Koheul;

    10. — Elle passe la nuit [appuyée] sur l'extrémité deses coudes, éplorée et gémissant d'être ainsi remplacée ;

    11. — Elle a le choix entre deux partis qui ne sont pasgais : s'affliger à moins qu'elle ne se résigne.

    12. — Telle la nuit de Saïbà' que je n'oublierai jamais,et la nuit où Qarmal (son cheval) me fit obtenir ce que jedésirais.

    13. — Je lui dis : ô Mâlik, puisse ta mère être privéed'enfants toutes les fois que tes chameaux sont retenus à

    Afih ; ils sont entravés14. — Dans un désert où ne peuvent atteindre (ou

    uriner) les troupeaux de chameaux de race, à cause de la

    soif.

    15. — Les signes des pays sont méconnus à Mâlik et il

    est convaincu qu'il n'en peut pas parler.

    NOTES

    Les vers 1-4, 8-12 sont donnés par Boucher, Deux poètesantéislamiques , p. 9-13.

    Le vers 12 est cité par le Lisân el 'Arab, t. I, p. 495, ett. XIV, p. 73.Le vers 13 se trouve dans El Bekrî, Mo'gem, t. I,

    p. 115.

    Les vers 13-15 dans Yâqût, Mo'gem, I, 332, avec les

    variantes : v. 14 ^ jlÇ pour &J *\; v. 15J^»- pour

    J^.

  • 40 LE DÎWÂN DE ORWA BEN EL WARD

    VIII

    1. — A qui donc me fier après Balg et Qorra, mesdeux compagnons à Dû-Tilâl.

    2. — Ont-ils oublié ce que je faisais alors que [mesdeux chèvres], Bark et Dir', sa fille, donnaient du lait enabondance dans la tasse ?3. — Elles s'étaient engraissées dans les pâturages du

    printemps : elles étaient prospères et bêlaient autour deleurs chevreaux.

    NOTES

    La pièce est citée par Yâqût, Mo'gem, III, 878-879, avecla variante : v. 13 ày- pour.^»".Le vers 1, dans le Lisân el 'Arab, XII, 434; el Bekri,

    Mo'gem, p. 454.Le vers 2, dans le Lisân el 'Arab, IX, 438, et XIII, 56,

    avec la variante Jy pour ii!^> .

    IX

    1 . — Après notre départ, Gadwar a été abandonné parOmm IJassân; mais elle a laissé dans son habitation destraces qui ne sont pas effacées.

    2. — Elle a habité à El-Garr et à El-GarrâV et de sesparents sont campés autour d'Es-Safâ.

  • LE DÎWÂN DE 'ORWA BEN EL WARD 41

    3. — Ces nuits où son cœur était sincère pour toi, alorsque tout en elle exhalait le musc pur et l'ambre.4. — Ne sais-tu pas, Omm Hassan, que notre union

    peut se dissoudre : c'est inévitable,5. — Et que le trépas est la conclusion de tout : cela

    doit-il donc détourner les hommes de ce qu'ils recherchent ?

    6. — Que de fois, avec une troupe couverte de poussière dont (le péril =) l'épée était redoutable et crainte,dont les membres se jetaient aveuglément dans toutes lesentreprises mortelles,

    7. — Avec laquelle j'ai tranché la cotte de mailles dol'hésitation, sans dire à ceux qui ne donnent que des mécomptes : qu'en pensez-vous?

    8. — Un sang brillant issu de Osâma est venu au secours de 'Awd qui commençait à avoir mauvaise opiniond'elle à Mâwân.9. — On m'a reproché que ma mère était étrangère ! Y

    a-t-il là matière à reproches à un homme généreux etglorieux ?

    10. — On m'a reproché mes richesses quand j'en avais

    rassemblé ; on m'a reproché ma pauvreté quand je n'avais

    plus rien.

    11. — Ma tribu m'a reproché ma jeunesse et mes longs

    cheveux : la famille d'un homme trouve toujours à blâmer

    quand elle veut.

    12. — Sotaïr b. Hàled rassemble [en lui] la tribu destribus et les Ga'far espèrent d'autres richesses.

    13. — Je ne cherche pas asile auprès d'un voisin pro

    tecteur, car la fin de la vie est ce que j'attends ( : lamort).

  • 42 LE DÎWÂN DE 'ORWA BEN EL WARD

    NOTES

    Le vers 1 est cité par Yâqût, Mo'gem, III, 805, avec lavariante S*J>\ pour A=-Ji\ ; dans le Lisân el 'Arab, XIII, 434et XIX, 358, et dans el Bekrî, Mo'gem, p. 454.Les vers 1-2, par El Bekrî, Mo'gem, p. 751.Les vers 1-3, par Yâqût, Mo'gem, III, 790, avec les va

    riantes : v. 1, eJ^JI pour eJ=-^JI ; v. 2, j^aJLj pour^lj.

    Récité, dit-on, à la journée d'Er-Raqam :1 . — Nous avons attaqué de bon matin les Banù 'Âmir

    quand ils se sont frottés à nous, à deux reprises, avec deslances et des coups de sabre dont on parlera,2. — Avec des sabres indiens aux bords affilés et des

    lances de Hatt, souples et brunes, bien aiguisées.3. — Je m'étonnais de les voir s'étouffer, alors que

    mourir dans le tumulte du combat eût été plus excusable.4. — Celui d'entre eux qui était intelligent serrait lui-

    même le nœud de sa corde : ce qu'il redoutait le plusarrivait ainsi.

    NOTES

    Le vers 3 est cité dans Ibn 'Abd Babbih, Kitâb el 'Iqd elfarîd, t. III, p. 71, et El Bekrî, Mo'gem, p. 420, avec les

  • LE DIWAN DE ORWA BEN EL WARD 43

    variantes |J pour il (I. et B.), et [>-Jy~\ (I.) et lj-Ul (B.) pour\jJÂ.Cf. Fresnel, Troisième lettre sur l'histoire des Arabes

    (17), p. 36.

    XI (i)

    1. — Je suis un homme dont beaucoup recherchentl'hospitalité, et un seul [à peine] recherche la tienne.2. — Te moquerais-tu de moi parce que tu es gras et

    que tu vois que les droits à ma bienfaisance ont déprimémon corps : ces obligations épuisent.3. — Je distribue ma nourriture à ceux qui y ont droit

    et je n'avale que de l'eau pure, encore est-elle froide.

    NOTES

    Cette pièce est citée dans Et Tortosî, Sirâg el Molûk,p. 160, avec les variantes suivantes : v. 1 ^\j pour ^1 ;■ i . ~ 1 ijlj au lieu de -Asj ; v. 2, U*àrl pour ij^'l ; yy-^ pour^ ;dans El Balawî, Kitâb Alif Bâ, t. I, p. 457 (2, 1, 3) avecles variantes : v. 1, ^yUpour A\ ; v. 2, (Jj pour

  • 44 LE DÎWÂN DE 'ORWA BEN EL WARD

    3) avec les variantes : v. l^V pour J^-zy ^ *JJ ù-h ^^y

    Je^-U jU» **J p'"l"*^Ay>- *j jAi l^>j-OI JJsdl SyJ

    qu'ils font suivre des vers 1 et 3.

    Le vers 1 est cité par Mohib ed Dîn, Sarh Sawâhid el

    Kassâf, p. 49, avec la variante ^'jj au lieu de ^Y.

    Le vers 3 est donné par le qâdhi El Gorgànî, Wasâta,p. 282.

    La pièce est aussi citée par Ibn Qotaïba, Kitâb es Si'r,p. 426 (1, 3, 2).

    XII

    Contre Qaïs b. Zohaïr :1. — Qaïs voudrait mon éloignement; je crains [pour

    toi] si tu te laisses emporter à ce que tu dis.2. — Si notre campement est loin de vous, comme le

    fourreau d'épée qui te donnait la victoire.3. Fais la paix ; profites-en quand un abri de nuit ou de

    midi te recevra

    4. — Puisque le faible même s'élève au-dessus de toi

    et que tu vas le trouver, et que le misérable même temange.

    5. — Lorsque la guerre fait tourner sa meule, quel'homme énergique meurt, que le faible est poursuivi,6. — Tu t'accroches derrière nous aux [moindres]

  • LE DÎWÂN DE 'ORWA BEN EL WARD 45

    chances de vie croyant que lorsque le soleil se lève, il nedisparaît pas.

    NOTES

    Le vers 6 est donné par le Lisân el 'Arab, XIV, 339, quiajoute le suivant :

    s\ îi\ iXÀJ CA J

    XIII

    1 . — On m'a dit de me traîner à terre [comme un en

    fant] et de braire, Haïbar ne te nuira pas [avec ses fièvres],mais c'est une invention de la religion des Juifs.

    2. — Par ma vie, si par crainte du danger je consentais

    à braire dix fois comme les ânes, je serais un grand poltron.

    3. — Que les âmes [de ceux qui y ont consenti] n'échappent pas [aux fièvres] et ne viennent nullement dans laprairie d'El Agdâd !

    4. — Comment [l'aurai-je fait], Solaïmà, moi qui suisun homme de sens et de considération affermie, moi que

    l'on écoute, moi à qui l'on obéit?

    5. — Qui possède une langue et une épée affilées, du

    zèle pour défendre son honneur, et un esprit qui l'emporte sur ceux des autres.

    6. — Elle cherche à me faire craindre les vicissitudes

    du destin : Mais Qaïs etRabi'

    nous ont précédés dans la

    mort.

    4

  • 46 LE DÎWÂN DE 'ORWA BEN EL WARD

    NOTES

    La pièce XIII est citée par Yâqût, Mo'gem, II, 843 avecla variante : v. 1, Sj^»)l pour ifL^irV ; El Bekrî, Mo'gem,p. 70.

    Les vers 1-3 par Es Samhùdi, Holâsat el Wafâ, p. 278,avec les variantes : v. 1, £*=*-\ pour

  • LE DÎWÂN DE 'ORWA BEN EL WARD 47

    I • — Lorsqu'un homme n'a pas à envoyer au pâturageun troupeau qui revient le soir, et que ses proches n'ontpas de sympathie pour lui,2. — La mort est préférable pour lui à une pareille

    existence de pauvreté, quand les discours de ses parents,comme des scorpions, s'attachent à lui.

    3. — Que de fois un homme ou une femme demande:Où va-t-on? Mais personne ne demande au gueux où il sedirige.4. — Où il se dirige? Que les défilés soient larges

    quand ses proches sont avares de bons procédés enverslui.

    5. — Tant que je vivrai, je n'abandonnerai pas mesfrères au péril, pas plus que le buveur [altéré] n'abandonne l'eau [qu'il boit].6. — Jamais mon protégé ne souffrira d'injustice ; je

    ne suis pas comme celui qui, pareil à un scorpion, attaque

    son ami pendant la nuit.

    7. — Et si le vent renverse la demeure de ma voisine,je me détourne jusqu'à ce qu'elle soit de nouveau cou

    verte de sa paroi.

    XVI

    1 . — Ne blâme pas mon vieillard (père); car, je ne saisrien de lui, sinon qu'il a associé sa parenté à celle desNahd.

    2. — U était illustre et renommé chez les Qaïs ; mais

    les Nahd ont ruiné cette gloire.

  • 48 LE DÎWÂN DE 'ORWA BEN EL WARD

    XVII

    1 . — Mon lit est le lit de mon hôte ; ma tente, sa tenteet une gazelle voilée ne me le ferait pas négliger.

    2. — Je cause avec lui; car la conversation fait partiede l'hospitalité et je sais quand il veut aller dormir.

    XVIII

    1 . — Tous les hommes ont un seigneur qu'ils recon

    naissent : le nôtre, jusqu'à la mort, c'est Rabî".

    2. — Si ma femme me conseillait de lui désobéir et

    que je l'écoute, dans ce cas, je serais perdu.

    XIX

    1. —,

    Il n'y a pas, je m'imagine, de reproche à mefaire à ma connaissance, sinon que mes oncles maternelssont des Nahd, si on cherche la généalogie.2. — Toutes les fois que j'aspire à la gloire, leur répu

    tation est en défaut, et il est difficile que la gloire serapproche de moi.

    3. — Si seulement ils ne m'étaient rien: si je n'étaisqu'un esclave parmi eux, et mon père un esclave.

  • 'LE DÎWÂN DE 'OJIWA BEN EL WARD 49

    4. — Ce sont des renards dans les guerres importantes,mais quand elles s'apaisent et que les soucis graves sedissipent, ce sont des lions.

    XX

    1 • — Ne m'avez-vous pas reproché que ma mère étaitune captive étrangère ? Et y en a-t-il d'autres dans la tribuqui aient des fils illustres ?2. — Pour tirer vengeance, il n'y a pas comme un fils

    d'une femme libre, au long baudrier, aux mains décharnées.

    XXI

    Ces vers sont aussi attribués à Abu t-Tofaïl 'Âmir b.Wâtila al-Kinânî.

    1. — Elles prétendent que j'ai vieilli, et pourtant j'aivécu de longues années [pendant lesquelles] elles quittaientleurs maris pour venir à moi.2. — On eût dit un étalon, faisant glisser ses housses,

    blanc, généreux, entouré pendant qu'il paissait, de juments qui venaient de mettre bas.

    3. — Ce ne sont pas les longues années qui ont blanchi

    ma tête, mais les rencontres,

    NOTES

    Les Hamsa Dawâwîn joignent ces vers à la pièce XXVI.

  • 50 LE DÎWÂN DE 'ORWA BEN EL WARD

    XXII

    Ces vers composés à la louange d'El-Hakam b. Marwànb.

    Zinbâ'

    sont aussi attribués à 'Orwa b. 'Otaïm (var.

    Gonaïm) b. El-IIakam.1. — En allant vers I.Iakam, leurs pieds font voler les

    cailloux des terrains pierreux des deux côtés de Haqil.2. — Je ne t'ai jamais rien demandé avant ceci, mais

    je suis les traces d'un modèle.

    3. — [Ma femme] ne me blâmait pas [auparavant],mais, malgré son bon caractère, ses reproches m'ont tenu

    éveillé.

    4. — Elle patientait et se nourrissait d'eau claire et depain cuit sous la cendre.

    NOTES

    Le vers 2 est cité dans le supplément aux Amâlî d'El

    Qàlî, t. III, p. 19, avec la variante l-L» pour ^"L*.

    XXIII

    1 . — Est-ce que, pour une vieille chamelle que nousavons donnée à un pauvre, dont la tente est retenue auxnôtres par une corde qui résonne,

    2. — Et pour un reste de graisse qui lui est parvenue[de notre part], la plus grande partie de ce qui lui est dûn'échappera pas.

  • LE DÎWÂN DE 'ORWA BEN EL WARD 51

    3. — Omm Wahb, passera-t-elle la nuit sur ses coudesà murmurer, tandis que les yeux sont endormis !4. — Notre outre [pleine de beurre] nous est toujours

    défendue quand le voisin de noire tente n'a pas d'outre[pleine de beurre].5. — Que de fois j'ai préféré donner ce qui suffit à me

    rassasier à une main qui m'était tendue rapidement.

    6. — La tribu dit : Il est agréable de s'adresser à lui ;on t'a fait une demande, et l'objet de la demande n'a paséchappé.

    7. — Je lui ai dit : Vis, tu es un homme libre ; tu serasrassasié dans ta vie, ou tu mourras.

    8. — Si ce droit m'échappe, je ne puis de ma vie le

    faire revenir ; et alors les reproches ne m'échapperont

    pas.

    9. — Solaïmà sait bien que mon caractère et celui de

    l'avarice sont absolument différents,10. — Et qu'aucun avis ne peut me faire regarder

    l'avarice comme une chose juste, que je sois altéré ou

    désaltéré,11. — Que lorsque les pointes des lances se heurtent,

    je garde un cœur habile, de la prudence et de la gravité,12. — Et qu'il me suffit pour ce que je sais, de la ri

    chesse de ma science, et lorsque j'ignore, je demande à

    celui qui sait expliquer.

    XXIV

    Les Banû 'Abs firent, après la mort de 'Antara, une

    expédition contre les Banû Taï ; ils emmenèrent prison

    nières des femmes, qui étaient sorties des montagnes. Les

  • 52 LE DÎWÂN DE ORWA BEN EL WARD

    B. Taï les poursuivirent ; les 'Abs leur livrèrent batailleet les repoussèrent dans leurs montagnes. Ils emmenèrentles femmes chez eux. 'Âmir b. Tofaïl, ayant appris lamort de 'Antara dit; Que Dieu déshonore les B. Taï; nesont-ils pas des lions contre nous et rien contre leurs voisins ; ils ont tué le chevalier des Arabes. Les B. 'Abs attendaient une pareille négligence de la part des B. Taï quandils descendirent des montagnes ; les 'Absites atteignirentleur but.

    1 . — Si tu rencontres 'Âmir, mande-lui — car la demeure de l'honneur est solide,

    2. — Nous sommes revenus des montagnes, celles de

    Taï, poussant devant nous des femmes enceintes et cellesqui venaient d'accoucher,

    3. — L'on vit de jeunes femmes aux dents blanches,délicates, déchirer [à cause de la fatigue et de la chaleur]leur chemisette quand l'Épi est au Zénith,4. — Sachant bien qu'il n'y avait plus de retour pos

    sible vers leur campement, quand elles ont laissé leurstentes à la fin de la nuit.

    XXV

    Vers adressés à Salama b. el-Horsob al-Anmàrî.1 . —Les chamelles laitières ont pris leurs places autour

    d'ibn Aktam des Banû Anmâr.2. — Je suis venu vous trouver dans une nuit sombre

    et je suis allé trouver vos chefs dans la journée.3 . — Je vous ai trouvés pareils à des chamelles laitières

    qui sont retenues dans des pâturages déplantes douces [et

  • . LE DIWAN DE ORWA BEN EL WARD 53

    par suite donnent très peu de lait] ; et elles n'ont étéretenues qu'après avoir été empêchées d'être traites etqu'après que leur lait fût peu abondant.4. — Ils m'ont refusé les jeunes chamelles et les cha-

    melons, et ils étaient plus avares encore de la mère.

    XXYI

    1. — Elle me dit: Abstiens-toi d'expédition, et sesgrands yeux noirs qui versaient des larmes se plaignaientde ses paroles.

    2. — Je t'affranchirai du retour du blâme, par uneentreprise énergique à laquelle n'accédera pas le plusdocile.

    3. — Revêtir les vêtements de lamort jusqu'au momentoù se présentent conformément [à tes désirs] des chameauxou des chamelles prêtes à mettre bas,4. — Lorsque la force d'un guerrier l'a affaibli par des

    centaines [de chameaux] et que les gens de la tribu qui se

    trouvaient là pour les ramener de l'abreuvoir combattent

    [pour les conserver].

    XXVII

    1 . — Estimes-tu mon attaque, quand les chevaux recu

    lent, ou mon retour à la charge quand personne ne protège la retraite?

    2. — [Les estimes-tu] semblables? De même celui qui

  • 54 LE DÎWÂN DE 'ORWA BEN EL WARD

    ne mène pas son cheval au combat et celui dont les bienssont perdus dans les (troubles) guerres.3. — Quand on dit : Fils d'El-Ward, charge dans la

    mêlée, je réponds à l'appel et je rencontre un chef arméde pied en cap.4. —• Dans ma main je tiens [une épée] reçue en héri

    tage, blanche comme le sel, dont l'acier a été récemmentaffilé, tranchante.

    5. — Je l'ai laissé sur le sol, retenu dans un endroitoù se succèdent les hyènes à la démarche irrégulière,6. — Attaché à un sol dont il était loin ; mais la mort

    de l'homme doit nécessairement arriver.7. — Je neme plains pas de ce que la guerre entraîne,

    et je ne m'afflige pas des vicissitudes du sort.8. — Dans le combat, je ne lève pas des yeux inquiets

    comme un chameau séparé du reste du troupeau.

    NOTES

    Cette pièce est reproduite par Noeldeke dans son Delectusveterum carminum arabicorum, p. 38.

    XXVIII

    1 . — Si tes richesses te sont à charge, prodigue-les àceux qui les demandent, quandmême le parc aux bestiauxdevrait être vide.2. — Si elles sont perdues pour toi et si tu ne les

    retrouves plus, il te reste les plantes de la terre et l'eauclaire.

  • LE DIWAN DE ORWA BEN EL WARD 55

    3. — On se dégoûte de la vie quand il faut être assiduà la cour des autres ; quand même ils te viennent en aide,la mort est un soulagement.

    NOTES

    Le vers 1 se trouve dans le Supplément aux Amalî d'El

    Qâli, t. III, p. 60, avec la variante A\A pour

  • 56 LE DÎWÂN DE 'ORWA BEN EL WARD

    2. — Chacun de vous choisit-il une demeure où il habiteet abandonne-t-il une ruine sans défenseur ?

    3. — Fais parvenir aux Banû 'Awd b. Zaïd ce messageavec cette marque que s'ils m'imputent un affront ilsmentent.

    4. — Si vousvoulez, défendez contre moi votre insensé,à qui l'homme intelligent d'entre vous dit: Où vas-tu?5. — Si vous le voulez, vous me combattrez jusqu'à la

    limite, mais le cours d'une lutte acharnée et portée auloin épuisera vos forces.

    6. — Celui qui en est digne aura des biens, et les'Absites sauront de qui la tète s'humilie.

    XXXI

    1 . — Que Dieu récompense, chaque fois qu'on le nom

    mera, le père de Mâlik, si cette tribu va dans le hautpays.

    2. — Qu'il comble de biens Mâlik; Mâlik a de la bienveillance pour nous quand les autres nous dédaignent.

    3. — Celui que vous avez abandonné doit- il être gai àvotre suite; lorsqu'il se lève, une grandeur le domine et ilse rassoit.

    4. — Les Banù Zabbân nous ont retiré leur faveur;Sarîk voudrait nous voir partir et nous éloigner.5. — Grand bien fassent à Sarîk son outre, ses cha

    melles laitières et son lait frais après le sommeil.6. —-Vous le savez, les déclivités de Dû Radwâ, 'Adm

    et Sindid n'étaient pas nos demeures.7. — Mais, — et le temps composé de jour et de nuit,

  • LE DÎWÂN DE '0RAVA BEN EL WARD 57

    — [passe], ce sont des pays où l'on trouve des fruits etdu gibier.

    8. — Et j'ai dit aux gens des huttes : Partez, car iln'y a pas de place pour vous asseoir dans notre cour.

    NOTES

    Le vers 2 est cité par le Lisân el 'Arab, t. IV, p. 154,

    avec la variante IjAaJ A\\->\ au lieu de Jxa) p^âlIUl.

    XXXII

    1 . — Si l'homme ne cherche pas de la nourriture pourlui-même, il se plaintde la misère ou il blâme continuellement son ami.

    2. — Il devient à charge à ses plus proches parents, etles dons de sa famille sont près de lui être refusés.3. — Il n'y a que l'homme actif et diligent qui cherche

    sa vie de tous les côtés.4. — Va dans les pays de Dieu (va au hasard), et pour

    suis la richesse : Tu vivras à ton aise ou tu mourras avecexcuse.

    XXXIII

    Ces vers sont aussi attribués à En-Namir b. Tawlab.

    I . — Tomâdir a dit quand elle a vu ma fortune écrou

    lée, mes proches injustes et mon cœur blessé :2. — Comment te vois-je abattu et affaibli dans les

  • 58 I.E DÎWÂN DE 'ORWA BEN EL WARD

    réunions, comme si tu avais été frappé d'un coup decorne ?

    3, — Risque ta vie afin d'acquérir de la richesse : ilest honteux de rester assis avec les femmes et les enfants.4. — Dans la richesse, il y a le respect et la considéra

    tion ; dans la pauvreté, l'abaissement el le mépris.

  • ADDITIONS AU DIWAN

    /s.> ^9/

    ^yy>\Ay.\$ IfU ô y^,J j-^_ yAj\ Jo\ ï^i cA

    Lisân el 'Arab, II, 173; Zamahsarî, Asâs el balâga, II,

    171, avec la variante c^A pour c*A.

    II

    / 9 / / 9 / /*/ 7/ .// / 0 / / t J S-/ 9

    // / /

    J, /yï J% t » / » = ' ' ' ' "-"

    ,' '

    J S /// ^ ^ 9/ '/ 9 •*,

    Vers cités \>&t Agânî, II, 194.

  • 60 LE DJWÀN DE 'ORWA BEN EL WARD

    III

    ,a_j Aj (_jjLJl tL*IU/À>_ /L~>jlj ul»i«îil tés- pi-Xij

    Besthorn, Ibn Zaiduni vitam, p. 76 ; Es Safadî, Kitâbtamâm el Motûn, p. 234, avec les variantes : v. 1,\.y^yjya_ pour Ls«~.«j 1^>m ; v. 2,

    Co^s-ii-

    pour ■Cc.xs-C .

    D'après Besthorn, p. 77, note 85, ces vers seraient attribués à El A'sâ; en effet, le vers 1 serait de lui, d'aprèsle Lisân el Arab, I, 437, et Mohammed Tawfiq, Kitâb elArâgîz, p. 15. De même le vers 2, cf. El 'Askarî, Kitâb esSinâ'ataîn, p. 310; El Bekrî, Mo'gem, p. 465; Lisân el'Arab, I, 437 ; II, 191 ; El A'iam, Commmtaire du Dîwân deZoha'ir, ap. Landberg, Primeurs arabes, t. II, p. 165 ;Mohammed Tawfiq, Kitâb el Arâgîz, p. 15. Le Lisân al'Arab, I, 437, cite les deux vers qui les précèdent.

    IV

    S 9 / S *» S

    C**a5 Jyi 1 fj^^(J-*^,J (ji*^r?"'J y, au lieu de "L / > > y, y fiZAv ^0^>" A& 7-y, ^a>,^A *0 tJj'lil eJUJ J

  • ADDITIONS AU DÎWÂN 61

    V

    Dâwûd el Antâkî, Tazyin el Aswâq. t. 1. p. 39. Probablement de 'Orwa ben Qaïs.

    VI

    J^cl ,ju-3 U5 Vj^U ^A Ut a; t. Jj^. ^jA. ^.wjyy

    * - s. y l- s

    -WîJ Itl^j'l » j.!l ^•ji'j (jfiLiJjj ,_£;li_Jl Ciic

    jlal çpÀ-Jlj J^l JyJ, 5UtjyJS'Jjjl Vljll ,JIJ

    El Bekrî, Mo'gem, p. 171.

    VII

    Er Râgib el Isfahânî, Mohâdarât, II, 19.Les fragments VI et VII paraissent appartenir à la

    même pièce.

    VIII

  • 62 LE DÎWÂN DE 'ORWA. BEN EL WARD

    ,_£Aa-3 llS \c.A A^S ^Ul AJ (~~A\ï i\^\ C**^a Ulif'

    ^AiuAi j^~yA\ Cj\*A ^Jli-I t^"^ hJ j1 ^AjJl ,A Ay

    On les trouve dans le Dîwân de Hâtim, édit. Schult-

    hess, Leipzig, 1897, p. 46, avec deux vers intercalésentre les vers 3 et 4 et avec les variantes déjà indiquées

    pour la version de la Hamâsa :

    A^aJlj lA^àA\ &ï\(jA> ^yys-vW^b tf^gr* >—*£>se.

    J

    A*-t Je. J5VI J>\Jl.\ &A% lJ^I SjL j,y^>- CiyAy

  • ADDITIONS AU DÎWÂN 63

    Mais Mobarred dans son Kâmil (Caire, 1308, I, 345) etAgânî (XII, 149 et 150) les attribuent à Qaïs ben 'Âsimal-Minqarî avec les variantes suivantes : v. 2 (K.),CyA pour e^*^.; v. 3 (Ag), Jfe»\ J^ «•^-r:-»^ ^ j^ ^

    ^ ^loU-YI oU^U pour CjL«-*-« e_il»-l /^J^̂ -lA* J^ ^: _r '*MS*^J vlo_A>Jl ; (K.), Jj-t JUiU-VI pour ^ ei^A^Jl ; y. 4(K.), ljl.*fbU pour Vjt J\ jU; (Ag.), ^Ujili^^y*J5

    ^yliUr VI pour ^J

    Vjl>'

    à\j\*.

    IX

    .» > ». e

    -*^

    fV^ ej"1^

  • 64 LE DÎWÂN DE ORWA BEN EL WARD

    v^™^ pour v— ; v- 3, \&>. pour \^,; v. 4, ^j pour

    ^yLlj ; pour *^"V .

    Les vers 1-5 sont cités par Ibn 'Abd Rabbih, El 'Iqd

    el-Farîd, I, 312 avec les variantes, v. 2, p»yAj pour

    pfctaij; v. 3, '*J4r°j pour eV**J; v. 4, (^"j pour ^j ; ^

    pour ji ; *^L«= pour "^V.

    Le vers 1 est donné par Ibn Hisâm, Commentaire de laMaqsùrah d'ibn Doraïd, f. 46; Agânî, II, 191 et Hamsa Da-

    wâwîn, p. 80, avec la variante Jyç-s pour ,Jiji.

    La pièce entière se trouve dans Boucher, Notice de deuxpoètes antéislamiques, p. 23-24.

    /// / 3 fl CC / S y -Z / / / / S y / W, / ? y, / .

    \ycyy, \y\jL\ LwaJl rz~y J CA*-:>- Ir^11-' A^^-Aa^ 7*-> A ' cA^-iy/ / / /

    (Ç^- Ajt-all j J ^AjJI (OJ VI \ajA Ju- Lo^ÀJ) e>Uti)l Jl

    / / //

    / / /

    / / -z. / ^y y / // . s ?/ tr

    \j_jA\ J^jJl e-i^.Vjj»jliA» e_l?-J A^ ^-"' -*1* iT*L-»l=->>

    y, / > y? /

    Ji A UjLaJl (»Alo /^ojL_l5jA"

    wJaitll Alt eiJljxa-jAÏ)

    / / / / / /

    Clieikho, Magânî, IV, n°211, p. 189.

  • ADDITIONS AU DÎWÂN 65

    XI

    b-**' ô\f,jF, c^ ^cA j *4~yJ ôy^A-j çyi o^chXyy- jtf ^À)| Ji,_ A\ VI 4> ^ ^ rUJï 11El Bagdâdî, Hizdnat. el Adab, t. IV. p. 218.

    XII

    S- / 5*

    lS^ jl Jjl (»bUI £ÂT iSJJ^ ZÀAM} OillUlj-

    jLmwm el Arab, t. V, p. 319.

    XIII

    *yy-^Jt.J j>1a=- VfcjJO."

    IVj ,j»_jaJ1 Jlj >U-

    Lisân. el 'Arab, t. IV, 86.

    XIV

    I****-*" Ijc*JLm^5 Q Ja) 1.51 4^* Xi J '/}>■*£" w-O u^"^_C -E. M X-

    Er Ràgib el Isfahânî, Mohâdarât, II, 4.

  • 66 LE DÎWÂN DE 'ORWA BEN EL WARD

    El-A'gânî, II, 190, cite les deux premiers vers seulement

    avec la variante : ^-i «**» au lieu de ^f-3 *y.

    XV

    y, £. f CC

    Jui> I U VI iJ I U j AA j i^Aù •*—iy c^aj

    cités par Es Sokkarl, Commentaire d'El Hotay'a, ap. D'uv/ind'El Hotay'ah, éd. El Amîn, p. 10.Le vers 2 dans Ibn Hisâm, Mogni'llabîb, t. II, p. 181,

    et Commentaire de la Bânat So'âd, p. 155 ; Soyùti, SarhSawâhid el-Mognî, p. 328, et Mohibb eddîn, Sarh Sawâhid

    cl-Kassâf, p. 55, avec la variante Aji\ pour *y I ; Ibn

    Hagga Hizdnat el 'Adab, p. 534 avec la variante y^. pouryAi ; Lisân el Arab, VII, 180, avec la variante *jJ! pour

    xiyT.•

    XVI

    // // / / / / / / / /

    S*/.? ^SSyy? ■£ J 9 £- / 3 /

    0 9/9/J9/9/

    ,_Ay-\ Ov*Jis fl>VI

  • ADDITIONS AU DÎWÂN 67

    XVII

    JJA \js. c..

  • 68 LE DJWÂN DE 'ORWA BEN EL WARD

    Le premier vers dans Boucher, Deux poètes antéisla-

    tniques, p. 6, avec SU* au lieu de »l-v* qui est pour ^-^y

    XX

    ^(^JUo{j£

    L^L=>- l^If- ^r*^ Jp1^' lia»- II» / /

    ,*&*•JpiJl J JpJl CJI C«S L^aL^J l4*l .5 1 ^J^f-l*

    9 j» 9 /

    Lwrâ al 'Arab, II, 391 ; mais I, 303, et XIX, 177, lepremier vers seulement avec la variante Uaà-\ a»

  • TRADUCTION

    i

    1 . — Je n'appartiens pas à Morra si je ne parviens pasà une hauteur d'où m'apparaîtront les labours el leschamps de luzerne.

    Il

    1. — Si vous avez possédé Asmà' pendant la durée,d'un instant, la captivité de Laylâ encore vierge est bienplus étonnante.

    2. — Je me suis paré de sa beauté et de sa jeunessependant un laps de temps, et elle fut rendue à

    Sa'wâ'

    quand sa tête était grise.

    3. — Voilà comme nous prenons une belle malgré elle,alors que ses pleurs, au matin d'al-Liwà, coulaient à torrents, lorsqu'elle était (liée ou) ravie.

    m

    1. — Celui qui s'éloigne de sa famille ne cesse pas de

    voir les endroits où tombe une victime de l'injustice, tantôt tirée, tantôt traînée sur le sol.

    2. — Ses bonnes actions sont éloignées de lui ; et s'il

  • 70 LE DIWÂN DE 'ORWA BEN EL WARD

    l'ait une mauvaise action, ce qu'il fait de mal est sem

    blable au sommet du mont Kabkab.

    IV

    1 . — Quand je voyais un jeune enfant malade et quel'on pleurait sur son brancard, je pleurais.

    2. — Je peigne ma chevelure ; je laisse traîner le pan

    de mon manleau ; une excellente cavale bai-brun porte

    mes armes.

    1. — Son amour est un amour tel que mon cœur n'en

    ■connut point d'autre, ni avant ni après.

    VI

    1. — A Su F. So'dà a une d