l'ÉpopÉe du chronographe

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SÉRIE LIMITÉE N O 155. SUPPLÉMENT GRATUIT AU N O 22209, DATÉ DU 9 JUIN 2016. NE PEUT ÊTRE VENDU SÉPARÉMENT/ISSN 0153.4831 MODE L’APPEL DU LARGE ART BUREN COLORIE LA FONDATION LOUIS VUITTON DESIGN LE MEILLEUR DU SALON DE MILAN SPÉCIAL VIN NECTARS D’ÉTÉ HORLOGERIE L’ÉPOPÉE DU CHRONOGRAPHE

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12, BOULEVARD DES CAPUCINES – PARIS 9E

BUCHERER.COM

L’ADRESSE HORLOGÈRE PARISIENNE

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/ L'ÉDITORIAL /

JUIN2016 SÉRIELIMITÉENo155 7

Directeur de la publicationPrésident de la SAS Les EchosFrancis Morel

Édité par Les Echos,SAS au capital de 794240 eurosRCS Paris 582 071 437Commission paritaire :04 16 C 83 01516, rue du 4-Septembre75112 Paris Cedex 02Tél. : 01 49 53 65 65www.lesechos.fr

Éditrice : Bérénice LajouanieÉditrice déléguée :Capucine Marraud des GrottesDirectrice déléguée marketingdigital et diffusion :Sophie GourmelenDirecteur stratégieet communication : Fabrice FévrierDirecteur des développementséditoriaux du pôle Les Echos :Henri GibierRédactrice en chef :Frédérique [email protected]él. : 01 49 53 67 59Chef de service :Sophie [email protected]él. : 01 49 53 67 73Directeur de création :Fabien [email protected]él. : 01 49 53 63 04Directeur artistique adjoint :Lucas [email protected]él. : 01 49 53 65 79Responsable photos :Clémentine [email protected]él. : 01 49 53 22 82Assistante de la rédaction :Maria Lopez [email protected]él. : 01 49 53 66 60

PUBLICITÉPrésident : Daniel SaadaDirectrice générale :Cécile ColombDirectrice commerciale pôleLifestyle : Anne-Valérie Oesterlé[email protected]él. : 01 49 53 72 62Directrice Adjointe Les EchosWeek-End : Sophie ChartierTél. : 01 49 53 65 13Directrice de clientèle :Virginie RocheTél. : 01 49 53 64 15Directrice de clientèle :Charlotte Serre-MaurangeTél. : 01 49 53 64 68Directeur PublicitéInternationale : Nicolas GrivonTél. : 01 49 53 64 83

Service Abonnements Les Echos4 rue de Mouchy60438 Noailles CedexDu lundi au vendredi, de 9 h 00à 17 h 30, au 01 70 37 61 [email protected]

FABRICATIONDirecteur production et logistique :Jérôme MancellonResponsable fabrication Groupe :Sandrine Lebreton,assistée de Jean-Claude LainéPhotogravure : Key GraphicImpression : Maury Imprimeur

Série limitée est une publicationduPrincipal associé : Ufipar (LVMH)Président-directeur général :Francis MorelDirecteur général délégué :Christophe VictorDirecteur délégué :Bernard Villeneuve

Parka brodée en coton et blouson en cuir d’agneau réversible, Louis Vuitton.

Photographe : Stefano GaluzziMannequin : Ben Allen @ New Madison, contact NettaStyliste : Jean-Michel ClercGrooming : Olivier de Vriendt @ ArtlistAssistante styliste : Margaux SirejacobAssistant photo : Bertrand d’AmiensAssistant digital : Roberto Ranalli@Officina Otto

EDITO

Par Frédérique Dedet

UN NUMÉRO DE JUIN À L’HEURE D’ÉTÉ où nous vous présentons lesplus belles nouveautés horlogères de Bâle, vous contons l’odyssée duchronographe, vous emmenons découvrir les installations arty de l’été(Christo sur le lac Iseo et Daniel Buren à la Fondation Louis Vuitton),vous présentons le meilleur du Salone del Mobile de Milan, une sélectiondes vins à déguster, avant de vous inviter à découvrir à bord de l’Amandirales paysages et les fonds incomparables de l’archipel des Raja Ampat.

Un numéro attrapé à la volée pour lequel nous avons juste eu le tempsd’échanger avec Rafael Nadal, mais surtout une nouvelle aventure. Carc’est avec une joie non dissimulée que nous passerons l’été à vousconcocter un nouveau Série limitée.

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RADO HYPERCHROME CHRONOGRAPHE AUTOMATIQUECÉRAMIQUE HAUTE-TECHNOLOGIE. EXTRÊMEMENT RÉSISTANTE AUX RAYURES.

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/ LE SOMMAIRE /

LESESSENTIELS13. L’expo15. L’hôtel17. L’automobile19. L’innovation21. Le temps : spécial Baselworld 201631. Les bijoux32. Les news36. La mode38. Le parfum40. La beauté

LESMOTSENQUÊTE44. Design Milan : le confort bourgeois

reprend du poil de la bête

PORTRAITS50. Daniel Buren : le monde rayé54. Cordelia de Castellane :

l’enfance en élégance55. Alberto Morillas :

le parfum des autres

LES IMAGESMODE56. Appel du large

LESDOSSIERS64. Chronographes : ces montres

qui « écrivent le temps »70. Spécial vin : les vins d’été

LEVOYAGE82. Travelling84. Aman : l’excellence sur l’eau

POINT FINAL90. Rafael Nadal : le prince des courts

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L’âme du voyage.A explorer.

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/ LES CONTRIBUTEURS /

ANNE-MARIEGÉLINETJournaliste, nous raconteles mers du bout du monde.Un jour, tout le monde connaîtrales îles Raja Ampat tout au bout del’Indonésie. Un jour, il y aura unaéroport international à Sorong. Unjour, les documentaires seront légionsur ces îles trempées d’eau turquoised’une profusion hallucinante, uniqueau monde, de poissons de toutes lesespèces. Pour une fois, il n’est doncpas trop tard : c’est maintenant qu’ilfaut découvrir cet éden océanique,sorte d’ultime frontière aquatique.Et à la voile, c’est encore mieux.

Basé àNewYork, l’illustrateur français DamienCuypers,dont la patte est liée auNewYork Times, a bien voulucroquer nos contributeurs.Illustrations Damien Cuypers

STEFANOGALUZZIPhotographe, il a investiles bords de Seine pour une sériemode qui appelle au large.Alors que nous cherchions un bateausur la Seine, nous en avons trouvé unpeint en noir avec une grande étoileblanche. Lorsque nous y sommesmontés, j’ai eu l’impression d’êtreà bord d’un sous-marin qui venaitde sortir de la mer… Une éléganceintemporelle entre ciel, eau et fer.Montrer la mode avec le personnaged’un marin vivant en ville, n’est-cepas fascinant?

CHRISTIANSIMENCJournaliste, a exploré pour nousle Salon du meuble de Milan.Plonger chaque année, en avril,dans ce bain (bouillonnant) de designqu’est le Salone del mobile de Milanest on ne peut plus tonifiant.L’édition 2016 ne déroge pas à larègle. Heureusement que son relatifembourgeoisement s’est faitallègrement chahuter par quelquespropositions détonantes. S’est ainsiopéré un subtil dosage qui fait de cettemanifestation le plus grand rendez-vous de la planète Design.

FRANKDECLERCKJournaliste, décrypte pour nousles nouveautés de Bâle 2016 etlivre les secrets du chronographe.Une fois de plus, le salon horlogerinternational Baselworld a tenu toutesses promesses. Les manufactures ontprésenté, comme toujours, une kyriellede nouveautés devant les yeuxémerveillés des amateurs de bellesmécaniques. Atypique ou vintage,classique ou joaillière, la montreest un accessoire qui donne l’heureautant que le style de celle ou decelui qui la porte. Et si le marchéconnaît actuellement un certainralentissement, ce n’est visiblementpas le cas de la veine créatrice desdesigners et des maîtres horlogers…

SYLVAINOUCHIKHJournaliste, a enquêté sur les vinsque nous savourerons cet été.Dans la polychromie de l’été, le vin rosés’impose naturellement. Pour autant,on aurait tort de se priver de bullessuspendues, de vins rouges croquantsou encore de blancs fruités aux arômesd’agrumes. Ils élargissent notre palettegustative pour dessiner un joli tableauestival. Se laisser aller à toutes lesenvies, c’est un peu toucher, même defaçon éphémère, la liberté du bout deslèvres. Osez le rose, blanc, rouge !

JUDITHBENHAMOU-HUETJournaliste, a exploré l’artcontemporain avec Christoet Buren.Christo est un héros de l’artcontemporain et il reprend du serviceen Italie tandis que la FondationMaeght lui consacre une exposition.Un vétéran de la création spectaculairequi emballe le monde. Quant à Buren,il applique sa même rayure depuiscinquante et un ans mais il faitaussi jouer la lumière, les couleurs,le vent ou l’eau dans des œuvresin situ qu’il raconte à l’occasionde son installation à la FondationLouis Vuitton.

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L’ÉVÉNEMENT / LES ESSENTIELS /

Il fait partie de lamythologie contemporaine. Américaind’originebulgare,Christo aura certainementmarqué pour toujours les esprits français duxxe siècle après avoir, en septembre 1985, emballé le Pont-Neuf d’uneétoffe jaune scintillante. Dix ans plus tard, c’était le tour du Reichstag, leParlement allemand, à Berlin. Après TheGates, à Central Park et la rivièreArkansas, dans le Colorado, le voilà qui sévit à nouveau en Europe, du18 juin au 3 juillet, cette fois au nord de l’Italie, autour de la plus grande îlelacustre du pays, Monte Isola, sur le lac d’Iseo. C’est donc entre cette îleet la terre ferme qu’il met en place, sur trois kilomètres, un système decubes flottants recouverts du fameux tissu jaune.Quelque70000mètrescarrés d’étoffeont éténécessairespour le projet. Pour le visiteur, le circuitconsiste à déambuler sur le pont éphémère pour y goûter la beauté dupaysage aumilieu du lac, comme cela est impossible en temps normal,puis à s’installer sur la montagne pour admirer la gigantesque étoffemouvante. À l’intention des esprits lesmoins aventureux, il faut signalerqu’il n’y apas granddangerpuisque lepontmesurequandmême16mètres

de large. Uneœuvre contemplative encontraste avecunmondecontem-porain chaotique quimet la nature à rude épreuve… Christo est un uto-piste, fils des idéaux des années 1960. Alors que ni pouvoirs publics, nisponsors privés n’ont contribué financièrement au projet, le public yaccèdenéanmoins librement et sans payer. Évidemment, on se demandedequelle façon l’artisteparvient à financeruneopérationaussi titanesque.La réponse est simple : toute l’année et depuis toujours, il crée des col-lages et des dessins qu’il vend, tout comme les posters et les cartes pos-tales de ses projets. Le concept des « Floating Piers » a été imaginé dès1970 avec son épouse, la Française Jeanne-Claude, décédée en 2009 eten compagnie de laquelle il montait et signait toutes sesœuvres. Âgé àprésent de 81 ans, Christo continue seul, vaillamment. Tout simplementimpressionnant. Par Judith Benhamou-HuetDu 18 juin au 3 juillet. www.thefloatingpiers.comVoir aussi l’exposition « Christo et Jeanne-Claude » à la Fondation Maeght, àSaint-Paul-de-Vence, jusqu’au 27 novembre 2016. www.fondation-maeght.com

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L’HÔTEL / LES ESSENTIELS /

«Lorsque je rêvede l’au-delà, duparadis, jeme retrouve toujours transportéauRitz à Paris », déclarait ErnestHemingway, fidèle des lieux. Et il n’est pas leseul écrivain célèbre à avoir adoré le palace parisien : pendant la Premièreguerremondiale, c’estpourMarcelProustque lemaîtred’hôtelOlivierDabescatdénicha ici les précieuxpetits-beurredont raffolait l’auteurdeLaRecherche.Quant àFrancis Scott Fitzgerald, il lui rendit hommageavec le titrede sanou-velleUndiamantgroscomme leRitz. Depuis son inauguration, en 1898, l’hôtela accueilli dans ses salons, ses suiteset son jardin lesplusgrandsdecemonde.La demeure offrait« tous les raffinements qu’un prince pourrait souhaitertrouverdanssaproprerésidence», constatait soncréateurCésarRitz. En2016,l’excellence est à son apogée. Pour la première fois depuis son inauguration,l’hôtel a fermépour une rénovation titanesque. Il rouvre enfin. Voici un Ritzflambant neuf et dont l’âmedemeure intacte. Tout est là, repensépar l’archi-tecteThierryDespont,mais au superlatif : lebarHemingwayet le salonProust,auxquels s’ajoutemaintenant le Ritz Bar, futur templede la bistronomiepari-

sienne. L’Espadon, pour sapart, est décliné en trois concepts imaginéspar lechef étoilé Nicolas Sale. L’hôtel compte davantage de suites, désormais aunombrede71.Parmielles, 15 suitesdeprestigeportent lesnomsd’hôtes illustres,tels queMariaCallasouCharlieChaplin.Mais la personnalité laplusembléma-tique des lieux reste Gabrielle Chanel (ci-dessus), qui y vécut de longuesannées jusqu’à sondernier souffle,en1971.Àprésent, l’hôtel s’imprègneencoredavantage de samémoire. Au cœur duRitz Club intégralement rénové avecde nouvelles prestations bien-être et fitness, Chanel ouvre un espace dédiéà l’art du soin.Dans sonaile droite et face à la splendidepiscine restaurée, ondécouvredonchuit«alcôves»oucabines,oùtoutaétépensédans lesmoindresdétails pouroffrir uneexpériencedebeautémultisensorielle et unique.«LeRitzestmamaison», affirmaitGabrielleChanel.Unemaisonqui tientdupalace,et espérons qu’elle obtienne enfin ce label officiel, elle qui en possède tousles atours depuis sa naissance. Par Johanne Courbatère de GaudricRitz Paris, 15, place Vendôme, 75001 Paris. www.ritzparis.com

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L’AUTOMOBILE / LES ESSENTIELS /

Cen’est pasparceque l’onest petit que l’onmanquedegrandeur. LePorscheCaymanenest une assez jolie illustration.Né il y a unpeuplus dedix ans souslesquolibets–àvraidirecommetoutenouvellePorschequin’estpasune911…–,cemenucoupévitaminéaussi facileàconduirequ’unePolos’est forgé,presquesans s’y attendre, la réputation de «Mini 911 ». Finalement, qu’espérer demieux ?Unemise à jour ! Pimentée, qui plus est. Présenté enpremièremon-diale à Pékin, là où se comptent ses plus grands fans, le nouveau Caymanchangeeneffetpasmaldechoses.Àcommencerpar sonappellationenrichiede « 718 », trois chiffres qui signent une légende sportive des années 1960(marketing, quand tunous tiens…)mais, disons-le, quenombred’entre nousavaient un peuoublié, sauf lors des ventes aux enchères : unmodèle idéale-ment conservé atteint aujourd’hui prèsde 3millionsd’euros ! Le 718Caymansera-t-il capable de rééditer un tel exploit dans cinquante ans ? Beaucoupsourient,maisunechoseestd’oresetdéjà certaine : unearchitectureàquatrecylindresàplat relie la légendesportived’hieraucoupé industrield’aujourd’hui.Et ce n’est pas rien pour l’environnement (plus léger, plus compact, mais,

surtout, turbo compressé, le 4 cylindres du nouveauCaymanpropose 300ou 350 ch tout en consommant jamais plus de 7,5 l/100 km), pas rien pourl’émerveillement (les 100 km/h sont atteints dans tous les cas enmoins de5 secondes) et pas rien non plus pour les tympans : un 4 cylindres « à plat »sonne toujours juste,mêmesi les fansdisent d’ores et déjà regretter lamélo-die (certes délicieuse) du6cylindres ronronnant sous la carrosserie de l’an-cienCayman. En revanche, délicat de reprocher au nouveau venu sa joie devivre et son plaisir de conduire : encore plus rigide, encore plus rapide etbeaucoupmoins timide(lePantonedecolorisoseun intrigant«bleuMiami»).Sa ligne semontreégalement savammentplus fluide. Sansparler dubel écrancentral obéissant au doigt et à l’œil, de la géniale transmission PDKou duvolant ouvragé en cuir et alu qui font de ce petit coupé Porsche, une foisencore, une911 en réduction.Même leprix, pourune fois, prête à satisfaction :affichéàpartirde53960euros (soitpresque le tarif d’unbeauRenaultEspace),le 718 Cayman devient ni vu ni connu l’un desmembres Porsche lesmoinschers du catalogue.Que lui demander deplus ? Par Cédric Fréour

718CAYMAN,CARRÉMENT PORSCHE !

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1966 — 2016

Cinquante Ans de culture du Design Contemporain

Série Up, Gaetano Pesce — 1969Une icône du design international dont l’auteur décrit la forte valeur symboliqueen ces termes: “Les femmes souffrent dans le monde des préjudices des hommes.Cela était vrai en 1969 et malheureusement ça l’est encore aujourd’hui”.

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L’INNOVATION / LES ESSENTIELS /

Un jardin acoustique à l’italienne. Une fugue esthétique en rémineur dotéd’un ramage en artmajeur. Architettura Sonora est un fabricant d’enceinteshaut de gammebasédans unpetit village deToscane. Son créneau : des pro-duits fabriqués dans desmatériaux non conventionnels – la pierre, le verreou lebois –, déclinésdansdes formes lesplus variées, qui pourraient aisémentmeubler des théâtres antiques, en extérieur ou en intérieur. Leurs chefs-d’œuvre se retrouventd’ailleurs dans lesdemeures et jardinsde starsoudansles grandshôtels de la planète. Parmi les nouveautés tout juste dévoilées parlamarque italienne, voici Medousê : une lampe acoustique, composée dedeux hémisphères en verre superposés sur une base en aluminium laqué.Conçuepar EnzoCastellani, cette enceinte artisanale de 66 centimètres dehauteur et de 55 centimètres de diamètre fait appel à un travail d’orfèvre, leverre étantmodulémanuellement pendant qu’il est encore chaud etmal-léable. Uneonce demagie : éteinte, l’enceinte d’un vert tendre se fond dans

le jardin ; allumée, elle semétamorphose enboule blanche.Mais l’esthétismen’est pas tout : la lumière cachedes talents acoustiques. En son sein, un trans-ducteur de 6 pouces transforme le signal électrique en vibrations sonores,avec unmid-woofer (haut parleur pour graves) et un tweeter (aigus) dispo-sés sur unmême axe pour assurer une cohérence à lamusique qui jaillit decette lampede luxe, avec 300watts au compteur. Il faudra la connecter à unamplificateur assez puissant, proposant si possible le pilotage à distance(BluetoothouWi-Fi), pour faciliter l’utilisation, avec une applicationdédiéepar exemple, pour joindre l’agréable à l’utile. Plusieurs enceintes peuventêtre couplées, en fonction du nombre de voies de l’amplificateur. Commetoujours pour les produits Architettura Sonora, il est possible de déclinerMedousé avecd’autresmatériaux et les artisans peuvent vousproposer desaménagements surmesure. Par Raphaël SachetatDiffusé en France par B&W Group. www.bwgroup.fr

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BASELWORLD2016 / LES ESSENTIELS /

InventéparAbraham-Louis Breguet en 1801, le tourbillon reste l’apanagedesgrandesmaisons horlogères qui profitent toujours de sonpouvoir d’attrac-tion visuelle inégalépour créerdesmontres extraordinaires. Bell&Ross joueainsi la cartede la transparenceavecunBR-X1TourbillonChronographe, unepiècemunied’unboîtier en saphir extrêmement exclusif puisque seulement3 exemplaires sont prévus pour lemoment en production. Régulé par untourbillonvolant, cechronomonopoussoirdélivre les tempscourts–secondesetminutes – dans deux compteurs et indique, à 9 h00, la réservedemarche(quatre jours) dumouvement squeletté à remontagemanuel. Son look aty-piqueest par ailleurs soulignépar sonbracelet également translucide. Autreinstrument high-tech, laCarreraHeuer-02T reflète la volonté deTAGHeuerde s’imposer comme lamarque suissedehautehorlogerie la plus accessible.Jugez plutôt : il s’agit ici du seul chronographe automatique tourbillonSwissmade, certifiéCOSC, àmoins de 15 000euros ! Étanche jusqu’à 100mètres,

son boîtier en titane s’ouvre sur unmouvement aux ponts noircis dont letourbillon volant présente une cage en titane et carbone. LamaisonBvlgaris’adresse aux collectionneuses de très bellesmécaniques avecuneSerpentiIncantati alliant haute horlogerie et haute joaillerie. Cette édition limitée à50exemplaires enor rose, dont l’architecture reptilienneestmise en lumièreparune rubellite etdesdiamants, accueille un systèmegiratoirequi hypnotisetout autant le regard que les éléments gracieusement ajourés d’un calibreen or rose. La Fabrique du Temps Louis Vuitton propose également unesuperbe pièce féminine en or rose et diamants. La TambourMonogramBlossomTourbillon illustre le savoir-fairedesmaîtres artisans avecuncadranserti « neige»où s’épanouit unefleurdeMonogramsculptée ennacre rose.Dans l’un de ses pétales apparaît l’autre fleur emblématique de lamaison,forméepar la cagedu tourbillond’un calibre automatiquedotéd’unemasseoscillante enor visible au dos. Par Frank Declerck

ATTRACTION VISUELLE

Louis Vuitton, TambourMonogram Blossom

Tourbillon.

Bell & Ross, BR-X1Tourbillon Chronographe Saphir.

TAG Heuer, CarreraHeuer-02T.

Bvlgari, SerpentiIncantati TourbillonSquelette.

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/ LES ESSENTIELS / BASELWORLD2016

Véritable bijouqui donne l’heure, lamontre joaillière habille les poignetsféminins demultiples pierres précieuses et de reflets éclatants qui fontaussi briller les yeuxdesapropriétaire. IcônedeChopard, lamontreHappyDiamondscélèbreson40eanniversaireavecuneédition limitéeà150exem-plaires en or blanc dont la forme coussin – presque carrée – rappelledirectement lemodèle originel. Tout l’art du joaillier s’exprime avec denombreux diamants « sertis sur griffes » épousant sa forme.Magie decette pièced’exception, d’autres pierres se déplacent librement à l’inté-rieur de la boîte sans pour autant enfreindre lamarchedes aiguilles : uneoriginalité propre à toutes les référencesHappyDiamonds. Le sertissagesur griffes est également utilisé par Breguet sur une création ovoïde enorblancetdiamantsqui rendhommageà l’impératriceJoséphine, épousedeNapoléon Ieret ferventeadmiratriceà l’époquedesœuvresde lamanu-facture. Cette éblouissante Perles Impériales, dont le fond en saphirdévoile un calibre automatique àmasseoscillante enplatine et spiral en

silicium amagnétique, subjugue à plus d’un titre puisqu’elle arbore unesublime perle Akoya au diamètre saisissant. Avec la nouvelleHopi enorrose et blanc, Boucheronmagnifie la transparenceet la finesse architec-turalesqui caractérisent la collection«Ajourée»enfigeant littéralementla grâcedes colibris enplein vol. Pavésd’un splendidedégradédebrillantset de saphirs de couleurs, les deux oiseaux déploient leurs ailes au-delàducercleprécieuxqui contient lepetit cadranheuresetminutesennacrerose, transformant ainsi lamontre en sculpture horlogère de haut vol.Profitantdusuccèsde la ligne joaillière«Allegra»crééeen2003, lamontreéponymeest devenueemblématique au sein des collectionshorlogèressignées deGrisogono. Lamaison propose à présent uneAllegra en orrose inédite, étincelante de diamants sertis « neige » sur un cadran etdont l’éclat se prolonge sur des brins articulés en or qui s’entremêlentsur des liens en cuir blanc qui constituent le bracelet. Une pièce pour lemoins originale et atypique. F. Dc.

CRÉATIONS JOAILLIÈRES

De Grisogono,Allegra.

Breguet, Perles ImpérialesHaute Joaillerie.

Boucheron,Ajourée Hopi.

Chopard,Happy Diamonds.

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BASELWORLD2016 / LES ESSENTIELS /CHANEL

DR

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Associé à desmodèlesmasculins ou féminins, le bracelet enmaille faitunretour remarquésur la scènehorlogère2016.PremièremontreEmpo-rioArmaniSwissmadeautomatiqueàcadranouvert sur lemouvement,laClassicOpenDialmarieavecélégancestyleArtdécoetmaillemilanaise.Composéd’unemultitudedepetitsmaillonspolis, le bracelet s’accordeà la perfection avec les lignes fluides duboîtier en acier. Le cadran noirfinement guilloché expose, àmidi, le cœur battant du calibre, dont lesautres rouagessontvisiblescôté fond.L’emblématiqueCricketdeVulcain– surnommée«montredesprésidents»depuis qu’elle fut adoptéeparHarry Truman –profite aussi de la souplesse de lamaillemilanaise pourmettreenvaleurungarde-tempsdont la fonction réveil imitant le chantstrident du criquet est désormais célèbre. Cette association prend laformed’uneéditionenacierde39millimètresdediamètre, à remontagemanuel,munie d’un cadran au guillochage recouvert d’émail bleu élec-trique, où sedétacheen rouge lapointede l’aiguille déterminant l’heure

dumécanisme sonnant. Créée par Victoire deCastellane en 2003, lacollectionDdeDior accueille une nouvelle ligne«Satine», composéedepièces dont l’aspect des braceletsmétalliques rappelle avec finessecelui d’un rubande tissu. Uneparticularité inéditeque l’onpeut admirersur cetteMiniDde 19millimètresdediamètreenacier, avecdiamants etnacre rose. Une fois assemblés, lesmaillons sont frappés à l’aide d’unematrice spécialepour faire apparaîtreunmotif en relief qui se reproduità l’infini. Résultat : lebraceletestd’unconfort inégaléet joue littéralementavec les reflets de la lumière. ChezChanel, un procédé similaire donnel’occasionde lier l’héritage couture de lamaison à l’horlogerie avec desuperbesversions«Tweed»de lamontreBoyFriend. Surcette référenceenacierornéedebrillants sur la lunetteetd’uncabochonenspinellenoirsur la couronne, lebracelet enmailles reprend la textureducélèbre tissud’origine écossaise, queMademoiselle Chanel fut la première à adapterà lamode fémininedès les années 1920. F. Dc.

ILN’YAQUELAMAILLE…

Chanel, BoyFriend Tweed.

Dior, Mini Dde Dior Satine.

Emporio Armani, ClassicOpen Balance Wheel.

Vulcain,50s Presidents’ Watch.

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Catégoriepriséedescollectionneurs, lesmontresàcadrand’artexposentle savoir-faire ancestral demaîtres artisans qui créent de véritableschefs-d’œuvreminiatures. Girard-Perregaux, par exemple, a dévoiléuneGP 1966enor rose intituléeLeSoleil, Centrede l’Univers au seindela série«ChambredesMerveilles». Interprétation cartographiquedela théorie de l’héliocentrisme deCopernic, le cadran enmarqueteriede pierresmarie le jade gris et le jaspe orange à l’aventurine. Une toilede fondminérale sur laquelle l’artistepeintre a apporté sa touchefinaledonneàcette création toute sapuissancehypnotique. Jouant avec lescouleurs, on y retrouveune représentationdes signesdu zodiaque surle pourtour. L’art de la peintureminiature est également à l’honneursur laSlimd’HermèsMille Fleurs duMexique éditée à 6 exemplaires enor blanc et entièrement réalisés dans les ateliers de lamaisonHermès.Fruit de plusieurs couches de peinture appliquées sur un disque denacre et espacées chacune d’un séchage à 90°, le cadran arbore un

superbemotifmulticolore inspiré d’un carréHermès imaginé par lagraphisteLætitiaBianchi. Les ateliersMétiersd’artBlancpainontquantà eux utilisé de l’obsidienne argentée duMexique pour construire lecadran d’une pièce unique enplatine au visage énigmatique. La pierrefine sert de support à une applique gravée rappelantLaGrandeVaguedeKanagawade l’artisteHokusai. Ici, Blancpain autilisé la techniquedepatine japonaisedu rokush, procédé selon lequel l’applique, fixée àunebase en shaku (alliage d’or et de cuivre), est plongée dans un bain desels de cuivre. Autre technique rare venuedu Japon, l’art ancestral duraden est pour la première fois adapté à l’horlogerie chezHarryWins-ton. Ce savoir-faireornemental exprime sabeauté et sa complexité surunemontre PreciousWeavingAutomatic (30 exemplaires) décoréed’une fleur de chrysanthème constituée de petits éléments en nacrequadrillés de fils de soie entrelacés à lamain pour former une tramed’une finesse absolue. F. Dc.

ARTMINIATURE

Harry Winston,Precious WeavingAutomatic Raden.

Girard-Perregaux, GP 1966« Le Soleil, Centre de l’Univers ».

Blancpain, Villeret Métiersd’Art La Grande Vague.

Hermès, Slim d’HermèsMille Fleurs du Mexique.

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IMAGIE

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INCOST

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BASELWORLD2016 / LES ESSENTIELS /

Le chronographe garde plus que jamais l’allure. Sa fonction sportive et sonlook en font un des garde-temps préféré de la gentmasculine. Créé en 1963,l’emblématiqueCosmographDaytonaest aujourd’hui de retour sur ledevantde la scène avec une version très séduisante en acier et céramique dont lecadran bicolore rappelle les anciennes éditions recherchées par les collec-tionneurs. Ce « chronomètre superlatif » automatique certifié COSC esttesté enpluspar lamanufactureRolex afindegarantir desperformancesbiensupérieures à la norme, notamment une précision demarche de l’ordre deplusoumoins 2 secondespar jour. Entréedans la légendegrâceà l’astronauteBuzzAldrin qui la portait à sonpoignet en 1969, la Speedmasterpartage sonhistoire avec les premiers pas de l’homme sur la Lune. Omega étoffe la col-lection avec une jolie variante automatiquemunie d’un cadran en pierre demétéorite. La teintedubraceletetcelleduboîtierencéramiquegriseévoquentla couleur de la poussière lunaire, tandis que la lunette avec tachymètre est

pour la première fois réalisée enCeragold™, une combinaisonde céramiqueet d’or Sedna™ (l’or rose d’Omega). Si son diamètre de 50millimètres estimposant, l’AvengerHurricane est pourtant d’une incroyable légèreté grâceà son boîtier en Breitlight® – une premièremondiale. Cematériau high-techexclusif, dont la composition est tenue secrète, est 3,3 fois plus léger que letitane tout en étant aussi résistant aux rayures et à la corrosion. Doté d’unaffichagehoraire sur 24heures, le cadranest animépar unmouvement auto-matiquecertifiéCOSC,commetous les instrumentsBreitling. LeChronographeàHeureUniverselleenor gris de lamanufacturePatekPhilippepermetquantà lui de lire l’heure simultanément dans les 24 fuseaux. Il utilise pour cela unjeu de disquesmobiles, l’un gradué sur 24 heures étant corrélé à un autreportant le nomde 24 villes dumonde. La synchronisation des différentesindications délivrées par lemouvement automatique s’effectue très simple-ment à l’aide dupoussoir à 10h00. F. Dc.

TOP CHRONO !

Patek Philippe,Chronographe à Heure

Universelle.

Breitling, AvengerHurricane.

Rolex, CosmographeDaytona.

Omega, SpeedmasterGrey Side of The Moon« Meteorite ».

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/ LES ESSENTIELS / BASELWORLD2016

Si les horlogers indépendants avaient leur« carré» auSalon internationalde la haute horlogerie de Genève, ces inventeurs des tempsmodernestenaient aussi salon à Baselworld 2016 pour exposer leurs étonnantsinstruments. Grandmaître de lamécanique des fluides, HYT prend unvirage très rock avec la Skull BadBoy en titane noirci, dont la tête demortmétallique est réalisée selon une technique propre à la coutellerie. Ici, unsystèmeen vase clos comprenddeux réservoirs flexibles, remplis chacund’un liquide différent (noir et transparent) et placés aux extrémités d’untubequi suit le contour de la tête. Les fluides nepouvant semélanger, leurpoint de jonction indique l’heure. Andreas Strehler, lui, est entré dans leLivreGuinness des records avec sa LuneExacte enor rose, dotéede l’indi-cation des phases de lune la plus précise dumonde. Jugez plutôt : offrantune lecture de l’âge de la lune avec une précision de 3 heures grâce à uneéchelle Vernier circulaire, l’instrument ne pourra se dérégler que de10minutes en 2millions d’années ! À quoi peut servir une telle précision ?

Probablement à rien, si ce n’est demettre enexergue le génie de l’horloger.Pour la 1941 Remontoire, les frères néerlandaisGrönefeld se sont inspirésde la particularitémécaniquede l’horloged’uneéglisede leur ville d’Olden-zaal, aux Pays-Bas. Cette pièce en or gris et palladium possède ainsi unpetit dispositif à spiral (visible à 9 h00)qui se remonte automatiquementtoutes les huit secondes et permet aumouvement d’utiliser l’énergie avecune force constante, quel que soit l’état de la réserve demarche. ChezKari Voutilainen, laVingt-8 GMRTriton et Sirène combine la complexitéd’un calibre – entièrement conçu à lamain – avec fonction GMT et indi-cateurde réservedemarche rétrograde au talent dedeuxmaîtres artisans.Un savoir-faire visible sur le fondofficier de cette pièceuniqueenorblanc.Fruit d’unemultitude d’étapes de gravure et d’émaillage, cette pièce seraprésentée auGrandPrix de l’horlogerie deGenève.Notonsqu’à l’exceptionde lamaisonHYT, les créations de ces génies horlogers sont visibles enFrance à l’EksoWatches Gallery, à Paris. F. Dc.

MÉCANIQUES ATYPIQUES

Kari Voutilainen, Vingt-8GMR Triton et Sirène.

Andreas Strehler, Lune Exacte.

Grönefeld, 1941Remontoire.

HYT, Skull Bad Boy.

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UDE-ALA

INFLUCKIGER

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BASELWORLD2016 / LES ESSENTIELS /

Au-delà desmécanismes, des styles ou des fonctions, lesmaisons horlo-gères s’appuient aussi sur la spécificité d’unematière pour enrichir leurscollections.Hublot a ainsi travaillémaindans lamain avec lamaisonBerlutipour la conceptiond’uneClassic Fusionmonochromeautomatique, éditéeà 500exemplaires. Aussi belle que surprenante, celle-ci possèdeuncadranréalisé en cuir « nero grigio », lequel est placé dans un boîtier de 45milli-mètres de diamètre en céramique noire. L’ensemble estmonté sur unbracelet en cuir noir Venezia, confectionné et fabriqué avec lesmêmescritères d’excellence que les chaussures du célèbre bottier parisien. Letravail de lamatièreminérale est un savoir-faire quemaîtrise JaquetDrozcomme l’illustreunemagnifiqueGrandeSecondeDécentréedont lapuretéesthétique n’a d’égal que la profondeur intense de la pierre d’onyx quiconstitue son cadran. Animée par un calibre automatique, cette pièce enor blancde43millimètres dediamètre présentedeux compteurs dont lespourtours s’entrecroisentpourdessinerun8, le chiffre fétichede lamaison.

De son côté, Oris a fait le buzz à Baselworld avec unemontre de plongéemunie d’un boîtier étanche jusqu’à 100mètres réalisé dans un bronze quise patinera avec le temps. Produite à 2 000exemplaires, laCarl BrashearLimited Edition automatique de 42millimètres de diamètre est équipéed’une lunette tournante unidirectionnelle et de visibles attributs lumines-cents. Elle rend hommage à Carl Brashear le premier instructeur afro-américain de l’USNavy. Un exploit quand on sait que ce dernier avait étéamputé d’une jambe et, qu’à l’époque, les plongeurs se déplaçaient avecde très lourds scaphandres en partie constitués d’éléments en bronze !De toutes lesmatières, c’est la céramiquequeRadopréfère. Et pour cause :lamaisonaété la première à l’utiliser en 1986dans le domainede l’horloge-rie !Uneexpertisedontelleprofitepour innoveret créer la surprise, commeaujourd’hui aveccettemontreTrueLineauboîtiermonoblocencéramiquehaute technologie verte. Le véritable défi a été ici d’obtenir une teinte uni-forme sur toute la surface dumatériau. F. Dc.

TABLEDESMATIÈRES

Hublot, Classic FusionBerluti All Black.

Oris, Carl BrashearLimited Edition.

Rado,True Green.

Jaquet Droz,Grande SecondeDécentrée Onyx.

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/ LES ESSENTIELS / BASELWORLD2016

Si lesmodèles de style vintage connaissent autant de succès, c’est peut-être parce qu’ils savent parfaitement raconter des histoires. C’est sansaucundoute le casde lamontredeplongéeHeritageBlackBay, queTudorpropose dans une version en bronze à lunette tournante unidirection-nellemarron, animée par un calibre automatiqueManufacture Tudor.Étanche jusqu’à 200mètres, cetteBlackBay fait écho àplusieurs piècesdes années 1950 et 1970, auxquelles elle emprunte sa couronne surdi-mensionnée (Big Crown de 1958), un verre bombé (première Tudor deplongée de 1954) et des aiguilles « snowflakes » (instruments produitspour lamarine nationale française à partir de 1969). Zenith a placé sonlégendaire calibre El Primero –mouvement chronographe automatiqueprécis au dixième de seconde – dans une édition en acier vieilli complé-tant la ligneHeritage Pilot inspirée desmontres Zenith des années 1920destinées aux aviateurs. Un passé évoqué par un large boîtier de 45mil-limètres dediamètre, une couronnecanneléeproéminente, des aiguilles

etdeschiffres très stylisés. Servi surunbracelet ennubuck, cet instrumentracépossède, sur la carrure, uneplaque rivetéeque l’onpeut faire graverà son idée. En proposant lemodèleRailRoad, Longines renoue avec unelongue tradition. Dès le début du xxe siècle, lamaison fabriquait en effetdesmontres pour les employés des compagnies de cheminde fer. Cettenouveautéenaciers’inspiredirectementd’ungarde-tempsdesannées1960à double échelle des heures. Elle est équipée d’un calibre automatiquedont laréférencefiguresur lecadran,àcôtédes lettres«RR»(«RailRoad»)qui distinguaient la qualité et la précision desmodèles à l’époque. Si lacollection Présage de Seiko est inédite, lamaison s’est tout demêmeappuyée sur unhéritageplus quecentenaire (sa premièremontreméca-nique date de 1913) pour insuffler un bel esprit rétro à cette édition enacier sur bracelet en crocodile brun. Évoluant sur un cadran finementdécoré, les aiguilles bleuies sont entraînées par unmouvement automa-tique de lamanufacture nippone. F. Dc.

EFFETRÉTRO

Longines,The Longines RailRoad.

Tudor, HeritageBlack Bay Bronze.

Zenith, Heritage Pilot.

Seiko, PrésageAutomatique.

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BASELWORLD2016 / LES ESSENTIELS /

Onpeut aimer lesmontres et,malheureusement, ne pas posséder un bud-getnécessairepour s’offrir le garde-tempsde ses rêves.Qu’importe, certainesmaisons proposent de belles réalisations à des prix souvent abordables.Fondée en 2011, lamarque suédoise DanielWellington a connu un succèsfulgurant grâce aux réseaux sociaux. Du coup, les jeunes générations, quisont très sensibles à cette communication, plébiscitent sesmontres dontla fine lunette est une signature stylistique. À l’imagede cetteClassicen acierà quartz de 40millimètres de diamètre, qui affirme son look sobre avec unbracelet Durham en cuir. Michel Herbelin propose quant à lui une belledéclinaison en acier de son emblématiquemontreNewport, dotée d’unbracelet gris en cuir de vachette à double surpiqûreorange. Étanche jusqu’à100mètres, cette version de 38,5 millimètres de diamètre pourvue d’unmouvement suisse à quartz estmunie d’aiguilles et d’index luminescents.Fabriquée en France et fidèle à l’ADNmarin de la collection, elle arbore une

rouedebateau àmidi. Autremaison horlogère française dont la réputationn’est plus à faire, Saint Honoré s’appuie sur plus de130 ans d’histoire pourconcevoir des pièces de belle facture à prix doux. En témoigne lemodèleCarrousel OpenDial en acier, une jolie pièce Swissmade de 42millimètresde diamètre qui s’ouvre sur un cadran guilloché et ajouré au centre pourobserver la date et certains rouages de son calibre automatique. Finissonscette sélection par Pequignet, une autremanufacture hexagonale dont laproduction est exemplaire. Cette année, avec l’Equus Régulateur, elle rendhommage à la passion de son fondateur pour les chevaux. Offrant une lec-tureoriginale du temps, puisquechaqueaiguille est placée sur unaxedistinct,cette pièce automatique délivre lesminutes par une aiguille centrale et lesheures dans un compteur décentré. D’un diamètre de 41millimètres, le boî-tier en acier est doté d’élégantes« anses fils » sur lesquelles vient se fixer unbracelet en cuir façon alligator. F. Dc.

PREMIÈREMONTRE

Pequignet,Equis Régulateur.

Daniel Wellington,Classic Durham.

Michel Herbelin, Newport.

Saint Honoré,Carrousel Open Dial.

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design Studio Job

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LESBIJOUX / LES ESSENTIELS /

Faireduneuf avecduvieux…À laRenaissance, les joailliers semettentàdétour-ner des éléments anciens. C’est depuis cette époquequedate la traditiondel’objetmonté, particulièrement en vogue au XIXe siècle. Les joailliers décalentalors les camées, les scarabées et les pièces demonnaies découverts enÉgypteoudans les fouillesdePompéi. Lefindufinestdeconserver leurpatinepour plaire au goût de l’époque : une comtesse précise ainsi qu’elle avait« soigneusement conservé la terre entre les pierres et lamonture ». À la findes années 1880, suite au sac du Palais d’été de Pékin, bouddhas, fleurs delotus sculptés dans la jadéite et autres dragons en corail affluent dans lesateliers. Là, ils sontmétamorphosés en pendants, en colliers, en ceintures…Aujourd’hui, cette techniqueestplusque jamaisdans l’air du temps. Lespiècesdemonnaie antiques et anciennes font fureur chez les créateurs, commeBelmaczouDubini. Bvlgari les choisit patinées, pour accentuer le contrasteavec l’or brillant et les pierres de couleur. De son côté, laMonnaie de Paris a

imaginé un système de clip permettant de fixer les anciens francs ou lesnapoléons. Les joailliers de la place Vendôme, Cartier, Boucheron ouVanCleef&Arpels, s’enthousiasment, eux, pour lespierres anciennes, tels le saphirayant appartenu aux Romanov ou les sublimes émeraudes colombiennesayant décoré les joyaux des empereursmoghols. Certains créateurs ont faitde l’objetmonté leur spécialité. Amulette de fertilité en quartzite rose deSyrie du IIe siècle avant notre ère, sceaud’officier chinois du IIIe siècleouperlede verre iranienne du IVe siècle sont le point de départ de tous les bijoux deMarc Auclert. Quant à l’Italienne Francesca Villa, elle s’empare d’« objetstrouvés»plusquotidiens, commedesdaguerréotypesdudébutdu XIXe siècle,demicroboîtes ottomanes, de jetons de casino des années 1930, etc. Danstous lescas, toutescespiècesuniques, à la fois anciennesetcontemporaines,sontporteusesde l’histoirede leurspropriétaires.Et lesvoilàencoreplusbellesquedans leurpremière vie ! Sandrine Merle

Émeraude anciennecolombienne enbroche, Boucheron.

Monnaie antique surun bracelet, Dubini.

Monnaie antique surun sautoir, Bulgari.

Anciens jetons decasino montés en bracelets,Francesca Villa.

Saphir ayant appartenuaux Romanov surun bracelet, Cartier.

Pendentif en fer deBerlin du XIXe siècle,Marc Auclert.

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Retouraux sourcesDe tout temps, Biarritz s’est illustré parses bonnes fréquentations : le gothaeuropéen s’y retrouvait en villégiaturetout au longde l’année. EdmondGoyardy avait donc installé sesmalles au toutdébut du xxe siècle… jusqu’à ce que lacrise financière de 1929 le contraigneà quitter la côte basque. Aujourd’hui,aprèsNewYorkouMexico, lamaisonouvre une septièmeboutique àBiarritz,sur l’avenue de l’Impératrice. Elle ypropose en exclusivité et en sérielimitée unnouveau cabas de plage :le Belharra. Sophie Rosemont4, avenue de l’Impératrice,64200 Biarritz. www. goyard.com

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/ LES ESSENTIELS / LESNEWS

Après Lalique etFabergé, Ilgiz F.LeMuséeduKremlin expose les bijouxd’Ilgiz F. (pour Fazulzyanov), joaillierrusse autodidacte spécialisé dansl’émail. Dans son ateliermoscovite, ilrestitue une natureondulante, desarabesques, des papillons, des corps defemmesqui évoquent immédiatementl’Art nouveau et les bijoux de Lalique.Ilgiz F. s’y réfère d’ailleurs explicitement.«Lalique était un artiste complet,capable de réaliser lui-même ses bijoux,contrairement auRusse Fabergéqui ne faisait que centraliser des talentsdans son atelier », explique le joaillier.LeMuséeduKremlin vient de luiacheter quelques bijoux pour sacollection permanente. Sandrine Merle« Jewels Inspired by Nature. Ilgiz F. »,Musée du Kremlin, à Moscou, jusqu’au31 juillet 2016. www.kreml.ru/en-us/

Eye contactOuvrant un nouveau chapitre del’histoire qui les unit, Dior et Rihannasignent la collab de l’été : la chanteuse,déjà star ultramoderne de la campagnepour le parfum SecretGarden IV, aimaginé avec lamaisondes lunettes desoleil aux lignes épurées et aux accentsfuturistes, déclinées dans unepaletteaux couleursmétallisées. Baptiséessimplement Rihanna, elles sontsans doute la tocadede votre été !Frédérique Dedet

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Christofle décline l’hexagoneJadis, l’hexagone était le signe dupoinçondeCharles Christoflemaisaussi celui de la fascinante abeille, autre symbole historique de lamaison.Aujourd’hui, la collectionCodeRoyale cultive cemotif avec ces nouvellespropositions en argentmassif. Des bijouxmultigénérationnels par excellence :bracelets, bagues, pendentifs et boucles d’oreilles. Décliné enplusieurs tailles,tout est à la fois classique et rock’n’roll. En deuxmots, absolument irrésistible.9, rue Royale, 75001 Paris. S.R.

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/ LES ESSENTIELS / LESNEWS

SuccèsparticulierExclusivement réservé à tous…Cette troisièmeédition des JournéesParticulières de LVMH fut encore unefois un succès : dans l’Europe entière, les53 lieux d’exception,maisons du groupede luxe où le savoir-faire confine à lavirtuosité (ci-contre, le tonnelierde chezHennessy), ont ouvert leursportes au public les 20, 21 et 22maiderniers. Après que se soit envolée enun temps record la premièremoitié desplaces lors des inscriptions sur Internet(celles deGivenchy, Dior et Vuittonen 2minutes, pour ne citer qu’eux),le public, près de 150000personnes,était au rendez-vous pour ce voyageau cœur de la création. F.D.

Rituel de poignetL’anneau sur l’anneauPossession, bijou emblématique dePiaget,évolue. Après s’être transforméenboucles d’oreilles et enpendentifs, il se décline pour la première fois en joncs. Braceletsépurés, ouverts et flexibles, enor roseoublanc. Chacunedesextrémités de cebracelet est terminée par cet élément ludiquequi invite au geste. Tournez, effleurez… Lemouvement de lamainest naturel, gracieux. Le bijou devient unobjet intimequ’on nequitteplus, un talisman. À porter en soloou à accumuler.www.piaget.fr D

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/ LES ESSENTIELS / LAMODE

Trésor jusque-là jalousementgardé, réservéà la sphèrede lanuit etde l’intime,la lingerie sort de l’ombre. Loin dedonner raison à unemodebien-pensantequi voudrait que les dessous n’appartiennent qu’au domaine du privé, lesgéants du luxe transgressent dorénavant les codes duprêt-à-porter fémininenportant aux nues cedressing denuit aux accents érotiques. C’est dans ungenre « grand détournement » que les nuisettes, brassières, culottes etautres soutiens-gorge occupent désormais le devant de la scène, passantainsi du statut de vêtement de nuit à celui de jour. De la chemise de nuit àdentelles à la culotte taille haute très années 1940, les créateurs neboudentvraiment pas leur plaisir et revisitent les grands classiques de la lingerie dansunepalettedecouleurs archirestreintedivisée entrenoir et blanc. Ainsi, chezDior, on trouve une collection romantique à l’esprit lingerie entre culottestaille haute, brassières festonnées, voiles de coton blanc et jeu de transpa-rence. Le tout inspiré des sous-vêtements victoriens. Chez Givenchy, c’est

la légèreté et la féminité qui priment, puisque Riccardo Tisci a choisi lanuisette commepiècemaîtresse de sa collection. Déclinée en crêpe ou ensatin de soie, imaginée enblanc immaculéounoir profond,munie demicro-bretelles et souvent dotée de dentelles, la nuisette a des allures de robe dusoir. De l’autre côté des Alpes, les violons s’accordent. Tout d’abord chezDolce&Gabbanaoù leduodecréateurspropose sa vision touteméridionaledudessous. Auprogramme : unebrassière à pois façonmicro-topet culottehaute assortie versionminishort – à la fois trèsClaudiaCardinale et très borddemer. Enfin, chez Prada, Miuccia Prada aborde le débat sous un autreangle en distillant çà et là des jupes et des chemisiers transparents qui sug-gèrent des dessous chics en organdi. Preuve que la lingerie traitée avecdélicatesse dépasse les stéréotypes du vulgaire et de l’ostentatoire. Et lesparoles de SergeGainsbourg de résonner :«Les dessous chics, c’est ne riendévoiler du tout…» Par Astrid Faguer

LESDESSOUS CHICS

Dolce & Gabbana

Dior

Prada

Givenchy

GIVEN

CHYPA

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OTISC

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/ LES ESSENTIELS / LEPARFUM

Pourcertains, il s’agit d’unecouleur iconique, un jaune francet chaud, d’uneluminosité incroyable. Pour d’autres, c’est tout simplement l’artisanat etle chic italienmis en cologne, et, pour quelques-uns encore, ce sera la sen-teur qu’affectionnaientAvaGardner etCaryGrant lors de leurs tournagesen Italie :Colonia Acqua di Parmapuise son élégance aristocratique dansles racinesmêmede son créateur, CarloMagnani. En 1916, dans son labo-ratoire situéenpleincœurde la villedeParme, celui-ci réinventa la fraîcheurparunesignature inéditechyprée-aromatique. Par la suite, sonsillagegagnale cœurd’Hollywoodgrâce aux tailleurs qui parfumaient le revers des cos-tumes de quelque star venue tourner dans les parages. Un flacon sobreaux lignes Art déco et un jaune emblématique firent le reste, confirmant

une renommée internationale. Aufil des années, cette élégancepriséeparles happy few et quelques clients des ateliers de couture se déclina endiverses lignes, offrant des variations comme lesColonia Essenza,ColoniaIntensa etColonia Clubou celles de l’Ingredient Collection, inspirées desvoyages.Quant à la fragranced’origine, elle demeure, intacte et s’offreuneédition centenaire limitée à 100exemplaires. Signépar le joaillierDamiani,sondécor s’inspire desornementsduThéâtre royal deParmeet sonécrinévoque les porte-flacons en argent du siècle dernier. Parallèlement à cela,une nouvelle collection,Note di Colonia, célèbre en trois opus les grandsopéras italiens. Autantdecréations inéditespouruncentenaire aussi richeque grandiose. Par Johanne Courbatère de Gaudric

PARME ENCOLOGNE

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/ LES ESSENTIELS / LABEAUTÉ

L’histoirede lapeauau soleil a toujours étémouvementée. Il y a cent ans,lamédecineprônaitdes«curesde lumière»pour soigner la tuberculoseou la neurasthénie tandis que, dans la haute société, afficher uneminehâlée était d’unmauvais goût notoire. Peu après, dans lesAnnées folles,Cecil Beatonet Francis Scott Fitzgerald constataient l’inverse et s’amu-saient àdécrire le hâle intensequi se révélait dudernier chic. Ces contra-dictionsd’hier n’ontplus cours àprésent, car la recherche, toujourspluspointue, découvre chaque jour de nouveauxméfaits au rayonnementsolaire. Ainsi, enmoins de cinq ans, lesmarques ont considérablementrenforcé l’action protectrice de leurs produits : dans leur ligne demire,les infrarouges, par exemple ciblés par Garnier pour sa ligne AmbreSolaireSensitiveExpert+ Infrarouge, etparLancasterqui, pour sagammeSun Beauty, vient d’ajouter un « bouclier » supplémentaire contrela lumière visible avec son complexe Full Light. Quant à Shiseido, sa

technologieWet Force permet de renforcer la protection solaire aucontactde l’eau. Parallèlement à tout cela, cetteprotection tousazimutsprendune autre dimension afind’offrir des produits àmi-chemin entrel’anti-âge et lemake-up. Le but est simple : rendre l’usage des solairesaussi agréable et naturel que le soinquotidien. Pour la ligneDiorBronze,onparledoncd’un résultat« sublimeglow», comme il en serait pourdumaquillage. ChezSisley, onoffreune texturefinedigned’un fondde teintavec le SuperSoinSolaireTeinté, tout commechezLaRochePosay avecAnthelios XL. Du côté d’Esthederm, on suggèremêmed’utiliser BronzRepair comme crème quotidienne anti-rides dès l’arrivée des beauxjours.Mais onpeut également citer les produits corps viadesbrumesetdeshuiles aussi légèresquenourrissanteschezLancôme,AvèneouNuxe.Autant de solaires quimêlent plaisir et performanceet deviennent véri-tablement hybrides. Johanne Courbatère de Gaudric

Lancôme, Soleil Bronzer.

Dior, Dior Bronze.

Shiseido,Expert Solaire Lait

Protecteur.

Sisley, Super Soin Solaire Teinté.

Esthederm, Bronz Repair.

SOUSHAUTE PROTECTION

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TROUSSE IDÉALE :LA GRANDE BLEUE

Par Johanne Courbatère de Gaudric

POURÊTREVERNI(E)Vernis Polka Dots, DiorJusqu’au bout des ongles jouer lessirènes en rivalisant avec les tonalitésaquatiques des océans et autresétendues demer. Cette saison, le bleuhabille aussi lesmains etDior proposede s’en amuser en jouant avec ce duode vernis PolkaDots. Un kit façon«nailart »mais chicissime. Le principe estsimple, on dépose la laque turquoisepuis, avec le petit outil, on appliquela seconde laque à loisir : des pois,commedans le look imaginé parDior.Des soleils ou des étoiles, c’est à voir.Le kit, 31,50 euros. En édition limitée.

POURL’EFFETCHEVEUXMOUILLÉSSurf Infusion, Bumble and BumbleNul besoin de se faire une allure desurfeur pour afficher un look« sortie deplage». Assez irrésistible, c’est le détailqui twiste un sartorial impeccable ou finiune tenueplus casual. Chez Bumble&Bumble, Surf Infusion est une icône tantil a le don le coiffer avec légèreté et delaisser unebrillance intense. Sa formuleest désormais enrichie en huilesprotectrices et en selsmarins pourencore plus de soin du cheveu.45 ml, 15 euros.

POURUNJOLIHÂLETerracotta Pause Été, GuerlainOnneprésente plus cette poudre desoleilmythique. Créée en 1984, elle saitprolonger le bronzageoudonneruneffet« sun kiss » joliment hâlécommeaprès une journée enbateau.Cette saison, la palette Terracotta estparticulièrement bien pensée avec sestrois nuances, dont la pêche-abricotéqui réchauffe les teints pâles ou lesmines trop ternes.Quant aumotifdoré, il se pose sur les zones bombéesdu visage en guise de lumière.68 euros, en édition limitée.

POURAPAISER LAPEAUCrème Réparatrice, SisleyC’est le soin qu’il faudrait toujoursemporter avec soi. Un prodigemulti-usage que les amateurs de produitssimples et efficaces connaissent depuislongtemps. Cette crème«SOS»est réputée pour réparer les peauxagressées, par le soleil par exemple,mais aussi pour nourrir et hydratertous les épidermes grâce à sonbeurrede karité. À appliquer sur le visageet sur toutes les zones du corpsqui ont besoin de réconfort. Uneastuce, en couche épaisse, il sertdemasque hydratant et réparateur.50 ml, 123 euros.POURUNREGARDLAGON

Illusion d’Ombre, ChanelMiser sur la couleur phare de la saisonpour des reflets inédits…Hier, il fallaitsemaquiller selon les nuances de l’iriset ne surtout pas jouer le ton sur tond’un regard fardé d’azur, turquoiseoumarine si on avait les yeux bleus.Aujourd’hui, de tels diktats n’ont pluscours, on joue à l’envi avec les couleurs.La texture crèmedes Illusions d’OmbredeChanel semodule facilement,pour un aplat en transparence surtoute la paupière ou juste au rasdes cils pour accrocher la lumière.No 22 Océan Light, 32 euros.

POURLEZESTECHICNeroli Portofino Acqua, Tom FordLancé en 2007dans la collection PrivateBlend, Neroli Portofino s’est d’embléepositionné commeunbest-seller : uneeaudeparfumau cœur fleuri de nérolirelevé d’agrumes, unemerveille deraffinement pour hommecommepourfemme. Cette année, l’accordopte pourune partition plus fraîche et acidulée,presque glacée,mais tout aussi chic.L’inspiration demeure un ciel azursur unemer turquoise à perte de vue.50 ml, 129 euros. Exclusivité Sephora.

Make-up aux couleursmersdu Sudpour rehausser lebronzage, soins solaires pouruneprotection enhautemer,senteurs de coco et de fleursexotiques : c’est bien l’été !

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CHANEL

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UNE ALLURE D’EXCEPTIONDEPUIS 1820

L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ. À CONSOMMER AVEC MODÉRATION.

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ASSEMBLÉ AVEC PATIENCE.Avec plus de 200 ans d’histoire, la Maison Walker a su développer un savoir-faire

exceptionnel. Jim Beveridge, Maître Assembleur de génie, sélectionne et dose

avec patience les composantes de l’assemblage final.

Johnnie Walker. *Continuer d’avancer.

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L’ENQUÊTE / LESMOTS /

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LA PÉRIODE ACTUELLE EST-ELLE si incertaine et lemonde ô combien chamboulé qu’il faille se rassurer enlorgnant autant dans le rétroviseur? Habituellement plu-tôt fécond en propositions novatrices, le Salon du meublede Milan 2016 a cette année remis en selle quelques esthé-tiques classiques, sinon crânement affiché un retour à uncertain confort bourgeois. À preuve : même les stands ont,d’emblée, cherché à rassurer le visiteur en s’inspirant devaleurs sûres du passé. En témoigne le fabricant italienCassina qui a confié à la designeuse espagnole PatriciaUrquiola la réalisation de son stand influencé par lefameux pavillon conçu par Gerrit Rietveld, en 1955, pourla 3e Exposition internationale de sculpture d’Arnhem(Pays-Bas). Idem pour la firme américaine Knoll qui, elle,s’est vu proposer par l’architecte Rem Koolhaas et sa firmeOMA un stand calqué sur le pavillon de Barcelone de Miesvan der Rohe, datant de 1929.Conséquence de cet « embourgeoisement » carabiné : unmobilier sans surprise, assurément ample et confortable,plutôt sobre et habillé de nuances sourdes. D’où la mon-tée en puissance de personnalités déjà prolifiques dansledit registre, tels l’Italien Piero Lissoni (Lema, Porro,Living Divani, Glass Italia…), lequel justement apporte,pour la première fois, ses dimensions généreuses à l’amé-ricain Knoll, ou le Belge Vincent Van Duysen (Poliform,Flos, Dada…). Ce dernier, pour Molteni, montre au pas-sage qu’il a des références, livrant, en hommage à un triode peintres de la mythique école d’Anvers – Quentin Met-sys, Jan Van Eyck et Pierre Paul Rubens –, le triumviratQuinten (un buffet), Jan (une table basse) et Paul (un trèslarge sofa). On ne compte plus d’ailleurs le nombre decanapés dont la profondeur s’étire allègrement au for-mat XXL : Édouard, d’Antonio Citterio, pour B&B Italia ;Harbour, de Simon Pengelly, chez Modus ; Botero, deDamian Williamson, pour Zanotta ; Absolu, de FrancescoBinfaré, chez Edra ; Gran Torino, de Jean-Marie Massaud,pour Poltrona Frau… Chez Vitra, le sofa SMS ultramini-

LE CONFORTBOURGEOIS REPREND

DU POIL DE LA BÊTEEntre un retour à un certain embourgeoisement et unepoignée depropositions novatrices, le 55eSalondumeuble deMilan, qui s’est déroulé du 12 au 17 avril, a fait le grand écart et jonglé avec les extrêmes pourretrouver un lustre qu’il n’avait pas connudepuis longtemps. État des lieux et des tendances.

Ci-dessus : Verreset carafe de PatriciaUrquiola, pourKartell in Tavola.

Page de gauche :Canapé-lit Gran Torinode Jean-Marie Massaud,pour Poltrona Frau.

DesignMilan

Cette année, lesstands ont cherchéà rassurer le visiteuren s’inspirant devaleurs sûres du passé.

Par Christian Simenc

maliste de Jasper Morrison se pare désormais de textileson ne peut plus chic, couleur marron glacé. Pour LivingDivani, le jeune designer norvégien Mikael Pedersen,33 ans, exhibe Imago, une pièce étrange et hybride auxcourbes sinueuses, à la fois tabouret et table basse. Plusstrict, le Français Christophe Pillet conçoit le meuble derangements Steward (Lema), à l’allure rétro. Son compa-triote Ora-ïto, lui aussi, rentre dans le rang et gaine decuir les lignes pseudo-futuristes de sa chaise Ico (Cassina).Pour le fameux éditeur italien Moleskine, avec une miseen production opérée par sa compatriote Driade, le Fran-çais Philippe Nigro imagine une série d’accessoires debureau, ainsi qu’un… bureau. Chez l’allemand ClassiCon,qui réédite notamment des meubles d’Eileen Gray,Konstantin Grcic dessine le « lit de jour » Ulisse doté d’uneflopée de douillets coussinets de cuir, qui n’est pas sansévoquer justement l’élégance des créations de la desi-gneuse irlandaise. Après avoir enchevêtré les formes detrois grands designers – Saarinen, Eames et Jacobsen –pour sa chaise Masters (Kartell), Philippe Starck, lui, ne setorture pas davantage l’esprit et, chez le même éditeur,réédite l’exercice en mixant, cette fois, des modèles plustriviaux de sièges standard d’école ou d’administration.Résultat : la chaise Generic.

TOUS LES RAYONS DE LA GRANDE HISTOIRE desformes sont revisités. Chez le verrier Lasvit, le trio helvèteAtelier Oï s’est inspiréde l’Art déco tchèquepour le lustre Stairs encristal de Bohême, quiréactualise quelquepeu l’esthétique desannées 1930. De soncôté, le duo d’archi-tectes Stine Gam etEnrico Fratesi, alias

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Le Salon du meuble de Milanconcentre le plus grandnombre de créateurs de laplanète en matière de design.

Gamfratesi, basé à Copenhague depuis 2006, flirte avec ledesign danois des années 1950 pour élaborer la chaiseVoyage (Porro). La maison Hermès, elle, est allée chercherl’Espagnol Rafael Moneo, figure de l’architecture ibérique,pour réaliser la chaise Oria – structure en chêne, assise encannage et dosseret en taurillon – à partir d’un spécimenque celui-ci avait conçu pour sa propre maison, au débutdes années 1960. Commande, cette fois, au designer fran-çais Noé Duchaufour-Lawrance, le sofa Sellier – noyer,cannage et taurillon – est, lui, un clin d’œil appuyé aux…calèches du xixe siècle, avec poches, compartiments etautres boîtes à secret en cuir, évidemment. Autre firmehexagonale, Roche Bobois exhibe, quant à elle, le buffetAstragale de Bina Baitel, dont la façade, moulurée à sou-hait, s’inspire de l’architecture haussmannienne :« Obliques, renversées, les moulures composent une interprétationdécalée de nos classiques », assure la designeuse.

QUI DIT « CLASSICISME » dit « réviser ses classiques ».Ligne Roset, par exemple, souhaitait « réinventer l’ultraconfortdes sièges en mousse des années 1970 », à l’instar de sonmeuble-étalon, le fameux canapé Togo. Philippe Nigro,encore lui, a relevé le défi avec un moelleux sofa baptiséManarola. Tendance Seventies toujours, avec l’ample fau-

teuil Cala (Kettal) du tandem londonien Nipa Doshi etJonathan Levien, un siège qui n’est pas sans évoquer celuide l’actrice néerlandaise Sylvia Kristel dans… Emmanuelle,célèbre film érotique signé Just Jaeckin et sorti en 1974,sauf que la corde vient, ici, remplacer l’osier. Pour Moroso,enfin, le duo suédois Front, lui, remonte amplementl’échelle du temps jusqu’aux Étrusques, avec le canapéTriclinium, un « paysage transformable » qui célèbre les dif-férentes positions pour se relaxer, en particulier celle allon-gée, si familière aux habitants de l’ancienne Étrurie.Histoire de clore le chapitre, on ne peut passer sous silencecette assise trivialement baptisée Fauteuil et imaginée, pourGufram, par le maestro transalpin Alessandro Mendini,84 ans au compteur. Ce siège symbolique, sinon totémique,est un « trône domestique » qui fait se télescoper la légèretédu polyuréthane du remplissage et la vraie-fausse impres-sion de lourdeur due à sa housse imprimée façon marbrede Carrare. Un seul exemplaire avait été conçu, au débutdes années 1980, pour illustrer une couverture de la revued’architecture italienne Casabella : le voilà désormais pro-duit en nombre, néanmoins en édition limitée. Classi-cisme, quand tu nous tiens…

FORT HEUREUSEMENT, le Salon du meuble de Milanqui, en une poignée de jours, concentre le plus grandnombre de créateurs de la planète en matière de design,sait aussi cultiver l’art du contrepoint. Et il y en eut denotoires. À commencer par les arts de la table qui, cetteannée, ont bénéficié d’une très forte visibilité. Ainsi, deuxgrands verriers, le tchèque Lasvit et l’autrichien Swarovski,en ont-ils profité pour lancer leurs collections Home res-pectives. Le premier s’est notamment attaché les servicesdes Brésiliens Fernando et Humberto Campana pour leservice à limonade Candy, truffé de jets de verre barioléqui dégoulinent comme des coulures de peinture. À tra-vers Atelier Swarovski Home, le second a, entre autres, faitplancher le duo israélien Raw Edges – Yael Mer et ShayAlkalay – et l’Espagnol Tomas Alonso pour réveiller, debelle manière, l’habituelle transparence du cristal. Lerésultat est bluffant : avec Printed, Raw Edges use d’unenouvelle impression au laser du cristal pour parer de gra-phismes exquis de splendides centres de table, tandis queTomas Alonso, avec Prism, génère des illusions optiqueset chatoyantes grâce à de simples colles colorées.Autre verrier, le turc Nude, lui, a présenté les verres à piedHeads Up conçus par l’architecte britannique Nigel Coates,dont les paraisons reprennent des silhouettes de visageshumains, et les trois bocaux Chamfer du Canadien PhilippeMalouin, à remplir ou à contempler, telles des sculptures.De son côté, la firme finlandaise Iittala a confié une nou-

Ci-contre : Sets de table etserviettes d’Issey Miyake,pour Iittala.

Ci-dessous : BuffetAstragale de Bina Baitel,pour Roche Bobois.

Page de droite, en haut :Le showroom Cassina à Milan,avec la chaise Ico, d’Ora-ïto.

Page de droite, en bas :Le stand Cassina au Salon dumeuble de Milan 2016 conçupar Patricia Urquiola.

PH.CES

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CHIM

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LEMEUBLE ITALIENRETROUVE LE SOURIRECela faisait longtemps que le Salon dumeuble deMilan n’avaitpas connu telle embellie. Après un effondrement des ventesde 45,5% sur lemarché intérieur, entre 2007 et 2014,Federlegno-Arredo, la fédération italienne du bois et del’ameublement et organisatrice du salon, évoque, à l’envi, dessignes de reprise : « Cette croissance bénéficie, pour lapremière fois en 7 ans, d’un léger frémissement surlemarché intérieur (+ 1%) et d’une consolidation sur lesmarchés internationaux (+ 6,1%). » L’année 2015 s’est ainsiachevée avec un chiffre d’affaires de 25milliards d’euros, enhausse de 3,4% par rapport à 2014. Bref, le Salon redevientattractif. À preuve : pour la seconde année consécutive, lafirme californienne Airbnb est présente àMilan, à travers uneinstallation «Off ». Une présence qui est toutsauf un hasard. Pour Airbnb, l’Italie représente,en effet, le troisièmemarché global, avec quelque 200000adresses et 5millions de voyageurs usantde son portail. ÀMilan justement, la semaine du Salon dumeuble semble d’ailleurs être une véritablemanne. Selon lequotidien Il Corriere della Sera dumardi 12 avril, le nombre delocation du portail a crû de 75% en un an, passant de 8 000 en2015 à 14000 cette année. Mieux : durant le week-end du seulSalon, le taux d’occupation du portail dépasserait celuides hôtels. Bref, rien n’est innocent.Ch.S.

UN CLIN D’ŒILAPPUYÉ ENVERSL’EMPIRE DUMILIEUTendance forte cette année : la place faiteà l’Asie – Japon, Taiwan, Corée,Singapour… –, et à la Chine en particulier.On ne s’en étonnera point. Selon leschiffres de Federlegno-Arredo, lafédération italienne du bois et del’ameublement, organisatrice du Salondumeuble deMilan, les ventes desindustriels transalpins dumeuble onttriplé en deux ans dans l’empire duMilieu.D’où cette lisible inflexion.D’un côté, les entreprises courtisent lescréateurs chinois, tel le tandem en vogueLyndonNeri et Rossana Hu qui, outrel’élaboration du stand du suédoisKvadrat, a, entre autres, conçu le tapisJie (Nanimarquina), la coiffeuse Ren(Poltrona Frau) ou le porte-manteauHanger (Offecct). De l’autre, des designersoccidentaux se laissent aller à quelquespetites « chinoiseries ». Ainsi en est-ilde l’allemand Axor, spécialiste de larobinetterie, chez lequel le tandemGamfratesi dessine le robinet Zen qui« réinterprète la fontaine de bamboud’Extrême-Orient ». Pour Gebrüder ThonetVienna, l’Anglais Nigel Coates imagine lachaise Bistrot et le Singapourien NathanYong le siège-porte-manteau-range-chaussuresMajordomo. Chez Kartell,l’Italien AlessandroMendini, lui, revisitele « pouf » chinois en céramique pour enlivrer une version plastique aux couleursfluo baptisée Roy. Même l’AllemandKonstantin Grcic se plie docilement au jeupour Driade, avec une ligne demobilierbaptisée à dessein…Mingx. La Chine,nouvel eldorado dumobilier ?Ch. S.

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PHILIPPE

LACOMBE

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Pour cette édition 2016, tousles rayons de la grande histoiredes formes ont été revisités.

velle Home Collection au styliste nippon Issey Miyake.Intitulée Pause for Harmony, elle comprend, entre autres,des plats et des tasses, mais aussi des sets de table « plissés »et des serviettes pliées à la manière d’origamis. Au rayon« japonisant », le Français Pierre Charpin, influencé parsa résidence, il y a quelques années, à la villa Kujoyama, àKyoto, réalise, pour Hermès, une collection de boîtes,coupes et centre de table en laque, aux couleurs subtiles– noir de jais, vert de chrome, rouge Andrinople, orangesanguine et un surprenant… mastic. Pour Kartell inTavola, Patricia Urquiola et Piero Lissoni dessinent deuxnouvelles collections : formes géométriques et couleurspastel, pour l’une ; lignes arrondies inspirées de la pro-duction des souffleurs de verre de Murano, pour l’autre.À l’occasion des 400 ans de sa marque éponyme, ungroupe de fabricants de céramique de la ville d’Arita, auJapon, a carrément fait plancher seize designers interna-tionaux sur un projet baptisé « Arita 2016 ». La productionest un vrai délice : le service à thé de l’Allemand StefanDiez à l’anse désaxée, les assiettes subtilement ocrées dela Néerlandaise Kirstie van Noort, l’originale carafe del’Américain Leon Ransmeier, sans oublier une recherchetrès graphique et tout autant raffinée intitulée 27 Plats etsignée par le duo batave Stefan Scholten et Carole Baijings.

UNE AUTRE TENDANCE FORTE de cette édition 2016est cette propension amusante à parodier le monde ani-mal. Et ce, dès le premier âge. Ainsi voit-on se ruer uneflopée de… chevaux à bascule, comme le H-Horse touttransparent de Nendo (Kartell) ou le Furia du duo Frontchez Gebrüder Thonet Vienna. Hermès dévoile Équilibre,un porte-revues en forme de selle de cheval et à multiplespoches, mais qui, en revanche, ne bascule pas d’un poil.Beau tir groupé chez Kristalia avec Michael Geldmacheret sa chaise Penguin, à la « peau » aussi lustrée que celledudit oiseau palmipède, et Neuland et sa table Elephant,dont les pieds singent les pattes dudit pachyderme.Pour le danois Karakter, le tandem suisse Plueersmitt s’ins-pire, lui, du… bec de canard et réalise un élégant cale-portefaçon embauchoir, en frêne ou en chêne. Côté « oiseaux »encore, l’Anglais Umut Yamac déploie la série de lumi-naires Perch Light (Moooi), en laiton et en papier plié. Chezle même éditeur, plus rigolo est le sofa à longues franges

Amami de Lorenza Bozzoli (Moooi), aussi beau qu’unlévrier afghan tout juste sorti de chez le shampouineur.Beaucoup moins seyante, en revanche, est la chaise enplastique rotomoulé Rabbit (Qeeboo) de Stefano Giovan-noni, les grandes oreilles dudit rongeur faisant office dedossier. Chez BD Barcelona, enfin, les frères Campana,encore eux, ont pondu la commode en pin Aquario,incluant une flopée de fragments en verre transparentcoloré. N’y manquent plus que l’eau et… les poissons !

COMME À SON HABITUDE, chaque Salon apporte évi-demment son lot de créations épouvantables, sinon dis-cutables. Cette année, la palme revient à la firme bataveMoooi et à son fauteuil Compression, signé par l’AnglaisPaul Cocksedge, un parallélépipède de mousse « défoncé »par une plaque de marbre de Carrare qui fait office d’as-sise. Ce dernier est talonné de près par la Slovène NikaZupanc qui conçoit pour Qeeboo deux lustres en plastiqued’assez mauvais goût : la lampe Scarlet, doté d’un abat-jouren forme de moule à tarte, et l’effrayant plafonnier Cherry,une paire de cerises géantes couleur or.S’il doit n’en rester que quelques-uns à penser encore àla beauté, sans doute seront-ils… néerlandais, à l’instar deWieki Somers et Dylan van den Berg. Avec Still Waters, leduo propose une série de cinq vases pour l’éditeur bataveThomas Eyck, usant de divers types de verre et de diffé-rentes techniques de travail dudit matériau – soufflé,moulé, sablé… Chacune des formes est une réflexion poé-tique sur un état du cycle de l’eau. Le vase Deep Watercontient même, en ses entrailles, un soupçon de pétrole,mais la tige, gracile, saura l’ignorer pour se développer àl’air libre. Une création qui amène à cogiter sur la relationambiguë de l’homme avec la nature. Comme quoi, lesobjets ne sont pas tous fatalement inanimés…

Ci-dessus : CanapéTriclinium du duosuédois Front, pourMoroso.

Ci-dessus, à gauche :Hermès, porte-revuesÉquilibre.

Ci-dessous : Cruchedu service à limonadeCandy des frèresCampana, pour Lasvit.

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DANIELBUREN

Par Judith Benhamou-HuetPhotographe Thomas Laisné

À PARIS, DANS LE BOIS DE BOULOGNE, le paysage achangé. De loin on aperçoit un faisceau de couleurs vivesqui s’entrecroisent. De près, ces espèces de vitraux géantsdu xxie siècle sont impressionnants. C’est que le toit dela Fondation Louis Vuitton, dessiné par Frank Gehry etqui s’élance jusqu’à 42 mètres de hauteur, est recouvertd’un filtre multicolore dont le dessin a été imaginé parl’artiste conceptuel Daniel Buren. Celui qui est certaine-ment actuellement le plasticien français le plus connu àl’étranger réalise depuis 1966 un travail en partie à basede raies, toujours de la même dimension : 8,7 centimètresde largeur. « C’est un outil visuel, un point de repère physique.Chaque fois que j’ai essayé de le supprimer, il a manqué quelquechose à l’œuvre », explique-t-il.À la Fondation Louis Vuitton, 1 800 panneaux de verresur les 3600 du spectaculaire toit sont recouverts du motifcoloré et ponctuellement rayé qu’il a mis au point en treizecouleurs. Il a fallu vingt-neuf nuits à l’équipe d’alpinistes,ordinairement chargés du nettoyage de la complexe paroivitrée, pour installer l’œuvre d’art joliment baptisée L’Ob-servatoire de la lumière. De près cela consiste en un entre-croisement de lignes et de contrastes polychromes en troisdimensions. L’ensemble est là pour une année, le tempsque les quatre saisons donnent un aspect changeant auxreflets translucides de l’installation monumentale.

CHEVEUX BLANCS COMME NEIGE et sourcils enbataille, Daniel Buren s’exprime de manière extrêmementarticulée. Il a une logique implacable, qu’il suit dans savie et dans son art. Il n’empêche : s’il est un artiste concep-tuel pur et dur, il est friand d’une histoire de l’art qu’onpourrait considérer comme classique. Jusqu’en mai der-nier, à Bozar, à Bruxelles, une exposition baptisée « Unefresque » montrait ses affinités dans l’art du xxe siècle. Ony voyait en bonne place Cézanne et Monet, à côté des acti-vistes de l’art minimal américain. Plus surprenant encore,il évoque aussi la Renaissance italienne, et plus précisé-ment le Florentin Paolo Uccello (1397-1475) : « Un desplus extraordinaires peintres qui soient, précise-t-il. Quand ons’intéresse à l’histoire de ses trois Batailles1, on découvre qu’il atravaillé pour un espace précis. Il s’intéressait au point de vue duspectateur. » D’une certaine manière, dans les structures

du toit de la Fondation, croisées avec les rayures de l’ins-tallation, on retrouve les lances des guerriers d’Uccelloqui, dans La Bataille exposée au musée du Louvre, barrentla grande toile rectangulaire. On retrouve aussi dans lamajorité des œuvres de Buren cette idée d’œuvres conçuesprécisément pour un lieu in situ, tout comme chez lecélèbre maître de la Renaissance.Au pied du bâtiment de Gehry les enfants s’amusent dansle jardin. Une petite fille tenue en main fermement parsa mère arrête cette dernière pour lui faire remarquer lesreflets multicolores sur ses pieds : « Les enfants remarquenttout avant tout le monde », remarque Daniel Buren. L’artistepense que le ciel de Paris, si changeant, joue avec l’œuvre.C’est un observateur des caprices des cieux, tout commel’étaient les impressionnistes. « Le soleil, c’est 50 % de lapièce », dit-il. À 78 ans, mû par une énergie exceptionnelle,Buren regarde sa carrière sans un soupçon de nostalgie.Depuis cinquante et un ans, il a réalisé, dit-il, plus de 2600expositions : « Ça dépasse le rythme de deux expositions parmois. C’est extravagant ! », constate-t-il.

DANS SON PALMARÈS IMPRESSIONNANT, il y a, entreautres, une exposition manifeste en 2002 qui occupait tousles étages du Centre Pompidou avec soixante-dix espacesqui jouaient sur les sensations, la perception et la lumière,et, en 2005, son couronnement new-yorkais, lorsque leGuggenheim lui consacrait l’intégralité de son fameuxbâtiment en colimaçon. D’ailleurs, le flash-back est chezlui un exercice familier : « Depuis 1966, j’ai fait des centainesde conférences. C’est une activité capitale. Chaque fois j’évoquedes travaux différents. Ce regard rétrospectif m’est très utile : ilpermet de développer le fil qui construit l’œuvre générale. » Etd’ajouter en souriant : « Cela permet aussi de voir si j’ai faitune bêtise. »Enfin, si Daniel Buren aime à manier le concept, son tra-vail réussit aussi à donner un véritable plaisir visuel. Il aappris à jouer avec le dialogue des couleurs, avec lalumière, le vent, les reflets des miroirs et même l’eau. C’estcertainement pour cela qu’il pense que sa création estaccessible à tout type de publics. « Les voiles colorées de laFondation Louis Vuitton permettent une perception à plusieursniveaux. Je ne peux pas me mettre à la place des visiteurs, maiselles sont faites de telle manière qu’elles créent une foule de sensa-tions. Il ne faut pas être historien de l’art pour comprendre l’effetd’une projection de couleurs. Est-ce de l’art ? Est-ce de la pein-ture ?… Toutes les questions restent ouvertes. ».

LE MONDE RAYÉ

La star de l’art français raconte sonœuvre,lemarchéde l’art et pourquoi ces rayures depuis 1966.

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On aimerait bien lui faire dire que son installation per-manente dans les jardins du Palais-Royal ou son exercicegéant en soixante-dix espaces au Centre Pompidou sontpour lui des points d’aboutissement, mais l’artiste ne selaisse pas prendre aussi facilement : « Chaque travail estspécifique. Comment comparer le projet permanent du Palais-Royalavec celui que j’ai réalisé en 1980 à la gare de Chicago, parexemple? » Il raconte, l’œil pétillant, cette œuvre singulièredans laquelle le visiteur faisait l’expérience de l’art enfonction du passage des trains : « Une des grandes verrièresde l’Art Institute donnait sur la voie ferrée. J’ai travaillé unique-ment sur les portes des trains qui passaient sous le musée. Dansmon esprit, la paroi vitrée était comme une toile. Nous avionsaffiché les horaires des trains. L’œuvre était intitulée Watch theDoor Please. L’art pris au mot. Ce projet a duré deux ans. Dansun autre genre que le projet du Palais-Royal c’était tout aussipassionnant. » Et de conclure : « J’avais calculé qu’on pouvaitvoir l’œuvre pendant neuf secondes. Combien de temps consacre-t-on ordinairement à regarder un tableau? »Enfin, Daniel Buren fait partie de ces artistes qui n’hésitentpas à dire non. S’il trouve du plaisir à porter un regardrétrospectif sur sa carrière, l’organisation d’une rétrospec-

tive n’a selon lui aucun intérêt, tout simplement parcequ’il travaille en fonction de lieux précis : « C’est impossible.Je l’ai toujours refusé », confirme-t-il.

DE MÊME, IL A COURAMMENT NOURRI les polé-miques à cause de son attitude inflexible vis-à-vis du mar-ché de l’art. À rebours de ces jeunes artistes qui cherchentde nos jours à vendre à tout prix, il lui est souvent arrivé,lorsque certaines de ses pièces passaient aux enchères,qu’il les fasse retirer : « Il s’agissait d’œuvres prévues pour unsite spécifique. Elles sont accompagnées d’instructions précises.Elles doivent être placées, par exemple, au milieu du mur ou auras du sol. En revanche, les œuvres qui ne sont pas in situ peuventêtre revendues. » Pendant longtemps, les rayures de Burenétaient ce qu’on appelle un art « non commercial ». Impos-sible de les vendre, surtout dans le cadre d’expositions engalerie. L’artiste avait trouvé un système pour survivre :« Même s’ils étaient modestes, je demandais toujours à la galerieou au musée qui m’exposait de me verser des honoraires. J’ai sur-vécu grâce à ce système pendant des dizaines d’années. À l’époque,le principe était vraiment dans l’air. À présent, on est dans unétat d’esprit bien différent. On oblige même les artistes qui parti-cipent à des biennales ou à de grandes expositions de trouver lesfinancements pour leur participation. C’est révoltant. »Quel est le prochain rêve de l’artiste aux 2600 expositions?« Simplement essayer de faire avancer ce que j’ai commencé depuiscinquante et un ans, répond-il. Oui ! Que mon travail me fasseencore déboucher sur des choses nouvelles. » Il marque un tempsde réflexion, puis ajoute : « Il y a bien longtemps que je veuxfaire des films. J’y avais renoncé faute de moyens. C’est certaine-ment ce que je voudrais aborder désormais. »L’Observatoire de la lumière, travail in situ, à la FondationLouis Vuitton, 75016 Paris. www.fondationlouisvuitton.fr

1. Les Batailles, trois tableaux parmi les plus célèbres d’Uccello, sontaujourd’hui séparés. On peut les admirer à Paris (musée du Louvre),à Londres (National Gallery) et à la Florence (galerie des Office).

« Mes œuvres sont prévues pour un sitespécifique. Elles sont accompagnéesd’instructions précises. Elles doiventêtre placées, par exemple, au milieudu mur ou au ras du sol. »

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L’Observatoire de la lumière, à la Fondation Louis Vuitton, est le fruit d’un véritable dialogue entre l’œuvre de Daniel Buren et le bâtiment de Frank Gehry.

PHILIPPE

GUIGNARD

/AIRIM

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Propos recueillis par Astrid Faguer

Série Limitée : Vous avez d’abord évolué dans l’univers descollections adultes, de Chanel en passant par Ungaro. Pourquoiavoir finalement choisi la mode pour enfant ?Cordelia de Castellane : Je suis partie de chez Ungaro aprèshuit ans dans la maison, au moment où Emanuel Ungaroa pris sa retraite. Je travaille depuis l’âge de 16 ans, suismaman depuis mes 18 ans, j’ai donc décidé de prendreun peu de temps pour me consacrer à ma famille. Puis,rapidement, j’ai commencé à dessiner et à créer autourde l’enfant. Tout cela s’est fait très naturellement.S. L. : Qu’est-ce qui différencie une collection pensée pour unenfant de celle conçue pour un adulte ? Utilise-t-on les mêmesmatières, les mêmes palettes de couleurs, les mêmes imprimés?Y a-t-il des codes précis à respecter ?C.deC. : Il n’y a absolument rien de différent entre le pro-cessus créatif des collections femmes et enfants, d’autantplus qu’ici on travaille avec les mêmes fournisseurs. Pourmoi, il y a deux critères qui sont très importants lorsqu’onimagine des vêtements pour enfants. Le premier est lecôté pratique : un enfant doit pouvoir vivre dans le vête-

ment, s’y sentir parfaitement à l’aise. Le second est qu’ilfaut absolument que les enfants restent des enfants. Jetrouve que les déguiser en adultes est vulgaire. Une petitefille ne doit pas être une petite dame. Monsieur Dior étaitquelqu’un qui prônait l’élégance, il avait une certainetendresse, une certaine innocence que j’essaie de retrans-crire dans les collections Baby Dior.S.L. : Les collections enfants concordent-elles avec les collectionsadultes ?C.deC. : Chacun d’entre nous dans la maison possède sonunivers, ses collections. Je dis toujours qu’il n’y a qu’unseul chef d’orchestre dont l’ombre plane sur notre travail :Monsieur Dior. On interprète tous ses codes à notremanière : le muguet, la veste Bar, le pied-de-poule, le can-nage, les couleurs, les matières… On possède pour celades kilomètres d’archives. J’essaie de prendre tous cescodes et de les transposer nos nouvelles collections, qu’ils’agisse du cannage raconté à ma façon, de la veste Bar oudes basques revisitées. Mais, encore une fois, je pense quec’est très important que l’enfant ait sa propre identité, sonpropre univers. Que ce soit très Dior, mais que les enfantsrestent des enfants.S.L. : La notion de sur-mesure existe-t-elle chez Baby Dior?C. de C. : Bien sûr. C’est même l’un de nos points forts.Entre le savoir-faire français de nos ateliers, les matièresexceptionnelles, le travail des brodeurs d’art et celui desdessinateurs qui peignent sur les tissus, nous emmenonsles clients dans un rêve. L’exigence est totale tout au longde l’élaboration des pièces.S.L. : Enfin, s’il ne fallait retenir qu’une pièce de la ligne BabyDior, quelle serait-elle ?C.deC. : Certains, en fermant les yeux, diraient que c’estle cantique des cantiques : la fameuse robe de baptêmeou de cérémonie. Mais nous avons aussi maintenant cespetites vestes Bar en jersey milano, qu’on adapte différem-ment saison après saison. Très facile, très souple, cetteveste, qui est l’un de nos best-sellers, peut se porter aussibien en veste qu’en manteau.

Arrivée en juillet 2012 auxmanettes deBabyDior,Cordelia deCastellane,mère dequatre enfants,

distille avec grâce l’esprit de lamaisonDior autourd’un vestiaire pour enfant à la fois doux et élégant.

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L’ENFANCEENÉLÉGANCE

CORDELIADECASTELLANE

PAMEL

AHANSO

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PORTRAIT / LESMOTS /

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Propos recueillis par Johanne Courbatère de Gaudric

Série Limitée : Vous êtes parfumeur depuis bientôt quarante-cinq ans. Vous composez pour de grandes marques commeArmani, Issey Miyake ou Bvlgari, mais pas uniquement.Alberto Morillas : Oui, la société Firmenich m’offre cetteliberté de pouvoir travailler aussi bien pour ces maisonsque pour des marques de niche comme By Killian, LeLabo ou Penhaligon’s. En 2000, j’ai créé Mizensir, mamarque de bougies, et l’année dernière, j’ai lancé ma lignede fragrances. Demeure que la création de chaque parfuma son histoire. Je me souviens, par exemple, avoir pleuréde joie quand j’ai appris que j’avais gagné Calvin Kleinen 1990. C’était inouï, tout comme le succès qu’il a ren-contré. Il faut se remettre dans le contexte : il s’agissaitd’un parfum unisexe, fleuri frais et à peine aromatique,alors qu’à l’époque, aux États-Unis, le marché des mascu-lins, par exemple, s’illustrait par des jus virils et puissantscomme Polo de Ralph Lauren.S. L. : Passer ainsi d’une marque à l’autre, n’est-ce pas une« gymnastique » de création difficile ?A.M. : J’y suis habitué et, en même temps, c’est en effetun défi car on se remet en cause à chaque fois. Il faut biencomprendre que, lorsque l’on crée au sein d’un labora-toire de composition, on est souvent en compétition avecd’autres parfumeurs. Par ailleurs, la plupart du temps oncrée un parfum alors qu’on ne connaît ni son nom, ni leslignes ou la couleur du flacon. À de rares exceptions près,comme pour Bvlgari, on travaille presque « à l’aveugle »quand il s’agit de jus pour de grandes marques.S.L. : Comment cela se passe-t-il concrètement ?

A.M. : Quand j’ai le brief en main, je travaille sur plusieurspistes et je soumets des essais de jus au client. Puis il faitsa sélection, demande des corrections… Quoi qu’il arrive,j’écoute toujours le client et tiens compte de sesremarques. Car même si je ne partage pas son avis, je saisqu’il a raison. Je dois donc interpréter sa vision, ses motsavec les miens, ce qui est complexe car on ne parle pas lemême langage. S’il était face à la formule que j’écris, il nepourrait pas la comprendre. Voilà pourquoi on est tou-jours seul en tant que créateur et cette solitude est parfoistrès angoissante. Mais s’il est une chose que j’ai acquiseavec le temps, c’est l’art de l’écoute.S.L. : Pourquoi avoir lancé votre propre marque?A. M. : Mon métier est plus qu’une vocation, c’est unevéritable passion, je n’arrête jamais de composer. J’ai crééMizensir car j’avais envie de proposer ma propre vision,de travailler tel ingrédient ou tel accord, à ma façon. Lacologne, les bois, l’iris, le oud avec des jus comme WhiteNéroli, Bois de Mysore, Mythique Vétiver, Luxury, Perfect Oud…Et il y a Little Bianca, une cologne fleurie que j’aime par-ticulièrement car elle est dédiée à ma petite fille Bianca.Cette marque est comme le journal intime d’un parfu-meur.S.L. : Quand sait-on qu’un parfum est un succès ?A.M. : Pour un grand lancement d’envergure mondiale,il faut compter en moyenne six mois. Un parfum original,doté d’une forte personnalité fera surtout son chemin viale bouche-à-oreille, le sillage qu’il laissera dans la rue, dansles transports.

ALBERTOMORILLASLE PARFUMDES AUTRESMaître parfumeur pour Firmenich, sociétéde composition deparfums, il a signénombre d’icônes de la parfumerie et lancé sapropremarque,Mizensir. Des« casquettes »multiples qu’il gère au quotidien.

DR

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Photographe Stefano GaluzziRéalisation Jean-Michel Clerc

Appeldu largeContre vents etmaréesavec lemeilleur des parkaset blousons de l’été.

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Ci-contre :Jean de coton bleu

ciel technique, chemiseblanche en coton,maille double effet

«patchwork»multicolore, col rond,

parka à capucheamovible en agneau

nappa contrecollé detissu technique bleu dur,

le toutDior Homme.

Page de gauche :Pantalon en denim,

Paul Smith.Manteau enNylon,

Prada.

Sur toute la série :Bracelet en argent

Miansai.

Page 58: L'ÉPOPÉE DU CHRONOGRAPHE

Lunettes solairesen acétate et verreminéral,Vuarnet.Veste en tissu techniqueimperméable, pullmarinière en laine,le toutBurberry Brit.Anorak en cuprobordeaux et bleumarine,Bottega Veneta.Pantalon enmohair bleumarine,Paul Smith.Sneakers en cuir,Santoni.Montre-bracelet encuirmarronmodèleHimalaya 35mmclassic, Lip.

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Parka à capuche en cuirorange et bleumarine,pull en cachemire vert,le toutRalph LaurenPurple Label.Jean brut, blazer bleumarine à capucheen coton etNylon, le toutPolo Ralph Lauren.

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Ci-contre :Blouson gris en cuir,chemise bleu-verteen soie et lin, tee-shirten coton blancmancheslongues, pantalonbleu en coton et lin,le toutBerluti.

Page de droite :Imperméable courten toile technique kaki,pull en lainemérinosà rayures cardigan«blazer » en lainemérinos écrue coltailleur, le toutDe Fursac.Pantalon chino encoton et lin grège,MaisonKitsune.SneakersHoboSporten cuir retournésouple, effet tressé,Fratelli Rosseti.

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Page 62: L'ÉPOPÉE DU CHRONOGRAPHE

Ci-contre :Blouson en cuirnappa à deux tons,Giorgio Armani.Gilet en lin et jersey vertd’eau,Emporio Armani.Tee-shirt en coton,Petit Bateau.

Page de droite :Pantalon en soieet laine, pull en laine,le toutBrioni.Chemise en cotonbleu,Paul Smith.Parka en cotonetNylon,Boss.

Mannequin :BenAllen@NewMadison,contactNettaStyliste :Jean-Michel ClercGrooming :OlivierdeVriendt@ArtlistAssistante styliste :Margaux SirejacobAssistant photo :Bertrand d’AmiensAssistant digital :Roberto Ranalli@OfficinaOtto

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Par Frank Declerck

DIAMÈTRE GÉNÉREUX, compteurs additionnels sur lecadran, boutons-poussoirs sur le côté du boîtier, les chro-nographes se reconnaissent au premier coup d’œil. Géné-ralement très prisées par celles et ceux souhaitant afficherun tempérament dynamique et sportif, les montres de cetype sont toujours nombreuses au catalogue des manufac-tures. À une époque où le « toujours plus vite » sembleéternellement de rigueur, il est amusant de constater quel’invention de cette complication horlogère ne date pasd’hier puisqu’elle remonte à près de deux siècles.

PARIS, CHAMP-DE-MARS, 1821. Le grand espace vertaccueillant aujourd’hui la tour Eiffel servait à l’époqued’hippodrome. C’est justement à l’occasion d’une coursede chevaux que l’horloger français Nicolas Rieussec décidede tester sa dernière invention : un appareil destiné àdéterminer le temps mis par les cavaliers pour effectuerle parcours. Le dispositif prend la forme d’une boîte enbois équipée d’un mouvement de montre actionnant deuxcadrans en émail blanc, gradués en minutes et ensecondes. Deux aiguilles fixes dont les pointes contiennentde l’encre sont positionnées au-dessus des cadrans. Aumoment où retentit le top départ, Nicolas Rieussecdéclenche sa machine et les disques se mettent à tourner.Quelques minutes plus tard, lorsque le premier chevallancé au galop franchit la ligne d’arrivée, l’horloger appuiedu doigt sur un levier. Ce dernier actionne les aiguillesqui touchent alors les cadrans en déposant de petitesmarques d’encre à la surface. Ce jour-là, les temps decourse de chaque concurrent seront ainsi enregistrés demanière fiable, permettant de déterminer les différencesde temps à l’arrivée. Pour notre homme, l’expérience estun succès et il décide de faire breveter son ingénieux sys-tème. La fonction de l’instrument impose le nom, quiréunit deux mots issus du grec ancien, kronos, « temps »,et graphein, « écrire » : le chronographe était né.Cette découverte, révolutionnaire pour l’époque, ne doitpas pour autant faire oublier qu’un autre instrument méca-nique de 1816 (retrouvé il y a quelques années) est consi-déré par les spécialistes comme la première inventionhorlogère servant à mesurer les temps courts. Il s’agit ducompteur de tierces de Louis Moinet qui affiche le soixan-tième de seconde par aiguille centrale et qui possède un…mécanisme de remise à zéro !

CES MONTRES QUI“ÉCRIVENT LE TEMPS”Dans le petitmondede l’horlogerie, il existe une catégorie demontres à part : les chronographes.Leur capacité àmesurer les temps courts et leurs performances chronométriques les classentévidemment dans la gammedes instruments à caractère sportif.Mais leur attrait va beaucoupplus loin, car ils séduisent aussi les adeptes du«no sport » churchillien par l’imagedynamiquequ’ils donnent de leurs propriétaires. Histoires et légendes.

Présenté en 1827, lecompteur de physiqueet d’astronomie deLouis-Frédéric Perrelet,est considéré commele premier chronographeà rattrapante.

Dès 1827, le concept évolue grâce à un horloger suisse,Louis-Frédéric Perrelet, qui ajoute une subtilité méca-nique : le chronographe à rattrapante. En déclenchant lemécanisme, les deux aiguilles centrales démarrent enmême temps. On peut ensuite stopper l’une des deux afind’établir un premier temps de passage, tandis que l’autrepoursuit sa course. La première rejoint ensuite la coursede la seconde pour prendre de nouvelles mesures. Cettefonction est idéale, par exemple pour chronométrer unecourse de voitures en prenant les temps intermédiairesd’un des bolides à chaque tour.

EN 1916, CHARLES-AUGUSTE HEUER accomplit unvéritable exploit technique en mettant au point le premiermécanisme précis au centième de seconde. Quelquesannées plus tard, en 1933, l’invention du second bouton-poussoir par Breitling permet cette fois à l’utilisateur d’in-terrompre le calcul, puis de le reprendre à la demande.C’est d’ailleurs aujourd’hui la plus courante des configu-rations pour un chronographe. Techniquement abouti,il offre dès lors une multitude de possibilités pourrépondre à divers besoins pratiques par l’intermédiairede différentes échelles inscrites sur le cadran. Pour lesartilleurs de la Première Guerre mondiale réglant le tirde leurs canons en mesurant le nombre de secondes entre D

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12

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L’ENQUÊTE / LESMOTS /

JUIN2016 SÉRIELIMITÉENo155 65

La Monaco Heuerde 1969, dotée duCalibre 11 Chronomaticà microrotor.

La Porsche Indicator etson affichage numérique

à guichets.

La Cartier RotondeChronographe Central et sondisque des minutes au centre.

Le compte à rebours par cubesrotatifs de la Louis Vuitton

Tambour Spin Time Régate.

C’est au poignetde Steve McQueen

dans le film Le Mans(1971) que la Monaco

de Tag Heuer a faitson entrée dans lalégende horlogère.

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la lueur d’une explosion et la perception du bruit, il setransforme en télémètre. Pour les médecins comptant lesbattements de cœur de leurs patients, il prend le nom depulsomètre. Enfin, pour les pilotes soucieux de connaîtreleur vitesse moyenne entre deux bornes kilométriques, ildevient tachymètre. Les nuances apparaissent égalementen termes de fonctionnalités. Outre les chronographes àrattrapante, déjà évoqués, naîtront les aiguilles dites « fou-droyantes ». Effectuant un tour complet en une seconde,elles permettent une précision au quart, au cinquième ouau huitième de seconde.

AUTRE SUBTILITÉ MÉCANIQUE DU CHRONO, pluscourante cette fois, le « retour en vol », également appeléflyback. Avec un chronographe classique, il faut enchaînertrois actions pour calculer une durée : tout d’abord,appuyer sur un bouton-poussoir pour lancer l’aiguille ;ensuite, effectuer une seconde pression pour l’immobili-ser ; enfin, presser l’autre bouton-poussoir pour en assurerla remise à zéro. Avec un dispositif flyback, la remise à zéros’accompagne d’un redémarrage instantané de l’aiguille,sans temps mort. Une fonction qui s’avérera particulière-ment précieuse pour les pilotes d’avion. En effet, poursuivre leurs plans de vol, ils l’utiliseront au moment destops horaires correspondant aux passages à la verticaledes balises aériennes.Comme on peut s’en douter, les plus grandes manufac-tures ont toujours eu à cœur d’obtenir la plus grande pré-

cision possible de leurs chronographes à mouvementsmécaniques. Au-delà de l’ergonomie des boutons-poussoirsqui servent au déclenchement et à l’arrêt des aiguilles dechrono, le secret des maîtres horlogers réside pour beau-coup dans la recherche de l’augmentation de la fréquencedu balancier-spiral, véritable cœur du mouvement méca-nique. Ainsi, le très célèbre calibre El Primero de Zenith,battant au rythme de 36000 alternances/heure (a/h), soit5 Hz, précis au dixième de seconde, a été pendant long-temps la référence en la matière, ses performances étantbien meilleures par rapport à un mouvement affichant28800 a/h (4 Hz) et a fortiori 21600 a/h (3 Hz), ces deuxderniers rythmes constituant la norme sur le marché.La palme d’or de la recherche de précision revient à TAGHeuer et à son Mikrotimer Flying 1000, présenté en 2011.Jugez plutôt : ce modèle annonce une incroyable fré-quence de 3600000 a/h, permettant à sa fonction chro-nographe d’afficher les millièmes de seconde grâce à unoscillateur ultra-haute fréquence (500 Hz) ! C’est en faitle digne héritier du Microtimer de 1966, qui affichait déjàà l’époque une précision au millième de seconde. Cetteréférence dans le chronométrage moderne a permis d’ail-leurs à TAG Heuer de pénétrer dans le monde la formule 1et, qui plus est, dans l’écurie Ferrari.Si la plupart des chronographes affichent un visage trèssimilaire avec un cadran muni de mini-compteurs sur les-quels évoluent de petites aiguilles, certaines maisons ontchoisi une approche différente en proposant d’autres dis-

Le chrono OmegaSpeedmaster a subi de

nombreux tests avant d’êtreapprouvé par la NASA.

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L’ENQUÊTE / LESMOTS /

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positifs. Porsche Design, par exemple, a conçu l’Indicator,premier chronographe au monde à recevoir un affichagenumérique purement mécanique. Une large ouverturerectangulaire située à droite du cadran permet de lire surdeux disques rotatifs les minutes et les heures chronomé-trées. Seul le décompte des secondes reste assuré par uneaiguille centrale.

AVEC SA ROTONDE CHRONOGRAPHE CENTRAL, Cartiera fait un autre choix, mais tout aussi innovant, qui a d’ail-leurs fait l’objet d’un brevet. Comme son nom l’indique,la fonction chronographe tient la vedette en occupanttout le centre du cadran, les deux aiguilles des heures etdes minutes (dont on ne voit que la pointe) tenant presqueun rôle accessoire. Tout se joue au beau milieu de lamontre, avec une fine aiguille bleuie des secondes qui semet en mouvement dès que l’on appuie sur le bouton-poussoir, tandis que le compteur en arc de cercle enre-gistre chacune de ses rotations jusqu’à trente minutes.Ultime raffinement : le compteur central du chronographeest maintenu par un anneau en saphir et semble flotteren apesanteur au-dessus du cadran.Montblanc, de son côté, a exploré une autre piste qui renddirectement hommage à l’ancêtre du chronographe crééen 1821 : sur la première génération des chronographesde la collection « Nicolas Rieussec », ce ne sont pas lesaiguilles de chrono qui tournent au-dessus du cadran, maisles deux disques des secondes et des minutes qui effec-tuent des rotations sous des aiguilles fixes, exactementcomme sur le dispositif originel.

DÉDIÉE À LA PRATIQUE SPORTIVE, la fonction chro-nographe a probablement trouvé sa meilleure expressiondans l’univers de la course automobile avec l’Oyster Perpe-tual Cosmograph Daytona de Rolex. Dévoilée en 1963 cettepièce est l’un des chronographes les plus recherchés descollectionneurs dans sa version acier, qui plus est lorsqu’ils’agit d’une version « Paul Newman » à cadran bicolore.À titre d’exemple, un rarissime modèle de ce type (Day-tona Panda Tropical) a atteint les 336 000 euros lors d’unevente aux enchères chez Artcurial en 2014 ! Égalementrecherchée, la TAG Heuer Monaco, sortie en 1969, est deve-nue une icône deux ans plus tard lors de la sortie du filmLe Mans. Et pour cause, son boîtier carré et son cadran

Le chronographeSpeedmaster d’Omega

a été surnommé« Moonwatch » aprèsla mission Apollo 11

de 1969, où il estdevenu une star en

s’affichant au poignetdu premier homme quia marché sur la Lune.

Montblanc utilise un affichageà disques rotatifs rappelant

l’origine du premier chronographe.

La Yacht-Master II de Rolexse programme par sa lunette

Ring Command.

La Luminor 1950 Regatta dePanerai, un chrono flyback

avec compte à rebours.

La Vacheron Constantin HarmonyChronographe, un instrument

monopoussoir avec échelle pulsométrique.

LA NOBLESSE DE LA ROUE À COLONNESUn chronométrage précis dépend aussi de la qualité de sondéclenchement. Lesmécanismes dotés d’une roue àcolonnes sont considérés par les collectionneurscomme plus prestigieux et présententplusieurs avantages. D’une part, cesystème permet un démarrage sansà-coups de l’aiguille des secondeslorsque le chronographe est lancéet, d’autre part, il apporte une grandeprécision aux procédures d’arrêt etde remise à zéro. Atoutsupplémentaire : la roue à colonnesn’entraîne pas d’interférences avecles fonctions horaires de lamontre.

Détail d'un mouvementchronographe à roueà colonnes dela manufactureAudemars Piguet.

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/ LESMOTS / L’ENQUÊTE

68 SÉRIELIMITÉENo155 JUIN2016

bleu crèvent l’écran au poignet d’un Steve McQueen enpilote de course. Et, au chapitre des modèles de légende,le chronographe Zenith El Primero tout comme la BreitlingChronomat méritent aussi une place de choix au panthéondes chronographes.

SI LA VITESSE CONSTITUE LE CHAMP d’expressionle plus naturel pour un chronographe, d’autres sports fontégalement du temps un enjeu central. Certaines manu-factures ont même adapté leurs mouvements à des pra-tiques comme la voile, offrant ainsi aux passionnés derégates des montres disposant d’un compte à reboursspécifique pour prendre le meilleur départ possible. Dansce registre, Louis Vuitton propose ainsi sa Tambour SpinTime Régate, Panerai sa Luminor 1950 Regatta Chrono Flybacket Rolex, bien entendu, la Yacht-Master II. Il s’agit dans cedernier cas d’un chronographe équipé du premier compteà rebours programmable à mémoire mécanique au monde,ce dispositif breveté permettant une parfaite synchronisa-tion lors des départs de régate. De son côté, Hublot a ima-giné un chronographe destiné aux amateurs de ballonrond. Dédiée au football, sa Big Bang Unico Chrono Bi-Retro-grade affiche la durée des mi-temps de 45 minutes et mêmele temps additionnel !Impossible de conclure cette chronograph story sans évoquerle modèle qui est tout simplement entré dans la légendede l’humanité : l’Omega Speedmaster, conçue en 1957 àl’intention des pilotes automobiles, mais qui, après avoirété sélectionnée par la NASA, est le seul modèle à avoir« marché » sur la Lune, le 21 juillet 1969, au poignet deNeil Armstrong et à celui de Buzz Aldrin, devenant ainsila seule et unique « Moonwatch » de l’Histoire.

CHRONOGRAPHE OU CHRONOMÈTRE?Attention à ne pas confondre chronographe et chronomètre.Ce dernier est un titre certifiant la grande précision chronométriqued’unemontre et délivré par un organisme compétent (laboratoire ouobservatoire) comme le très sérieux Contrôle officiel suisse deschronomètres (COSC). Un chronographe peut donc êtrechronomètre (s’il est certifié) et, a fortiori, un chronomètre n’est doncpas un chronographe sauf s’il permet le calcul des temps courts.

Le calibre mécaniqueEl Primero de Zenith permet

des chronométrages précisau dixième de seconde.

Le CosmographDaytona Panda Tropicalde Rolex, versionvintage, une piècetrès recherchée.

La Hublot Big BangUnico Bi-Retrograde,

une pièce spécialementconçue pour

chronométrer unmatch de football.

Le Cosmograph Daytonade Rolex partage sa légende

avec celle de l’acteurPaul Newman.

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L'ABUSD'ALCOOLESTDANGEREUXPOURLASANTÉ.ÀCONSOMMERAVECMODÉRATION.70 SÉRIELIMITÉENo155 JUIN2016

LA CÉLÈBRE TRILOGIE du cinéaste polonais KrzysztofKieslowski mettait en avant le bleu, le blanc et le rougelors de trois longs-métrages en référence aux couleurs dela France. Dans l’univers viticole, ces trois couleurs existentégalement mais le rose a simplement supplanté le bleu.Ces deux dernières teintes chromatiques, pourtant si éloi-gnées, ont sans doute en commun une farouche volontéd’exprimer un sentiment de liberté. Devant un verre derosé, les gens se sentent plus à l’aise. Ils s’affranchissentdes codes, constate Gérard Blanloeil, le directeur généralde Clarence Dillon Wines, à Bordeaux, « le rose doit être trèspâle, c’est déterminant dans l’acte d’achat ». Les clients n’hé-sitent pas à le boire très frais, à y ajouter même un glaçonsi l’envie est là. On sent chez le consommateur une plusgrande liberté dans son approche. « Il n’intellectualise pasle vin rosé comme il pourrait le faire avec certains vins blancs ou

LES VINS D’ÉTÉ

rouges », note Antoine Pétrus, le directeur de la restaura-tion et éminent sommelier du restaurant Le Clarence, àParis, dans le VIIIe arrondissement.Devant cet engouement, en France et à l’étranger, les pro-priétés viticoles du sud de la France augmentent leur pro-duction. En Provence, le vin rosé représente aujourd’huiplus de 88,5% de la production totale, soit 154 millionsde bouteilles. Olivier Adnot, le directeur général duChâteau La Verrerie, dans le Luberon, propriété dugroupe EPI (Weston, Figaret, champagnes Charles Heid-sieck et Piper-Heidsieck…), reconnaît qu’il s’agit « d’unetendance durable, et non plus éphémère comme certains profes-sionnels pouvaient le croire il y a encore quelques années ». Ilajoute : « Nous avons doublé la production de vins rosés ces cinqdernières années. Cela correspond à une vraie demande de la partdes consommateurs, notamment à Paris. » Et ce phénomène

Dès que les premiers rayons de soleil apparaissent, les terrasses se parent de couleurs vives. Dans les verres,le rosé reste un incontournable. Pour autant, il existe des vins rouges, blancs, voiremêmedes champagnessusceptibles de nous apporter de la légèreté. Et si cet été on cassait les codes ?

Par Sylvain Ouchikh

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touche aujourd’hui toutes les appellations françaises oupresque. La Bourgogne, où le rosé était quasiment absent,fait doucement son apparition. Pourtant, il ne faudrait pass’imaginer que c’est juste un vin « facile ». Il s’imposecertes dès que l’été arrive mais, depuis cinq ou six années,il a acquis un autre statut.

« LE ROSÉ RESTE UN VIN ESTIVAL mais plus seulement.Il est désormais présent tout au long de l’année », clame haut etfort le truculent, Paul Vranken, le président du ChâteauLa Gordonne, en Provence, et du magnifique Domainede Jarras, en Camargue. On ne le consomme plus seule-ment entre juin et août, voire en septembre. La saison s’estallongée ces huit dernières années, « même si la demandereste quand même concentrée entre juin et septembre », nuanceJean-François Ott, du Domaine Ott, en Provence.Des cuvées confidentielles apparaissent aussi sur le mar-ché. Sacha Lichine, propriétaire du Château d’Esclans,en Provence, n’a pas hésité à proposer à ses clients le roséle plus cher du monde, la cuvée Garrus (environ 90 eurosla bouteille de 75 centilitres). Élaboré avec les mêmesprincipes que les grands vins rouges ou blancs, il est issud’une sélection parcellaire de vieilles vignes et il est élevéen barriques, « comme n’importe quel autre vin de garde »,

Ci-contre :Le Domaine Ott étaleses vignes sur les bordsde la Méditerranée.

Ci-dessous :Situé dans le Luberon,le Château La Verrerieproduit des vins dansles trois couleurs.

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explique-t-il. Ce vin très haut de gamme trouve sa placenaturellement sur les marchés à l’exportation, notammenten Russie où il a été servi dernièrement en jéroboam(3 litres) dans les millésimes 2013 et 2014 sur les tablesd’un dîner d’exception au Grand Hôtel Europe (propriétéde la chaîne hôtelière de luxe Belmond) de Saint-Péters-bourg. « Le vin se garde plus longtemps, affirme Paul Vran-ken. Le rosé peut voyager car, depuis dix ans, on a effectué unerévolution qualitative en changeant les méthodes de vinificationet de pressurage. On le trouve à Osaka et aux États-Unis. »Les bistrots et les restaurants étoilés proposent désormaiscontinuellement quelques références à leur carte. Le res-taurant Les 110 de Taillevent, à Paris, dont la particularitéest d’effectuer un travail minutieux sur les accords metset vins, présente, comme son nom le suggère, 110 vinsservis au verre, dont deux rosés. « Certes, l’offre est plus poin-tue en été, mais c’est une nécessité actuellement d’être en mesurede le proposer à notre clientèle, même en novembre », constatePierre Bérot, le directeur. Gérard de la Noue, directeurgénéral de Rothschild France Distribution (RFD), leconfirme : « Je constate que mes équipes vendent du ChâteauMinuty, un rosé produit sur les hauteurs de Saint-Tropez, enautomne et en hiver. » Cette tendance est mondiale. AuxÉtats-Unis, sur les tables de Floride, de Los Angeles ou deNew York, le rosé est dégusté à n’importe quelle période.Il est à présent devenu l’égal du rouge ou du blanc.

REDÉCOUVRIR LES VINS FRUITÉS DE LA LOIRE. Cetengouement pour la fraîcheur du rosé pourrait profiterà d’autres vins comme les blancs fruités et vifs ou les rougescroquants, juteux, avec une trame tannique moins affir-mée. La famille Sérol, vigneronne au cœur la Côte roan-naise, propose un gamay éclatant, très gouleyant. « Les vinsd’été sont des vins qu’on boit avec plaisir. Pas besoin d’être unexpert pour en apprécier les arômes et les saveurs, ce qui n’occulteen rien la qualité du vin », définit parfaitement CorinneSérol, la propriétaire. En Touraine, Henry Marionnet(accompagné aujourd’hui de son fils Jean-Sébastien) abâti sa réputation de longue date en misant sur ce créneau.L’ensemble de sa gamme, notamment le Touraine Vini-fera gamay franc de pied, est une allégresse instantanée.On a envie de le boire de suite. On ne se projette pas dansle futur, mais on apprécie l’instant, tout simplement.Les vins de la vallée de la Loire, à base du cépage blancchenin, demeurent également une alternative intéressante.Dans les appellations de Vouvray ou de Montlouis senichent de jeunes viticulteurs. À côté des domaines appré-ciés des amateurs (Domaine de la Taille aux Loups,Domaine Huet, Domaine François Chidaine…), ces vigne-rons, à la philosophie bien affirmée, effectuent un exerciceremarquable afin d’offrir des vins croquants, aériens etfloraux. Travaillant pour la plupart en agriculture biolo-gique, voire en biodynamie, ils font aujourd’hui le bon-heur des bistrots à vin parisiens très bobos et des établis-sements se revendiquant d’une cuisine proche du terroir.À l’approche de l’été, un beau chenin accompagné uneplanche de fromages de chèvre est une bulle d’air bienoxygénante. Une variété de fromages que préconise éga-

lement Caroline Artaud, directrice technique et adminis-trative de Château Fourcas Hosten, propriété de RenaudMomméja (chairman exécutif d’Hermès), dans l’appella-tion Listrac, à Bordeaux, sur son tout jeune vin blanc.

BORDEAUX SE MET AU BLANC. Suite à d’excellentesvendanges 2015 et à des chiffres encourageants sur lesmarchés à l’exportation (28 millions de bouteilles pourune valeur de 115 millions d’euros), Bordeaux fonde, eneffet, de gros espoirs sur cette couleur. Terre de vin rougepar excellence, la première région viticole de Francesemble redécouvrir ce breuvage un peu oublié. Pourtant,jusque dans les années 1970, la production de vins blancsétait bien supérieure à celle du rouge.« Le blanc sec se boit très facilement en été, sans y prêter attention.D’ailleurs, je ne bois que cela », affirme d’un ton jovial et unpeu provocateur Xavier Planty, directeur et actionnairede Château Guiraud, premier cru classé à Sauternes. Surcette appellation où la réputation s’est bâtie sur les vinsblancs liquoreux (un vin sucré à la garde impression-nante), dont le château le plus emblématique demeureChâteau d’Yquem, Château Guiraud se distingue de sesvoisins en produisant entre 150 000 et 180000 bouteillesde blancs secs chaque année. « C’est une tendance à laquelleje crois beaucoup, explique Xavier Planty d’une voix forteet enjouée. En France et aux États-Unis, Bordeaux a une carteà jouer sur cette catégorie. Nos blancs sont une vraie alternativeau sauvignon de Nouvelle-Zélande ou au chardonnay exotiquedu Nouveau Monde. » La famille Cathiard, propriétaire des

Les maisons de champagne ont bien comprisque ce vin, symbole de la célébration, devaitinvestir absolument la saison estivale.

Si son vin rouge est réputé, le vin blanc de Château SmithHaut Lafitte mérite également une attention particulière.

Champagne IceImpérial rosé, deMoët & Chandon.

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Sources de Caudalie et du fameux Château Smith HautLafitte (grand cru classé), n’a pas hésité à casser les codeset à remettre en cause la tradition, pourtant bien ancréedans le terroir en offrant, le temps de l’été, So Perrier, uncocktail composé d’un vin blanc de Sauternes et d’eaugazeuse Perrier agrémenté de quelques glaçons.Cet été, entre juin et fin août, le Comité interprofession-nel des vins de Bordeaux va mener des opérations deséduction en France et à l’étranger pour mieux faireconnaître le vin blanc des différentes appellations borde-laises. Gérard de la Noue, l’actif directeur général de RFD,abonde dans ce sens : « Notre vin Mouton Cadet blanc seraproposé avec des huîtres Gillardeau, ostréiculteur réputé situé aucœur du bassin de Marennes-Oléron, en terrasse, pour des instantslégers. On ne souhaite plus forcément passer du temps à table. Cemode de consommation plus convivial est de plus en plus prisé,notamment par les trentenaires actifs. Le vin est de ce fait beau-coup moins ritualisé. Le happy hour ou l’after work sont devraies tendances. » Vif et fruité, souvent à base de cépagessauvignon blanc, sémillon et muscadelle, le blanc borde-lais (notamment ceux de l’Entre-Deux-Mers et des Côtesde Bordeaux) présente des arômes de citron et de mield’acacia identiques à ceux que l’on retrouve dans les cham-pagnes blanc de blancs.

OSER LE CHAMPAGNE. Si le champagne est tradition-nellement le vin des fêtes de fin d’année, « on ne doit pasoublier qu’il est avant tout un vin de cérémonie. Il est le symbolemême de la légèreté. Il est le vin qui rend joyeux et qui fait tourner

OSER LE BAG-IN-BOX !LeBag-in-Box, avec sa poche enplastique souple dotée d’un robinetet enferméedans uneboîte en carton,constitue souvent une solution idéaleen balade, en pique-niqueouenbateau. Avec cette solution, pointde bouteille brisée sur le pont en teck !Le vin présente également l’avantagede se conserver environquatresemaines après ouverture. Existantdans différents formats (de 2 à20 litres), il représenterait 36%depart demarché en grande surface etles professionnels du secteur estimentque les ventes à l’horizon 2020atteindront les 50%. Si l’aspectpratique est une chose, encore faut-ilque le contenu soit bon. Jouissant, àraison, d’unemauvaise réputation au

départ, on aurait tort de restersur cette idée, à condition debienchoisir. Afin de répondre à cetteproblématique, l’enseigneBiBoViNo(ci-dessus), 25magasins en France et àl’étranger, s’est entourée d’un hommedu vin réputé, BrunoQuenioux, poureffectuer la sélection sur l’ensembledes appellations françaises. Dansles boutiques, on peut déguster les35 références avant de faire son choix.

Les vignes du Domaine royal de Jarras ontla particularité d’être enracinées dans le sable.

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les têtes », clame avec éloquence Pierre Emmanuel Taittin-ger, le président de Champagne Taittinger. « Leur côtéaérien avec une belle acidité en font des vins parfaits durant cettepériode », confirme Antoine Pétrus. Aux Crayères, à Reims,deux étoiles au Guide Michelin, Philippe Jamesse, le som-melier, aime servir à ses clients un champagne sur la ter-rasse, avec vue plongeante sur le parc verdoyant. La finessedes bulles et les parfums d’agrumes avec de légères notesépicées apportent sans aucun doute un sentiment supplé-mentaire de quiétude. « Je privilégie des rosés bien frais, commel’incontournable Laurent-Perrier, mais j’aime aussi l’élégance etla fraîcheur du Deutz Blanc de Blancs (100% chardonnay) pourson côté affûté. Le champagne Ruinart est également toujours trèsplébiscité. C’est une valeur sûre », assure ce grand spécialiste.Sa cave est sans doute l’une des plus belles de France, avecde belles références parmi les champagnes de vignerons(Rodolphe Péters, Guiborat, Egly-Ouriet…).Les maisons de champagne ont bien compris que ce vin,symbole de la célébration, devait investir absolument lasaison estivale. Nombre d’entre elles proposent des cof-frets étudiés pour maintenir au frais la bouteille lorsd’éventuels pique-niques. Gosset sort ainsi un pochonrouge isotherme très original dans sa forme et son touchéet Mumm, à l’approche de l’été, révèle une nouvelle bou-teille, Grand Cordon, dessinée par le designer britanniqueRoss Lovegrove. Cette maison rémoise espère ainsi avecce « look » plus épuré et contemporain s’imposer davan-tage dans l’univers de la nuit.L’été constitue dorénavant un moment propice à laconsommation de bulles sous ses différentes formes. Surle bord des piscines de Saint-Tropez ou d’Ibiza, le cham-pagne peut être proposé en cocktail – Rich, de VeuveClicquot, est un champagne dédié pour cela – ou glacéagrémenté de glaçons – Moët & Chandon Ice Impérial.La légèreté est devenue un art de vivre. Cette année, leseul code est de ne pas en avoir et de suivre la liste de sesenvies. C’est l’expérience hasardeuse de la liberté.

Suite à d’excellentesvendanges 2015et à des chiffres

encourageants surles marchés àl’exportation,

Bordeaux fondede gros espoirs

sur le blanc.

CHIFFRES CLÉS SUR LE ROSÉLes Français consomment enmoyenne 20 bouteillesde vins rosés par an.La France produit 30%de la productionmondiale de roséAvec lemillésime 2015, la Provence a produit74millionsdebouteilles.La production est à88,5% constituée de vin rosé, soit 154millions debouteilles.En 2015,79%des volumesVins de Provenceont été vendus dans l’Hexagone,dont40%dans la région deproduction.L’exportation représente21%de la production totale des vins de Provence.66% des restaurants français proposent un vin deProvence à leur carte.30millionsdebouteilles de rosés deProvenceont été commercialiséesdirectement au caveau. L’activité d’œnotourisme représente doncunepart nonnégligeable du revenudu vigneron.Avec 11 millionsdebouteilles à destination des États-Unis, le pays de l’OncleSamdemeure lemarché le plus important pour les rosés deProvence.

Château Guiraud, pourtantsitué dans l’appellationSauternes, est l’un desimportants producteurs devin blanc sec du Bordelais.

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LES VINS BLANCSCommanderie de Peyrassol 2015,Côtes-de-Provence, environ 11 eurosLedomaine est surtout réputé pour ses rosés,mais ce vinblanc est parfait quandonest attablé en terrasse avec desamis. Le vin léger que l’on aimeboire en été. Il est agréableimmédiatement avec sa fraîcheur en bouche, son fruit puret sa légère amertumequi donne envie d’en reprendre.

Thibaud Boudignon, Anjou blanc« À Françoise », 2014, environ 30 eurosCe vin a une âme, assurément. Au nez, on ressentde suite une expression singulière. Le fruit s’imposeavec délicatesse. En bouche, la tension s’accompagned’une belle fraîcheur pourmieux nous transporter.C’est une expression exquise du cépage pharede la Loire, le chenin. La finale est complexe et setermine sur une légère salinité. Remarquable.

Clarendelle blanc 2015, Clarence DillonWines, Bordeaux, environ 17 eurosCette bouteille pourrait être considérée commeuncousin éloigné des fameuxChâteauxHaut-Brion etde laMissionHaut-Brion, produits autour de Pessacet Léognan, tout près deBordeaux. Plus accessible queses illustresmembres de la famille, ce vin est à découvrir.Il présente une robe translucide. Le nez est déjà ouvertavec des arômes de fleurs blanches et d’agrumes.Équilibré, il convient parfaitement à un apéritif dînatoire.

Château de Chantegrive, cuvéeCaroline 2015, environ 16 eurosVoilà une bouteille qui ne déçoit jamais. L’assemblageest classique pour un vin blanc bordelais puisqu’il estconstitué de 50%de sémillon et de 50%de sauvignon.Le nez est expressifmais sans exubérance. La bouche estéquilibrée avec des pointes de fruits exotiques (litchi,mangue) sur la finale. À servir frais sur des poissons grillés.

S de Suduiraut 2013,Sauternes, environ 32 eurosVoici un vin produit dans l’appellation bordelaiseSauternes (très connuepour ses vins blancs liquoreux)mais, contrairement à ce que l’on pourrait penser, ils’agit d’un vin blanc sec. Le nez est aromatiquemais sansexubérance.Onest sur des agrumes comme le citron vert.La bouche confirmece côté rafraîchissant. Au citronsemêle alors la pêcheblanche commepourmieuxcomposer unpanier estival enosier. Frais, il peut êtreservi en apéritif. Il accompagnera également le repas.

À BOIRE SOUSLES TONNELLES

Par Sylvain Ouchikh

Une sélection appropriée dequelques flacons (blancs, rosés, rouges et bulles)pour accompagner lesmoments de la vie estivale : pique-niques, cocktails

ou dîners plus aboutis. Sachons varier les plaisirs.

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Secret de Grands Chefs

La plus ancienne Maison de Vins de la Champagne : Aÿ 1584

L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ,À CONSOMMER AVEC MODÉRATION.

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LES VINS ROSÉSChâteau de Saint-Martin,Grande Réserve rosé 2015,Côtes-de-Provence, environ 15 eurosAvec sa robeà la couleur saumonée relativementpâle, ce roséoffre immédiatement aunezdes arômesdefleurs et depêchesblanches. Très agréable àl’apéritif, il a les atouts pour accompagner unplatprincipal, unpoissongrillé avecunepointedecitron,par exemple. Sanote exotiqueenboucheapporteun supplémentde voyage à la saisonestivale.

Château La Gordonne,La Chapelle rosé, Côtes-de-Provence2015, environ 21 eurosLa bouteille arrondie enveloppe confortablementune robe rose pâle. Le nez se révèle sur des fruitsrouges et des fleurs blanches.On sent quele soleil n’est pas loin. En bouche, les agrumes,comme le pamplemousse procurent de la tensionet de la fraîcheur.

Château La Martinette, Côtes-de-Provence 2015, environ 13 eurosAlexei Dmitriev, propriétaire avec trois associés,se donne tous lesmoyens possibles pour réaliserde grands vins sur son exceptionnel terroir. Ce rosébénéficie de l’apport de vieilles vignes, notammentpour les cépages cinsault et grenache. Il se veutcomplexe tout en gardant son côté frais. Onapprécie ses notes de citron et sa finale équilibrée.

Domaine Ott, Côtes-de-Provence roséCœur de Grain Clos Mireille 2015,environ 25 eurosLedomaine, situé enbordure demer, estmagnifique.Les vignes semblent bercées par laMéditerranée.Ce rosé à la couleur pâle est tout en précisionet en équilibre. Le nez est sur l’agrume. En bouche,on aime son touché et sa tension. La finaleest légèrement iodée et apporte de la fraîcheur.

Domaine de la Bergerie, Étoilesd’Aquino 2015, environ 9 eurosUn vin frais, avec unnez sur les agrumes. La bouchevient confirmer cette impression.On est séduit parle pamplemousse, les arômes floraux et la finale surunepointe légère de salinité. Ce vin s’accompagnevolontiers de fromagede chèvre et de saladesagrémentées d’herbes estivales.

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LES VINS ROUGESDomaine Sérol, Les Originelles 2014,Côte roannaise, environ 8 eurosVoilà réellement la preuve que le vin rougepeut êtreconsomméen été. Le gamaydonne ici toute sonexpression.Onest sur le fruit croquant, aucunelourdeur ne vient empâter le palais. Ce vin seboit très facilement, et n’est-ce pas la définitiondes belles cuvées ? À recommander.

Domaine Jean Foillard,Morgon Charmes 2014,Beaujolais, environ 14 eurosLeBeaujolais produit des grands vins et ce domainele prouve. L’ensemble de la gamme, année aprèsannée, a toujours une expression remarquable.On est sur le fruit, gourmand et croquant, touten équilibre et en finesse. Le gamay révèle sonexpressiondélicieuse.Onest très loin de ce quel’on pourrait penser dubeaujolais,mais on esten présence d’un vrai vin ! À boire légèrement frais.

Domaine Philippe Gilbert, 2013,Menetou-Salon, environ 39 eurosle Bag-in-box de 2 litresCette appellation est unpeumoins connueque saproche cousine Sancerre. Avec ce vin rouge, on estsur une expressiondélicate dupinot noir. Au nez,on perçoit immédiatement un fruit pur (framboise)accompagnépar de subtiles notes épicées commele poivre blanc. La bouche est équilibrée et légère.Parfait sur uneplanche de charcuterie.

Muré, « V », Pinot noir 2013,Alsace, environ 30 eurosLa lettre«V» sur l’étiquette est un rappel auterroir dont est issu ce vin, le GrandCruVorbourg.Les vignes sont travaillées en biodynamie afind’en tirer un fruit parfait. Ce vin présente au nezdes arômesdepetites baies rouges. La boucheest souple, légère, avec des épices rafraîchissantes.Le pinot noir exprime tout son charme.

Domaine de la Charmoise,Henry et Jean-Sébastien Marionnet,cuvée Renaissance 2015, Touraine,environ 15 eurosUnedes valeurs sûres si l’on souhaite vraimentse faire plaisir. Les prix de l’ensemble des cuvéessont doux, et pourtant la qualité est toujours aurendez-vous.On apprécie ce flacon. Il est gouleyant,avec du fruit tout en exprimant parfaitementson terroir. Normal, ce vin est produit à partir ducépage gamayprovenant d’une vigne non greffée.Un retour aux sources !

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LES BULLESDomaine de la Taille aux Loups,Triple Zéro, environ 15 eurosSonnom, Triple Zéro, est facilementmémorisable.Ce vin pétillant est tout simplement une référencedans ce qu’on appelle communément les pétillantsnaturels. Il est produit exclusivement à partir devieilles vignes de chenin de plus de 50 ans conduitesavec rigueur. Les bulles filent commedes étoiles.La bouche est tendue, la finale très désaltérante.Il est parfait pour débuter la soirée.

Champagne Ruinart rosé,environ 67 eurosLa formede labouteille estunsignedistinctif decette vénérablemaison.Une foisposé sur la tabled’été, onahâted’ouvrir ceflaconafindedécouvrirrapidementdans le verreune robesaumonée.Il est composémajoritairementdepinotnoir,complétépar le chardonnay. Lenezexhaledesarômesde fruits rouges. Enbouche, lesbulles vivesemportent avecellesdesnotesd’agrumes, defleursblanches, avecunpeud’épices sur la finale. Il est idéalpourdébuter la soirée..

Champagne Laurent-PerrierBrut rosé, environ 55 eurosDans son flacond’inspirationHenri IV, ce champagneest très facilement reconnaissable. Il demeurele flacon idéal pour toutes les occasions, surtouten été. Les petits fruits rouges s’associent avec unefraîcheur prononcée.On apprécie sa vivacité, sonattaque fraîchemais généreuse.Onn’est jamais déçu.

Champagne Gosset PetiteDouceur rosé, environ 50 eurosCe champagne, atypique de cettemaison, estlégèrement sucré.On sent à peine la sucrositétant la trameest tendue avec une aciditéremarquable sur la finale. En finde journéeouendessert, il est parfait pour accompagnerdes fruits acides comme le pamplemousse,un granité à base de citron.On le servira fraisautour de 8 °Cpour encore plus de plaisir.

Champagne Billecart-SalmonBrut rosé, environ 60 eurosUnedes raresmaisons encore familiales enChampagne ayant bâti sa réputation sur la couleurrose.On retrouve dans le flacon les trois cépagesphares de l’appellation, le chardonnay, le pinotnoir et le pinotmeunier. On a une robe rosepâle chatoyante. La bouche est en équilibreafind’exprimer la fraîcheur du chardonnaymaiségalement la structure dupinot noir. Il est parfaità n’importe quelmoment.

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TRAVELLING

Par Anne-Marie Gélinet

1. À Barcelone,le charme du cotonOÙ ?ÀdeuxpasdesboutiquesdePasseigdeGràcia, l’ancien siègedelaGuildedesproducteursdecotonde la ville est devenuunbijoud’hôtelnéoclassiquede83chambres.BIEN VU. Le spectaculaire lobbycouvert demiroirs, l’incroyableescalier demétal en spirale,caractéristique des années 1950ou les plafonds à caissons :ici, lesmoindres détails ont étéréinventés par le talentueuxdesigner Lázaro Rosa-Violán.Lequel a porté un soin toutparticulier au confort deschambres ainsi qu’à la terrasse surle toit avec bar et piscine, où l’onpeut prendre un verre en plein cielavec vue sur la Sagrada Família.À partir de 300 euros la nuit.www.hotelcottonhouse.com/fr

2. Une thébaïdechampêtre en ProvenceOÙ ?Sur les hauteursdu villagedeJoucas, dans la valléeduLuberon.Entièrementbâti enpierre sèche,leMasdesHerbesblanches,récemment repris par le groupeMaranatha, agrandi et redécoré,rouvre lemois prochain.Huitbastides voient ainsi le joursur les terrassesdudomaine.BIEN VU.Deschambres et suitesmoinsnombreusesmais plusvastes : le cabinet d’architectureLaurentMaugoust a su redonnerunnouveau souffleàceRelais&Châteaux réputé, corrigeantle passé avec subtilité et poésiedansunesprit résolumentcontemporain. Et toujours,Gordesà8 km,Roussillonet son sentier desOcres à 7 kilomètres.À partir de 330 euros par personne endemi-pension, petit déjeuner et repasau restaurant bistronomique compris.www.herbesblanches.com

3. Bali spiritOÙ ? ÀSeminyak, sur la côtesud-ouest deBali, le longd’uneplage immaculée, ce toutnouvelAlila Seminyakoffreun refugeexclusif à deuxpasdes cafés etrestaurants chicsKuDeTa,PotatoHeadet LaLucciola.BIEN VU. Conçucommeunjardinprivé flirtant avec l’océanIndien (et ses couchersde soleilenchanteurs), agrémentéde

Unbijoud’hôtel néoclassiqueàBarcelone, unhavregrecépuréenmerÉgée, une thébaïdechampêtre réinventéeaumilieuduLubéron…Noscoupsdecœurdumoisde juin.

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Aman :l’excellence sur l’eau

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Jusqu’ici seulement connudesplongeurs sous-marins, l’archipel desRajaAmpat, très loin à l’est de l’Indonésie, fait figured’ultimeéden.Unbateau, l’Amandira, permetdorénavant àquelquespassagers privilégiésd’endécouvrir les richesses.Notredestination secrètede 2016.

Par Anne-Marie Gélinet

IMAGINEZ UNE SILHOUETTE gracieusecomme sortie d’un vieux livre de voyages duxviie siècle, ancrée dans la baie étincelantede Sorong, minuscule port du bout du mondeposé juste sous la ligne de l’équateur. Quel­ques toits de tôle ondulée entre les cocotiers,un mauvais ponton, une vingtaine de bateauxplus ou moins vaillants destinés aux plongeurssous­marins et… la coque effilée de l’Amandiraqui rappelle l’épopée du commerce desépices : 52 mètres de long, deux mâts de36 mètres, un pont tout en teck qui n’en finitpas, cinq cabines seulement, des vernis impec­cables, des cuivres rutilants et quinze hommesd’équipage, tous alignés à la coupée pour vousaccueillir. De quoi vous laver de toutes les fati­gues du voyage (car il faut au minimum deuxjours et trois avions pour arriver d’Europejusqu’à Sorong!).Mais où sommes­nous ? Si les 1 600 îles desRaja Ampat sont bien indonésiennes, ellesfont géographiquement partie de la Papoua­sie occidentale, anciennement nommée IrianJaya. Cette position ambiguë entre deux

entre 7 à 8 nœuds, sur une mer d’huile. Il n’ya pas de temps à perdre pour explorer cedédale mystérieux couvrant 40000 kilomètrescarrés, dont nous ne verrons qu’une infimepartie. Pour l’atteindre, il faut traverser ledétroit de Dampier, du nom du premier navi­gateur européen à l’avoir franchi en 1700,tout à la fois officier de Sa Gracieuse Majesté,écrivain, boucanier et observateur scientifiquepassionné. À peine le port disparu derrièrenous, le souffle de plusieurs baleines à bossenous attire à bâbord. Elles se prélassent dansles courants bien connus de ce détroit pro­fond de 2 000 mètres. Placées entre l’océanIndien, à l’ouest, et l’océan Pacifique à l’est,les Raja Ampat se situent au carrefour degrands courants et constituent de ce fait uncorridor de vie sous­marine important. Cesforts courants convergent pour diriger leseaux chargées de plancton vers les îles, maisils transportent aussi les larves marines versles océans, afin de regarnir d’autres écosys­tèmes. Du coup, les Raja Ampat semblent êtreun point central de rassemblement et de dis­tribution de la vie marine.

PREMIER MATIN, première exploration endinghy de Waigeo, au cœur d’une mangrovetrès abritée, aux eaux incroyablement trans­lucides. « D’ordinaire, les mangroves se trouventdans des estuaires assez troubles ; ici, les fondssont en sable et la visibilité excellente », nousexplique Benoît, directeur français du bateauet moniteur de plongée chevronné. Un petitpanneau indique en bahasa qu’il faut arrêter

L’Amandira permetd’explorer le paradis

des Raja Ampatcomme un

dans un rêve.

mondes, deux continents et deux océans(Indien et Pacifique) fait toute la richesse decet archipel, que d’aucuns désignent commel’épicentre mondial de la biodiversité marine.C’est l’icthyologue Gerald R. Allen, qui a enquelque sorte « découvert » les Raja Ampatdans les années 2000, région qu’il a avouéavoir parcourue en tous sens avec le mêmesens aigu de la découverte qui pouvait animerles naturalistes français qui s’y sont risqués autout début du xixe siècle (L’Uranie en 1818­1819, La Coquille en 1823, L’Astrolabe en 1826).Songez qu’en tout 1320 espèces de poissonsont été recensées aux Raja Ampat – il s’endécouvre encore de nouvelles à chaquevoyage –, et 550 sortes de coraux durs (plusde 75% du total mondial) y ont été réperto­riées. Nulle part ailleurs les plongeurs nepeuvent être les témoins d’autant d’excès,d’une telle abondance, d’un tel foisonnement.Certains considèrent même les Raja Ampatcomme la dernière frontière aquatique.Nous levons l’ancre aussitôt à bord pour navi­guer à une allure de croisière confortable,A

MAN

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de bombarder le corail… Des excès ont eneffet été commis dans la région, dont ondécèle encore parfois les dégâts, mais lespopulations sont désormais sensibilisées auproblème et bénéficient de la manne d’untourisme naissant. Sept réserves marines pro­tégées ont été mises en place en 2007, cou­vrant plus de 9000 kilomètres carrés. Les filetsde pêche ont été interdits. Et tout le secteura été déclaré sanctuaire pour le requinen 2010. Plus question désormais de les mas­sacrer pour exporter leurs ailerons. La pro­menade dans le soleil doré de ce matin sousles tropiques est un enchantement. Tortues,carangues, fusiliers de toutes les couleurs parmilliers, mais aussi, plus haut dans un ciel pur,frégates, hérons, perroquets et papillons. Unephrase de Joseph Conrad, dans Lord Jim, vienttout de suite à l’esprit : « Et le visage de la terreétait propre et souriant, frais et innocent… »

EN DEHORS DE QUELQUES ÎLOTS coral­liens, la plupart des îles de l’archipel sontfaites de calcaire et possèdent des pentes sou­vent raides, érodées depuis des millions d’an­nées par les vagues et le vent. Leurs rivagessont dentelés de baies, de grottes, d’îlots ; lesplages frangées de turquoise sont bordéesd’une forêt dense presque toujours dépourvuede voies de communication. Il n’existe aucunerivière navigable aux Raja Ampat, et les quel­ques îles habitées sont peu peuplées. Leurshabitants, chrétiens, avaient peu de contactavec le monde extérieur jusque dans lesannées 1950, et ils continuent de voyager sur­tout en pirogues à balancier (praho), la plu­part du temps sans moteur.Les plongées (bouteille ou snorkeling, toutaussi enthousiasmantes) tiennent toutes leurspromesses : Wofoh, Manta Sandy, Cape Kri…Partout, des jardins de coraux étourdissantsde couleurs et de vie, et des centaines de varié­tés de poissons de récif différentes, nageantensemble comme dans un aquarium géant.Même le ponton du si paisible village d’Ar­borek est un incroyable spot d’observation. Ily a toujours ici quelque part l’étonnantrequin­tapis barbu (ou wobbegong) en embus­cade dans un coin, des hippocampes pygméesplanqués dans une gorgone déployée, un bancde perroquets à bosse en goguette, un nudi­branche fluo entre deux eaux, une tortue quiflâne… Et encore et partout, une profusionpermanente, hallucinante, unique au mondede poissons de toutes les formes. En mer, lejour, ce sont les dauphins, toujours en groupemais un peu timides sous ces latitudes, quiaccompagnent notre bateau, parfois un mar­lin qui saute au loin, et aussi, les poissonsvolants, minuscules flèches d’argent, filant auras des flots, qui terminent invariablementleur échappée par un plongeon éclabousséde soleil. La nuit, si l’on se penche, on aper­çoit le plancton fluorescent le long du bord.Et si on lève le nez, des étoiles par milliers. Lasolitude en ces confins perdus ? Une illusion.

Le maître de la photo sous­marine David Dou­bilet ne s’y est pas trompé, qui a décrit l’éton­nante combinaison de facteurs ayant créé cetendroit extraordinaire : « L’isolement et l’in-croyable diversité de l’habitat baigné par des eauxspécialement riches ont ici engendré un mondemarin qui explose en une tempête de biodiversité*. »Car toutes les îles des Raja Ampat abondenten lagons, tunnels, passages et autres petitesrivières qui serpentent à travers la jungle tro­picale. La variété des sites de plongée y eststupéfiante : on trouve ici des épaves de laSeconde Guerre mondiale et des récifs impec­cables ; des écosystèmes de mangroves viergeset des baies protégées parfois remplies deméduses ; des jardins de coraux ravissants etdes murs verticaux parfaitement lisses. LesRaja Ampat sont tout cela à la fois.

LE BERCEMENT DE LA HOULE, la tempé­rature douce dans la brise du soir, les cocktailsde fruits préparés par Doni au retour des plon­gées, la table dressée sur le pont, sous le cielétoilé, la nappe fraîchement repassée… La vieà bord de l’Amandira est d’un tel luxe, si loinde tout, qu’elle est assurément irréelle. Sansoublier les surprises concoctées par l’équi­page, les pique­niques sur une plage immacu­lée, une échappée belle en kayak, un barbecueromantique soigneusement préparé… Car lesexcursions à terre ne sont pas moins attirantes.

Ainsi la visite de Painemu, dans le lagon deBintang, en forme d’étoile : une colline unpeu escarpée que l’on atteint après avoir graviun escalier d’une centaine de mètres. Larécompense au sommet consiste en une vueà couper le souffle sur une dizaine d’îlotsvierges en pain de sucre trempés dans une eauturquoise. Nous y croiserons deux touristes.Et quelques Papous vendant judicieusementdes noix de cocos fraîches sous les frondai­sons. Il existe enfin d’autres hôtes très recher­chés dans les environs, dont l’observationsemble plutôt réservée aux ornithologuesconfirmés, car ces îles inviolées, qui abritentles plus beaux poissons au monde, cachentaussi les plus beaux oiseaux du monde : lesmerveilleux oiseaux de paradis, dont au moinsdeux espèces – l’oiseau de paradis rouge etcelui de Wilson – n’existent qu’aux RajaAmpat. Alfred Russel Wallace et CharlesDarwin avaient tous les deux en leur tempsemployé la même expression pour les décrire :« Les plus belles et les plus incroyables créaturesvivantes. » Magellan, en 1522, en rapportaitdéjà des spécimens dans ses cales, destinés auroi d’Espagne. On les appelait alors les« oiseaux de Dieu », car s’ils étaient s’ilsétaient si beaux, c’est forcément qu’ilsvenaient du paradis terrestre…

* In The Raja Ampat, Through the Lens of 15 Photographers,The Raja Ampa Conservation Center, 2009.

On retrouve à bordde l’Amandira toutle confort que l’onpeut attendre d’unhôtel Aman.

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L’Amandira rappelle l’épopée du commerce des épices : 52 mètresde long, deux mâts de 36 mètres, un pont tout en teck, cinq cabinesseulement, des cuivres rutilants et quinze hommes d’équipage.

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COMMENTS’Y RENDRE

Il faut d’abord rallier Bali (Indonésie) parla compagnie de votre choix et, si possible,s’y reposer une nuit. Ensuite, réserverun vol sur la compagnie nationale indonésienneGaruda (www.garuda-indonesia.com) pourSorong (il existe aussi des low cost, Lion Air,Merpati ou Expressway),mais qui ne sont pasdirects. Stop àManado ou Timika obligatoire.Compter la journée pour faire le voyage.L’Amandira (www.aman.com/resorts/amanwana/cruises) est un phinisi (bateautraditionnel indonésien) de 52mètresentièrement fabriqué à lamain, sorti enmai 2015 des chantiers navals de Kalimantan(Bornéo), après cinq ans de construction. Sacoque imputrescible est en bois de fer, le ponten teck et la déco, très sobre, est signée parune architecte d’intérieur basée à Singapour.À l’intérieur, cinq cabines et tout le confort quel’on peut attendre d’un hôtel Aman. La cabinedu commandant est une suite offrant une vuepanoramique à 270° ainsi qu’un salon extérieurprivé qui occupe l’arrière du bateau. À bâbordet à tribord au pont inférieur se trouvent deuxautres vastes cabines, avec lit king size, double

vasque, douche séparée, et banquettes salon.Les deux dernières cabines sont composéesde lits doubles superposés, pratique pour lesenfants. Le pont principal dispose de largesbanquettes avec coussins pour profiter descharmes de la croisière, lire, prendre un verre,ou dîner, au gré du désir des passagers (ilexiste une salle àmanger intérieure climatisée).À bord : unmoniteur de plongée et un divemaster. Les plongées sont offertes pour lesplongeurs certifiés, payantes pour les autres.Tout lematériel est embarqué. La taxed’entrée dans le parcmaritime des Raja Ampat(700000 roupies, environ 50 euros) est

comprise dans le prix de la croisière. Le bateauest systématiquement charterisé (pas delocation à la cabine). Idéal pour trois couples,ou une famille de dix personnes. Compter pourles croisières de 5 nuits 42 140 euros si uneseule cabine est occupée, 43 523 euros pour2 cabines, 44905 euros pour 3 cabines. Pourles croisières de 7 nuits, compter 58990 eurossi une seule cabine est occupée, 60925 eurospour 2 cabines, 62866 euros pour 3 cabines.Le bateau se trouve aux Raja Ampat denovembre àmars (pendant lamoussondeNord-Est), puis à Komodo demarsà septembre (mousson de Sud-Ouest).

L’Amanusa (www.aman.com).Ces 35 villas aussi spacieusesque luxueuses, enfouiesdans lesbougainvillées, dominent les fairwaysduBaliNationalGolf. Des voiturettes conduisent les hôtesàuneplagede sableblondàdixminutes encontrebas. Idéal pourun stop rapide (l’hôtel est prochede l’aéroport)ouun séjour golfique.Àpartir de645eurosparpersonne laGardenSuite.L’Amankila (www.aman.com). Les trois spectaculairespiscines àdébordementdemosaïquesbleuesfaisant face audétroit deLombok fontpartie desphotosdugroupeAman leplus souvent reproduites.Situé sur la côteest deBali, à uneheureetdemiede l’aéroport, ce resort très raffinéoccupe le sommetd’unecollinepaysagéedominant lamer.Onpeut emprunter unescalier ombragépourdescendreà la plage. Lematin, cette végétationexubéranteest bruissanted’oiseaux. L’expérienceau spaméritele détour. Parfait si l’on veutprolongerunpeu le séjour. Àpartir de645eurosGardenSuite.

ETPOURPROLONGER LEPLAISIR, DEUXHÔTELSÀBALI

Carnet pratique

AMAN

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IANWALTON/GET

TYIM

AGES

/COURT

ESYRICHARD

MILLE

/ LESMOTS / POINTFINAL

90 SÉRIELIMITÉENo155 JUIN2016

À TOUT JUSTE 30 ANS, le tennisman espagnol a rem-porté quatorze tournois du Grand Chelem, deux Wimble-don et pas moins de neuf victoires à Roland-Garrosentre 2005 et 2014. Également champion olympique, il aquatre Coupe Davis en poche. Le tout avec l’humilité bra-vache qui le caractérise. Surnommé « le guerrier descourts » par la presse, « Rafa » par sa famille et ses fans quilui arrachent des autographes à la sortie de chaque match,Nadal a réinventé une manière de s’approprier le court :avec une énergie animale, des coups droits de haute vol-tige et un sens de l’équilibre à la fois nerveux et impertur-bable. Doté d’une persévérance qui en étonnait plus d’undès son enfance, il est néanmoins conscient de ses lacuneset n’hésite pas à demander conseil à son entourage : « Danscertains domaines, je sais écouter les conseils de ceux qui ont plusde connaissances que moi. »

SES PROCHES VANTENT SA LOYAUTÉ, son respectd’autrui et de ce qui l’entoure, à commencer par sesraquettes qu’il soigne comme ses enfants Il y a aussi sonélégance innée. Il aime les couleurs vives, le blanc, lescoupes affûtées. À son poignet, on peut admirer la montreimaginée pour lui par l’horloger Richard Mille, devenuun ami au fil des années. Animée par le nouveaucalibre RMAL1, la RM 35-02 Rafael Nadal dispose d’unsystème de remontage automatique et offre un contrastesaisissant entre la résine rouge et le blanc naturel duquartz. « Richard m’avait défié de me faire une montre que jepourrais porter en jouant, se souvient le tennisman. Jamais jen’aurais pensé que c’était possible, mais après l’avoir essayé enpleine action, je l’ai trouvé incroyablement confortable, à la foisesthétique, légère et solide. Résultat, je ne peux plus jouer sans ! »Guère étonnant quand on sait que la RM 35-02 peut résis-ter à des chocs de cinq kilos! Détrompons-nous cependant

sur les penchants dandy du sportif, il s’agit plus d’un porte-bonheur qu’une coquetterie. Pas le genre de Nadal, quise défend de tout excès matérialiste : « Je ne suis pas unultraconsommateur, mais j’ai la chance de pouvoir m’offrir cedont j’ai besoin. »

UNE PHILOSOPHIE EN ACCORD avec l’éducation dujeune homme, qui a grandi à Manacor, dans les Baléares.Élevé dans le respect de l’effort, il se passionne très vitepour le football (son oncle, Miguel Ángel, est défenseurau FC Barcelone) puis pour le basket et, dès l’âge de 4 ans,le tennis. À 8 ans, il remporte un tournoi aux Baléares, lepremier d’une longue liste des trophées. Lorsqu’on luioffre une belle cylindrée à l’issue d’une victoire, sa famillel’oblige à la laisser dormir au garage. Le tape-à-l’œil, trèspeu pour eux. C’est sa détermination hors du communqui lui permet de se classer demi-finaliste en junior à Wim-bledon alors qu’il n’a que 16 ans.Son grand-père dirigeait une chorale, et quand il n’a pasla raquette à la main, il écoute de la musique – « J’aime lesmélodies latines et espagnoles », confie-t-il. Il navigue aussi dèsqu’il en a l’occasion : « J’adore les bateaux. Je suis né sur uneîle », ajoute-t-il. Ou, tout simplement, retourne sur sesterres. À Majorque, il se repose dans sa chambre en regar-dant des séries, pratique le golf, mange du poisson fraisetdes fruits de mer, parle avec ses amis étrangers via sonapplication préférée, WhatsApp, et, surtout, descend dansson jardin avec vue sur la mer des Baléares : « Je passe mesjournées à regarder la mer. C’est le paysage qui m’apaise le plusau monde. Je serais sans doute incapable de vivre ailleurs qu’àMajorque, même si j’adore voyager et que je suis fasciné par desvilles comme New York, Madrid ou Paris. » Une capitale fran-çaise qui l’a vu grandir en tant que tennisman, qui l’aconsacré et porté aux nues.

Malgré son forfait à Roland-Garros, il a faitdu tennis un sport de combatmais aussi unedémonstration d’élégance. DeMajorqueà Paris, retour sur le parcours d’un enfantde la balle devenuun tennisman légendaire.

RAFAEL NADAL

LE PRINCEDES COURTS

Par Sophie Rosemont

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