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1 Les débarquements durant la Seconde Guerre mondiale (1re partie) Référence : DAT 46 L29 A Dieppe, durant l’été 1940, la mise en place d’une batterie de l’artillerie de marine allemande. Un sous-officier de la Kriegsmarine dans un poste de direction de tir. Date : été 1940 Photographe inconnu

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Page 1: Les débarquements durant la Seconde Guerre mondiale 1re partiearchives.ecpad.fr/wp-content/uploads/2012/02/Les-débarquements-… · Le 19 août 1942, les troupes canadiennes et

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Les débarquements durant la Seconde Guerre

mondiale

(1re partie)

Référence : DAT 46 L29

A Dieppe, durant l’été 1940, la mise en place d’une batterie de l’artillerie de marine allemande. Un sous-officier de la Kriegsmarine dans un poste de

direction de tir. Date : été 1940

Photographe inconnu

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Nicolas FERARD Documentaliste

ECPAD Février 2012

Sommaire Introduction

A. 1re partie : I. Un premier succès et de nombreux revers II. La maîtrise des mers et des airs III. L’opération « Menace » contre Dakar les 23 et 25 septembre 1940 IV. Les préparatifs allemands de la mission « Seelöwe » V. Le Génie militaire pour débarquer ou défendre VI. L’opération « Jubilee » sur Dieppe, le 19 août 1942 VII. Vers la décision de débarquer en Afrique du Nord VIII. Le débarquement en Afrique du Nord

B. 2e partie1 :

I. Les débarquements en Italie II. Le débarquement du 6 juin 1944 et les légendes du jour « J » (Filmer

et photographier le débarquement en Normandie) III. Le débarquement sud, le 15 août 1944

Conclusion Bibliographie

1 En ligne en octobre 2012.

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Introduction Lors de la Seconde Guerre mondiale, les débarquements sont la clef des succès stratégiques des armées de l’Axe et surtout de ceux des armées alliées. Dans la mémoire collective, le débarquement du 6 juin 1944 en Normandie reste le plus important de la Seconde Guerre mondiale. Même si le jour « J », aussi appelé outre- Atlantique « D » Day, demeure le point d’orgue des débarquements, il est surtout le résultat des leçons tirées des débarquements précédents, des premiers succès comme des nombreux échecs. En avril 1940, le succès du débarquement du corps expéditionnaire français en Norvège2 comme le réembarquement des troupes franco-britanniques lors de l’opération « Dynamo » en juin 1940, forgent les premières pierres d’une conquête de l’Europe. L’échec de l’opération « Menace », les 23 et 25 septembre 1940, visant la prise de Dakar et celui de l’opération « Jubilee » le 19 août 1942 visant à débarquer des troupes canadiennes à Dieppe, permettent aux stratèges alliés d’élaborer les plans de l’opération « Overlord » en Normandie. Malgré le succès allié en Norvège prouvant la faiblesse de la Kriegsmarine et les hésitations allemandes pour donner un coup décisif à Dunkerque, l’armée allemande a le projet de débarquer et d’envahir l’Angleterre par la voie des mers. L’opération « Seelöwe » (lion de mer), restée à l’état de projet, prévoit de faire débarquer les troupes allemandes conjointement au succès de la bataille aérienne sur l’Angleterre. Toutefois, sans jamais avouer devoir renoncer au projet, Hitler, s’apercevant de l’impossibilité de débarquer, s’oriente plutôt sur une politique défensive en France et dans l’Europe occupée, avec l’élaboration du mur de l’Atlantique (Atlantikwall) et plus tard celui de la Méditerranée (Südwall). Le premier débarquement allié, qui se heurte à la « forteresse Europe » comme aimait à l’appeler la propagande allemande, se déroule à Dieppe. Le 19 août 1942, les troupes canadiennes et britanniques font face à un déluge de feu. Les reporters allemands illustrent cet échec et renforcent

2 Consulter à ce sujet, les dossiers internet du mois d’avril 2010 présentant le point de vue allié et allemand.

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par la même occasion le mythe de l’invulnérabilité du mur de l’Atlantique pourtant faiblement développé à l’époque. Les leçons de cet échec donnent lieu à des décisions clefs en 1944 en Normandie et à une liaison accrue avec la Résistance française notamment pour ses renseignements qu’elle fournit (défense des plages, plage de sable ou galet, marées). La suprématie aérienne et la maîtrise des océans et des mers, incontournables pour le succès de la bataille3, sont la clef de la réussite d’un débarquement. Les succès alliés sur le continent africain face à troupes de l’Axe donneront lieu à de multiples débarquements fin 1942 avec l’opération « Torch » au Maroc et en Algérie, puis en 1943 en Sicile, en Corse, sur l’île d’Elbe puis en Italie, chaque débarquement permettant une meilleure maitrise des airs et des terres. Le dernier débarquement en Europe est de loin le plus connu : en Normandie en juin 1944. Pourtant, ce n’est pas uniquement les leçons du passé qui font du débarquement de Normandie un succès. L’importance du 6 juin 1944 dans la mémoire collective est due aux documents réalisés par les correspondants de guerre alliés qui comme la mission du reporter le prévoie, minimisent les échecs des opérations et exagère les succès des armées alliées. Il est étonnant de voir que les reporters des compagnies de propagande allemande réalisent tout autant de reportages photographiques et de nombreux sujets pour les actualités filmées hebdomadaires (die deutsche Wochenschauen). La couverture médiatique de cet événement prouve que l’issue de la bataille n’était pas écrite dès le 6 juin, qu’il fallait convaincre par l’image ou immortaliser ces événements tant attendus. Le 15 août 1944, l’opération « Anvil-Dragoon » permet aux forces alliées de débarquer dans le sud de la France. Le mur du sud ne permit pas de rejeter le débarquement allié. Pour libérer la France, les Alliés doivent réduire des poches de résistance allemande qui se battront pourtant jusqu’au 8 mai 1945. L’exemple de la libération d’Oléron, véritable baroud d’honneur des Français, reste largement illustré dans les reportages et les actualités filmées françaises de la Seconde Guerre mondiale. Enfin, les débarquements dans l’océan Pacifique doivent être mentionnés dans ce dossier. Ces opérations, qui ne font pas appel à des troupes françaises et sont de ce fait assez peu représentées dans les fonds de l’ECPAD. A ce titre, nous n’évoquerons les débarquements alliés dans le Pacifique qu’à travers des rushs d’origine américaine. Ce dossier sera présenté en deux temps :

3 En méditerranée, les cas de l’invasion allemande de la Crète lors de l’opération « Merkur » ou encore l’importance stratégique de l’île de Malte ; véritable « porte-avions de la Méditerranée » ; sont d’autant d’épines dans le pied qui porteront préjudice à l’Afrika-Korps lors des campagnes africaines.

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- 1re partie : Du débarquement de Norvège aux débarquements en Afrique du Nord

- 2e partie : Des débarquements en Italie au débarquement dans le sud de la France, 15 août 1944 (disponible en octobre 2012).

I. Un premier succès et de nombreux revers A l’aube de la Seconde Guerre mondiale, aucune armée dite « moderne » ne dispose d’une expérience du débarquement. Durant la Première Guerre mondiale, les débarquements des troupes sur les différents théâtres d’opérations sont très différents de ceux du second conflit mondial. Les images de la Grande Guerre présentent davantage l’arrivée des troupes dans les ports alliés ou ceux déjà conquis. L’accent est mis sur la logistique, l’arrivée des troupes et du matériel. En revanche, aucune image ne présente l’assaut d’une plage comme celles des batailles de la Seconde Guerre mondiale. Les raisons sont simples : d’une part les accords militaires passés avec les pays alliés permettent aux troupes de débarquer en terrain ami, évitant ainsi les combats pour la prise d’un port. D’autre part, les débarquements comme celui de Gallipoli4 en Turquie, qui fut un succès mitigé pour les Alliés, restent très couteux en hommes et en matériel pour les Alliés.

Référence : D137-20-48 / Légende : Le corps expéditionnaire français d'Orient aux Dardanelles conduit par le général d'Amade en 1915. / Date : 1915 / Reporter : Amade (d'), Albert En septembre 1939, les premiers événements de la Seconde Guerre mondiale font assez peu intervenir la marine allemande. A Dantzig, la Kriegsmarine

4 Le 23 novembre 1914, Winston Churchill, premier lord de l’Amirauté expose au War Council (conseil de guerre britannique) les plans du débarquement de Gallipoli. Churchill est alors l’un des architectes du débarquement de Gallipoli, il sera le défenseur d’autres débarquements durant la Seconde Guerre mondiale, comme celui d’Anzio-Nettuno qui à l’image de Gallipoli fut une réussite relative.

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intervient avec des éléments traditionnels, tels que les croiseurs ou les destroyers, qui bombardent ou tirent à bout portant sur les troupes polonaises5. En revanche, la campagne de Norvège fait appel à la marine qu’elle soit allemande, britannique ou française. En raison de l’éloignement des champs de bataille, chaque belligérant monopolise ses cargos, transports de troupe et ses navires de surface. Les techniques allemandes du « Blitzkrieg » ne sont guères applicables en Norvège si bien que l’armée allemande essuie ses premiers revers notamment à Oslo avec la perte du « Blücher » puis à Narvik suite au succès du débarquement allié. Ce n’est qu’avec le déclenchement de la campagne de France que les troupes alliées doivent quitter la Norvège et laisser la victoire à la Wehrmacht.

Référence : DAM 98 L17 / Légende : En Norvège, une Citroën de type « Kégresse » abandonnée par une unité française lors de l’évacuation des troupes. / Date : Mai 1940 / Reporter : Inconnu En France, l’offensive allemande de mai-juin 1940 a acculé les armées alliées les obligeant à battre en retraite jusqu’à la Manche sans leurs navires. La déroute des armées alliées implique le réembarquement des troupes. A Dunkerque, lors de l’opération « Dynamo », la BEF (British Expeditionary Force) rembarque, emmenant avec elle trop peu d’éléments français. Bien que très affaiblie par l’opération « Dynamo », l’armée britannique prend note des erreurs stratégiques de l’évacuation des troupes et des efforts logistiques considérables pour son transport. La suprématie aérienne allemande a été dramatique pour les Alliés mais le retrait maritime a été un élément essentiel pour la survie de l’armée britannique et pour les futurs des opérations d’embarquement ou de débarquement. La propagande allemande illustre cette déroute par tous les moyens ; le succès aussi rapide qu’imprévu est illustré dans les reportages photographiques et les films réalisés par les cameramen. D’un autre côté, le manque de décision militaire de l’armée allemande lors de l’évacuation de Dunkerque se retrouve dans les reportages : peu de prisonniers, beaucoup de

5 A Dantzig, le cuirassé allemand "Schleswig-Holstein" tire sur les défenseurs polonais. Consulter le film conservé à l’ECPAD et référencé DA 167.

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matériel capturé ; l’armée allemande referme l’étau trop tardivement. La BEF et quelques éléments français ont quitté la France.

Référence : DAA 793 R05 / Légende : Sur la plage de Saint-Malo-les-Bains, des navires alliés échoués, en arrière-plan le torpilleur "Adroit". / Lieu : Saint-Malo-les-Bains / Date : Juin 1940 / Reporter : Inconnu

Référence : DAM 184 L09 / Légende : Une voiture transportant trois membres d'une compagnie de propagande (PK) de la Kriegsmarine, fait une halte au milieu du chaos. / Lieu : Dunkerque / Date : Juin 1940 / Reporter : Inconnu

II. La maîtrise des mers et des airs Passée l’euphorie de la défaite de l’armée française, Adolf Hitler se heurte à un dilemme : attaquer ou s’allier avec l’Angleterre. Son indécision a permis aux Alliés de quitter la France et de reprendre des forces en Angleterre. Une fois décidé à conquérir l’Angleterre, Hitler convient qu’il est préférable en préalable à toute opération de débarquement de maîtriser les airs puis les océans. Dans les airs, la Luftwaffe, forte de ses dernières victoires, avait lancé la bataille d’Angleterre. Les techniques employées telles que l’escorte des bombardiers par des chasseurs ne sont pas maitrisées et la Luftwaffe est « saignée à blanc » par les chasseurs britanniques de type Hurricane, Spitfire

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pilotés par des aviateurs de la RAF (Royal Air Force) et ceux des armées de l’air polonaise, tchèque, française, américaine et britannique. Les bombardiers allemands Junkers, Dornier, Heinkel volent vers leurs objectifs sans une réelle couverture de la chasse ce qui les rend vulnérables aux attaques alliées. Les pertes sont très importantes, mais les escadrilles de chasse de la Luftwaffe remportent de leur côté de nombreuses victoires. La propagande allemande choisit de développer davantage les héros de la chasse que le cas déjà désespéré des unités de bombardement. Sur les mers, la situation n’est guère plus enviable. La Kriegsmarine doit se battre contre une des marines les plus puissantes, la Royal Navy. Elle a pour mission de nettoyer la route pour des péniches de débarquement et de sécuriser leur parcours. Les dragueurs de mines de la Kriegsmarine (Minensuchflottille) nettoient les réseaux de mines alliées pendant que d’autres posent des mines allemandes. Les vedettes rapides allemandes « Schnellboote » patrouillent dans la Manche et la mer du Nord.

Référence : DAM 262 L21 / Légende : Armement des mines marines destinées aux vedettes rapides « Schnellboote » de la classe S-30 appartenant à la 2.S-bootsflotille basée à Ostende. Date : Juin 1940 / Reporter : Inconnu De plus, la marine allemande se voit chargée de la couverture de la vague d’invasion notamment à l’aide des batteries côtières lourdes, artillerie sur voie ferrée.

III. L’opération « Menace » contre Dakar les 23 et 25 septembre 1940 Le 23 septembre 1940, deux mois après le bombardement de la flotte française par les Britanniques à Mers-el-Kébir, une flotte d’invasion commandée par l’amiral britannique Cunningham se présente devant le port de Dakar au Sénégal défendu par les troupes françaises de Vichy commandées par le gouverneur général de l’AOF (Afrique occidentale française) Pierre Boisson. Au sein de la vague de débarquement se trouvent 2 400 Français Libres.

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Référence : VICHY 103-1968 / Légende : Voyage du général Huntziger en Afrique du nord et en AOF. Le gouverneur général Pierre Boisson, entouré du général Huntziger et d’un général non identifié / Date : Octobre-novembre 1941 / Reporter : Potentier L’objectif, outre la prise de Dakar, est de faire rallier l’AOF (Afrique occidentale française) au sein de la France Libre sous l’autorité du général de Gaulle. L’opération « Menace » est un affrontement franco-français qui tient plus de la démonstration politique que du réel intérêt stratégique. Dakar dispose pourtant de défenses redoutables, d’un terrain d’aviation, d’une escadre de sous-marins. Alors que de Gaulle projetait un débarquement sur Conakry, les Anglais et Churchill préféraient une attaque directe sur le port de Dakar pour permettre aux Français libres de reprendre le contrôle d’une partie de l’Empire.

Référence : VICHY 103-1968 / Légende : Tract largué sur Dakar (Sénégal) par les Français Libres. / Date : 23/09/1940 / Reporter : Inconnu

IV. Les préparatifs allemands de la mission « Seelöwe »

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Avec la chute de la France, l’Allemagne nazie encouragée par ses succès, souhaite dans son élan, attaquer l’Angleterre. Les premiers plans de l’opération « Seelöwe » (lion de mer) datent de juin 1940 et prévoient le débarquement de 7 divisions allemandes à 30 kilomètres de Douvres. Alors que l’armée de l’Air allemande menée par le maréchal (Reichsmarschall) Hermann Goering, pilonne l’Angleterre, la Wehrmacht dans son ensemble tente de rassembler une flotte de débarquement. Toutefois, comme l’avait précisé l’amiral Raeder à Hitler avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, la marine allemande n’était pas prête pour une guerre, elle ne l‘est encore moins pour un débarquement. La marine allemande n’est pas prête et doit improviser.

Référence : DAM 247 L09 / Légende : Préparation de l'Opération Seelöwe (projet de débarquement en Angleterre) dans le port d'Ostende. Une cheminée d’une flottille de dragueur de mines (Minensuchflottille). / Date : Juin 1940 / Reporter : Inconnu Les côtes françaises vont être le théâtre d’exercices d’embarquement et de débarquement des troupes. Les barges sont des péniches réquisitionnées et modifiées pour l’emport de matériel varié, comme les blindés, l’artillerie, la cavalerie, la Flak (DCA allemande). Il convient dans un premier temps de rassembler ces embarcations, ce qui n’échappe pas aux yeux de la RAF (Royal Air Force) qui repère rapidement le regroupement sur les plages du nord. En août 1940, les plans allemands ne prévoient plus 7 mais 10 divisions qui seraient débarquées en 4 jours entre Folkenstone à l’est et la baie de Brighton à l’ouest. De nombreuses instructions suivent durant le mois d’août précisant la composition des différents convois et les secteurs de débarquement, mais rien sur le déclenchement. Dans le ciel et en mer, les unités allemandes ont bien du mal à mettre en pratique les plans de l’opération « Seelöwe ». La suprématie aérienne est toujours partagée entre la Luftwaffe et la RAF et le couloir de mines n’est

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toujours pas établi. La RAF attaque régulièrement les rassemblements de matériels et de troupes à Rotterdam, Ostende et Dunkerque. L’opération est régulièrement repoussée. Suite aux attaques aériennes britanniques des 15 et 17 septembre, la décision est prise de reporter le débarquement pour le printemps 1941. Le 12 octobre 1940, une directive signée du haut commandement de l’armée (Oberkommando der Wehrmacht) et du maréchal (Generalfeldmarschall) Wilhelm Keitel, valide la décision d’Hitler. Curieusement, dans une note du 12 août 1940, le général Jodl se demande si l’opération doit être annulée, s’il est envisageable de faire débarquer ces troupes en Afrique du nord plutôt qu’en Angleterre. Suite à cette décision, Hitler va se tourner vers la Méditerranée puis vers l’Union soviétique. La tactique allemande s’oriente vers une politique défensive sur les côtes faisant face à l’Angleterre, de la Norvège au pays basque, avec la construction du mur de l’Atlantique.

Référence : DAA 631 L19 / Légende : Dans le Pas-de-Calais, proche du Cap Gris-Nez, un regroupement de péniches avant leur modification. / Date : septembre 1940 / Reporter : Inconnu

Référence : DAT 766 L09 / Légende : Entraînement en prévision de l'opération « Seelöwe ». Une péniche modifiée permet le débarquement d’un char Renault R-35 capturé. / Date : septembre 1940 / Reporter : Inconnu

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Référence : DAT 768 L08bis / Légende : Entraînement en prévision de l'opération « Seelöwe ». / Date : septembre 1940 / Reporter : Inconnu

Référence : DAM 142 L22 / Légende : Dans le port de Boulogne (Pas-de-Calais), un exercice d’embarquement de véhicules allemands durant les préparatifs de l’opération « Seelöwe ». Ici, un semi-chenillé Sd.kfz.8 de l’artillerie allemande. / Date : septembre 1940 / Reporter : Inconnu

Les images des projets de « Seelöwe » dans les fonds de l’ECPAD L’opération « Seelöwe » est largement abordée dans les reportages photographiques du fonds allemand conservé à l’ECPAD. Ces images reflètent le manque de matériel en vue d’un débarquement et l’ingéniosité allemande pour adapter des engins à ce projet. En revanche, des séquences au sein des actualités filmées allemandes sur le sujet sont rares, ce qui semble assez logique, les Allemands souhaitaient conserver le secret sur cette opération.

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V. Le Génie militaire pour débarquer ou défendre

A. Le Génie militaire pour débarquer, l’exemple de la Wehrmacht Suite à la décision d’Hitler d’un débarquement sur les côtes anglaises entre Douvres et Bornemouth, le haut commandement de la marine allemande (Oberkommando der Kriegsmarine) s’occupe de rassembler la flotte d’invasion. Celle-ci devra se composer de cargos, de transports de troupes, de vedettes rapides, de barges. L’estimation faite par le général Jodl à la fin de juin 1940 est de 800 bâtiments qui devront être saisis dans les pays occupés. Toutefois, en précisant sa demande et en fonction des différentes vagues de débarquement les chiffres des embarcations nécessaires est impressionnant : 2 000 prames (ponton motorisé), 650 remorqueurs, 1 200 embarcations à moteur et 250 transports. Néanmoins, les modifications apportées sur les navires de débarquements sont sous la responsabilité du général Georg-Hans Reinhardt, commandant du XXXXI.Panzerkorps et responsable du groupe de travail Sonderstab Reinhardt qui est en charge du développement d’engins spéciaux comme des chars flottants (Schwimmpanzer) mais également du déploiement de la DCA sur les prames.

Référence : DAM 264 L31 / Légende : A Ostende, lors des préparatifs de l’opération « Seelöwe », l’inspection du commandant de l’armée de Terre allemande (Oberkommando des Heeres). Le maréchal (Generalfeldmarschall) Walter von Brauchitsch accompagné des généraux Georg-Hans Reinhardt et Ritter Eugen von Schobert. / Date : Fin juillet 1940 / Reporter : Inconnu

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Référence : DAM 241 L22 / Légende : Dans un port néerlandais, les modifications sont apportées sur les péniches pour permettre le transport du matériel. / Date : septembre 1940 Reporter : Inconnu

Référence : DAM 257 L24 / Légende : Dans le secteur d’Ostende, d’autres modifications apportées à des péniches. Ici, un portique permet le positionnement d’une rampe d’accès pour le déchargement du matériel. / Date : septembre 1940 / Reporter : Inconnu

Référence : DAM 264 L11 / Légende : Essais de navigation d'un ponton motorisé (Marinefährprahm) à l'aide de moteurs d'avions, portant du matériel

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militaire (notamment un canon de 8,8 cm-FlaK). / Date : Fin juillet 1940 / Reporter : Inconnu

Référence : DAM 271 L05 / Légende : Accosté dans le port d'Ostende, un groupe de barges équipées d’un système de propulsion mixte (moteurs d’avions et de navires). / Date : Fin juillet 1940 / Reporter : Inconnu

Référence : DAM 266 L17 / Légende : Les moteurs équipant des barges. Ces derniers entraînent des hélices marines grâce à un système d’arbres et de cardans. Sur le réservoir, l’inscription « Eigentum des OKH » (propriété du haut commandant de l’armée de Terre). / Date : Fin juillet 1940 / Reporter : Inconnu

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Référence : DAM 268 L01 / Légende : Essais de deux prototypes de véhicules amphibies de type Land-Wasser-Schlepper (LWS), sur une plage, sous la surveillance d'officiers de la Kriegsmarine et de la Heer. /Date : Eté 1940 / Reporter : Inconnu

Référence : DAM 268 L23 / Légende : Essais de deux prototypes de véhicules amphibies de type Land-Wasser-Schlepper (LWS), sur une plage, sous la surveillance d'officiers de la Kriegsmarine et de la Heer. /Date : Eté 1940 / Reporter : Inconnu

Référence : DAT 762 L07 / Légende : Au large de Zeebrugge, une jetée artificielle est montée pour en tester l’efficacité avant l'opération "Seelöwe". Devant les éventuelles difficultés de déchargement du matériel sur les côtes anglaises, cette jetée aurait permis un transfert rapide du matériel depuis un

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cargo de la Kriegsmarine ou depuis un navire appartenant à la marine marchande allemande. / Date : été 1940 / Reporter : inconnu

B : Le Génie militaire pour défendre Le mur de l’Atlantique naît de l’attention d’Hitler de se tourner vers un nouveau front, à l’Est comme en Méditerranée. Sans avoir la prétention de pouvoir tout défendre, il a pour avantage de mobiliser moins de troupes, ou seulement des troupes secondaires, parfois des soldats âgés, voire étrangers. La construction standardisée des ouvrages bétonnés sous l’appellation Regelbau, de blockhaus de types variés est gérée par l’organisation Todt et sous-traitée par des entreprises locales pour la réalisation des travaux. Les secteurs défensifs sont de différentes importances, denses ou de simples postes défensifs. Leur déploiement est souvent très rapide, les modèles de bunkers n’étaient pas très nombreux. En revanche, à partir de 1944 avec la création d’une mission d’inspection du mur de l’Atlantique dirigée par le maréchal Erwin Rommel, les ouvrages deviennent plus complexes, les secteurs défensifs plus denses et suite aux directives de Rommel pas uniquement tournés vers la côte mais aussi vers les terres. Les nouvelles constructions du mur de l’Atlantique seront interrompues par le débarquement de Normandie.

Référence : DAM 482 L11 / Légende : Adolf Hitler en compagnie de Fritz Todt, responsable de l’organisation qui porte son nom. Todt sera le responsable de l’édification du mur de l’Atlantique jusqu’à sa mort et son remplacement par Albert Speer à la tête de l’ « Organisation Todt ». / Date : Décembre 1940 / Reporter : Hasert, Paul (Marine Kriegsberichter Kompanie 2)

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Référence : DAT 754 L01 / Légende : Construction d'ouvrages du mur de l'Atlantique à Ostende (Mariawerke). / Date : Inconnue / Reporter : Inconnu

Référence : LFT3 F3102 L03 / Légende : Dans le secteur de Boulogne-Cap Griz Nez, l'armée de Terre allemande concentre plusieurs batteries d'artillerie sur rails, et notamment entre Calais et Sangatte. Ces canons de 28 cm circulent entre le Fort Nieulay, la Digue Royale et le Fond de la Forge. Les canons sont généralement dotés d'une soute à munitions (Munitionslager). / Date : Fin décembre 1943-début 1944 / Reporter : Engelmann (Luftflotte 3) Suite au débarquement allié en Afrique du Nord, l’armée allemande s’approprie la zone libre et prend possession des côtes du sud de la France. Le sabordage de la flotte française prive l’Allemagne d’une précieuse cargaison qui aurait été utile à la Kriegsmarine, mais elle retire à la France Libre la possibilité d’être davantage présente sur les mers. A la suite du 8 septembre 1943, date à laquelle l’Italie fasciste se range aux côtés des Alliés, l’Allemagne prend le contrôle en France des zones autrefois allouées à l’Italie, celles allant de La Ciotat (Bouches-du-Rhône) à la frontière italienne. Par la suite, la Marine allemande s’empare des bâtiments de surface et des côtes italiennes. La construction du « Südwall », version méditerranéenne du mur de l’Atlantique sera stoppée par le débarquement allié du 15 août 1944.

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Référence : DAT 615 L09 / Légende : Aménagement d'ouvrages du "Mur du Sud" (Südwall) sur l'avant-port Joliette de Marseille. Une tourelle de char Renault R35 utilisé dans un Tobrouk, derrière la brasserie "les flots bleus". / Date : 1943 / Reporter : Gebauer (Propagandakompanie Pk.637)

Référence : DAA 3313 L16 / Légende : A Marseille, sur la plage du Prado, un épais mur antichar est venu remplacer les postes de combat rudimentaires et les sacs de sable. Une portion est achevée le 15 mars 1943. La plage de Marseille est défendue par deux canons de 5 cm K.w.k 39 (KampfwagenKanone) qui la prennent en enfilade. / Date : été 1943 / Reporter : Schnitzer, Hans-Georg (Kriegsberichterzug XI.Flieger-Korps)

VI. L’opération « Jubilee » sur Dieppe, le 19 août 1942 Au matin du mercredi 19 août 1942, un débarquement allié est prévu sur les plages de Dieppe (Seine-Maritime) et ses environs. L’opération « Jubilee » prévoyait de faire débarquer des troupes en majorité canadiennes, mais aussi britanniques, françaises et américaines. Dans la nuit du 18 au 19 août, près de 6 000 hommes quittent les ports britanniques de Sousthampton, Shoreham et Newhaven. L’effet de surprise doit être un élément primordial dans le succès de l’opération. Mais, durant la

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nuit, la flotte alliée composée de 252 bateaux est repérée par des vedettes allemandes qui transmettent l’alerte aux unités terrestres. Le débarquement prévu sur 18 kilomètres est déjà compromis. Pourtant certains objectifs sont remplis par des commandos, comme la destruction de batteries lourdes. Mais d’autres canons tirent encore et assomment les barges et les transports de blindés qui atteignent les plages. Sur 24 transports de blindés, 10 seulement sont en mesure de débarquer 27 chars du type « Churchill » qui atteignent le boulevard maritime et la pelouse de Dieppe. La RAF (Royal Air Force) qui assure la couverture aérienne avant et pendant l’opération « Jubilee », perd de nombreux avions avec leur équipage. Enfin, selon les plans de l’opération, les troupes anglo-canadiennes doivent réembarquer dans les barges et rejoindre l’Angleterre. Malgré l’emploi de fumigènes, la fin de l’opération est catastrophique pour les troupes alliées. Les pertes alliées sont importantes : sur environ 6 000 hommes, 1 255 soldats sont tués dont 913 Canadiens et 37 civils dans Dieppe et sa banlieue. Les troupes d’occupation font 1 875 prisonniers parmi les troupes alliées. Du côté des défenseurs allemands, les fantassins du 517e régiment d’infanterie et du 302e groupe d’artillerie perdent 600 hommes. L’armée de l’Air allemande perd de nombreux appareils, 48 avions abattus et 24 endommagés en plus d’une centaine mis hors d’usage sur le terrain d’aviation d’Abbeville (Somme). Les artilleurs de l’armée de l’Air qui servent dans la DCA perdent 104 soldats. Malgré les pertes, les Alliés ne parlent pas d’échec, mais d’une leçon pour l’avenir. Les Allemands, qui enregistrent de fortes pertes, transforment le débarquement en victoire. La malheureuse tentative de débarquement sur les plages de Dieppe est une aubaine médiatique que les reporters des compagnies de propagande allemande saisissent. Les nombreux reportages photographiques témoignent de l’accent mis par la propagande allemande pour prouver l’efficacité des défenses allemandes sur la côte. Des reporters des compagnies de propagande allemandes de l’armée de Terre, de la Luftwaffe et de la Kriegsmarine immortalisent l’échec allié. Un sujet des actualités allemandes (Die Deutsche Wochenschau 625 du 26.08.1942) est consacré à l’opération6.

6 Un sujet des actualités allemandes (Die Deutsche Wochenschau 625 du 26.08.1942) est consacré à l’opération Cette séquence n’est pas disponible à l’ECPAD mais au Bundesarchiv Filmarchiv de Berlin.

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Référence : DAT 2126 L44 / Légende : Le char Churchill «Betty » a pu progresser au-delà de la plage de Dieppe avant d’être stoppé. / Date : 19 août 1942 / Reporter inconnu

Référence : DAT 2135 L14 / Légende : La plage de Pourville/Scie prise depuis la position antichar allemande dotée d'un canon de 25 mm Schneider français. / Date : 19 août 1942 / Reporter inconnu

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Référence : DAA 2812 L14 / Légende : La plage de Dieppe après la tentative de débarquement anglo-canadienne./ Date : 19 août 1942 / Reporter inconnu

Référence : DAA 2815 L28 / Légende : Une sentinelle de la Kriegsmarine sur la plage de Dieppe après la tentative de débarquement anglo-canadienne./ Date : 19 août 1942 / Reporter inconnu

Les images de l’opération « Jubilee » dans les fonds de l’ECPAD Le fonds allemand conservé à l’ECPAD est le seul à présenter des images de l’opération « Jubilee ». Néanmoins, les collections de la Documentation Française conservées à l’ECPAD recèlent également des documents rares, généralement d’origine diverse et notamment de l’Imperial War Museum ou d’agences françaises comme LAPI. Alors que les images conservées dans le fonds de la Documentation Française sont assez connues, la légende inscrite au dos apporte de nombreuses précisions.

VII. L’opération « Torch », le débarquement allié en Afrique du Nord et ses conséquences

Le 8 novembre 1942, des troupes américaines et britanniques débarquent en trois points de la côte marocaine mais aussi autour d’Oran et d’Alger. Ce débarquement a pour effet immédiat, l’occupation allemande de la zone libre en France. La capture des ports d’Oran et Alger n’est pas simple pour l’armée américaine, les troupes françaises opposant une forte résistance aux assaillants. Les combats entre les Français et les Alliés durent trois jours avant que l’amiral Darlan prenne la décision, en accord avec le maréchal Pétain, de se ranger aux côtés des Alliés.

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Référence : TERRE 7-84 / Légende : A Alger, l'amiral François Darlan, lors d’une visite à Alger lors de laquelle le ministre a décoré de la croix de guerre les pavillons des sous-marins "Casabianca", "Glorieux" et "Marsouin". Darlan est ministre de la Marine militaire et civile dans le gouvernement de Vichy à compter du 16 juin 1940 puis vice-président du Conseil le 9 février 1941. / Date : 20/12/1942 / Reporter : Inconnu

Référence : VICHY 103-2025 / Légende : Le port d’Alger / Date : Octobre-novembre 1941 / Reporter : Potentier

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Référence : VICHY 100-1794 / Légende : Le port d’Oran / Date : Octobre-novembre 1941/ Reporter : Potentier La bataille diplomatique est tout aussi importante en Afrique du Nord que la bataille le sera. En effet, les tactiques divergent entre les Américains et les Britanniques. Les uns préfèrent se rapprocher de Vichy via le général Weygand7, commandant en chef des troupes françaises en Afrique, tandis que les Anglais préfèrent soutenir le général de Gaulle, qui est selon eux le seul représentant d’un gouvernement français légitime.

Référence : VICHY 100-1851 / Légende : Le cimetière de Mers-el-Kébir. / Date : Octobre 1941 / Reporter : inconnu L’attaque anglaise dans les ports de Mers-el-Kébir et Dakar sont les preuves de la tactique de déstabilisation de la France en Afrique du Nord. Ces attaques sont également un moyen de supprimer la France comme puissance navale, mais elles sont surtout à l’origine d’une haine française des Anglais qui sera croissante avec les bombardements nocturnes en France. Le 27 novembre 1942, le sabordage de la flotte française à Toulon, mettra un terme à cette présence navale française sur le plan international et viendra supprimer toute concurrence avec la marine anglaise.

7 Le général Weygand, connu aux Etats-Unis comme fortement hostile à l’Allemagne nazie, peut selon les Américains influencer le maréchal Pétain. Par ce biais, il est possible de contrer le travail de Laval plus favorable à alliance entre la France et l’Allemagne.

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Référence : D102-1-30 / Légende : Les avisos du Petit Rang "Chamois" de 750 tonnes, "L'impétueuse" de 620 tonnes et "Curieuse" de 620 tonnes coulent dans la rade après le sabordage de la flotte à Toulon le 27 novembre 1942. / Date : fin novembre 1942 / Reporter : Capitaine, Henri

Référence : DAT 2898 L16 / Légende : Le sabordage de la flotte française à Toulon, en novembre 1942. Les reporters de la 649e compagnie de propagande de l'armée de Terre (Propaganda Kompanie PK.649) sont sur les lieux pour immortaliser la prise du port. Arrivées trop tard pour capturer les navires français amarrés dans le port de Toulon, les troupes allemandes ne peuvent qu'observer les destructions causées par le dynamitage. Les marins français quittent le port de Toulon sous les yeux des troupes allemandes impuissantes. Toutefois, les photographes ne pourront saisir que ces images de destructions et de cahot qui règnent dans le port à la fin de ce mois de novembre 1942. / Date : fin novembre 1942 / Reporter : Vennemann, Wolfgang (Propaganda Kompanie 649) Le débarquement allié, majoritairement américain, symbolise l’intérêt que portent les Etats-Unis à l’Afrique du Nord. La présence américaine en Afrique est plus ancienne. En effet, l’amiral américain Leahy est nommé le 23 novembre 1940 ambassadeur des Etats-Unis en France. Dès le 18 décembre 1940, un ambassadeur américain, Robert Murphy est nommé à Alger puis à Dakar. Le travail diplomatique est doublé d’un travail d’espionnage et de renseignement. Officiellement, les Américains fournissent du ravitaillement à la France notamment suite aux accords « Murphy-Weygand », mais

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officieusement les Américains préparent davantage le terrain pour un débarquement. Hitler n’est pas non plus absent dans la bataille diplomatique, notamment lorsqu’il demande à Pétain de laisser les troupes allemandes passer en zone libre et en Afrique du Nord pour un soutien de l’Afrika-Korps. Le maréchal Pétain refuse et Darlan se rend au « nid d’aigle » à Berchtesgaden pour faire une proposition de collaboration de la France dans le combat contre l’Angleterre et ainsi détourner Hitler de son intention. Un accord franco-allemand signé le 28 mai 1941 entre Darlan et l’ambassadeur d’Allemagne en France, stipule que la Luftwaffe peut utiliser les terrains d’aviation de Syrie et du Liban et ouvre les ports de Bizerte et Dakar à la Kriegsmarine ainsi qu’aux avions allemands. L’accord de Darlan est contré de justesse par les Américains qui menacent Pétain de couper les relations entre les Etats-Unis et Vichy. Hitler ne réagit pas à ce changement radical, notamment devant l’imminence de l’opération « Barbarossa » en URSS. Le combat diplomatique pour l’Afrique entre les Etats-Unis et l’Allemagne nazie cause le départ à la retraite de Weygand (18 novembre 1942) notamment suite aux pressions allemandes. Alphonse Juin est nommé à la tête des troupes françaises en Afrique du Nord. Ce dernier n’étant pas hostile aux Etats-Unis, le changement n’est pas trop important.

Référence : VICHY 150-3135 / Légende : Le général Juin, commandant en chef des forces d'Afrique du Nord. / Date : Mai 1942 / Reporter : Crespi Mais le 7 décembre 1941, l’attaque japonaise à Pearl Harbour fait entrer les Etats-Unis en guerre (12 décembre 1941). En Afrique, l’offensive allemande victorieuse de général Erwin Rommel, le succès de l’opération « Barbarossa » en Russie et les événements dans le Pacifique mettent à mal les projets de Roosevelt d’un débarquement en Afrique du Nord. Les Anglais plus enclins dans un premier temps à un débarquement en Europe se rangent finalement au projet de Roosevelt. Une décision est prise le 25 juillet 1942 pour le lancement en Afrique du Nord d’une opération anglo-américaine à la fin de l’année 1942. Les préparatifs :

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L’opération « Torch » est le nom de baptême du futur débarquement lors duquel les Etats-Unis et le général Eisenhower auront pour la première fois l’occasion de démontrer leur efficacité sur le terrain. Les plans prévoient trois vagues d’assaut anglo-américaines :

- la Western Naval Task Force composée de 35 000 hommes embarqués aux Etats-Unis pour attaquer et prendre le port de Casablanca et Port-Lyautey ;

- le Center Naval Task Force avec 39 000 Américains partant d’Angleterre doit prendre Oran ;

- la Eastern Force avec 23 000 Britanniques et 10 000 Américains quittant l’Angleterre pour la prise du port d’Alger.

La couverture aérienne est également importante et elle est calculée en fonction des avions des forces aériennes de Vichy. Toutefois, l’éloignement des bases anglaises et américaines nécessitent l’emploi de porte-avions. Lourdement diminuée par l’attaque japonaise sur Pearl Harbour, la marine américaine ne dispose que d’un seul porte-avions, le « USS Ranger », les autres étant des pétroliers modifiés. A terre, les défenses côtières des forces de Vichy sont loin d’être négligeables. Même si les conditions de l’armistice franco-allemand de juin 1940 interdisent la modernisation de l’armée française, 120 000 soldats sont présents sur les 3 000 kilomètres de côte de l’AFN ce qui reste supérieur au nombre des assaillants estimé à 107 000 hommes. Pour l’armée de Terre, les forces françaises sont réparties entre le Maroc et l’Algérie et organisées suivant des secteurs géographiques. Pour le Maroc, on note la division de Fez, de Meknès, Casablanca, Marrakech. La Marine française de Vichy est très présente en AFN notamment en raison de l’armistice franco-allemand de juin 1940 suite de quoi, les bâtiments se réfugient à Casablanca comme le cuirassé « Jean Bart ». Des sous-marins rejoignent aussi la flotte et pendant un temps, les torpilleurs et contre-torpilleurs des PATOC (patrouilles de l’Océan).

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Référence : VICHY 100-1847 / Légende : Lors du voyage du général Huntziger en Afrique du Nord et en AOF, visite du port de Mers-el-Kébir et notamment du cuirassé le « Strasbourg » sistership du « Dunkerque » qui n’a pas été touché lors de l’attaque de Mers-el-Kébir. / Date : Octobre 1941 / Reporter : Potentier Le caractère hétérogène des bâtiments et la pénurie de carburant obligent la marine de Vichy à rester à quai. Les Américains décident de ne pas faire appel aux troupes françaises de la France Libre. Plusieurs raisons expliquent la décision de Roosevelt. Tout d’abord, le président américain n’a pas apprécié que de Gaulle ne l’avertisse pas l’opération française des forces navales françaises libres (FNFL) dirigée par l’amiral Muselier (le 24 décembre 1941) pour la libération de Saint-Pierre-et-Miquelon8. Ensuite, pour ménager la susceptibilité des généraux de Vichy et surtout pour qu’ils rejoignent rapidement la cause alliée, il était préférable selon les Américains, de mettre les forces françaises libres de côté. Les accords de Cherchell Pour le soutien et l’efficacité du débarquement, une liaison étroite avec la résistance locale est primordiale. Celle-ci doit, quelques heures avant l’opération, paralyser les organes de décision et les principales personnalités françaises en AFN. Pour entériner les plans alliés avec la résistance, une réunion secrète se tient dans la nuit du 23 au 24 octobre 1942, sur la côte, non loin d'Alger, dans la villa Teyssier, entre : dans la banlieue d’Alger en présence des autorités de la résistance et du général Clark, adjoint de Dwight Eisenhower et de Robert Murphy. Le putsch d’Alger ou le « Coup du 8 novembre » Avec les accords de Cherchell, les résistants doivent respecter leurs engagements et préparer le terrain pour le débarquement allié à Alger. Leur premier objectif est de paralyser les batteries côtières de Sidi-Ferruch et de bloquer une éventuelle riposte du 19e corps d'armée d'Alger pendant une quinzaine d'heures. Pour ce faire, 400 résistants doivent occuper les points stratégiques et arrêter des autorités françaises. Ce sont des élèves du lycée de Ben-Aknoun qui capturent le général Alphonse Juin et par hasard l’amiral Darlan présent à Alger cette nuit-là. Ce coup d’éclat de la résistance permet d’une part le succès du débarquement allié à Alger, d’autre part, suite à la décision de Darlan, la cessation des combats entre les forces de Vichy et les Alliés. La prise d’Oran et les combats au Maroc

8 Consulter le film référencé SA 791 au sein duquel on retrouve un sujet consacré à la prise de Saint-Pierre et Miquelon par l’amiral Muselier.

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A la suite de querelles pour la prise de commandement, le colonel Tostain, commandant les opérations de la résistance pour le débarquement allié, est arrêté alors qu’il souhaitait confier le commandement des résistants au général Boisseau dirigeant la place d’Oran au sein des forces de Vichy. Tostain n’est pas pris au sérieux, si bien que Boisseau ne prévient pas Alger des actions prévues par la résistance. Roger Carcassonne, chef des résistants locaux, décide de limiter les actions et ainsi d’engendrer le moins de dégâts dans le port d’Oran. Ainsi, le port pourra être remis rapidement en service par les Alliés. En outre, le Service d’ordre légionnaire qui n’a pas pu se déployer à Alger, réagit rapidement et se positionne à Oran avant le débarquement. Un putsch est également prévu au Maroc en vue l’arrestation du général Noguès, Résident général du Maroc, par le chef des résistants, le général Béthouart. Toutefois, une erreur commise par Béthouart compromet cette arrestation et donne le temps à Noguès de prendre contact avec l’amiral Michelier, chef de la flotte à Casablanca, pour qu’il lui confirme l’imminence du débarquement allié. Après avoir contredit les dires de Béthouart, Michelier souligne qu’il est impossible que les Américains possèdent autant de navires suite à l’attaque japonais à Pearl Harbour. Béthouart préfére se laisser capturer pour ne pas compromettre le débarquement. Au matin du 7 novembre 1942, les forces françaises de Vichy sont déjà en état d’alerte alors que la flotte alliée apparaît. Mais devant la supériorité numérique des Alliés, l’amiral Michelier hésite un long moment avant de faire appareiller la flotte française. La différence entre les navires alliés et français est flagrante notamment, à cause de l’absence de radars et de sonars pour les marins de Vichy. Malgré le caractère combatif des Français, le combat est inégal. A Casablanca et Safi, l’inexpérience des soldats américains et les canons du général Noguès sont tragiques. Après trois jours de combat à Casablanca, Safi, Mehdia ainsi que pour la prise du port fluvial de Port-Lyautey, les troupes de Vichy perdent 1 346 hommes et 1 997 sont blessés, contre 479 morts et 720 blessés du côté des Alliés.

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Référence : VICHY 100-1818 / Légende : Lors du voyage du général Huntziger, commandant en chef des forces terrestres du gouvernement de Vichy en Afrique du Nord et en AOF, les généraux Noguès et Huntziger assistent à une démonstration de la cavalerie à Rabat. / Date : Octobre 1941 / Reporter : Potentier

Les images du 8 novembre 1942 conservées au fort d’Ivry A l’ECPAD, les images de l’opération « Torch » ne sont pas nombreuses, les troupes françaises libres ayant été écartées des débarquements. Du côté des forces françaises de Vichy, les seuls documents sont bien antérieurs au 8 novembre 1942 et présentent davantage, les autorités, assez peu les lieux et presque pas de matériels. En revanche, les reporters américains sont plus enclins à filmer ces événements. Peu d’images sont consacrées à l’action de la résistance dans le débarquement d’Alger, alors qu’elle est essentielle au succès de l’opération. La prédominance des Américains est fortement visible, au sein des reportages réalisés après le débarquement par les reporters français.

Référence : TERRE 3-37 / Légende : Lors de la prise d'armes franco-anglo-américaine du 2 décembre 1942 au monument aux morts d'Alger, un portrait de groupe des personnalités militaires présente de gauche à droite : l'amiral Darlan, le lieutenant général Dwight Eisenhower, l'amiral britannique Cunningham, le général d'armée Giraud et le général d'armée Noguès. / Date : 2 décembre 1942 / Reporter : Potentier Conclusion Dans les collections de l’ECPAD, les documents relatifs aux débarquements lors de la Seconde Guerre mondiale sont nombreux. Lors de l’étude de ces reportages photographiques et des images animées correspondantes, nous nous sommes aperçus que nombreuses images viennent illustrer des événements qui n’ont pu être filmés lors de la bataille pour des raisons variées.

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C’est le cas des images et des rushs relatifs au débarquement en Afrique du Nord. En effet, faute de disposer suffisamment de matière, les reporters français utilisent à deux reprises les images d’un entraînement au centre d'invasion d'Arzew (Algérie) pour illustrer le débarquement en Afrique du Nord puis celui dans le sud de la France9. La position du caméraman, dans les barges de débarquement et surtout sur la plage (dos à l’ennemi) prouvent bien la nature du reportage. De plus, la qualité des images en mer comme sur la plage renforce l’idée d’un exercice. Ces pratiques de tournages perdurent jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, notamment lors du débarquement de Normandie en 1944. Cette première partie du dossier sur le débarquement évoque les premières opérations alliées et allemandes de 1940 à fin novembre 1942. L’expérience acquise, lors des succès mais également des revers, amèneront les belligérants à modifier leurs tactiques d’attaque pour les Alliés et de défense pour les armées de l’Axe. La seconde partie du dossier10 sur le débarquement évoquera les nombreuses opérations amphibies en Italie, le débarquement du 6 juin 1944 en Normandie et celui dans le sud de la France, le 15 août 1944. Fin de la 1re partie. Bibliographie

- Revue 39-45, n°124 et 125, l’opération « Seelöwe », Ronald Mc Nair, octobre et novembre 1996 ;

- Le raid de l’espoir…, 19 août 1942 à Dieppe, l’opération « Jubilee », numéro spécial du cinquantenaire du 19 août 1942 », Editions Bertout – Luneray, octobre 2001 ;

- Militaria Hors-série n°20, la campagne d’Afrique (1), Opération « Torch », novembre 1942, Histoire & Collections, Yves Buffetaut, 1996 ;

- Les Ailes françaises, 1939-1945, 5-l’aviation de Vichy (1re partie) : de Mers el-Kébir à la campagne de Syrie (juillet 1940-juillet 1941) ;

- Battelground Italy 1943-1945, The german armed Forces in the battle for the « Boot », Frank Kurowski, 2003 ;

9 Consulter la référence FDG 7 au time code TCIN : 00 : 07 : 15 / TCOUT : 00 : 07 : 29, puis la référence SCA 22 au time code TCIN : 01 : 00 : 31 / TCOUT : 01 : 01 : 08. Alors que la provenance du film référencé SCA 22 est clairement identifiée comme étant le Service Cinématographique des Armées, les auteurs de la première référence ne sont pas connus. Le film est un dépôt de la fondation « Charles de Gaulle ». 10 La seconde partie du dossier internet sur le débarquement sera en ligne en octobre 2012.