Les enfants sous surveillance

Candice Junion30/11/2014

1. Profusion des applications de surveillance

Ma petite balise / Gémo

2

Profusion des applications de surveillance

Alert US / iChaper / ZoeMob

3

Profusion des applications de surveillance

MobiPast / TeenSafe / mSpy

4

Profusion des applications de surveillance

5

DISCLAIMER

SOFTWARE INTENDED FOR LEGAL USES ONLY. The Licensed Software is designed for use by those who have the legal right to monitor the device on which it is installed. My Spy (mSpy) cannot provide legal advice to you regarding your use of the Licensed Software. Be aware that it is considered a violation of United States federal and/or state law and your local jurisdiction law in most instances to install surveillance software, such as the Licensed Software, onto a mobile phone or other device you do not have the right to monitor. The law generally requires you to notify users of the device or device owners that the device is being monitored.

AVERTISSEMENT

LOGICIEL DESTINÉ EXCLUSIVEMENT À UN USAGE LÉGAL. Le Logiciel sous licence est destiné aux utilisateurs disposant du droit légal de surveiller l'appareil sur lequel il est installé. My Spy (mSpy) n’est pas en mesure de vous fournir des conseils juridiques relatifs à l'utilisation du Logiciel sous licence. Sachez qu'il est considéré comme une infraction à la loi nationale et/ou fédérale aux États‐Unis et, dans la plupart des cas, à la loi de votre juridiction locale, d'installer un logiciel de surveillance, tel que le Logiciel sous licence, sur un téléphone portable ou un autre appareil, que vous n'avez pas le droit de surveiller. La loi stipule généralement que vous devez avertir les utilisateurs ou les propriétaires de l'appareil que celui‐ci est placé sous surveillance.

2. Textes internationaux

6

CONVENTION RELATIVE AUX DROITS DE L’ENFANT des Nations Unies 20 novembre 1989 

Article 12. 

Les États parties garantissent à l'enfant qui est capable de discernement le droit d'exprimer librement son opinion sur toute question l'intéressant, les opinions de l'enfant étant dûment prises en considération eu égard à son âge et à son degré de maturité.  

Article 16. 

Nul enfant ne fera l'objet d'immixtions arbitraires ou illégales dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d'atteintes illégales à son honneur et à sa réputation. 

CHARTE DES DROITS FONDAMENTAUX DE L'UNION EUROPÉENNE 7 décembre 2000 

Article 24 

Les enfants ont droit à la protection et aux soins nécessaires à leur bien‐être. Ils peuvent exprimer leur opinion librement. Celle‐ci est prise en considération pour les sujets qui les concernent, en fonction de leur âge et de leur maturité. 

Textes internationaux

Convention européenne sur l'exercice des droits des enfants, Conseil de l'Europe, Strasbourg, 25 janvier 1996 

Article 2 – Définitions 

Aux fins de la présente Convention, l'on entend par «informations pertinentes», les informations appropriées, eu égard à l'âge et au discernement de l'enfant, qui lui seront fournies afin de lui permettre d'exercer pleinement ses droits, à moins que la communication de telles informations ne nuise à son bien‐être. 

Article 3 – Droit d'être informé et d'exprimer son opinion dans les procédures  

Un enfant qui est considéré par le droit interne comme ayant un discernement suffisant, dans les procédures l'intéressant devant une autorité judiciaire, se voit conférer les droits suivants, dont il peut lui‐même demanderà bénéficier: 

recevoir toute information pertinente;  être consulté et exprimer son opinion;  être informé des conséquences éventuelles de la mise en pratique de son opinion et des 

conséquences éventuelles de toute décision. 

3. Effets quant au développement de l'enfant ?

"Le vrai effet du Panopticon, c’est d’être tel que, même lorsqu’il n’y a personne, l’individu dans sa cellule, non seulement se croie, mais se sache observé" ‐Michel Foucault, dans Surveiller et punir.

« Pour l’enfant, exister en dehors du regard des parents est une victoire. Porter une balise, peut le faire se sentir surveillé, voir persécuté, le pousser à transgresser les règles d’autant plus ou créer un sentiment d’insécurité une fois adulte" – Michaël Stora, psychologue‐psychanalyste et cofondateur de l’Observatoire des mondes numériques en sciences humaines.

8

Effets quant au développement de l'enfant ?

Les technologies de surveillance appliquées aux enfants, Commissariat à la protection de la vie privée du Canada

À mesure que les enfants grandissent, la confiance peut poser problème si les parents s’en remettent à la technologie plutôt que de s’adresser directement à eux afin d’obtenir des renseignements.

Le but ultime de ces technologies est de créer un environnement sans risques, qui ne reflète pas le monde réel ‐> les enfants auront de la difficulté à apprendre à trouver un juste équilibre entre la confiance et le risque. 

Les chercheurs s’entendent pour dire que la surveillance réduit les possibilités pour les enfants d’exercer leur autonomie et leur indépendance.

Les auteurs concluent que la surveillance par des moyens technologiques peut nuire au développement de l’enfant.

Une expérience authentique de la vie privée fait partie intégrante du succès futur de l’enfant dans la prise de décisions réfléchies et de la façon dont il saura composer avec les barrières sociales ou quand il ne faut pas divulguer de renseignements personnels…

Conclusions : interrogations légitimes sur les effets peut être préjudiciables que pourrait avoir la surveillance sur le développement social des enfants à long terme. La surveillance quotidienne pendant l’enfance pourrait même normaliser cette pratique au fil du temps et susciter un changement dans les normes sociales au détriment de la protection de la vie privée.

9

4. Et du point de vue protection de la données à caractère personnel?

Le Commissariat à la vie privée canadien : En grandissant sous le regard omniscient de « Big Mother » et « Big Father », auront‐ils le réflexe de protéger leur intimité une fois adulte ? Verront‐ils le caractère intrusif d’une telle surveillance ?

La CNIL (France) déclare qu’il est prévu de renforcer le droit des mineurs, de leur donner un consentement spécifique sur leurs données. La prise en compte de l’âge de l’enfant est alors primordiale pour juger du caractère excessif ou non de la collecte. On ne surveille pas un enfant de 8 ans comme un adolescent de 15. Elle estime que l’enfant doit pouvoir voir si le dispositif est activé. 

10

Cas CPVP

PUBLICATION DE PHOTO DE CLASSE (2007)

Recommandation d'initiative concernant la diffusion d'images n° 02/2007 du 28 novembre 2007 & Avis relatif à la diffusion d'images n° 33/2007 du 28 novembre 2007Principe : obtenir le consentement libre, spécifique et informé. Le consentement ne doit pas être écrit. 

Distinction photos non ciblées (des photos de classe, photos de groupe) & photos ciblées (une photo individuelle).

Photo de mineurs : distinction en fonction de la 'faculté de discernement' (maturité dont dispose un mineur en ce qui concerne la réalisation d'un acte déterminé) :

mineur sans faculté de discernement, il n'est pas apte à donner son consentement et il est représenté par ses représentants légaux. 

mineur capable de discernement : système de collaboration entre les représentants légaux & le mineur.

11

Cas CPVP

PUCE RFID CARTABLES (2008)

Système de badge RFID dans le cartable pour enregistrer les présences aux garderies. Le badge ne contiendra qu’un numéro qui sera lié à l’identité de l’enfant via un ordinateur de poche. Le nom de l'enfant et sa date de naissance seront affichés sur l'ordinateur de poche au moment de la lecture. 

Les données récoltées seront transmises vers le serveur chaque soir après 20 heures aux fins de facturation. 

Réticences des parents eu égard à l'image de soi renvoyée à l'enfant par le biais de cette technique : l'enfant serait en quelque sorte scanné, étiqueté et assimilé à un objet.

Position du secrétariat de la Commission : Dans la mesure où le traitement de données impliquant des mineurs revêt une sensibilité particulière et dans la mesure où ce n'est pas le traitement des données en tant que tel qui pose problème mais ses modalités d'application, il serait souhaitable de tenir compte des préoccupations diverses émises par les représentants légaux des enfants et de trouver une solution qui rencontre les intérêts en présence ‐> libre choix entre ce système et le pointage manuel devrait être laissé aux parents.

12

Cas CPVP

Utilisation d’un système de vidéosurveillance dans un milieu d’accueil (AVIS N°08 /2006)

Installation d'un système de vidéosurveillance dans une maison d’accueil pour des enfants de 0 à 3 ans. 

Finalité : offrir aux parents la possibilité d’observer ‐ à des moments déterminés ‐ le comportement de leur enfant dans la crèche, via Internet.

Problèmes : 

l’ensemble de la crèche est filmée et les images de tous les enfants, membres du personnel et visiteurs sont diffusées en temps réel via Internet.

Perte du controle sur les images : risque de réutilisation des images.

13

Cas CPVP

CPVP : traitement envisagé était illégitime et disproportionné  : le traitement ne peut être légitimé sur le consentement de la personne concernée  ou l'intérêt légitime du responsable de traitement :

o les enfants (0 à 3 ans) ne sont évidemment pas aptes à donner leur consentement ‐ >  transféré aux parents. Un tel consentement est problématique : Quid si les deux parents ne sont pas d'accord? Il faudrait l'accord de l'ensemble des parents. Vu le manque de garderie, le consentement ne pourrait être considéré comme libre. Le retrait du consentement ne peut être considéré comme libre.

o Avis de l'Office de la Naissance et de l'Enfance : « La séparation enfant‐parent, bien que douloureuse parfois, fait grandir pour autant qu'elle se passe dans certaines conditions qui permettent la maturation de chacun. Une de ces conditions est que l'enfant se sente «autorisé » à s'investir ailleurs que dans la famille par le sentiment de confiance «porteur» que le parent transmet vis‐à‐vis de cet espace et des capacités de l'enfant à s'y investir en toute sécurité. L'accès à l'autonomie pour un jeune enfant pourrait être remis en cause par l'immixtion « virtuelle » de parents désireux de voir le quotidien de leur enfant . Si un parent accueille le soir son enfant en lui disant qu'il l'a vu pendant la journée jouer avec tel camarade ou tel jouet, le parent n'est plus seulement l'adulte sur lequel l'enfant prend appui, mais véritablement un dieu omniscient qui voit et qui sait tout. L'enfant pourrait aussi avoir un sentiment artificiel de sécurité induisant que même quand son parent n'est pas là physiquement, il peut veiller sur lui. »

Cas CPVP

Avis de la Commission n° 05/2004 du 10 mai 2004 sur l'avant‐projet du Gouvernement flamand relatif au système d'information de santé

Concernant l'introduction dans le projet de décret visé d'une limite d'âge déterminée fixée à 14 ans ‐> cet âge peut effectivement servir de référence mais qu'il ne peut servir de critère absolu auquel on ne pourrait pas déroger. Le prestataire de soins doit toujours pouvoir juger de l'acquisition de la maturité suffisante pour agir de manière autonome pour les jeunes qui se situent sous cette limite d'âge.

15

Cas CPVPCommunication données de santé de mineur au parent titulaire de l’assurance soin de santé (avis n°24/2006)

Le législateur a considéré que le droit du mineur à l'exercice de ses droits liés à la protection de la vie privée s'affirmait en fonction de son âge, de sa maturité ou de son aptitude à apprécier raisonnablement ses intérêts.

La gradation va de l'exercice des droits par le seul représentant du mineur, à l'exercice associé ou séparé et, enfin, autonome par le mineur.

CPVP :

o Mineur < 12 ans : confier son droit d'accès à ses parents ‐> données de santé peuvent être communiquées,o Mineur > 12 ans : droit d'accès exercé par le mineur et peut l'être concurremment par le parent afin de 

contrôler l'exactitude des frais de soins de santé ‐> données de santé doivent être communiquées tant que le parent supporte les frais de soins de santé de l'enfant.

o Mais possibilité, dans une certaine mesure, pour les mineurs d'avoir recours à des circuits parallèles leur permettant d'avoir, à l'insu de leurs parents, accès aux soins médicaux mais aussi une prise en considération de leur situation personnelle. 

16

Cas CPVP

Je décide / Ik beslist : http://www.jedecide.be/

5. Réutilisation des données

Attention aux risques de réutilisation des données

Big Data

Internet des objets

36ème Conférence internationale des commissaires à la protection des données et à la vie privée  : Déclaration de Maurice sur l’internet des objets

http://www.privacyconference2014.org/media/16596/Mauritius‐Declaration.pdf

18

Conclusion

La surveillance et le tracking des enfants pas à n’importe quel prix et conditons :

Effets potentiellement négatifs quant à leur développementPas de conscientisation quant à la nécessité de protéger ses données.Informer le mineur et éventuellement obtenir son consentement lorsqu’il dispose de la capacité de discernement

19

Merci de votre attention

20