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1 L'OBSERVATION DES COMPORTEMENTS AU POINT DE VENTE : VERS UNE ETUDE DE LA VALORISATION DE LA VISITE AU MAGASIN Gaël Bonnin Allocataire de recherche, LATEC - CREGO Université de Bourgogne, Pôle d'économie et de gestion 2, Boulevard Gabriel 21000 Dijon L'auteur remercie le professeur Filser pour ses conseils

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L'OBSERVATION DES COMPORTEMENTS AU POINT DE VENTE : VERS UNE

ETUDE DE LA VALORISATION DE LA VISITE AU MAGASIN

Gaël Bonnin

Allocataire de recherche, LATEC - CREGO

Université de Bourgogne, Pôle d'économie et de gestion

2, Boulevard Gabriel 21000 Dijon

L'auteur remercie le professeur Filser pour ses conseils

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L'OBSERVATION DES COMPORTEMENTS AU POINT DE VENTE : VERS UNE

ETUDE DE LA VALORISATION DE LA VISITE AU MAGASIN

La façon de mener l'observation des comportements en magasin est conditionnée par

l'approche théorique sous-jacente. Une approche centrée sur les produits conduit à une

observation objectivante, décontextualisante, et à une interprétation décisionnelle. La prise en

compte des renouvellements théoriques conduit à mener une observation plus large, afin de

mettre en évidence la valorisation de l'acte de magasinage.

Mots clés : Observation/magasinage/sémiotique/comportement/magasin

OBSERVATION OF BEHAVIORS AT THE POINT OF SALE : TOWARD A STUDY OF

SHOPPING VISIT ‘S VALUE

The way to observe behaviors at the point of sale is dependent on the theoretical

approach adopted. A focus on products leads to an objective, isolating observation, which is

supposed to measure decision making. Theoritical renewals lead to a windened observation,

that monitor consumers' shopping act.

Keywords : Observation/shopping/semiotic/behavior/shop

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INTRODUCTION

En 1978, Kendall et Fenwick (1978) se demandaient ce qu'on pouvait apprendre en se

postant dans un rayon de supermarché. Leur réponse prenait la forme de secondes sur un

chronomètre, traduisant le "recours massif à la formalisation mathématique pour tenter de

cerner le comportement de l'individu" (Filser (1994)), ce que l'on peut qualifier d'approche

positive des comportements.

La question de l'intérêt de l'étude des comportements au point de vente ne semble plus

guère se poser, et un nombre croissant de recherches y est consacré (Ladwein (1993), Bensa

(1994), Aubert-Gamet (1996), pour un contexte français). Deux approches sont possibles. On

peut s'interroger sur l'influence du point de vente sur le choix et la prise de décision en

magasin, et rester alors dans une analyse centrée sur le produit. On peut, à l'opposé, choisir

comme objet le magasin en tant que tel et tenter d'expliciter les relations qu'il entretient avec

les consommateurs, afin de comprendre les raisons de fréquentation de tel ou tel point de

vente, de telle ou telle enseigne ou de telle ou telle forme de vente, et les facteurs influençant le

volume d'achat.

Dans chacun des cas, le recours à l'observation est quasi inéluctable. Et, si une

littérature a été consacrée à la justification épistémologique ou pratique du recours à

l'observation (Michiels-Philippe (84), Adler et Adler (1994), Wacheux (1991), Kohn et Nègre

(1991), Grove et Fisk (1992)), celle concernant l'analyse des données qui en sont issues est

moins fournie (Workman (1992), Miles et Huberman (1994)) et essentiellement technique.

Or, le regard de l'observateur est toujours guidé ou conditionné par son approche

théorique. Celui-ci influence aussi bien l'interprétation des données issues de l’observation, que

la façon dont elle est menée. Ainsi, cette dernière est l'objet de choix concrets en termes

d'unités d'analyse et d'interprétation, qui sont rarement explicitement justifiés, et qui ont

longtemps contribué à une limitation des apports au seul approfondissement de la connaissance

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de la prise de décision au point de vente. Cependant, en changeant le regard porté sur

l'observation, on peut enrichir la connaissance générale des liens existant entre l'individu et le

magasin.

Nous allons, dans un premier temps, expliciter les choix effectués par une majorité de

recherches et la logique qui leur est sous-jacente, à partir d'une revue de la littérature, afin de

montrer comment une approche plus ouverte peut être adoptée.

Dans un second temps, une recherche utilisant l'analyse sémiotique des comportements

en magasin illustrera notre propos.

I - L'observation dans les analyses centrées sur le produit : une approche restrictive

Un premier courant de recherche a considéré le point de vente comme lieu d'exposition

de produits. Le tableau 1 donne un aperçu de la littérature concernée. Ce choix théorique a des

conséquences sur l'approche retenue de l'observation, qui peut être qualifiée d'objectivante et

décontextualisante, autant que sur l'interprétation effectuée.

Tableau 1

I - 1 - Objectivation et décontextualisation

Dans la plupart des recherches étudiées, l'observation est utilisée comme succédané aux

déclarations de comportement. Certaines actions sont tellement habituelles pour les

consommateurs, ils y prêtent tellement peu d'attention, que les données déclaratives sont

sujettes à caution (Kendall et Fenwick (1978), Newman et Lockeman (1975)). Dans certains

cas, des phénomènes de rationalisation sont susceptibles de créer un bruit entre le concept et sa

mesure, comme dans le cas des stratégies de négociations entre parents et enfants (Langbourne

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(1993), Bergadaà et Roux (1987), Atkin (1978)). Le recours à l'observation permet alors

d'améliorer la fidélité de la mesure du comportement.

Cette augmentation de la fidélité semble d'autant plus se justifier que l'observation se

focalise sur certains aspects précis du comportement (temps, prise en main, examen du produit,

actome), dont on fait une mesure quantitative (temps en seconde, nombre de prises en main,

séquence de fixation des yeux, décompte de chacun des types d'actome). Cette approche,

analytique, puisque l'on décompose l'ensemble des comportements au point de vente en unités

élémentaires, conduit à une décontextualisation et à une objectivation des comportements.

On peut parler de décontextualisation, puisque des unités élémentaires du

comportement sont isolées de la séquence comportementale dont elles sont partie intégrante.

Elles sont sorties de leur contexte. Ceci soulève la question de la légitimité d'un tel procédé, du

fait que certains actes sont en relation de présupposition réciproque (achat ï prise en main ï

examen du produit) et/ou en relation de dépendance (temps et nombre de gestes).

L'objectivation est réalisée par la mesure quantitative des phénomènes observés, et elle

permet les traitements statistiques les plus élaborés, puisque la mesure est, le plus souvent,

scalée ou métrique. Elle permet également de diminuer l'impact des critiques souvent faites à

l'observation, à savoir celui du regard de l'observateur. En effet, l'utilisation d'un chronomètre

ou le dénombrement des actions semblent peu sujets à biais.

On peut néanmoins s'interroger sur certains choix, comme par exemple celui de la

définition d'un produit examiné, dans l'article de Areni et Kim (1993). Ils le définissent comme

un produit pour lequel le consommateur :

1) s'arrête plus de trois secondes pour lire l'étiquette du rayon

2) montre du doigt le produit sur le linéaire

et/ou 3) touche le produit sur le rayon.

Ceci illustre à la fois le problème de la décontextualisation, puisque, pour un acte isolé

(examen du produit), les auteurs ont recours à une micro-séquence comportementale, puisque,

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également, l'on peut se demander quelle(s) hypothèse(s) sous-jacente(s) lie(nt) cette micro-

séquence en trois comportements élémentaires à l'acte qu'ils souhaitent appréhender, et

puisque, enfin, les liaisons entre cet acte et les autres qui sont retenus ne sont pas explicitées.

Est-ce que le fait d'isoler de manière indépendante des unités au sein d'une macro-séquence

globale a un sens ?

De plus, se pose le problème du seuil des trois secondes. Ceci renvoie au problème de

l'objectivation. Quel élément rationnel conduit à ce choix ? La même question se présente

lorsque Kendall et Fenwick (1978) établissent une typologie des consommateurs suivant le

temps qu'ils passent à examiner certains produits. Un premier groupe est établi à moins d'une

seconde, un deuxième entre une et huit secondes, et un dernier à plus de huit secondes. Les

auteurs invoquent, pour la séparation à huit secondes, une estimation faite du temps de lecture

nécessaire. Cependant, ils soulignent que d'autres résultats de la littérature aboutissent à des

seuils de quatre ou douze secondes.

Dans ce cadre, l'approche par la théorie des actes, utilisée par Ladwein (1993),

constitue un apport indéniable, puisqu'elle permet d'expliquer la décomposition du

comportement global. Un acte est défini par des discontinuités observables dans le flux

comportemental. Il est lui même décomposable en actomes. Ces derniers relèvent soit de

l'activité véhiculaire (avancer, bifurquer) soit de l'activité cognitive (investigation sensorielle,

recherche d'un produit, décision d'achat). Les descripteurs de l'activité cognitive sont les arrêts,

les préhensions et les achats, et sont délimités par des activités de mobilité. Suivant le type de

produit, l'auteur tente de différencier le type d'accès, qui peut être instrumental (préhensions =

arrêts = achats), exploratoire statique (préhensions > (arrêts = achats)) ou encore exploratoire

multimodal (préhensions > arrêts > achats). L'approche théorique sous-jacente permet de

limiter en partie les problèmes liés à la décontextualisation et à l'objectivation, et contribue à

améliorer la fidélité de la mesure observation, c'est-à-dire qu'on obtient toujours les mêmes

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résultats en la réutilisant (Evrard, Pras, Roux (1993)), du fait qu'elle sert de guide à la

détermination des éléments à observer.

Cette dernière remarque nous replace dans le contexte de l'évaluation d'un instrument

de mesure. C'est bien dans cette optique que l'observation des comportements est utilisée,

puisque tous les auteurs cités la considère comme indicateur de la recherche d'information ou

de la prise de décision. Or, outre le critère de fidélité, le critère de validité peut être évalué,

c'est-à-dire le degré de convergence entre le concept et sa mesure, ce qui nous renvoie à

l'interprétation faite des données recueillies par l'observation.

I - 2 - Une interprétation en terme de prise de décision

Le point commun à toute les recherches mentionnées dans le tableau 1 est

l'interprétation des éléments issus de l'observation comme indicateurs de la prise de décision au

point de vente. Le magasin est alors considéré comme le lieu où le consommateur vient

chercher des informations sur les produits, les évalue ou en achète un. La vision est une vision

instrumentale du point de vente, mais dans un sens différent de celui de Ladwein (1993). Le

magasin est un lieu de ravitaillement, le motif de venue est essentiellement extrinsèque

(Holbrook (1986)), le consommateur se rend dans le point de vente pour s'y ravitailler ou pour

y chercher de l'information.

Les soubassements théoriques de l'interprétation décisionnelle

Cette interprétation découle du paradigme longtemps dominant dans la recherche en

comportement du consommateur, et traduit même l'évolution de la place accordée au point de

vente dans la modélisation de la décision d'achat.

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Les modèles traditionnels se sont focalisés sur l'analyse de la prise de décision

concernant le choix d'un produit ou d'une marque, et ont accordé un rôle prépondérant à

l'information dans la prise de décision (Filser (1996), Holbrook (1995), Robertson et

Kassarjian (1991)).

Au départ, la place du point de vente dans le processus était limitée, puisque le

consommateur était sensé choisir une marque, puis se rendre ensuite au point de vente, qui lui

permettait d'acheter cette marque (Filser (1994)). L'activité en magasin se limite alors à la

recherche du produit, le cas échéant à la recherche d'information, comme chez Kendall et

Fenwick (1978) et Lockeman et Newman (1975), en particulier. Filser (1994) a souligné les

limites de cette approche et montré comment le consommateur sélectionne un lieu d'achat,

puis, en magasin, les produits et les marques achetées. Cette reconnaissance de l'existence

d'une prise de décision en magasin est la justification implicite des interprétations de Russo et

Leclerc (1994), Bensa (1994), Ladwein (1993) et Ladwein et Bensa (1996).

Les renouvellements dans l'approche du point de vente

L'évolution de la littérature en comportement du consommateur d'une part, et en

comportement de magasinage, d'autre part, peut conduire à s'interroger sur la pertinence de

cette interprétation des comportements observés comme indicateurs de la prise de décision au

point de vente, et par là même sur la validité de l'instrument de mesure.

En effet, les modèles traditionnels ont été critiqués, et une littérature parallèle s'est

développée depuis le modèle de comportement expérientiel (Hirschman et Holbrook (1982),

Holbrook et Hirschman (1982)).

La recherche contemporaine s'oriente vers l'analyse de l'ensemble du comportement

(prise de décision, achat, utilisation), et elle intègre les dimensions affectives, les émotions et

les représentations imaginaires (Filser (1996), Cohen et Areni (1991)). Dès lors, l'interprétation

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des comportements observés au point de vente comme indicateurs du processus de décision est

excessivement restrictive. Est-il possible de dire que le temps passé dans le rayon ou le nombre

de gestes effectués permet d'appréhender l'étendue de la recherche d'information (Kendall et

Fenwick (1978) par exemple) ou la longueur du processus de prise de décision (Bensa (1994)

par exemple) ?

Les recherches menées sur les relations entre les consommateurs et le point de vente ne

tendent qu'à confirmer cette remarque.

Sur la base des travaux de Martineau (1958) et Kotler (1973), recentrant l'intérêt sur le

point de vente, par opposition aux produits qu'on y trouve, et de la psychologie

environnementale (Russel et Mehrabian (1975), Gifford (1987), Stockols et Altman (1987)),

des modèles ont été élaborés, qui mettent en évidence l'influence de l'environnement global au

point de vente (Donovan et Rossiter (1982), Donovan et al (1994), Bitner (1992), par

exemple) ou d'éléments isolés de l'environnement, comme la musique (Sibéril (1994), Milliman

(1982), Yalch et Spangenberg (1993)), sur les états internes des individus (plaisir, éveil,

dominance) et/ou les comportements d'approche et d'évitement. L'interprétation de

l'observation en terme de processus de décision est alors problématique. Les unités observées

doivent s'interpréter comme intégrant des indicateurs des états internes des individus (plaisir,

éveil, dominance).

De plus, depuis que Tauber (1972) a posé l'hypothèse que les motifs de visite au

magasin étaient fonctions de plusieurs variables, parmi lesquelles certaines n'étaient pas liées

aux produits, des typologies de consommateurs ont été établies sur la base des motivations

(Westbrook et Black (1985)). Certains auteurs parlent de consommateurs orientés vers

l'expérience (Gröppel (1993), Groeppel et Bloch (1990)). On est loin de la vision instrumentale

du point de vente, telle qu'elle a été décrite plus haut. La recherche étudie alors l'expérience de

shopping (Falk, Campbell (1997), Kerin, Jain et Howard (1992), Swinyard (1993)). Il existe

une reconnaissance du fait que la motivation qui conduit un individu au point de vente peut

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être intrinsèque. Le consommateur se rend au magasin pour le magasin et pour ce qu'il peut y

vivre, et non plus seulement pour les produits qui y sont exposés. Babin, Darden et Griffin

(1994) mesurent les valeurs utilitaires et hédoniques du shopping. Hewer et Campbell (1997)

distinguent le shopping instrumental du shopping récréationnel. Bloch, Ridgway et Dawson

(1994) comparent le centre commercial à un habitat.

De même, Bloch et Richins (1983) étudient le comportement de "browsing", défini

comme l'examen des produits d'un magasin dans un but informationnel ou récréationnel sans

intention d'achat. Bloch, Sherrel et Ridgway (1986) ont étudié la notion de recherche du

consommateur et ont montré que les motifs hédoniques et récréationnels de recherche sont

plus importants que les motifs informationnels et pratiques.

L'approche ethnographique de Sherry et McGrath (1989) les amène à parler des

courses de Noël comme d'une chasse. L'approche sémiotique de Floch (1989) lui permet de

mettre en évidence différentes valorisations de l'hypermarché (ludique, pratique, utopique,

critique) sur la base des discours des individus.

Toutes ces recherches, outre qu'elles témoignent du glissement de l'objet étudié des

produits exposés aux liens qui se tissent entre le consommateur et le magasin, conduisent à

remettre en cause la vision sous-jacente à l'interprétation des comportements au point de vente

comme indicateurs du seul processus de décision d'un consommateur décideur, puisqu'il y a

reconnaissance du fait que le magasin peut être un lieu d'accomplissement d'activités

hédoniques.

Les comportements observés au point de vente sont donc non seulement des

indicateurs des activités décisionnelles, mais encore des indicateurs de la part récréationnelle

du comportement. Une utilisation valide de l'observation comme instrument de mesure doit

donc intégrer ces deux aspects de l'activité des individus au point de vente.

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Vers une observation élargie

Deux aspects dominants des recherches analysant les comportements des individus au

point de vente ont été soulignés. L'appréhension des comportements, tout d'abord, est réalisée

au travers d'une objectivation et d'une décontextualisation des unités élémentaires constitutives

de la séquence comportementale globale, ce qui permet d'assurer une fidélité relative de la

mesure. En revanche, l'interprétation qui en est faite est excessivement restrictive et conduit à

s’interroger sur la validité de l'indicateur. En d'autres termes, en observant les comportements

au point de vente, on a une mesure susceptible de donner toujours les mêmes résultats, mais il

existe une divergence entre le concept et sa mesure. De plus, on soulignera à nouveau la

question de la justification de l'isolement d'unités comportementales élémentaires au sein de la

séquence globale de la visite au point de vente.

Objectivation, décontextualisation et interprétation décisionnelle forment un ensemble

cohérent, témoin de la prégnance des modèles économiques et quantitativistes (Filser (1994))

dans la recherche en comportement du consommateur. Cependant, les sources théoriques et

méthodologiques susceptibles d'être mises à contribution sont plus larges (Filser (1994)).

En particulier, certaines recherches plus récentes dans le domaine des services au sens

large (banque, musée, métro) ont eu recours à une approche ethnographique (Laplantine

(1996), Piette (1996)) des comportements (Aubert-Gamet (1996), Umiker-Sebeok (1992),

Floch (1990), Sherry (1990), Véron et Levasseur (1989), Sherry et McGrath (1989)).

Elles se caractérisent (Tableau II) par une observation globale des comportements, une

absence de mesure quantitative, et une interprétation plus large (intégration, en particulier, de

l'aspect récréationnel des comportements), qui ne porte plus sur des unités élémentaires de

comportement, artificiellement sorties de leur contexte.

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Tableau II

C'est dans ce cadre que se situe notre recherche, qui va être maintenant exposée.

II - L'observation dans l'analyse des relations entre l'individu et le magasin : la

valorisation du magasinage

Le déplacement d'une approche des comportements objectivante et décontextualisante

au cadre interprétatif restreint, vers une approche globale au cadre interprétatif élargi, est le

corollaire d'un déplacement de l'objet de recherche. Le magasin n’est plus seulement considéré

comme un point de vente au sens strict, mais aussi comme un lieu de vie.

L’observation qui a été menée avait pour objectif d’étudier non pas la prise de décision

du consommateur, mais les caractéristiques de l’acte de magasinage et les relations entre

l’individu et le magasin. Ceci revient à poser deux questions. Que fait le consommateur dans le

rayon ? Quelle est la signification de son comportement ?

Avant de donner une réponse à ces interrogations, nous allons expliciter l’approche

retenue.

II - 1 - Les choix méthodologiques

Deux choix ont été effectués. L’observation des comportements a été globale et la

sémiotique a été utilisée pour analyser les données recueillies.

Une observation globale des comportements

La relation de l’individu avec le point de vente ne peut être appréhendée qu’en

observant la séquence totale de comportement et le parcours au point de vente. Ce dernier

n’est en effet d’aucune utilité dans le cadre de la vision instrumentale du magasin. L’espace de

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vente n’est alors que le support d’une activité motrice permettant d’aller d’un produit à l’autre

(Ladwein (1993). En revanche, lorsqu’on cherche à expliciter la valorisation par le

consommateur de sa visite au point de vente, il faut pouvoir rendre compte non seulement des

activités d’interaction avec le produit, mais encore de l’enchaînement de ces unités

élémentaires et de l’utilisation de l’espace par l’individu.

Pour repérer ces différents éléments, les parcours des individus dans le rayon ont été

relevés sur un planogram, tout comme les arrêts, l’ensemble des actions effectuées et le temps

passé. En cela, nous avons reproduit des techniques employées par ailleurs (Tableau II).

L’observation était flottante (Evrard, Pras, Roux (1993)), puisqu’aucune grille ne servait de

support, et non obtrusive. Elle s’est déroulée dans le rayon vêtement pour femmes d’un

hypermarché. Le poste d’observation était situé en dehors du rayon, pour éviter les repérages.

Il permettait de voir le plus grand nombre d’accès possible. Chaque fois qu’une personne

entrait, seule ou accompagnée, l’observation débutait, et elle se poursuivait jusqu'à la sortie du

rayon. Quatre-vingt dix-neuf observations ont été recueillies.

Une analyse par la sémiotique structurale

Le choix du recours à une analyse sémiotique structurale des parcours nécessite une

double justification. La première concerne sa pertinence, la seconde la possibilité de son

application.

Pertinence

L’objectif de l’observation est de repérer les différentes pratiques spatiales individuelles

lors de la visite au rayon. En cela, cette recherche se différencie des approches de Sherry

(1990), Sherry et McGrath (1989), qui ont une orientation plus sociologique et qui sont

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centrées sur le lieu (marché au puce, magasin de cadeaux) plutôt que sur l’acte que représente

le magasinage.

Implicitement, il s’agit d’établir une typologie des comportements, afin d’en

dégager la signification. Dans le cadre des approches traditionnelles, cette dernière était

réalisée en termes de prise de décision. Dans le cadre d’une approche élargie, on tente de

cerner la valorisation de la visite au magasin par l’individu. Dans les deux cas, les

comportements sont donc posés comme éléments signifiants d’un signifié caché, le tout

constituant un signe. Analyser les signes est l’objet de la sémiotique (Manning (1987), Eco

(1988), Evrard, Pras, Roux (1993), Floch (1990)).

On notera, toutefois, que parmi les quatre recherches analysant des parcours (Tableau

II), celles de Véron, Levasseur (1989) et d’Aubert-Gamet (1996), n’ont pas recours à la

sémiotique. Mais, dans ces deux cas, le cadre d’analyse est déjà bien délimité. L’objet de

l’observation d’Aubert-Gamet (1996) est le repérage des pratiques d’appropriation et de

détournement de l’espace de service, celui de Véron et Levasseur (1989) est l’analyse de la

réception du discours produit par l’exposition. La place laissée à l’interprétation est limitée. En

revanche, lorsque l’objet de recherche est à proprement parler la signification (Umiker-Sebeok

(1992), Floch (1990)), et, donc, lorsque la place de l’interprétation est plus importante, les

auteurs ont recours à l’analyse sémiotique, structurale qui plus est.

Les typologies obtenues par Véron, Levasseur (1989) et Aubert-Gamet (1996) se

basent sur des similarités figuratives, au niveau de surface du discours (Courtès (1991)

(1976)). Celles établies par Umiker-Sebeok (1992) et Floch (1990) se basent sur des

oppositions au niveau profond. Les relations établies, dans le second cas, sont élémentaires, ce

qui guide et facilite l’interprétation au niveau du contenu.

Enfin, en comparaison d’une analyse libre, la sémiotique propose un cadre d’analyse

rigoureux, basé sur un certain nombre de postulats, mais ces derniers ont le mérite d’être

explicités (Courtès (1991)). Tel est, en particulier, le cas de celui développé par l’Ecole de

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Paris (sémiotique structurale), pour lequel nous avons opté. L’avantage supplémentaire est que

ce cadre d’analyse est opératoire et reproductible (Courtès (1991) (1976)).

On notera que n’est utilisé ici qu’un des apports de la sémiotique au marketing, à savoir

la sémiotique comme méthode d’analyse (Evrard, Pras, Roux (1993)) et non comme

paradigme (Hetzel (1994)).

Il semble donc exister plusieurs arguments justifiant de l’utilisation de la

sémiotique structurale comme méthode d’analyse des parcours au point de vente. Il reste

maintenant à se poser la question de leur appartenance au domaine de la sémiotique.

Le parcours au point de vente : un texte ?

Faire une analyse sémiotique des comportements observés revient à poser que leur

enchaînement global peut être assimilé à un texte.

A notre connaissance, seuls deux recherches ont appliqué l'analyse sémiotique

structurale du discours à des comportements dans des univers assez proches du marketing. Il

s'agit de Umiker-Sebeok (1992) dans le cadre de la visite au musée, et de Floch (1990) pour

les déplacements dans le métro. Seul ce dernier fournit une argumentation détaillée, sur

laquelle nous allons nous appuyer.

L'idée principale, structuraliste, est que toute manifestation, verbale ou non verbale,

présuppose logiquement quelque chose de manifesté. Floch (1990) propose quatre conditions

pour que le trajet, dans son cas particulier celui des personnes dans le métro, puisse être

abordée comme un texte. Nous allons vérifier qu'elles s'appliquent au point de vente.

Première condition, le trajet, comme le texte, doit "posséder une clôture, qui

l'individualise comme une totalité relativement autonome, et rend possible son organisation

structurelle". En magasin, on trouve bien une entrée (sas, porte, portillon) et une sortie (caisse,

porte,...), et au sein du magasin, on peut délimiter les frontières des différents rayons

(alimentaire, textile, bazar,...).

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Deuxième raison, le trajet, comme un texte, "doit pouvoir être l'objet d'une

segmentation, c'est-à-dire d'un découpage en un nombre limité d'unités, d'étapes ou de

moments, qui se relient entre eux, selon certaines règles". On a vu, dans la première partie, que

tel était bien le cas, et qu'une critique qui a, justement, été faite était l'isolement des unités

élémentaires (paradigmes), au mépris des règles qui les unissent entre elles (règles

syntagmatiques).

Troisième condition, le trajet doit, comme un texte, posséder une orientation. Le

parcours et les comportements au point de vente sont bien d'une nature orientée.

Enfin, aborder les comportements en magasin comme un texte, c'est postuler qu'ils sont

signifiants. On ne fait rien d'autre, lorsqu'on les prend comme indicateurs du processus de

décision. On considère qu'ils ne sont pas "une suite gratuite de mouvements et de

stationnements, une pure gesticulation" (Floch (1990)).

Le parcours au point de vente semble donc pouvoir être assimilé à un texte, et ainsi être

l’objet d’une analyse sémiotique.

II - 2 - Les pratiques spatiales des individus dans le rayon

L’analyse des données d’observation a été effectuée en deux temps. Tout d’abord, on a

cherché à mettre à jour les structures signifiantes, soit les oppositions au niveau profond du

discours, afin de savoir ce qui différenciait les pratiques individus. Ensuite, le problème de la

signification de ces pratiques a été abordé.

Une typologie des comportements au point de vente

Deux étapes ont été nécessaires. La première visait à repérer les éléments constitutifs

du texte "parcours en rayon ", la seconde à cerner les oppositions fondamentales.

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Analyse au niveau de surface : Les éléments constitutifs du parcours

Le parcours en rayon est une succession de déambulations et d'arrêts. A la différence de

la théorie des actes (Ladwein (1993)), nous choisissons de retenir la déambulation dans

l'analyse, considérant qu'elle n'est pas qu'une activité motrice, mais que, au contraire, elle est

une pratique hautement signifiante. C'est un micro-récit, qui s'enchaîne avec l'autre micro-récit

que constitue l'arrêt. Les possibilités de combinaisons entre ces deux éléments permettent déjà

de restituer en partie la diversité figurative du parcours. La figure la plus élémentaire est une

déambulation pure, qui peut se complexifier avec le nombre d'arrêts. Cependant, au sein de ces

micro-récits, d'autres combinaisons sont possibles.

Lors de la déambulation, plusieurs potentialités s'offrent à l'individu, ce qui définit

autant de règles paradigmatiques. L'activité déambulatoire se caractérise par un rythme (lent,

normal), une étendue (concentrée sur une zone ou étalée sur différentes zones du rayon), une

orientation (simple ou complexe) et, enfin, des actions (regarder devant soi, regarder le rayon,

toucher ou non les produits).

De même, lors des arrêts, la personne peut simplement regarder le rayon ou un produit,

toucher un produit, l'examiner attentivement, regarder son étiquette, le décrocher, le regarder

sur soi, le raccrocher, ou fouiller dans le rayon.

Tous ces éléments (paradigmes) ont la possibilité d'être actualisés. Seuls certains le

sont, et la mise en relation des unités paradigmatiques actualisées selon des règles

syntagmatiques (combinaisons) restitue la totalité de la diversité figurative du texte "parcours

en rayon".

Mais, le propre de l'analyse sémiotique est de trouver la "logique qu'il doit y avoir

derrière tout ça" (Floch(1990)), soient les éléments constitutifs du discours au niveau profond

(Courtès (1976) (1991)). Ceci constitue un préalable indispensable à la construction du carré

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sémiotique (Floch (1989) (1990), Courtès (1976) (1991)), et donc à la constitution d'une

typologie et à son interprétation.

Analyse au niveau profond : Les oppositions fondamentales

Le travail de l'analyste consiste à "dégager les similitudes et les récurrences" (Floch

(1990), en observant sur les relevés de parcours l'actualisation des unités paradigmatiques et

leur enchaînement.

Les similitudes et oppositions apparaissent lorsque l'on compare les parcours entre eux.

On a déjà noté l'opposition entre un parcours uniquement déambulatoire (Annexe A) et un

parcours complexifié par un enchaînement de déambulation et d'arrêts (Annexe B). Mais, les

différents paradigmes actualisés d'un parcours à l'autre révèlent d'autres oppositions.

Opposition sur l'étendue de la déambulation, qui peut être étalée sur différentes zones (Annexe

B et D), lorsque la personne s'attarde sur différentes catégories de produits, ou concentrée sur

une zone quand elle va directement vers les joggings (Annexe C). Opposition sur l'orientation,

qui peut être simple, lorsque la personne passe tout droit pour atteindre le rayon pâtisserie

(Annexe A), ou complexe lorsqu'elle effectue de nombreux allers-retours (Annexe B).

Opposition sur les actions effectuées pendant l'arrêt, suivant que l'individu touche ou ne touche

pas les produits, par exemple. Les oppositions paradigmatiques apparaissent alors (Tableau

III).

Tableau III

Les récurrences sont mises à jour au sein d'un même trajet, et reflètent l'organisation

syntagmatique des paradigmes actualisés. Il y a récurrence lorsque la consommatrice pousse

son chariot en regardant devant soi, rapidement, avec une orientation simple vers la sortie, et

des arrêts inexistants (Annexe A), autant d'éléments constitutifs d'un programme minimum. A

l'inverse, le programme peut se complexifier, et mettre à jour d'autres récurrences. Par

exemple, tel est le cas lorsque la consommatrice marche lentement, étalant un parcours à

orientation complexe, en regardant le rayon, lorsque ce même parcours est marqué par de

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nombreux arrêts, eux-mêmes constitués de nombreuses actions, souvent répétées plusieurs fois

(Annexe B). Les récurrences apparaissent également dans le tableau III.

Les similitudes, oppositions et récurrences mettent à jour la manière dont "les faits et

gestes s'organisent autour d'une grande catégorie fondamentale" (Floch (1990)). Effectuer un

parcours essentiellement déambulatoire, rapide, simple, concentré, sans arrêts, c'est inscrire le

passage en rayon dans une continuité (Annexe A). A l'opposé, un rythme lent, un étalement,

une orientation complexe, des arrêts nombreux, constitués d'actions nombreuses et récurrentes,

tout ces éléments témoignent d'une affirmation de la discontinuité par l'individu (Annexe B). La

projection dans le carré sémiotique permet, par construction, de mettre en évidence deux

nouvelles catégories : la non-continuité et la non-discontinuité (figure I).

Figure I

Les arrêts, leur nombre, leur complexité, sont les principaux indices de discontinuité.

Nier la discontinuité (Annexe C), c'est donc effectuer une déambulation la plus continue

possible (rapide, concentrée, simple, sans actions), tout en marquant le moins possible la

discontinuité lors des arrêts (le moins d'arrêts possibles, un enchaînement d'actions le plus

simple possible). A l'inverse, nier la continuité (Annexe D), c'est avoir une déambulation la plus

discontinue possible (lente, étalée, quelques actions), tout en marquant le moins possible la

continuité lors des arrêts (quelques arrêts, avec un minimum d'actions et des enchaînements

simples).

La mise à jour des structures signifiantes a permis d'établir une typologie des

comportements au point de vente. Il reste à aborder l'interprétation qu'on peut en donner.

La signification du parcours en rayon : la valorisation de la visite au magasin

Des comportements aux individus : l'actualisation de la typologie par les sujets

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Les sujets valorisant les continuités nient à la fois l'espace de vente (déambulation

simple) et les produits qui y sont présentés (pas ou peu d'arrêts). Le rayon est, dans ce cas, un

simple moyen de relier un endroit à un autre, une autoroute reliant l'allée centrale à l'espace

boulangerie, par exemple. Le motif de venue est extrinsèque.

A l'inverse, la valorisation des discontinuités implique une valorisation de l'espace de

vente et des produits (déambulation complexe, arrêts nombreux et complexes). On retrouve

l'aspect "chasse au trésor" mis en évidence par Sherry et McGrath (1989). Le motif de venue

est intrinsèque.

On appellera ces deux types respectivement les instrumentalistes et les chineuses.

Valoriser les non-continuités, c’est valoriser l’espace de vente, tout en niant les

produits (déambulation complexe, mais arrêts simples). La visite est une promenade, le rayon

semble jouer un rôle des sas de décompression avant la réalisation des courses. Le motif de

venue est intrinsèque.

Enfin, valoriser les non-discontinuités, c’est valoriser les produits, tout en niant l’espace

de vente (déambulation simple, arrêts complexes). Le rayon est un point de ravitaillement,

l’espace un moyen d’accès vers les produits. Le motif de venue est extrinsèque.

Ces deux derniers types sont les flâneuses et les pratiques, respectivement. La figure II

résume l’ensemble de ces résultats. Dans notre échantillon, la répartition approximative était de

44% de flâneuses, 24% de pratiques, 19% de chineuses et 12% d'instrumentalistes

Figure II

La signification de la typologie

Quatre pratiques spatiales ont été mises en évidence. Se pose, maintenant, la question

de la signification de la typologie. Quelle est la variable sous-jacente, qui a été mesurée ?

Pour répondre à cette question, il convient de situer cette recherche dans l’évolution

globale de la littérature en marketing. Une taxinomie (tableau IV) peut être établie suivant le

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domaine de recherche (produit ou distribution) et l’objet de recherche. Ce dernier a longtemps

été, dans le domaine des produits, l’acte ou la décision d’achat, avant que l’intérêt ne se

déplace vers l’acte de consommation (Filser (1996)). En distribution, une évolution similaire

semble se produire. De recherches centrées sur le choix du et au point de vente ( Bensa (1994),

Ladwein (1993)), on glisse vers des recherches centrées sur l’acte même de magasinage (Falk,

Campbell (1997), Aubert-Gamet (1996)).

Tableau IV

L’observation que nous avons menée s’inscrit dans cette dernière perspective, et la

typologie établie nous paraît mesurer la valorisation de l’acte de magasinage par les

consommatrices. Cette valorisation nous semble, plus qu’une simple façon de faire ses courses

(pratiques spatiales), refléter une façon de vivre la visite au point de vente. Selon nous, elle

permet d’intégrer et d’opérationnaliser les oppositions faites entre courses corvée et courses

plaisir, shopping routinier et shopping récréationnel, point de vente et magasin, tout en les

affinant.

.

CONCLUSION

Les limites des approches traditionnelles de l’observation des comportements du

consommateur en magasin ont été mises en évidence, et des arguments ont été proposés, pour,

d'une part, le recours à une analyse globale des comportements, replaçant les unités

élémentaires dans leur contexte, et, d'autre part, le recours à une analyse sémiotique, comme

méthode d'analyse et support à l'interprétation. Ainsi, quatre types de valorisation de l’acte de

magasinage ont été identifiées. Dans la lignée des travaux de Tauber (1972), mais à un niveau

comportemental, la typologie montre que le point de vente ne saurait se réduire à un lieu de

ravitaillement en produits ou en informations. De plus, elle montre que la visite au magasin est

un acte à part entière, au même titre que l’acte de consommation.

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Il convient de préciser les limites de l'approche retenue. Si les approches traditionnelles

nous ont semblé plutôt fiables, mais manquant de validité, le choix, que nous avons effectué,

bien qu'il nous semble plus valide, car ne restreignant pas le consommateur à un décideur et

permettant ainsi de se rapprocher du concept qu'on souhaite mesurer, pose un problème de

fidélité. Ceux-ci sont dus au problème de la subjectivité de l'observateur (Adler et Adler

(1994), Wacheux (1996), Grove et Fisk (1992), Michiels-Philippe (84), Kohn et Nègre (1991))

et de l'analyste (la sémiotique bricolage de Courtès (1991), Miles et Huberman (1994)). De

plus, l’ensemble de l’analyse repose sur le postulat, même si l’on a tenté de le justifier, que le

parcours en rayon peut être assimilé à un texte, et, donc, faire l’objet d’une analyse sémiotique

structurale.

En revanche, la typologie présentée nous semble présenter différents intérêts. Tout

d'abord, les attentes des types de consommateurs en terme d'aménagement spatial sont, sans

doute, différentes. En particulier, une comparaison (Fouquier et Véron (1985)) entre les

figures d'émission (aménagement spatial) et les figures de réception (comportement observé)

du magasin, pourrait permettre de connaître l'influence de la configuration spatiale et de

l'environnement au point de vente, suivant la valorisation, dans une approche sémiotique du

point de vente telle qu'elle est repérée par Aubert-Gamet (1996). Dans le même ordre d'idée,

une comparaison des différentes formes de vente (grande surface spécialisée, hypermarché) est

l'objet d'une recherche, pour laquelle environ 830 observations supplémentaires ont été

collectées.

De plus, dans la mouvance de la critique faite par Aubert-Gamet (1996) des modèles de

psychologie environnementale, béhavioristes par essence, et accordant un rôle passif à l'acteur,

l'analyse qu'on a faite tend à reconnaître la liberté qu'à le consommateur dans sa relation au

point de vente, de la même manière que des pratiques de détournement avaient été mises en

évidence par Aubert-Gamet (1996) dans le cas des banques. Ceci pourrait rendre compte de

certaines limites des résultats des recherches sur l'influence des variables d'environnement.

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Interprétations descomportements

Longueur du processus dedécision et support (visuel ou

tactile) de l'évaluation

Auteurs Comportements observésObjectifs des recherches

Areni, Kim (93)

Dickson, Sawyer(90)

Kendall, Fenwick (78)

Newman, Lockeman(72)

Atkin (78)

Bergadaà, Roux (88)

Longbourne (93)

Russo, Leclerc (94)

Bensa (94)

Ladwein (93)

Ladwein, Bensa (96)

Influence de la lumière surles comportements au point

de vente

Evaluation de la recherched'information et

connaissance des prix

Utilisation de l'informationpar le consommateur,

comparaison avecdéclaratif

Utilisation de l'informationpar le consommateur,

comparaison avecdéclaratif

Négociations parents-enfants sur le point de

vente

Négociations parents-enfantssur le point de vente

Conceptualisation desfacteurs influençant laprise de décision au

magasin, suivant l'âge desenfants

Décomposabilité duprocessus de choix en

étapes distinctes

Place des activités enmagasin dans la prise de

décision

Types d'accès au produit

Lien entre la séquencecomportementale et la

dominance de la marquechoisie

Nombre et localisation des produitsexaminés, pris en main, achetés,

ainsi que le temps passé et le faitde goûter le produit

Intervalle de temps entre lemoment d'attention et le

moment où le produit estplacé dans caddie

Temps passé à regarder différentsproduits

Observation centrée sur les actions,relevé du temps passé

Observation avec post-codage sur schéma

d'interaction

Grille structurée

Observation focaliséesur les interactions

Mouvement des yeux

Onze gestes et Temps passé

Actomes de l'activité cognitive

Actomes de l'activité cognitive

Pas d'explication

Recherche d'information

Recherche d'information

Recherche d'information

Prise de décision en groupe

Prise de décision en groupe

Prise de décision en groupe

Prise de décision

Activité cognitive

Activité cognitive

Tableau 1 : L’observation dans l’analyse centrée sur les produits

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Auteurs Objectif Méthode de recueil Méthode d’analyseAubert-Gamet (1996) Identification des

pratiquesd’appropriation et dedétournement

Observation nonobtrusive du parcours etdes actions

Classement

Umiker-Sebeok (1992) Identification de lasignification du muséepour les visiteurs

Observation participantedu parcours et desactions, interview, dessin

Analyse sémiotique

Véron, Levasseur (1989) Identification du modede lecture d’uneexposition

Observation nonobtrusive du parcours etdes actions

Classement

Floch (1990) Identification desfaçons de vivre lemétro

Observation nonobtrusive du parcours etdes actions

Analyse sémiotique

Sherry (1990) Analysesocioculturelle d’unmarché au puce

Observation participante,rapport écrit

Interprétation

Sherry, McGrath (1989) Signification dumagasin de cadeau

Observation participante,entretien en profondeur

Interprétation

Tableau II : Perspectives élargies de l’observation

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Récurrences au niveau de surfaceO

ppos

ition

s au

niv

eau

de s

urfa

ceDéambulation

Rythme Rapide versus Lent

Etendue Concentrée versus Etalée

Orientation Simple versus Complexe

Actions Ne rien faire versus Toucher un produit

Regarder devant versus Regarder le rayon

Arrêts

Nombre Faible versus Elevé

Action

Regarder le rayon Non actualisé versus Actualisé

Toucher un produit Non actualisé versus Actualisé

Examiner un produit Non actualisé versus Actualisé

Regarder l’étiquette Non actualisé versus Actualisé

Décrocher un produit Non actualisé versus Actualisé

Regarder le produit sur soi Non actualisé versus Actualisé

Fouiller dans le rayon Non actualisé versus Actualisé

Tableau III : Les éléments constitutifs du discours : oppositions, similitudes et récurrences

Oppositions au niveau profond Continuité versus Discontinuité

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Dom

aine

Objet de recherche

Produit

Distribution

Décision et acte d’achat

Ex : Modèles multi-attributsCohen et Areni (1991)

Acte de consommation

Ex : Belk, Wallendorf,Sherry (1989) Holbrook,Hirschman (1982)

Choix de point de venteActe d’achat au point devente

Ex : Bensa (1994),Ladwein (1993)

Acte de magasinage

Ex : Aubert-Gamet (1996),Umiker-Sebeok(1992)

Tableau IV : Une taxinomie de l’évolution des objets de recherche

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Continuité Discontinuité

Non - discontinuité Non - continuité

Relation de contrariété

Relation de contradiction

Relation de complémentarité

Figure 1 : Les oppositions fondamentales

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Valorisation des non - discontinuités

Utilisation utilitaire du rayon comme route

vers des produits

Motif de venue extrinsèque

Le rayon comme point de ravitaillement,

la visite comme ravitaillement

Pratiques

Chineuses

Le rayon comme brocante, la visite

comme chasse au trésor

Motif de venue intrinsèque

Utilisation récréationnelle de l’espace

global, rayon et produits sont un tout

Valorisation des discontinuités

Instrumentalistes

Le rayon comme autoroute, la

visite comme raccourci

Motif de venue extrinsèque

Non utilisation de l’espace et des

produits

Valorisation des continuités

Valorisation des non - continuités

Utilisation récréationnelle de l’espace

rayon

Motif de venue intrinsèque

Le rayon comme sas, la visite comme

promenade

Flâneuses

Figure 2 : Les valorisations de la visite au magasin

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Annexe A : Exemple de valorisations des continuités

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Annexe B : Exemple de valorisation des discontinuités

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Annexe B (suite) : Exemple de valorisation des discontinuitésActions effectuéesArrêt 1 : Touche, sort deux produits, reposeArrêt 2 : Avance un peu, sort une robe, regarde étiquette, repose, regarde et touche sur cintre, s'éloigne un peupour mieux regarder, se rapproche, prend la robe, regarde à côté, repose, va à côté, regarde, fouille au fond, sortun produit, le pose sur le cintre pour le regarder, repose.Arrêt 3 : Regarde un produit, le touche sur cintre, regarde à côtéArrêt 4 : Sort une robe, la regarde à bout de bras, la retourne. Quelqu'un s'approche, lui montre deux produitschoisis. La première repose ce qu'elle vient de prendre. Retourne en 2, pour montrer un produit déjà vu, revienten 4. Sort une robe, la montre. Cherche l'étiquette, regarde à bout de bras, discute, la touche, fouille, regardeétiquette, repose, discute avec l'autre personne sur ce que celle-ci a choisi.Arrêt 5 : La seconde conduit la première vers les t-shirts. Touche un t-shirt. Montre, regarde touche, discuteArrêt 6 : Regarde un autre produit, montre à la seconde, montre et regarde sur soi, se séparentArrêt 5 bis : Fouille dans le rayon, sort un produit, regarde le produit, le repose, regarde le rayon, touche unproduitArrêt 7 : Touche vaguementArrêt 8 : Fouille, va au fond du rayon, laisse tomber un produitArrêt 9 : Va plus loin, sort un produit, repose, fouille, touche un produit, examen long, ressort un produit,regarde, tourne, avance avec dans le rayonArrêt 10 : Montre produit à quelqu'un,Arrêt 11 : Regarde pantalon, toucheArrêt 12 : Demande quelque chose à essayage, y laisse le produitArrêt 13 : regarde et touche un produitArrêt 14 : regarde et touche un produitArrêt 15 : regarde et touche un produitArrêt 16 : regarde et touche un produit

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Annexe C : Exemple de valorisation des non-discontinuités

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Annexe C (suite) : Exemple de valorisation des non-discontinuités

Actions effectuéesArrêt 1 : Touchent les produits, regardent, fouillent, l'une essaye sur place, cherchent la glaceArrêt 2 : se regardent dans la glace, avec le blouson sur le dos, la seconde revient prendre un blouson, avec lataille appropriée, la seconde revient, en repose un, cherche à nouveau, reste perplexe, retourne à la glace,rapporte celui qu'elle a reposé, la première remet le blouson sur le cintre, rapporte les blousons, en prennent un

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Annexe D : Exemple de valorisation des non-continuités

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