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Rencontre Le non-recours aux prestations, une fatalité ? Page 8 Bonnes pratiques Tour de France des collectivités Page 15 Parcours Jamais sans ma machine Page 24 LE MAGAZINE DU CENTRE NATIONAL DE LA FONCTION PUBLIQUE TERRITORIALE N° 20 - NOVEMBRE 2015 LOI TRANSITION ÉNERGÉTIQUE UNE ÉNERGIE NOUVELLE POUR LES TERRITOIRES Dossier page 10

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RencontreLe non-recours aux prestations, une fatalité ?

Page 8

Bonnes pratiquesTour de France des collectivitésPage 15

ParcoursJamais sans ma machinePage 24

LE MAGAZINE DU CENTRE NATIONAL DE LA FONCTION PUBLIQUE TERRITORIALE N° 20 - NOVEMBRE 2015

LOI TRANSITION ÉNERGÉTIQUE

UNE ÉNERGIE NOUVELLE POUR LES TERRITOIRES Dossier page 10

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N° 20 - NOVEMBRE 2015

4 – ACTUALITÉSL’essentiel à retenir

8 – RENCONTRELe non-recours aux prestations, une fatalité ?

10 – DOSSIERUne énergie nouvelle pour les territoires

15 – BONNES PRATIQUESTour de France des collectivités

22 – DÉCRYPTAGEDe nouveaux périmètres pour la politique de la ville

24 – PARCOURSJamais sans ma machine

28 – ET DEMAIN ?La « robolution » est en marche

31 – KIOSQUEJe surfe, je lis, je regarde

22 8“La formation des travailleurs sociaux est un levier important de la prévention contre le non-recours aux droits.”

Touria Arab-Leblondel

15BONNES PRATIQUES

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28

RencontreLe non-recours aux prestations, une fatalité ?

Page 8

Bonnes pratiquesTour de France des collectivitésPage 15

ParcoursJamais sans ma machinePage 24

LE MAGAZINE DU CENTRE NATIONAL DE LA FONCTION PUBLIQUE TERRITORIALE N° 20 - NOVEMBRE 2015

LOI TRANSITION ÉNERGÉTIQUE

UNE ÉNERGIE NOUVELLE POUR LES TERRITOIRES Dossier page 10

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SERVICE PUBLIC TERRITORIALNUMÉRO 20 - NOVEMBRE 2015 2 /3

FRANÇOIS DELUGA,PRÉSIDENT DU CNFPT,MAIRE DU TEICH

Service public territorial – 80, rue de Reuilly – 75012 Paris /// Bimestriel publié par le CNFPT /// DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : François Deluga – CO-DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Jacques Goubin – RÉDACTRICE EN CHEF : Alexandra Weinstein – RÉDACTION : Candice Braque, Bruno Cargnelli, Valérie Lachenaud , Sophie Le Renard //// CRÉDITS PHOTO : AFP / Stéphane de Sakutin, Getty Images, iStock, Thinkstock, CAPA Pictures, DR /// ILLUSTRATION : Anyforms Design /// Mise en page : studio graphique du CNFPT /// ABONNEMENTS : 01 55 27 41 36, [email protected] /// IMPRESSION : Corlet imprimeur /// ISSN 2118-0083 /// TIRAGE : 25 000 exemplaires.

Les énergies des territoiresAu moment où parait ce 20e numéro de Service public territorial, notre pays se trouve confronté à une des plus graves crises de son histoire récente face à laquelle tous les autres sujets peuvent sembler dérisoires. Pourtant, même meurtris et inquiets, nous devons continuer à avancer et à donner, plus que jamais, un sens à nos existences individuelles et à notre vie collective.

C’est ce que propose, à sa manière, ce numéro qui rappelle que nos territoires regorgent d’énergie. De l’énergie pour entreprendre, de l’énergie pour s’adapter, de l’énergie pour s’engager dans le soutien et la défense de grandes causes comme la lutte contre réchauff ement climatique.En eff et, limiter le réchauff ement climatique à 2°C d’ici 2100 est un enjeu majeur pour notre planète. Cet objectif sera au cœur de la COP 21, organisée par notre pays, qui a adopté en août dernier la loi relative à la transition énergétique pour une croissance verte. À l’avant-garde de la mobilisation, les territoires ont déjà mis en place de nombreuses actions dans le cadre du développement de « territoires à énergie positive ». Initiatives qui, si elles n’en sont qu’à leur début, s’inscrivent sur le long terme. En eff et, tout en répondant aux besoins immédiats de leurs populations, les collectivités anticipent aussi très largement les enjeux d’avenir. Ainsi, à l’heure où le numérique refonde notre rapport au réel et au travail, l’ère de la robotisation pourrait bien être la prochaine « révolution » pour le futur de nos territoires. Ces derniers semblent l’avoir parfaitement compris : service à la personne, aide au maintien à domicile des personnes âgées ou en situation de handicap, accès pour tous à la culture sont quelques-unes des applications où le robot humanoïde trouve sa place. Le champ des possibles et des usages s’élargit un peu plus chaque jour. Raison pour laquelle les collectivités soutiennent économiquement cette fi lière.Les collectivités évoluent et se transforment en permanence, en vertu du principe de mutabilité du service public. Elles le font en grande partie grâce à leurs agents dont les fonctions et activités se modifi ent pour s’adapter aux enjeux et aux défi s actuels. Mais le moteur de ces transformations reste avant tout la recherche de l’intérêt général qui, dans la période que nous traversons, demeure notre bien le plus précieux.

Je vous souhaite une bonne lecture.

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Événements, colloques, projets de loi…L’essentiel à retenir

ILS ONT DIT…

La loi NOTRe, adoptée cet été, va permettre le développement, plus large, de l’ouverture des données. Cette dynamique

s’inscrit dans le mouvement de l’OpenGov, ou « démocratie ouverte ». Elle s’appuie sur trois piliers : la transparence, la participation et la collaboration. Le site territoire.data.gouv.fr se propose d’accélérer la diffusion et le

décloisonnement des données aux différents échelons territoriaux et nationaux. La mission ETALAB, en collaboration avec l’association Open Data France, accompagnera les collectivités de toutes tailles dans l’ouverture de leurs données publiques. On trouve aujourd’hui moins d’une centaine de collectivités engagées dans ce processus. À terme, ce sont plus de 5 000 d’entre elles qui sont visées.

LES DONNÉESPUBLIQUES OUVERTES

ATTENTATS DU 13 NOVEMBRE 2015« Ma volonté c’est de mettre toute la puissance de l’État au service de la protection de nos concitoyens […] Vous-mêmes, représentants de la Nation, vous connaissez le sens du devoir et, lorsque les circonstances l’exigent, l’esprit de sacrifice. »FRANÇOIS HOLLANDEau Congrès de Versailles.

DIVERSITÉ« Sauf à demeurer un sanctuaire, la fonction publique doit redevenir un espace d’ouverture et de promotion. C’est à cette seule condition qu’elle continuera à assurer la qualité des services dont elle a la charge. » VALÉRY MOLET,directeur général des services du Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis.

ÉGALITÉ DES GENRES« Les métropoles qui travaillent sur le harcèlement de rue ont très vite des résultats spectaculaires. Ce qui peut paraître anecdotique est un sujet central dans les questions d’inégalité femme-homme dans la ville. » YVES RAIBAUD,géographe et chargé de mission pour l’égalité femmes-hommes, Les inrocks.

/// Pour répondre concrètement au besoin de maîtrise du flux des normes appliquées aux collectivités, un élu pourra désormais saisir directement le Conseil national d’évaluation des normes afin de proposer une simplification ou une abrogation(décret en cours de publication).

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SERVICE PUBLIC TERRITORIALNUMÉRO 20 - NOVEMBRE 2015 4 /5

/// Un projet de décret pour la modernisation des concessions hydroélectriques devrait préciser les modalités du regroupement par vallée lorsque les ouvrages sont hydrauliquement liés mais aussi lors de la mise en place de Société d’économie mixte hydroélectrique.

/// En prévision de leur fusion au 1er janvier 2016,les régions Aquitaine, Limousin et Poitou-Charentes ont inauguré, le 21 octobre, un bureau de représentation unique à Bruxelles pour renforcer l’efficacité de l’action régionale sur les questions européennes.

Une Auvergne décaléeL’Auvergne mise sur l’humour pour attirer les jeunes actifs. Avec un site dédié à son dispositif d’accompagnement, la région joue clairement la carte du décalage. Offres d’emploi avec des entreprises partenaires, aide à la création ou aide à la reprise d’entreprises du territoire, …les propositions sont multiples et si elles sont toutes sérieuses, le ton, lui, ne l’est pas ! Un vrai vent de fraîcheur.

http://www.vistalifeauvergne.fr/

FÉDÉRER, ACCÉLÉRER, RAYONNERLe label French Tech vient de souffler sa première bougie. Développé pour venir en soutien aux entreprises innovantes et faire de la France une pépinière de start-ups, ce label offre une visibilité aux territoires dans lesquels la dynamique entrepreneuriale est particulièrement mature. En tout, ce sont 17 « écosystèmes numériques locaux » favorables à la croissance de start-ups qui ont ainsi été promus. Les entreprises souhaitant bénéficier de ce jeune dispositif doivent répondre à des critères d’innovation, de croissance rapide à visée internationale. Elles bénéficient des actions menées par les French Tech locales qui développent des réseaux de rencontres, d’aides et de soutien dans les démarches liées au business et au financement.

DIFFUSER UNE CULTURE DE L’ÉVALUATIONLe Cese, Conseil économique social et environnemental, a adopté, le 8 septembre dernier, un avis intitulé« Promouvoir une culture de l’évaluation des politiques publiques ». À l’échelle territoriale, seules les collectivités importantes ont pour l’instant recours à cette pratique(20 % des grandes villes, 80 % des conseils régionaux, 40 % des conseils départementaux). Formidable outil d’appréciation de la politique publique, d’aide à la décision politique et d’explication aux citoyens, l’évaluation reste cependant sous-utilisée et méconnue. Cet avis a pour objectif, à travers des exemples concrets, de diffuser une culture commune en faveur de la pratique de l’évaluation.

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Un guide pour une communication non-sexiste

Plombière, cheffe, sous-préfète sont quelques uns des accords de noms de métiers, titres, grades ou fonctions que l’on retrouve dans le guide pratique pour une communication publique sans stéréotype de sexe. Édité par le Haut conseil à l’égalité entre les

femmes et les hommes, ce guide met en avant 10 recommandations pour une communication égalitaire entre les genres réussie.

Publié tous les 2 ans, le baromètre Epicéum – Harris Interactive, permet d’évaluer les attentes du grand public, en communication publique aux différents niveaux de l’échelle territoriale. Un constat à la veille des élections régionales : moins de la moitié des interrogés connaissent l’orientation politique de leur président de région, et seuls 26 % peuvent donner son nom.Un élément de satisfaction : les lecteurs plébiscitent les supports de communication issus des collectivités au détriment des publications d’autres émetteurs.

LES ATTENTES DU GRAND PUBLIC EN COMMUNICATION TERRITORIALE

La montagne gagnanteLe gouvernement a publié sa nouvelle feuille de route pour les territoires de montagne. Le mot d’ordre : « préserver ce territoire d’exception, que le réchauffement climatique met en danger, et développer les territoires avec ceux qui y vivent ». Des réponses concrètes seront mises en œuvre : depuis l’accès aux services d’urgence ou à la téléphonie jusqu’au développement durable des activités touristiques.

Les premiers supports utilisés par les Français pour s’informer localement

Les événements locaux

69 % La TV régionale61 %

Le site internet de la collectivité

61 %La presse gratuite

60 %L’affi chage70 %

Le magazine de votre collectivité

79 %

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Le site à (re)découvrirwww.europe-en-france.gouv.frLe portail des fonds européens met en lumière les initiatives locales en chiffres et en images.Le site propose un riche fonds documentaire de textes et statistiques, des infographies claires et didactiques, des vidéos en format court, les dates des rencontres en Europe…Histoire de mieux appréhender les relations territoires-UE.

UNE VITRINE EUROPÉENNEPédagogique et didactique, l’onglet « l’Europe s’engage » témoigne des politiques mises en œuvre par l’Union européenne dans les territoires locaux sur la période 2014-2020. Régulièrement mis à jour et enrichi, cet onglet donne à voir les champs d’action, les partenariats et les priorités européennes sur cette durée de 6 ans.

DES REPORTAGES VIDÉOSIntitulés L’Européen d’à côté, ces formats courts, accessibles à partir de l’onglet « Centre de ressources/Actualités », présentent les initiatives locales qui ont bénéficié de fonds européens. De la crèche en milieu rural à la gestion des déchets, à travers toute l’Europe, un grand nombre de thématiques sont abordées en plusde 70 vidéos.

LE PIED DE PAGEUn pied de page animé, c’est rare ! Ici, on trouve des animations qui promeuvent des actions en cours ou des événements prochains en lien avec l’Europe. Cliquez et vous en saurez davantage en arrivant directement sur le site de l’événement. À noter : cette insertion change à chaque rechargement de la page.

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Autour d’un enjeu de société

LE NON-RECOURS AUX PRESTATIONS SOCIALES, UNE FATALITÉ ?

À quel phénomène renvoie l’expression de « non-recours aux droits » ?Philippe Warin : Au constat qu’une partie

importante de la population éligible à une prestation sociale ne la perçoit pas. Les raisons sont multiples. Cela peut découler d’une méconnaissance des droits, d’une non-proposition par les organismes

sociaux, d’une non-perception (le dossier a été envoyé, mais l’aide n’a pas été versée en temps et en heure), ou d’une non-demande : les bénéficiaires savent qu’ils ont droit à une prestation sociale,

“ La formation des travailleurs sociaux est un levier important de la prévention contre les situations de non-recours aux droits. ”

Touria Arab-Leblondel, responsable du pôleLutte contre les exclusions du CNFPT

> Les collectivités locales sont de plus en plus nombreuses à s’intéresser au non-recours aux prestations sociales. Un phénomène massif qui compromet l’efficacité de la lutte contre les inégalités. PHILIPPE WARIN et TOURIA ARAB-LEBLONDEL donnent la mesure de l’enjeu.

mais n’en font pas la demande, pour des motifs divers, comme la peur de la stigmatisation, par exemple.

Depuis quand s’intéresse-t-onà cette question ?PW : La CNAF(1) s’est intéressée à ces questions dès 1973, et ses travaux ont pris de l’ampleur dans les années 90, quand, notamment, elle a été confrontée au phénomène de non-recours au RMI(2).

Quelle est l’ampleur de ce phénomène, et pourquoi s’y intéresser ?Touria Arab-Leblondel : Celui-ci est à la fois massif et très largement méconnu. On évalue pourtant à 7 milliards d’euros le montant du non-recours. Or cette « économie » a en réalité un coût pour la collectivité car elle aggrave la grande pauvreté et provoque des dommages sanitaires et sociaux qui impactent lourdement et durablement les dépenses sociales. Les prestations sociales légales ou facultatives donnent la possibilité aux personnes de rebondir et d’éviter de s’installer dans une précarité plus profonde. PW : Le non-recours aggrave les inégalités, notamment parce qu’il atteint en premier lieu les populations les plus fragiles, celles

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UN OBSERVATOIREDU NON-RECOURSPourquoi les individus ne recourent-ils pas aux droits ? Comment limiter ce phénomène ? Telles sont les missions que s’est fixées en 2003 l’Observatoire des non-recours aux droits et aux services, l’Odenore. Intégré au laboratoire Pacte (une unité mixte de recherche du CNRS et de l’université de Grenoble), l’Observatoire mène de nombreux travaux de recherche et a fortement contribué à faire émerger ces questions au sein du débat public.

“ Les taux de non-recours en France oscillent entre 10 et 70 % selon les prestations, alors que la moyenne varie entre 20 à 40 % selon les pays de l’OCDE. ”

Philippe Warin, directeur de l’Odenore(3)

POUR ALLER PLUS LOIN

qui auraient le plus besoin d’aide, ceux qui souffrent d’illettrisme, les personnes isolées. Selon une estimation de la Fondation de France, cinq millions de Français souffriraient d’isolement. Or statistiquement, le risque qu’une personne isolée ne recourt pas aux aides auxquelles elle a droit est généralement multiplié par deux.

Sur quels leviers peut-on jouer ?PW : Les causes étant multiples, les leviers le sont également. Il faut à la fois développer l’information sur les droits, réduire la

complexité administrative, permettre au tissu associatif et aux travailleurs sociaux d’identifier ceux qui passent à côté des aides auxquelles ils pourraient prétendre. Certains pays sont beaucoup plus avancés que nous dans cette démarche, comme la Belgique, qui a créé en 1990 une « Banque carrefour de la sécurité sociale » qui organise l’échange de données entre les institutions publiques de sécurité sociale, ou les Pays-Bas, qui ont opté dans une certaine mesure, au local, pour le principe de l’automaticité des droits.En France, l’idée d’un dossier unique pour ouvrir les droits aux prestations a été évoquée à un moment, puis abandonnée peu après. En l’état actuel des choses, les dispositifs d’aides sont trop complexes pour être harmonisés. Ou alors, il faudrait les repenser en amont…

Quelles sont les avancées en courssur ces questions ? TA-L : Plusieurs initiatives vont dans le bon sens, comme la mise en œuvre des « rendez-vous des droits » dans les caisses d’allocations familiales, qui ont permis en 2014 à 140 000 personnes d’identifier l’ensemble des prestations auxquelles elles pouvaient prétendre. L’accès aux droits sociaux est, depuis 2013, l’une des grandes priorités du plan pluriannuel de

lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale.Les collectivités, notamment à travers

les services d’action sociale, ont pour mission d’identifier les obstacles au recours aux droits et d’y apporter des solutions.Depuis que la question a été mise à l’agenda politique, il y a une plus grande reconnaissance des enjeux d’accès aux droits et aux services dans le champ des différentes politiques publiques (social, logement, santé, finances, transport…)

Odenore, L’envers de la « fraude sociale » : le scandale du non-recours aux droits sociaux,Paris, La Découverte, coll. « Cahiers libres »,2013, 180 p.➜ https://odenore.msh-alpes.fr/

Offre de formation du CNFPT➜ cnfpt.fr

et une réelle montée en puissance des actions de prévention au sein des collectivités territoriales.

Quel rôle joue la formation dans cette problématique ?TA-L : Son rôle est fondamental car il faut outiller les différents acteurs pour les aider à identifier les situations de non-recours. Le CNFPT se mobilise sur le sujet. Les 26 et 27 novembre derniers, nous avons consacré les Rencontres territoriales au thème du « non-recours aux droits et aux services, entre efficience des politiques publiques et égalité des citoyens » à l’INSET d’Angers. Nous avons mis en place des stages pour les cadres de l’action sociale et prévoyons des formations pour les formateurs de travailleurs sociaux. Ces derniers sont en effet au cœur de ces enjeux. Il faut les aider notamment à privilégier une approche « systémique » des individus, tenant compte de la globalité de leurs besoins (précarité énergétique, recours accès aux soins), et à être davantage proactifs encore. On leur en demande beaucoup et il est important de leur donner outils et repères pour s’adapter à de nouvelles situations, et répondre au plus près aux besoins des publics en situation de précarité. ///

(1) Caisse nationale d’allocations familiales(2) Revenu minimum d'insertion(3) Observatoire des non-recours aux droits et services.

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UNE ÉNERGIENOUVELLEPOUR LES TERRITOIRES> ADOPTÉE EN JUILLET 2015, LA LOI RELATIVE À LA TRANSITION ET LA CROISSANCE VERTE AFFICHE DES OBJECTIFS AMBITIEUX : lutter contre le réchauffement climatique, réduire la dépendance vis-à-vis des énergies fossiles, et faire émerger de nouvelles activités créatrices d’emplois. Les territoires sont à l’avant-garde de ce mouvement.

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SERVICE PUBLIC TERRITORIALNUMÉRO 20 - NOVEMBRE 2015 10 /11

Alors que la 21e Conférence des parties de la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP 21) se tient à Paris du 30 novembre au

11 décembre 2015, vise à obtenir un accord global afin de limiter le réchauffement planétaire en-deçà de 2°C, c’est au sein des territoires que se dessinent et se mettent en place les solutions qui permettront d’atteindre cet objectif. « À l’échelle mondiale, la majeure partie des émissions est liée à la vie quotidienne, notamment dans les villes, constate Ronan Dantec, sénateur EELV et porte-parole Climat de l’organisation mondiale des villes, Cités et gouvernements locaux unis (CGLU).Les élus locaux ont donc une réelle capacité à agir, dans les transports, l’énergie… Le sommet mondial climat et territoires, organisé début juillet à Lyon, a permis de faire émerger un quasi-consensus mondial des acteurs non-étatiques sur ce sujet. »En France, la loi relative à la transition énergétique et à la croissance verte (loi TECV) vise à fournir un cadre général cohérent en réponse aux grands enjeux qui s’offrent aujourd’hui aux collectivités dans tous les domaines : aménagement, logement, mobilité, emploi. En promouvant les Territoires à énergie positive et pour la croissance verte (TEP-CV), elle signe l’abandon du modèle de développement qui a prévalu depuis le XIXe siècle. Le spectre des actions concernées est très large : l’objectif est d’encourager la généralisation d’un nouveau modèle de développement, plus sobre, et plus respectueux de l’environnement.

Changement de paradigmeLa loi vise d’abord à limiter et maîtriser les effets du changement climatique, dont on mesure désormais concrètement les impacts dans les territoires. Ces dernières années,

nombre de collectivités ont en effet été confrontées à des événements climatiques violents, avec une fréquence inédite. Le littoral atlantique est exposé à de fortes tempêtes (dont la dévastatrice Xynthia en 2009) qui entraînent l’érosion des côtes et conduisent les élus à des arbitrages délicats : faut-il envisager de coûteux travaux de consolidation ? ou au contraire planifier des déménagements contraints ? Les territoires méditerranéens connaissent pour leur part des phénomènes de crues et d’inondations dévastateurs. Ces événements ont des conséquences financières considérables et posent la question de la gestion des risques et des schémas d’urbanisation. Comme l’a souligné le Groupe inter-gouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) dans ses différents rapports, la priorité est de limiter drastiquement les émissions de gaz à effet de serre (GES) à l’origine du réchauffement. Cela passe par une maîtrise accrue des consommations énergétiques dans tous les domaines. Les bâtiments, premiers émetteurs, sont bien sûr directement concernés et des actions visant à renforcer leur efficacité énergétique sont engagées par des collectivités de toute taille et de tout type. Elles mènent également, depuis déjà longtemps, des actions pour promouvoir des modes de transport plus propres. Et ceux-ci sont d’autant plus nécessaires que le renchérissement du prix des énergies fossiles pèse lourdement sur le budget des collectivités. Moins d’énergie consommée, c’est moins d’émissions de GES et des ressources financières libérées pour initier et soutenir les politiques de développement durable. Les Schémas régionaux du climat, de l’air et de l’énergie (SRCAE) élaborés sous l’autorité des préfets de région et des présidents de conseils régionaux fixent le cap aux horizons 2020 et 2050 en la matière.

UNE LOI TRANSVERSALELa loi relative à la transition énergétique etla croissance verte s’inscrit dans le cadre général des récentes évolutions instaurant une nouvelle organisation et une nouvelle gouvernance des territoires, notammentla loi de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles (loi MAPTAM) qui donne aux collectivités de nouvelles compétences en matière de gestion des concessions des installations de production électrique, de distributionde gaz et de gestion des réseaux de chaleur, et instaurant les Schémas régionaux du climat, de l’air et de l’énergie (SRCAE) et les Plans climat énergie des territoires (PCET).Les dispositifs prévus dans le cadre de la loi sur l’économie sociale et solidaire (ESS) sont également très complémentaires de ces orientations en ce qu’ils permettent le tiers-financement et le financement participatif des installations de production d’énergie renouvelables et instaurent de nouveaux schémas solidaires.

Plans climat énergieLes Plans climat énergie des territoires (PCET), rendus obligatoires depuis 2009 à la suite du « Grenelle de l’environnement » pour les collectivités regroupant plus de 50 000 habitants, traduisent concrètement les objectifs des SRCAE. Depuis leur création, les PCET ont prouvé leur efficacité. Les actions engagées dans ce cadre dès 2007 par une région pionnière, la Haute-Normandie, en matière de transport et d’efficacité énergétique des bâtiments, ont par exemple permis entre 2008 et 2012 d’éviter l’émission de près de 76 500 tonnes équivalent C02 (teq CO2(1)),

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d’économiser 33 000 tonnes équivalent pétrole (tep) et de générer 160 GWh grâce aux EnR(2) sur le territoire de la région. Ambitionnant de s’affirmer comme l’une des premières Éco-Régions, la Haute-Normandie a mis en œuvre concrètement la transition énergétique. En 2010, elle a ainsi lancé un appel à projets pour soutenir l’investissement dans les énergies renouvelables : éolien en mer, énergies marines renouvelables, biomasse, bâtiments... et créé le Chèque énergies, qui permet aux Haut-Normands de réduire leur facture énergétique grâceà la rénovation de leur logement. 

Une attention toute particulière est en effet portée à l’équité sociale et à la lutte contre la précarité, en particulier énergétique. Un accord entre EDF et 22 bailleurs sociaux de la région a notamment été conclu pour réaliser des travaux d’isolation à l’extérieur des immeubles et moderniser les installations électriques et de chauffage. 30 000 familles seront concernées d’ici à 2020. Les premières réalisations sur un parc de 13 immeubles sociaux dans la ville de Petit-Couronne font apparaître des gains allant jusqu’à 30 % de réduction de la facture d’électricité. Les PCET ont installé les régions comme chefs de file, permis aux collectivités d’innover et d’organiser des retours d’expériences. Leur succès doit sans doute beaucoup au fait qu’ils ont permis de dépasser les enjeux purement climatiques et fait le lien avec le développement économique des territoires. Dans le cadre de la loi TECV, ils seront étendus à partir de 2018 aux collectivités de plus de 20 000 habitants.

L’environnement au service de l’économie des territoiresEn termes d’activité et de créations d’emplois durables, les perspectives sont prometteuses. Une étude du Centre international de

recherches sur l’environnement et le développement (CIRED) prévoit la création de 632 000 emplois d’ici à 2030(3). Bâtiment, gestion des déchets, recyclage et production d’énergie renouvelable seraient les secteurs impactés le plus positivement. Au-delà de l’impact direct, la conversion à une économie « décarbonée » apparaît désormais comme un facteur d’attractivité des territoires. Ayant connu une forte désindustrialisation dans les années 1980, la commune d’Ivry-sur-Seine, au sud de Paris, souhaite maîtriser l’aménagement de ce vaste secteur de 145 ha dans la partie sud de l’ancien quartier industriel de la ville. « Pour les élus, la priorité était d’éviter la spéculation immobilière sur ce périmètre, et de maintenir des entreprises de service, mais aussi du secteur secondaire, résume Gilles Montmory en charge du projet Ivry-Confluences à la direction municipale de l’urbanisme. 50 % du territoire concerné par le projet est ainsi réservé à l’activité, contre 10 % aux équipements publics et 40 % aux logements répartis à parts égales entre parc social et privé. » S’étant dotée d’un plan Climat énergie depuis 2011, la ville s’est interrogée sur le mode de chauffage répondant le mieux aux enjeux actuels pour cette zone. « Nous avons retenu une solution de géothermie, précise

Des territoires mobilisés« Les territoires sont les moteurs de la transition énergétique : leur mobilisation est d’une ampleur sans précédent. »

SÉGOLÈNE ROYAL, MINISTRE DE L’ÉCOLOGIE, DU DÉVELOPPEMENT DURABLE ET DE L’ÉNERGIE

LE CADRE RÉGLEMENTAIREEN EUROPELe paquet Énergie climat adopté le 12 décembre 2008 vise à permettre à l’Union européenne d’atteindre d’ici 2020 le triple objectif dit « 3x20 » qu’elle s’était fixé en 2007 :• réduire de 20 % les émissions de gaz à effet

de serre par rapport à leurs niveaux de 1990 ;• porter la part des énergies renouvelables

à 20 % de la consommation ;• réaliser 20 % d’économies d’énergie.

EN FRANCELa France s’est également engagée à diviser par quatre ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050. C’est l’objectif dit de « facteur 4 », inscrit dans la loi du 13 juillet 2005 dite « POPE » (Programme fixant les orientations de la politique énergétique), réaffirmé par la loi du 3 août 2009 de programmation relative à la mise en œuvre du Grenelle de l’environnement. L’objectif fixé au plan national est de contribuer à limiter le réchauffement climatique à +2°C, et d’éviter l’emballement du climat.

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SERVICE PUBLIC TERRITORIALNUMÉRO 20 - NOVEMBRE 2015 12 /13

Quel regard portez-vous sur la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte ?Elle va évidemment dans le bon sens, même si la définition des territoires à énergie positive (TEPOS) que nous promouvons depuis 2011 est plus exi-geante. Pour notre réseau, qui fédère essentiellement des collectivités rurales, un TEPOS est un territoire qui ambitionne d’assurer 100 % de sa consommation d’énergie en moyenne annuelle grâce aux énergies renouvelables, après l’avoir diminuée significativement grâce à une série d’actions. Cela signe un engagement politique très fort.

Est-ce un problème au regard des objectifs ambitieux affichés au niveau national ?La loi contribue à faire évoluer les men-talités en profondeur et à déverrouiller la situation. Les régions s’imposent comme chefs de file et s’approprient progres-sivement la question stratégique de l’énergie. Avec les Plans climat énergie, les collectivités sont montées en puis-sance et en compétence. Les conseillers en énergie assurent une gestion régulière des consommations et des contrats. Les chefs de projet énergie assurent, quant à eux, le rôle de chef d’orchestre, en lien direct avec les acteurs du territoire et les porteurs de projets. Se doter de ces com-pétences est indispensable. C’est pos-sible, avec un budget maîtrisé, lorsque l’on garde en tête que les salaires peuvent être couverts par les économies d’énergie

dégagées, et les nouvelles recettes géné-rées par un parc éolien ou une installation de méthanisation.

Quelles sont les principales difficultés rencontrées par les collectivités ?Aujourd’hui, les enjeux climatiques sont couplés aux problématiques de développement local. Cependant, les responsables des collectivités ont encore du mal à estimer de façon réaliste les ordres de grandeur de référence en matière énergétique. Par exemple, deux grandes éoliennes produisent autant que… 100 000 m2 de panneaux photo-voltaïques, ou 1 500 petites éoliennes ! C’est une donnée à prendre en compte pour orienter les choix ! Le système énergétique français reste par ailleurs encore très centralisé et fortement intégré par rapport à nombre de pays européens. Dans ces pays, de grands groupes cohabitent avec de puis-sants opérateurs énergétiques territo-riaux, dont le rôle est déterminant pour la montée en puissance des installations de production d’énergie décentralisées. Enfin, en matière de rénovation des bâtiments, les différents corps de métier ont encore du mal à coordonner effica-cement leurs interventions. Pourtant la qualité de la mise en œuvre conditionne directement les performances : la for-mation est plus que jamais essentielle. Les collectivités ont un rôle-clé à jouer en la matière, en animant des plate-formes territoriales de la rénovation énergétique.

3 QUESTIONS À…YANNICK RÉGNIERRESPONSABLE TERRITOIRES DU CLER (RÉSEAU POUR LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE),ANIMATEUR DU RÉSEAU TEPOS, TERRITOIRES À ÉNERGIE POSITIVE

Gilles Montmory. Elle permettra dès 2016 d’assurer 86 % des besoins de chauffage sur le secteur Ivry-Confluences, et d’offrir une énergie à coût maîtrisé. » Cette initiative, qui fait partie des 212 projets labellisés TEP-CV, est emblématique de l’angle nouveau sous lequel sont envisagés les projets.

Nouveaux financements, nouvelle gouvernance Pour Ari Brodach, directeur du développement durable du CNFPT, « les collectivités doivent désormais raisonner en termes de service public de l’efficacité énergétique, miser sur les coopérations intercommunales pour créer des plateformes de réhabilitation énergétique en réponse aux obligations de rénovation de leur parc de logements d’ici à 2050 (2030 pour les plus énergivores). Il leur faudra simultanément déployer 7 millions de points de charge pour les véhicules électriques, renouveler leur flotte de véhicules ainsi que le parc destiné au transport public, tout en portant des projets de développement des EnR(2). »

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Dans le cadre de l’appel à projets Territoires à énergie positive et pour la croissance verte lancé par le ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, 500 dossiers ont été présentés par les collectivités. 212 territoires se sont vus décerner le label TEP-CV et attribués un financement de 500 000 € pour leurs actions menées dans six domaines prioritaires : • la réduction de la consommation d’énergie

(travaux d’isolation des bâtiments publics, maîtrise de l’éclairage public) ;

• la diminution des pollutions et le développement des transports propres (achat de véhicules électriques, développement des transports collectifs, du co-voiturage) ;

• le développement des énergies renouvelables (implantation de panneaux photovoltaïques sur les équipements publics, création de réseaux de chaleur) ;

• la préservation de la biodiversité (suppression des pesticides pour l’entretien des jardins publics, développement de l’agriculture et de la nature en ville) ;

• la lutte contre le gaspillage et la réduction des déchets (suppression définitive des sacs

plastique, actions pour un meilleur recyclage et diffusion des circuits courts pour l’alimentation des cantines scolaires) ;

• l’éducation à l’environnement (sensibilisation dans les écoles, information des habitants).

… ET POUR LA CROISSANCE VERTEDivers secteurs économiques sont directement concernés et bénéficient en retour du développement de leur activité et de création d’emplois non délocalisables :• le bâtiment dans le cadre des travaux de

rénovation de tous types de bâtiments et la création d’installation de production d’énergies renouvelables (parc éolien, méthaniseurs, installateurs de panneaux solaires photovoltaïques) ;

• les entreprises assurant la maintenance de ces nouvelles installations ;

• le tri et le recyclage des déchets (ambassadeurs du tri vis-à-vis des habitants ainsi que les métiers liés aux opérations de ramassage, de tri, de recyclage et de valorisation des déchets…)

TERRITOIRES À ÉNERGIE POSITIVE

Un nombre croissant de communes rurales, comme Muttersholtz en Alsace, se sont également engagées dans des démarches visant à éliminer totalement l’usage des produits phyosanitaires. Mais comment financer ces projets et mobiliser les ressources dans une période marquée par les restrictions budgétaires ? Force est de constater que les économies d’énergie porteront leurs fruits à terme mais ne permettent pas de financer les investissements actuels. Outre les dotations versées aux 212 projets retenus dans le cadre de la transition énergétique, des financements sont accordés dans le cadre du programme européen 20/20 et par l’ADEME. Mais ce n’est évidemment pas suffisant.La loi TECV aborde la question du financement pérenne des actions engagées.Tout d’abord, la contribution Climat énergie – la « taxe Carbone » acquittée par les industriels – augmentera progressivement de14,50 €/tonne de CO2 émise actuellement à 100 €/tonne à l’horizon 2030, ce qui permettra de dégager de nouvelles ressources. Le fonds chaleur est par ailleurs doublé pour atteindre 400 M€, dont 100 M€ réservés au déploiement de 1 500 méthaniseurs à l’échelle nationale. D’une part, la loi prévoit la possibilité de recourir au tiers financement pour les installations de production d’EnR et, d’autre part, la question de la répartition de la taxe intérieure sur les produits pétroliers devrait être réglée lors de l’adoption des lois de finances successives. La transition énergétique est en marche. ///

Pour plus d’information sur les tepos, les initiatives locales et les manifestations labellisées Cop 21, rendez-vous sur cnfpt.fr, « s’informer », « grandes causes », « développement durable ».

(1) Les émissions de gaz à effet de serre sont généralement exprimées en tonne équivalent CO2 (teq CO2), unité commune pour l’ensemble des gaz qui prend en compte leurs caractéristiques (durée de vie et capacité à réchauffer la planète).(2) Énergies renouvelables.(3) Calculs effectués sur la base de la mise en œuvre du scénario de transition énergétique de l’association négaWatt, qui prévoit des économies d’énergie massives grâce à la généralisation de mesures de sobriété et d’efficacité énergétiques et au développement des énergies renouvelables entre2012 et 2050.

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TOUR DE FRANCE DES COLLECTIVITÉS

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SERVICE PUBLIC TERRITORIALNUMÉRO 20 - NOVEMBRE 2015 14 /15

Le tour des initiatives locales

P. 17LES DEMANDEURS D’ASILE EN LOZÈRE

P. 16LA CULTURE

À PORTÉE DE TOUS

P. 18RETOUR À LA TERRE

P. 19UN CHÂTEAU AU SERVICE DES HABITANTS

EN EUROPEP. 20LA MAISON À UN EURO, DE LIVERPOOL À ROUBAIX

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LA CULTURE À PORTÉE DE TOUSLes habitants de Sarcelles ont bénéficié, cet été, d’une médiathèque en kit offrant connexion Internet, tablettes, livres, jeux et un espace cinéma. Cet équipement, déployé sur trois quartiers, est un moyen de favoriser l’accès à la culture.

ÎLE-DE-FRANCE

Une médiathèque nomadeSi tu ne vas pas à la médiathèque, celle-ci viendra à toi ! Telle pourrait être la formule qui résume l’opération Ideas Box. Mise en place pour les jeunes et les familles de Sarcelles qui ne partent pas en vacances, cette médiathèque en kit, imaginée par Bibliothèques Sans Frontières et conçue par Philippe Stark, est un espace modulable et transportable doté d’une connexion Internet, de tablettes tactiles, de livres électroniques et papier, de jeux de société et d’un module cinéma (télévision et vidéo projecteur). « L’ONG, Bibliothèque Sans Frontières, nous a fait la proposition d’installer cet équipement dans des quartiers prioritaires de Sarcelles. À l’origine, il était conçu pour les réfugiés de catastrophe naturelle ou de guerre. » explique Julien Pontier, directeur de cabinet du maire de Sarcelles.

Une bonne fréquentationL’Ideas Box est pour la commune une occasion d’offrir un accès à la culture aux habitants qui en sont éloignés, mais aussi de promouvoir l’utilisation d’outils numériques. Dès la mi-juillet et pendant tout le mois d’août, la médiathèque s’est déployée sur trois quartiers à la rencontre des jeunes mais aussi de leurs parents. Impliquées, les équipes de deux maisons de quartier ont assuré à la fois l’animation et la logistique (800 kg de matériel) soit dix agents par structure. « 734 personnes en ont profité, dont 70 % étaient des enfants de moins de 11 ans. » précise Olivier Langlet, directeur des maisons de quartier. Les utilisateurs ont

préféré les tablettes en accès libre, les jeux de société, les activités manuelles et enfin la bibliothèque avec les livres numériques mais aussi papier.

PérennisationPour la ville de Sarcelles, cette opération estivale est une expérimentation. Les Ideas Box ont été mises à disposition par Bibliothèque Sans Frontières, et financées, en partie, par la fondation Cultura ainsi que tout le matériel éducatif et créatif. D’autres villes dont Paris, Calais, Metz ont déjà testé ce concept. Une expérience en milieu rural est à l’étude. Aujourd’hui, Sarcelles a engagé une réflexion pour l’acquisition de deux Ideas Box.

Leur coût élevé de 45 000 € pourrait diminuer car Bibliothèque Sans Frontières, lauréat du programme « La France s’engage », va pouvoir industrialiser leur production. Au-delà des maisons de quartier et bibliothèques, les écoles sont aussi intéressées par un déploiement de cet espace qui offre plein de possibilités auprès des élèves. Une pérennisation de cette action est en vue. « C’est un bon moyen d’aller vers les habitants qui ne se rendent pas à la médiathèque. Cela peut déclencher une envie. C’est un outil pertinent, maniable et efficace. » résume Olivier Langlet, convaincu par l’expérience de cet été. ///

“L’Ideas Box peut déclencher une envie d’aller à la médiathèque. C’est un outil pertinent, maniable et efficace.”

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SERVICE PUBLIC TERRITORIALNUMÉRO 20 - NOVEMBRE 2015 16 /17

LES DEMANDEURS D’ASILE EN LOZÈRECommune rurale de Lozère, Chambon-le-Château accueille des demandeurs d’asile depuis une dizaine d’années. Pendant que ces derniers attendent le traitement de leur dossier, ils s’intègrent à la vie du village et font ainsi reculer la désertification.LANGUEDOC-

ROUSSILLON

Un petit village, une terre d’accueil« Notre commune accueille aujourd’hui cinquante-cinq demandeurs d’asile sur une population de trois cents personnes » explique Michel Nouvel, maire de Chambon-le-Château. Depuis 2003, des Tchétchènes, Kosovars, Albanais, Malgaches, Chinois, Nigérians et autres nationalités qui fuient les guerres, les massacres ou les dictatures, trouvent refuge dans ce village. France terre d’asile, qui gère ce centre administratif pour demandeurs d’asiles (CADA), les prend en charge. Ils sont logés dans les maisons du village et les enfants vont à l’école communale « Les réfugiés participent à la vie de Chambon-le-Château, aux manifestations, associations sportives, comité des fêtes… » explique Michel Nouvel.Mais comment un si petit village est-il devenu une terre d’accueil pour les réfugiés ? Il fut d’abord, des années soixante jusqu’au début des années 2000, un lieu de vie pour des jeunes en rupture scolaire et en situation de délinquance. Ce centre d’action éducatif social recevait quatre-vingts pensionnaires, mais a dû fermer ses portes suite à des difficultés financières. Monsieur Martin, maire à cette époque, imagine alors que sa commune puisse accueillir des demandeurs d’asile. Il doit, dans un premier temps, convaincre sa population méfiante. Des réunions sont organisées avec France terre d’asile, puis un débat lors du conseil municipal. « Il a fallu rassurer, se souvient l’actuel maire. Si le but était humanitaire,

UNE NOUVELLE LOI POUR LE DROIT D’ASILE Pour se mettre en conformité avec les directives européennes, une loi réformant le droit d’asile a été promulguée le 29 juillet 2015. Elle impose de réduire les délais d’examen des dossiers. Jusqu’alors, le traitement des demandes était de deux ans. II est fixé à neuf mois maximum à l’horizon 2017. Si l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides (OFPRA), n’a pas statué au-delà de ce délai, les réfugiés auront accès au marché du travail.

c’était aussi une façon de lutter contre la désertification de notre village. »

Quinze enfants à l’écoleEt pour la municipalité l’objectif est atteint. Le bureau de poste a pu maintenir une activité, les effectifs de l’école ont été renforcés et elle n’est plus menacée de fermeture d’une classe : « Quinze enfants, une bouffée d’oxygène ! » Les étrangers représentent la moitié de la population scolaire. Un professeur spécialisé dans l’enseignement du français à des élèves non francophones enseigne à une classe depuis quelques années à Chambon-le-Château. « Les petits apprennent notre langue en six mois, ils rejoignent ensuite le cursus général. » précise Michel Nouvel.

Autre conséquence favorable, tous les logements de la commune (sociaux ou non) sont occupés. Des propriétaires privés ont ainsi pu louer leurs biens. Des réticences demeurent de la part de certains habitants. Mais le plus difficile est le temps de traitement des dossiers des demandeurs d’asile (voir encadré), jusqu’à trois ans parfois. Cette attente est pour eux une période difficile et stressante. De plus, ils n’ont pas le droit de travailler. « Pour les gens du village et les enfants de l’école, après autant de temps passé parmi nous, c’est un crève-cœur de voir partir ces familles, surtout quand elles n’ont pas obtenu l’asile. Car des liens se sont créés » explique le maire. À Chambon-le-Château, le « vivre ensemble « et la solidarité s’expérimentent au quotidien. ///

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RETOUR À LA TERREDeux jardins créoles communautaires ont ouvert fin 2014 à Pointe-à-Pitre.Ils font partie d’un programme de lutte contre le diabète, l’hypertension et l’obésitéauprès des populations les plus exposées. GUADELOUPE

UNE OBÉSITÉ INQUIÉTANTE Une enquête* menée en 2009 par l’association Agrum auprès de 5 400 Guadeloupéens, estime la fréquence du surpoids, chez l’adulte, à 55 % avec une prévalence de l’obésité à hauteur de 23 %. Pour les 5 à 14 ans, 23 % sont considérés en surpoids et 9 % d’entre eux sont obèses, ce qui correspond quasiment au triple des estimations nationales. *Source, rapport de l’Assemblée Nationale, 20 mars 2013

Début 2014, dans le cadre d’un appel à projets en faveur d’une alimentation plus saine de la Direction de l’alimentation de l’agriculture et de la forêt de Guadeloupe (DAAF), la banque alimentaire et l’association Bwa Lansan proposent au Centre communal d’action sociale (CCAS) de Pointe-à-Pitre de créer des potagers collectifs. « Nous avons mis à disposition deux parcelles de 100 et 200 m2 sur le site de foyers-logements gérés par notre structure. Notre rôle est de mettre en relation les partenaires et de coordonner les actions. » détaille Dominique Lafages-Vitalis, directrice du CCAS de la ville.

« Cette action collective fait suite à des ateliers que nous avons initiés en 2013 avec le conseil général de Guadeloupe vers les publics bénéficiaires du RSA qui souffraient de problèmes de diabète, d’hypertension et de manque d’activité physique. »Cette activité permet, à travers la pratique du jardinage, de faire se rencontrer des citoyens de tout âge et de tout milieu social, de créer du lien et de lutter contre l’isolement.

Vingt-quatre volontairesCes deux jardins créoles sont constitués de cultures maraîchères, vivrières, ornementales et aromatiques,

avec une place pour les variétés de légumes et de plantes médicinales en voie de disparition. Des personnes âgées des foyers-logements mais aussi des voisins à proximité se sont impliqués dans la culture des potagers. Ils sont vingt-quatre volontaires, depuis novembre 2014. Dans un premier temps, une technicienne agricole les a formés aux rudiments du jardinage. Car cette expérience a aussi pour objectif de perpétuer un savoir traditionnel et de permettre la rencontre de populations qui s’ignoraient autour d’une activité créatrice. Parallèlement, des ateliers de diététique et nutrition

avec une diététicienne ont été développés pour agir au quotidien sur une meilleure façon de s’alimenter et prévenir des problèmes de santé.

Des ateliers cuisineLes récoltes sont redistribuées à tous les participants. L’association BWA Lansan propose aussi des ateliers cuisine avec les fruits et légumes de ces potagers. « L’ensemble fonctionne très bien. Mais il faut encore six mois pour améliorer les rendements et donner le surplus de la production à la banque alimentaire. » considère Dominique Lafages -Vitalis. ///

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SERVICE PUBLIC TERRITORIALNUMÉRO 20 - NOVEMBRE 2015 18 /19

UN CHÂTEAU AU SERVICE DES HABITANTSLa commune de Ramonville-Sainte-Agnès, près de Toulouse, a réhabilité et aménagé le Château de la Soule pour créer des équipements publics adaptés à un nouveau quartier. Les futurs usagers ont été associés au projet, afin de prendre en compte leurs besoins.MIDI-

PYRÉNÉES

De nouveaux besoins En 1999, afin de conserver son patrimoine, la ville de Ramonville-Sainte-Agnès, 10 500 habitants, acquiert une maison de maître, de la fin du XVIIe siècle, ses dépendances ainsi que le parc boisé de trois hectares qui l’entoure. Dix années plus tard, la municipalité souhaite valoriser cette acquisition située dans un nouveau quartier de la ville qui a vu « la construction récente de cent logements, de commerces de proximité et d’une maison de retraite » détaille Christophe Lubac, maire de la ville. Pour répondre aux besoins en infrastructures des nouveaux habitants, la réhabilitation et l’aménagement du château sont alors pensés. Les habitants du quartier sont associés à la définition du programme

architectural. Une vingtaine de réunions sont organisées avec les futurs usagers, des techniciens de la mairie, des élus et le cabinet d’architectes. « Au-delà de l’esthétique, notre souci était de faire quelque chose de fonctionnel où les utilisateurs se plairaient », précise l’élu. Ainsi, il est décidé que le château de la Soule accueillera une crèche, une école de musique et un pôle d’animation associatif. La crèche de vingt-sept berceaux a été livrée en septembre 2015. L’école de musique municipale accueillera prochainement 530 élèves. Quant au pôle d’animation d’une surface de 420 m2, il se déclinera comme un lieu d’exposition, de réunions et d’animations associatives. Le chantier est en cours et l’ensemble sera inauguré au printemps 2016.

20 c’est le nombre de réunions organisées avec les futurs usagers, les techniciens de la mairie, les élus et les architectes pour suivre, ensemble, toutes les phases du projet.

Haute qualité environnementaleLa conception architecturale repose sur une réhabilitation de cette maison typique de la noblesse toulousaine à laquelle s’ajoutent des constructions contemporaines. Mais un des défis de ce projet tient dans les objectifs de haute qualité environnementale (HQE) en termes de gestion de l’eau, de maî trise de l’é nergie, de construction et de maté riaux.« La question de l’énergie dans le bâtiment ancien était particulièrement sensible » précise l’élu. Le coût global de l’opération est de cinq millions d’euros dont deux ont été financés par le conseil départemental et par le conseil régional au titre de la réhabilitation énergétique d’un

bâtiment patrimonial.Le parc boisé a aussi été aménagé avec des jeux pour enfants, une prairie, un verger, une mare et des espaces naturels. « Un parc magnifique, assure Christophe Lubac. Les habitants sont sensibles à cette façon de s’approprier le patrimoine ancien de la commune. » ///

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Deux villes touchées par la désindustrialisationRoubaix n’est pas sans similitudes avec Liverpool. Un passé industriel et ouvrier (qui lui a valu le surnom de « la ville aux mille cheminées »), une désindustrialisation progressive qui a laissé des traces sur le paysage urbain, avec notamment, dans le centre-ville, des milliers de maisons ouvrières en déshérence… Rien d’étonnant alors si la ville observe avec intérêt les initiatives de sa voisine anglaise, lorsqu’elle expérimente

de nouvelles façons de réhabiliter son centre.Au début 2014, la ville de Liverpool mettait en vente une vingtaine de maisons délabrées pour une livre, contre une promesse de rénovation par les occupants. Modalités de l’opération ? La ville lance un appel à candidatures pour tous ses habitants primo-accédants, bénéficiant d’un travail rémunéré. Ceux qui ont des enfants à charge, un bon historique de crédit et peuvent apporter la preuve qu’ils ont les économies nécessaires

pour la réhabilitation, sont considérés comme prioritaires. Chaque acheteur s’engage à investir entre 30 000 à 40 000 euros pour la rénovation, le contrat stipulant que celui-ci ne devient propriétaire qu’à l’issue de cette dernière… L’initiative est un succès et la ville décide de l’étendre à de nouvelles maisons.En juin dernier, lors d’une réunion publique avec les habitants, Guillaume Delbar, maire de Roubaix, évoquait la possibilité d’une adaptation de l’initiative liverpuldienne. L’idée séduit…

Un millier d’appels et 300 à 400 messages électroniques de candidature arrivent en mairie. Les services de la ville de Roubaix se rendent alors à Liverpool, en septembre, pour étudier le dispositif et voir s’il peut être reproduit. Ce voyage d’étude leur permet de préciser le projet.

Revitaliser les quartiers en déshérenceLa municipalité retient l’idée d’un projet global, comme à Liverpool : les maisons à un euro seront associées à différentes initiatives

LA MAISON À UN EURO, DE LIVERPOOL À ROUBAIXPour réhabiliter les maisons tombées en déshérence, Liverpool a eu l’idée de les céderà des primo-accédants contre un engagement de leurs futurs propriétaires à les rénover. Une initiative reprise par la « ville aux mille cheminées ».

LIVERPOOL

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4 094 LOGEMENTS VACANTS À ROUBAIXEn cinquante ans, Roubaix est passé de 110 000 à 95 000 habitants. 4 094 logements restent ainsi vacants, dont 2 500 sont murés.

visant à redynamiser les quartiers. Les acheteurs seront exclusivement des primo-accédants s’engageant au sein d’une charte, à vivre dans la maison et à y faire des travaux échelonnés sur plusieurs années. Concrètement, la société d’aménagement La Fabrique des Quartiers, déjà en charge à Roubaix d’une étude sur l’habitat vacant « en situation de blocage », supervisera le projet, une commission ad hoc étant nommée pour éviter toute suspicion sur les critères

d’attribution… Reste à préciser le cadre juridique du contrat conclu avec les acheteurs, la loi française ne pouvant pas, contrairement au droit britannique, conditionner une vente à un acte de rénovation.D’ici 2016, un test devrait être effectué sur une vingtaine de maisons pour vérifier la faisabilité de la démarche.Roubaix et Liverpool inspireront-elles à nouveau d’autres villes européennes atteintes de désertification ? C’est possible. Une petite commune sicilienne a déjà rejoint le mouvement.

Perché à 1 010 mètres d’altitude, le village médiéval de Gangi a mis en vente des habitations vétustes pour un euro. En juin dernier, face à la rareté des candidatures, la municipalité a même revu ses tarifs en les cédant… gratuitement. À Roubaix, le nombre d’appels reçus laisse d’ores et déjà présager un succès plus franc. ///

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DE NOUVEAUX PÉRIMÈTRESPOUR LA POLITIQUE DE LA VILLE

UNE ZONE SPÉCIFIQUELe périmètre unique est défini selon un critère objectif et transparent : la concentration urbaine de pauvreté, déterminée en fonction du taux de bas revenus. Concrètement, ces territoires concentrent des ménages disposant de ressources inférieures à 60 % du revenu fiscal médian de référence.Dans le champ du périmètre unique, des droits et des avantages automatiques sont accordés. Ils sont définis par voie législative ou réglementaire : il s’agit principalement d’exonérations et de dérogations diverses.

LE QUARTIER VÉCULe quartier vécu correspond aux usages des habitants et aux lieux du périmètre unique qu’ils fréquentent. Il peut s’agir d’écoles, d’équipements sportifs, de zones d’activité… Sans délimitation précise, le périmètre du quartier vécu peut être plus complexe à appréhender que le périmètre unique. Sur le périmètre du quartier vécu, des crédits spécifiques et de droit commun peuvent bénéficier aux infrastructures, équipements et associations utilisés par les habitants du périmètre unique.

La loi de « Programmation pour la ville et la cohésion urbaine » vise à simplifier et concentrer les moyens destinés aux quartiers prioritaires de la politique de la Ville. Depuis le 1er janvier 2015, ils sont déterminés grâce à un zonage réglementaire qui vient se substituer aux anciennes Zones urbaines sensibles (Zus) et aux quartiers relevant des contrats urbains de cohésion sociale (Cucs).Décryptage.

Les clés pour tout comprendre

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LES QUARTIERS DE VEILLE Ils correspondent aux territoires non retenus dans la géographie prioritaire définie par voie réglementaire, mais pour lesquels les acteurs locaux estiment qu’il est nécessaire de maintenir une attention particulière. Ces quartiers de veille sont définis de manière contractuelle entre les acteurs impliqués. Ils ne bénéficient ni des avantages “automatiques” ni des instruments et financements spécifiques de la politique de la ville. Ils peuvent cependant bénéficier d’actions de soutien spécifiques, mais exclusivement dans le cadre des politiques de droit commun.

À L’ÉCHELLE INTERCOMMUNALELe périmètre unique de la politique de la ville peut être défini sur le territoire de plusieurs communes.Un nouveau contrat de ville a été créé à l’échelle intercommunale.Définis autour de projets de territoires, ces contrats sont pilotés à l’échelle de plusieurs communes et visent à mieux répondre aux enjeux de cohésion sociale et de développement économique et urbain durable.Ils sont obligatoirement signés par le préfet de département, les maires et les présidents d’établissement publics de coopération intercommunale (EPCI). D’autres partenaires peuvent également être associés : Région, département, organismes HLM, Caisse d’allocations familiales, etc. Communes, intercommunalités et préfet de département pilotent conjointement le dispositif.

EN CHIFFRESL’effort porte désormais sur 1 300 quartiers prioritaires identifiés contre 2 600 précédemment.

Parmi ceux-ci, 200 quartiers déclarés d’intérêt national bénéficieront du nouveau programme de renouvellement urbain 2014-2024 qui leur consacre 5 milliards d’euros.

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Les agents témoignent

JAMAIS SANS MA

MACHINE > FAB LAB MANAGER, AGENT CHARGÉ DU DÉNEIGEMENT OU ARBORISTE GRIMPEUR…Ils ont en commun l’obligation, pour exercer leur métier, de recourir à un engin ou une machine. Les trois racontent leur quotidien avec imprimante 3D, harnais et chasse-neige.

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SERVICE PUBLIC TERRITORIALNUMÉRO 20 - NOVEMBRE 2015 24 /25

JEAN-CLAUDE HANON,Formateur au CNFPT

« Depuis quatre ans, j’interviens en tant que formateur auprès d’un public de cadres et techniciens intervenant en voirie hivernale : directeurs, patrouilleurs, agents d’intervention, équipiers. Je donne des clés pour comprendre les phénomènes météorologiques, les méthodes de traitement de la neige et du verglas, l’action des fondants et des abrasifs. J’aborde les aspects écologiques (les risques liés au sel, notamment), j’insiste sur les aspects juridiques et la nécessité d’organiser et de formaliser la prestation des services de viabilité hivernale, à travers le Plan d’intervention de la viabilité hivernale (PIVH).Mettre en place un tel plan, s’organiser pour notamment garder une trace des interventions est fondamental, ne serait-ce que pour des raisons juridiques. En cas d’accident, ou de perte d’activité pour une entreprise consécutive à une route bloquée, la responsabilité des collectivités est souvent recherchée. Chaque patrouilleur, ou conducteur d’engin de déneigement doit être au courant de ces risques ».

Mon plaisir ? Rouvrir des routes bloquées par la neige ”JÉRÔME MELLET, AGENT DES ROUTES AU CONSEIL DÉPARTEMENTAL DE LA DRÔME, EN CHARGE DE LA VIABILITÉ HIVERNALE

Chaque année, du 15 novembre au 15 mars, Jérôme Mellet entre en période de viabilité hivernale. « Une semaine sur trois, je suis d’astreinte. À tout moment, je dois être joignable sur mon portable pour intervenir en cas de chute de neige ». Une période qu’il voit arriver sans appréhension. « C’est la partie que je préfère dans mon travail : ouvrir les routes bloquées par la neige, permettre aux enfants d’aller à l’école, aux adultes de se rendre à leur travail, c’est très gratifiant. Avant d’exercer ce métier, j’étais pompier volontaire. J’ai toujours aimé œuvrer pour le bien public ».Mécanicien dans une entreprise privée de travaux publics, Jérôme découvre les missions de déneigement à cette occasion. En 2006, il réussit le concours d’agent des

routes de la DDE et rejoint deux ans plus tard le conseil départemental. Durant l’année, il prend en charge l’entretien des routes (fauchage, maçonnerie, pause de goudron) et l’hiver, tous les aspects de la viabilité hivernale.« Dans la Drôme, les agents des routes sont polyvalents », explique-t-il. Jérôme Mellet peut aussi bien se retrouver au volant d’un véhicule de patrouilleur (pour arpenter à 4 heures du matin les 100 kilomètres de son secteur, et détecter les zones de verglas) que d’un engin de salage ou du chasse-neige, dit « pousseur ».Le plus fatigant, reconnaît-il, reste le maniement du chasse-neige. « Il est très bruyant et la visibilité, de nuit, est très réduite. Quand tout est blanc, on ne voit plus la route ». Il n’est pas rare de se retrouver dans le fossé.

« Cela n’est pas inquiétant, car nous ne sommes pas seuls. Depuis un an, nous sommes géolocalisés, et des collègues viennent à notre secours si besoin ». Et d’ajouter… « Nous ne partons pas à l’aventure. Tout est réglé d’avance : nous appliquons le plan d’exploitation de la viabilité hivernale, le PEVH, nous savons sur quelles routes nous devons intervenir ». En dix ans d’expérience, Jérôme a développé une précieuse expertise sur les zones à risque et aiguisé son œil pour détecter le verglas. « C’est fondamental, mais les nouvelles technologies nous aident aussi beaucoup. Les informations collectées par les stations météo nous permettent également de mieux identifier les endroits sensibles ». Jérome Mellet s’est récemment inscrit à une formation du CNFPT pour apprendre à interpréter ces données. ///

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SALIM ANNEBI,Formateur au CNFPT

« En 15 ans, le métier d’arboriste grimpeur a opéré une mue spectaculaire. Une poignée de pionniers a fait le tour du monde et bâti une solide méthodologie de grimpe et de taille de arbres. C’est ce savoir-faire que je transmets dans mes interventions au CNFPT. Trois jours, c’est court pour apprendre toutes les ficelles du métier. Mais je donne les bases, et parfois, je transmets le virus. C’est un métier de passionnés, de « mordus » de grimpe, qui passent leur temps à s’entraîner pour améliorer leurs techniques et connaissances.Les arboristes grimpeurs ont une philosophie tout à fait particulière. Ils s’entraident, aiment se retrouver et partager leur expérience, se fixent des challenges, mais jamais dans un esprit concurrentiel. Vivre parmi les arbres n’estpeut-être pas favorable à la culture de l’égo ! »

On vise la meilleure cohabitationentre l’homme et l’arbre ”OLIVIER ARNAUD, ARBORISTE GRIMPEUR À LA VILLE DE BORDEAUX

Ne dites pas à Olivier Arnaud qu’il est « élagueur ». Dites plutôt qu’il est« arboriste grimpeur ». Un glissement lexical qui est loin d’être une coquetterie… « L’expression « d’élagueur » ne correspond plus à la réalité de notre métier. Elle renvoie à l’image de ces bûcherons élagueurs, armés d’une tronçonneuse, qui opéraient des coupes radicales sur les arbres. Or notre métier n’a plus rien à voir avec cela », explique le jeune homme. Pour Olivier, la « tronçonneuse » est loin d’être une fin en soi. Elle fait partie d’un équipement qui s’est considérablement sophistiqué au fil des années : un harnais, de fines cordes, un équipement de sécurité, une tronçonneuse ultra-légère, des scies japonaises autorisant les coupes « douces ».« La taille brutale, radicale, affaiblit les arbres, qui deviennent moins résistants, par exemple, face aux tempêtes ». La profession a su tirer les

leçons du passé, et coupe aujourd’hui avec une plus grande finesse les arbres, conciliant les impératifs humains (sécurité, esthétique, contraintes urbaines) et le bien-être de l’arbre. « On valorise les arbres, pour les faire cohabiter au mieux avec les humains ».Olivier est un bon exemple de cette nouvelle génération d’arboristes grimpeurs sportifs et hyperconnectés, qui échangent sur les réseaux sociaux les vidéos de leurs ascensions, participent aux championnats de la profession (Olivier Arnaud a été deux fois champion régional) et se passionnent pour les arbres et notamment les livres de Francis Hallé, biologiste. « Les arbres sont sur terre depuis trois cents millions d’années, les hommes, seulement depuis trois millions. Ils savent très bien se débrouiller sans nous et ils ont beaucoup à nous apprendre », note-t-il.

Embauché en 2006 à la ville de Bordeaux, Olivier s’épanouit dans un service qui s’est mis très tôt au zéro pesticide, à la lutte biologique(1) et respecte l’équilibre des arbres. Avec toujours, chevillé au corps, l’envie d’aller plus haut dans la science des arbres. Depuis un an, il se forme au diagnostic et au contrôle des pathologies de l’arbre ainsi qu’à l’identification des champignons lignivores(2), à l’atelier de l’arbre de Périgueux, dirigé par l’ingénieur forestier Michael Moore. ///

(1) La lutte biologique est basée sur l’exploitation par l’homme et à son profit d’une relation naturelle entre deux êtres vivants

(2) Champignon qui se nourrit de bois humide en causant sa décomposition

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SERVICE PUBLIC TERRITORIALNUMÉRO 20 - NOVEMBRE 2015 26 /27

L’objet tient dans une mallette, à peine plus grande qu’un attaché-case : une imprimante 3D pliable Foldarap, inventée par un jeune designer-geek, Emmanuel Gilloz. La machine, aisément transportable, permet à Audric Gueidan de faire découvrir à tous les publics, dans les différents quartiers de la ville, les possibilités offertes par les fab labs.En 2013, la médiathèque François Mitterrand des Ulis lance un projet de fab lab mobile. Objectifs ? Aller à la rencontre de publics qui ne fréquentent pas forcément la bibliothèque, favoriser l’expression citoyenne et l’innovation. Le projet séduit Audric Gueidan qui postule pour le poste de responsable.« Les fab labs représentent la nouvelle révolution industrielle. C’est une technologie qui génère des pratiques et un état d’esprit très

particuliers. Chacun vient avec ses idées, avance avec les autres. Tout le monde participe et s’enrichit mutuellement », explique-t-il. Un outil, aussi, qui éveille la créativité de chacun et le met en position d’acteur.« C’est très important notamment pour les jeunes. Je suis frappé de voir que beaucoup ont un rapport « paresseux » aux technologies. Avec les fab labs, ils sortent de la passivité, ont la possibilité de créer leurs propres jouets, “ bidouillent ”, expérimentent ».En un an, le fab lab mobile de la communauté d’agglomération a touché 1 387 personnes, dans des médiathèques, maisons pour tous, centres d’accueil pour les jeunes, ou au Proto204, la plateforme d’innovation du plateau de Saclay. Public concerné ? Des enfants, des retraités, des chercheurs,

mobilisés sur des projets aussi divers que la fabrication d’une pièce pour réparer une penderie (introuvable dans le commerce), la modélisation en 3D de bactéries (pour un étudiant) ou la reproduction de figurines de jeux vidéo. Une liste non exhaustive… « Si quelqu’un veut construire un jeu d’échecs avec les visages de sa famille, c’est possible ! ». L’expérience se poursuit cette année avec la mise en place d’un atelier fixe dans la médiathèque des Ulis, toujours animé par Audric Gueidan. Les participants y retrouvent deux imprimantes 3 D Foldarap, une fraiseuse numérique (pour découper bois, plastique, etc.), une découpeuse vinyle, des kits de soudure, des cartes de programmation open sources. Tout le nécessaire pour réveiller la créativité des « néo-bricoleurs »… ///

PIERRE RICONO,Formateur au CNFPT, Responsable du Fab Lab de la Cité des Sciences et de l’Industrie à Paris

« Les fab labs, c’est tout un état d’esprit et d’ouverture, imaginé au début des années 2000 par le Massachussets Institute of Technology (MIT). Ils s’inspirent de la philosophie américaine du « Do It Yourself » et « Do It With Others », en invitant chacun à fabriquer les objets dont il a besoin et à les partager avec les autres, profanes et ingénieurs mélangés. On est aux antipodes du consommateur passif, recourant à des produits fabriqués en masse sur lesquels il n’a aucune maîtrise. Les fab labs inventent un autre modèle économique, basé sur la gratuité, la mise en commun de ressources, et l’utilisation de logiciels libres. Ce modèle est très intéressant pour les collectivités territoriales. Il est au croisement de beaucoup d’enjeux territoriaux : relocalisation de la production, renforcement de la citoyenneté, développement durable et nouveaux liens sociaux ».

Les fab labs permettent de remplir l’une des missions des médiathèques, la réduction de la fracture numérique ”AUDRIC GUEIDAN, RESPONSABLE ESPACE PUBLIC NUMÉRIQUE COMMUNAUTÉ D’AGGLOMÉRATION DU PLATEAU DE SACLAY

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L’avenir en questions

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SERVICE PUBLIC TERRITORIALNUMÉRO 20 - NOVEMBRE 2015 28 /29

CHIFFRES-CLÉS

/// Peu compétitive en robotique industrielle, mais performante et prometteuse en robotique de services… Ainsi pourrait-on résumer la position française. L’Allemagne compte cinq fois plus de robots industriels que notre pays, et le Japon dix fois plus. En revanche, l’hexagone fait partie des leaders mondiaux de la robotique de services. Avec 60 laboratoires spécialisés, il occupe le troisième rang mondial en matière de publications scientifiques sur la robotique, après les États-Unis et le Japon, avec notamment une grande expertise en matière de robots humanoïdes.

Les humanoïdes nous envahissent, n’ayez crainte, ils sont bienveillants » plaisantait André Santini, maire d’Issy-les-Moulineaux,

en avril dernier, lors de la conférence de presse de présentation de Nao, le premier robot humanoïde à entrer dans un Ehpad. Conçu par Aldebaran Robotics et agrémenté de la solution Zora, un logiciel spécialisé dans la prise en charge des personnes âgées, Nao fait désormais partie du quotidien de l’Ehpad Lasserre, un trimestre par an. Un nouveau compagnon de 58 centimètres, et de5,4 kilos, avec deux bras, deux jambes, deux yeux tout ronds et une bonne humeur communicative, qui se déplace, pose des questions aux pensionnaires, leur chante des chansons et les coache pour des cours de gym douce… David Jacob, responsable de la vie sociale et de la communication de l’Ehpad Lasserre, est le premier étonné des réactions suscitées par le robot. « Nous nous sommes posé beaucoup de questions sur la façon dont nos pensionnaires allaient réagir. Or Nao est très bien accueilli. Les résidents lui parlent, le touchent, rient du

décalage qu’il génère. Parfois, Nao arrive mêmeà des résultats auxquels nous-mêmes, animateurs, ne sommes pas parvenus», explique-t-il. Lorsque le petit robot humanoïde donne un cours de gym, les pensionnaires semblent capables de se concentrer plus longtemps. En éveillant l’intérêt et la curiosité des personnes âgées, il arrive parfois à recréer un lien entre ceux qui ont tendance à s’isoler et le reste du groupe. « Nao est un très bon médiateur pour “ ramener ” vers les interactions humaines », analyse David Jacob.

L’avènement des robots-humanoïdesUn constat que l’Ehpad Lasserre n’est pas le seul à dresser… En novembre 2014, Nao était également accueilli par le centre éducatif d’accueil d’enfants autistes d’Epône, dans les Yvelines. À l’origine de cette initiative, des recherches indiquant qu’un robot humanoïde pouvait aider les enfants autistes dans leur développement : perturbés par les micro-expressions des visages qu’ils ont du mal à interpréter, ces derniers se désinhibent face au visage

> DANS CINQ À DIX ANS, LES ROBOTS COMPAGNONS SERONT CAPABLES DE DIALOGUER AVEC NOUS, DE RÉUSSIR UNE OMELETTE OU DE RETROUVER NOS LUNETTES.Une révolution qui aura des impacts sur la santé, l’éducation,les services à la personne et à la population.

LA « ROBOLUTION »EST EN MARCHE

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« Dans cinq à dix ans, les robots humanoïdesdevraient sortir des laboratoires et commencerà faire partie de notre quotidien »Rodolphe Gelin, directeur de recherche chez Aldebaran Robotics.

« lisse » et univoque des robots, et peuvent se concentrer sur un apprentissage ou sur le contenu d’un échange verbal. Encore exceptionnelles, ces expériences sont un avant-goût du grand bouleversement que nos sociétés vont connaître dans les prochaines années, avec l’avènement de véritables robots compagnons, qui vont révolutionner les services à la personne et les services à la population. « Dans cinq à dix ans, les robots humanoïdes devraient sortir des laboratoires et commencer à faire partie de notre quotidien »,

prédit Rodolphe Gelin, directeur de recherche chez Aldebaran Robotics. Les prototypes sont là, tel Roméo, construit en six exemplaires pour les recherches des laboratoires. Restent à développer toutes les applications qui vont permettre à ces cyber-compagnons de dialoguer avec les personnes, leur rappeler les médicaments à prendre, les soutenir quand elles se lèvent, chercher leurs lunettes perdues dans l’appartement, ouvrir une boîte de conserve, réaliser une recette de cuisine, les distraire mais aussi parfois les relier au monde. « Le robot pourra jouer le rôle d’ange gardien, qui fait le lien avec ses proches quand il perçoit que la personne âgée s’isole. Il pourra lui dire : “ ça fait longtemps que tu n’as pas parlé à ta fille. Tu ne crois pas qu’on pourrait l’appeler ? ” », poursuit Rodolphe Gelin. Autant d’usages qui nécessitent plusieurs années de recherche pour apprendre aux robots à détecter l’état émotionnel des individus, avoir une réponse adaptée à l’humeur de la personne et maîtriser les subtilités du langage, en s’appuyant sur les expertises d’informaticiens, mais aussi de linguistes ou de psychologues, etc.

Des régions à l’avant-gardeEn attendant la démocratisation des robots compagnons, les collectivités ne restent pas à l’écart de la robolution. Certaines prennent même une part très active dans les expérimentations. En 2014, la région Rhône-Alpes déployait un plan d’actions régional sur la robotique, pour dynamiser l’écosystème rhônalpin du secteur et faire émerger des projets innovants. Trois lycées de la région (Lyon, Saint-Étienne et Bourg-en-Bresse) accueillent depuis un an un robot de téléprésence, qui permet aux lycéens ne pouvant pas se déplacer, pour cause de

handicap ou de longue maladie, d’assister aux cours. Le lycéen commande à partir d’un ordinateur, un robot qui se déplace de salle en salle, clignote quand il a une question à poser. Le visage du lycéen, filmé par webcam, est reproduit sur le visage du robot-avatar…« Pour l’instant, nous en sommes au stade de l’expérimentation, mais l’enjeu est d’importance. La région compte une centaine de lycées, et un nombre important d’élèves est dans l’incapacité de se rendre en cours. L’envoi de professeurs à domicile coûte beaucoup plus cher qu’un dispositif de téléprésence et celui-ci présente un avantage : il permet les interactions avec les autres élèves et donne une place à l’élève dans la classe », explique Jérémie Koessler, directeur général d’Awabot, chargé de la mise en place du dispositif.Les robots de téléprésence ont trouvé également un autre usage, la visite à distance des musées, comme au musée du Château d’Oiron, ou aux musées d’Autun. D’autres se développent, comme le diagnostic médical à distance ou les sorties virtuelles pour les enfants placés en chambre stérile, etc. Une liste non exhaustive… « Les robots de téléprésence seraient notamment très intéressants dans le cadre des maisons de services en zone rurale. On peut imaginer qu’en un même lieu, les citoyens puissent dialoguer à distance avec un représentant de différents services administratifs, de la mairie, de la poste, etc. », imagine Jérémie Koessler. Un champ immense s’ouvre pour les collectivités… ///

LA FILIÈRE ROBOTIQUE SOUTENUE PAR LES TERRITOIRESLes collectivités territoriales jouent un rôle de premier plan dans la dynamisation de la filière robotique, comme en Rhône-Alpes. La grande surprise est que la robolution ne se cantonne pas aux grandes villes universitaires et pénètre tous les territoires qui y voient un secteur d’activité porteur d’emplois. À Auxerre, l’équipe de RB3D travaille sur la sortie d’un exosquelette(1); à Limoges, l’entreprise Cybedroïd fabrique des robots humanoïdes pour l’assistance à la personne. Saint-Quentin, dans l’Aisne, affirme ses ambitions dans la robotique, notamment agricole…

(1) Squelette « externe » (sorte de carapace, ou équivalent moderne de l’armure des chevaliers), qui protège les humains et renforcent leurs capacités. Utilisations possibles : armée, personnes en situation de handicap, métiersà forte pénibilité.

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Pour en savoir plus sur les sujets traités dans ce numéro

JE SURFE JE LIS JE REGARDE

SERVICE PUBLIC TERRITORIALNUMÉRO 20 - NOVEMBRE 2015 30 /31

> En faveur d’une complémentarité territoriale énergétiquehttps://www.youtube.com/watch?v=H3IL5yTC-vw

Dans cette captation de l’ouverture du salon BE Positive, à Lyon en mars 2015, Yannick Régnier, responsable de projets Énergie et territoires au CLER, le réseau pour la transition énergétique, envisage les territoires à énergies positives au travers des notions d’autonomie et de solidarité énergétiques, soit le développement des complémentarités territoriales et des solidarités entre territoires ruraux et urbains. Il présente de nouvelles modalités de gestion par les territoires même à petite échelle et préconise l’intervention des collectivités dans ces initiatives énergétiques locales afin d’éviter une captation par le secteur privé.

À lire : « De l’ancien au nouveau monde énergétique », pages 10-14

> Norio, le robot du Château d’Oironhttps://www.youtube.com/watch?v=7GZyAdWAxFs

C’est une expérience unique en France. Le Château d’Oiron, dans les Deux-Sèvres, s’est doté en 2014 d’un robot qui permet aux personnes à mobilité réduite, ne pouvant accéder aux étages du site, de les découvrir comme si elles y étaient. Ce dispositif novateur et « Made In France » offre des perspectives intéressantes et se développe dans d’autres sites culturels. À travers le regard de ses concepteurs et de ses utilisateurs, cette vidéo présente tous les atouts de Norio le robot. Et ils sont nombreux.

À lire : « La robolution est en marche », pages 28-30

> Le travail à l’assurance maladie, du projet politique au projet gestionnairesous la direction de Sacha Leduc et Jorge Munoz, Presses Universitaires de Rennes, 194 p., 2015.

Hélèna Revil est attachée d’enseignement et de recherche en sciences politiques à l’Institut d’études politiques de Grenoble. Depuis 2005, elle participe à l’activité de l’Observatoire des non-recours aux droits et services (Odenore) et mène des travaux de recherche sur les phénomènes de non-recours en matière de santé. Cet ouvrage questionne les liens entre travail et Sécurité sociale. Elle y analyse les obstacles méthodologiques, conceptuels et politiques du recours ou non à la CMU.Au-delà du manque d’informations, la stigmatisation sociale du recours à la CMU apparaît comme une barrière. Ces potentiels bénéficiaires sont pourtant difficilement visibles dans les statistiques, bien qu’essentiellement visés par ces dispositifs.

À lire : « Le non-recours aux droitset aux services », pages 8-9.

Mixité sociale et quartier durable : Quelles affinités électives ? Le cas de la caserne de BonneJérémy Cano, L’Harmattan, 232 p., 2013.Ce livre décortique la relation que peut entretenir un quartier dit « durable »

avec la mixité sociale. Le choix de l’étude de la caserne de Bonne (Grenoble) réside dans son édification en centre-ville et à sa mixité sociale annoncée de 40 %. L’auteur souhaite comprendre comment ces deux notions sont liées et mises en œuvre par les actions publiques locales. Pour le comprendre, il est allé à la rencontre des politiques, ingénieurs et bailleurs, mais aussi des habitants. En comparant cet exemple à d’autres quartiers durables européens, il nous permet d’ouvrir un champ de réflexion plus vaste.

À lire : « De nouveaux périmètres pour la politique de la ville », pages 22-23

> L’économie sociale et solidaire concrètewww.atelier-idf.org

Dans la rubrique “ Collectivités et ESS ”, vous trouverez un guide en ligne pour la promotion de l’économie sociale et solidaire sur les territoires. Articulé autour de retours d’expériences, de paroles d’élus et d’acteurs de l’ESS, cet outil concret propose des leviers de développement et des démarches d’évaluation aux collectivités. Protection du patrimoine, appui aux jeunes artisans, chantiers d’insertion, commerce équitable… toutes les formes del’ESS sont illustrées jusque dans la commande publique. Enfin, le guide tord le cou à quelques idées reçues… histoire de convaincre les derniers réticents.

À lire : « Jardins créoles pour une meilleure alimentation », pages 15-21

> Le langage numériquewww.bibliosansfrontieres.org

À l’origine du projet Ideas Box, Bibliothèques Sans Frontières développe aussi d’autres projets comme la Khan Academy, la version francophone d’un programme d’amélioration des compétences en sciences dans le primaire et le secondaire. BSF lance également les Voyageurs du Code. Le but ? Initier enfants et adultes, au nouveau langage numérique du XXIe siècle. Les VdC sont des formateurs et médiateurs qui interviennent auprès des publics dans les écoles, bibliothèques, associations ou maisons d’emploi. C’est un réseau d’apprentissage, plutôt informel.

À lire : « La médiathèque en kit », pages 15-21

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