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15/10/2012
Master Fl&DL LMLGA118, Psycholinguistique
Caroline Bogliotti [email protected]
Anne Lacheret [email protected] ; www.lacheret.com
Maria Kihlstedt [email protected]
15/10/2012
Objectifs du cours
• Ce cours a pour objectif d’introduire les étudiants à la psycholinguistique du discours. • Il s’agira d’abord d’introduire le domaine de la psycholinguistique, son étendue, son
champ et sa portée, et la notion de discours telle qu’elle est appréhendée dans les travaux en psycholinguistique et en linguistique cognitive.
• Les questions auxquelles nous tenterons de répondre ensuite sont les suivantes :
– (1) quels sont les marqueurs linguistiques de structuration et de cohésion discursive (dans la communication ordinaire) ?
– (2) quels sont les indicateurs d’un discours atypique et/ou altéré linguistiquement ?
• Ces questions seront centrées ici sur les marqueurs de la référence, la temporalité et l’espace. Elles seront abordées selon 3 axes :
• facteurs linguistiques (variation inter-langues : langue vocale vs langue signée, langues typologiquement apparentées ou non),
• Facteurs environementaux (environnement linguistique précoce, facteurs psycho-affectifs),
• Données pathologiques (troubles du développement et troubles du vieillissement).
• Des illustrations seront finalement fournies dans le cadre des études sur les productions
langagières et la théorie de l’esprit avec comme problématique sous-jacente la suivante : dans quelle mesure, la capacité d’attribuer des états mentaux à autrui est un facteur déterminant pour construire des discours structurés et cohésifs ?
Bibliographie générale indicative compléments bibliographiques au fil de l’eau
• Dortier , J.F. (2010), le langage : introduction aux sciences du langages, Ed Sciences humaines (la langue comme structure, signes, sémiologie, sémantique, les linguistiques de la communication, langage, cerveau et pensée, apprentissages, histoire et diversité des langues)
• Field, J. (2003), Psycholinguistics. A resource book for students, London
Routledge • Lemaire, P. (2006) Abrégé de psychologie cognitive (chap. 1 : La psychologie
cognitive : son objet, ses méthodes et mesures, ses théories, pp5-18) • Rossi J.P. (2009), Psychologie de la compréhension du langage, Bruxelles, de
Boeck • Richard J.F. & Ghiglione R. (1994), Cours de psychologie, vol3, CNED/Dunod
• Robert S. (1997), « Variation des représentations linguistiques : des unités à
l’énoncé », in C. Fuchs & S. Robert (éds), Paris, Ophrys, 25-37 • Tomassone R. (2001 éd.) Une langue : le français, Paris, Hachette.
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Etudes de la faculté de langage chez l’homme
• Linguistique : caractérisation des propriétés structurales des langues naturelles comme incarnations variées d’une même faculté cognitive propre à l’espèce humaine
• Psycholinguistique : identification des processus cognitifs – si possible en temps réel – présidant à la production et à la compréhension des messages verbaux, oraux et/ou écrits ;
• Neurolinguistique : localiser dans le cerveau le substrat biologique de la parole et du langage.
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langue = ensemble de représentations déclenchées durant
l’activité de langage par des processeurs cognitifs spécialisés
psychologie Neurosciences
fonctionnelles,
neurophysiologie
Linguistique structurale et cognitive :
- structures permises
- fonctions cognitives
- intentions communicatives
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Exemple de la compréhension du message parlé
Information acoustique
Représ. phonetico-phonologique
Représ. morphologique
Représ. syntaxique
Représ. sémantique
lexique
grammaire
Traitement pragmatique : compréhension du message dans une situation de communication donnée
Description des étapes de traitement
• Acoustique phonétique-phonologie – entrée = signal de parole continue
– sortie = a) segments phonétiques, b) segments phonologiques • 1 = suite de phones (sons)
• 2 = suite de phonèmes
• Phonologique-morphologique – entrée = suite de phonèmes
– sortie = suite de mots : comment concaténer correctement (quel découpage juste) ? les poissons rouges les poids sont rouges, je vais à l’accueil, je vais à la cueille
• 1 = regroupement en morphèmes (mots), typage morphologique (variation genre, nombre, déclinaison, dérivation, composition)
• 2 = Règles de prononciation (intra-mots : diérèse, vs synérèse: skier vs lier, inter-mots : épenthèse ou élision, liaison : ours blanc, grande enfant, petit enfant)
• Morphologie syntaxe – entrée = chaîne de morphèmes (mots)
– sortie = chaîne de syntagmes typés : catégories, relations de dépendance, fonctions
– Pb de regroupement se posent encore (le petit chien mort// sera enterré demain vs le petit chien // mord la laisse qui le retient)
• Syntaxe sémantique – entrée = chaîne de syntagmes
– sortie = équivalents conceptuels : sémantique lexicale (calculs logiques), sémantique grammaticale : signification du tout ne correspond pas à la somme de ses parties ; signification de la partie dépend de son contexte d’occurrence
la porte bat/ Paul la bat
Il a été défendu par un avocat marron
les avocats sont marrons
Description des étapes de traitement (suite)
Les langues
• Objectifs distincts et complémentaires le cas échéant: Travail sur la langue/les langues
• Analyser les structures formelles des/d’une langue(s) à un ou plusieurs niveaux de traitement (phonologique, morphologique…syntaxique), voire à l’interaction de niveaux (morpho-phonologique, syntactico-sémantique, etc.) ; voire à l’interface du langagier et du corporel (gestes, mimiques faciales) : question de la communication multimodale
syntaxe sémantique
pragmatique
Le langage
Travail sur l’activité de langage En tant qu’opération mentale effectuée dans une tâche
de compréhension et/ou de production d’un message parlé
Travail à l’interface langue/langage Dialogue multidisciplinaire : comment l’observation
et la modélisation de l’activité de langage peuvent expliquer les structures formelles décrites (voir la notion de « marque » en linguistique fonctionnelle et celle de « saillance » en linguistique cognitive)
correspondance forme(s)-fonction(s)
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Langue, Langage
Grammaire et cognition
Psycholinguistique -Développement - etc.
Linguistique interne : Formes vs fonctions
IA : théories et modèles
Neurolinguistique Prise en charge de la variation Hétérogénéité dans les langues
Approche formelle Postulats théoriques
langue = système de règles formelles, fixes, universelles et innées
Notion de compétence (vs performance) comme faculté cognitive spécifique, indépendante des autres capacités cognitives humaines (ex. vision) = grammaire générative, i.e. système de règles combinatoires qui permet de générer un ensemble infini de phrases possibles à partir d’un vocabulaire fini ; elle constitue l'essence du langage, a une réalité mentale et est universelle et innée (voir acquisition du langage par l’enfant)
Possibilité de relier les structures linguistiques à des processus mentaux, i.e. pertinence psychologique des niveaux structurels
Notions de principes et paramètres pour expliquer les variations inter-langues
Règles compositionnelles
Pour en savoir plus: dictionnaire encyclopédique des sciences du langage
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Approche formelle (suite)
Indépendance structurelle des différents niveaux de traitement, primat syntaxique
Objectif de la linguistique - définir cette grammaire universelle
- Travailler en génération, indépendamment du contexte : établir un ensemble de règles qui permettent de générer toutes les phrases possibles engendrables dans le système
- Formalisme de type logico-algébrique
Impact réel en neurosciences : faculté de langage serait localisée dans des zones du cerveau spécialisées dans cette unique fonction
Approche fonctionnelle
• Postulats théoriques – structures du langage déterminées par les fonctions qu’il sert
• Deux fonctions principales – a) symbolique : de représentation – b) communicative : interagir, communiquer de l’information
• Langage ne peut être étudié sans prendre en compte ses finalités et ses modalités d’utilisation (contexte verbal et situationnel, rôle des sujets, effets de sens d’un énoncé)
• Langage = système ouvert : variation interlinguistique, diversité des langues, de leurs règles et de leurs formes ; variation interne aux langues, diversité d’emploi des mêmes formes
• Notions clés : constructions, grammaire d’usage et importance du contexte, grammaticalisation, composition holiste des structures (ex. cadres syntaxiques dotés d’une signification : cf forme active vs passive)
• Objectifs – décrire les propriétés fonctionnelles des langues à travers la variabilité de
leurs formes et de leur usage
• Méthode – inductive d’observation sur le terrain
on part des usages en contexte pour calculer la valeur des formes et faire émerger des mécanismes invariants
• Différents courants
recherche d’invariants typologiques (typologie fonctionnelle)
recherche d’invariants cognitifs (grammaires cognitives)
principes universels de mise en actes (analyse conversationnelle et pragmatique)
mécanismes énonciatifs (théorie de l’énonciation)
Approche fonctionnelle (suite)
Invariants cognitifs, variations linguistiques
Variation diachronique : évolution d’une langue donnée au fil du temps (lexique, grammaire)
Variation synchronique : types de langues
Questions de fond : - comment articuler diversité des représentations linguistiques et universalité de la faculté de langage ? - à quel niveau se situe l’invariance, cognitive et linguistique, qui permet la variation d’une langue à une autre, d’un état de langue à un autre ?
Psycholinguistique développementale
Psycholinguistique =
étude des processus psychologiques par lesquels les sujets humains élaborent et mettent en œuvre le système de leur langue
étude des opérations impliquées dans la production ou la compréhension de messages oraux ou écrits
Question : autonomie des niveaux de traitement ou interaction ?
Choisir son cadre théorique : approche formelle ou fonctionnelle au choix
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Langue (langage)
Analyse du discours
Linguistique textuelle
Processus : opérations énonciatives de mise en texte
Résultat : texte produit
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2. Psycholinguistique du discours
Caron J. (1989), Précis de psycholinguistique, Paris PUF. Charolles M. (2002) La référence et les expressions référentielles en français, Paris, Ophrys Charolles M. http://www.lattice.cnrs.fr/Michel-Charolles,219 Grize J.B. (1990), Logique et langage, Paris, Ophrys.
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Enjeux
• Etude des déterminants linguistiques des opérations discursives (discours argumentatif, narratif, descriptif, conversation, écrit et oral, interface écrit-oral (discours co-construit (cf le mail)
• Définition linguistique : pas facile – Discours : un ou plusieurs énoncés (longueur variable)
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Petit exercice de segmentation : contrainte syntaxique : prédication complète
indices = marqueurs référentiels
• En cambriolant une luxueuse demeure des motards découvrent un cadavre alertée la police retrouve une vingtaine d’autres corps enterrés dans le jardin de la maison du propriétaire Mister Frost aussitôt arrêté on ne sait rien il n’a pas de nationalité et se refuse à parler deux années se passent au cours desquelles Frost continue à garder obstinément le silence
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Enjeux Question du découpage du discours en énoncé
Critères syntaxiques : phrase, proposition , prédications (constructions verbales, nominales ?)
Critères sémantiques
– Énoncé ou unité illocutoire : production langagière dotée d’une modalité
• Modalité illocutoire : message à l’interlocuteur
– Tu viendras : affirmation, ordre, exclamation
• Modalité épistémique : expression de l’opinion, attitude (doute vs évidence)
– il peut venir
– il doit venir
• Modalité déontique : expression du souhait du locuteur vis-à-vis de ce qu’il dit
– Tu peux (tu as le droit) de venir
– Tu dois venir
Enjeux
• Critères pragmatique : analyser le fonctionnement des instruments verbaux dans l’ancrage situationnel du discours – Construction des valeurs référentielles
– Organisation fonctionnelle de la représentation discursive
• Comprendre les démarche de la logique naturelle de la pensée quotidienne
• enrichir les modèles proposés concernant le traitement humain de l’information
Lecture complémentaire : JB. Grize
Enjeux
Critères pragmatiques : marqueurs de progression/cohésion textuelles/structuration du discours
En sachant que le discours est toujours adressé à l’autre :
Discours typique = processus langagier qui permet de construire une représentation du monde, de donner à voir cette représentation à son interlocuteur
Notions de représentation; théorie, modèles (processus langagiers sous-jacents, discours comme produit de ces processus)
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Retour sur la notion centrale de Représentation
• Qu’est-ce la représentation d’un
– fait de langue ?
• Peut-on représenter l’activité langagière ?
• Différence entre
– représentation
– modèle
– théorie ?
La notion de représentation
• Représentations 1. Des sujets parlants : représentations mentales
• Architecture des représentations pour les connaissances lexicales, syntaxiques, phonologiques (zone de stockage, type de stockage : analytique vs holistique, statique vs dynamique (procédurale), etc)
2. Des linguistes • Données sonores > API, notation prosodique
• Données syntaxiques > notions de syntagmes, de catégories grammaticales, arbres syntaxiques, etc
• Données lexicales : représentations lexicographiques
• etc
Question : relations entre 1 et 2, i.e. plausibilité cognitive des représentations linguistiques
Linguistique cognitive : simulation/modélisations
Théorie / modèle
• Théorie linguistique – Propose un certain type de représentation (conjecture, hypothèse,
affirmation) de la réalité linguistique (observée ou observable ), ex. représentation discrète de la chaîne parlée (degré de discrétisation du discours : quelles unités)
• Modèle – Champ d’application d’une théorie – Permet de faire des déductions, prédictions, expériences permettant
de vérifier les hypothèses posées dans la théorie Si la théorie prédit des effets, alors il faut chercher à les observer et à les
mesurer. Par exemple, les théories astrophysiques prédictives confirment qu'il y a des lois ou des règles qui régissent le comportement de l’univers
Si les conséquences prévues ne sont pas contredites par la réalité observée et mesurée, alors la théorie et ses principes se trouvent confortés.
Si apparaissent des faits observés et mesurés que la théorie ne prévoit pas, alors soit il faut modifier la théorie, soit il faut en préciser les limites.
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Théorie / modèle et / données cliniques
• Illustration – Linguistique développementale et acquisition du langage : théorie
de l’innéisme vs enfant loup (voir cours acquisition du langage)
• Quelque chose de nouveau aujourd’hui : données atypiques/spécifiques/cliniques = nouvelles instances de validation des théories : applications à des dispositifs de remédiation
– Psycholinguistique du discours :
• Discours : = a) marqueurs de subjectivité du
locuteur/d’intersubjectivité + b) référence; sinon discours tout simplement incompréhensible
– Discours qui ne serait que le produit de a) (aphasique modal)
– Discours qui ne serait que le produit de b) (aphasique référentiel)
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Psycholinguistique du discours : le regard de la linguistique
• Discours succession d’énoncés – Marqueurs de relations entre segments
• En cambriolant une luxueuse demeure, des motards découvrent un cadavre. Alertée, la police retrouve une vingtaine d’autres corps, enterrés dans le jardin de la maison. Du propriétaire, Mister Frost, aussitôt arrêté, on ne sait rien.
• En cambriolant une luxueuse demeure, des motards découvrent un cadavre. Alertée, la police retrouve une vingtaine d’autres corps, enterrés dans la luxueuse demeure. De l’homme vivant dans la luxueuse demeure, Mister Frost, aussitôt arrêté, on ne sait rien
Cohésion, continuité textuelle Interaction de ces marqueurs dans l’interprétation du discours
Marqueurs fonctionnent comme des instructions interprétatives (signaux déclencheurs d’interprétation)
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Marques de cohésion et plans d’organisation du discours
Rôle du linguiste : • Étudier comment une langue fournit aux locuteurs un
ensemble d’outils permettant d’indiquer certains rapports qu’ils établissent entre différentes choses qu’ils ont à dire – Repérer les différents systèmes de solidarité qui donnent au
discours une certaine continuité/homogénéité • Charlotte et Anne vont au cinéma • Charlotte et sa maman vont au cinéma • Anne et sa fille vont au cinéma
• dresser un inventaire raisonné des différents systèmes de marques de cohésion disponibles dans une langue (notamment marqueurs temporels et marqueurs de coréférence )
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Les différents plans d’organisation,
les différents systèmes de solidarité
• Dispositif syntaxique : système de connexions structurales
– À l’intérieur de la proposition
• Tesniere L. (1959) : Eléments de syntaxe structurale, Paris, Klincksieck, édition de 1988.
• Outils relationnels de nature sémantico-pragmatique
– Elle est blonde mais pas stupide
• Principes organisationnels supérieurs
– Modèles de superstructures textuelles (Van Dick & Kintsch 1983)
• Organisation hiérarchique de l’énoncé qui résulte d’une mise en série des propositions et de leur empaquetage dans des unités textuelles de niveaux croissants de complexité
Principaux outils relationnels
• Connecteurs : relations fonctionnelles entre différents contenus (justification, opposition, conséquence) – Ils sont partis en voyage ? Parce que leurs volets sont fermés
• Anaphores: solidarités référentielles (différentes expressions linguistiques qui désignent la même réalité dans le monde extérieur) – Bussy s'est rendu à Méridor. Il découvre que Monsoreau fait croire au père
de Diane que celle-ci est morte
chaîne de coréférence • Expressions introductrices de cadre de discours: délimitent des
domaines (cadres temporels, spatiaux, etc) au sein desquels les événements décrits dans le discours prennent place ; fonction de repérage
Marie logeait dans un hôtel.(Ee) Elle monta dans sa chambre et s’approcha de la fenêtre. (Eo) Dans le parc, des jardiniers s'activaient. Des oiseaux chantaient. (Ev1) Devant la réception, un portier faisait les cent pas. Une voiture attendait. (Ev2)
– Ee : espace englobant – Eo : espace origine où se trouve le sujet percevant à qui on attribue les comptes
rendus de perception qui suivent – Ev1, Ev2 : espaces visés auxquels réfèrent les SP locatifs
• etc
! Du bon usage des marqueurs (cf infra, maximes de la pertinence)
• Occurrence marque de cohésion : condition ni nécessaire ni suffisante pour qu’n discours soit perçu comme cohérent 1. Charlotte s’est enrhumée. Il fait froid 2. Charlotte s’est enrhumée mais Albert apprend le piano depuis 4ans vs.
(relation entre les 2 segments irrécupérable malgré présence du connecteur) différent du premier énoncé: connaissances encyclopédiques sur le monde : relations implicites
3. Charlotte s’est enrhumée mais Martin fait du vélo 4. vs Charlotte s’est enrhumée mais Martin peut faire du vélo
• M. Charolles : Présence du « mais » si elle marque bien que le locuteur établit un rapport entre les énoncés, ne garantit pas à elle seule, la recouvrabilité par l’interprétant de la relation qu’il supporte
Non continuité référentielle et inférence
• Cohérence pas seulement liée à l’occurrence de tel ou tel relateur linguistique mais aussi possibilité de construire des inférences
• Inférence : fait nouveau déduit de l’interlocuteur B à partir de l’acte d’énonciation A (information non explicite construite par l’auditeur) – Le président est mort. Le caramel est brûlé
– Loc1 : la poubelle est pleine • Loc 2 : je suis en chaussettes
– Loc 1 : on sonne • Loc 2 : je suis dans mon bain
– Loc1 : j’ai faim • Passe-moi le guide Michelin
Bilan : qu’est-ce qui construit la cohérence ? (1/2)
• Question : discours rend-t-il possible le calcul d’opérations inférentielles, i.e. inférences de liaison basées sur
– Contenu du donné discursif
– Situation dans laquelle il est communiqué
– Connaissances d’arrière plan des sujets (scripts, scénarios de la vie quotidienne)
Bilan : qu’est-ce qui construit la cohérence ? (2/2)
• Marqueurs du discours mais aussi
– Indices contextuels (mimiques, accents, données sur environnement physique)
– connaissances générales des sujets, capacités de raisonnement, habileté à développer des associations
• Albert siffla. Un lièvre détala
• Albert siffla. Un coup de tonnerre retentit
• Albert siffla. De la fumée monta à l’horizon.
== Connotations causales ?
Connexions conceptuelles
• Hume D. (1748) : Enquête sur l’entendement humain, Paris, Flammarion – liaisons que nous percevons entre les états de choses ne sont pas dans
le monde sensible mais dans notre esprit qui les interprète – 3 principes de connexion entre les idées : cause, ressemblance,
contigüité
1. Paul glissa. Un vase tomba 2. Paul glissa. Sophie tomba dans les pommes 3. Léon faisait la sieste. Sophie regardait la télé 4. Max rentra dans un café. Sa femme fila au supermarché 5. Marcel perdit 500F au loto. Marie se cassa la jambe en sortant de la
messe 6. Marcel perdit 500f au loto. Marie rencontra l’homme de sa vie
Liaison entre faits et continuité référentielle
• Le plus important pour la compréhension d’un énoncé ? a) Référence à des entités introduites dans le modèle mental :
continuité référentielle * Elle est sympa
b) Description d’états de choses susceptibles d’être reliés inférentiellement : plausibilité événementielle
• Hy : texte peu plausibles plus difficiles à comprendre et à mémoriser
– Difficultés de compréhension des sujets varient en fonction de leurs capacités à construire des connexions entre les événements
Notion de pertinence (Charolles, 10, 13)
• Grice H.P. (1975) : « Logic and Conversation », in P. Cole and J.L. Morgan (ed.) : Syntax and Semantic, vol 3 : Speech acts, New-York Academic Press, 41-58.
• Sperber S. & Wilson D. (1989) : La pertinence, Paris, Minuit.
– Continuité référentielle + plausibilité événementielle (cotexte/contexte) Discours pertinent : degré de pertinence : fonction de la difficulté d’accéder
aux savoirs d’arrière plan; nbre d’inférences – Contexte : co-construit et non donné A travers l’échange verbal, il s’agit pour les sujets communicants de construire
ensemble une certaine représentation du monde, une certaine scène, cette dernière subissant des reconfigurations successives jusqu’à une stabilisation terminale qui, en principe, justifie la clôture de l’échange.
Expressions référentielles, Anaphore et chaîne de coréférence
• Unités linguistiques qui en reprennent d’autres – Unités interprétables à partir d’autres unités du cotexte/contexte
• * Elle est aux anges.
• Marie a réussi son concours d’orthophonie. Elle est aux anges.
– Ces autres unités réfèrent à une entité précise dans le modèle mental des sujets
• Approches psycholinguistiques des phénomènes anaphoriques – Approche textuelle
– Approche procédurale
– Modèles d’accessibilité référentielle
Approche textuelle (1/2)
• Angle d’attaque linguistique – Objet peut avoir deux lieux d’existence : en discours/hors discours
– Indices pour interprétation du message • Contexte purement linguistique pris comme espace de référence
Marie a réussi son concours d’orthophonie. Elle est aux anges.
Quand elle a réussi son concours d’orthophonie, Marie était aux anges
– Espace textuel = endophore : espace permettant la mise en relation de deux éléments linguistiques : l’anaphorique (expression référentielle) et sa source sémantique
» Source sémantique = avant ou après l’expression référentielle
anaphore/cataphore
• Espace situationnel dans lequel on l’énonce Vous là-bas !
– Expression référentielle dite exophorique ou déictique
Opposition anaphore/deixis
Approche textuelle (2/2)
Référence (modèle mental des interlocuteurs)
Exophore situationnelle Endophore textuelle
anaphore cataphore
Comment accéder à sa source référentielle ?
• Règle d’accord en genre/nombre ?
– Le loup se jeta sur le petit chaperon rouge et la mangea
– Paul a acheté une Mercedes parce qu’elles sont solides
– Au splendide, ils m’ont embauché
• Plusieurs candidats sources : principe de proximité ? contrainte de minimisation de l’effort mémoriel
– Marie a offert un sac Vanessa Bruno à Charlotte pour ses 18 ans. Elle s’en souvient encore
– Paul a traité Marc de sale sarkoziste et il l’a insulté
Approche cognitive (1/4)
• Critère textuel critère de saillance cognitive • Référent saillant = se trouve déjà dans la mémoire
immédiate de l’interlocuteur, i.e. la représentation mentale de la situation
• Parce qu’il est déjà saillant ou manifeste au moment de
l’énonciation, le référent n’a plus besoin d’être porté à l’attention de l’interlocuteur
• Ce qui devient pertinent dans la définition du phénomène,
ce n’est plus l’opposition cotexte/contexte mais référent donné/connu vs référent nouveau
Approche cognitive (2/4)
• Ce qui intéresse les chercheurs ici, ce n’est plus tant le support matériel +- textuel mais l’activité psycholinguistique de l’interlocuteur en traitant le discours qui lui est adressé abandon du critère de localisation des entités (en discours/hors discours)
Expéression référentielle ne sont plus classées selon le lieu de résidence de l’entité dénnotée (cotexte/contexte) mais selon l’accessibilité du référent : critère de saillance discursive
• Anaphore/deixis contexte/cotexte – Soit le discours maintient la saillance, i.e. le focus sur le même référent et
cette continuité est indiquée par l’anaphore, soit il y a une réactivation du focus
• Marie a offert un sac Vanessa Bruno à Charlotte pour ses 18 ans. Elle s’en souvient encore
• Marie a offert un sac Vanessa Bruno à Charlotte pour ses 18 ans. Celle-ci s’en souvient encore
• Focus shift vs anaphore • deixis = ensemble d’outils (linguistiques et/ou non linguistiques : cf.
pointage) utilisés pour assurer la focalisation de l’attention de l’allocutaire sur un objet particulier du discours/ la piloter/la réorienter (focus shift-changement de focus) // anaphore = ensemble d’outils utilisés pour faire en sorte que l’allocutaire maintienne une attention déjà centrée sur tel ou tel objet du discours
Approche cognitive (3/4)
Anaphore Deixis
Déjà mise en focus
Mention antérieure dans le texte
Elément saillant d’origine extralinguistique
Nouvelle focalisation
Déjà mentionné dans le texte mais pas encore saillant
Non mentionné et pas dans le contexte extralinguistique
Approche cognitive (4/4)
• L’accord n’est plus un problème – Le loup se jeta sur le petit chaperon rouge et la mangea
• S’il y a un changement de genre, alors qu’il satisfasse au principe de pertinence – Le pronom détermine sa propre interprétation; il sélectionne son
antécédent et non l’inverse – Cf. Grize : quantité d’information fournie : n’est pas là comme un
simple pronom de rappel, participe à l’enrichissement de l’info
Modèles d’accessibilité référentielle (1/4) M. Ariel, théorie du centrage (1990, 1996)
• Accessibilité élevée – <réfléchi <marque d’accord <pronom atone<pronom
tonique< pronom accentué + geste <démonstratif < prénom <nom de famille <description définie brève <description définie longue <nom complet <nom complet + modifieur
• Accessibilité réduite • Principe : moins le marqueur est spécifique, plus le
référent visé est accessible / plus le marqueur est spécifique moins le référent est disponible
Modèles d’accessibilité référentielle (2/4) M. Ariel (1990, 1996)
• Rapport accessibilité-marque formelle – Informativité niveau d’information que comporte
l’expression référentielle vis-à-vis du référent attendu (unité lexicale vs pronom clitique)
– Rigidité degré auquel une expression peut renvoyer de façon unique ou non équivoque à un référent (plus l’accessibilité marquée par l’expression est élevée, moins la rigidité est forte)
– Degré d’atténuation plus l’accessibilité est réduite moins l’expression est atténuée (prosodie et articulation jouent un rôle aussi)
Modèles d’accessibilité référentielle (3/4) M. Ariel (1990, 1996)
1. La journée était belle, Marc était excité à l’idée d’essayer son nouveau voilier. Il voulait qu’Antoine se joigne à lui pour l’essayer.
2. Il l’appela à 6 heures du matin 3. Il ne pouvait attendre plus longtemps 4. Antoine était malade et furieux d’être réveillé si tôt 4’. Il était malade et furieux d’être réveillé si tôt Centre d’attention du segment de discours = Marc = personnage principal
pronom clitique, 3ème personne (marque accessibilité élevée du référent)
Antoine = personnage secondaire, moins accessible marqueur d’accessibilité réduite tel que le pronom s’impose
+ enchaînement discursif : *il-il contraste des référent autre marqueur sinon compréhension difficile
Modèles d’accessibilité référentielle (4/4) Chafe (1987, 1994)
• Modèle inspiré des modèles de l’attention et de la mémoire; qui ont leur contrepartie formelle au niveau du discours
• Différents codages (pronominal vs lexical) reflèteraient des statuts cognitifs différents
• Accessibilité référentielle > activation – Actif/accessible/ semi-actif/inactif
• Actif: concept/entité actuellement saillant (allumé); présent ds le focus attentionnel • Accessible : statut hybride, réalité formelle ?? : était actif ms désactivé par focalisation d’un
autre réf/concept ou appartient à l’ensemble des attentes associées à un schéma ou scénario • semi-actif : textuellement, situationnelement, par inférence ; n’est pas directement en focus
mais existe ds la conscience d’arrière plan • Concepts inactifs logés ds la mémoire à long terme (ni focalisés, ni périphériquement actifs)
• Rôle de l’accent : pronom inaccentué: locuteur estime l’allocutaire capable d’inférer facilement et sans effort le référent/concept visé vs expression référentielle accentuée (pronom tonique) ou SN plein
• Lambrecht (1994) : notion de marque
Bilan: ce dont-il faut se souvenir (1/2)
• Traitement du focus multiparamétrique Hétérogénéité des facteurs impliqués dans la construction du focus
• Construction du focus modèle de discours Représentation cognitive : ensemble des représentations conceptuelles de la situation de communication que les partenaires à l’échange aurons co-construite (scripteur-lecteur; locuteur-auditeur)
Bilan: ce dont-il faut se souvenir (2/2)
• Accessibilité du référent : – plus la distance entre l’expression anaphorique et son
antécédent est grande, moins le référent est accessible effet de distance et récense de mention sur compréhension des expressions référentielle
– Caractère plus/moins connu de l’entité (statut de thème ou de rhème)
== distance physique et linéaire mais aussi psychologique et hiérarchique (hiérarchie de l’information)
Distance linéaire, primauté de mention, topicalité, centralité d’un personnage (premier plan ou arrière plan sur la scène, dans un imagier)
Bibliographie complémentaire (1/2)
Théories citées
• Ariel M. (1990). Accessing noun phrases antecedents, London, Routledge
• Chafe W. (1987) : « Cognitive Constraints on Information Flow », Coherence and Grounding in Discourse, R. Tomlin (éd.), Amsterdam, Benjamins, 21-51.
• Chafe W. (1994) : Discourse, Consciousness and Time. The flow and placement of conscious expérience in speaking and writing, Chicago, University of Chicago Press.
• Lambrecht K. (1994) : Information Structure and Sentence Form, Cambridge University Press.
Autres théories
– Grosz B.J., Joshi A.K., Weinstein S. (1995). « Centering: a framework for modeling the local coherence in discourse », Computational Linguistics, 21-2, 203-225.
– Gundel J.K., Hedberg N., Zacharski R. (1993). « Cogntive status and the form of refering expressions in discourse, Language, 69, 2 (mode de donation du référent)
– Sanford A.J., Garrod S.C. (1994). Selective processing in text understanding,in M.A. Gernsbacher (ed.). Handbook of pPycholinguistics, Academic Press, 699-719 (Théorie du focus en mémoire)
Bibliographie complémentaire (2/2)
• Quelques mots sur la théorie du centrage (Grosz & al., Ariel) – Question : manière dont la référence contribue à la cohérence locale
d’un discours; comment les énoncés s’accordent-ils entre eux pour former un tout/discours cohérent
• Comment la structure et la cohérence d’un discours sont-elles influencées par la manière dont les énoncés font référence à des entités communes
– Deux types de cohérence : globale vs locale • C. globale : calculée en mettant en rapport les différents segments du
discours
• C. locale cohérence entre les énoncés d’un même segment
Reste à définir ces notions de segments et d’énoncés : quelles unités ?