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Notes du mont Royal Cette œuvre est hébergée sur « No- tes du mont Royal » dans le cadre d’un exposé gratuit sur la littérature. SOURCE DES IMAGES Google Livres www.notesdumontroyal.com

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Page 1: Notes du mont Royal ← €¦ · qu’affis fur la cime de l’Olympe , in repaîtrai mes yeux du fpeâacle de ce combat , vous tous , defcendez vers les deux armées, 8: que chacun

Notes du mont Royal

Cette œuvre est hébergée sur « No­tes du mont Royal » dans le cadre d’un

exposé gratuit sur la littérature.SOURCE DES IMAGES

Google Livres

www.notesdumontroyal.com 쐰

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ŒUVRES"DÏIHOMEREV

TOME v1.

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L’ I LI AD’E

D’HOMERE,

avec DES REMARQUES 5

PRÉCÉDÉE de réflexions fur Homme

5: fur la TraduCtion de: Poëtes.

Par M. BITAUBÉ.

Tanneurs Entrlon, à laquelle on lA joint lesnotes de M.MENTELLE qui

rapprochent la géographie ancienne deq. nous noderrîes.

TOME SIXIÈME.

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1’11 LI A D 1ED’HZOIMERE. L

CHANÎ VIN GTIEME.

AINSI , près des proues recourbéeedes vaifl’eàux; les Grecs s’aimaient

autour de toi,fils de Pélée, brûlantde la foif des combats , tandis quéles Troyens, fur une colline oppo-fe’e , fe préparoient à foutenir leur

attaque. A 0Jupiter cependant ordonne à Thé-mis de raflembler les immortels. Elleparcourt en un moment le ciel 5: laterre. convoque cette afl’emblée au

palais de Jupiter. Tous les dieux desfleuves s’y rendent en foule; toutes

111ml. Tom. 7L A .

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z r.’ I r. 1 A n E,du’nymphesy vélentg celles qui hé.

bitent l’agréable féjour des forêts ,, ou

les eaux, des,fontaines,.ou les vertesprairies; le vieil Océan (cul demeureen fa grotte. profonde: ils nitrentdans le palais de celui qui commandeaux nuées, le placent fur des trôneséclatans , feintes par de luperbes co-lonnes , élevés par Vulcain’pour le

pere des dieux avec une divine in-dufirie. Telle fut cette alfamble’e dans

Lla. dermure de Jupiter, Neptune, do-cile à la voix de Thémis, accourt duÎfond de [av-mer au milieu de la troupecélefle; 8: à peine s’eû-il allie, quia

interroge en ces mots le fils de Sa-rurne: O roîiqui lances la brûlantefoudre , pour-«luci raffembles-tu encoreles immortels? Veux-tu. décider enfinle (on des Troyeus à, des Grecs?Voici le moment d’unnouveau combat;

tout annonce le feu, du plus horriblecarnage.

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c a A N -r X X. gDieu qui ébranles la terre, répondit

Jupiter, tu pénetres le deflein quim’engage à vous réunir. Ceux qui

touchent à leur perte (ont cependantencore l’objet de mes foins. Pendantqu’affis fur la cime de l’Olympe , in

repaîtrai mes yeux du fpeâacle de ce

combat , vous tous , defcendez versles deux armées, 8: que chacun em-braiïe à l’on gré le Parti qui l’entraîne ;

car fi le fils de Pelée domine ,1 fansrival, dans les champs de cette lutteguanine, les Troyens ne réfifierontpas même un moment à fa furie. Safeule préfence les a troublés 81 misen faire; je crains que , tranfportéde douleur 8: de rage pour la mortde (on ami, il ne renvetfe en celiourllion avant l’arrêt des deflins.

Il dit, & réveille la difcorde. Lesdieux,’divifés en deux partis, cou-

rent au combat. Junon , la fiere Pallas,Neptune qui ceint la terre . Mercure

A al

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"4 t.’ 1 t. I A n a;l’utile inventeur des arts , a: Vulcainroulant des yeux féroces 8: traînantavec effort l’es pas inégaux, fe ran-

gent devant la flotte. Au fémurs desTroyens volent Mars portant Un caf-que flamboyant , Apollon Orné d’une

longue chevelure , Diane dont lecarquois fait les délices , Latone ,Xanthe , 8: Vénus déefi’e des ris.

Tant que les dieux fe tenoientéloignés du" féiour des mortels , les

Grecs étoient enflés d’une ioie (u-

perbe; ils avoient à leur tête Achillequi depuis-fi long-temps n’avoir point

paru dans le champ des combats; untremblement terrible s’emparoit detous les Troyens a l’afpe& de ce héros

couvert d’une armure éblouifl’ame; &

ils croyoient lui l’homicideMars. Mais lorfque l’Olympe entierfond dans la plaine , la Dil’corde ,fignal du carnage , réveille toure [afureur. Pallas poplïe des cris belli-

a

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errata-rXX. squeux ,’ tantôt aux bords du folié hors

du rampart des Grecs , tantôt fur lerivage retentifïant. Mars. -tel qu’une

noire tempête, fait entendre fa voixépouvantable, exhortant les Troyensdu haut des tours dÎIlion, &bientôtvolant vers le Simoïs jufqu’au mont

Callicolone qui borde les eaux.Les immortels , defcendus de leur:

demeures fortunées a enflamment ainfi

les deux armées au combat , 8cv,affranchis de tout obfiacle ,v verfentparmi elles une rage dévorante. Lemaître des dieux 8: des hommes fait

* rouler avec un bruit formidable foutonnerre du plus haut des cieux 5Neptune ébranle la terre immenfeiufques aux fommets des montagnes lesplus élevées : l’amont Ida avec l’es

fources nombreufes , les tours deTroyes: les vailïeaux des Grecs. s’a-

gitent 8: tremblent. Le roi des enfers,(Pluton, épouvanté , s’élance de (ou

. A 3

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6 L’ILIADE,’trône , 8: poulie un cri terrible; ilpâlit , il craint que Neptune , féparanten éclat la terre ébranlée . ne décousue

aux dieux à aux hommes ces de-meures hideufes, défolées , que les

immortels mêmes regardent avec

horreur. *’Tel el’t le tumulte qui s’éleve aux

combats des divinités. Apollonarmé de fieches ailées , livre la guerre

au roi des mers; Pallas dil’pute laviéloire au dieu des batailles; Diane,courbant fan arc d’or , brave Junon.Diane qui [e plaît aux cris des chafàl’eurs 8: au rapide vol’ de l’es traits,

fœur de celui qui lance l’es liens du

haut de la voûte céleile; le puifl’ant

Mercure . bienfaiteur des hommes,en l’ennemi de Larone; 8c Vulcainveut triompher du fleuve roulant endes gouffres profonds , nommé Xanthe

dans le ciel , Scamandte fur la terre.Les dieux combattent les dieux;

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’ le a A a r X X; 7kMais Ae’iille brûle de rencontrerHeïtor en fe plongeant dans la mêlée tcïdl du fang de ce chef que l’on cœur

afpire fur-tout à ramifier le barbareMars. Apollon, qui allume une flamme.guerriere , excite Enée à s’avancercontre Achille , et empruntant la voix ’

de Lycaon, un des fils de Priam; illui parle en ces mots : Ene’e , chef Uillul’tre . que (ont devenues les bta--vades que tu faifois éclater devant lesprinces dlllion . lorfqu’au milieu desfefiins tu leur promettois d’afi’ronter

feul le fils de Pelée?Reieton de Priam , répond Enée,’

pourquoi me contrains-tu d’attaquer-

ce hem: indomptable? Ce ne feroitpas la premier-e fois que ie bran-roisfa valeur; mais je n’ai pas oubliéqu’autrefsis il me força d’abandonner

. le mont Ida, dt que, s’emparant denos,troupeaux, il renverfa Lyrnefl’ea: Pédale dans fa courfe précipitée.

A 4

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8. I.’ I L I A n a;Si Jupiter ne m’eût prorége’. s’il n’eût

favoril’é mon agile retraite , iamaisien’aurois pu échapper aux coups d’A-

ehille 8: de Pallas , qui , marchantdevant l’es pas , lui donnoit la viétoire .

ranimoit a exterminer d’un bras in-fatigable & Lelegues ô: Troyens. Dé-

formaîs un mortel ne peut s’armer

l contre Achille ; il atoujours à fescôtés au moins l’un des immortelsqui le dérobe au trépas. Sa lance nemanque iamais le but , 8: ne s’arrêtepoint qu’elle ne foit plongée dans le

corps de l’on aflaillant. -Si les dieuxne faifoient point pencher la balanceen fa faveur, il n’obtiendroit pas furmoi la viûoire fans de péniblesefforts .’ quoiqu’il fe vante d’être pour

nos ennemis un ramper: d’airain.

llluflre héros , repartit Apollon;il efl aufli des dieux dont tu peuximplorer le fecours. Vénus t’a donné

la nailïance ; ce guerrier a reçu le

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CHANT XX. .9- iour d’une déclic inférieure: l’une elle

fille de Jupiter , l’autre du vieillard

qui regne fur les plaines humides.Oppol’e donc à cet ennemi l’airainindompté, 8: ne te laifi’e point ébranler

par les menaces hautaines.En difant ces mots, il infpire un

ardent courage à ce chef qui , cou-vert de lon armure éclatante, s’avance

hors des rangs. Junon , qui apperçoit ’

le fils d’Anchil’e marchant contre

Achille à travers les cohortes guer-rieres , tallemble à l’écart les dieux

de l’on parti : Neptune, 8c toi.- Mi-

nerve, dit-elle , longez au malheurqui le prépare. Vous voyez Enée ,-brillant d’airain, s’avancer contre lefils de Pélée, 8: c’ell Apollon qui le.

poulie au combat. Contraignons-leà rentrer dans les rangs : ou qu’ànotre tout l’un de nous le tenant àcôté d’Achille foutienne la force 8:

lon courage; qu’il apprenne que les

A s

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m L’ILIADE,dieux les plus puill’ans de l’Olympe

lui confacrent leur amour , à queceux qui veulent écarter d’llion la

guerre 8c les ravages le confumeronten vains efforts , quoiqu’ils com-mencent l’attaque. Nous tous quil’ecourons les Grecs, nous femmesvenus du haut des cieux participer ace combat , pour garantir aujourd’hui

.ce héros des périls imminehs qui

doivent l’environner , lui lailïantenfuite l’ubir le fort que les parques

l lui filerent quand l’a mere l’enfantn.S’il n’ell pas infimit de ce delïein p1r

une voix célefle , il s’alarmera lorr-qu’un des immortels lui difputera lavidoire : leur afpeél el’t formidable

quand ils paroilïent dans toute leur

maieflé. .Junon, n’excitons pas fans bel’oin

de nouvelles tempêtes , réponditNeptune , à: ne donnons point auxdieux le lignai d’un combat on notre

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c n A N r X X. n-pouvolr (upérieu: nous promet le)triomphe. Plaçons - nous fur cetteéminence peut obferver les divinités

qui nous (ont oppofées, 81 laiflonsla difcorde aux mortels. Si Mars onle dieu du jour commence l’attaque.fi, retardant la courferd’Achille, ilsveulent enchaîner fa valeur , nousallumerons au même inflant le feu desplus terribles combats; 8K i’efperequ’aceable’s. par notre force invincible,

il; iront bientôt d’un vol rapide furl’Olympe fe perdre dans l’alïemble’

des immortels. ’En même temps le dieu à la che-

velure azurée les conduit vers le re-tranchement élevé que les Troyens .avec Pallas, bâtirenriadis pour fer-vitde refuge au divin Hercule lorfqu’i!

pourfuivroir le monfire marin quiravageoit ces bords . 8c le poufl’eroits

loin du rivage dans la plaine. Cefi là.que Neptune 8l ces dieux fe placent.

A 6

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n, r.’ 1 L 1 A D la;environnés d’un nuage impénétrable;

tandis que les divinités qui favoril’oîent

Troye fe rangent fur les fommets dumont dont s’embellit le Simoïs , autour

de vous . dieu de la lumiere . 8: Marsdefiruâeur des remparts. Ainfi lesdieux , aifis en deux troupes réparées .

délibéroient , 8: tardoient à commencer

le long ê: terrible combat , quoiqueJupiter ’leur en donnât le ligna! du

haut des cieux. Cependant toute laplaine étinceloit de l’airain des com-

battans 81. des chars dont elle étoitcouverte. La terre tremble ô: grondefous les pas des armées qui courenten même temps àvl’attaque. Au mi-

lieu d’elles le rencontrent deux guer-riers brûlant d’alïouvir leur ardeur

martiale . le noble fils d’Anchife 8:. le funerbe Achille. Ene’e s’avance à

pas lents , agitant fou calque folide;a, levant d’une main agile fon bou-clier, il balance (on javelot d’airain.

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CIaANT XX. :3Achille le précipite vers l’on ad-

verfaire. Tel un terrible lion contrelequel s’efl: ralïemblé tout un hameau

armé ponde détruire , méprifed’abord

[es nombreux ennemis, marche d’unpas fier 8: tranquille; quand, bleffépar l’un de l’es plus hardis afl’aillans ,

il fe retourne tout à coup 8c leur pré-fente une gueule béante; il écume,tire d’un fein généreux de longs ru-

gilïemens, fe frappe les flancs de faqueue pour s’exciter au combat , 81,.lançant . des regards féroces. tombefur eux avec rage, réfolu à perdrecelui qui l’a blelïé, ou à périr lui-

même dans leurs rangs; tel l’audaccieux Achille vole à la rencontre dumagnanime Énée. A peine se font-ils

atteints, que l’agile héros des Grecs

parle en ces mots:Fils d’Anchife , quel deffein t’engage:

à traverfer ces profondes cohortes ô:à m’attendre ici de pied ferme? Tout

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x4 t.’ t L 1 A D z.courage hardi te porteroit-il à mecombattre, dans l’efpoir flatteur derégner un iour fur les Trôyensavecla dignité de. Priam? Quand tu m’ar-

.racherois la vie, Priam , auquel iltelle des fils , 8L qui a fait connoîtrefa prudence ,lne remettroit pas ce prixentes mains. Les Troyens ont-ils,promis de tetconfacrer le champ leplus fertile qui, cultivé par tes foins ,1

le couronnera de blés 8L de vignes,fi tu m’étends parmi les morts? Cette

entreprife ne te fera pas facile; monjavelot, fi ie ne m’abufe , t’a déjà

mis en fuite. Ne te fouvient-il plus.du iour où, te furprenant près de tes

troupeaux, je te fis defcendre avectant de précipitation du mont Ida .1tu ne te retournas point alors enarriere ; tu volas jufqulau fein de

’Lyrnefle , qu’aufii-tôt je ravageai dans

ma poutfuire ardente, l’attaquant avecle fecours de Jupiter ô: de Pallas; 85. I

t

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c n a N r X X; a;i’emmenai de (es murs une foule decaptives dépouillées de leur liberté.

Les dieux te déroberentà rues coups:

mais ils ne te fauveront pas en cemoment , quoique ton cœur fe le per-fuade. Je t’exhorte donc à te retirer,

à ne pas affronter aujourd’hui un:fureur , plus terrible encore , fi tu neveux te repentir de tant d’audace.L’infenfé même cf! plongé dans le

Idéfefpoir après (on égarement.

Achille , ne crois pas m’épouvantee

comme un foible enfant par des pa-roles , répondit Énée ; ie pannaist’oppofer à mon tout la menace ô:l’infulte. Quoique tu n’aies vu aucun

des miens , ni moi ceux dont tudefccnds, nous devons nous comnaître nous 8: les noms fameux denos peres; fi tu es né d’une desNéréides ,la belle Thétis , St du noble

Pélée , ie le fuis de Vénusp 5c du ma-

gnanime Anclul’e. Les uns ou les autres

l

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16 L’ 1 l. 1 A n a;auront en ce iour à pleurer un fils:car ce combat ne le terminera pas en

vains difcours. iCependant , puifque tuparois igno-rer les nombreux héros de ma race .apprends à les connaître; a: la re-nommée te confirmera mes paroles.Mon origine remonte à Jupiter; ildonna le jour à Dardanus qui bâtitla ville de Dardanie , lorfqu’llion,avec fan peuple immenfe; n’étoit pas

encore, 8: qu’on habitoit au pied del’lda , arrofé de fources. Dardanusfut pere d’Erichthonius, alors le pluspuilïant des rois. Trois mille cavales ,

avec de nombreux poulains , leursdélices, pailloient dans t’es humides

prairies. Dorée 3 épris de leur rarebeauté. prit la forme d’un courfierà la criniere azurée, ô: s’unit à plu-

(ieurs de ces cavales; il en naquitdouze jumens légeres. Les voyoit-on

bondir dans la campagne, leur vol

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c.rrAu1’XX. 17rapide franchifi’oit les épis fans les

courber: s’ élançoient-elles fur la plaine

immence de la mer . elles rafoient .,fans la troubler, la face des vaguesblanchilïantes. Erichthonius donnadans Tros un roi aux Troyens , ’duquel (omirent trois fils illuflres ,Ilus, Aflatacus , 8: le plus beau deshommes , le divin Ganimede , enlevépour fervir d’échanfan à Jupiter , 8:

admis dans la troupe immortelle. Lefage Laonrédon, né d’llus , eut pour

fils Tithon , Priam , LampusrClytie ,8: Hicétaon, favori de Mars. Capys-,au d’AlÏaracus, produifit Anchife ,

mon pere , comme Priam en: celui.d’Heâor. Voilà quelle efl la racedont ie puis me glorifier. CependantJupiter , qui exerceun pouvoir fou-verain. enflamme ou trouble à fangré le courage des héros. *

Celïons de difcourir, immobilesdans la lice du combat. On prolonge

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13 rit-crans,fans fin les propos iniurieux; quelnavire n’en feroit accablé s’il pou-

voit les recevoir à La langue cil: lé-

gere , fente 5l varie abondammentl’es paroles: d’une St d’autre part le

champ cil vafie 3 quelque reprochequ’on fe permette, on peut en efl’uyer

à Ton tour. Mais feroit-ce à nous de

nous quereller? Que des femmes,minées d’une haine violente, fe char-

gent dans une place "publique d’op-

probres mutuels, a , maltrife’es parleur fureur, confondent la vérité 8cle menfonge : tes menaces, fi tu n’asrecours au fer , ne m’écarteront point

du combat. Il faut donc fonder notrevaleur le iavelot à la main. .A Il dit, 8: lance (on ravelot contre

le bouclier terrible qui, frappé del’airain . retentit dans (on. contourimment’e. Achille, étonné de la force

du coup, croit que le iavelot d’Enéepercera le bouclier , 6: l’écarte de fou

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d on A le r X X. t9corps d’un bras vigoureux. Aveugle!il ne longeoit pas qu’une armure di-vine triomphe ides mortels. Aufli leiavelor impctueux d’Enée ne rompit-

il pas ce bouclierzil ne perce, descinq lames dontVulcain l’avoir formé.

que les deux premieres qui étoientd’airain -, les deux dernieres, d’unmétal moins folide , étoient défendues

par une forte lame d’or où fe brifal’effort du javelot. Achille fait partir

la longue lance qui frappe le bord-e’l’evé du bouclier dînée, où l’airaits

8! les peaux ont moins d’épaill’eur ;

le frêne du Pélion perce le bouclieravec un bruit formidable : Enée lecombe, à , faifi de terreur, haufl’e,en l’avançant, fan bouclier; la lancer

la! riant le dos, s’enfonce en terreavec fureur après avoir fait voler en.éclats les deux cercles qui bordoientl’armure : échappé de ce péril , il

s’arrête un moment , l’œil» obfcurci

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10 r.’ r L t A D nî-d’un nuage , conflerné de fentir fi près

delui ce javelot. Mais Achille s’élance,s’armant de l’on glaive acéré, 8! pouffant

des cris épouvantables. Énée alors

faifit une roche, poids énorme fouslequel en nos jours deux mortels au-roient fuccombé , 8: qu’il tourne dans

l’air fans effort : il l’eût ietée contre

le cafque ou le bouclier d’Achille qui.

accouroit avec ardeur, 8: qui eût été

garanti de la mort par l’es armes ,tandis que ce héros , le frappant del’on épée , l’auroit privé du iour ,

lorfque Neptune , attentif à ce combat :

O fort infortuné! dit-il aux im-mortels qui l’environnent, je vois avecdouleur que le généreux Énée , abattu

par les coups d’Achille , va defceudredans l’empire des ombres. viâime defa témérité, réduit par Apollon qui

l’abandonne au trépas. Mais pourquoi

ce prince pieux l’outïrirbit-il la peine

du coupable , lui qui chaque jour

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cr n A n r X K. etpréfente d’agréables oErandes aux ha-

’bitans de l’efpace immenfe du ciel?

Sauvons-le nous-mêmes de la mortpour éviter le courroux de Jupiter.Les Dellins ont ordonné que la racade Dardanus , le plus cher des enfantde ce dieu nés de mortelles, ne dif-parût pas entièrement de la terre : celleIde Priam a perdu l’on amour; Énée

doitrégner furies Troyens , lui 8: lesfils de l’es fils dans le cours des liecles.

. nPuifl’ant Neptune , répondit la fier.

Junon, délibere s’il te convient de-fauver Ene’e. , ou . malgré fa piété ,

de foufl’rir qu’il fait abattu fous le fer

d’Achille- Quant à Pallas à: moi ,nous nous fourmes liées en préfence

de tous les immortels, par les fermentles plus-factés , à ne jamais arracher-aucun Troyen à fa perte , lors mêmeque Troye rentiere . embrafée par leshéros de la Grecs armés de flammesdévorantes, fera-livrée à la rage de

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a; L’amant;l’incendie pour tomber en cendres)

A peine a t- elle parlé que Neptunecourt à travers la lice guerriere, lesiavelots bruyans, 5: arrivent: lieuditcombat d’Enée 8: d’Achille. Il couvre

d’un nuage les yeux du hères desGrecs , tire du bouclier d’Enée leredoutable javelot , le dépol’e auxpieds du kils de Pélée. St fouleve leprince troyen, qui, porté par la-mainde ce dieu, franchit les phalanges ,les chars nombreux , 8: touche auxderniers corps du champ de, la ba-taille ardente . où les .Caucnns s’ar-

moient pour courir aux combats. [àNeptune dit aurguerrier: limé.- , queldieu t’aégaré. t’a pouffé a combattre

Achîile. bien fupérieus à toi par faforce, dt plus cher aux» immortels êpréformais ne lui oppofe plus ta lance,

pour ne pas avancer le temps m’a tudefeendras dansla demeurent: Pluton;à ne cours avec BIHbEG’œKor aux

z

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.-.-......-uun«-.

c u A n r x X. a;premiers rangs , que lorfqu’il aura;fubi la dellin où la parque [oumetsont les mortels, car tu n’as point à.rodouter qu’aucun des antres Grecs te

raville le jour.Il l’abandonne après ces mats , 8:

- dilIipe le! nuage répandu fur les yeux

d’Achille. Soudain tous les objetsfrappent les regards : Quel prodigeétonnant! dit-il en lui-même pleinde colere 3 mon javelot cil à mespieds, .5: je ne puis découvrir l’af-faillant contre qui je l’ai lancé,.brûq

hm de. rabattre! Il cil donc vraiqu’Enée cit chéri des dieux , à: ce

n’efi pas à tort qu’il fe vante de leur

proteflion! mais qu’il difparoifl’e,

c’elï un ennemi vaincu qui, tropcontent d’échapper en ce jour à lamon, n’aura plus fans doute l’audace

de m’attaquer. Volons en animant nos

cohortes , volons vers le relie desTroyens pour éprouver leur valeur. A

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2.4 Il, I I. 1 A n 1:;a Il dît , a: s’élance contre eux a:

même temps qu’il exhorte [est troupes:

Nobles Grecs , déformais ne votaéloignez plus.de vos ennemis; oppo-fant guerrier à guerrier, affrontez-les avec courage. Quelles que (oientma force 5: ma valeur , je ne puismettre (en! une armée en fuite; Mars

ni Minerve , quoique au rang de:immortels, ne pourroient alfaillir a:pourfuivre tant de légions : mais iem’engage à vous confacl-er tourne que

j’ai de vigueur 8: d’audace. fans me

permettre un inflant de repos. Je vais ’pénétrer iufqulau fond de ces rangs.

à je doute que celui qui rencontrerace javeloxfe livre à la joie.

De lon côté Hector anime fesgroupes dlune voix menaçante g illeur promet d’aller à la rencontred’Achille: Troyens magnanimes, netremblez point devant le fils de l’élec-

Sil ne s’agilïoit que; de paroles, je

ne

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01141:1 XX. a;ne craindrois pas de combattre les im-mortels; mais puifqu’il efi impofiible

de balancer leur pouvoir , ie ne leuroppoferois pas ma lance. Ne croyezpas qu’Achille remplilïe tout l’efpoir

dont fou orgueil fe repaît; s’il exécute

quelques-uns’de fes defieins . d’autres

avorteront au milieu de l’es efforts.Je vais au-devantde (es pas, dût (onbras être femblahle à la flamme; oui ,dût [on bras être femblable à la flamme,

à [on cœur à Eairain.

A ces mots les Troyens ,-1es lancesdrefl’ées , ferrent leurs lignes , a:

unifiant leurs forces , pouffenttle longs rcris dans les airs, lorfqu’Apollon l’e

talant près du fils de Priam:He∨dit-il , ne t’expofe pas à te mefurer

x feu] avec Achille; demeure dans lesrangs; contente-toi de lui réfifier aumilieu de la mêlée , fi tu veux échapper

au vol de (on javeler, ou aux coupsde fon glaive. A la voix de ce dieu ,

mu. Tom. 71. B i

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26 t’lntanz;Heâor , faifi de quelque étonnem’ènq,

rentre dans les rangs de les cohortes.Cependant Acliille , s’abandonnant

à fa couragcufe ardeur, le précipitecontre les Troyens en jetant des crisépouvantables; 8: d’abord il terrafi’e

. le brave Iphition , chef de légionsnombreufcs , ne de l’invincibleOtrynte , 8: que la nymphe Nais mitau jour dans la ville opulente d’lda , .au pied du Tmole glace. Ce guerriecouroit vers lui . lorfqu’Achillel’atteint de [on javelot au milieude la tête -, elle le partage tout entiere 3

la terre retentit de (a chute , ô: levainqueur s’écrie d’un aireriomphant :

Te voilà donc abattu , fils d’Otryntel

guerrier fi terrible . tu rencontres icila mort, né près du lac de Gyge’e,

où cil le champ de les pares, auxbords du poifi’oruteux Hyllus a: des

gouffres d’Hermus! .Telles (ont l’es paroles fupetbes :

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cnnanXa 27une l’ombre nuit couvre les yeux duguerrier expirant; à , à la tête de l’es

cohortes, les chars des Grecs dé-chirent [on cadavre; Achille atteintà la tempe munie d’un calque épaisle fils d’Anténor , l’audacieux Dé-

moléon: le calque ell une vaine dé-fet-ile; la lance impétueufe dans l’on

vol perce l’os . enfanglante la cervelle ,

à dompte le Troyen qui ne refpiroitque les combats. Hippodamus , lejetant de l’on char, fuyoit devant cevainqueur lorfque la inertie lance lefrappe au dos: il rend l’aine en mu-gill’ant comme un taureau traîné par

des bras vigoureux vers Hélicé àl’autel de Neptune que charment lesbeuglemens de la viâime; ainli l’ame

féroce du guerrier fuit de les levresmugifl’antes. Achille . armé de lalance

terrible , court à Polydore , fils dePriam. Priam lui avoit défendu decombattre. parce qu’il étoit le plus

B a.

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28 L’ l L I A D E 5jeune 8c le plus cher de l’es enfans;il l’emportoit l’ur eux tous par lecourl’e agile. En ce moment ,.ce’dantà l’imprudence de l’on âge , ô: fier de

l’a légèreté , il l’e précipitoit au plus

fort des périls jul’qu’à ce qu’il eût

perdu l’a vie encore tendre. Commeil palloit rapidement devant Achille,le héros plus ardent lui perce de l’alance le dos ou le joignent les anneauxd’or du baudrier, où la cuirall’e e’toit

plus forte: la pointe de la lance fortpar le nombril; il tombe fur l’es.genoux avec des hurlemens; couvesd’un nuage ténébreux , il le courbe,

8C retient l’es entrailles de l’es mains.

Heélor voitfon frere Polydore tenantles entrailles 8c le roulant dans lefable : foudain une l’ombre nuit lerépand l’ur l’es yeux ; a: ne pouvant

plus combattre loin d’Âchille , ila s’avance contre lui, agitant l’on ja-

velot comme la flamme ondoyante.

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sa:-

Tr;D.

cuisit-r Km. a;Mais qu’Achille efi ravi dès qu’il

l’apperçoit! avec quel tranl’porr ils’élance! Le voici, s’écrie-t-il d’un

ton l’uperbe ., celui qui m’a percéjul’qu’au fond de l’ame en tuant mon

ami le plus cher! Il n’en plus tempsde nous fuir dans les (entiers de Mars.-Et lui lançant un x regard furieux :Approche , 8: vole au même infiantdans l’empire des ombres.

Fils de Pelée , répondit Hector fans

feLtroubler, ne te flatte pas que tupuill’es m’elfrayer , comme un enfant, *

par des menaces infultantes qu’il meferoit facile de t’oppofer à mon tour.

Je connais ta force , ton audace; jeconviens même que tu m’es fort l’uc

périeur dans les champs de la guerre:cependant le l’uccès ell entre les mains

des dieux; quoique moins terrible,je puis te frapper 8: t’arracher la viede ce javelot armé , comme le tien ,,d’une pointe acérée.

l B 3

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3o r.’ 1 r. 1 A n z,En même temps il agite, lance le

javelot, que Pallas d’un faufile léger

détourne loin d’Achille, G: qui, re-volant vers Heélor , combe à l’es pieds.

Achille , tranfporte’ de fureur , s’élance

fur l’on ennemi, impatient de l’ex-terminer, élevant jul’qu’aux cieux l’a

voix redoutable. Mais , tel el’t lepouvoir des dieux , Apollon fauveHeûor 8: l’environne d’un nuageépais z trois fois l’agile héros fond fur

, lui avec l’a pique d’airain -, trois liais

il ne frappe que la profonde nuée.Alors l’es menaces le précipitent de

les levres : Tu viens donc encored’échapper au trépas, dogue furieux!

ah! tu étois bien près de taperte, 8ctu ne dois en ce moment ton ’l’aluÊ

qu’au dieu du jour , ’que tu impor-

tunes de tes vœux quand tu vasaffronter le tumulte des combats :mais fi je te rencontre déformais 8:qu’un dieu ne s’oppol’e point à mes

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CHANTXX. 31coups , je te plongerai dans l’abymede la mort. Cependant j’immoletaitous ceux qu’atteindra mon vol.

Il dit, & enfonçant l’a pique dansle fein de Dryops ,il l’abat àl’es pieds:

il l’abandonne, blell’e au genou avec

la même pique Démuchus aulli dif-tingué par la valeur que par la fia,turc; 8: de l’on glaive immenl’e il le

prive du jour. Il attaque Laogone 8cDardanus, deux fils de Bias , 8: lesprécipite de leur char , perçant l’un

de l’on javelot qu’il lui lance, 8:frappant aulli-tôt l’autre de près avecl’on épée. Tros , ne’ d’Alalior , ne

peut échapper au même dellin : lejeune guerrier venoit à (a rencontreà lui embrali’oit les genoux, le con-jurant de l’épargner , de lui accorder la

vie en faveur de la conformité deleur âge. Infenl’é l il ne prévoit pas

que l’es elfotts feront vains : l’ame l ’

d’Achille, loin d’être douce à: flexible,

x

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’ in L’ I L I A D a;ell intraitable 8c féroce. Tandis que leTroyen , attaché aux genoux du vain-queur, déliroit de l’attendrit , il cl!frappé du fer terrible qui luiîperce lefoie 8c l’arrache: un (mg noir remplit

lon fein, l’es yeux le couvrent detènebres. à il exhale .le fouflle dela vie. Mais déjà le héros plonge dans

l’oreille de Mulius la lance dont lapointe fort par l’autre oreille, a: aumême temps il fend de lon glaive arméd’une lourde poignée la tête d’Eche’clus

fils d’Agenor : le glaive fume enfan-glanté; la noire mort 8: l’invincible

dellinée ferment les yeux du com-battant. Achille pourfuir l’a courl’e ,

perce de (on javelot la main de Deu-calion où aboutifi’ent les nerfs ducoude z le guerrier , le bras engourdi,voyoit devant lui la mort, quandAchille, de l’on épée , lui abat la tête

8c la fait voler au loin avec le calque;la moëlle jaillit des os , 8: le tronc

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cnanr XX. 3gelLétendu fur le fable. Le héroscourant enfin attaquer le fils illullrede Pirée , Rhigmus venu de la Thracefertile, il lefraPPe. a: le javelot s’en-

fonce dans les entrailles de ce chefiqui roule du haut de l’on char; 8ctandis que l’on écuyer Aréithoüs tour-

noit les courfiers pour fuir, Achille ,lui plongeant l’airain dans le dos, leterrall’e à côté de l’on maître; les

courtiers le cabrent remplis de terreur."- Comme un incendie qui , jetant desfeux jul’qu’à la voûte célelle, parcourt

avec fureur les vallées profondesd’une montagne aride; la valie forêtel’t embrafée , 8: les vents l’ecouent,

portent de routes parts les tourbillonsde flamme :ainli, armé de l’a lance ,le héros, qu’on eût pris pour l’un

I des immortels , immole tous ceuxqu’il pourl’uit, exerce en mus lieuxl’a rage ; le l’ang roule par torrens

dans la noire campagne. Et tels que

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’ 34 L’ILIADE, criant XX.

des taureaux au large front feulant lamaillon dans une aire unie où lesgrains légers fautent des épis fous lespieds de ces animaux mugill’ans , les

courliers du fuperbe Achille, pouliespar ce chef, foulent G: les cadavres&les armes. L’ailfieu, comme le hautdu char , el’t tout fouillé du l’ang que

l’ont rejaillir la corne ardente deschevaux 8: les roues rapides. Le filsde Pélée brûle de remporter une gloire

intmortelle, 8: l’es mains invincibles(ont couvertes de lueur ô: d’unepoufliere enfanglante’e.

un Du CHANT unanime;

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REMARQUESSUR LE

CHANT VINGTIEME;

----.------(Page. 1. Jupiter cependant ordonne

à’l’hemis.)

H o M E n a ne pouvoit introduirel’on héros avec plus de pompe qu’enfail’ant allembler les dieux en cetteoccafion. Ce n’en point Iris ni Mer-cure qui convoque cette allenblée ,mais Thémis; feroit-ce, comme l’apenl’é Euliathe, parce qu’il s’agit de

décider du fort de Troye 8: de punir

des ravilïeurs 3 -Après que Thétis, dit M. de Ro-chefort, el’l v nue apporter à Achilledes armes forgées par Vulcain , api-8

e Pallas el’t defcendue du ciel pourdifliller dans [onfein l’ambrolie S: lenectar, il falloit.bien que le mer-veilleux le toutim, a même que 1

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fi-T

36 REMARQUESfuivant la méthode d’Homere,ilallâftoujours en augmentant. Il l’emble-iciparvenu au dernier degré; les cieux,la terre à: les enfers font agités parl’apparition d’Achille dans la plaine ,8c tout l’univers l’emble prendre par:au combat où ce héros va s’engager.

(Page 2. Le vieil Océan feu] demeure

en. la grotte profonde.)

Il n’ell pas facile de dire pourquoiil ne s’y rend point. Je ne crois pasdevoir rapporter ici les rêves descommentateurs. L’Océan étoit le peredes dieux ; il étoit repréfente’ parOrphée , ainli que par d’autres poètes ,comme fort agé, ripée-Caïn aimiflwv.

(Page 3. Il ne renverl’e en ce jour llion

, , avant l’arrêt des defiins.)

C’ell un grand éloge de la valeurd’Achille. Le poète a eu l’art de ré-

ferver les principaux afleurs pour lafin de l’on poème; la fcene du combatva s’agrandir.

Jupiter a fatisfait à l’a parole ;Agamemnon

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a; 9.1

and

son LB cajun XX. 37Agamemnon a réparé fou outrageaIl cil permis aux dieux de [e mêlerlau combat: il le faut même pourmaintenir l’efpece d’équilibre ordonné

par le deflin. AHornere, dit Euûathe, met du côtédes Grecs tous les dieux auxquels ondoit les arts 6: les faiences. Junon ,comme la décile qui préfide aux noces ,efi intérelïée à venger une injure faireà l’hymen , 8K repréfente aufli le gou-vernement monarchique r mieux établidans la Grece qu’ailleurs. Euflatheoublie qulApollon favorife Troye.Homere a parlé ailleurs des motifsde la haine de Junon , fans la repréa[enter commela patronne de l’hymen.Les raifons de l’engagement de Mars8: de Vénus pour les Troyens fontallez fenfibles. Il n’en cil pas de mêmede celui d’Apollon ô: de Diane.

Quant à la domine du deflig, ellen’efi pas plus claire que beaucoupd’ailégories; il femble qu’on pouvoiravancer ou retarder ce qui avoit étémarqué par fes décrets. Il n’ait pasétonnant, dit Pope . qu’on trouvequelque obfcurité chez un pacte M

a (au. rom. VIS «, i

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38 REMARQUESune matiere qui a embarrafi’é tantdethéologiens 8: de philofophes.

(Page 4. Apollon orné d’une longue

chevelure.)

’ L’épithete grecque veut dire pro-

prement. ruronsvs , u qui a con-fervé tous fes cheveux n. Macrobel’explique des rayons du foleil.

(lbidem. Pallas poulie des cris belli-

’ queux.)Homere, fous toutes ces grandes

images. peint le tumulte horrible quifa fait depuis les tours deTroye iufquesaux bords de la mer.

(Page 5. Le roi des enfers, Pluton’ épouvanté.)’ [Homere termine une del’Criprion

magnifique par ce tableau. un desplus fuhlimes de toure l’lliade. Onconnoît l’imitation que Virgile ena faire: r

juan redis ac fi quâ penîtùs vi terra dehîl’cem

q’ Infant: nitre: («les , ê; regina monda: "

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son LE CHANT XX. 39renifla, dis invifa, fuperque immane bara-

thtumCernatur, trepidenrque immîfl’o lumine mines.

Æruam. un. V111.

Virgile a fait une comparaifon dece qui, dans Homere, offre une afliontrès-vive: cela feul rend la copie bieninférieure au modele. D’ailleurs on nevoit point dans le poète latin ce trait :n Pluton s’élance de (on trône, 8:n poulie un cri terrible w. Ovideaimité ce tableau d’Homere; mais,quoique (on imitation fait direé’te. elle

cil au - defibus de celle de Virgile.Voici la rraduâion que Defpre’aux afate de cet endroit du poète grec:Pluton fort de (on trône , il pâlit , il s’écrie ;

Il. a peur que le dieu,dans cet aflreux (éjour,D’un coup de (on trident , ne folie entrer le

jour.Et , par le centre ouvert de la terre ébranlée ,Ne hile voir du Styx la tive défolée , ’Ne découvre aux vivons ce: empire odieux , .Abhorré des mortels , 8c craint même du

dieux. lA l’exception de l’hémifliche nife:faibleu Pluton fort de fou trône n’, il.

C 2

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4o REMARQUESa embelli fort original à a profité dece trait de Virgile , u trepidentquen immifl’o lumine mattes n. Ces libertés

[ont permiles dans une traduâion envers. J’ai cru devoir offrir une image,fans doute moins brillante, mais plus.fidelle , de ce fameux tableau. Homerea des idées riches à grandes, mais illes préfente toujours avec (implicite.Il ne m’aurait pas été permis commeà Defpréaux de recourir à Virgilepour embellir Homere. Je fuis loinde ne pas rendre infime à cette copieinimitable de Defpreaux :mais chaquegenre d’ouvragcafes regles; celles quialïuiettilïent le tradué’teur en profefont plus féveres. Il lui telle cepen-dant allez de refibutces pour qu’il neproduife pas une copie froide 81 ina-nimée. Je remarque que MadameDacier, qui d’ordinaire (ange peu àprêter des beautés à Homere, a prisici plulieurs traits de Virgile ou de la.traduâion de Defpréaux.

(Page 6. Nommé Xanthe dans le ciel.)

Les anciens noms font attribuéspar le poète aux dieux, 8: les plusrécens aux hommes. (Le (coliafle.

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son LE CHANT X-X. k 4t

(Page 7. C’efi du fang de ce chef.)

Expreflîon métaphorique , pleine deforce. sa on veut la prendre à la lettre ,commefia fait Madame Dacier , quinéanmoins a un peu affaibli le toutde l’original en traduifanr, u tuer fousM les yeux de Mars n , telle fera labarbarie de ce dieu, qu’il le repaîtramême du fang de ceux qu’il protege;ce qui rappelle ce beau vers de laHenriade au linier de la Difcorde:

Le fait; de (on parti rougît louvent res mains.

(Page 8. Lélegues.)

Les Lélegues , anciens peuples de laTroade .b qui , chafi’e’s de leur pays ,pendant la guerre de Troye , fe réfu-

s gierent partie dans Troye, a: partiedans la Carie , fèparée de la Lydieparle Méandre. M. Danville.

(Ibidem. Il a toujours à l’es côtés au

moins l’un des immortels.)

La particule 75 , qui n’a pas ététendue par les autrestraduCteurs , n’eflpoint ici inutile. Achille eû fi terrible .

C 3

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r .4: REMARQUES’que l’on croit qu’il a l’auvent plufienrs

divinités qui le procegent.

(Page Il. Se perdre dans l’aEemblée

des immortels.)Il n’y avoit que les dieux princi-

paux qui fulïent defcendus dans la

plaine. i(Ibidem. Bâtirent jadis pour fervir de

refuge au divin Hercule.)On voit dam Homme, bien des

traces de la nailïance des facie’tés. Ons’occupa long-temps à défricher lesforêts , à délivrer la terre des animauxféroces qui s’étaient trop multipliés.

Ces allufions, que le poète fente ra-pidcment fur fa route, iman de lavariété dans fou poème. La fable ra-conte qu’Héfione , fille de Laomédon ,avoit été expol’ée . par l’ordre d’un

oracle. à un monfire marin vert-geai: Neptune trinité dela récompenfepramife pour avoir bâti les murs deTroye; Hercule délivra cette princeEC.Homete ne parleque du monflremarin;la fable d’Héfione lui cil fans douvepollérieure.

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son meurtrir XX. 43(Page n. Délibéraient, à: tardoient

à commencer.)

i Comme ce combat pourroit avoirdes fuites terribles , ces dieux balan-cent quelque temps avant d’en veniraux mains. Le poëte , dit Pope , écarteles dieux, afin qu’Achille ait toutl’honneur de cette journée. V .

(lbidem. Enéc s’avance à pas lentsÔ

Cela fait une oppolition avec l’im-pétuofité d’Achille. Le grec ne ditpas à la lettre, n ripas lents u , maiil l’exprime. par deux fponde’es quiterminent le! vers. Il faut rendre . nonles mots, mais l’efprit d’un poëte.

(Page r 3. Quand, bleflé par l’un de les

plus hardis alfaillans.) w

Cette comparaifon a un rapport par-ticulier àla fituation d’Achille. commece lion , il femble avoir longtempsméprifé (et nombreux ennemis ; quelleblefl’ure plus-cruelle que la perte ds

.C 4

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’24 REMARQUESPatrocle! ces longs rugifi’emens nousretracent les cris douloureux du héros.Homere a l’auvent peint le lion t maisici , plein de l’idée d’Achxlle , lescouleurs [ont plus fortes à plus ter-ribles. Les naturalilles ont oblervéque la queue du lion indique le calmeou la colere où il le trouve.

L’emploi qu’l-Iotuere fait ici du mot

pugilat, l. lançant des regards fé-n races u . explique l’épithete con-tactée à Minerve , aux sans ou.D’Azun. Elle défigne l’éclat terribledes regards d’une deefl’e li guerriere :

nuai, au premier chant, Homere die,. il en parlant d’elle:

a . . AIIYDJ’Q à: imçhvâlv.

Anacréon a dit:

13 à flippa. m’y tuai":

Kyrie; in)»: rainerA”,uu. yuïxov a”; A’Sn’nt

Kim: d’ânes 0’: mâtins.

On voit que le feu des regards deMinerve efi ici appofé à la remballede ceux de Vénus.

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son Le crus-r XX. 4s(Page 16. Mon origine remante à

Jupiter.)

Les raifons qu’apportent les com-mentateurs pour excufer cette digref-fion, ne font pas fatisfail’antes.

Les anciens étoient grands généa-logilles; leur mémoire , au défautd’annales auxquelles elle auroit purecourir dans l’occalion, le chargeoitde ces fortes de détails . 8K (’e les ren-doit familiers: les leüeurs pouvoients’y prêter, en faveur de l’infirué’tion.

On trouve à cet égard , comme àplufienrs autres , quelque reflemblanceentre Homere 8: Moire. Achille venoitde traiter Enée avec beaucoup de mé-pris ; c’efi ce qui porte celui-ci à cettevanterie. Horace dit : u Fortes creantutu fortibus». Enée oppol’e donc (a gé-

néalogie à Achille, qui venoit de luirappeler qu’il l’avait mis en fuite.La meilleure réfutation eût été fans

doute de combattre avec bravoure gn’étant pas alluré du fuccès, il veutdu moins . avant le combat . fait-clouapologie St lui dire qu’il a hérité dela valeur de les aïeux, mais que c’efl

C’S

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46 nEuAnqunsaux dîeux à décider de la viüoîre.Si AchiËle l’écoute tranquinernent .c’efi :enous voyons par route l’lîiadaque c’était un mïlge établi dans les

combats , (k comme une attentionqubn nerefufoit pas à (on plus moneladverfaîre. Il faut cepcndam convenirque ce difcours dînée 03 trop long,fur-mut en un moment où le poète

.a montré un: de feu. Mais , fi c’efl:un des endroits où Homme a (ont.meilîé , il lui efi arrivé , tout en [om-m:i!lant , d’enfanœr des vers admî-rab’es , que shpproprkem ceux quiveillent. On Voir bien qu’indépen-dammcm de la fifiion ingénieufe deDorée qui prît la formed’un courfier,

je veux parler du beau tableau de Inlégèreté des iumcns d Erichrhonius,tableau copié par Virgiëe dans cesvers connus de tout le monde:111: val bulla: fegetis pet fummn volantCumin: , nec [encras enfin læfifl’er armas zVel mare par medium, fluflu fufpenfa rumenri ,

Ferrer iter , ccleres nec t’mgere: œqnoreplantas.

Æsam. un. V11.

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."ÎS

ï:

ELËÜi

«trafic? a anar? n-

nn

.i!

8.3:

sur LE’anIT xx. Q7, (Page 17. Poin- fervlf d’échanfon. ):

C’était une fonâion honorable chezles anciens que d’être échnnfbn dansles grands repas ô: dans les fêtes pu-pliques; on la donnai: touioms auxenfans de la premier: qualité. (Enf-

tathe. 7(Page 18. Quel navire n’en feroitaccablé P)

i Il y a à’la lettre. n un vaifl’eau àa cent rames ne pourroit les pinter a çcxpreflîon conforme au génie de cestemps-là, mais qu’onne peut rendretrès- littéralement en notre langue,Lucien (1) a dit de même , du; 4.4454;fiiznülnm , ce qui revient à «charretéed’iiijuies", ferme bas. Ainfi ce quiefl ignoble dans une langue peut ne’pas l’être dans une autre. Le leàeùrs’appercevra bien qu’Ene’e prouve pat

lui-même que u la langue dl. comnîèil le dit, lègue». On pourroit l’a?nanar de plufieurs des héros d’Hoè

(l) Eunncluu. ’ ’ g 5.C 6

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a! [IMARQUEIancre : u Ils font , a dit Voltaire;babillards outrés, mais fublimes.»

(Page 19L Du Pélion.) l

Le Pélion , montagne de la Ther-folie . fur làuuelle le centaure Chironavoir coupé le bois qui fervit au i3:velot d’Achille.

(Page 21. Énée doit régner fur les

Troyens.)

me dormis En: canais dmhubitur or]: ,Et nui tintouin, Un qui nafcenrur ab illls.

. Ennui). un. 11L0e panage d’Homere ruine la fa-

meufe chimere de l’empire romain 5:de la famille des Céfars, qui vouloientl’un ô: l’autre tirer leur origine deVénus par Énée. prétendant qu’après

la prife de Troy: Enée étoit venu enItalie. Denys d’Halicarnalïe , pourfaire fa cour à Augufle , a écritqu’Homere avoit voulu dire: u Iln regnera fur les Troyens qu’il auran menés avec lui en Italie n. QuoiqueStrabon écrivît vers le commence-penr du regne deTibere, il a pourtant

A A AAVf

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son LE cant-r XX. 49il! le courage de bien expliquer cetendroit d’Homere1 ( Madame Dacier.

Il y a une autre leçon de cet endroitoù le trouve «évertua-n au lieu deTriton! , felon laquelle Bonnet: 21mg:dit qu’Enée obtiendroitun empire u -verfel. Cette leçon pourroit bien êtrenée della flatterie, ou être une cot-nélien faite d’après le texte que i’airapporté de Virgile.

(Ibidem. Lors même que Troyeentiere, embrafe’e.)

Nous avons déjà vu plufieurs foisque Junon cil confiante en fa haine.La répétition fréquente du mot Munimarque qu’elle ne refpire que lem-brafement de Troye , répétition quenous nous imitée dans la traduflion.

( Page 22. Où les Caucons s’armoîent.)

C’étoient, comme les Pélafges , une

nation errante à: vagabonde; c’enpourquoi Homere les a joints dans ledixieme chant. Il y en avoir dans lePéloponnefe. Ceux dont Homere parleici habitoient aux environs d’He’racléc

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se .nEMAnQUESiufqu’à la Cappadoee 8: au fleuveParthénius. ( Madame Dacier.,

(Ibidem. Enée, quel dieu ria égaré ? )

filoute cette machine 8: ce difcours,qui ont quelque chofe de piquant parleur fingularité , puifque Neptune ,proreâeur des Grecs, met à l’abri dellinfulte un des chefs ennemis, donnentde l’éclat au héros du poème. Undieu fait difparoitre Énée du combat ,ce qui fauve un peu la gloire de cechef.

(Page 2;. Ne t’expofe pas à te me-furer feu] avec Achille. )

Comme Apollon repréfente le dellin,ces paroles lignifient les ptelïentimensqui s’élevent dans le cœur d’Heâor.Pourquoi, dit-on , ce chef n’el’t-il pas

fecouru par Apollon dans le derniercombat que nous le verrons livrer ëLa dofltine du dcflin peut fatisfaireà tout; 8: fi Apollon avoit continuéde recourir Heâor , il auroit eu àcombattre les dieux du parti des Grecs,qui devoient tôt ou tard prévaloir:

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r

son LE CHANT XX. 5!(Page 26. D’Ida. )

Ida , ville de Lydie, qui changeade nom après la guerre de Troye. ô:fe nomma Sardes , raifon pour laquelleStrabon dit que Sardes, capitale decette province , efl poflérieure à laguerre de Troye. r

(Ibidem. Du Tmole glacé. )

Montagne de Lydie , aujourd’huinommée, par les Turcs , Bourgdag,

montagne trolder *(lbidetn. Hyllus.)

Hyllus , autrement nommé Phrygius,(fuivant M. Danville) , fleuve deLydie, qui traverfe llHyrcanié , pourfe rendre au pied du mont Hermus,

L vis-a-vis de Magnéfie. l(Page 27. Comme un taureau traîné

par des bras vigoureux vers Hélice.)

Ville d’Achaïe. Neptune y avoit untemple magnifique où les ioniens luthuoient tous les ans le factifice d’untaureau, 8: c’étoit pour ce peuple une

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sa. REMARQUESmarque sûre que le facrifice feroit ac-cepté lorfque le taureau mugilïoit étantconduit à Faute]. Après la migrationionique , les lonîens d’Afie s’alîem:

la] ion: dans les campagnes de Primepour célébrer la même fête enl’honneur

de Neptune Héliconien. Homere avoitfans doute affifle’ l’auvent à ce facrifioe.

( Madame Dacier.

( Page 29. Mais qu’Achîlleefi ravi dès

qu’il l’apperçoît!)

Ce petit combat ne fer: que de pré-paration au dernier. Hornere ménagel’intérêt. Il faut qu’auparavant Achille

fe rafle connoitre par de nombreuxexploits, 81 que la viâoire ’qu’il rem-

portera fur Heâor les couronne. Maison ne voit pas fans frémir la rencontrede ces deux rivaux.

(Ibidem. Je conviens même que tum’es fort fupér.,-ur.)

Comme la force entroit pour beau-coup dans la valeur , les rangs de.tous les héros étoient bien marqués; a:plufieurs exemples nous on: déjà fait

r

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son Le "un 1X. s3"connoître que ,i felon l’efprit de foufiecle . cet aveu d’Heflor n’étoit poxnz

suffi humiliant qu’il nous le paroir.Au refle , dit Madame Dacier , Heâorreconnaît Achille pour plus vaillant ,8: il ne laiiïe pas de le combattre.C’efi tout ce que peut faire le plusgrand courage.

(lbidem. Armé , comme le tien , d’une

pointe acérée.)

Et nos relu, pater, ferrumqu baud debllodextri

Spusinms , a: ultra fequitur de vaincre(unguis.

En"). un. XII.(Page 30. Alors ces menaces fe pré-

cipitent de [es levres.)

J’ai iugé avec Ernefli que le versprécédent, qui ne fe trouve pas dansplufieurs manufcrits , a été tranfpoféici mal-à-propos . 8: qu’il convient dele retrancher. a( Page 3 I. Le conjurant de l’épargne ,

de lui accorder la vie.)Si Achille , dit Pope, eût montré

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t

REM. son LE CHANT XX. 54de la pitié , fou caraflere étoit malfoutenu. Le poète l’a peint d’après la

renommée. -( Pages 33 8: 34. Et tels que des rang

reaux au large front. )L’imagination d’Homere s’échauffe

à mefure qu’il décrit des combats sc’efl alors qu’il accumule les compa-raifons. On voit ici que les anciensfaifoient fouler le blé , au lieu de lebattre; coutume qui, comme on l’aobferve’ , a régné en Judée, a rogne

encore chez les Turcs à: les Grcclmodernes. .

un mas REM. sua LE CHANT XX;

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CHANT XXI.

DÉJA les Troyens, dans leur dé-

route, touchentlaux bords du fleuvedont le cours embellit ces campagnes ,le Xanthe profond , né de l’immortel

Jupiter. Là Achille, réparant leurscohortes . pouffe les unes vers llion,8: les difperfe fur la même plaineou». naguere fuyoient les Grecs épou-vantés quand Hector s’abandonnoirà fa fureur; c’ell la que fe précipitent

les flots de ces cohortes tremblantes;Junon répand devant elles un nuageépais pour retarder leur fuite. Lesautres roulent avec bruit dans lesgouffres du fleuve argenté qui retentit

de leur chute; à: tout le rivage pouliede longs gémiffemens tandis qu’ils

jettent des cris de rage, nageant çà

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55 r.’ t L I A n e I;8: là, tournoyant avec les goums:Comme on voit des nuées de l’au-terelles, chach’es par la flamme im-pétueufe, fuir d’un vol précipité vers

un fictive à travers les campagnes ;laflamme allumée foudain les poutfuitfans fe ralentir , jufqu’à ce que,frappées d’épouvante, elles s’enféve-

lilTent fous les eaux : ainfi les flotsbruyarLs du Xanthe écumeux (ont rem-plis de troupes confondues d’hommes

8: de chevaux fuyant devant les ra-pides pas d’Achille.

Le héros laifïant (on javelot fur larive , l’incline contre un tamarin , 8: ,armé de fou épée, il s’élance. tel

qu’un dieu, dans le fleuve , médite

un horrible carnage , frappe tout àl’entour de lui au milieu des vagues;de fourds gémill’emens partent du fein

des malheureux atteints de fou fer , a:le fang rougit l’onde. Tels que leshabitans des eaux qui , pleins de

4-- h.n .

à,

-A.

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cnnn-rXXl. 57terreur , fuient un dauphin mouf-trueux, & fe cachent en foule dansles antres d’un port tranquille; celuiqu’il faifit cil dévoré: tels, dans les

flots , les Troyens éperdus cherchentun afile fous les bords recourbés dufleuve. Las enfin du carnage , Achillechoifit dot. jeunes Troyens d’un

.rang difiingué , dont le fang doitcouler fur le tombeau de Patrocle ril les tire du fleuve immobiles d’effroi ,

femblables à des faons timides; 5:,leur liant les mains derriere le dosaVCC les riches baudriers qui ceignoientleurs tuniques ,il les remet à l’es com-

pagnons, 8: leur ordonne de les con-duire vers l’es tentes.

Mais bientôt il renouvelle (on ar-dente pourfuite , impatient de femer

- le trépas. La il rencontre un des filsde Priam , qui fuyoit hors des flots,Lycaon, que jadis il furprit de nuit,-à: entraîna , malgré fa réfiflance , loin

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se L’ILIADE;du champ de (on pere. Le jeuneTroyen coupoit les tendres branchesd’un figuier fauvage pour former lecontour de l’on char , quand , ômalheur imprévu! il fut enlevé parle fier Achille, conduità Lemnos 8:vendu au fils de Jafon : Eétion, nédans lmbte , 8: l’ami dcl’riam, l’af-

franchit à grand prix ,’ 8: l’envoya

dans la noble Atisbe , d’où il revint

en ferret dans la maifon de fou pere.Depuis l’on arrivée , onze jours fe

palierent en fellins au milieu de fesamis; le douzieme jour un dieu lefait retomber entre les mains d’Achille ,

qui , déformais fourd à tous l’es regrets,

doit l’envoyer dans la demeure desmorts. Le héros l’apperçoit dépouillé

de (on calque , de l’on bouclier 8!de l’on javelot , armes qu’il vient de

jeter fur le rivage , pouvant à peinefuir hors des eaux, couvert de fueur8K fuccombant à l’excès de la fatigue.

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c n A a: T XXI. 59Ciel! dit Achille en l’on ame indignée ,

quel prodige frappe me; regards ldéformais les audacieux Troyensauxquels j’ai ravi le jour reviendrontfans doute du noir empire des ombres ,puil’que celui-ci, échappé au trépas,

6: vendu dans l’ille lactée de Lemnos,

ofe réparoitre, malgré la barriere dela mer écumeul’e que tant d’hommes

refpeélent. Mais il connoîtra les coups

de ma lance , 8: nous verrons s’illui fera aulli facile de revenir des(ombres bords , ou s’il reliera enfé-

’veli dans le fein de la terre , quitriomphe du plus intrépide.

Pendant qu’il formoit ce delTein ,

le guerrier s’avance, plein de conf-ternation , délirant d’embrall’er l’es

genoux a: de le dérober à la mort.Achille leve fa lance : le Troyencourbé accourt 8: tombe.à lies pieds;

la lance qui lui a talé le dos cl! en-foncée dans la terre , impatiente de

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ce r.’ t r. r A n a .s’abreuver de l’ang. Lycaon d’une main

emballe les genoux du héros, 8:de l’autre tient l’arme terrible; 81 fans

l’abandonner : Je t’en conjure .Achille , dit-il d’une voix humble 8touchante , épargne-moi; fois ému de

’compallion en ma faveur; tu me vois

devant toi , ô favori de Jupiter ,comme un fuppliant digne de refpeCi.Je fus nourri de ton pain lorfque tum’enlevas à nos campagnes florif-l’antes; conduit loin de mon pere ô:

de mes.amis, vendu à Lemnos, jete valus le prix d’une hécatombe :

maintenant tu recevras trois fois ceprix pour ma rançon. Voici feulementla douzieme aurore que je fuis rentrédans "iroye après avoir. fouffert tan:de traverl’es, a: déjà un dellin fatal

me rejette entre tes mains ; je fuisfans doute l’objet de la haine de Ju-piter. Hélas! ma mete Laothoé m’a

donné une vie bornée à bien peu

’ de

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CHANT XXI. 61dejours; ma mere, fille du vieuxAltée qui commande aux belliqueuxLélegues fur les hauts remparts dePédale aux bords du Satnion; placée

parmi les nombreul’es épaules dePriam, c’ell d’elle que l’ont nés deux

fils defline’s l’un ô: l’autre à recevoit

de toi le trépas. Déjà ton javelot arenverl’é aux premiers rangs Poly-dore animé d’une valeur divine :en ce moment, c’ell moi qui touche

à ma perte ,- car je ne puis meflatter d’échapper de tes mains ,puil’qu’un dieu m’y précipite encore.

Je t’adrefl’erai cependant cette priere,

je te conjure de l’écouter.: ne m’ôte

point le jour; fouge que je ne tienspas la naill’ance de la met-e d’Heéior

qui t’a privé d’un compagnon dont

la douceur égaloit le courage.Ainli le fils. de Priam imploroit le

héros; mais il entendit cette réponl’eterrible z lnl’enl’é , ne me parle poins

pied. Tom. 71, il)

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’51 L’rLrAnz,de rançon , finis ce difcours. Avantque Patrocle arrivât à (on heure fatale.on m’a vu épargner les Troyens ; un

grand nombre d’entre eux ont obtenude moi la vie, à: , vendus à l’é-tranger , n’ont été roumis qu’à l’efcla-

gage : déformais aucun de ceux qu’un

dieu conduit fous mes coups devantIlion, ô: bien moins encore lesvfilsde Priam, ne doivent échapper autrépas. Ami , meurs, à ton tour :pourquoi ces inutiles regrets P Pa-trocle, que tu es loin d’égaler , n’eû-

il pas defcendu chez les morts? Tuvois ce queie fuis; on vante ma force8c ma valeur: né d’un pere fameux ,i’ai pour mere une déefïe :cependant

à chaque infiznt du jour l’inflexibleparque menace de me faifir moi- même;

a: quelqu’un, de fa lance, ou duvol rapide de fa fleche, aura la gloirede m’ahatrre.

Il dit, 8: déjà le guerrier a perdu

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anu-r XXI. . 6;loures fes forces ’, fa main abandonnele javelot d’Achille; aflis, il déploieles bras. Le héros s’arme de [on épée,

8c, lui perçant le fein, la lui plongetoute entiere dans le corps. Lycaontouche la terre d [on front; un fangnoir ruiflelant de fon fein inonde lefable. Achille livre le cadavre aufleuve pour l’entraîner dans [on cours ,

.8: dit d’un airlinfulrant ces paroles:

Demeure parmi les habitans deseaux; fans crainte ils fueeront le fangqui coule de ta plaie. Ta mere nete placera pas fur un lit funebre 8c net’arrofera point de (es larmes; leScamandre impétueux te roulera dansle vafle fein de l’océan , 8: quelquementhe marin, s’élançam fur la face

des (ombres vagues où regne l’horreur,

dévorera la chair éclatante de Lycaon.

Troupes craintives , pailliez-vous tousainfi périr, fuyant devant mes pas&.poprfuivis par ma lance homicide

D 2

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’54 il 1 r. 1 A n a ,iufqu’à ce qu’llion tombe en ruine!

Ce fleuve même , malgré l’immenfe

8c rapide cours de fort onde argentée,ne pourra vous dérober au trépas :c’efi en vain que gous lui facrifieztant de taureaux , 8: que de vigoureuxcourfiers . viâimes vivantes , [ontengloutis dans l’es abymes; vous fu-birez une mort terrible iufqu’à ce que

vous ayiez tous expié celle de l’a-trocle , ô: le carnage fanglant que vousavez fait des Grecs près de nos vaifieauxdans l’abfence d’Achille.

A ces mots le Xanthe outré decourroux fonge commentil réprimerala fougue d’Achille 6l garantira lesTroyens de leur perte. Le héros;avec fa lance , voloitcontre Aflérope’e

pour l’exterminer. Ce guerrier étoitfils de Pélégou né d’un fleuve re-

nommé par l’abondance de fes eaux,de l’Axius , 8l de Péribe’e , l’aînée

des filles crucifiaient:2 Achille fond

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c n A u 1’ XXI. 8eContre Ce guerrier , qui, forti del’onde, ofoit l’attendre; il tenoit en

chaque main un javelot. Le Xantherenflammoit de courage, indigné dumeurtre des jeunes combattans quece héros, le cœur fermé à la com-paflion , avoit frappés au rein de (esondes. Lorfque les deux ennemis fonten préfence : Quel es-tu? dit Achille :de quelle origine esotu forti,toi quias l’audace de me combattre .3 Malheur

à ceux dont les fils affrontent. mafureur!

Noble Achille, répondit l’illuflre

guerrier ,quet’importe mon origine?Je viens des contrées lointaines de lafertileIPéonie. àla tête de combattant

armés de fortes piques ; l’aurore a

paru douze fois depuis que je fuis ences lieux. Tu vois le petit - fils dufleuve Axius, d’Axius qui répand de

fi belles eaux dans les vafles cam-pagnes; ce dieu donna la naifl’anceà.

D 3

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86 L’rLrAnn,Pélégon dont le javelot ef’r fameux;

ô: c’efl de lui que je tiens la vie.Maintenant tu me connois , grandAchille ; combattons.

il dit d’un air menaçant. Achillelev: aufiî-tôt fa lance. Aflérope’e ,

plein de courage, fait partir à la foistes deux javelots de l’es mains égale-ment exercées aux combats: l’un frappe

Je bouclier fans le perCer de part enpart, arrêté par la lame d’or , préfent

d’une divinité ; l’autre effleure le bras

du héros, le fang iaillit, l’arme ar-dente cil plongée dans la terre. Achille.

ne refpirant que la mort de cet ennemi ,lance (on javelot rapide qui s’enfonceà demi dans le bord élevé du rivage.

Alors , s’armant de (on glaive , ilfe précipite avec une ardente fureurcontre Afléropée . qui , d’un brasvigoureux . s’efforçait vainement d’ar- I

racber du rivage le iavelot d’Achille..ÇI’tois fois il l’ébranle, embrafé de ce

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c n A n r XXL 67défir; trois fois il cil contraint del’abandonner. Il renouveloit lesefforts, St courboit le frêne pour ledégager ou le rompre ,-lorfqu’Achillc .

le frappant au nombril, l’abat de (onépée ; foudain toutes les entraillesfe répandent, Ê! une éternelle nui:

couvre les yeux du guerrier expirant.Le héros , qui court lui ravir (esarmes , l’infulte en ces mots :

Te voilà donc inanimé! quoiqueill’u d’un fleuve, il en coûte de com-

4 battre les fils du maître des dieux. Tute vantois d’être né de l’Axius im-

menfe; moi, je defcentls du grandJupiter. puifque j’ai reçu le jour dePélée , roi des nombreux Phthiotes ,

fils d’anue , dont ce dieu fut le pere.Autant il l’emporte fur les fleuvesqui coulent dans l’abyme de la mer ,l

autant fa race efi-elle plus redoutableque la leur. Le Xanthe fi puifl’anr , au

bord duquel tu combattois, pouvait

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68 L’ x L r A n a ,’te feeourir, s’il étoit’perm’is de réifier

au fils de Saturne. Achéloiis , dontl’empire el’t étendu , ne (auroit s’égaler

à ce dieu; 8: l’Océan même, qui doué

d’une farce terrible, roule fi tumul-tueufernent t’es eaux profondes , cepere de tous les fleuves, 8c de toutesles mers 8: des fources les pluséloignées, frémit quand Jupiter gron-

dant fait éclater l’épouvantable fracas

de fou tonnerre. .En achevant ces mots , il retire fanspeine fa lance du rivage, 8: laifl’e lecorps d’Afléropée qu’il a privé de la

douce lumiere du jour, étendu fur lefable, lavé par les fombres vagues,8: entouré des habitans des eaux ,ardens à le dévorer. Pourfuivantenfaîte les Péoniens , qui, à l’afpeél: de

leur intrépide chef terralïé par le bras

d’Achille , pouffoient leurs chars fuyant

le long du fleuve, il &appe, renverfi:une foule’de guerriers , ’Mnet’us,

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enaxrjxxl. 15jTherfiloque , Mydon , Thrafius ,Ophelefle, 8c Afiypyle; 8:, dans fa

I furie, il alloit immoler plus de vicerimes encore , lorfque le Xanthe cour-roucé prenant la voix d’un mortel,fait entendre ces mots du fond de l’es

cavernes :0 fils de Péle’e, fier de la proteâion

confiante des dieux, tu l’emportes furtous les mortels par ta valeur, 8l jamaison net vit tant de férocité. Mais fiJupiter t’a livré tous les Troyens, que

ne les pourfuis-tu loin de mes rivesdans les campagnes , libre d’y fignaler

ta fureur? Mes flots limpides fontremplis de cadavres , je ne puis appor-ter mon tribut à l’Ocean , relïerre’ dans

mon cours par l’adieu: carnage ou tune mettras point de bornes que tu n’aies

verfé le l’ang de tous les Troyens.

Arrête enfin tes coups , prince desguerriers , devant qui je demeure moi-mème faiii de furprife ô: d’admiration.

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’70 r.’ 1 L 1 A n a ,Divinité de ce rivage, répondit le

héros, je ne puis , malgré tes délits ,

cefi’er d’abattre les Troyens perfides

que je ne les aie enfermés dans leursmurailles , 8: que, rencontrant Heéior,je n’aie connu qui de lui ou de moifera étendu dans cette plaine. Et fem-blable à l’un des immortels , il re-nouvelle fa pourfuite. Alors le fleuves’adrefl’ant au Dieu du jour: 0 toi.

dit-il, dont l’arc brille vainement en

tes mains , fils de Jupiter , que tuexécutes mal les «larcins de ce dieu;qui t’a chargé de veiller en ce jour

au fort de Troye à de la défendrejufqu’à ce que les derniers rayons du

foleil aient difparu , 6: que les ombre.aient noirci les campagnes l

Il dit. Achille intrépide s’élance

au milieu des eaux. Le fleuve émule trouble , enfle l’es vagues , agiteavec fureur mutes l’es ondes; 8l re-jetant fur le rivage la foule des morts

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CHAIT XXL 7mtombés fous le fer d’Achille, il mugit

ainfi qu’un taureau z cachant ceux quifont en vie dans t’es profondes grottes ,l’onde e’cnmeufe environne le héros .

menace de l’accabler, à roule contrefou bouclier avec un frémifïementterrible. Achille entraîné faifit unorme qui s’élevoît dans les airs d’un

jet heureux; il le déracine , arrachantà la fois le bord du rivage, oppofeaux eaux ces fortes branches commeune digue; a le faifant un pont del’arbre étendu dans le fleuve. il faute

hors du gouffre , 8:, frappé d’une fur-

prife mêlée de crainte , vole dans laplaine d’un pas impétueux. Le dieuredoutable, loin de s’arrêter, s’éleve.

noirciflant (es vagues irritées , 8: faprécipite contre le héros pour l’ë4

loigner 8: fauver llion de fa ruine.Le héros cependant à chaque fautfranchit l’efpace que parcourt un ia-

vclqs sanicle. on le Plus me"?

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a: r.’ t l. t A b la;des habitans de l’air, l’aigle tombantfur fa proie : c’efi ainfi qu’il s’élance;

l’airain en retentit autour de (on fein,

8l il fuit d’un oblique vol le fleuve

roulant fur fes pas avec un bruitépouvantable. Comme quand un fon-tainier, le hoyau à la main , conduitles eaux naiffanres d’une foute: àtravers les iardins 8: les forêts, 8: luiprefcrit fon cours; à peine a-t-ilécarté les obflacles, que le ruill’eau

coule , 8: les cailloux s’agitent fous(on onde qui fe précipite en mur.murant’ dans une pente facile , à: de.

varice (on guide : ainfi le torrentatteignoit toujours Achille; tant les

’ dieux [ont fupérieurs aux héros!

Chaque fois que le guerrier le re-tourne pour braver les vagues ,. 8:pour l’avoir fi tous les habitans del’Olympe t’e (ont raflemblés contre

lui. les vagues élevées du Xanthelé de Jupiter remaillent 8: lui baignent

les

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afin-.u-eru

anun°u

e n A n r XXI. 71les épaules. Saifi d’une douleur morne,

il continue à s’élancer loin de ces

bords : mais enfin accablé par letorrent qui le pourfuit d’un coursoblique. a: qui , fatiguant l’es genoux .

enleve fous fes pieds la terre gliflante.il poulie d’ameres plaintes. l’œil and

ohé fur la voûte des cieux :Jupiter. s’écrie-nil , pere fouveJ

rein, il n’en: donc aucun dieu qui ,touché de mon infortune, me tirede cetabyme! je me foumets enfuiraà ma deflinée , quelque dure qu’elle

fait. Mais la divinité dont j’ai leplus

à me plaindre , c’efl ma mere elle-rnême qui m’a féduît par fes parole!

illufoires. qui m’a dit que ie mourroil

devant les remparts de Troye, percédes fleches inévitables d’Apollon.Que ne fuis-je tombé fous les coupsd’HeCtor . le plus vaillant des guerriers

nourris fur cette rive! je ferois monon héros; un héros m’eût arraché lq

1M. Ton. 71, E

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74 1’ 1 L ra n a;vie. Faut-il que je fois defiiné àpérir fans gloire , englouti dans cefleuve comme un pâtre novice qu’en-

traîne un torrent orageux?. A peine a-t-il parlé, que Neptune

a: Pallas fe préfentent à les regardsfous une forme humaine ; 8c lui pre-nant la main : Fils de Pelée, ditNeptune, ne t’abandonne point à ce

trouble; voici Pallas 8! moi le dieudes mers, qui, par l’ordre du maître

des cieux , venons te foutenir. Tune fuccomberas pas’fous l’effort des

ce fleuve , tu le verras bientôt feretirer. Ne celle point de l’amer lecarnage que tu n’aies enfermé dans la

fameux remparts d’llionv ceux dupeuple troyen qui auront échappé à

tas coups . 8c ne retourne vers lesvaiflëaztx qu’après avoir percé le fein”

d’Heélor; ce jour efi marqué pourra

gloire. « ’F Après ces mors’ils rejoignent le

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CHAiIT XXI.. 7,troupe des dieux. Le guerrier , ranimépar la voix des immortels . fe préci-

pite dans la plaine z en vain lesbruyantes eaux s’y répandent detoutes

parts avec les armes des victimes deMars 8: leurs cadavres flottans; envain elles roulent contre le héros; letorrent immenfe ne peut l’arrêter ,telle cil la force dont l’a rempli Mi-

nerve. Cependant le Scamandre, loinde ralentir fa fureur , la redouble ,enfle fes vagues iufqu’à une prodi-gieufe hauteur 5 8: appelant d’une voix

terrible le Simois:O mon frere, dit-il , réunifions nos

efforts pour dompter ce mortel quiva renverfer [lion , car les Troyensne réfifleront pointât l’es coups. Vole

à, mon fecours , grolïis tes ondes,fais fortir de leurs canaux toutes lesfontaines , 8: élevant des vaguesénormes dans les airs , roule avec unaffreux tumulte St les troncs ô: les

E a.

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76 t.’ l L x A n a ,roches pour quepnous arrêtions et:guerrier féroce qui déformais, afl’uré

de la vifloire, enfante des projetsdignes des immortels. J’efpere cepen-dant que (a force à: fa valeur lui ferontinutiles , ainfi que (on port menaçanta: [es merveilleufes armes; couvertesde fange’, elles feront enfévelies dans

nos gouffres les plus profonds; jel’envelopperai lui - même du limon

de mon lit; à: l’on ne pourra nou-ver (on corps , tel fera l’amas impurTous lequel je veux l’engloutir : cefera la fon tombeau; 6! quelun défitqu’ait la. Grece de lui rendre les der-

niers honneurs, il ne recevra pointd’autre fépulture.

Il dit: l’onde troublée, furieufe .couverte d’écume. de fang ô: de ca-

davres. s’éleve 8: tombe fur Achille

avec un effrayant murmure; les vaguesazurées environnent le héros. Junon

jette un cri terrible ; elle craint

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c a A a r XXI. 77qu’Achille ne (oit entraîné dans les

gonflas du fleuve immenfe; 8L s’a-drelïant aufli-tôt à Vulcain: Accours ,ô mon fils , s’écrie-belle, c’ell à toi

de combattre le Xanthe ; mais netarde point, arme-toi d’un torrent de

flammes. A. mon ordre la tempête ,appelée du fein des mers , va redou-bler l’horreur de l’incendie : confume

a les corps à les armes des Troyens ,réduis en cendres les arbres qui bor-

dent les rives du Xanthe , tourne tesflammes contre ce dieu même, n’é-,

coute ni (es prieres ni les menaces ,8c ne mets point de bornes à ta rageque ma voix ne t’en ait donné lefignal -, alors feulement retire tes feux

invincibles. rVulcain lance des torrens enflammés .

dans la campagne, l’embrafe . a: con-

fume les morts dont Achille l’avaitcouverte ; la plaine dl. delféchée à:le fleuve ’arrètc fort cours. Comme

53

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7s L’ 1 L 1 A D a ,dans l’automne , quand l’aquilon par-j

court un jardin inondé par les tor-rens, les eaux fe dillipent foudain ,8: la joie renaît dans l’ame du culti-

vateurs ainfi les flots à les mortsont difparu de la plaine. Mais Vulcain ’

tourne contre le fleuve les flammeséclatantes -, auflî-tôt font réduits en

cendre les cyprès , les ormes, lesfaules, les peupliers, 8c les plantesqui pulluloient autour de ces bellesrives; les habitans des eaux, tour-mentés par l’haleine ardente de Vul-

cain, fe retirent dans les antres, ous’agitent au fond de leur demeure lim-pide. Le fleuve même en: embraféçil

pouffe des Ions plaintifs , 8: dit d’une

voix haletante: O Vulcain , quelledivinité s’oppoferoit à ton pouyoîr?

je ne puis combattre ces feux dévo-rans; celle de les tourner contre moi :qu’Acbille, s’il le faut, vide en cet

inflant même llion de tous fes halaisx

A", -

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c u A tr a XXI. 79lins; pourquoi m’obllinerois-je à les

recourir? ’Il fe tait, à: l’es ondes murmurent.

Comme un grand vafe d’airain, en-touré de flammes ardentes 8: nourries

de branches arides , fond la grailled’un fanglier énorme, la vomit de

toutes parts à flots bouillonnans d”-cume, 8: fait entendre un frémifle-ment fonore; ainfi l’onde embrafée,

captive dans l’on lit, bouillonne ô:poulie un mugiflement terrible. Abattu

par le fouille brûlant de Vulcain:O Junon , dit le fleuve d’un tonfuppliant , pourquoi ton fils a-t-iltourné la rage de l’es feux contre moi

feu! qui fuis moins coupable que tousles autres dieux protefieurs de Troye .3Je confens , fi tu l’ordonnes , à celle!

mes ravages ; qu’il le calme àfan tout. Je fais plus,je jure de neplus m’oppofer à la ruine dezTroye.

’ lors même qu’elle fera embrafe’e par

E t

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I

sa 1’ 1 L 1 A b a,"les Grecs 8: dévorée toure enflera

par les flammes. ’A peine la dédie a-r-elle entendu

ces plaintes :Arrêze, rditïelle , Vulcain

mon fils ,- il ne convient pas de porterun fi grand trouble dans liame d’une

divinité en faveur des monels. Elledit. Le dieu éteint res flammes; lefleuve qui reflua vers (es bards , refiedans l’on li: , ô: reprend fora tranquille

cours. L’impétuofiré du Xanrhe et

domptée. à: le calme rague enrreeux ; Junon , malgré ton courroux ,ne leur permet point de renouvelerle combat.

Mais la Difcorde exerce avec em-pire fa rage elïrénée fur les autres.dieux , à: mus les cœurs font divifés

par la haine. Ils fondent l’un furl’autre avec un rumulre horrible; laterre en mugit jufqu’à fes limites les

plus reculées. Le ciel immenfe unebouche la trompette (ancre des coma,

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CHARTXXI. a:lbats: Jupiter l’entend , nais fur l’O-

lympe , à: (on œil (e repaît dufpeflaele de la guerre des immortels.Alors ils ne peuvent plus réprimer

p leur ardeur: Mars commence le choc ,Mars qui [fiduit les boucliers enpoudre; courant vers Pallas , arméde (a lance de fer : O toi. dit-il , dontrien n’égale l’audace , pourquoi n’é-

couter que l’orgueil 6E la rage de ton

cœur, a précipiter les dieux, auxcombats? Aurais-tu loublié ce jourou poulÎant Diomede à me frapper ,’

tu conduifis toi-même fa lance témé-

raire, 8K fis couler le fang dlune di-vinité? Voici le moment où je doisne punir- de cet attentat.

En même temps il frappe l’égide

entourée de’la terreur . à: dont ne

pourroit triompher la foudre de Ju-piter -, Mars, teint de fang . ébranlerégule de [on javelot immenfe. Ladédie recule, (un: de fa main in?

Il s

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8x L’ILIA’DE,Vincible une rude 8: énorme roche;limite dlun champ pofe’e dans un âge

reculé; elle lance la roche fur le coude Mars furieux , St le dépouille de(a force. Il couvre (cpt arpens de fachute -, fa chevelure cil fouillée .depouillera ; fes armes , dans leur vallecontour , retentiffenr d’un (on épou-

vantable. Pallas fourit fièrement, 8lces paroles triomphantes torrent deles levres:1nfenfé,qui crois pouvoirm’oppofer ta valeur , ne fens-tu point

en ce moment à quel droit je meglorifie de la furpalïer? Sois punid’avoir excité dans le cœur de ta mer:

la rage des furies, a: attends-toi defa part à elïuycr de nouvelles rem-pêtes pour avoir trahi les Grecs ô:fecouru les parjures Troyens.

Elle dit , ô: détourne de lui l’esyeux enflammés. Vénus, prenant la

main de Mars, lardoit à fe relever ,8: conduiroit hors de la mêlée ce

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e n A N r XXI. a;lieu qui poufibit de profonds gémit-femens, à pouvoit à peine fe recon-naitre t mais Junon l’apperçoit . 8le’adrelïe à Pallas: Fille invincible de

Jupiter, ne vois-tu pas cette décilequi, indocile à tout frein, va fauvcrencore l’homicide Mars à travers l’hor-

reur du combat .3 vole fur leursraces.

Pallas vole, fond fur Vénus . latouche de fa main terrible . a: la un.verre au même infiant. Les deux di-vinités font étendues fur le champde bataille. La fuperbe Pallas s’écrie:

Fumeur tous les dieux proteaeurs deTroye . entrés dans cette lice, avoir,avec l’audace de Vénus, la patiencequ’elle fait éclater . après avoir feeouru’

Mars 8c bravé ma puifïance! si lesautres dieux étoient animés des mêmes

fentimens . l’Olympe depuis long.-

ternps jouiroit du repos , Si nousaurions fait de l’orgueillcufe Troy:

E 6 i

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,34 L”ri.t.ltnn,un amas de ruines. Junon fouit àce difcours triomphant. t v

Mais le dieu qui fait chanceler laterre, Neptune s’adrelïant au fils de

Larme : Et nous, Apollon, dit-il ,que tardons-nous a nous mefurer àcette lenteur , tandis que tous les dieux[ont aux mains , n’en-elle pas indigne

de narre courage? à ne feroit-ce paslex comble de la honte que de retour-ner, fans avoir combattu. dans l’inég-

v liranlable palais de Jupiter? Commencece combat, tu as moins d’âge; iedois-

me refpeéler , St les années ont mûri

mon expérience. lnfenfé! quel efl tonégarement ! Ne t’efi-il refie’ aucun

[advenir de tous les maux que nous(briffâmes devant llion , loriqu’exilés

de l’Qlympe , dociles à la volonté

de Jupiter , nous fûmes contraints ,ldurant le cours d’une année , de nous.abailîer iuflu’à fervir le fier Laoméç

une; a recevoir (ce ordresà l’audit

à

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l

CHANT XXI. a;que. bêtifient la fupetbe Troye . i:l’entourois de valies & d’invincibles

remparts, toi , Apollon . tu luiroispaître les troupeaux dans les vallées

nombreules de l’lda ; les bœufs aupied flexible . foulant les prés , erroientdans les forêts fous ta garde. Lorl’que

les riantes Heures amenerent le termede notre exil, Laomédon nous re-fufa le prix de nos travaux. &noucrenvoya avec infolence. Aveugle par(a rage . il ofa même te menacer dete vendre chargé de fers dans des illeslointaines. il iura que fou épée nouslailleroit une marque ineffaçable d’igno-

minie. Nous le quittâmes, indignés

de cet outrage inoui dt de la viola-vlion perfide de la parole. Eli-ce doncla tac-qui te porte à favoril’er cepeuple, plutôt que de t’unir à nous

pour enlevelir les parjures Troyens ,avec leurs enfans à leurs me: .

dans les cendres d’llionè

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86 ’t’ILIAnEfRedoutable Neptuner , répandit

Apollon, ce n’en pas à tort que tublâmerois mon imprudence fi i’entrois

en lice avec toi pour les frêles hu-mains, qui, femblables au feuillagedes forêts , (ont tantôt dans tout leuréclat, nourris des lues heureux de laterre , 8c tantôt le fanent & tombent.Renonçons au combat, & lailîons la

difcorde aux. mortels. En difant cesmots, il le retire par refpeél: pour ledieu de l’océan, le frerelde Jupiter.

Tu fuis, dit la farouche Diane lalueur 81 reine des bois. tu fuis, toidont les traits franchilïent l’immenlité

des airs! tu cades à Neptune, fans lacoutelier , une glorieufe viéloire!O lâche, pourquoi tes épaules font-elles chargées de cèt arc inutile? Queje ne t’entende plus dans le palais de

Jupiter-etc vanter, en préfcnce desimmortels, que, fi tous les dieuxtremblent devant celui qui samedi:

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enturXXl. 87trident , tu oferas faire voler contrelui une de tes fleches. Apollon con-rinue à s’éloigner, fans répliquer à ce

dif cours.Mais l’augulle époufe de Jupiter

failie d’un courroux violent z Et toi pdit-elle à Diane, as-tu la témérité

(le m’attendre dans le champ descombats? Il te fera pénible de meréfifier, quoique tu portes fièrementce carquois , fit que, lion dévorantparmi les femmes , tu fois autorifc’epar Jupiter à les précipiter dans letombeau. Sans doute il cil plus facilede triompher, fur les montagnes , desbiches 8: des autres animaux l’auvages

que de combattre un ennemi que nousdevons redouter. Mais li tu veuxéprouver les périls de la guerre pour

apprendre comment la force que tum’oppofes s’évanouit devant la

mienne. . . . tAnal-tôt elle failit d’une main

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sa 1’ l L 1 A D a,celles de Diane , 6: de Palme ladépouille du carquois dont elle tou-che avec un fontis cruel la déciledéfarmée, qui s’agite pour fe dérober

à cette attaque prompte à: furieufe; çàa là fe répandent les flaches légeres.’

Diane en larmes fuit comme unecolombe tremblante qui vole loin del’épervier dont elle ne fera point la

proie, 8L fc cache dans hâle creuxd’une rodiez ainfi fait la déefl’e.

abandonnant fan arc ü fou carquois.Mercure s’adrelïam alors à Larone:

Déclic, dit-il. je renonce au delïeinde te combattre; il el’: trop périlleuxde s’armer contre les épeures de celui

qui tonne dans les nuées. Cours , fi tu

le veux , te vanter au milieu de latroupe immortelle d’avoir remportéfur moi une vifioire éclatante.

Il du. Larone , rairemblan: l’arcEn les fleches épaules dans un tourbillon

de paumera, fui: La fille qui , volant

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I

c n A x r xxx. 89fur l’olympe jufque dans le palairimmortel de Jupiter, embralïe , enverfant des larmes , les genoux de fionpete; fes foupirs agiroient (on voilecéleflc. Le fils de Saturne la place à le:côtés . a l’interrogeant avec tendrelle:

Ma fille. dit-il, quel el’t, parmi lesenfin: des cieux , le téméraire qui nia

pas craint de te traiter avec tantd’indignire’? as-tu commis un attenta!

à la face du ciel 8: de la terre? Monpore, répond la décile qui, le frontcouronné, (e plaît au bruit des cors.c’efl de Junon ton époufe que part ce

cruel outrage; elle en toujours lafource de la difcorde 8L, de la guerrequi troublent le repos des immortels.Ainfi l’on parloit dans l’Olympe.

Cependant Apollon fe place fur lesremparts facrés de Troye, craignantqu’en ce jour les Grecs ne les un.verfcnt malgré les defiins. Les autresfieux retournent au celefleiféjour ,

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90 cf I I. t A D I .ceux-ci outrés de courroux, t ceux-làtriomphans, 8c s’alïeyent auprès du

maître des [ombres nuées. MaisAchille . dans la plaine , renverfoit và la fois a: les Troyens à: les chars.Comme , dans l’embrafement d’une

ville entiere, un torrent de fumée,excité par la vengeance des dieux ,s’éleve jufqu’au ciel, jette un finifire

préfage dans tous les coeurs , 8: laflamme dévore enfin tout un peuple;

ainfi Achille apporte aux Troyens 8:l’épouvante ô: le trépas.

Le vieux Priam , debout fur unetour, apperçoit le héros comme uncololïe formidable devant lequelfuyoient à pas précipités les cohortes

troublées , fans qu’aucun pût lui

réfifler. Il jette nm cri douloureux,defcend de la tout , hâte [ce pas, ferend vers les murs , 8: donne l’esordres aux nobles gardiens desremparts: Tenez les portes ouvertes

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l

canna-XXI. 9liufqu’à cerque ces troupes débandées

foient à l’abri de nos murs 5 Achille les

pourfuit , il s’avance; voici le moment

de notre ruine. Mais lorl’qu’elles

reprendront haleine dans ces murs,refermez foigncufëment les portes î

je crains que ce guerrier terrible ,forçant les obfiacles, ne fe’ précipite

îufque dans la ville.

A ces mors ils écartent les barrieres;

les portes ouvertes offrent un (alu:aux troupes difperfe’es. Apollon vole

à leur rencontre pour les dérober àleur perte. Poudreux , brûlans de foif,

ils fuient de la plaine dans leurshautes murailles; leur ardent ennemiles fuit la pique levée , toujours agitéd’une rage violente, St enivré du défit

de la vengeance à: de la gloire. Alorsles Grecs fe fuirent emparés des tem-parts fuperbes d’Ilion , fi le dieu dujour n’eût l’econdé le noble Age’nor ,

guerrier intrépide, dont Anténor étoit

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,2. t! I t. t A a a v,le pare; il remplit (on aine d’audace -,

placé derriere un hêtre , 8c environnéd’un nuage ténébreux, il le tient près

de lui pour le dérober à l’accaoblante main de la parque. Ce guerrier.voyant Achille ,I s’arrête: tandis qu’il

l’attend, fon cœur s’cmeut comme les

flots avant la tempête; il gémit, 5: dit

en lui-même: .Malheureux l quel parti dois-jeprendre? Si , redoutant ce héros, jefuis avec nos cohortes éperdues, ilm’atteindra malgré ma courre rapidea

8c dans ma lâcheté , il me ravirafacilement le jour. Forcé de lui aban-

donner ces cohortes qui font en proieà la terreur à: à la confulion, (i jem’éloignois d’unpas agile de ces murs

a: me réfugiois dans les vallées del’lda entre les huilions; le loir ranimé

pu le fleuve qui auroit lavé ma tueur& matiroit rafraîchi , je retourneroisdan; Troye- Mais quelle cl! ma pçnféeà

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.kun.wu-su*-rfl*!rw

c n A u r XXL 93Veux-je que, me voyant courir loinde! ces murs dans la plaine, il l’ondefur mes traces , m’atteigne d’un pasimpétueux, 8: que je ne puifi’e pluséchapper au trépas? caril efi fupe’rieur

par fa force à tous les hommes. Quene vais-je plutôt à [a rencontre devantces remparts? quelque terrible qu’ilfoit, il n’ell pas invulnérable; unefeule ame habite [on corps, ô: l’onallure qu’il eût mortel : mais c’ell

Jupiter qui l’éleve à ce haut degré de

gloire.Tourné vers Achille , il l’attend; un

défit brûlant de le combattre dévorefou ame. Tel qu’une pantltere qui, à

l’approche du chafTeur, fort d’un

buiflbn épais. a banni la crainte de(on cœur, (St ne prend pas la faire;elle entend les aboiemens d’unemeute, (on .c0rps cil traverfé d’unjavelot. ellene rénonce point à (afureur, qu’elle n’ait blclïé (on ennemi

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94 L’ILIADE.ou ne meure à l’es pieds : tel le fils de

l’illuflre Anténor ne veut point fuit ,réfolu d’éprouver la valeur d’Achille.

Il avance fort bouclier, ô: dirigeantcontre lui [on javelot, il fait retentirces paroles: Tu nourris donc en toncoeur , funcflre Achille , le ferme efpoir

de ravager en ce jour la ville desindomptables Troyens! Téméraire ,elle fera encore la fource de bien desmalheurs : nous fommes dans (esremparts un peuple entier de guerriersintrépides, qui combattant pour nosperes , nos femmes 8! nos enfans.fautons la défendre; ô: quoique tu fois

fi audacieux a: fi formidable . tu un,contreras ici la mort.

Il dit; a: fou bras hardi lance lejavelot, qui d’un vol alluré, frappe

[on ennemi fous le genou z le cothurnede métal . foui récemment des mainsdu divin ariilie, rend un fou éclatantà: terrible; a: tel et! l’ouvrage des

l

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c H A N r XXI. 9sdieux, le trait en rejaillit fans pou- tvoir le percer. Achille fe précipitefur le bave Agénor; mais Apollon ,ne lui accordant pas la gloire del’abattre , enleve ce guerrier à la faveur

d’un nuage, 8: le dépofe , loin de ce

champ périlleux , dans un pailible laille.

Cependant , par une illufion ,écartant Achille des murs de Troye ,ce dieu prend les traits 8c la flatured’Agénor, fe montre à quelque dif-

tance aux yeux du héros qui fondfur lui avec impétuofité ô: le pour-

fuit , à travers la plaine , le long,r desrives tortueufes du ScamandrejA pollon

ne le devance que de quelques paspour l’attirer 8t’ le repaître de l’efpoir

d’une vifloire facile. Alors, dans leurfuite rapide , les Troyens charmésarriventà flots nombreux près d’Iliona: s’y précipitent: aucun n’ol’c attendre

(et compagnons hors des remparts

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96 L’union, CHANT XXI.

pour connoître ceux qui ont échappé

du combat, 8L ceux qui fontviflimesde la mort ; mais , heureux d’êtremis en fureté par leur contre agile.ils fe répandent avec une avide ardeur

au fein de leurs murs.

un ou aux? nuer-vannai

REMARQUES

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-rnmlt-. xREMARQUESSUR Il!

CH ANT VINGT-UNI EM E.

----*-( Page ’55. Le Xanthe profond , né de

l’immortel Jupiter.)

I L cil aînfi nprnmé à carafe des pluiesenvoyées par Jupiter, c’eû-à-dire par

le ciel. (Euflarhe.

( lhidem. Junon répand devant elles unnugge épais pour retarder leur faire.)

Madame Dacier a dît qulon s’était

infiniment trompé à ce pafïage .qu’ipu’xspm ne fignîfie pas ici-u pour

n les empêcher de fuir», mais au-contraire n pour les fauver. pour lesn dérober à Achille "; 8: elle a prè-rendu qu’il étoit nécetïaire pour l’écom-

nomie du poëme qu: Junon fe tan-J414d. Tom. V1. F I

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’98 nzmnnouusduifit comme elle l’a imaginé. Erneflî

montre qu’elle feule efl ici dansl’erreur , 8: il rapporte plufieurs exem-ples tirés d’Homere où ipu’un lignifie

n arrêter, retarder u. Madame Dacierne s’el’t pas fouvenue du difcours queJunon, au chant précédent , tint àNeptune qui lui pr0pofoit de fauve!Énée; Junon miette cette propofition ,6L déclare qulelle a iuré de ne fauvetaucun Troyen , pas même lorfqueTroye fumante fera réduite en cendres.Or le caraâere de Junon ell: très-bienfoutenü dans l’lliade.

(Page 56. La flamme allumée foudaîn

les pourfuit fans fe ralentir.)

Malgré leur fuite , ils font toujourspourfuivis par la flamme qui a ’étéallumée foudainement pour leur inf-pirer plus dlefiroi. Il y a beaucoup deiuüelïe dans le rapport de cette der-niere circonfiance àla fituation d’A-chille , dont on peut dire auflî quela fureur gnan-lare a éclaté fubitement.Nous lavons par l’hilloire que , pour(e délivrer des fauterelles , on a l’ouvert:employé le moyen décrit ici par.

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son LE CHANT XXI. 99Homere. Pope fait obferver le rapportqui fe trouve entre les paroles de cepoëte ô: celles de Moiife; les faute-rclles qui ravagerent l’Egypte turent .dit l’écrivain facré, chalïées dans la

mer.

(Page 57. Achille choifit douze jeunesTroyens.)

Il faut mettre la férocité d’Achille

fur le compte de celle de fou fiecle.On fait que les nations fauvages ontcoutume d’immoler leur: prifonniersavec tous les raffinemens de la bar-barie la plus outrée. Nous voyons,dans l’Enéide ,que le héros de cepoëme . dont le caraCtere étoit ladouceur a: la bonté, choifit quatrepriionniers qu’il defiine à la mort z

L . . . luteriez que: immoler umbris.

d En"). un. X.iÇ Page 5 9. Malgré la barriere de la mer

écumeufe. )

Pour expliquer-d’étonnement d’A-

chille , on a dit que les Grecs étoientles maîtres de la mer. Mais il ne

l , F a.

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tao ununnounsparoit pas qu’ils gardaflent exaâementtoutes les côtes. Les paroles du textefembleroient plutôt prouver que lanavigation. en Grece, étoit encoredans un état afi’ez voifin de l’enfance.

(lbidern. La lance.... en enfoncéedans la terre.)

Pope s’ell trompé en. traduifant :n La lance...... dont la pointe cil rur-al pendue fur [on dos n. Il a expliquétu 74th , u contre terren , ou u prèsn de la terre". Achille a lancé fortjavelot . puifqu’il me enfuite Lycaonde Ion épée, - .

Le difoours de Lycaon 8: la litua-rion de ce guerrier ont du pathétiqueô: de l’intérêt, il n’omet rien de ce

qui pourroit attendrir (on ennemi ;à l’on feroit un iulle reproche "Il!poète de l’inflexibilité d’Achille, qui

fe montre ici dans toute fa force .fans la férocité de [on fiecle 8: lecaraâere connu de ce chef , que la.tage 8l le défefpoir animoient enicemoment. Énée ôte la vie à Turnusen le voyant ceint du baudrier dg

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Sana-

uïîafiHï’: sa

"1e L. fifi?

ËËfllftv

son in: CÈANT XXI. 16EPallas . & cependant l’amitié de Pallas6: d’Enée ne peut être comparée à.celle d’Achille à: de Patrocle; ce queje ne dis pas pour excul’er la duretébarbare d’Achille , mais pour montrerqu’elle n’étoit que trop conforme aux

idées reçues chez les anciens, ô! quel’amitié Pouvoir porter alors les ca-raCteres les plus doux à un tranfpore.de vengeance. Achille dit lui-mêmequ’il a pardonné quelquefois, St qu’il

accorderoit la vie à Lycaon s’il necroyoit devoir cette viâime à [onami . 8: toutes celles qu’un dieu .,comme il fe le perfuade dans le feude fa colere à: de (a douleur . conduitfous les coups pour les factifier au:mines de Patrocle ô: de tant de Grecs.

Page 6o. Tu me vois devant toi , ô fa.

vori deJupiter , comme un fuppliantdigne de refpeù. )

Il n’ofe pas dire qu’il cil (on (up.pliant; car le fuppliant cil celui quivient de fou pur mouvement fe re-mettre à la difcrétion de quelqu’unê;

implorer (ou fecours. Il veut (ErgF3.

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foi asianiquesqu’Achille ne doit pas le regarderabfolument comme (on prifonnier ,mais comme un homme à qui il adéjà donné la vie, qu’il a reçu dans

fa maifon, St qui efl devenu commefort fuppliant. Cela efl fort adroit.Les fupplians étoient des perfonnes(actées. (Madame Dacier.

(Page 6l. Ma mere, fille du vieuxAltée qui commande aux belliqueuxLélegues. )

Il a foin de parler des. u nombreufesw époufes de Priam n pour faire en-tendre , comme il le dit enfuite plusclairement , qu’il n’étoit pas né de.laancre d’HeCtor.

K ibidem. Car îe ne puis me flatterd’échapper de tes mains.)

Il pouvoit le prévoir; mais puifqu’iltâche de fléchir cet ennemi , il emploie

suffi ce tout adroit pour piquer fagénérofiré. Moins il a d’efpoir’, plus

il y auroit, dans Achille , de ciel.mente à lui accorder la vie.

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Inn-rua-..

son LE CHANT XXI. to;(Page 62. Et quelqu’un, de fa lance,

ou du rapide ,vol de (a fleche. )

Achille parle ici de [a mort avecune noble indifférence, 81 il infinuequ’aucun homme n’aura le couragede l’attaquer de près. (Euflathe.

(Page 64. Et que de vigoureux cour-fiers , victimes vivantes.)

C’était une coutume fart anciennede jeter des chevaux en vie dans lamer 8c dans les fleuves , comme pourhonorer par ces viélimes la rapiditéde leur cours.-Dion dit que le jeunePompée avant été heureux fur mer ,

yieta un cheval en vie, fit offrit desbœufs en facrifice. ( Madame Dacier.

(lbidem. De l’Axius.)

Axius. grand fleuve de la Macé-doine, aujourd’hui le Vardari , talonM. Danville.

(Page 65. Je viens des contrées’lloin-

mines de la fertile Péonie.)

Sans doute pour (accéder àPyrechme

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me REMARQUESqui avoit commandé les Péoniens, a:qu’on a vu tué au feizieme chant.

(Page 66. Fait partir à la fois les deuxjavelots de l’es mains.)

Ce n’en qu’à Achille que notre poète

oppofe un ennemi qui lance à la foisdeux javelots. ’(ibidem. Qui s’enfonce à demi dans

le bord élevé du rivage.)

Bomere , endifant que la moitiédu javelot s’enfonce , nous donne ici .comme en tout ce chant. une idéeprodigieufe de la force d’Achille.

(Page 68. S’il étoit permis de réâfier

au fils de Saturne.)

Il ajoute ceci pour adoucir le défiqu’il vient de faire à Xanthe. ( Madame

’ Dacier.

( Ibidem. Achéloiis.

L’Achéloiis , fleuve de la Grece ,qui (épate l’Etolie de l’Arcauanie , que

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suit u: CHANT XXI. lesh fable fuppofoit avoir combattucontre "Hercule, ( aujourddhui Afpropomme, nom qui tigridie Fleuve ter-rible ).

(Ibîdem. Qui. doué d’une force tet-

rible, roule fi tumultueufementfeseaux profondes.)

Homere appelle POcéan le pete decous les fleuves, de toutes les mers.Plufieurs anciens critiques lui ont faitl’application de cet endroit , en luiionnaht le titre de par: de la poéfie.t

V( l’âge 7o. Le fleuve ému [e trouble.)

Voici un combat d’un genre toutneuveau dans l’lliade , 8: qui placeAchille au-deffus de tous les héros ,en faîfant éclaœr d’une manicle dif-tinguée (a force 8: fou intrépidité pro-

digieufes. On admire la grandeur dece tableau, qui termine prefque cettegalerie immenfe où Homme a peinttant de combats, tableau qui ne pa-toitra point gigantefque . à moinsqu’on ne méconnoifle les droits dela fable, 8: qu’on ne f: fouvicnnc put

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To3 nnmanqvasque Neptune 8: Pallas raniment lemutage d’Achille. L’élévation de ce

héros brille d’autant mieux qulil pa-roit, durant que] a: temps , lutterfeul contre une divinité; que Nep-tune & Pallas , après l’avoir encou-ragé , fe retirent, continuent d’êtrefpeflateuts de ce combat; à: quelunonne lui envoie Vulcain que lorfqulellevoit le Simo’is renforcer le Xanthe ,8: qu’il cil au-dethLs très efforts d’un

mortel de vaincre , fans aucun feeours.ces grands périls.I Tant de fout-ces qui defcendoientdu mont Ida dans la plaine fanoient(auvent déborder les rivieres quil’arrofoient , 8: une inondation (cm-tblabla a pu donner lieu à la fiGion.d’un combat entre Achille 8c leXanthe, ainfi que la fable repréfentaHercule aux prifes avec le fleuveAchéloüs. image, peut-être, des effortsque-l’on fit pour détourner Ion cours.De même on croit que l’affiflance dePallas 8: de Neptune cil l’emblème dequelque expédient qu’Achille trouva ’pour diffiper l’inondation 8: faireécouler ces eaux dans la mer; ô: une;

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ucmn-n’MY--

son LE crus-r XXl.’ 18?grande fécherelïe étant furvenue , lapriere que le Xanthe adreffeà Junonou à l’air , témoigne que cette riviere

unifioit faute de pluies. Ou bien l’onfuppofe qn’Achille fe précipita danscette riviere afin de pourfuivre l’en-nemi , 8c qu’ayant été entraîné par le

Courant, il (e fût noyé fans cet ormeou quelque autre fecours que lui mg:géra fa prudence.

(Page 7 1 . Se faillant un pont de l’arbre.)

Ce paffage fulfitoit , félon Pope ,pour marquer que la riviere n’étaitpas d’une grande largeur, puifque ce:orme étoit comme un pont fur lequelon auroit pu la travetrer.

(Page 77. Amours, ô mon fils.)

Il y a dans legrec , u mon boiteux n.”Plutarque dit que Junon l’appelle ainfipour le careffer , à: qu’l-lomerea voulupar-là fe moquer de ceux qui ont hontede tels défauts. Il falloit donc quelimon n’eût pas toujours honte de Avoit boiter l’on fils , comme Homerele fait dite ailleurs à Yglcain niâmes

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ros ,REMARQUES(Page 79. Comme un grand val.

v d’airain. )’. . . Magno veluti com flammafonoreVirgea fuggeritur cofiis undantis ahenl,IExfultantque afin latins e furit lntùs aquat vie,Fumîdus atque aire fpumis exhuberat amis :

Net: inrn fe capitunda; vola: vapor Iter IlIlllal.

Æuam. un. VU.

(Page 80. Le ciel immenfe embouchela trompette fonore des combats.)

J’ai bazardé de rends-eh tout hardide l’original. Pope a ,. mal-à-propos,entendu ceci du tonnerre; à MadameDacier s’efi contentée de dire. a Leà ciel donna. le fignal du combat".Il paroit qu’Eufiathe n’a pas fendcombien l’image qu’emploie Homere.cil grande . poétique. En propre àrepréfenter la difcorde qui regne dans

le ciel comme fur la terre.

(Page81. Etfon oeil fe repaît du (pecc-

vtacle de la guerre des immortels.)

Euflathe, pour iufiifier Jupiter qui. -

dt

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wifi

ail-Ë

Ë. Il.

sur. LE ennua- XXI. 109’el’t ici un dieu cruel , a recours àl’allégorie, 8l dit que c’efl de la dif-corde des élémens que naît l’harmonie

de l’univers.

(Page 82.Limite d’un champ pofée dans

un âge reculé.)

Homere afouvent peint des guerrierslançant des pieutes; mais celle-ci cild’une grandeur extraordinaire, ce quin’ell pas déplacé dans un combat quefe livrent les dieux.Virgile , en imitant

, cet endroit, a donné un peu dans legigantefque , parce que c’efi Turnus ,fimple mortel, qui lance une femblablepierre ; douze hommes des plusrobul’tes, dit ce poète, n’auroient pula porter. (Pope.

(lbidem. Vénus, prenant la main de qMars , l’aidoit à le relever.)

Après avoir fait emboucher au ciella trompette des combats, Hommefembleroit avoir dû repréfenter l’esdieux dans la lice guerriere avec plusde dignité. Milton a voulu enchérirfur ce poète dans les combats des

Iliag, Tom. V1.1

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HO REMARQUESanges a: ’des .de’mons. Pallas, danscelui des dieux de l’lliade , renverfe-Mars ô: Vénus, allégorie dont l’ex.plication n’ell pas difficile: ces deux:divinités , comme auteurs de cetteguerre , [ont punies, 8: elle touche à(a fin , ce que paroit lignifier encorela retraite d’Apollon , image du defiin.Les autres dieux fe font des bravades,& je ne fais comment nommer le trai-rement que limon fait effuyer à Diane-L’allégorie , chez les commentateurs ,remédie à tout. Il el’t vrai que les.principaux auteurs de l’iniufiice étantpunis, les autres divinités pouvoientfe (épater. Pindare (I). après avoirparlé des combats d’Hercule contreApollon, Neptune 8c Pluton, s’in-terrompt tout-à-coup, a: craint de ferendre coupable d’impiété. Ailleurs ,

- par refpeé’t pour les dieux , il craintede parler de leurs combats. Homercn’a point été guidé par un femblable

motif. On diroit cu’il air penfé queles dieux ne devoient interromprequ’un moment leur félicité. On diroitencore qu’il ait craipt d’afi’oiblir l’éclat

(x) Olymp. 0d. 1x.

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go

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à la) a? Ë il F? IVG! E.

il aÎi’

xb Sun LE CHANT XXI. 411.1

des combats de les héros. Les angesà: les démons de Milton peuvent êtreregardés comme les principaux per-fonnages , St les combats qu’il décritfont moins épifodiques. Les dieuxd’Homere reliemblent beaucoup auxhommes. lift-il vraifemblable que cepoète , qui a peint res héros avec tantd’éclat , ait manqué de couleurs pont

r peindre les dieux? Les traits fublimesfous lefquels il les repréfente quelque-fois perfuaderoienr au contraire que,dans les endroits faibles, c’eli moinsle poëte qui fommeille que l’on liecle.

(Page 85..Toi, Apollon, tu faifoispaître les troupeaux dans les vallées

nombreufes de l’lda.)

Le foleil , dit Macrobe . nourrit toutce que produit la terre ; ainfi il n’elipas feulement nommé le pafleur d’une

feule efpece de troupeaux, mais detous les troupeaux enfemble.

Apollon pardonna aux Troyens àcaufe des honneurs qu’il reçut de lapollérité de Laomédon , 8: des autelsqui lui furent érigés à GUÉ à Ténédos.

Il

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In. REMARQUESNeptune probablement fut négligé.Laomédon enleva, dit-on , les trèfoxsdes temples d’Apollon 5: de Neptunepour les confacrer à bâtir les rempartsde Troye; c’cfi ce qui fit imaginerque ces dieux les éleverent. Deux desouvriers, diton encore , confacrerentà Apollon 8c Neptune le payementqu’ils devoient recevoir. Laomédon ,en le retenant avec injullice, trompaces divinités. Cette fable peut avoirune origine différente, 8c dans cechamp de la fiflion , il cil permisd’imaginer. L’orgueil , joint à la fu-perllition , put aifément perfuader à.un peuple que les dieux l’aiderent àfonder la ville; quelque cataflroplteétant furvenue enfuite, un poète, ouquelqu’un frappé d’une terreur reli-gieufe , a pu ajouter de nouveaux traitsà la fable.

On remarquera que, dans Homere ,Neptune bâtit feul les murs de Troye,peut-être parce qu’étant aux bords dela mer, la principale force dépendoitde l’a fituation , la mer lui fervent derempart.

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En:

finafilâfl

RuiL-Hkï

W Un 1:4:- Ve EUS-W?

S: ï"; rç- F1

son 1.1: CHANT XXI. 1:3(Page 85. Que l’on épée nous lameroit

une marque ineffaçable d’igno-. . J

Le grec dit, n qu’il nous couperoitw les oreilles u. Couper le nez 8c lesoreilles étoit une punitlon d’efclave.

Page 86. Qui , femblables au feuillagedes forêts)

On trouve la même image dansl’Eccléfiaflique (l) 5 "Toute chair fea» fane comme l’herbe . St comme lesn feuilles qui croiflent fur les arbresr verts. Les unes naiflent,&les autres

u tombent. u l(Page 87. Lion dévorant parmi les

femmes.)

Diane étant la même que la lune;elle amene les douleurs de l’enfan-rcmem , 8: on lui attribue les mortsfoudaines des femmes. ( MadameDacier.

O clup- x4.

l G 3

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[H4 REMARQUES(lbid. S’ëvzmouît devant la mienne...)

Le fens ei’c interrompu dans l’origi-nal , à: j’ai confer-vé ce tour, quiefi vif.

(Page 83. Et de l’autre la dépouille du

carquois.)

Madame Dacier efl perfuadée que.fous la (filon de ce combat de Junonavec Diane, Homere a voulu décrirepoétiquement une éclipfe de lune ,qui n’efi caufée que par l’ombre de

la terre, la même que Junon. Il et!pofiible qu’il y ait ici une allégorie,mais hafardeux de l’expliquer.

(lbidem. Je renonce au deflein de lecombattre.)

Mercure . répetent les commen-tateurs modernes diaprés les anciens ,ne veut pas combattre Latone , parcequlil efi un dieu de paix. C’en doncle Mornay de l’lliade. Homere. dit-onaufli. fait entendre allégoriquementque les planetes ne peuvent pas fairela guerre à Latone. c’efi-à-dire à lanuit, qui feule les fait paraître. si

i

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au

1’? Fin-avr fiai-.3:

:ïËRWIRR

sur. Le CHANT XXl. usc’était la la vérité qu’Homere et’lt

voulu nous enfeigner, il faudroitavouer qu’il emploie de grandes ma-chines pour des chofes allezcommunes.Puifqu’il en coûte tant aux interpretesde dire. n: me sus, il feroit heureux

-qu’on pût compofer en leur faveurl’art de deviner. Comme on ne nous apas encore rendu ce fervice, j’ai gardéquelquelois le filence.

(Page 9o. Comme , dans l’embrafement

d’une ville entiere.)

Cette comparaifon cil d’autant plustitille. qu’Achille . par le triomphe qu’il

remporte fur Heflor, devoit être laprincipale caufe de la ruine de’Troye.

gPage 91. Si le dieu du jour n’eût(mondé le noble Age’nor.)

Apollon cil le même que le Dellin,lequel avoit refufe’ à Achille la gloiredeprendre Troye. (Madame Dacier.

(Page 9s. Apollon ne le devance que lde quelques pas pour l’attirer.)

V les dieux n’avaient agi. AchilleG 4)

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"6 REM. sua LE CHANT XXI.

renverroit Troye en ce iour. Il eflvrai qu’Apollon, en cet endroit, nejoue pas un rôle fort brillant; mais lesdieux d’Homere, quelquefois grands.

’ montrent en d’autres occafions peu defierté. ll n’eût pas été fort honorablepour Achille que Troye eût été fauve’e

parce qu’il avoit pourfuivi un guerrier :le poëte lui fait pourfuivre une divinité.Apollon , ou le Deflin . dérobe Agénoraux regards d’Achille , pour récom-penfer la généreufe réfolution aveclaquelle il fauve l’es concitoyens.Achille cherche à le découvrir; 5: s’ap-percevant qu’il s’en éloigné de Troye ,

il le Perfuade qu’Apollon a égaré lespas. Voilà le fil de cette allégorie. Aurelie. on voit , par le foliloque d’A.gêner, que le conte qui fait Achilleinvulnérable , excepté au talon , en:poflérieur à Homere. Si vous admettezce conte , Achille n’en plus un héros.Ses armes divines le garantirent de plu-fieurs périls; mais elles ne devoientpoint le garantir de la fleche de Paris ,ce qu"Hcmere a foin d’annoncer.

un pas REMARQ. sua LE CHANT XXI.

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IGÎ’ÉËË’Ë.’

ara a

Ë-ë’ü’wËu’ë’w’

Ë’ît

563

CH’ANT XXII.

.----.--y

Les Troyens conflemés, tels quede timides faons, le précipitoient dans

la ville; ô: léchant leur lueur. ilsfoulageoient leur foif ardente, appuyés

contre leurs remparts ,» tandis quele’sGrecs s’en approchoient , le bouclier

incliné fur leur leur. Hetlor fait! ,comme enchaîné; parles denim , dei

meure devantles portesScécs. l l.. Alors Apollon le tournant versAchille : Mortel, dit-il , qu’efi -’cdqui t’engage à..poutt’uivre avec tant

d’ardeurvune divinité que ta rage te

fait méconnoitre? Pendant que trii détournes ici tes pas, peu t’importe

que les Troyens, fuyant devant tonjavelot , (oient à l’abri de leurs mursl

Veux-tu me ravir le jour. à mai,fupe’riedr aux coups de la parque?

Divinité fatale , s’écrie Achille dans

115ml. Tom. VI. î G 3,

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ne L’ILIADE;l’excès de fait indignation. tu asdonc borné mon triomphe en égarant

mes pas loin de ces remparts! que deTroyens encore enflent mordu lapoufiiete! Tu m’as ravi la plus flat-teufe gloiren à: tu les as dérobés àmon bras ; vtfloire facile! tu n’avoir

pas à redouter ma vengeance, dansta divinité feule peut te garan:ir.A Il dit z &is’éloignantvd’un pas fu-

perbe, il s’élance vers llion , comme

un courtier triomphateur traîne faci-

lement (on char. ô: d’un vol fou-franchitla poudreufe arène : telAchille court-avec impètuofiré.à Priam , le premier. apperçoit lehéros volant dans, la plaine. aufliéclatant que l’aflre qui fe love en

automne , 8K qui, dans une effrayantenuitôtau milieu denombreul’es etcrles,

jette les feux les plus ardens; nomméle .Chien de l’Orion, c’efl l’aflre le

plus refplendilïant’, mais, figue tu;

, tMkA.

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fifi

mugît?"

.W’IrflPÉnE-K-

canna- XXII. nenielle , il envoie aux malheureuxmortels une flamme dévorante ; ainfi ,dans la courfe du héros, l’airain deles armes lanç Lit des feux. Le vieillard ’

gémir, a: , levant les mains vers le iciel, il fe frappe la tête , 81 appelleavec des cris lamentables (on fils quis’obl’tine à demeurer hors des portes ,

brûlant de combattre Achille. Sonpere, en lui rendant les bras , luiadrefi’e les paroles les plus touchantes :

Heüor, mon fils! feul 8: loin detous les tiens, n’attends pas ce guerrier ,

fi tu ne veux à cet inflam même périr

tous les coups d’un vainqueur dont

tu ne peux balancer la force. Lecruel ! que n’en-il en horreur aux dieuxainfi qu’à moi! bientôt , étendu dans

la- plaine , il feroit la pâture des vau.toursl a: mon cœur feroit foulagé dupoids de . la douleur qui l’accable.C’efi lui qui m’a ifolé, qui m’a privé

de tant de. fils vaillans; il leur a ravi ’

G 6

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ne L’ILIADEÎle jour. ou les a vendus dans desifles éloignées. En ce moment même

ou les Troyens font à l’abri de leursremparts, ie ne puis découvrir deuxde mes fils Lycaon 81 Polydore ,queme donna la noble Laothoé. S’ils

refpirent encore dans le camp desGrecs, nous prodiguerons l’airilin 8:l’or pour leur délivrance : nous n’en

fommes pas dénués; l’illufire Altès

en combla fa .fille. si leur vie et!déjà terminée , s’ils (ont dans l’empire

des ombres , nous n’avons plus, leurmere 8! moi, auteurs infortunés deleur naifl’a nce, qu’à répandre deslarmes.

Mais, Hector, quels que (bien: lesregrets de nos peuples, ils s’adon-ciront, pourvu que tu n’expires pas.toi-même fous le fer meurtrier d’A-

chille. Mon fils , rentre dans nosmurs pour fauver les Troyens ô: leursfemmes; ne confens pas que le filsde Péle’e le couvre de la plus écla-î

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c K A N 1’ XXII. untante gloire, 8: ne renonce point toi-même à la douce lumiere du iour.Enfin prends aufli pitié de moi , qui ,

y malgré l’excès de mes difgraces, n’ai.

pas encore perdu le fentiment, moi,infortuné , qui fuis deliiné par Jupiter

à périr dans les larmes au terme leplus avancé de la vieillefi’e , en voyant

tant de calamités terribles , mes filsimmolés , mes filles arrachées de mon

palais , nos lits fouillés, nos tendresenfans dans l’horreur du meurtreécrafés contrela pierre, 8: les femmes

de mes fils entraînées par les mains

barbares des Grecs. Moi-même. ledernier percé de coups , je rendraile fouille qui m’anime; St les chiensfidelles qui me gardent, que je nourrisde ma table , enflammés de rage ,méconnoillant leur maître, le difpu-

teront mon cadavre aux pertes de cepalais , 8: le défaltéretont de monpropre rang. Ah! il cil honorable à

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ne L’ 1 L 1 A n a;un jeune guerrier de mourir en com-

. battant. d’être étendu dans la paumere

couvert de blefl’ures; quelque traite-ment qu’il ell’uie, tout embellit cette

mort. Mais que les animaux voracesfouillent la tête vénérable , la barbeblanchie d’un vieillard tombé fansdéfenfe; qu’ils traînent, déchirent

avec ignominie (on cadavre dépouillé ,

voila le comble des maux ou puifi’ent

atteindre les mortels nés pour l’in-fortune. Il dit . ô: de fes mains arrachel’es cheveux blancs; mais il ne peutfléchir le cœur d’Heâor.

D’une autre part. la mere de ceguerrier, gemmant, fondant en larmes ,découvroit l’on fein; a: lui montrant

fa mamelle: Heâor, ô mon fils, dit-elle en redoublant t’es fanglots,refpe&e

ce fein; fig jamais il appaira les cris deton enfance , fouviensltoi de ces ten-dres foin. bât témoigne quelque com-

pallion. abîmera Viens, 51 du haut

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culina- XXII. n;de nos murs écarte ce guerrier féroce;

pourquoi , homme altéré de fang ,t’obfliner à le combattre de près? S’il

te ravit le jour, ni moi qui (enfantai,ni ton époufc qui.vint dans ton palaisaccompagnée d’immenfes fltefiesnous n’aurons pas même la confola-tien . ô rejeton chéri d’une tige il-

lhflre. de te pleurer fur un lit fune-bre; St , loin de nous, tu feras , prèsdes vaifTeaux des Grecs , en proie auxanimaux. der-crans.

Ainfi, verra... des larmes , ils adref-foient a leur fils des prieres perfuafi-ves z mais en vain ils s’efforcent de le

détourner de fou deflein -, il demeureen ce lieu . malgré l’arrivée du fier

Achille. Tel qu’un ferpent féroce qui,

repu d’herbes venimeufcs , enflé de

rage , attend l’approche du voyageur,81 lançant d’horribles regards, fe roule

autour de fa caverne : tel Heûor ,animé d’ardeur, ne recule point. Inclia,

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tu .L’ILIAIDR;nant contre une tout avancée fan bou-clier étincelant:

Ciel! dit fou grand cœur avec indi-gnation , fi je rentrois au fein de cesmurs , Polydamas le premier me cou-vriroit üreproches , lui qui m’exhortavivement à conduire l’armée vers nos

remparts, la nuit fatale où le divinAchille s’étoit montré pour combattre.

Je rejetai fou avis; que ne l’ai-je écouté l

Maintenant que tous ont été viclimes

de mon obfiination , je redoute lesTroyens 8: les aufieres Troyennes.Helîtor , diront les moins braves, Hecaror, fe fiant trop à fa valeur, a perdul’armée. Tel fera leur difcours. Ah!

plutôt que de l’entendre, ne rentronsqu’après avoir immolé ce: ennemi ,

ou tombons avec gloire fous l’es coups

devant Troye.Mais fi, dépofant mon valie bou-

clier , mon cafque folide , & lamantma lance inclinée contre nos rem-parts , j’allais vers ce héros pour

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c. n A n T XXII. n;offrir de rendre aux Atrides Héleneaccompagnée de tous les tréfors queParis, dans l’es vaifibaux , conduifitavec elle à Troyen fource iniuflc decette guerre; fi j’offrois d’autres ri-

chelfes cachées dans nos murs , 8:même que je fille jurer aux Troyensde livrer aux Grecs . fans en riendétourner , lalmoitié de tous les biens

de cette ville fuperbe. . . . . Quelleindigne penfée! fifi-ce à moi de luiparler en fuppliam? Et quand je m’yxéfoudrois , puis-je efpérer de l’adou-

cir, d’obtenir qu’il écoute des paroles

de paix? Avant que j’eufïe repris les

armes , dans un tranfport de (a rageil m’immoleroit facilement commeune femme. Nous femmes loin depouvoir nous livrer aux difcoursfamiliers de l’innocence de l’âge , tels

que ceux d’uné jeune fille à: d’un

ieune garçon dont le chêne 8L le ro-cher fabuleux forment l’entretien pai-

fiblc Combattons , 8: fachons qui

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126 L’1L1Ann,de nous Jupiter veut couronner degloire.- Tandis que s fans (e retirer, ilsloccupe de ces penfées , Achillearrive. Son cafque s’agite commecelui du dieu des combats ; (a mainbalance le frêne terrible qui ombragea

. le Pélion , a: de (ou bouclier partentdes feux éblouiffans tels que ceuxde la foudre, ou du foleil forram dufaim de l’onde. A la démarche for-

midable du héros , aux éclairs quelancent l’es armes divines . Reflettroublé, comme fi quelque dieu pa-nifioit à (es regards , el’t faifi d’une

terreur iufqu’alors inconnue. Il. recule ,

abandonne les portes, 8: füitdevantAchille qui tombe fur lui avec furie .8K le pourfuit . fe confiant à la rapi-dité de fa courfe. Ainfi que , fur les

-montagnes , l’épervier , le plus agile

des habitans de l’air , fuit le voloblique de la colombe , jette , lorfqu’il.

v

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c H A sa XXII. 127e11 près de l’atteindre, des cris per-

çans , 8: renouvelle fouvent [on eflor ,

impatient de faifir fa proie : ainfi ,flammé de courroux, Achille feprécipite fur les pas d’Heûor qui

court avec la même rapidité fous lesremparts d’uion. lls volent autour de

ces remparts dans la route publique.paiïent devant la colline, les figuiersbattus des vents, ô: touchent au lieucharmant où iaillit la donble fourcedu profond Seamandre. L’une jette des

eaux bouillantes toujours couvertesdlune fumée auflî épaifle que celle

dune ardente flamme; l’autre , au plusfort de l’été , roule une onde claire.

aufii froide que la neige ô: le crifialde la glace; ces deux fources rem-pliflent deux larges bafiins du plusbeau marbre, où, durant les joursfortunés de la paix , les damesmoyennes , a leurs filles ornéesclappas, purifioient leurs fuperbes

a

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us .L’lLt’Ann.vêtemens. c’en devant ces lieux qu’ils

volent; celui qui court le premierefl vaillant. celui qui le pourfuit avectant d’impétuofité cil bien plus vaillant

encore. Ils (a difpntent . non unevictime , ou un bouclier , commedans les courfes où l’on couronnele Plus agile des rivaux; c’efila vied’Heflor qu’ils fe difpurent. Tels qu’à

l’honneur des funérailles d’un héros .

de forts courfiers accoutumés autriomphe s’élancent dans la castine, ’

8c courent d’un pas rapide autour dela borne, tandis qu’une récompenfe,

un trépied rare , Ou quelque belleefclave , attend le vainqueur : telsces deux héros volent trois fois autourde l’enceinte circulaire de la villede Priam. La troupe célefle les fuit deles regards du haut de l’Olympe.

Alors le pere des dieux 8! deshumains rompant le filence: O fortinfortuné! dit-il, je vois un mortel

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nua-sauri.

CHANT XXll. unqui m’efl cher , pourfuivi autour de

ces remparts; je partage le malheurd’Heflor, qui , fur les nombreuxfommets d’lda , comme au haut dela citadelle d’llion, fit toujours fumet

la graille des vié’times : le nobleAchille va l’atteindre. Divinités du

ciel, l’arracherons-nous à la mort rou, malgré (es rares qualités , per-mettrons-nous qu’il tombe à cet infiant

fous le fer du fils de Pelée?Pere fouverain , toi qui du fein

des nuages ténébreux lances la foudre

brûlante , répondit Pallas . quelle pa-role efl l’ortie de tes levres! Tu veux

renverfer les anciennes lois des def-rinces, fauver un mortel des fatalesmains de la parque. Contente ce défit;mais tous les hahitans de l’Olympen’y feront pas favorables. Bannis tacrainte, dit Jupiter; ce delïein n’efl:pas arrêté , 8L tu me verras propiceà tes vœux. Pars, tu peux les acconi-plir.

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130 L’ILIADELCes mots enflamment encore l’im; -

patiente Pallas, qui defcend du hautdes cieux d’un vol précipité. Cepen-

dant Achille continuoit (a courl’eardente. Comme le limier qui a chafl’é

un chevreuil hors de fa retraite, lepourfuit à travers les monts , lesvallées 8: les forêts ; à lors mêmeque, frappé de terreur, celui qu’ilpreli’e a difparn, 8! (e tapit fous lesbuifl’ons , il ne prend point haleine.à fuit fa trace jufqu’à- ce qu’il le

découvre : ainfi le fils ide Pelée nelaifle point échaper Hector. Chaquefois que ce guerrier veut s’élancer vers

les tours deTroye , dans l’efpoir que

les liens , le fecondan: du haut deces tours, lui donneront le temps derefpirer , Achille le prévient 8: le re-poufi’e vers la plaine . volant toujours

près des remparts. Comme il nousfemhle en fouge que nous voudrionsen vain faifir l’ennemi que nous poui-

s.7...-N Afi-

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en A N r XXlI. 13sfuivons , qu’il ne peut nous fuir, 8c lque nous ne pouvons l’atteindre ; ainfiles deux guerriers redoublent l’impé-

tuofitéde leur courfe, fans pouvoirni fe joindre ni s’éviter. CependantHector eût-il fi long-temps égalé larapidité des pas d’Achille , fi Apollon ,

le fecourant pour, la derniere fois ,n’eût ranimé fa vigueur 8c rendu (ou

vol plus agile P Le divin fils dePéle’e, par fes lignes, défend à res

troupes de lancer des traits contreHector. craignant de ne pas porterles. premiers coups 8: de (e voirravir la gloire de l’immoler.

Mais lorfqu’ils arrivent pour laquatrieme fois aux fources du Sca-rnandre , Jupiter déploie l’es balances

d’or. ô: mettant dans les baflins lesdefiinées d’Achilleêt du fils de Priam ,

celles qui décident le long fornmoildu trépas . il prend la balance à!pelé ces defiinées: le haflin d’Heéioc

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132 AL’lIiIADE,’

defcend , touche aux enfers. Aufli-tôrApollon. l’abandonne; 8: Pallas s’ap-

prochant du fils de Pelée : GrandAchille, aimé de Jupiter , dit-elle,j’efpere que voici le moment où,terralfant Heâor , quelque infatiablequ’il loir de carnage, nous immor-taliferons enfin fur cette rive la gloiredeslGrecs. Déformais il ne fauroitplus nous échappe: ; c’efl: en vainqu’Apollon l, proflerné humblement

aux pieds de Jupiter, le conjure dereculer cette heure fatale. Arrête ,prends haleine , je vais engager tonennemi à ne plus regarder le combat.

Le guerrier cil tranfporte’ de joie;à: tandis qu’appuyé fur fa lance

flamboyante, il refpire un moment ,la décile . prenant les traits à la voix

de Déiphobe , joint Heâor : Monfrere , dit-elle , avec quel acharne-ment Achille . fecouru des dieux , te.pourfuit autour de nos murs! Païen:

ferme

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c il A N T; XXII. 133ferme, * 8: orepoufions res attaques.

O Déiphobe, répond Heâor. desons mes, frereS’ nés d’Hécube , tu me

fus toujours le plus cher ; combienne dohrieipas déformais te révérer ,

dont lâœil efl attaché fur moi gÇ: qui ne trains pas de fortir de nos.mues! Le Irefile s’y tient enfermé.

.Un pere, unemere 8:, (Gus; mesamis ,l4flrepartit la. décile, m’embraf-.

Çant lest genougl, (me conjuroient de

ne pas fouir ,vrant ils (ont trem-blans; maig,,loin de toi, ie fentoismangeur fe.confuiper d’une nif-telfe profonde. Allons combattre’avec audaçe , n’épargnons pas I nos

lances. 51.fachonsv fi le fils de Pelée,

nous arrachant la vie, remportera de[anglantes dépouilles vers res. navi-res , ou siil tombera lui-[même foustoniavelot. Elle. dit, 8c précédoit le

guerrier. a. n z t .î Lorfque les deux rivaux fe un:

pizza. Tom. V1; H

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:34 vanillon;contrains: Fils de Pelée, dit Heâor;ne t’attends plus Que ie fuie devanttoi; c’ef’t’ allez que i’aie couru trois

fois autour de la ville immenfe dePriam , a: que ie n’aie jamais foutent:de. près ton attaque : en’ce moment

mon Eœur m’anime à ire combattre,281 je fuis réfolu de mourir ou de t’ata

tacher la" vie. Mais fufpendons nos’ coups pour adrefl’er ’ nos ferment

aux dieux , témoins 6: i garants famés

de nos accords. Je iure enilent pré-fence que , fi Jupiter me donne lavifloire, s’il permet que fête prive

de la lamier: du iour , ie ne te feraipas fubir un traitement inhumain ;que , content de t’avoir dépouillé de

tes divines armes , ie rendrai toncorps aux Grecs. Jure d’obferver lamême loi en ma faveur.

Achille tournant fur lui des re-gards pleins de rage: Heâor , dit«il ,.ennemi funefie , garde;toi de me

mm Q-ü.

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e H A ut r XXII. t3;parler diaucun accord. Comme iln’efi point de traités entre le lion8K l’homme . comme le loup à:l’agneau ne vivent pas en concorde,mais dans une éternelle guerre ., ilne peut y avoir entre nous aucun liende paix : avant que nous puifiionsformer de convention . l’un auradéfaltéré de (on fang le dieu des com-

bats. Rappelle tout le feu de ra va-’leur; c’efl à ce moment que tu asbefoin de l’audace la plus intrépide-

Plus de refuge ; guidée par Minerve ,cette lance va tlabattre , St tu expierasl’infortune de tous mes compagnons

atermine’s par ton javelot dans tonaveugle fureur.

Il dit. Sa lance terrible. après avoirété agitée . fend l’air :Heflor plie les

genoux; la lance , volanrau-delïus dela tête du guerrier, s’enfonce dans la V

terre. Pallas la rapporte au fils de Pelée

[ans être apperçue du prince troyen.11 a

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136 L’ r r. r a n a ,qui , prenant la parole : Achille, égalaux dieux , dit-il , tu t’es abufé , 6cJupiter ne t’a pas infi’ruit de ma dei"-

Tu voulois par un difcoursfrivole ë: artificieux mlintimider 8:me faire oublier ma valeur:mais talance ne m’atteindra point au dos;perce le rein d’Heélor qui vole har-

diment à toi, fi quelque divinitét’accorde cette gloire. Cependantévite mon javelot à ton tour. Puiflies-

tu le recevoir tout entier dans toncorps l (Les Troyens feroient délivrés

du poids accablant de la guerre fitu defcendois chez Pluton. toi leurfléau le plus redoutable.

, Alors il agite & lance. avec forceun long javelot qui frappe le beuclierd’Achille, mais qui, repoufi’e’ par l’ar-

me divine, revole au loin! A ce traitrapide, parti vainement de fa main,Hector frémit de colere , 8: bientôtmontre un virage abattu: défunte.

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c a A N r XXll. 137il nomme à haute voix Déiphobequ’il a cru voir près de lui couvertd’un bouclier luifant , 8: lui demande

une forte lance; mais l’image dece guerrier a difparu. Reconnoiffantalors l’on erreur :Ah ldit-il. je n’en

puis douter , les dieux, m’appellentau trépas. Je crayois avoir pour ap-pui un héros . Délphobe mon ftere;

il efi dans nos murailles; Pallas afaicine’ mes yeux. Je n’ai près de

moi que la fatale mort. elle va mefaifir; plus de lecours : tel efi l’arrêtprononcé dès long-temps par Jupiter,

8: (on fils Apollon; eux qui le plu-rent à me tirer de tant de périls, ilsm’abandonnent en ce moment à macruelle defiine’e ! Mais je ne périrai

pas du moins fans gloire comme unhomme vil, à: je veux me fignalerpar quelque exploit dont le but parvienne jufqu’aux races futures.

En difant ces mots , il tire le glaiveH 3

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’13! L’ILIADI,long, pelant, ful’pendu à fou côtéÂ

8R fond fur Achille. Comme l’aigle

planant au haut de! airs fond , àtravers les nuages ténébreux , dansla plaine pour ravir un tendre agneauou un lievre tremblant; tel s’élance,Heûor reconnut (on glaive. Achille ,réveillant toute la férocité de farage , le précipite fur fon ennemiaSon bouclier merveilleux lui couvrele foin; (on cafque éblouiflant a qua-tne cônes s’éleve à: s’abaifie rapide

ment St avec une fierté menaçante ale panache d’or , longue cheveluredom Vulcain l’a chargé , le bétilïe:

8: telle que, dans une nuit profondelô: entre toutes les étoiles du firmaqment, l’l-lefper jette le. plus viféclat;telle étincelle laepointe acérée du il:

velot que balance la main d’Achille,lerfque , méditant la perte d’Heétor,

il parcourt des yeux la taille majefsmeule du héros, à cherche ou pépé;

.--bÀ.-æ-.--.5--- a

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cajun-r XXII. 139trieront fes coups. Heflor étoit entiè-rement garanti par l’armure fuperbodont il dépouilla Patrocle immolé :elle ne lailïoit appercevoir que cet ef-pace où l’os fépare le cou des épau-

les , 8: par où peut s’exhaler en un mo-

ment le fouine de la vie. c’en la que .d’un bras furieux. Achille poufl’ e

Ion javelot qui perce de part en par:le cou délicat 8: tendre: cependant

ile lourd airain ne tranche point leconduit de la voix , 8; laide le pou.voir d’articuler quelques parolesn Le

guerrier tombe dans la poulfiere;"Achille triomphant s’écrie:

Hector . après avoir tué Patrocle,as-tu jamais pu te croire en fureté ?*quoiqu’abfent , ne t’ai-je point inti.

piré de terreur? lnfenfe’! il relioità mon ami ,-près de nos vailleaux,un vengeur , guerrier plus terribleque lui-même , moi qui t’ai donné

la mon, tandis que les animaux

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no L’ILIAne;voraces tdifperferont tes membresavec ignominie , les Grecs rendrontles plus grands honneur: aux mânesde Patrocle.

Hector levant vers lui des yeuxéteints : Je t’en conjure, lui dit-il .

par roi-même , par tes genoux , 81 parceux qui t’ont donné le jour, ne me

fais point elïuyer ce traitement bar-bare près des vaiffeaux des Grecs.Reçois l’airain 8: l’or que te prodi-

gueront mon pere a ma vénérableancre; rends-leur mon corps; qu’ils

le tranfportent dans leur palais; &que les Troyens 8l leurs femmesallument mon bûcher funebre.7 Malheureux ! répond Achille d’un

ton farouche , ne m’implore pointpar ces genoux , ni’ par ceux dont ietiens le jour. Après le deuil où tu m’as

plongé , que ne peut ma rage m’égarer

au point de porter moi-même à meslevres ta chair palpitante! Juge fi ie

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en aux 1 XXII. un:puis r’arracher à l’ignOminie que. in.

t’ai. préparée. Dût-on m’apporter-ici

pour .ta rançon dix , vingt fois lesdons que. tu m’ofl’res , à: me vprog

mettre de nouveaux tréfors .37 dûtePriam égaler au poids de ton cadaw;vre l’or qu’il viendroit dépofer me,

pieds; ta mere n’aura pas la confoI-j.

lation de pleurer fur un lit funebreile fruit de l’es flancs, 8: les animauxi

voraces du ciel 8: de la terre fe dira.lameront ton corps déchiré. , rz Alors le fils de Priam prononça

d’une voix mourante ces dei-nitres:paroles : Je l’avais bien prévu -, ie con--

noifibis trop ta dureté pour «peut;de la vaincre; ton fein enferme uncœur de fer. Mais crains que le cielgne foit mon vengeur ; crains le jouroù , malgré ton courage . Paris ,1avec le recours d’Apolloa , le renver-fera devantles portes Scées. Comme-

il achevoit ces mots . la nuit dm

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:41 .li’erADIÇInéper ts’épaiffit fur l’es yeux; (on

ameviaband’onne les membres le vole

aux-enfers, plaignant (a deflinée,fi rgrettant fat-vigueur 8: fa jeunefie.i Meurs g dit Achille à celui qui

n*’efl’)pl’us, meurs; je fubirai le ne.

pas. quand Jupiter St les autres dieuxramonerons. Il dit; a: arrachant(on javelot du cadavre , il’ le pofe à

Écart 3 il enleve au mort (on armurefanglante. Tous les Grecs accourent ,i

contemplent avec furprlfe la taille& la beauté merveilleufe du fils dePriam; plufieurs lui font tic-nou-velles bleflures. Ah ! dirent-ils en faregardant llun l’autre. qu’Hoâor et!

bien plus doux a plus docile en cejour que lorfqu’il livra nos vaifleaux

à» la fureur des flammes l Et ils lei frappoient d’un air triomphant.

*Cependant Achille ayant ravi cet.nobles dépouilles I: Amis , princes.de la Green. dit-il debout au milieu,

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. c n A n 1 XXII. 14;des chefs 26L.des«foldats,’après.:qnt

les dictat ont. fait tomber (ou: me;coupe ce guerrier qui feul. nous jcaufé plus demain: que tous. lesTroyem gémie,-fachons», carma-quant llion , lfi . dénués de cet appuig

ils veulent abandonnes- leur citadelle;ou-fi ,-- malgré la chute diHeâor."ils «entamerai: milieu «Jeux;remparts. Mais quels [ont les tannâ-pôrrsvdemon catin è Près de nosvaiEesux et! encore étendu-fixerai:lit funebte le corps d’un ,hèosjurqueltnous devons des pleurs. ü la.fépnlture , Patrocle; Tant que je Je».rai parmi les vivats a: qu’un fouinem’animera, il [en préfent am: (né-1 -

moire; a: quand même lesmons (6-;raient infenfiblçt , l’image de ce ten-,

dre ami me fuivra jufque dans les;enfers. Guerriers, retournons Nets".nos vaillants: avec le corps du En»,de Priam , en fallut éclategte ahane.

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in 4’13»! L in ne, ï .ce; triomphe :-Nousï’avofis remporté

une intimer glairer; 2 t avons, im-molénlè’ grand Heâor , adoré dans tous

mentionne unedivinitë. M ’l 2’ ’

’ hhuai-tôt , manucurerai avec labarbarie" (fun masquent. courroucé .ill’slulipêlùe’les pieds Ï, 78! les fer-rami

menés courroies; d’attache dentiersM’Ïhât’ë ; ilaltêre d’6 couchéel’à terre;

Ïlî-monrd (un le char), d’une main-i!

élevelles luperbesdépnuifleszfiôt: de;l’autre frappa les courtiers iquîîVolent

avec ardeur vers 1e rivage. Une-nuée

de paumera environne le cadavreempotiezpar le char : la noire cheve-hireid’Heâor efi traînée fur inviable;

8c fa une; truifut ornée dergraces,Jillonne la. plaine apoudreufem Ainfi.Jupiter permettant que 1.1 fils de.Priam , dans fajparrié, fût en proie»arias’rage infultantede- fes ennemis ,cette tête martiale étoit.couverte 8stfouilléerde’poulüeregïrë au . -

Alors

æb la-

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- NW H 1.30m 54;:. Alors fa mere s’arrache les chle-hveux , jette loin d’elle [on voile au,tant , &;.l’œ(il attaché fur (onremplit l’air de cris aigus.l Lev-parla;

pouffe, des plainteslugubr’es. Autourd’eux on s’abandonne aux. gemme?

mens ;, on éclate en (anglets dansla,Ville dentine); il Tembloit que toutmon: depuis Ilepfaitewde les toursin: en: proie’aux flammes dévorantes.

A peine. la foule peut-elle retenir levieillard: indignequ’on s’oppofe à

une fr jufle d0uleur, il veut fe pré-Ï hpipiter hors des portes de Troye, il leroule dans la fange, il nomme 6: imi-plore ceux qui l’entourent. N’arrêtea

point mes pas, nies amis; quellesque’foie’ntivos terreurs, fouffrea que

je me rende feu! aux vaifleaux desGrecs. Oui, je veux embralïer les gei-noux de’ce funefie ennemi ,i de cemeurtrier z féroce; peut-être refpecltcra-t-il mes cheveu; blâmes; je lui’ 11:44.lTom,’iVI.’ il 1

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r46 frittiôlifïfifpirerai quelque comprimoit. Il aau pere accablé, A ramenai ,4. dulat-d’eau des ans St des’inil’eres’ liu-

rin’aiinesÏHe’las! Pelée; Ïluiiidonna le

jour à. releva pour la ruine desTroyens , lin-tout i "pour " ma propreimine. Combien de mes fils Qu’il a pré-

èipitég dans les enfers à laienti de lau-ieuneËe! Ils m’étoieht ï ils’font

l’objet de ma douleur profonde :

mais je les pleure bien moins en-core ions jenfemble que. celui dontla perte cruelle va me faire defcendreavec .ameriuine dans le tombeau; lefétu mon. Ah l, avant ce coup fa.en, que n’eli- il mort entre mesbien; au moins moi 81 (auner-e, cetteinfortunée qui lui ’donnajle jour,jeans ferions-nous ramifiés de la dou-ceur de gémir &rde pleurierfîûtr l’es

cendres. j q A ’ , Iï filin même temps fil verfoit des lar-

ïnes "mais; autour de,

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c n A NT XXll. 147(bien! les citoyens. Hécube , au mî-

li des Troyennes , commençant ledeuil, poulloit des plaintes entre-coupées de profonds foupirs. Monfils! malheureufe que je fuis ! pontaquoi refpiré-je encore , après être ar-

rivée au combledes difgraces, fépa-rée pour jamais-de roi? Jour 8c nuittu étois ma gloire dans très? 8: lefalutr de tous les Troyens ;i ils t’ado-

roient comme un des immortels. Vi-Vanr; tu étois llorgueil de nos peurples; maintenant tu es victime dudeflin ü de ’la mort. Ces parolesétoient accompagnées d’une torrent

de pleurs. ’L’époufe Id’Heûor n’avoir pas en-

core appris la plus légere nouvelle del’informne de ce guerrier; on ne luiavoit pas annoncé que ’fon épaule

fût demeuré. feu! hors des portes.Retirée dans l’afile le plus reculé

de [on appartement , elle farinoit le1 a

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.45 ’L’I’LIADE.

double rifla dîme zob: éclatante;(a main l’embelliflbit de tableauxvariés. Elle avoit ordonné à fes fem-

mes de pofer une grande, urne furles flammes pour que le bain fûtpréparé dès qu’Heélor reviendroit

du combat. Efpoir aveugle! elle nefait pas que , loin de ce bain, Pallasl’a terrallé par le bras d’Achille.

Cependant les plaintes 8L les crisqui s’elevoiem d’une des tours frap-

pent l’oreille . diAndromaquev, untremblement terrible parcourt aum-tôt fes membres -,la nIvexte échappevile [es mains a Accourcz ,Vdit- elle à(es femmes , 8: que plufieurs de vousme fuivent; je veux.mlinflruire denotre fort. J’ai entendu les cris dela vénérable Hécube; mon cœur pal-

pite comme s’il vouloit fortzr de mon

fein, mes genoux roidis. fe glacent:fans doute quelque grand malheurmenace les fils de Priam. Dieux l déc

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c a A N r XXII. r49tournez loin de moi ce funefle au-gure : mais je tremble qu’Achille,femblable aux immortels , n’ait fer-mé la retraite au feuil "cant; il l’arepouffé dans la plaine, 8: enfin adompté cette audace guerriere fi fu-nefie à nos ennemis: car jamais Bec.tor ne reflet dans les rangs; il couroitaux périls loin de tJus les liens, nele cédant pas aux plus hardis par (oncourage.

Elle dit; 8: fuivie de (es femmes ,à le cœur palpitant d’effroi, elle (e

précipite, comme une bacchante,hors du palais, gagne les remparts,monte fur la tout 8: fend la fouledes guerriers , portant de toutesparts un œil craintif. Bientôt elleapperçoitnfon époux traîné indigne-

ment dans la poufiiere, emporté parles rapides courfiers vers les vaif-(eaux des Grecs. A cet afpeCt (esyeux (ont couverts d’une nuit téné-

13

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-1;o L’ILÏADIO,ubreufe , elle tombe à la and. 5prête à rendre le dernier foupir 5 lesfuperbes ornemens de fa tête. larubans , le réfcau 5l. les liais de (a

A chevelure , volent au loin ;fon voileprécieux cil emporté dans les airs. cevoile qu’elle avoit reçu des mains de

la blonde Vénus leiour ou le vaillandReflet l’emmena du palais d’Eétiou

dans le fieu après l’avoir comblée des

plus magnifiques préfens. Safari"à les femmes de fes fracs raflent-blées autour d’elle la foutienuenr en»

Ire leurs bras; le feu! défir qu’elleforme dl que la mon l’arrache à cette

douleur profonde. Dès qu’elle a repris

[es fens 8: qu’un fouŒe léger la n-nime. des gémifl’emens plaintifs fi:

preHent hors de fou kir: -, elles’écrie au milieu des Troyennes éplo-

rees zMalheureux Heâor ! .rnalheurcnfe

Andtomaque Z nous foraines nés tous

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fil "At-EPÊËÎeXÎŒÎDWll-Bilir-nlluwnsr

c ri A il: r AXXIII. 151"deux tous ’l’aflre le plus fatal, toi dans

le palais de Priam , moi au fein de laverte Hypoplacie a: des murs de The-bes . dans le palais d’lrÎétion qui éleva

fi tendrement mon enfance , Linforî-

luné pere d’une tille Bien plus infor-tunée :’ plût au ciel qu’il ne m’erlt

point donné la vie! Cher épouiîlîiqu

defcends dans les abymes (ombres,féiour de la mon . tu me lames...dans ta demeure, livrée au deuil leplus amer , veuve dételée. le filsque , pour notre malheur , nousavons mis au jour,’ efi encore dans

la plus tendre enfance; tu ne feraspoint (on appui, HeCtor qui n’esplus, ô: il ne te [en d’aucunbfç-cours. Quand même il échapperoitau fléau de cette guerre lamentable ,les périls ô; les maux l’attendent en

foule; d’inîufies étrangers lui enle-

veront (es biens. Le; jour qui faitorphelin prive de les protecteurs

l 4

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ne, .L’r r. 1A DE,,8: de les amis. Ali-yanax ne fe mon;rrera plus que le front baillé . le

Îvifage humide de larmes; ce! en-liant , dénué de tout, implorera lesamisdde (on pere, les prenant hum.blement par la tunique ou le man-

iteau. Parmi cetix qu’il aura le plusbronches, quelqu’un lui accordera un

’foible foulagement ; la coupe légcre,

approchée un moment de [es levresimides , les mouillera fans rafraîchirTon palais. Un autre ,. heureux de’croîtré à l’ombre d’un pere ô: d’une

’mere s le repoitfi’era rudement, en

ile chargeant (l’opprobre; : Va . mal-

heureux, lui dira-t-il, ton pere nepartage plus nos fefiins. Aflyanaxreviendra pleurant dans les bras

’de fa mere , veuve délaifl’ée; Brice

Ïtendre enfant , nourri de moêlle &’des mets les plus exquis fur les geo’noux d’Heâor . 8: qui , lorfque le

’fornmeil fafpendoir les jeux inno:

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amenant-cama.

a?

’ûünnm-nun-m

J? tr W? «A

c et A w r XXll. as;cens . dormoit, le cœur charmé parles délices , fur le duvet le plusdoux 8: entre les bras de celle quil’allaita; cet enfant . privé d’un pere,

ne trouvera point d’afile contrel’infulte 5: le malheur , malgré lefurnom d’Afiyanax dont il fut dé-

toré de la part des Troyens. Car,Heé’tor , tu défendois feu! leurs pore

tes 8c leurs remparts, Maintenant,loin de ceux qui t’ont donné la naif-

fance , les vers avides rongeront .près de la flotte des Grecs, les relieséchappés à la dent vorace des ani-maux qui t’auront traîné tout nu fur

le rivage. C’efl donc en vain que fe

gardent pour toi dans notre palaistant de vêtemens fins ô: précieux ,préparés parles mains de nos fem-

mes ! Je veux tout livrer aux flam-mes -, défermais il; te (ont fuperfius ,

p aucun ne te fervira même de linceulfunebre : qu’ils foiant confumés à ton

l s

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134ï au»: , cnurr un.honneur aux yeux desTroyens &des Troyennes! I

En prononçant ces paroles , elleverfe un torrent de pleurs; 8: lesfemmes qui l’environnoient accom-pagnent l’es plaintes de longs gémir?

feulons.

FIN W CHANT VINGT-DEUXIIMI.

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nEMARQUEsI "s u à r. 1-:

CHANTVINGT-DÉUXIEME;

,m ’I(Page 118. Ma vengeance, doueltadivinité feule peut se garantir.) .v

Homme donneàAchilleunefprtedereligion commune; mais cette religionne tient pas contre (on naturel thrace8: emporté. (Madame Dacier.

(Page tu. Qui. malgré l’excès deme: dii’graces , n’ai pas encore perdu

le (entimentj) ’ ’

On pourrpit aufii traduire yl:n raifort a , Ce qui revient à-peu-pr’esau même. Ces paroles [ont fort 101.11

.. . . . 1 6 4 .

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HG 32MÂ3QËF?charries, ainfi que’tout ce difcours!J’ai fuivi l’interprétation des meilleurs

critiques. D’autres ont cru que inqpréovr’ vouloit dire, n qui vis en-core. u ° v’

(bident. Au terme le plus avancé dela vieillelfe.)

ripa; d’ion", à’la lettre, n le feuilà, de la vieillefi’e.n,, [c’efi-à-dire fou

dernier terme , ou les derniers ioursd’ un vieillard qui le conduifent autombeau. Ce vieillard fait en peu de,mots la" peinture la plus énergique

’ des malheurs qu’il a éiïuye’s, 81 de

’ Ceux qui l’attendent. Homere, au lieu* de repréfenrer dans [on poème la prife

de Troye , la fait entrevoir de mêmeque le fort de Priam 8: de toute fa

(famille. Ainfi il n’y a.qu’urte feuleL action dans l’lliade. Il étoit trop connu

qu’Achille n’avoir pas achevé la icon-

quête de cette Ville. Si donc Homereavait . chanté cette conquête , ou

I Achille n’étoit plus (on héros, ouï il y avoit une double] affront dans- l’lliade griottier: auroit été obligé de

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5L

635

fifille-1l sen 551E.

aHHËWWl

a-ÊË

son LE cumu- XXII. r"peindre la mort d’Achille qui avoitété annoncée par un oracle, 8K quiarriva avant la prife de Troye. Quand.même un dénouement firtrifle ne feroitpas, comme l’ont penfé les critiques .contre les «regles de l’épopée ;

’quand même le fuie: de la prife deTroy: fembleroit avoir plus de gran-deur que celui de la colere d’Achille :Homere eût trop multiplié les fitua-rions pathétiques à la fin du poème -,la mort fi touchante de Patrocle 8cd’Heflor l’eût été moins, fuivic de

ce dernier tableau. Ce poële , dansune antiquité fi reculée, 8: où pro-bablement il avoit peu de bons mo-

. deles , guidé finement par fon génîe ,’ a fu où il falloit s’arrêter. Il y a ou

depuis ce temps des poètes qui , mal-gré [on exemple, ont commis la fume

lconfidérable qu’il a evuce. Il mefemble que cette conduite de lll’ademériteroit l’attention de ceux qui re-prochent à Homere les rapatrions 8cl’es longueurs. -

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158tIEMARQUEs( Ibidem. Nos tendres enfans dans

illhorreur du meurtre écrafés contre

la pierre. . . .)

Cruauté que les barbares excrçoientOrdinairement dans le fac des villes.Aufli David dit à Babylone: u Heureuxt! qui prendra tes enfans 5: les écraferan contre la pierre! u ( Madame Dada.

(Pages 121 81 112. Ahlil en honorableà un jeune guerrier.)

Tyrtée. ce chantreide la valeur.a prefque copié ces paroles.

(Page 12.2. Découvroitfon feint; à: lui

montrant fa mamelle.)

Je rapporterai ici une remarquediEul’lathe. Priam , dans le difcours .qu’il adrelTe à Heâor ne lui parle quedes malheurs qui pourroient arriver àleur famille 8: a leur patrie; il n’em-ploie pas d’argumens qui regarderoientperfonnellement HeCtOr . 8: qui ence moment auroient blelfe’ cet homme

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sur. LE CHANT XXII. 1-59intrépide plutôt que de le fléchir : ilparle en pere de la patrie. Mais latendreffe maternelle prévaut dans Hé- pcube fur toute autre confide’ration. 8celle ne parle à Heâor que de la monqui le menace. Pope, qui rapportecette remarque , montre que Milton.ade même bien gardé les cataCteres;Lorfque les anges chaulent Adam 8lÈve du paradis terreflre , le premierregrette la place ou il converfoit avecDieu 8c les anges : Eve regrette lesfleurs d’Eden. Adam pleure en homme,Ive en femme.

(Ibidem. si iamaisil appail’a les cris

de ton enfance.)

Afinflmyifov. J’ai prefque rendulittéralement l’épithete.

(Page 123; Tel qu’un ferpcnt féroce

I qui, repu d’herbes venimeufes... .)

D’anciens naturalîfles prétendent

que le (arpent, lorfqu’il fe met enembufcade pour attaquer un hommeou un animal, f: nourrit d’herbes veç

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°r5o .nnMAnquzsnimeufes. Ce ferpent cil plaée’ à l’en-trée de fa caverne comme HeEtor d’à’vant les portes de Troye.

(Page 1 2 5 . Offrir de rendre aux Atrides

Helene. )

Puifqulil dépendoit de lui de finirla guerre , dit Eullhate, il atort de lacontinuer , il cil coupable 8c méritela mort qu’il va s’attirer. MadameDacier , à: même Pope , ont pronon-cé , diapres ce critique, le même ar-rêt. Qu’il me fait permis d’en appe-

ler. Le gouvernement de Troyeétoit un mélange de monarchie 8:d’arillocratie. Le itérant ldc’us envoyé

aux Grecs . dans le fixicme chant .parle au nom de Priam 8: des prin-cipaux chefs de (on confeil. Il paroitcependant que la voix de Priam avoitla prépondérance. puifque fou avisdécida qu’il falloit ne point rendre

I élene. Hotlor pouvoit le flatterquia-n cette circonflance critique onratifieroit un traité qulil auroit con-clu pour fauver Troye; mais il n’en

’u’Olt aucun garant. Comme il blâ-

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on en l’ü’Eanî

ÉÊ’Ë a

Éî’irâ Ë’Ür’ë’Pr’fi

son LE cirait-r XXII. 16:moit ouvertement l’iniufiice de Pâris ,il étoit naturel qu’à cette heure où ilne pouvoit étoufi’er les noirs prelïeti-tirnens’qui s’élevaient en. (on cœurktoutes ces idées fe prétentafient àfon efprit ; mais fa fierté ne luipermet pas de les entretenir. Lescommentateurs, en faveur d’Achille81 de la moralité qu’ils ont voulutirer de cet endroit, ont chargé in-jufiem’ent flet-lot. i

Homere n’a pas fait des floïciensde l’es héros. Heâor , tout vaillantqu’il efi ,’ fent la grandeur du dangerqu’il va courir; l’iniullice de la caufequ’il défend augmente fans doute fontrouble t mais il réprime ce mouve:ment.

(Ibidem. Je fifi’e jurer aux Troyens

ade livrer aux Grecs...)

Il y a dans l’original , yoga-toi îpxov ,’u un ferment de vieillard n , c’efi-à-

dire inviolable. Il paroit, dit MadameDacier, qu’il étoit de coutume quetoutes les villes (e rachetafl’ent en

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162 remarquasdonnant la moitié de tout ce qu’ellespofl’édoient.

f Ibidem. Il m’immoleroit facilementcomme une femme. )

Dans nos mœurs ce foupçon feroitfort injurieux à Achille; il l’émirmoins dans les mœurs anciennes, oùles lois du point d’hOnneur étoienttrès-peu fixées.

(Ibidem. Dont le chêne 8: le r0.cher fabuleux forment l’entretien

paifible.)

Avant que les hommes enflent bâtidissimilons. les femmes élevoient leursenfans dans le creux des rochers a deschênes ; ce qui fit imaginer que plu-fieurs de ces enfans en étoient nés.u Parler du chêne ou du rocher ",veut donc dire, felon le fcolialle,s’occuper de quelque couic popu-laire, qui , indifl’éren’t en foi , peutintérefl’er des jeunes gens des deux

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U5 3-33 a.

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Ëîî λ?

son La crus-r XX’IInrâ;(des. On cite à cette occafion ce versde l’Odyfl’ée , ’

i 71? dmi d’aller ive-l muretin: id" «in;

"au,vers où le mot panné" marque quec’était un ancien proverbe.

Homere répetc en cet endroit.a. une ieune fille &un jeune garçon n ;ces fortes de répétitions jettent fou-vent de la force 8: du pathétiquedans le difcours. Je les ai toujoursconfervéest mais celle - ci auroitpeu de grace en fiançois, 8: ilfufiit de l’indiquer dans les notes. Aurelie, ie n’ignore pas que les pro-verbes perdent beaucoup dans unetradudion; j’ai cru qu’une note ai.deroit ici à l’intelligence du texte.à c’efl un exemple qui montre quei’ai été ferupuleux de garder ce qui,dans Homere , offre l’image de lafimplicité antique. ’ .(Page 126,42: fuit devant Achille.)

Quelque terrible que fait Achillei couvert d’armes divines, 8! quoiqu’il

fait repréfenté par le poëte comme

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un REMARQUESun dieu , nous voudrions qu’Heâor(a montrât moins ici un homme or-dinaire. Les anciens auroient-ils eufur la valeur des idées alliez diffé-rentes des nôtres pour penfcr que lafuite n’était pas abfolument’homeufe

lorfiyu’on avoit à combanre un en-nemi reconnu pour invincible. 5:lorfqu’étanr l’effet d’un premier mou.

vcment’ de crainte, elle étoit enfuit:comme effacée par les marques d’unegrande intrépidité .3 On feroit difpofé

à le croire, lorfqu’on voit qulHo-mer: dit , quelques lignes après,n celui qui court le premier n, ouen propres termes , u celui qui fuitn cit vaillant z mais celui qui le pour-» fuit n. Bic. Auroit-il ofé employerces termes s’ils avoient été aufli con-

tradifloires alors que de nos iours ?Ariflarque n’auroit-il pas rejeté cevers comme contenant une abfurdizétrop palpable? Aurait-on pu foute-nir , au ficela d’Homei-e , que ce poëleeût repréfenté tous les dieux fuivanl,.du haut de l’Olympe, Heâor deleurs regards , louant en ce momentu [es rares qualités n , 8c délibérant

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51m. LE CHANT XXII. 36;fur les fort de ce prince avcc le plustendre intérêt , fi Homere lavoit en-tièrement avili pour faire éclater lagloire d’Acliille ê ll efl permis àu

;moins d’en douter. Quand Énée , aucinquieme chant. vante (es chevauxà Pandarus , il lui dit : u Ils nousn (monderont lorfque nous voudronsu pourfuivre l’ennemi , ou lui échap-n pcr. w Homere loue cependant lavaleur d’Enée. ’ .

Ajoutons aux conieûures que nousformons ici les réflexions fuivamesde Pope. lion: re a toujours donzré

.une grande fupériorite’ à Achille furHcélor qui nla jamais olé le con-.-battre de près. Priam , dans le dif-

zcours qu’il vient d’adrçfier a [on fils ,lui dit qu’il cl! fort infcrîeur àl cehéros. Hcûor voit que les dieuxfecondent Achille , Si qulil en ell aban-

donné; 8x de?! un principe confiantdans Homere , qu’il y avoit (le lîims

,7 piété à attaquer les dieux. Enfin Aill-

rate paroir avoir fait un cas particu-lier de ce morceau de lllliade, 8:yirgile l’a copié. , I

Malgré ces obfervations qui ne

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:66. REMARQUESmanquent pas de folidité , ie ne pré-tends pas décider que la conduite du

’poëme fait ici à l’abri de tout re-proche. Difons ce que Pope a pairefous fllence . c’efi que Turnns combat[Vaillamment avant de prendre la fuite.5: qu’il n’y a recours que lorfque [onépée ell: rompue. Cette condition deVirgile (riflât pour montrer qu’il n’éroit

pas entièrement fatisfait de cet en-droit d’Homere, à moins qu’on nepenfe qu’on étoit devenu plusI axi-geant par rappon à la valeur , & quece qui n’était pas une tache flétrif-fanre dans Rafiot l’eût été dansTurnus.

l (lbidem. Suit le vol oblique de lacolombe. )

Elle prend ce vol oblique dansl’efpoir d’échapper.

(Page 127. Renouvelle [eurent fouelfOr. )’

. un; initia-m. Pope &Madame Da-Cier ont fupprimé cette peinture. Elle

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È a î; a

mont! orner XXII. 167ne parle pas non plus n du vol obli-n que n , 8 Pope ne le donne qu’àl’épervier. t I ’

(lbidem. Les figuiers battus des vents.)

’ Il ’y avoitune hautç colline cou-verte de figuiers fauvages , 8: MadameDacier obferve que dans Homere.ces mots HÊTRE, FIGUIER, fontdes mots-colleâifs.

(lbidemi L’une cime des eaux bouil-

i lames.)Court épifode qu’Homere a ru rendre

intérefl’ant en failam contrafier les ca-lamités préfentes de Troye avec fonbonheur palle. Pope rapporte queSandys , critique excellent a voyageurtrès-véridique, affirme avoir .vu cesfources d’eaux bouillantes . quoiqueStrabon ait écrit que de [on tempsil n’y rafloit plus que les fouaces

d’eau froide. i l .( Page ":28. Attend le vainqueur.)

5cm idéè’rdnfert’ne une efpese’de

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168 , VnzMA,niquns,prophétie. Hector va être tué , Achille

court après lui autour des murs deTroye; c’efi donc en quelque façonune courre autour de fa tombe..(Madame Dacier. v . -j , . . .(ibidem. La troupe célefle les fuit de

1 (t’es regards...)

Comme la défaite d’Heâor efil’adieu principale du poème , Homereaffermai: ici les dieux. ô: les fait dé-battre fur le fort de ce chef. C’efl parla même raifort qu’il repretlnte d’une

maniera très-poétique Jupiter pefantdans la balance les defiinées des deux

guerriers. (Pope. .. INous avons déjà parlé de la doc-trine fi entbarrafl’èe du dellin ; il femble

ici que Jupiter paille le régler àfongré : peut-être l’expteïlion d’Hoinere

fignifie-t-elle feulement que ce. dieupeut en, retarder les îlois. Homereparoit tantôt non feulement famille,mais foumettant Jupiter même audeflin g tantôt il admettons providence.Ses idées, ô: probablement celles de

«.ç ..-,, trou

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Il

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Il:

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svx 1.2 cajun- XXII. x69fon’ fiecle . n’étaient pas bien fixes

fur ce point. V

(Page 130. Frappé de terreur, celuiqu’il prefle a difpam. au: tapit.)

n Se tapir" rend le mot xa’rw’MmH ,

fe tenir dans une pofiure raccourcie,expreffion qui, felon la remarqued’ rnefii , revient à celle dom lesLatins défignem la peut , n conuaûion animi. n

(lbidem. Comme il nous femble enronge.)

Il y a eu parmi les anciens des cri-tiques qui ont eu airez peu de goûtpour condamner cette bene compa-taifon qui forme une image fi natu-relle. Virgile en a jugé autrement ,puifqu’it l’a imitée:

A: valut in (munis, oculus ubl languîdapuait , &c.

1521m». un. KIL

filai. Tom. V]. K

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170 i a la milanais(Page 131. Cependant Heüoc eût-il 6

long-temps égalé la rapidité (les pasdd’Achille? )

On voit qu’on poliroit faire ici àHomere une ohjeé’tion qu’il prévient.

(Ibidem. Défeml à fes- troupes de

lancer des traits contre Heâor.)

Hector en fuyant ,v veut toujourss’approcher des murs , afin que lesTroyens accablent Achille de leurstraits -, 8l Achille , en détournantHeâor vers la plaine, fait figue àfestroupes de ne pas tirer fur l’ennemi.Cela marque le grandcourage d’Achille,8: le défit qu’il avoit de venger lui-même Patrocle. Madame Dacier faitcette remarque, 81 rapporte un palïagedu P. le Bofl’u qui prétend qu’Achille

ne fe réconcilie pas avecAgamemnonpour venger tous les Grecs ou Mé-nélas . mais feulement Ion iniure par-ticuliere. C’était un motif de fa ré;conciliation ; mais on voit qu’elleétoit entiere. Il dit à Heûor qu’ilvengeoit Patrocle 8c tous les Grecs 5

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sur. LE cruau- XXlI. 17!8: , après avoit tué le prince troyen .fon premier mouvement ell d’allerattaquer Troye.

( Page 1 C’efi en vain qu’Apollon ,

proflemé humblement. )

. npovrpolxquJtipfvoc, Denys (Halicar-halle obferve qu’Homere a doubléici la prépofition mai , pour peindre.avec plus de force la paliure fup-pliante d’Apollon: ce que j’ai rendupar a te profiemer humblement n. Ondoit fe rappeler la romelle que Jupitervient de faire à inerve. .(midem. La déefl’e, prenant les traits

8L la voix de Déiphobe.)

Achille feint d’être hot-s (l’haleine;a: s’arrête un moment pour refpirer.Heâor, le croyant accablé de fatigue,Va contre lui. Ciefl ce qui a donné lieuà cette idée , que Minerve aide Achillea trompe Heâor. Le iugement erronéde ce chef cil la faufile Minerve quirégate. Cette remarque des commen-meurs ne mettra pas cet endroit dupoème à l’abri de la GrillqlllÊ.

z

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r71 nautiques”v Heûor, ne doutant point qu’unedivinité nesfecondât Achille, G: fecroyant abandonné des dieux , pouvoitdélirer l’appui d’un mortel. Il fe per-fuade que Déiphobe, l’un doles freres,’

vientà (on feeours.-Plufieurs penfentque ce guerrier parut en effet à côtéd’HeCror , mais que la frayeur le fit

.rentrer. Au refit: , nous avons vufréquemment dans l’Iliade que, lorr-qu’un héros étoit très-redoutable ,

plufieurs combattant, quoique valeu-reux , ne rougifloient point de s’afl’ocier

pour l’aller combattre.On voudroit cependant qu’Heflor

fût moins avili; Achille même enferoit plus grand. J’ai déjà eu occafionde dire qu’Homere a montré beaucoupde partialité pour les Grecs : il fait deleurs héros des dieux, 8: (cuventà côté d’eux les Troyens panifient à

peine des hommes. Il faut convenirque , par la conduite de cet endroit dupoème, le poëte a manqué une partiede fan but. Beaucoup de critiques

’ s’intérefl’ent plus pour Heétor que pour

Achille.

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Ë’ll’ïlt il sc-K

5:

A:

,a

(t) Chap. 13.

SUR u CHANT XXII. t7;(Page r 3 s . Comme le loup 8c l’agneau

ne vivent pas en concorde.)

Achille el’t toujours infléxible, (clou

fort «radier-e. On trouve cette imagedans l’Eccle’fiaflique (r) : n Commeu le l’oup n’a pas de commerce avecn l’agneau, ainfi le pécheur n’en an point avec le julle. le

(lbidem. Pallas la rapporte (lalance)au fils de Pélée.)

Ceci , dit on, eflallégorique. Achillereprend [on javelot avec tant de raph-dité , qu’l-leétor peut à peine, s’enappetcevoir. Dans l’Enéide , Juturnarapporte de même àTutnus [on javelot.La . l’allegorîe n’efi pas aufli fenfible smais l’aé’tion n’efl pas trop balle , pui’f-

qu’elle cil fileur de Turnus, 8: qu’ellecil une divinité inférieure. en a déjàvu l’auvent, à: l’on verra encore, queles dieux d’Homere ne dédaignent pasde le livrer à des fonctions qui nousparoilTenr aviliffantes. n t

K3"

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174 :nMA’nQUIIIPage l 3 6. Mais ta lance ne n’atteindra

point au dos.

t Les Spartiates citoient [cuvent cevers. Chez eux un guerrier bleflé audos étoit privé des honneurs de lafépulture. (Euflathe.

(Page 138. se précipite fur fouennemi. son bouclier merveilleux.)

. .Barnès a fait admirer ici l’arta’l-Ioinere : i’nl’k, par où continence

le vers, efi un datîtyle qui fert à ex.brimer la fureur d’Achille 5tout-àscouple poëte change de mette pour peindrele héros fe couvrant avec prudence de

(on bouclier. ’ll’ege r39. Elle ne laifl’oit appercevoir

- ’ . que cet efpace.)

. ACotnnIe les armes qu’Heâor avoitEnlevées à Patrocle étoient l’ouvrage

Ide Vulcain , 8: qu’elles étoient im-pénétrables ,’ le poële a loin de direme, n’étant pas faites pour Heâqr,

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Ilet

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flU’

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il!

son La CHANT XXlI. t7;elles ne le couvroient pas entiérement.( Euflathe.

(Page 140. Je t’en conjure, lui dit-il,

par toi-même. )

Ceux qui (avent quelle importanceles anciens attachoient aux honneursde la fépulture , ne trouveront riende trop bas dans cette [applicationd’HeClor. Connoiiîant la rage St laférocité d’Achille , il pouvoit s’atten-

dte au traitement le plus barbare.

( lbidem. Que ne peut ma ragem’égarer au point de porter moi;-

même à mes levres ta chair palpi-

tante!) ’ iCes paroles font un des plus grands

excès de la rage d’Achille. 81. l’onCroit voir ici quelques traces de l’horc!rible coutume des peuples fauvagesqui le nourrilïoient de la chair desennemis qu’ils avoient tués. Popeobfeave qu’Achille fouhaite feulementqu’il pût (e permettre de dévorer la

chair de (on. ennemi. . -

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176. REMARQUES(Page 143. Près de nos vaifieaux efi

encore étendu.)

J’ai confervé la gradation qui faitun fi bel efi’et dans Homere, 81 quile termine par ce nom, .. Patrocle u.Ces beautés, comme je l’ai délà dit .

(ont propres à ce poëte. Dans lescirconl’tances où le trouve Achille,la premiere idée qui frappe [on ersprit cil le corps de l’on ami étenduprès de l’es vailleaux; il ne le nommepas d’abord,.& s’arrête un momentà cette image fi familiere à Ion efprit:il n’ell point de mort qui n’ait desdroits aux pleurs 8: à la fépnlture -,mais ce mort quel cil-i1 à. c’eli unhéros , l’ami d’Achille, Patrocle.

Achille n’ignore pas qu’il devroitattaquer Troye en ce moment: maisl’amitié étroite qui l’unilïoit à Patr0cle

l’engage à différer l’attaque pour ren-

’ dre les derniers honneurs à ce chef,honneurs qui étoient un objet fi in-térelTant pour les anciens. D’ailleursil favoitquc les deflins ne lui avoientpas accordé la gloire de prendre cetteville. Pope ohfcrve que le palïage

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la.

iâfl’â’lüh

38:33 "cr-cura anar

son u CHANT XI". rosi ’de la fureur d’Achille à des.fernimen.s.tendres intéreîïe le leëteur . qui efl’

bien aife.de voir que ce guerrierencore un homme.

(Page 144. Nous avons remporté une

illuflre gloire.) ITous les commentateurs regardent m

paroles comme un chant de triompheque l’armée répere en chœur: Achillq

afl’ocie tous les Grecs à fa viCtoirepour feifaire plus d’honneur; car ilfaut que la gloire d’avoir rué Heau-foit bien grande , puifqu’eile peutrejaillir fur tous les Grecs. Quant àce cantique qui a un refrain , cela efitrès-conforme auxmœurs de ces temps-là. Lorfque David revint de la défaitedei Goliath , les femmes qui fonirentaudevam de lui de roules les villes d’lf-raël entonnerem des chants de triomphedon: le refrain étoit : u Saiil a suén mille hommes , 8: David en a tuôu dix mille n. On voit encore dansJérémie (r) un exemple ferablable.( Madame Dacier.

(r) Chap. le. v. I; 8: 19.

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I173 ululements,’(Ïbîden’r. L’affiche derriere (on char.)

"Callimaque dit, felon le feoliafie ,.que c’étoir une coutume des Thefl’a-

liens de traîner autom- du. tombeaude leurs amis ceux qu’ils avoient tués.Bomere condamne exprelïémen: toutesces amans barbares.

x Page 145.11fembloir que tout mon,

depuis le faire de fes tours.)

Non aliter quàm fi hurlais ruas bambin ouah

Carthage) au: nuque Tym g maquefluentes

Cubain: porque banian: volumin- "quel deonm.

En"). tu. IVq( Page r46. il a un peu: )I

Mot fablime. En général, ce dif-’côurs 81 la fin de tout ce chant fontdu plus grand pathétique. Homercprépare ici le lecteur à voir Priam (arendre dans le camp d’Achille.

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DICK-w";

sur! si: ennu- XXIl. .179( Ibiçlçmr Je. les pleure rbierr nains

r encore tous «(amble .- . .)J’ai encore confervé ici la gratis-î

fion emmarquable de ces paroles. .Onne peut que le rappeleten cet endroitles parolesde Jacob qui, dit à [es filsque s’ils ne lui ramenent pas Ben-jamin , ils feront defcendre t’es cheveuxblancs avec douleur au tombeau.

(Page 148. Elle avoit ordonné, à (et

femmes de pofer une grande urnefur les flammes.)

On doit admirer l’art avec lequel.Homere, après avoir peint avec destraits fi forts la douleur de’Priam a:d’Hécube. a reprélenté celle d’Andro-

maque avec plus d’énergie encore eny joignant la furpril’e. Elle et! retiréedans l’endroit le plus reculé de (onappartement , occupée à tiiIer unerobe apparemment pour [ou mari,ce qu’on peut conieùurer par indif-cours qu’elle va tenir; a elle aor-donné qu’on préparât un bain pour:

Heâor. (Pope.. t y ’

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JSo;;»n-.nu).ngrres .:(IbidemJ Un tremblement terrible

parcourt avili-tôt les membres; laa, , navetteréchappe.)

’Interea pavldam volîtans pennon pet tubent5 Nuncîa fuma ruir, matrifque jaillira! une:* Burynli : ac (ubirus mitera: caler 9E: reliquit ,Excufli manibns radii, revoluraque pentu.

’Evolat linfefix , a; fitmheo ulula": ,

8cm: cornant , muros amen: arque quinav curâtPrima petit. iEXHD. un. 1X.(l’agent. Cher époux! tu defcends

dans les abyme: fornbres.)

Il y a de l’apparence que Bofl’uet.qui (e préparoit à la compofirion deles orail’ons funebres par la leûurerd’Homere , avoit ce morceau préfentà l’cfprir, lorfqu’il dit dans l’oraifon

.de la ducheiïe d’Orléans : n Elle va5" defcendre à ces fombres lieux, àMmes demeures fouterraines . pour ytu dormir dans la pouiller: avec lesp grands de la terrent - ’

lbidem.

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son en CHANT KIKI]. un

(Page 151 a: 1p. Le ions qui fait auorphelin le prive de fus protecteurs

8K de (ce amis.) ’Euliathe nous apprend qu’il y a eu

des critiques qui ont rejette les neufvers qui offrent ici un tableau naïfa: touchant. Dans la catafirophétîu’dïuie Andrqmaquc.. il n’y auroit

même rien de lus naturel’que des’exagérer les ma heurs qui en doivent

être la faire. Le propre de la dou-leur a: de l’appréhenfion en d’accu-muler & d’accroître les maux quipeuvent nous menacer. Le langageque tient la veuve d’HeÇlor citconvenable dans la bouche d’unefemme qui , vivant dans la retraite,comme c’était l’ufage chez les Orien-

taux, pouvoit avoir des idées peufinîtes du fort qu’elle croyoit avoir àredouter, 8: qui parloit en époufeô:en mere défo ée. Les rois, que lesmalheurs de la guerre reduil’oient fou.vent à la condition la plus feuille.ne fe regardoient point comme étran-gers aux plus terribles malheurs qui

111.44! Tom. VIS

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:82 :nzmaaquespeuvent affliger la condition humaine;ë: n’étaient-ils pas en effet plus ex-.pofe’s aux atteintes de l’adverfité àraifort même du rang élevé qui leurcit afligné dans l’ordre focial. On re»

marque avec. fondement que mêmel’hi’fioire modernefournit des exemplesde jeunes princes qui ont éprouvé(les revers de fortune aufli furpronans.Je n’ai eu garde d’altérer , commed’autres traduéleurs, fans en excepterMadame Dacier, la naïveté antiquede ce morceau.

K Page 1 sa. La coupe légere, approchée

un moment de (et levres arides ,les ’mouillera’fans rafraîchir [on

palais.)

Image fondée fur un proverbe quilignifie a donner un petit fecours qui» ne foulage poin n. Madame Dacier

,a’a pas oie la conferver , difant qu’elle.n’auroit point de grace en français.je crois qu’elle aéré trop timide.

’.li . ’ ,’

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ses

"tlIlfl.urufluL:

4m

il Î!

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5’ .fl "(Il

sort: eaux-r xxu. 18;’( lbidem. Un autre , heureux de croître

à l’ombre d’un pere 8: d’une sacre.

le repoufl’era rudement , en lechargeant d’opprebres. )

A’pplâa’m , felon le feoliafle, ten-

ferme cette belle image; le fens dece mot préfente l’idée d’une plante

qui fieuritde deux côtés.

(lbidem. Et ce tendre enfant , nourride moëlle 8c des mets les plusexquis fut les genoux’d’Hefior.)

Il y a aufl’i dans le texte u de lav meilleure graille des brebis n. Ma-dame Dacier montre par plufieursexemples tirés de l’écriture , que cesexpteffions (ont figurées 5s dans le(ler des Orientaux.

(Page 153. C’efl donc en vain que fa

gardent pour toi dans notre palaistant de vètemens fins ô: précieux.)

Idée naturelle à une femme qui f0geptéfente le corps de l’on mari traîné

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i384 un. sua LE caner XXH.à cette fans être couvert. Les damade grande qualité faifoient ancienne-ment de riches provifions d’étoffesa de meubles a il s’en (ailoit unetrès-grande confommation dans cesoccafions de deuil. (Madame Dacier.

un pas un. aux La au!" XXII.

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Ëàrà’âsliii a

c 1

CHANT X’XIII.’l ï

W IAmst tout gémifl’oit dans Troye:

Cependant les Grecs . arrivés auxbords de l’llellefpont à: près de leurs

vaiffeaux (e difperfent dans leurstentes. Achille feul ne permet pointaux Theflaliens de fe retirer. En-touré de leurs cohortes belliqueufes :

Braves combattant. dit-i1 , cherscompagnons . ne dételons 4 pas eue

cote nos iumens vigoureufes; appprochons de ce lit funebre mêmeavec nos chars; offrons à Patrocle letribut de nos larmes . humeurs quifont dus aux morts. Ne dételons lescourfiers, 8: ne prenons tous de lanourriture , qu’après avoir pleine-ment fatisfait aux témoignages deporte amere douleur,

lierez-me 7.71: M tv.

a

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tu. L’t’ztan 1;.A ces mots les cohortes nombreu-

ïes font éclater les: douleur. Achilleen à leur tête, 8: les fuperbes cour-fiers l’ont conduits trois fois autourdu corps de Patrocle : l’air retentitde plaintes lugubres; 8c Thétis aumilieu des Thefi’aliens les exciteelle-même à la trifiefl’e a: au deuil.Le’fable eh mouillé de leurs pleurs,

leurs armes en l’ont inondées, tantil: regrettent ce héros; la terreur desennemis. Achille . couvrant le deuil ,tire de fréquens vifoupirs du fond de[on cœur; 8c parant les mains enafanglantées fur le fein de fou ami:RéiOnis-toi , dit-il. , ô Patrocle, quoi-

que tu fois dans les enfers. l’accom-- plirai tout ce que j’ai promis; je t’ai

juré de traîner Heé’tor jufqu’en ces

lieux pour le livrer aux chiens dévoosans , 8c de faire mourir autour deson bûcher douze jeunes Troyensd’un rang illuflre, dans le courrait

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ÉIÊËîW

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’c un n r XXIII. 187dont m’enflarntne ta mon. Il dit ; 8c

traitant le noble Heâot avec la plusgrande barbarie , il le fait étendredevant le lit de Patrocle, le frontplongé dans la pouffiere.

Les Thefl’aliens dépofent .leurs

armes brillantes , détellent leursbruyaos courfiers , a: s’affemblenten foule devant la tente du petit-fils d’Æacus. Il leur donne avecfplendeur le repas funebre. Des trou-peaux de bœufs pefans tombentégorgés, pouffant de rauques 8!fourds gémifl’emens; des troupeaux

de chevres à: de brebis bêlantes fontimmolés; des porcs aux dents écla-

tantes. gras 8: fucculens, font éten-dus & fument devant les flammes d:Vulcain; le fang des viâimes tuli-felle à grands flots autour du corps

de Patrocle. iCependant, 8: non fans peine , lesrois GOnduifent vers Agamemnon le I

M a

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:88 ."L’t r. tant; sdivin fils.de Pélée, toujours défet-péré du trépas de l’on anti. Dès qu’ils

entrent dans la tente . le chef desGrecs ordonne à fes hérauts d’alluq-

mer le feu fous un grand trépied,danslefpoir d’engager Achille à la-

ver le fang 81 la pouffiete dont il dtonifié-t mais il, le refufe d’un tonGerme [8: (celle d’un fermefit fourefus. . J’en attelle Jupiter le plusélevé des dieux, il ne m’efl pas permis

d’approcher du bain avant d’avoir

mis Patrocle fur le bûcher, érigé (atombe. 8l confacré l’ofïrande de me

chevelure; car ,tant que je ferai par-mi les vivant, ie n’éprouverai pas

une feconde fois la douleur dont ieme (en: pénétré. Je prendrai partmaintenant au fefiin , quelque odieuxqu’il loir à ma triliell’e. Mais , Atride,

roi des guerriers , ordonne que desl’aurore on amene le bois de la forêt,113’011 dulie le bûchere 5s qu’on pré:

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ban-baQ-ïhv:

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5- 3* a: 5-- W "à

I car A131 XXIII. 189pre les honneurs qui doivent acocompagner mon ami au rénébreuzempire; qu’une grande flamme con-fume promptement ce héros; 8L queles troupes , n’ayant plus fous leur:yeux ce fpeflacle fnnelle , retournentaux travaux de la guerre.

Les chefslfe rendent à tous l’es dé-

firs. Le repas cran: prêt, chaîna lehâte de jouir de l’abondance , 8:;ayant réparé fes forces , vaIdans Il;tente chercher le repos. Achille , en--louré de (ce nombreux ThelTaüerrs;

le couche fur la terre purifiée parl’onde au bord du rivage que la me!recenrilïante vient battre de (es flots;6: il remplit l’air de profonds gémit-I

femens. Le fommeil qui diŒpe nospeines . s’emparant de lui, environanoir de fes douées vapeurs ce héroiaccabléude la farigue qu’il avoir ef-frayée en volant fur les pas d’Heâor-

amour d’Ilion: tout-arcoup lui appât

M s

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19° firman-z;roît l’ombre du malheureux Paroide; c’était lui-même , fes traits . (a

’ haute (talure . (es regards intérqufeus , fa voix touchante 8! (ce vête-

-mens. Perché fur la tête du guetsfier :

Tu dors , Achille, dit-il, 8: tupeux n’oublier 1 Vivant , i’éprouwî

en tendrelïe; mon . ie te vois infeu-fible à me; maux. Hâte-roi de m’en-fe’velir, pour que j’arrive aux enfers a

de pâles ombres , des focales . n’enécartent. a: ne me permettent poinsde traverfer le fleuve; i’erre en vain

luron: des portes immenfes de laderrière de Pluton. Donne-moi ilmain g mes pleurs Peu couiurent z il: nereviendrai plus du féiour des mon:quand on m’aura fait jouir de laflamine du bûcher. Nous ne goûtatous plus la douceur de nous com-muniquer ùos plus feeretes pen-fées . nais loin de nos «salignon.

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î a:

c a A a r X1111. aules plus chers; le soufre odieux quim’était deliiné dès na mimine;vient de m’engloutîr. Et toi , fils di-

vin de Pelée, un même fort te con:-damne à périr fous les murs 51men;

de Troye. Je te fais cependant cettepriere; qu’elle foi: un ordre (me :Achille. que nos cendres ne l’aientpoint fe’parées. Nous fûmes nourri;

enfanble dans le palais de tu pores;j’étais enfant lorique Ménœtîns m’y

çonduifit de la Loceide pour me dé-

rober aux fuites d’un meurtre invo-lontaire . commis le lieur flanelle ou,iouant aux des, ie frappai, dans moncourroux. le fils d’Amphidamu d’un

coup impudent. Le noble Pelée memut das ù demeure; il m’élevaavec les plus tatares foins, me non-nia ton écuyer. Ordonne dan: quepas ou (bien: réunis me la mêmetombe. dans cette urne d’or que en.

pneu: de tu: magnât mare- . . .M a

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la: 7 1’ I r. l’anis;

j ’ Achille prenant la parole:Efl-ciztoi, refpeâable ami , frere tendre ."qui m’impofes ces devoirs ? n’en’dotite point 3 docile à tes ordres , ie

remplirai tes vœux, Approche; que gnous lferrant au moins un moment’emre’nos un, nous’favourions la

trine-douceur de répandre des lar-

mes. l ’ i p ii Il lui tendoit les bras, mais il nepeut le faifir; l’ombre difparoît coma

"me une fumée, 5l rentre dans la terreavec des cris l’ourds à lamentables;

’tlchîlle effrayé fe’ réveille 8: fe leve;

lés mains qui fe frappent font reten-tir l’air, &il dit d’une voix doulou-

reufe : Dieux ! il efi donc vrai quenotre une , vaine image ’ du corpsqu’elle anima; nous furvit encore auféiour des enfers! Toute la nuit m’enapparue l’ombre plaintive à. défolée’

du .imalheureux Patrocle; penchéefur moi, elle maçonnais des foins

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ÂËf-IË

filé-fifi!

a nn:-

îüïï-

.

te tu x ’1’ XXIII. se;attendrilïans. îQu’elle étoit remuable

iluiqnèmel. .* : v;w Ces paroles réveillent dans tousles cœurs la trifiefi’e à le deuil 5’ 8:

l’Aurore . pacifiant avec les doigts de

rofe ,"les trouve encore verfant deslarmes autour du cadavre d’un héron

fi digne-de dents regrets. 7. CepenünrAgamemnonveutqu’unà

troupe. nombrenfe d’hommes .8: demulets forte des tentes , 8: le hâted’amener du bois de la. forêt me brave

guerrier le charge de les conduire,Méritm, écuyer du fage ldome’ne’e.

Les hommes partent précédés des mu-

lets, 8’: tenant en main des hachesttrana

chantes 8: de forts cordages. lls vousgratifiant . dechndant , remontant,a fuivant des chemins tortueux. Ar-rrivés au milieu de la forêt d’lda arro-

fée de fources , leurs mains armées

du large acier ahanent les chênesmajeflueux-, qui tombent. en fanfan:

M s

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:94 entrant-ygémît- profondément leurre. Ils ferai

dent les troncs 8: les attachent auxmulets, dont les pas deviennent ra-pides, empreile’s d’arriVer dans laplaine à travers l’épaiEeur des un.

tous. La troupe des bûcherons lesfuit ,. changée. des même: fardeaux.L’écuyer d’ldoménée l’avoir ordonné.

Il: dépotent ces bois fur le rivage,ou le fils de. Pelée avoit prefcri:d’élever une tombe pour Patrocle 8:

pour lui-même. -Après avoir entamé le bois dont laforêt vient d’être dépouillée, la troupe

attend de nouveaux ordres. AlorsAchille commande à les Théli’aliene

belliqueux de revêtir l’ait-ait: ê: d’ar-

teler leurs courtiers. Ils accourenerevêtus de leurs armes, à montent,écuyers à: chefs , fur les chars qui

ouvrent la marche ., 8: que fuit unenuée d’immenfes légions. Au milieu

d’eux cit le corps de Patrocle porté

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â hI*flt.Êla

c a. Al”! XX’LII. :9;pafçs compagnons, à cou-vert descheveux enraies qu’ils Ce coupentpour les lui confacrer. Le grandAchille paroit «d’une, l’amenant de

l’es mains la tête de l’on ami. Plongé

dans une l’assure trilleiïe, il cettedamait ce noble compagnon au son»,

beau. ’ , V - ,tArrivés au lieu qu’il leur a meque , ils dépofein le corps . &drefl’ent p

le bûcher pour firisfaire cette cuba:magnanime. Mors s’éleveune nous»

velle penfe’e dans l’efptir du héros;

il coupe la chevelure flottante d’unblond éclatant qu’il emmuroit pour

le fleuve Sperchius ; I6: attachant:l’œil fur l’empire de la mer :. Sper-

nhius , dit-il en foupirant, c’eü avvain que mon peu .Péléete promitque, li ie marnois dans l’heureuçféiour de me patrie , jett’orïrirois Dt

chevelure, que je ferois couler avecde (en; d’une 116W celui ad.

M a

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196 ’ 1’11. ranz:cinquante ballets , près de ta l’onrcê:

dans un champ qui t’eli eonl’acre’.

ou fume à ton honneur un autel.odorant. Tel fut le voeu du vieillard;mais tu n’as point exaucé l’es délits.

Puit’que ie ne dois iamais revoir in:me natale , je veux qu’un héros,que Patrocle emporte cette chevelure

aux enfers. lIl dit , et la dépofe entre les mainsde l’on tendre ami. Cet humage ré-

veille la douleur et le deuil de tousles affilians : 8: le l’oleil , en ternirnant l’a carriere, les eût lailïe’s dans

les pleursgrnais le fils de Pelée s’ap-

prochant d’Agamernnon : Prince ,dit-il , dont nous refpeâons la voix ,le fort ramenera. la raifort des plain»tes; ordonnerque les troupes s’éloi-gnent du bûcher, qu’elles aillent re-

nouveler leurs forces. Nous auronsfoin des funérailles, nous auxquels

N jument appartient ce devoir : ques

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I’EEËRLFR

c n a n r xxtn. 1’97-.les chefs feuls demeurent avec’nousrpour l’accomplir. A ces mots Aga4-ïmemnon donne l’ordre . et les troupes

fc difperfent dans leurs tentes.Alors ceux qui veillent au foin’

des funérailles entall’ent les chênes ,

drelin: un bûcher qui occupe en.longueur a en largeur cent pieds.(l’étendue. Le cœur ferré de trif-I

relie , ils placent Patrocle au; haut dubûcher. On immole 8: on dépouilleune grande multitude de brebis grali’es

a: de bœufs aux cornes redoutées. Lemagnanime Achille couvre de la graillede ces viâimes tout le cadavre , autourduquel il amoncelle leurs corps ; tenantde grands vafes, il verfe aux deux côtés

du lit funebre le miel à l’huile. Il yprécipite quatre courliers vigoureuxen. pouli’ant de longs gémilTemens.Des neuf dogues qu’il nourrill’oit de

(a table, il en égorge deux, à les livrenubûçher, il y livre douze rejetons.

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:93 1’ t r. 1 A nuide nobles Troyens qu’il a puces de(on fer dans fou courroux que riesne pouvoit arrêter. Enfin il porte aubûcher la flamme invincible pour ledévorer; 8c (airant retentir l’ait de les

cris douloureux , il appelle [enfiddllscompagnon : Reçois me: adieux, àPatrocle, 8c reflens quelque ioie dansle féiour même des ombres. l’ai rempli

mes promefiës; douze ieunes Troyend’un fang illuflre Vont être comme:avec toi par les flammes: je n’y livre

point ficeler, il [ara la punie desanimaux camafliers.

Telles furent les menaces. Cependant

les animaux mues -rdpe&oient lecorps de ce prince : la fille de Jupiter,Vénus , anençive ionr & nuit à les enécarter, I’oignit d’une huile tacite.

parfum de arolle 8: d’mbrcfie, pourqu’il ne reçût aucun -dommage quand

il feroit traîné par le char du héros ;

&npollon à: defcendre dudel iufqnç

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c a A111" XX’lII. neil!!! la plaine un nuage une qu’couvroit tout l’efpaoe occupé par le

cadavre, pour que fer membres nefiaient point «fléchés par les rayonsardeurs de l’afire du iour.

Cependant le bûcher de Patroclequ’enclaaîne le forbmeil de .1! moncardoit à s’embrnfer. Alors l’imive’reeu:

Achille s’écarte; il implore Dorée 8L le

Vent d’accident; il leur :promet desfamilias fomprueux, a leur faifantde grandes libatioms d’une coupe d’or.

il les coniure d’accourir pour allumer

promptement le bûcher a: confumer lecadavre. Iris entend cette priere, 8vole au féiour de: vents. Rafl’emblée’

en foule dans la demeure de celui ’qui (enfle du lieux où fe couche leloleil, ils [e livroient aux plaifirtd’un feflin : la déefl’e rapide s’arrête

fur le feuil de marbrent [on arrivéetous fe leveur, chacun l’invite à teplacer; mais prenant la parole: Il n’efi

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0

son Ettrmnz’p»pas temps de me repofer, dit-e116. iàvais à- l’exrrémité de l’océan chu les

habitans.’de l’Ethiopie qui facrifiene

des hécatombes aux immortels, a je,dois participer à ces fêtes. Mais toi ,Ratée, 81 toi dont le roufle tumultueuxpart de l’occident , Achille vous fupplie

de voler à fon (cœurs; il vous pramesde V nombreufes victimes fi vous cm-brafez fans délai le bûcher fur lequel!l’objet des gémifl’emens de tous les

Grecs ,t Patrocle, et! étendu. v’v En achevant ces mon, la déefl’e’

difparoît. Les vents fortent avec untumulte horrible , chaulent devant en:les nuages. arrivent fur la mer enfléetous leur haleine fonore. 8: touchantaux rives de Troye , fondent fur lebûcher; les flammes s’élevait jufqu’au

ciel avec un bruit éclatant. Duranttoute la nuit les vents agitent lesflammes de leur faufile impétueuxfin Achille, tenant une coupe Vprofonde .

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il

la

filïifl’îl.l!

e H A un XX’rI I. 2o:puife le vin dans une urne d’or, a:arrofe à longs flots la terre de libations,appelant à haute voix l’ombre du maliheureux Patrocle. Tel qu’un pere quife’dél’ole en confirmant les on d’un

fils prêt à former les nœuds de l’hy-

me’oe’e, a dont la mort plonge dans

le deuil les infortunés dont ilnenoit lanaiflance: tel Achille fe défoloit enconfirmant les os de (on ami; a: farainant autour du bûcher. (on cœurfans relâche exhaloit de profondsfaupirs, iufqu’à ce que, l’étoile du

matin panifiant fur la terre pourannoncer le iour, fuivie de l’aurorequi doroit l’océan de fes rayons , lesflammes commencerenr à s’amortir .I

8: enfin s’éteignirent. Les vents re-

volent alors dans leur demeure àtravers la mer de Thrace. qui, fu-tieufc. s’enfle en mugilïarit tous leurpafl’age. Et le héros , qui s’éloigne »

du bûcher , (e repofe , épaulé de

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son t.’ r r. r mon.fatigue 5 le doux fomeil vient fermerfapaupiere : mais bientôt réveillé parle tumulte des chefsqui s’afl’embloient

en foule autour du file d’Atrée. il

fe leve, 8; leur tientce dikours:Agamemnon , 8: vous , princes de

la Grece, achevons d’éteindre avec

la liqtleur du vin les flammes quiont répandu leur ardeur dévorante

dans tout le bûcher , a: [oyonsattentifs à remailli- les oc de Pn-uocle. Il cl! facile de les recon-naître; il étoit étendu au milieu du

bûcher; fur les bords ont été con.fumés les captifs confondais avec le!chevaux. Renfernons dans une urned’or ces une: précieux enveloppée

deux fait de la graille du vidâmes.a: qu’ils repofent dans cette mejufqu’à ce que je defœnde moi-mène

aux royaumes (ombres. Je ne veuxpoint -qu’on lui érige encore demagma au: tombeau,- contentonsgnoun

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n x.-"-

v-’-*

I-mÏ-m’m-

lc un n tr XXIII. se;

de l’enfévelir avec peu d’appareil.

Vous qui me furvivrez , vous pourrez.

Imt de couvrir ces mers de yennavires , élever un monument vafie&pompeux.

1.9 Grecs, dociles à la voix dufils de Pelée, éteignent avec la li-que: du vin les relies de la flammerépandue dans tout le bûcher; lescendres profondes s’alfaifi’ent. Le

village baigné de larmes , ils enve-loppent deux fois de la graille desviéiimes 8: recueillent dans l’urned’or les os blancs de ce compagnonplein de douceur; 8c dépurant l’urne

dans la tente d’thille , ils la cols-vrent d’un voile léger. Ils tracentenfaîte l’enceinte circulaire de lilombc: ils en jettent les fondementsamour- du bûcher fur lequel ilsamoncellent la terre. Dès qu’ils ontérigé cette tombe . ils fe retirent.

4343i: Achille retiennes troupes,

x

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go; fr.’ t r. 1 A131:6: les fait afl’eoir dans un’cirque in:

menfe. On apporte de ses tentes lesplus riches prix, des vafes 8c dessrépieds ; on amene des couchers ,des mulets , des bœufs au front vi-goureux, 8: de belles captives; onprodigue le fer luifant. D’abord ildefiine de nobles prix aux agilesconduâeurs des chars. Il veut quele vainqueur emmene une captivediflinguée par fa beauté G: par l’in-

dulirie defes mains , &reçoive encoreun! large trépied à double anfe : ildonneà celui qui le fuivra de plusprès une cavalle de il: ans , in-domptée, portant. un ieune muletdans l’on fein : le troifieme aura’une

belle cuve qui tient quatre mellites,8: dont la blancheur efi éclatante: lequatrieme deux talent d’or; ô: ledernier , un vafe profond n’a pastouché les flammes; v’ -, Il le levers: prenant laparoleg

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c n A tr r XXIII. 2o;Fils d’Atre’e, 8c vous, Grecs bellio

queux, dit-il , ces prix rangés dansle cirque attendent les chars. Si cettelice s’ouvrait en mémoire de quelque

autre guerrier , je retournerois dansma tente avec le premier prix. Vousl’avez combien mes courfiers l’em-

portent parleur valeur fur tous ceuxde l’armée; ils [ont immortels , ô:

Neptune en fit don à mon pere’Péle’e qui me permit de les atteler à

mon char. Mais ni moi ni mes in.vincibles courfiers nous ne partici-perons point à ces jeux : ils ont perduun écuyer dont la vaillance égaloit

la douceur , qui fouvent vetfoit furleur criniere des flots d’h uile luifanteaprès l’avoir purifiée avec l’eau lim-

pide : ils le regrettent; 8: , debout .la tête penchée. la criniere répandue

fur le fable , ils font immobiles 81pénétrés d’une morne triliefl’e. Vous.

courez dans cette cartier: . vous tous,

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206 x.’ 1 I. 1 A a l;dans l’armée , qui ères remplis de

confiance en vos soudiers 8: envoochars,

Ainfi parla le fils de Pelée. Aura.- tôt d’agiles écuyers fe leveur. Le preç

miel- et! le roi Èumele , fils chérid’Admere . 81- fameux dans l’art de

diriger les rênes. Après lui paroit levaillant Diomede; il a conduit (ou:le frein les chevaux de Tros qu’ilravit au fils d’Anchife, dérobé à la.

mon par Apollon. Le bland Ménélus’avance enfuira , noble chef , quiune deux courfiers impétueux ,

’Ærhé . iumen: d’Agamernnon . 8:

Podarge, fou propre courfier. Éché-polus donna cette jument au roi pours’exempter de le fuivre à Troye. &pour vivre rranquillement au fein desdélices ; comblé de richefles puJupiter, il habitoit les fuperbes mursde Sîcyone : du! cette jument at-fiente à la courre que Ménélas vient

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:wïw

Utah--

c n A un XXIII. 207d’armer à fon char. Ann’loque , fils

illuflre du magnanime Nefior , cil lequatfieme chef qui a préparé pources jeux des courtiers remarquablespar leur beauté; nés dans Pylos, leururdeur n’était pas encore entière-ment glacée. Son pere , appuyé fur

le char , lui fait de (ages exhorta-tions , quoiqu’il connoifl’e la pru-

dence de (on fils : -Antiloque -, Jupiter 8: Neptune

t’ont chéri dès tu jeunes ans , 8:t’ont formé à conduire favamment

un char; il en fuperflu de t’admire:beaucoup de leçons. On t’a vu plusd’une fois voler avec dextérité autour

de la borne; mais tes chevaux appenfanés ne foutiennent plus une longuecourre. a: c’efi ce qui me reinplit decrainte ; tes rivaux , fans avoir plusd’habileté , gouvernent des courfierà

plus agiles. Mais . mon fils , fi tune veux pas que le prix m’échappe;

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ne: l-L’t 1.1 aux,aie recours à toute ton airelle. L’an

efiiplus utile au charpentier que laforce; c’en par le fecours de l’artqu’un pilote dirige fur la fombre me:

un léger vailïeau battu des vents :l’art peut de même ici fuppléer à la

vitelïe. Celui qui fe repofe trop fur[la bonté de les chevaux court enim-prudent dans la vafie -carriere , s’aban-

donne à leurs écarts plutôt que de lescontenir: mais celui qui écoute l’expé-

rience , conduisit-il de moindres cour-tiers , l’œil toujours fixé fur la borne.

habile à la côtoyer, faifit l’infiant où

il faut retenir les rênes , 6l, mitrede tous l’es mouvemens , obfetve lerival dont il et! précédé. Je vais tu

décrire la borne ; il dl facile de la.dimnguer , tu la reconnaîtras. De cecôté s’éleve de terre. à la hauteur

d’une coudée , le tronc aride d’un

dtêne ou-d’un hêtre qui a raillé au

temps, que rondement dans un che-un:

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rgnwawoàlfioâaunçv:

ne?»

c a A tr r xxtit. au;min étroit deux pierres éclatantes , aqu’entoure un terrain uni; e’d’t une

tombe antique , ou quelque bornev d’un âge reculé , 5: e’el’t aujourd’hui

celle qu’Achille marque à votre courre;

Fais les efforts pour t’en approcher’;

quand tu y feras parvenu 3 incline.toi légèrement vers la gauche; à: ,animant du fouet ô: d’une voix me-naçante le courtier qui dl à ta droite 5

lâche-lui les rênes -, et dirige l’autre

fi près de la borne, que le moyeude la rapide roue femble la tarer tmais garde-toi de heurter contre lapierre, de peut de blefl’er tes chevaux

ou de brifer ton char; tu combleroisses rivaux de joie , 6: tu ferois couver:d’ignominie. Mon fils, fois prudent ,8 tu éviteras cespérils. Si tu franchisheureufement la borne, nul; malgré

1h pourfuite ardente a ne pourra tedevancer ni t’atteindre, quand l’agile

Arion. ee coutilier d’Adrafle a de

Mari. Tom. 71." Nq

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ne L’ILIADI,race immortelle, ou ceux de Laomé-don. l’honneur de cette rive, vole.roient fur la trace de ton char. Aprèsavoir donné toutes ces leçons a (onfils, le vieillard fa retire 8; reprend[a place. Mérion eft le dernier qui,pour cette courre , a préparé deschevaux brillans par leur criniere.

Ils montent fur leurs chars . jettent;leurs lots dans un ca(que: Achilleles agiter, 8: celui d’AntiIOque fort

le premier; Eumele a la fecondeplace; après lui en: nommé l’illuflre

Ménélas ; le fort appelle enfaîteMérion , Diomede, le plus vaillantde tous , eli le dernier. lls prennentleurs rangs : Achille leur montre deloin la borne dans un efpace uni; ily envoie le Vénérable Phoenix ,écuyer de [on pere , pour obferverla court’e d’un œil attentif, a lui en

faire un rapport ridelle.Les rivaux en mène temps éleg

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il

«si A!

KWÏWïifll-fl’.

c n A N T XXlll. auvent leur fouet , 5: agitant les rênes ,

animent de leurs cris les ardcnscourfiers qui foudain le [ont préci-pités dans la lice loin des navires. Lapoulliere s’arrête dans les airs , exci-

tée par leurs pas , comme un nuageou un tourbillon ; leurs longues cri-nieres flottent abandonnées aux vents.

Tantôt les chars tarent la plaineunie; tantôt ils s’élancent a bonds

périlleux, fans que leurs conduficurschancellent : tranfportt’s du défit de

la viftoirc . le cœur de chacund’eux pilpite; chacun exhorte , en-

courage fes courtiers volant à tra-vcrs l’épaule poufiiere. Mais lorf-

qu’approch;mt du terme de leurcourre , ils rezourncnt vers la riveblanche , ils fignalent’ à l’envi leur

ardeur par les plus grands efforts,8: les chevaux redoublent leur vol.précipité. L’argile Eumele devance [es

rivaux. Diomcde le fait de près avecN a

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au L’ILIADI,fes courliers troyens remplis d’unemâle vigueur; a: l’on eût dit qu’à

chaque inflant ils alloient monter furle char d’Eumele dont ils mouil-loient les épaules de leur brûlantehaleine, y pelant leurs têtes dansleur elïor impétueux. Diomede eûtvaincu; ou la victoire eût relié in-décife, fi Apollon irrité ne xlui eutfait tomber des mains le fouet éCld.tant. Des larmes d’indignation rem-plillcnt les yeux du guerrierà l’afpe&

du char de [on rival qui s’éloignaitd’un vol touiours plus rapide . tandisque (es chevaux, fans aiguillon, f:ralentilloient par ce malheur, ou-vrage d’une divinité. Mais la tuf:d’Apollon ne put échapper aux regards

de Minerve, qui, f: précipitant versDiomede , lui remit le fouet entreles mains. 8: rendit aux courfietsleur premier: ardeur. En même

r temps, (au: de ceux-roux. la décile

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kPa-vif

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k1 tu se 1’. î;

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Î. ü Il K

Xi.» tu

Erik

c n A r: r XXIII. 213vole au fils d’Admete , fracafïe leioug de l’es iumens; elles courenthors de la route; le timon le brife à:tombe ; lui-même roule du char de-vant les roues, fe blefl’e le bras, fe

meurtrit le virage; fes yeux [ontinondés de pleurs . à la douleur fer-me le pallage à fa voix. CependantDiomede , pouffant l’es courtiers vi.goureux , le devance , 8L vole loin detous (es rivaux; Minerve enflammeces courfiers, ô: veut couronner cechef de gloire; Ménélas le fuit avecl’on char. Antiloque alors animantles chevaux de (on pere:

Courez . dit-il . prenez le plus ra-pide effet. le n’exige point que vousprécédiez le char du vaillant fils de

Tydée; Minerve en ce moment lefait voler dans la carriere, a der.tine à ce héros le premier prix : maisatteignez aufli - tôt le char de Méne’a

las; ou la gloire d’Æthe’ , qui (et!

N s

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214 r.’ 1 r; 1 A n z,qu’une jument, fera votre opprobre.A

Quelle et! cette langueur , ô vousdont l’ardeur efl fi renommée ? Jele iurc , & vons l’épreuvcrez , fi ,

par votre indolence , nous ne rece-vons que le prix le plus vil , fichezqu’à la place du traitement fi five»-

rable que vous fait Ncflor, il vousimmolera de fa. lance. Pourfuivezdonc Méne’las, faites les derniersefforts , franchîiïez heureufemenr la

carriere ; je veux , par le (cœurs dela rufe , le précéder dans a: cheminétroit, à: je me flatte d’y réuflîr. Il

dit; les courtiers , craignant la voixmenaçante de leur maître , redoublent

(rameur.Bientôt ce chemin étroit frappe

l’œil d’Amiloque. Les torrents del’hiver, raHemblés en ce lieu, avoient

profondément creufé la terre dansun long efpace; c’efl le chemin quefuivoir Ménélas, évitant la rencon:

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flwnn-Ir’l»îl

c a A tr r XXlII. a;ne des chars. Le fils de Nellor prendla même route. fe détourne enfuitc,

6: , parfilant avec ardeur fez cour-fiers . prefle (on rival effrayé quis’écrie z Antiloque., ton entreprit:et! des plus::te’méraires zoarrête , lechemin efi étroit; il va s’élargir , là

il te fera permis de me devancer;crains de heurter mon char , de nousperdre tous deux.

Antiloque . comme s’il n’enten-

doit point ces cris . aiguillonne fescourfiers , praire Ménélas avec plusd’ardeur encore; 8l , franchilïantd’un eflÎor l’efpace que parcourt

un difque lancé de la hauteur del’épaulerpar un ieune homme qui

veut montrer toute fa vigueur , il ledevance avec rapidité g car les ju-mens du roi de ,Sparte s’arrêtent ,8c lui-même les retient, craignantqu’ils ne blefient leurs courfiersdans cette route. ô: que, renverfatu

N 4

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ne x.’ r r. 1 A D a;leurs chars , ils ne tombent en (a «un,putant la viétoire avec tant de fut.reur; Cependant il s’emporte à hauts

noix contre fun rival : Antiloque . snon , il n’efl: point (le-mortel plusperfide que toi . a: c’cfirà tort quenous vantions ta fagefl’e; mais. mal.

r gré ta fraude , tu ne raviras le prixque par un parjure. Puis excitant t’esCourtiers : Gardez-vous , s’écrie-:41 ,

de reflet Mobiles à: confier-nés ales chevaux d’Antiloquegqui n’ont

plus la jumelle en partage, éprouyveront , plutôt que vous , humble.ment de la fatigue. Il parle; ils ref-peâent fa voix . 81 frappant la terred’un pas rapide , atteignent en unmoment le fils q; Neflot.r Les Grecs . placés autour de la lice;

contemploient dlun œil attentif levol des courtiers qu’annonçoit unnuage de pouillere. ldoméne’e les apr

perçoit le premier. Anis , hors du

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:.’l..w-1-’I I u-Ih

Un;

c a A il T XXlll. 1.17cirque, fur une éminence , il entendde loin la voix menaçante qu’adrelleà l’es courfiers le chef qui s’avance;

il la reconnaît. 8: dillingue le plusremarquable de (es chevaux, dontle poil étoit d’un rouge foncé, ô:

dont le front étoit marqué d’une

tache blanchâtre femblable à la lunequand elle; cil dans toute fa ron-deur. O mes amis, chefs des Grecs,s’écrie-vil en (e levant . me trompé-

je P ou les mêmes objets s’ofirent-

ils à vos regards P Je crois ne plusvoir les courtiers 8: le conduâeurqui couroient les premiers dans lacarriete. Vainqueur iulqu’à ce mo-ment . il a fans doute éprouvé quel-

que revers; je l’ai vu , j’en fuiscanin, tourner autour de la borne;a ne puis à préfent le découvrir .de quelque côté que t’e portent mes

eux dans cette plaine ouverte. Ouce chef a Initie échapper les rênes,

, N 5

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218 L’ILrAnzgou il n’a pu contenir res iumens entarant la borne. ; peut- être efl-iltombé de for: char brifé , 81 (es che-

vauxiont-ils été emportés par leur

fougue indomptable. Levez-vous,portez vous-mêmes vos regards dansla lice : j’ai peine à difiinguer celuiqui s’approche; mais je crois apper-cevoir ce chef érolien. qui rient pan

mi nous un rang amure, le fils deTydée jadis habile à conduire unchar, le brave Dîomede.

O roi de Craie, répond avec du-reté Ajax né d’O’ilée , 8l qui détiroit

quiEumele remportât la viâoire ,pourquoi proférer de fi vaincs pa.roles? ce font les mêmes jumens quilevcnr un pied agile ô: courent ànous dans cette vafla plaine. Tun’es point le plus 3eme des Grecs,ta vue a pu s’aflïiblir; ce;endant-tu ne cefles de le livrer à d’înutiles

conjefiures , fans fouger qu’il le con.

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d’àï’mh

.3 v.

355K?

u

c a A n r XXIII. :19vient peu de (égarer en ces frivoles

difcours , 8l que nous avons desinges qui méritent plus de créance.

Je te fouticns que les chevauxd’Eumele [ont toujours les premiersdans la carriere , que c’efl lui quis’avance tenant enc0re en main le:rênes.

Idoménée repartit avec colere :

Ajax, habile à contefler 8L à feulerl’infulte . mais inférieur dans tout le

telle aux Grecs , toi dont l’audacenia plus de bornes , dépofons un tré-

pied ou une cuve , 8L qu’Agamem-non , nommé pour notre arbitre,jugequels font ces courfiers; tu l’apprencdras à ta perte.

L’agile fils d’Oilée fe levoit fou-

dain pour lui répondre avec chaleur ,à: leur contefiation eût été plus vive

encore , fi Achille même n’eût prisla parole z Ajax, 8: toi , Idoménée,dit-il , termina ces débats trop indi.

N 6 i

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ne L’ 1 L I A n a ,gnes de vous . 8: que vous ne pardonnéneriez pointai d’autres chefs. Soyezpaifibles fpeâateurs de ces rivaux -,telle en leur. courfe ardente , qu’ilsarriveront en un moment: alors cha-cun de nous leur alïignera fans peinele rang où il faut les placer.

Il parloir encore, que le fils deTy-déc s’olïre à leurs regards. Son fouet

tombe à coups redoublés fur lescourtiers bondilîans qui [enfilentvoler dans leur coude rapide, cou-.vrant leur conduéleur de flots depoulfiere; le char , brillant d’or 8:de l’étain le plus fin , roule avecun: de légèreté , qu’il ne laifl’e au... -

cune trace dans la poudre menue ;.ils franchifi’ent la carriere avec im-pétuofite’. Arrivés au bout du cirque!

ils s’arrêtent, a: des torrens de ruent

coulent de leur tête 8: de leur poi-trail fur le (able. Diornede faute dudu! brillant. ü incline. le (ou: cette

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I’RWI

.Δ-I

c n A n 11(an 22:ne le joug. Le brave Sthénélus n’efi

pas indolent à s’emparer du prix,a: , ordonnant à fes fiers compa-gnons d’emmener la belle captive à:d’emporter le trépied à double anfe,

il dételle les courtiers. Antiloque el’o

le recoud, il a-devancé Méne’las par

la rufe. Et cependant celui-ci le faitd’aufli près 8: avec autant de rapi-dité que la roue fait l’agile courfierqui traîne le char d’un héros , bat les

jantes de l’extrémité de fa queue;

réparée par le plus court efpace, elleroule fur l’es pas , tandis que fa courreembrafl’e la vafie plaine : tel efl l’ef-

pace qui fépare Méne’las de [on ri-

val. Quoiqu’il foi! d’abord relié en

arrisre tout le je: d’un difque . ill’a bientôt atteint : la jument d’Aga.

nemnon . Ætlu’: , à l’éclatante cri-

nîere , avoit redoublé fa noble ardeur;

8c fi le cirque avoit été plus long .1il :0: devancé fou adverfaire. Loin

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au l.’ t L I A n a .derriere lui, à la portée d’un iaveilot , venoit Mérion . écuyer vaillantd’ldome’née; l’es chevaux , remar-

quables par leur beauté , étoient pe-fans , 8: lui-même étoit inhabile àdifputer le prix en tenant les rênes.Enfin arrive le fils d’Admete , ani-mant les chevaux qui traînoient len-

tement fon char.A cet afpeé’t , Achille touché du

malheur d’Eumele : Le plus adroit8L les courfiers les plus vigoureux,ditcil en fa tenant debout au milieude l’alïemblée . occupent donc la

’ derniere place! Donnons-lui le (e-cond prix, la iuflice Pot-donne , 8:laiffons le premier au fils de Tydée.Tous les Grecs applaudilïent à for!arrêt; 5! . autorifé par leurs acclama-tions , il alloit livrer la jument à cechef -, mais le rejeton du magnanimeNefior , Antiloque , faifant valoir fesdroits: 0 fils de Pelée , dit-i1 , je te

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HËÏ’A

agr

sans» 3’

( tc n A N r XXIII. 123le déclare; fi tu exécutes ce def-fein , tu feras l’objet de tout monreficntiment. Tu prétends me dé-pouiller de mon prix pour réparer lemalheur arrivé aux rapides courfiersd’Eumele dont l’habileté efi recon-

nue; mais que n’a-nil imploré lesdieux? il n’eût point été le dernier.

si le fort de ce chef (attendrit, fi tuveux le confoler de [on infortune ,tu as dans tes tentes aficz d’or a:d’airain, tu pofl’ecles des troupeaux,

[des captives 8K de nobles courfiers;fais-lui part de ces richcfies , 8( qu’ilreçoive hors de la lice , ou même ici,

un don plus précieux que le mien,les Grecs loueront ton coeur géné-reux : mais je ne céderai point monprix. Si quelqu’un veut me l’enlever,’qtt’il parc-me, ô: me le difpute les

armes à la main.Achille fourit, charmé du feu d’An-

riloque fou compagnon chéri. Fils

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au s’intitule,de Neflor, répond -il Q puil’qua tu

exiges que je choififl’e un autre don

pour Eumele , tu feras fatisfait. Jelui donne la cuirafl’e que je ravisau vaillant Aliérope’e; elle efi d’ai-

rain 8: bordée de l’étain le plus brilo

lant : don qui fera d’un prix inem-niable à l’es yeux. ll dit . à: chargeAutomédon l’on ami de l’apporter

hors de la tente. Ce guerrier part.revient avec cette cuirafle; Achillela remet aux mains d’Eumele, quireçoit cette diflinélion avec des nant.

ports de joie.Alorvae’nélas (e leve le cœur

plein d’amertume , 8: enflammé de

oolere contre le fils de Neflor. Unde l’es hérauts lui me: le feeprre en

main , fait régner le filence dansl’alïemblée; à: le chef .1 femblable à

l’un des immortels . parle en cesmots:Antiloque, toi dont jufqu’icîl’an admiroit la prudence , qu’as-tu

-.K-

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Il

HZL«B

u

uEflflâfiW«8-.

V3!

c a A n 1- XXIII. :21;fait? ru as terni, ma gloire . St cen’efl qu’en blefiÎant mes chevaux,

que les tiens, qui leur (ont infé-rieurs, m’ont devancé. Vous tous;

"chef: de la Grue. [oyez nos iuges,fans vous lamer éblouir par la fa-veur; carie rougirois que icmaiçquelqu’un «feutre les braves Grecspût dire: Méaélas , reconnut au mens

fange pour opprimer Antiloque ,emmena hors du cirque la jument;prix de la courre, quoique l’es che-vaux ne pulïent difputer de vigueuravec ceux de ce rival qu’il efface par

la force 8: fa vaillance. Mais quoi lje puis juger moi-même ce débat; 8:une fera mon équité, qu’aucun des

Grecs ne blâmerama fenrence. Ami-loque . éleve de Jupiter. approchede (on char, prends le foncé mobileque ra main vient d’agirer, toucheces courtiers, a: jure, par Neptunequi ceint la terre de [es eaux .

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225 L’iILIADE:que tu n’as pas employé la rufe pour

me vaincre.Aie pour moi quelque indulgence,

répondit le (age Antiloque : je fuisbien plus jeune que roi, grand Mé-nélas; tu m’es fupérieur par ton âge

comme par tes qualités illufires. Tufais combien la jeuncfie efl prompteà s’égarer; l’on efprit ef’: bouillant,

fa prudence lente 8c foible. Que toncœur magnanime me foi: doue favo-rable. Je te cede la iument que i’aî

reçue; 8: (luffas-tu me demander unfacrifice plus précieux encore , ie ted’accorder-ois fans balancer , princeque je révere, plutôt que de perdreà jamais ta bienveillance . 8: de merendre parjure envers les dieux.

En difant ces mots, le fils du gé-néreux Nefior conduit la jument prèsde Ménèlas , 8: la lui préfeute. Telleque la fraîche rofe’e qui viemréiouir

les épis croilïans , lorfque les cane

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c u A n 1- XXIH. 227pagnes en (ont hériffées ; telle en,ô Ménélas, la joie qui difiille dans

ton cœur: Antiloque , dit-il, c’efimoi qui te cede la jument malgrémon dépit, puifque tu n’étois aupa-

ravant ni léger ni téméraire , à! que

la jeunelïe feule a triomphé de taprudence. Il eût mieux valu ne pointemployer l’artifice contre ceux quiméritoient la viîtoire : à: fache (pfut!

autre ne fût pas fi aifémcnt parvenuà m’appaifer; mais toi, ainfi que tonpere vénérable, ô: ton frere , vousavez en ma faveur foutenu trop detravaux 8L de combats pour que je nefacrifie pas mon refleuriment à tesprieres. Reçois de ma main le prixqui devoit me tomber en partage ,iafin que l’on connoifie ici que monaine n’et’t point fuperbe ni impla-

cable.Aufli-tôt , content d’obtenir la cuve

brillante, il donne la jument à N061

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I

228 I.’ I r. t A n a .mon . compagnon d’Antiloque, pourqu’il ’l’emrnene. Mérion reçoit les

deux talens dior. Il relioit encorepour einquieme prix une coupe pro-fonde. Achille la prend . traverfe lecirque; a: s’approchant de Neûor aAccepte cette coupe, dit-il, véné-rable vieillard , 8c garde-la en mé-moire des funérailles de Patrocle :hélas ! tes yeux ne le reverront plus au

milieu de nous. Je te donne cettecaupe en témoignage d’amitié . 8c

fans que tu entres dans la lice;car, affamé enfin par le poids desans . tu ne (armeras plus du cette .8; ne difputeras plus le prix ni dela lutte. ni du javelot , ni de lacourre.

Il dit, 8c met- la cQupe entre le:mains du vieillard , qui la reçoit aveqjoie. Mon fils, répond-il. rien n’eft

plus vrai que ton difcours : je mevçis privé, cher ami, des forces de

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k.

i:

pl

c u A N 1- )(Xlll. 2’29me jeunefie; mes, pieds refufent decourir. 8: mes bras ne fe meuventplus avec leur impétueufe agilité. Que

ne puis-je,rajeuuir! 81 que n’ai-je lavigueur que jadis je fis paraître àBuprafe quand les Epéens enlèvement

leur roi Amarince’e, 8: que t’es fils

confacretent des jeux à (on honneur!Là .foit parmi les Epéens , fait même

parmi les héros de Pylos 8: del’Etolie, je tfavois point de rivalqui pût m’égaler. Armé du celle , j’y

triomphai de Clytomede fils d’Enops;à la lutte , Ance’e fut terralïé ; jedevançai à la courre l’agile Iphiclus;

(si, lançant le javelot, je remportaile prix fur Phylée 8c Polydore;vaincu feulement à la courfe des charspar les fils d’Aâor qui ne durent

’ leur avantage qu’au nombre , m’en-

viant une victoire que les plus noble!prix devoient couronner. Jumeauxinféparables , l’un tenoit confiam-l

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23° L’ I r. t A n a .ment les rênes; il les tenoit conf.tamment, 8: l’autre , le fouet enmain . animoit les courfiers. Gel!ainfi qu’autrefois je me fignalois:aujourd’hui que de plus jeunes femontrent à leur tour dans la carriere gje cede à la trille vieillelïe , 8K letemps où je paroifibis avec éclatparmi les héros n’efi plus; Acheve ,

Achille, de confacrer à ton ami desjeux funebres. Je reçois avec recou-noilïance la diflinélion que tu m’ac-

cordes , à: mon cœur efl charmé que

tu te fouviennes toujours du bonNcfior , 8c que tu me rendes leshonneurs que j’ai droit d’attendre de

la par: des Grecs. PuitTent les dieux ,pour t’en récompenfet , te comblerde leurs faveurs les plus précieufes!

Achille , aprèsl avoir écouté les

lonanges que fe donnoit Neiior, feretire a travers la foule immenfe desGrecs. Il propofe enflure des prix

x

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c si A N r XXIII. 231pour le terrible combat du celle. Ohattache dans le cirque une mule jeune .infatigable, quin’a pas encore mordu

le frein , 8c qui, pour y être fou-mife. demande la main la plus ha-bile : on apporte une coupe rondepour le vaincu. Achille debout :Atrides, dit-il , 8c vous , Grecs gé-néreux, parmi ceux qui, levant lebras armé du celle , fe portent descoups redoutables , que’deux desplus intrépides fe préfentent. Celuiqu’Apollon fera tflomplîer, 8c que les

Grecs jugeront viâorteux , emme-nera vers fa tente la mule infatiugable, tandis que le vaincu empor-tera la coupe.

Aum-tôt fe leve un homme aufiiremarquable par la hauteur de fataille que par fa vigueur, le fils dePanope, le formidable Épée , fameux

dans ces combats. Il failit hardimentla forte mule: Que cluelqu’un vienne,

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sa; t’tntanz.dit-il, pour emporter la coupe: a!je ne penfe pas qu’aucun des Grecsait la gloire de me vaincre, &d’obbtenir le premier prix dans un combatoù je ne cannois point de rival;N’eli-ce point allez que je fois infé-

rieur à ceux qui s’illullrent dans les

champs de la guerre .3 ll cl! interdisà l’homme d’exercer tous les arts

avec. une égale fupériorité. Si doncquelqu’un le déclare mon adverl’aire ,

qu’il le (ache, à les effets répondront

à cette menace; je froilferai fonpcorps

a: lui briferai les os; que la trouperaffemblée de les amis ne s’écarte pas,

afin de l’emporter hors de la liceaccablé de mes coups.

A ces mots . toute l’afl’emblée 5

faille de furprile , demeure muettesi immobile. Le feu! Euryale , pleind’intrépidité . fils de Mécil’te’e né du

roiTalaïon, le leve. a ol’e affronterce péril. Jadis Médfie’e le tendit à

Thebu

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’in ut

Ëdî-

c a A x r XXHI. :33Thebes pour affilier aux jeux quicélébroient les funérailles d’Œdipe . ô:

il y vainquit tous fes rivaux. Dio-mede lui-même prépare Euryale àce combat -, il l’encourage , ü . for-mant des vœux en fa faveur. il l’err-

toute de la ceinture . a lui attacheles gantelets,cuir ouvragé d’un bœuf

fauvage.Bientôt les deux athletes armés,

s’avançant au milieu du cirque ,leveur à la fois leurs bras robuflcs,&le précipitant l’un fur l’autre , con-

fondent leurs celles pefans; fousleurs coups terribles on entend re-tentir les os de leurs mâchoire:ébranlées ; des torrens de fueurcoulent de leurs membres. SoudainÉpée, pareil à’une divinité, tombe

fur fou advcrfaire avec furie; errantautour de la tête d’Euryale qui dé-

tournoit çà a là le virage , 8: ne pou-yoit réfifler à cette attaque ,- il 31

Mati. Tant. FI. 0

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234 fi 1 r. 1 A n a;frappe de (es bras réunis, ô: le tero"

ralTe malgre fa fiere Rature. Tel.qu’un énorme habitant de la merque le premier fouille de l’horribleButée jette fur les rofeaux du ri-vage , à: que des vagues ténébreufes

couvrent auIfi-tôt, Euryale, frappéde ce coup , s’élance 8c s’abat dans

la ,poufliere. Mais au même infiantle magnanime Épée lui tend la main

8: le releve. Les amis d’Euryale ac-courent, l’environnent 8L l’emme-

nent hors du cirque , traînant tespieds fur le fable , rejetant à grosbouillons le fang de fa bouche, &por«tant languifihmment fa têt: de l’uneà l’autre épaule; ils le conduifent àl’écart, 8c le placent au milieu d’eux .

où il demeure fans mouvement :d’autres vont recevoir la coupe ar-rondie.

Mais le fils de Pélée expofe aum-

tôt aux regards des Grecs de non:

a. f-

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c u A N r XXIII. ,23;veaux prix defiinc’s à ceux qui vonts’exercer au pénible combat de lalutte. Le vainqueur polïédera ungrand 8: riche trépied fait pour l’or-

nement , ô: que l’affemble’e eflime

douze taureaux : le vaincu emmurerahors du cirque une captive dont lesmains font indufirieufes z quatre tau-reaux confiituent fa valeur.

Paroiflez , dit Achille , vous quivoulez tenter le fort de ce combat.A peine a-t-il parlé , que le leventle fils de Télamon, le grand Aiax,a l’adroit Ulyfïe. Revêtus de leurs

ceintures , ils fe rendent au milieudu cirque ;& là leurs bras nerveux feferrent à: s’entrelacent , ainfi que joi-

gnent étroitement leurs fronts deuxfortes poutres defiine’cs par un (avant

architeâe à foutenir contre l’impul-

fion des vents le faire d’un palais.Au choc hardi 8: violent de leursmains roburites on entend retentir

9 a

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":36 ÜII’LIADE;avec fracas les os des deux athleœstla fileur coule de tout leur corps ; 8: ,

. tous l’impreflion de leurs doigts . s’é-

levent fubitement fur leurs flancs a:l fur leurs épaules des tumeurs enfan-

glantées. A chaque infiant redou-blent leurs efl’orts, 81 l’ardeur avec

laquelle ils défirent la viâoire a letrépied fuperbe. Ulyfie ne peut ter-ralïer Max; Ain ne peut triompherd’Ulyll’e. Les Grecs commençoient

à fe lafl’er de ce combat . quandAiax s’adrelïant à fon adverfaite :

Noble 8: adroit fils de Laërre,dit-il .fouleve-moi , ou que ce fait moi quise fouleve. & abandonnons à Jupi.ter le foin de la viûoire. En meuletemps il lienleve facilement de me amais Ulyfie , n’oubliant pas la rufe ,

le frappe du pied entre les jarrets,le renveri’e , a: tombe fur le feintd’Aiax:l’e’tonnement fe montre dans

les yeux de l’afl’emblée. L’intrépidl

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.E-afltGAllemr&lfl-I:-- 3.-"

32’:

c n A a r zXXlII. 137Ulylïe veut à l’on tour l’enlever le

fils de Télamon; mais il ne peuttriompher de la pefanteut de (onrival . 8: ne parvient qu’à l’ébrano

1er; par une .feeoufi’e il l’oblige àplier les genoux. & il ef’t entraîné

dans la chute d’Ajax : étendus l’unà côté de l’autre . ils font L" pour la fe-

conde fois fouillés de pouffiete. Ilsf: relevoient avec précipitation .pour recommencer leur lutte, lorl’equ’Acbille les retenant:l’rint;esl cei’ç

fez de vous obftiner à ce combat 8;d’y confumer vos forces. Tous deuxvainqueurs , recevez des prix égaux,à laifl’ez aux autres Grecs le temps

de fe diûinguer dans la lice. Ils (arendent àcet arrêt; a: efl’uyant lapouflîere dont il; (ont couvertsg ilsreprennent leurs vêtement,»

Achille pupe la carriere à lacourte . ë; le premier prix dt une urned’argent dont le large fein tenoit fis

0 3

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338 L’ILIADI;mefures. Il n’en point d’urne aullî

belle fur la terre; les ingénieux Sido-niens avoient confacré leur induflrieà la former. Des habitans de la Phénnicie l’ayant portée à travers la téné-

breufe mer en divers ports, ils enavoient fait préfent à Thoas; Entrée

la remit aux mains du vaillant Patroclepour obtenir la liberté de Lycaon,fils de Priam; ô: Achille veut quecette urne, honorant les funéraillesde (on ami , couronne celui qui fran-chira le plus rapidement la carriere.Le fécond prix ef’t un taureau fu-perbe; le dernier un demi4a1ent d’or.

Paroiflez dans la lice . dit le héros ,vous qui voulez y difputer une illuflregloire.

A ces mots fe levent le léger Aiaxfils d’Oïlée, le fage Ulyfi’e, à: le fils de

Neflor , Antiloque , dillingué entreceux de f on âge par l’agilité de (es pas.

ils prennent leurs rangs; des qu’Achille

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wki’ue

G

Ü’ClAI-R

’c H A a r XXIII. 23”leur a montré la borne, ils partent,embtalfent la valle lice dans 1Lurcourl’e , à! déjà le fils d’Oilée s’élance

loin de les rivaux. Ulylïe le joint à: lemit d’aulfi près que la navette ell dufein de l’adroite ouvriere , qui , la fai-fant voler d’une main à l’autre , en dé.

roule le fil pour l’unir à la trame ; lanavette touche fou fein .- ainfi Ulyfl’e

court derriere ce chef; les pieds tom-bent dans la trace des pas d’Aiax avant

que la poulliere s’en éleve;il embrafe

de l’on foufile véhément la tête de (on

adverlaire, précipitant toujours l’on

vol : tous les Grecs l’ouhaitent quela viâoire le ceuronne, 81 leurs ex-hortations 8: leurs cris raniment aumilieu de l’es ardens efforts. Lesdeux rivaux n’avoient plus qu’uncom! elpace à franchir , lorlqu’Ulylle

implore au fond du cœur le le-cours de Pallas: Grande (icelle,daigne féconder ma courle. A peine

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240 L’ r t. r A n r: aa -t-il formé ces vœux , que Pal;las lui communique une nouvelleagilité; les pieds 8l les mains fontcomme des ailes lègues. Ulyfl’e 8le fils d’Oilée touchoient au lien

ou les attendoit le prix , lorf-qu’Aiax, dont Pallas a décidé la chute a,

glil’l’e 8: tombe fur le terrain qu’a-

vaient enfanglanté les taurelux mu-gill’ans immolés par Achille auxfunérailles de Patrocle. Il le relevale vilage couvert de fumier : UlyEele précede 8c enleve l’urne. Aiaxreçoit le fécond prix; il l’ailit les

cornes du taureau; 8: la bouche re-îetant le fumier dont elle cit fouil-lée z Dellins ennemis l s’écrie - t - il ,

c’oll Pallas qui me ravit la viâoire,

Pallas qui , comme une more, en-vironne toujours Ulyll’e- Un rireuniverfel s’éleve parmi les Grecs.

Antiquue reçoit le dernier prix; 8:riant le premier de l’a difgrace : Vous

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-e n A a r XXIII. aulevoyez, amis, dit-il , les dieux en-core en ce moment protégent lavieillell’eLAjax n’ell qu’un peu plus

âgé que moi,- mais Ulyli’e, né parmi

les hommes d’un autre liecle, elldans la force de l’on automne: au-cun dîentte les Grecs ne fui-palle-eoit facilement la rapidité de l’es pas 5

j’en excepte le l’eul Achille. Gel!ainli qu’il exalte le héros invincible

à la courre. Cher Antiloque, répondle fils de. Pélée , cet éloge l’orti de ta

bouche n’aura pas en vain flattémon cœur, à: je double le prix quiau deliiné. En même temps il metce don entre les mains du guerrier .qui let rèçoit avec une vive latin,faétion.

Mais Achille dépol’e dans le cirque

un long javelot, un bouclier 8c uncalque, armure dont Patrocle dé-pouilla Sarpédon. Le héros le leve :

Que deux des plus vaillans guet-

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’24: 1’ 1 L I A D a,tiers , ,dit-il , revêtus de leurs armesa: l’airain acéré en main, le mel’uo

rem en préfence de ces nombreuxfpeâateurs. Celui qui le premier feracouler le l’ang de l’on adverlaire , aura

cette épée l’upctbe , brillante, t’or-

gée dans la Thrace , 5c que je ravisau brave Aliéropéefles deux rivaux

le partageront ces autres armes , fit.je leur donnerai un l’plendide fellindans ma tente.

Le fils terrible de Télamon le lave;ainli que le fort a intrépide Dio-rnede. Ils le couvrent à l’écart deleur armure, ô: s’avancent au milieu

du cirque , impatiens de commen-cer le combat , à: le lançant des re-gards formidables : l’effroi glace tousles l’peélateurs. Lorl’qu’ils ne l’ont

plus éloignés l’un de l’autre , ils ac-

courent trois fois , 8: trois fois ils lechargent avec furie. Ajax perce enfinle bouclier de (on adverfaire; mais il

----v

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C Il a N T XXlII. 14jne peut le blel’l’er . arrêté par la cui-

ralle. Diomede , au-delfus du largebouclier de l’on ennemi , menaçoit de

la pointe brillante de fou javelot lecou de ce guerrier , 8l s’efforçoit de

l’atteindre: alors les Grecs , trem-blant pour les jours d’Ajax , deman-

dent à grands cris que des prixégaux terminent ce combat. Diomedecependant reçoit de la main du héros

’ la longue épée avec la gaine 811e riche

baudrier. .Bientôt Achille fait rouler au mi-lieu de l’allemblée un dilque énor-

me l’orti tout raboteux de la forge,

8c que lançoit jadis le vigoureuxEétion. Achille , après lui avoir ravile jour , chargea l’on vailïeau de cedifque 8: d’un grand nombre de ti-cltelTes. Que ceux qui veulent mé-riter ce prix , dit-il , delcendent aullidans l’arène. Si les champs fertililés

du vainqueur font à une longue

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Z44 r.’ 1 r. t A n n .meule la ville, ce difque lui pro.met du fer pour cinq années révo-lues , 8l il en pourvoira abondam-ment (es laboureurs a [es bergers.qui pourront demeurer aflidus à leurs

travaux. iIl dit; 8: Polypœtes. guerrier in-trépide , fe préfenre fuivi de Léon-

:ée que» (a. force rapproche des im-mortels; le file de Télamvorr reparaît

dans la carriere . 8: le grand Épéel’accompagne. Ils fe rangent fur uneligne. Epée , agitant (on bras chargé

du difque , le lance avec vigueur; unfoutire de fatisfaûion fe peint dansles traits de tous le; affiliais. Ce-pendant il efi vaincu par Léontée ,l’honneur de Mats. Aiai ierte en-faîte le difque d’un bras robufle.8: l’emporte fur l’es deux rivaux :

mais Polypœres faifit le globe; a:comme le berger lance (a houlette ,gui, tournant en l’air, vole au milieu

de

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fifi wj-m

n A. A a

wflvml

’c n A N r XXHIJ 24gde [on troupeau éloigné. ce chef, par

l’heureux élan du difque dans la lice

étendue, fui-pane les jets de res adver-faires g l’aflemblée éclate en cris

bruyans d’admiration. Les amis du

vigoureux Polypœtes fe leveur, 8:réunifient leurs efforts pour un-porter la lourde maire vers [etvaifïeaux.

Le héros invite à paraîtra ceux qui

tourbent l’arc d’une main habile; les

prix qu’il expofeà leurs yeux font dix

grandes haches à deux tranchans . 8Ldu: haches moins fortes. Il fait éleverfur le fable . au milieu du cirque, le mât

d’un fombre navire; fur le haut dumât en attachée par un foible lienune colombe tremblante, but de laflécher

Que celui qui percera la timidecolombe emporte dans fa tente les .dix haches à deux tranchans; celuidont le trait ne touchera que le lien,

lliad. Tom. VIi E

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:48 r.’ 1 L 1 A n a,étant inférieur à fort rival , fe contentera

du recoud prix. A ces mots (e levent lejeune Teucer 8c le brave Mérion. Onagite leurs lots dans un cafque. A peineTeucer a-t-il été nommé par le fort,qu’il fait partir fa flache rapide. Mais il

a négligé de promettre au dieu du jourun facrifice des premiers nés d’entre les

agneaux; ce dieu lui envie la viéloire:Teucer manque la colombe, atteint lelien que rompt la fleche ardente. L’oi-feau s’élance librement vers les cieux g

le lien tombe le long du mât à terre:les Grecs applaudiflent par des cris tu-multueux. Cependant Mérion, qui déjà

dirigeoit fa flache , arrache l’arc des

mains de Teucer; il promet au dieu dujour un facrifice illufire des premiersnés d’entre les agneauxI 81 fixant (es

regards fur la colombe épouvantée dont

le vol traçoit différens cercles dans lesairs . la bleiTe fous l’aile au milieu des

nuages; le trait qui la perce retombe 9

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sv-,.

rîr’n

c n A n T XXIll. 2478! s’enfonce en terre aux pieds (leMéridn : la colombe , s’arrêtant dans fa

chute au haut du mât, y demeure unmoment fufpendue, agite (es ailes,tombe loin du mât , 8: expire. LesfpcGaEeurs immobiles (ont tranfportésd’admiration. Mérion enleva les dixgrandes haches; Teucer fe rend dans fatente avec le feeond prix.

Enfin Àclxille fait placer dans le cir-que une longue lance, un vafe, defiinéà l’ornement , que le burin embellit de

fleurs, 8c qui vaut le taureau le plusvigoureux. Au même inflant s’avancent

ceux qui lanceront le javelot. Le pluspuii’fant des rois, Agamemnon, entre

dans cette lice, 8K Mérion lui difputcla vifloire. Alors Achille fe love; à:fe tournmt vers le roi: Nous t’avons ,ô fils d’Atrée, dit-il , quelle cit tafupcricrité fur tes rivaux, ô: que tumérites le Premier rang 81 par ta force

8: par ton adrcfie. Veuille recevoir ceP a

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348 L’ILIADS , CHANT XXIII;

prix, qu’il foi: déparé dans ta tentei

81 fi telle efl ta volonté, donnons lejavelot au compagn0n d’ldome’née;

c’en ma voix quigt’en convie.

Il dit. Le roi fe rend aux délitsd’Achille. Il donne lui-même à M.érion

le javelot d’airain , ô: remet aux mains

de fon héraut Talthybius le vafefuperbe.

la

YIN DU CHANT VINC’FTROXSIEME.

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alevin:

REMARQUESaux Le

CHANT VINGT-TROISIÈME;

L’ACTION de l’lliade femble ter;minée , à: plufieurs critiques ontregardé les deux derniers chantscomme une addition fupcrflue. Pourjuflifier notre poète , Pope a dit quela colere ou la vengeance d’Achillen’était pas fatisfaite par la mortd’Hcâor, à qu’elle pourfuivoit juf-qu’aux relies de ce chef. Mais j’aidéjà obfervé que le début de l’lliade

n’annOnce point une double colore ,dont réfulteroit une duplicité d’aaion;

le (uth de ce poëme cil la colered’Achille , qui fut fi (uneiie aux

’recs.

le P 3

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250 REMARQUESCe qui paroit ici à quelques- un

n’être qu’un ulo:.gement ne l’efi pan:

du tout fi l’on le tranfporre dansl’antiquzte’ , ou l’on attachoit une fi

grande importance aux honneurs dela fépulture , comme on le voit parles deux derniers aîtes de l’Ajax deSOyhOCle , qui ne roulent que fur ce:objet (1). L’amitié , la douleur ,demandoient qu’Acliille fit de magni-fiques funérailles à Patrocle

Quant au dernier chant , Achilleavoit juré d’abandonner le corpsd’Hcéior aux animaux. Si le poèteavoit feint que ce ferment eût étérempli , il eût probablement étédémenti par la tradition. à: eût [aillédans l’elprir du leîteur une idéedéfavantageufe a (on héros. Mais fiAchille fe delïailit du corps de (on

(i) Diodore de Sicile (liv. Xlll, chap.31.) rapporte le fait fuiwnt. Les A-héniensfirent mourir, fan". vou’oir feulement les en-tendre , de braves chefs qui avoient gagnécontre les Lacétlétnonîens la vicioit-c la plusfignalc’c, parce qu’ils avoient voulu profiterde: avantages qu’elle leurprocuroir, au biende s’arrêter à enlèvem- les morts.

.-.- An -4

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wru

.. ....- ... vl-n u.

sun LE CHANT XXllI. estennemi, ce retour à la compaflion.cil trop remarquable p )Ul’ qu’Homereair pu négllgfl d’en détailler lesmatifs. Ce denouement cf’t honorableà Achille, ô: fatisfatt le leâeur quis’intérel’fe à Hector, que le poète a

peint fous des couleurs aimables.

(Page 18;. Approehons de ce litfunebre même avec nos chars.)

Il paroit par l’expreflion de l’ori-ginal que ce n’éroit pas l’ulage ô: quec’efi un tribut particulier d’honneur:qu’Achille paye à Patrocle , u mêmen avec nos chars n. Achille , par cethommage. confacre à Patrocle lestrophées qu’il vient de remporter;ô: tout ,femble devoir participer à fadouleur, jufqu’aux chevaux 8: aux

chars. :(Ibidem. Et ne prenons tous de lanourriture.)

Il témoigne par le mot Tous qu’ilen prendra lui-même, à: qu’il a raris-fait en partie à ce qu’exigeoit fadouleur.

P 4

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lm REMARQUES(Page 186. Thétis au milieu des

Thefl’aliens les excite elle-même.)

On a été furptis que Thétis fit cet roffice , au lieu de les confoler. Maisla plupart des peuples anciens regar-doient comme un devoir facre’ d’offrie

des regrets ô: des larmes aux morts.Il étoit donc honorable pour Patroclequ’une néeiîe prélidât à ceux quiremplifl’oient ce devoir , 8: il étoitnaturel que la mer: d’Achille partageât

(on deuil. On connoit l’ufage despleureufes chez les Romains. Ellesexercerent fans doute une fonCtion quid’abord avoit été celle des parens 8cdes amis: une cérémonie qui, dansIon origine,avoit été le langage naturelde la douleur, ne in: plus que fictive.Mieux vaudroit cependant acheterouvertement des larmes , que d’enrépandre de feintes.

(ibidem. Le fable e11 mouillé de leur;

pleurs.) t àVirgile a dit de même;

Spargitur 8: tenus laCrymis. [pargunturama- . ÆNEID. un, XI.v

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il

SUR LE CHANT XXHI. 2,53E1 l’on remarquera que dans cettecopie, comme dans loriginal , rague(me mitose de n451ihcmc lHOPl’L’ auton de la douicur. liuflaxhc , fans êxrcde leur femimem, a dit qu:- plulieursanciens avoient cru qu’Homcrc ani-moit ici 1c fable à les armes , à: leurfaifoiz vcrfer des pleurs. MadameDacier adopte enziérement une ex-pYication, à, pour la iufiifigr, citeVirgile qui, dans fes EgloguesÔfuitpleurer des arbres ô: des rochers. Maisici la ligure feroit outrée (à: mêmeabfurde. Peut-un repréfemcr les armesdes foldats (liAchille ô; le fable durivage troyen donnant des larmes àPatrocle à Perfoxme, je crois . nepartagera l’enzhoufiafme de MadameDucier pour ce miracle-

(lbidem. Ex pofant (es mains enfancglamécs fur le tain de (on ami.)

On remarquera ici la force de cetteépîzheze.

(ibidem. Réjouis-toi, dit-il, ô Pa-trocle.)

Il y a dans cette apofimphe un I1’ s i

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-:;4 REMARQUESmélange de tendrelïe 8: de férocitéqui ait routé-fait dans le caraâcred’Achille. (Madame Damier.

(Page 189. Qu’une grande flammeconfume promptement ce héros.)

On fait que, felon l’opinion desanciens , les ombres des morts erroientdurant l’efpace de cent ans avant deparler le Styx, s’ils nlavoient pasreçu la fépulture. On (e hâtoit doncde la leur donner; 6c l’on conçoitqu’en certains cas cette opinion pouvoitengager à fufpendre , pour cet obier,l’exécution d’un demain même impor-tant. Achille , qui n’écoxt pas intérem’:

perfonnellement à la conquête deTroye , ne veut pointl’attaqucr avantdlavoir fatisfait à ce que lui demandoitl’ombre de (on plus fidelle ami g 8cl’on fent que, dans la circonflancepréfente, Agamemnon 8: les antreschefs ne pouvoient refufer de luimontrer quelque condefcendance. D’unautre côté, Achille , en hâ:ant lacérémonie funebre . n’efi pas telle-ment abforbé dans fou chagrin , qu’il

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tu-Ç

u.uflafihl

a:Joli fi bon

a;v .-

"flu Vin

son LE CHANT XXIII. 25;ne fait impatient,icomme il le dit Ilui-même ici , de reprendre les tra-vaux de la guerre. l( Page 190. Quand on m’aura fait jouir

de la flamme du bûcher.)

Cette exprefiion efl remarquable;L’idée que les anciens avoient de lafépulture étoit propre à adoucir unpeu la douleur des vivans qui parti-cipoient à la fatisfaftion qu’e:le faifoirgoûter à ceux dont ils regrettoientla perte. On voit, ici, dit MndameDacicr , que les anciens ne croyoientpas que les antes des morts revmiïcntaprès les funérailles. Il faut ajouterfans doute a cliellesmêmesn ; car ,dans l’OdyfTée , Ulyiïe évoque les

ombres des morts. Je ne fuis pourquoiPope a affoibli cet endroit en tra-duifant : u L’ombre de Patrocle luin apparut, ou fembla lui apparoître",on SEEM’D To rusa. Cette additioncil froide.

(Page 191. Dans cette urne d’or quetu reçus de ton augufle mere. )Bacchus ayant reçu Vulcain dans

P 6

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:56 REMARQUES,l’ifle de Naxos , celui-ci lui fitpre’fenq

d’une urne d’or. Pourfiiivi enfuirapar Lycurgue , il fe réfugia dans lamer; à: Thétis lui ayanr fait uneréception favorable ,. il lui donnacette urne. Thétis la remit à (on filspour que les os de ce guerrier yfuirent dépofés après fa mort.

’(Page 192. Nous lfavoutions. la trille

" i douceur.)Le mot. de l’original ælrzpnzéusân

fignifie ici farisfaire au plaifir que l’onioûte à pleurer; comme Ovide a

guais-r QUÆDA’M une VOLUP?, mils. (Ernefli.

(Ibidem. Vaîne image du corps qu’elle

’ anima.) AKm); 4795m in s’il néants". On trouve

dans ces paroles tous, les myfieres re-nébreux de la théologie égyptienne ,felon laquelle qui lignifieroit ici Eri-TENDEMENT. Cette théologie, en;feignoit que l’aine, après la réparation i«la me ami! me? divifeïe en ictus

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son LE CHANTXXIII. 2,57arties, dont l’une. qui étoit YEN-

TENDEMENT , alloit au ciel , 8cl’autre, qui étoit France, alloitdans les enfers.

Pope, pour confirmer cette expli-cation , cite ces vers de l’Odyfièe;

Tir Il puff itflvôwz En" Hpatxîmdnv ,

Edev: aître: dé (urf 4314.4 tram 52’615"

Téprz’lau il! 35min; , un.) âktmatmiaçtfu

HEM.

Mais remarquons qu’l-lercule avoit été

admis par faveur au rang des dieux: ainfices vers ne prouvent point ce qu’onen veut inférer. Ils établiroient plutôtqulHercule jouifibit d’une exception.En voici le fens : u Je vis Hercule ,n, ou (on image. car lui-même par-" ticipoit aux fdiins des immortels,n 8: poflëdoit la belle Bébé". Nousvoyons de quelle nature étoit cetteam: d’Hercule , à laquelle on donneici le nom d’ENTENDEMENT; cen’était pas au moins l’ENTENDEMENÎ

nm dont parlent les philofophes. oing,dans le fens propre , fignifie le dia-prent-J’ai donc cm roumi; fiai-

i

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138 REMARQUESvre ici, avec de bons critiques , l’îmterprétation la plus [impie ; à ce paf-[age du fixieme livre de l’Euéide m’a

fervi de commentaire:

. . . . . Tenues sine corpore virasAdmoneat volitare cava (lib imagine format.

Euro. un. V1.

(Page r94. Une tombe pour Patrocleà! pour lui-même.)

Ces mots , u 8: pour lui-même n ,[ont ajoutés avec un fenument très-délicat; car ils marquent ria magna-nimité d’Achille 8: la tendrefïe qu’il

avoit pour Patrocle. (Madame Da-fier.

( Ibidem. Et couvert des cheveux en-tamés qu’ils fe coupent pour les lui

confacrer. )

La douleur avoit imaginé d’enfé-

velir quelque partie de foi-mêmeavec les perfonnes qui faifOient lob-iet de non regrets. C’était d’ailleursl’emblème diun grand défefpoir, qui.va quelquefois jufqulà s’arracher les

------Q. 07,.

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son LE cnaurXXlIl. 159cheveux. Pope obferve qu’au con-traire une longue chevelure étoit unfigue de douleur chez les peuplesdont l’ufage étoit de porter les che-veux fort courts.

(Page :95. Soutenant de l’es mains la

tête de (on ami.)

C’était la trille fonGion du plusproche patent ou de celui qui avoitété le plus attaché au mon.

(ibid. Qu’il nourrifi’oit pour le fleuve

Sperchius. )

On confacroit anciennement fa che«velure aux fleuves ; 8c les peres 8cles mares faifoient louvent ce vœupour leurs enfans, parce qu’on ho-noroit l’eau comme l’élément qui

contribue le plus a la nailTance 8K àla nourriture des hommes; c’eft pourquoi les fleuves étoient appellés "F6-’TPCÇM , nourriciers des jeunes gens.Achille a les yeux attachés fur lamer. parce qu’il fe tourne vers lefleuve à qui il s’attelle. (MadameDacicr,

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260 REMARQUESLe Sperchius , principal fleuve de la

Theflàlie, qui prend (a fource dansl’Œza , montagne fur laquelle les poëtesplacent le bûcher d’Hercule , qui vafeietter dans le Sinus-Malliacus , felonM. Danville.

(Pages 198 l8: 1’99. Et Apollon fi:defcendré du ciel iufque dans laplaine un nuage azuré. )

Apollon , ou le folcil , forme desnuages par les vapeurs qu’il attire.L’ombre n’efi ,- felon la remarque des

commentateurs , que pour Fer-pacefeul que couvre le corps -, clefl là le

prodige. I g(Page 199. Iris entend cette priera ,

8: vole au féjour des venu. )

Quelle poéfie animée ! 8c quelleandc idée Homcre nous donne

d’Achille , puifque la mefilagere desdieux femble l’être de fou héros , 8: fa

mourre fi prompte à le fervir ! Quantà l’allégorie. elle efi fondée, ditbalzane, (La: ce que l’arc-en-ciel n’efl

-.. fi-

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son L! CHANT XXlll. 26:pas moins l’avant-coureur des ,vcnrsque de la pluie.

(Page zoo. Et toi dont le fouflle çu-mulrueux par: de l’occident.)

Homere appelle ce vent Zéphyre;nom qui eût réveillé un autre fansdans notre langue , à; qui eût forméune contradiâion avec l’épithere.

(Page 102. Achcvons d’éreindre avec

la liqueur du vin les flammes. )

On employoit à cet u’fage le vinfi non pas l’eau, parce que l’eau émirl’élément confacré à la génération .

8l regardé comme le principe des êtres.( Madame Dacier.

( Ibid. Enveloppés deux fois de lagraille des viflimes.)

C’éroît pour que ces os ne fuflenrpas réduits en poudre par trop de (à:

therçffç. ’

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s

162 REMARQUES(Page 202 8: 203. Contentons-nous

de l’enfévelir avec peu d’appareil.)

Selon Eufiathe , Homere a fait écla-ter ici l’ambition d’Achille. La ten-drefïe qu’il a pour Patrocle ne l’em-pêche pas de marquer la différencequ’il y a de Patrocle à lui. Maislorfqu’on (c rappelle qu’il a dit qu’ill’aimoit comme foi-même, à: que la

, nouvelle de la mort de fan pete oude fon fils ne l’eût pas plongé dansune plus grande conflernation quecelle de cet ami, l’on croiroit plutôtque fon unique bu: ell de ne pastrop retarder les opérations de la

guerre. ,(Page 203. Mais Achille retient les

troupes. )

Les icux fuiroient partie des hon-neurs de la fépulture d’un chef dif-tingué. Cette inflitution. trèsvancienne .étoit à la fois comme un éloge fu-nebre d’un héros , 8K une leçon qu’il

fembloir adrechr lui-même à ceuxqui lui futvivoient de fuivre les traces,

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son u: anN’r XXHI. 26;Achille n’en remit pas la célébrationà un autre temps , ou parce que l’ufagene l’eût pas permis , ou parce que,regardant fa fin comme prochaine,il n’eût pas été alluré de pouvoir

rendre cet hommage aux cendres deIon ami. On remarque ici que toutdans l’lliade [e rapporte au héros dupoème; que c’en lui, 5: non Aga-memnon . qui donne ces jeux; quela mort d’Heâor avoit tellement conf-terné les Troyens , qu’ils ne pou-voient rien entreprendre contre lesGrecs , 81 qu’ainfi Homere choifit pources funérailles le temps le plus conve-nable.

.( Page 204. Le quatrieme , deux talonsd’or. )

I

Ce paillage fait croire qu’en ce tempsle talent avoit peu de valeur. Car cesdeux ralens forment le quatrieme prix;le précédent eh une cuve.

( Page 20;. Vous (avez combien mescourfiers l’emportent.)

Achille , pour ne pas défoblîger les

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264 REMARQUE!chefs . ne dit point qu’il eût emportéle premier prix par f on adrelïe , maisil en lailTe toute la gloire à fes cheovaux. Il étoit naturel qu’il les louâten cette occafion , où on devoit dif-puter le prix de la courfe des chars,8: qu’il fît en même temps une men-tion honorable de (on ami, dont cesieux devoient honorer les funérailles.Chaque circonfiance réveille dansAchille le fouvenir de Patrocle. ( Ed...tathe.

(Page 206. De Sicyone.)

Sîcyone, aujourd’hui Bafilico , laville royale, capitale de la provincede fou nom , faifoit partie de l’Achaie.

(Page 207. Leur ardeur n’étoit pas en.

cote entièrement glacée.)

Homere les appelle timbroit, fansdoute à caufe de leur ancienne ré-putation , car Neflor dit enfuite qu’ilsfont pefans. Diomede le dit ailleursà Nellor. Cette épithete , qui marquela rapidité, ô: qui n’ell: pas ici à [a

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son LB anNt’XXIlI. 26-;place , feroit croire, ainfi que plu-fieuts autres. qu’il y a dans Homere uncertain nombre d’épitheres qu’on pour:-

toit appeler génériques , 8: qui défi-gnent l’efpece entiere.

l

( lbidetn. Jupiter St Neptune t’ontchéri. )

La fable de Neptune faifant fortit-de terre un cheval d’un coup de (ontrident paroit être polle’rieure à Ho-mere; mais ce dieu pallioit ancienne-ment pour avoir inventé ou perfec-tionné l’art de a. rendre docile aun frein un courtier indompté n. Enfuppofant que ce fût la l’origine dela fable dont nous venons de fairemention, il ne feroit pas difficile del’expliquer. C’efi en quelque façoncréer le cheval que d’avoir [u l’appro-prier à l’homme.î

(Page 208. Je vais te décrire laborne.)

On n’avoir pas préparé une lice

tu une borne: Achille avoit feule-g

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266 REMARQUE:ment marqué une borne ancienne;ou quqlque vieux tombeau autourduquel on avoit autrefois couru. (Masdame Dacier.

(Page 209. Quand l’agile Arion. )

Il nomme ce cheval 8: ceux deLaomédon , afin qu’Antiloque necraigne pas ceux de Diomede . quiavoient été enlevés à Énée , ô: qui

defcendoient d’une race divine. Le che-val Arion palïoit pour être né deNeptune 8L d’une des Furies. Il (ambleque la force de l’élément de la merai: été l’origine de cette fable z Ho-mere, en parlant. ailleurs d’un che-val dift’xngué, dit qu’il étoit né aux

bords de la mgr.

(Page 210. Eumele a la facondeplace. )

Il cl! clair que ces chars’font ran-gés de front, 6: non. comme quel«qua-uns l’on: cru ., l’un dernerel’autre. On conçoit que les plus:ne devoient pas être indlflréremes.

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a

SUR LE CHANT XXlll. 267

(Page 212. Lui remit le fouet enrreles mains.)

Apollon , a-t-on dit , s’intérefl’oit

pour Eumele, Parce qu’il avoir autre-fois mené paître les cavales de cechef fur la montagne Piérie. Il s’ofl’re

une explication plus naturelle , ou jeme fuis rencontré avec Pope; c’ellque Diomede pouvoit regarder (onmalheur comme unevengeanced’Apol-lon, qu’il avoit ofé attaquer. Minervelui rapporte le fouet; c’efi - à - dire ,felon Eufiarhe , que ce chef avoit eula prudence , ainfi que le pratiquoientles anciens , d’attacher un fecond

louera fan char. Trouvera-t-on iciqu’l-lomere fait defcendre (es dieuxà des (enflions Irrop baffes à Maison ne difpuroit pas le prix à cesjeux St l’on n’y affilioit pas avec au-tant d’indifférence que nous les lifon°.

Le cœur de ces rivaux palpitoit; laperte de la viCroire leur coûtoitdes larmes. Quand donc Euflathe 8cMadame Dacier ont du au fuie: deslarmes de Diomede qu’il cil ordinaireaux hommes de pleurer pour rien ,

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568 REMARQUESils ont oublié combien il importoità ces héros de vaincre; Minerve pro-tege Diomede en toute occafion.

(Page 213. Antiloque alors animantles chevaux de fon pere. )

Le lefléur doit être un peu accou-tume aux harangues adrefiÎées auxchevaux dans l’lliade. On fuppofoitfans doute alors à cet animal plusd’intelligence qu’il n’en a.

(Page 218. O roi de Crere. répondavec dureté Ajax. )

Cette contefiation nous peint lesmœurs groflîeres de ce. temps ô: l’im-portance que l’on attachoit à ces jeux.Il étoit naturel qu’on fe partageât en

diyers partis. .( Page 219. Tenant encore en main les

rênes. )

Idoménée avoit dit qu’Eumele laavoit laide-es échapper.

(Page

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u

r- n v. n

SUR LE CHANT XXIII. 27:9

( Page 220. Son fouet tombe à coups

redoublés fur fes courfiers.)

Pope croit que xifimpntdiv ne lignifiepas ici que le fouet frappe l’épauledes chevaux , mais qu’il part del’épaule du condufleur. Il s’appuied’un pallage qui lprècede celui-ci .ripai dieux xzrœyadiam. Obfcrvons quece difque étant pelant, il yavoit uneforte de merveille qu’il fût lancé defi haut, tandis que le fouet devoitnaturellement partir de cette hauteur.On peut iufiifier l’explication ordi-naire , ô! il paroit qu’Homere a voulupeindre la longueur de ce fouet quiatteint l’épaule des chevaux.

I ( lbîdem. Couvrant leur condufleur dez

flots de pouliiere.)

P’atôat’pryë lignifie ’GOUTTE aulIi

bien que POUSSIERE. Madame Da-de: a traduit : n au travers des tor-,. rens de pouffiere. n Ce tout cil:bon : mais peut-être Homere a-t -il

Iliad. Tom. V I. Q ’

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270 REMARQUESvoulu feulement peindre commentla "pouillera qui s’éleve des pieds deschevaux couvre fans cefl’e leur con-duâeur, ainfi que feroit l’eau quirejailliroit en gouttes nombreufes.

(Page 221. Et d’emporter le trépied a

double aure. )

Diomede enrichit enfuite le templede Delphes de ce trépied, St on lefait par une infcription grecque dontvoici le fens : u Ce trépied d’airainn cil confacré à Apollon. Achille men fit fervir de prix aux funérailles den Patrocle. Diomede m’obtint , ayanta été vainqueur à la courfe des charssi aux bords de l’Hellefpont Il n’cûpas inutile de rapporter cette infcrip-tion , puifqu’elle (en à marquer l’exac-titude exn-ême diHomere à s’inflruirede tout ce qui regardoit l’es héros.Avec le génie le plus fécond , il (fiplus (cuvent hirlorien qu’on ne le

penfe. . -

m’h- Je-

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.. il

SUR LE CHANT XXllI. 27x

( lbidem. La jument’ d’Agamem-Ï non , Æthe’ , à l’éclatante cri-

niere. )

Ainfi Agamemnon partage ici l’élogeque reçoit Métaélas -, car nous (avons

que la gloire des chevaux , dans cescourfes , rejaillilïoit fur leurs maîtres.Il arriva même enfin qu’on fe contentad’envoyer à ces jeux l’es chevaux 8cl’on char pour y difputer le prix . à-peu-près comme un prince envoie[es généraux 8: les foldats à l’en-nemi , 8: jouit de la gloire de leurs ex-ploits.

(Page 223. Qu’il paroilTe, 8: me le(lifpute les armes à la main. )

Ceci el’t allez conforme à nosmœurs. Si l’on oppofe cette conduited’Antiloque à celle d’Achille qui s’efl

lame tranquillement enlever Bril’cis,il ne faut pas ouh’ier que l’ennemid’Achille étoit (on chef 8: celui detous les Green.

Q a

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171 REMARQUES( Page 27.4. Je lui donne la cuirafi’cque je ravis au vaillant Afiéropée. )

Il y avoit une vanité allez délicate. à faire ces fortes de prêteras, &«l’on

[e payoit par l’honneur qu’on en reti-roit foi-même.

( Ibidem. Un de les hérauts lui met lefeeptre en main.)

On .obl’ervera que les chefs ne ha-ranguoient pas, chez les anciens Jansavoir leur iceptre en main.

( Page 22;. Sans vous laitier ébloui:par la faveur. )

On verra dans les paroles fui-uantes , u car je rougirois que jamaisn quelqu’un d’entre les braves Grecsv pût dire : Ménélas, recourant ausi meulonge, &c. n un de ces toursnaturels qui font propres à Homereà: aux auteurs d’une grande antiquité.Pope à: Madame Dacierontnon-feu;

un

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B

son LE ennu- XXIII. 27gbinent altéré ce tout , mais ils on:traduit toute cette période d’une ma-nieretpeu fidelle. Le premier l’a rets:fermée dans ces deux vers:

,50 not a leader shall out condufl Marne ,Or judge me envious of a rival’s faine.

Madame Dacier traduit ainfi : u Carn je ne veux pas qu’on paille diteïv parmi les Grecs que Ménélas , furn des fuppofitions , a enlevé le prixn à Antiloque n. On ne voir pointici . comme dans Homere , que Mé-nélas met adroitement (on éloge dansla bouche d’autrui pour piquer Anti-loqué. Au relie, il ell clair que lafraude n’était pas permile dans cesjeux. Le caraâere d’Antiloque a destraits remarquables.

(Ibidem. Prends le fouet mobile!

Les anciens mettoient quelquepompe dans tomes les aflions reli-

’ gieules ô! publiques , ce qui produi-ipit une plus vive imerel’liçn. on

3. .

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2:74 REMARQUESfait que Neptune étoit comme le pa-’tron des écuyers.

(Page 2.27. Il eût mieux valu nepoint employer l’artifice. )

Méne’las, tout en cédant, conferveun ton de fupériorité , St déclare biennettement que le feeond prix lui étoitdû. J’avertis qu’Eullathe a hi iciJiJ’ripov au lieu de filmant. Suivant laleçon de ce critique, il faut traduire,u une autre fois n’emploie plus l’ana tifice, ôte. u.

(Page 128. Tu ne t’armeras plus ducelle. )

Achille l’pécilie tous les jeux quifuivront 3 l5: Nellor, dans l’a réponl’e,marque qu’autrefois il l’ortit vain-queur de chacun de ces jeux. C’enUne remarque de Plutarque. Nellorne dément pas ici l’on caraâere.Puif-

qu’il ne peut plus entrer, dans cettelise , le poète a en loin de nous te;

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ce n vœu.

CL 3T ît

aux LE cumu- XXIII. 27;préfenter parte récit comment il yparut autrefois avec. éclat. Enfiatheobferve qu’Achille. (e (en du mot41:;on , 8K non de celui ’der’Spov. Ce

niefi pas un préfet", mais un prixqu’il donne à ce vieillard qui fe difczingue par (a fageffc.

(Page 22.5. Buprafe. )

Buprafe, ville aujoutdlhui incon-

nue. .( Ibîdem. Jumeaux infépatables. )

Selon la fable , ces iumeaux unisne formoient qu’un feul homme. Pro-bablement ils ne fe quittoient pas,8L c’efi ce qui donna lieu ’à cettefable.

(page 230. Que tu te fouviennestoujours du bon Nefior. )

Ce trait de bonhomie . que Popen’auroît pas dû omettre , peint ceyieiliard. On le reconnaît aufii , de

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276 IIMARQUESmême que la fimplicité des mœursanciennes , dans le ruait fuivam, u lesv honneurs que l’ai droit d’attendre de

u la part des Grecs. "

( Ibidem. Achille , àprès avoirécouté les louanges que le donnoit

Neflor.)

Cela doit’marquer- le rcfpeâqu’Achille avoit pour ce vieillard.

(Page 231. Auflî-tôt fe lev: un homme

aufli remarquable. )

J’ai conferve la gradation me;frappante qui cil dans l’original.

( Page 232. N’efi-ce point airez queie fois inférieur iceux"... )

Plutarque obferve que c’efi unmoyen d’adoucir les éloges qu’on fedonne foimême, que de f: déclarerinférieur à d’autres en plufieurs chofes,gelon lai traduâion de Maldame Dg;

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va ..

sur. vu: aux: XXlll. 277der. Épée renonce à la gloire desautres jeux. Homete parle formelle-ment de la guerre , pépin a: j’ai fuivide bons interpretes. On trouve dansArifloreh) , mutinai malin). Mais jecloute qu’il y ait des exemples où1.4::an feul lignifie les ieux. D’ailleurs ,ce qui et! décifif, c’efi que cette ex-prefiion ifolc’e feroit très-vague ici,ô: qu’il n’efi gucre de ieu qui méritât

plus d’être appelé un combat, quecelui-la même où Epe’e va le difflu-guer. Ce paifage d’Homere prouveen quel honneur étoient les ieux.puifqu’on voit ici un homme qui,étant fatisfait d’y exceller, ne rougîtpas de s’avouer inférieur à d’autre:

dans les combats.

( Page 333. Pour affilier aux jeuxqui célébroient les funérailles d’Œn.

.dipe.)

«On voit que les poëtes tragiquesont fum une autre tradition.

-(v) Rhflorice.

r

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27s REMARQUE!(Ibidem. Il l’entoure de la cein-

- I turc.)Anciennement on portoit dans ces

îeux une ceinture. Cet ufage s’abolitdepuis qu’un Lacédémonien eut lemalheur d’y être vaincu parce quecette efpece de tablier fe déchira. Eu-ryale étoit parent de Diomede. Mandame Dacier rapporte la conieCtured’EullaJie , qui a cru qu’l-léfioden’était pas fi ancien qu’Homere parcequ’en décrivant la courfe d’Hippomene

a d’Atalante il a repréfenté Hippo-mene nu fans tablier.

(Page 234. Et que des vagues téne’e

breufes couVrent attifa-tôt.)

Madame Dadet a traduit. pourembellir la comparaifon , comme ellel’avoue elle-même , Nô! relevé enn même temps par le même flot. wSans doute le rapport devient par-làplus fcnfible , mais elle sidi écartéede l’original. Homere ne s’embmaïe

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.. v H

"a"l) .

yl

son LE CHANT XXllI. 279pas que chaque point de l’es compa-raifons fait reflemblant. Dlailleurs cesvagues tènébreufes peuvent êtrel’image d’Epée qui fe courbe furfort rival abattu. Epe’e paroit terriblejufqu’au moment où il fe montremagnanime.

(Page 23;. Quatre taureaux confietuent (a valeur. )

Malgré l’amour que Madame Dacier

trioit pour Homere ë: pour les an-ciens , fa colere s’allume ici; elle dl[caudalifée de ce que les Grecs elli-moiem deux fois davantage un tré-pied qu’une efclave adroite &habile,quoiqu’elle fait obligée de convenirqu’en ce temps-là les efclaves étoientfort communes 8c les ouvrages de l’artfort rares, 8: qu’auiourdlhui mêmeun curieux donneroit infiniment plusd’un vafe antique que de la plus habile

efclave. ’(Page 237. Par une fecoulïe. )

Madame Dacier a fait ici un petitchangement au texte, parce que les

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O

2:80 REMARQUESdeux athletes [ont déclarés égaux-tfelon elle, c’cfl Ajax qui donne unefeeoulïe à Ulyfi’e. C’ell ce qui ne

paroit pas? au moins par les parolesd’Homere. l1 femble que le poète aitVoulu montrer par les deux maisde ces rivaux qu’Aiax l’emporte tou-

iours par la force , 8K Ulylïe parl’adrelïe; Achille Pouvoit donc enquelque forte les déclarer égaux.

(Page 238. L’ayant portée à travers

la ténébreufeq mer en diversports. )t

bien, lignifie ici, fuivant le fenspropre de ce mot , qu’on y expofa"cette urne en vente. On fait que l’écri-ture fainte loue l’indufirie des Sidœnions.

(Page 21359. Embrafl’ent" la vafienlice

dans leur courre.)

J’ai voulu rendre la force du motlré-ram- Les Commentateurs penfentqu’il s’agit ici de la courfc du double

i v flad e ,

-- -.,-*

fl-.ce.. -O’q,’-,-.

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tanna-

son LE cuiter XXIII.18:’fiade, de la barriere à la borne, 8cde celle-ci à la barriere.

(lbidem. Déroule le fil pour l’unir à-

la trame. )

J’ai profité d’une note d’Ernefli.

qui explique ici tous les termes , 8cqui montre que Clarke a mal renduminot par STAMEN , mais que ce me:lignifie summum: ou TRAMA.

( Ibidem. Lorfqu’UlyfTe implore au

fond du cœur le fecours de Pal-

las. ) lIl faut remarquer la brièveté decette priere qu’UlyiTe ne fe donnepas même le temps d’articuler à hautevoix , ce qui peint la rapidité decette courfe. (Pope.

(Page 240. Il faim les cornes dutaureau.)

Le caraélere d’Ajax contrafle iciavec celui d’Antiloque,’ lequel , comme

114’441, Toma K1 t RIJ

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281 wneimanounsdit Madame Dacier, prévient la rail-lerie avec efprit , en attribuant la

, violoit-e de (es rivaux à la proteélicnque les dieux donnent a la vieillcflc.Ajax, en cherchant a s’excufer d’avoirété vaincu , loue Ulylle fans le vou-loir.

(Page 241. Cet éloge forci de ta bou-che n’aura pas en vain flatté mon

cœur. )

Achille paroit ici, comme il l’émir ,

amoureux de la gloire. Homere.n’ayant pu faire paraître (on héros

dans la lice , trouve moyen deuxfois de lui décerner en quelque fortele prix. Voyez ce qu’il lui fait direde les chevaux loriqu’il propofe lacourre des chars; 8c ici Antiloquelui donne un bel éloge. Ainfi Dio-merle Ulyffe n’ont remporté le prixdans ces (lin-émus jeux que parcequ’Acliille n’a pas été leur rival.

gPope.

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Un

le un a»: w

vnv’sssn-cvv-uu

son LE CHANT XXlII. 283

(Page 242. Celui qui le premier feracouler le fang de (on adverfairc.)

On a trouvé ce combat barbare ,à Arifiophane le grammairien a vouluchanger ici quelques vers. Mais onn’a pas fougé que celui qui failoitla premiere hleflure étoit jugé vain-queur. Comment Achille auroit-il pules inviter à fe rendre dans fa tenteaprès le combat , fi l’un d’eux avoitdû y périr? Il ne s’agilïoit dans ces

fortes de duels que de montrer (onadmire, vu qu’en ce lieclc les com-bats finguliers étoient niquons. Ajnx ,fi vaillant, ne fort vainqueur d’aucunde ces jeux. Homere a voulu montrerque la force a befoin du fecours del’adrefic. (Pope.

(Page 244. Cc dil’que lui promet dufer pour cinq années révolues.)

Homere fait connoîtrc la prodi-gieufe groficzir de cette boule de fer;la (implicite de ces fiecles héroïquesembellit fou poème de sans (l’écu:

a

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234 REMARQUESnomie qui donnent un véritable plaiéfit , à: fait Voir que les anciens, dansles prix qu’ils propofoienz, n’avaientpas feulement en vue l’honneur . maisl’utilité. Le fer étoit enc0re fortrandans ce temps -, ô: ce qui le marque ,c’efl que les armes étoient d’airain.

(Madame Dacier. l(Page 247. Nous l’avons, ô fils

d’Au-ée. )

Agamemnon ne s’el’t pas levé pour

difputer les autres prix qui étoientplus confidérables; il fe leve pourle dernier V, afin de montrer qu’ilveut faire honneur à Patrocle En àAchille. Mais Achille , par une bien-ïéance remarquable . ne foufl’re pas

que performe concoure avec le cheffuprême des Grecs. Cette remarquecit dlEufiathe. Selon la traduCtion deMadame Dacicr , Agamemnon faitpréfent àTalrhybius du vafe qu’Achillc

lui donnoit. Mais on a fort bien ditque cet ufage de ce don auroit étéinfultant pour celui qui le prelToir del’accepter. Agamemnon [e rend aux

,...--------- .- L4

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nnnî.i’n

v L’ivla Inatwe’t Q"fl

un?

aux LE ennu- XXIII. 28;pictes de ce chef qu’il avoit combléde préfens . 8C reçoit ce prix commeun gage d’amitié. On voit , au neu-ivieme chant de l’Iliade , qu’il avoitremporté dans les ieux beaucoup deprix : ainfi , par (on rang , il efl à-peu-près dans le cas d’un hommequi, ayant fait (es preuves de bra-voure , a des raifons légitimes pourrefufer un combat. Il montre ici moinsdlavarice , comme on l’en accufe ,qu’une certaine fupériorité conformeà fou rang a: à fon caraélere.

Achille offre en quelque forte lesdeux prix à Agamemnon , à: lui pro-pofe de donner lui-même le javelotà l’écuyer d’ldomc’née. Il faut nous

rappeler qu’à l’égard de la délicatelïe

du point»d’honneur, celle diun ficclcne reflcmble pas en tout à celle d’unautre , comme nous avons eu plufieursoccafions de le voir’dans les combatsdécrits par Homere.

Faifons ici un court parallele entreles jeux de l’lliade 8L de l’Eue’ide.L’un à l’autre morceau rom remplisde ces beautés exquifcs gui n’appar:

3

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186 nnnrnneuzstiennent qu’aux poètes du premierrang. Homere afans doute le mérite del’invention: mais il n’y a qu’un gé-

nie fupéricur qui (ache en copiantêtre original. Un efprit ordinaire letraîne fur fan modele, bronche dèsqu’il marche (cul, à: ternit les beautésqu’il fe propofc d’imiter. L’homme

de génie, au contraire, fait voir queles beautés qu’il tranfplante onttrouvé un fol fort femblable à celuioù elles font nées. On oublie enle lifant qu’il a eu un deele. Ilfemble s’être rencontré avec lui plusencore qu’il ne l’a copié; & ce mo-dele efi a fon égard comme ces dieuxd’Homere, lorfqu’en fecondant unhéros ils s’environnent d’un nuage;malgré ce fecours, le héros attire en.ce moment la principale attention desfpeâateurs.

Les tableaux que Virgile préfentedans la defcription des jeux fontaufli parfaits que ceux d’Homere ;queloquesvuns même (ont plus achevés en-core. Le poète grec n’efl , en cet en«droit , fupérieur au poëtelatin qu’à unou deux égards. La plupart des perron:

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son LE. cumul XXIII. 287nages qu’ily offre (ont mieux connusdu lcûeur, "réveillent plus d’intérêt.Dans l’Enéide, (i vous en exceptez ’Nrfus , But-531e 8c lejeune Afcagne,que le poële ne fait même bien con-noitre que dans la fuite de (on.poème, tous les perfonnages fontinconnus ou ne reparoillent plus furla fcene. On a critiqué Virgiled’avoir placé ces jeux prefque àl’entrée de l’aôtion qu’il raconte , 8:

avant que ces héros enflent fignaléleur valeur. La critique el’t injufle ,parce que ces jeux . étant propres àentretenir 8c à réveiller des qualitésguerrieres , pouvoient égalementcon-duite à de nobles exploits ouy fuc-céder comme un débilement militaire.On pourroit peut-être remarquer avecplus de fondement que les jeux del’Enéide paroill’ent, à certains égards ,

fuperflus, en ce que la plupart deceux qui s’y difiinguent , ou ne lemontrent plus , ou n’ont pas desqualités allez frappantes pour fefaire reconnoître. Virgile , toujourshabile courtifan, a principalementfougé a flatter plufieurs de les con.

R 4

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1,33 nnMAItQunstemporains en les faifant defcendrede ces perfonnages; à: les vers qu’ily emploie . quoiqu’il sût bien manier

la flatterie, ne [ont pas les plusbeaux de cette defcription. La der-cription d’Homere ef’t . en général.

plus variée , plus dramatique : cepoète y fait briller une de les prin-cipales qualités , qui cil de peindrefortement des car-adieu: -, 8: cela neralentitpoint fa marche , qui a toujoursla même rapidité.

Stace, au fixieme livre de la Thé-baïde, a décrit aufli des jeux. Il aeu fous les yeux deux grands modelés ;

p.8: l’un d’entre eux fur-tout, ayantécrit dans fa langue . étoit bien propreà le défefpéret. Il a fuppléé , parune faufi’e abondance qui trahit l’im-puifTance du génie , à ce qui luimanquoit de force. Ses maîtres ontdes ailes; il rampe languiflammentdeniere eux. Quant à l’expreflionpoétique . il ne parle certainementpas la langue de Virgile.

J’ajouterai ici plufieurs obfervationsjudicieufes de Pope fur les jeux del’Ene’ide 8: de l’Iliade. La courre des

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VWEII-ïn- fl’IWm-v

me

son LE CHANT Xthl. 289chars dl ce que le poète grec adécrit avec le plus de foin. Virgilea éxité avec beaucoup de jugementde traiter ce fujet, ne pouvant l’em-bellir, 8L il y a fubfiitue une courrenavale. C’efl: la que le poète latina confacré toutes [es forces , commepour égaler (on maître 3 mais on voitmaniteflement que dans cet endroitmême il a porté les yeux fur Homere,ô: a craint de s’éloigner des tracesde (on modele , lors même qu’iltraite un fuie: différent. Au refle,le fpeftacle qu’ofi’retici Virgile l’em-

porte parla pompe fur celui d’Homere.Dans le combat du cefle , qui et!

en grande partie une traduélionlitté-tale, Virgile , en montrant l’arro-gance de Dates punie , a marquéplus de jugement qu’Homete, quifait triompher l’orgueil préfomptueuxd’Epée. Au contraire, dans la» def-cription de la courle, Homere a étéplus judicieux ô: plus moral queVirgile , puifqu’Euryalc ne gagne leprix que par une fraude , tandisqu’Ul)lle ne doit (on bonheur qu’à(a picté 8: au malheur tâAjax.

5

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aga un. son LE aux? XXIII;Virgile obierve mieux les grada-

tions dans le jeu de l’arc: le premier. des rivaux ne fait que toucher le mât.

Enfin ce poëze a furpalïé 1’0an-dela dans l’endroit où il fubflime àtrois des jeux de l’lliade celui duicune Afcagne 6: de fes compagnonsfaifant diverfes évolutions à cheval :Virgile ne doit rien ici à performe ,8: il s’y montre inimitable.

un pas REM. svn 1.5 CHANT mu.

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LaCHANT xXIV.

r

L’ASSEMBLÉE fe répare; les troué

pes fe difpcrfent, vont dans leurs-tentes , prennent leur repas , 8: goû-tent les douceurs du repos. MaisAchille, encore occupé du fouvenirde (on cher compagnon, répandoitdes pleurs 5 8: le fommeil , qui fubju-gue tout ce qui refpire , ne pouvoitle captiver. laquier, agité fur fa cou-che , il regrette la vaillance a: la ma-gnanimité de Patrocle; il fe retracetous les travaux qu’ils ont partagés,les combats qu’ils ont livrés, les mers

périllcufes qu’ils ont parcourues :plein de tous ces objets , il verre untorrent de larmes 5 il (e roule tantôtd’un Côté, tantôt de l’autre;mainte-

nant il cil allis, bientôt il [a rejeu:R 6

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:91 L’thsnx;fur fa canche. Enfin il fe leve , 8:;troublé par la douleur, porte [es paserrans le long des bords de la mer;c’efi là qu’il voit toujours pat-oint

. les premiers rayons de l’aurore sle’lc-

vaut fur les flots.Mais bientôt attelant l’es courfiers

impétueux , il attache deniere [onchar le corps d’HeEior pour le trai-

ner dans la paumere; trois fois il letraîne autour du tombeau de Patrocleplongé dans lé fémmeil de la mort:

penfuite il fe repofe dans fa tente ,lamant Heélor le front comité dans

la poudre. Apollon cependant , rou-chê de compaflion pour le fils dePriam , même après foutre’pas, lecouvre de (on égide d’or pour que

le corps de ce chef ne fait pointdéchiré lorfqu’il cf! emporté par le

char’ rapide.

Ainfi , dans fa fureur , Achille ou-trageoit gvec barbarie le noble lice;

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c n A n T XXIV. 293tor. Les dieux fortunés , regardant cefpeé’tacle , étoient émus de pitié Pour

ce héros; ils exhortoient le vigÉlnnt

Mercure à ravir fon corps; tous lefouhaitoient avec ardeur: mais Ju-non , Neptune 8: Pallas , étoient loind’y confen-tir, ces deux déciles fur-

tout perfiflant dans la haine dontelles étoient animées contre llion,Priam 8: (on peuple. depuis que Pârisles flétrit par fon arrêt lorfqulcllcsfe rendirent dans fa cabane, 8c qu’ildonna le prix à la décile qui le fé-duifit par llappât d’une volupté fa-

tale. AMais lorique parut le douziemeiour , Apollon vint dans l’affemblée

des immortels , à: leur adrcfla ces re-proches :Quelle efi votre cruauté,dieux de l’Olympe l Heûor ne fit-il

pas couler fur vos autels le fang deviflimes nombrcufes 8L choifies Pmaintenant vous ne pouvez vous rée

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19.94. L’ILIADE,.foudre à fauver l’on corps. à le rem

die aux regards de (on épaule, defa mere, de fon fils , de (on parePriam, 8l de tout fon peuple, impa-tiens d’allumer fou bûcher à: delsiacquittcr envers lui des honneursfunebres. Vous factifiez tout, ô divi-ftite’s, au fttnefie Achille , fourd àl’équité , dont le fein enferme un

cœur inflexible , ô: nourrit la rage fé-roce d’un lion qui, entraîné par fa.

force 8: (on audace , tombe fur lestroupeaux 8c les dévore :tel Achillea étouffé toute compafiion; il ne

lui refit: plus aucun fentiment dehonte, cette fource féconde de maux

St de biens pour la race mortelle.On a vu des hommes perdre des ob-jets plus chers encore que celui de(es regrets . un frere ou un fils 3 leurdouleur s’afïoiblit après qu’ils ont

poufïé des gémifiemeus 8c verfé

des larmes: les deftins donnereut aux

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-hvua.

fl*-ÙInAYF-

ç un n r XXIV. 291mortels une ante qui fupporte le mal-heur. Mais,’ par une aâion cruelle8: indigne dejlui. ce guerrier , non con-tent d’avoir ravi le jour au grand Hec-tor, l’attache à l’on char , à: le traîne

dans la poufliere autour du tombeaude (on ami. Qu’il craigne ,malgré l’ad-

miration que nous avons pour fa ve-leur , d’enflammer notre colere en in.

fultant avec tant de rage cette terre

infcnfible. -Si les dieux veulent , répondit Ju-non avec courroux , qu’Achille 8cHector reçoivent les mêmes honneurs,

il faut écouter tes plaintes, divinitéqu’aime l’arc éclatant. Mais longe

qu’HeCtor , fimple mortel, a fucé lelait d’une mortelle , tandis qu’Achillecil le fang d’une décile que j’élevai

avec des foins complaifans, 8! quefie donnai pour époufe à Pelée, chéri

dans l’Olympe. Vous tous , ô dieux;

,vous affiliâtes aux fêtes nuptiales a

z

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’295 L’ILIADJZ,a: toi. perfide Apollon , auteur de tantde maux , tu partageas avec nous cesfeltins , tenant en ta main ta lyre.

Le dominateur des nuées prenantalors la parole: Junon, dit-il . calmele courroux qui t’anirne contre lesdieux -, jamais ces deux héros ne par-

dciperont aux mêmes honneurs.’Mais , de tous les habitus d’llion,

Heâor fut le plus cher aux immor-tels ainfi qu’à moi leur maître: il

me préfenta toujours de nobles of-frandes; jamais il ne lama mes au-tels dénués de libations 8: de vic-times fumantes , feuls dons que nouspouvons recevoir des hommes. Ce.pendant ne tavillons point le corpsde ce valeureux guerrier; Achilleenferoit inflruit par fa mere, qui nuit8: jour porte l’es pas auprès de ce filsinfortuné. Que quelqu’un d’entre vous

appelle Thétis dans l’Olympe; je lui

donnerai un [age confeil; je veux

A et..- ....--.-..---...

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-«.mwu-.

CHANT xxtv. 2’97qu’Achille accepte les dons de Priamà dégage Heflor.

ll dit; Iris, avec le vol de la tem-pête, exécute cet ordre 81 s’élance dans

la mer entre Samos 8: les rochersd’lmbre 2 la mer en mugit. La déefl’e

touche au fond de l’abyme avec larapidité du plomb attaché à la corned’un taureau 8: portant l’appât mortel

aux poilions dévorans. Thétis, envi.tannée de toutes les Néréides dans

fa grotte profonde , pleuroit le fortde (on illufire fils qui devoit périr,loin des lieux ou il étoit né , dans les

champs de Troye. La prompte Iriss’avançant: Accours, dit-elle, ô Thé-

tis: Jupiter dont les décrets (ont éter-nels t’appelle dans l’Olympe.

’ Pourquoi ce dieu fuprême demande-

pil ma préfence? répondit la reine des

flots: accablée du poids de ma dou-leur , je crains de paraître dans l’allem-

blée des immortels. Je m’y rendrai

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298 L’ 1 r. 1 A n n,cependant; quelleque fait la volontéde Jupiter , elle doit s’accomplir.

En dil’ant ces mots l’augufie décile

f: couvre d’un voile dont rien n’égale

la noirceur lugubre: elle part, pré-cédée d’lris aufii légere que le vent;

devant elles slouvrent les flots de lamer. Elles montent fur le rivage, 8!volent dans l’Olynipe, où le maître

du tonnerre étoit entouré de latroupe nombreufe 8: fortunée de:immortels.

Thétis va s’afleoir auprès du par.

des dieux , Minerve lui a cédé faplace; à Junon , lui préfentant unecoupe d’or, llexhorte à ne pas nourrir

cette trificfiè profonde : la décileporte la coupe à (es levres 8: la remetaux mains de Junon. Le monarquedes dieux ô: des hommes prenant laparole : Thétis , dit-il , tu t’es renduefur l’Olympe malgré l’afiliflion 8: le

deuil où ton aine cfi plongée : j’en

I 9-... -.-.--

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c n A N r zXXIV. 299cannois le fujet; mais (ache le motifqui m’a fait défirer ta préfence.

Depuis neuf jours la difcorde regneparmi les dieux ; l’invincible Achille

ü le corps d’Heélor en font l’objet.

La plupart vouloient que le diligentMercure enlevât ce corps: je m’yfuis oppofé par le foin que je prendsde la gloire d’Achille à: par les égards

8c la bienveillance que je te conferve.Hâte-toi d’aller dans le camp desGrecs, porte mes Ordres à ton fils;dis-lui que les dieux , 8K moi plusqu’eux tous encore, nous femmesindignés de l’aveugle fureur qui ledétermine à retenir Hector près dess’ailïeaux 81 à refufer de le rendre-à

fort pere. S’il me redoute , il nes’obflincra pas dans ce refus. Je vais

envoyer Iris au magnanime Priam;qulil aille vers la flotte des Grecracheter un fils fi tendrement aimé .a: préfenter au fuperbc Achille des

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"300 L’ILIADlidans propres à calmer fou ardentcourroux.

Thétis obéit aux ordres de Jupiter;

8K prenant un rapide elïor des femmes

de l’Olympe , elle arrrive dans latente de (on fils. Il poulÏOÏI decontinuels foupirs, tandis que (esamis , emprelïés à lui donner leurs

foins, préparoient un repas; unegrande brebis chargée dlune richetoifon venoit d’être immolée. Ladéelïe, mere vénérable, s’allied au-

’ près diAchille, ü lui prodiguant les

plus tendres cataires, lui tient cedifcours.

Mon fils , jufques à quand veux-tufoupirer, répandre des larmes, 8:confumant ton cœur de triflefie, tepriver de nourriture, de fornmeil, a:des charmes de l’amour , fi puifi’ant

pour adoucir les peines des mortels?Tu ne jouiras pas long-temps, hélas!de la lumiere. ô: déjà la parque in:

u

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xnnw-stl]

4.1

.wvwnscm-Ubs

c u A N T XXIV. 3o;flexible s’approche. Prête fans retard

l’oreille à ma voix : je viens icipar l’ordre de Jupiter; il t’annonce

que les dieux, Bi lui plus qu’eux tous

encore, font indignés de la fureuraveugle 8L obllinée qui te porte àretenir Heé’tor près de tes vaiiïeaux,

à refufer de le rendre à [on pere.Renonce à ton deKein, 8c reçois larançon du mon.

Si tel cil l’ordre abfolu du maître

de l’Olympe, répondit Achille, quecelui qui doit m’apporter la rançonpareille , & qu’il emmene le cadavre.Ainfi la mere 8: le fils s’entretenoiengprès de la flotte.

Jupiter cependant fait defcendre Irisvers les murs (acres dlIlion :lVa , dili-gente lris,quitte rapidement l’Olympe,

ordonne dans Troye au magnanimePriam dlaller vers les vailïeaux desGrecs racheter (on fils, 6: préfenter iau terrible Achille des dans propre:

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302 ’ L’ILIAnz,à l’adoucir. Qu’il s’y rende l’exil;

8: n’ait pour tout compagnon qu’un

héraut vénérable pour conduire lechar qui doit ramener au feirt d’Ilionle corps du guerrier tué par le noblefils de Péléc. Qu’il écarte de, fou

efprit l’image de la mort 8l touteautre crainte; nous lui donnerons pourguide Mercure , qui l’accompagneraiufqu’à la tente d’Achille. Quand ce

héros le verra devant lui, il lerefpeé’tera 8l ne fouErira point qued’autres l’infultent : il n’efl pas

inflexible, ni fourd à la raifon 8: àl’équité; touché de compafiion, il

épargnera un roi fuppliant.Iris , plus rapide qu’un tourbillon .

court exécuter cet ordre, &arrive aupalais de Priam , féjour du deuil 8Lde la triflefîe. Les fils du vieillard,aflis autour de leur pere dans l’en-ceinte de la cour, arrofoient leursrétenteur de leurs larmes; il étoit

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c u A N r XXIy. 3c;enveloppé 8l ferré de [on manteau ,

qui rendoit toute la forme de (oncorps; fa tête blanche étoit couvertede la cendre quiil y avoit portée defes mains en fe roulant fur la terre.Ses filles 8c les épeures de l’es fils

faifoient retentir le palais de leurscris lamentables 8! des noms de tousles vaillans guerriers percés parlescoups;des Grecs 8c couchés dans lafoule des morts. La meflagere ailéede Jupiter s’approche du vieillard;8: parlant à voix baflÎ: l’car un trem-

blement l’avoir failli): Priam, dit-elle,

raflure-toi , n’aie aucune crainte;je ne viens point t’annoncer denouveaux malheurs , mais tel donnerun témoignage de bienveillance , en-voyée de la part de Jupiter, qui,malgré la diflance dom le ciel efi réparés

.de la terre , prend foin de toi 8:compatit à ton infortune. Ce dieufuprême t’ordonne daller racheter le

I

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334 I; 1 r. 1 A n E ,’grand Heé’tor , d’appaifer le courroux

du fils de Pelée par les dans les plusprécieux. Rends-toi (cul auprès de lui.

n’aie pour tout compagnon qu"unhéraut vénérable pour conduire les

mulets ô: le char qui rameneront dansTroye le corpslde ce chef tué parl’invincible Achille. Que l’image de

la mort ni aucune autre terreur netrouble ton efprit; Mercure fera tonguide S: r’accompagnera iufqu’à la

tente du fils de Pelée. Quand cehéros te verra devant lui, il le ref-peStera 8: ne fouffrira pas que d’autres

t’infultent: il n’efi pas inflexible , nilourd à la raifon 8: a l’équité; touché

de compaflion, il épargnera un roifuppliant.

Elle dit, 8: s’envole. Priam auflî-rôl

ordonne à (es fils d’atteler les muletsà (on char 8: d’y attacher un coïteimmenfe. Cependant il va dans uncabinet élevé, boife’ de cèdre odorant .

8c

l--...--. ,

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«-..-».,--*-.-

c n A n 1’ XXIV. 3058: rempli des richefïes les plus rares;il appelle Hécube . 8c ces parolesfanent de fes levres: Epoufe infor- itunée , la melïagere du ciel m’ordonne

de la part de Jupiter d’aller au campdes ennemis racheter le corps d’unfils que j’aimai tendrement, 8: ofli-irau fils de Pelée des dons qui puiffent

calmer [on ante fupetbe. Dis, quepenfes-tu de cet ordre? quant à moi,un ardent défit me pouffe à me rendreaux vailïeaux des Grecs. à pénétrer

dans leur camp. tA ces mots Hécube jette des cris

perçans :. Dieux immortels! dit-elle,qu’efi devenue ta prudence autrefoisfi vantée des nations étrangeres 8: du

peuple que tu gouvernes? Commentpourras-tu aller feul au milieu del’armée ennemie 8c iufque fous les

yeux du meurtrier de ces fils auŒnombreux que vaillans? ah! tu asdonc un cœur de fer. Quand tu fera:

11144! Tom. V1. S

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30’s L’ 1 r. x A n a;

au pouvoir de cet homme barbare;. quand il arrêtera fur toi (es regards,il n’aura pour ta perfonne ni corn-pafiion ni aucune ombre de refpeâ.Pleurons au fond de ce palais. Notrefils malheureux. dès le moment oùje lui donnai le four a: que la cruelle

. parque forma la trame encore (ciblede fa vie, fut condamné par elle àraflafier les chiens voraces , loin defou pere 8l de fa mere, livré à lapuitïance d’un homme féroce dont je

voudrois tenir le cœur. Que ne puis-jem’attacher a ce cœur pour le dévorer!

alors feulement il auroit reçu le iut’te

falaere des barbaries qu’il a exercées

envers mon fils; à cependant Heâorn’efi point mort en lâche; mais,combattant avec courage pour lesTroyens 8l leurs femmes . il a reçu letrépas fans pâlir. -

Celle de t’oppofer à ce defl’ein;

mon départ cit réfolu, répondit le

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fil

c n A n r XXIV. 307vieillard majeflueux: que dans monpalais ta douleur ne foit pas pour moid’un finifire préfage; tu ne pourrasme perfuader. Si c’étoit un mortel ,

l’un de nos augures ou de nos facti-ficateurs , qui m’eût apporté cet ordre,

je le regarderois comme une impoflure .8: ne pourrois me réfoudre à l’exé-

cuter; mais j’ai moi-même entendula voix de la décile , je l’ai vuedevant moi: je pars, rien ne feracapable de m’arrêter. Dufïé-je périr

dans le camp des Grecs , j’y cours;qu’Achille me tue auflî-tôt , pourvu

que je ferre dans mes bras le corps demon fils, à: que j’aie afibuvi le délie

de l’arrofer de mes larmes.

Il dit; 8: levant les beaux cou-vercles de coffres précieux. il en tiredouze voiles fuperbes . douze tapis,autant de couvertures , de tuniques8: de manteaux , dix talens d’orqu’il (omet à la balance . deux trek.

s a

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308 1’ 1 r. t A D a;pieds éblouifïans , quatre grandivafes, 81 une coupe merveilleufe qu’ilreçut jadis des Thraces lorfqu’il f:rendit chez eux comme ambalfadeur,préfent ineflimable ; le vieillard lafactifie fans peine pour racheter lecorps de fun fils. Ce père malheureux ,aigri par (es peines, écarte enfuitela foule des Troyens qui remplifl’oiemle portique; & s’ernportanr jutqu’à les

infulter : Allez, race perverfe, leurdit-il , n’avez-vous point à pleurerdans vos maifons vos propres pertes,fans venir encore aggraver ma dou-leur .3 ou comptez-vous pour rienle deuil où Jupiter m’a plongé en

me privant d’un fils fi valeureux PMais vous fendrez vous-mêmes cecoup lorl’qu’après fa mort vous ferez

pour les Grecs une proie facile gquant à moi, avant que mes yeuxvoient cette ville faceagée, réduite

pl un monceau de cendres , je

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’h-Ivv-wæu-n-

au

nul?

c n A u 1- XXIV. 30gdefcendrai dans la- demeure dePluton.

En difant ces mots, il les repoufTedu respire,- ils refpeâem l’indignation

du vieillard 5K fe retirent. Il tourneenfuite (a colcre mexiçame contre(es fils , Hàlénus , l’illufire Agathon.

Pâris, Amiphon, le brave Politc.Pammon , Déiphobe, Hippothoüs 8L

le noble Agave; il leur donne ce:ordre accompagné des reproches lesplus cruels: flânez-vous donc de[monder mon dclTein , enfans lâches8c couverts d’opprobre: plût au cielque vous- enfliez tous été immolés

fur ce rivage à la. place d’HcÊtorO infortuné que je fuis! j’ai mis au

jour des fils.vaillans dans l’immenfcTroye, 8: aucun dleux ne m’efl relié,

ni llimrépide Meûor, ni Troile,adroità combattre du haut dlun char,ni "côlon qui étoit un dieu parmi.les hommes; non ,, il ne (amblai?

si

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’316 L’1LIADI;point être né d’un mortel. Mars meles a ravis, ô: ne m’a laifïé que ceux

qui font ma honte , des perfides . desraviflenrs publics , don: les jourss’écoulent dans les danfes a: dans les

felfins. Ne vous hâterez-vous pas enfin;à-préparer mon char 8: à le charger

de tous ces préfens, pour que à.m’éloigne de ces lieux ?

A ces reproches d’un par: défole’

ils (on: faifis de crainte, a: animentun chariot à quatre roues , dom l’ane-

lage cil formé par des mules , a quifort des mains de l’ouvrier; ils y pla-

cent un grand coEre; ils dépendentdu mur le ioug de buis, orné d’une

bofleue 8: de brillans anneaux; 6:apportant avec le ioug les rênes lon-gues de neuf coudées, ils l’attachent ,

ainfi que l’anneau qui les reçoit, àl’extrémité du Limon luifant; ils en.

(curent trois fois la bofïene des rê-nes , les unifiant à l’extrémité par un

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c n A in tr XXIV. 311nœud formé fous l’angle que tient la

main du conduâeur. Ils portent horsdu cabinet les dons nombreux dalli-nés à racheter Reflet , les entalïcntfur le chariot , 8: foumettent au jougles mules infatigables . préfent diflin-gué que leur pere reçut autrefois des

Myfiens. Ils amenent enfin les cour.fiers qui conduiront le char de Priam ,8K que le vieillard fe plaifoit à nourrirde fa main dans une fuperbe écurie :Priam à: l’on héraut . occupés pro-

fondément de leur dell’einJ les at-

tellent eux-mêmes fous le haut por-tique.

Alors Hécube s’avance le ’cœur

«fichiré de trificfl’e; elle tient unecoupe d’or remplie d’un vin auflî

doux que le miel. Ne voulant pasqu’ils s’éloignent fans avoir fait de

libations , elle s’arrête devant lesconrfiers; a: s’adreflant à l’on époux:

Prends cette coupe , dit-elle; pnifqne

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312 l’ILIAnE.tu veux malgré mes prieres te rendreaux vailïeaux des Grecs , répands cevin à l’honneur du pare des immor-

tels, 8: conjure-le de te ramener danston palais du milieu de nos cruels en-nemis. lmplore Jupiter, qui , du hautde l’lda où il commande aux (ombres

nuages, voit la ville entiere de Troye ,81 demande-lui un augure prompt fi:favorable -, que [on oifcau chéri , le roi

des habitans de l’air,vole à ta droite ,afin qu’ayant arrêté (ne lui tes regards

tu te rendes avec confiance au campdes Grecs. Si le dieu du tonnerrerefufe de t’envoyer ce meil’ager pro-

pice, je te fupplie de ne point parter-res pas dans ce camp , quelque ardeurqui t’y entraîne.

Chere époufc , répondit le noble

Priam , je ne refufe point de me fou-’ mettre à tes défirs : il en bon d’élever

les mains vers Jupiter 5: d’implant fa.clémence. o

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alu-

c rt A n -r XXIV. gr;Aufiî-tôt le vieillard ordonne à

i l’une des femmes de fa maifon de.verfer fur l’es mains une eau pure;elle approche tenant le baflin 8c le -vafe. Après qu’il a purifié (es mains,

il reçoit la coupe : debout au milieude l’enceinte de la cour il attacheles yeux au ciel -, à: répandant la li-queur fanée, il dit à- haute voix: [’ch

’fouverain qui domines fur l"lda , dieugrand ô: terrible , veuille , après m’a-

voir conduit dans la tente d’Achille ,’

le rendre fenfible à mes larmes: daic’

gué m’envoyer un ligne prompt de

ta volonté; que ton oifeau chéri , leroi du peuple ailé , vole à ma droite,afin qu’ayant arrêté fur lui mes re-’

gards je marche avec confiance jufgque dans le camp des Grecs.

Telle efi fa priera. Jupiter l’entendô: envoie (on aigle , oil’eau chafi’eur,

dont le vol efi le plus certain de tousles augures. Ses larges ailes le dés

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314 vl’ILIADI.ploient , comme: les portes fuperbegqui. jointes avec habileté, fermentle palais d’un homme environné del’abondance. ll vole rapidement à la

droite de Priam au-defihs de la ville;à cet afpeâ (a raniment dans tous lescœurs l’efpérance à: la joie.

Alors le roi vénérable fe hâte de

monter fut fou chat. qui fondait:roule hors du vefiibule a du portiquetetentifl’ant. Les mules , conduitespar le [age Idéus , traînoient le cha-

riot à quatre roues, fuivi des cout-fiers , que Priam . l’aiguillon enmain, pouffoit promptement à tra-vers la me; les ficus a fine fouleimmenfe raccompagnoient en ver-fant un torrent de larmes , commes’il alloit au trépis. Priam fort des

portes , defcend dans la campagne,à fes fils 81 le peuple retournent

dans Troye. .Jupiter voit du haut des cieux

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au W-

’c H A N T XXIV. 31gPriam avec l’on héros s’avançant

dans la plaine; il efi muche du fortde ce vieillard infortuné: Mon fils ,dit-il à Mercure, toi qui , prêtantl’oreille aux prieres des mortels, esle compagnon de leurs entreprifes, voledans cette plaine , fois le conduâeurde Priam , 8: fais qu’il pénetre , fansêtre apperçu d’aucun des Grecs , inf-que dans la tente d’Achîlle.

l Aufiî-tôt Mercure attache à fespieds les belles talonnietes d’un oncélefle , qui, aufli rapides que lesvents , le portent à travers l’empire

des flots St fur la terre immenfe : ilprend le caducée , qui, flattant lesyeux des mortels , les plonge dans lefommeil ou réveille ceux qui fontprofondément endormis. Ce caducée

en main , le vainqueur d’Argus fend.

les airs 8l touche en un moment aurivage de l’l-lellefpont -, il s’avance

fous la figure d’un toi entré dans

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5316 1’ ! t. I A n e ;l’adolel’cènce , 8: dont le port maiefa

tueux 8l la beauté furprenante cap-tivent tous les regards.

"Déjà Priam 8c fan compagnonavoient paflé le tombeau d’llus, a: ils

abreuvoient les mules 5l les chevauxdans le fleuve; les ténebres commen-çoient à noircir les campagnes; quand

le héraut regarde , 8l voit Mercureporter vers eux fes pas : O Priam ,dit-il, longe à toi; que ta prudencene t’abandonne pas en ce moment :j’apperçois un guerrier qui fans doute

va nous ravit le jour; fuyons , ou em-ballons (es genoux , afin de l’atten-drir , s’il porte un cœur fenfible.

A ces mots Priam fe trouble. lescheveux du vieillard courbé fe dtef-fent fur fa tête , il demeure immo-bile d’elïroi -, lorfque Mercure s’ap-

proche, St lui prenant la main z Monpare, dit-il , où guides-tu ces deux5h35 a travers les ombres paifibles

(1°

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Iww- a

---.--w..-....-

c a A a 1- XXIV. 311de la nuit , tandis que tous les mor-tels favourent le neâar du fommeil?Ne crains-tu pas les Grecs, qui, nerefpitant que fureur , font toujourstes ennemis, ont conjuré ta ’ruine

ô! te menacent de près? Si quel-qu’un ’d’eux te voyoit conduire tant

de ricflszes au milieu des ténebres.,que deviendrois-tu? Tu es d’un âge

avancé , à: ce vieillard qui t’accom-

pagne t’aideroit peu à repoufiet unguerrier formidables Mais celle decraindre; loin de te nuire , ie feraiton guide à: te garantirai des périls;tu m’oflres l’image refpeâtable de

mon pet-e, eMon fils , i: n’ai, comme tule dis ,

que trop à redouter, répondit Priam;mais quelque dieu , malgré l’excès de

mes infortunes ,’ me tend une mainproteârice , puifqu’il n’accorde un

guide dont la rencontre efl pourmoi d’un .fi heureux vêlage. ne.

Iliade Tom, V]: I,

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3:8 filetant;mire ton air , ton port, auxquels ré-pond la grandeur de ton ante; oui.tu dois la Inaifi’ance à la race la plus

fortunée. iLes dieux , repartit Mercure, leprennent , il eli vrai, fouslequàrde :mais parle fans deguifement; quelcl! ton delïein? conduis-tu ds pré-cieux tréfors chez quelque nationétrangere. afin de fauver au moinsune partie de tes biens ë ou , frappés

de terreur , abandonnez-vous tousles murs (actés d’llion , depuis la

chute fatale du plus grand de voshéros . de ton fils, Qui balançoit la

valeur des Grecs? -. Qui donc es-tu , noble perron-nage, dit Priam, roi qui prends unepart fi généreufe au fort de mon (il;infonuné 2

Tu veux m’épronver . ô vieillard,

répondit Mercure , en m’interro-geam au (nier du grand Reflet. Je

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tu

:A-ummwn,

.anNï XXIV. 319l’ai vu bien (cuvent le couvrir deigloire dans le champ des combats,8c fur-tout lorfque la pique à la main,repoufihnt les Grecs jufques à leursvaifl’eaux , il femoit parmi eux l’hor-

reur’ôt le carnage: fpec’latenrs de l’es

exploits . nous l’admirions, Achillecourrouce ne nous permettant pasde combattre. Je lui appartiens , lemême vaill’cau nous porta fur ce ri-vage. Je vis le jour dans la ThelÏalie -,’

mon pere cil Polyâor comblé derichcfiles , courbé comme toi fous le.

faix des ans; je fuis le faptieme defes fils , ô: parmi eux le fort m’élut.

pour fuivre les pas d’Aclnllc. J’aiquitté; cette nuit le camp dans ledeflein d’épicrl’enncmi z car . au point;

du jour . les Grecs, attaqueront vosmurailles -, 4ils ,s’indignent de leurinaûion , 8; nos rois ne peuvent con-tenir plus long-temps l’ardeurjmpé-l

tueufe du fuldat. ’T a

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0

32° 1’ 1 t. 1 A n a;Ali Lpuifque tu appartiens à ce

héros , dit Priam , daigne ne me rienceler; le corps de mon fils eaux en-COre auprès des vaifl’eaux P ou l’im-

placable Achille l’a-nil déjà livré à la

rage de l’es chiens devenus?. O vénérable vieillard , repartit le

ménager de Jupiter , les animauxvoraces ni du ciel ni de la terre n’ont

point touché le corps de ton fils; ileft encore couché fans honneur prèsde la tente d’Achille ; voici le don;zieme jour qu’il efl à cette place ,refpeâé des vers dont les viâimesde Mars [ont la proie. Dès que l’au-

roreembellit les cieux , Achille letraîne avec férocité autour du tout.

beau de ton ami , fans nuire à. cecadavre. Toi-même , en le voyantétendu fur la terre . tu admirerois fabeauté, ô: l’a fraîcheur remblable à

la rofée; le fang qui levfouilloit adifparuj il ne lui en relie plus de

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"à G- h!"

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’c n A si r XXIV. ’32!

trace; toutes (es blefTures ( car il aété percé d’un grand nombre de

coups) font fermées z tant les dieuxfortunés, qui chériffoient ton fil;pendant fa vie , prennent de lui unfoin particulier , même après fan

trépas. IIl dit , à une douce joie fufpendla douleur du vieux Priam : Qu’il’avantageux , mon enfant, s’écrie-

t-il, d’offrir aux dieux les tributsqu’ils ont droit d’exiger! jamais mon

fils (hélas ! eus-je unfils?j.n’ouhlia

dans [on palais les dhabitans de.1’Olympe; aufli chérifient-ils fa mé-

moire , quoiqu’il (oit dans l’empire

ne la mort. Mais reçois de ma maincette belle coupe; à me prêtant tonappui, conduis-moi , avec le recoursdes dieux , jufquc dans la tente du

l fils de Pelée.Tu veux éprouver ma jeunefl’e’,

vieillard [répondit Mercure : mais

T3

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V322 L’ILIADIE;tu ne me feras point accepter regdons à l’infu d’Achille ; je le redoute v

8l le révere trop pour ravir ce quilui cil deliiné , G: m’expofer auxfuites d’une aâion fi hardie. Cepen-

dant je ferai ton compagnon aliidufur terre comme fur mer, dulTé-je te

conduire au fein de la fameufeArgos , St il n’en pas à craindre quequelqu’un méprife un tel guide 8e

lofe t’attaquer. -En même temps il s’élance fur le

char, prend lui-même le fouet à lesrênes, 8: infpire aux courtiers 8: auxmules une vive’ ardeur. Ils touchenten un moment aux touts 5: au foiTé"des Grecs; les gardes y préparoientleur repas : Mercure épanche lefommeil fur tontes les paupiettes g ilouvre les portes, ôte les barresl a:conduit danslle camp Priam avec lechariot couvert de riches dons. Il:arrivent devant la tente élevé;

i

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c n A n, a: XXIV. gagd’Achille. Pour l’ériger, les foldats

de ce prince avoient abattu de nomîbren: fapins; 8t pour former le toit;ilsî avoient moilfonné le jonc des

prairies z un rang de pieux rferrésbordoit la vafle enceinte de la cour ;la porte étoit munie d’une poutreénorme; il falloit, parmi les Grecs.nais hommes pour pofer 51 écarter-cette lourde barriçre; Achille (cul entriomphoit. Le- dieu favorable ouvrecette votre au chef âgés à ayantintroduit Priam avec les dons, il.defcend du char : Je fins , lui dit-il PMercure, qui. par l’ordre du maîtredes cieux, t’ai feryi de guide. Je sequitte, 8l ne (accompagnerai poinsdevant Achille: la majefie des dieuxne leur permet point ’de protéger

ouvertement les mortels. Toi cepen-dant , ofe paraître aux yeux du héros,

emballe (es genoux; 8l , pour émou-

voir Ion coeur, implore-le au nonT s

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331.4 zltLrAnzfid’un pere. d’une mere. 8: alun fils

- qu’il aime. Après ces mots le dieudifparoît , 8: revole fur l’Olympe

élevé. ï v l AAlors Priam defcend à terre; a:

laifi’ant Idéus en ce lieu pour garder

les deux charade vieillard pénetredans la demeure du grand Achille;il le voit au milieu de la tente. Laioule de fes compagnôns étoit affiliedans l’éloignement; [culs le brave

Automédon, 8l Alcime rejeton deMars , fe tenoient près du hérospour le fervir: il venoit de terminer(on repas , la table n’etoit pas encoreenlevée. Priam ,’ fans être apperçu,

entre: il s’approche , embralïe lesgenoux d’Achille ; a prenant cesmains terribles, homicides, qui luiont immolé tant de fils. il les baifehumblement. Lorfqu’un meurtrierpourfuivi par les lois fuit fa terrenatale 4, à: qu’atteîgnant une ville

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Cl! -w’. l-

3......le

Lumen

Q ,

a n A n r xxxV. 3:;êtrangere il fiat-oit tout-à-coup dans

un palais ou il cherche un afile,les afiifians [ont frappés de la plusvive furprife z ainfi le fils de Pelées’étonne à la vue du noble Priam;ainfi les fpeé’tatcurs demeurent muets .

8: fe regardent. l’un l’autre avec; in-

certitude, lorfque le vieillard, rom;pant enfin le filence, l’implore en ces

films : i iAchille , femblable aux dieux ,refleuviens-toi de ton pete; il en,comme moi, accablé d’années, arrivé

aux bornes de la vie. Peut-être cil-ilafiie’ge’ par de puiflans voifins, fans.

avoir à côté de lui performe quipuille le dérober à des périls immi-nens. i Cependant , lorqu’il apprendque tu vis, fan cœur s’ouvre 5 l’efpé-

rance à: à laioic, ô: il (e flatte à cha-

que infiant de revoir (on fils: maismoi , ô le plus infortuné des hommes!

i’ai mis au jour un grand nombreT s

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à

3:6 r.’ 1 r. 1 a n a;de héros dans la fuperbe Troye, 8je crois qu’il ne m’en relie plus un

feu] pour foulager ma douleur. lavoiscinquante fils, quand les Grecs abor-derent à cette rive: dix-neuf étoientfortisidu même fein; les autres, dansmon palais, durent la nailfance à descaptives: la plupart’ ont fetvi deviûimes à l’infatiable Mars. Le fatal

que j’avois encore, qui pouvoit lesvenger ô: foutenir nos murailles, tuviens de le tuer dans un combat ’oùil a fignalé (a valeur pour la défenfe

de la patrie, mon HeCtor. C’ell en(a faveur que je fuis venu près desvaiffeaux des Grecs -, reçois les dansles plus précieux . rends-moi il»:corps. Achille, refpea: les dieux areŒouviens-toi de tan parc, ai: pourmoi quelque compaTr n. Hélas !combien je fuis plus malheureux!l’ai pu, ce que n’a fait encore aucun

monel, approcher de mes leu-es lea

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nana-w

-

yucca-Av:

l

c l! en r XXIV. p7mains de celui qui verra le fang de

mes fils. gCes paroles réveillent dans le cœurd’Achillle. un fouvenir douloureux; 6:,

lui prenant la main , il repoufle doua;Icernent le vieillard. Tous deux , (aretraçane l’olijet le plus cher , fon-doient en pleurs : Priam. proflernéaux pieds du vainqueur, pleuroit];vaillant Hcâorpei le héros donnoisdes larmes à (on pere, mais aulâde morigéna en momens à Patrocle :la tente étoit remplie de leurs gémit;femens réunis. Enfin après qu’Achillç

s’en ramifié de larmeS. que (on cœur

el’t foulage de (es regrets . il s’élance

de [on liège 3 .8! tendant la main auvieillard, il le releyp, à regarde avecçompaflion les cheveux blancs de (on.

air vénérable. - p. . .Ah! mortel infortuné, dit-il , que

de peines tu as foutenucs l Quoil.«avarier [cul tout un camp ennemi

’ T 6 I

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gaz 1’": L z A a z;a: paraître devant le deliruâeur de

ta nombretlfe 8: vaillante race! toncœur efl d’airain. Mais repofe-toi fur

ce liège. 8:, quelle que fait notredouleur , renfermons-la dans notrefein; nous n6us livrerions vainementaux plaintes ’ameres. Les dieux on:

voulu que les jours des miférablesmortels fullent tifi’us de dil’graces;

feuls ils fouillent d’un bonheur par-fait. Au pied du trône de Jupiter (ontdeux urnes profondes; l’une renferme

nos maux; l’autre nos biens. Quandce dieu puife dans les deux fourres,notre vie cl! mélangée de bonheur a:d’infortune. Celui qui ne reçoit enpartage que les fornbres peines, et!livré a l’infulte 5: au mépris; des

chagrins dévorans le pourfuiveutfur la terre; il erre de tomes parts ,en opprobre aux dieux a aux hommes.Pélée, des fa naillance, efi enrichides plus rares dans? rupêrienr aux

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-vr-uuv-æ-s-----Au---v---m

’c a A tr r XXIV. 329’

humains par l’éclat a: les néron

qui l’environnent , il regne dans laThclïalie; mortel , il reçoit des dieuxune décile pour épeure. Cependantils veulent que lui-même connoiflêle malheur; loin d’être entouré dans

(on palais de nombreux héritiers de[on feeptre, il n’a qu’un fils qui doit

périr à la fleur des ans; tandis que lavieillelle de mon pere auroit un befoinprefÎant de mon appui, je féiourne

loin de ma patrie fur cette rive,-81 te plonge roi 8: tes enfans dansles difgraces. Toi-même, ô vieillard ,

tu vis jadis fleurir ton empire ipoffelïeur fortuné de toutes les richelïes

de Lesbos, de la Phrygie, 8: del’Hellel’pont étendu , ta gloire s’en

encore accrue par la race nombrcufedans laquelle tu t’es vu renaître.Mais depuis que le ciel trouble cettefélicité. il entoure llion de combats,8: fait tomber chaque jour [es défen-

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.33 L’ILIAD,E,feurs au pied de vos.remparts. Sup-porte donc tes maux. puifqu’aucunmortel n’efi exempt de peines; nenourris pas en ton ante une éternelledouleur. Tes regrets font inutiles .ils ne rappelleront point ton fils des[ombres rivages ; tu dois plutôtt’attendre à quelque. nouvelle infor-IFLll’le. ’

N’exige point que îe me leve 8:

me repofe , répondit Priam , tantqu’Heélor cil étendu devant ta tente ,

privé de fépulture. Ah l rends-moipromptement l’on corps , que mesyeux le revoient. Accepte les dansnombreux que nous rapportons; 5:fille le ciel que tu puilïes en jouir ,8L retourner heureufement dans apatrie , après que tu m’auras permis

de voir encore quelque temps la hip.miere du foleil.’ I

L’impetueux Achille lui lançant ne.

regard animé de caler: 2- Vieillard .

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u--r-..--w

c H A N. 1 XXIV. 331.dit-i1 . cefi’e de m’irrirer z avant que

tu .rn’eufïesv imploré , j’avois réfolu

de le rendre HeÉtor . docile à lavoix de la fille de Nérée , ma mer: ,

qui efl venue me Pardonner de laipar: de Jupiter; &, Priam( ne crois

pas m’abufer), je n’ignore pas qu’un

dieu t’a Iconduir, dans le camp desGrecs. Prive de ce (cœurs , un mortel Ifût-il dans toute la vigueur de l’âge A

n’eût pas eu l’audace de pénétrer dans

ce camp; il n’eût point trompé la

vigilance de nos gardes ni ouvert (ifacilement. la . porte de ma tente.N’excite donc pas plus long-temps’

ma douleur 8L mon courroux , outquoique tu y paroifïes eu fuppliantl,crains, ô vieillard, que je ne (abannifl’e à l’infla’m de ma teinté: que

je ne viole les Ordres de Jupiler.Priam effrayé obéit. Achille, ayez

la r;.pidiré d’un lion , fe précipiceMrs. de fa; demeure , accompagné

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332 L’ILIADE;’d’Automédon 8c d’Alcimei , qu’il

honore le plus entre tous (es com-pagnons après la perte de Patrocle.Ils détellent les mules à les courfiers,

conduifent le héraut dans la tente ,le placent fur un liège , déchargentdu char les dons defline’sà la rançon

du. mort, 8: y nitrent deux riche!’ manteaux 8: une tunique fine pour

en couvrir le corps que l’on reme-rieta dans Troye. Achille, appelantles captives. leur ordonne de laverce corps, de. le parfumer (faïencesloin des yeux de Priam , de. peutqu’à ’l’afpeâ de [on fils fa douleur

réveillée n’enflamme (on courroux,

8: ne l’expofe à la furèur du héros ,

qui , dans le premie- t’anfport ,immoleroit peut-être le vieillard, aumépris des lois de Jupiter. Après .que les captives ont lavé ce corps ,qu’elles l’ont parfumé (Faïences , 8:

couvert de la» tunique à: ide: man’-

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î

anquXlV. 333maux; Achille. aide de (et com-pagnons ,1 l’étend fur le lit funebre ,

à le place fur le chariot éclatant.Il pouffe enfuite des foupirs, a:appelant l’ombre de fou ami: Net’irrite point , s’écrie-t-il , ô mon cher

Patrocle. fi tu apprends dans les en-fers que j’ai rendu le noble Reflet

’ à pere. Les d’ms qu’il m’a fait:

ne font point indignes de nous;fidelle au plus ’faint devoir , fie veuxne m’en réferver qu’une légere partie ,

ü les Contact" à tes mânes.

. Achille rentre dans fa tente; 8threplaçant lut: fon fiége en face de’

Priam :Vieillard ; dit-il . ton fils eflàwtoi talon tes défirs , il ef’t couché"

fur un lit funebre; tu le verras enremmenant au lever de l’aurore. ’Songe’en ce moment à prendre quel- i

que naurriture. Niché même con-fentit enfin à ne pas négliger le foin-de les jours , iquoiqu’elle’eût perdu’

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334 ’FÏIL’IAPI!’à la fois dans for: palais (en dans.enfans. fix filles fig fils à]; fleur.de leur jeuneiïe: Apollon immolaceux-ci de fan arc d’argent; a Dianefit périr celles-là de (es: traits cruels.La fuperbe Niché avoit olé r: corn-parer à Latone , difant qu’elle étoit

mare d’une race nombreufe , tandisque la décile n’avoir ou que deuxrejetons z mais les deux’rejetons ex-terminerent tous l les enfants de cette

rivale, Durant neuf. joui-5, ils de-meurerent étendus dam leur [mg ;aucun des citoyens newouloit lesenfévelir , Jupiter ailoit changé en.pierres les cœurs. de ce peuple. la:dieux, émus de compafliou .’ leur.donnetent enfin la fépulurre. Niché ,

après avoir tari la Courte de fies pleurs .ne refiufa point de fougeoit-les trillesjours; ô: cependant fa douleur étoitfi, profonde , que , transformée enrocher fur Je mon: défet; de Sipyle,

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canots: XXIV. 33;.où font les. antres des Naïades , quiforment des, danfes folennelles autourdu fleuve Achéloiis , elle paroit (en-fible a l’es malheurs, ô: répand en-;

tore des larmes, Songeons donc ,noble vieillard , à triompher denotre douleur : tu donneras allez depleurs à ton fils, quand tu l’aurasconduit dans ilion . a; que tu ferasl’es funérailles; alors rien n’en trou-

blera le cours.Il dît: & le levant aufli-tôt , il

immole une brebis à la toifon ar-gentée. Ses compagnons la dépouillent,

la partagent, en chargent de longs:dards Qu’ils approchent des flammes

avec un foin indufirieux; ils les re-tirent. Autome’don difiribue le pain

entaillé dans de belles corbeilles aAchille fer: les viandes; ils prennentles alimens préparés. Lorfqu’ils ont

terminé le repas, Priam, l’œil atta-

ché fur Achille , ne celle point d’ad-n .

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335 L’ILIEAIDE.’ F

mirer (on air noble 8c fa fiature ma;jeûneufe qui le rendoit femblableaux immortels. Le héros ’confidere le

fils de Dardanus avec la même fur-prife , charmé de la douceur vénérable

de fort front, 8l prêtant l’oreille àl’es difcours pleins de fagelïe. Après

qu’ils fe (ont plus long-temps danscette admiration réciproque : Favoride Jupiter, dit le vieillard , foufl’reque je me retire , a: que j’aille merepolir 8: goûter enfin les attraitsdu fommeil; car depuis que monfils, tombé fous ton bras , a rendule dernier foupir, loin que j’aiefermé la paupiere , je n’ai celle de

gémir ô: de nourrir ma douleur ,couché dans la cendre au milieu del’enceinte de ma cour. Aujourd’huimême, à ta priera, j’ai pris quelque

aliment , 8: approché la coupe demes levres; j’ai refufe’ jufqu’à ce

moment de ranimer mes forces dé:(aimons.

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’ CHANT XXIV. 33,5 .A peine a-t-il parlé . .qu’Achille

commande aux ficus ô: aux captivesde préparer des lits fous le portique,d’étendre des peaux , de belles étoffes

teintes en pourprel d’y dérouler deriches tapis A, 8c des convertures d’une

laine douce à: velue. Les captives ,tenant en main des flambeaux , fartent tà fe hâtent d’exécuter cet ordre.

Achille , dégnifant fous une fauliefrayeur le motif qui ne lui permettoitpoint de garder Priam la nuit dansla tente : Noble vieillard; dit-il, tutrouveras fous le portique deux litstout prêts. Ici ton repos feroit troublé

par les Grecs, qui, durant la nuit ’même , viennent , comme ils ledoivent, me confulter, ourrecevojrmes ordres. Si quelqu’un d’eux (apr

percevoit, il ne manqueroit pas d’en

avertir Agamemnon notre chef. 8cpeut-être le rachat de ton fils fortifii-toit-il du retard. Mais parle : combien

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l

i538 7K 1 i. r’A’D a,

délires-tu ’de jours’pour rendre les

derniers honneurs au grand Heâorêpendant ce temps’l je fuîpendra-i mes

’delïeins, à: retiendrai l’ardeur de no’s

troupes. « * P isi tu me permets , dit Priam , defaire paifiblement des obfeques à l’il--luflte’ Hector , j’en confervetai .Achille. la plus vive’reconnoiliance.Tu fais que nous fommesirenferme’s

dans la ville, 8: que la forêt à lamontagne -où nous ’irons chercher

. le liois. font éloignées. Neuf jours

feront confacrés aux pleurs dans nosmalfohsâ le dixieme, nous commen-tuons: les funérailles, a donneronsin peuple le repas funchre ; nosmains, ’le jour fuivant , érigeront latombe. Après cela nous combattrons ,fi la nécefiité nous l’impofe.

Vénérable Priam, répond le héros ,

tes défirs feront remplis; je ne pet-point qu’avait ce temps on

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a.»

’krl-lün-wu-w-w.eu-

c a A If r rXXIV. ’33Â9

revole dans la lice desl’combats. En

difanr ces mom,il met fa main danscelle du vieillard pour dimper exi-fièrement res alarmes. Priam 8: (onhéraut fe rendent Tousle *portique,bù ils le livreur au fommleil , l’cfprlr

agité de foins. Achille fe retire dansl’intérieur de la tente , ô: la belleBrifeis-dorr à l’es côtés.

Les dieux 8: les guerriers, vaincus-par les charmes du fammeil, étoientplongés dans un profond repos : maisil ne fubjugue point Mercure , qui , "touiodrs l’appui des hommes , s’ocô

cupe des moyette de ramener le roiPriam à travers le camp dans llion,fans être apperçu des gardes [actéesdes portes. Penché fur la tête du roi,

il lui dit : O vieillard, ru ne rongespoint aux dangers qui te menacent ;après avoir eu le bonheur d’êtretefpeflé d’Aclrille , tu prolonges ton

fommeil au milieu dç tes ennemisI

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348 »r.’11.rA,-ns,In as dégage. ton, fils , il t’en Icoûté une forte rançont Si Agamemnon

(oupçonneton arrivée , à: que toutle, camp en fait inaruir. les fils quiterrsfienr feront obligés , pour le[racheter en vie, de livrer à l’ennemidix fois autant de richclïes.

i Épouvante par ces paroles, Priamréveille le héraut..Mercurc a préparé

(les chars il conduijles deuxTroyens.à: leur fait. traverfer le camp avec"rapidité. fans être VHS d’aucun des

Green Dès qu’ils arrivent au bord

du Xanthe; fameux par (on beaucours , 5l né de l’immortel Jupixer ,

Mercure reprend (on vol vers le hautOlympe z déjà l’Aurore répandoit (c:

rayons de ponrpre fur la face de laterre. Le roi 5: (on héraut s’avan-çoiem vers la ville avec des gémi!-femens ô: des plaintes; marchant àla tête, les mules traînoient le ca-davre. Aucun des habiteras d’llion ne

les

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c u A u 1- XXIV. 34:les apperçut , avant la belle Calandre ;montée dans la citadelle. ellewitfonpere debout fur le char, ë: le héraut ’

dom llion connoît la voix; elle vitle corps inanimé. étendu fur le litfunebre, 8l amené par les mulesyAcet afpeél: elle ietxe des cris perçans.i

8L fait rerJntir la ville entierede cesparoles: Troyens à: Troyennes , fivous reçûtes (cuvent Heflor avec destranfporrs devioie , Ion-(que , plein devie 8: triomphant. il revenoit descombats, fartez maintenant en foulea; allez recevoir le cadavre de cehéros : il fit la gloire d’llion 8: de

tout lepeuple. -A ces mors , tel en: le deuil detous les citoyens, il n’en: performe .

ni homme ni femme, qui relie dansla ville; tous courent hors des portesà la rencontre du cadavre (pli s’ap-x

. prochoit d’llion. A leur tête , la.tendre éponte la mere vénérable

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341 entras,d’Heâor , précipitées jufqu’au char,

slarrachent les cheveux fur ce corps,’ a: remballent, environnées de tout

un peuple qui fond en larmes. Etl’on eût parlé tout le iour à regretter

a à pleurer HeClor devant les portesde Troye . fi le vieux Priam , duhaut de (on char, «en: pris la parole:Ne fermez point , dit»i[i, le pafl’age

aux mules; quand nous aurons comduit le corps dans le palais , vouspourrez faire éclater votre douleurfans contrainte. ’

Il dir; les flots du peuple s’ou-vrcnt. a: font place au ch r. Aprèsqu’il efl arrivé dans le palais , ondépofe le cbrps fur un lit fuperbe ;on lienroure d’un chœur dont leschants lugubres font entremêlés degémiffemens 6: de larmes; 8! lesfemmes y répondent par des foupirs

douloureux.l ’ ile Andromaque, au milieu d’elles .

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CHANT XXIV. 343commence le deuil; ferrant la têtedu vaillant Heflor entre fes beauxbras : Cher époux , s’écrie-belle, tu

péris à la fleur de res ans , 8c, veuvedélaiflée, ie relie dans ton palais;le fils que nous avons mis au iour,époux infortunés , efl encore dansl’âge le plus tendre. & il ne par-viendra point a l’adolefcence; avant

ce temps , cette ville tombera dufaire deIa grandeur. Tu n’es plus ,toi le plus ferme appui de fes murs,toi qui défendois les époufes verrée

tables ô: les faibles enfans : bientôtils feront emmenés par les vaiffeauxdu vainqueur fur une rive étrangere.

Je ferai parmi ces captives: &toi,mon fils, tu me fuivras dans l’efcla-vage, G: tu eû’uieras à mes yeux d’in-

dignes traitemens , fournis aux plusdurs travaux pour un maître barbare I;ou, déplorable defiinée l quelqu;Çrec furieux te précipitera du haut

r y z .

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344 L’ 1 t. x A D E ;de nos tours . pour venger un (me;un pere, ou un fils, dont Hectora répandu le fang : car les vafies plainesont été couvertes d’ennemis auxquels

lleétor a fait mordre la poufiiere ;à ton pere étoit terrible dans lesflanelles combats; c’efi ce qui , dans

Troye , fait couler les larmes de tout"un peuple. Dans quelle triflefl’e pro-

fonde, inexprimable , as-ru plongéton pere 8: ta mere , ô mon cher

’ HeEtor! mais c’en moi fur-tout àqui tu n’as lailïé en partage qu’une

famine douleur. Hélas! tu ne m’aspas tendu de ton lit une main mou-rante, ni ne m’as adrelïé pour la der-

niere fois quelqu’une de tes parolesremplies de fagefië, paroles que jene cefl’erois point de me retracer mais

à: jour en répandant des larmes.Telles étoient les plaintes que pro-féroit Andromaiuc éplorée s fafemmes les accompagnoient de leursgéminerions.-

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e si A u r XXIV. 34;A ces plaintes fuccedent celles

d’Hécuhe défolée: Heâor, le plus

cher de tous mes fils, tu fus , durantta vie . aimé des dieux , 8c tu esl’objet de leur amour influe dans lefein du trépas. Achille a fait remit:à ceux de mes autres fils Iqui fonttombés dans les mains l’indigne poids

de l’efclavageà il les a vendus furles rivages éloignés de Samos, oud’lmbre. ou de la féroce Lemnos f

’ toi, il t’a privé de la vie dans un

noble combat. Le barbare . il et! vrai,a louvent traîné ton corps autourdu tombeau de fou compagnon. quetu abattis de ta lance , à: qu’il n’a

point appelé . par cette afiion inhudmairie , du fe’jour des morts : cepen-

dam tu n’as point perdu ta fraîcheur;

couché dans ce palais , on diroiique tu viens de fermer les yeux , Stqu’Apollou t’a ravi le jour de l’es

plus douces finalismes mots , au;.V 3.

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343 -l.’1!.15nl;lcompagnes d’un torrent de pleurs;excitent dans l’afi’etnblée des cris

douloureux.Enfin la belle Belette fait aull’i

éclater fa triflelïe profonde: Heâor,

s’écrie-t-elle, le plus cher des fracs

de mon-époux! car le lien del’hyménée m’unità Paris , qui , fem-

blable aux dieux par fa beauté. m’a

conduite à Troye, heureufe fi , avantce temps , i’eufl’e été en proie à la

mon. Voici la vingtieme année quei’habire ces murs, a que i’ai quitté

ma patrie : cependant , Heâor , inn’ai jamais efl’uyé de ta par: une

parole dure ni hautaine; a: contraire ,grand l’un de mes freres. ou l’une

de mes fœtus , ou ma belle-mer.(Priam étoit toujours pour moi lepere le plus tendre ) , me repro-choient leurs I maux , tu réprimoisleur courroux autant par tes parolesque par l’exemple de ton binarité

x

*. --,--fi a."

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A nal

Cllù!

’c n A N r XXlV. 3478: de ta douceur. Aufiî , abyme’c

dans la trifiefle, te pleurerai-je tou-iours toi ô: ma propre infortune.Déformais il rie-me relie plus aucunami ni aucun foutien dans l’imment’c

Troye ; tous me regardent avechorreur.

Elle dit, en répandant des larmes

sucres. a; tout le peuple ioint delugubres .foupirs à ces trilles ac.cens; lot-(que Priam interrompt lesplaintes : Troyens , il cil temps,(l’amener le bois pour le bûcher. Ne

craignez point d’emhufcades de lapar: des Grecs; Achille , a mondé;part de fa rente , m’a promis de ne,point tourner contre nous les armes ,que nous n’ayons vu paraître la dou-zîeme aurore.

Aufli -tôt attelant 8: les. boeufs 8:les mulets, ils ferrent en foule horsdes murs. Neuf iours (ont employésà dépouiller lalforèt de. les lapins 8c

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348 vieillots:de l’es chênes , ù à (fieffer le bûcher!

A peine l’Aurore annonce aux mor-

tels le retour de la lumiere, que lesTroyens, verfant d’abondantés larmes,

portent bars du palais le corps del’intrépide fils de Priam , a: le placent

. au fommet’du bûcher, qu’ils allument

de toutes parts.Le lendemain, des que lles cieux

font parfemés des rofes de l’aurore

matinale, un peuple immenfe fe hâteencore d’entourer le bûcher de l’illuflre

Hector :des flots de vin éteignent lesflammes qui fe répandirent dans toutle bûcher’avec furie. Les freres ales amis d’Heâor rafl’etnblent les os

blancs, non. fans répandre de nou-velles larmes; elles coulent en tor-rens le long de leurs joues. 11s pla-cent ces os dans une urne d’or . à lacouvrant de voiles de pourpre d’uneétofl’e douce 8! moëlleufe, ils fahâtent de la’dépofer dans une foi:

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CHANT XXIV. 34gprofonde fur laquelle ils ennfi’entùde

grandes pierres. élevent avec péd-pitacion le tombeau : 8: de toutes’parts des gardes étoient aflentivesaux mouvemens des Grecs , de peutqu’ils ne furprilïent la ville avantqu’elle eût accompli ce pieux devoir.

IL: tombe étant élevée , le peuple fe

rafiemble en foule dans le magnifique Apalais de Priam , qui leur «Yonne avec

[plendeur le repas funebre.,Tels furent les derniers honneurs

que les Troyens rendirent au vaiuane

Heâor. I v "un DV CHANT VINGT-QUATRIÈME.-

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mREMARQUESSUR LB

CHANT VINGT-QUATRIÈME;

---.---(Page 292. Trois fois il le train.autour du tombeau de Patrocle.)

IL n’était pas nécefïaire d’aggraver;

Comme on l’a fait . l’atrociie’ de cette

Iâion d’Acbille. Virgile , qui fansdoute citoit de mémoire, a dit:

.Ter cireur mucor apurent Hector: minouErin». un. l:

Racine a copié Virgile , a: non Ho-mere , dans ce pafiage d’Andromaque:

Dois-ie oublier Heau- privé de funérailles ,Et traîné fans honneur autour de nos murailles?

Heflor frit pourfuivi autour des mu-railles , mais il ne in; traîné qu’autour

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sur. in?

K2.

un son LE CHÀNT XÏIIV. 3;t

du tombeau de Patrocle. ll’lembleque , dansiles endroits cités , les deuxpoètes aient confondu ces événe-mens.

Je rapporteni ici une réflexion deM. Matmontel. n La vengeance. dit-il,n la colore ô: lerelïenriment des injure:u (ont dans la nature des hommes nésn fenfibles 8: difpofés à la vertu parn la bonté de leur caraaere. Cetten fenlibilize’, cette bonté même , fontn quelquefois le principe 6l l’aliment

de ces pallions. C’en ce qu’Homere

a merveilleufement exprimé dan;n. la colere d’Achille. La fureur avecn laquelle il venge la mon de foun ami cil atroce à: ne rend pas Achillea odieux , parce qu’elle prend [a foute:

dans l’amitié , a: que d’un fentiment

n vertueux l’excès même dl atten-n drifïgnt u. J’aurois volontiers ttanf-crit tout ce que M. Marmontel ditpour 8l contre Homere dans (a poé-tique , qui renferme d’excellenteg.chiennions fur un grand nombré(obiers , fi je ne pouvois m’en fieraux leaeurs trop imérelïés à lire l’on:

vrage même,

l!

î? ,

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o

, i lB? r llMARQUEs.( Ibideml Apollon cependant . touché

de compaflion pour le (il: de

Priam.) ’ .Le poëte , nous ayant intérefi’c’s

pour mon, lui a managé la pro-teâion des dieux pour fatisfaire à ceque demandoit la indice , à pouradoucir le traitement barbare qulAchillelui fait efl’uyer. Euflathe entend parcette égide d’or un nuage qui préferva

’ ce corps de la corruption. Apollonétant le dieu de la médecine , cetteégide repréfente . felon Pope , desaromates qu’Achille employoit pourconferver SC-COIPS ô: pour exercerplus long-temps fa rage.

(Page 293. Depuis que Paris les flétritpar [on arrêt. )

Il y a des critiques qui ont regardéces vers comme fuppofés , a qui ont

enfé que fi Homere avoit connunette fable. il n’eût pas tant différéd’en parler. Il femble en effet qu’ilauroit du la placer vers le commetentent de fou même.

’ I , (Pagll

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gâzudfl-PA-æl-u-«vh

tin-3*."- "à

tuxh

suri Le CHANT XXIV. 3s;

( Page 297. Attaché à la corne d’un

taureau.)

Cette corne devoit empêcher les;poilions de ronger la ligne.

(Page 298: Minerve lui a cédé faplace.)

(I) Liv. Vil, chap. 2* »

lard. Toma V1:

Thétis doit une partie des honneursqu’on lui rend dans l’Olympe à faqualité de mere d’Achille. Junon ,,auparavant l’ennemie de cette duelle.l’empreffe à la bien accueillir , puif-qu’Achille a étouffé la colere qu’il

nourriflbit contre les Grecs. Elle com-mence par lui préfenter la coupe. Celigne de bienveillance, accompagnéquelquefois de cérémonies religieufes ,étoit en ufage chez plufieurs peuplaanciens.Voyez la Retraite des dix millepar énophon (r).

h

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r 354 stanniques.( Page 300. Une grande brebis chargée

i i d’une riche toifon.)

,Tout ce qui appartient au héros du’poëme efi peint avec des qualitésremarquables a extraordinaires ; à ,en général .r Homere a en l’art defaire for-tir la plupart des traits de festableaux fans qu’il y régnât de con-fufion. Nous venons d’en voir encoreun exemple dans la defcription (ombredu vorle noir dont Thétis le couvre.

. ’Si les objets qui entourent Achille’femblent s’agrandir , ils ’*lui prêtent

là leur tour quelque grandeur. Laremarque n’efl pas inutile , ô: l’on voit

clairement le but. d’Homcre. Pope àMadame Dacier ont paru ne pas le

. fenrir ici , car ils ont afl’oibliplulieurstraits de ces tableaux.

V (Ibid. Mon fils, iufques àquand veux.

h tu foupirer P )Les machines qu’emploie le poête

en Cette occafion ont non-feulementlelmcrite dembellir le poème , maisd’en-e néceiïaires, menus vxumcr:

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aux LE CHANT XXIV. 3;;remis. Pour fléchir un homme auflîobfiinc qu’Arhille . qui avoir juré delivrer le corps diHeflor aux animaux ,il ne falloit pas moins qu’un Ordrede Jupiter; 8: performe n’était pluspropre à toucher le cœur de ce hérosque cette dcefiè , qui étoit fa men.Do même , quoique i’riam fût entraîné

par l’amour paternel dans le camp desGrecs , une aékion étoit fi hardie ô:fi exrraordinaire. qu’elle demandoitl’intervention des dieux; on le voit tpar la fuite du récit de notre aulcur.C’en ainfi quiHomcre a mis en œuvredes événemens Si des paflions quitiennent par eux«mêmes du merveil-leux. Il n’efi point d’homme phisinexorable qu’Achille; cependant ildoit (e laichr flçchir. Priam efl unvieillard timide -, il doit cependantparoître aux pieds de [on plus monelennemi.

(lbidem. Et des charmes de l’amour ,fi puifïam. )

Ce confeil de Thétis , qui , dans-lZorigingl , cit exprimé avec bien.

. X 2

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356 REMARQUESimoins de ménagement, a paru puconvenable dans la bouche d’unemere , 5c plufieurs critiques ont cruque ces vers étoient interpolés. Maisil faut fe rappeler ici le fiecle d’Ho-mere; 8: d’ailleurs , comme on l’adit. nous ne connoifi’ons pas parfai-tement l’acception de chaque termedes langues anciennes. Plutarque n àl’occafion du confeil de Thétis , ob-ferve que la douleur d’Achille lui afait négliger Briféis depuis le retourde cette captive , mais qu’elle ne l’apas empêché de s’occuper du foinsde la guerre.

(Page 302.4 Et n’ait pour tout com;pagnon qu’un héraut vénérable.)

si Priam avoit eu une grande fuite ,il eût été moins vraifemblable qui!eût échappé aux yeux des ennemis.L’intervention de Mercure , que leP. Rapin a critiquée très mal-à-propm,fait, dit Pope, [éloge de la difciplincdes GrcCs : un dieu (cul pouvoit pe-néxrcr dans le camp!

Al;

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---..-1.vw---.--A.-.w-

m mcn m’viv

son LE drum- XXIV. 357(Pages 302 8: 303. Il étoit enveloppé

à ferré de (on manteau , qui ren.doit toute la forme de [on corps.)

J’ai approché autant que i’ai pu

de l’expreffion grecque, qui a uneénergie particuliere , ô: qui marquecomment ce vieillard cil concentrédans fa douleur. Le peintre qui repré-fente Agamemnon (e couvrant levifage durant le facrifice dilphi-génie. avoit emprunté , à ce qu’oncroit , cette idée de cet endroit d’Ho-mere. Au relie les beautés poétiquesne peuvent pas toujours être appro-priées à la peinture. Un grand arolle,M. Falconer , a fort bien prouvé quece peintre auroit été inhabile s’iln’avoir (in mutiler de nouveaux traitspour repréfenter la douleur d’unpere (r).

i

(I) Voyez la diffartation fur le tableau deTlmanthe , dans la nouvelle édition desœuvres de M. Falconer.

t x 3

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luis» neunxqùaa(Page 303. Je ne viens point t’annoncer

de nouveaux malheurs. )

Ce trait cil admirable . 8K montrequ’Homere connoifi’oit bien le cœur

humain. Le malheur rend craintif.

(Page 30;. Et rempli des richefl’es les

plus rares.)

ruina. Voyez Ernefii, dont fifuivi l’intaprétation.

( Page 306. Notre fils malheureux-.4fut condamné.)

On reconnolt ici le langage de lanature, a: l’on ne peut lireces pætales fans le repréfenter les larmesarneres dont Hécube devoit les accom-pagnais Homcre paroit avoir vu toutce qu’il a peint. Remarquons com-ment les idées a: les féminins d’Hé-cube s’enchaînent. fe preflem; î’ai

conferve-mêlement cette marche, ceque n’ont point fait les autres tria-dufleurs. L’expreflion Saluta’wau;n s’attacher à ce cœur pour le (lève:

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son La crus-r XXiV. 359n ter w, cil pleine de force, 81 elleen diélée par la rage. .(Ibidem. Il a reçu le trépas fait:

pâlir. )

Le grec pioute, u il n’a point prisn la fuite n. Cependant nous avonsvu Heûor courir devant Achille autour,(les murs de Troye. Les réflexionsque nous avons hafardées fur cetendroit de l’lliade ne recevroientnellespas encore quelque appui par le paillagepréfent à Homere auroit-il pu frim-meiller au point de faire dire a Hé-cube lqu"Hc&or n’avoir pas pris lafuite. fi cette courfe autour de Troye ,fuivie du combat, avoit été abfofumentcontraire aux lois alers reçues de lihon-neuri? Au relie , je ne px’opofe mesréflexions fur ce (nier que comme desconjeâures. l

( Page 308. Allez, race-perverfe,lau:ditoil. )

L’excès de l’infortune peut aigrir

le camelote le plus doux; car Priamen repréfenté dans toute 1’11 iade comme

X 4

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56° RÉMARQUlsplein de bonté. On peut donc ingetde (on chagrin par l’emportement oùil le livre tourvà-tour contre l’es (bien8c (es fils. En s’adreflànt à ceux-ci ,qu’il traite de perfides à. de ravir-feurs , il a fans doute Paris en vue.Il cil fi fort occupé de fa douleur.qu’il ne fange pas à diilinguer l’inno«

cent du coupable. Ses fils pouvoienttarder à préparer fan char . parcequ’ils craignoient l’iflue de (on entre-prife. Il attribue leur lenreur a l’inde-]ence on à la mauvaife volonté , à:s’emporte contre eux.

KPage 3 t 1 . Et que le vieillard l’e plairoit

à nourrir de fa main.)

Ce trait peint la fimplicité antique.Il n’était pas ailé de rendre avecfidélité les détails où Homere entreplus haut à l’oceafion de ce char.

(Page 3:6. Les cheveux du vieillardcourbé le cueillent fur (a tète. )

ET! prélevant" pilum. On rend Ordi-nairement ces mots par n muables[b flexibles n , ce qui n’offre ici guet:

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-ÇnIT

sua La crus-r XXIV. 36:de fans. J’ai fuivi l’interprétationd’Ernefii , qui l’autorife par un palïage

de Callimaque. Plus Priam fe montretimide . comme le (ont les vieillards,plus il fait paraître de tendrelfe pourfon fils en ofantalïronter la préfenced’Achille.

(Page 3 17. Tu m’ofi’res l’image rel’peo

table de mon pare.)

’11 ne pouvoit rien dire de plushonorable pour Priam que de le com-«parer à Jupiter. Je ne rapporteraipoint ici les extravagances des com-mentateurs. Le rapport de cette fictionavec l’hilloire du jeune Tobie efltrès-fenfible. Remarquons que Mercurene pouvoit s’y prendre mieux pourgagner la confiance de ce vieillardqu’en louant Heî’tor . 8L que c’efl

dans la même vue qulil feint d’êtrele compagnon d’Acltille. S’il ne lefait pas diabord connaître, c’eli,comme il le dit enfuite luijmême ,qu’il n’était pas convenable aux dieux

de fe montrer ouvertement auxhommes. Tout ce que Mercure dit à

.X s.

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361. ngManvzsPriam étoit bien propre à le cadole!à à l’enhardir. Il n’emploie pas avec

y moins d’habileté le teflon de la crainte,afin que Priam ne; retarde pasll’exé-cation de fou delïcîu. u Demain , ditn ce dieu , les Grecs attaquant vosn remparts n. Il paroi: enfin qu’Ho-mere a voulu montrer l’efprir inventifde Mercure. à-peu -près com: ilfait parler l’adroir Ulylïe chez Eu-

mee. -(Page 310. Toi-même , en le voyantétendu fur la terre, tu admirerois

l fa beauté 8: fa fraîcheur.)

. fanny: réveille l’idée agréable de

la faucheur de la torée, noscmus.

(Page 3:1. Jamais, mon fils ( hélas!’ ensnje un fils?)

ne’ in w. ,Pope a entièrement0m15 cette paremheft. 8: MadameDamier paroir ne pas l’avoir bienrendue. Le (un que j’ai préféré, 6:

. qui dt le plus beau, peut (a jaillie:

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22----ucrw-D-

nua-mn-

SUR 1.1: an’u’r’XXlV. Je;

facilement. Voyez les remarques

d’Ernefii. l(Page 323. Achille feul en, rriom-’

phoit. )

Priam. fans le Tecours d’une divi-nité , n’eût donc jamais pénétré dans

la rente d’Achille.

(Pages 323 8: 324. lmplore-le aunom d’un pere , d’une mere , .8:d’un fils qu’il aime. )

Priam , après avoir reçu perte inf-truélion du dieu de l’éloquence , nefait mention que de Pelée. SelonEufiarhe 8l Denys d’îlalicarnaffe ,celte omillion cil l’elfe: du troublede ce vieillard ou de l’impatiencequiil a de parler de fan fils. Il n’ya peur-être pas ici tant de myllere.

(Page 324. Priam , fans être apperçu,’

entre.)Voici l’imitation , ou plutôt l’ef-

quille , que Voltaire fi: à quarra;

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364 tanniquesvingts ans de la plus belle. (cène del’lliade:

L’horizon [e couvroit des ombres. de la nui: rL’inforrun6 vieillard, qu’un dieu même a

conduit ,En": a: parolt foudain dans la rem: d’Aeliille.

i Le meurtrier d’Heâor, en ce moment tru-quille ,

Par un léger repas fufpendoir l’es douleurs.

11 in détourne, il voir ces yeux baignés depleurs,

Ce roi jadis heureux , ce vieillard vénérable ,

Que le fardeau des ans. 8: la douleur accable,Exhalam à les pieds Tes l’anglors 84: res cris ,E: lui bailanr la main qui fit périr (on fils.Il n’ofoit fur Achille encor jercr la une;Il vonloi: lui parler, a; l’a vol! s’en perdue 5

1min il le regarde, & parmi les (anglets,Tremblant , pâle 8: fans force , ilp prononce

ces mors:Songez, feigneur, fougez que vous arez q

pGI’C-nu

Il ne pur achever; le héros l’anguinaireSentir que la pitié pénérroir dans (on cœur.

Priam lui prend la main: Ah! prince 1 ah!mon vainqueur!

râlois p’ere d’Heâor 8: l’es généreux fiers

. marroient mes derniers jours &les rendoientprofperes a

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Utntîh

Vaux

son Le CHANT XXIV. 361Ils ne (ont plus; Heâor et! tombé fous vos

c0ups.Puill’e l’heureux Pelée , entre Thétis 8: vous .

Prolonger de les ans l’éclatanre currlere!

Le feul nom de (on fils remplit la rementiere z

Ce nom (lilial! bonheur ainfl que l’on appui.

Vos honneurs [ont les liens , vos lauriersrom à lui.

Hélas ! tout mon bonheur Ut tonte monattente

Il! de voir de mon fils la dépouille fanglante,De racheter de vous ces telles mutilésTraînés devant mes yeux fous nos murs défilés.

Voilà le feul efpoir . le feu! bien qui me telle.Achille , accordez-mol cette pace funelle ,Et laill’ea-moi jouir de ce fpeflacle affreux.Le héros , qu’attendrit ce dil’cours douloureux,

Aux larmes de Priam répondit par des larmes,

Tous nos jours (ont tillus de regrets à d’a-larmes ,

Lui dit-il : par mes mains les dieux vous ontfrappé :

Dam le malheur commun moi-même enve-

109M y .Montant avant le temps loln des yeux demon pet: ,

Je teindrai de mon fait; cette terre étrangere.J’ai vu tomber Patrocle , Hcclor me l’a ravi ;Yens perdez votre fils , a: je perds un ami,&c.

l

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366 armureries(lbidem. Il les balle humblement.)

On connoît allez la beauté de cettefcene . la plus pathétique de toutel’lliade. Pope fait admirer l’art d’Ho-

mere pour rendre vraifemblable , dansAchille , le palïage de la colore à lacompaflion. Priam commence par luidire . n tu:vois en moi l’image deu ton pere 8v. L’amour filial étoitune des vertus d’Achille. Cet endroit.dit Madame Dacier , fait fouvenir del’étonnement où fut Tullus Aufidius,

3 lorfque Coriolan alla chez lui cher-cher un afile. Plutarque , en rappor-tant ce trait d’hilloire , a peint avecdes traits admirables la coutume deces temps«là , qu’Homere reprefentedans la comparaifon qu’il emploie.

(Page 326. Et je crois qu’il ne m’en

telle plus un feul pour foulage: madouleur. )

C’eli une exagération où il eûpouffé par le défcfpoir. Elle en même

r motus hyperbolique qu’elle ne le pat

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ïIh’llT.mrQlÎ.cN

*u

son LE ennu- XXIV. 357toit . vu qu’il a perdu le plus vaillantde les fils z il lui femblc donc qu’onles lui a tous enlevés.

(ibidem. Dans un combat ou il afignalé fa valeur.)

I a ’ A aPriam . parlant a un homme Millanr,croit, par ce tout , le rendre favorable

à Heflor. ..(ibidem, Relïouviens - toi de ton

t L pere.)Il finit par-làfon difcours ainfi qu’il

l’a commencé , parce qu’il n’y avoit

point de mOtif plus ptclÎant. Il avoitaulli pu s’appercevoir qu’en parlantde Pelée, il avoir ému Achille; 8cc’ell pour cela qu’il y revient. ( Pope.

Dans la traduction de ce morceau ,mon deliein étoit d’emprunter quelquestours de la tradué’tion abrégea 6: anet-

gique que Diderot en a faire dans lesréflexions qui fuivent (on Pere defamille. Mais je n’ai guere pu rienadopter de cette tradiiflxon; elle n’en:point allez fidelle , à le iler en cil

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1

363 REMARQUEStrop coupé. Je ne fais pourquoi l’auo’

tout y a terminé toutes les périodespar des points . lors même qu’il n’ometrien du rentre. C’eli une efpece d’affec-

tation qui ne convient point à Ho-mech

(Page. 328. Et quelle que (oit notre

, douleur. )Achille, qui confole Priam , & qui

alïocie la douleur à celle de ce prince ,fait prefque oublier la barbarie qu’ila exercée envers le cadavre d Hrflor.Homere , comme Pope l’obfcrve , nousa fait allez connoître la valeur de fouhéros, 8: il veut , en terminant foupoème, nous donner une grande idéede la fagelie de ce guerrier . qm (edéploie dans le difcours qu’il adreiÎeà Priam. Il avoit été infiruit par Chu-on.

(Ibidem. Au pied du trône de Jupiterfont deux urnes proton des.)

Cette allégorie , qui en rrè;«bel!e,fe trouve dans les images des Hé-breux, 8c fur-tout dans ce infligede David: «Dieu abaifl’e l’un et il 61cv:

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son LE "un XXlV. 369n [l’autre . parce que la coupe du vin99 pur efl dans la main du Seigneur.a Il le mêle a: le tempera; il ver-fan de l’une dans l’autre (1).

( Page 329. De l’Hellefpont étendu.)

L’Hçllefpont , (auiourd’huî le dé-

troit des Dardanelles ), canal qui[épate l’Europe de l’Afie.

(Pageggo a: 331. Vieillarèl , dît-il,«fie de m’irrîter. ) V

Plutarque a fort bien faît fentîr laprudence d’Achille , qui, connolflantla pente qu’il a vers la colete , écartece qui pourroit l’enflammer.’Pope ,-

pour expliquer ce mouvement depromptitude. imagine une nouvelleinterprétation. Priam, dit-il , veutengager Achille à fe contenter d’avoirtué Heâor 8l à retourner dans fapatrie , 8! c’efi ce qui caufe l’indigna-tion du héros. Cette explication , quiefl ingénieufe. paroit ne pas s’accor-der airez bien avec la réponfe d’Achille.Je ne vois ici que l’impatience natu-

(I) Pr. 74a

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37a REMARQUEStelle de ce guerrier . auquel Priamtarde à obéir. Sa colere (e réveilleaifément dans (on aine, toujours oc-cupée de la perte de Patrocle. Homme

. fondent le caraâere d’Achille . lorsmême qu’il lev fait incliner vers lacompaflion. Ce chef ne peut fe dé-fendre d’un petit retour de hauteur ,8: il fait entendre à Priam qu’il nelui accorde fa demande que pour fefoumettre à l’ordre des dieux. L’in-

iufiice de La Motte . qui taxe iciAcltillecd’avarice , efi donc manifciie.

(Page 3,33. Niché même confinât

. enfin.)Il en probable que les enfans de

Nibhé furent emportés par quelquecontagion. Achille rapporte Cette au.taire pour confoler Priam. Les an-ciens tragiques imitent en cela Homereô: parlent (cuvent de Niché. Euth-the obferve ici que les enfans deCette infortunée avoient été noyés dans

leur fang au milieu de leur peuple .fans que performe (e préfentât pourles enterrer. Hector a été au milieu

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x

s

son LE CHANT XXIV. 37xdes ennemis; Achille infirme qu’iln’efl donc pas bien étrange que per-forme ne lui ait rendu les derniers

’ devoirs. Les dieux enterrerent lesenfans de Niché . à ce (ont aufii lesdieux qui procurent des funérailleshonorables a Heûor. Enfin Homerefait ici un beau portrait de l’état deceux qui , pendant une cruelle pelie,voienq mourir leurs concitoyens; ce(ont. des pierres 8: non pas deshommes; On diroit qu’Achille veutfaire fa pr0pre apologie , en attribuantà la volonté de Jupiter la dureté dede tout un peuple.

r( Page 334. Sipyle.)

Aujourd’hui Sipile ou Magnéfie,’

dans la Lydie, au pied du mont

Hermus. .(Page 335. Priam . l’œil attaché fur

Achille , ne cefie point d’admirer.)

(Cette (cette muette efl fort intéref-faute. Les commentateurs modernes,d’après les encens , ont remarque

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37: REMARQUESl’art avec lequel Homere fait admirerAchille par celui même dont il vientde tuer le fils,-8t rendroit ou cetrait et! placé. Priam n’a dû Voir labeauté d’Achille quiaptès qu’Heflorlui a été rendu.

(Page 337. Achille . dégulfant fousune fauiïe frayeur. )

C’efl afin que Priam ne fût ppintchoqué de ce qu’Achille le faifoitcoucher hors de fa tente. ll n’étoitpas convenable que Priam palliât lanuit fi près diun ennemi qui lui avoitcaufe’ tant de maux.

( Page 341. Précipitées jufqu’au

chat ,I s’arrachent les cheveux fur

Ce corps).J’ai cOnfervé la vivacité de cette

peinture. A peine Heâor eh arrivéqu’on voit cette mere St cette époufeembraifant ce corps. C’efl un exemplede la rapidité d’Homere. Le départde Priam de la tente d’Achille enofli-e un autre non moins remargquable.

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unau-ru;

son LE au)" XXlV. 373

(lbivdem. On l’entoure d’un chœur

dont les chants lugubres.)

On voit . par plufieurs [tallages del’écriture fainte , que cette coutume

.venoit des Hébreux; elle palla auxGrecs à: enfuite aux Romains. (Ma-dame Dacxer.

(Pages 343 ôt 344. Te précipitera du

haut de nos tours.)

Cet endroit a fait dire aux poètesqui ont fuivi Homere, qu’Afiyanaxavoit été précipité d’une tour. Homere

termine (on poëme par des mouve-mens très-pathétiques f 8: . après tant

de (certes ide ce genre , on ne peutquiarlmirer la fécondité qui lui faittrouver ici de nouveaux traits. Priamgarde le filence : fa douleur . ditPope , avoit allez éclaté dans la tented’Achille.

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374 REMARQUES(Page 344. Dans quelle trillelïe pro-

fonde, inexprimable, as-tu plongéton pore fit ta more, ô mon cherHeé’tor!)

A’pvtràv d’i trines-t yin a) «i130; 531:4; .

îunrrop.

Ce n’efiipas pour rien qu’Hornere

ioint ici m1130; ne"; ce que nousavons rendu par l’emploi de plurienrtépithetes. Pope a afioibli ce: endroit ,qui peint avec tant d’energie la douleurd’Andromaque.

Thence, many evils bis (ad parents bore ,Bis parents manyt, bu: hi: confort more.

J’en dirai autant de cette traduirionde Madame Dacier : il Mon cher’n HeCtor, quelle affliction pour tonn pere St pour ta mere! u

i (Page 34;.Et qu’il n’a oint ra le.P PP°par cette armon inhumaine. duféiour des morts.)

Hécube fe complaît dans cettejtdée , veut remporter comme un

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fifldjù

Infi t

sua LE canut XXIV. 37;,petit triomphe fur Achille, 8L pourfe confoler de la mort d’Heélor, leretrace celle der Patrocle. On a déjàpouffé dansrTroye les accens dudéiel’poir. La douleur que montre iciBécube cil plus calme. Elle a befoinde confolation pour foutenir un coupfi terrible , l5: s’efforce d’en trouver:flûtuatlan n’en cil pas moins tou-chante. Home: a bien repréfenté ces.nuances. Madame Dacier cbferve qu’illavoit déjà dit que toutes les plaiesd’Heâor émient fennecs, 8: que c’efl

la ce qui a donné à HcCube cette idéedes fleches d’Apollon quipblelïent fanslailïer aucun veliige. t

’ (Page 346. Voici la vîngtieme année

que j’habite ces murs.)

Les Grecs avoient mis dix ans àfaire les préparatifs pour la guerre deTroye, 8: il y avoit dix ans quelle.duroit.

g Page 349. Et de toutes parts desgardes étoient attentives.)

Homere, en terminant [on poème. A

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x76 un. son Le aux? JOUV.a eu foin de laitïer entrevoir qu’onalloit achever la ruine de Troye. Lepoème touche à fa fin , 8! on peuts’appercevoir qulHomerey court.

La république des lettres efl infimitede la decouvexre que M. de Villoifona faire à Venife d’un manufcrir de

.l’lliade, du dixieme fiecle, accom-pagné des remarques de foixanu:fcoiiafles. qui n’ont pas encore vule iour. Dès que ce favant critiqueaura publié l’édition qu’il en promet.

fi elle renferme, comme on a lieu dele croire , quelques variantes coati-dei-abies. 8: fi les obfervanons deces [coliafles répandent une nouvellelumiere fur quelques endroits del’lliade, je ne manquerai pas dlenprofiter, 5: de donner un peut [up-plément à ma traduCtion 8: à mes

Iremarques.

un pas REM. sur. LE canu- En:

’.

lOBSERVATIONS :

l

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K!

-flîüLKv

-vyr-vt- ecuman-

OBSERVATIONS -

SUR L’UNITÉ

DU PLAN DE L’ILIADE.

ON a déjà difcuté la queflion ,[avoir s’il y a une duplicité d’aaion

dans l’lliade z mon feu! but efi icid’ajouter quelques points de Vue auxconfidérations dont elle a été l objet.

Homere, dans le début du poëme,annonce qulil chantera la coletad’Achille : plufieurs critiques ontpenfe’ que l’aâion étoit terminée au

moment où ce chef fe réconcilie avecAgamemnon. Si cela étoit, l’lliadeauroit au moins cinq chants de trop;car la réconciliation f: fait au dix-neuvieme chant.

Que les commentateurs difentqu’Achille en toujours courroucé,quoique ce fait contre Heflor , l’apo-logie efl digne de leur (ubtilité ; Tobie!

14144, 79mA V2. X

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378 Însanv. son UUNITÉ lde la colete de ce héros a changé tce n’en plus celle que le poète s’étoit vpropofe’ de chanter,celle u qui fut. În dit-iL. fi fatale aux Grecs n. Il fautrecourir à d’autres tarifons fi llon veut Iétablir que le plan de l’lliade et!conforme à la loi de l’unité, [cloule (uniment d’Ariflote 81 des princi-paux critiques de l’antiquité. -

Quel efl l’elfe: de la duplicité d’ac-

tion , a: qu’ell-ce qui la rend vi-cieufc è C’efi d’affoiblir l’intérêt en

portant notre attention à deux objetsdont l’union n’el’t pas allez intime. IL’elprit s’y prête avec peine; il cl!interrompu au milieu de (es plaifirsles plus vifs : il étoit arrivé au but .il iouîlïoit; St on veut le conduiredans une nouvelle route , toute diffé-

, rente de celle qui avoit pour lui tantd’attrait. Il languit dans le tempsque le poële , tendant à la fin defa courfe. doit l’entraîner avec feu.

Si deux amans étoient enchainces 1allez étroitement pour que l’intérêtallât toujours en croifTant fans quela premiere partie du poème en fouErit,

l cette duplicité d’aftion ne feroit pasHercule,- ou plutôt elle ne feroit

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1...; a

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pour": ne L’ILIADE. 379point réelle; car les regles ne (ontque le réfultat des effets de la poéfie,effets que le vrai critique doit con-fulter, comme le phyficien confultela naturel

La Morte a beaucoup parlé del’unité d’intérêt ; il penfe qu’elle

pourroit fe trouver dans la vie en-tiete d’un héros. L’hifloire offre bien. ’

r rarement ce phénomene. Le poètequi traiteroit un femblable fujet feroitobligé d’en arranger les diverfes panries de manier-e qu’il y eût une pto«greflîon d’intérêt; il faudroit qu’il

fupprimât ce qui pourroit refroidit -,il fe rapprocheroit donc de l’unitéd’aûion . qui, felon la nature denotre efprit, ell une des bafes del’intérêt d’un poëme, 8K qui nous plait

tant , que l’hifioire même nous attacheplus lorfqu’elle peut nous en offrirquelque image. Je n’adopte pas leentiment de La Motte: je me borne

à dire que l’union de deux aûionspourroit être telle que le leEteur neles prendroit que pour des branchesqui formeroient une feule «lion;a en ce cas l’effet fetçit à peu

z

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380 onsanv. son Ennuiprès le même que celui de l’unité.

ces réflexions font- applicablcs àl’Iliade. Des critiques qui s’attache-roient à toute la rigueur des dei-ini-tions pourroient voir dans ce poèmeune duplicité d’aflion , 8: en êtrechoqués. En fera-t-il ainfi de ceuxqui; fans ignorer les regles , s’aban-donneront à l’impreflion qu’ils aurontéprouvée ê L’intérêt , loin de feralentir, va en augmentant ç l’efprit.ne fent point que le fil fuit interrompucomme dans l’Hécube d’Euripide ou

dans les Horaces de Corneille. L’inac-tionôt les exploits d’Achille fontliés , d’une maniere fi intime a: fi na-turelle , que le lcéieut efi: entraînépar le poëte, 81 ne longe guere àexaminer li la loi de l’unité d’aCtionen violée. J’en conclurois déjà quele défaut contraire qui a frappé quel-ques critiques n’efi qu’apparent.

Mais le reproche efl-il fondé ëPlus Achille s’eû montré vindicatif,

plus on exigera des preuves con-vainquantes de la lincérité de fa.réconciliation. Agamemnon . qui luià rendu Briféis . qui l’a comblé depréfens , fera-t-il obligé de l’en

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W14 ws-Vçut-W

uxîg-tmwæz-zex r11.

15v.

ù vn’j t.

au un ne funin. 38:.croire fur le feul gage de fa pat.role P Les effets feuls acheverontde le perfuader qu’Achille ne con.fetve aucun levain de relientimcnt.D’un autre côté , la grandeur mêmed’Achille exige qu’il combatte: c’efl

le fceau de fa réconciliation. Luiconviendroit-il d’accepter des préfens,à. qu’Agamemnon n’obtint aucunretour de générofité? ’ .

On ne pourra le coutelier: mais lacritique févere , troublant ici, nosplaifirs en nous difputant, fi je puisainû dire. leur légitimité , foutiendrapeut-être que l’unité du plan feroitmieux obl’ervée fi Homere n’avaitemployé qu’un feul chant à ces preuvesde la réconciliation d’Achille, 8c quece chant eût terminé le poëme.

Après une fi loqgue inaflion , unhérostel qu’Achille ne peut reparaître

pour ne fe fignaler que par un petitnombre d’exploits. Il cil. vrai que lepoëte l’a peint. comme un torrent :mais ce torrent doit rencontrer desobllacles. Achille n’a pas feulement àcombattre des hommes, mais encoredes dieux. En ce ficelé, où les combats

31,3.

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. ’38: onsznv. son L’UN!!!

* devoient tenir tant de place dans un(nier de ce genre , il n*y auroit eu au-cune proportion dans les parties dupoème, fi Achille avoit été dansl’inaflion durant l’el’pace rempli pardix-huit chants, «St s’il n’avait paruqu’un. moment dans la lice guerriere;le poème , en quelque forte , auroitété écourté. Pour que le héros nefût pas avili ,il falloit que fa longueinaéiion fût fuivie d’un tableau détaillé

(les prodiges de fa valeur. Ces prodiges,par leur frappant contrafle avec cetteinaCtion, achevént de jufiifier le ref-fentiment du héros, à: de mettre dansun plus grand iour le tort qu’eut Aga-

’ memnon de l’outrager.

Outre ces motifs , il y en a qu’onpeut regarder comme épifodiques , maisqui s’unifl’ent étroitement à ceux qui

fondent l’aaion principale. La colered’Achille efl la caufe de la mort dePatrocle 6: de la perte des armes duhéros. On (eut bien qu’Homet-e nepouvoit terminer ici [on poème fansavilir celui qu’il chante. Achille nepeut venger ni fon ami ni lui-mêmeque par la mort d’HetËlor.Mais le princetroyen , averti par un dieu ,Vc’vite quel]:

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il"!

HUI-lia

ou prix ne L’ILIADE. 383

I que temps de fe mefurer avec Achille:ce qui produit une [ufpenfion plus in-tére ante que fi le coup avoit étéd’abord frappé. Homere nous montreici, comme en bien d’autres occafions ,qu’il connoifloit les relions de l’efprit

humain. Nous preflentons le combatd’Achille ôt d’Heâor- dans tous lesexploits d’Achille qui précedent cecombat. Ainfi le camflere du héros,la infiice, la générofitê,’la vengeance

publique 81 perfonnelle , tout concourtà montrer l’unité du plan de l’lliade.

Il eût été facile à Homere de pté-venir la critique qu’on a faire, fi , dansfou début , après avoir dit qu’il chan-toit la colere d’Achille , fource de tan:de maux pour les Grecs, il eût laiteu-trevoir que l’heureux effet de (a ré-conciliation féroit la ruine de Troye.Il ne le dit pas : mais il cil ailé defous-entendre que fi la haine des’prin-cipaux chefs caufa tant de malheurs,leur réconciliation devoit en être leremede . 8: ce dernier point , préfentédans un tableau, non rapide. maisallez développé pour fixer lattention ,étoit nécefi’aite pour que la moralité ’

quifortdu poème fût complete, t’avoir,

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384 onunvrnoùs, 8:0.qu’un état rifque de périr parla amen.fion des chefs.Voudroit- on qu’Hometeeût montré d’uné manier: détaillée les

troubles quieile amene , &qu’il fe fûtborné à quelques coups de pinceaupour faire connaître les avantages del’union? car toute l’antiquité a parafé

que cette moralité étoit une des vuesd’Homere. i

Ce poëtea été comme le légiflateu:de la poéfie, puifqu’on apuife’ dans (a:

poëmes les principales regles dcl épo-pée. Il feroit alfa: fingulier que liliiadeeût fait naître le précepte de l’unitéd’aâion, tandis que ce précepte y feroit

violé. .Il y a des littérateurs qui penfent queles t-cgles de l’épopée n’étoicnt pas com

nues au temps d’Homcre. 8: pour quicette opinion feroit une apologie fufii-fante. Mais j’ai eu plufieurs ouationsd’obferver que ce poète a fuivi , pasl’inflinfi diunheurcux génie, la plupartde ces reglcs dont le fondement cil agasla nature de l’efprit humain. D’ailleurs,

puifque res poèmes ont f:rvi de hart:aux rcgles de l’art. la difcufiion préfleur: un pas inutilç’.

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.-!

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N’A ’v’n Q

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Rn’x’tïl-

Laa.-OB.SERVATlONIS-;l

LES ALLÉGORIST ES ,

Et en particulier fur le fyfiême de«il: qui allégorifent les fujers despoèmes d’Homere (t).

-.--.---PARMI les explications allégoriquesrécemment données des anciennesfables , il y en a qui ont les couleursde la vérité.

t Sans prétendre traiter à fond cettematiere, 8: n’ayant pour but prin-cipal que de m’éclairer moi-mêmefur un (nier dont les téuebres n’ontpas encore été entièrement diflipé’es

par la lamier: qu’y préfement plu-

(t) Ces ohfervations ont été lues , en 1787 .dans une d’emblée publique de l’acadsmi: -des infcriptiom.

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386 cassant-nonslieurs apperçus , îe propofcrai quel-ques réflexions générales fur les allé-

godes.Elles me conduiront à -dil’cuter

l’opinion de ceux qui allégoril’entles fuiets des poèmes d’Homere. Sou-tenue de nos jours par un ou deuxlittérateurs; on l’a regardée commeun jeu de leur efptit, à on a mieuxaimé s’en amufer avec eux . que deperdre du temps à la combattre. nen’eût été facile de prendre le même

parti; mais je ne fais quel intérêt.pardonnable peut-être à un traduc-teur de ce poëte. m’y a fait donnerun peu plus d’attention. Je ne m’en-gagerai pas cependant dans une dif-cuflion fortilongue.

Quelque fagacite’ qu’annoncent plu.-

fieurs explications des allégorifles,on ne eut dilfimuler qu’ils parementtrop sahandonner au défit de bâtirun fyfiême. Or l’on en cannoit ail-e:les écueils. Si la philofophie doit

. nous prémunir contre ce défit lori-qu’il s’agit des fcienees, elle ne ledoit pas moins dans la littérature. ils’éleve de nos jours bien des fyfiêmes ,

-..--.

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W il 1’. W Kilo 4*L’ll

son LES ALLÉGORISTES. 387

les uns étymologiques, les autres allé-goriques : le fort de pluiieurs a étéde fe détruire les un: le; autres.défallres qui (amblent avoit été desleçons perdues pour ceux qui veu-lent conflruire de nouveaux fyliêmesfur les ruines des premiers. Une partiede la littérature menace de tomber.dans l’état où fe trouvoit la philo-fophie au temps qulau défaut de raifortl’on donnoit. des mots par le défir.de tout expliquer. Le littérateur feroit;il moins obligé que le philofophe de;n’en pas croire de! rapports appairons:ou imaginaires. de (avoir douter , 8:mêmetignorer? à! faut-il qu’il dog-.matife. (lutinions tranfporter au paysedes fantômes? I - » A

Il efl fâcheux peut-être qufà,caufe’du peu d’intérêt de pluficurs giflâmes

dont il et! ici quel’don , ou du moinsv de plufieurs de leurs branches. le

publicnles’ abandonnéà leur proprefort. Le temps détruit [tiennes fyfiê-ames , mais non toujours l’efprit qui,

en ahufe. , 4 I ..Ces réflexionsne fautoient êtreappliquées qu’avec Il: «raines rob:

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’388 QBSERVAïîons’

trierions au des travaux eûimables parleur chie: 84 par les décttuvertes ouils peuvent conduire , dufl’ent-ils nepas. tenir tout ce qu’ils femblentpromettre. ’ ’’ Mais qu’il foit permis de demander

à ceux qui allégorifent tout, pour-quoi l’hilioire n’aurait rien fourni àla fable. ’On diflingue les temps à.Buleux ’desttemps hifloriques; lesgentrys nommés héroïques (ont pla-cés entre ces deux époques a parti-cipent à chacune d’elles. La fable gfans doute été le voile des couloir.tancés phyfiques. Mais plus ce la.gageait": été reçu , plus il devientprobable-qu’on l’aura aufli employé

pour défigner des faire manqua.(fêtoit le langage de l’imagination,dont il au impoflible de marquer lesllmites;’tous les obiers font de fouteflon.i On ine- peut croire que dans les

temps fabuleux, à: dans ces ficelésnommés héroïques parce qu’ils émiai:

fuiets à de grandes révolutions . ilr n’y, ait pas eu des" hommes «tu..-

guettoient mon les talez:- e

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ŒÏU.. ".-

hËEtdQ:-F fi

-..

’ ocxt-ç.

Q’KËÇQ

son Las Autoorusrcs. 389de la légiflatioo. Les premieres époquesde l’hifloire connue. à ce que nousvoyons chez les l’auvages , peuventnous offrir quelque image des tempsfabuleux. Dès qu’une focie’té ca allez

nombreufe pour former feulement desbourgades , des que les circonûancesamenent des migrations a des guerres,on voit naître parmi elle des hommesqui le rendent utiles par l’inventiondes arts, par leur coumge 8K par leurfagefl’e. Si l’on ne cannoit pas tou-iours les noms des inventeurs desarts , les noms de ceux qui les ontrépandus ou perfeflionnés doivent ,en des temps voifins de la naiflancelde ces arts , avoir été configne’s dansles fafios de la mémoire. Il n’efi pasvraifemblable qu’on ait obfervé lesalites , les fleuves , les montagnes .ù que les noms ni qu’aucune aâiondes perfonnages qui intérefiqknt deplus près leurs contemporains, faitpar le mal , fait par le bien qu’ilsleur avoient fait , n’aient pas été canf-

rnis à leurs defcendans. lL’hifioire , qui a touiouts le crayon-

go main , a: dont la voix [a fait d’au;

’ V aidi- Tflmg Yl; a

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géo. ÔÉSER’VATIO us

rêne plus entendge qu’on l’oblige à:(glaire . l’hîfiolre ne. peut avoir élé-cptiéxjemjem muette dans ces fiecles..85.on ne peut marquer avec préci-fipgl le tÇtllpS oùll’pn fuppofe qu’elle

feta; comme l’ortie de ce long fi-

lençe. , . r Iq Nouçtiloyons ,’daus un pays quiefi le berçeau de llallégorie, la piété.filiale çqnferver jufqu’aux telles ina-nimés de ceux qui porterait: le veinésrglnle nom de peres : Hérodote vitmomies de rois égyptiens qui(laçoieurldela plus haute antiquité. On.noir avoir été plus ialoux encore-

«l’immortalifer leur mémolre en con-fleurant le récit de çes aâions ou l’on

Rem dire que l’ame- elle-même dempreinte.kSi l’on ôte à la mythologîe ce

qu’ellçyeut, avoir d’hillorique , qu’on.

amplifie douc. ce iride coufidàrablemr,,d’autres noms à d’autres faits;moflerions , fi l’on réuflîfloi: à lesrendre vraifeinblables , remplaceroicnæce que des conjeflurçs quelquefoisbaladées enleveur à llhifroire, peut:qu’on regrette peu en elle-même ,vu

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Il

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Yte3.5kk**;*-K mW. fifi

son Les ILLÉGORISTES. 39:-l’înCertitude qui regne dans les tempo

fabuleux 6: héroïques , mais dont onne feroit pas dédommagé par d’autre!

fables 8: par un principe que fa tropgrande mention rendroit erroné. l

’Quelquel points de vue heureuxont fait naître le défit- de trouverpar-tour des allégories du même genre :ce défit ne feroit-il pas fomenté ptl’envie de vouloir tout expliquer ëLes monumens hifioriques nous man-quent pour débrouiller le chaos de lemythologie : mais l’agriculture, lephyfique 6: les antes nous reflent 5ils peuvent fournir de nombreux éléëmens à des hommes ingénieux quiemploient la fécondité de leur efprit

bâtir un fyflême. " ’On a penfe’ que les-fables (ont deo

monumens de l’écriture hiéroglyà-phi’que. Cette hypothefe vient d’êtrebien développée: elle n’en peut-êtrepas fanstfondement; il paroît feulé

ment qu’on s’attache trop à la géné-

ralifer. Qui pourroit fa promettre dlprouver qu’on n’imaginaplus de fable!après l’invention de l’écriture , invarà

ionqui fuppofe l’acceoziflemem dû

a .

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391. .OBSIRYATXOIIla population 8: des commuâmes?Le &er fabuleux , fi je puis ainfidire , étant reçu , a dû (e maintenirlong-temps. La population, en aug-mentant . étend le champ de l’hifloire;la fable doit s’être emparée d’une par-

tie de ce champ.L’aflronomie et! une des fâches

principales d’où l’on dérive les fables;

on y a joint, depuis peu la géogra-phie &Iqudques branches de la phy-fique: on s’efl appcrçu qu’il falloitdonner plus d’extenfion au fyflême.i il ell connu que les Grecs . dansla haute antiquité , ne [a (ont paslivrés avec allez d’ardeur à l’étude

de l’afironomie , pour qu’on puifl’e

imaginer qu’ils en aient fait leur foinprincipal. Dira-ton que leur attentionétoit bornée à répéter ou à étendre

les fables des autres nations . fans encréer de nouvelles PSeroit-ce la con-noître ce peuple ingénieux .3

Mais admettons l’hypothefe . (avoir.que tomes les fables (ont des monu-mens de l’écriture hiéroglyphique; ilfemble qu’il n’en réfulteroit pas qu’elles

ne fulïcnt l’image d’aucun fait billa:

filins il

l

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o

son LES antennistes. 39;"Les peuples dont l’écriture étoit

hiéroglyphique , qui forme une ef-pece de langue particuliere , avoientencore une langue parlée. Il efi diffi-cile de concevoir que , dans une fo-dété allez étendue pour amalïer lesmatériaux de l’aflronomie, de la géo-

graphie &"de la phyfique, les hommesn’aiment point d’attention . n’occu-

pent pas même les entretiens. Quel-ques actions hifloriques doivent fatranfniettre de pore en fils. Quoi deplus naturel que d’en eonferver lefouvenir au moyen de l’écriture hié-roglyphique à

Une langue reçue , quel que fait(on génie . fût-elle hiéroglyphiqueou pittorefque , doit s’appliquer à tousles objets qui nous intérefi’ent , 8: cha-cun conviendra qu’il n’y a aucuneraifon d’exclure ces ficeles du nombrede tous ceux qui ont produit des fait:hifloriques propres à intérefl’er leshommes. Il efi donc très-vraiJem-blable qu’on aura employé , pour:peindre ces faits , le langage dellinéà retracer les tableaux des révolutionsde la nature , que ces fait; auront en:

3

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’94 OBSERVATIONSrichi ce langage. fourni de nouvellescombinaifons de lignes.. Les Romains , dans plufieurs de

leurs apothéofes, ont donné à desaflres les noms de ceux qu’ils V0".laient immortalifer. Cette coutume re-monte à une haute antiquité (l).I On fera forcé de convenir que le

refpeâ même des anciens pour l’agri-culture 8: l’adronomie les aura en-gagés à conferve: fous des images

(t) On volt dans Pline que des arbres unefourni des fumants aux anciens :

u Fuere ab il: 8: contamina animais : Fron-- ditio mîl’tti illl qui parlera incision .n Vulrurnum tranfnntans , fronde capiü in.n pond, advenus Annlhalern edidit : 5:0.u lonum licitai: senti : Ira appellent inn iplis arboribu frurîcatio inutilis z and: ku pampimtio inventa primo Stoloni duliea nomen n. l’un. en. XVll.- On volt dans le meute tuteur que les pre-

nier: fumons ont été tires de l’agriculture en Cognpminn criant primo inde : Pilurnni.

a qui pilum piflrinîs inventent : Pifon’ts , no pifsndo : jam Fabienne: , Lenrulorum, Ci-. eeronum , ut quifqtte allquod optime sansa. renter. Juniorum (oculi: Buhulcun noni-u airant . multi-bus opiné utebuur a. PUS.un. KV 111.

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uun

xv; 1!’

fin n’allk’x d

W!

çsun LES nçtéçonisrns. se);

’iabuleufes , les noms 8; l’hilloire des

inventeurs de ces arts ou de ceuxqui les ont perfe’âionnés (x). li (omble

qu’on nousitranfporte dans un autremonde où l’on ne s’occupait que dephyfique , 6: où les objets hifioriquésn’attiroient aucun regard. Tout aucontraire , le phyfique a: l’hifiorique

rom du [c mêler , puifqu’ils l’ont égale-

-ment du teflon des ConnoiEancés deI’efprit humain. Les Mexicains rie

.pofl’e’doient pas Parts de l’écriture;

mais ils tranl’mirent a la pollérité lesdais les plus intérelïans par le feeours

du pinceau; i ’ - A’ Ne changeons pas , quelque hon-

fleur que nous, ar’oifiions leur faire.en objets inanimés ceux qui furent:fles bienfaiteurs des fociétés riait;-

l

’ (r) Plus on concentre l’attention de end’oeiétés dans un pctlt nombre d’objets , plusiles maîtres devoient être révérés 8: chérieje leurs difciples; plus il en vraif’embublo

«in: les noms de plufieurs d’entre en ontrété célébrés dans leur (réale Br dans les âge-

(nivales avec autant d’enrhoufiafnte que l’enpâme dom on tgù’gk-an: d’uüzllté. L

x

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Q

l396 OBSERVATIONSfamés , ô: qu’elles fe propoferent deIconfacrer à l’immortalité.

Dans une langue dont les lignesfont tous métaphoriques a: allégo-riques , telle qu’on la fuppofe , n’yaura-nil pas eu des tours à: des fuitesd’idées femblahles à ceux qui. dansnos langues, portent le nous de méta,-phores 8l d’allégoties) Je m’explique.

On fait que les métaphores font néesa de la vivacité de notre imaginationa: de la flérilité des langues.&qu’i1n’y a point d’homme qui n’en pro-

duire. Pourquoi donc n’auroit- oupas confacré à un grand nombred’objets les lignes de l’écriture onde la langue hiéroglyphique , don:,l’irnperfefiion fera plus manifefle fion la compare à nos langues? Iln’y auroit que l’envie d’étayer un

fyfiême , qui pompoit faire imaginerqu’on a totalement perdu les figesdefliués à repréfenter les objets bino-riques. *

On va jufqu’à dire que des obiersmoraux n’ont pu frapper les hommesdans l’enfance des fociéte’s. Mais Quel’on concilie cette dupidité qu’on

z

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v*’.. .1..- wu -vu--wv’-.- --

ÇWt-L

l son Les ALLÉGORIS’I’IS. 397

leur fuppofe gratuitement avec lesélémens de l’agriculture , de la géo-

graphie , de l’afirouomie. S’ils on:révéré les alites , leurs coeurs n’au-

Iroient-ils éprouvé aucun l’éminent

pour les bienfaiteurs qui vivoientparmi eux. ou dont ils voyoient lesdefcendans ? S’ils ont honoré la char-rue . jele répete. n’ont-ils pas honoré

la main qui la façonna ou la perfecstionna. 81 traça les premiers tillonsdans le fein de la terre?

Les anciens auront-ils voulu , commeon le prétend. redire éternellementles mêmes chofes fous une infinitéd’emhlêmes? Celui qui rapporte lesfables à l’agriculture ne voit par-toutque cet art. Celui qui les rapporteaulli à l’afironomie St à la géographie

étend la fphere; cependant ne la cit.confcrit-il pas trop encore à Je parloisde la doârine des deux principes àun (avant allégorifle; il me dit qu’elleétoit purement emblématique , à: respréfentoit les faifons de l’hiver à: del’été. Sans recourir à cette folution.j’avois cru l’homme allez timide 8cfuperftitieux pour enfanter la clearing

les

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me onsznvnrroued’un bon *8t d’un mauvais génie.L’image de cette fuperllition rogneen beaucoup de lieux fur la terre,

Il: il n’yja qu’à ’porter l’oeil fur

les fauvages pour voir fis n’ontpas en le bonheur d’en affran-ehiS.- Il n’efl pas de la nature de l’efprithumain de toujours répéter ; il eflavide de connoilïances; il va fanscelle d’idée en idée . de progrès enprogrès, ô: trop fouvent d’erreur en

erreur. lParmi tant tremblâmes auxquels onfait redire les mêmes chofes . il cf!permis de préfumer qu’il y en ad’hifloriques , ce que les anciens dit?tinguoiont fans doute plus aiférnentque nous. Nous ne pourrons pastoujours être bien allurés de n’avoirpas pris l’emblème pour le fait.

Enfin j’avoue qu’il paroit fingulier

de vouloir expliquer aujourd’hui parles lois rigoureufes d’un l’yliême tantde fables nées à une fi longue dif-tanee les unes des autres, durant lecours de tant de ficelés; fables, ou-tragede l’imagination, et à la pro:

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*-ïa t nua-.11:

w- --v-w et

tss-urus ALLÉGORts’rzs. 39,

- , nlluâion defquelles tant de circonf-âanccs, fans compter une efpece déhafard . doivent lavoir contribué. ’I Ce petit nombre de commérerions ,que je ne fais quiindîquer , me con;duit à quelques ohm-varions plusrelatives aux fuies de: poèmes d’Hd-mare. dom on femble, comme lesalchimifies. vouloir faire évaporer’en allégorie la riche compofition. Onla: (a contente pas die-dire qu’il n’ya point en de guerre de Tr’oye; duapporte, fait à l’aflronomie , (onà la géographie . les noms de tous

Îles héros-chantés dans ces poèmes;il Cette hypothefe, fi elleva été (Ou-âemle férieufemem, peut, en folgenre , êtrenregardéevcomme un noli-vel hommage rendu à Homere pardCS’hommés bien capables de l’ami!le charme de les vers.’ CeÏpoëte ’aété fi refpeâé, que chacun a voulu

y retrouver (es idées chéricSJSonfort a quelque reflemblance avec celuides liires religieux de tous les peu-:ples, livres que chaque (6&3 com-mente à fa manient.

L’opinion dom; il s’aggzit ici net

” ’ ’ .6 ’

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En» aunant-nouspas nouvelle; il me paroit feulementqu’elle a reçu, beaucoup plus d’exten-fion. On fait que l’école des jeunesplatoniciens , entraînée par les difpute;où elle s’engageoit pour la défenfedes autels du paganifme , a déià te-conru à liallégorie pour expliquer lapartie mythologique de ces poêlas,a pour inflifiet tout ce qui aroit ychoquer la raifort. Il s’en fa! oit bienque l’efprit philofophique éclairâtces explications ’, c’étoit, au contraire.

un zele fupetflitieux. Aufli le com-mentaire étoit-il plus abfurde que letexte : mais le peu de progrès qu’avoir

Jait la faine philofophie permettoit,dans toutes les feâes, l’abus du rai-fonnement.

Il n’el’t pas douteux que la partiemythologique des poèmes (Pl-lamer:ne renferme beaucoup d’allégaties.Il y en a dont la clarté en mani-fefie : celles.ci (e rapportent a l’homme.

aux pallions qui raniment. non auxalites 8c aux montagnes; ce qui con-firme que les obiers moraux n’ontpas été exclus des fables. La char-pente. allégorie de la ceinture de

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mZWÇËIBEËl&t’

tlïl

mÈEŒÇWtrmg

son ces unissons-res. 4erVénus cl! de ce gente, ainfi quecelles des Prieres , de Minerve ac-compagnant toujours Ulylïe , à desdeux Tonneau): qui [ont au pied dutrône de Jupiter; Les pallions per-fonnifie’es forment une grande partiedu fyflême mythologique adapté parHamel-e aux (nier: de fes poèmes;a il el’t à remarquer que c’efi toujoursla que les vrais poëtcs ont été puifcrla plus riche partie de leurs fiélions.Comparez à ce genre d’allégoricscelui qui rendroit des hommes inté-relïans l’emblème des alites 8c des

rochers; rien de plus froid, parcequ’il n’y a rien là qui puiflie remuer

le cœur. obiet principal du poète.Quand Le Camoëns anime un rocher,cette allégorie cil grande 81 intéref-Tante 5 elle a un but moral; elle s’alliefi intimement au finet, qu’elle forme

.avec lui , fi fie puis ainfi dire. un (culê: même tillu. Il n’en cil pas ainfides allégories qui auroient commeune exillence (épatée du fuie: , 8:feroient dénuées de moralité.

Il cil cependant vmifcmblable queles poèmes d’Homere renferment quels

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Q0: OBSERVATIONSque: allégories de ce dernier genre .relies du langage fymbolique : maisil ne faut les chercher que dans quel-ques endroits de la mythologie deces poèmes; ce poète. qui connoif-foi: fi bien les pallions humaines .n’a pu concevoir la fingulierc idéede confltuite un monde allégorique.ou plutôt une efpece de chaos . don:les parties n’auroient aucun rapportentre elles , 8: qui n’en auroient pointavec (on fujet.

Vous croyez avoir trouvé, à œuf:de la conformité des noms, que telhéros n’a jamais maillé, 8c qu’il n’en

que l’emblème d’un fleuve ou d’une

montagne. Mais comment pourrez-Wous découvrir,dans la nuit obfcutede l’antiquité , fi ce n’eii pas ce héros

dont on a donné le nom à ce fleuveou à cette montagne. foit pour quel-que aéltion remarquable , fait pouravoir été cniéveli près de ces lieux?

Ne voyons-nous pas, dans la plushaute antiquité . les villes porter lesnoms de leurs fondateurs ? Dirons-nous aulii que ces villes (ont allégo-

lriqucs? on l’aŒtmçtoit PÇLli- être à

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ÂEÎÆAÏ-tÈI-i’lfi’v

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nui-fi À 3:.

’3’ "Ëfàfl Ru."

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son LES aptnoonts’rcs. 4o;nous n’avions là-delïus lestémoignages

les plus certains. le ne veux pointchafler les Naïades des fontaines . niles Dryades des forêts t maisil n’efipas moins conforme à la nature del’efprit humain qui les a créées. dedonner à un côteau le nom de celuijont les cendres .y furent dépotées.à un fleuve le nom de celui quigérablit une colonie fur l’es rives, ouqui lui prefcrivit un nouveau cours.

Revenons aux allégories d’Homerequ’il cil difficile d’expliquer. Les jeunes

platoniciens . qui étoient plus veillas.que nous des jours de ce poète , de-Noient avoir des monumens que nousavons perdus; St cependant leurs [yt-tèmes , bien accueillis dans le temps

-,où.ils avoient une grande analogieavec l’efprit du fiecle , étoient fi peufolides qu’ils font tombés dans l’ou-

bli. quoique tant de commentateurss’en (oient emparés comme de véri-ables richeers . à aient travaillé à les

in: revivre dans leurs notes. Maisje ne (ache pas qu’aucun de ces pla-

toniciens ni de ces commentateursait imaginé que tous les perfonnagçs

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404 onsnnvArlorndes poëmes d’Homere , hommes àdieux , fuirent allégoriques; à fi quel-qu.un d’eux en avoit conçu l’idée.elle n’en obtiendroit pas plus de vrai-fcmblance. Ce fyfiême me paraît mo-derne (1),- il cil né dans ce fiecle où

L (I) Fontenelle. dans l’éloge de Ria-chiai,parle de quelques explication allégorique;données par ce favlnt , 8: je vais 1’!meles paroles de l’auteur de ce: éloge :

u Rien u’efl mieux manié pu M. Bianchîni.n que les établifiemeus des pruniers peuplan en différais pays , leurs "Inhumation! ,n leurs colonies, l’origine des mollardât:

ou républiques , les navigations ou demarchands ou de conquérais; 8:, (a: a

n dernier article , M. Blanchini fuit muionsgrand cas de ce qu’il appelle TKALAJIO-

n cru-nu , l’empîr. on du moins l’usageu libre de la men. .. .. Selon lui , an incuit point du ravinement d’Héleue qfllw s’agifioir enrreles Grec: 8: les Troyen! 3u c’était de la navigation de le mer 5540n 6: du Pont-Enfin, fuie: beaucoup plusn raifounable a: plus induira!!! i a: la guettaa ne f: termina point parla prife de Trop,n mais par un traité de .corumerce. Cela dn même afin fondé fut l’antiquité ; mal: de

là l’auteur fe trouve couduir à un paradoxen- plus furpreuaut . c’en que l’llizde nlefi»,qu’une pure hifloire mégariféu dam leu prix orienlal. Ce: dieux un «promu

a

3

-.-..

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! HaI-elzI -

--v --r--v-fi--’

S33!!!

svn LES Anneau-rus. 4o?l’amour du paradoxe a enfamé tantd’idées fingulieres . qui ont eu pouradhérons tant d’efprits non moinsfinguliers; dans ce fiecle dont Fou;

a Homere , 8: qui pourroient l’empêcherd’étre reconnu pour divin , (ont pleine-ment inflifiés par un feul mot ; ce ne[ont point des dieux , ce (ont des hommesou des nations. Séfoflris , roi de l’Ethioplcorientale ou Arabie, avoit conquis PE-gypte , ,toure l’Afie mineure , une parti.de la grande Mie; En , après fa mon.les rois ou princes qu’il avoit rendus tri-binaires feeouerenr peu à peu le jans;Le Jupiter d’Homere en celui (les fuc-cefl’eurs de Séibfiris qui régnoit au tempo

de la guerre de Troye; il ne command.qu’à demi aux dieux , c’efl-l-dire au:princes les vaiïaux , 81 il ne les empéchcpas de prendre parti pour les Grecs onpour les Troyens, felon leurs intérêts a:leurs pallions. Junon et! la Syrie appelésBlanche . alliée de l’Etlaiopie orientale ,mais avec quelque dépendance a 8c cetteSyrie en caratlérifée par les bras blancsde Junon. Minerve et! la (avanie Égypte ;Mars , une ligue de l’Arménie, de laColchide, de la Thrace 8: de la Tild-falie: 8e ainfi des autres. A la faveur decette allégorie . Homere fe retrouve divin 5

n il faut avouer cependant qu’il l’était déjà .a. quoiqu’on ne la connût point. a

Je ne me propofe pour: de difcuter icile fyfléme de Bianchinj, dont Fontenelle

IISIISSII3XSItl:

S:

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- 406 OBSERVATIONSsemelle, au bord du tombeau. avoirNu naître l’aurore , 8l dont les opi-nions naiKantes ô: la chaleur aveclaquelle on les foutenoit lui avoient

parle avec allez d’ironie 8: comme d’unparadoxe. On voit que (on auteur n’excluoit1’15 entiérement l’hiflolre de l’explicationqu’il donnoit de l’iliade. Jupiter, felon lui.avoit été un homme , &c. Il croit nuai qu’il

y eut une guerre entre les Grecs & lesTroyens , que l’objet en fut la navigation 1de pluiieurs mers , & qu’elle fut terminéepar un traité de commerce. Je n’ai pointl’efptit afin clairvoyant pour nouver celadans l’Îliude. Il femble que , pour tueur.tu jour un (yfléme extraordinaire , il devroitpar" fur autre chofe que des conjeâuret ,qu’il devroit avoir pour bure quelques fait:Ullégués par des hiüorieus dignes de foi,au quelque autre monument de l’antiquité.Des conjeâures hafardées peuvent-elles con-nebalancer des’opinions auxquelles la infodont je parle donne au moins dela probe.bilité .3 Je me contente de remarquer i cmoecafion comment , avec le défir de bâti:on fyfléme , on trouve tout ce qu’un veutdans les auteurs anciens; 8e li celui hlianchiui parut un paradoxe à Fontenele,quel nom eût-il donné a un t’yfléne quiltrileormeroit tous les héros d’Homere qâtres inanimés , 8: refuforoit à "aux.

a d’avoir fourni le moindre Mine-t aux pâma(Haute!

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a-v--v::--æmvtbmlum11CXRIIUSItm A Ï"! -

son LES nutueoutsrus. 407fait dite ce mot. rapporté par M. deRulhiere. qu’il étoit effrayé de l’horo

rible certitude qu’il remontroit detoutes parts (t).’ Combien Homere a fait naître del’yflèmes! Les opinions des jeunesplatoniciens fervirent à établir qu’ilpoflédoit la faïence univerfelle 5 (esfables devinrent l’emblème des véritésles plus abflrufes.Voil à donc les poëm entransformés en une encyclopédie. Onfit auffi de lui l’apôtre de l’erreur ,et il fut daublement , fi je puis ainlidire , l’oracle d’Apollon : fes poèmes

devinrent le livre de la deflinée 3 il

(z) l’ai entendu dire à l’un des philolo-plies les plus diftingués de ce fiecle, qu’ilsagardoil l’abus linguller qu’on fait des allé-gorics 8l des étymologies comme un desfruits de cet efprit d’exaltation qui a produitnouvellement tant de [cèles , au détrimentde la faine philofophie. L’allégorie dt lemerveilleux , dtfoir-il , f. tiennent par lamain. Cette penfée d’un hiflorien de lemature, vénérable par fes talens 8c par forsâge , m’a paru remarquable , de mérite d’ÇtYC

guée après ce mot de Fontenelle que jefient de rapporter. Je le repue 5 eu parlantJe l’auégorie , il n’en condamnoit que l’aime.

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,-403 OBSERVATIONS’fut changé en magicien. Il dut Pitre

en alchimifle; fes vers, qui enflai»ment un cfprit poétique. nourrirentl’imagination creufe de ceux qui cher-chent le grand-œuvre , 8: il fut con-traint de fuivre l’alchimifle au milieude (es fourneaux enfumés. MdameDacier , lori-qu’on blâme les principesde la théologie d’Homete, qu’on peutiuflifier par l’efprit de (on fiede, lelivre quelquefois ’à un parallele peu

r édifiant , dans des vues trèslérieufes .8: qui ne permettent point d’y loup- 1çonner aucune ombre d’impiété; en:

fait l’apologie.de fes principes enprétendant les trouver conformes àl’éCriture (aime, 8! féerie que ceuxqu’ils révoltent n’ont donc aucunrefpcé’t pour les livres (actés : il futchangé par elle en théologien. Quellesmétamorphofes lui fera-t-on encorefuhir?’ Le Camoëns , en fe chargeant lui-même du rôle des commentateurs . aétrangement ahufé de l’allégorie: mais,

malgré tous (es efforts. il nia pufaireprendre Mars pour Jéfus-Chrifl , niyénus pour la religion

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auÈ MM’Ir

trin-w. tr ut- 4-"-.* 1-56 o-l’lanr-n- 7.1.!

nm LES ALLÉcoms’rEs; 409

Le TalTe a été plus loin; il a allé.orifé tous les noms qui entrent dans

fou poëme. La manie des commenta-teurs l’entraînoit-ellc alu-delà de leursrêveries mêmes? Craignoit-il , dansce fiecle, qu’ayant mêlé le paganifmeôz la religion chrétienne , l’amour ë:la dévotion , Ton fuie! ne caufâr dufasndale? ou auroit-il fait ce commen-taire fingulier lorfque fa raifon com-mença à s’égarer?

Si tous les monumens difparoîf-foicm , 8: que ce poëme feul avec cecommentaire parvînt aux races futures,ne feroient-elles pas rentées de croiregulaucun des perfcnnugcs du Taflèn’a exiflé P C’efl à-peu-près ainfi que

l’extenfion donnée aux principes dequelques commentateurs d’Homercpeut conduire à l’erreur.

Mais pour nous approcher davan-tage de notre ’fuier.’le fond de fespoèmes efi-il donc dénué de tout:vraifemblance pour cu’il faille in-voquer llallégorie .3 Trouve-t-ondans I’exifien’ce à: dans les amontd’Agamemnon, de Neflor, dlAjax 8cdes amas héros d’Homcreyl’invraî:

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ne OBSERVATIOISfemblancè 8: l’obfcurité de plufieun

de fes récits mythologiques , oùl’allégorie, quoique diflicile à en-tendre . s’annonce , a: peut feulel’abfoudre du reproche d’avoir heurtéle Tous commun? Je fuis loin d’avancerque tous les faits rapportés par capoète aient un fondement bifioriqne.S’il faut fe défier de l’hifloire même,

il le faut, en général, à plus forteraifon , de la poéfie. Par exemple , iuleme fatiguerois pas à vouloir foutaitqu’en eEet Pâris enleva Helen. Jefais qu’Hérodote. dans Ion premierlivre, fait le récit d’un grand nombrede rapts femblables , à qu’ils étoientdans les mœurs de ces temps à demiebarbares. Quelque analogie qu’aitavec le nom 8: le mouvement desattires l’hifioire de ce rapt, je (aisqu’il en oEre avec ce qui pur fe

aller fur la terre. Mais, fans entrerdans un long détail au fuie: d’l-lélene,qui d’ailleurs n’avoit été peur-être

ne le prétexte de l’armement desarecs, on ne peut révoquer en doutela guerre de Troye, nette dansfût: mention, outre es Marbres

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w-w- x-umâmzwww--

.s---m--h--, .-

sun. tes anisons-ris. 4red’Arondel, Hérodote 8: Thucydide,Cet hiliorien qui (avoit dtfcuter lesfaits. Si même on vouloit foutenirl’enlèvement d’Hélene, ce qui n’en

pas nécelïaire. on pourroit dire quela conduite abfurde des Troyens qui.(outinrent un li long liège plutôt quede la rendre, eû de l’invention dupoète; plan qu’il a l’u juflifier par

les pallions humaines , telles quel’amour aveugle de Priam pour leravifieur d’Hélene , l’afcendant decette princelle fur ée vieillard Enmême fur Heâor , l’avarice d’hui-maque gagné par l’or de Pâris.

Parmi les hifloriens qui ont fait.inemibn de la guerre de Troye (t).j’ai nommé celui qui pour nous dele plus ancien, Hérodote. qui avoieprofité des travaux. des hifloriens-précédens,’ qui avoit lu Homme.vifité le lieu même de la (ceneilluf-urée par tant de prodiges de valeur ,

. (i) Pline, en parlant du liège de Troye,dit: u Temps ou les faits commencent à en:on plus certains n.

n . . Troimis 8L remporibns pà. quibus (une couler... Lib. XXLX-

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’41: OBSERVATIONSa recueilli fur cette marâtre les ré-cits de la tradition. Quant à l’époqueoù fleurit Homme, on pente que cefut environ trois fiecles après la guerrede Troye , époque non allez éloi-gnée pour que ce poëte n’ait pu être

inflruit de beaucoup de faits par lesdefcendans de les héros (t). Héro-dote. dont plufienrs [avens eflirnables,parmi lefqucls M. Larcher tien: un

me

(t) Je vais rapporter le remiser inWood fur l’époque ou vécut Homme:

u En limules écrits d’Honsere , aupmn former, dit-il , des conieâures fur le limeou il vécut; il patch qu’il naquit peu den temps après le liège de Troy: , à qu’ilu acheva l’es poërnes environ un demi-lied:n après la prife de la ville.

n Voici les airons pour lchnelles je p16-» fer: cette époque à d’autres pollérieuren.a» D’abord]: fucceflion des arrlere-petiu-filsu (Pline: au royaume de Troy: en le faitn le plus nouveau qu’il raconte. La migrationnies Enliens troubla probablement cetten génération dans l’es pollefions , a: jen- l’uppofe que le poète n’en fur pas témoin ,

n cu- c’ell le moflera. 8:, fi rote inclue.n le défaut d’Honere d’être minutieux! dansn l’es defcripnons.... Secondenent le tableaua qu’il tu: de la («me convient

l5

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sua [ES aunons-ras.- 4:3"rang dillingué, ont montré qu’il étoit

plus véridique qu’on ne le croyoitpar rapport aux faits qu’il avoit purecueillir fur les lieux mêmes . Hé-rodote parle du voyage de Méne’lasen Égypte, à; des principaux fait:rapportés par Homere. -

Je ne veux point citer comme debons garant les ruines de l’ancienneTroye, le tombeau d’Achille que

un à ces premiers temps"... Enfin il parle desn perfonnes de des faits , il décrit les râlionstu & les entractes, il trace l’es portrait!a d’une manier: qui annonce, ou qu’il fut. témoin de ce qu’il rapporte, ou qu’il en.à fur inflruît par des témoins oculaires.

n Je ne ferois pas tous ces raifonnemensn li on pouvoit citer l’ut- ce point une au.u torîte lunatique; mais puifqu’on en réduitu aux couinâmes , il en permis d’énoncern celle qui femble la lus plaulible. Au relitn cette conjecture tin-e d’Homere lui-mêmen. ell (l’accord avec celle que l’hilloircw fournît. fier-odore nous apprend que cea: poète fut reçu dans la maifon de Mentora. qui connu! perfonnellcment Ulyll’e. n l

Si ces conjeélures de Wood ont quelquefondement. ainli qu’il me l’a paru, il engéfulteroit qu’liomerc a pu remonter fortatténuent au: tanrecs mantiques» i

11154 me: 1’]. A i

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in; classant-noir!tous les v0yageurs . devant à depuîiAlexandre, ont été vifirer, ni les tourlbeaux de plufieurs autres fameux calaitraines de la Grece , qu’on a montréslong-temps aux bords de l’HeIlefponr.témoignages dont la réunion ne Riflepas d’être de quelque poids (x).

Les réflexions que i’ai indiquées

fur les temps fabuleux qui remontentà la plus haute antiquité -, font en-core plus applicables au fiede dahéros d’Homere , qu’on nanan: hé-

roïque, nom qui (cul défigne .quleniman: aux temps fabuleux , ce ficelaconduiroit aux temps Marignan. a

(I) La république des lettre: n’apprendpas fans intérêt que M. de Choifeul-Gouffic: .ambafl’adeur de France à la Porte , des: defaire lever un plan très-enà de la Troade .I: ,a découvert dans cette contrée (le:tombeaux qui . felon les detnlptions doStrabon, pat-omerta devoir être un: d’Aiu,alAchille 8c de Patrocle. Ses recherches,dont il infirmait: lui-même le public , a: du:in ne parlerois pas ici fi elles ne tenoientintimement à mon (hier , acheverorn pro-bablement de confirmer les ricin d’unetradition confiante , dont la rom: a "tupanai les peuples de l’Afie mineure , ou

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son tu patineuses. 41gdéveloppoit, quoique d’une manierainforme , les premiers germes del’hîfloire. A llepoque dont je parleici. a: qui en comme l’adolefcencede la fociété humaine , la civilifationétoit fort avancée 1, plufieurs au:étoient portés à une certaine perfecotion;mais fur-tout la langue étoitformée , ce qui fuppofe beaucoup detonnoifl’ances . ô: en facilite encorel’accroilïemenr. Ces confide’tations

mettent à des confequences fi mani-fefles qulil me paroit tout-ànfait [Unperflu de dire que Thifioire . dansceficcle . a augmenté le teflon" de:lumietes , ô: concouru au dévelop-pement de l’efprit humain.

durant une longue faire de Enclos, les lu-mîeres ont été fort répandues g traditionqui. d’accord avec llhiflolre , a pu engager:Alexandre à flûter le tombeau d’Achille.On apprend que ce plan, levé parles [pinade Cet muflre interprere des monnmcna d.la Grec: , confirme l’exaâitude furprenantedes defcripdons d’Hemere ç on en pourratoujours plus inférer que cet homme fiattentifà confidérer la nature muette . n’aurapas été tout-Malt immigrent à l’égard duobiers que lui oflrolt la nature animée , je.pale de "filaire.

t 4 a, a

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4:6 basanant-nons’ Avant cette époque , nous trouvonsdes empires puiflans. Nous polîe’donsun hiflorien . qui n’a pas vécu dansun temps ni dans un pays fort éloi.gnés du temps 8c du pays d’Homete.c’ei’t Moïfe ; malgré quelques allégo-

’ ries , qu’on voit manifefiemeut dansfes récits , on ne peut douter qu’iln’ait écrit une hifloire. J’ai parlé,dans mes réflexions fur Homme. dequelques infcriptions antérieures aufiecle de ce poëte. Toutes ces cou-fidérations tournillent des conclurionsqu’il cil facile de tirer.

L’hifioire s’écrivit d’abord en vers.

On nous apprend aujourd’hui quetoute l’antiquité a eu tort de regardernouure prefque comme le pere del’hifloire , titre qu’il a mérité par legrand nombre des faits qu’il rapporœô: des perfonnages qu’il immortaolife (x). Ces peuples qui prirent lesvers du chantre d’llion pour arbitresd’une conteflation qui s’éleva fur les

(x) Voyez dans l’ouvrage de Vood lechapitre interelûnt intitulé z flouera tarifas!

comme monel. i

.. n...

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V

liîwv-rv -’ u-i-l m -r

dm u -*e’îî"*vC -i-r

sur. us ALLÉGOIISTES. 4.17

limites de leur territoire , n’eurentpas moins de tort : un homme dont lecerveau étoit brouillé par tant d’allé-

gories étoit-il un iuge bien calme .78: pouvoit-on s’aKurer qu: les nomsde ces peuples ne fufi’ent pas embléemanquesI 8: qu’en les prono..çan:fon efprit ne siégaroit pas dans lesantes.

Ariflote , cet homme unîverfel ,Miliote , l’un des éditeurs d’Homere.

a: plus à portée que nous de con-naître les antiquités grecques . a ditque le poëmc doit avoir un but mo-ral; allégorie qui ne détruit pas l’hif-torique :mais il cil étOnnant qu’il.n’ait point fait une obfervacion quil’eût engagé à difcuter St peutêtze àprefcrire une nouvelîe regle a laquellefe fouloit le génie diHomerer Arif-tarque , à fan tout, ainâ que Longînà: d’autres critiques , ont lame cettegrande découverte à quelques litté-rateurs modernes.. I

Les principes que quelques hommesd’efptit ont avancés, privent ce poèted’un de (es mérites 8c font difiparoître

, .. . . . , . .inclue que peut offrir. Ï :0; hit:

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.318 "oasznvA’rro’tutorique’de (es poëmes. Rien n’em-

pêchera qu’on ne poulie plus loinces principes. Avec un peu plus defubttlité on pourra foutenir’quelqmœurs qui! dépeint & qui nous ré-iroltent quelquefois , (ont aulii allé-

goriques. A, ’ Onifoutient que ce nouveau fyfièmene nuiroit en rien à l’intérêt qui regnedans (es récits. Difcutons un peu cette

queflion. *’ Un long poème dont le fuie: entierferoit-p allégorique l, tu dont chaqueperfonnagc feroit l’emblème de quel-que être inanimé . fans que cet en?blême eût une liaifon direûe avecceperfonnage ni avec le récit poétique ,un tel poërnç auroit moins diînte’têt

que s’il pofoit fur les fondemens deI’hifloireL C’efi en vain qu’une actionl’animeroît; il tiendroit ,- à quelqueségards , des poëmcs didaâîques.

Pourquoi , en général, les foinsfournis par l’hilioire font-ils pluspre: de nous intéreii’er que ceuxn’ont d’exiflence que dans l’imagi-

nation du poële? C’en que les per-mnaaes défisnés Par la renommée.

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a.-- ne: att’tt -

mfiîlilmt---tî-111t’-

aux LES autocars-ru. 419excitent plus promptementen nousl’attention, la perfuafion a: les fen-timens qu’il veut recueillir; c’efl que ,

peignant des hommes qui ont parufur la (cette du monde, [on pinceauil. d’ordinaire plus de force a: de vé-rité. à: que nous aimons la natureanimée à vivante.

On dira que les fables, au tempsd’Homere . obtenoient la créancedue à l’unicité, en un mot qu’ellesétoient alors l’hilloire. Mais li cela peut

erre vrai de quelques fables recou-nucs qu’il rapporte , eit- il vraifemrblable que. dans un (iule ou l’onn’était pas dénué de conno’ nous.

tout ait été fabuleux, 8: qu’un figrand nombre de fables ait pu s’éta-blir comme faits certains ô: obtenir.une créance générale .3 La traditionétoit donc muette! Les monumensn’exprimoient rien ou n’étoient cmgourés que d’hommes aveugles ,dansun temps où l’on nous dit que lerefpefl religieux pour les morts faic(oit multiplier St chérir les monu-mens l Quoi! les poètes, qui alloientde lituus en lieue produire. bambine.

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430 .OBSERVA’I’IONS

te font concertés afin de ne ricanaiprunter aux récits des faits , donttout . les villes. les armes 5L les tom-beaux , leur retraçoit le fouvenir!Les poètes , ces flatteur: délicats . ien’en excepte pas Homcre , n’ont pointcélébré ceux qui les recevoient nileurs ancêtres ! On nous uniparedans un autre monde.

Un poëmc peut intérefl’et fans avoir

un fondement hifiorique; mais ce quei’ai avancé efi conforme au (me!!!des critiques les plus éclairés. Je neciterai que ce paiïageide l’Art poé-tique d’Horace , dont le feus peuts’appliquer ici:

Difficile et! propriè communia dicere 3 tuquemon: illICum Carmen deducis in aGus ,Quàm fi profanes ignora indiûaque pâturas.

- Tout ce que ie veux dire, c’enqu’un long poërne dont chaque per-fonnage auroit un rapport allégorique .feroit froid , que l’attention feroitpartagée entre l’emblème à: le per-fonnage, que l’allégorie feroit tou-iours comme à côté de lui pour dif-fipet ou aniblir la perfualion. On

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-wd’---

mmgï-umn- x3!

son Les LLLÉGORISTSG. 4:1.

(en: bien qu’il n’en efl pas de mêmelorfque l’allégorie cil courte . à neparoit que de temps en temps pourorner le récit. Les anciens , a: en.particulier Hornere . connoifioimetrop l’art d’intérefler pour abufer àce point de l’allégorie.

Elle prêtera de l’intérêt à une Fable

abfurde, à un poème badin. Quandelle efi un voile nécelïaire, commedans le conte du Tonneau . à: quece rapport cil beaucoup plus inté-reiïant que le récit même; quandelle oEre, ainfi que dans ce mêmeconte , les contrafics prquans du grand8: du petit . du férieux ô: du comique,elle en fait tout l’agrément, 8L l’efprit

ne fe fatigue point à la fuivre . quelquelongue qu’elle foi: : l’allégorie égaie .

nourrit le (nier. loin de le rendre fé-lfieux à: aride.

Il peut y avoit eu anciennementdes poèmes allégoriques . quoiquej’aie peine à concevoir que leurs au-teurs [e raient interdit de mêler àleurs allégories des faits que leurpréfentoit l’hifloite. ou qu’ils aientmis un frein à leur imagination , ou.

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m DISERYA’I’XOIInef: permettant pas d’introduire dans1mn. chants des perfonnagee de leurcréation. les aient reponfïés commedes fantômes. Mais s’il y a eu despoëmes purement allégoriques , ilkmb’le qu’ils ne devoient pas êtrefort étendus; car il n’efi pas dansli nature de l’efprit humain de faire.pour ainfi dire, une grande dépenfopour un objet dont on peut donne:ridée à moins de frais, ou qui etdéjà repréfenté fous de nombreuxemblèmes. Il y a beaucoup d’allé-gories dans la Théogonie d’He’fiode:

niais ce poème dt dans le ton ü-daflique , 8: d’ailleurs on ne pourroitguere prouver que l’hifloire ne s’ymêle point à l’allègorie. Les poèmesd’Homere (ont d’un genre tout difiè

un; ils union: rien éprouver quireflemhle à l’ennui d’un calendrier.Ceux qui croiroient qu’il n’a forméqu’un tifl’u d’allégories , nifonne-

roîent à-pen-près comme ceux quiont penfé que (on but principal ,dans la compofirion de fes poèmes.avoit été d’amener , ainfi qu’Hope ,

une conne nommé. Encore ces une

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uægtms*o.*-*àttnvn.1.-z’------x-i--------

si): LES Aiztcontsus. 4’15hier: critiques n’ont-ils pas avancéque l’hilioite n’eût rien fourni au

’poëie.’ vLes métamorphofes d’Ovide l’ont

un recueil de toutes les fables. Direqu’Homete avoit un but femblable ,feroit une alfertion bien linguliere ;car commenta poète fi naturel (Eferoit-Huis l’efprit à la torture pourfoutenir l’intérêt a eonferver l’unité

du fuie: au milieu de ce chaos? Ecependant le fyfième qu’on veut êta.blir conduit à cette affertion. ’

Si les fuies des poèmes «filonienn’avaient d’autre réalité qu’un rapport"

à. des antes, des lacs 8: des montagnes.peut-on croire qu’en chantant des ex-ploits où l’imagination le feroit épuifée

en faveur de quelques vérités fiériladont ils n’auraient été que les em-blèmes , il eût intéraîé la Greeeautant qu’il l’a fait P Avec quel plaisfit. au contraire. les petits-fils devoientrecOnnoître’dans cette heureufe imagflles afiions de leurs aïeux! Qu’on tupipofe que la Henriade (oit un réelpurement allégorique; ie demande ilelle ne perdroitrnen du côté de Pin!

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"424 onsznvli-raonstétât. J’entends ici la réponre de (ou.

les cœurs. .Ces exploits même: qu’Hornere

chante avec tant de feu annoncentqu’ilsétoient fort en honneur dans f on finie,a qu’il n’en étoit pas uniquementl’inventeur. Les allégorifles dont j’aiparlé ne fautoient prendre ici un partimitoyen fans contredire leurs principes.Aucun poète n’a égalé Homere pourla chaleur 8: l’enthoufiafme :on peutdouter que des perfonnages allégo-riques l’eufi’ent enflammé a ce point.L’intérêt qu’il excita fut. en patrie,

national. On lui a fait même un re-proche auquel on ne peut répondre.c’efi d’avoir été trop jaloux de la

gloire des Grecs , ce qu’on voitpar-ticuliéremenr dans les combats dePatrocle ê: d’Achille avec Rafiot.Ce poëte , qui flatte , en mille en-droits de (es poèmes. l’orgueil natio-nal de ce peuple, ne peut avoir to-talement négligé les richefles que de.voient’lui omit les annales de laGrecs. Ce penchant d’Homcre à louerfa nation produit louvent de grandes

beautés, à renforce l’intérêt; louanges

En

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a à. «a. à. à. e. Le ï. à;

svn LES ALLÉGORISTES. 423

qui enlient été fans effet. fi elle nele fût reconnue dans aucun de lestaleaux. Quand nous le lirons ,nousnous mettons à la place des Grecs ,8! mous participons à l’intérêtqu’avoient pour eux l’es poëmesî

leurs ancêtres deviennent, pour unmoment, les nôtres. Il n’efi doucipas entièrement indifférent pour nous-mêmes de vouloir anéantir tous les.titres hifioriques de ces poèmes.

Homerc , plus qu’aucun autre poëte ,.aimoit pà parler de ce qu’il avoit vu:ou appris. Les lieux qu’il a décritsattefienr encore uiourd’hui la fidélitéde fan pinceau. S’il a donné tantd’attention a la géographie , on nefauroirirnaginer qu’il n’ait porté aucunregard fur l’hxlloir-e. J’aiouterai a ceque j’ai dit fur cette mariera une ré-flexion que m’a fournie M. de Ro-chefort. Il n’el’t point de poële quifa foi: plu davantage à décriredes généalogies; c’efi une des plusgrandes conformités qu’on lui trouveavec Moife , chez lequel on ne con-tefiera point. à ce qu’on efpere, queces généalogies n’aient une bafe. hifc

11h14. Tom. FI. Eh

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,

426 onsenvarronstorique, conformité qui concourt àmontrer que c’étoit l’ufage du fieclede ces écrivains, ô: à placer Hometeau nombre des poètes dont les ou-vrages ont été , en partie , le dépôt

’de l’hiûoire.

On voit par l’attention qu’il a don-lnée à la nature, aux arts , a: partous les détails ou .il entre , qu’ilétoit un poète obfervateur St inflruit.Je conçois airément que le peintrefidelle de la nature aura chaifi pourfuie: 8: pour plufieurs épifodes deles poëmcs quelque grande aâion.telle que l’hilloire en préfente dansle cours des fiecles. Je ne puis croirequ’il ait tout peint . excepté les hommesdont l’entretenoir la renommée. luiqui fe plaît à tracer des caraûeres.à peindre avec tant ide détails leshommes qu’il amene fur la lieue;lui qu’on allure avoir placé dans lespoëmes les noms de piulieurs per-fonnages avec lefquels il avoit eu desliail’ons . tels que le corroycur TycCllllls qu’il a immortalifé en parlantdu bouclier d’AEax; lui enfin qu’onprétend s’être épuifé en épithetes pour

des perfonnages tantattiques.

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Lfl*’ŒKWKd’Ë’JlQmù--æ-v-v

r KÈÎ-

i’ I V i . ,son us ALlÈGORISTEQ. 427Il cl! des portraits tirés d’aprèa

nature. auxquels le pinceau a im-primé tant de canâere v5: tranfmistant de vie qu’un œil exercé lesdifiingue des portraits d’imagination,8: ne doute point. dès la tir-microvue, que les perfonnages dont il:font la repréfentarion n’aient exifié.Prenne qui voudra dans Homere . deshommes pour la nature inmimée;on y apperçoit de toutes parts lanature vivante; on croit . en le li-fant , vivre avec l’es héros. Quelqueétendu que foie l’on génie. on voit,par l’extrême vérité de (on pinceau.qu’il doit à l’lufloire une partie desnuances de fes nombreux caraéleres:c’eû être grand que de t’avoir lesfaifir ô: les peindre. Diraht on ques’il a pris Ces ’carafleres dans la na-ture. il a peint fous d’autres nomsles contemporains? Ç’auroit été , en

quelque forte, les truttrer de leurgloire. D’ailleurs . c’efl convenir que(on fiecle rafiëmbloit de grands per-fonnages. lis devoient être defcendusde chefs dii’tingués: on ne peut croirequ’aucun d’entre eux n’ait été propre

’ à

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asur;

à

’42: onsenvAa-torts, se.à exciter la verve d’un poële tel’qu’Homere (r).

(t) Le (uniment de Vood fur n mytho-logie d’liomere vient à l’appui de net

réflexions. 1n llefl inutile, dit-il, de rappelettotms

a les coniedures extravagantes de cet! qui. n trouvent des emblèmes myflérirux huiles

u pliages les plus fimples de l’lllade dt deà l’Odyfl’ée. Rien ne contredit dirions!u le caraâete du poète; car ce qui le dif-r- tingue par-delius tous les autres écrivains.a c’efl [on attention à fuîvre les (on!!!- fimples de la nature. Ceux qui Il Una avec gout ne niquent-pas de remballaip ce traînement. u4 Wood prouve très-bien qu’une W4.partie de la mythologie (filouter: avoit unorigine grecque.

FIN.