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Open Archive TOULOUSE Archive Ouverte (OATAO) OATAO is an open access repository that collects the work of Toulouse researchers and makes it freely available over the web where possible. This is an author-deposited version published in : http://oatao.univ-toulouse.fr/ Eprints ID : 16282 To cite this version : Dedieu, Benoit and Faverdin, Philippe and Dourmad, Jean-Yves and Gibon, Annick Système d'élevage, un concept pour raisonner les transformations de l'élevage. (2008) INRA Productions Animales, vol. 21 (n° 1). pp. 45-58. ISSN 2273-774X Any correspondance concerning this service should be sent to the repository administrator: [email protected]

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  • Open Archive TOULOUSE Archive Ouverte (OATAO) OATAO is an open access repository that collects the work of Toulouse researchers andmakes it freely available over the web where possible.

    This is an author-deposited version published in : http://oatao.univ-toulouse.fr/Eprints ID : 16282

    To cite this version : Dedieu, Benoit and Faverdin, Philippe andDourmad, Jean-Yves and Gibon, Annick Système d'élevage, unconcept pour raisonner les transformations de l'élevage. (2008) INRAProductions Animales, vol. 21 (n° 1). pp. 45-58. ISSN 2273-774X

    Any correspondance concerning this service should be sent to the repositoryadministrator: [email protected]

    http://oatao.univ-toulouse.fr/mailto:[email protected]

  • L’élevage, c’est «l’action d’éleverdes animaux domestiques» (Larousse).Dès cette définition, apparaît la dualitéde ce terme «élevage», tout autant acti-vité humaine que techniques d’exploi-tation d’un ensemble d’animaux. Leconcept de «système d’élevage» a étéélaboré dans les années 80 par des zoo-techniciens (Landais 1987, Gibon et al1988) pour rendre compte de cette dua-lité et développer, sur cette base, uncadre théorique et méthodologique per-mettant d’aborder les transformationsde l’activité d’élevage dans uneperspective de compréhension, deconseil et/ou de prospective (Bérangeret Vissac 1994).

    Depuis les années 80, le concept de«système d’élevage» a connu de nom-breux développements. Ils ont viséd’une part à mieux comprendre et for-maliser des ressorts, les logiques et lesmatérialisations concrètes de l’élevagevu comme une activité humaine, etd’autre part à approfondir des connais-sances sur le fonctionnement dyna-mique de l’animal et du troupeau dansdes situations réelles qui sont souventéloignées d’une gestion individuelle àl’optimum. Parallèlement, les questionsvives touchant l’élevage ont profondé-ment évolué : de produire plus pournourrir le pays et pour assurer la renta-

    bilité de l’activité, on est passé à desquestionnements sur produire pour undéveloppement durable des territoires1.Ces mutations ont bien sûr fortementmarquées les développements théo-riques autour des recherches sur lessystèmes d’élevage. Elles ont aussi étédéterminantes du type de connaissan-ces et de méthodes opérationnelles quien sont issues pour raisonner les trans-formations de l’élevage.

    L’approche de l’activité d’élevagecomme un système fédère depuis lesannées 90 la communauté «LivestockFarming System» de la FédérationEuropéenne de Zootechnie (Gibon et al1999). L’émergence de ce mouvement,dans lequel la France a joué un rôlemajeur, a répondu à l’évolution desquestions relatives au développementde l’élevage, tout d’abord pour les pro-ductions d’herbivores en milieu diffici-le puis dans tous les types de contextesgéographiques et pour tout type de pro-duction animale (par exemple Martel et al 2007 en production porcine).L’objectif de cet article est de préciser,à travers des travaux de groupes derecherche français auxquels les auteursont été associés, les bases des méthodesd’études des systèmes d’élevage etd’illustrer l’intérêt de ces approches àl’aide de quelques résultats.

    1 / Le concept de systèmed’élevage

    Le concept de système d’élevages’est imposé comme un moyen de ren-dre compte de résistances à l’adoptionde techniques d’intensification fourra-gère et animale, de comprendre etd’analyser les performances animalesen milieu paysan. Le terme est ainsiévoqué d’abord dans les zones margi-nales françaises et en Afrique, là où lemodèle dominant d’intensification pei-nait à s’imposer (thèses d’A. Gibon etP. Lhoste pour ne citer que les travauxfondateurs). Deux familles de considé-rations ont justifié et justifient toujoursaujourd’hui le concept. D’une part,tous les éleveurs ne conduisent pas leurtroupeau à l’identique et n’obtiennentpas le même niveau de performances,sans qu’on puisse en imputer simple-ment la raison à l’arriération de certainsou à la faible efficacité du transfert desconnaissances. Partant du constat que«les éleveurs ont des raisons de faire cequ’ils font» (Osty 1978), la diversitédes conduites et des performances s’ex-plique en partie par la diversité de cequ’attendent les éleveurs de leur activi-té. D’autre part, dans les zones où ladisponibilité de ressources alimentairesconserve un caractère incertain, les éle-

    B. DEDIEU1, P. FAVERDIN2, J.-Y. DOURMAD3, A. GIBON4

    1 INRA, AgroParisTech, CEMAGREF, ENITAC, UMR1273 Metafort, F-63122 Saint-Genès Champanelle, France2 INRA, Agrocampus, UMR1080 Production du lait, F-35590 Saint-Gilles, France

    3 INRA, Agrocampus, UMR1079 Systèmes d’Elevage, Nutrition Animale et Humaine, F-35590 Saint-Gilles, France 4 INRA, INPT-ENSAT, UMR1201 Dynamiques Forestières dans l'Espace Rural, F-31326 Castanet-Tolosan, France

    courriel : [email protected]

    Système d'élevage, un conceptpour raisonner les transformationsde l'élevage

    Le concept de «système d’élevage» vise à rendre compte des interactions entre dimensionshumaines et dimensions biotechniques de l’activité d’élevage. Cet article illustre comment leconcept et les méthodes d'approche se renouvellent pour répondre aux enjeux du dévelop-pement de l'élevage.

    1 En passant par produire de façon plus économe et autonome, produire pour le marché (qualité et répartition dans le temps des mises en marché), produire sansdégrader ou en préservant l’environnement, en respectant mieux le bien-être animal.

  • veurs visent à combiner objectifs deproduction et résistance aux aléas ens’appuyant sur plusieurs sources deflexibilité comme : i) l’aptitude desfemelles à mobiliser et reconstituerleurs réserves corporelles (Dedieu et al1991), ii) l’organisation d’une diversitéde périodes de production du troupeauet, sur le long terme, d’une diversité decarrières productives animales (Tichitet al 2004), iii) une politique de réfor-me autorisant des épisodes d’infertilité.La figure 1 schématise ainsi la diversi-té des carrières productives de brebis enmilieu difficile sahélien, avec des inter-valles entre agnelages très variés, par-fois très longs. Moulin (1993) a montréque cette diversité constituait, pour leséleveurs, une sécurité vis-à-vis desaléas portant sur l’ampleur de la saisonsèche.

    On retrouve ici les deux lignes essen-tielles qui fondent les approches de lazootechnie des «systèmes d’élevage» :

    – se donner les moyens d’accéder auxlogiques propres des éleveurs (objectifset modalités de cohérence de la conduite)qui ne sont ni données, ni uniformes apriori, et dont il faut tenir compte danstout processus d’analyse et d’évaluationdes résultats des unités de production,

    – rendre compte des processus d’éla-boration de la production en précisantles modalités d’interaction entre lesfonctionnements biologiques animaux,sur le court et le long terme, et la gestion

    des individus, des lots, des cycles deproduction et du renouvellement dutroupeau.

    L’ensemble forme de fait un toutparticulièrement complexe d’élé-ments en interaction. La modélisationsystémique (LeMoigne 1984, Legay1997) est alors un cadre tout à faitapproprié pour formaliser et étudier lecomportement d’un tel objet com-plexe.

    Le système d’élevage est définicomme «un ensemble d'éléments eninteraction dynamique, organisé parl'homme en fonction de ses objectifs,pour faire produire (lait, viande, cuirset peaux, travail, fumure...) et se repro-duire un collectif d’animaux domes-tiques en valorisant et renouvelant dif-férentes ressources» (adapté de Landais1987). En référence à la littérature sys-témique, le système d’élevage est vucomme un système «biologique finaliséet piloté». Il peut ainsi être représenté(figure 2) comme le couplage entre unsous-modèle d’information et décisionsde l’éleveur et un sous-modèle biotech-nique d’élaboration de la production dutroupeau, les deux sous-modèles étantreliés d’une part par les pratiques (quitraduisent et matérialisent les décisionset constituent des facteurs de change-ment d’état ou de composition des enti-tés biologiques) et d’autre part lesretours d’information (sur l’état des

    animaux ou des ressources, la composi-tion du troupeau).

    L’action de l’homme relève de troisregistres : gérer et renouveler l’entitétroupeau, gérer et renouveler l’entitéressources (fourragères, mais égale-ment main-d’œuvre et informations –Magne et al 2007), assurer l’adéquationentre dynamiques des ressources et dutroupeau dans le temps (sans forcémentchercher à l’assurer à chaque instant).

    Les pratiques d’élevage constituentun objet d’étude central pour l’étudedes systèmes d’élevage (Landais etDeffontaines 1989). Le zootechnicienaccède aux logiques productives etrègles de décisions de l’éleveur à partirde leur étude. Il analyse également l’ef-fet des combinaisons de pratiques surles transformations de l’état du trou-peau. Ces dernières donnent lieu à pro-duction animale et au renouvellementde la composition de ce troupeau.L’itinéraire de gestion de la productionet du renouvellement du troupeau cor-respond ainsi à la combinaison, àl’échelle de la campagne, des pratiquesd’allotement, de renouvellement, dereproduction, d’alimentation, sanitaireset de mise en marché.

    Ce cadre général a conduit à desapprofondissements concernant chacundes sous-systèmes. Celles-ci soulignentles enjeux d’interaction entre les

    Figure 1. Trajectoires productives de brebis dans les troupeaux d’éleveurs Wolof en zone sahélienne, Sénégal (Moulin 1993).

  • recherches sur le fonctionnement dyna-mique de l’animal, l’agronomie et lessciences sociales pour développer l’ap-proche «système d’élevage». La forma-lisation du processus décisionnel(indispensable pour qui vise un objectif

    d’aide à la décision) met en jeu l’ex-pression : i) d’un «projet de produc-tion» ou plus largement de ce que leséleveurs attendent de leur activité pro-ductive (cf. encadré), ii) d’une stratégieet d’un pilotage jusqu’à la matérialisa-

    tion de la succession d’actions concrè-tes positionnées dans le calendrier. Les emprunts aux sciences de gestion(Sebillote et Soler 1989), mais aussiaux théories sociologiques de l’action(Darré et al 2004), et enfin à l’ingénie-rie des connaissances (Hubert et al1993) ont ainsi balisé la dynamique desrecherches.

    L’exploration du fonctionnementdynamique de l’animal entier a étérelancée par les approches «systèmesd’élevage», notamment avec i) l’analysedes carrières des reproductrices (Lasseuret Landais 1992…) et les facteurs jouantsur leur longévité, ii) l’étude du compor-tement de l’animal placé dans un lot(Ingrand 2003) et iii) d’une façon plusgénérale, le développement de modèlestraitant des lois de réponse animale àune large gamme de pratiques (ou fac-teurs) d’élevage (par exemple Blanc etal 2002) pour l’intervalle vêlage-sailliefécondante (figure 3), ou Dourmad et al(2008) pour la nutrition des truies aucours de leur carrière).

    2 / Diversité et complexité.Adaptations et innovations

    Le développement des méthodes desuivi, enquête et typologie a permis lacaractérisation de la diversité et de ladynamique intra-régionale des systè-mes et l’évaluation de marges de pro-grès respectant les logiques propres àchacun d’entre eux. Des études ont étéainsi réalisées dans de nombreusesrégions tant en France, en Europe quedans le reste du monde. Dans la régiondu Nordeste Brésilien par exemple ladynamique des activités d’élevage, trèsintense, a été modélisée par Caron etHubert (2000, figure 4) pour rendrecompte des étapes successives d’inten-sification de la production. Ainsi ontété explorés des systèmes d’élevageinnovants mis en œuvre en milieu réel.Innovants par i) les logiques propresdes agriculteurs (Alard et al 2002),

    Figure 2. Le système d’élevage vu comme l’articulation d’un sous-système décisionnelet d’un sous-système biotechnique (Landais et Deffontaines 1989).

    Figure 3. Formalisation de l’influence combinée de la note d’état corporel et de l’expo-sition au taureau sur l’anoestrus post-partum de la vache allaitante (Blanc et al 2002).

    Ce qu'attendent les éleveurs de l'activité d'élevage

    L'élevage est une activité économique, au sens où elle est associée à des gains et dépenses qui sont toujours essentiels à considérerpour comprendre et évaluer le système. Mais peut on pour autant en déduire que la maximisation du profit est la seule finalité des décisions des éleveurs ? Trois types d'approche (empruntant à l'économie, la gestion et la sociologie) conduisent à nuancer cet énoncé :

    – l'étude des fonctions assignées à l'activité d'élevage qui se révèlent différentes. Par exemple le troupeau peut avoir une fonctiond'épargne, une fonction de production seule source de revenu pour un ménage ; une fonction de complément de revenu sécurisant unecombinaison d'activités (agricoles ou non) ;

    – l'étude des propriétés attendues du système. Au-delà d'une productivité autonome du troupeau élevée, les éleveurs peuventégalement privilégier d'autres propriétés : sécurité, prévisibilité, flexibilité… (Dedieu et al 2008) ;

    – les éleveurs ont des «normes sociales de production» (c'est-à-dire des façons de produire qui sont légitimes dans leur entourage social)qui balisent le champ des possibles de ce qui constitue l'ossature des schémas techniques et ce qui peut évoluer (Lemery 2003).

  • ii) la spécificité de certaines conduites,adaptées aux nouvelles conditions(baisse du chargement, accroissementde la taille des troupeaux, améliorationde la qualité des produits …) découlantdes injonctions des politiques agricoleset de l’évolution du contexte socio-éco-

    nomique (Landais et Balent 1993,Ingrand et al 2001). La figure 5 illustreainsi les axes de différenciation desstratégies d’élevage dans les situationsde pluriactivité avec élevage ovin enAuvergne (Fiorelli et al 2007a). Cecontexte d’élevage, loin de disparaître,

    a en effet tendance à se développer, ycompris dans notre pays, alors mêmeque le postulat d’un élevage spécialisédemeure très prégnant dans les recher-ches zootechniques.

    Il n’est pas inutile de rappeler quel’approche des systèmes d’élevage enferme a nourri une évolution radicaledes méthodes du développement agri-cole. On est ainsi passé d’une logiquede transfert des connaissances et tech-niques produites par la recherche versles agriculteurs «applicateurs» 1/ à unelogique de production de connaissancessur la diversité et la complexité del’élevage d’une part, et 2/ la recherchede voies d’amélioration des résultats oud’accompagnement des mutations desexploitations faisant référence à ceniveau de cohérence qu’est le systèmed’élevage, d’autre part. Les réseauxd’élevage de l’Institut de l’Elevage,pour le conseil et la prospective, ensont une illustration.

    Le développement de simulateurs dufonctionnement de systèmes d’élevagea été un autre axe important des recher-ches. Ces modèles permettent d’explo-rer de façon virtuelle l’effet de change-ments de conduites ou la sensibilité ducomportement des systèmes à des aléas(climat, baisse brutale de fertilité dutroupeau, variation de prix…). Làencore, il s’agit d’une dynamique inter-nationale (Cox 1996), qui vise l’aide àla décision, le développement d’ap-prentissages sur le fonctionnement detels systèmes complexes et enfin laconception de systèmes innovants. Lessimulateurs s’appuient cependant surdes développements le plus souventorientés vers l’un ou l’autre des 3 regis-tres de l’action d’élever un troupeau, ensimplifiant souvent à l’extrême les au-tres. Ainsi, les modèles de fonctionne-ment de troupeaux, travaillés en Francedepuis les années 90, privilégient l’étu-de de l’impact sur la production et lacomposition du troupeau des stratégiesde reproduction, de renouvellementet/ou d’allotement, et ce sur le longterme. Les modalités de gestion desressources et même les règles d’ali-mentation y sont souvent réduites à leurplus simple expression. Par exemple,Cournut et Dedieu (2004) ont explorépar simulation la sensibilité de la pro-ductivité d’un troupeau ovin conduit entrois agnelages en deux ans («3 en 2»)à des modifications de règles deconduite ou des chutes brutales deniveau de fertilité des brebis (figure 6).Tout en mettant en évidence les capaci-tés de régulation importante du système«3 en 2», le modèle suggère l’intérêt

    Figure 4. Types de systèmes d'élevage dans le Nordeste et transitions (Caron etHubert 2000).

    Figure 5. Diversité des stratégies d’élevage ovin pluriactifs. Facteurs de différenciationet caractéristiques des exploitations (Fiorelli et al 2007a).

    Caractéristiques des exploitations (EA) par stratégie d’élevage (min-max/moyenne)

    Stratégie d’élevage Nbre d’EA

    Taille des EA (ha)

    Nbre de brebisAge de l’activité agricole (années)

    Productivités numériques

    (agneau/brebis/an)

    G1 Amortisseur 4 40-60 /46 75-225/160 12-38/26 0,8-0,9/0,9

    G2 Productivité élevée 8 13-120/70 105-620/399 1-36/21 0,9-1,6/1,4

    G3 Passion et ambition technique 7 13-28/18 70-400/175 1-30/9 1-1,4/1,2

    G4 Passion et compromis 3 20-45/30 80-110/92 15-17/16 1,1-1,5/1,3

    G5 Simple et en famille 11 16-100/45 50-600/199 6-21/15 0,7-1,2/1,1

    G6 Dans l’incertitude 2 16-18/17 46-90/68 6-17/12 /

    Caractéristiques des exploitations (EA) par stratégie d'élevage (min-max/moyenne)

  • d’une seule période de conservationdes agnelles de renouvellement et de lapratique systématique de l’échographie(figure 6). A l’inverse, les modèles trai-tant de la gestion de la productiond’herbe, permettant de tester l’effet desrègles d’allocation et d’utilisation dessurfaces, ou la façon de prendre encompte la diversité des ressources four-ragères (Andrieu et al 2008) simplifient

    à l’extrême la dynamique de produc-tion et de renouvellement du troupeau.Les modèles qui mettent l’accent surles modalités de gestion du systèmefourrager (Girard et al 2001) et lesinteractions entre production animale,dynamique de la végétation et biodiver-sité (Jouven et Baumont 2008) sontplus complets (figure 7) mais consen-tent quand même à de nombreuses sim-

    plifications notamment sur le volettroupeau. L’absence de vision réelle-ment intégrée dans les simulateursn’est pas gênante en soi, dans la mesu-re où les projets sont souvent justifiéspar des questions spécifiques qui auto-risent ces simplifications. Elle peut ledevenir lorsque les modélisations infor-matiques ont pour objectif la concep-tion de systèmes d’élevage innovants,ce qui est de plus en plus leur perspec-tive affichée.

    La mise en œuvre d’expérimentationsde longue durée destinées à mettre aupoint des paquets technologiques inno-vants adaptés aux conditions naturelleset socio-économiques locales est assezancienne. Les toutes premières remon-tent aux années 1970 (Flamant, Thériezet al sur le domaine de La Fage sur lesCausses du Larzac ; Petit et al sur lesdomaines de Marcenat et Laqueuilledans les montagnes d’Auvergne).L’expérimentation «système» constitueun prolongement de ces premièresapproches. On peut la définir commeun processus expérimental visant : i) àmodéliser le pilotage de systèmes d’élevage. Il s’agit de définir, à partirde connaissances explicitées, les règlesstratégiques et opérationnelles deconduite adaptées à la mise en œuvred’un projet finalisé d’élevage, ii) à vali-der ces modèles par un test pluriannuelet en situation contrôlée d’un système(troupeau-surfaces-règles de conduite)(Dedieu et al 2002). Le tableau 1 illus-tre les résultats techniques, écono-miques et de dynamiques de la végéta-tion d’une expérimentation comparantsur 4 ans l’effet d’un ensemble derègles de conduite d’un système ovinextensif visant la maximisation de lamarge brute et celles, pour une mêmeferme, visant l’entretien du territoiretout en assurant une production anima-le de bonne qualité. Le corps de règlesproposé pour ce dernier système, privi-légiant l’ajustement fin des prélève-ments (par le choix des périodes demises bas, l’allotement et la circulationdes lots) de façon à maîtriser au prin-temps la croissance des broussailles eten hiver les accumulations d’herbes’est montré, au final, très performant ycompris sur le plan économique.

    3 / Nouvelles questions etnouveaux cadres pour lessystèmes d’élevage

    L’évolution des questions posées àl’élevage a été un puissant moteurd’orientation des recherches et par là

    Figure 6. Performances annuelles simulées d’un troupeau ovin conduit en 3 agnelagesen 2 ans selon les règles de conduite adoptées. Simulateur Tutovin (Cournut et Dedieu2004).

    En abscisse les changements de règles par comparaison avec le témoin (conduite en vigueurdans le domaine expérimental de l’INRA de Theix 1974-1981).De gauche à droite : agnelles mars : une seule période de conservation d’agnelles - nées en mars ;pratique de l’échographie ; avancement de l’âge butoir à la réforme à 5 ans ; réforme pour infer-tilité dès le premier échec ; diminution de 17% de la fertilité à la lutte.

    Figure 7. Entrées et sorties du modèle conceptuel SEBIEN visant à traiter des inter-actions troupeau-ressources herbagères-conduite en élevage bovin allaitant (Jouven etBaumont 2008).

  • même des voies de renouvellement deleurs fondements conceptuels et métho-dologiques. Nous illustrerons deuxexemples qui nous conduisent à repen-ser la façon de formaliser et de modéli-ser le système d’élevage. La premièrequestion est celle du travail, posée parles éleveurs eux-mêmes. La secondequestion est celle des effluents d’éleva-ge, plus largement des interactionsentre élevage et environnement, pourlesquelles la société attend des évolu-tions de façons de produire.

    3.1 / Le travail des éleveurs et lefonctionnement des systèmesd’élevage

    La question du travail est progressi-vement devenue incontournable pourqui s’intéresse aux mutations de l’éle-vage pour trois raisons : la productivi-té du travail est un facteur primordialde la compétitivité qui justifie biensouvent l’agrandissement des trou-peaux ; les réponses à apporter auxdemandes de la société (environne-ment, bien-être) et de filières modifientle contenu du travail ; les éleveurs sontde plus en plus attentifs à leurs condi-tions de vie au travail. Par ailleurs, lescollectifs de travail changent (agricul-teurs seuls, associations non familiales,salariat…), ce qui contribue égalementà modifier les représentations du tra-vail. Cet ensemble de questions amènedeux remises en cause profondes ducadre de représentation du systèmed’élevage : l’une touche la façon dontnous représentons l’éleveur, l’autre laformalisation des pratiques et l’évalua-tion de leurs effets (Pomiès et al 2008).

    L’éleveur est considéré comme lemanager technique dans les modèles desystèmes d’élevage. Mais la montéedes questions de travail pointe le fait

    qu’il est aussi un travailleur et l’organi-sateur d’un travail en pleine mutationsur sa ferme (Madelrieux et Dedieu2008). Comme travailleur, l’exploitants’intéresse à ses conditions de vie autravail (pénibilité, durée, rythme, pres-sion mentale) qu’il peut vouloir amé-liorer à l’instar des autres professions.Ainsi, améliorer ses conditions de vieau travail est désormais reconnucomme pouvant faire partie, et de façonsignificative, des projets des exploi-tants au même titre que de gagner del’argent. Comme organisateur du tra-vail, l’exploitant dispose de plusieursleviers d’amélioration de sa situation :i) repenser la main-d’œuvre qui tra-vaille sur l’exploitation, les modalitésde l’intervention de collègues, l’intérêtdu salariat partagé, les substituts à l’ai-de précieuse d’un parent à la retraite ;ii) raisonner les équipements et lesaméliorations de bâtiments en pensantà son travail tout autant qu’aux avan-cées techniques, par exemple à l’espacedisponible pour ses bêtes ; iii) adaptersa conduite technique, pour alléger lebesoin en travail à certaines périodes,passer moins de temps dedans quedehors, se donner la possibilité dereporter certaines tâches si «çà coince».Détailler la conduite d’élevage a unsens pour l’analyse du travail.

    a) Intégrer la dimension travail dansl’approche des systèmes d’élevage

    La façon de relier conduite tech-nique, organisation et durée du travails’appuie sur trois principes essentiels(Dedieu et al 2006) :

    – la conduite du troupeau et des sur-faces peut s’exprimer sous forme d’unensemble de tâches. Mais ces tâches nesont pas équivalentes ni additives etdoivent être distinguées selon leur ryth-me et leur différabilité. Si le travailquotidien répétitif est assez structurant

    de l’activité d’élevage, c’est bien l’arti-culation de ces travaux avec d’autresayant des caractéristiques temporellesvariées qui est la principale difficultéde l’organisation du travail. Sur la basede la différabilité d’une journée à l’au-tre, nous distinguons le travail d’as-treinte (non différable) et le travail desaison (différable) ;

    – les tâches sont une des données (letravail à faire) de l’organisation,ensemble de décisions qui visent à divi-ser et associer tâches et travailleurs. Ortous les travailleurs ne sont pas équiva-lents de par leur fonction dans le collec-tif et le type de contrepartie à leur par-ticipation au travail. Les exploitantspilotent l’organisation du travail ausens où celle-ci rend compte de leursattentes en termes de qualité, rythme etefficacité du travail, et de la nécessitéde composer avec les impératifs liés àleurs autres activités. Alors que lesbénévoles retraités, l’entraide, les sala-riés complètent la main-d’œuvre,comme une ressource pour l’exécutiondes tâches ;

    – l’organisation du travail à l’échellede l’année résulte de l’enchaînement depériodes qui ont des caractéristiquesorganisationnelles différentes. Cespériodes ne sont pas définies a priorimais expriment bien des modalitésd’interaction spécifiques à chaque casentre les impératifs techniques, lesrythmes de présence des travailleurs etle poids des autres activités des exploi-tants sur l’organisation du travail.

    b) Qualifier et évaluer l’organisationdu travail

    Plusieurs méthodes ont été dévelop-pées sur cette base, de façon à proposerdes éléments de qualification de l’orga-nisation et d’évaluation, en premier lieusur la base d’indicateurs de temps detravaux (Dedieu et al 2006). Dans laméthode «Bilan-Travail», l’efficiencedu travail est approchée par des indica-teurs du type «temps de travail d’as-treinte annuel par UGB» dont on peutainsi étudier les facteurs de variation(effectif animal, répartition des misesbas, durée d’hivernage, main-d’œuvre,équipements…). L’organisation estqualifiée relativement à la contribution,période par période, des exploitants etdes autres travailleurs aux différentstravaux. Elle est évaluée au traversd’une estimation de la marge demanœuvre des exploitants pour la réali-sation d’autres activités dans l’exploi-tation (ou en dehors) et disposer detemps libre. Le tableau 2 illustre deuxcas d’exploitations ovines, relativementvoisines en termes de taille (importante)

    Tableau 1. Résultats technico-économiques du système à double finalité production etentretien du territoire (S2Fi) et du système à finalité maximisation de la marge brute(S1Fi) (Dedieu et al 2002).

    Chaque système comprend deux îlots (siège : 2/3 de la surface ; éloigné 1/3 surface).

  • et de revenus (confortables : supérieurà 30 k€ par an), mais qui différent parla place des questions de travail dansles objectifs, le degré de simplificationtechnique mis en place et au final leurmarge de manœuvre. L’éleveur A a uneautre activité gourmande en temps. Ilcherche à se dégager du temps. Il réali-se des choix radicaux en terme d’orga-nisation du travail en simplifiant laconduite des brebis (un allotement parclasse d’âge, une seule période demises bas, élevage en plein air), et ensous-traitant la réalisation des stockspour pouvoir assurer lui-même les trai-tements sanitaires et des tris réguliersqui assurent la vente d’agneaux d’herbede qualité. L’éleveur B est spécialisé. Ilest tout autant éleveur que cultivateurd’herbe (prairies temporaires) et decéréales (pour l’autoconsommation dutroupeau). Il assure, avec le minimumde recours à d’autres personnes, l’es-sentiel des tâches qui sont associées àun système d’élevage avec deux pério-des de mises bas, un allotement selon leniveau de besoins des brebis et unhivernage complet du troupeau. Aufinal, le temps disponible de l’éleveurA est double de l’éleveur B.

    3.2 / La dimension environne-mentale oblige à revisiter laconception des systèmes d’éle-vage

    La spécialisation des systèmes deproduction, et des disciplines qui en aété le parallèle, ont permis de maximi-ser les rendements. Elles se sont fon-dées sur des approches monocritèressimples voire simplistes et des indica-teurs du type production par hectare oupar animal, au détriment d’une évalua-tion multicritères des systèmes deproduction. Cette spécialisation aconduit, dans les régions céréalières, àla diminution de la teneur en matièreorganique des sols, faute d’élevage, et àdes problèmes de pertes excessivesd’éléments fertilisants dans les régions

    à fortes concentrations animales. Au-delà de leur dimension territoriale,les problèmes environnementaux aux-quels l’élevage se trouve confronté seréfèrent à quatre formes d’impactsmajeurs : la qualité de l’eau, la qualitéde l’air, la qualité des sols et la biodi-versité. Le dernier type fait l’objet demodèles de systèmes fourragers dutype ce ceux évoqués dans la partie pré-cédente. Nous nous limiterons ici auxquestions posées par les rejets polluantsissus de l’élevage.

    a) La dimension environnementaleau cœur de la complexité du fonction-nement de l’exploitation d’élevage

    Limiter les impacts sur l’environne-ment nécessite la production deconnaissances renouvelées sur l’animalet l’organisation du passage entre leniveau animal et le niveau «activitéd’élevage dans l’exploitation». Denombreux travaux ont été réalisés pourétudier et prévoir les différentes formesde rejets par les animaux (azote, carbo-ne, phosphore, oligoéléments…) etplus généralement les émissions del'atelier d'élevage (Dourmad et al2002). Après avoir mis en relation cesrejets avec les performances, il est alorspossible de proposer des conduites ali-mentaires qui limitent les risques enoptimisant l’utilisation des nutriments.Chez les ruminants, des recommanda-tions ont été émises par exemple surl’azote (Vérité et Delaby 1998) et leméthane (Vermorel 1995). En élevageporcin, la prise en compte de l'impactenvironnemental de l'exploitation aconduit à profondément modifier lespratiques d'alimentation des animauxqui jusqu'alors n'étaient raisonnéesqu'en fonction de l'efficacité écono-mique. Le nombre de régimes distri-bués pour chacune des phases d'élevagea été augmenté, ce qui a nécessité demodifier les systèmes de stockage et lesprocédures de distribution des aliments.La composition des formules alimen-taires a également été changée, ce qui a

    impliqué d'avoir recours à de nouveauxingrédients. Ceci a permis de réduiresignificativement le flux des nutrimentsentrant dans l'exploitation et par consé-quent le flux épandu sur les sols et lesrisques pour l'environnement. Parexemple, les flux d'azote épandu etd'ammoniac émis ont ainsi été réduitsde 15 à 25% (Dourmad et Henry 1994)ceux de phosphore de plus de 30%(Jondreville et Dourmad 2005) et ceuxde cuivre de plus de 60% (Jondrevilleet al 2002). Cependant, ces approches àl’échelle de l’animal permettent d’ac-croître l’efficience d’utilisation desintrants alimentaires mais ne présagentpas des risques à l’échelle du systèmed’exploitation.

    En effet, la dimension environnemen-tale est au cœur des interactions de l’ac-tivité d’élevage avec les autres compo-santes de l’exploitation et nécessite uneanalyse des relations entre ateliers.Dans les exploitations d’élevage, lasole cultivée produit les fourrages etsouvent des cultures dont une partie estdestinée à l’élevage qui, en retour, res-titue par le biais des effluents des élé-ments fertilisants et de la matière orga-nique. Une vision restrictive qui neprendrait en compte que la dimensiondes émissions d’un système d’élevagepour aborder la dimension environne-mentale conduirait de toute évidence àdes conclusions erronées dans bien descas. Ainsi, les régimes à base d’ensila-ge de maïs bien équilibrés en azoteconduisent par vache à des rejets infé-rieurs à ceux de régimes à base d’herbepâturée, alors qu'à l’échelle de l’exploi-tation, les risques pour l’environnementpeuvent être accrus dans les exploita-tions utilisant majoritairement le maïsensilage comme fourrage. En effet, à laproduction de maïs ensilage sont asso-ciées deux autres caractéristiquesimportantes à considérer : une entréed’azote accrue sous forme d’alimentsconcentrés et un chargement (nombrede bovins par hectare) élevé. Au final,les exploitations dont la ration fourra-gère est essentiellement à base de maïsensilage présentent une quantité d’azo-te organique rejeté par hectare accrue(Chatellier et Vérité 2003). La recher-che d’une gestion optimale des ces fluxde matières au sein de l’exploitation(ou entre exploitations au sein d’un ter-ritoire) constitue une des voies d’amé-lioration importante de la durabilité dessystèmes. Baudon et al (2005) ont étu-dié cette relation par modélisation dansune exploitation associant cultures etengraissement de porcs. Ces travauxmontrent que le chargement (nombrede porcs produits par ha de culture)

    Tableau 2. La diversité des formes d'organisation du travail. Exemple de 2 exploitationsovines du Montmorillonnais (Dedieu et al 2006).

  • permettant d'atteindre l'optimum éco-nomique est relativement proche decelui qui minimise l'impact environne-mental. L'exploitation est alors autono-me en fertilisation et assure plus de60% de l'alimentation des animaux.Toutefois cet optimum dépend large-ment des technologies utilisées pour lagestion des déjections.

    La modélisation constitue une démar-che incontournable pour explorer cesinteractions entre élevage et environne-ment. En effet, si les études en fermepermettent d’approcher les différencesentre les grands types de systèmes,elles ne permettent pas d’étudier de lar-ges gammes d’interactions entre struc-tures, combinaison d’ateliers agricoles

    et système d’élevage. De plus, ellesn’offrent en général qu’un nombrelimité de descripteurs de l’état du systè-me, très rarement avec une approchedynamique. Par ailleurs, l’approcheexpérimentale ne peut permettred’aborder qu’un nombre très restreintde situations étudiées et oblige à mesu-rer de très nombreux paramètres encontinu pour connaître le fonctionne-ment global de ces systèmes (Delaby etal 1997). Les modèles actuellementdéveloppés autour des questions d’é-missions d’éléments à risque pour l’en-vironnement permettent de décrire lecomportement dynamique des systè-mes en interaction avec le climat(Chardon et al 2007). Ils permettentd’accéder à des pas de temps inaccessi-

    bles par l’expérimentation et de décrirede très nombreuses variables difficile-ment mesurables (figure 8).

    b) Des indicateurs environnementauxà revisiter

    Les indicateurs utilisés pour l’évalua-tion environnementale consistent le plussouvent à exprimer les différentes émis-sions rapportées à une unité productive(surtout pour les impacts globaux) ou àune unité de surface (surtout pour lesimpacts locaux). L’Analyse de Cycle deVie (ACV), issue de l’étude d’impactsdes process industriels, permet d’évaluerl’ensemble des impacts et non plus sim-plement des émissions, liées au cycle devie d’un produit. Cette analyse a étéadaptée pour être appliquée en élevagecomme l’illustre le tableau 3 où sontcomparés les impacts environnementauxde différents systèmes de productionporcine (appliquant les bonnes pratiquesagricoles, les cahiers des charges biolo-gique ou label rouge) (Bassett et Van derWerf 2004). Si de nombreux efforts sontaujourd’hui réalisés par la recherchepour améliorer l’estimation des différen-tes émissions, l’expression des impactsen regard des productions est parfoisplus difficile en agriculture, en particu-lier en élevage, car les produits sont sou-vent multiples, même sans y inclure desnotions de service, et les phénomènescomplexes (stockage, dynamique des

    Figure 8. MELODIE : un simulateur pour déterminer les impacts environnementaux des exploitations d’élevage.

    Pour mieux mesurer les conséquences pour l’environnement de différentes conduites au sein d’une exploitation d’élevage, une modélisation desinteractions entre les systèmes décisionnels et biotechniques a été développée, afin de simuler tous les flux des éléments à risque pour l’environne-ment qui peuvent découler de décisions prises à court ou long terme. La modélisation de la planification des principales activités et du pilotage findes opérations permet d’assurer une simulation pluriannuelle cohérente des opérations sensibles au climat. Ce modèle permet d’évaluer l’efficacitéde différentes conduites d’élevage ou de différentes solutions techniques sur la durabilité des systèmes d’élevage tout en étudiant les capacités derésilience du système face aux aléas climatiques (Chardon et al 2007).

    Tableau 3. Impacts environnementaux de différents systèmes de production porcine(BP : bonnes pratiques agricoles, LR : label rouge, BIO : biologique), exprimés par kgde porc produit ou par hectare en valeur relative par rapport au système BonnesPratiques Agricoles (Basset et Van der Werf 2004).

  • phénomènes, interactions avec le cli-mat). L’évaluation pertinente desimpacts de l’élevage requiert donc desapproches spécifiques et originales pourprendre en compte toutes les dimensionsdu problème.

    4 / Systèmes d’élevage etdéveloppement durable desterritoires ruraux

    Les exigences du développementdurable conduisent aujourd’hui les grou-pes de recherches sur les systèmesd’élevage à entreprendre des approchesintégrées à des échelles englobantes parrapport à l’exploitation agricole (Gibon2005). La notion de développementdurable est aujourd’hui vulgarisée danstoutes les sphères de la société, qui ontintégré la nécessaire référence auxtrois dimensions principales du déve-loppement (durabilité écologique,sociale et économique) et «la nécessitéde s’intéresser aux conséquences pourles générations présentes et futures dela technologie actuelle et des orienta-tions de développement prises» (rap-port Bruntland). Mais, comme le souli-gne la synthèse de Gibon et Hermansen(2006), le développement durable estun concept aux multiples facettes,insuffisant en lui-même pour orienter larecherche : il se réfère en effet à deschoix de société fondés sur des valeurséthiques, ce qui amène à le considérercomme relevant de la sphère politique.La notion correspondante dans la sphè-re scientifique est celle de la durabilitédes systèmes socio-écologiques «systè-mes complexes constitués par les socié-tés humaines, les écosystèmes et leursinterrelations» (Holling et al 1998).

    Les travaux sur la durabilité de systè-mes à l’interface entre nature et sociétéreposent de plus en plus explicitementsur les théories relatives aux systèmescomplexes adaptatifs. L’utilisation deces théories conduit à renouveler pro-fondément la perception des questionsde développement durable ainsi quecelle du rôle et des méthodes de larecherche pour/sur le développement.Ainsi, selon Gibon et Hermansen(2006) :

    – le développement durable est àconsidérer non pas comme un «pointfixe à atteindre», mais comme «unchangement constructif dans les rela-tions complexes qu’entretiennent systè-

    mes naturels et systèmes sociaux»(Vavra 1996). L’expression «change-ment constructif» renvoie clairement àl’absence de modèle à adopter pour undéveloppement durable d’une part,ainsi qu’à des choix de société et desoptions politiques d’autre part. Vussous cet éclairage, les défis concrets dudéveloppement durable à l’échellelocale sont aussi hétérogènes et com-plexes que le sont les sociétés humaineset les milieux naturels ;

    – les questions scientifiques majeuresde la recherche pour/sur le développe-ment durable portent sur la durabilitédes systèmes socio-écologiques. L’ac-cent est mis sur l’analyse du fonction-nement de ces systèmes complexes, etcelle des propriétés qui leur permettentde perdurer dans le temps. L’étude deces propriétés renvoie à l’identificationdes éléments cruciaux pour leur repro-ductibilité (Thompson et Nardone1999), et à l’analyse de leurs capacitésadaptatives ;

    – ces questions appellent un renou-veau profond des approches. Le dia-gnostic et la modélisation du fonction-nement de systèmes associant nature etsociété appellent en effet le développe-ment de méthodologies particulières,fondées sur l’interdisciplinarité entresciences de la nature et sciences de lasociété, l’observation des systèmesréels, et un dialogue «d’égal à égal»avec leurs acteurs (Jollivet 1992). Lesobjectifs de développement durableappellent ainsi un changement profondde posture des chercheurs dans leursinteractions avec le reste de la société.Il ne s’agit plus uniquement pour euxde créer de nouvelles connaissances outechnologies utiles au développementet transférables aux autres acteurs, maisaussi de coopérer avec d’autres acteurspour dessiner les voies d’un développe-ment durable. Les nouvelles approchesdes questions de développement s’ap-puient de plus en plus sur des méthodeset démarches participatives, où cher-cheurs et acteurs du système considéré2mobilisent ensemble connaissancesscientifiques et connaissances «profa-nes» (Sebillotte 2001).

    Les résultats des recherches interdis-ciplinaires finalisées par le développe-ment de l’élevage et/ou des territoiresen milieu difficile conduites dans lesannées 70 offrent des éléments pour lamodélisation intégrée des systèmesd’élevage vus comme des systèmessocio-écologiques. Ils ont révélé l’im-

    portance des modalités d’organisationspatiale des ressources fourragères, enparticulier de la structure spatiale desparcellaires, sur les pratiques de gestionde l’espace et du troupeau. Les travauxont également montré qu’au sein d’unemême région d’élevage, les voies et lesmarges d’amélioration de la conduitetechnique des exploitations sont trèsvariables, et étroitement contingentesde l’hétérogénéité et de la distributionspatiale des ressources dont elles dispo-sent (Viviani-Rossi et al 1992). Uneautre orientation importante dans cesrecherches a concerné la gestion dura-ble des ressources naturelles à l’échelledu territoire et/ou du paysage. Dans lestravaux français, l’accent a été mis surles systèmes pastoraux, avec pourobjectif premier de porter un diagnosticsur les relations entre changement despratiques locales de gestion de l’espaceet dynamique de ressources naturellessouvent sujettes à l’enfrichement. Cestravaux ont permis de mesurer le rôlemajeur de l’évolution des pratiques degestion de l’espace par l’élevage sur laperte de contrôle de la dynamique éco-logique des ressources et des paysagesau cours de la seconde moitié du20ème siècle (Mottet et al 2006).

    La gestion durable des paysages estdésormais explicitement inscrite dansles objectifs des politiques de dévelop-pement agricole et rural. Les travauxentrepris récemment par un collectif dechercheurs français de l’INRA, duCemagref et du Cirad pour relier lestransformations de l’élevage aux dyna-miques des espaces et des paysages ten-tent de contribuer à éclairer ces nou-veaux enjeux de recherche et dedéveloppement (Dedieu et al 2007). Ilss’appuient sur une série d’études de casen France, en Amérique du Sud et enAfrique (Ickowicz et al 2007). Si lesterrains concernés sont très variés, lesobjectifs généraux des recherches pro-pres à chaque site, en interaction avecdes partenaires locaux, sont similaires.Il s’agit d’établir des modèles de repré-sentation et de simulation des dyna-miques des systèmes d’élevage et dessystèmes naturels à l’échelle du terri-toire, et de construire des scénarios spa-tialement explicites de leurs transfor-mations à venir en référence auxpréoccupations des acteurs locaux, ense basant sur les principes et méthodesde la prospective. Ces scénarios consi-dèrent les principaux moteurs duchangement des systèmes d’élevage : modifications de l’environnement

    2 Dans une problématique de développement rural, par exemple : agriculteurs et agents des filières de commercialisation, acteurs des autres filières économiqueset institutions de développement agricole et territorial.

  • (politiques publiques, contexte écono-mique local et englobant) ; climat ;dynamiques démographiques agricoleset rurales et leurs corollaires (diminu-tion du nombre et agrandissement desexploitations…). Les équipes localesont retenu une méthodologie communede construction de modèle (Monteil et al 2008) : la simulation multi-agents avec la plate-forme CORMAS(Bousquet et LePage 2004) et l’adop-tion des principes de la modalisationd’accompagnement (collectif ComMod2005).

    Nous illustrons ici cette démarche demodélisation intégrée sur l’étude de casrelative aux Pyrénées, plus spécifique-ment centrée sur les processus et lesconséquences du boisement spontanépar le frêne des paysages desMontagnes de Bigorre (figure 9)3. Les

    objectifs et les grandes étapes de cetterecherche pluridisciplinaire conduiteavec le Parc National des Pyrénées ontété décrits par ailleurs (Dedieu et al2007). Le développement du modèleintégré de simulation du changementdes activités d’élevage et la dynamiquedes paysages visent à évaluer des scé-narios prospectifs de changement sousdifférentes hypothèses de modificationde l’environnement local et global. Lesobjectifs sont d’effectuer pour chacundes scénarios une simulation spatiale-ment explicite des changements despratiques d’utilisation de l’espace surun territoire de référence (de la parcel-le au paysage), et une évaluation despaysages résultants au moyen d’indica-teurs appropriés. La conception dumodèle et la démarche d’analyseprospective, actuellement en cours,s’appuient sur : i) l’étude exhaustive

    des exploitations des villages au moyend’une méthode d’enquête socio-tech-nique spatialisée. La catégorisation deslogiques qui sous-tendent leurs pra-tiques de gestion de l’espace sur letemps long (Mottet et al 2006) a étévalidée en partenariat, ii) des étudesécologiques montrant que la fauche ouun pâturage d’intensité supérieure à unseuil, que les travaux ont permis dequantifier, empêchent la colonisation.Trois types de scénarios de changementsont développés sur la base desconnaissances expertes des partenaireset des résultats de recherche. Les critè-res pour l’évaluation des résultats dessimulations, en cours de définition,sont illustrés dans la figure 9. Ilsconcernent les activités d’élevage etdes différentes fonctions des paysages :cartes de couverts et d’utilisation desterres, images virtuelles 3D des paysa-

    3 Les paysages y sont sujets à un processus de reboisement naturel par le frêne (Fraxinus Excelcior). Il s’agit d’un arbre très répandu dans les paysages agricoleslocaux, sous forme de haies ou de petits groupes d’arbres isolés ; sa feuille était utilisée comme fourrage dans les systèmes agro-pastoraux d’autrefois. Avec le reculde l’élevage et les changements de l’utilisation des prairies, l’espèce connaît depuis cinquante ans une expansion au sein des paysages, sous forme de peuplementsforestiers de forte densité.

    Figure 9. Simulation de l’évolution prospective des couverts dans le paysage agricole. Etude de 3 scénarios dans les Montagnesde Bigorre à l’horizon 2030 (Gibon et al non publié).

  • ges, indicateurs d’état quantitatifs etqualitatifs dérivés des cartes et des au-tres sorties des simulations.

    Conclusion

    Utiliser le concept de «système d’éle-vage» aujourd’hui, c’est bien faire réfé-rence à une vision qui considèrecomme étroitement liés au sein d’unsystème complexe l’activité humaine etles fonctionnements biotechniques del’unité de production animale. L’usagede ce terme qui prévalait antérieure-ment en zootechnie n’embrassait que lesecond (dénommé système technolo-gique ou biotechnique dans les théoriesdes systèmes complexes), ce qui prêteparfois encore à confusion dans lesdébats au sein de la communauté zoo-technique (Gibon et al 1999). Même siles questions évoluent avec le temps,les fondamentaux demeurent : postu-lats de complexité et de diversité ;importance de la compréhension et del’évaluation de systèmes articulant pro-jets d’acteurs et systèmes biotech-niques à des échelles variées et emboî-tées avec 1/ l’étude des pratiquescomme moyen d’accéder aux raisonne-ments des éleveurs et aux combinai-sons de facteurs qui modifient l’état dusystème ; 2/ la modélisation (mathé-matique, informatique, graphique ; àbase quantitative ou qualitative)comme moyen d’accéder au comporte-ment du système et 3/ la coopérationavec les acteurs.

    Selon Tarondeau (1999), la flexibilitéstratégique d’une organisation se mesu-re dans sa capacité à se transformer et àévoluer avec son environnement. Forceest alors de constater, par analogie, quele concept de système d’élevage estflexible, et qu’il s’enrichit et se trans-forme avec les nouvelles questionsposées depuis 30 ans à l’élevage. Parceque les questions interrogent conjointe-ment les logiques d’élevage et lesconnaissances biotechniques, le con-cept permet aujourd’hui aux zootechni-ciens d’aborder les questions que posele développement de l’élevage au car-refour de considérations d’ordre envi-ronnemental, économique et social,comme l’exigent aujourd’hui les objec-tifs sociétaux de développement dura-ble. Il constitue par ailleurs un cadretrès utile à l’établissement de collabo-rations avec d’autres disciplines queces questions rendent indispensables àassocier. Ainsi, les niveaux d’échellepris en compte ont évolué de la gestiondes animaux dans le troupeau à celui del’activité d’élevage dans l’exploitation,

    pour en arriver aujourd’hui aux systè-mes d’élevage dans les territoires etdans les filières (nous n’avons pas évo-qué ici les travaux portant sur l’organi-sation des filières locales de pro-duction, qui mériteraient un développe-ment spécifique (Casabianca et al1994)). La représentation des projetsdes exploitants s’affine, d’une part enintégrant d’autres dimensions quel’économie (classiquement prise encompte en zootechnie), et d’autre parten reconnaissant la diversité du mondedes éleveurs, de ses normes et de sesvaleurs qui fondent les façons d’agir àcourt et long terme (Lemery et al 2005,Fiorelli et al 2007b). La prise en comp-te des phénomènes biologiques se com-plexifie, en passant d’une vision fondéesur l’animal moyen à celle d’une col-lection hétérogène et renouvelée d’ani-maux qui «fait troupeau», et aussi enabordant d’autres dimensions commeles rejets ou les interactions animal-végétation. Enfin les indicateurs dufonctionnement des systèmes d’élevageévoluent également : ceux relatifs à laproduction du troupeau, son niveau, saqualité, sa répartition dans le temps etleur lien à l’économie ont fait l’objetd’importantes avancées, même s’ilssont toujours à préciser. Bien d’autresdemeurent à construire pour rendrecompte des attentes des éleveurs et desenjeux de société.

    L’évolution de ces enjeux de sociétéimpulsent de nouvelles étapes, autourdes reformulations des questions dedéveloppement durable appliquées nonseulement aux terroirs français ou euro-péens mais également à la planète touteentière, soumise à la fois à une pressionécologique forte mais aussi à uneexplosion de la demande en produitsanimaux liée à l’élévation générale duniveau de vie, notamment en Asie.

    Concevoir des systèmes d’élevage àla fois intensifs dans leur mobilisationdes facteurs de production mais égale-ment écologiques, préservant l’air,l’eau et la biodiversité constitue denouveaux défis à l’échelle de l’exploi-tation. Ceux-ci doivent également pren-dre en compte les mutations de la formefamiliale d’exploitation agricole et lanécessité de préserver les capacitésd’adaptation des systèmes pour durerdans un environnement caractérisé deplus en plus par l’incertitude sur lesconditions de l’avenir (Dedieu et al2008). A l’échelle de l’exploitation, lesapproches multicritères sont nécessai-res, ne serait ce que parce que la solu-tion des problèmes environnementauxposés par les systèmes d’élevage ne

    peut être unique. L’intensification dessystèmes de production permet d’éco-nomiser les surfaces nécessaires à uneproduction mais généralement accroîtles risques pour la qualité de l’eau, del’air (NH3) et des sols du fait de l'utili-sation accrue d’intrants par ha. Ellediminue généralement la biodiversité,confinant alors celle-ci dans des zonespréservées. Par ailleurs, nombre desolutions qui permettent de diminuer lapression sur une forme d’impact (ex :nitrates et eutrophisation) peuventreporter le risque sur d’autres formesd’impacts (qualité de l’air et gaz à effetde serre). Ainsi, l’enjeu est de bien éva-luer les diverses composantes desimpacts sur l’environnement et de lespondérer en fonction de la sensibilitédu milieu qui peut varier suivant lecontexte pédo-climatique et surtout sui-vant l’utilisation du territoire. Cesrecherches, en développement, s’ap-puient sur les différents types de dispo-sitifs. Si les études en ferme se poursui-vent, on peut noter le développementde plates-formes d’expérimentationsvirtuelles (comme à l’INRA de Rennes)et d’expérimentations système : «Alte-ravi» pour l’aviculture en plein air ;«Patuchev» pour la production caprineà l’herbe ; site de Redon (Auvergne)pour l’élevage ovin biologique et deMirecourt (Vosges) pour l’élevagebovin lait autonome.

    Raisonner les échelles territorialesplus larges est également plus quejamais impératif pour envisager aufond la question des relations entre éle-vage et développement durable, celui-ci pouvant être, par la production ani-male, un facteur du développementmais également un support pour lemaintien d’espaces ouverts, l’emploi,et la concrétisation d’initiatives collec-tives fondées sur le lien au territoire. Laconstruction d’outils de simulation desystèmes socio-techniques exige detrouver une solution, même simpliste,pour articuler dans un même modèle dereprésentation les divers processus-clésde la dynamique d’un système d’éleva-ge local, dans ses dimensions socialeset techniques et dans ses interactionsavec les systèmes écologiques. Elleexige la représentation de cet ensemblede processus à un ensemble de niveauxd’échelle et de temps dont certains res-tent encore peu informés, comme enparticulier la dynamique longue desexploitations au cours et au-delà ducycle de vie de la famille. Ainsi ladémarche conserve-t-elle son aspectstimulant pour de nouveaux investisse-ments pluridisciplinaires.

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    Le concept de «système d’élevage» a été développé pour rendre compte et modéliser des interactions entre dimensions humaines et dimen-sions biotechniques de l’activité d’élevage. Après avoir rappelé l’origine et les bases des approches intégrées de l’élevage, et les applica-tions centrées sur les liens décisions-pratiques-performances de troupeau, nous montrons comment ce concept évolue pour traiter destransformations de l’élevage, tant des attentes des éleveurs (pour un travail maîtrisé) que celles de la société (pour un plus grand respectde l’environnement). La problématique du développement durable appelle un renouvellement des approches des systèmes d’élevage versl’étude des capacités adaptatives des systèmes socio-écologiques à l’échelle de territoires.

    Résumé

    Livestock Farming System, a concept when considering breeding transformations

    The Livestock Farming System (LFS) concept was developed to assess and model the interactions between the human and biotechnicaldimensions of livestock husbandry activities. We recall the origin and the fundamentals of these integrated approaches in animal produc-tion, and their applications at the livestock production unit level, for assessing the relationships between farmer's management decisions-practices and herd performances. We illustrate how the concept evolves with the changes in livestock farming, due to the farmers' newexpectations for work that is under control and with the society's demands for environmentally friendly agriculture. The LFS approa-ches are now engaged in a deep renewal in order to adapt the framework to the Sustainable Development issues: what is at stake is toanalyse the adaptive capacities of socio-ecological systems at the territorial level.

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    Abstract