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1 UNIVERSITE DES SCIENCES ET FACULTE DES SCIENCES DEPARTEMENT DE BIOLOGIE TECHNIQUE DE MASUKU MEMOIRE DE STAGE DE MASTER 1 BIOLOGIE DES POPULATIONS ET DES ECOSYSTMES ; OPTION : Animale Année académique 2O1O –2011 Thème : IDENTIFICATION DES MOUCHES HEMATOPHAGES AU BAI DE MOMBA OKOUYI MBANG NGUEMA Ornella Anaïs Sous la supervision Dr. Jacques François MAVOUNGOU

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UNIVERSITE DES SCIENCES ET FACULTE DES SCIENCES DEPARTEMENT DE BIOLOGIE TECHNIQUE DE MASUKU

MEMOIRE DE STAGE DE MASTER 1

BIOLOGIE DES POPULATIONS ET DES ECOSYSTMES ;

OPTION : Animale

Année académique 2O1O –2011

Thème :

IDENTIFICATION DES MOUCHES HEMATOPHAGES AU BAI DE MOMBA

OKOUYI

MBANG NGUEMA Ornella Anaïs

Sous la supervision

Dr. Jacques François MAVOUNGOU

2

I .INTRODUCTION ………………………………………………………………………...2 II. GENERALITES SUR LES MOUCHES HEMATOPHAGES….…………………........3

II. 1. Les Glossines …………………………………………………… ………………...3

II. 1. 1: Classification…….………………………………………………………………3

II. 1. 2. Morphologie…………………………………………………….…...…………..3

II. 1. 3 Cycle de développement ………………………………………………………...4

II. 1. 4 : Ecologie…………………………………………………………………………4

II 1. 5. Nuisances causées par les Glossines …………………………………………….5

II. 2. Les Stomoxes………………………………………………………………………6

II. 2. 1. Morphologie…………………………………………………………………….7

II. 2. 2. Classification…………………………………………………………………….7

II 2. 3. Cycle de développement …………………………………………………………7

II 2. 4. Ecologie…………………………………………………………… ……. ……...7

II.2.5. Nuisances causées par les Stomoxes……………………………………………...7

II. 3. Les Tabanidae……………………………………………………………………………....8

II. 3. 1. Morphologie………………………………………………………………….....8

II. 3. 2. Classification………………………………………………………………...….9

II. 3. 3. Cycle de développement……………………………………………………...…9

II. 3. 4. Ecologie……………………………………………………………………......10

II .3.5. Nuisances causées par les Tabanidés ………………………………………..….11

III. Matériel et Méthodes……………………………………………………………..…..15

IV. Résultats.......................................................................................................................17

V. Discussion ……………………………………………………………………...……..19

VI. Conclusion…………………………………………………………………..……….23

Références Bibliographiques ………………………………………………..………...25

RESUME………………………………………………………………………..…………..31

3

LISTE DES ILLUSTRATIONS

Figure 1 : Morphologie générale d’une Glossine……………………………………………4

Figure 2 : Cycle de développement des Glossines…………………………………………..5

Figure 3 : Morphologie générale d’un stomoxe……………………………………………..6

Figure 4 : Cycle de développement des stomoxes…………………………………………..7

Figure 5 : Morphologie générale d’un Tabanide.……………………………………………9

Figure 6 : Cycle de développement des Tabanides ………………………………………...10

Figure 7 : Localisation du Baï de Momba ………………………………………………….11

Figure 8 : Le piège vavoua en activité ……………………………………………………...13

Figure 9 : Pourcentage des captures dans les deux milieux (Baï et Forêt) …………………14

Figure 10 : Répartition et abondance (DAP) des différentes familles d’insectes……… … .15

Figure 11 : répartition de l’abondance des diptères hématophages en fonction du biotope...16

4

Remerciements

Je remercie l’ensemble des membres du Département de Biologie de l’Université des

Sciences et Techniques de Masuku (USTM). Mes remerciements vont particulièrement à

l’adresse du Dr Nicaise Lepengue, Chef de Département de Biologie de la Faculté des

Sciences et aux Dr Patrick Mickala et Dr Ibrahim.

Mes sincères remerciements à l’endroit du Dr Jacques François Mavoungou (IRET, Gabon)

pour m’avoir ouvert sa porte, de m’avoir accordé patience et disponibilité.

J’adresse mes vifs remerciements à Roland Zinga (IRET, Gabon), pour son implication dans

les missions sur le terrain, pour l’aide prodiguée tout au long de ce stage.

Mes remerciements vont également vers toute l’équipe de l’Institut de Recherche en Ecologie

Tropicale, pour la logistique mise à ma disposition, ainsi que les nombreux conseils durant

mon séjour : le Dr Alfred Ngomanda, Directeur de l’IRET, Docteurs Nestor Engone Obiang,

Joseph Okouyi, Donald Midoko Iponga, Rosalie Ngoua et Mr Clency Mikala Okouyi.

Je remercie mes parents : Ma mère Catherine Zouga, mon père J.P. Moubangou, Ma Tante M

C ADA, Mes frères et sœurs : Ulrich, Carine, Loïc Assembe neveux

Assembe Winy, Jarich, Chade, Talia, Stanley.

Mes remerciements au Dr Simplice Ndong Ondo,pour ses précieux conseils

Que tous mes Frères, Sœurs et amis dont les noms ne sont pas mentionnés ici mais qui ont

toujours contribué à mon épanouissement soient assurés de ma profonde reconnaissance.

Ce travail a été réalisé Grâce au financement du Secrétariat des ACP et de la commission de

l’Union Européenne, via EU- ACP « Establishment of a Forestry Research network for ACP

countries» projet (9 ACP RPR 91#1- FORENET).

L’essentiel du travail de terrain a été réalisé à Makokou. Je le dois avant tout à Guy Roger,

Stéphane, Roland, Clency, Frédérique, Rodrigue, Fred Loïc. Permettez-moi de vous exprimer

ma reconnaissance pour m’avoir accordé votre temps dans cette aventure à travers la forêt

pour capturer les mouches.

5

I. Introduction

Les diptères constituent un ordre important dans le taxon des insectes. Ils présentent des

biologies très variées, mais ils jouent souvent un rôle majeur dans la transmission des

pathogènes à l’homme ou à l’animal. Par ailleurs, ces insectes en raison de leur

hématophagie, représentent un fléau par leur nuisance directe (harcèlement et prédations

sanguines) mais aussi par leur rôle de vecteur potentiel d’agents pathogènes (Leclercq, 1971 ;

Zumpt, 1973 ; Foil & Gorham, 2000).

En outre, la province de l’Ogooué Ivindo (Nord Est du Gabon) abrite 3 parcs nationaux à

savoir le parc de la lopé, le parc de Mwagna et le parc national de l’Ivindo qui est l’un des

parcs les plus riches en diversité biologique et a une écologie assez connue, il fait l’Object de

nombreuses études (Makanga, 2009). Ce dernier renferme plusieurs Baïs; qui sont des

clairières marécageuses forestières riches en sels minéraux où viennent s’abreuver et se

nourrir une multitude d’animaux sauvages (Magliocca & Gauttier-Hion, 2011). C’est le cas

du Baï de Momba-Okouyi, qui compte actuellement l’une des plus grandes concentrations et

diversité d’animaux sauvages. Ces milieux regorgent de plusieurs pathogènes qui peuvent

être transmis par les insectes vecteurs en l’occurrence les mouches hématophages comme les

Glossines, les Stomoxes et les Tabanidés (Mavoungou, 2007).

Avec la mise en place des circuits touristiques dans ce Baï, la circulation des animaux et des

touristes; il semble nécessaire d’étudier les relations qui existent entre mouches

hématophages-animaux sauvages-hommes dans cette clairière.

Comme dans la majeure partie du Gabon, les mouches hématophages du Baï de Momba

Okouyi (Nord Est du Gabon) demeurent encore mal connues (Mavoungou 2008), et ce

malgré l’existence des travaux effectués dans quelques localités (Zinga, 2009; Makanga,

2009 ; Mavoungou & al., 2008b). Aussi, les connaissances écologiques et biologiques portant

sur les différents groupes de diptères hématophages demeurent fragmentaires. Ainsi la

connaissance de la répartition et l’abondance relative des différentes espèces des diptères

hématophages, des variations saisonnières et de leurs préférences écologiques sont des

éléments nécessaires à l’évaluation de l’importance sanitaire de ces insectes et à l’élaboration

des stratégies de contrôle en cas de transmission de pathogènes. De ce fait, les recherches sur

les diptères hématophages au Baï de Momba-Okouyi interviennent dans le cadre de l’étude

6

de la diversité de l’entomofaune, mais aussi dans celui de l’étude des insectes potentiellement

vecteurs d’agents pathogènes.

Pour cette raison, des prospections entomologiques ont été réalisées au Baï de Momba-

Okouyi pendant 20 jours. L’objectif de ce travail a été d’identifier les mouches hématophages

présentes dans ce Baï.

La première partie de ce travail présentera les généralités sur les mouches hématophages et la

deuxième partie sera consacrée à l’étude réalisée.

II. Généralités sur les mouches hématophages

Les mouches hématophages sont des insectes qui se nourrissent du sang des animaux

sauvages et/ou domestiques comme les Céphalophes, chat doré, le porc et même de l’homme

(Gilles, 2005 ; Acapovi, 2001 ; Mavoungou et al. 2008b,). Elles ont des morphologies et des

biologies variées. Notre étude s’est focalisée particulièrement sur les Glossines, les Stomoxes

et les Tabanides.

II. 1. Les Glossines

I I. 1. 1 : Classification Les Glossines sont des diptères brachycères (Avec antennes courtes, sans arista) de la famille

des Glossinidae (Pollock 1992 ; Simone, 2003; Bouyer, 2006). Appartenant au seul genre

Glossina Wiedmann, 1830 (Acapovi, 2001), ce groupe comprend 31 espèces ou sous espèces

distribuées en 3 sous genres (Bouyer, 2006).

I I. 1. 2. Morphologie Les Glossines sont des mouches robustes dont la taille varie entre 6 et 16 mm (figure1). Chez

ces mouches, mâle et femelle sont hématophages (Bouyer, 2007 ; Bouyer, 2009). Elles

prélèvent leurs repas de sang chez l’homme et les animaux comme les Bovins, varans,

crocodiles (Bouyer, 2009). Le dimorphisme sexuel est marqué, car les mâles sont souvent

plus petits que les femelles.

7

Figure 1: Morphologie générale d’une Glossine

II. 1. 3 Cycle de développement L’appareil génital mâle des glossines comprend deux testicules prolongés chacun par un

canal déférent. Les deux canaux déférents se réunissent en un canal éjaculateur qui débouche

dans l'appareil phallique. Les mâles sont sexuellement aptes à l'accouplement vers le 6ème jour

après la mue imaginale (Nash, 1955).

Les organes génitaux de la femelle comprennent deux ovaires contenant chacun deux

ovarioles. Les oviductes de chaque ovaire se réunissent pour former l’oviducte commun qui

débouche dans l’utérus. Lors de l’accouplement, le mâle dépose un spermatophore dans

l’utérus de la femelle. Le sperme est alors emmagasiné dans les spermathèques qui sont

remplis à l’occasion d’un seul accouplement (Buxton & Lewis, 1934). L’œuf fécondé par les

spermatozoïdes se développe dans l’utérus pour devenir une larve de stade I (figure 2). Cette

dernière augmente de taille et subit deux mues successives qui la font passer du stade I au

stade III (Roberts & Pell, 1972). La larve est déposée sur le sol avant la fin du stade III. La

larve s’enfouit dans le sol où elle se transforme en pupe. La première larve est émise vers le

20ème jour après l’émergence de la glossine femelle. Le rythme de la larviposition à partir de

cet instant est en général de 10 jours (Challier, 1965). La durée de la nymphose chez les

glossines varie de 20 à 80 jours et elle dépend de l’espèce, de la saison et de la température.

La durée moyenne de vie des différentes espèces de glossines est variable selon la saison.

tête Thorax

Trompe ou proboscis

Patte postérieure

Aile

8

Elle est maximale pendant la saison des pluies (environ 4 à 5 mois) puis décroît pendant la

saison sèche froide (3 à 4 mois) et la saison sèche chaude (1 à 2 mois) (Gouteux,1984).

Figure 2 : Cycle de développement des Glossines (Cuisance, 2005)

I I. 1. 4 : Ecologie La dispersion des Glossines est influencée, par les facteurs environnementaux tels que la

température, l’hygrométrie relative ; la lumière, la pluie et le vent (Laveissière & Boreham,

1976; Cuisance et al., 1985, Laveissière et al., 2000). Il existe une différence entre les lieux

de repos nocturnes et diurnes (Laveissière et al., 1979). La nuit, elles se reposent presque

exclusivement sur les feuilles; tandis que le jour, elles se reposent sous les parties ligneuses

de la végétation. En général elles choisissent de préférence les endroits ombragés et frais

(Gouteux & Laveissière, 1982).

I1.1. 5. Nuisances causées par les Glossines Les Glossines ont un impact sur le plan sanitaire chez l’homme ou l’animal (Bovin). En effet,

les Glossines sont les principaux vecteurs de protozoaires flagellés, les trypanosomes, qui

provoquent chez les différents mammifères (homme et animaux) une pathologie à l’issue

généralement fatale en l’absence de thérapeutique (Sané et al., 1999 ; Cuisance & la Rocque,

9

2005).L’espèce Glossina palpalis gambiensis (Vanderplank, 1949) est le vecteur majeur de la

Trypanosomose Humaine Africaine (THA) couramment appelé la maladie du sommeil, causé

par Trypanosoma brucei rhodesiense en Afrique de l’Est et par Trypanosoma brucei

gambiense en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale (Aksoy et al., 2003).

II. 2. Les Stomoxes

II. 2. 1. Morphologie

Les Stomoxes sont des mouches piqueuses de petites tailles (3 à 10 mm de longueur)

dont les deux sexes sont hématophages (Gilles, 2005; Mavoungou et al., 2008a ; Mavoungou

et al., 2008b). Leur morphologie générale ressemble à celle de la mouche domestique (Musca

domestica) mis à part l’aspect particulier des pièces buccales qui sont de type piqueur (figure

3). Ce sont des insectes, qui changent facilement d’hôtes au cours d’un même repas, ce qui en

fait d’excellents vecteurs mécaniques (Desquesnes et al., 2005), c’est-à-dire que l’insecte

transporte les germes sur ses pattes, ses pièces buccales ou les élimine avec ses déjections ou

ses régurgitations. Il dépose ou inocule les germes à un nouvel hôte sans qu’il y ait évolution

biologique du germe (Zumpt, 1973).

10

Figure 3: Morphologie générale d’un Stomoxe

II. 2. 2. Classification

Les Stomoxes appartiennent à la Classe des insectes. Ils forment le sous ordre des

brachycères dans l’ordre des Diptères (Acapovi, 2001) et appartiennent à la sous famille des

Stomoxyinae dans la famille des Muscidae (Desquesnes et al., 2005)

II. 2. 3. Cycle de développement

Le cycle de développement larvaire est court, de l’ordre de 5 semaines. Il se déroule sur le

sol, dans des débris organiques humides (excréments, litière, ensilage ou déchets agricoles)

qui sont à la fois les sites de pontes et de développement larvaire (figure 4). Les œufs sont

déposés dans la matière organique en décomposition. Ils éclosent en larves au bout de 12 à 24

heures (Goodwin, 1982). La durée de la phase larvaire est de 20 jours chez Stomoxys

calcitrans et 40 jours chez Stomoxys niger. Les adultes, mâles et femelles, ont besoin

d’effectuer un repas sanguin avant la reproduction qui a lieu 3 à 5 jours après leur émergence.

Les femelles pondent une centaine d’œufs par petits amas et un nouveau repas de sang est

Proboscis

Abdomen

Thorax

Dessin des tergites

11

nécessaire pour chaque ponte. La durée de vie des adultes est estimée à 2-4 semaines et la

production totale d’œufs de 60 à 800 (Foil & Hogsette, 1994).

Figure 4 : Cycle de développement des Stomoxes : (a) œuf, (b) larve (au stade L3), (c) la

pupe renfermant la nymphe et (d) imago. (Gilles, 2005)

II. 2. 4. Ecologie

L’activité des Stomoxes est permanente bien qu’elle connaisse des pics saisonniers

marqués, selon les espèces, pendant les périodes humides ou sèches (Desquesnes et al,.2005).

Les adultes peuvent sévir aussi bien dans les pâturages que dans les étables. En général, les

Stomoxes sont sédentaires ; ils attendent le bétail sur un des sites de leur parcours qui

convient bien à l’espèce. Ils ont une grande affinité pour les bovins et les chevaux. En

l’absence de bétail, ils sont capables de franchir plus de 5 km à la recherche de celui-ci

(Zumpt, 1973). Les Stomoxes piquent essentiellement les parties basses de l’animal (Foil &

Gorham, 2000), mais lorsque leur densité dépasse 25 insectes par animal, on en retrouve sur

les autres parties du corps.

12

II.2.5. Nuisances causées par les Stomoxes

Ils exercent non seulement des nuisances directes sur le bétail, mais contribuent également à

la transmission d’agents pathogènes comme T. evansi en Afrique et en Asie, et T. vivax en

Amérique latine (Zumpt, 1973). Parmi les conséquences directes de la présence des Stomoxes

autour du bétail, on cite l’anxiété induite par le harcèlement, une spoliation sanguine

importante, une diminution des défenses immunitaires des animaux facilitant l’expression de

maladies latentes. Les animaux présentent souvent des boiteries avec un gonflement et une

raideur au niveau des articulations (Bishopp, 1913). Enfin, ils sont impliqués dans la

transmission des Parasites (protozoaires et helminthes), de bactéries (Anaplasma marginale,

Foil & Gorham 2000 ; Bacillus Anthracis, Chantal, 1997, Dermatophilus congolensis,

Richard & Pier, 1966, Foil & Gorham, 2000) et de virus (Pestivirus, Foil & Gorham, 2000).

Plusieurs espèces de Stomoxes dont Stomoxys calcitrans, Stomoxys niger et Stomoxys

taeniatus sont capables de transmission mécanique de trypanosomes tels que T. evansi, T.

brucei et T. vivax (Mihok et al., 1995a; D’Amico et al., 1996).

Les résultats des travaux réalisés à Makokou sur l’origine des repas de sang des Stomoxes

révèlent que ces mouches peuvent prélever leurs repas de sang sur divers hôtes (Mavoungou

et al., 2008).

II. 3. Les Tabanidae

II. 3. 1. Morphologie

Les Tabanidés sont les plus grands Diptères, leurs tailles varient entre 7 et 25 mm de long

(figure 5). Leur corps est massif, portant des ailes puissantes qui leur confèrent de bonnes

capacités au vol (Buge, 2008). Les femelles sont hématophages et les mâles floricoles (se

nourrissent du nectar).

13

a

b

Abdomen

Thorax

Tête

d

c

Figure 5. Morphologie générale des Tabanides : (a) antennes ; (b) scutellum ; (c) Ailes ; (d) dessin des tergites

Source : www.denstoredanske.dk/.../15188/=24156937.jpg

I I. 3. 2. Classification

Les Diptères Tabanides appartiennent au sous ordre des Brachycères. La famille des

Tabanides comporte 3000 à 3500 espèces (Desquesnes et al., 2005 ; Buge, 2008) qui se

répartissent en quatre sous familles : les Pangoniinae, les Scepsidinae, les Tabaninae et les

Chrysopiinae. Seules les sous familles des Chrysopiinae et des Tabaninae ont une importance

médicale et vétérinaire (Buge, 2008).Par ailleurs, les espèces les plus couramment

rencontrées appartiennent aux genres Chrysops et Tabanus, Haematopota et Atylotus

(Taufflieb & Finelle, 1956 ; Strother, 1999 ;).

II. 3. 3.Cycle de développement

Chez les Tabanides, les femelles ont besoin d’un repas de sang pour compléter le

développement des œufs (Strother, 1999) et l’accouplement a lieu trois à cinq jours après

l’éclosion (Buge, 2008). Le cycle de développement des Tabanidés comprend quatre stades

14

principaux (figure 6) : œuf, larve, nymphe et adulte (Taufflieb, 1981, Strother, 1999; Buge,

2008). Les œufs (100 à 1000) sont pondus sur le sol boueux ou une surface verticale (tige,

roche…) surplombant le gîte larvaire très humide. Les œufs éclosent en quelques jours, une

semaine au plus, selon les conditions météorologiques ambiantes (température, humidité). La

larve issue de l’œuf tombe sur le substrat humide et s’enfonce pour commencer une très

longue vie, caractérisée par une croissance lente.

(4)

(1)

(2)

(3)

Figure 6 Cycle de développement des Tabanides. Quatre stades de développement: (1) l’œuf, (2) la larve, (3) la pupe renfermant la nymphe et (4) l’imago (7 à 25 mm).

Source: http:// schuurtje.sebas10.com/horzel/horsefly.htm

II. 3. 4. Ecologie

Les Tabanidés sont des insectes hématophage que l on retrouve dans les milieux naturels

(forêts, prairies, savanes, marécages) et les élevages. Leurs exigences écologiques varient

suivant les genres, les espèces (Taufflieb, 1981) et les conditions du milieu. Les femelles ont

15

une activité surtout diurne et parfois crépusculaire. Le cycle d'agressivité est uni modal en

région froide, et bimodal en région chaude (Raymond, 1990).

II .3.5. Nuisances causées par les Tabanidés

Les Tabanidés, ont un impact sur le plan médical, vétérinaire et économique. En effet, ces

insectes représentent un fléau pour l’élevage par leur nuisance directe (les nuisances visuelles

et sonores, par les piqures, spoliation sanguine), mais également par leurs rôles de vecteurs

potentiels dans la transmission de pathogènes (Zumpt, 1973 ; Foil et Gorham, 2000), tels que

les parasites (T.vivax, T.evensis, Desquesnes, 2005), les bactéries, (Anaplasma marginale,

Chantal, 1999, Brucella suis, Auroi, 1983) et les virus (l’anémie infectieuse équine Foil,

1988). Ils sont aussi responsables d’une helminthose due à la loa loa qui est une filariose du

tissu conjonctif chez l’homme (Toure et al., 1997)

I II. Matériel et Méthodes

Zone d études

Les prospections ont été réalisées dans la clairière marécageuse (Baï) localisé au Sud- Est du

parc national de l’Ivindo (Nord- Est) du Gabon (figure 7).

Figure 7: Localisation du Bai de Momba. (Source : Okouyi-Okouyi, 2011)

16

Le climat de la région est de type équatorial, humide caractérisé par la double alternance des

saisons sèches et pluvieuses. On distingue :

- La petite saison sèche qui s’étend de mi-décembre à mi-mars.

- La petite saison des pluies qui s’étale de mi-mars à mi-juin.

- La grande saison sèche entre mi-juin et mi-septembre.

- La grande saison des pluies à partir de mi-septembre.

La température moyenne est proche de 24°C avec un minimum de 21,7°C en juillet et un

maximum de 25°C en avril. Les amplitudes thermiques annuelles et journalières sont faibles

(environ 3,3°C) (Vande Weghe, 2006). La végétation autour du Baï est constituée de forêt

primaire dense, constituée par de grands arbres pouvant atteindre 35m. La faune est

constituée par de grands mammifères (éléphants, buffle, potamochères, gorilles etc.)

Capture des mouches

La capture des mouches a été effectuée à l’aide de pièges Vavoua (Laveissière & Grebaut

1990). Ce piège initialement mis au point pour la capture des glossines, a aussi montré son

efficacité pour les Stomoxes à l’île de la réunion (Gilles et al. 2007).

Le piège Vavoua mesure 80 cm de diamètre et 118 cm de hauteur (figure 8). Il peut être fixé

au sol par un piquet ou par tout autre support Il est constitué par un cône de tulle

moustiquaire qui coiffe trois écrans se coupant à 120° dont chaque partie centrale est noire et

la partie externe bleue phtalogène. Le principe de ce piège est l’attractivité visuelle. Celle ci

dépend principalement de la longueur d’onde du rayonnement réfléchi et repose sur le jeu de

deux couleurs : le bleu phtalogène qui attire l’insecte et la couleur noire qui favorise la pose

de ce dernier.

Toutes les captures ont été réalisées durant la période allant du 23 juin au 12 juillet 2011

c’est-à-dire pendant la grande saison sèche. Chaque piège était activé le matin avant 7h et

relevé le soir après 17 h pendant 20 jours consécutifs. Les cages ont été étiquetées, et les

insectes ont été stockés dans des flacons contenant de l’éthanol à 95ᵒ. A la fin de la mission,

les échantillons de captures ont été ramenés au laboratoire.

17

Figure 8: (a) Piège Vavoua en activité, (b) schéma d’un piège Vavoua (vue de face et vue de dessus) ; [c = cône de tulle moustiquaire, e = écran en tissu noir et bleu

phtalogène, r = récipient de capture]. (Photos : Mavoungou)

Identification des mouches hématophages

Les identifications des mouches ont été effectuées au laboratoire jusqu’au niveau des genres.

La discrimination morphologique entre les différents taxons des mouches (Glossines,

Stomoxes, Tabanides) a été faite à l’aide des clés de déterminations : (Pollock, 1992 ;

Acapovi, 2001 ; Zumpt, 1973) et d’une loupe binoculaire. Apres le tri, l’identification et le

dénombrement, les différents spécimens de diptères ont été conservés dans des bocaux

contenant de l’éthanol à 95°.Ces échantillons servirons pour les études moléculaires

ultérieures.

Analyse des données

L’abondance des mouches a été traduite par la Densité Apparente (DAP), exprimé en nombre

de mouches capturés par piège et par jour.

IV. Résultats

Composition des populations d’insectes capturés

Au total 4444 insectes ont été capturés dont 4054 insectes dans le Baï et 390 spécimens en

forêt primaire (figure 10). En effet, 0,8% de captures ont été réalisées en zone de forêt et 92%

18

ont été faits dans le Baï. . Vraisemblablement le maximum de capture a été enregistré en

milieu de Baï et le minimum en milieu de forêt primaire.

Figure 10 : Pourcentage des captures dans les deux milieux (Baï et Forêt)

Dans le Baï ; 8 familles d’insectes ont été capturées et 7 familles dans la forêt. La répartition

spatiale et l’abondance relative (DAP) de chaque famille sont condensées dans la figure 11.

8%

92%

Foret

Baï

19

Figure 11 : Répartition et abondance (DAP) des différentes familles d’insectes L’axe des Y correspond aux valeurs logarithmiques des abondances Log (X +1) où X représente le nombre d’individu capturé et l’axe des X indique les noms des Familles d’insectes.

En effet, la famille des Glossinidae est présente dans les deux milieux prospectés avec

quasiment les mêmes abondances. Les Glossines, les Muscidés et les Tabanidés sont plus

représentés dans le Baï, tandis que la famille des Chironomidae est fortement représentée en

zone de forêt. Le profil de répartition des Tabanidae est similaire à celui des Glossinidae

même si les abondances des Tabanidae sont relativement faibles.

Dans les échantillons prélevés dans le Baï, on note l’absence de la famille des Drosophilidae.

Les familles des Formicidae et des Mantidae n’ont été capturées que dans le Baï. La famille

des Apidae sont fortement présentes en forêt et relativement peu présentes dans le Baï. La

famille des Nymphalidae est présente dans les deux milieux avec des abondances variables

allant du simple (forêt) au double (Baï).

Abondance relative des genres de diptères hématophages en fonction des biotopes

Au total 4143 insectes hématophages ont été capturés dont 334 en milieu de forêt primaire et

3809 en milieu de Baï. Ces insectes sont représentés aussi bien en milieu de forêt qu’en

Log(

abon

danc

e +

1)

01

23

45

Gloss

inidae

Mus

cida

e

Toba

nida

e

Dro

soph

ilida

e

Nym

phalidae

Apida

e

For

micidae

man

tidae

Chiro

nida

e

BaïForêt

20

milieu de Baï par trois genres (figure 12) : Le genre Glossina, le genre Stomoxys et le genre

Chrysops.

Figure 12 : répartition des genres des mouches hématophages en fonction du biotope

L’axe des Y correspond aux valeurs logarithmiques des abondances Log (X +1) où X représente le nombre d’individus et l’axe des X représente les genres d’insectes.

En forêt primaire trois genres de mouches hématophages ont été capturés (figure 12) : le

genre Glossina, le genre Stomoxys et le genre Chrysops. Le genre Glossina est le plus

représenté avec un pourcentage de 97,6%. Les deux autres genres sont très faiblement

représentés. Ce résultat montre que le genre Glossina est abondant en forêt par rapport aux

deux autres genres.

En milieu de Baï on observe également trois genres de diptères hématophages (figure 12): Le

genre Glossina, le Genre Stomoxys et le genre Chrysops. Le Genre Stomoxys est le mieux

représenté avec une abondance de 88,17%. Le genre Chrysops est très faiblement représenté

avec une abondance de 0,07%. Ces résultats montrent que le Genre Stomoxys domine les

deux autres genres en milieu de Baï.

21

V. Discussion

Les résultats obtenus dans cette étude constituent les données préliminaires concernant les

insectes et en particulier les diptères hématophages dans le Baï de Momba Okouyi.

L’objectif de ce travail a été d’acquérir des informations relatives aux mouches

hématophages dans les deux milieux prospectés. Les prospections entomologiques réalisées

ont permis d’identifier 8 familles d’insectes présentes dans le Baï et 7 familles dans la forêt.

Les captures ont été effectuées durant la journée, à l’aide des pièges Vavoua uniquement, de

ce fait ces résultats d’inventaires ne peuvent être exhaustifs. Cela n’exclut donc pas la

présence éventuelle d’autres familles de diptères hématophages diurnes, et même des familles

de diptères nocturnes ou crépusculaire qui n’ont pas été capturé faute d’avoir utilisé une

diversité de pièges ( Broce, 1988 ; Broce et al., 1991 ; Vale, 1974 ; Mihok, 2002). D’autres

captures transversales, longitudinales avec plusieurs types de pièges et d’attractifs dans un

plus grand nombre de sites, en hauteur le jour et /ou la nuit, seront nécessaires pour avoir une

liste relativement complète des familles voire d’espèces de diptères hématophages qu’on

trouve dans le Baï de la Momba.

Les faibles captures enregistrées pourraient s’expliquer par le fait que seuls 10 pièges

Vavoua ont été utilisés et ce, pendant une période relativement courte allant du 23 juin au 12

juillet 2011, soit 20 jours de capture en saison sèche. En effet, des travaux menés par Mihok,

2002, Acapovi et al, 2001, ont montré l’efficacité du piège Nzi pour la capture des Tabanidés

et du piège Vavoua pour la capture des stomoxes. Par ailleurs des études précédentes ont

montré que l’association de plusieurs types de pièges avec l'octénol (phéromone) augmentait

significativement les captures de certaines familles de diptères dont celles des Tabanidés

(Djiteye, 1992 ; Amsler & Filledier, 1994).

La faible richesse en famille d’insectes observée dans le Baï Momba pourrait s'expliquer

aussi par la période pendant laquelle se sont déroulées les captures. En effet, la période allant

de juin à juillet caractérise la grande saison sèche marquée par une absence de pluies

(nécessaire pour l’émergence des adultes). Au cours de cette période c’est-à-dire pendant la

saison sèche, la taille des populations d’insectes est faible en l’occurrence celle des diptères

hématophages. Ces résultats sont similaires à ceux obtenus par Greene, (1989), Mullens &

Peterson, (2005), Mavoungou (2007), qui montraient l’importance des précipitations sur

l’augmentation de la taille des populations des diptères hématophages.

22

Malgré les mêmes efforts de capture déployés dans les deux milieux (forêt et Baï), soit 10

pièges par milieu et pendant 20 jours, les captures des mouches hématophages ont été plus

importantes au Baï qu’en forêt. En effet, sur le nombre total des mouches hématophages

capturées (4143), les captures effectuées au Baï représentent 92% et 8% forment le

pourcentage de capture effectuée en forêt. De ce fait, en zone de forêt les abondances des

mouches hématophages demeurent faibles tandis que ces abondances sont beaucoup plus

importantes dans le Baï. Ces variations liées au changement du milieu sont probablement en

rapport avec la quantité de ressources favorables au développement des insectes (sites de

ponte, quantité de nourriture larvaire, lumière…). Ce type de résultats a été observé chez le

moustique du genre Aèdes. En effet, la distribution et l’abondance des deux espèces Aedes

aegypsi et Aedes albopictus varient en fonction d’ouverture du milieu (Rey et al., 2006).

L’espèce Aedes aegypsi est abondante en zone ouverte (Urbanisé) et Aedes albopictus en

zone rurale (Thavara et al., 2001).

Les résultats obtenus dans cette étude corroborent avec ceux obtenus par Mihok (2002),

Acapovi et al, (2001), Mavoungou (2007) et Makanga (2009) qui ont montré l’efficacité du

piège Nzi pour la capture des Tabanidés et du piège Vavoua pour la capture des stomoxes.

L’abondance des différentes familles varie en fonction des biotopes échantillonnés et toutes

les familles ne sont pas présentes dans les deux milieux échantillonnés. Le maximum de

captures est réalisé en milieu de clairière (Baï) et le minimum en milieu de forêt. Cette

répartition peut être liée à la différenciation des paysages, la structure des milieux pouvant

engendrer des microclimats particuliers plus ou moins favorables au développement des

insectes et en particulier des diptères hématophages. En effet, la forêt primaire est

caractérisée par de très grands arbres (jusqu’à 50 m de haut et plus de 2 m de diamètre) dont

les cimes forment une canopée qui obscurcit le sous bois et atténue considérablement la

température; d’autre part, la visibilité des pièges, et donc leur efficacité, y est réduite. Par

contre, la clairière est caractérisée par une végétation très basse, les températures y sont alors

relativement élevées étant donné que les quantités de lumière et le temps d’éclairement y sont

importants. Les différences d’abondances peuvent également être liées aux interactions entre

les effets de l’ensoleillement et la nature du piège (Doutoum et al., 2002). Ces auteurs avaient

montré que la luminosité augmente significativement les captures des Diptères en

l’occurrence les Tabanidés et les Stomoxes. Ceci expliquerait les faibles captures de diptères

23

hématophages obtenues dans les milieux à faible luminosité (forêt primaire) et celles assez

importantes obtenues dans les milieux relativement éclairés (clairière).

Comme Glossina frezili (Glossina), les pullulations des autres diptères hématophages

(Stomoxes, Tabanides) au Baï pourraient aussi être liées à la forte présence de la faune

sauvage (Sitatunga, Buffle, Eléphants, etc.) (obs. pers.), au type de formation végétale et à

son hydrologie. En effet, le Baï de Momba-Okouyi est une clairière marécageuse riche en sels

minéraux et fournis d’importantes quantités de végétations herbacées attirant ainsi de

nombreux animaux qui sont des hôtes potentiels des mouches hématophages. Aussi le

passage de la rivière Momba dans le Baï contribue à l’émergence de nombreuses mouches.

La diversité des espèces de Stomoxes a été déterminée par l’utilisation exclusive du piège

Vavoua. Bien que l’efficacité du piège Vavoua pour la capture des Stomoxes soit avérée

(Djiteye, 1992, Djiteye 1994, Mihok et al., 1995b, Gilles 2005, Gilles et al., 2007) et que ce

type de piège soit vivement conseillé pour effectuer les suivis longitudinaux des populations,

l’adjonction d’octénol seul (Jaenson, 1991, Mihok et al., 1995b) ou en association avec des

phénols (Mihok et al., 1995b) aurait peut-être permis d’augmenter les captures .

VI. Conclusion

Ce travail est une première approche d’une situation entomologique mal connue dans et au

tour du Baï de Momba. Il a permis d’identifier les familles de diptères hématophages qui

cohabitent dans les deux milieux prospectés (Forêt et Baï).

Les résultats de captures réalisées à l’aide des pièges Vavoua montrent que le peuplement de

diptères hématophages du Baï de Momba est constitué des genres Glossina, Chrysops et

Stomoxys. La répartition de ces insectes hématophages varie en fonction du milieu.

L’abondance des mouches hématophages varie avec l’ouverture, la composition floristique et

faunistique du milieu.

En forêt, les tailles des populations de différents genres sont faibles par rapport à celle qu’on

retrouve au Baï. Le Baï est le milieu où abondent les diptères hématophages, cela est

probablement du à la dynamique faunistique et floristique de ce milieu. Le Baï constitue un

milieu de vie essentiel pour la faune sauvage. En effet, la macrofaune est abondante dans le

Baï en raison de la forte disponibilité en ressources végétales, minérale et en eau, ce qui

expliquerait le fait que ces mouches soient plus présentes dans ce milieu.

24

Parmi les insectes capturés, 3 familles appartiennent à l’ordre des diptères hématophages. Ces

3 familles se rencontrent dans les deux milieux étudiés, mais sont plus abondantes en termes

d’individus en milieu de clairière qu’en milieu de forêt. Cette étude suggère que les risques

de transmission des pathogènes seraient plus probables au Baï (clairière) compte tenu de

l’abondance des diptères hématophages dans ce milieu. Les fortes abondances des Chrysops

indiqueraient aussi des menaces probables de transmission de la loase et d’autres pathogènes.

Les connaissances n’étant pas figées, mais perpétuellement complétées et remises en cause,

ce travail ouvre les pistes pour la recherche sur les insectes hématophages dans le Baï de

Momba. Les travaux de recherches sur les mouches hématophages vont se poursuivre et

porteront sur l’étude de l’activité journalière, de la dynamique spatio-temporelle,

identification des repas de sang, les préférences écologiques et la diversité des espèces de

Tabanidae, des Glossinidae et Stomoxyinae. L’intégration des connaissances qui en

découleront permettra à la fois l’élaboration des stratégies de contrôle, de lutte contre ces

insectes nuisibles, et la mise en place d’un guide de prévention des risques de transmission de

maladies (zoonoses) et de protection à long termes de la valeur multiple du Baï de la Momba

Okouyi.

25

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RESUME

Les diptères hématophages, en particulier les Glossines, les Stomoxes et les Tabanides sont des vecteurs potentiels d’agents pathogènes. Comme dans la majeure partie du Gabon, les mouches hématophages du Baï de Momba Okouyi (nord est du Gabon) demeurent encore mal connues. Pour ces raisons des prospections entomologiques, basées sur l’utilisation du piège Vavoua, ont été effectués autour et dans le Baï de Momba. Au total, 4444 insectes ont été capturés dont 334 diptères hématophages en milieu de forêt primaire et 3809 en milieu de Baï. Ces insectes hématophages sont représentés par 3 genres (Glossina, Stomoxys, Chrysops) aussi bien en milieu de foret qu’au Baï. En foret, le genre Glossina est représenté avec un pourcentage de 97,6%, et les 2 autres genres (Stomoxys et Chrysops) sont représentés avec des pourcentages faibles. Au Baï le genre Stomoxys est plus abondant et représente plus de 88% de l’ensemble des captures. La variabilité des captures (ou d’abondance) dans les deux milieux pourraient s’ expliquer par l’utilisation d’un seul type de piège, le nombre de pièges utilisés, la période pendant laquelle s’est déroulée la campagne de captures (saison sèche), la durée de la session des captures (20 jours), la nature du paysage (bai ou foret), le faciès botanique, l’abondance et la composition spécifique de la faune sauvage, la quantité de lumière qui parvient au sol et la couverture végétale du sol.

Mots clefs : identification, mouche hématophage, piège Vavoua, Baï, foret, Makokou.

Abstract Hematophagous dipterous, particularly Glossines, Stomoxes and Tabanides are potential vectors of pathogenic agents. As in major part of Gabon, the hematophagous flies of Momba Okouyi Baï (northern is of Gabon) still remain known. For this reason entomological prospections, based on the use of the Vavoua traps, were carried out in and around Momba Baï. A total of 4444 insects were captured; with 334 dipterous hematophagous in primary forest area and 3809 in of Baï area. These hematophagous insects are represented by 3 kinds (Glossina, Stomoxys, and Chrysops) in the two studied area (forest in Baï). In forest area, high percentage was found for the Glossina with 97, 6%, compared with the others 2 kinds

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(Stomoxys and Chrysops) having low percentages. In the Baï the Stomoxys is more abundant than others and represents more than 88% of the captures. captures variability (or abundance) in the two studied area could be explained by the use of only one type of trap, the number of traps used, period that capture campaign took place (dry season), duration of captures session (20 days), nature of landscape (Baï or Forest), botanical features, abundance and specific composition of wildlife, quantity of light arriving on the ground and ground vegetation cover.

Key words: identification, hematophagous fly, Vavoua trap, Baï, forest,Makokou.

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