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  • 8/14/2019 Pol It is 1

    1/362 1 s e p t e m b r e 2 0 0 8 I P O L I T I S I2 1 s e p t e m b r e 2 0 0 8 I P O L I T I S I2 1 s e p t e m b r e 2 0 0 8 I P O L I T I S I2 1 s e p t e m b r e 2 0 0 8 I P O L I T I S I2 1 s e p t e m b r e 2 0 0 8 I P O L I T I S I

    XXXxxxxxxxxxxxxxxxxx page x

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    2 1 s e p t e m b r e 2 0 0 8 I P O L I T I S I2 1 s e p t e m b r e 2 0 0 8 I P O L I T I S I2 1 s e p t e m b r e 2 0 0 8 I P O L I T I S I2 1 s e p t e m b r e 2 0 0 8 I P O L I T I S I2 1 s e p t e m b r e 2 0 0 8 I P O L I T I S I

    Politisp

    o

    litis

    .fr

    GUADELOUPE Une exploitationoutrancire

    PIERRE KHALFA Amplifierla mobilisation

    UNIVERSITSLa facultde protester

    NPALactede naissance

    I S e m a i n e d u 1 2 a u 1 8 f v r i er 2 0 0 9 I n 1 03 9 I

    Crise de la presseLes canardsenchans ?

    3 : H I K N O G = V U X U U Z : ? l @ a @ d @ j @ k ;

    M

    03461-1039

    -F:3,00E

    NOUVELLE

    FORMULE

    Le ras-le-bol!Le ras-le-bol!

  • 8/14/2019 Pol It is 1

    2/36

    SOMMAIRE

    2 I P O L I T I S I 1 2 f vr i er 2 0 09

    LILIAN THURAM

    ENTRETIEN avecPierre Khalfa : Enraciner etamplifier lamobilisation .Pages4 et 5

    SOCITUNIVERSITS. La facultdeprotester. Pages6 et 7

    SOCIALHPITAUX. La loi qui va mettre mal votre sant. Pages8 et 9 CONTRE-COURANT. Pour uncontrle dmocratique ,

    parMichel Husson. Page9

    POLITIQUEEXTRME GAUCHE. LeNPA en adj ras le front de gauche.Pages10 et 11

    TRIBUNE de Vincent Cheynetet Paul Aris. Page 11LA FDRATION. En qutedeconvergences. Page12

    MONDEGORGIE. Limpossibleneutralit. Pages14 et 15CULTURE

    THTRE. Scnes de combat.Pages22 et 23

    LITTRATURE. Enenfance,de Mathieu Lindon. Page23CINMA. Gerboise bleue ,deDjamel Ouahab. Page24

    Tony Manero , dePabloLarrain. Page24

    MDIASTLVISION. Sous lesdrapeaux, dHenry Colomer.Page25

    ESSAI. La Domination et lesarts de la rsistance ,

    de James C. Scott. Pages26 et 27TRIBUNE. LONU complicede ltat algrien , parSalima Mellah. Page 27

    RSISTANCESHISTOIRE. LaRetirada, deGeorges Bartoli. Pages28 30

    LE POINT DE VUEDES LECTEURSPages32 et33

    BLOC-NOTESPages34 et35

    LVNEMENT

    IDES/DBATS

    DOSSIER MDIASLes canards sont-ilsenchans ?Entretien avecJean-Franois Kahn.Des relations trop

    confraternelles.Pages18 21

    Une : Jean-Pierre Clatot/AFP

    NUMRO SPCIAL Crise sociale, cologique et financire*2003-2008 six annes danalyses conomiques

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    * Hors abonnement.

    JOCARD/AFP

    ROBIN

    E/AFP

  • 8/14/2019 Pol It is 1

    3/361 2 f v r i e r 2 0 0 9 I P O L I T I S I

    PAR DENIS SIEFFERTPAR DENIS SIEFFERT

    Dcidment, Nicolas Sarkozy estplus laise dans le costume ducommis voyageur plantaireque dans le bleu de chauffe dungociateur social. On le

    signalait mardi matin Bagdad alors quelactualit laurait plutt appel Pointe--Pitre. Ce contre-pied sexpliqueaisment. Car, paradoxalement, le risqueest bien moindre dans la capitaleirakienne, au milieu de larmeamricaine au grand complet , que

    dans le chef-lieu de la Guadeloupe, ogronde la colre populaire. Surtout unepoque o les prfets ne sont plus trssrs. Des Antilles, nous parviennent cesjours-ci des images insolites. Cest tout unpeuple qui exprime son ras-le-bol enallant jusqu braver lun des interdits lesplus sacrs de notre systme : laproprit. commencer par celle desgrandes surfaces sur leur camelote. Dansune joyeuse pagaille, des femmes quinont pas les apparences de dangereusesrvolutionnaires poussent des caddiespleins hors des magasins, bousculant aupassage des vigiles dbords et des

    caissires contrites. Oh, certes, ce ne sontpas les meutes de la faim de lt dernier Hati ou en gypte. Nous ne sommespas ici dans la survie, mais dans uneimmense lassitude o se mlentsentiments dinjustice et incrdulit. Cequi est pris est pris , semblaient dire cesfemmes, et cest dj a quYves Jgo nenous reprendra pas . Dautant plus quele secrtaire dtat lOutre-Mer venait,inexplicablement, de quitter lle pouraller consulter le Premier ministre Paris,comme si le tlphone et Internetnexistaient pas. Quelques heuresauparavant, le sous-ministre avait quittla table des ngociations aprs avoir

    refus au LKP, le Collectif contrelexploitation, laugmentation de deuxcents euros que celui-ci demande pour lesbas salaires. Que nous rserve la suite ?Yves Jgo, dont nul navait jamais autant

    Avis de tempte

    PAR DENIS SIEFFERT

    Les fameuses

    rformes

    dont Nicolas

    sarkozy

    se glorifie

    contredisent

    tout son

    discours surla crise.

    DITORIAL

    scrut les faits et gestes, va-t-il reveniraux Antilles avec mission de lcher duleste ? Ou bien, qui sait, avec des vellitsde reprise en main ?

    Quant Nicolas Sarkozy, il avait djdonn, jeudi dernier, des signesdembarras, sinon dindiffrence, en nedisant pas un mot de la grve gnrale enGuadeloupe au cours de son interminableprestation tlvise. La question, il estvrai, ne lui avait pas t pose par nos

    audacieuse consur et hardis confrres. moins que les experts encommunication qui entourent lePrsident ne lui aient suggr de ne pastrop attirer les regards vers lhiver chauddes tropiques. Il ne faudrait pas quelagitation guadeloupenne prenne valeurdexemple. Dans nos contres, au moins,il fait froid. Les frimas ont toujours tles auxiliaires prcieux des pouvoirs.Mais les avis de tempte qui se succdentde ce ct-ci de lAtlantique ne nousinterdisent pas compltement de filer lamtaphore mtorologique. On ne se sertpas encore soi-mme dans les

    supermarchs, mais les sentimentsdinjustice et dincrdulit sont les mmesquoutre-mer. Et plus de deux millions demanifestants ont dfil dans nos villes, le29 janvier, malgr la bise. Il est vrai que laFrance a deux handicaps dans la crise.Son gouvernement ne veut rien cderdun irascible credo nolibral : lesmilliards vont toujours aux banques ouaux entreprises, jamais laconsommation. Et le mmegouvernement est saisi dune frnsie deprivatisations, de lhpital jusquluniversit. En cela, il va contre-courant de la crise. Les fameuses rformes dont Nicolas Sarkozy se

    glorifie, et quil conviendrait, quoi quilen soit, de poursuivre, contredisent toutson discours sur la crise. La ligne de forcede sa politique demeure plus que jamaisle transfert du public vers le priv. Lesvagues promesses dun autre partageentre lactionnaire et le salari ne sont,face cela, daucun poids.

    Do la totale incrdulit de nosconcitoyens, et la chute subsquente deSarkozy dans les sondages au lendemainmme dun exercice tout entier destin le faire remonter. Dun point de vuepresque anecdotique, il est dailleurs

    remarquable que les seules sommes que le

    prsident de la Rpublique envisagedaffecter au financement de mesuressociales ne relvent mme pas du budgetde ltat, mais proviennent des intrts(1,4 milliard deuros) perus sur les prtsconsentis aux banques. Toute unelogique ! Mais lincrdulit est dautantplus grande que ces fameuses mesuressociales restent trs floues, renvoyesquelles sont un rendez-vous avec les partenaires sociaux fix au 18 fvrier.Cela dit, dans le genre dilatoire, les

    centrales syndicales ne sont pas mal nonplus. En ne prvoyant pas de journenationale daction avant le 19 mars, ellesne mettent gure la pression sur legouvernement. Dautres la mettent, lapression. On pense notamment auxchercheurs et aux universitaires, dont ladtermination est exemplaire. ValriePcresse en a mme trbuch lundi. laveille de la manifestation des chercheurset des universitaires, la ministre delEnseignement suprieur a annonc lanomination dun mdiateur, avant delaisser entendre que sa rforme pourraittre reporte dun an, puis de se raviser.

    Enfin, dernier pisode de la relance gouvernementale, lannonce lundi duneaide de six milliards deuros alloue nosdeux firmes automobiles. On est icitoujours dans la logique nolibrale : nepas amliorer le pouvoir dachat dessalaris, mais leur promettre un profitpar ricochet. Sauf quen loccurrence le ricochet parat bien hypocrite. Lesmilliards tomberaient dans lescarcelle deRenault et de PSA en change dunengagement ne pas licencier et ne pasdlocaliser. Alors que des plans delicenciements sont dj dans les tuyauxDcidment, on est plus tranquille

    Bagdad.

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    4/364 I P O L I T I S I 1 2 f v r i e r 2 0 0 9

    Les annonc

    Une rforme fondamenta

    Il faut cr

    ENTRETIEN AVEC PIERRE KHALFA

    publiques. Sa proposition de sup-pressiondelapremiretranchedelim-pt surle revenune touchedailleurspasles16,5millionsdepersonnesquinesontpasconcernesparcetimpt.Relevons que Nicolas Sarkozy aexprim une nouvellevisionde la socit franaise,puisquil a parl de classesmoyennesproposdessala-ris au Smic.Auparavant, le

    Smic, ctait le salaire mini-mum,cequitaitvraimentleminimum pour vivre, main-tenant cela correspond aurevenudesclassesmoyennes.Lavisionprsidentielletirelasocit franaise vers le bas.Une vritable rforme fiscale remet-trait en cause lescontre-rformesfis-cales de ces vingt-cinq derniresannes. Il faudraitparexemple taxerles revenus du patrimoine beaucoupplus fortement et augmenter limptsur les socits, ce qui accrotrait lesrecettes de ltat tout en permettant

    demoinstaxerlespetitsrevenus.Sup-primer la premire tranche dimpo-sition,celaveutdirequetoutlemondebnficieradecettesuppression,mmeles hauts revenus. Cest un saupou-drage social qui ne rpond en aucuncas la gravit de la situation.

    Quelle suite donner ce mouve-ment alors quun rendez-vous at fix par Nicolas Sarkozy auxorganisations syndicales le18 fvrier ?Nous souhaitons que les organisa-tionssyndicalessoientreuesensem-ble pour ngocier avec le gouverne-

    mentetleprsidentdelaRpublique, partir du texte de la plate-formeintersyndicale que nous avons signen commun. Il faut dfendre lecontenu de cette plate-forme auprsduprsidentdelaRpublique.Ilfautdoncquesouvreunepriodedengo-ciations. Mais on ne peut pas ngo-cier partir des seules propositionsdu prsident de la Rpublique, quisont totalement inadquates. Toutdoit tre ouvert la ngociation.

    Cela veut-il dire que votreorganisation est invite la

    table des ngociations ?

    Le prsident de la Rpublique a dit toutes lesorganisationssyndicalesSoit Nicolas Sarkozy est quelquunde srieux, et cela veut dire queSolidaires, lUnsa, la FSU seront invi-tes discuter comme les confd-

    rations syndicalestraditionnelles,soitilsagitduneparoleenlair,unedplus, comme cela sembletre le cas.Pour notrepart

    nous sommes videmmendemandeurs que toutes lesorganisations syndicalessoient reues ensemble.

    Le cap des rformes dugouvernement a cependant traffirm ?Dequoiparle-t-onquandonparledrformes?Noussommesvidemmenpourdesrformes,maispascellesquepropose Nicolas Sarkozy. Unerforme nous semble fondamentaleaujourdhui, qui correspondrait lancessitdelheure :interdireleslicen

    ciementsdanslesentreprisesquifontdesprofits.Ilestinimaginablequelesentreprises anticipent laggravationde lacriseen faisant payer leprix decelle-ci leurs salaris. Plus globa-lement,il faut instaurer un statut dusalari qui garantisse une continuitde la rmunration, qui soit financpar une nouvelle cotisation sociale.

    Les rformes engages, commecelles du systme de sant etdans lenseignement, nont past voquesCest videmment un des gros problmes. Cela veut dire que toutes les

    attaques menes contre les servicespublics, la sant, le projet de privatisation de La Poste et tout ce quconcerne lducation nationale nesontpasngociables.LePrsidentnapas lintention de reculer.

    Quelle consigne donneraSolidaires devant cetteattitude ?Le mouvement syndical a marquunpointtrsimportantavecle29jan-vier. Pour nous, il faut enracineramplifier la mobilisation le plus tpossible, et il faut engager un vrita

    ble processus de mobilisation

    LES DIVIDENDES VERSSaux actionnaires tournentaujourdhui autour de 50 %.

    8milliardsdeuros : cest

    cequecoteraitlasuppression de la taxeprofessionnelle, daprsNicolas Sarkozy.Faux,rtorque le Syndicatnational unifi des impts(Snui):lafactureseraitenralitde26milliards.Cetimpt nexiste nullepartenEurope? Faux encore.LAllemagne et lItalie,notamment,ontunimptlocalsur les entreprises.

    Gandrange (Moselle),30millionsdeuros

    ontt injectsdans lusineArcelor-Mittal,unecoledeformationatcre,etlePDGdugroupeapromis 10millionsdeurospour revitaliserlesite,ajurSarkozy.Or, aucune modernisationna t engage. Maisunplande fermeture partielleannoncdbut2008prvoit575suppressionsde postes.

    1,4milliard deuros

    dintrtsseront peruscetteanneparltatautitredu financement desbanques.Lesprts auxbanques nevous ontpas

    cotun centime deuro,affirme Nicolas Sarkozy.Envrit,laFranceestobligedempruntersurlesmarchs.Leprtde25milliardsdeurosauxbanques ne rapportera pas1,4milliard mais la moiti,700millions.

    L E S T R O I S M E N S O N G E S D E N I C O L A S S A R K O Z Y

    Il faut un

    moment donn

    tre capable de

    crer desconvergences de

    tous les

    mouvements

    existants.

    Enraciner et amplifier la mN

    icolas Sarkozy joue lamontre en annonant desrunions, desthmesde discussions qui pour-raient traner en lon-

    gueur , indiquait lUnion syndicaleSolidaires aprs lintervention tl-vise du prsident de la Rpublique.Dus par ses dclarations, les huitsyndicats signataires dune plate-formerevendicativeontannoncune

    nouvelle journe de mobilisation le19 mars. En attendant, il sagit demaintenir la pression et de crer un rapport de force nouveau , sou-lignePierreKhalfa,porte-parolenatio-nal de lUnion syndicale Solidaires.

    Politis I Nicolas Sarkozy apropos aux partenairessociaux de ngocier desmesures sociales. Cela rpond-il au dsaveu massif de lapolitique gouvernementale du29 janvier ?Pierre Khalfa I Le prsident de la

    Rpublique a compris quil ne pou-vaitpasenresterunepositiondau-tismetotal.Ilaenregistrlacolretrsimportante des salaris et comprisquilfallaitleurdonnerunpeudegrain moudre. Mais ces annonces nerpondentabsolumentpasauxnces-sits de lheure.Les quelques mesures fiscales avan-cesposentdetrsgravesproblmes.Par exemple, la proposition de sup-

    primer la taxe professionnellecreradetoutevidenceunmanquegagnerpour lescollectivitslocales :quiserapayparqui?Pasparlesentreprises,puisque lobjectif est den rduire lescharges.Celaveutdirequilyauraunbasculement vers la fiscalit desmnages,au moins en partie. Il sagitdunnouveaucadeauaupatronatsansla moindre contrepartie.

    Et en matire de fiscalit et deprotection sociale ?Le gouvernement reste dans unelogique de rduction des recettes

  • 8/14/2019 Pol It is 1

    5/36I P O L I T I S I1 2 f v r i e r 2 0 0 9 I P O L I T I S I

    La crise financire a t pour beaucoup

    loccasion de prendre conscience que le

    capitalisme ne sautorgule pas. Cette

    crise rend manifeste que lhgmonie du

    march nest pas autorgulatrice mais

    autodestructrice. Cela veut dire que le

    march autorgul ne fonctionne pas

    dans lintrt mme du capitalisme,

    comme la dit Karl Polanyi. Lorsque la loi

    du profit et la concurrence exacerbe

    sont laisses elles-mmes, elles crentnon seulement des injustices et des

    ingalits, mais aussi des catastrophes.

    Ce que prconise Nicolas Sarkozy nest

    pas la mesure de ce constat, parce quil

    ne sagit pas seulement de rpartition ou

    de partage des profits dans lentreprise.

    Cest un aspect important, mais le

    problme fondamental est celui de la

    rgulation. Parler de refondation du

    capitalisme est une belle formule, mais il

    ne sagit pas que de moraliser le

    capitalisme. Que des patrons et des

    traders fassent des bnfices exorbitants

    est certes immoral et scandaleux, mais

    cest un effet de labsence de rgulation.

    Il faut imposer des limites au march, des

    contraintes qui empchent de faire

    nimporte quoi. Je ne pense pas que

    Nicolas Sarkozy puisse le dire ou mme le

    penser.

    Quelles sont les possibilits de rgulation

    du march? Elles existent, notamment

    travers une ngociation conflictuelle

    entre partenaires sociaux qui

    reprsentent ou sont censs reprsenter

    les intrts du travail. Il faut aussi

    prendre conscience que, pour

    rquilibrer le march, il faut des

    rgulations du travail.

    Or, ce quoi lon assiste depuis au moinsune trentaine dannes, cest une

    dstabilisation du statut de lemploi et au

    dveloppement de la prcarit. Les

    rformes de lactuel gouvernement,

    dinspiration librale, vont dans le sens

    de la drgulation, cest--dire dans le

    sens contraire du renforcement du droit

    du travail. Elles conduisent par exemple

    la rsurgence du travailleur pauvre, ce

    qui est trs grave. Ainsi, une part

    croissante de travailleurs ne parvient pas

    assurer ces conditions

    dindpendances conomiques minimales

    donnes par le statut de lemploi.

    ROBERT CASTELSociologue.

    Imposer des limiteau march

    rsidentielles ne rpondent pas aux ncessits de lheure

    nterdirait les licenciements dans les entreprises qui font des profits

    un vritable rapport de force avec le gouvernement

    bilisation

    populaire.Ilfautquonsengagedansun processus de mobilisation delongue dure pour crer un vrita-ble rapport de force avec le gouver-nement. De ce point de vue, la ru-nionintersyndicaledelundi,mmesielleadbouchsurunenouvelledate,le 19 mars, est dcevante. Car elleparatbienlointainedanslasituationactuelleet,deplus,lesmodalitsdac-tion ne sont pas encore prcises.

    Et sil ny a pas les huitorganisations syndicalessignataires de la plate-forme ?Nous ferons tout pour quil y ait leshuit. Lunit syndicale est quelquechose de prcieux, mais qui ne doitpas conduire la paralysie.

    Nicolas Sarkozy envisage desngociations dans une phasede refondation du capitalisme.Quen pensez-vous ?Sa position me rappelle la fameusephraseduGupard: Ilfautquetout

    change pour que rien ne change.

    Cest la ligne prsidentielle et glo-balementcelledesgouvernementsetdesclassesdirigeantesdanslemonde.Ils ont intgr le fait que le nolib-ralisme financier dbrid menait la catastrophe. Ils sont prts pren-dre un certain nombre de mesurespour essayer de rguler la financemondiale, mais pas changer delogiqueconomique. Il sagiten ra-litdemieuxrgulerlafinancemon-

    diale pour continuer la mettre auservice de la logique du profit.

    On a tout de mme entendule Prsident parler deredistribution des richessesCe sont desphrases.Commentpar-ler de redistribution des richesseset refuser toute augmentation dessalaires et des minima sociaux ? Largledestroistiers,untiersdesbn-ficesauxsalaris,untiersauxaction-naires, un tiers rinvesti dans len-treprise, suppose une baisseimportantedesdividendesverssaux

    actionnaires, qui tournent

    aujourdhui autour de 50 %. Pour-quoi refuser alors daugmenter lessalaires ? Un amendement a rcem-menttdposetatrejetparla majorit snatoriale avec lappuidu ministre du Travail de lpoque,Xavier Bertrand.

    Cependant, la crise remet enquestion bien des certitudesautour du capitalisme

    Ilestclairquelidologienolibralequiastructurlesdiscourspatronauxetgouvernementauxdepuisunquartde sicle est morte. Le dbat portemaintenant sur le projet de socitvers lequel il faut aller. Nicolas Sar-kozy veut refonder le capitalisme.Pournous,ilfautsortirdelalogiquedu profit que le capitalisme imposepourcrerunedynamiqueauservicedes besoins sociaux et des impra-tifs cologiques. Il faut changer deparadigmeetdesystmeconomique.Mais les classes dirigeantes ne sontpas prtes laccepter.

    _Propos recueillis par Thierry Brun

    Il faut engager un vritable processus de mobilisation populaire. JOCARD/AFP

  • 8/14/2019 Pol It is 1

    6/366 I P O L I T I S I 1 2 fvr ie r 2009

    SOCIT

    UNIVERSITS La mobilisation contre la rforme propose par le gouvernement prend de lampleur.

    Rencontre avec des tudiants-chercheurs qui tmoignent des menaces qui psent sur leur statut.

    La facult de protester

    V E R S U N S Y S T M E L A N G L O - S A X O N N E ? Anas, 31 ans, enseignante-

    chercheuse stagiaireen biologie Paris-V.Bienquelle inclue une revalorisationdes salaires, la rforme du statut desEC minquite. Mais jhsite fairegrve:entantquECstagiaire,jedoisdonner192heuresdecoursdanslan-ne,sans quoi on peut merefuser mafuture titularisation. Et quiddes tu-diants? Avant dobtenirce poste, jaitunanauchmageaprsdeuxpost-doctorats : un de deux ans en Angle-terre,etlautredunanetdemiParis.La rforme nous conduit vers un sys-tmelanglo-saxonne.EnAngleterre,

    la notion d impact factor est trs

    prgnante. Cette ide selon laquelleil faut valuer les performances deschercheurs selon leur impact

    (mesurviadespublicationsdansdesrevuesplusoumoinscotes:parexem-ple26ou30pourScienceouNature ;0,7 pour une petite revue franaisecomme Parasite) y est pousse soncomble:lImperialCollegeLondrestablit un barme en dessous duquellquipederechercheestdissoute!Est-ce ce qui nous attend ? Sans compterlaconcurrencequelarformeaccrotentre les EC et les chercheurs InsermetCNRS:noussommesdjvalus,pourquoi exiger de nous autant dersultats que des chercheurs tempsplein?Limportancedelenseignement

    doit tre reconsidre !

    U N C H E R C H E U RP E R F O R M A N T M A I S P A SU N B O N E N S E I G N A N T ? Franois, 43 ans, enseignant-chercheur en mcanique Paris-VI.

    Je suis EC depuis plus de dix ansconsidr comme non-publiant jenditepasdarticlesdansdesrevuesassez reconnues, notamment parceque je me consacre davantage mesactivits lies lenseignement. Cer-

    tainsparviennentmenerlesdeuxdefront tout en tant des chercheursperformants.Moipas.Larformedu statut prvoit de renforcer notrevaluation.Maiscommentetparquiseront values les performances respectivesdelenseignantetduchercheur?Faut-iltreunchercheurperformant mais pas forcment un bonenseignant ? Il y a des points positifdans la rforme, comme la prise encomptedactivitsjusqualorspasoutroppeuconsidres:journesporteouvertes, orientation des tudiantssurveillance dexamens, fabrication

    de plaquettes de diplmes, perma-nence de laboratoire, secrtariatMais lamodulation desservices, soila rpartition des tches, est le pointle plus pineux du texte.Autreproblme:lemanquedemobilisation. Luniversit est un milieuhypercomptitif et peu politis, orgne lindividualisme. On a tousaccept les rgles de ce systme per-vers en lintgrant. Et je rappelle quele premier avoir corn le statudEC est Lionel Jospin, qui a aug-ment la charge denseignementAujourdhui, on doit choisir entrefaire son mtier denseignant a

    minima pour rendre sa recherchecomptitive, ou ngliger sa carrireensinvestissantdanslestchesadministratives et pdagogiques. On renforce donc la concurrence entre lesindividusmaisaussientrelestchesAu dtriment des tudiants.

    R E M E T T R E E N C A U S EL A L R U Ralph, 32 ans, charg de coursde psychologie sociale lUniversit de Bretagneoccidentale.On nous appelle les turbos profs

    parce quon passe notre vie courir

    Le corps universitaire est souslechoc.Lacause:larformedu dcret de 1984 rgissantle statut des enseignants

    chercheurs (EC). Cette rformeprvoyant de diminuer la chargedenseignement des EC jugs lesplus performants en matire derecherche, sur des critres unani-mement contests, mobilise demanire indite dans un milieurput individualiste et peu poli-tis. Pour une fois, le mouvement

    est parti desenseignants : runis encoordination nationale des uni-versits depuis le 22 janvier, engrve illimite depuis le 2 fvrier,ils sont actuellement rejoints parlestudiants. Sauf lappelde la Sor-bonne,lancle 9 fvrier, par9 pr-sidents et vice-prsidents duni-versit, ils ontreu peude soutiensde leur hirarchie.Quatreprsidents, dontlegnticienAxel Kahn, se sont prononcs(le Monde du 30 janvier) pour unerformedustatutde1984,dpass,selon eux, parce quil ne prend plus

    en compte lensemble des activitsassuresparlesEC:recherche,ensei-gnement et pilotage. Ils ont nan-moins rejet le texte de ValriePcresse,quipeut donnerpenserquun mauvaischercheur estun bonenseignant et prsente lenseigne-ment comme une punition .Le 7 fvrier, surune chanede radio,Axel Kahn a mme invit NicolasSarkozy retirer la rforme, malemmanche et assortie de sup-pressions de postes. Ce que lmi-nent gnticien heureuxprsidentde Paris-V, facult renfloue par lePlan campus a omis de signaler,

    cest que ce dcret ntait que lunedesconsquencesdelaLoisurlau-tonomie desuniversits (LRU),dontdcoulent la controverse maste-risation, la fin du caractre natio-nal des diplmes, le dmantlementdes organismes publics derecherche, lexternalisation de cer-tains personnelsEn outre, cette loi sinscrit dans leprocessus de Bologne, qui porteatteinteauxservicespublicsdelen-seignement suprieur partout enEurope. Sils obtiennent gain decause pour le retrait de ce dcret,lesuniversitairessauront-ils,ensuite,regarder au-del du statut des EC ?

    Des enseignants et des chercheurs votent la grve, le 2 fvrier, la facult Chteau-Gombert, universit Aix-Marseille-I. POUJOULAT/AFP

  • 8/14/2019 Pol It is 1

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    entrefacs,laboratoiresetdomicileJe suis charg de cours de psycholo-giesociale lUniversit de Bretagneoccidentale(UBO), mon laboratoirede rattachement se trouve Paris X-

    Nanterre, mais je ny travaille plus.Troisansthsardetallocataire-moni-teur, unan auchmage,attach tem-poraire denseignement et derecherche (Ater) Grenoble puis Lyonavant darriver lUBO,je naipratiquement jamaisdonn le mmecoursdeuxansdesuite.UnAtermi-tempsestpay1200eurosnetetnestpas dfray pour ses dplacements.Les chargs de cours sont pays35euroslheuredecours.Nousassu-rons aussi une somme exponentielledetchesadministrativesetdaccompagnement destudiants, non payes.

    Les conditions minimalesdexercice de la rechercheet de lenseignement nesont plus runies pour lesprcaires et une majoritdesstatutaires.LarformedustatutdECnestquundes problmes auxquelssajoutelafinducaractrenational des diplmes, ledmantlement des orga-nismes de recherche, lamasterisation (fusion non prparedes diplmes denseignementincluantladisparitiondesIUFMfor-

    mant les professeurs des coles), etla fusion des grandes coles et desuniversitslUBO,denombreuxdiplmesvontdisparatrefautedECsuffisamment publiants . Cettetendance va saccentuer : en pro-vince,onnauraplusquedespetitesfacs nassurant que des premierscycles. Pour poursuivre ses tudes,il faudra se rendre dans de grandsples universitaires (Paris, Lyon,Marseille), rservs aux tudiantsqui en auront les moyens.DerrireledcretsurlestatutdesEC,cest la LRU quil faut remettre encause!Car,sicedcretestreport,les

    universits autonomes pourront ins-taurerlamodulationdesserviceschezelles,ettendreleprincipedingalitdes formations En outre, la LRUestunavatarduprocessusdeBologne,engagementpourconstruireunespaceeuropendelenseignementsuprieuravant 2010, qui impose la mmelogique de destruction des servicespublics partout dans lUnion.

    M E N A C E S S U RL E D E R N I E R V R A I D I P L M E N A T I O N A LE T L E S B I A T O S S

    Franoise, 52 ans, chef du

    dpartement informatique lInstitut universitaire detechnologie (IUT) de Paris-XIII-Villetaneuse.Les diplmes universitaires de tech-

    nologie (DUT) sont les derniers vrais diplmes nationaux. Cettespcificit des IUT est menace parla loi LRU et le nouveau mode dat-tributiondes moyens, le malnommSympa(systmederpartitiondesmoyens la performance et lacti-vit), qui ne prend pas en compte lenombre dheures de nos formationsprofessionnalisantes. Rsultat : lesIUT vont se retrouver avec des dota-tions de fonctionnement en baissede 20 40 % ! Par ailleurs, du fait

    de la LRU, les Biatoss(bibliothcaires,ingnieurs,administratifs, techniciens,

    ouvriers de service et desant)sontmenacsparlex-ternalisationdecertainsser-vices et dessuppressions depostes entranant lem-bauche de contractuels.

    M M E D A U P H I N ES O P P O S E L AR F O R M E ! Philippe, 40 ans,matre de confrences

    en sociologie luniversitParis-Dauphine.Dauphine se mobilise depuis la mi-

    dcembre.Dujamaisvudepuistrenteans!Cestdiresilarformedudcretsur le statut des EC secoue, au-deldes clivages politiques et entre disci-plines. Une ptition circule, qui arecueilli140signaturessur300ensei-gnants. Pas simal pour cette fac djautonome qui, notamment, slec-tionnesestudiants.Nousredoutonsque le dcret accentue cette particu-larit et la transforme en une busi-ness school . Le risque dune sortiedes diplmes nationaux est proc-cupant. Idem pour le statut des EC :lamodulation desservicesva, bud-get constant, augmenter la charge

    denseignement du plus grand nom-bre. Et ce, dans le pur arbitraire desprsidentsduniversit,auxpouvoirsrenforcs par la LRU. Le dsengage-ment de ltat risque aussi de favo-riserlarecherchedefondsprivs.Toutcela permettant de justifier une aug-mentation des droits dinscription.Au nom de lautonomie des univer-sits, les EC risquent de perdre leurautonomie duniversitaires. La LRUa t vote en aot sans concerta-tion.Luttercontrelesdcretsdecetteloi pourrait permettre de rouvrirun dbat vol !

    Propos recueillis par Ingrid Merckx

    SOCIT

    900Cestle nombrede postesque

    leministre de

    la Recherche

    entend

    supprimer

    cetteanne

    dans

    lenseignement

    suprieur.

    I M M I G R A T I O NOdieux chantage

    Coopration.Cestainsiquelenouveau

    ministredelImmigration,ric Besson,dguiseladlation quilimpose auxsans-papiers

    faceleurspasseursdansunenouvellecirculaire.Si lobjectifde punir lesexploiteursplutt queles clandestinspouvait semblerlouable, le principetranspire lodieux chantage: la circulaireprometdestitresdesjourdesixmoispourledptduneplainte,dedixanspourune condamnation. Et combien pourcetteporteouverteaumarchdela

    dnonciation?

    Rfr contre un dcretLe dlai du nouvel appel doffresconcernant la rtentionadministrativearriveexpiration,maislesdemandesdeconcertation nont toujourspas tentendues. Dixassociationsde dfensedesmigrantsont doncdpos,le 6fvrier,devant le Conseil dtat,un rfrdesuspensioncontreledcretdu22aot2008quiporteatteintelamissiondaccompagnementdans lescentresdertention.

    D U C AT I O N

    Sauvons la maternelleFairede la maternelle une cole partentire.VoicicequeproposelesiteInternet enfant.com via un manifestebtisurles propositionsde plus de

    2000parents. Parmi elles: un personnelform cetenseignement, un soutien etun accueiladapts aux2-3ans, deseffectifsallgs destination de XavierDarcos: le6 fvrier, desparentsse sontenchansdescolesunpeupartoutenFrance pour protestercontre ledmantlementprogrammde la petitecole.

    On ne prte quaux richesLtat prvoit de prendreen charge lascolaritdes 80000 lvesfranaisinscritsdans sestablissementsltranger. Cette rforme,dont bnficient

    depuisunanleslvesdeterminale,

    profite desexpatris gnralementaiss, dnoncela Fdration desconseilsde parentsdlves (FCPE).En cestempso ltat justifiedes suppressionsdepostes massivespar desconomies

    drastiques,comment comprendrecetteaidede173millionsdeurosparan?

    L O G E M E N TGhettosationBonne nouvelle: le tribunaladministratifdeParisvientdedonnerraison15demandessurles19prsentespardescandidatsau Droit au logementopposableles28 et 29janvier. Mais, en parallle, laloiBoutin en discussion lAssembledepuisle10fvriermetmalleDaloenretirant auxassociations leur agrmentpouraccompagner lesdemandeurs,et enautorisant lesprfets dle-de-Francerelogerles bnficiaires dansun autre

    dpartement. Parailleurs, lesdputsontvotlarductiondetroisansunandesdlaisdexpulsion.Celaintervientaulendemain de lapublicationdurapport annuel surlemal-logementde laFondationAbb-

    Pierre (FAP).2009 et 2010, anneshorribilis, anticipela fondation, quimetenavant la ghettosationcroissante desplusdfavoriss.Les programmes dernovation urbaine ny changeraient rien,

    du faitde linsuffisance de logements trssociaux et de grande taille.Toutconcourt organiserlaccsde mnagesimmigrs destypesde logements

    dtermins[] dansles quartierssensibleset rendredifficileleur accs aulogement social dansdautres quartiers,

    daprsla FAP. Sans oublierque laloi SRUsurle logementsocialest toujoursbafoue et que600000personnes gesvivent avecune allocation de 628eurosparmois. En privilgiant la fictiondunesocit franaiseconstitue dune vaste

    classe moyenne aise, le gouvernementse ment lui-mme, attaquela FAP.

    P R O S T I T U T I O NFemmes chinoisesLotusBusestsynonymederconfortpourde nombreuses prostitues chinoises Paris, tmoigneune enquteralise parMdecins du monde aveccetteassociation.Cumulantpratiquessexuellesrisquesetmconnaissancedesmoyensde prvention et desdispositifs de priseen charge,ces femmessont davantageexposes auxinfectionsgnitales ousexuellementtransmissibles que lesautres prostitues.Venues en Francepoursubveniraux besoinsde leurs enfantsrestsenChine,laplupartdentreellesne

    staientjamais prostitues auparavant.1 2 fvr ie r 2009 I P O L I T I S I

    BUREAU/AFP

    DE SAKUTIN/AFP

    VERDY/AFP

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    8/368 I P O L I T I S I 1 2 f v r i e r 2 0 0 9

    SOCIAL

    HPITAUX En discussion lAssemble nationale, le projet de loi Hpital, patients, sant et territoires ne rpond pas la situation dgrade du systme de soins. Cinq professionnels expliquent pourquoi.

    La loi qui va mettre mal votre santA

    ppauvrissementde lhpitalpublicorchestrparlespoli-tiques actuelles, dficits,rductions drastiques des

    postes, soins flux tendu lori-gine dune mauvaise prise encharge Les acteurs de la santtmoignent de la situation catas-trophique de lensemble de la Scu-rit sociale. Une situation qui serarenforceparleprojetdeloiHpi-tal, patients, sant et terri-toires (HPST), disent-ils.Prsentparla ministredelaSant,RoselyneBachelot, comme laplusimportante

    rforme administrative depuis cesvingt dernires annes, le projet deloiest en dbat lAssemble natio-nale depuis le 10 fvrier, avec pourobjectif de mieux soigner , touten restaurant lquilibre financierdusystmedesant.Leprojetportpar Roselyne Bachelot met en faitune touche finale la destructionde la Scurit sociale, des hpitauxet du systme de sant , estimentsyndicatset personnelshospitaliers.Pireencore,iltoucheaussilesecteur

    mdico-social et les caisses rgio-nales dassurance-maladie.

    Loc Pen, 40 ans, mdecinurgentiste lhpital de Creil,dans lOise (444 lits). Lhpitalde Creil est en dficit trs grave et

    se trouve donc condamn fairedes conomies tous azimuts. Onutilise du matriel de rcup. Quantaux mdicaments, cest la course aumoins cher, donc ils changent trsfrquemment. Cest lenfer pour lesinfirmires, qui prennent un tempsfou pour sy reprer dans les botesde mdicaments et risquent deserreursAuxurgences,noussommes15mde-cins alors que nous devrions tre 23.Nous sommes puiss force den-chaner les heures supplmentaires.Des dizaines de patients attendent

    danslescouloirspendantdesheures,

    et certains, intubs, dans la salle deranimation des urgences. Finale-ment,nousavonstcontraintsdor-ganiser un service dhospitalisation

    sauvage dans les urgences, ce qui,si lon suit la logique cynique de latarification lactivit (T2A), estfinancirement avantageux : hos-pitaliser les gens dans un couloirest plus rentable !En juillet 2008, lagence rgionalede lhospitalisation (ARH) a dciddefusionnerlhpitaldeCreiletceluide Senlis. Cette fusion aurait d treeffectiveau31dcembre,maisctaitsans compter la leve de boucliersgnrale ! Du coup, le projet a tannuloupluttreport,enatten-dant le vote de la loi Bachelot pour

    que la fusion devienne obligatoire.

    Philippe de Gaudusson, chargdes questions hospitalires la caisse rgionale dassurance-maladie Midi-Pyrnes, Toulouse.Avec les Agences rgionales de sant(ARS),on franchit unetape suppl-mentairede lafusiondes organismeschargs de la politique de sant danslesrgionsetlesdpartements.Nous

    sommestrshostilesaufaitdeperdrenotre identit pour aller nous fon-dredans unestructuredtat. On estcertains quon perdra notre libertdapprciationsurlamiseenplacedespolitiquesrgionales.Loppositionesttrs majoritaire parmi les personnelsde la Cram. Notre crainte est que laScunauraplussonautonomienisonmot dire, car la gestion de la santseratotalementtatise.Lanouveautpour nous consiste proposer desnon-remplacements de postes auxhpitaux qui contractualisent desplans de retour lquilibre.La poli-

    tiquedesARS,cestdecontinuercettetendance,de toujoursrestructurerloffre de soins. Il est aussi act que lecooprations serontrenforcesentreleprivetlepublic,notammentpoulesurgences.Encequiconcernelachirurgie,quiestassuremajoritairemenpar le priv, les services dhpitauxpublics sont menacs de fermetureparce que le systme est organis detelle manire que les praticiens ontla tentation de partir dans le priv.

    Catherine Pierrard, 47 ans,sage-femme lhpital deLourdes dans les Hautes-Pyrnes (357 lits). En 2007, ona commenc nous dire quelhpital de Lourdes devait faire desconomies. Le but de lhpital estlquilibre budgtaire , est devenula devise de la direction. Depuis, lesprojets pour raliser des conomies

    se sont enchans. Les plusinvraisemblables par exemple,lide de faire conduire les camionsdes services durgence (Smur) parles aides-soignants ont dclenchdes tolls et ont t abandonns.Reste que 14 lits ont t ferms landernier : la capacitdhospitalisation en chirurgie a trduite de moiti, les explorationsfonctionnelles de cardiologie sontparties lhpital de TarbesSelon les vux de lARH, le servicede ranimation estmenacde dispa-ratre, ce quicondamnerait la mater-

    nit que nous avions dj sauve

    de la fermeture il y a deux ans puisque nous naurions plus de ranimateur de garde la nuit. Ce seraitunecatastrophe:desfemmesfontdjtroisquartsdheuresde route,et cer-taines accouchent 20 minutes aprsleur arrive. La fusion avec lhpitade Tarbes, lui aussi en dficit et qusetrouveunedizainedekilomtres,va tre acclre par la loi HPST.

    SAGET/AF

    GUEZ/AF

    VERDY/AFP

    Soigner les gens dans un couloir,a cote moins cher !

    La Scu naura plusson autonomie

    La devise de la direction,cest lquilibre budgtaire

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    Andr Giral, 54 ans, ducateur

    dans un institut mdico-ducatif MontpellierLinstitut est gr par une associa-tion de parents pour lenfance ina-dapte (Apei) du grand Montpellier,et il chapeaute plusieurs tablisse-ments.Ilestrelativementrcentparcequilestleproduitdelafusiondeplu-sieurs associations, une pratique quisaccentuera avec les agences rgio-nales de sant (ARS), puisque le sec-teur mdico-social va passer sous lacoupe de ces agences. Il y a pourtantun manque de places absolumentcatastrophique dans certains dpar-tements, dans lHrault particuli-

    rement. Les services ne suivent pas.On a aussi une dqualification despersonnels, un manque de services,desbesoinsdepriseenchargemdico-sociale qui ne sont pas couverts. LaprisedecontrleprogrammeparlesARS est destine mettre en uvre

    des politiques de marchandisation.

    Lesresponsables patronauxassocia-tifs me lont dit : ils se prparent auchoc de la confrontation avec le sec-teurprivlucratif.Onromptavecunelogique doffre de services mdico-sociaux et de sant au profit dunelogique de rsultats.

    Patrick Dubreil, 43 ans,

    prsident du Syndicat de lamdecine gnrale et mdecingnraliste Moisdon-la-Rivire (Loire-Atlantique).Dans le cas de la mdecine de ville,les dpassements dhonorairesseront gnraliss, aveclinstauration dun secteuroptionnel. Le gouvernement agalement dcid de ne rembourserqu hauteur de 30 % les personnesnayant pas choisi de mdecintraitant. Quant au problme de lalibert dinstallation, il nest en rienrgl par la loi Bachelot. Les jeunes

    mdecins nont que faire des

    incitations financires et des

    taxations. Ce quils veulent, cestsinstaller dans des zones o lesservices publics sont toujoursprsents, o ils peuvent travailleravec un hpital de proximit qui ades lits dhospitalisation pouraccueillir les malades quils voienten consultation. Pas dans les dsertsmdicaux qui vont stendre cause de la rorganisationterritoriale voulue par RoselyneBachelot ! Quant la santpublique, cest la grande absente decette loi.

    _Propos recueillis

    par Pauline Graulle et Thierry Brun

    SOCIAL C O N T R E - C O U R A N TMICHEL HUSSON

    Membre du conseil scientifique dAttac.

    Face la crise, la gauche oscille entre deux projets contradictoires: leretour aux Trente Glorieuses et le dpassement du capitalisme. Il existe enmme temps une ambigut paradoxale, en ce sens que tout le monde oupresque ( gauche) est aujourdhui keynsien : la relance de la demandeapparat comme une rponse immdiate la crise, et laugmentation dessalaires et des minima sociaux est une sorte de dnominateur commun.Le retour au capitalisme rgul est pourtant hors datteinte. Pour des raisonsconomiques dabord: labsence de coordination des plans de relanceeuropens montre que ce sera chacun pour soi. La crise va tre le prtexte dunblocage salarial accentu, dans lespoir de soutenir lactivit par unecomptitivit accrue. Toutes les tares constitutives de lEurope nolibrale sontmises nu : pas de politique de change, pas de budget, et interdiction faite laBanque centrale europenne dmettre des emprunts. Lampleur actuelle ou

    venir des dficits budgtaires va poser des problmes de financement des tatset creuser les diffrentiels de taux dintrt entre les pays.Mais, fondamentalement, la question est politique: il faudrait, pour re-rguler le capitalisme, un degr daffrontement que les re-rgulationnistes nesont pas prts envisager. Prenons un exemple concret emprunt au contre-plan du PS qui propose la fois daugmenter le Smic et de baisser la TVA.Comment ne pas voir que la combinaison de ces deux mesures est une sortedencouragement au vice? Les entreprises prendraient videmment prtexte dela hausse de leur cot salarial pour ne pas rpercuter la baisse de TVA dansleur prix, de manire conserver leur taux de marge. La seule manire pourquil en soit autrement serait de contrler le comportement des entreprises. Lemme raisonnement vaut pour les aides apportes aux banques et, de maniregnrale, pour tous les plans de relance. Ces derniers risquent bien de ne pasfonctionner, mais une chose est sre en tout cas: aucun plan de ce genre ne

    peut spontanment imposer de nouvelles rgles de

    fonctionnement au capitalisme: ni les 50milliards duPS, ni les 100milliards du PG ne peuvent suffire contourner lobstacle.Tout le monde, ou presque, saccorde aussi pourdire que la question du partage des richesses estcentrale. Mais, pour certains, ce mot dordre serait sous-dimensionn et sopposerait la matrise desconditions de leur production. Franois Chesnaisinvoque la Critique du programme de Gotha, o Marxexplique que cest une erreur de faire tant de cas de cequon nomme partage parce que la rpartition desobjets nest que la consquence de la manire dont sont

    distribues les conditions de la production elle-

    mme(1). Comment avancer des rponses immdiates la crise tout enouvrant une perspective alternative? Toute la question est de construire desmdiations entre ces deux objectifs plutt que de les opposer lun lautre.

    Cest autour dune perspective de contrle dmocratique que lon peut jeter unpont entre mesures durgence et projet alternatif. Elle tablit une claire ligne departage entre renflouement et dpassement du capitalisme. Cela signifie dabordcontrle sur lusage de largent public inject dans les banques et sur lesmouvements de capitaux. Ensuite, contrle sur lemploi dans les entreprises:interdiction des licenciements et partage du travail. Enfin, contrle sur le partagedes richesses: salaires et budgets sociaux contre dividendes et rentes dtat.Les choses sont alors plus claires puisquil sagit de pistes que se refusent emprunter les libraux au pouvoir, videmment, mais aussi les sociaux-libraux.Cela permet aussi de mieux dfinir les formes de revendications mettre enavant, par exemple droit de veto sur les licenciements, sur les dividendes et lesaides publiques. Si un contrle des travailleurs stablit sur le partage desrichesses, il ne sarrtera pas l et posera invitablement la question desconditions de la production elle-mme. Si mouvement social il y a, il sauracombiner dialectiquement ces deux cibles.(1) http://tinyurl.com/fcnpa

    Commentavancer des

    rponses

    immdiates la

    crise tout en

    ouvrant une

    perspective

    alternative ?

    Pour un contrle

    dmocratique

    JULIEN/AFP

    ROBINE/AFP

    Une prise de contrleprogramme du mdico-social

    Les gnralistes ne veulent pas sinstallerdans des dserts mdicaux

    1 2 f v r i e r 2 0 0 9 I P O L I T I S I

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    POLITIQUE

    EXTRME GAUCHE Le Nouveau Parti anticapitaliste a officiellement vu le jour le week-end dernier la Plaine-

    Saint-Denis aprs quatre jours de congrs. Son premier dbat a port sur la question des alliances.

    Le NPA en a dj ras le front de gauche

    De gauche droite : Myriam Duboz, Pierre Baton, Myriam Martin et Olivier Besancenot lors de la confrence de presse finale. SOUDAIS

    semaines, en effet, le Parti commu-niste et le Parti de gauche exhor-tent le NPA rejoindre leur frontde gauchepour changer lEurope .Il sagit de rejouer le rassemblementqui avait prvalu lors de la bataillepour le non au trait constitu-tionnel europen de 2005. Et cestbien sur cette question des alliancesquelevotedesdlgusduNPAtaitattendu puisquelle engage lavenirde la gauche de gauche. Ce premier

    acte politique du NPA sest droulen trois temps.Premier acte jeudi, lors du XVIIIe etdernier congrsde la LCR. Cent cin-quante dlgus enterrent leur parti.Mais la Ligue bouge encore. Toutaulong de la matine, les reprsentantsde la plateforme A, majoritaire la

    directionnationaledelaLigue,etceuxde la B , du courant minoritaireUnir, qui milite en faveur du front degauche, changent arguments et

    contre-argumentssur ce sujet. Tousappellent dpasser laLCR . Maispour la plate-forme B, leNPA ne peut se

    satisfaire dtreadoss au seul

    courant politique national quareprsent la LCR . Il nest plustemps de discuter des conditions dedissolution de la Ligue, cest doncsur la stratgie quelle impulse auNPA que porte laffrontement.

    Les deux camps divergent mme su lambiance de cette dissolutionDe la tribune, Christian Picquet, leporte-parole dUnir, la juge morose . Il dnonce un dbat la sauvette , unelogiquede repli et descalculsboutiquiersqui neveulent pas savouer comme tels . Lacharge est virulente et les ractionspasmoins. Nousdevrionstousnourjouir, estime Sandra Demarck. On

    garde le meilleur de la LCR, et je ne

    suis pas sre que ce soit le couranUnir. Figure montante de la LCRces dernires annes, Pierre-FranoiGrond considre dsute la tactiqueduncarteldesgauchesetforceletrait Ilexiste aujourdhui dans lasocitdesplesderadicalitquifontquelemthodesdavantnesontplus valides

    Les650dlgusducongrsdefondation du NPA reprsen-tant quelque 9 100 militantsont tranch. Lappellation

    Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) la finalement emport audtriment de Parti anticapitalisteet rvolutionnaire , avec 219 voixcontre 213. Le mot nouveau apos problme. Mais, comme lontsuggr certains, personne nestonne que pont Neuf dsigne

    le plus vieux pont de Paris.Lesdlgusontgalementchoisileursstatuts, leurs orientations et leursmodesdefonctionnement.Cestpour-tant la question de la stratgie auxlectionseuropennesdejuinquiatle vritable fil conducteur politiquede ces quatre jours. Depuis quelques

    Besancenot

    dfend un front

    durable

    clairement

    indpendant

    du PS.

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    Et je me demande, Christian, com-ment nous pouvons encore discuterensemblesi tu dis que leNPA est unesecte rvolutionnaire. Le deuximeacte,peinemoinsrude,

    sest jou samedi matin. Vendredi, louverture du congrs de fondationduNPA,lambiancetaitpluslgre.La brve sance plnire du matin atout juste permis Olivier Besance-not de prendre la parole, seul. Sanscontradicteur. Dans un discours quitenait plus de la harangue de mee-ting que du propos de congrs, lini-tiateur du NPA livre sa pense sur laquestion:ilnest pasdaccordpour un bon coup lectoral auxeuropennesetdfend un front durable , clai-rementindpendantduPS.La commission spciale-

    ment consacre cettequestion stratgique,samedi matin, enregistreune belle affluence. Deuxtextescontradictoiressontendbat.Avantmmequeladiscussionnecommence,un dlgu suggre qu ilfaudraitdescamionsduSamulasor-tie de la salle de dbat parce que ava chauffer . Il ne faut pas quonscharpe,sinquiteunautre. tort.Car les soixante dlgus qui pren-nent la parole nlvent pas la voix.Maislesargumentationssontfroces.

    Samuel Joshua dfend le texte pro-pos par la direction provisoire duNPA,enpleinaccordaveccelledefeulaLCR:Ouilunit,maislunitdans les luttes. Une alliance lecto-rale, cest des compromis. Mais cesttoujoursnousquondemandedelesfaire. Quels sont les compromis duPCetdeMlenchon?Luietlespar-tisansdelaligneidentitairenerefu-sent pas lunit, condition quellese fasse dansla clart, etlacondi-tionnent leurs exigences. La prin-cipaledentreellessoumettoutaccordlectorallengagementauseind unfront durable , cest--dire valable

    aussipourleslectionsrgionales,ole PC sallie traditionnellement aveclePS.Onconnatlecoup.Lesannes

    paires,ils veulentsallier avecle NPA.Etlesannesimpaires,ilssallientavecle PS. Nous en avons soup de a ,sexaspre Joshua. Non sans char-ger la barque de nouveaux clivages : Interdire les licenciements ou syopposer, ce nest pas la mme chose,assne-t-il. Demmepourlasortiedunuclaire : le PC est contre. Nous

    pour. Autantdedivergencesviteper-ues par des dlgus comme insur-montables. Venue de Cherbourg,

    Rgine, lune dentre eux, enfonce le

    clou : Comment faire une allianceavecdestratreslaclasseouvrire?Mme vingt, les partisans du texteen faveur de lunit nont pas la par-tiefacilepourtenterdeconvaincreen

    douceurlesnouveauxmilitants,dontbeaucoupneviennentpasdelaLCR.Toutlemondenousregarde,insisteCatherine Jouanneau. De ce congrsdoit sortir un appel clair au PC et auPG afin que le NPA gagne encore en

    pouvoirdattraction. Faire un accorddurable, cela suppose de commen-cer un jour. Ne subordonnons pasles alliances aux europennes desaccords aux autres lections.

    Le troisime acte sest joudimancheenassemblepl-nire. Avant de passer auvote, trois intervenants dechaque camp essaient de

    convaincrelesderniersind-cis. Sur la ligne Besancenot,Raoul Marc Jennar sex-clame : Personne na lemonopole de laspiration lunit. Oui lunit maissansambigutni alatoire.Quelquesjoursauparavant,

    dansunmailinterne,lemmemettaiten garde ses camarades contre le danger des pressions unitaires etles invitait ne pas sacrifier le pro-

    jet de socit [du NPA] au nom dununitarisme qui privilgie de manirequasiexclusivece champlectoralqui

    est le terrain classique du conserva-tisme . La majeure partie des dl-gus nont jamais eu connaissancede cet avertissement.Le texte quilsadoptent 76 % sepro-nonce pour un accord durable non limit aux europennes ; il nefermepaslaportedesallianceslec-torales maisles assortitde conditionstellesquele frontdegauche apeudechancedevoirlejour.Letextequiappelait le NPA y participer nob-tient que 16 % des voix. Ceux quidfendaient cette option sont car-ts. Ils nobtiennent que 13 repr-sentantsauseinduconseilpolitique

    national (CPN) de 191 membres,dont 45 % danciens de laLCR, luensuite. Catherine Jouanneau et lestrois animateurs dUnir, ChristianPiquet,Francis Sitel et AlainFaradji,ny sigeront pas. Ces derniersdnoncent le refus du droit pourlasensibiliteuropenne dtre repr-sente la proportionnelle etaccu-sent uneprocdureexpditive,vo-quant les pires pratiques ayantlongtemps eu cours au sein dune

    partie de la gauche .Des mots qui sonnent comme unerupture.

    Jean-Baptiste Quiot

    45 %des lus au

    conseil

    politiquenational du

    NPA sont des

    anciens de la

    LCR.

    Lcologie politique est menace de disparition coince

    entre une droite Grenello-compatible et des Verts rallis

    Dany-le vert mtamorphos en Dany-lorange.

    La gauche radicale est aussi menace de disparition,

    comme le note Jean-Luc Mlenchon, en raison de lalignement

    du Parti socialiste sur lidologie des nouveaux dmocrates .

    Nous qui ne voulons ni dune troisime gauche socialo-librale

    ni dune troisime voie colo-librale, nous devons nous unir.

    Les milieux de la dcroissance et de lantiproductivisme lancent

    depuis Lyon un appel solennel au front de gauche et au NPA.

    Les Objecteurs de croissance sont prts prendre toute

    leur place au sein de cette convergence pour dire non

    lEurope librale et productiviste, et pour avancer

    vers un projet assumant la fois les contraintes

    environnementales, la justice sociale et la lutte contrela socit du mpris.

    Cette crise peut tre loccasion historique de rappeler quelenjeu nest pas de relancer la machine pour faire grossir

    le gteau mais den changer la recette. Nous nous flicitons

    de lappel du Parti de gauche remettre en cause le nuclaire.

    Nous revendiquons avant tout une dcroissance

    des ingalits sociales en mettant en dbat lide

    dun revenu minimum garanti europen coupl

    un revenu maximal. Nous voulons faire

    du rseau international des Villes lentes

    et de Slow Food les exemples dune politique

    de relocalisation et de rappropriation

    de nos vies. Il est possible de rendre

    notre projet dsirable par le plus grand nombre.Si aucun accord national nest possible

    entre le NPA et le front de gauche,

    les objecteurs de croissance ainsi que

    les rseaux antiproductivistes

    et anticonsumristes, qui dbattent

    depuis des semaines avec les uns

    et les autres dans la perspective dune participation

    aux lections europennes, appellent faire rgionalement exception.

    La rgion Rhne-Alpes peut devenir pour des raisons historiquesun lieu dexprimentations politiques de cette gauche radicale

    qui assume pleinement la remise en cause des modles croissancistes

    et productivistes. Nous proposons de rserver une tte de liste

    rgionale un objecteur de croissance afin de tmoigner

    que la gauche en a fini avec son passif productiviste et permettre

    ainsi ce mariage si difficile entre les questions cologiqueset sociales. Les objecteurs de croissance font cette proposition

    parce quils sont justement convaincus que la dcroissance

    nest pas la petite grenouille qui aurait vocation devenir

    aussi grosse que le buf, parce quils savent que les questions

    quils posent sont incontournables pour reconstruire

    une alternative. Aux partis de gauche de prouver quils prennent

    au srieux la question cologique et que, face au capitalisme vert ,

    ils ont vraiment du neuf construire. Les Objecteurs de croissance

    veulent croire en cette convergence possible.

    Nous devrons autrement en tirer les leons et travailleravec tous les antiproductivistes pour nous doter

    dun outil politique capable de porter notre projet.

    *Vincent Cheynet et Paul Aris sont objecteurs de croissance, au front de gauche et au NPA.

    Un objecteur decroissance tte de liste

    VINCENT CHEYNET ET PAUL ARIS*Rdacteur en chef de la Dcroissance.

    Directeur de la rdaction du Sarkophage.

    1 2 f v r i e r 2 0 0 9 I P O L I T I S I

    Les milieux de la

    dcroissance et de

    lantiproductivisme

    lancent un appel

    solennel

    au front de gaucheet au NPA.

    POLITIQUE T R I B U N E

  • 8/14/2019 Pol It is 1

    12/36

    GAUCHE La Fdration a tenu son premier rassemblement festif ce week-end.

    Elle a aussi arrt un calendrier et prcis sa position pour les europennes.

    En qute de convergencesL

    a toute jeune Fdration pourune alternative sociale et co-logique en avait fait un test.Prs de 800 personnes ont

    assist sonpremier meeting natio-nal, le 6 fvrier, Montreuil (Seine-Saint-Denis).Une soire plusfestiveque politique, o les chansons etprisesde parole se sontsuccddansun brouhaha limage de la diver-sit que veut incarner ce rassemble-ment compos dau moins huit cou-

    rants antilibraux.Pari russi, donc,pour les organisateurs, qui avaientaussi programmune journe de tra-vail, le lendemain, Saint-Denis.Cette runion, laquelle ont parti-cip 250 personnes, a constat quela Fdration existe dj dans25 dpartements. Elle a aussi arrtun calendrier de travaildestin fairemerger un projetcommun toutesses composantes (Alternatifs,Com-munistesunitaires, cologistes radi-caux, collectifs antilibraux) dici uneassemble gnrale en dcem-bre. Ce travail de fond, inscrit dans

    la dure, est la marque de fabrique

    Avec toutes les forces de la gauche de gauche .PATRICE LECLERC/PHOTOTHQUE DU MOUVEMENT SOCIAL

    M.

    SOUDAIS

    de ce regroupement qui veut inven-terun nouveaurapport la politique.Bien que la dmarche de la Fd-ration excde de loin la seule ques-tion lectorale, elle nen considrepas moins l chance de

    juin 2009 comme un enjeu poli-tique majeur, affirme une desrso-lutions adoptes samedi. Dcide uvrer pour la constitution delistes unitaires de toute la gauche

    de gauche ds son lancement lami-dcembre, la Fdration sy fli-cite notammentdu lancementpar lePCF etle PGdun front de gauche

    pour changer lEurope oudusou-tien commun de dix organisationsdegauche aumouvement du 29 jan-vier, estimant quil renforce la pres-sionen faveur dune convergence detoute la gauche de gauche en juin

    prochain .Elle dplore toutefois que jusqu

    prsent il nexiste aucun cadre uni-taire pour colaborer la dmarche,les contenus et les listes, alors que

    sont prises des initiatives qui

    esquissent dj ou prfigurent lesgrands traits dune campagne . Enrponse aux exigences du NPA, le

    texte se prononcepour un ras-semblementpoli-tique durabledans les luttes etdans les urnes ,y compris auxrgionales. Mais

    refuse de faire de laccord surcette perspectiveune condition

    pralable un front lectoral auxeuropennes .Enfin, elle propose la tenue de ru-nions nationale et locales avectoutes les forces de la gauche de

    gauche prtes converger auxeuropennes et consultera ses col-lectifs locaux et ses composantespour arrter, dans les semaines venir, une position quelle espre partage pour cette campagne.

    _Michel Soudais

    Unit et diversit Frontignan

    Comme reprsentantsde lAppel dePolitis,nousavionst invits ouvrir, jeudi5fvrier,le meeting de Frontignan(Hrault). Cest bienvolontiersque nousavons rpondu cetteinvitation,parcequeles conditionsde lapluslargeunit nousont sembl runies.Devantprs de1500personnesenthousiastes,toutes lescomposantes dune vraie gauche detransformation socialeet cologiste ont

    prisla parole, avecFrancis Wurtz(PCF) etJean-LucMlenchon (PG), lesAlternatifs,les CUAL,le MRCet leMPEP. Chacun, safaon, a affirmsa volont duvrer pourdeslistesunitaires aux europennesde juinprochain. Jean-LucMlenchon a appellensemblede cesorganisations renforcerun frontde gauche. Seul manquait latribune le NPA, dontun reprsentantducourant minoritaire Unira lu unedclaration.Au total, un premier meetingquipeut avoir valeur dexemple pourdeslistes unitaireset respectueuses de ladiversit.

    Denis Sieffert

    12 I P O L I T I S I 1 2 fvr ier 2009

    POLITIQUE

    P C F

    Ne plus attendreLe conseil nationaldu PCF, runi samedi,a dciddacclrerla mise enroutede lacampagnedes lections europennes.Ilny a plus de temps perdrepour

    enclencherunedynamique semblable

    cellede 2005, a dclar Marie-GeorgeBuffet en conclusion des travaux.Cettedcision,annonceleweek-endoleNPAtenait soncongrs fondateur,taitvidemment un messageadress laformationdextrmegauche.Comme lersume lHumanit(9fvrier), lePCFmesure ledanger quily aurait laisser

    prendre duretard la campagnedu front

    degauche,danslattente hypothtique

    quOlivierBesancenot lveles ambiguts

    deson refusnon avou.Maiscetteacclration viseaussi prcipiter lesdcisions de toutes les formations ou

    groupes politiques qui rserventencoreleur dcision.

    M O D E M

    Changement en trompe-lilSans surprise,Franois Bayrou, quiaprsentlesttesdelisteduMoDemauxeuropennes,dimanche, privilgielessortants.Lobjectif, expliqueJean-MarieVanlerenberghe, responsable du groupe detravail sur la prparation des europennesestdeprsenterune quipecrdiblequi

    puisseporter le changement enFranceet

    enEurope.supposer queJean-FranoisKahn,undesdeuxnouveauxdanslecasting,soitcrdible, on peine croire

    queSylvie Goulard,prsidente duMouvement europenFranceet ancienneconseillredeRomanoProdilaCommission europenne, portelechangement.

    N P A

    Indpendance afficheParmi les nombreuses dlgationspolitiques venues saluer la naissance duNPA,Alain Krivineet Olivier Besancenotnont pas manqu de saluer, chacun leurtour, la secrtaire nationale du PS,MarianneLouis(photo).Maisilsontveill ne pas safficher ostensiblement avec

    cette ex-secrtaire fdralede lEssonnedevantlescamras.

    La dmarche

    de la Fdration

    excde de loin la

    seule question

    lectorale.

  • 8/14/2019 Pol It is 1

    13/361 2 f v r i e r 2 0 0 9 I P O L I T I S I

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    14/36

    la Croix-Rouge (CICR) nont acc lOsstie. Chaque nuit, retentissendes coups de feu et se poursuivent desrglements de compte : les humanitaires ont pour consigne absolue dequitter la zone frontire ds 16 heurepour ne pas tre victimes des nom-breux incidents.La tlvision et la plupart des journaux entretiennent le mythe dune attaque russe imminente (possible maismaintenant inutile) et le mythe duneintervention (hautement improbable

    de lEurope et de lOtan pour protger le pays dune nouvelle invasionCe qui vite au prsident gorgienSaakachvili que soient poses desquestions sur sa responsabilit dansun conflit o les Gorgiens, tort ou raison, ont tir les premiers exasprs par quinze ans de harclement. Consquence : le pays senfonce dans une crise conomique qufait bondir le chmage et a entranpar exemple, la vente de Poti, legrand port du pays, lArabie Saoudite.

    La privatisationen Gorgie,

    ycompris celle deshpitaux, creune nouvelleclasse de profiteurs. SalomZourachbivili, qufut successivement ambassadrice de France

    Tbilissi puis ministre des Affairestrangres de Gorgie, avant de diriger lopposition, explique : Ce gou-vernement est prt tout vendre tout le monde, y compris aux Russeset en pleine guerre ; ainsi, la distri-

    bution des eaux de Tbilissi, projet sulequel, pourtant, la firme franaiseVeolia tait sur les rangs depuis long-temps, a t attribue la RussieTout est mis en vente condition queles intrts personnels de quelquesuns soient satisfaits. Cest la pour-suite du systme qui existait sous la

    prsidence de Chevardnadze. Tousces appels doffres sont mens dansla plus grande opacit. Le grandmatre de ces privatisations est loli-

    garque russo-gorgien Bendoukidze,qui, au nom de lultralibralisme, avendu les principales richesses du

    pays : les ressources hydrauliques, les14 I P O L I T I S I 1 2 f v r i e r 2 0 0 9

    MONDE

    GORGIE Cinq mois aprs le conflit avec la Russie, retour dans cette rpublique du Caucase. Et retour aussi

    sur quelques contre-vrits mdiatiques. Reportage de Claude-Marie Vadrot.

    Limpossible neutralit

    imputables, daprs les rcits, desmilices osstes et cosaques qu lar-me russe, contrairement ce qui at dit et crit lpoque.En ralit, les haines sont plus en-tretenues que relles : Osstes etGorgiens continuent se frquenteren franchissant clandestinement la li-mite sparant la Gorgie de sa pro-vince perdue. Prs de la capitale os-ste, dlabre depuis quinze ans, ensuivant les clandestins que des sol-dats russes font semblant dignorer

    pourvu quils acquittent un droit depassage, on constate quils continuentde commercer, les Osstes achetantaux Gorgiens de la viande et des l-gumes, denres rares dans le territoireoccup et beaucoup plus chres.Les uns et les autres assurent negure prouver de rancune,conscients davoir t utiliss parleurs gouvernements. La plupartsont de petits paysans survivant surdes cultures vivrires. Les Osstesracontent que le ressentiment estplus fort dans la capitale, Tskhin-vali, parce que la cohabitation avec

    les Russes et les destructions causes

    par les bombardements gorgienschangent la donne. La prsence russecrot rapidement : des milliers defonctionnaires et de plus en plus demilitaires. Les citadins osstes fuientvers le Nord, avec les passeportsrusses distribus. Il en reste environtrente mille. Dans les annes 1990,ils taient une centaine de milliers.Le blocus de la province reste total,les Russes occupant des villages gor-giens dont Bernard Kouchner et Ni-colas Sarkozy avaient obtenu

    lvacuation dans les deux accordsvants dans le monde entier en sep-tembre 2008. Les Russes agissent leur guise et rappellent avec leurstroupes quils restent matres du jeu.Ainsi, la route menant au village dePrvi est toujours bloque par lesblinds et les forces spciales, ce quiinterdit aux Gorgiens de retournerchez eux. LOrganisation pour la s-curit et la coopration en Europe(OSCE) a t prie de dguerpir, etles observateurs europens sont im-puissants contrler les mouvementsdes Russes ou des milices. Ni les

    ONG ni le Comit international de

    Devant les observateurs europens impuissants, les troupes russes poursuivent le blocage de nombreuxvillages gorgiens. CLAUDE-MARIE VADROT

    Cest lhistoire de deux rpu-bliques autonomes du Cau-case,lOsstieduSud(70000habitants) et lAbkhazie

    (80 000 habitants), convoites lafois par la Gorgie, indpendantedepuislimplosiondelURSS,etparla Russie. La guerre clair du moisdaot dernier a permis la Russiedereprendrelecontrledesdeuxter-ritoires, aux dpens de la Gorgie,quilesavaitabsorbsaumomentdesa propre indpendance, en 1991.

    En coutant les villageois des zonesaffectes par la guerre de lt 2008,les citadins de Tbilissi (capitale de laGorgie),lesrfugisoulesGorgiensvivant encore et mal dans le sud-est de lAbkhazie, on comprend quelaGorgievitundrlededrame.Ilnedate pas dhier, la Russie tentantdepuis 1991 de grignoter ces deuxpetites rpubliques. Le conflit a jetsurlesroutes130000personnes,dont35 000, expulses dOsstie du Sud,quinerentrerontjamaischezelles,lesautres rintgrant progressivementleursvillagesetrparantlesdgtssur

    leurs maisons. Des destructions plus

    Le conflit a jet

    sur les routes

    130 000 personnes,

    dont 35 000

    dOsstie du Sud,

    qui ne rentreront

    jamais chez elles.

  • 8/14/2019 Pol It is 1

    15/36

    terminaux portuaires, les systmes dedistribution nergtiques, les systmesde communication, les forts, lesmines dor Et ce sans aucunecondition de tarifs, ni de protection

    du droit du travail, ni cologique,et donc sans se soucier des intrtsdu pays ou de sa population. Rappelant la Gorgie et lOccidentquelle entend contrler le passage deloloduc et du gazoduc transportantles produits ptroliers vers lEurope,menaant le projet de nouveau ga-zoduc (Nabucco) et le raccordementdune voie de fer qui relierait lEu-rope lAsie centrale travers le payspuis par un ferry traversant la merCaspienne vers le Turkmnistan , laRussie a atteint son objectif essentiel :effrayer les investisseurs. Elle y estdautant mieux parvenue que, mme

    si le conflit fut brutal, des mdiasfranais, appuys par Bernard-HenriLvy, ont exagr les destructions. Gori, l ou se dresse toujours lim-mense statue de Staline, ville prsen-te comme feu et sang , seulsdeux immeubles ont t touchs, toutle reste de la ville tant intact. Il estvrifi que le philosophe-journalisteny a jamais mis les pieds.Une incursion dans le sud de lAb-khazie permet de constater une pr-sence militaire russe importante etmontre une population gorgiennelaisse labandon. Difficile de par-

    ler de chmage car le travail a dis-paru. Les plantations de th ont laissplace des friches. Les maisons et lesinfrastructures endommages par leconflit de 1994 ont t laisses enltat. La province, administre pardes Russes, est livre des mafias vi-vant du racket. Le dsespoir sestabattu sur la province, souvent pri-ve deau et dlectricit, o ne sub-siste quune activit : la rfection dela ville de Soukhoumi, sur la merNoire, o seront accueillis de richestouristes russes ou trangers. No-tamment ceux qui assisteront aux

    Jeux olympiques dhiver de 2014, at-

    tribus la Russie. Celle-ci contrlela rgion pour scuriser ces jeux menacs par les Caucasiens , etlAbkhazie accueillera 60 000 tra-vailleurs chinois pour construire lesinstallations olympiques pour des sa-laires misrables. Les Abkhazes, quine reprsentaient que 20 % de la po-pulation, dsertent la province.Et dans une Gorgie en perdition co-nomique, qui augmente ses dpensesmilitaires, nul ncoute la petite op-position de gauche, qui explique quela meilleure solution serait quele paysaffirme enfin sa neutralit.

    _Claude-Marie Vadrot

    1 2 f v r i e r 2 0 0 9 I P O L I T I S I

    HUMANITAIRE Avec le gouvernement gorgien, des organisations aident

    les rfugis tout en limitant les mfaits environnementaux du conflit.

    Reconstruire sans dtruireE

    n une quinzaine dannes, laGorgieadaccueillirprsde300 000 rfugis, soit9 % desapopulation,surunterritoire

    rduit de 12 500 kilomtres carrsaprs la dclaration dindpendancede lAbkhazie et de lOsstie du Sud,quinesontreconnuesqueparlaRus-sie et le Nicaragua. La question des260 000 rfugis de la guerre enAbkhazie, en 1992 et 1993, nest pasencore rgle de faon satisfaisantepour ces Gorgiens qui ne retourne-

    rontprobablementpaspluschezeuxque les 35 000 expulss dOsstie duSud. Le pays, affaibli par la guerre,

    une grave criseconomique etune brutale ges-tion nolibrale que ne peuventrquilibrer lamultiplicationdesjardins familiauxou la vente decigarettes et decassettes dans les

    rues , ressent durementle poids des

    nouveaux arrivants sans travail niargent, et la reconstruction des mai-sons paysannes dtruites.Le gouvernement gorgien, le HautComitpourlesrfugis(HCR)etuneONG franaise, Premire Urgence,sefforcent pour une fois de trouverdessolutionsplus cologiques et sur-tout conomiquement plus satisfai-santes pour aider des rfugis. LEu-rope et les Nations unies ont fourniun effort financier exceptionnel. Lesnouveaux rfugis ce quiprovoquedesfrustrations chez lesprcdents

    Du bois de chauffage durable est livr aux rfugis. CLAUDE-MARIE VADROT

    Ds le printemps,

    toutes les familles

    vont bnficier

    dun jardin de

    plusieurs

    centaines de

    mtres carrs.

    ont bnfici depuis le dbut de lhi-

    ver de maisons prfabriques dotesdun confort minimum. Innovationintressante:dsleprintemps,toutesles familles, selon un plan tabli parle HCR et Premire Urgence, vontbnficierdunjardindeplusieurscen-taines de mtres carrs, 5 000 pourceux qui voudront en tirer un petitrevenu,pourlesquelsilsrecevrontdesoutilsetdessemences.Cequileurper-mettra de produire un minimum denourriture ds lt prochain, et dese sentir moins assists. Un pro-gramme a dj t expriment en

    Abkhazie pour les Gorgiens rests

    dans la province mais privs daccsau travail, quasiment inexistant.Pour les gens qui ont regagn leursvillages et leurs maisons dtruites, etquinontrienpurcolterenraisondeleur exode, Premire Urgence a ima-ginunprogrammequiconsiste,outreles livraisons en nourriture du HCRpour passer lhiver, de livrer rguli-rement du bois de chauffage achet des entreprises dment certifiespour le caractre durable de leursexploitations.Ces livraisonsrgulirespermettent dviter des dgts co-logiques irrparables, notammentlrosion, en cartant la menace qui

    guette les zones touches par unconflit : que les arbres des vergers etdesraresbosquetsdelargionsoientcoups nimporte comment.Pour les mmes raisons, les ONGet le HCR, avec la participation dugouvernement gorgien, livrent dubois duvre,qui permet de rparerles maisons ayant t souffles pardes explosions ou incendies.Deuxexemplesqui,silstaientimi-ts dans les zones touches par desguerres, pourraient y limiter lesmfaits cologiques long terme.

    _C.-M. V.

    MONDE

    Salom Zourachbivili, leader de lopposi-tion, nous livre sa vision de lavenir face lindpendancedelOsstieduSudetdelAbkhazie : Il ny aura aucune perspec-tive politique tant que le gouvernement deSaakachviliseraenplace,carilapuistoutepossibilitdedialogue,decrdibilit.Cegou-vernement na plus quune issue, cest demaintenir cette situation de quasi-guerrepourlaisserlapopulationsouspression;avecle risqueque cela tourne unvraiconflit. Ilcherchedetoutevidenceleprtexte,comme

    lorsque le Prsident a emmen son homo-logue polonaisvers Akhalgori, sachantquelesrisquesdunincidenttaienttrslevs.De mme, la hte mise signer un accordstratgique avec les tats-Unis, avec uneadministration sortante, etalors mmequelesRussesoccupentencoredesvillagessurterritoirepropregorgien,signifiebienquele pouvoir gorgien trouve intrt provo-querdes ractions russes.

    _Propos recueillis

    par Claude-Marie Vadrot

    Une situation de quasi-guerre

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    16/3616 I P O L I T I S I 1 2 f v r i e r 2 0 0 9

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    17/361 2 fvr ier 2009 I P O L I T I S I

    LES CHOS

    DOLIVIER BRISSONe n 2 m o t

    s

    6,5 m i l l i a rd s d e u ro sCest le montant du prt consenti aux constructeurs

    automobiles Renault et PSA Peugeot en change de la

    prennit des sites dassemblage automobile. Nicolas

    Sarkozy a renonc exiger la relocalisation en France de

    certaines chanes de montage. Et il na rien impos en

    termes de versement de dividendes et de bonus.

    Nos banques, bnficiaires, ont reu un

    prt gouvernemental de 21 milliards

    deuros, qualifi de marginal. Parce

    quil amliore leur marge?La sant, a rapporte

    Un rapport de lInspection gnraledes affairessociales(igas) pingle svrementlesmdecinset chirurgiens librauxquiexercentdansles hpitauxpublics.Lespraticiens quiofficient envilleou encliniquesontles mieuxpays:le revenu dactivitannuelmoyendclaraux impts parles radiologues atteint 168000euros, 155000pour leschirurgiens.Etle rapport delIgas relvedes cartsde rmunrationallant de1 10 dansles hpitauxpublics, lactivit prive expliquant de tellesdiffrences. Letout,danslopacit.On attendencorela ractionde la ministrede la Sant,RoselyneBachelot

    Un procs inadmissibleLounis Ibadioune, militant communistedu XVIIIearrondissement, estconvoqudevantle tribunalde proximitde larue Cambrai le 18fvrier. Lesfaits quilui sont reprochsremontentau 4fvrier2007. Alorsquil vend lHumanitdimanchesurle marchDejean,quatre policierslinterpellentet le verbalisent.la cl,uneamende de172euros pourventedemarchandisesdansun lieupublic sansautorisation.lheureo la distribution desgratuits surla voiepubliquebnficiedunelibertabsolue,serait-ilinterditde diffuserdesjournauxdopinionbnvolement? Le procsfait LounisIbadiouneest inadmissible. Desmilliersde personnesontdj signla

    ptitionde lHumanit. linitiativedu prsidentde songroupe communiste, le ConseildeParisaadopt(lunanimit!)unvudemandantauprfetdepolicedemettrefin ces interpellations. Cest bienle moins.

    Les pressions dArevaTensionsdans lescoulisses de lmissionPices convictions (France3).Letitrede lmission du 11fvrier,Uranium:le scandalede la France contamine, aaffolAreva. Legant dunuclaireafonc bille en ttevers uneprocdurepourempcher la diffusionde ce brlot,

    sur lafoi dunedpchede lAFPqui voquaitla thsedu scandalede laFrancecontaminepar lesdchetsradioactifs,rsidusdesminesduranium, raconte unejournalistede Tlrama(numro du3 fvrier). Arevaa saisi, rien demoins, leCSA,quina pasle pouvoir heureusement! dejouerle rle de censeur. EtAnneLauvergeon,PDG du groupe,avait dclinlinvitationsur le plateaude lmission.Or, lerdacteur enchefde celle-ci,Lionelde Coninck,a rfut lesinformationsdela dpcheAFP.Rien de bienmchant ntaitprvuau programme. Au contraire, lepropos voulait rassurer. Nous, nousne le sommespas

    ENTENDUIlfallaitlesecrtairegnraldeladeuximeconfdrationsyndicaledeFrancepouravouercela.FranoisChrquenecomprendpas ce quefaitle

    gouvernement.IlladitmardisurFranceInter: Ily a une perte desens.

    Ainsi,lepatrondelaCFDT

    trouvaittrsbien

    larformedautonomiedesuniversits,qui avait dusens,puisilyalessuppressionsdepostesetonne voitpluso le

    gouvernement veutaller.Pourcomprendreque, dansunepolitiquenolibrale,lautonomiedes universitsprpareleurprivatisation,il suffit pourtantdunpeudebonsens.

    LUEn2003,alorsquelaguerreenIraktaitimminente,leFinancial Times

    reconnaissaitdanslemouvementaltermondialistelaseulealternativeauprojetdeBushpourlaplante.Lasemainedernire,cestTheEconomist,autreinstitutionanglo-saxonne,quirendunemaniredhommageauForumsocialmondialdeBelmdansunlongcompterendu:Chercapitalistes,

    reconnaissezquevousvoustestromps(Dearcapitalists,admityougotitwrong,5fvrier2009).Silhebdomadairelibralbrocardece jamboreedONG,danticapitalistes,

    dintellectuels degauche, de

    bohmesetdvquestropbigarrpoursonaustreconceptiondumonde,illuireconnatuneinhabituelleunitetdessolutionssduisantesfacelacrisedusystmefinancier

    l e c h i f f r e

    ic i

    l-bas

    DR

    mondial:rtablissementducontrledesmouvementsdecapitauxinternationaux,rformedesagencesdenotation,bannissementdesproduitsfinanciersabjects(hedgefunds),etc.SolutionsqueTheEconomistjuge pluttplus intressantesquedeconsidrerlesfinancesetlamonnaiecommedes bienspublicsgrerdmocratiquement.Pointtropnenfaut

    Unesimpleimageenditparfoisbeaucouppluslongquenimportequeldiscours.Cestentoutcascequontdpenserlestlspectateursguadeloupensendcouvrantle1erfvriercetteahurissanteruniondupatronat insulaire,chauff blanc parla grve.Lintrussetrouveaudeuximerang,toutfaitdroite.CommelesoulignentlesIndignesdelaRpublique,quiontdnichceprcieuxdocument:ceuxquiontaccuslieDomotaetleLKP(LyannajKontPwofitasion)deracismevont devoir trouver autre chose,pourdisqualifier lesgrvistes.En attendant,pourquoi necommenceraient-ils pas balayerdevant leurporte?

    Italie : scission RifondazioneLagauche de (la)gaucheitalienneva mal. Elle avait pourtantmontr lexemple delamaturit, lorsdes lgislatives davrildernier, en construisantuneallianceentre sesquatre grandescomposantes (Verts,Gauche dmocratique,Rifondazione comunistaetPartides communistesitaliens), gauchedeslistesdu Partidmocrate(PD). Orcelui-cipassa la campagnelectorale attaquercettealliance, plutt que la droite, et

    appeler auvote utile.La loilectoraleacheva le dsastre: Berlusconi lu, la gauchede gauchemanqua dun cheveu les 4% ncessaires pourentrerau Parlement.Lalliance ne mit alorsque quelquessemaines imploser, et chaque partiretournasesquerellesinternes. Le congrsde Rifondazione,en juillet,montra le spectacledunpartidivis,avecun dueltrs personnalisentre NichiVendola,prsidentde la RgiondesPouilles,et lancien ministrede la Solidaritsocialedu gouvernementProdi, PaoloFerrero. Sileursmotionsrunirent chacune prs de49% desdlgus,onpeinait comprendre leuropposition politique.Finalement,en donnantdesgages auxpetitesmentionsdes trotskistes ou desorthodoxes nostalgiquesde lavant-1989,PaoloFerrerol emporta in extremissurunelignede fermeture. la rentre, rien nesemblaitpouvoir recoudrela plaie ouverte dans le parti.Aprsavoirlicenci le directeurdeLiberazione, le quotidiendu parti,prochede Vendola,le nouveau secrtaire gnralsemploya prendre le contrlede toutlappareil. Issue logique: les partisansdeVendolaont annonc,samedi31janvier,leur dcisionde ne pasrenouveler leurcarteen 2009et appellentau rassemblementdes formations,mouvements,associations. Undsirdunitqui commencedoncpar unescission.

    VU

    LABAN-MATTEI/AFP

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    18/36

    La pre

    En cause : une augmentati

    Mais aussi une trop gran

    DOSSIER MDIAS

    LES CANARDS SONT-ILSENCHANS ?

    O

    n a beau tre critique envers les mdias , on ne

    saurait se rjouir des difficults dune presse

    confronte aujourdhui une crise qui met en prilplusieurs titres. Un journal qui disparat, cest

    toujours une dfaite de la dmocratie. Or, si les

    grands titres de notre presse quotidienne survivent encore, cest

    peu dire quils vacillent. Une baisse de lordre de 4,4 % en valeur

    est attendue pour le bilan de 2008, selon les Nouvelles

    Messageries de la presse parisienne. De licenciements en dparts

    volontaires, cest linformation qui perd en richesse et en qualit.

    Nous nous penchons cette semaine sur les causes de cette crise.

    Il en est une qui concerne directement la relation entre le

    journaliste et son lecteur : la tendance luniformisation de

    linformation. On ne manque jamais de rappeler cet gard la

    distorsion caricaturale entre la presse et lopinion publique aumoment du rfrendum europen du 29 mai 2005. Dautres

    exemples pourraient tre donns. commencer par luniformit

    dun dogmatisme conomique dominante nolibrale. Mais on

    pourrait aussi voquer le traitement des vnements du Proche-

    Orient. Multiplicit des titres ne veut donc pas dire diversit.Mais cette uniformit nest pas le fruit du hasard. Cest laconsquence de lentre dans la presse dune oligarchiefinancire aux intrts homognes. Lagardre, Bouygues, Bollor,Arnault, Pinault possdent chacun un ou plusieurs titres. Lesautres causes de la crise sont plus aisment reconnues : crise de lapublicit, crise de la distribution, augmentation du prix du papier,apparition des gratuits. Lidologie nolibrale attaque la pressesur tous les fronts : par luniformit des ides, mais aussi par laprivatisation de services publics. Les diteurs de presse quingocient les tarifs avec La Poste nont plus aujourdhui en facedeux un service public , mais une entreprise soucieuse de sa

    rentabilit. La libralisation en cours remet ainsi en cause desaides indirectes. Ce qui revient traiter linformation comme unemarchandise comme une autre. Ce quelle ne devrait pas tre.

    Il faut sortir du panurgisme aux payants ! Cest prendre les gens poudes cons ! On a mme dit que les gratuitsontformidablesparcequenombredegenquinachetaientpasdejournauxpourraiense tourner vers les payants ! La vrit, ces

    quaveclegratuitonperdlhabitudedacheter. Cela dit, il y a un lment positif poula presse crite : si la pub scroule, les gratuits vont disparatre !Ce sont l des facteurs conomiquesIl existe un autre lment incontestable la crise : la responsabilit des patrons depresse,quinesontplusdesjournalistesmaisdesindustrielsquinyconnaissentrien,grenen fonction dune rentabilit conomiqueUn titre comme le Journal du dimanchedevrait avoir sa tte un vrai patron issude lapresse. Non, cest Hachette qui dicteL-dessussegreffelavolontdunprsidende la Rpublique obsd par la presse. On

    arriveuncontrledirectouindirectpresque

    Jean-Franois Kahn, fondateur de Marianne *, analyse les

    raisons de la crise. Il pointe les facteurs conomiques mais aussi

    la responsabilit des journalistes et des patrons de presse.

    Politis I Du contexte conomique auxcontraintes ditoriales, quel regardportez-vous sur la crise de la presse ?Jean-Franois KahnI Ellefrappetouslesquotidiens.Dansuneconomielibraleclas-sique, ils fermeraient tous. Il y a plusieursraisons cette situation. commencerparla crise conomique actuelle. Si le NouvelObservateur est dficitaire, cest li lef-fondrementdelapublicit.Lhabitudequontprise lesjournauxque leursrecettes dpen-dent de celle-ci, de 40 % 80 %, joue for-cment un rle. a marche tant que lco-nomie marche. Quand la pub dcline, tout

    scroule !18 I P O L I T I S I 12 fvr ier 2009

    Les journaux vivant de la pub nont pastravaillles ventes, qui ntaientplusessen-tielles.Ilsonttruqulesabonnements,gon-flantartificiellementladiffusionpouravoirde la rclame chre. partir du momentoilnyaplusdepub,chreoupas,lafaussediffusion ayant un cot et les ventes ayantdgringol, cestle dficit. Enfin, la concur-rencedesgratuitsatmsestime,Internetcompris. Cest dailleurs une folie de met-tre en ligne le journal du jour. Accepter lesgratuits(jusqulesimprimer,danslecasduMonde),cestsetireruneballedanslepied!Certainsvousexpliquentquedistribuerdes

    gratuitsdevantunkiosquenefaitpasdetort

  • 8/14/2019 Pol It is 1

    19/36

    total, jamais vu dans nimporte quel paysdmocratique,inimaginableilyavingtans.Et du ct du contenu ?Ladictaturedelabien-pensancefaitquetoutlemondeditetcritlammechose.Lesjour-nauxfontdeplusenplusdepagesmagazineet moins dactualits. Tantt le salaire descadres, tantt les meilleurs diplmes pourgagner.Cestuneerreurquiaprovoquunedperdition.Il faut renouer avec uneactua-lit plus chaude, plus muscle, ractive.Ny a-t-il pas aussi un divorce entre lapresse et le lectorat ?

    Oui.Cestledfautdesrdactions.Lamajo-rit des moins de 35 ans ne comprennentplus ce quon crit : ni les mots ni les rf-renceshistoriquesouculturelles.Onpeutleregretter, mais cest comme a.Les journa-listes, dans une raction corporatiste, ontrefus de se remettre en question,sous pr-texte de ne pas niveler par le bas. Or,laPliadenapasabaissleniveaudelangueaprs lancien franais ! Il ne sagit pas debaisserleniveaumaisdcrirediffremment.Dautre part, les guerres internes dans lesrdactionsnarrangent rien.Enfin, certainsarticlessepayentauprsdeslecteurs,commecet ditorialde Serge July injuriant les gens

    qui ont vot non [au TCE en 2005,

    NDLR]. Leschoix ditoriaux psentbeau-coup sur les ventes.Peut-on parler de censure ou dauto-censure ?Plus oumoins :a a toujours tainsi.Maisnous avons aujourdhui un Prsident quitlphonesansarrt!Linterventionestconti-nuelle, sur telle personne ou tel article. ane peut pas tre sans influence. Il lui suffitde dire : Virez-moi celui-l. Parfois, onle prend au mot ! a t valable ParisMatch.Sanscompterlerledelargentdis-tribu par ltat. Pour les journaux

    exsangues,silyamoyendercuprerdeuxou trois millions deuros, cest tellementncessaire quon fait attention ce quoncrit. Du ct des journalistes, on accepteparce que cest lemploi qui est derrire. Etl, on ne parle mme pas de la presse dte-nue par les amis de Sarkozy !La presse en ligne, payante ou gra-tuite est-elle une voie suivre ?Lapresseenligneacontributuerlapressecrite et en mme temps a sauv lhonneurde la profession. Jai personnellement vot oui au rfrendum, mais jtais scan-dalis que 95 % de la presse soit pour le oui . La libre expression sur Internet a

    rtabli la dmocratie. Au fond,on est dans

    la situation de lURSS sous Brejnev, avecla Pravda, la presse officielle, et ct lessamizdats qui faisaient contrepoids.Quelles seraient les solutions pourredresser la presse ?Les aides la presse ont valeur daspirine.Ellesnechangentrienlastructuredesjour-naux, leurscomptes.Largentreuseravitebouff, et les journaux retomberont danslammesituation.Enrevanche,ltatdevraitinvestir, agir sur la distribution, suivant lemodledelaloiBichetsurlaccslapressepour tous et partout, qui doit tre trait

    comme un service public. Ltat doit agirpour rduire les cots de la distribution etpermettre aux journaux de sortir des priximposs par les imprimeries en situationde monopole. Pour le reste, cest la profes-sion qui doit se remettre en question. Sor-tirdeluniformisation.Ilyaunctpanur-gique, et beaucoup de secteurs o dominelunanimit,beaucoupdarticlessurlammeligne, lis un effet dentranement. Dansle casde Kouchner, la pressesera unanime. le sauver ou le lyncher. Ce nest pas uncalcul, mais lide daller l o va le vent.

    _Propos recueillis par Jean-Claude Renard

    * Jean-Franois Kahn est galementcandidat aux lections

    europennes sous ltiquettedu Modem.

    Quelques unes de la pressehebdomadaire.Vous avez dit unifor-misation delinformation ?DEMARTHON/AFP

    12 fvr ier 2009 I P O L I T I S I

    ranaise souffre dune crise qui menace la survie de certains titres.

    es cots et une chute des ressources publicitaires.

    roximit de certains organes avec le pouvoir.

  • 8/14/2019 Pol It is 1

    20/36

    DOSSIER MDIAS

    Une mine de papier mchLa crise de la presse trouve notamment ses origines dans les

    contraintes conomiques. De la fabrication la distribution,

    celles-ci sont difficiles contourner.

    O

    n connat cette expression bienjournalistique : les chiffres parlent

    deux-mmes. Le plus gros tiragedunquotidienfranaisestceluideOuest France,avecprsde800000exem-plaires.Aurangmondial,cestla77e place.Depuis 2000,la presse dinformationgn-rale et politique a perdu environ 10 % deventes au numro, selon la Direction dudveloppementdes mdias.Les Nouvelles

    messageriesde lapresseparisienne (NMPP)ont le monopole de la distribution (dte-

    nues aujourdhui