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MEDAILLE D’OR DES BEAUX-ARTS 2012 Attribué par le Conseil des Ministres (ESPAGNE) 2012 NEW YORK DANCE AND PERFORMANCE BESSIE AWARD for OUTSTANDING PRODUCTION (of a work that stretches the boundaries of a culturally specific form) Attribué par The Bessie Selection Committee (New York U.S.A.) PRIX MAX DES ARTS SCÉNIQUES 2012 Au Meilleur Interprète Masculin de Danse À la Meilleure Chorégraphie PRIX MAX DES ARTS SCÉNIQUES 2011 Au Meilleur Interprète Masculin de Danse Attribué par la Fondation Auteur et la SGAE (ESPAGNE) GRAND PRIX DE DANSE 2009-2010 Attribué par le Syndicat de la Critique (FRANCE) PRIX NATIONAL DE DANSE 2005 Domaine CREATION Attribué par le Ministère de la Culture (ESPAGNE) présente LA EDAD DE ORO d’Israel Galván

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MEDAILLE D’OR DES BEAUX-ARTS 2012

Attribué par le Conseil des Ministres (ESPAGNE)

2012 NEW YORK DANCE AND PERFORMANCE BESSIE AWARD

for OUTSTANDING PRODUCTION (of a work that stretches the boundaries of a culturally specific form)

Attribué par The Bessie Selection Committee (New York – U.S.A.)

PRIX MAX DES ARTS SCÉNIQUES 2012

Au Meilleur Interprète Masculin de Danse

À la Meilleure Chorégraphie

PRIX MAX DES ARTS SCÉNIQUES 2011

Au Meilleur Interprète Masculin de Danse Attribué par la Fondation Auteur et la SGAE (ESPAGNE)

GRAND PRIX DE DANSE 2009-2010 Attribué par le Syndicat de la Critique (FRANCE)

PRIX NATIONAL DE DANSE 2005

Domaine CREATION Attribué par le Ministère de la Culture (ESPAGNE)

présente

LA EDAD DE ORO

d’Israel Galván

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LA EDAD DE ORO Dans le flamenco, comme dans tous les autres arts, historiens, spécialistes et critiques ont progressivement défini des périodes de références. Celle qu’ils ont appelée La Edad de Oro. “L'âge d’Or” du flamenco, correspond à une tranche allant de la fin du XIXème siècle aux années 30 de celui-ci. Cet “âge d’Or” fait surtout référence au chant et à la danse, la guitare ne prenant son véritable essor que beaucoup plus tardivement. Selon cette approche, aucun chanteur ou danseur d’aujourd’hui, sauf cas exceptionnel, ne serait à même d’égaler en qualité, en pureté et en créativité, ceux qui, en portant le flamenco à son apogée, ont signé cet “âge d’or”. Il y aurait, depuis lors, déclin des canons formels de l’art flamenco tels qu’établis à l’époque, appauvrissement, simplification, métissages et fusions mais aussi perte des contenus, du sens, et de l’esprit qui animait cet art. De concert avec David Lagos, chanteur qui thésaurise avec câlin les chansons de “l'âge d’Or” et Alfredo Lagos, frères et de Jerez, ville-berceau du flamenco, Israel Galván s’attache aux références en traquant les approches normatives, fait tomber les âges au profit de l’or, un or du temps présent, là juste sous nos yeux, devant nos sens.

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LA EDAD DE ORO Israel Galván, David Lagos et Alfredo Lagos en concert

De toutes les définitions existantes de ce temps mythique que fut “l'âge d’Or, celles qui conviennent le mieux à nos protagonistes sont les suivantes.

Quand nous parlons de “l'âge d’Or” comme d’un temps mythologique dans lequel la mort se trouvait enfermée, niée dans la possibilité de faire son travail, nous nous souvenons sans doute de la guitare d’Alfredo Lagos. La mort était là tandis que le monde vivait en paix, amour et concorde, la mort était là, empêchée d’agir. Nous écoutons la siguiriya d’Alfredo Lagos comme un chant à cet “âge d’Or”, à ce temps.

Quand nous parlons de “l’âge d’Or” comme d’un temps passé qui fut meilleur - cette époque dorée qui petit à petit devient la source de références et le canon artistique - nous nous trouvons dans une conversation artistique avec David Lagos. Nous devons nous replonger dans les années 50-60, parmi les enregistrements de José Manuel Caballero Bonald réalisés pour les archives “Archivo del cante flamenco” du label Vergara et la série de télévision «Rito y Geografía del Cante» que filmèrent Mario Gómez et José María Velázquez. Nous parlons de Tio Gregorio Borrico, Juan Talega, Manuel Agujetas, Manuel Soto “Sordera”, Perrate, Tia Anica la Piriñaca, et bien sûr de Terremoto de Jerez. Chaque chanteur, chaque façon d’entendre le chant a son “âge d’Or”, sa généalogie.

Quand nous parlons de “l’âge d’Or” comme d’un temps nouveau, correspondant à celui du film homonyme de Luis Buñuel, ce sanglant portrait de la bourgeoisie en forme de conte, ce quasi documentaire psychopathologique sur les maux de son époque, sur les diverses violences que son temps incarne, tandis que les frappes de pieds d’Israel Galván marquent les heures, nous parlons d’un temps étranger même si personne ne peut l’apprécier dans sa facture classique, sans cesse un bras échappe à son angle, le sol se dessine sous la chaussure, l’équilibre est sur le point de se perdre. Et nous voyons le corps pour ainsi dire déjà tombé, étendu de tout son long sur le sol. Il est vrai qu’ici cohabitent Jésus Christ et le Marquis de Sade, dans un pas de deux que la danse d’Israel Galván incarne. Il est certain qu’ici l’or se transforme en rouille pour pouvoir ensuite briller à nouveau de toute sa splendeur dorée. Nous parlons de la danse d’Israel Galván non comme d’un nouveau temps, mais comme la mise à jour de nouveaux aspects de la danse qui proviennent du fond des âges. La face cachée, ou mieux encore, le visage complet d’une danse qui se veut classique et qui seulement à présent, avec Israel Galván, se montre dans toute sa splendeur, véritable et baroque. Rappelons-nous la scène du film dans lequel un enfant ne cesse de jouer dans les champs jusqu’à ce que son père, le gardien de la ferme, exaspéré par la désobéissance de son fils, pointe son fusil sur lui et l’abat. Rappelons-nous la chute de l’enfant blessé à mort dans l’immense pré. Revoyons-le à présent au ralenti. Chaque mouvement, chaque geste est répété dans cet “âge d’Or” pour Israel Galván.

Mais toutes ces références sont souterraines. Nous ne devons pas les perdre de vue, mais elles sont occultées, ou plutôt éclipsées. Ce qui brille sur scène c’est une référence au temps, oui, aux temps complexes du mariage de la guitare, du chant et de la danse flamenca. Simplement cela. Un jeu de temps dans une session de facture classique, lumineuse, resplendissante. Une guitare, la gorge de David Lagos et les pieds d’Israel Galván. Mais il ne faut pas perdre de vue les ombres, “l’âge d’Or” a toujours été une époque de mirages et d’illusions.

PEDRO G. ROMERO

Directeur Artístique

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LOUANGE D’ISRAEL GALVÁN

A un moment où la danse se débattait entre le rance et le nouveau, arrive Israel Galván, qui se refuse à choisir faction. «C'est le plus vieux des jeunes danseurs», dit de lui Enrique Morente. Et c’est la vérité. Parce qu’Israel connaît autant les tangos d’El Titi de Triana, qu’il devine un geste flamenco dans la danse buto. Face à un panorama qui se limitait à deux voies, le canon inventé et l’affectation moderne, Israel défait le chemin rebattu. Face à qui souhaite maintenir un statu quo classique et canonique, il retourne le canon pour nous offrir un flamenco “conceptiste” et baroque. Face à qui introduit des idiotismes de la danse moderne et contemporaine, du jazz et du de folklore, il propose de reconstruire une danse flamenca moderne en usant seulement de matériaux qui jusqu'à il y a peu, étaient des outils exclusifs du flamenco. Israel Galván part de la reconnaissance. Les “alegrías" (joies), de Mario Maya ou la “soleá” (solitude) d’El Farruco, ses pas, ses “quiebros” (inflexions du corp), sa musique, voilà le matériel qui doit être compris pour redessiner un flamenco nouveau. Israel ne trompe personne en simulant une vie de danseur dans une chanson du groupe de pop Mecano. Qui peut se douter que pour Israel Galván un film de Stanley Kubrick est plus important qu’un pas de de Nacho Duato. Israel Galván apprend plus de la danse en assistant à une partie de football avec Manuel Soler que dans une académie moderne. Je peux rendre compte du fait que le danseur, qui admire Dalí, connaît les secrets de la méthode paranoïaque critique: quand il a monté la mort de Gregory Samsa dans LA METAMORPHOSE. Il a décidé d’incorporer la chorégraphie de la mort du cygne de la Pavlova à la danse “seguiriya-martinete” du final, sans savoir que quatre-vingts ans plus tôt, Vicente Escudero avait eu exactement la même inspiration pour créer la première “seguiriya” dansée. Israel lit la vie de Felix “el Loco” (le fou), source d’inspiration de sa chorégraphie LES CHAUSSONS ROUGES et danse une “farruca” qui ôte à la création de Massine les éléments étrangers au flamenco qu’elle recelait.

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Personne ne doute qu’Israel Galván est le danseur des danseurs, vu la fréquence avec laquelle ceux-ci se mêlent à son public. Personne ne doute qu’Il est le favori des chanteurs pou son “compás” (sens du rythme), vu comment ces derniers exigent de lui qu’il rende compatible “bulerías” et “tangos” avec ses expériences modernes. Personne ne doute que le flamenco de ses dernières années serait différent sans le passage d’Israel Galván.

Pedro G. Romero

ISRAEL GALVÁN

Chorégraphie

et danse

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DAVID LAGOS,

Chant

ALFREDO LAGOS,

Guitare

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PRESSE

« C’est extrêmement rare dans n'importe quel genre de voir un danseur de cette imagination

singulière et avec une telle autorité. »

Alastair Macaulay - THE NEW YORK TIMES

« Israel Galván traite la danse flamenca avec une insolence d’amour… Mais surtout, c’est dans le rapport à l’histoire de son art qu’il explose. »

Francis Marmande – LE MONDE

« Son zapateado (claquement de pieds pointe-talon) fait crépiter des rythmes insolites, son jeu de jambes se tord dans toutes les directions ave une grâce détachée, parfois rêveuse. La singularité du style d’Israel Galván tient à sa façon d’écouter son geste, de le faire résonner dans l’espace, comme s’il le découvrait sous nos yeux et s’en étonnait lui-même. (…) Loin de l’imagerie virilement tendue du flamenco, Israel Galván en extrait une énergie nouvelle, une euphorie quasiment aphrodisiaque. Dans le cadre d’un récital à la construction classique, quelque chose s’impose, à la fois doux et magnétique. »

Rosita Boisseau - TÉLÉRAMA

« Il s’appelle Israel Galván de Los Reyes. Il est né à Séville. C’est aujourd’hui le roi de la danse flamenca. Véritable Nijinski de cet art, il remet le flamenco sur ses pieds. (…) Ses gestes nous bouleversent. Il lève le petit doigt. C’est inoubliable. »

L’HUMANITÉ

Inventeur d’une nouvelle danse, reflet de sa recherche au plus profond de son être tourmenté, il parvient cependant à transcender l’unicité de sa quête pour s’ouvrir au monde et aller vers l’universel.

(Corinne Jaquiéry - 24 HEURES)

Un flamenco dépouillé, épuré, plein de rigueur, d’interiorités. D'une beauté qui pourrait passer pour archaïque, presque grave, mais qui se révèle d’une époustouflante modernité par son côte presque mathématique, ou plutôt géométrique.

(Jean-Michel Coëffeur - LA NOUVELLE RÉPUBLIQUE)

En parallèle, et en rapport avec d'autres formes de culture urbaine ou savante, de la musique arabo-andalouse au raï, le flamenco revisite son histoire avec Israel Galván, qui lui donne une actualité brûlante et se met à la disposition de tous

(MARIE-Christine Vernay - LIBERATION)

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Faiçant epreuve de sa maîtrise juste en restant immobile

Le danseur Israel Galván combine la maîtrise complète de son support avec une extraordinairement féconde gamme d’idées stylistiques non conventionnelles. Il donne - délibérément - l'impression que le flamenco traditionnel est trop petit pour contenir tout ce qu'il a besoin de faire en termes dramatiques et rythmiques. Soudain, vous voyez le danseur gardant son équilibre sur une jambe tandis qu’il tourne vers le haut la semelle de l’autre pied pour pouvoir percutir sur elle un rythme avec les mains; arrive meme à tambouriner une phrase de percussion avec les ongles des doigts dans ses dents supérieures. Ce ne sont que des astuces. Comme beaucoup des plus grands danseurs de flamenco, l'intensité avec laquelle il se présent atteint toujours les limites de l'absurdité. Mais il fait que ses effets soient à la fois agréables et nécessaires. Ils marchent parce qu'ils font partie de l'esprit, de la particulière extravagance qui caractérise sa danse théâtre, mais encore plus parce qu'ils font partie de l’effusion rythmique qui transforme sa danse en musique. Bien qu'il montre qu'il peut faire tout un échantillonnage des vibrants zapatéados qui abondent dans le flamenco, il refuse de tomber dans ce grâce piquante: il évite les clichés du flamenco. C’est extrêmement rare dans n'importe quel genre de voir un danseur de cette imagination singulière et avec une telle autorité.

(Alastair Macaulay, THE NEW YORK TIMES, 22-09-11)

“La Edad de Oro", le passé éclipsé

Il n’est pas nécessaire d’ être grand clerc ni spécialiste pour se rendre compte que le danseur Israel Galván est un grand, un très grand, du flamenco.

Et que le chanteur David Lagos et le guitariste Alfredo Lagos ne sont pas des faire-valoir. Hier soir, à la Halle aux Grains de Blois, avec le trio de “La Edad de Oro”, le Festival des Eclectiques a offert au public, pour sa dernière soirée, l'un de ses plus beaux moments, un joyau. Du flamenco loin, à des années lumière du le flamenco de pacotille qu l’on nous inflige trop souvent. Un flamenco dépouillé, épuré, plein de rigueur, d’interiorités. D'une beauté qui pourrait passer pour archaïque, presque grave, mais qui se révèle d’une époustouflante modernité par son côte presque mathématique, ou plutôt géométrique. Rien ne dépasse, tout est contenu. Du travail d’orfèvre. Tout est taillé au cordeau, milimétré. Nos trois compères sont des géomètres. Et pourtant, de ce jeu se dégagent une force, une puissance et une humanité palpable. Le chant de David Lagos vous dresse les poils sur les bras. La guitare d'Alfredo Lagos irradie de la chaleur du soleil de l'Andalousie. Et le corps d'Israel Galván se mue en superbe mécanique de précision débordante de vie. Ce ne sont pas deux, la voix et la guitare, envahissent la scène. Mais trois. Le danseur fait de son corps un instrument de percussion d'une efficacité, d’une précision et d’une pureté remarquables. Claquement de pieds, Claquement de doigts, claquement de mains, sur la poitrine, les cuisses, les dents. Nos trois compères sont des géomètres qui nous ont construit une cathédrale du flamenco. Et leurs dialogues en sont les clés des voûte. Et dans cette cathédrale, c’est à une grand-messe, leur grand-messe, qu’ils convient le public. L'art du flamenco répond à des règles, à des codes extrêmement précis. Le danseur a voulu retrouver ses racines, retouner a sa source, à son âge d'or, “la edad de oro”. En se référant au passé, il en a fait tábae rase pour faire de son flamenco un objet d’une rare modernité. On en ressort éblouit et le coeur chaud.

Jean-Michel Coëffeur, LA NOUVELLE RÉPUBLIQUE, 01/02/2009)

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L’envol d’un cygne noir

Israel Galván sort grandi d’une plongée bouleversante dans les racines du flamenco à l’Octogone de Pully. Radical et brillant.

Tout entier tendu vers le ciel, Israel Galván se donne à la danse comme en sacrifice dans son Edad de Oro (âge d’or). En bouleversant les codes d’un flamenco qu’il maîtrise parfaitement, le jeune Sévillan s’arqueboute aux limites de la folie et de la possession, de l’amour et de la mort. Jeudi soir à Pully, dans le cadre du Festival international de danse de Lausanne, rompant avec la tradition tout en lui rendant un hommage vibrant et éblouissant, l’homme a subjugué les spectateurs. Crépitant du feu intérieur qui le dévore, Israel Galván dompte sa gestuelle, mais laisse place aux forces primitives. Paraissant dotés d’une vie propre, ses pieds battent le sol avec une précision diabolique et ses membres tracent dans l’air de multiples signes cabalistiques. L’air vibre de son énergie… Et quand soudain il arrête son geste, l’intensité de son immobilité est presque palpable. En dépouillant les mouvements flamencos de toute fioriture, Israel Galván touche à l’essentiel et atteint l’essence de l’âme humaine. Habillé de noir, cambré à l’extrême, il évoque tour à tour le torero aux prises avec le taureau et l’animal lui-même. L’homme marchant sur le fil de son destin et le coq qui se mue en cygne ou en aigle, prêt pour le céleste envol. Accompagné du guitariste virtuose Alfredo Lagos et de Fernando Terremoto, un chanteur dont le nom signifie tremblement de terre, en lien probant avec sa voix poignante, Galan se confronte aux références et à sa propre histoire. Inventeur d’une nouvelle danse, reflet de sa recherche au plus profond de son être tourmenté, il parvient cependant à transcender l’unicité de sa quête pour s’ouvrir au monde et aller vers l’universel.

(Corinne Jaquiéry, 24 HEURES, 05/10/2008)

Galvân à Bobigny, Shepp à la Fondation Cartier

La veille, le samedi 5 mai, Israel Galván bouleverse les Rencontres chorégraphiques internationales en Seine-Saint-Denis (MC93 à Bobigny).

Le lendemain, lundi 7 mai, dans les jardins de la Fondation Cartier, entouré de sublimes cantatrices (Monica Passos, Mina Agossi), guidant un équipage musical de toutes les planètes (Afrique, Amériques, Uzeste), Archie Shepp célèbre ses 70 ans. Thème : l'insurrection et les résistances. Quoi de commun entre Israël Galván, danseur «flamenco» (Séville, 1973), et le grand Archie, musicien de «jazz» (Fort Lauderdale, Floride, 1937) ? Les guillemets d'abord. La distance. Plus le rythme, l'audace, et ce que René Char dit de l'acte de révolution : «Si tu détruis, que ce soit avec des outils nuptiaux.» Israel Galván traite la danse flamenca avec une insolence d'amour. Il brise le geste, fait des mouvements d'oiseaux, s'en va en marchant. Parfois, il vole. Ses mains battent dans son dos. Il brise un instant son élan en arrêt si fugace sur l'image exactement comme font les grands burlesques (Chaplin, Cantinflas). Israel Galván s'offre le luxe de l'ironie. Son corps même n'est pas flamenco : il le devient. Mais surtout, c'est dans le rapport à l'histoire de son art qu'il explose. Danseur pour danseurs, Galván est le plus grand des danseurs actuels. Le plus grand ? Pas au sens où il aurait dépassé les plus grands danseurs du passé et d'aujourd'hui, mais au sens où il les donne à voir, un par un, une par une, sans s'attarder, en images aussi lestes, aussi achevées, aussi vite disparues qu'aperçues, gravées à jamais. Voir sur ce point Godard d'Histoires du cinéma, ou le film de Pelechian: Notre siècle.

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Et Shepp ? Soixante-dix ans de rébellion, éternel chercheur, novateur intraitable, destructeur nuptial de la grande ère « free », toujours sur la brèche : activiste, drôle, poète, chanteur, dramaturge, musicien, debout. Shepp, dans le blues comme dans l'art de la scène, reste le premier comédien de sa musique. Le DVD de Franck Cassenti : « Je suis jazz, c'est ma vie ! » en apporte la preuve éclatante. Shepp tient le mot de « jazz » pour le mot des colons. Mais il corrige : « Je n'aime pas le mot jazz, mais j'aime le cinéma ». Changer, avec son groupe Born Free, les jardins pluvieux de la Fondation Cartier en promesse de l'avenir, c'est en soi une prouesse morale. Archie Shepp, pas plus qu'Israël Galvân, n'entre dans la fable de l'art qui divertit, qui fait oublier, qui détend. Et pourtant, par le blues, les chansons ou l'impro, avec un Lubat époustouflant (rap), un Rocé frais (slam) comme avec Cheik Tidiane, Shepp fait danser, Shepp lance à fond les manettes du rhythm and blues, Shepp dévoile les racines noires du rock, Shepp mijote un « groove », une scène où ils doivent se mettre à trois ou quatre pour avoir 70 ans, Shepp reste l'avant-dernier des géants. Il ne manque pas de superbes musiciens d'aujourd'hui, mais ils habitent un autre espace-temps. Sa plus violente singularité, c'est qu'il ne se fige pas, il ne s'endort pas : ce qu'il joue, il conti-nue de le jouer demain. Ce contre quoi il se dresse ne l'épuisé jamais. Isral Galván, Archie Shepp ? Quoi de commun entre ces monuments d'humanité ? Ces artistes accessibles et sacrés ? Un rapport de rupture, un passage, le rapport du mystère et de l'espoir informulables. Un rapport nuptial à l'Histoire et à la révolte. Un rapport débridé aux canons et aux censeurs. Un rapport à l'été qui fait que l'on reverra l'un au festival Paris Quartier d'été (du 2 au 4 août) et l'autre sur la route des festivals, infiniment moins vieux que pas mal déjeunes. Ne manquez ni l'un ni l'autre. Ils aident à comprendre, à vivre et à penser l'ignorance de l'avenir. Dans la perfection, l'un et l'autre, du rythme et du temps qui s'écoutent parce qu'on les voit.

(Francis Marmande, LE MONDE, 10/05/2007)

Sur un rythme d’euphorie

Avec son style singulier, Israel Galván donne au flamenco une énergie nouvelle. A la fois douce et magnétique.

Avec Israel Galván, le flamenco prend des hanches et cela lui va plutôt bien. La nouvelle étoile espagnole a su faire de son physique peu orthodoxe un argument stylistique. A moins que ce ne soit l’inverse, tant son flamenco décrispé implique une ligne corporelle différente. Souple et cambré, le bassin du danseur tangue ou donne des àcoups, jusqu’à – parfois – un chaloupement sensuel. Dans son solo, La Edad de oro, accompagné par un chanteur et un guitariste, cette pointe de langueur orientale dans une danse cabrée parfois jusqu’à l’excès n’évacue pas la charge fiévreuse qui brûle le flamenco. Israel Galván, en simple chemise noire jetée sur un pantalon moulant, en déjoue les clichés, tout en libérant, par salves, des gestes fulgurants avant de rejoindre l’obscurité du plateau. Son zapateado (claquement de pieds pointe-talon) fait crépiter des rythmes insolites, son jeu de jambes se tord dans toutes les directions avec une grâce détachée, parfois rêveuse. La singularité du style d’Israel Galván tient à sa façon d’écouter son geste, de le faire résonner dans l’espace, comme s’il le découvrait sous nos yeux et s’en étonnait lui-même.

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Quelques postures surgissent, comme venues du plus loin de la mémoire, mais aucune pose ne vient cependant brouiller ce flamenco qui possède la saveur d’une fête entre copains. Les musiciens continuent de jouer parce qu’ils ne peuvent tout simplement plus s’arrêter, le danseur a déposé l’armure. Il s’élance pour flamber encore une fois. Loin de l’imagerie virilement tendue du flamenco, Israel Galván en extrait une énergie nouvelle, une euphorie quasiment aphrodisiaque. Dans le cadre d’un récital à la construction classique, quelque chose s’impose, à la fois doux et magnétique.

(Rosita Boisseau, Telerama n° 2989, 28/04/2007)

Les Rencontres d'une danse sans visa

Ouvrant de nombreuses pistes, là où la danse contemporaine continue d'éviter les académismes, les Rencontres chorégraphiques de Seine-Saint-Denis occupent, pendant un mois, neuf structures du département pour offrir un festival de qualité indéniable et audacieux. Misant sur les rencontres entre des artistes de pays différents, du Maroc à la Turquie en passant par l'Espagne ou la Thaïlande, cette manifestation prend clairement position pour les formes artistiques, les démarches et les projets sans concession ni formatage. Inconnues. On y verra donc des inconnues: Simone Aughterlony (Suisse/Nouvelle-Zélande), Sonia Gomez (Espagne), Jasna Vinovrski (Croatie/Allemagne). On retrouvera avec bonheur des fidèles du festival: Mustafa Kaplan et Filiz Sizanli (Turquie), Saskia Hölbling (Autriche) ou encore Maria Donata D'Urso (France/Italie). Avec 21 compagnies invitées pour 15 pays représentés et 6 créations, les Rencontres, qui ne sont pas d'un montage facile puisqu'elles concernent plusieurs villes et structures, affirment une fois de plus l'urgence d'une danse sans visa. Indépendance. L'ouverture de la manifestation est en elle-même révélatrice. Si les performeurs et défenseurs d'une danse contemporaine de création sont présents, ils partagent la soirée avec un tenant du flamenco actuel, Israel Galván, le plus novateur et le plus traditionnel, dans la lignée de Vicente Escudero (1885-1980) ou encore de Mario Maya. Jamais dans une attitude folklorique, encore moins dans un académisme issu des écoles, le danseur se tient au coeur des contradictions, paradoxes et tensions inhérentes au flamenco. Dans la démesure et la mesure ou cadence la plus maîtrisée, dans le jeu et le drame, le bruit et le silence. Libre, indépendant pour défendre la liberté d'un style trop souvent plié aux lois du marché ou de la carrière individuelle. Actualité. En parallèle, et en rapport avec d'autres formes de culture urbaine ou savante, de la musique arabo-andalouse au raï, le flamenco revisite son histoire avec Israel Galván, qui lui donne une actualité brûlante et se met à la disposition de tous. On ne saurait faire un geste plus politique et artistique. Dans la Edad de Oro, il refait le chemin jusqu'à «l'âge d'or» du flamenco, en compagnie du guitariste de Jerez Alfredo Lagos et du chanteur Fernando Terremoto.

(MARIE-Christine Vernay, Liberation, 04/05/2007)

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Directeur artistique

PEDRO G. ROMERO

(Máquina P.H)

Chorégraphie et danse

ISRAEL GALVÁN

Chant

DAVID LAGOS

Guitare

ALFREDO LAGOS

Son

PEDRO LEÓN

Lumière

RUBÉN CAMACHO

Production

A NEGRO Producciones

Chema Blanco

Cisco Casado

Amapola López

PRODUCTION, MANAGEMENT ET DISTRIBUTION EXCLUSIVE

A NEGRO Producciones

Manufactura, 2 - 1ºI 41927-Mairena del Aljarafe Sevilla (España)

www.anegro.net [email protected] T. +34 954 18 78 66 F. +34 954 18 78 67