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UNIVERSITE FELIX HOUPHOUET BOIGNY ANNEE ACADEMIQUE : 2012 -2013 UFR: INFORMATION COMMUN]CATION ET ARTS DEPARTEMENT DE COMMUNICATION PROJET DE RECHERCHE DE THESE RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTI Œ LES"POPULATIONS DU NORD ET LES POPULATIONS DU SUD DE LA CÔTE D'IVOIRE PAR LA METHODE DES ~ "' ' REPRESENTATIONS SOCIALES OPTION: COM M U N IC AT ION POLI1' IQU E ET DES ORGAN I S AT I ON S 1. , _.,___, -- ~ --- ... -- - -----· -··· ··· .. --~, PRESENTE PAR N'GUESSAN Dcdou Gruzshca Ferrand ~---- - 1 1 1 1 Maître de Con f érences à l'Université 1 \ Féli x Houphouët Boi gny ) ~ / 1 - DIRlGEPAR Prof ZINSOU EDME MICHEL l' ,1 ,: l! 1 - ,. . ; ;.. - ...w; ;a;:

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Page 1: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

UNIVERSITE FELIX HOUPHOUET BOIGNY

ANNEE ACADEMIQUE : 2012 -2013

UFR: INFORMATION COMMUN]CATION ET ARTS

DEPARTEMENT DE COMMUNICATION

PROJET DE RECHERCHE DE THESE

RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO

ENTIΠLES"POPULATIONS DU NORD ET LES POPULATIONS DU

SUD DE LA CÔTE D'IVOIRE PAR LA METHODE DES ~

"' ' REPRESENTATIONS SOCIALES

OPTION: COMMUNICATION POLI1'IQUE ET DES ORGANISATIONS

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PRESENTE PAR

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Page 2: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

SOMMAIRE

Dédicace I

Remerciements 11

Liste des tableaux III

Liste des annexes IV

INTRODUCTION 1

CHAPITRE LIMINAIRE : PROBLEMATIQUE 5

JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET 5

IDENTIFICATION ET FORMULATION DU PROBLEME 7

BUT DE L'ETUDE 16

QUESTIONS DE RECHERCHE 16

OBJECTIFS DE RECHERCHE 16

HYPOTHESES DE RECHERCHE 17

PREMIERE PARTIE: CADRAGES THEORIQUE ET METHOLOGIQUE 19

CHAPITRE I : CADRAGE THEORIQUE 20

1-1-DEFINITION DES CONCEPTS 20

1-2-CADRE DE REFERENCE THEORIQUE 25

1-3 REVUE DE LITTERATURE 35

CHAPITRE II : CADRAGE METHODOLOGIQUE 60

2-1 ·TYPE DE L'ETUDE 60

2-2 MILIEU D'ETUDE 60

2-3 POPULATION D'ETUDE 60

2-4 L'ECHANTILLONNAGE 61

Page 3: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

2-5 TECHNIQUES DE RECUEIL DES DONNEES 62

2-6 METHODES D'ANALYSE 66

2-7 METHODES D'INVESTIGATION 66

DEUXIEME PARTIE: PERSPECTIVE DE LA THESE 68

CHAPITRE III: PRESENTATION DES PREMIERS RESULTATS DE LA

RECHERCHE 69

3-1 PRESENTATION DE L'ETUDE 69

3-2 PRESENTATION DES RESULTATS DE LA PRE-ENQUETE 71

CHAPITRE IV : PERSPECTIVES DE LA RECHERCHE 73

4-1 TABLEAU RÉCAPITULATIF DU CHRONOGRAMME DE RECHERCHE 73

4 -2 BUDGET PRÉVISIONNEL 74

4 -3 PLAN INDICATIF DE LA THÈSE 75

CONCLUSION 77

BIBLIOGRAPHIE 78

ANNEXES 84

Page 4: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

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Page 5: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

Remerciements

Je remercie d'abord les membres de mon jury qui ont accepté de me lire et d'apporter

un regard critique sur mon projet de thèse.

Je remercie particulièrement mon Directeur, Prof. ZINSOU Edmé Michel, pour sa

confiance et son aide tout au long de ce travail. Malgré ses nombreuses occupations

académiques, il n'a ménagé aucun effort pour nous aider à réaliser ce travail, et, au délà toute

la rigueur appliquée à un travail de recherche en science de l'information et de la

communication ; et, qui nous l'espérons sera apprécié par ceux qui connaissent la valeur

d'un travail bien mené.

Mes remerciements vont ensuite au Prof. BLE Raoul Germain, qui a été mon Directeur

de Maîtrise et grâce à qui j'ai pris goût à la recherche expérimentale. Je le remercie pour sa

rigueur, sa sympathie et ses nombreux et précieux conseils.

Je remercie Dr. ATCHOUA Julien pour toutes nos discussions passionnantes et ses

points de vue enrichissants sur la communication politique pendant nos cours.

Merci au personnel enseignant et administratif du département de communication de

l'UFRICA.

Je suis redevable à monsieur et madame KOMENAN (Dr. KOMENAN Narcisse et son

épouse, ma voisine, ma grand-sœur et amie KOFFI A. Rachel) pour leurs nombreux soutiens.

Je suis aussi reconnaissant envers tous les amis et condisciples de la toute première

promotion master II communication de l'UFRICA en particulier à AHIZI Anado Jean-Michel,

YAO Brou Fulbert et le communicologue-receveur des impôts, GUY-MONSTO Joseph. J'ai

beaucoup apprécié travailler dans cet environnement. Merci à tous, pour le soutien pendant

mes moments de galère.

Mes remerciements fraternels à Monsieur Y API (maître es Lettres) enseignant pour les

corrections de ce projet qui la question de l'unité nationale passionne tant.

Je suis extrêmement reconnaissant envers ma famille (et infiniment envers ma mère) ma

sœur et mes frères, de m'avoir toujours accompagné dans les bons et les moins bons moments

de ce projet, et cela même à distance. Et, je dois à mon père les encouragements et la

motivation d'entreprendre des études doctorales. Je pense à toi tout particulièrement.

Page 6: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

Liste des tableaux

Tableau n° I : tableau <l'enchantions de la pré-enquête 67 p

Tableau n° II : tableau récapitulatif des mots évoqués 69 p

Tableau n° III : tableau récapitulatif du chrono gramme de la recherche 70 p

Tableau n° IV: tableau récapitulatif du budget de la thèse 71 p

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Page 7: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

Liste des annexes

1- Questionnaire d'évocation

2- Les différents mots cités par les pré-enquêtés

Page 8: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

INTRODUCTION

La communication a toujours été pensée comme un moyen de transmission de

) 'information 1• Elle était celle de l'argumentation, de la rhétorique ; une communication

interpersonnelle. Aujourd'hui, en plus d'être appréhendée sous cet angle, elle est une

science recouvrant de nombreux domaines de recherches avec une particularité, celle de se

nourrir, en effet, des connaissances élaborées par les autres disciplines des sciences

sociales (histoire, sociologie, anthropologie, psychologie ... ). De plus n'est-ce pas là son

objet d'étude, faisant d'elle une science interdisciplinaire? La communication, quelque

soit le type, est au cœur de l'expérience humaine. Elle constitue l'une des caractéristiques

essentielles des représentations sociales à savoir des modes de pensées qui nous lient aux

autres, aux objets.

En effet, les représentations sociales ont pour origine la communication (le discours)

sur l'objet matériel ou immatériel et la pratique sociale. Selon l'orientation du discours sur

l'objet, découle la direction des représentations sociales. Si le discours est positif, il va sans

dire que la direction ou l'orientation des représentations sociales sera positive. Les

représentations sociales sont en majeure partie conditionnées par la communication sur

l'objet à se représenter. C'est-à-dire, tout objet de représentation sociale est lié ou rattaché

à la communication qu'on en fait sur son contenu. Cela justifie bien évidemment son

influence dans la société et demeure le fondement de la pensée sociale donc des

représentations sociales.

Terme relevant de la psychologie sociale, les représentations sociales sont définies

« A la fois comme le produit et le processus d'une activité mentale par laquelle un groupe

ou un individu reconstitue le réel auquel il est confronté et lui attribue une signification

spécifique» 2. ''Notion carrefour", les représentations sociales ont fait l'objet de plusieurs

productions, ce qui ne fait qu'augmenter les sens donnés à la notion et les angles

d'approches. Ainsi, comme pour Willem DOISE, la pluralité d'approche de la notion et la

pluralité de significations qu'elle véhicule en fait un instrument de travail complexe. Les

nombreuses productions sur les représentations sociales ont permis, d'une part, de mettre

1 SHANNON, C., WEAVER, N., A perspective of social Lexington, Lexington book, 1986. 2 ABRIC, J .C., Pratiques sociales et représentations, Paris, PUF, 1994, 192p.

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Page 9: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

en évidence l'incidence des représentations sociales sur l'individu ou le groupe dans la

saisie de son environnement. D'autre paii, elles montrent que les représentations sociales

sont élaborées dans les rapports sociaux, les croyances, les idéologies, et les discours.

Parler des rapports sociaux, de collectivité ne reviendrait-il pas à parler d'interaction

entre les individus ou les groupes? En d'autres termes, c'est parler d'organisation donc de

communication. La communication et l'organisation sont deux termes certes différents

mais indissociables. Comme l'affirme Lucien SFEZ « L'étymologie nous rappelle que la

racine de communiquer est "commun, "mettre en relation" ou "mettre en commun" d'où

vient également communauté. Communiquer ne signifie -t-il pas aussi échanger dans une

communauté de sens ?» 3 . Les échanges et les implications mettent du coup des individus

en relation, ce qui crée nécessairement un besoin d'organisation. Il en résulte que

l'organisation est simplement la valeur informationnelle d'un ensemble de contraintes et de

corrélations. C'est un système d'interactions sociales. En effet, selon une approche

sociologique, l'organisation est une entité sociale, un objectif d'étude en soi. De même au

niveau social, « La communication correspond à un ensemble de processus par lesquelles

s'effectuent les échanges d'informations entre les personnes dans une situation donnée.

Elle serait donc un processus social permanent intégrant de multiples modes de

comportements» 4. L'on remarque dès lors que la communication sert de moteur aux

interactions et aux rapports sociaux car, "on ne peut pas ne pas communiquer".

Etudier les représentations sociales en sciences de l'information et de la

communication, c'est faire ressortir, voire saisir l'identité, la culture, l'idéologie, les

attitudes et les opinions à travers la communication. Mais au-delà de l'idée susmentionnée,

les représentations sociales doivent être appréhendées comme une méthode d'analyse, de

description puis de compréhension des phénomènes sociaux qui nous environnent. Tel va

être aujourd'hui l'utilité des représentations sociales.

C'est sous cet angle que nous voulons placer cette étude : .la radioscopie de la

dynamique intercommunautaire entre les populations du Nord et les populations du Sud de

la Côte d'Ivoire par la méthode des représentations sociales.

3 SFEZ, L., Dictionnaire critique de la communication, Paris, PUF, 1994.

4 BAGGIO, S., Psychologie sociale: Préparer l'examen LMD, Paris, Editions de Boeck, 2006, p. 73.

2

Page 10: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

Après la balkanisation du continent africain suivie de la période répressive de la

colonisation, des pays africains, à l'instar de la Côte d'Ivoire, en 1960, accédèrent à la

souveraineté nationale. Cette période marqua Je début d'une relative stabilité avec la

culture de la paix considérée comme un culte pour une économie et un climat social

durable dont le maître 'dœuvre 'était Félix Houphouët-Boigny et, citée· comme modèle

partout dans le monde ou du moins dans la sous région Ouest Africaine.

Cependant, l'on assiste, en effet, depuis l'avènement du multipartisme en 1990 avec

son corollaire la libéralisation de la presse à un "leadership médiocre" des politiques en

Côte d'Ivoire. Ce leadership-là a entraîné de graves conséquences que sont la décadence de

l'Etat et la paupérisation grandissante renforcée par des leaders politiques générant la

suspicion, la peur, le sentiment d'exclusion, de ségrégation au sein de la population,

amplifiée par une fragilisation du tissu social où l 'ethnicité et la religion sont devenues des

armes aux mains de certains hommes politiques en quête d'électorat pour la conquête du

pouvoir.

Cette situation mêle une image négative souvent positive de certaines populations à

l'égard d'autres populations eu égard aux agissements, attitudes et comportements de ces

différentes communautés, si bien qu'elle s'est matérialisée, dès septembre 2002 par la

partition du pays en deux territoires : le Sud et le Nord.

En outre, après plusieurs tentatives infructueuses de résolution du conflit, les

principaux protagonistes sont parvenus à l'accord dit de Ouagadougou qui prévoyait une

élection présidentielle transparente et ouverte à tous. Cette élection censée favoriser la

réconciliation «l'a au contraire plongé dans un déchaînement de violences sans précédent

( .. .) bilan : 3000 morts, des centaines de milliers de déplacés » 5, sans oublier les

innombrables mutilés.

aujourd'hui, comment d'abord, panser les meurtrissures, pour ensuite, penser la

réconciliation nationale sur fond de frustrations, d'affrontements entre communautés

ethniques, de tension et de haine qui ont été les ferments des précédents conflits qui ont

tant fait de victimes ? Dès lors, comment les populations sont-elles parvenues à se détester

au point de rechercher la région d'origine, le parti politique des unes et des autres avant de

poursuivre une communication? Pourquoi ce qui devrait les unir (l'ivoirité) a été le

5 HOFNUNG, T., La crise ivoirienne : De Félix Houphouët-Boigny à la chute de Laurent Gbagbo, Abidjan,

éditions Fraternité Matin, 2012, p. 7.

3

Page 11: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

catalyseur de leur haine? De façon sous-jacente à ces interrogations, se profilent celles de

savoir si la guerre était le moyen le plus convenable pour amener les changements

profonds revendiqués ? Comment les agissements politiques ( égoïsme politique, impérities

et cupidité) discours médiatiques ont favorisé les représentations sociales des populations

Ivoiriennes? A cet égard, il conviendra d'interroger l'histoire sociopolitique de la Côte

d'Ivoire pour tenter une compréhension plus profonde du conflit.

C'est ce questionnement qui fonde notre réflexion sur un tel sujet. Il s'agira de

prime abord pour nous, d'appréhender l'univers social dans lequel évoluent les populations

du Nord et les populations du Sud ensuite, leurs rapports. Enfin, saisir également la

dynamique des relations entre ces différentes communautés qui nous ont conduis à un

conflit militaro-politique puis aux violences postélectorales de 2010 et 2011.

Ce travail s'articulera autour de deux grandes parties subdivisées en deux chapitres

chacune. La première partie traitera des cadrages théorique et méthodologique. D'abord, le

chapitre premier de cette partie s'articulera autour de la définition des concepts, du cadre

de référence théorique et de la revue de littérature. Ensuite, le second chapitre sera

consacré à la méthodologie de la recherche. C'est-à-dire de la présentation de

l'environnement des populations d'enquêtes, la technique d'échantillonnage et les outils

méthodologiques. La seconde partie concernera la perspective de la thèse. La présentation

des données de la pré-enquête sera question dans son chapitre premier, puis, le plan

indicatif et l'estimation de la thèse dans le dernier chapitre. Par ailleurs, un chapitre

liminaire sera dédié à la problématique.

4

Page 12: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

CHAPITRE LIMINAIRE : PROBLEMATIQUE

Ce chapitre intitulé chapitre liminaire n'est autre que la justification du choix du

sujet, l'identification et la formulation du problème qui prend en compte les questions de

recherche, les objectifs et les hypothèses de l'étude.

JUSTIFICATION DU CHOIX DU SUJET

L'idée de réaliser le présent travail de recherche tire son origine de la situation

sociopolitique que vit la Côte d'Ivoire depuis deux décennies.

Notre intérêt, pour cette étude va au-delà d'une simple motivation personnelle. Il est

collectif, partagé par bon nombre d'ivoiriens et d'ivoiriennes. Il est de notre intérêt à tous

quelque soit les différences et les divergences de rechercher ce que nous avons de meilleur,

la paix comme héritage commun. Ce sentiment de bonheur, cette joie, d'être Ivoirien et

d'avoir l'IVOIRITE tant dévoyé par les politiques comme patrimoine commun qui nous

motive. Ainsi, comme le stipule A. KOUROUMA, « n nous appartient, nous les intellectuels, nous les enfants de tous ces pays, de relever le défi, de mettre fin à la

souffrance de nos parents ... Ce doit être notre destinée. Apparemment « on » s'attarde sur

des questions futiles qui n'en valent pas la peine. (. .. ) La Côte d'Ivoire ne doit pas rater

cette transition sinon les conséquences pourraient en être désastreuses » 6

Par ailleurs, notre motivation est, d'une part, de mieux comprendre à travers les

actions des populations, des politiques et des médias les rapports (processus) de

communication observés en Côte d'Ivoire qui ont conduit à la crise. C'est-à-dire faire

ressortir l'aspect communicationnel de la dynamique des relations inter-ivoiriennes qui

semblent être à l'origine des différentes représentations sociales. Et d'autre par, nous

sommes motivés par le morcellement inconscient qui est opéré dans la mémoire collective

des Ivoiriens. Nous sommes également hérités par cette catégorisation des Ivoiriens entre

Ivoiriens du Nord et Ivoiriens du Sud, entre Ivoiriens de seconde zone et Ivoiriens de

première zone, entre Ivoiriens de souche pure et entre Ivoiriens de souche hybride, les vrais

Ivoiriens et ceux de nationalité douteuse.

6 AJGNDES, F., DEMBELE, O., et DIABATE, 1., Les intellectuels Ivoiriens face à la crise, Paris,

KARTHALA, 2005, p.32.

5

Page 13: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

territoire occupé de part et d'autre par les forces belligérantes. Il s'agit de proposer des

stratégies capables de permettre de mener des actions efficaces pour le fondement et le

devenir d'une nation. Il s'agit, entre autres, de mettre l'accent sur la dynamique des

relations entre les Ivoiriens, les hommes politiques et les médias sur la cohésion sociale, le

changement de comportement, la 'prévention ·enfin, la socialisation à travers des actions

d'information, d'éducation et de communication.

Ce travail se veut une contribution modeste à la compréhension et à l'explication de

la réalité et des enjeux de la crise Ivoirienne sur les populations du Nord et celles du Sud.

De nombreuses productions ont traité de la crise Ivoirienne sous des angles divers. Mais

aucune de ces recherches à riotre connaissance, ce jour, n'a fait une étude approfondie

analysant le thème de la crise entre les différentes communautés elles-mêmes. C'est-à-dire,

la signification des populations du Nord par les populations du Sud et vice-versa, des

communautés qui constituent des acteurs d'un même espace géographique. L'appréciation

des Ivoiriens par les Ivoiriens revêt d'un intérêt très capital pour notre travail.

Notre étude se situe à cheval sur l'histoire, les sciences politiques, la sociologie, la

psychologie sociale et l'anthropologie et la communication.

En outre, une sous-commission scientifique dirigée par SERY Bally a été crée au

sein de la CDVR8 pour une réflexion scientifique sur les causes qui ont engendré une

fracture entre les populations Ivoiriennes, proposer des solutions et aboutir à une

réconciliation et une paix durable. Dès lors, notre travail a une justification scientifique.

Dans le champ des sciences de l'information et de la communication, ce travail qui

s'inscrit dans le cadre de la communication des mutations politiques (communication des

conflits) va permettre d'avoir une grande lisibilité des effets des agissements des

différentes communautés, des activités des politiques et des medias. En définitive, cette

réflexion en communication politique n'a aucune visée politique.

7 Les recherches sur les représentations sociales, aussi la dynamique de leurs relations après les violents affront·ements survenus dans le pays. 8 CDVR: Commission Dialogue Vérité et Réconciliation

6

Page 14: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

IDENTIFICATION ET FORMULATION DU PROBLEME

L'histoire de la dynamique humaine montre que les hommes dans la quête d'un

mieux être pour l'accomplissement de leurs besoins, entrent en conflit les uns contre les

autres. Le conflit, selon Ségui DEGNI est, « toute contestation ou opposition d'intérêt ou

de droit entre protagonistes ... » 9. Les conflits, quelque soit le type ont existé partout dans

le monde ; en Amérique, en Asie en passant par le vieux continent (l'Europe) et l'Afrique.

Nombre de ceux-ci ont marqué la mémoire collective et l'histoire de par leur nombre élevé

de victimes et de conséquences. Il s'agit en l'occurrence des deux guerres mondiales et des

crises à répétition en Afrique depuis la seconde moitié du XXème siècle à nos jours.

Cependant, outre les crises ou conflits qu'a connu le continent africain après les années

d'indépendance (1958-1963), des conflits (crises ou guerres) n'ont-ils pas émaillés le

monde?

Le début du 20e siècle s'ouvrit avec un conflit idéologique entre Etats puis se mua

en une guerre mondiale de 1914 à 1918. Elle est le point de départ d'une série

d'événements qui menaceront l'existence de nombreux états 1°.

L'Afrique est le continent où les conséquences qui résultent de ces conflits

mondiaux se font ressentir durablement. Les conflits inter-états (Tunisie-Lybie, Guinée

Bissau-Sénégal, Burkina Faso-Mali, Cameroun-Nigéria, Tchad-Lybie ... ) auxquels

l'Afrique avait habitué le reste du monde ont laissé la place à d'autres conflits internes

9DEGNI S, Identification des conflits : le cas du RWANDA, in conflits actuels et culture de la paix, actes du

colloque d'Abidjan, Commission Nationale Ivoirienne de l'UNESCO en collaboration avec le BREDA

(DAKAR), Abidjan, PUCI, 1997, p. 40.

10 A cette guerre viendra s'ajouter un second conflit mondial qui occasionnera la division du monde en deux

blocs (soviétique et occidental) viendra sceller l'existence de bien de pays africains et occidentaux. Ainsi,

depuis 194 7, il y a une guerre civile en Birmanie entre communistes bouddhistes et séparatistes musulmans.

1960, c'est au tour de la Papouasie occidentale (la Nouvelle Guinée). En 1964, un conflit armé éclate en

Colombie. Une insurrection islamique menaça les philippines en 1969. Le conflit entre le PKK et la Turquie

depuis 1978. En 1996, la guerre du crabe accentue les tensions entre les deux la Coré. 2001, il y a guerre en

Afghanistan. Depuis 2011, la guerre en Syrie occupe une place de choix dans les couvertures médiatiques.

7 ,,· ,'

Page 15: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

aussi appelés guerres civiles. « ... L'ensemble des conflits en Afrique sont des guerres

civiles. C'est-à-dire des conflits internes. Ces conflits qui prolifèrent, concernent toutes

les régions de l'Afrique. Ce que l'on peut observer, c'est que la guerre a changé de nature

et même d'éthique. En effet, la grande majorité des conflits aujourd'hui sont domestiques.

Ils opposent soit des soldats aux civils, soit des ci vils entre eux ... » 11. « ... Ce sont des

conflits armés qui occupent le devant de l'actualité. Si l'Afrique n'est pas le seul continent

en proie à ce type de conflit, elles 'offre le plus aux déchirements internes. Il semble avoir

une tendance généralisée au recours à la force dans l'ordre interne des Etats Africains

pour résoudre les différends. Et le conflit armé qui est, il faut le préciser, un mode de

règlement des oppositions d'intérêts gagne en amplitude ... » 12 Il y a eu la guerre civile en

Angola, au Rwanda (entre Hutu et Tutsi). Les deux Congo n'ont pas été épargnés. Le

Tchad a été en guerre; l'opposition entre les Sudistes (notamment les Sora sous le règne de

Tombalbaye) et le Nord (les Gorane avec Hisane Habré). Au Soudan, le Nord développé

est différent du Sud laissé à l'abandon et où le niveau et le taux de scolarisation sont

faibles. Le conflit inter-soudanais au Darfour. Aujourd'hui, c'est autour de la Centrafrique.

La région occidentale de l'Afrique avec des pays « De tradition politique ancienne avec les royaumes et empires précoloniaux Mossi, Songhaii, Bogon, Ashanti, Yoruba ... n 'a

pu être exempté de conflits armés ou guerres civiles.» 13• En effet, « ... depuis, les

indépendances la sous région ouest Africaine a été le champ de plusieurs conflits armés

dont cinq guerres civiles, trente huit coups d'Etat militaires réussis ( .. .)'4, ainsi que trois t 'b lli ' . 15 cas < e re e ion en mouvements séparatistes» .

Cependant le conflit qui a suscité des interrogations et l'émoi est le conflit Ivoirien

parce que, ce pays est considéré un modèle de paix, d'unité et d'intégration.

Une mosaïque ethnique (une soixantaine d'ethnies), la Côte d'ivoire a connu le

multipartisme dès 1990 comme l'ensemble des pays d'Afrique francophone après le

11 Kll)RE Pierre (à l'époque Ministre de l'éducation nationale et de la formation de base) allocution

prononcée à la journée d'ouverture du colloque d'Abidjan sur: conflits actuels et culture de la paix,

Commission Nationale lvoirierme de l'UNESCO en collaboration avec le BREDA (DAKAR), 1997, p25

12 DEGNl, S. Identification des conflits: le cas du RWANDA, in conflits actuels et culture de la paix, op cit,

p. 40. 13 SQUARE, I., guerres civiles et coups d'Etats en Afrique de l'ouest, Paris, l'Harmattan, 2007, 292p 14 Quarante, les récents coups d'Etat au Mali et en Guinée Bissau en 2012 15 SQUARE, I., guerres civiles et coups d'Etats en Afrique de l'ouest, Op cit, p.12.

8 J

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Page 16: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

discours de la Baule. Cet avènement du pluralisme politique coïncida avec la récession

économique dû à un endettement massif pour la réalisation de gigantesques projets de

développement socio-économiques, sur fond de tensions et de revendications sociales.

Pour stopper cette hémorragie économique et donner un nouvel élan à la construction d'un

Etat moderne et modèle comme ceux de l'Occident, le père de la nation, Félix Houphouët­

Boigny nomma Alassane Ouattara. Ce choix du "Vieux" n'a pas été du goût de certains

Ivoiriens du fait de ses origines Nordistes.

C'est le 10 mars 1893, que le colonisateur délimita les frontières d'un territoire,

aujourd'hui Côte d'Ivoire. Elle était jusqu'à cette date rattachée à la guinée Française, à

l'intérieur de laquelle devrait se développer un sentiment d'appartenance à un groupe

homogène.

Installé sur la côtière où il commerçait, le colonisateur n'aura d'yeux que pour la

zone Sud qui était pour lui comme un eldorado parce qu'il regorgeait de ressources

nombreuses : Ivoire, caoutchouc, palmier à huile avec un sous sol généreux. En d'autres

termes, une sorte de terre promise qu'il fallait exploiter, qui par contre souffrait d'un

handicap. Sa population qualifiée de « archaïque», «dépassée» et «arriérée». « C'est

pourquoi, après avoir « pacifié » le pays, le colonisateur va importer en masse dans le Sud les Dioula et les Sénoufo venus du Nord, considérés plus aptes à l'œuvre de

l'exploitation »16 parce qu'habitant une région de savane pauvre et peu propice à une

exploitation rapide. Aussi, fera t-il appel aux Voltaïques (actuellement Burkina Faso), aux

Soudanais (actuellement Mali) et aux populations de ses autres colonies, Sénégal, Bénin,

Togo en les contraignant au travail forcé qui occasionnera par la suite un déferlement

d'émigrés du Nord de la Côte d'Ivoire et d'immigrés entre 1913 et 1947. Une immigration

choisie ou forcée qui va déteindre les relations entre colon, autochtones des communautés

dites du Sud, les émigrés du Nord et les immigrés. Cette situation s'est traduite par la

valorisation des populations du Sud puis favoriser la création en 1929 de l'Union

Fraternelle des Originaires de Côte d'Ivoire (UFOCI) dissoute un an plus tard. TI eut

également la création de l'Association de Défense des Intérêts des Autochtones de Côte

d'Ivoire (ADIACI). « Les chefs de file de ces deux associations, comme de la plupart de

celles qui voient le jour à l'époque, s 'identifient à des régions de la basse Côte. Ils

deviendront des modèles et des guides pour les originaires des autres régions qui,

EKANZA S. P, Côte d'Ivoire de l'ethnie à la nation, une histoire à construire, Abidjan, éditions CERAP, 2007,p.28

9 , ,,

Page 17: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

spontanément regroupés autour d'eux, vont générer les premières manifestations d'une

conscience ivoirienne à une période où Les privilèges des Sénégalais et des Dahoméens

étaient mal ressentis» 17. « Elle proteste aussi contre les Diou/a quis 'appropriaient, selon

elle, les terres des allochtones. Face à tous ces remous, l'administration coloniale est

conduite à proposer une première politique ''D 'ivoirisation des cadres ''. Ce fut le

moment clé où la société Ivoirienne prend conscience d'elle-même, de son identité qui est

revendiquée comme Leur « propriété » d'abord et avant tout par les populations du Sud (. . .). Les gens du Sud se présentent . comme le fer de lance de la revendication

« identitaire ». à ce tournant où la Côte d'Ivoire se transforme sous l'égide de l'économie de plantation ... » 18

. C'est dans cette mouvance qu'en juillet 1944, naquit le Syndicat

Agricole Africain après l'échec du Syndicat Agricole de Côte d'Ivoire. Un an plus tard,

c'est sous la bannière de ce syndicat de planteurs que, Félix HOUPHOUET-BOIGNY

remportera, au second tour, le siège de la représentation indigène à l'assemblée

constituante Française avec l'indéfectible soutien du Patriarche COULIBAL Y Gon et de

ses sujets. De son retour de la France, où il obtint l'abolition de l'indigénat et son corollaire

le travail forcé, il crée avec ses planteurs-syndiqués, en 1946, le Parti Démocratique de

Côte d'Ivoire (PDCI) qui partagera avec le parti progressiste (de Kakou Aoulou et de

Kouamé Benzème), le Bloc Eburnéen (d'Etienne Djaument) et le parti des Indépendants

(de .Sekou Sanogo) la scène politique Ivoirienne pendant la colonisation. Mais ces partis

qui ont pour finalité l'indépendance du pays vont convenir de tous conjuguer leurs efforts

au sein du PDCI sous la férule d' HOUPHOUET-BOIGNY qui, le 07 Août 1960 proclama

l'indépendance de la Côte d'Ivoire. Ainsi s'ouvre à partir de cette même année les

premiers épisodes économique, politique et social du nouvel Etat Indépendant.

Les premiers épisodes politiques de la Côte d'Ivoire postcoloniale s'ouvrirent avec

les complots de 1963 et 1964 que certaines publications qualifient de complots ourdis

contre le peuple du Nord par Félix Houphouet Boigny constitué en victime et bourreau. En

effet, à en croire ces publications, bien avant ) 'indépendance, le président n'accordait pas

la même attention à toutes les régions du pays. Il avait « La hantise du Nord. » 19 « Le nord

pour Houphouet-Boigny, ce n'était pas seulement que le Nord de la Côte d'Ivoire, c'était

aussi le Mali, le Burkina Faso, la Guinée et même Le Sénégal» 20. Les préjugés et les

17 EKANZA S. P., Côte d'Ivoire de l'ethnie à la nation, une histoire à construire, op cit, p. 30. 18 Idem 19 KONE A., Houphouët Boigny et la crise Ivoirienne, Op cit, p.136. 2° KONE A., Houphouët Boigny et la crise Ivoirienne, Op cit, p. 145.

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Page 18: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

allusions du président sur le Nord en référence à la Côte d'Ivoire coloniale voire

précoloniale. Ces "préjugés" sur le Nord étaient partagés explicitement par les cadres du

PDCI avant même l'indépendance.(< Ouezzin Coulibaly, le lion du RDA, militant intrépide

du PDCL fut remercié de façon particulièrement répugnante: en 1956 (. . .), certains

cadres de la direction du PDCI lui rappelèrent qu'il n'était plus Ivoirien que son pays

avait été séparé de la Côte d'ivoire en 1947 » 21. Pour terminer le premier épisode politique

de la Côte d'Ivoire postcoloniale, « HOUPHOUET-BOIGNY voulait éviter que ne se

dégage de cette région une forte personnalité, un meneur cl 'hommes, un leader

charismatique susceptible de séduire toute la Côte d'Ivoire» 22. Cet épisode politique

contrasté se confond avec l'épisode économique très reluisant des deux premières

décennies de cette époque postcoloniale.

A l'accession du pays à la souveraineté nationale et internationale, son

développement économique était l'objectif premier du président de la République et, il s'y

engagea résolument. «L'afflux de capitaux lié aux avantages des investissements et

l'accroissement de la production agricole permirent aux pouvoirs publics de créer près de

250 sociétés d'Etat (Sode) ... la SODESUCRE, la SODERIZ, la SODEHEVEA, la

S0DEPALA1, la SODECl, l'EECI»23.

Cependant, la gestion « néoparentale » de cette économie par le président et les

siens24 ne parvint plus à étouffer toute forme de contestation sociale car, « Le marasme

économique quis 'ensuivit aboutit à une crise sociale grave en janvier et février 1990 » 25.

En d'autres termes, la fin du miracle économique donne le coup d'envoi des crises

sociopolitiques confondu avec la Côte d'Ivoire du pluralisme politique.

En 1989, Dr. Alassane Dramane Ouattara fut appelé au chevet de la Côte d'Ivoire

malade du « Développement du sous-développement »26. Les prescriptions faites par le

"médecin-banquier" de l'Afrique de l'Ouest débarqué à Abidjan n'arrive pas à contenir

les maux dont souffre la patiente ivoirienne. Au contraire, ils s'amplifièrent davantage et

relayés par une presse d'opinion. Mais, le 07 décembre 1993, la mort du "Vieux" vint

21 KONE A., Houphouët-Boigny et la crise Ivoirienne,Op cit, p. 139. 22 KONE A., Houphouët-Boigny et la crise Ivoirienne,Op cit, p .. 146. 23 KONE A., Houphouët-Boigny et la crise lvoirienne,Op cit, p.155. 24 Ceux avac qui, il avait en charge la gestion du pouvoir 25 KONE A., Houphouët-Boigny et la crise Ivoirienne,Op cit, p. 163. 26 A. Franck, in capitalisme et sous-développement en Amérique Latine, cité par KONE A, p.163.

11

Page 19: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

ébranler la malade qui agonise. La guerre larvée entre le dauphin constitutionnel, Henri

Konan Bédié27 et AD028 qui assura l'intérim du président. Le premier l'emporta sur le

second qui le congédia aussitôt. L'accession de HKB à la magistrature suprême a ouvert un

nouvel épisode sur la vie économique de la Côte d'Ivoire par la dévaluation du Franc CF A.

Au niveau politique, un nouveau code électoral est adopté. Dans la foulée, face aux

grognes sociales et aux effets de la dévaluation, un nouveau contrat social baptisé sous le

vocable de l'Ivoirité accompagné de la boutade' 'consommons ivoirien" va être proposé au

peuple ivoirien en guise de remède par le président candidat. Ce concept fédérateur

reconnu par les Ivoiriens à ses débuts, finira à la suite de son aventure politique à être le

levier de la division sociopolitique en Côte d'Ivoire. Cette Ivoirité, très tôt conceptualisée

sera combattue par le RDR29 et quelques partis d'opposition relayé par une presse

d'opinion qui en a fait son choux gras.

En Côte d'Ivoire, le média d'opinion a connu un musellement après

l'indépendance. La liberté d'expression est longtemps restée contenue. En effet, la

première presse d'opinion fit son apparition en 1945 en Côte d'Ivoire. Au premier abord,

c'est le kpatchibô30 de Kouame Benzeme qui parut à Treichville. Ensuite le plus célèbre à

l'époque fut incontestablement Le Démocrate, presse du PDCI sous la direction d'Ouezzin

COULIBAL Y. Enfin, la dernière née de la presse d'opinion fut attoumgblan'' de Go Boni

parue en 1956. Après l'indépendance sous le parti unique, seul le parti-Etat disposait de

moyens de diffusion de masse : La radiodiffusion et la télévision en 1963 et Fraternité

Matin en 1964. Le parti disposait de Fraternité Hebdo pour sa propagande. A la suite de

ces médias d'Etat et du parti vinrent Ivoire Dimanche et !voir Soir en 1987. La presse

d'opinion moderne, nouvelle formule est l'une des conséquences de cette Côte d'Ivoire

plurielle depuis le 30 avril 1990. Cette presse d'opinion est actrice majeure dans le nouvel

épisode sociopolitique de la Côte d'Ivoire. Elle sert de relais aux politiques, de courroie de

transmission et, c'est à elle que l'on a recouru quelques mois après la nomination de ADO,

27 Henri Konan Bédié (HKB) 28 Alassane Dramane Ouattara (ADO) 29 Rassemblement Des Républicains (RDR) 30 Qui signifie littéralement "fendre la forêt", donc faire de la lumière 31 Qui signifie Tam-tam parleur chez les Baoulés

12 pcr

Page 20: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

comme prémier ministre pour prétendre qu'il est étranger, fils d'immigré Burkinabé. C'est

encore elle qui disait: << Au revoir, Alassane. Entre nous Ivoirien, maintenant(. . .)» 32

En outre, en 1994, un nouveau code électoral est adopté en décembre. Ce nouveau

code, en effet, supprime le droit de vote aux non ivoiriens. Par ailleurs, l'une de ses lois

relative à la candidature à l'élection présidentielle stipulait qu'il faut« être né de père et de

mère ivoiriens de naissance, n'ayant jamais renoncé à la nationalité Ivoirienne et résider de

façon continue en Côte d'Ivoire pendant les cinq années précédent la date des élections».

Aussitôt, ADO, depuis Washington contre-attaque sur RFI : « Je condamne une loi

électorale qui met l'accent sur l'identité des parents (. . .), ils ne veulent pas que je sois

candidat car, je suis du Nord et musulman ... » 33. C'est l'idéologie de la victimisation aux

fins de la manipulation des siens. Cette sortie de ADO n'aurait eu d'effet s'ils n'avaient

pas eu les exactions à répétition à l'endroit des populations du Nord du pays dont les

patronymes sont confondus de droit avec ceux des communautés des pays qui nous font

limites au Nord.

En 1995, le candidat président HKB est élu. Une élection qui fera le lit de

l'exacerbation des clivages politique, sociale et religieuse soutenue par une gestion

économique ''néopatrimoniale'' comme celle du Vieux précipitera sa chute en décembre

1999. Ce coup d'Etat, sans effusion de sang fut salué par l'ensemble du corps social même

par les partis politiques. Il occasionnera la libération des cadres du RDR emprisonnés.

Venu balayer la maison Ivoire et prôner la tolérance et la réconciliation, le Général

GUEI, seulement quelques mois après sa prise de pouvoir déclara que "l'Ivoirité était une

bonne chose". Il soumet à référendum la nouvelle constitution que tous les partis

politiques appellent à voter. Le "OUI" l'emporte avec en toile de fond la question des

conjonctions de coordination "ET" et "OU". C'est dans cette période de psychose que se

tint, le 22 octobre 2000, l'élection présidentielle que n'ont pu prendre part HKB et ADO.

Dans la soirée du 26 octobre, le nouveau locataire de la présidence prête serment à

l'issue de cette élection qu'il qualifie lui-même de "calamiteuse". Le président,

nouvellement élu doit faire face quelques jours après sa prise de fonction à un charnier qui

entachera son mandat du fait de son mutisme sur les responsables de cette atrocité.

32 CŒUR Gilles, « Laurent Gbagbo un socialiste au visage ethnique », in Alternatives Internationales, n°7

mars-avril 2003 33HOFNUNG, T., la crise ivoirienne: de Félix Houphouët Boigny à la chute Laurent Gbagbo, op cit, p. 41.

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Page 21: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

Par ailleurs, un fait marquant viendra déchaîner les passions et matérialiser la

fracture entre le Nord et le Sud. Il s'agit du rejet de la candidature de ADO pour les

législatives de décembre 2000. Résultat : affrontements urbains entre partisans du RDR et

Forces de I'Ordre soutenues par les sympathisants du Front Populaire Ivoirien (FPI),

« Exaspérés les partisans d 'ADO hissent le drapeau Burkinabé dans son fief de Kong ( .. .)

tandis que le journal pro-RDR, Le Patriote publie à sa "Une" une carte de la Côte

d'Ivoire amputée de sa moitié Nord. Le pays semble au bord de la partition. » 34

Cette période marquera visiblement de début de la légitimation de la violence entre

communautés religieuses et ethniques dans le règlement des différends politiques. Le

divorce du Nord d'avec le Sud sera consommé lorsque le prédirent, LG, dira au Forum

pour la réconciliation nationale : « la nouvelle constitution Ivoirienne a été votée pour trois

personnes. D'abord mettre fin à la façon dont HOUPHOUET-BOIGNY est mort au

pouvoir. Ensuite, la manière dont HKB est parvenu au pouvoir. En.fin, le cas ADO qui a

une nationalité douteuse.»35 Par cette déclaration du président LG, Ouattara, tous les

Ouattara de même que tous les Nordistes sont de nationalité douteuse. C'est-à-dire, des

usurpateurs, des étrangers (manœuvres d~ nos ascendant qui se sont enrichis grâce aux

terres du Sud). «L'opinion Ivoirienne, dans sa grande majorité retient ( .. .) une idée

dominante de la nation, celle de la représentation collective et solidaire, qu ;elle identifie à

tort ( .. .) à une seule frange de la population, en l'occurrence les habitants de la basse

Côte. »36

C'est dans ce contexte qu'intervint le coup d'état manqué du 19 septembre 2002

qui, entraînera plus tard la partition du pays en deux comme l'avait illustré Le Patriote. Les

raisons justificatives de cette partition du pays qui se déduisent des revendications des

Forces Nouvelles (l'organisation d'élection sans exclusion, la réconciliation de la Côte

d'Ivoire avec elle-même et le départ du chef de l'Etat) traduisaient le malaise social de ce

pays depuis son "flirte" avec le multipartisme. Un malaise social sur fond de coloration

ethnique, religieuse, régionale et politique orchestré, d'une part, par ''un supposé

complexe de supériorité" qui caractérise le Sudiste et, d'autre part, par la manipulation

idéologique et ethno-religieuse du Nord par les discours et les tracts ( charte du nord).

34 HOFNUNG, T., la crise ivoirienne: de Félix Houphouët Boigny à la chute Laurent Gbagbo, Op cit, p.57. 35 Fraternité Matin du n°1 l l l l, du 17 au 18 2001 36 EKANZA S. P., Côte d'Ivoire de l'ethnie à la nation, une histoire à construire, op cit, p.33.

Page 22: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

Cependant, après les violents affrontements et les accords infructueux de résolution

du conflit entre les parties belligérantes, un accord politique fut signé en mars 2007 dont le

principal point a été l'organisation de l'élection présidentielle sans exclusion de 201 O.

D'ailleurs, « Cette élection présidentielle considérée comme la clé de voute de la sortie de

crise s'est transformée en une élection présidentielle de radicalisation des antagonismes

politiques, de cristallisation des haines qui conduiront le pays immanquablement vers une

autre crise plus grave : une seconde guerre civile. ( ... ) Une crise postélectorale qui a fait

officiellement-3000 morts» 37.

Aussi, suite aux dérives et exactions des différentes parties soldées par ce nombre

impressionnant de victimes, la reconstruction et la réconciliation nationale deviennent les

ultimes recours à la paix, lorsque le chef de l'Etat, ADO affirme depuis la France à propos

des nominations des cadres du Nord dans l'administration, « Il s'agit d'un simple

rattrapage. Sous Gbagbo, les communautés du Nord, soit 40% de la population étaient

exclus des postes de responsabilités(. . .).»38. Ainsi, dans ce contexte, comment

parviendrons-nous au vivre ensemble si les basses sont déjà fausses? la CDVR pourra+

elle parvenir au bout de sa mission? Ces propos du président ADO à l'instar des

affirmations du président LG au Forum pour la réconciliation nous rendent perplexe et

cristallisent davantage les haines, créent les préjugés, les stéréotypes qui favorisent les

représentations.

Dès lors, nous nous demandons comment ces discours, ce genre de propos

favorisent-ils (modifient-ils) les représentations? En d'autres termes, comment les

discours médiatiques et les paroles politiques parviennent à créer et à modifier les

représentations des différentes communautés d'ivoiriens? Quelle est la fonction de la

politique et du politique dans nos sociétés dites modernes profondément enracinées dans la

tradition? Quelle doit être la contribution du média à l'éveil des consciences pour la

construction de l'unité nationale?

37 ZIO Moussa, Les médias et la crise politique en Côte d'Ivoire, Accra, Fondation pour les médias en

Afrique de l'ouest, 2012 38DAGARET A., le Nouveau Réveil, n°3003, du 31 janvier 2012, p.4-5. « Il est inconcevable et inacceptable

que cela vienne de vous. Car ces propos ne sont pas favorables à votre slogan de campagne '' VIVRE EN

ENSEMBLE''»

15 , .. ., ,,

Page 23: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

BUT DE L'ETUDE

Le but de cette étude est de montrer à travers des coupes de graphes et des cartes

associatives par l'analyse, l'évolution des interactions, des relations que les populations du

Nord et les populations du Sud entretiennent entre elles, afin de dégager les modes de

pensée qui les lient.

QUESTIONS DE RECHERCHE

Question générale

Quel est le mode de pensée qui lie les populations du Sud et du Nord de la Côte

d'Ivoire les unes à l'égard des autres?

Questions spécifiques

1) Quels sont les invariants structuraux des représentations sociales d'une

population à l'égard d'une autre?

2) Quels sont les différents constituants cognitifs des différentes populations ?

3) Le sexe, le culte, le niveau d'étude, l'âge et la formation politique

influencent-ils les représentations sociales des populations?

OBJECTIFS DE RECHERCHE

Objectif général

Dégager le noyau central des représentations sociales que les populations du Sud de

la Côte d'Ivoire et les populations du Nord de la Côte d'Ivoire ont les unes des autres. En

d'autres termes, il s'agit de la forme de connaissance socialement élaborée sur les

populations du Nord et du Sud de la Côte d'Ivoire et partagées par elles-mêmes afin de

proposer, des solutions visant à améliorer leurs rapports de communication, les relations

entre tous les Ivoiriens pour une véritable cohésion nationale et une paix durable et la

construction de l'ETAT NATION.

Page 24: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

Objectifs spécifiques

1) Faire ressortir les invariants structuraux (noyau central et éléments périphériques)

des représentations sociales d'une population à l'égard d'une autre,

2) Mettre en exergue les constituants cognitifs d'une population à l'égard d'une

autre population,

3) Montrer l'importance du sexe, du culte, du niveau d'instruction, de la formation

politique et de l'âge dans les représentations sociales d'une population à l'égard d'unes

autre.

HYPOTHESES DE RECHERCHE

Hypothèse générale

Comme réponse provisoire à l'ensemble des questions énumérées un peu plus haut

nous disons que, l'avènement du multipartisme suivie de la libéralisation de la presse (Les

discours politiques, attitudes des hommes politiques et leaders d'opinions, les

discriminations ethniques et religieuses, les frustrations suites aux violences) ont engendré

un changement dans la vision, la perception et dans les actions des populations entre elles.

Ces agissements ont distillé dans la mémoire collective d'une population des images

défavorables à l'égard d'une autre.

Cette situation ayant engendré un enchevêtrement de crises depuis 1990, dont celle de

2010 à 2011 constitue le point culminant, mérite d'être analysée pour essayer

d'appréhender jusqu'à quel point la fracture sociale entre populations du Nord et les

populations du Sud est profonde. C'est ainsi que, nous ferons usage de la théorie du noyau

central pour appréhender les représentations sociales des différentes populations.

Hypothèses de travail

1) L'environnement crée par les acteurs politiques et leaders d'opinions en

Côte d'Ivoire ont permis de créer des représentations négatives d'une population à l'égard

d'une autre.

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Page 25: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

2) Les discours et les informations politiques distillées dans/par les medias ont

influencé négativement les représentations sociales des populations du Nord et celles des

populations du Sud.

3) La formation politique et le culte ont une influence sur les représentations sociales

des populations du Sud à l'égard des populations du Nord.

4) Le niveau d'instruction, le sexe et l'âge influencent les représentations sociales des

populations du Sud à l'égard des populations du Nord.

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Page 26: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

PREMIERE PARTIE : CADRAGES

THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE

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Page 27: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

CHAPITRE I : CADRAGE THEORIQUE

Dans ce chapitre, il sera question du volet théorique de notre étude qui débutera avec

la définition des notions et concepts de référence, ensuite, le cadre de référence théorique

enfin, la revue de littérature.

1-1-DEFINITION DES CONCEPTS

Pour permette une meilleure compréhension de notre sujet, il nous est apparu utile

de clarifier les concepts et les notions de référence qui le recouvre. Car, la richesse des

explications dépend, en effet, de la précision avec laquelle l'on définira les concepts

utilisés dans 1' étude.

Le concept est selon, Roger MUCCHIELLI « 1. Une idée générale symbolisée par

un mot ; 2. un résumé du savoir à un moment donné des connaissances concernant une

réalité. C'est aussi la manière dont on conçoit quelque chose, au sens de l'idée que l'on

s'en fait personnellement, cette pseudo idée se trouvant chargée de valeurs affectives et

d'expériences subjectives» 39. De façon générale selon lui, «Au sens], le concept est le

résultat d'un jugement ; au sens 2, il est le résumé d'un savoir; au sens 3, c'est en fait · / ' · l, \ 40 une zmage I une representatzon menta e1 »

Les mots et concepts mis en évidence dans notre étude sont radioscopie, dynamique

intercommunautaire, médias, représentations sociales et identité nationale.

Radioscopie : selon le dictionnaire Hachette41 de la langue française, elle est une

observation de l'image que forme sur un écran fluorescent un corps traversé par les rayons

X. Un autre dictionnaire nous donne la même définition. L'observation de l'image d'un

corps traversé par les rayons X. par ailleurs quelle définition donne Edmé. M. ZINS0U42

de la radioscopie? Pour lui, la radioscopie c'est l'examen des images. Dans le cadre de

notre réflexion, la radioscopie est prise dans le même sens. L'examen des images. En

39.MUCCHUELLI, R., L'analyse de contenu des documents et des communications, Paris, libraires

techniques, 1988, p. 124. 40 Idem 41 AMIEL, Ph. et al, Dictionnaire de la langue française, Paris, 2° édition, Hachette, p.919. 42 ZINSOU E. M., L'université de Côte d'Ivoire et la société, Paris, l'Hannattan, 2009, p.25.

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Page 28: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

d'autres termes, le diagnostic des modes de pensée des populations Ivoiriennes eu égard à

leur dynamique intercommunautaire.

Dynamique intercommunautaire : ce mot est une association de deux termes qui

seront définis séparément. La dynamique est sens large « Ce qui implique un mouvement,

une transformation et s'oppose à la statique »43. La dynamique renvoie aux

transformations, aux progrès, aux changements des sociétés. C'est l'idée d'évolution. Au

plan social, elle fait place à celle de « changement et l'on étudie les effets des interactions

entre les divers éléments d'une communauté »44. Nous privilégierons la dynamique sociale

qui cadre bien avec l'objet de notre étude. Ainsi, la dynamique sera l'évolution, le

changement des interactions entre les divers éléments d'une collectivité, d'une

organisation ou d'un système social. Dans Intercommunautaire, il y a inter et

communautaire. "Inter" est un terme qui renvoie à l'espacement, à l'éloignement, une

séparation, et une réciprocité. Le ''communautaire'' est relatif à communauté. Une

communauté peut être un groupe social dont les membres ont des intérêts communs et

forment une unité. Le terme intercommunautaire renvoie à un éloignement, à une

séparation entre communautés distinctes mais, (re)liées par quelque chose. Une dynamique

intercommunautaire est l'évolution, le changement, la modification des interactions entre

communautés distinctes auparavant liées.

Média : c'est un moyen de transmission de l'information auprès d'un large public.

Selon Mc Luhan, « Autrefois, le média était un instrument, un objet utilitaire le

prolongement de nos sens.» 45 Pour nous, le média est perçu dans le même sens que Raoul

G., BLE, lorsqu'il avance: « De nos jours, nous devons entendre par ce terme, toute les

techniques de diffusion plus large d'information par la presse, la radio, la télévision, le

cinéma et l'affichage. M Bedouet et F. Cuisiniez (199 5 : 119) ajoutent que : cette

réduction "du terme'' met en avant la position importante qu'occupent ces médias dans

notre société. Les facilités de reproduction donnent au message, en l'amplifiant une

résonnance sociale. »

Identité nationale: l'identité est ce qui nous caractérise. C'est le caractère

fondamental de quelqu'un ou de quelque chose. Le terme nationale est tiré de nation et

43GRA. WITZ, M., Lexique des sciences sociales, Paris, Dalloz, 8° édition, 2004, p.135. 44 GRA WITZ, M., Lexique des sciences sociales, op cit, p.135. 45 BLE, R. G., "La guerre dans les médias, les médias dans la guerre", in Afrique développement,

CODESRIA, vol XXXN, N°2, (pl87) pl 17-201

21 ,,-r f'

Page 29: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

« vient du verbe latin "nasci" (naître) » 46 qui désigne étymologiquement l'endroit où l'on

est né. La nation, c'est une communauté définie comme entité politique, réunie sur un

territoire organisé institutionnellement. Elle est également une communauté humaine

caractérisée par son identité historique, culturelle, l'unité de la langue et de la religion.

Partant de ces énumérations, l'identité nationale est l'ensemble des caractères

fondamentaux (culturel, linguistique, religieux et historique) d'une communauté humaine

qui est née, réunie et organisée sur un territoire et qui partagent les mêmes institutions.

Les représentations sociales : les représentations sociales sont des phénomènes

complexes, toujours activés et agissant dans la vie sociale. Elles sont composées

d'éléments divers qui ont longtemps été étudiés de façon isolée: attitudes, opinions,

croyance, perceptions, valeurs, idéologies etc.... la représentation est le fait de rendre

sensible (un objet ou un concept) au moyen d'images, d'un signe, etc .... c'est une

reconstruction du réel par des signes, des symboles et des faits. D'une manière, elle est

l'action de mettre sous les yeux.

La représentation est tout d'abord, un acte par lequel l'esprit se rend présent

quelque chose, fait ou résultat de cet acte. Ensuite, cette autre assertion politique dit que la

représentation « C'est le fait de représenter (de tenir la place) d'une nation ou d'un peuple

dans l'exercice du pouvoir. Ensemble des pouvoirs ou des corps qui en représentent

d'autre (la représentation parlementaire).» 41 Cette définition met en exergue deux des

formes que peut recouvrir le terme. De même, ces deux formes de la représentation

peuvent être observées dans la définition du philosophe Jean LADRIRE « Le concept de

représentation, tel qu'il est utilisé dans la théorie de la connaissance, repose sur une

double métaphore, celle de la représentation théâtrale et celle de la représentation

diplomatique. »48 . La première suggère l'idée de mise en présence. La représentation

devant le spectateur, sous une forme concentrée, une situation signifiante, ''la

représentation spectaculaire''. La seconde métaphore suggère l'idée de «vicariance ». La

représentation est cette forme de transfert d'attribution, "la représentation politique".

Nous retenons donc les idées suivantes : d'abord, la représentation est une mise en scène,

une mise en avant, comme un écran qui est à la fois la surface sur laquelle on projette la

46 EKANZA S. P. Côte d'Ivoire: De l'ethnie à la nation, une histoire à bâtir, Abidjan, les Editions CERAP,

2007,p07 47 RUSS, J., BADAL-LEGUIL, C., Dictionnaire de philosophie, Paris, Bordas, nouvelle édition, 2004, p.364. 48 LADRIERE J. : Encyclopédie Universalise, représentation, p.904.

22

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réalité et une barrière entre la réalité et notre perception. Ensuite, la représentation est une

substitution de quelqu'un par un autre qui le représente. La représentation est une image

mentale, une représentation del 'objet dans le cerveau. Soit qu'elle est liée dans un premier

temps aux formes physiques de l'objet matériel avec analogie de forme, soit qu'elle est un

point de vue propre, une impression et, qu'elle vient d'une convention de langage.

Selon René KAES49, la représentation apparaît non plus comme la production d'un

état mental ou d'un étal social dont il serait le reflet, mais comme un processus

d'organisation des rapports psychosociaux. La principale discipline utilisant ce concept est

la psychologie sociale qui s'intéresse aux processus mentaux par lesquels les

connaissances sont acquises, organisées et utilisées. Elle dénombre deux autres formes de

représentations en plus de celles sus-mentionnées. Ces formes ou "logiques" de la

représentation sont au nombre de quatre « instances différentes de la médiation dans l'espace social, qui organisent quatre formes de communication ... » 50. Nous avons les

logiques spectaculaire, politique ou institutionnelle, formelle ou esthétique et la logique

sémiotique de la représentation. En effet, de prime abord, la logique spectaculaire fait

référence à la représentation théâtrale qui, sert de modèle aux autres types de

représentations d'ailleurs énoncées par les philosophes. Ensuite, vient la logique politique

de la représentation, celle qui a été au fondement de la démocratie. Il s'agit là de la

représentation institutionnelle. Ce type de représentation donne lieu à trois formes de

communication politique : la démocratie élective, la représentation nobiliaire et la

représentation consulaire. Outre ces deux (02) formes de représentations, l'on a la

représentation esthétique qui est la création d'images, de discours ou de paroles renvoyant

le symbolique à l'invention de formes nouvelles (arts plastiques, graphisme, publicité ... ).

Enfin, la logique sémiotique de la représentation qui fonde le symbolique dans sa

dimension autonome par rapport au réel (représentation des divinités par des symboles ... ).

De ce qui précède, nous pouvons avancer que la représentation renvoie, d'une part, à

la communication entre l'objet à représenter et, le réel et d'autre part, à la communication

entre mandant et mandaté ou le porte-parole, le représentant. La représentation est un

échange avec le monde extérieur (avec le monde occulte, l'irréel, le divin). Elle est une

interaction, une communication à travers/par des signes symboles, le beau. De ce fait,

49 KAES René: Psychologie sociale à tendance psychanalytique, 1976, p. 32. 50 LAMIZET, B., SILEM, A., dictionnaire encyclopédique des sciences de l'information et de la

communication, Paris, Editions Marketing, 1997, p. 475.

23

Page 31: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

conune l'affirment LAMIZET et SILEM « Communication et représentation sont

indissolublement liées l'une à l'autre. Toute situation d'échange symbolique est une forme

de dialectique entre communication et représentation. » 51• La communication et la

représentation se fondent ensemble, car c'est la représentation qui instaure l'espace social

au sein duquel se déroule la communication. Et pour finir, il ne saurait y avoir

communication qu'à partir du moment où les relations entre les signes et les formes de la

communication et la réalité dont elles se soutiennent sont fixés par des lois qui sont celles

de la représentation. Eu égard à ce qui précède, que dirions-nous des représentations

sociales?

Les représentations sociales tirent leur origine des représentations collectives

qu'utilisa Emile DURKHEIM. Le premier terme fut les « représentations pour les

groupes » en les qualifiant de collectives. Elles désignent le contenu de la conscience

collective, l'ensemble des images, des symboles, des modèles et des idées véhiculées.

Délaissée suite à la disparition de son précurseur, la notion entrera en état de dormance.

L'on doit sa réapparition et son passage aux représentations sociales en 1961 à Serge

MOSCOVICI. Le but de ce dernier était d'étudier la transformation d'une théorie savante

en sens commun. Selon lui, « La représentation sociale est un corpus organisé de

connaissances et une activité psychique grâce auxquelles les hommes rendent la réalité

physique et sociale intelligible, s'insèrent dans un groupe ou un rapport quotidien

d'échanges, libèrent les pouvoirs de leur imagination.» 52 Et Denise JODELET53

de

renchérir pour dire que les représentations sociales sont des systèmes d'interprétation

régissant notre relation au monde et aux autres qui, orientent et organisent les conduites et

les communications sociales. Les représentations sont des phénomènes cognitifs engageant

l'appartenance sociale des individus par l'intériorisation de pratiques et d'expériences, de

modèles, de conduites et de pensées. Elle propose dès 1993 une seconde définition

explicite des représentations sociales. « La représentation sociale est une forme de

connaissance socialement élaborée et partagée, ayant une visée pratique et concourant à

la construction d'une réalité comme un ensemble social ». Cette forme de connaissance

parce qu'elle se distingue de la connaissance scientifique, est parfois appelé « Savoir de

51 LM1IZET, B., SILEM, A., Dictionnaire encyclopédique des sciences de l'information et de la

communication, Op cit, p. 476. 52 MOSCOVICI, S., La psychanalyse, son image et son public, paris, PUF, 1961, p.27-28 53 JODELET D., Les représentations sociales, un domaine en expansion in les représentations sociales, Paris,

PUF, 1989, p.40

24 -:

Page 32: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

sens commun ou savoir naïf» 54. La représentation sociale est un acte de pensée par lequel

un sujet se rapporte à un objet qui peut être une personne, un événement matériel, une idée.

De ce qui précède quelle définition pourrait prendre les représentations sociales dans le

champ des sciences del 'information et de la communication?

Les représentations sociales sont des théories du sens commun, créées par les

communications interpersonnelles significatives, qui se sont développées dans le domaine

de pratiques socioculturelles cultivées par tel groupe ou telle population.

1-2-CADRE DE REFERENCE THEORIQUE

Cette partie de notre étude fait référence aux différentes théories convoquées pour

justifier nos affirmations provisoires. Elles permettent également d'inscrire l'étude dans le

champ des sciences de l'information et de la communication. Ainsi, nous évoquerons

d'abord la théorie de la communication (théorie de la communication à deux étages) qui

cadre avec notre étude et nous terminerons avec la théorie du noyau central.

};:> Théorie de la communication

· De nombreuses publications ont traité de la crise ivoirienne avec des énumérations

théoriques aussi variées pour l'expliciter et l'inscrire dans un champ d'étude. Ainsi, des

théories ont été mobilisées dans le champ des sciences sociales singulièrement en science

del 'information et de la communication pour justifier les affirmations provisoires émises.

Dans la crise ivoirienne, l'importante implication du politique et des médias s'est

avérée. Cette implication renvoie au lien de ces derniers avec la société. Elle conduit

indubitablement à la question de la fonction du média eu égard à sa mission d'information,

d'éducation et de divertissement.

Les théories fonctionnalistes de la communication sont celles qui ont été le plus

convoquées dans les réflexions sur les médias en particulier. En effet, elles remontent en

1930, pendant la Seconde Guerre mondiale et, sont les conséquences des moyens de

54JODELET D., Les représentations sociales, un domaine en expansion in les représentations sociales Op-cit

1994. p. 33.

Page 33: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

diffusion comme instruments de propagande vis-à-vis de son peuple que de l'ennemi.

C'est le modèle de « La seringue hypodermique» qui ouvrit le bal. Le média entraîne un

impact direct et indifférencié sur des individus amorphes et atomisés. Il s'agit de la toute

puissance des médias, un courant de pensée défendu par Harold LASSWELL à travers son

schéma linéaire "Qui?", "Dit quoi?", "Par quel moyen?", "A qui?", "Avec quel

effet ? ''. Ce paradigme donne le primat au message et prend son origine à partir des

émissions radiodiffusées de propagande hitlériennes.

Une autre théorie, plus critique que la première mais qui la renforce cependant,

pense le média comme un moyen de domination idéologique. Pour ses précurseurs comme

T. ADORNO, le média est un agent de contrôle social qui contribue à acculturer les masses

en homogénéisant les comportements. De part cette théorie, «L'effet des médias sur leur

audience est prescriptif, massif et immédiat.» 55. Après la seconde guerre mondiale, en 1948, d'autres recherches effectuées par des

sociologues Nord-Américains (Lazarsfeld, Berelson, Klapper. .. ) parleront d'effets limités

des médias. De leurs travaux sortiront les paradigmes de la sélectivité et de l'intennédiaire.

En effet, selon la théorie de la sélectivité, la masse n'est pas un public passif,

amorphe. Des êtres rationnels qui cherchent dans les médias des informations qui

renforcent leurs opinions en se soustrayant à celles qui viennent les mettre en question. Le

public choisit d'être exposé au média en sélectionnant les informations diffusées à travers

lui. C'est une exposition sélective qui vient conforter les idéologies. La sélectivité des

consonunateurs est déterminée par le groupe d'appartenance qui peut être la famille, des

amis, le quartier, la religion... c'est à cette théorie que vient se greffer celle de

l'intermédiaire ou la théorie de la communication à deux niveaux (two step flow of

communication). Ici, l'influence du média se détermine par le réseau de relations

interpersonnelles.

Le média, en effet, agit indirectement sur la masse. Il y a une sorte de relais entre

émetteur et récepteur. Dans cette théorie, le média qui est un canal de transmission du

message, utilise un autre canal qui est l'homme. Cet ''homme-canal'' de par son réseau de

relation, de par ses contacts, son degré d'exposition aux médias influence à son tour le

public. Dans ces conditions l'influence du média n'est pas immédiate, elle est médiate.

55 LOHISSE, J., La communication: de la transmission à la relation, Bruxelles, de Boeck, 2009, p46 26 !

Page 34: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

Par ailleurs, le paradigme des effets à court terme des médias a crée une impasse

qui contribuera à l'émergence de deux orientations majeures : les effets à long terme relatif

aux nouvelles technologies de l'information et la communication et de la théorie des

usages et des gratifications.

Nous avons passé en revue ces théories pour dire que ces manifestations

idéologiques des médias occidentaux ont été observées en Côte d'Ivoire.

De prime abord, la Côte d'Ivoire s'est dotée de moyens de communication de

masse tels la radio et la télévision le 07 août 1963, l'idée maîtresse était "la construction

du pays'' sous la gouverne du parti unique. « Les anciens colonisés, fraîchement

affranchis, durent tout de suite livrer un nouveau combat : celui du développement

national et de l'unité, elle aussi nationale. Le parti unique fut imposé comme l'instrument

idéa / par eux qui se proclamèrent '' pères fondateurs '', '' pères des indépendances '' ou

autres "timoniers " et "guides éclairés " (. .. ). Parti unique et pensée unique,

autoritarisme ( .. .) et répression de toute liberté d'expression .... » 56 Toutes les décisions

étaient prises "d'en haut" au sein du grand conseil politique du parti unique. Les

informations relayées par les médias étaient de faire de ce pays un modèle un Afrique. A

cette époque seuls les idéaux du parti-Etat étaient véhiculés. Et Yahaya DIABY d'avancer

« Le système du parti unique en Afrique subsaharienne était d'avantage caractérisé par

une radiodiffusion et une télévision nationales écho du parti au pouvoir qui se confondait

de droit ( .... ) » 57

Le média avait pour mission d'informer, d'éduquer et de divertir mais en faisant la

propagande du parti-unique. De cet état de fait, les effets de la seringue hypodermique

seront ressentis après les complots de 1963 et 1964. L'idéologie de la pensée unique venait

ainsi d'être inoculée au peuple. C'est le conditionnement de la masse, de la propagande

vis-à-vis du peuple ivoirien el des supposés ennemis. Le peuple était dans un état de

sujétion. Dans ce contexte, le schéma de LASSWELL est certes linéaire, d'une part, et

d'autre part, qui, par contre illustre bien cette forme d'une communication descendante.

56 ZTO M., les médias et la crise politique en Côte d'Ivoire, Accra, Fondation pour les médias en Afrique de

l'ouest, 2012, p5 57 DIABY Y, « Médias et culture de paix : le nouveau paysage de l'audiovisuel Africain» (introduction

générale), in conflits actuels et culture de la paix, actes du colloque d'Abidjan, Commission Nationale

Ivoirienne de l'UNESCO en collaboration avec le BREDA (DAKAR), Abidjan, PUCI, 1997, p.408.

27 •"7' ,..,,

Page 35: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

Emetteur (Président de la république, 1 Qui ?

Président du parti-Etat)

Unité nationale, Développement national Dit Quoi'?

Télévision, radiodiffusion et Fraternité I Par Quel moyen ?

Matin, Fraternité Hebdo

Le peuple (la masse), les sujets A Qui?

Uniformiser les pensées, changement de I Avec Quel effet ?

comportement (uniformité dans la mentalité) • Figure n° 1 : Illustration du schéma de LASSWELL

Au regard du schéma, il n'y aura de feed-back qu'à partir des attitudes et

comportements uniformes et uniformisés de la pensée unique. Le peuple est dans une

posture de simple exécutant. Un peuple amorphe, atomisé, apeuré qui craind les

représailles de sa désobéissance au grand chef. Le média apparaît comme un moyen de

domination idéologique. Un agent de contrôle 'social. Ainsi donc, l'effet du média est

immédiat. Aussi, y avait-il à cette époque une chaîne de télévision et de radio nationale

complétée par une presse ( Fraternité Matin, Fraternité hebdo, Ivoire soir, ... ) dont disposait

le parti unique (parti-Etat) pour asseoir sa domination.

Le journaliste était fonctionnaire et militant du parti dont il ne diffusait que les

idéaux. Les responsables du média étaient des délégués politiques58. Les manifestations

populaires étaient soit étouffées "dans l'œuf' soit matées pour servir de leçon et formater

les esprits. En définitive, la peur, les craintes que procuraient le parti-Etat à travers ses

représentants conditionnaient la toute puissance du média. « Mais en décembre 1991, la

Côte d'Ivoire sortait à peine de son engourdissement de trois décennies de parti unique et

de formatage unicitaire et uniformisant de la pensée - Fraternité Matin portait à sa Une

chaque jour, comme une épitaphe sur la tombe de la liberté d'expression et d'opinion, « la

58 Mamadou Coulibaly, directeur de Fraternité Matin jusqu'en 1975 et délégué politique du parti. Laurent

Dona Fologo, rédacteur en chef, a occupé divers portefeuilles ministériel et dernier secrétaire général du

président Félix Houphouët Boigny

28 ~·- .,. , '

Page 36: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

pensée du jour », celle du premier président de la république de Côte d'Ivoire » 59

également aux journaux télévisés et radiodiffusés. « En Côte d'Ivoire, 27 ans après

l'indépendance, il y avait seulement quatre journaux : Fraternité Matin (. . .) Fraternité

Hebdo (journal officiel du PDCI-RDA) et Ivoire Dimanche. !voir Soir fut crée dans la

seconde moitié des années 80, plus précisément en 1987. » 6° Cette situation de fait était

observable dans les pays africains monopartis. Cependant, la fin du miracle économique

ivoirien vint remettre en doute la toute puissance des dirigeants politiques et par ricochet

l'effet puissant des médias.

Cette époque, en effet, marquée par l'institution de la démocratie verra naître en

Côte d'Ivoire une forme de média: le média d'opinion, porte voix des chapelles politiques.

A titre d'exemple, "Fraternité Hebdo" presse du PDCI, "Le Nouvel Horizon" avec le

FPI. Puis, vint quelques années plus tard ''Le patriote'' proche du RDR. Cette presse

d'opinion sert d'interface entre le politique et son public ou les militants. Ici, le lecteur

n'est pas un citoyen amorphe, passif. Il sélectionne les informations en fonction de son

bord politique et n'adopte que l'opinion du parti politique, la ligne éditoriale du journal. Il

s'agit là d'un traitement partisan de l'information motivé de fait par les militants-lecteurs­

consommateurs sélectifs. «L'engagement militant des journalistes et leur zèle sont l'un

des soutiens les plus sûrs aux hommes politiques, de leurs partis et de leurs militants» 61.

Dans ces conditions, l 'information est de toute évidence un construit aux fins de la

manipulation du lecteur, de son conditionnement et d'un renflouement des caisses du parti.

Les messages ou les informations distillées par la presse d'opinion ne sont que les

injonctions des responsables politiques aux militants-journalistes qui à leur tour s'assurent

de sa bonne réception auprès des lecteurs dans leur sélection de l'information. « Pour

marquer cette proximité-sujétion des journaux ivoiriens avec et par les partis et les

hommes politiques, les ivoiriens les regroupe par couleur : proches du Front Populaire

ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo, ils sont bleus,· il est dit du Parti Démocratique de Côte

d'Ivoire (PDCI-RDA) d'Henri Konan Bédié, verts ... ( .. .). Les consommateurs

59 ZIO M., les médias et la crise politique en Côte d'Ivoire, op cit, p. 7. 60zro M., les médias et la crise politique en Côte d'Ivoire, op cit, p. 9. 61 Idem

29 ,· {/

Page 37: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

d'informations ivoiriens que nous qualifions d' « étranges usagers » ne sont pas dupes des

liens de dépendance entre médias et pouvoir» 62

De ce point de vue, l'on peut affirmer que le consommateur militant devient de

facto complice du journaliste d'opinion. Ce stade de notre réflexion trouve justification

auprès de Moussa Alfred DAN lorsqu'il dit « Les difficultés de la presse se traduisent

(. . .), par la complicité entre lecteurs et mauvais journalistes. Les premiers encourageant,

par leur avidité à les lire, les seconds dans le mauvais traitement de l'information, (. . .).

Certaines rédactions ne vérifient pas toujours l'information avant de la publier, induisent

ainsi le public en erreur et lui causant de graves préjudices. ( ... ). C'est ce genre de

journaux que vous consommateurs de l'information, c'est ce genre de journaux que vous

aimez acheter, puisque ces journaux se vendent bien, très bien (. . .) si vous n'êtes pas des

coauteurs, vous vous constituez ainsi en complices avérés de la médiocrité de la presse

Ivoirienne. » 63. Par ces propos, il fait mention de l'effet limité du média mais par contre il

met en évidence le pouvoir du politique. Son emprise sur la société, une responsabilité

qu'il refuse d'assumer par pure hypocrisie comme nous le rappelle DAN « .. .faisant preuve

d'hypocrisie, ceux-ci tout en soutenant en public la liberté de la presse et le respect de la

déontologie, retournent leur veste dans les salons privés en finançant les journaux décriés

en public et en recevant à déjeuner et à dîner les patrons et leurs journalistes. (. . .). Les

hommes politiques refusent d'assumer la responsabilité de propos graves venant d'eux,

pour rejeter la faute sur le journaliste. ». Ces affirmations rendent compte de l'attitude

sélective du lecteur et de ! 'instrumentalisation du média.

Ainsi, comme le révèle Ball y FERRO BJ « Bien qu'en 1990, la presse Ivoirienne

ait connu son printemps, la situation ne s'est guerre améliorée pour les journalistes. (. . .),

ils ont laissé à se faire manipuler par les hommes politiques. Ainsi est née la presse de

propagande ou militante qui a flirté et qui continue de flirter avec le journalisme poubelle.

Les journalistes sont d'abord avant tout des militants dont la mission est d'abattre

l'adversaire politique ... » 64. C'est de ces amalgames politiques, Pinstrumentalisation du

62 ZIO M., les médias et la crise politique en Côte d'Ivoire, op cit, p. 11. 63 DAN M. A., (ancien président l'observation de la liberté de la presse de l'éthique et de la déontologie)

intervention lors du forum pour la réconciliation nationale, Fraternité Matin, n°11087, du jeudi 18 novembre

2001, p.9. 64 FERRO B. B., Vice président de l'UNJCI au Forum pour la réconciliation nation, Fraternité Matin,

n°l 1086, mercredi 17 novembre 2001, p.8.

30 ..,.

Page 38: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

média et des masses aux fins électoralistes que, naquirent les conflits sociopolitiques dont

ont été victimes les Ivoiriens depuis 1990. De ce qui précède, nous faisons le constat selon

lequel de par cette théorie, le média est quasiment en retrait. Il joue un simple rôle de

relayeur de l 'information. Ici est mis en évidence que l'homme politique et les sujets

(lecteurs sélectifs et médias

Le journalisme d'opinion s'illustre de fort belle manière en Côte d'Ivoire. souvent

qualifié de coauteur dans l'exacerbation des clivages entre les Ivoiriens, il a fait apparaître

des héros et des méchants, d'autres acteurs importants appelés leaders d'opinion. « Les

médias sont de grands fabricants de héros et de méchants. Ceci ne manque pas d'avoir une

influence sur les acteurs qui croient que leurs excès les feront entrer dans la conscience de

leurs concitoyens et de leurs adversaires» 65 Un leader d'opinion est toute personne ayant

une influence sur un individu ou un groupe d'individus. Il peut être un homme politique,

un leader religieux, un leader syndical, un cadre d'une région. Il a pris de l'ampleur avec le

phénomène titrologue. Il s'agit, en effet, de la théorie de l'intermédiaire ou du two step

flow of communication ( communication à deux niveaux) qui cadre avec notre étude.

Dans le contexte ivoirien les leaders ont été les relais des opinions distillées par les

médias au public ou au peuple. Ils ont servi d'interface entre le média d'opinion et la

masse. Ces leaders d'opinion, plus exposés aux médias se trouvèrent dans les "grins",

parlements et agoras.

Les agoras et parlements étaient les lieux choisis par les leaders de la '' galaxie

patriotique'' pour informer, galvaniser et conditionner les masses venues en ces endroits

pour les écouter. Ces instants étaient des moments privilégiés pour mobiliser, appâter et

véhiculer des idées en vue de modifier leurs attitudes, leurs habitudes politiques, leurs

comportements vis-à-vis de l'adversaire politique. C'est en ces lieux que naissent les

stéréotypes, les clichés, les attitudes et comportements qui sont les manifestations de nos

représentations. Les leaders d'opinion exposés à l'information viennent la "déchiffrer",

l'analyser, l'interpréter devant un auditoire déjà acquis à leur cause et à la cause de la ligne

éditoriale du média, mot d'ordre du parti. L'auditoire constitué d'individus iront à leur tour informer, transmettre le message afin de créer un autre espace d'échange pour partager la

même vision, la même idéologie, en un mot créer l'espace et l'instant des représentations.

65 ZIO M., les médias et la crise politique en Côte d'Ivoire, op cit, p. 31.

31

Page 39: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

Les grins étaient à leur début des espaces de libre échange religieux (musulman)

où, l'on s'y retrouvait pour invoquer "ALLAH" et lire le CORAN en prenant le thé.

Aujourd'hui, il est le lieu de transmission des consignes politiques. C'est aussi, le lieu

d'incubation de stéréotypes et d'images d'une certaine "idéologie de la victimisation". A

ces leaders des espaces sus-cités nous pouvons adjoindre les cadres de nos régions

respectives qui désinforment le peuple, leurs parents du village en leur assénant souvent

des mensonges. "Ouvriers" de la manipulation, ils sont des propagateurs des idéologies

fausses et des représentations négatives des uns à l'égard des autres. Les messages

prophétiques des leaders religieux chrétiens à l'endroit du candidat Laurent Gbagbo ont

fini par convaincre les siens (militants et sympathisants) de sa victoire, ce qui a crée un

certain complexe de supériorité et une représentation défavorable à l'endroit des autres.

Des leaders religieux ont conditionné leurs fidèles par la manipulation idéologique.

Aussi, faut-il ajouter, les leaders religieux devenus des auxiliaires politiques qui,

par leurs sermons ou parti pris vis-à-vis d'une organisation politique, ont contribué à

l'enlisement de la situation ivoirienne.

Enfin, n'a-t-on pas entendu ou vu des leaders syndicaux appeler leurs syndiqués à

voter pour tel ou tel candidat ?

Au lendemain du premier tour de l'élection présidentielle d'octobre 2000, les rues

d'Abidjan et de l'intérieur du pays ont été inondées de monde à l'appel du candidat

victorieux à ses militants et sympathisants ·pour envahir les rues et faire obstacle à

l'imposture et l'usurpation du pouvoir par le Général GUEI. Cette même stratégie a été

usitée par Alassane Ouattara pour demander la reprise de l'élection. Les appels aux

rassemblements ou les mots d'ordre à occuper les rues lancés par les leaders de jeunesses

(Alliance des jeunes patriotes) et par les partis politiques sont immédiatement suivis

d'effets par la population.

Les événements des 04, 05 et 06 novembre 2004 relatif à la reconquête de la zone Centre

Nord Ouest par les FANCI66 ont permis de voir le pouvoir des leaders d'opinion et des

médias de masse.

En définitive, cette théorie du two step flow of communication (théorie de la

communication à deux niveaux) accorde le primat au leader d'opinion. Ici, le média crée

l'espace de la représentation. Mais cette représentation est conditionnée par des leaders

d'opinion de par leurs analyses dans leurs espaces respectifs qui sont les laboratoires

66 Force Armée Nationale de Côte d'Ivoire devenu Force Républicaine Côte d'Ivoire depuis Avril 2011.

Page 40: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

d'incubation des stéréotypes, des opinions, des attitudes et comportements indispensables

dans la formation des représentations qui ont favorisé les haines. Cette théorie peut être

schématisée de la manière suivante

Leaders

MEDIA

Leaders d'opinion (responsables syndicaux)

Leaders d'opinion (cadres de région, chef de famille)

Leaders d'opinion (hommes politiques, responsables de la galaxie patriotique)

Û Individu en relation avec le leader

Figure n°2 : Schéma illustratif de la théorie du two step flow of communication

La théorie de la toute puissance des média avec l'uniformisation des mentalités,

la sélectivité passive des Ivoiriens et les effets immédiats des leaders d'opinion sur leur

auditoire vont légitimer les espaces de manipulation et de formatage de la pensée, des

habitudes et comportements qui ont conduit à la construction des représentations

favorables comme défavorables des uns à l'égard des autres. La théorie du noyau central

est la seconde théorie convoquée dans le cadre de cette étude.

>- La théorie des représentations sociales

La théorie des représentations sociales s'articule autour d'une hypothèse: toute

représentation est organisée autour du noyau central. Ce noyau est constitué d'éléments

objectivés, agencés en un schéma simplifié de l'objet. Selon Moscovici, le noyau figuratif

constitue une base stable autour de laquelle pourrait se construire la représentation. L'idée

fondamentale de la théorie du noyau est que dans l'ensemble des cognitions se rapportant à

33 p,J

Page 41: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

un objet de représentation, certains éléments jouent un rôle différent des autres, ces

éléments appelés éléments centraux se regroupent en une structure qu' ABRIC67 nomme

« noyau central » ou « noyau structurant ». Le noyau central ou structurant d'une

représentation sociale assure deux fonctions essentielles :

1) Unefonction génératrice de sens: il est l'élément par lequel se crée ou se

transforme, la signification des autres éléments constitutifs de la représentation. Il est ce

par quoi les éléments prennent un sens, une valence,

2) Une fonction organisatrice: c'est autour du noyau central que s'agencent

les autres cognitions de la représentation. C'est le noyau central qui détermine la nature des

liens qui unissent entre eux les éléments de la représentation. Il est en ce sens l'élément

unificateur et stabilisateur de la représentation. Le noyau structure à son tour les cognitions

se rapportant à l'objet de la représentation. Ces cognitions placées sous la dépendance du

noyau sont appelées les éléments périphériques. Si le noyau structurant peut se comprendre

comme la partie abstraite de la représentation, le système périphérique doit être entendu

comme la partie concrète et opérationnelle,

Le noyau central et les éléments périphériques fonctionnent bien comme une entité

où chaque partie a un rôle spécifique mais complémentaire de l'autre. Leur organisation,

comme leur fonctionnement est régie par un double système :

Le système central structurant les cognitions relatives à l'objet, fruit des

déterminismes historiques et sociaux auxquels est soumis le groupe social. Le système

central, constitué par le noyau central de la représentation est directement lié et déterminé

par les conditions historiques, sociologiques et idéologiques. Il est marqué par la mémoire

collective du groupe et aussi par le système de normes auquel il se réfère. Le système

central constitue la base commune collectivement partagée des représentations sociales. Sa

fonction est consensuelle, c'est par lui que se réalise et se définit l'homogénéité d'un

groupe social. Le système central est stable, cohérent, il résiste au changement assurant

ainsi une deuxième fonction celle de la continuité et de la permanence de la représentation.

Ce système est relativement indépendant du contexte social et matériel dans lequel la

représentation est mise en évidence.

Le système périphérique en prise avec les contingences quotidiennes permet dans

une certaine mesure l'adaptation de la représentation à des contextes sociaux variés. Ce

67 ABRIC, J.C., Pratiques sociales et représentations, Paris, PUF, 1994, p.34.

34 r ',

Page 42: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

système est fonctionnel, c'est grâce à lui que la représentation peut s'inscrire dans la réalité

du moment. Contrairement au système central, il est plus sensible et déterminé par les

caractéristiques du contexte immédiat. JI constitue l'interface entre la réalité concrète et le

système central, régulation et d'adaptation du système central aux contraintes et aux

caractéristiques de la situation concrète à laquelle le groupe est confronté, qui permet une

certaine modulation individuelle de la représentation. C'est parce qu'elle est constituée de

ce double système, un système stable, un système flexible, que la représentation peut

répondre à l'une de ces fonctions essentielles: l'adaptation sociocognitive. A partir du

facteur « pratique social », trois types de transformations peuvent avoir lieu :

1) Une transformation brutale: on peut observer ce type de transformation,

lorsque les nouvelles pratiques mettent en cause directement la signification centrale de la

représentation, sans recours possible aux mécanismes défensifs mis en œuvre dans le

système périphérique. Le changement est alors massif et immédiat.

2) La transformation résistante : qui peut se produire quand les pratiques sont

en contradiction avec la représentation, mais ici cette contradiction peut être géré dans la

périphérie. Lors de la transformation résistante la représentation est caractérisée dans le

système périphérique par l'apparition de « schémas étranges» découverts et définis par

Claude FLAMENT

3) Une transformation progressive : lorsqu'il existe des pratiques anciennes

mais rares qui ne se sont jamais trouvées en contradiction avec la représentation, la

transformation va s'effectuer sans rupture, c'est-à-dire sans éclatement du noyau central.

Les schémas activés par les pratiques nouvelles vont progressivement s'intégrer à ceux du

noyau central, et fusionner pour constituer, un nouveau noyau et donc une nouvelle

représentation.

1-3 REVUE DE LITTERATURE

Notre revue de littérature fait l'état des réflexions en lien avec notre objet d'étude.

Elle comprend donc, de prime abord, l'état de la question sur le conflit ivoirien et les

conflits ou crises politiques en Afrique, ensuite, une revue sur les médias et les discours

politiques, puis enfin, une revue des réflexions sur les représentations sociales.

C'est par une approche systémique et qualitative que, A. J KHAUDJIS montre que

« la crise ivoirienne résulte d'un dysfonctionnement profond de ses sous-systèmes

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économique, social, politique et ... culturel qui sont de manière générale en interaction

dynamique. Ces sous-systèmes interagissent entre eux pour finalité le développement du . . 68 territoire.»

En effet, la perturbation du sous-système économique auquel sont liés les autres

sous-systèmes, qui a succédé au. miracle économique ivoirien, tire ses origines des . . \

difficultés rencontrées dans le domaine agricole notamment les principaux produits

d'exportation : le binôme café/cacao. A cette conjoncture, faut-il associer le poids de la

dette et la mauvaise gouvernance. De ce contexte résulte le « Rétrécissement du marché

urbain, la dégradation des conditions de vie des populations, la fin de ! 'Etat providence et

de la montée des revendications sociales. »69 support de la contestation politique.

D'une crise socio-économique, l'on en est arrivé à une crise politique où les

antagonismes politiques sur les questions de l'immigration et de l 'Ivoirité, la course

effrénée pour le pouvoir après le coup d'Etat de 1999 constituent les causes principales; de

même que celles du conflit militaro-politique de septembre 2002. En d'autres termes, et

selon KHAUDJIS, la crise ivoirienne, qui est un ensemble de dérèglements, de

déséquilibres intervenus dans son système général est de la responsabilité de la toute

puissance des politiques Ivoiriens auxquels il faut adjoindre leurs affidés (médias,

syndicats, ... ). Nous énumérons, la signature d'un accord (accord politique de

Ouagadougou) de paix en mars 2007 avec à la clé une élection libre et transparente.

Cependant, il émet des réserves quant à cette élection de sortir de crise à travers un

questionnement qui a trouvé réponses avec le temps. Cette réflexion d'une autre approche

aborde certains aspects qui viennent renforcer nos propos sur le rôle du politique dans ce

conflit et de sa trop grande implication dans tous les compartiments de la société

Ivoirienne.

« A quoi sert-il de rechercher la démocratie si, au lieu d'apporter la paix et la

consolider, au contraire, elle engendre la violence, voire la guerre ? »1° C'est en substance

68 K.HAUDJIS, A. J., "Approche étiologique de la crise Ivoirienne", in Penser la crise Ivoirienne, Repère

«International», revue scientifique de l'université de Bouaké, 0°1, p. 37. 69 K.HAUDJIS, A. J., "Approche étiologique de la crise Ivoirienne", in Penser la crise Ivoirienne, Repère

« International », op cit, p.41. 70 BAMBA L. M., " démocratie multipartite et paix en Côte d'Ivoire", in Penser la crise Ivoirienne,

Repère « International », Revue scientifique de ! 'université de Bouaké, n° 1, p. 63.

36 ..,,. ,,

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à cette interrogation que tente de répondre Mathieu Lou BAMBA dans son article

'' démocratie multipartite et paix en Côte d'Ivoire''

Mathieu Lou BAMBA fustige le rôle des partis politiques dans le processus de

démocratisation amorcé par bien de pays africains à l'instar de la Côte d'Ivoire après les

années indépendances. En effet, il fait le rapprochement entre la démocratie et la liberté qui

est l'essence de l'homme. L'homme en tant qu'être social opposé à la liberté servile,

réductible dans la Grèce antique. Il y a donc, à la base de la démocratie la conception de

l'homme comme liberté, non pas comme simple absence de contrainte, mais surtout

comme capacité à s'autodéterminer. La démocratie, c'est encore l'expression des libertés

individuelles à travers les groupes d'opinions que sont les partis politiques avec pour

objectif premier la conquête et l'exercice du pouvoir d'Etat qui, prend souvent en Afrique

des allures de guerres. C'est dans cette perspective qu'il désigne « les partis politiques

comme étant les seuls ou les principaux responsables de cette crise » et « la compétition,

expression plurielle de la libertés 'est transformé en rivalité meurtrière.n''

Bien d'événements ont concouru au maintien d'un Etat de guerre et à la perversité

du jeu politique. Ce sont entres autres « la vocation dévoyée du politique, la croyance que

les partis politiques sont les seuls voies pour exprimer la volonté du peuple, la mauvaise

compréhension de la lutte politique par les partis ... le culte du leader et l'absence d'une

véritable formation politique. »72. Pour lui, l'échec des partis politiques témoigne de deux

choses: « le régime de partis n'est pas la démocratie, il n'est qu'un élément d'une part et,

d'autre part, la démocratie revendique sa réalisation par la participation pleine et entière

des citoyens.» Aussi, rajoute-t-il que la crise ivoirienne n'est en quelque sorte l'échec de la

démocratisation car « une bonne et véritable démocratisation peut conduire à la paix » 73.

71 BAMBA L. M., " démocratie multipartite et paix en Côte d'Ivoire", in Penser la crise Ivoirienne,

Repère« International», op cit, p.67. 72 BAMBA L. M., "démocratie multipartite et paix en Côte d'Ivoire", in Penser la crise Ivoirienne,

Repère« International», op cit, p.68.

73 BAMBA L. M., "démocratie multipartite et paix en Côte d'Ivoire ", in Penser la crise Ivoirienne,

Repère« International», op cit, p.72.

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Pour ce faire, deux conditions sont à observer: « Développer la culture de la paix

et l'éducation à la citoyenneté et s'imposer le devoir de la paix comme exigence 'th" 74 e zque » .

Au regard de ce qui précède, la démocratisation n'est pas l'apanage du

peuple. Tout se fait au détriment du peuple comme s'il n'existait pas. C'est dans ce sens

qu'abonde Christophe Y AHOT. Il dit, « En Côte d'Ivoire, il existe deux sociétés. La

société des électeurs (le peuple) et la société des élus (les dirigeants). Ce peuple, à vrai

dire, n'existe même pas, sauf à titre de concept opératoire pour les besoins des

dirigeants. »75 Tout en poursuivant son propos, il fait remarquer que le contexte

sociopolitique a beaucoup changé, notamment depuis l'avènement du multipartisme, la

disparition de Félix Houphouet-boigny, le conflit qui a suivi pour sa succession, le clivage

de plus en plus prononcé entre les communautés ethniques, voire religieuses et, surtout le

premier coup d'Etat auquel il faut ajouter la crise postélectorale de décembre 2010. Selon

Christophe Y AHOT, « C'est la Côte d'Ivoire elle-même qui semble pris en otage par une

génération de politiciens sans scrupule »76. Et, pour soutenir son argumentaire il convoque

la théorie de l'unité de la nation dont Sieyès en est le précurseur à laquelle il oppose à la

théorie de la souveraineté et de la représentation de Thomas HOBBES. Même après les

indépendances, les pays africains, à l'instar de la Côte d'Ivoire sont encore à l'ère de

"L'Etat-Ethnie où la région et l'ethnie prime sur une nation"

Ainsi, pour parvenir à l'unité nationale, Christophe Y AHOT, recommande

l'approche subjective d'Ernest RENAN, caractérisée essentiellement par « La volonté de vivre ensemble dans l'évolution vers la constitution de véritables nations dans les pays

africains »77 plutôt que l'approche objective défendue par Johann Gottlieb Fichte qui,

74 BA.MBA L. M., '' démocratie multipartite et paix en Côte d'Ivoire '', in Penser la crise Ivoirienne, Repère« International», op cit, p.73.

75 Y AHOT, C., "La problématique du passage de l'ethnie à la nation dans les nouveaux Etats Indépendant:

quelle réalité en Côte d'Ivoire? ", in Penser la crise Ivoirienne, REPERE« international», Revue

scientifique de l'université de Bouaké, novembre 2007, p. 76.

76 YAHOT, C., "La problématique du passage de l'ethnie à la nation dans les nouveaux Etats Indépendant:

quelle réalité en Côte d'Ivoire? ", in Penser la crise Ivoirienne, REPERE« international», Revue

scientifique de l'université de Bouaké, op cit, p.77. 77 YAHOT, C., "La problématique du passage de l'ethnie à la nation dans les nouveaux Etats Indépendant:

quelle réalité en Côte d'Ivoire? ", in Penser la crise Ivoirienne, REPERE« international», Revue

scientifique de l'université de Bouaké, op cit, p.79.

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stipule que ''la nation prenne ses racines dans les langues, la religion, la culture,

l'histoire". En d'autres termes, la nation est le résultat d'un acte subjectif

d'autodétermination. En Côte d'Ivoire, la notion de nation est ici absente. Sans nation, il

n'y a évidemment aucune prospectives le pays navigue à vue. Et pour ce faire, Christophe

Y AHOT préconise de« rechercher le SIEYES ivoirien, c'est-à-dire qui opérera le passage

des identités ethniques à l'identité nationale. » 78

C'est dans "Raison et Raisonnements dans la crise lvoirienne79 "de T. Ramsès

BOA, qu'une invite à une prise de conscience nous est adressée. Car, la raison ne guide

pas nos choix. La passion et les sentiments religieux interviennent plus que la raison. La

crise est la résultante des travers ivoiriens. L'on a été guidé par les "rumeurs", "les bruits

de couloirs pour culpabiliser l'autre. Nos réflexions et analyses n'ont été d'aucune

objectivité. Un raisonnement avec la raison est liberté de soi, c'est gagner autrement son

autonomie.

Selon lui, l'on aboutirait à la réconciliation par le dépassement de s01, par une

introspection. C'est à juste titre qu'il avance sans ambages: « Nous nous approcherions de

la réconciliation nationale si chaque homme politique, chaque religieux, si chaque homme

de presse, en somme si chaque Ivoirien impliqué dans la décomposition nationale était

capable de se poser la question fondamentale, véritable préalable : qu'ai-je fait de mal à

mon frère, à mon pays pour que nous en soyons là? »80. A en croire T. Ramsès BOA, la

responsabilité de cette crise n'impute pas à un seul individu ou à un groupe. Elle est

collective.

Cependant, l'on est contraint de vivre ensemble. "L'art de vivre se fonde sur l'art

de savoir penser'' car, le savoir est la connaissance. La connaissance peut nous aider à

nous réconcilier et L'ignorance divise.

Aussi, faut-il pour parvenir à la réconciliation se repentir de ses fautes pour espérer

l'absolution. C'est également, faire un examen de conscience

78 Y ABOT, C., " La problématique du passage de l'ethnie à la nation dans les nouveaux Etats Indépendant: quelle réalité en Côte d'Ivoire? ", in Penser la crise Ivoirienne, REPERE« international», Revue

scientifique de l'université de Bouaké, op cit, p.80. 79 BOA, T. R., « Raison et Raisonnements dans la crise Ivoirienne», in Penser la crise Ivoirienne,

REPERE« international», Revue scientifique de l'université de Bouaké, novembre 2007, p. 107-112. 80 BOA, T. R., « Raison et Raisonnements dans la crise Ivoirienne», in Penser la crise Ivoirienne, REPERE« international», Revue scientifique de l'université de Bouaké, op cit, p.11 O.

39 , .. , .,,

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Pour finir son réquisitoire sur le "déraisonnement" des Ivoiriens dans la crise, il

recommande de "se parler, discuter, extérioriser la raison, la faire émerger par la

dialectique'' gage d'une cohésion sociale et d'une réelle réconciliation.

Dans une interview à lui accordée par Fraternité Matin, l 'Imam Sékou SYLLA

(Trésorier du Conseil National Islamique) fait un bilan à mi-parcours du jeûne musulman

un an après les attaques de septembre 2002. Ainsi, par cette lucarne, il donne le point de

vue des leaders religieux musulmans sur la crise ivoirienne. Pour lui, comme pour bien

d'autres personnes « La crise que nous vivons aujourd'hui n'est que l'aboutissement de

plusieurs problèmes survenus après le décès du Président HOUPHOUET-BOIGNY et,

dans les lois fabriquées par les politiques. » 81 .

Encore une fois, le politique est indexé comme le principal responsable par "ses

agissements" par "sa toute puissance". Parce qu'en Côte d' Ivoire, rien n'échappe aux

organisations politiques. Il va même plus loin en reconnaissant cette responsabilité

collective, partagée entre « hommes politiques, leaders d'opinions et la presse». Ces

propos sont, parmi tant d'autres, des éléments qui caractérisent la sagesse et l'humilité de

certains hommes de Dieu, d'autres par contre, depuis la crise sont "des substituts" des

politiques ivoiriens. Des "analystes" partisans que l'on retrouve de part et d'autre dans

nos communautés religieuses.

Des hommes de Dieu adeptes de "l'idéologie de la victimisation religieuse". Notre

analyse, à ce propos peut être corroborée à juste titre d'une part, par la conférence de

Koné Houztaz82 (responsable religieux à Dabou) « Il y a des similitudes entre le conflit

ivoirien qui est à l'avantage de la communauté musulmane et la crise de 570 qui,

occasionna l'exil du prophète Mohamed de Arafat à Médine »83. Il poursuit son analyse en

ces termes « Pour les musulmans de Côte d'Ivoire, l'histoire de Mohamed est pour eux une

révélation (. . .). C'est notre temps (. . .), nous sommes dans nos droits »84. Et d'autre part,

par les paroles prophétiques des gardiens de temples (églises), les pasteurs et les prophètes.

En effet, les paroles prophétiques d'Elie KONE85 et de Malachie KONE 1 et 2 sur la crise

ivoirienne et cette sortie du pasteur Moise KORE en 2002 : « Ce qui se passe trouve sa

81 Fraternité Matin, N° 11699, du novembre 2003, p. 12. 82 KONE Houztaz, (instituteur à la retraite), conférence diffusée sur RTil au cours de l'émission ALLAH

AKBAR, le jeudi 09 mai 2013 et rediffusée le vendredi 10 mai. 83 Idem 84 Idem 85 KONE Elie, www.lefaso.net/spip.php?article 38983, le 16/08/2013

40 P"'

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justification dans le fait que l'église ne joue pas son rôle. L'église se bat dans les querelles

inutiles, des querelles qui n'ont aucun sens. Si vous remarquez bien, l'endroit qui a été

utilisé par les rebelles pour rentrer dans le pays est le moins christianisé. C'est parce que

l'église n '.Y est pas présente. La puissance de Dieu n'étant pas présente en ses lieux, ils y ont eu accès avec leurs "gris gris" et leurs amulettes. » 86 C'est un argument que nous

réfutons, Mais, nous évoque ; par ailleurs trois idées essentielles.

La première est celle d'une conquête chrétienne en vue d'une pacification

religieuse du Nord. Selon lui, le Nord Ivoirien serait envouté (un peuple) sous l'emprise

des "gris gris". La seconde idée est celle du complexe de supériorité d'un peuple sur un

autre. Un peuple qu'il faudra sortir des ténèbres, de l'obscurantisme. Enfin, l'idée d'avoir

délaissé le Nord (au plan du développement) au profit de certains "manipulateurs". Il

s'agit du manque d'infrastructures de développement de base : routes, centres de santé,

écoles, eau potable que n'a véritablement pu bénéficier le peuple du Nord après les

indépendances

Fort heureusement, au regard de ces illustrations idéologico-religieuses et sectaires,

il existe encore des guides religieux, des hommes de culte pour ramener à la raison et à la

maison le peuple égaré par sa confiance en certains hommes politiques et religieux au

cours de son long périple, sur le chemin de sa terre promise "l'Etat-Nation Ivoirien".

Ainsi, lors de son intervention au forum national pour la réconciliation nationale pour le

compte du clergé Ivoirien, l'évêque de Yopougon, Msg Laurent MANDJO indexe

ouvertement les hommes politiques « Qui par leurs mensonges et la manipulation des

consciences à laquelle ils s'adonnent infantilisent et avilissent le corps social qu'ils ont la

charge de conduire. » 81. Les politiciens, au détriment de l'intérêt supérieur de la nation ont

personnalisé le pouvoir se sont substitués aux institutions et aux lois de la république. Et, il

le dit en ces termes : « Le politique faire croire à la primauté de quelques personnes sur

les institutions et les lois auxquelles tout citoyen est censé se soumettre, car, nul n'est au

dessus de la nation »88. Enfin, comme dans une homélie, l'homme de Dieu ne pu terminer

son intervention sans ces conseils : « Le pardon est certes difficile mais pas impossible »89.

86 KORE Moise, in la voie chrétienne, 2002, 2002, p. 8., cité par BOAT. R., p. 108. 87 Fraternité Matin, N°1 l087,jeudi 18 octobre 2001, p.12. 88 Idem 89 Ibid.

41 J:>y

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Aussi, fait-il une invite à la presse« Qui a joué un rôle négatif dans le débat national de se

ressaisir et d 'œuvrer désormais dans le sens de l'apaisement. »90

Evoquée à tort ou à raison comme l'une des sources au conflit Ivoirien,

l 'IVOIRITE est un concept qui fait et qui continue de faire l'objet de publications.

Dans ses parutions du 11 et 12 novembre 2003, le quotidien gouvernemental,

Fraternité Matin a offert un espace à. T. Ramsès BOA pour se prononcer sur le concept. De

prime abord, il retrace l'origine du concept puis apprécie son aventure. L'origine du

concept est attribué à Pierre NIA V A et Niangoran PORQUET : « le mot Ivoirité est né en

1974 (. . .) sous la plume de Pierre Niava dans la bouche d'un jeune intellectuel, Niangoran

Parquet» 91 parlant de l'œuvre et du projet culturel appelé la "griotique". Cette lvoirité

originelle venait à point nommé, « cette nouvelle doctrine culturelle était la part des

Ivoiriens à la construction culturelle de l'identité africaine »92. Une doctrine culturelle qui fut pensée comme le fondement de notre identité culturelle que les Ivoiriens proposaient à

l'Afrique.

En effet, à cette époque du miracle économique Ivoirien et de l'effervescence

culturelle mondiale ("black is beautiful" aux Etats-Unis. Le mouvement "hippy" en

Europe. "La philosophie de l'authenticité" avec MOBUTU. SENGHOR avec sa

''négritude''. ''La culture révolutionnaire'' de Sékou Touré en Guinée, Fêla Anipolakuti

du Nigéria avec "l'Afro beat") la Côte d'Ivoire, friande de la mode et des artistes qui

venus de l'extérieur (makossa, zouk, salsa, disco, tchatchatcha) était devenue leur plaque

tournante. Il était donc impérieux d'inventer, de proposer un projet culturel fédérateur.

Ainsi, "la griotique" devenait un référent culturel ivoirien. Le résultat d'un

brassage culturel entre le Nord et le Sud que la Côte d'Ivoire offrait à l'affirmation de

l'unité culturelle africaine. Parce que : « Pour lui qui est un mélange, en quelque sorte la

synthèse entre le Nord et le Sud, de la tradition et de la modernité. Il n '.Y a aucune contradiction entre le nationalisme et l'unité Africaine ; il n '.Y a aucune opposition entre

l'affirmation de son identité et la reconnaissance d'autres appartenances culturelles .»93.

90 Ibidem 91 NIA V A P., (" De la griotique à l'lvoirité", Fraternité Matin du 21 novembre 1974, p. 14), cité par BOAT.

R., (l'lvoirité entre culture et politique, Paris, l'Harmattan, 2003, pl5), Fraternité Matin N°11586, du 11

novembre 2003 92BOA T. R., L'Ivoirité entre culture et politique, Fraternité Matin N°11586, du 11 novembre 2003, 93 BOAT. R., l'Ivoirité entre culture et politique, Fraternité Matin, p.14

42 ,_.,.,.. ',

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L'Ivoirité originelle et culturelle ne pose pas de problème aujourd'hui. Par ailleurs, il y a

une autre Ivoirité. Un concept politisé, plus problématique qui sera "à l'origine

d'interminables palabres" et qui fera l'objet d'attaques et de réflexions par un groupe

d'intellectuels au sein de la CURDIPHE94. « Elle va être attaquée souvent avec des à

priori. C'est elle qui est proposée le plus souvent par des intellectuels faisant office

d'hommes politiques ou par des hommes politiques se prenant pour des intellectuels. »95.

Cette Ivoirité politisée survint en 1995, en pleine récession économique. Une

période de paupérisation grandissante puis de revendications sociales avec la dévaluation

du franc CFA. Les programmes d'ajustement structurel qui n'ont eu d'effets escomptés

dans un contexte électoral où la mondialisation et la fédération de tout le corps social

autour de projets de société étaient devenues un impératif sous la pression des institutions

financières internationales. Et T. Ramsès BOA de dire « Cette Ivoirité intervient comme un

liant social et politique». Ainsi naquit l'expression "consommons Ivoirien". L'ivoirité

sous cette acception vient à point nommé pour un renouveau Ivoirien, un sursaut national,

"le progrès pour tous, le bonheur pour chacun96". C'est-à-dire une Ivoirité comme l'a

défini Gnaoré GOUDA « Ne pouvant plus être synonyme ni de xénophobie, ni de

renonciation à l'intégration africaine, le concept d 'Ivoirité renvoie plus sérieusement à la

personnalité économique, sociale et culturelle de la Côte d'Ivoire telle qu'elle s'ouvrira

toujours plus sur l'extérieur sans s'y fondre. 97.» Cette définition laisse transparaître l'idée

originelle de l'Ivoirité. Une idée à laquelle on y ajoute l'économie et le social qui font la

particularité, le charme et la spécificité de la terre d'espérance, du pays de l'hospitalité.

Mais cette Ivoirité qui promouvait notre identité nationale a été galvaudée par les

politiciens et leurs affidés d'intellectuels si bien que, « l 'Ivoirité est accusée de toute part,

vidée de sa substance synthétique, dont le président Bédié en porte étendard faisait l'éloge

de l 'Akanité comme système monarchique complet et achevé. » 98 Ce qui provoqua l'émoi

de nombre d'Ivoiriens. Certains pour des visées électoralistes d'autres par contre, c'était

94 Cellule Universitaire de Réflexion pour la Diffusion des Idées du Président Henri Konan Bédié, 95 BOAT. R., Fraternité Matin, op cit, p.14 96 Slogan de campagne du candidat Henri Konan Bédié à la présidentielle de 1995 97 GOUDA Gnaoré Victoore, Recherche de l'identification du concept d'Ivoirité, in l'Ivoirité ou l'esprit du

nouveau contrat social du président Henri Konan Bédié, actes du forum CURDIPHE du 20 au 23 mars 1996,

p. 36. Cité par BOAT 98 BEDIE Konan Henri, Les chemins de ma vie, paris, Pion, 1999, p. 44. Cité par BOAT., Fraternité Matin,

op cit, p.13

43 //

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une question de patriotisme comme de Jean-Marie ADIAFFI: « Le fondateur de Rome

n'était que jumeau. Les fondateurs mythiques, les ancêtres mythiques et mystiques de la

Côte d'Ivoire sont de quadruplés. Ce sont les frères Krou, Senoufo, Akan et la sœur

Mandé ... »99.

Ce qui est mis en avant chez ADIAFFI, c'est le caractère unificateur de l'Ivoirité

dévoyée par le politique et qui a été l'une des raisons justificatives de la prise des armes

comme le souligne SORO Guillaume. Selon lui, « Les raisons profondes de l'actuelle crise

résident dans la politique sectaire de l 'Ivoirité, qui aurait d'ailleurs inspiré la constitution

de la deuxième république ... »100• A la suite de cette assertion, nous nous interrogeons de

savoir si l'Ivoirité dans sa conception politique était-elle une raison suffisamment profonde

pour prendre les armes et attaquer la mère Nourricière? N'y avait-il pas d'autres

alternatives? Ou encore, y avait-il d'autres raisons inavouées? Les exemples tunisien et

égyptien peuvent être considérés comme début de réponses à ces interrogations même si

les contextes diffèrent.

Combattre ou défendre l 'Ivoirité, un concept fascinant qui appelle à la mesure, au

discernement dans une dynamique de mondialisation à laquelle aucun peuple ne pourrait se

soustraire. L'édification d'une nation en Afrique doit prendre en compte l'intégration des

autres. Leur assimilation pour en faire des Etats-Nations qui, ne reposeraient plus sur

l'ethnie, la région, la religion. Mais, ne serait-ce l'occasion, après tant d'années de

"violences inutiles" qui nous ont ramenées un demi siècle en arrière sur le chemin du

développement de réfléchir à nouveau sur ce concept, le désosser de ses relents politiques ?

Une ivoirité fédératrice, unificatrice qui sera, d'une part l'identité ivoirienne, et d'autre

part, facteur d'intégration et d'ouverture sur l'extérieur.

Partout en Afrique, les conflits politiques ont été de tous temps liés aux questions

agraire, ethnique et religieuse sur fond de revendications économiques. C'est dans cet

ordre d'idée qu'abonde Jean-François BAYARD dans son article: "Kenya: un conflit

ethnique ? ". Il fait écho des événements postélectoraux de 2007, entre le président sortant

Mwai Kibaki et Raila Oginga Odinga. A la question de savoir si cette crise relevait d'un

conflit ethnique, il répond sans ambages : « bon sang, bien sûr ! La conscience ethnique

99BOA T. R., l'lvoirité entre culture et politique, Fraternité Matin, N°1157 du 12 novembre 2003, p.14

'00BOA T. R., l'Ivoirité entre culture et politique, Fraternité Matin, op cit, p.14

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iffi 'l' d l , /', V 101 p , t est, en e et, un e ement e a conscience po itique au r.enya. » . ms, avance ce

argument pour justifier son hypothèse «privilégier la lecture tribale du conflit, c'est

s'interdire de comprendre sa dimension politique par exemple / 'instrumentalisation des

passions identitaires à des fins de restauration autoritaire (. . .) ou le rôle des milices

religieuses dans le contrôle de l'espace urbain. C'est aussi laisser dans l'ombre la

question agraire (. . .) la captation du foncier ... » 102. De par cette assertion, il est évident

que, les facteurs ethno-religieux interviennent dans les choix politiques. Cette crise, dont

les causes profondes s'enracinent dans l'histoire coloniale et post indépendante du Kenya

présente bien des similitudes avec les conflits rwandais et ivoirien en particulier. Un conflit

au regard duquel son expérience a été sollicitée par l'Union Africaine pour sa médiation en

Côte d'Ivoire.

C'est par une approche de type qualitative que, M. ELIAS et D. HELBIG montrent

que les stéréotypes constitués autour des termes "Tutsi" et "Hutu" qui deviennent des

vecteurs d'événements (guerres civiles, conflits politiques) sont fonction de la

hiérarchisation de ces peuples par les acteurs-auteurs (colons); également, les clichés que

ces différents peuples ont d'eux-mêmes. Pour vérifier cette hypothèse, ils travaillent sur un

corpus, « des ouvrages de vulgarisation ou les livres écrits par des acteurs de la scène

politique coloniale et postcoloniale et délibérément délaisser des auteurs dits scientifiques

(. . .) et constitués essentiellement d'une documentation sur le Rwanda qui semble avoir

servi de référence au discours colonial. » 103 De leur analyse, il ressort que deux

générations d'acteurs-auteurs sont à l'origine de ces stéréotypes. Ainsi disent-ils, « Dès

l'arrivée des explorateurs se constitue une première génération de stéréotypes, qui nourrit

toute la période coloniale. Une deuxième génération s'articule en préparation à la

révolution Rwandaise et s'étend jusqu'à nos jours. » '04

Dans la première génération (1900-1955), on constate une idéologie hiérarchisée

des races par les colons Allemands puis Belges. Au sommet de la pyramide, les Tutsi,

porteurs d'une civilisation, descendants des Hamites, parfois assimilés aux blancs (le

Mututsi est un Européen sous la peau noire). Ensuite, viennent les Hutu ou Bahutu (race

101 BA YARD, J. F., '' Kenya : un conflit ethnique '', in sociétés politiques comparées, Revue Européenne

d'analyse des sociétés politiques, n°2, février 2008, p.22. 102 BA YARD, J. F., "Kenya: un conflit ethnique", in sociétés politiques comparées, Revue Européenne

d'analyse des sociétés politiques, op cit, p.23. 103

104

45

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des nègres, des Bantou). Enfin, une sorte de sous-humanité composée de négrilles ou

pigmés, les Twa.

En effet, à cette époque du Rwanda-Burundi, les Tutsi régnaient en maître absolus,

détenteurs de tous les prestiges et pouvoirs (politique, judiciaire et économique). Les

Bahutu (une classe de cultivateurs) forment le gros du peuple. La plèbe proprement dite.

Les Batwa, une classe tenue pour vile et basse. Ces stéréotypes sont les éléments

constitutifs des représentations des colons à l'égard des races (ethnies) qui peuplent le

Rwanda. Par ailleurs, ces clichés valorisant pour certains et dévalorisant pour d'autres ne

sont des images fichées qui, vont évoluer dans le temps et faire place à de nouveaux

stéréotypes à l'avantage des Hutu « avec ! 'arrivée d'une nouvelle génération d'acteurs

(missionnaires .. .) » 105 sensibles aux nombreuses inégalités sociales dont sont victimes les

Hutu et les Twa.

Cette période marquée par des représentations défavorables à l'égard des Tutsi

verra la valorisation des Hutu et Twa, éprouvés, maintenus en « état de sujétion » par une

administration Tutsi dont l'ethnie était la condition de gestion du pouvoir. Une période

révolue des« seigneurs( ... ) les maîtres de tous et de tout.» une "race" que e colonisateur

qualifie« d'envahisseur hamites », « colonisateurs de Hutu». Rien d'étonnant dès lors

«Qu'il ne tarie pas d'éloges sur le gouvernement Hutu du nouveau Rwanda indépendant:

l'attitude Rwandaise "droite", "calme" attirent un sentiment général d'estime. »106. La

race Hutu parvenue au pouvoir après l'indépendance du Rwanda légitime cette

représentation positive du colon à son égard également, présente un cliché qui est à son

avantage, autrement apprécié des Tutsi« anti catholiques ... anti Belge ... et qui sont décidés

à rester les maîtres »107• A ce schéma racial, les Belges vont imprimer un schéma social,

avec d'un coté une élite paresseuse et oppressante (Tutsi) et de l'autre des masses

exploitées (Hutu).

A ce stade notre propos, quel est le constat ? Les auteurs/acteurs vont valoriser

l'une des races en dévalorisant l'autre, puis l'autre en dévalorisant la première. Chacune

des trois communautés ethniques sera censée voir les deux autres selon la même grille de

lecture raciale et hiérarchisée qui est celle du colonisateur. Une remarque corroborée par

105 BA YARD, J. F., " Kenya: un conflit ethnique ", in sociétés politiques comparées, Revue Européenne d'analyse des sociétés politiques, op cit, p.27. 106 BA YARD, J. F., "Kenya: un conflit ethnique ", in sociétés politiques comparées, Revue Européenne d'analyse des sociétés politiques, op cit, p.29. 107 BAYARD, J.F.," Kenya: un conflit ethnique", in sociétés politiques comparées, Revue Européenne d'analyse des sociétés politiques, op cit, p.29.

46 1 ·--7' ;,

Page 54: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

les auteurs « Nous devons bien constater que chaque fois que le mot Tutsi est prononcé

lors de la première époque, il est synonyme de "seigneurs prestigieux", Dans la seconde

période, à ce mot ne sont opposés que des qualificatifs négatifs. Inversement, les Hutu sont

au début ''des nègres'' puis ''des braves " et ''des victimes" qui sont restés au Burundi, et

qui sont devenus d'honnêtes gestionnaires au Rwanda. En un mot, les Tutsi sont les

méchants, les Hutu sont des gentils ... »108. Pour les uns comme pour les autres, c'est

probablement un profond malaise qui résulte de cette obligation lancinante : se positionner

constamment vis-à-vis de reflets extérieurs. Les raisons justificatives du conflit Rwandais

qui tirent leur origine de la colonisation. C'est à juste titre selon ELIAS et HELBIG « Le

racisme est le fruit colonial »109• C'est aussi, la promotion de l'ethnicisme comme moyen

de gestion des nations africaines. Le recours aux divisions ethniques, religieuses pour

renforcer et légitimer son pouvoir, de même quel 'impunité.

En outre, au terme de leur réflexion, ils ne s'empêchent de faire des prescriptions

sous forme d'une hypothèse. Des paroles à méditer pour atteindre l'objectif de la

construction de nos identités nationales : « Il faut faire l'hypothèse que le dépassement des

conflits ethniques hérités des stéréotypes de la colonisation ne se fera ni par plus de

répressions, ni par le renforcement du racisme, mais au contraire par une plus grande

liberté, par plus de démocratie dans les Etats de droits, et par le droit reconnu d'exister à

l diffé 110 toutes es z erences » .

Au regard de cette analyse qui s'inscrit dans les représentations sociales et qui

aborde certains aspects de notre étude qui se déroule en Afrique de l'ouest avec ses propres

réalités. Notre étude de type exploratoire, descriptive et analytique privilégie une double

approche (qualitative et quantitative) fondée sur les théories de la communication à deux

niveaux et du noyau central. Ces observations relèvent les limites de leur réflexion sur le

Rwanda dont le choix du corpus ne repose sur aucune base scientifique.

108 BA YARD, J. F., "Kenya: un conflit ethnique ", in sociétés politiques comparées, Revue Européenne

d'analyse des sociétés politiques, op cit, p.32. 109 ELIAS, M., HELBIG, D., "Deux mille collines pour les petits et les grands : radioscopie des stéréotypes

hutu et tutsi au Rwanda et Burundi", www.politiq-afrique.com/numéros/pdf/055 l l l.pdf, p.48. (Consulté le

14 mars 2013,lOh 05 mn)

110 ELIAS, M., HELBIG, D., ''Deux mille collines pour les petits et les grands : radioscopie des stéréotypes

hutu et tutsi au Rwanda et Burundi'', op cit, p.49.

47

Page 55: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

Les stéréotypes hérités de la colonisation sont c01m11e le levain aux discriminations

raciales qui ont favorisé la montée des violences à l'origine de "l'idéologie de la

victimisation". Les Etats Africains à l'instar de la Côte d'Ivoire sont le regroupement des

monarchies ethniques, des restes d'empires, des morceaux de royaumes, des cantons qui

possédaient leur propre système de gestion politique, économique, social et culturel. .. dont

la prise en compte dans le tracé des frontières a échappé aux colons. Les stéréotypes, les

clichés sont des éléments d'argumentation utilisés par le colon pour asseoir sa domination,

installer sa politique ainsi, pour mieux exploiter les territoires. Ils furent un instrument

subtile de domination et d'asservissement. En d'autres termes, ils sont l'instrument de

hiérarchisation des uns et des autres.

En Côte d'Ivoire, ce phénomène fit son apparition au même moment que le

colonisateur français dans ses ambitions hégémoniques. Ainsi, Simon P. EKANZA, révèle

« Mais très vite, le colonisateurs 'aperçoit qu'il ne pouvait compter sur les populations du

Sud pour exploiter au maximum les richesses naturelles qui faisait de ce pays un

"eldorado" : elles étaient jugées primitives surtout celles de l'ouest, considérées comme

"anthropophage", "fétichistes" et particulièrement paresseuses. Cette appréciation était

d'autant plus sévère et non justifiée que la plupart des populations du Sud vont opposer de

vives résistances à la pénétration du conquérant français. Il fallait donc résoudre le hiatus

entre une région. potentiellement riche et des habitants réputés "primitifs '', de surcroît

hostiles à la "mission civilisatrice". Le colonisateur le résolut en faisant appel "aux gens

du Nord", habitant une région de savane, pauvre et peu propice à une exploitation rapide,

mais plus policés et avisés, possédant de fortes traditions commerciales comme les ''D. l " d d " ·11 h ' " l s ' ,I",

111 iou a , ou encore es atouts e travai eurs ac arnes comme es enoujo. » .

Cette idée sera renforcée quelques années plus tard par Jean Delafosse comme le relevait

Maurice Bandarna : « Pour les écrivains (. . .), les différentes tensions que traversent nos pays ne sont que le couronnement de la hiérarchisation faite de nos peuples par le pouvoir

colonial ..... une nomenclature de la gestion du pouvoir avait été conçue ainsi, certains

Français dont Jean Delafosse avait classé les ivoiriens en ethnies gentilles, courageuses,

pacifiques, paresseuses, bagarreuses, etc .... c'est le cas selon lui des Abbey qualifiés de

''barbares'', les peuples du centre, en particulier les Baoulé pris pour un peuple

"pacifique", ''accueillant'', "sans histoire", Quant aux populations de l'ouest, elles sont

111 EKANZA S. P., Côte d'Ivoire: De l'ethnie à la nation, une histoire à bâtir, Abidjan, les Editions CERAP,

2007, op cit, p. 25.

48 P'

Page 56: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

vues comme des "guerriers", des "sanguinaires", "cannibales" ... » 112. Ces habitudes de

hiérarchisation des peuples en Côte d'Ivoire ont permis de développer certains complexes

au niveau des peuples. A titre illustratif, il est dit du peuple du Nord, "Kanga" 113 par des

populations du Sud et, celles du Sud traitées de "Bôyôrôdjan114", selon certaines ethnies

du Nord ou souvent ces dernières disent "en bêh kéle115".

Dans les conflits et crises qui sévissent de façon pernicieuse en Afrique et dans le

reste du monde, le média devient une arme incontournable voire stratégique qui n'échappe

à aucune des parties. Ainsi, "quelle est la place pour les médias en temps de guerre?" est

le titre de la réflexion de Armand MERCIER. De par la théorie constructiviste de type

qualitative et démonstrative, il affirme : « le média est devenu un fait de guerre » 116. Il est,

d'une part, pris pour cible et, d'autre part, pris pour auxiliaire de guerre. En effet, depuis

l'apparition du journalisme indépendant dès le milieu du 19e siècle, le contrôle des

journalistes et des informations diffusées est comme un impératif pour les Etats

occidentaux en particulier de s'assurer le succès sur le théâtre d'actions ou pour préserver

le moral des troupes sur le front ou des civils en arrière. Le contrôle des médias ou la

guerre aux médias est d'une évidence pour les Etats. Dès lors, il apparaît impérieux de

s'en servir à toutes les phases du conflit: « avant, ils servent à convaincre et à mobiliser;

pendant, ils aident à cacher, intoxiquer et galvaniser ; après, ils contribuent à justifier la

guerre, à façonner les perceptions de la victoire et à interdire les éventuelles

critiques » 117. L'exemple le plus patent en Afrique fut radio-télévision libre des Mille

collines dans la mobilisation des Hutus.

L'avènement des technologies de la communication salutaire pour les journalistes

parce qu'elles leur permettent de vivre l'instant plus intensément en offrant une vision

globale de la guerre n'est pas à l'avantage des militaires qui trouveront un dispositif

ingénieux et avantageux pour les deux parties. C'est-à-dire, le média comme un auxiliaire

112 BANDAMA M. (président de l'association des écrivains de Côte d'Ivoire) au Forum pour la

réconciliation nationale, Fraternité Matin, N°11085, mardi 16 octobre 2001, p.18. 113 Kanga : esclave 114 Sans origine, il vient de nul part 115 C'est nous là (nous les mêmes là) 116 MERCIER, A., "Quelle est la place pour les médias en temps de guerre?", in Revue internationale de la

croix rouge, volume 87, 2005, p.82 117 MERCIER, A., "Quelle est la place pour les médias en temps de guerre?", in Revue internationale de la

croix rouge, op cit, p.82.

49

Page 57: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

de guerre. Ce dispositif offrait au peuple Américain "des images spectaculaires,

sensationnelles", du direct sans aucune manipulation. Outre cet aspect, "cette stratégie

brillante" créée une empathie entre les journalistes et l'armée. A partager les mêmes

points de vue que leurs hôtes (militaires), la fascination pour l'hôte va développer « le

syndrome de Stockholm », également une autocensure, un acte patriotique. Car, « Plus la

relation que nous avons avec un journaliste est bonne, plus notre chance qu'il retienne et

diffuse nos messages est grande »118

Il faut le reconnaître, le média a une fonction sociale, capitale en tant de conflit.

Quant bien même il manipule l'opinion, il est contrôlé à son tour pour des raisons d'Etat.

Cette réflexion appelle à la conscience professionnelle du journaliste sur les enjeux de la

communication. Cette communication sur la place des médias en temps de guerre par

(théorie constructiviste) est important parce qu'elle vient conforter notre hypothèse sur la

responsabilité des médias et du politique dans le conflit ivoirien.

De ce qui précède, quel regard peut-on porter sur les médias ivoiriens en période

de crise depuis 2002, en particulier sur la presse à savoir les trois journaux d'opinions

(Notre Voie, le Patriote et le Nouveau réveil)? C'est à ces questions que répond la

réflexion de Raoul G BLE .. , "la guerre dans les médias, les médias dans la guerre". Pour

le communicologue, « Les médias Ivoiriens ont contribué à un haut niveau de

responsabilité, à la dégradation du tissu social» 119.

Cette étude de type qualitatif qui s'inscrit dans la théorie constructiviste, a été pour

Raoul G BLE., une occasion de rappeler, outre la théorie sus-citée qu'elle cadrait avec

certaines théories fonctionnalistes de la communication. C'est-à-dire les théories de la

toute-puissance des médias avec le chef de fil Harold Lasswell. Aussi, faut-il mentionner

les théories des effets limités. Selon BLE, le contexte sociopolitique ivoirien à contribuer à

l'apparition de deux types de journalistes. Ainsi, il y a le journalisme d'opinion affidé des

partis politiques et leaders d'opinion, et d'autre part, un journalisme d'information orienté

en quelque sorte sur le mercantilisme, le libéralisme. C'est sur le premier type de

journalisme qu'a porté cette réflexion dont le corpus a été constitué essentiellement de

118 MERCIER, A., "Quelle est la place pour les médias en temps de guerre?", in Revue internationale de la

croix rouge, op cit, p.88 119 BLE R. G .. , "La guerre dans les médias, les médias dans la guerre", in Afrique et Développement,

CODESRIA, vol XXXNN°2, 2009, (p. 177-201) p.178.

50 .. ,.,, ,,

Page 58: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

journaux les plus représentatifs des trois grands partis politiques ivoiriens à savoir Notre

Voie (proche du FPI), Le Nouveau Réveil (pour le PDCI) et Le patriote (proche du RDR).

La guerre dans les médias a été le premier aspect abordé dans son analyse. En effet,

dans ce sens, le média est entrevu comme un espace de combat, un théâtre Des opérations à

la différence que la plume du journaliste occupe la place de l'arme avec pour avantage,

l'économie des vies humaines. Egalement l'outrance des discours au savant mélange de

l'image participe du brutalisme linguistique et du brutalisme iconique. Dans le même sens,

Raoul. G BLE affirme: « La guerre dans la presse est fréquemment mise en scène par les

journalistes à travers le choix des mots, des images, des couleurs et leur emplacement, en

termes d'occupation de l'espace mais également par les dirigeants politiques aux

déclarations "musclées " pour attirer l'opinion public vers eux. La classe politique

Ivoirienne est typique de cette forme médiatique depuis 2002 »120• Ainsi, pour justifier son

propos il avance cet exemple : « le numéro N° 1788 du 15 septembre du quotidien le

patriote donne un aperçu de ce que nous avançons, car il y est écrit à la une "Gbagbo

veut brûler la Côte d'Ivoire". Il s'agit d'un brutalisme linguistique, (. . .). Ce verbe

"brûler" traduit bien l'état de guerre dans le pays. » 121. Le média devient le

prolongement du champ de bataille. Au plan du « brutalisme iconique, on voit, à la page

deux, une photo de Laurent Gbagbo dans laquelle il a le visage froncé, la bouche

largement ouverte ... »122• Cette première acception des médias en temps de guerre rejoint

celle de MERCIER lorsqu'il affirme que les médias sont des auxiliaires de guerre.

Cependant, à chaque médaille son revers, le média, partie prenante au conflit sera

en retour pris pour cible d'où le média dans la guerre, le second aspect de la réflexion.

En effet, comme partout ailleurs, dans les pays en guerre, les médias sont les cibles

de belligérance. C'est-à-dire, le média au sens de journaliste et de maison de presse.

Singulièrement en Côte d'Ivoire, l'accès à la zone des Forces Nouvelles était interdit aux

journalistes Ivoiriens. Par contre, seuls les médias étrangers et de leur bord pouvaient s'y

aventurer. Les exemples sont légions en zone gouvernementale où, des journalistes et des

120 BLE R. G .. , " La guerre dans les médias, les médias dans la guerre ", in Afrique et Développement,

CODESRIA, op cit, p.182. 121 BLE R. G .. , " La guerre dans les médias, les médias dans la guerre", in Afrique et Développement,

CODESRIA, op cit, p.187. 122 BLE R. G .. , " La guerre dans les médias, les médias dans la guerre ", in Afrique et Développement,

CODESRIA, op cit, p.189.

51 7' ;'

Page 59: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

maisons de presse subissaient régulièrement le courroux des "jeunes patriotes" et des

éléments des forces de 1 'ordre si bien que ces exactions commises ont maintes fois fait

l'objet d'interpellation de la part des organes d'autorégulation du secteur de la presse en

Côte d'Ivoire (OLPED), des associations de défense des droits de l'homme, et même de

Reporter Sans Frontière. A titre illustratif, dans la crise qui a secoué la Côte d'Ivoire

comme le stipule Raoul G. BLE,« Depuis septembre 2002, Alfred Dan Moussa, président

(d'alors) de l'observatoire de la liberté, de la presse, de l'éthique et de la déontologie

(OLPED) note qu'aucun organe de presse n'est en sécurité dans ce pays »123, et les

exemples de ces exactions dans son analyse en témoignent du risque encouru par les

hommes de presse. Ainsi, il avance : « entre le 20 septembre et le 9 octobre 2002, le

quotidien Le patriote (proche du RDR) n'a pu être présent dans les kiosques ( .. .), le 14

octobre 2002, César Etau, rédacteur en chef du quotient Notre Voie (proche du FPI) est

victime d'une agression physique ( .. .), le même jour, le quotidien le Nouveau Réveil

(proche du PDCI) publie, sur une page entière un appel à communauté international ...

annonçant l'enlèvement programmé de Dénis Kah Zion, son directeur de publication ( .. .).

Le 17 octobre 2002, Gael Mocoer, journaliste "Free-lance.", de nationalité française, est

interpellé par la Direction de Surveillance du Territoire (DST) puis, libéré le 23 octobre

2002 ... » 124.

De ce qui précède, comme note Raoul G. BLE, le militantisme politique du

journaliste d'opinion est un fait avéré. Il sert de médiane entre le politique et le public ou

le militant. Il joue en quelque sorte le rôle de commercial pour sa maison de presse, mais

également pour le parti politique dont il défend les idéaux à travers sa ligne éditoriale. Un

journaliste partisan, militant aux fins de la manipulation des masses. En outre, empruntons

cette idée de Raoul G. BLE pour nous convaincre« Pourtant, si au début des années 1990,

des journalistes ont contribué à la naissance du multipartisme et de la pluralité d'opinions,

on note aujourd'hui de manière nette, qu'ils ne brillent plus particulièrement par leur sens

critique, ni par obligation déontologique, ni éthique, mais plutôt par leur degré de

123 BLE R. G .. , "La guerre dans les médias, les médias dans la guerre", in Afrique et Développement,

CODESRIA, op cit, p.192. 124 BLE R. G .. , " La guerre dans les médias, les médias dans la guerre", in Afrique et Développement,

CODESRIA, op cit, p.199.

52 1

//

Page 60: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

militance idéologique. Les rédactions ont à leur tête des hommes et des femmes dont

l'expression est celle d'autres hommes (hiérarchie politique) ... » 125.

Au stade de cette analyse, quelques observations semblent importantes. En effet,

bien vrai que les informations d'opinion sont des construits. Elles résultent, souvent de

l'imaginaire des journalistes et des hommes politiques. Ces informations ont pour visée

d'appâter le plus de militants et, de servir de mots d'ordre. De ce fait, n'est-il pas judicieux

de convoquer la théorie des effets limités de la communication pour la vérification de son

hypothèse quand bien même qu'il l'ait passé en revue? C'est elle qui a été par contre

mobilisée dans notre étude en plus de la théorie du noyau central pour les représentations

sociales puis, une combinaison des approches qualitative et quantitative.

Cette étude du BLE fait resurgir la question du pouvoir et des enjeux des médias

dans le contexte sociopolitique. Aussi, évoque-t-il la récurrente question de la démocratie

et de la liberté d'expression et d'opinion et de son appréhension par les Africains

singulièrement les Ivoiriens. Enfin, le taux élevé d'analphabétisme en Côte d'Ivoire,

facteur non négligeable à la manipulation et au conditionnement des masses.

Par ailleurs, il faut permettre une éducation à la démocratie et œuvrer pour une

presse engagée aux fins du développement de la Côte d'Ivoire sont des actions pour y

remédier.

Un conflit qui résulte d'un amalgame politique avec 3000 morts et de nombreux

blessés, laisse sûrement dans les mémoires des stigmates qui viennent renforcer ou altérer

les clichés ou stéréotypes que nous avons les uns des autres. Ces stéréotypes ou clichés

constituent des éléments des représentations sociales.

Dans son article intitulé "Les représentations sociales sur l'argent, la banque et

l'épargne" Jale MINIBAS-POUSSARD126 part de l'hypothèse selon laquelle l'individu

perçoit le terrain économique sous l'influence de la structure socio-économique du pays

ainsi que des facteurs sociodémographiques. Avec la méthode structurale, les données ont

été recueillies au moyen de l'association libre et évaluées par la méthode de Pierre

125 BLE R. G .. , " La guerre dans les médias, les médias dans la guerre", in Afrique et Développement,

CODESRIA, op cit, p.200.

126MINIBAS-POUSSARD, J., "les représentations sociales sur l'argent",

www.gregoriae.com/dmdocuments/2003-0 l .pdf, consulté le 12/09/2012

53

Page 61: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

VERGES 127 . Les résultats obtenus montrent que les représentations sur l'argent sont plus

souvent associées aux idées de pouvoirs et d'objectifs à atteindre. Les idées d'être heureux,

de se sentir en sécurité, de vivre comme on le souhaite et d'acheter comme on veut

prennent la suite dans l'ordre d'importance.

Les représentations sur l'épargne ont mis en évidence un conflit, la nécessité

d'épargner pour l'avenir et la difficulté d'épargner dans les conditions économiques

actuelles. L'évocation en Turquie de «service/fiabilité» dans les éléments centraux des

représentations sur la banque prouve la perception de cet effort par les consommateurs. La

représentation «usurier/corruption» montre une certaine corruption de quelques banques

privées. De plus, les résultats attestent que la banque, de façon générale, est associée à

] 'image de « queue/stress/grogne » pour certaines personnes. Les différences de

représentation selon l'âge, le sexe, le niveau d'étude et la profession se trouvent dans les

représentations périphériques qui ont tendance à changer.

Cette étude, menée au niveau de la classe moyenne parce que la plus touchée par la

paupérisation en Turquie est une incitation à l'épargne, à la prévision doublée d'une

responsabilisation des banques vis-à-vis de leur clientèle au faible revenu ; afin de

favoriser un développement qui repose sur une économie forte. Cette étude peut être

considérée comme le reflet de la situation socioéconomique de la Turquie.

Comparativement à notre étude, la sienne se déroule dans un contexte économique donc,

dans un cadre différent.

En mai 1996, dans son mémoire sur '' La représentation sociale du téléphone par

les Ouagalais " présenté à l'université de cocody, Kisito BAD0128 affirme de prime abord

que le poids de la culture au niveau de la communication "face à face" ou de "visu" est

la cause du désintérêt de la population à l'endroit du téléphone. Encore selon lui, Je

téléphone est perçu par les Ouagalais comme un objet de luxe et le désintérêt de ceux-ci

peut être attribué à un problème de communication. L'étude sur les représentations réclame

donc une méthode qui fera émerger deux parties : le noyau central et les éléments

périphériques. L'approche pluri méthodologique a été celle privilégiée par BADO. Cette

127 VERGES P., Approche du noyau central : propriétés quantitatives et structurales, structures et

transformations des représentations sociales, C GUIMELLI (éd), Delachaux et Niestlé, Neuchâtel, 1994, p.

233-254. 128 BADO Kisito, La représentation du téléphone par les Ouagalais, Mémoire de maîtrise de communication,

université de cocody, Abidjan, CERCOM, 1996.

54

Page 62: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

méthode consiste à faire usage de plusieurs techniques aussi bien interrogatives comme

associatives. Le téléphone portable est perçu comme un luxe à utiliser en cas d'urgence. La

majorité de la population ignore le prix de la communication locale et ne connait pas le

coût de 1 'abonnement résidentiel d'où, la non utilisation du téléphone est attribuée à un

manque d'informations. Il ressort que les populations préfèrent le déplacement au

téléphone parce qu'elles ont un moyen de déplacement. L'autonomie en matière de

déplacement amoindrit le besoin de téléphone. Cependant, l'importance du contact corps à

corps dans la culture Ouagalaise fait percevoir le téléphone comme quelque chose qui vient

dénaturer la communication et déshumaniser les relations n'est pas vérifié.

C'est également, quelques années avant dans la même université que KONE née

Sorho129 dans son mémoire de maîtrise de communication, étudie "la perception et

l'utilisation du téléphone en Côte d'Ivoire ", Ce travail qui est proche de celui de BADO

Kisito, diffère cependant aux niveaux socioculturel, économique et de la population. Pour

son étude, elle utilise la méthode par constellation des attributs et le questionnaire qui lui

ont permis d'affirmer: « Le téléphone est perçu en Côte d'Ivoire comme un outil de travail

indispensable à la vie moderne qui limite les déplacements » 130. Si nous nous en tenons à

ses propres dires « Ces résultats doivent être nuancés parce que plusieurs couches sociales

n'ont pas été pris en compte »131. Le travail de KONE différent du notre par le thème, la

théorie et la méthodologie utilisée. La notion de représentation sociale est plus large et plus

complexe que celle de la perception car, cette dernière n'est qu'une partie de la

représentation. La représentation sociale est un processus de restructuration et de

réorganisation qui engage une action de reconstruction individuelle par un groupe ou un

individu. L'étude des représentations sociales nécessite une méthode qui fait apparaitre la

hiérarchisation des éléments qui les construisent ; une raison pour laquelle nous choisirons

une méthodologie qui engage plusieurs techniques de recherche. La perception est un

processus mental et la représentation sociale est non seulement un processus mental mais

aussi social. La perception est donc superficielle et ne peut donc servir de base pour faire

des propositions de changement ou restructuration, alors qu'une étude de représentation

sociale peut aboutir à des recommandations.

129 KONE née Sorho, "La perception et l'utilisation du téléphone en Côte d'Ivoire", mémoire de maîtrise de

conununication, Abidjan, CERCOM, 1992. 13° KONE née Sorho, "La perception et l'utilisation du téléphone en Côte d'Ivoire", op cit, p.92. 131 KONE née Sorho, "La perception et l'utilisation du téléphone en Côte d'Ivoire", p.106.

55

Page 63: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

Dans sa thèse de doctorat unique, Edmé Michel ZINSOU soutient «L'université

conçue originellement pour la formation des élites du pays a crée des représentations

sociales en accord avec la vision des responsables des pays en développement.

L'avènement du multipartisme avec son corollaire la démocratisation de toutes les

structures et activités de l'université en Côte d'Ivoire a engendré un changement dans la

vision, la pratique et le déroulement des études» 132. Pour justifier son propos, il fait usage

d'une approche pluri-méthodologique. D'abord, avec des instruments de recueil des

données permettant de repérer le noyau central ( constitution de couple de mots,

comparaison pairées, questionnaire par caractérisation). Ensuite, des méthodes de contrôle

de la centralité (technique de mise en cause du noyau central, la méthode d'induction par

Scénario Ambigu "ISA" et la Méthode des Schémas Cognitifs de Base "SCB"). Enfin, il

adjoint un outil complémentaire. C'est-à-dire, une approche combinée de plusieurs

méthodes énumérées en quatre étapes. Les résultats obtenus montrent que deux

représentations positives et négatives concourent à cerner l'université. Ce qui sou tend son

propos quand il indique que « Dans l'ensemble, il n'est pas osé d'affirmer que la société a

davantage de représentations favorables à / 'égard de "/ 'alma mater" que des

représentations négatives et que l'université malgré tout, jouit encore de son prestige

dl t 133 an an» .

Mais cette étude comme l'atteste son auteur présente certaines limites. Au niveau

externe, l'étude n'a pas été réalisée sur toute l'étendue du territoire national, ce qui aurait

permis une généralisation des résultats, d'une part. Et d'autre part, au niveau interne

l'usage de plusieurs instruments d'enquête et la variation des populations interrogées

même si elles présentent les mêmes caractéristiques.

Cette réflexion qui fait la radioscopie de l'université de Côte d'Ivoire par la

méthode des représentations sociales vient à point nommée, parce que faisant le diagnostic

assez clair des maux qui minent la dynamique de l'université ivoirienne ainsi que, la

perception de ses acteurs internes et externes. L'université est considérée comme le miroir

de la société et cette thèse démontre fort bien qu'à travers l'université, c'est la société voire

toute la nation ivoirienne qui est en souffrance. Cette thèse est une synthèse des réflexions

132 ZINSOU Edme Michel, "Radioscopie des interactions de l'université de Côte d'Ivoire avec son

environnement par la méthode des représentations sociales", présenté le 1 ljuin 2004 à l'université de CAEN,

p.20. 133 ZINSOU Edme Michel, "Radioscopie des interactions de l'université de Côte d'Ivoire avec son environnement par la méthode des représentations sociales", op cit, p.25.

56 (,"

Page 64: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

sur les représentations sociales. Elle est une revue de la conceptualisation du sujet depuis

MOSCOVICI à sa théorisation (théorie du noyau central et méthodologie afférente).

C'est eu égard à ce qui précède que nous inscrivons notre étude dans le même

registre. Faire un diagnostic de la dynamique intercommunautaire entre les populations du

Nord et celles du Sud de la Côte d'Ivoire. Ainsi, nous mobilisons la théorie des

représentations sociales à laquelle nous adjoindrons celles des sciences de l'information et

de la communication car, c'est dans ce champ que s'inscrit notre étude. Aussi, allons-nous

privilégier les instruments de collecte de données des représentations sociales qui, sont une

combinaison des instruments classiques de collecte de données et des instruments de la

psychologie sociale du fait de l'interdisciplinarité de notre science dans le but de mieux

saisir notre objet d'étude. Dans le cadre des sciences de l'information et de la

communication, cette réflexion de Michel E. ZINSOU pourrait s'inscrir dans la théorie

systémique car comme il avance "l'université est une micro société ... ". Elle est un sous­

système interagissant avec d'autres systèmes tous victimes du contexte sociopolitique.

L'étude des représentations sociales s'est considérablement développée depuis une

dizaine d'années, mais elle remonte à MOSCOVICI134 en 1961. Il reprend le "concept

oublié" de représentation collective, qualifiée préférentiellement de sociale pour rendre

compte du fonctionnement du sens commun dans les sociétés contemporaines qui se

distinguent des sociétés traditionnelles par le pluralisme des idées, le changement, la

mobilité sociale, la pénétration de la science dans le quotidien et l'importance des

communications.

MOSCOVICI dans son ouvrage "La psychanalyse, son image et son Public",

analyse la façon dont un discours dit «Savant» se transforme en discours de « sens

commun». C'est-à-dire, la façon dont on passe d'un système de concept théorique à un

système de représentation. Pour ce faire, l'auteur analyse divers documents (documents

produits par la presse liée au PC, ceux produits par la presse liés à l'église, et ceux produits

par des journaux à grande diffusion qui ne sont liés ni aux PC, ni à l'église) de manière à

étudier la représentation sociale de la psychanalyse ( elle est choisie car c'est un objet peu

courant c'est-à-dire émergeant et très abstrait). L'auteur mettra en évidence la façon dont

ces médias représentent ces informations et construisent des représentations particulières

de la psychanalyse chez leurs lecteurs. On cherche ici à définir quelle image est véhiculée.

134 MOSCOVICI S., La psychanalyse son image et son public, Paris, PUF, 1961 et 1976, p.78.

57 ,..,. ,,

Page 65: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

MOSCOVICI, dans un premier temps, analyse des extraits (240 supports sur 3ans avec son

équipe) puis dans un second temps, il enquête auprès d'individus lecteurs afin de connaître

l'image qu'ils ont de la psychanalyse, et ce au moyen d'entretiens.

D'autres recherches, comme celles de MARKOV A et WILKIE 135 ont permis

d'analyser les représentations du SIDA véhiculées à travers la presse.

Pour qu'il y ait représentation sociale et qu'elle soit fonctionnelle, deux

mécanismes doivent se mettre en place :

- l'objectivation consiste à réduire, transformer ce qui est abstrait en

concret, et à lui assigner une fonction (par exemple considérer la psychanalyse comme un

objet).

- la phase d'encrage de la représentation sociale consiste à relier cet objet

aux autres représentations. L'exemple du SIDA en est révélateur: au début, il s'agissait

d'une maladie très abstraite (peu d'informations et dans tous les sens). Les gens ont

commencé par faire des liens entre le SIDA et les autres maladies, comme les cancers, ils

ont comparé en quoi cette maladie se différentie, et ressemble à d'autres maladies (lien par

contraste ou assimilation). Par exemple, le SIDA a très longtemps été lié au cancer. Les

cancers se sont vus assignés des caractères négatifs.

Une autre recherche, elle réalisée en milieu rural par Denise JODELET136 à travers

une observation participante et une enquête par entretiens montre que les représentations

(les discours des individus à propos de ces représentations) sont des formes d'expressions

culturelles. En effet, les représentations mentales s'articulent à travers des indicateurs

langagiers ; des expressions qui traduisent un rapport de l'individu à la réalité. Elle a pu

montrer que la représentation de la maladie mentale s'actualisait à travers des expressions

particulières.

D'autres recherches cette fois dites expérimentales ont également étés réalisées.

Elles portent notamment sur la structure des représentations et sur les conditions de

transformation d'une représentation. Elles reposent sur la théorie du noyau central entamée

par Claude FLAMENT, puis développé plus tard par J-C ABRIC137 où il tente de mettre en

135 MARKOV A et WILKIE, Représentations sociales du SIDA, 1987 136 JODELET D., Représentation sociale de la maladie mentale, Paris, 1985 137 ABRIC J-C., noyau central de la représentation social, paris, Editions ères, 1989, 196p

58

Page 66: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

évidence le noyau central et son caractère stable et organisateur : le noyau central a une

fonction organisatrice : si on ne donne pas aux sujets des informations portant sur le

système du noyau central, ils retiennent moins de choses. ABRIC réalise son

expérimentation en deux phases, il commence par trouver les éléments centraux de la

représentation de l'artisan puis donne une tâche de restitution mémorielle d'une liste de

mot. Cette expérimentation montre que les éléments centraux sont mieux restitués que les

éléments périphériques. Sa théorie s'organise autour de deux postulats : le noyau central et

les éléments périphériques.

Somme toute, après l'énumération des fondamentaux théoriques (définition des

concepts et notions, cadre de référence théorique et la revue de littérature) qui justifie de la

scientificité de notre étude et de son inscription dans un champ disciplinaire (SIC), il nous

apparaît impérieux d'aborder la question de méthodologie qui nous servira, soit à la

confirmation soit à l'infirmation de nos hypothèses. Ce volet constitue la substance du

second chapitre de cette première partie.

59

Page 67: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

CHAPITRE II : CADRAGE METHODOLOGIQUE

Ce chapitre est le cadre de la spécification de la méthode de notre réflexion. Il prend en

compte outre les techniques et les instruments de collecte de données, le milieu d'étude, la

technique d'échantillonnage et les méthodes d'analyse et d'investigation dédiés à l'étude.

2-1 TYPE DE L'ETUDE

Cette étude porte sur la radioscopie de la dynamique intercommunautaire entre les

populations du Nord et les populations du Sud de la Côte d'Ivoire par la méthode des

représentations sociales. Elle se propose de rechercher la perception ou les images que ces

populations ont les unes des autres. Il s'agit d'une étude exploratoire, descriptive et

analytique fondée sur deux analyses : qualitative et quantitative

2-2 MILIEU D'ETUDE

Notre étude porte sur les populations Nord et celles du Sud. Ces deux catégories de

populations vivent sur un même espace géographique : la Côte d'Ivoire.

Pour des raisons financières, nous avons délibérément choisi le district d'Abidjan

comme milieu d'étude. Abidjan est la plus importante ville du pays par sa superficie et par

sa population. C'est une ville cosmopolite avec treize communes (Anyama, Abobo,

Adjamé, Yopougon, Plateau, Cocody, Bingerville, Treichville, Port-bouet, Songon,

Markory et Koumassi) dans laquelle nous retrouvons les populations qui présentent toutes

les caractéristiques pour mener tous types d'études. Les populations du Nord et celles du

Sud se retrouvent dans toutes ces communes d'Abidjan.

2-3 POPULATION D'ETUDE

Définir la population, selon Alain BLANCHET et Anne GOTMAN: « c'est

sélectionner les catégories de personnes que l'on veut interroger et par la même occasion

déterminer les acteurs dont on estime qu'ils sont en position de produire des réponses aux

t. l' 138 ques ions que on se pose » .

138 BLANCHET, Alain, GOTMAN, Anne, L'enquête et ses méthodes: l'entretien, Paris, Editions

NATHAN, 1992, p. 50.

60 1 •f

i'

Page 68: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

C'est dans cet esprit que Paul N'DA affirme que déterminer la population consiste

à collecter des individus (humain ou non) partageant des caractéristiques communes

précises par un ensemble de critères.Comme énuméré plus haut, nous avons notre milieu

d'étude, le district d'Abidjan.

Par ailleurs, qu'appelons-nous populations du Nord et populations du Sud?

Le Nord, selon Bailly SERY, c'est une affaire de parallèles « Ceux-ci découpent les

pays de manière horizontale et trace une ligne, le Efme parallèle, à partir de laquelle, on se

trouve au Sud ou au Nord» 139. Une vaste étendue territoriale qui s'étant de manière

longitudinale d'Odienné à Bouna. Elle prend en compte une partie des régions de Touba,

de Séguéla, de Bouaké et de Bondoukou passant par Korhogo. D'où, les populations du

Nord sont l'ensemble des communautés ethniques, religieuses, culturelles et linguistiques

qui partagent cette région ou qui y sont originaires. Ce même peuple du Nord se retrouve

sur toute l'étendue du territoire nationale et au Sud en particulier. Nous sommes d'avis

avec Bailly SERY lorsqu'il dit: « Le Nord n'est plus le Nord. La majorité de ceux qui en

sont originaires vivent ailleurs dans des zones dont ils se réclament. Le Nord c'est partout

l ' ' ., ' 'd. l b , , 140 a ou l y a un wu a ougou ... » .

Le Sud, c'est la zone en dessous du ge parallèle. Elle commence du ge parallèle à la

côtière. De plus, les populations du Sud sont l'ensemble des communautés ethniques,

religieuses, culturelles et linguistiques qui partagent cette région ou qui y sont originaires.

En définitive, notre population d'étude est l'ensemble des communautés originaires

du Nord et celles du Sud de la Côte d'Ivoire qui résident dans les différentes communes du

district d'Abidjan.

2-4 L'ECHANTILLONNAGE

L'échantillonnage choisi dans le cadre de notre étude est de type non probabiliste,

fondé sur l'échantillon par quotas. Nous l'avons choisi par convenance. C'est-à-dire

choisir les individus à interroger qui correspondent aux caractéristiques (sexe, niveau

d'instruction, l'âge et les obédiences religieuse et politique) recherchées. Ces personnes

sont des personnes ressources détenant les informations clés, nous permettant d'évoluer

dans 1 'élaboration et l'organisation de notre travail. Par ailleurs, vu que nous abordons un

139 SERY B., ne pas perdre le Nord, Abidjan, EDUCI, 2005, p25 140 SERY B., ne pas perdre le Nord, Op cit, p27

61

Page 69: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

sujet que les pré-enquêtés trouvent sensible voire délicat pour des raisons, sommes toutes

justifiées du fait des crises en Côte d'Ivoire, nous allons allier les échantillonnages par

réseau et volontaire. Comme le dit Paul N'DA « parfois, il est difficile d'interroger des

individus sur certains thèmes, qui paraissent délicats (. . .). La technique consiste à faire

appel à des volontaires pour constituer ton échantillon (. . .) ... l'échantillon en boule de

neige ou par réseau consiste à choisir un noyau d'individu (. . .) auquel on ajoute tout ceux . t l . 141 qui son en re ation avec eux ... »

2-5 TECHNIQUES DE RECUEIL DES DONNEES

2-5-1 Techniques de recherche

2-5-1-1 Techniques de collectes

2-5-1-1-1 L'observation sur le terrain

Cette technique est indiquée pour recueillir des informations à partir de situations, de

comportements ou événements. Quand on jette un regard critique sur l'environnement

sociopolitique Ivoirien, il y a lieu de souligner que la fracture entre les communautés est

importante: l'Unité Nationale s'étiole de jour en jour. C'est dans cet esprit que Paul

N'DA 142 avance que cette méthode permet de recueillir les informations que peuvent nous

fournir les enquêtes par questionnaire. Cette technique permet d'être témoins et spectateur

de ce qui se passe réellement sur le terrain.

2-5-1-1-2 Etudes documentaires

La recherche documentaire permet d'apprécier l'évolution d'une situation tout en

nous permettant de circonscrire notre thème de recherche. C'est pourquoi Madeleine

GRAWITZ 143 montre l'importance d'étudier des documents. Pour elle, les documents

émanent des sources multiples et peuvent apporter des informations complémentaires et

141 N'DA, P., Méthodologie de la recherche, de la problématique à la discussion des résultats, Abidjan, EDUCI, 2006, p. 105.

142 N'DA, P., Méthodologie de la recherche, de la problématique à la discussion des résultats, Op cit, p. 77.

143 GRA WITZ M, Méthodes des sciences sociales, Paris, Dalloz, 1996, 10° Edition, 1984, p. 568.

62 ,.,,, ,,

Page 70: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

objectives et permettre une traçabilité claire de l'évolution d'une étude. C'est pourquoi,

nous aurons donc recours à trois types de documents.

• Les documents théoriques et d'ordre méthodologique: les ouvrages et manuels de base

sur les questions de méthodologie de la recherche, les techniques de collecte de

données et d'analyses des résultats.

• Les documents de spécialité, des articles et publications ayant des liens connexes avec

notre recherche. Il s'agit des ouvrages, des essais, des études, des revues,

• Les documents sonores (musiques, émissions radio) et vidéos (films)

L'étude de documents est utile car elle permet au chercheur de repérer les traces des

informations qu'il cherche dans les écrits, des relevés statistiques, des archives, des œuvres

littéraires et artistiques.

2-5-1-1-3 L'entretien

L'entretien étant l'outil de la prédilection de la phase exploratoire d'une enquête, il

est par la même occasion le début du processus de vérification continue et de reformulation

des hypothèses. En plus, c'est aussi une étape décisive de la recherche. C'est pourquoi

Madeleine GRA WITZ affirme à cet effet qu' « il s'agit d'une forme de communication

établie entre deux personnes ayant pour but de recueillir certaines informations

b · , · 144 concernant un o ijet precis » .

En ce qui concerne ce travail, nous optons pour l'entretien semi directif qui nous

permettra de recentrer l'entretien sur les objectifs de notre travail.

2-5-2 Instruments de recueil de données

2-5-2-1 Le questionnaire

Le choix de l'instrument de recueil des données est déterminé d'une part, par les

considérations empiriques telles que la nature de l'objet d'étude, le type de population, des

contraintes de la situation, d'autre part, par le triptyque fiabilité, fidélité et validité. Aussi,

le choix des outils doit-il être dicté par les théories auxquelles se réfère le chercheur.

Pendant longtemps les représentations sociales ont été appréhendées par les instruments

classiques tels que les questionnaires généraux, les entretiens individuels, les analyses de

144 GRA WITZ M, Méthodes des sciences sociales, op cit, p. 570

63 ,, ,,

Page 71: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

contenu des articles de journaux ou d'entretiens. Ces pratiques sont encore de mise de nos

jours mais à des degrés moindres. Aujourd'hui, la tendance se tourne vers les instruments

permettant de saisir les items du noyau central et les éléments périphériques.

Dans la présentation de la théorie, il ressort que les représentations sociales se

définissent par deux composantes : le contenu et l'organisation du contenu. Pour le recueil,

il ne faut pas se limiter au contenu seulement mais plutôt à l'organisation de ce contenu et

cette organisation repose sur la théorie du noyau central comme nous l'avons

précédemment montré. Le recueil des données est complexe car il n'existait que des

instruments qui n'exploiteraient que le contenu seulement d'une représentation, alors

qu'une représentation sociale selon MOSCOVICI est dans l'ensemble constituée de son

contenu d'informations, d'attitudes et de son organisation qui est une structure interne ou

champ de la représentation. Ces instruments qui se sont inspirés de ceux existant déjà, sont

d'après ABRIC, regroupés en cinq grands types de méthodes qu'on utilise largement tant

en, psychanalyse, psychologie, sociologie que dans les autres sciences sociales. Aussi,

n'allons-nous pas les expliciter tous mais, nous mettrons particulièrement l'accent sur celui

qui peut circonscrire notre problématique.

2-5-2-1-1 Le questionnaire d'évocation

Il est inspiré des travaux de pierre VERGES « Qui proposait d'utiliser la méthode

des associations libres puis de considérer deux indicateurs de hiérarchie, la fréquence

d'un item et son rang d'apparition ... » 145. Il y a deux phases qui motivent l'utilisation de

cet instrument.

Une première phase d'association libre qui consiste a demandé à I'enquêté, à partir

d'un mot/phrase d'indicateur, de produire tous les mots ou expressions qui lui viennent à

l'esprit. Le caractère spontané donc moins contrôlé permet d'accéder, beaucoup plus

facilement et rapidement que dans un entretien, aux éléments qui constituent l'univers

sémantique du terme ou de l'objet étudié.

L'association libre permet l'actualisation d'éléments implicites ou latents qui

seraient noyés ou masqués dans les productions discursives.

145 VERGES P.,« L'analyse de représentation sociale par questionnaire», in revue française de sociologie,

op cit, p.243.

Page 72: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

Outre le fait qu'elles font apparaître les dimensions latentes qui structurent

1 'univers sémantique, spécifique des représentations étudiées ; les associations libres

permettent d'accéder au noyau central de la représentation. Elle est plus apte à sonder le

noyau structurel latent des représentations sociales, tandis que des techniques plus

structurées comme le questionnaire, permettraient de relever des dimensions périphériques

des représentations sociales.

Dans la seconde phase, !'enquêté classe des mots produits en fonction de

l'importance qu'il accorde à chaque thème pour définir l'objet en question.

2-5-2-2-2 Les méthodes de contrôle de la centralité.

Ce sont des méthodes de contrôle avec leurs instruments qui permettent de

confirmer l'hypothèse de la centralité,

2-5-2-2-2-1 Les techniques de mise en cause du noyau central

Ici, il est question de vérifier la centralité trouvée de l'objet de représentation.

D'abord nous faisons une liste des éléments sur lesquels on fait l'hypothèse qu'ils peuvent

constituer le noyau central de la représentation,

- puis le chercheur conçoit un texte inducteur correspondant bien à la

représentation du sujet de l'objet et de ce texte on présente au sujet;

- ensuite, on passe à la phase de contrôle de la centralité en fournissant au sujet une

information mettant en cause l'élément étudié et on demande au sujet s'il maintient

toujours sa grille de lecture.

En mettant successivement en cause les différents éléments étudiés, on peut voir

les éléments dont la mise en cause entraîne un changement de représentation, ce sont les

éléments du noyau central, et ceux dont la remise en cause n'entraîne pas de changement,

ce sont les éléments périphériques.

2-5-2-2-2-2 La méthode d'Induction par Scénario Ambigu (ISA)

C'est la technique qui permet de déceler et de contrôler à la fois les éléments

centraux d'une représentation. Elle consiste à proposer au sujet une description ambiguë

(se référant ou non à l'objet) de représentation étudiée et de donner lien à deux types de

65 ,..,,,, l;;I

Page 73: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

descriptions différentes. C'est l'analyse et la comparaison de ces descriptions qui

permettront d'identifier les éléments centraux.

2-5-2-2-2-3 La Méthode des Schèmes Cognitifs de base (SCB)

Cette technique est un outil de repérage de la structure d'une représentation et elle

offre l'avantage de permettre assez facilement une comparaison entre deux représentations

selon les types de relation et les schèmes qu'elles mobilisent. En effet, elle part d'un

ensemble de couple d'items issus d'une association libre dans lequel on étudie les types de

relations que ces mots entretiennent entre eux (la similitude). En utilisant une liste

d'opération définies et formalisables qui sont organisées en schèmes cognitifs de base. On

peut aussi cerner le type de relation qu'un item entretient avec les autres éléments de la

représentation. Il faut étudier le nombre plus ou moins grand de relations qui les unissent à

d'autres items (valence).

2-6 METHODES D'ANALYSE

2-6-1 Méthode fonctionnaliste

Le fonctionnalisme est une démarche qui consiste à saisir une réalité par rapport à la

fonction qu'elle a dans la société ou par rapport à son utilité. Ce qui implique que tout fait

social est rapporté au système social tout entier. On cherche donc à travers des méthodes à

expliquer les phénomènes sociaux par les fonctions que remplissent les institutions

sociales, les organisations et les comportements individuels et collectifs.

Le fonctionnalisme, méthode s'appuyant sur les fonctions d'un objet dans un

ensemble, nous permettra dans ce travail de déterminer la fonction des médias, des

politiques et l'apport des différentes communautés Ivoiriennes dans la construction de

l'unité nationale.

2-7 METHODES D'INVESTIGATION

Les informations recueillies, il faut les organiser, les traiter et les analyser. Ce qui

demande de la rigueur et beaucoup d'attention dans l'optique de produire une

interprétation valide. Nos méthodes d'analyse seront fonction de notre instrument de

recueil des données et de notre technique d'enquête. Deux modes d'investigation ou approches

66 I' j' ,,

Page 74: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

nous guideront tout le long de notre étude: à savoir l'approche quantitative et l'approche

qualitative.

2- 7-1 Méthode quantitative

Cette méthode sera mise en exergue par la présence de notre instrument de recueil

des données qui est le questionnaire d'évocation. C'est cette approche qui va nous

permettre d'aborder l'analyse des différents tableaux. Les relations entre les identifiants, et

les croisements entre eux vont nous permettre de confronter les hypothèses formulées avec

les faits, et de résoudre le problème formulé au départ.

2- 7-1 Méthode qualitative

Selon Paul N'DA «ils 'agit d'une méthode d'analyse quis 'appuie sur un modèle

d'exploration du langage ; le modèle ne considère que les données recueillies à partir

d'entretiens, d'observations ou d'autres types de collectes (dessins, documents)» 146. Dans

notre étude, l'analyse qualitative est le fait de l'identification des différents entretiens, des

observations, des références à d'autres écrits et des thèmes pertinents qui permettront de

mieux connaître notre milieu d'étude, et de donner le sens construit des différentes

populations du Sud et du Nord. Aussi, cette approche est-elle évidente par les relations

existantes entre le sujet et l'objet.

146 N'DA, P., Méthodologie de la recherche, de la problématique à la discussion des résultats: comment un

mémoire une thèse d'un bout à l'autre, op cit, p. 108.

67 j7'

Page 75: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

DEUXIEME PARTIE :

PERSPECTIVE DE LA THESE

68

Page 76: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

CHAPITRE III: PRESENTATION DES PREMIERS RESULTATS DE LA

RECHERCHE

Ce chapitre, nous permettra de présenter les premiers résultats provisoires obtenus à

l'issus d'une pré-enquête sur un "sous-échantillon" de notre échantillon final (populations

du Nord et populations du Sud). Il s'agira pour nous, de faire une présentation de cette

étude.

3-1 PRESENTATION DE L'ETUDE

3-1-1 Milieu d'étude

Notre milieu d'étude pour cette pré-enquête a été de façon délibérée une commune

d'Abidjan (Abobo, précisément le quartier Habitat. C'est ce quartier qui accueille les deux

résidences universitaire de la commune) et le quartier commerce de la ville de Dabou. Elle

est une ville située à 40km d'Abidjan.

3-1-2 Population d'étude

La population d'étude de cette pré-enquête est composée des populations du Sud.

C'est une population de 50 personnes.

3-1-3 Echantillonnage

Nous avons opté pour l'échantillonnage par quotas, et volontaire. Certains pré­

enquêtés trouvent sensible la question sur la signification des populations du Nord. Ils

justifient leurs propos par rapport à la situation sociopolitique délétère qui prévaut. Pour

finir, notre échantillon est composé de 43 individus. Cet échantillonnage est résumé dans le

tableau en dessous.

69 l r,

Page 77: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

Sexe Religion Age

M F total Chr Ani Mus Au Total 18-35 36- 50+ total

49

Valeu 26 17 43 22 10 2 9 43 18 11 14 43

r

absol

ue

Valeu 60 40 100 51% 23% 5% 21% 100% 42% 25% 33% 100%

r % % %

relati

ve

Parti politique Niveau d'instruction

FPI RDR PDCI Autre Total Prim Sec Sup Au Total

Valeur 14 3 9 19 43 9 7 18 9 43

numérique

Valeur 28% 7% 21% 44% 100% 21% 16% 42% 21% 100%

relative

Tableau n°1: Tableau d'échantillonnage de la pré-enquête

Nous avons interrogé au total 43 personnes dont 26 hommes et 17 femmes. 51 % des

pré-enquêtés sont des chrétiens, 23% animistes, 5% musulmans et 21 % de ceux-ci ne sont

d'aucune confession religieuse. Ces fréquences en valeur absolue donne respectivement

22, 10, 2 et 9.

Le parti politique des populations du Sud donne en fonction des strates les reparties

suivantes: 33% des pré-enquêtés du Sud sont du FPI, 3 personnes avec un pourcentage de

7 sont des militants ou sympathisants du parti au pouvoir. 21 % soit 9 pré-enquêtés sur les

70 I'" ... ,

Page 78: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

43 militent au PDCI. Les 44% restant c'est-à-dire, les 19 enquêtés ne sont ni militants ni

sympathisants d'un quelconque parti politique.

Le niveau d'instruction a été pris en compte dans cette pré-enquête. Sur les 43

enquêtés, 9 n'ont pu franchir le secondaire et 9 autres n'ont aucun niveau d'instruction. Par

ailleurs, 18 personnes ont côtoyé le supérieur soit 42% des pré-enquêtés. Par contre 7

personnes n'ont franchi le supérieur. C'est la sous-strate du niveau secondaire.

La demi ère caractéristique, l'âge est subdivisée en 3 sous-strates comprenant

respectivement 18 personnes soit 42% des enquêtés ont un âge qui oscille entre 18ans et 35

ans. Ceux dont l'âge est compris entre 36 et 49 ans sont au nombre de 11 soit 25%. Les

plus âgés, les enquêtés qui ont 50 ans révolu sont au nombre de 14 soit 32%

3-1-4 Instrument de collecte des données

L'instrument que nous avons privilégié est le questionnaire d'évocation constitué de

deux parties. La première est relative aux mots qui vous viennent à l'esprit quand vous

entendez population Nord ? Inscrivez vos réponses dans le cadre ci-dessous et veuillez en

donner au moins six. Veuillez souligner les quatre réponses qui vous paraissent les plus

importants. Quand à la seconde partie elle sert à identifier le pré-enquêté.

3-2 PRESENT A TION DES RESULTATS DE LA PRE-ENQUETE

Les résultats sont consécutifs au questionnaire d'évocation et présentent les mots

indiqués dans le tableau ci-dessous. Ce sont les mots cités au moins cinq fois.

Mots Fréquence Nombre de fois

clté > 5

Analphabète 23, 17% 19

Rebelle 21, 95 % 18

Dioula 18,29 % 15

Etranger 14,63 % 12

Travailleur 12,19 % 10

Page 79: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

Envahisseur 10,58 % 9

Musulman 10,58 % 9

Marabout 09,75 % 8

Esclave 08,53 % 7

Assaillant 08,53 % 7

Frustré 8% 7

Manœuvre 7,31 % 6

FRCI 7,31 % 6

Ignorant 7,31 % 6

Usurpateur 6, 09% 5

Commerçant 6, 09% 5

Tableau n°11 : Tableau récapitulatif des mots évoqués

Page 80: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

CHAPITRE IV : PERSPECTIVES DE LA RECHERCHE

Ce chapitre rend compte de l'estimation financière, du plan indicatif de la thèse et de son

chronogramme.

4-1 TABLEAU RÉCAPITULATIF DU CHRONOGRAMME DE RECHERCHE

No Périodes Activités (tâches prévues) 1 Janvier 2014 Soutenance du projet de thèse

2 Janvier 2014 Elaboration et plan de travail de la thèse après discussion et accord du directeur sur l'orientation générale

3 Du I" février au 31 mai Travail de recherches documentaires complémentaires 2014

4 du I" juin au 31 juin Travail de recherche sur le terrain administration du 2014 questionnaire au Sud

5 Du i" juillet au 15 aout Traitement des données recueillies sur le Sud ( dépouillement et 2014 analyse)

6 Du 1 cr septembre au 31 Travail de recherche sur le terrain administration du septembre 2014 questionnaire au Nord

7 Du 10 octobre au 20 Traitement des données recueillies sur le Nord (dépouillement et novembre 2014 analyse)

8 Du 1 cr décembre 2014 au Rédaction de la première partie de la thèse 31 janvier 2015

9 Du 05 février au 20 mars Lecture et appréciation du directeur de thèse 2015

10 Mars 2015 Correction et lecture des travaux

11 Du l " avril au 31 mai Rédaction de la deuxième partie 2015

12 Du 1 cr juin au 10 juillet Lecture et appréciation du directeur de thèse 2015

13 Du 15 juillet au 15 août Correction et lecture des travaux 2015

14 Du l er septembre au 31 Rédaction de la troisième partie octobre 2015

15 Du I cr novembre 2015 au Lecture et appréciation du directeur de thèse 15 décembre 2015

16 Du 05 janvier au 15 Correction et lecture des travaux février 2016

17 De mars à Avril 2016 Instruction de la thèse

18 Mai 2016 Correction éventuelle et Accord du directeur de thèse et production finale de la thèse pour la soutenance

19 Juin 2016 Soutenance de la thèse

Tableau n°I1I : Tableau récapitulatif du chrono gramme de la recherche

73 .,,,. ,,,

Page 81: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

4 -2 BUDGET PRÉVISIONNEL

Le travail de recherche que nous entendons réaliser nécessite en plus des efforts

intellectuels, des moyens financiers. C'est pourquoi la réalisation de cette recherche

mobilisera de manière estimative la somme de deux millions neuf cents trente cinq milles.

Ce budget pourrait éventuellement connaitre des modifications dans la réalisation

des différentes tâches

Rubriques Couts en FCF A

Documentation 500.000 FCFA

Matériels d'enquête, dictaphones, cassettes, 300.000 FCF A piles, blocs notes, stylos

Déplacements pour les enquêtes 600.000 FCFA

Matériels et fournitures de bureau : - Ordinateur portable 300.000 FCFA - Imprimante 85.000 FCFA - Encre pour imprimante 100.000 FCFA - Rames de papier 50.000 FCFA

Frais de correspondance 250.000 FCFA

Confection du document 350.000 FCFA

Cocktail de soutenance 200.000 FCFA

Divers et imprévus 200.000 FCFA

Total 2.935.000 FCF A

Tableau n° IV : Tableau récapitulatif du budget de la thèse

74 1·r ,,

Page 82: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

4-3 PLAN INDICATIF DE LA THÈSE

INTRODUCTION GÉNÉRALE

Justification du choix du sujet

Identification et formulation du problème

Questions de recherche

Enoncé des objectifs de recherche

PRÉMIÈRE PARTIE : CONNAISSANCE DU PROBLEME ET FONDEMENTS

THÉORIQUES

CHAPITRE I: REVUE DE LA LITTERATURE, CADRE DE REFERENCES

THEORIQUES ET HYPOTHESES DE RECHERCHE

CHAPITRE II : DYNAMIQUE DE LA POLITIQUE EN CÔTE D'IVOIRE

CHAPITRE III : DU PEUPLEMENT A LA COLONIE, DE LA COLONIE A

L'INDEPENDANCE ET LA POLITIQUE DANS LES RELATIONS

INTERCOMMUNAUTAIRES

CHAPITRE IV : LA QUESTION DE LA COMMUNICATION ET DES

REPRESENTA TI ONS SOCIALES

DEUXIEME PARTIE: CONSIDÉRATIONS MÉTHODOLOGIQUES

CHAPITRE V: DEFINITION DES VARIABLES DE LA RECHERCHE

CHAPITRE VI: L'ENVIRONNEMENT DE LA POPULATION D'ENQUÊTE ET LES

TECHNIQUES D'ECHANTILLONNAGE

CHAPITRE VII: INSTRUMENTS D'ENQUÊTE

TROISIÈME PARTIE: PRÉSENTATION ET DISCUSSION DES RÉSULTATS

CHAPITRE VIII : PRÉSENT A TION ET ANALYSE DES RÉSULTATS DES

POPULATIONS DU NORD

75 ,. .. ,, ,,

Page 83: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

CHAPITRE IX: PRÉSENT A TION ET ANALYSE DES RÉSULTATS DES

PO PULA TI ONS DU SUD

CHAPITRE X: VALEURS ET GENERALITE ET EPISTEMOLOGIE DE L'ETUDE

CHAPITRE X : RECOMMANDATIONS

CONCLUSION GENERALE

BIBLIOGRAPHIE

ANNEXES

TABLE DES MATIÈRES

Page 84: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

CONCLUSION

La communication est en amont et en aval de toute action ou relation sociale. La

communication sert de moteur aux représentations sociales. Les représentations sociales

sont certes, une notion empruntée à la psychologie sociale, mais est usitée par/dans les

autres sciences sociales. C'est également elle, qui instaure 1' espace et la situation de

représentation sociale. Les représentations sociales sont orientées par la communication ou

le discours sur l'objet. Donc il ne peut y avoir de représentations sociales sans

communication.

La Côte d'Ivoire vit, depuis plus de deux décennies, un enchevêtrement de crises

qui ont modifié la perception et la vision de certains Ivoiriens à l'égard d'autres Ivoiriens,

souvent des communautés entre elles.

Dans le cadre de cette étude, les représentations sociales nous servirons, à faire le

diagnostic de la dynamique intercommunautaire entre les populations du Nord et celles du

Sud de la Côte d'Ivoire.

C'est pourquoi, il a été important de faire une pré-enquête dont les résultats (bruts

sans analyse) constituent assez d'éléments motivateurs pour poursuivre et achever cette

étude.

77 f/"

Page 85: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

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Fraternité Matin, n° 11086, mercredi 17 novembre 2001, '' église catholique : le problème

ADO ne peut être réglé par une compromission politique,''

Fraternité Matin, n° 11087, du jeudi 18 novembre 2001, ''de la frustration musulmane"

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2005 : la Côte d'Ivoire sombre dans le chaos "

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83

Page 91: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

Annexes

Page 92: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

pQUESTIONNAIRE SUR LA RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE INTERCOMMUNAUTAIRE ENTRE LES POPULATIONS DU NORD ET LES POPULATIONS DU SUD DE LA CÔTE D'IVOIRE PAR LA METHODE DES REPRESENTATIONS SOCIALES.

N° du questionnaire .

Ce questionnaire est anonyme, il vise à connaître le mode de pensée qui lie les populations du Sud de la Côte d'Ivoire aux populations du Nord de la côte d'Ivoire. Pour ce faire nous vous demandons de répondre avec la plus grande franchise à ce questionnaire.

I- quels sont les mots qui vous viennent à l'esprit quand vous entendez population du Nord? Inscrivez vos réponses dans le cadre ci-dessous et veuillez en donner au moins six (06). Veuillez souligner les quatre (04) réponses qui vous paraissent les plus importants.

1 .

2 .

3 .

4 .

5 ····· .

6 .

7 .

8 .

U- Identification ou caractéristiques sociales des enquêtés.

Sexe: M [:=J F D religion (culte): chrétien [:=J animiste [:=J musulman [:=J

Obédience politique: Fpi [:=J Rdr [:=J Pdci

Niveau d'étude: primaire [:=:)secondaire

Age: 18à35 D 36 à49

CJ universitaire D soà+

autre (précisez) .

CJ autre (précisez) .

CJ aucun D

D

Page 93: RADIOSCOPIE DE LA DYNAMIQUE',!INTERCOMMUNAO ENTIŒ

rebelles*, assaillants, assassins*, violants*, violeurs dioula*, malinké, musulman*, analphabète*, marginalisé compatriote, frere*, analphabète*, influencable, ignorant, sanguinaire* etranger, dioula, envahisseur*, sanguinaire* ,imoral, usurpateur*, brutal desordre, insalubirté*, analphabète*, irrationel, violent*, barbare, extrémiste inculte, analphabète*, imature, traditionnel, violant, violeur, rebelle,dozo* endogame,naiveté*, travailleur,égoiste, mélancolique*, peu fraternel, effronté,analphabète* musulman*, illétré* ,marabout, éleveur, islamique, étranger* polygame, solidaire*, frusté*, dechet humain*, insalubre,irrationnel * anaphabète*, manipulé*, violeur, voleur, braqueur* ,fétichiste,marabout frere*, rebelle*, incrédule, collaborateur, voision, analphabète* ivoirien*, analphabète* ,mauvais*, ignorant, obéissant, respectueux semblable, commerçant*, travailleur*, gentil*, intelligent envahisseur, indésirable*, oublié*, pollueur*, irréfléchi dioula*, marginalisé*, rebelle*, aigri, frustré, commerçant travailleur*, manœuvre, esclave*, irréffléchi, palabreux*, méchant, inconscient musulman*, illétré* ,marabout, éleveur, islamique, étranger* dioula,rebelle*, travailleur,égoiste, mélancolique*, frustré, effronté,analphabète* anaphabète*, esclave*, rebelle*, voleur, assassin,ignorant,marabout borné, dioula *, frusté*, rebelle*, insalubre,etranger*, musulman rebelles*, manoeuvre*, esclave, analphabète*, ignorant, manipulé musulman* ,rebelle*, éleveur, exision, étranger*, voisin rebelle*, analphabète*, mauvais, commerçant, frustré*, dioula marginalisé", braqueur, violeur, assaillant*, musulman*, assassin malhonnète*, travailleur, debrouillard, assaillant*, usurpateur*, dioula rebelle*, analphabète*, desordre, commerçant, insalubre*, dioula ivoirien*, analphabète* ,mauvais*, ignorant, obéissant, respectueux frere*, rebelle*, incrédule, collaborateur, voision, analphabète* musulman*, dioula*,marabout, FRCI, desordre, étranger* manœuvre*, esclave*, etranger* ,solidaire, travailleur, fétiche envahisseur, indésirable*, oublié*, pollueur*, irréfléchi, analphabète travailleur*, manœuvre, esclave*, irréffléchi, palabreux*, méchant, inconscient gentil, travailleur*, manœuvre*, analphabète, assaillant, rebelle* frustré, invivable, assaillant*, envahisseur*, rebelle*, FRCI, invivable, assaillant*, envahisseur*, rebelle*, debrouillard*, travailleur, envahisseur, esclave*, polygame*, desordre, dioula rebelle*, tueur, étranger*, voleur*, FRCI, analphabète, frustré assassin*, assaillant*, rebelle*, étranger, pollueur, envahisseur étranger, dioula, envahisseur*, sanguinaire* ,imoral, usurpateur*, brutal usurpateur*, dioula, étranger*, rebelle*, fetiche, marabout, commerçant di oui a*, gentil, travailleur*, polygame*, assaillant, FRCI dioula*, senoufo*, malinké, assaillant*, étranger, debrouillard etranger, dioula, envahisseur*, sanguinaire*, FRCI, usurpateur*, brutal