relation dette – croissance Économique dans la cedeao

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HAL Id: hal-02181738 https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02181738 Submitted on 15 Jul 2019 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Relation Dette – Croissance Économique dans la CEDEAO: Analyse à travers une Approche Non-Linéaire Kossi M. Agbékponou, Léleng Kebalo To cite this version: Kossi M. Agbékponou, Léleng Kebalo. Relation Dette – Croissance Économique dans la CEDEAO: Analyse à travers une Approche Non-Linéaire. Revue Economique et Monétaire, BCEAO, 2019, pp.9- 33. hal-02181738

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Page 1: Relation Dette – Croissance Économique dans la CEDEAO

HAL Id: hal-02181738https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02181738

Submitted on 15 Jul 2019

HAL is a multi-disciplinary open accessarchive for the deposit and dissemination of sci-entific research documents, whether they are pub-lished or not. The documents may come fromteaching and research institutions in France orabroad, or from public or private research centers.

L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, estdestinée au dépôt et à la diffusion de documentsscientifiques de niveau recherche, publiés ou non,émanant des établissements d’enseignement et derecherche français ou étrangers, des laboratoirespublics ou privés.

Relation Dette – Croissance Économique dans laCEDEAO: Analyse à travers une Approche Non-Linéaire

Kossi M. Agbékponou, Léleng Kebalo

To cite this version:Kossi M. Agbékponou, Léleng Kebalo. Relation Dette – Croissance Économique dans la CEDEAO:Analyse à travers une Approche Non-Linéaire. Revue Economique et Monétaire, BCEAO, 2019, pp.9-33. �hal-02181738�

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Relation Dette – Croissance Economique dans laCEDEAO: Analyse a travers une Approche

Non-Lineaire∗

Kossi Agbekponou† & Leleng Kebalo‡

2019

Resume

Dans le contexte de la nouvelle montee inquietante de la dette du gouvernement centraldans la CEDEAO, cet article determine a travers une approche non lineaire, le seuild’endettement a ne pas exceder de sorte que la dette du gouvernement central ait uneffet positif sur la croissance economique. En adoptant l’approche de Hansen (1999),les estimations effectuees sur la periode 2007-2016 revelent l’existence d’un seuil d’en-dettement estime a 30,71% du PIB ; seuil en dessous duquel une dette additionnelle aun effet positif sur la croissance economique. En revanche, au-dela de 30,71% du PIB,la dette du gouvernement central a un effet negatif sur la croissance economique. Leseuil estime dans cet article corrobore ceux de la litterature recente. Neanmoins, il nedoit pas etre considere comme un seuil statique, optimal et pouvant remettre en causela norme budgetaire en vigueur au sein de la region qui limite la dette a 70% du PIB.L’ecart entre les deux seuils est du au fait que celui estime est endogene, c’est-a-direqu’il tient compte du comportement de la dette sur la periode d’analyse consideree.L’article propose par la suite des politiques economiques pour rendre plus efficacesles politiques budgetaires, pour ralentir la progression du niveau d’endettement, etdiscute des consequences potentielles de la hausse rapide de la dette sur le processusd’integration monetaire regionale ouest-africaine.

– Classification JEL : H63, C33, O40, E62.– Mots cles : Dette du gouvernement central, croissance economique, politique

budgetaire, seuils endogenes, CEDEAO.

∗Tous nos remerciements aux evaluateurs anonymes de la Revue Economique et Monetaire de la BCEAO,Barcola Makiliwe et Kebalo Kouloum Mewe pour les commentaires de fond et de forme ayant permisd’ameliorer la qualite de l’article.†E-mail : [email protected]; Universite de Lome, Departement d’economie‡Auteur correspondant: E-mail : [email protected]; Universite de Lome, Departement

d’economie

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AbstractIn the context of the worrying new rise in central government debt in ECOWAS,this article determines through a non-linear approach, the debt threshold not to beexceeded so that central government debt has a positive effect on economic growth. Byadopting Hansen’s (1999) approach, the analysis carried out over the period 2007-2016reveals the existence of a debt threshold estimated at 30.71% of GDP, threshold belowwhich any additional debt has a positive effect on economic growth. Conversely, above30.71% of GDP, central government debt has a negative impact on economic growth.The threshold estimated in this article corroborates those in the recent literature.Nevertheless, it should not be considered as a static, optimal threshold that couldcompromise the validity of the budgetary norm in force in the region, which limitsthe debt to 70% of GDP. The gap between the two thresholds is due to the fact thatthe estimated threshold is endogenous, i.e. it takes into account the debt behaviourover the period considered in this paper. The article then proposes economic policiesfor making fiscal policies more effective, for slowing the rise in debt levels, and finallydiscusses the potential consequences of the rapid increase in debt on the West Africanregional monetary integration process.

– JEL Classification : H63, C33, O40, E62.– Keywords : Central government debt, Economic growth, fiscal policy, endogenous

thresholds, ECOWAS.

1 IntroductionLa grande recession, a travers ses retombees, a fait accroitre le poids des desequilibres

macroeconomiques des pays. En accroissant les deficits publics et courants, elle a amene lespays en manque d’excedents budgetaires et courants a recourir a des flux d’endettementpour stabiliser et relancer l’activite economique (De Galhau, 2016 ; Krugman, 2012). Ausein de la zone euro par exemple, ces flux d’endettement mal investis ont amene des paystels que la Grece, le Portugal, l’Espagne et l’Italie a s’endetter a nouveau. Cela eu pourconsequence l’avenement d’une crise d’endettement au sein de la zone euro avec de doulou-reuses retombees economiques et sociales (Gorea et Radev, 2014 ; Lane, 2012). En Afriquesub-Saharienne, l’endettement public devenant insoutenable a amene les pays a recouriraux initiatives pays pauvres tres endettes (PPTE) afin de beneficier d’un allegement de leurendettement. Les initiatives PPTE sont des operations de reduction de la dette des pays endeveloppement aupres de leurs creanciers internationaux. Ces deux evenements ont apporteun regain d’interet au debat academique et politique portant sur le poids de l’endettementsur les economies.

En Afrique Sub-Saharienne, l’allegement du niveau d’endettement grace aux initiativesPPTE a permis aux pays de resorber avec efficacite les effets de la recession generale de2008. Cela fut possible grace aux politiques budgetaires et monetaires expansionnistes, co-ordonnees et d’une taille sans precedent. Mises en place avant l’avenement de la recessiongenerale de 2008, les politiques de diversification des partenaires commerciales contribuerentaussi a attenuer les effets de la recession generale (Kasekende et al., 2009). Certes les

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politiques budgetaires expansionnistes permirent de relancer l’activite economique et so-ciale, mais elles hausserent indirectement le ratio dette-PIB des pays a cause du manqued’excedents budgetaires. En reference a Egert (2015), cette hausse du ratio dette-PIB despays peut devenir pesant sur leur activite economique.

Aujourd’hui, les pays essayent de gerer leur niveau d’endettement de sorte que la politiquebudgetaire reste toujours applicable et efficace pour soutenir l’activite economique. En outre,l’objectif des pays est de gagner plus en credibilite. Les pays de la CEDEAO 1 ne s’excluentpas de ces objectifs. En pleine transition vers une integration monetaire regionale, les paysouest-africains, membres de la CEDEAO, cherchent a accroitre leur niveau de credibilite ausein de la sphere economique et financiere internationale. En effet, en reference a Manasse(2015) et Daniel et Shiamptanis (2012), la credibilite d’une union monetaire depend duniveau de credibilite des pays membres a travers une meilleure gestion de l’endettement etdavantage de discipline budgetaire, facilitant ainsi la convergence budgetaire. Pour cela, dansle cadre ouest-africain, les pays de la region cherchent a ameliorer leur niveau de disciplinebudgetaire surtout en matiere de gestion de leur endettement.

Au lendemain des initiative PPTE et de la recession generale de 2008, le Fonds MonetaireInternational (FMI) et plusieurs autres institutions internationales et regionales ont emisdes sonnettes d’alertes concernant une rapide hausse du niveau d’endettement en Afriquesub-Saharienne et au sein de ses regions economiques. La figure 1 ci-dessous illustre cettenouvelle hausse de l’endettement. La dette du gouvernement central a vite cru au lendemaindes initiatives PPTE et apres l’avenement de la recession generale de 2008. Il en ressort alorsune reelle necessite d’interpeler les pays a plus de discipline budgetaire surtout pour ceuxengages dans un processus d’integration monetaire regionale. En effet, en reference a Ma-nasse (2015) et Daniel et Shiamptanis (2012), une meilleure gestion de l’endettement permetd’instaurer plus de discipline budgetaire et peut faciliter la convergence budgetaire au seind’une union monetaire. Neanmoins, meme si la dette du gouvernement central croıt vite, il nefaut cependant pas s’alarmer sans mener des etudes approfondies. En effet, theoriquement,l’endettement ne constitue pas un probleme economique. Un pays peut s’endetter autantque cela lui soit possible, si d’une part les flux d’endettement permettent de creer et soutenirla croissance economique et d’autre part dans la mesure ou la politique budgetaire reste pra-ticable (Barro, 1990). L’endettement devient un probleme a partir du moment ou la dettene permet plus de soutenir la croissance economique ou a un effet negatif sur celle-ci. Parconsequent, la politique budgetaire devient inefficace pour soutenir la croissance economiqueet le service de la dette devient tres pesant 2 sur l’economie. C’est dans ce sens, que Danielet Shiamptanis (2012) avancent que pour une meilleure gestion de l’endettement et pourpermettre aux pays d’etre plus disciplines sur le plan budgetaire, il faut definir un seuild’endettement public ou du gouvernement central a ne pas exceder.

1. CEDEAO : Communaute Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest. Elle regroupe quinze (15)pays de l’Afrique de l’ouest dont le Benin, le Burkina-Faso, le Cap-Vert, la Cote d’Ivoire, la Gambie, leGhana, la Guinee, la Guinee-Bissau, le Mali, le Niger, le Nigeria, Le Liberia, Sierra-Leone, le Senegal et leTogo

2. C’est-a-dire que le service de la dette couvre une grande partie des recettes publiques du pays.

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Figure 1: Evolution de la dette du gouvernement central (en % du PIB)

Theoriquement, la definition d’un seuil d’endettement est un instrument de politiquebudgetaire cense permettre aux pays d’une region d’ameliorer leur niveau de disciplinebudgetaire et aussi de credibilite, d’ameliorer l’efficacite des politiques budgetaires et defaciliter la convergence budgetaire des pays (Adam et Bevan, 2005 ; Daniel et Shiamptanis,2012 ; Manasse, 2015). En pleine demarche vers l’integration regionale 3, la determinationd’un tel seuil pourrait permettre aux pays de beneficier de ses avantages.

Avec la crise de la dette souveraine au sein de la zone euro, des travaux influents ausein de la litterature ont cherche a determiner le niveau d’endettement a ne pas excederpour le soutien de la croissance economique et l’efficacite de la politique budgetaire. Pour cefaire, les approches empiriques avec des specifications non-lineaires ont ete adoptees. Dansce sens, Checherita-Westphal et Rother (2012), sur les pays de la zone euro, trouverent surla periode 1970-2010 que l’effet negatif non lineaire de la dette sur la croissance economiquecommence des que la dette du gouvernement central se situe entre 70 et 80% du PIB. Dans

3. Dans le cadre de l’integration monetaire regionale ouest-africaine, deux criteres de convergences ontete proposes. L’un limite le deficit public a 3% du PIB et l’autre l’inflation a 5%. Barcola et Kebalo (2018)ont montre que le seuil de 5% d’inflation ne permettait pas de creer et soutenir directement la croissanceeconomique. Cependant, il pourrait permettre d’instaurer plus de stabilite des prix au sein de la CEDEAO.

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le meme sens et pour le meme groupe de pays, Baum et al. (2013) mettent en evidence surla periode 1990-2010, l’impact negatif d’une dette additionnelle sur la croissance lorsque ladette publique des pays excede 95% du PIB. Pour les pays de l’OCDE, Cecchetti et al. (2011)obtiennent sur la periode 1980-2010, un seuil d’endettement public fixe a 85% du PIB tandisque Elmeskov et Sutherland (2012) avancent un seuil fixe a 66% du PIB. Concernant les paysemergents et en developpement, Caner et al. (2010) 4, sur la periode 1980-2008, trouvent unseuil de dette publique fixe a 77% du PIB. Au-dela de ce seuil, une dette additionnelle a uneffet negatif sur la croissance economique.

Au sein de la litterature economique recente, l’article influent et innovant de Egert (2015)vient changer la perception des resultats obtenus au sein des precedents travaux et l’orien-tation de l’analyse portant sur la relation entre la dette et la croissance economique. Egert(2015) montre que les seuils d’endettement determines empiriquement au sein des etudescouvrant un intervalle temporel passe sont eleves. Par contre, sur des periodes recentes, si uneffet non-lineaire negatif peut etre detecte, il intervient a des niveaux tres bas d’endettementqui se situent entre 20 et 60%. Ces niveaux bas d’endettement s’expliquent par les operationsde reduction du principal et du service de la dette dans les pays en developpement, et aussipar les operations d’assainissement budgetaires entreprises au sein des pays developpes etemergents. Les travaux de Lee et al. (2017) viennent renforcer les conclusions de Egert (2015)en avancant que le niveau d’endettement au-dessus duquel la dette du gouvernement centrala un effet negatif sur la croissance economique se situe autour de 30% du PIB. Ainsi, il res-sort en reference aux travaux de Egert (2015) que l’ampleur du seuil d’endettement au-deladuquel la dette a un effet negatif sur la croissance economique est extremement sensible a lacouverture des donnees, a la frequence des donnees utilisees, a la definition de la dette et a laperiode d’analyse. Ainsi, les seuils determines ne doivent pas etre percus comme optimaux,ni comme des criteres de convergences. Ils doivent etre percus uniquement comme un guidea la definition d’instruments budgetaires permettant de rendre les politiques budgetairesplus efficaces et permettant d’ameliorer la discipline budgetaire des pays.

Dans le cadre de cette etude, la nouvelle hausse inquietante de la dette au sein d’uneregion composee des pays peu disciplines et en transition vers une integration monetaireregionale amene a analyser les effets non-lineaires de la dette du gouvernement central despays de la CEDEAO sur leur croissance economique. Plus precisement, l’etude consiste adeterminer, s’il existe, le seuil d’endettement au-dessus duquel la dette du gouvernementcentral au sein de la CEDEAO a un effet negatif sur la croissance economique. Le seuildetermine ne represente en aucun cas un seuil optimal d’endettement pouvant remettre encause la norme budgetaire de convergence en vigueur au sein de la CEDEAO limitant ladette du gouvernement central a 70% du PIB ou du moins servir de guide a la definition d’uncritere de convergence budgetaire pour la future union monetaire regionale. Au contraire,l’objectif de la determination d’un tel seuil est d’exhorter les pays a plus de discipline et depermettre aux pays de definir des mecanismes ou mesures destine(e)s a ameliorer l’efficacite

4. Les travaux de Caner et al. (2010) valident donc le critere de convergence de l’UEMOA qui limite ladette du gouvernement central a 70% du PIB.

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des politiques budgetaires.

Par rapport a la litterature existante, cette etude apporte deux contributions majeures.Premierement, elle vient combler le manque d’investigations empiriques entreprises en notreconnaissance sur les pays africains (a l’exception de celle de Caner et al. (2010)) et specifique-ment sur l’ensemble des pays ouest-africains reunis au sein de la CEDEAO. Deuxiemement,a travers cette etude sur le cadre ouest-africain, il est propose des politiques economiques etdes mesures ciblees, censees aider les pays a renforcer leur discipline budgetaire, rendre plusefficaces leurs politiques budgetaires et aussi accroitre la credibilite economique des pays etpotentiellement celle de la future union monetaire regionale.

Pour atteindre l’objectif definit dans cette etude, l’approche non-lineaire de Hansen(1999) est adoptee. L’analyse porte sur un panel compose des quinze (15) pays de la CE-DEAO et couvre la periode 2007-2016. Le choix de cette telle periode est lie a la disponibilitede donnees et et aux contraintes liees a l’approche econometrique adoptee. Les resultats is-sus des estimations effectuees revelent l’existence d’une structure non-lineaire et d’un seuild’endettement estime a 30,71% du PIB. Ce seuil corrobore ceux determines et soutenus parEgert (2015), Lee et al. (2017) et Hansen (2017) ; c’est-a-dire ceux determines au sein dela litterature recente. La valeur si faible de ce seuil est due au fait qu’il est endogene etpar consequent influence par le faible niveau de la dette du gouvernement central apres lesinitiatives PPTE et depuis la crise financiere de 2007. Il ne s’agit pas d’un seuil statique quine changera au cours du temps. Il ne s’agit que du seuil endogene en vigueur au cours de ladecennie 2007-2016. Ce seuil est appele a changer au cours du temps. Ainsi, pour renforcerl’efficacite des politiques budgetaires, il serait interessant d’effectuer ce genre d’analyse surun intervalle regulier. Concernant les resultats obtenus, il ressort qu’en dessous du seuil de30,71% du PIB, une dette additionnelle du gouvernement central a un effet positif sur lacroissance economique. Par contre, il est constate un effet negatif d’une dette additionnellesur la croissance economique des lors que la dette du gouvernement central excede 30,71%du PIB. Dans le cadre ouest-africain, cet effet negatif de la dette du gouvernement centralsur la croissance economique peut s’expliquer particulierement par un probleme de rentabi-lite de l’investissement des fonds d’endettement. De facon additionnelle, le fait que les fluxd’endettement ne soient pas destines au financement de l’activite economique peut expli-quer l’effet negatif de la dette du gouvernement central au-dela du seuil de 30,71% du PIB.Pour remedier a cela, les pays doivent chercher a investir les flux d’endettement au sein desecteurs generateurs de tres fortes valeurs ajoutees a court et moyen terme. En plus, lespays devraient chercher a s’endetter moins vite, a des taux faibles, et chercher a accroitrel’assiette fiscale afin de mieux financer ses depenses publiques sur ressources internes.

Le reste du papier se presente comme suit : la section 2 presente une revue de litteraturesuccincte sur le sujet de recherche. Ensuite, la section 3 presente quelques faits stylises surla relation portant sur la dette et la croissance economique des pays de la CEDEAO. Lamethodologie et les donnees utilisees sont decrites dans la section 4. La section 5 presenteet discute les resultats obtenus des estimations. Enfin, la section 6 conclut cet article.

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2 Revue de litteratureLa litterature economique sur l’effet de la dette sur la croissance economique a connu

une nouvelle tendance depuis les travaux de Reinhart et Rogoff (2010) et un regain d’interetdepuis la crise de la dette souveraine au sein de la zone euro et les initiatives PPTE. De facongenerale, la litterature economique a du mal a identifier une tendance claire sur la relationentre la dette et la croissance economique. Les neoclassiques et les tenants des modelesendogenes de croissance soulevent qu’une dette elevee a un effet negatif sur la croissanceeconomique (Modigliani, 1961 ; Saint-Paul, 1992 ; Aizenman et al., 2007 ; Kim et al., 2017 ;De Vita et al., 2018) et peut influencer negativement l’activite bancaire et financiere (Hmidenet Cheikh, 2016). Par contre pour Elmendorf et Mankiw (1999) et DeLong et Summers(2012), l’effet de la dette sur la croissance serait positif. Pour Pattillo et al. (2002), l’effet dela dette sur la croissance economique est non-lineaire pour les pays en developpement tandisque pour les pays industriels, Schclarek (2004) ne trouve aucune evidence d’une relation non-lineaire. Une autre frange de la litterature avance et soutient une relation bidirectionnelleentre la dette et la croissance economique (Reinhart et al., 2012).

Tous ces resultats et contradictions corroborent les affirmations de Panizza et Presbitero(2013) selon lesquelles l’estimation d’une tendance unique de la relation entre la dette etla croissance economique pour tous les pays et toutes les periodes semble etre irrealisabledans la mesure ou cette relation depend de plusieurs facteurs structurels et cycliques. Eneffet, ces differents resultats trouvent leur fondement theorique au sein de la litterature.Pour Elmendorf et Mankiw (1999), l’effet positif de la dette sur la croissance economiques’opere essentiellement dans le court terme ou la production est determinee par la demande,alors que le deficit budgetaire resultant d’un niveau d’endettement eleve exerce un effetpositif sur le revenu disponible, la demande agregee et donc la production globale. Toute-fois, pour Cochrane (2011a, 2011b), un effet negatif d’un niveau eleve d’endettement surla croissance economique peut egalement se produire dans le court-terme lorsqu’il entrainedes incertitudes quant aux futures confiscations a travers l’inflation, la repression financiere,ou encore en entravant la capacite des pays a mettre en place des politiques anticycliquesentrainant une augmentation de la volatilite de la production et une reduction de la crois-sance economique. Greiner (2011) soutient que la relation entre la dette et la croissanceeconomique depend de la presence des rigidites dans l’economie. Il montre que les salaires etun niveau de chomage rigides ne permettent pas a la dette publique d’avoir un quelconqueeffet sur l’allocation des ressources et peut dans ce cas avoir un effet positif lorsqu’elle estutilisee pour financer des investissements productifs.

Face aux controverses theoriques, l’analyse empirique est sollicitee pour infirmer ouconfirmer les tendances des resultats avancees au sein de la litterature. A travers l’approchelineaire, l’analyse empirique met en exergue d’une part l’effet positif et d’autre part l’ab-sence d’effet de la dette sur la croissance economique. Cependant, empiriquement analyseede facon lineaire auparavant (Fosu, 1999 ; Minea et Parent, 2012 ; Eberhardt et , 2013), lalitterature economique a opte pour une analyse non lineaire de la relation entre les deux

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variables depuis les influents travaux de Reinhart et Rogoff (2010) et de Herndon et al.(2014). Pour cette nouvelle tendance au sein de la litterature, l’endettement devient unprobleme pour l’economie lorsqu’il excede un niveau donne. Au-dela de ce niveau, l’en-dettement rend inefficace et impraticable la politique budgetaire et influence negativementl’activite economique. Par consequent, l’idee de cette tendance theorique est de determinerle seuil d’endettement (en pourcentage de PIB) au-dela duquel la dette a un effet nuisantsur la croissance economique d’un pays, d’une region economique ou d’une union monetaire.

Reinhart et Rogoff (2010) sont les premiers a analyser de facon non-lineaire l’effet dela dette sur la croissance economique. Ils ont montre, sur un echantillon de 44 pays, quela dette publique a un effet negatif sur la croissance economique lorsqu’elle excede le seuilde 90% du PIB. Meme si cette conclusion economique de Reinhart et Rogoff (2010) estune innovation, elle souffre de quelques biais. Pour Panizza et Presbitero (2013) et Herndonet al. (2014), le seuil estime par Reinhart et Rogoff (2010) ne doit pas etre considere commeun seuil refletant la realite dans tous les pays. Dans le meme sens Egert (2015) montre quece seuil depend de la periode et de l’echantillon consideres. Pour Egert (2015), les seuilsd’endettement doivent etre determine sur des periodes justifiees et sur des groupes selectifsde pays ayant en commun des aspects economiques ou monetaires. Ses aspects peuvent etrele partage d’une meme monnaie, l’appartenance des pays a une zone economique dont lefonctionnement est reglemente par des normes budgetaires. Outre Egert (2015), Herndonet al. (2014) avancent que le seuil determine par Reinhart et Rogoff (2010) souffre aussi d’unprobleme de codage et d’un biais de selection des donnees.

Malgre les critiques sur les travaux de Reinhart et Rogoff (2010), plusieurs investigationsempiriques ont ete entreprises sur des groupes de pays cette fois-ci en tenant en compte lescritiques de Egert (2015) et Herndon et al. (2014). Pour les pays de l’OCDE par exemple,Cecchetti et al. (2011) obtiennent en menant une analyse sur un echantillon de dix-huit(18) pays et couvrant la periode 1980-2010, un seuil d’endettement public fixe a 85% duPIB a ne pas exceder. En revanche pour Elmeskov et Sutherland (2012), ce seuil est fixea 66% pour les pays de l’OCDE. Concernant la zone euro, Baum et al. (2013) montrent atravers une analyse couvrant la periode 1990-2010 que la dette publique a un effet negatif surla croissance economique lorsqu’elle excede 95% du PIB. En plus, ils suggerent un impactpositif de court terme de la dette sur la croissance economique lorsque la dette publique estinferieure a 67% du PIB ; soit un ratio dette publique – PIB superieur a celui en vigueur ausien de la zone euro.

Au fur et a mesure que la dette publique s’approche de 67% du PIB, son effet sur lacroissance economique devient presque nul. Sur le meme espace geographique, Checherita-Westphal et Rother (2012) trouvent sur la periode 1970-2010 que l’effet negatif non lineairede la dette sur la croissance economique commence des que la dette du gouvernement centralse situe entre 70 et 80% de PIB. En ce qui concerne les pays emergents et en developpement,Caner et al. (2010), sur la periode 1980-2008, trouvent un seuil de dette publique fixe a 77%du PIB a ne pas exceder. Au-dessus de ce seuil, la politique budgetaire n’est plus efficacepour creer et soutenir la croissance economique.

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Au sein de la litterature economique recente, l’article influent et innovant de Egert (2015)est venue changer la perception des resultats obtenus au sein des precedents travaux etl’orientation de l’analyse portant sur la relation entre la dette et la croissance economique.En testant les seuils proposes par Reinhart et Rogoff (2010), Egert (2015) montre que lesseuils d’endettement determines empiriquement au sein des etudes couvrant un intervalletemporel passe sont eleves. Par contre, sur des periodes recentes, si un effet non-lineairenegatif peut etre detecte, il intervient a des niveaux tres bas d’endettement qui se situententre 20 et 60%. Les travaux de Lee et al. (2017) viennent renforcer les conclusions deEgert (2015). Lee et al. (2017) montrent que le niveau d’endettement au-dela duquel lapolitique budgetaire n’est plus efficace ne se situe plus autour de 90% de PIB comme l’ontavance Reinhart et Rogoff (2010), ni autour de 70% comme ceux estimes par Elmeskov etSutherland (2012), Caner et al. (2010), mais plutot autour de 30% du PIB. Hansen (2017)trouve quant a lui, un seuil autour de 40% du PIB. La valeur si faible de ces seuils est duea la baisse du niveau de la dette des pays en developpement apres les initiatives PPTE eta cause des operations de consolidation budgetaire dans les pays emergents et developpesdepuis la crise financiere de 2007. Il ressort aussi des travaux de Egert (2015) que l’ampleurdu seuil d’endettement au-dela duquel la dette a un effet negatif sur la croissance economiqueest extremement sensible a la couverture des donnees, a la frequence des donnees utilisees,a la definition de la dette et a la periode d’analyse. Ainsi, les seuils determines ne doiventpas etre percus comme optimaux. Ils doivent etre percus uniquement comme un guide ala definition d’instruments budgetaires permettant de rendre les politiques budgetaires plusefficaces et permettant d’ameliorer la discipline budgetaire des pays.

Trois conclusions peuvent etre tirees au terme de cette revue. En premier lieu, le seuilde dette publique ou du gouvernement central au-dessus duquel la politique budgetaire estefficace pour creer et soutenir la croissance economique varie selon les regions et l’intervalletemporel considere. En second lieu, il ressort que si un effet non-lineaire negatif de la dettesur la croissance economique peut etre detecte, il intervient depuis des periodes recentes ades niveaux bas et le seuil se situe entre 20 et 60% du PIB a cause des politiques d’ajustementbudgetaire des pays et des initiatives PPTE. En troisieme lieu, en notre connaissance, hormisles travaux de Caner et al. (2010), il existe un manque de travaux sur l’analyse des effetsnon lineaires de la dette publique ou du gouvernement central sur la croissance economiquedes pays de l’Afrique Sub-Saharienne et plus precisement sur ceux ouest-africains reunis ausein de la CEDEAO.

Comme dans le cadre ouest-africain, en notre connaissance, aucune investigation n’a eteentreprise sur les pays de la CEDEAO en quete de plus de credibilite et en transition versla formation d’une union monetaire, cette etude cherche tout d’abord a combler ce manqueau sein de la litterature. Ensuite, en determinant le seuil d’endettement au-dela duquel lapolitique budgetaire (dette) est inefficace pour creer de la croissance, cette etude cherchea proposer des politiques et mesures necessaires pour ameliorer le niveau d’efficacite de lapolitique budgetaire des pays de la CEDEAO. Ces mesures pourront permettre d’accroitrela credibilite des pays et potentiellement celle de la future union monetaire. Avant de passer

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a l’analyse empirique proprement dite, la section suivante analyse a travers des faits stylises,la relation non-lineaire entre la dette et la croissance economique des pays de la CEDEAO.

3 Faits stylisesStructurellement, les pays de la CEDEAO sont moins disciplines sur le plan budgetaire

(Figure 2). Depuis la crise economique et financiere recente, ils presentent de facon agregeedes deficits publics. Ces derniers refletent les problemes economiques et institutionnels despays dans la mobilisation des recettes necessaires pour financer les depenses publiques. Faceau manque d’excedents publics pour financer les depenses publiques, les pays de la CEDEAOse tournent vers l’endettement. Apres une forte baisse de niveau de l’endettement des paysau lendemain des initiatives PPTE en 2005, la dette a recommence a croitre rapidementsurtout au lendemain de la recession generale de 2008.

Figure 2: Evolution agregee des fondamentaux des economies de la CEDEAO

Cette hausse rapide du niveau d’endettement s’explique par le nouveau souffle des paysacquis apres l’allegement de la dette publique. Les pays avaient desormais la possibilitede pouvoir s’endetter a nouveau sur les marches financiers afin de faire face a leurs defissocio-economiques. Le niveau d’endettement des pays de la CEDEAO a-t-il un effet sur lacroissance economique ?

La figure 3 presente des nuages de points illustrant la relation non lineaire (quadratique)existante entre la dette du gouvernement central et la croissance economique de 2013 a 2016.Hormis l’heterogeneite regionale de l’endettement, la figure 3 revele l’existence d’un niveaud’endettement au-dela duquel la dette a un effet negatif sur la croissance. S’il est bas entre2013 et 2014 et se situe entre 20 et 40% du PIB, il ressort que ce seuil evolue au fil des

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annees. Ainsi, les seuils determines ne doivent pas etre consideres statiques. Au contraire,les seuils etant influences par la periode et l’echantillon consideres, il convient d’effectuerperiodiquement ce type d’analyse afin de determiner les seuils d’endettement a ne pas excederpour aider les pays a mener des politiques budgetaires efficaces et a etre plus disciplines.Comme les faits stylises revelent l’existence d’un seuil d’endettement au-dela duquel la dettedu gouvernement central peut avoir un effet negatif sur la croissance economique, il seraitplus convenable de renforcer cette conclusion en menant une investigation empirique.

Figure 3: Nuages de points entre la dette du gouvernement central (en % du PIB) et lacroissance economique – relation quadratique

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4 Methodologie et donnees

4.1 Methodologie

Dans la poursuite de l’objectif principal de cette etude, l’approche non-lineaire de Hansen(1999) est adoptee. Hansen (1999) a introduit le modele non lineaire, pour determiner le(s)seuil(s) d’un ratio donne a partir duquel (desquels) une variable peut influencer de faconnon-lineaire et endogene une autre variable economique. A travers ce type de modele, il estdetermine une relation non lineaire entre la variable dependante et celles independantes.Cette relation depend d’une variable seuil. Une fois l’estimation realisee, il est estime k

seuil(s), k = 1, . . . ,K. Si K est le nombre total de seuil(s), alors il existe r = K + 1differents regimes dans la relation entre la variable dependante et celle independante.

Le point de depart de l’approche de Hansen (1999) est la specification du modele lineairequi se presente comme suit :

yi,t = µi + β′Xi,t + ui,t, (1)

avec yi,t, la variable dependante du pays i a la periode t ; µi,t, les effets fixes specifiquesa chaque pays i, Xi,t le vecteur de variables explicatives du pays i a la periode t. Les termesd’erreurs ui,t sont independants et identiquement distribues avec une moyenne nulle et unevariance finie (ui,t ∼ i.i.d). A partir de ce modele, un test de non linearite est effectue.Si l’hypothese d’une relation non-lineaire est validee, alors la specification non lineaire estadoptee.

En se referant au modele de Hansen (1999), les deux variables de l’equation 1 peuventetre reliees par un modele non lineaire a un (01) seuil comme suit :

yi,t = µi + β′

1Xi,tI(qi,t ≤ γ) + β′

2I(qi,t > γ) + ui,t, (2)

ou I() est une fonction indicatrice, qi,t ∈ Xi,t, la variable seuil et source de la nonlinearite, γ, le seuil qui separe les regimes ; et β1, β2, les parametres du modele. Cetterelation non lineaire a un (01) seuil peut se reecrire en systeme comme suit :

yi,t ={µi + β

1Xi,tI(qi,t ≤ γ) + ui,t qi,t ≤ γµi + β

2Xi,tI(qi,t > γ) + ui,t qi,t > γ,

ou encore yi,t = µi + β′Xi,t + ui,t ; avec Xi,t(γ) =

(Xi,tI(qi,t ≤ γ)Xi,tI(qi,t > γ)

)et β =

(β′

1, β′

2

).

Dans l’equation 2, les donnees sont reparties en deux regimes distincts en fonction de lavaleur de la variable seuil et du seuil γ. Chaque regime est caracterise par une dynamiquelineaire. Dans le premier regime, qi,t ≤ γ, et la relation est liee par le parametre β1. Dansle second regime, qi,t > γ, et la relation est liee par le parametre β2.

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Procedure d’estimation

Sous forme reduite, l’equation 2 ci-dessus peut s’ecrire a nouveau comme suit :

yi,t = µi + β′Xi,t + ui,t, ou Xi,t(γ) =

(Xi,tI(qi,t ≤ γ)Xi,tI(qi,t > γ)

)et β =

(β′

1, β′

2

).

Ce modele a deux regimes sous la forme ci-dessus est utilise pour montrer la procedured’estimation des coefficients de regression β =

(β′

1, β′

2

)et de la valeur du seuil γ. Etant

donne γ, l’estimateur des moindres carrees ordinaires du parametre β est obtenu commesuit :

β = {X∗(γ)′X∗(γ)}−1{X∗(γ)

′y∗}.

Pour estimer γ, on peut chercher sur un sous-ensemble de la variable de seuil qi,t. Aulieu de chercher sur l’ensemble de l’echantillon, on limite la gamme dans l’intervalle (γ, γ),qui sont des quantiles de qi,t. L’estimateur de γ est la valeur qui minimise la somme descarrees residuelles S1 ; c’est-a-dire :

γ = arg min︸︷︷︸γ

S1(γ).

γ etant obtenu, il peut etre estime les valeurs exactes des coefficients de regression dumodele a l’aide de la methode des moindres carrees calcules sous γ.

Inference

Avant d’adopter l’approche non lineaire presente ci-dessus et d’interpreter les valeurs descoefficients, il est necessaire d’effectuer un test de linearite pour etre certain de l’existenced’une structure/relation non lineaire, de determiner le nombre de regimes, d’obtenir lesintervalles de confiance sur les seuils et enfin de tester la significativite des seuils.

Test de linearite

Le test de linearite teste l’absence d’une relation non lineaire comparativement a l’hypothesealternative de l’existence d’une relation non-lineaire. Il s’agit de verifier si l’effet non-lineaireexiste et si ce dernier est significatif dans le modele a k = 2 regimes, c’est-a-dire r = 1 seuil.En partant du modele suivant :

yi,t = µi +Xi,tI(qi,t ≤ γ)β′

1 +Xi,tI(qi,t > γ)β′

2 + ui,t,

il est testeH0 : β1 = β2

H1 : β1 6= β2⇔

yi,t = yi,t = µi + β′Xi,t + ui,t

yi,t = µi +Xi,tI(qi,t ≤ γ)β′1 +Xi,tI(qi,t > γ)β′2 + ui,t.

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La validation de l’hypothese nulle (H0) signifie que l’equation 1 est celui d’un modelelineaire. En revanche, la validation de l’hypothese alternative, signifie que l’equation 1 dis-simule une relation non lineaire.

La statistique de ce test de linearite correspond a un test de Fisher. Le seuil n’etantpas defini sous l’hypothese nulle (relation lineaire), il sera considere comme etant egal a savaleur estimee. Ainsi, nous avons :

F = S0 − S1(γ)σ2 ,

S0 etant la somme des carres des residus du modele lineaire sous l’hypothese H0, S1(γ)la somme des carres des residus du modele non lineaire et σ2 = 1

n(T−1)S1(γ). La methodede Bootstrap sur les valeurs critiques de la statistique de F est utilisee pour tester la signi-ficativite de l’effet de seuil.

Nombre de regimes

Nous avons presente plus haut, un modele testant la presence d’un seuil et par consequentun modele a deux (02) regimes. A present, considerons un modele avec r regimes, r ≥ 2comme suit :

yi,t = µi +Xi,tI(qi,t ≤ γ1)β1 +Xi,tI(γ1 < qi,t ≤ γ2)β2 +Xi,tI(γ2 < qi,t ≤ γ3)β3 + ...

+Xi,tI(qi,t > γr−1)βr + ui,t.

A cette etape, nous testons le nombre de regimes permettant de decrire la dynamiqued’une relation donnee. Nous allons donc tester premierement la presence de deux regimescontre la presence de trois regimes. Ainsi, la statistique de Fisher F ′ correspondante estdonnee comme suit :

F′

= S1(γ1)− S2(γ1, γ2)σ2 ,

avec S2 ; la somme des carres des residus pour un modele a trois regimes. L’hypotheseH0 est rejetee si la valeur de F ′ est superieure aux valeurs critiques simulees. Pour trouverdonc le nombre optimal de seuil(s), nous procedons de facon sequentielle. Nous testons toutd’abord la presence de trois (03) seuils. Ensuite, si nous ne distinguons pas de regimes, alorsnous testons la presence de deux (02) seuils. Si de facon similaire, nous ne distinguons pasde regimes, nous testons la presence d’un seuil. Lorsque nous detectons la presence d’unseuil r alors nous estimons le modele non lineaire a k = r + 1 regimes.

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4.2 Donnees

4.2.1 Choix et definition des donnees

Pour atteindre notre principal objectif, c’est-a-dire estimer le seuil d’endettement au-dessus duquel la dette du gouvernement central a un effet negatif sur la croissance economiqueau sein de la CEDEAO, cette etude considere un panel des quinze (15) pays de la CEDEAOet l’analyse couvre la periode 2007-2016. Cet intervalle temporel est choisi pour deux raisons.La premiere raison est le probleme de disponibilite des donnees sur une longue periode etla contrainte methodologique qui veut que le panel soit cylindre. En effet, en reference auxtravaux de Egert (2015) et dans le cadre de cette etude, cela aurait ete pertinent d’analyserla relation non lineaire entre la dette du gouvernement central et la croissance economiqueavant et apres la crise financiere de 2007 ou avant et apres les initiatives PPTE. La seconderaison du choix de cet intervalle temporel est la recherche d’une meilleure analyse de l’effetde la dette du gouvernement central des pays de la CEDEAO sur leur croissance depuisl’avenement de la crise financiere de 2007. En effet, la crise financiere de 2007 est venuemarquer une rupture dans la dynamique des agregats economiques et financiers mondiaux.

Dans cette etude, la variable endogene est le taux de croissance economique (∆Yi) desquinze (15) pays de l’Afrique de l’ouest qui est mesure par la variation en pourcentage duproduit interieur brut (en donnees reelles).

• Variable d’interet : la dette du gouvernement central (Dette)En se referant aux travaux de Checherita-Westphal et Rother (2012), la dette du gou-

vernement central des pays de l’Afrique de l’ouest est exprimee en pourcentage de PIB.Elle equivaut a la dette publique ne comprenant pas la dette des entreprises publiques ousocietes d’Etat.

• Autres variables explicativesLa litterature economique avance qu’il existe plusieurs facteurs qui peuvent influencer la

croissance economique d’une entite geographique. Parmi ses facteurs, nous en retenons cinq(05) dans ce papier, ceci en fonction de la disponibilite des donnees et de sorte a eviter toutprobleme de colinearite dans nos estimations.

Tout d’abord, il est retenu l’ouverture commerciale (Open). En effet, l’ouverture commer-ciale est majoritairement percue comme une politique economique necessaire pour accroitrela croissance economique d’un pays (Lucas, 1988 ; Zahonogo, 2016). Ainsi, en referencea Frankel et Romer (1999), toutes economies orientees vers l’exterieur auront un niveaude croissance eleve, comparativement a celui des economies fermees. Comme dans Kebalo(2017), l’ouverture commerciale est approximee aux echanges totaux des biens rapportes enpourcentage du produit interieur brut. Un autre facteur pouvant influencer positivementla croissance economique est l’amelioration de la productivite des facteurs de production.Dans cet article, l’appreciation de l’amelioration ou non de la productivite du facteur tra-vail (∆Prodfacteur) est approximee par le taux de croissance de la richesse creee par chaqueemploye au sein d’un pays et au cours d’une annee. Ensuite, nous retenons le taux de

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croissance demographique (POP ). En se referant aux theories malthusiennes, la croissancedemographique a un effet sur la croissance economique. La croissance demographique estun canal utilise pour soutenir la demande interieure au sein d’une entite ou d’une regioneconomique. Dans cette etude, elle est approximee par le taux de croissance de la population(POP ) comme dans Zahonogo (2016).

Nous considerons dans notre analyse la qualite institutionnelle pour capter l’effet de labonne gouvernance sur la croissance economique. Ainsi, en reference a Acemoglu et Robinson(2012) et Zahonogo (2016), un environnement de bonne gouvernance a un effet positif surla croissance economique. Dans ce papier, nous cherchons a capter l’effet du controle decorruption (COC) sur la croissance economique des pays de la CEDEAO. La corruption estun fleau qui contribue a la contre-performance economique des pays. Elle est au centre desdebats politico-economiques et les moyens sont mis en œuvre pour diminuer l’ampleur de cefleau au sein de la CEDEAO. Dans ce papier, la corruption est approximee par l’indice decontrole de corruption. Cet indice reflete les perceptions de la mesure dans laquelle le pouvoirpublic est exerce a des fins privees, y compris les petites et grandes formes de corruption,ainsi que la � capture � de l’Etat par les elites et les interets prives. Cet indice est obtenudes indicateurs de gouvernance mondiale proposes par Kaufmann et al. (2010).

Enfin, l’activite economique des pays en developpement et de l’Afrique Sub-Saharienneest influencee par la demande mondiale des biens et services des pays emergents et developpes.Ainsi, les chocs de demande mondiale ont des effets sur l’activite economique des pays del’Afrique (Hugon, 2009 ; Gurara et Ncube, 2013 ; Kebalo, 2018). Ainsi, la grande recessiongenerale provoquee par la crise de 2007 est un phenomene qui a influence l’activite economiquede nombreux pays. Par exemple, Fosu (2013) trouve que la recession generale de 2008 a reduitla croissance economique des pays de l’Afrique sub-saharienne de 60%. Cette investigation,cherche a capter l’effet de cette recession sur la croissance economique des pays de l’Afriquede l’ouest. Ainsi, il est defini une variable dummy (DRec) prenant la valeur 1 pour les anneesde recession 2008 et 2009 et 0 pour les autres annees. La definition et les sources de donneessont presentees dans le tableau 4 en annexes.

4.2.2 Tests de stationnarite

Avant de passer a l’etape de l’estimation, les tests de racines unitaires de Levin et al.(2002) et Im et al. (2003) sont effectues sur les variables retenues. Les resultats des testsresumes dans le tableau 5 (annexes) indiquent que les variables sont stationnaires. Ainsi,l’on peut passer a la specification et a l’estimation du modele.

5 Estimations, resultats et discussionsLe test de linearite effectue indique l’existence d’une structure non lineaire et d’un seuil

endogene de dette de gouvernement central significatif a 10% (tableau 7 en annexes) avecune probabilite p=0,08. En plus le test de specification de Hsiao (1986) presente dans le

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tableau 6 (annexes) indique qu’un modele en donnees de panel est approprie pour analyserles comportements macroeconomiques des pays de l’Afrique de l’ouest.

En fonction du seuil d’endettement identifie, le modele estime est exprime comme suit :

∆Yi,t = µi + α1Dettei,tI(Dettei,t ≤ γ) + α2Dettei,tI(Dettei,t > γ) + β′Xi,t + ui,t, (3)

ou ∆Yi et Dettei representent respectivement le taux de croissance economique et le ratiodette du gouvernement central – PIB des pays de la CEDEAO ; Xi,t represente le vecteurde variables de controle et stationnaires ;γ, est le seuil a estimer ; I() la fonction indicatrice ;α1, alpha2, et β′ les parametres a estimer, µi les effets fixes et ui,t les termes d’erreurs dumodele. Le tableau 1 ci-dessous presente les resultats de nos estimations.

Table 1: Resultats des estimations

Coef.Constante 3,611***

(2,95)Open 0,023***

(3,77)∆Prodfacteur 0,954***

(7,96)POPi 2,085***

(4,91)Coc 0,793

(1,64)Dreci

0,196(1,46)

Dettei ≤ γ 0,024*

(1,77)Dette > γ -0,054*

(-1,90)Seuil γ= 30, 71∗

CI (γ) [30,66 ; 31,04]R2 0,7922F-stat 11,24***

Nombre de pays 15Observations 150

Note : Dans les (.) les t-statistiques. ***,**, et * indique respectivement le rejetde l’hypothese nulle de non significativitedes coefficients aux seuils de 1%, 5%, et10%. CI : l’intervalle de confiance.Source : Auteurs.

• Effets des variables de controle

Il ressort des estimations des resultats qui corroborent ceux de la theorie economique.

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Premierement, l’ouverture economique, l’amelioration de la productivite du facteur travailet la demographie permettent de soutenir significativement (a 1%) la croissance economiquedans la CEDEAO. Ce sont des canaux que les pays de la CEDEAO peuvent utiliser pouraccroitre et soutenir la croissance economique au sein de la region et potentiellement ausein de la future union monetaire regionale. Deuxiemement, sur le plan institutionnel, nosresultats revelent que le controle de corruption certes positivement correlee a la croissanceeconomique, n’y contribue pas significativement. Quoique appreciables, les efforts effectuespour mieux controler la corruption au sein de la region ne portent pas encore de fruits. Lespays de la CEDEAO doivent renforcer davantage les mesures de controle de corruption ausein de la region. Troisiemement, nos resultats avancent que de facon globale, les pays del’Afrique de l’ouest ont ete resilients a la recession generale de 2008-2009.

• Effets non-lineaires de la dette du gouvernement central sur la croissance economique

L’estimation du modele non-lineaire ci-dessus a permis de determiner sur la periode 2007-2016, un (01) seuil endogene de dette du gouvernement central (en % de PIB), significatifa 10% (p = 0, 08) et estime a 30,71% du PIB. Ce seuil trouve corrobore les resultats de lalitterature qui montrent que sur les periodes recentes, un effet non-lineaire negatif detecteintervient a des seuils tres bas d’endettement qui se situent entre 20% et 60% du PIB pourEgert (2015), pres de 30% du PIB pour Lee et al. (2017), et autour de 40% du PIB pourHansen (2017). La valeur si faible du seuil estime est due au fait qu’il est endogene ; c’est-a-dire influencee par le niveau de la dette du gouvernement central sur la periode consideree.Au cours de cette periode, le niveau d’endettement a considerablement baisse a cause desinitiatives PPTE. C’est ce qui explique l’ecart entre le seuil estime dans ce papier et lanorme budgetaire de l’UEMOA limitant la dette du gouvernement central a 70% du PIB.Le seuil estime dans cette etude n’est pas un seuil statique qui ne changera pas au coursdu temps. Au contraire ce seuil changera au cours du temps comme l’ont montre les faitsstylises dans la section 3. Il ne s’agit que du seuil endogene en vigueur empiriquement sur ladecennie 2007-2016 ; un seuil qui devait guider les pays a elaborer globalement des politiquesbudgetaires plus efficaces. A l’image de cet article, des etudes periodiques sur des intervallesreguliers devraient etre effectuees afin de proposer aux pays de la CEDEAO des mesuresrendant plus efficaces les politiques budgetaires.

Il ressort des resultats obtenus de cette analyse que lorsque la dette du gouvernementcentral est inferieure a 30,71% du PIB, la dette des pays de la CEDEAO a un effet positifsur la croissance economique. Au sein de ce regime, la politique budgetaire est efficacepour generer de la croissance. Cependant, lorsque la dette du gouvernement central estsuperieure a 30,71% de PIB, toute unite additionnelle d’endettement a un effet negatif sur lacroissance. Cet effet negatif de la dette du gouvernement central (% de PIB) sur la croissanceeconomique peut s’expliquer par un probleme de rentabilite de l’investissement des fondsd’endettement au sein des economies. En majorite, les flux d’endettements sont investis dansdes secteurs non generateurs de valeurs ajoutees significatives, comme les depenses courantesou les depenses d’investissements a tres faibles valeurs ajoutees a court et moyen terme.Pour certains pays, les nouveaux flux d’endettement ne sont pas destines au financement

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de l’activite economique. Ils sont detournes ou destines aux remboursements d’anciennesdettes arrivees a maturite et dont le service devient tres pesant (operations de reprofilage dela dette). Pour remedier a cela, les pays doivent chercher a investir leur flux d’endettementdans des secteurs generateurs de tres fortes valeurs ajoutees a la fois a court et moyen terme.En plus, les pays devraient chercher a s’endetter moins vite, a des taux faibles (eurobondspar exemple), et chercher a accroitre l’assiette fiscale afin de mieux financer leurs depensespubliques sur ressources internes.

• Hausse du niveau d’endettement : quelle(s) consequence(s) pour les pays de la CE-DEAO et l’integration regionale ?

Le tableau 2 ci-dessous presente les previsions de la dette du gouvernement central (en% du PIB) des pays de la CEDEAO effectuees par le Fonds Monetaire International. Cesprevisions montrent que la dette des pays de la CEDEAO croıt tres vite. Ainsi, des payscomme le Cap Vert, le Ghana, la Gambie, la Sierra Leone et le Togo ont une dette quicroıt plus vite que la normale (cf. Figure 4 en annexes) et commence a presenter des signesprecurseurs d’une dette qui peut commencer a devenir pesante et presque insoutenable.Cela peut constituer un risque pour la region meme si nombreux sont les pays au sein de la

Table 2: CEDEAO – Previsions de la dette du gouvernement central (en % du PIB) despays, annee 2017.

Valeur ValeurBEN 53,4 (41,1) LBR 50,8 (39,3)BFA 36,5 (33,2) MLI 34,7 (31,3)CIV 48,7 (46,8) NER 51,5 (39,8)CPV 128,8 (123,9) NGA 21,3 (14,4)GMB 112,7 (110,2) SEN 61,1 (57,3)GHA 70,5 (71,9) SLE 60,3 (45,4)GIN 42,9 (40,0) TGO 79,7 (73,9)GNB 43,3 (49,5)Note : (.) moyenne de la dette du gouvernementcentral sur la periode 2007-2016.Source : Fonds Monetaire International, Perspec-tives economiques regionales de l’Afrique sub-Saharienne, 2018.

region qui effectuent des operations d’assainissement budgetaire a travers les programmesappuyes par la facilite elargie du credit du Fonds Monetaire International. Avec ces niveauxd’endettement, l’avenement des chocs externes peuvent a travers les retombees amplifierle niveau de la dette de certains pays au sein de la region et entrainer une grande partiedes pays de la CEDEAO dans une phase de dette etouffante et insoutenable. Il serait doncimportant que les pays renforcent les mesures d’assainissement budgetaire. Et comme cespays sont en transition vers une integration monetaire regionale, il serait interessant d’unepart d’amener tous les pays de la region a reduire leur niveau d’endettement en deca des 70%du PIB et d’autre part de les encourager a ameliorer l’efficacite des politiques budgetaires

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et a etre plus disciplines. Cela permettrait au pays de former a l’avenir une union monetaireregionale plus credible.

6 ConclusionCet article analyse les effets non lineaires de la dette du gouvernement central sur la crois-

sance economique des pays de la CEDEAO depuis la crise financiere de 2007. Precisement,l’objectif est de determiner le seuil d’endettement du gouvernement central a ne pas excederafin que la politique budgetaire soit efficace pour creer et soutenir la croissance economiqueau sein de la region economique. Pour ce faire, l’approche non-lineaire de Hansen (1999)est adoptee et l’analyse empirique porte sur un panel des quinze pays de la CEDEAO etcouvre la periode 2007-2016. Les resultats issus des estimations revelent l’existence d’un seuild’endettement estime a 30,71% de PIB qui corrobore ceux de la litterature recente (Egert,2015 ; Lee et al., 2017 ; Hansen, 2017). En-dessous d’un niveau d’endettement de 30,71% duPIB, la dette du gouvernement central a un effet positif sur la croissance economique. Parcontre, au-dela de 30,71% du PIB, une dette additionnelle du gouvernement central a uneffet negatif sur la croissance economique. Dans le cadre ouest-africain, l’effet negatif de ladette du gouvernement central (% de PIB) sur la croissance economique au-dela du 30,71%du PIB peut s’expliquer premierement par un probleme de rentabilite de l’investissementdes fonds d’endettement au sein des economies. En majorite, les flux d’endettement sontinvestis dans des secteurs non generateurs de valeurs ajoutees significatives a court et moyenterme. Deuxiemement, l’effet negatif peut s’expliquer par le fait que les flux d’endettementne sont pas destines au financement de l’activite economique. Ils sont soit detournes ousoit destines aux remboursements d’anciennes dettes arrivees a maturite et dont le servicedevient tres pesant sur l’economie. Pour rendre plus efficace la politique budgetaire des paysde la CEDEAO, cet article propose que les pays cherchent a investir leurs flux d’endettementdans des secteurs generateurs de fortes valeurs ajoutees a la fois a court et moyen terme.En plus, les pays devraient chercher a s’endetter moins vite, a des taux faibles et a accroitrel’assiette fiscale afin de mieux financer les depenses publiques sur ressources internes. Pourfinir, cet article montre que malgre l’allegement recent (2005-2008) de la dette des paysouest-africains grace aux initiatives PPTE, la dette de certains pays de la CEDEAO a com-mence a hausser tres rapidement. Les pays concernes sont la Gambie, la Guinee-Bissau,la Guinee, la Sierra Leone, le Ghana et le Togo. Ces pays devraient chercher a renforcerleurs mesures d’assainissement budgetaire car l’avenement d’un fort choc externe ou internepourrait causer une hausse du niveau d’endettement dans ces pays et aussi dans la region.Cela pourrait conduire la region dans une crise d’endettement et baisserait le niveau decredibilite de certains pays ; un mauvais signal de credibilite pour la future union monetaireregionale ouest-africaine.

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Page 26: Relation Dette – Croissance Économique dans la CEDEAO

Annexes

Table 3: Liste des pays de la CEDEAO et des acronymes correspondants

Liste 1 Acronymes Liste 2 AcronymesBenin BEN Liberia LBRBurkina Faso BFA Mali MLICap Vert CPV Niger NERCote d’Ivoire CIV Nigeria NGAGambie GMB Senegal SENGhana GHA Sierra Leone SLEGuinee GIN Togo TGOGuinee-Bissau GNBSource : Auteurs.

Table 4: Definitions et sources de donnees

Variables Definition Source∆Yi Taux de croissance du PIB (en %) WDIDettei Dette du gouvernement central (en % du PIB) FMIOpennessi Echanges commerciaux (en % du PIB) WDICOCi Controle de corruption WGIPOPi Taux de croissance de la population (%) WDI∆Prodfacteur Variation de la Productivite du facteur travail WDI

(richesse creee par personne employee)DRes Dummy, recession, 1 pour 2008 et 2009 et 0 sinon.Note : FMI : Fonds Monetaire International, Perspectives economiques regionales del’Afrique sub-Saharienne, 2018 ; WGI : Indicateurs de gouvernance de Kaufmann et al.(2010) ; WDI : Indicateurs de developpement mondiaux (2017).

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Page 27: Relation Dette – Croissance Économique dans la CEDEAO

Table 5: Tests de racine unitaire en donnees de panels

Variables LLC IPS∆Yi 7,7374 -4,8926

(0,0000) (0,0000)Dettei -10,7992 -2,6907

(0,0000) (0,0038)Opennessi -3,2805 -1,2309

(0,0005) (0,1092)COCi -5,2568 -1,0665

(0,0000) (0,1431)POPi -7,6259 -3,8765

(0,0000) (0,0001)∆Prodfacteur -8,3031 -2,4093

(0,0001) (0,0194)Note : LLC et IPS indiquent (respectivement)les tests de racine unitaire de Levin et al.(2002), et Im et al. (2003). Les valeurs dansles parentheses representent les probabilitesassociees aux differentes statistiques de testscalculees. ***, **, et * indique le rejet de l’hy-pothese nulle de la presence d’une racine uni-taires au seuil de 1%, 5%, et 10%.Source : Auteurs.

Table 6: Test de specification de donnees de panel

Tests Statistiques Probabilite1 F1(98, 45) = 0,4783 0,9989

SCR1 = 1564,2770

2 F2(84, 45) = 0,4062 0,9997SCR1C = 2262,5684

3 F3(14,129) = 1,0275 0,4303SCR1CP = 2038,6944

Note : SCR pour somme des carres residuels, F pourla statistique de FisherSource : Auteurs.

Table 7: Test de linearite

RSS MSE F-stat Prob53,18 0,42 20,39 0,08Source : Auteurs.

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Figure 4: Evolution de la dette du gouvernement central des pays de la CEDEAO (en %du PIB)

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