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Année scolaire 2015-16 Sociologie Classe de Terminale SCIENCES ÉCONOMIQUES ET SOCIALES Chapitre 6 Intégration, conflit, changement social I. Quels liens sociaux dans des sociétés où s'affirme le primat de l'individu ? Introduction/sensibilisation A. Comment les formes de solidarité évoluent-elles ? A1. De l’intégration des individus à la cohésion sociale A2. La vision durkheimienne A3. La complémentarité des liens organiques et mécaniques dans les sociétés contemporaines B. L’évolution des instances d’intégration remet-elle en cause le lien social ? B1. La famille, entre crise et mutation B2. Le défi de l’intégration par l’école B3. Le travail, entre intégration et exclusion II. La conflictualité sociale : pathologie, facteur de cohésion ou moteur du changement social ? Objectifs Savoirs Savoir-faire - Quelle est l’évolution des formes de solidarité selon Durkheim ? - La montée de la solidarité organique a-t-elle fait disparaître la solidarité mécanique ? - L’évolution des instances d’intégration (famille, Ecole, - Savoir exploiter les informations contenues dans un document Chapitre 6. Intégration, conflit, changement social |1 Question I. Quels liens sociaux dans des sociétés où s'affirme le primat de l'individu ?

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Année scolaire 2015-16 Sociologie Classe de Terminale

SCIENCES ÉCONOMIQUES ET SOCIALES

Chapitre 6Intégration, conflit, changement social

I. Quels liens sociaux dans des sociétés où s'affirme le primat de l'individu ?Introduction/sensibilisation

A. Comment les formes de solidarité évoluent-elles ?A1. De l’intégration des individus à la cohésion socialeA2. La vision durkheimienneA3. La complémentarité des liens organiques et mécaniques dans les sociétés contemporaines

B. L’évolution des instances d’intégration remet-elle en cause le lien social ?B1. La famille, entre crise et mutationB2. Le défi de l’intégration par l’écoleB3. Le travail, entre intégration et exclusion

II. La conflictualité sociale : pathologie, facteur de cohésion ou moteur du changement social ?

Objectifs

Savoirs Savoir-faire- Quelle est l’évolution des formes de solidarité selon

Durkheim ?- La montée de la solidarité organique a-t-elle fait

disparaître la solidarité mécanique ?- L’évolution des instances d’intégration (famille, Ecole,

travail) remet-elle en cause le lien social ?

- Savoir exploiter les informations contenues dans un document

Notions à acquérir : Solidarité mécanique / organique, cohésion socialeNotions complémentaires : Intégration, liens sociauxAcquis de première : socialisation, sociabilité, anomie, désaffiliation, disqualification, réseaux sociaux

Que dit le programme ? « Après avoir présenté l'évolution des formes de solidarité selon Durkheim, on montrera que les liens nouveaux liés à la complémentarité des fonctions sociales n'ont pas fait pour autant disparaître ceux qui reposent sur le partage de croyances et de valeurs communes. On traitera plus particulièrement de l'évolution du rôle des instances d'intégration (famille, école, travail) dans les sociétés contemporaines et on se demandera si cette évolution ne remet pas en cause l'intégration sociale. »

Chapitre 6. Intégration, conflit, changement social |1Question I. Quels liens sociaux dans des sociétés où s'affirme le primat de l'individu ?

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Année scolaire 2015-16

Chapitre 6Intégration, conflit, changement social

Dossier documentaire :I. Quels liens sociaux dans des sociétés où s'affirme le primat de l'individu ?

Sensibilisation/Introduction

Document 1. La fête des voisins

Source : www.immeublesenfete.com

L’opération « Immeubles en fête » a été créée par un groupe d’amis en 1990 dans le 17ème arrondissement de Paris. A l’origine, les évolutions de la société urbaine ont entrainé une hausse du repli sur soi, de la peur de l’autre et l’isolement.L’objectif originel était de renforcer les liens de proximité et de se mobiliser contre l’isolement. Cet objectif a été poursuivi puisque l’opération « Immeubles en fête – la fête des voisins « vise à rencontrer ses voisins, créer de la convivialité afin de rompre l’anonymat et l’isolement qui règnent souvent dans nos villes.Les actions menées par l’association sont la journée consacrée à la fête des voisins (en mai) mais aussi des services de parrainages pour les voisins en difficulté, des fêtes de Noël en famille pour les personnes seules, un service d’aide aux personnes à mobilité réduite, un service pour la recherche d’emploi, des haltes-garderies à domicile…L’exemple de la fête des voisins nous permet de mettre en évidence que les transformations de la société sont à l’origine de nouvelles formes de solidarité.

Les sociétés modernes produisent de plus en plus de richesses (première partie du programme). Et pourtant : elles connaissent du chômage, des inégalités et des conflits. Malgré cela, au fil du temps, nos sociétés se perpétuent tout en se transformant, elles ne disparaissent pas sous la pression des inégalités et des conflits.Il s’agit de se demander comment les sociétés « tiennent », qu’est-ce ce qui les cimente, qu’est-ce qui relie les individus les uns aux autres suffisamment solidement pour que la vie en société ne dégénère pas en guerre civile ?

Chapitre 6. Intégration, conflit, changement social |2Question I. Quels liens sociaux dans des sociétés où s'affirme le primat de l'individu ?

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Ce ciment qui produit de la solidarité entre les membres d’une société, on l’appelle le « lien social », soit toutes les relations sociales directes entre les individus d’une société, mais aussi plus largement tout ce qui nous unit aux autres (les valeurs, les normes, la culture commune).Evoquer le lien social, c’est s’intéresser à ce qui rattache les individus entre eux et les groupes les uns aux autres : il y a des liens directs fondés sur l’interconnaissance et des liens indirects, tissés par des processus historiques et complexes.Nous verrons que le lien social ne naît pas spontanément : il est le résultat :- de la socialisation- de l’intégration qui se construit dans des lieux comme la famille, l’école ou le travail= il n’est pas mesurable en tant que tel

Néanmoins nous sommes des individus et jamais dans l’histoire de l’humanité, l’individu n’a acquis une telle autonomie dans ses choix : il consomme ce dont il a envie, il aime qui il veut, il travaille où il veut pour s’épanouir. On peut comprendre ce désir d’autonomie, cette volonté de s’affranchir des traditions familiales, des communautés d’appartenance (religion, village, etc), tant celles-ci portaient un regard étouffant et exerçaient un contrôle tatillon sur les existences individuelles. Mais s’affranchir des liens sociaux traditionnels, cette montée de l’individualisme, n’est-ce pas aussi ce qui menace notre cohésion sociale ?

A. Comment les formes de solidarité évoluent-elles ?La naissance, à la fin du 19e siècle, de la sociologie comme discipline visant une connaissance scientifique du social, résulte fondamentalement des inquiétudes provoquées par la montée de l’individualisme dans les sociétés occidentales. Sous la poussée conjointe des révolutions démocratique et industrielle, de nouveaux rapports sociaux, économiques et politiques bouleversent progressivement l’ordre social traditionnel.

- On observe simultanément un affaiblissement de l’emprise de la religion sur les représentations (sécularisation et laïcisation), une baisse de l’influence de la famille sur les destinées (égalisation des chances et idéal méritocratie) et un recul du pouvoir des autorités traditionnelles sur les individus (démocratisation).

- Durkheim construit un cadre théorique permettant à la fois d’expliquer les mécanismes sur lesquels reposent les phénomènes à l’oeuvre et d’analyser les problèmes qu’ils posent. Son projet peut se résumer à l’élucidation d’un paradoxe : « comment se fait-il que tout en devenant plus autonome, l’individu dépende plus étroitement de la société ? Comment peut-il être à la fois plus personnel et plus solidaire ? »

A1. De l’intégration des individus à la cohésion sociale

L’intégration d’un individu représente le fait qu’il soit intégré à un groupe, à la société.C’est un processus, mais aussi un état : on dit qu’une intégration est réussie (« intégration dans le monde du travail », etc.).Ceci peut s’appliquer à un groupe social : c’est alors un terme qu’on utilise pour parler des étrangers notamment. L’intégration des immigrés à la société française. Même sens

Intégration : processus par lequel les individus deviennent membres d’un groupe ou d’une société, en établissant des relations avec les autres membres et en adoptant les nomes et valeurs du groupe.

Cette intégration dépend des liens sociaux qui unissent les individus entre eux : le maillage est-il fort ou faible ? Serré ou lâche ? Les liens sont donc de différentes natures : lien marchand, lien politique, liens de sociabilités, valeurs communes, etc.Le lien social peut s’exprimer de différentes façons : une discussion, un repas de quartier, une discussion sur Internet… : autant d’occasions d’échanger et de créer du lien Enfin, il y a l’intégration de la société elle-même : c’est la cohésion sociale Il s’agit de l’ensemble des mécanismes et des processus qui permettent que la société fasse corps (elle passe par l’intégration des individus et par la nature et l’intensité des relations sociales)

Chapitre 6. Intégration, conflit, changement social |3Question I. Quels liens sociaux dans des sociétés où s'affirme le primat de l'individu ?

Emile DURKHEIM (1858-1917)

Scientifique français, considéré comme le père de la sociologie comme science autonome, son projet était de fonder une nouvelle discipline universitaire ainsi qu’une nouvelle science. Courant holiste : part de la société, des faits sociaux pour comprendre les actions des individus.

Principal ouvrage : De la division du travail social, 1893

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= il y a un lien : c’est l’intégration des individus qui fait que la société est intégrée.

A partir de là, Durkheim va identifier différentes types de société, différentes formes de ciment social qui participent à la cohésion d’une société = il n’y a pas qu’un chemin

A2. La vision durkheimienne

Document 2Un des aspects les plus importants du changement social est la transformation de la forme et de la force du lien social. Comment les individus sont-ils unis ? Quelle est la force de cette union ?Durkheim a mis en évidence la relation entre le développement de la division du travail et l’accroissement de la force du lien entre les individus. Il a ainsi dégagé deux types de solidarité. Celle qui caractérise les sociétés traditionnelles, dans lesquelles la division du travail est peu développée, est nommée solidarité mécanique. Les individus tiennent ensemble par leur ressemblance. Mais ce lien est relativement faible. Puisqu’il n’y a pas complémentarité, les individus ne sont pas nécessaires les uns aux autres et peuvent donc facilement se séparer. Durkheim met en évidence le fait que ces sociétés ont une conscience collective forte (des croyances, pratiques, sentiments communs) et, en général un droit répressif pour forcer la cohésion des individus. Inversement les sociétés plus évoluées sont caractérisées par une division du travail plus poussée, qui implique une forte complémentarité entre les individus. Le lien social est donc plus fort dans ces sociétés : on parle de solidarité organique, dans la mesure où la société est comme un organisme vivant dans lesquels les individus sont reliés comme les organes d’un même corps. Les individus étant plus différenciés, la conscience collective est moins prégnante, et le droit se veut plus restitutif : il ne s’agit plus de punir un individu car il a offensé la société, mais de dédommager celui qui a été lésé. Il y a donc une relation forte entre division du travail et cohésion sociale.

Source : 100 fiches pour comprendre la sociologie, G. Renouard, 2002

a) Pour Durkheim, quel est le fondement du lien social dans les sociétés occidentales ?b) Compléter le tableau :

Sociétés traditionnelles Sociétés modernesNom du type de solidarité

Source du lien

Conscience collective

Contrainte

Individualité

Conscience collective : ensemble des croyances, sentiments communs aux membres d’une société. Terme durkheimien à ne pas confondre avec la conscience de classe.

Depuis quelques années domine l’impression d’une société qui se défait et l’impression d’une crise du lien social : - cette crainte n’est pas nouvelle : elle apparaît au XIXème siècle lorsque les mutations économiques et sociales engendrées par la révolution industrielle mettent en péril les anciennes solidarités- elle se réactive à partir des Trente Glorieuses avec une nouvelle accélération de la montée de l’individualisme liée au passage d’une société industrielle à une société post-industrielle, la montée de la précarité et de l’exclusion…

A3. La complémentarité des liens organiques et mécaniques dans les sociétés modernes

La transformation des sociétés traditionnelles ne signifie pas forcément que tout lien social fondé sur le partage de valeurs communes et de croyances communes a disparu. Ce type de lien subsiste dans nos sociétés contemporaines. Par ailleurs l’individualisme n’a pas que des côtés négatifs : ainsi, dans sa version positive, il participe à l’évolution des formes de solidarité : l’individualisme créé aussi du lien.

Le renouveau des liens communautaires ; ds fils moins solides mais plus nombreux

Document 3On notera également que Durkheim n’écarte pas l’idée que des formes de solidarité mécanique puissent persister même lorsque le niveau d’avancement du processus de division du travail a imposé de façon générale la solidarité organique. Par exemple, si l’État, selon Durkheim, concourt à l’émancipation des individus vis-à-vis des allégeances locales, des tutelles

Chapitre 6. Intégration, conflit, changement social |4Question I. Quels liens sociaux dans des sociétés où s'affirme le primat de l'individu ?

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traditionnelles et des dépendances personnelles [...] les solidarités organiques ne peuvent devenir exclusives : d’autres formes de regroupements, fondés sur une similitude forte (la famille) ou relative (les organisations professionnelles) sont nécessaires pour assurer la cohésion sociale. [...] Bien que le déclin des fondements traditionnels de l’intégration – liens sociaux fondés sur le sang, la religion, la langue, les coutumes – soit avéré, la solidarité mécanique s’amenuise-t-elle réellement lorsque la complexité sociale augmente ? On observe que nombre de liens sociaux contemporains entretenus par des groupes, des mouvements ou des institutions conservent des dimensions relevant de la solidarité mécanique. Des communautés basées sur la coutume locale, la langue ou l’appartenance ethnique, certains nouveaux mouvements sociaux défendant un style de vie particulier ou encore des mouvements religieux ou spirituels, plus ou moins rattachés à la tradition, continuent de rassembler les individus autour de croyances et de valeurs partagées. Ils manifestent une forte capacité d’intégration et exercent une socialisation dont les effets sont perceptibles sur les identités individuelles. Les liens qu’ils tissent, fondés sur la similitude et la proximité d’origine (l’ethnie), de lieu (régionalisme et coutumes), de croyances (groupes religieux ou spirituels), de culture (style de vie) ou de valeurs (causes à défendre), apparaissent caractéristiques de la solidarité mécanique.

Source: EDUSCOL http://minu.me/cuaa

Montrer que la division du travail est insuffisante pour assurer seule la cohésion de la société. La solidarité ne peut se fonder uniquement sur des contrats rationnels, froids ; mais aussi sur des liens affectifs, chauds, non rationnels. = des communautés ethniques, régionales, religieuses, des tribus…

Document 4. Rythme annuel de création de nouvelles associations depuis 1920 (source : CAIRN info, 2001)boom associatif : 1,1 million d’associations en France73000 se sont créées en 20094 français sur 10 : 20 millions de français 85% ne fonctionnent qu’avec des bénévolesSociabilité-loisirs ; solidarité ; militantismeSeniors très actifs

a) Les femmes actives entretiennent moins de relations de voisinage que les femmes au foyer, mais elles se créent des réseaux d’amis parmi leurs collègues de travail. Les lycéens passent beaucoup de temps devant leur télévision, mais aussi de plus en plus au téléphone, avec des amis, sur Internet. Les nouveaux retraités d’aujourd’hui, les “seniors”, son beaucoup moins solitaires que ceux d’hier et animent désormais, une grande partie des associations. Enfin l’élévation du niveau d’éducation encourage les relations de sociabilité plus qu’elle ne les réduit.

= L’observation de la population montre que les réseaux sociaux ont plutôt tendance a augmenté (plus de gens seuls, mais aussi bcp d’insertion pour les autres dps 25 ans)Réseaux sociaux : ensemble des relations sociales, amicales, professionnelles, politiques (etc.) tissées entre les individus. Cela implique que les individus développent de nouvelles formes de sociabilité := Sociabilité : ensemble des relations sociales effectives, vécues, qui relient l’individu aux autres, par des liens interpersonnels. = + question des nouveaux réseaux sociaux via les NTIC : ensem- On échange de plus en plus, mais pas forcément de vive voix : réseaux internet en très forte expansion- Evidemment : que se dit-on sur MSN , Facebook ou twitter ? Que dire de ses réseaux virtuels où on peut s’acheter des « packs » d’amis ? - Mais Internet, c’est aussi la force des liens faibles et le renforcement des liens sociaux existants- Et Internet c’est aussi une nouvelle forme de participation politique et citoyenne (cf. Les NMS)b) partage de valeurs communes et envie de les faire partager communautés d’intérêts, de croyances, de modes de vie, de valeurs Dans les sociétés modernes, le lien communautaire est le fruit d’un choix et d’une adhésion volontaire et élective de

l’individu, devenu plus autonome.Chapitre 6. Intégration, conflit, changement social |5Question I. Quels liens sociaux dans des sociétés où s'affirme le primat de l'individu ?

a) Comment expliquer ce boom

associatif ?b) Peut-on dire que le phénomène

associatif renouvelle les liens communautaires ?

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Tribu, façon de voir le monde Les liens amicaux en sont un autre exemple, les bandes, les réseaux sociaux, l’altermondialisme, l’investissement citoyen…

Ce sont donc des communautés, car peu marquées par l’utilité ou encore le lien marchand. Mais elles se différencient des anciennes communautés, traditionnelles, de naissance, non choisies.

le lien social est aujourd’hui différent : il se transforme et se recompose un lien qui unit sans trop serrer : liens plus nombreux et différents le déclin de la sociabilité est donc loin d’être attesté

L’individu appartient à divers « cercles sociaux » vers lesquels ses aspirations et ses intérêts le conduisent. Plus, le nombre de cercles est élevé et varié, plus il prend conscience de son individualité et mieux celle-ci se réalise.

La transformation de la société va plutôt dans le sens d’un renforcement des liens sociaux, d’un individualisme positif, relationnel, participatif L’individualisme créé du lien En même temps, la vitalité associative est autant un signe de vitalité du lien social, qu’un signe de son effritement :Cette effervescence associative peut aussi se comprendre comme le besoin de recréer du lien social dans une société atomisée. On recherche à créer du lien, non plus par le politique (baisse du militantisme, participation), ni par le travail, mais par le loisir. On peut dire que si on se sent le besoin de recréer du lien, c’est qu’il s’effrite ! C’est une sorte de réaction immunitaire contre une menace de désintégration.On se sent seul ? On crée une association, pour rencontrer, échanger, communiquer. Plus une société est individualiste, plus le besoin de créer du lien est fort.La progression de l’individualisme renouvelle, plus qu’elle ne met en danger, le lien social. Néanmoins, si ces liens sont plus nombreux et électifs, ils sont aussi plus fragiles…Mais évidemment, la cohésion sociale dépend aussi des grandes instances d’intégration des individus = les instances de socialisation ce st les lieux où les individus vont être socialisés et se socialiser.

B. L’évolution des instances d’intégration remet-elle en cause le lien social ?

On distingue en général quatre instances d’intégration principales : la famille, l’Etat, l’école et le travail, et les communautés (asso).On dit ajd que ces instances semblent être en crise : délitement de la famille traditionnelle, chômage de longue durée non combattu par l’école, abstention en hausse qui remet en cause la force de la citoyenneté.Quel impact ??

B1. La famille, entre crise et mutationLa famille = instance fondamentale de la soc°Document 4. Manuel p240 doc. 1 « La famille, une institution en évolution »Document 5. Manuel P240 doc. 2 « La famille, une institution en crise ? »

a) Quelles sont les transformations majeures de la famille ? Montée des divorces, recul du nb de mariages, de l’âge au mariage,

baisse de la fécondité, hausse familles monop et recomp, naissances hors mariage (50% des naissances). multiplication des modèles familiaux. Raisons sociales (évo mœurs, émancipation femmes, tolérance), raisons éco (travail femme, hausse PA), et politiques (droit au divorce, IVG, contraception, mariage pour tous)On dit de la famille qu’elle se désinstitutionnalise : n’est plus une institution stable, base de la société

b) Quelle incidence peut avoir ce processus de désinstitutionnalisation de la famille sur la socialisation et sur le lien social ? Le lien se déliterait avec la famille, enfants écartelés (cf dessin), nuisible à transmission N&V ? baisse contrôle familial ? baisse solidarité ? Liens électifs, pb isolement (cf canicule). Les liens sont plus ténus et peuvent se rompre plus facilement.

Document 6. Manuel P241 doc. 3 « L’importance du lien familial »

Montrer que les liens familiaux restent solides et se renouvellent. Faire des enfants reste un but, leur consacrer plus de temps car moins nombreux, aspiration au couple, liens choisis…

Du coup, la famille reste une institution : base de la société, transmet des normes et valeurs, fonctionnant avec des règles.

Avec le chômage qui touche les jeunes, le rallongement de la scolarité et la dépendance des seniors liée au vieillissement, la famille voit au contraire se renforcer son rôle d’instance de solidarité.

= plutôt que de parler de crise de la famille, il s’agit plutôt d’une transformation de la famille : plus flexible, plus ouverte, plus changeante, plus interactive, pas forcément moins solidaire dans les faits. Chapitre 6. Intégration, conflit, changement social |6Question I. Quels liens sociaux dans des sociétés où s'affirme le primat de l'individu ?

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La 2ème instance d’intégration est bien plus en crise B2. Le défi de l’intégration par l’école

Compléter le texte à l’aide des termes suivants : stratégies éducatives / méritocratique / l’égalité des chances / anomiques / l’élitisme / dévaluation / la socialisation/ valeurs/ culture commune/ démocratisationL’Ecole est un vecteur d’intégration pour les individus et participe donc à la cohésion sociale, par :

=> _____________________________ : apprentissage des normes, des valeurs et des conduites (respect des horaires, travail,

effort)

=> L’apprentissage de _____________________________ républicaines : grands principes démocratiques, formation à la

citoyenneté, le vote, l’intériorisation d’une culture commune (langue française, laïcité, valeurs patriotiques, références

culturelles et historiques…)

=> L’accès à la formation professionnelle : institution qui distribue les diplômes (permet l’intégration professionnelle, intégration

qui est moins liée à la naissance, participe à l’approfondissement de_____________________________). L’école poursuit un

objectif de _____________________________ de l’éducation tout en assurant une fonction de sélection afin de satisfaire les

exigences des sociétés modernes. Elle opère donc cette sélection en s’efforçant de respecter une égalité des chances entre les

élèves.

Une Ecole cependant confrontée à de nombreux défis :

=> Les inégalités scolaires reflètent très largement les inégalités sociales, économiques et culturelles au point de mettre en

question le principe _____________________________. A ce titre, _____________________________ républicain qui

caractérise la France, se solde par une excellente formation très sélective mais réservée à une minorité socialement favorisée…

et une part très importante d’élèves souvent peu favorisés socialement, avec des résultats peu brillants… d’où un classement

très moyen lors des comparaisons internationales.

=> Par ailleurs, la prééminence du rôle de l’école et du diplôme en matière d’insertion professionnelle – plutôt renforcée par les

problèmes de l’emploi et la _____________________________ des titres scolaires –, donne à l’Ecole un poids considérable sur

la destinée sociale des individus. Les _____________________________ des familles s’accentuent et contribuent ainsi à creuser

les inégalités scolaires.

=> Enfin, face à des publics scolaires plus hétérogènes à la fois sur le plan social et culturel, l’école éprouve davantage de

difficultés à transmettre une _____________________________. Dans ce contexte, l’échec scolaire est perçu comme un

stigmate et vécu comme une forme de mépris. L’institution scolaire est alors le théâtre de diverses manifestations

_____________________________ : violences, absentéisme, décrochage scolaire et déscolarisation.

=> Plus largement, l’Ecole souffre aujourd’hui d’un brouillage de ses missions : quel est le rôle de l’Ecole ? Résoudre des

problèmes d’emplois ? Eduquer des enfants qui s’adaptent difficilement ? Aider des élèves de plus en plus faibles qui arrivent

grâce à la massification ? Former des élites ? Sélectionner ou donner confiance en soi ? Face à ces objectifs parfois

contradictoires, les résultats ne peuvent être tous atteints.

B3. Le travail, entre intégration et exclusioni. Le « grand intégrateur »

Document 7. Le travail, c’est toujours plus que du travail !

a) Expliquer le titre du document. Le travail apporte un

revenu, permet donc de consommer (sté de C°), instance

Chapitre 6. Intégration, conflit, changement social |7Question I. Quels liens sociaux dans des sociétés où s'affirme le primat de l'individu ?

En %Diriez-vous que le travail…

Ensemble(Toutes PCS + inactifs)

Cadres Ouvriers

… est avant tout un moyen d’épanouissement personnel ? 34 47 18

… est surtout nécessaire pour trouver sa place dans la société ?

33 33 31

… est d’abord une contrainte pour gagner de l’argent ? 32 19 51

Sans opinion 1 1 0Total 100 100 100

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Travail

Intégration économique- revenu d’activité

- accès à la société de consommation- développement de liens marchands et de liens électifs

souvent associés aux loisirs.

Intégration politique et sociale- donne accès à des droits sociaux de protection des individus face

aux différents risques de la vie sociale.- apprentissage du conflit, de la coopération, de normes et de

valeurs : socialisation secondaire- création d’un réseau de sociabilité

- militantisme syndical

Permet la construction d’une identité sociale

- donne un statut aux individus- donne une reconnaissance sociale, une

dignité, une utilité

de soc° (coop°, négo, gest° conflits, apprentissage hiérarchie, prise de respté, vie en sté face aux contraintes. Donnent droit à des PS, lien avec syndicats, relat° avec collègues (gpes de pairs, rsx de sociabilité, vie hors travail, asso liées à l’entreprise, identité sociale par le L, on s’intègre à la socté (économiquement, sclt, prof, et politique)

b) Pourquoi les différentes catégories n’ont-elles pas la même vision du travail ? le travail est + valorisant chez les cadres, rgd des autres + valorisants, + gd sentiment d’utilité, cf pyramide de Maslow

c) Compléter le schéma ci-dessous montrant que le travail est au cœur de l’intégration sociale, à l’aide des termes suivants : droits sociaux / statut / société de consommation / socialisation secondaire / revenu / électifs / utilité / sociabilité / identité sociale

ii. Un affaiblissement du rôle intégrateur du travail Le contexte est comme on l’a dit, une montée du chômage : un chômage plus long et qui touche toutes les catégories sociales. Le chômage c’est par définition, la perte du lien avec le travail. La crise du travail, c’est aussi, la montée de la précarité : même si les 2/3 des emplois sont encore des CDI, on observe une forte progression des emplois atypiques.

Document 8L’emploi n’est pas seulement un moyen d’obtenir un salaire en fin de mois, il permet d’accéder à une série de droits sociaux (notamment la retraite) ce que l’individu intègre lors de sa prise de décision. Selon Robert Castel, l’éloignement du marché du travail est un facteur de «désaffiliation», c’est-à-dire de décrochage par rapport aux solidarités issues de la sphère de l’emploi. L’emploi est également source de reconnaissance sociale et facteur d’intégration des individus dans la société, ce qui le rend attractif en soi, même pour une faible rémunération. […] Les transformations qui vont dans le sens d’une plus grande flexibilité, à la fois dans le travail et hors travail (dans la famille par exemple), ont sans doute un caractère irréversible. La segmentation des emplois, comme l’irrésistible montée des services, entraîne une individualisation des comportements au travail toute différente des régulations collectives de l’organisation « fordiste ». Il ne suffit plus de savoir travailler, mais il faut tout autant savoir vendre et se vendre. Les individus sont ainsi poussés à définir eux-mêmes leur identité professionnelle et à la faire reconnaître dans une interaction qui mobilise autant un capital personnel qu’une compétence technique générale. En d’autres termes, il faut « avoir de la personnalité », se différencier des autres. […]Ce processus général peut avoir des effets contrastés. Côté travail, l’individualisation des tâches permet à certains d’échapper aux carcans collectifs et de mieux exprimer leur identité à travers leur emploi. Pour d’autres elle signifie segmentation et fragmentation des tâches, précarité, isolement et perte de protections.

Source : Robert Castel, Les métamorphoses de la question sociale, 1995

a) Quel est l’impact direct du chômage ou de la précarité sur le lien social ?b) Comment expliquer le processus de désaffiliation.c) Quelle autre transformation du travail, mentionnée dans le texte, peut être source d’anomie pour les individus ?

a)- des revenus irréguliers, les individus peuvent donc basculer dans le chômage de longue durée, ou la pauvreté.- Un sentiment d’inutilité sociale, de non appartenance à la société- Une perte des réseaux de sociabilité- Une perte de loisirs et des liens électifs associés- Une perte de droits sociaux et d’insertions dans des relations professionnelles, syndicales- Des phénomènes de disqualification sociale : le pauvre est méprisé, considéré comme un assisté donc on soupçonne la paresse et la

responsabilité individuelle.

b)La perte d’un emploi fragilise l’individu dans toutes les dimensions intégratrices de l’individu. A partir de là, le principal lien/ fil qui relie l’individu à la société est rompu et il perd bien plus qu’un travail.

Chapitre 6. Intégration, conflit, changement social |8Question I. Quels liens sociaux dans des sociétés où s'affirme le primat de l'individu ?

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possibles ruptures en chaîne : professionnelle et familiale (sociétaire et communautaire). Peut mener jusqu’à la rupture et la disqualification sociale

La fragilité provient de difficultés diverses, qu’il s’agisse de la perte d’un emploi ou d’un logement, ou encore de l’impossibilité de s’insérer dans le monde du travail. Ces individus « déclassés » n’en conservent pas moins l’espoir de retrouver des conditions de vie meilleures. La dépendance constitue quant à elle une phase d’intériorisation de l’échec et de l’impossibilité de le conjurer. Renonçant progressivement à rechercher un emploi, ces personnes s’installent dans une identité nouvelle, celle des assistés. La rupture correspond enfin aux situations de graves difficultés matérielles et de forte stigmatisation. Désaffiliation : processus de fragilisation progressive du lien social, du fait de la rupture du lien familial et du lien avec le travail (chômage ou précarité). Notion de Robert CastelDisqualification : processus d’exclusion du fait de l’intériorisation d’une étiquette d « exclus » ou « d’assistés ». L’exclusion se construit alors dans l’interaction avec les autres. Notion de Serge Paugam.

c)Anomie : affaiblissement de l’influence des normes et des valeurs sur les comportements sociaux Il s’agit d’un dérèglement social, d’abord mis en évidence par Durkheim, lorsqu’il a étudié les transformations sociales générées par la RI

Ex de causes de l’anomie : - affaiblissement du contrôle social (des parents), - désirs disproportionnés par rapport aux moyens objectifs- organisation du travail individualisée

=> absence de communication entre collègues, montée de la polyvalence, solitude dans les tâches à effectuer, pression de la hiérarchie, alourdissement de la charge de travail, management des objectifs, PME et fin de grandes entreprises syndicalisées.

L’individualisme se propage dans le travail, au sein des familles. Certains le vivent bien, car ils peuvent enfin s’exprimer pleinement.Certains développent aussi un individualisme négatif (selon Castel) : ce n’est plus l’individualisme qui permet de s’émanciper des anciennes tutelles et de se réaliser. C’est un individualisme, une exigence d’autonomie qui pousse chacun à être lui-même. Et quand on est personne, cela devient douloureux. Un individualisme au travail peut signifier isolement et culpabilité en cas d’échec. Cette « authenticité » exigée, entraîne certains à une certaine fatigue d’eux-mêmes. (D’où la montée des suicides, le fait que les français soient très consommateurs d’alcool, de tabac, des incivilités…)

BilanCompléter le texte à l’aide des termes suivants : l’exclusion / économique/ communautaires / l’organisation du travail/ chômage/ précarité/ disqualification sociale/ organiques

Le travail reste un facteur essentiel d’intégration sociale. Car le travail structure la vie en société : notre société s’est construite

sur le lien économique, le travail. Il rend compatible le processus d’individualisation et la cohésion sociale en développant des

liens organiques, comme le supposait Durkheim.

Mais les mutations de l’emploi (chômage et précarité) affectent irrémédiablement la fonction d’intégration du travail. Ainsi,

l’expérience du chômage, souvent douloureuse, risque de dégénérer en un processus cumulatif de rupture des différents types

de liens sociaux. La crise du salariat ouvre donc la voie à l’exclusion, à la fragilisation de la cohésion sociale et à des phénomènes

de disqualification sociale. La hausse des emplois atypiques (CDD, intérim, emplois partiels parfois subis, contrats aidés) rend

également plus compliquée la mission intégratrice du travail.

Mais la question n’est pas seulement d’avoir un emploi, ni même d’avoir un emploi stable, mais aussi de s’épanouir au travail :

c’est aussi un facteur important de création de lien social. Là encore, le renforcement des contraintes professionnelles, dans un

environnement économique plus risqué, les mutations de l’organisation du travail (flexibilité, intensification du travail et

individualisation de la gestion des ressources humaines), place les travailleurs dans des situations de stress qui génèrent des

problèmes de santé et un mal-être aux conséquences plus ou moins graves.

La crise de l’emploi a donc profondément bouleversé le lien social qui se créait au travail : c’est donc d’autant plus grave que le

travail s’est imposé face aux autres liens, et notamment communautaires comme « nœud » du lien social dans les sociétés

industrielles.

Chapitre 6. Intégration, conflit, changement social |9Question I. Quels liens sociaux dans des sociétés où s'affirme le primat de l'individu ?