stanley kubrick

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Stanley Kubrick Pour les articles homonymes, voir Stanley. Stanley Kubrick Autoportrait de Kubrick avec un Leica III (extrait du livre Drame et Ombres). Stanley Kubrick est un réalisateur, photographe, scénariste et producteur américain né le 26 juillet 1928 dans la ville de New York à Manhattan [1] , [2] , et mort le 7 mars 1999 dans son manoir de Childwickbury, entre St Albans et Harpenden (Hertfordshire, nord de Londres). Après des débuts dans la photographie, Kubrick, autodidacte, sera également son propre directeur de la photographie, producteur, scénariste ou encore monteur. Ses treize longs métrages en quarante-six ans de carrière l'imposent comme un cinéaste majeur du XX e siècle. Quatre de ses films sont classés dans le top-100 de l'American Film Institute. Actuellement, sept de ses films sont classés dans le top 250 de l'IMDB (Internet Movies DataBase). 1 Biographie Stanley Kubrick a toujours été réticent à s’entretenir sur ses œuvres, laissant au spectateur la liberté de formuler sa propre interprétation. Les deux principaux livres aux- quels il a participé activement avec Michel Ciment et Alexander Walker sont consacrés au récit (image et son) et à la symbolique de ses films. 1.1 Débuts dans la photographie Stanley Kubrick se photographiant devant un miroir avec Rose- mary Williams, 1949 Stanley Kubrick est issu d'une famille juive originaire d'Europe centrale [3] habitant dans le quartier du Bronx. Son père, Jacques (Jacob) Leonard Kubrick (1901- 1985), né aux États-Unis d'une mère roumaine et d'un père austro-hongrois, était cardiologue, pianiste et photo- graphe amateur. Il apprend à son fils Stanley âgé de douze ans à jouer aux échecs [4] . Cette passion suivra Stanley Kubrick toute sa vie [5] . Sa mère Gertrude, née Perveler (1903-1985), chanteuse et danseuse, lui a donné le goût des livres et de la lecture. Il a une sœur cadette, Barbara, née en 1934. De 1940 à 1945, Kubrick ne trouve aucun intérêt à l'école. Mis à part la physique, rien ne l'intéresse, et il n'arrive pas à obtenir une moyenne suffisante pour s’ins- crire à l'université. D'autant plus que la guerre terminée, nombre de soldats revenant du front tentent d'y entrer, mais les inscriptions sont limitées [3] . Pour son treizième anniversaire, son père lui offre son premier appareil photo. Cette nouvelle activité le pas- sionne et lui fait oublier sa passion de jeunesse, le jazz, et son rêve de devenir batteur de jazz professionnel [3] . Il prend de nombreuses photos et les développe avec un ami dans la chambre noire familiale. Il devient le photo- graphe officiel de son collège et a pour idole le reporter- photographe Weegee [6] . En avril 1945, à l'âge de 16 ans, il réussit à vendre au magazine illustré Look une photographie d'un vendeur de journaux en larmes après la mort de Franklin D. Roo- sevelt, qu'il a prise alors qu'il se rendait au lycée [3] . La rédactrice en chef l'engage comme photographe indépen- dant, « par pitié » dira-t-il plus tard. Stanley Kubrick y travaille durant quatre ans et y apprend les ficelles du mé- tier, la composition d'une image, les éclairages, l'usage des extérieurs et l'art de saisir le mouvement [7] . Plutôt perfectionniste, il lui arrive de prendre plusieurs centaines de clichés pour réaliser une seule photo [8] . Grand ama- teur de boxe, son premier « photos-récit » intitulé Prize- fighter (Le Professionnel) raconte une journée de la vie du boxeur Walter Cartier. C'est ce photo-récit qui sera à l'origine de son premier film : Day of the Fight. En 1947, à l'âge de 18 ans, il se marie avec une camarade de classe de la Taft High School, Toba Metz. Ils s’ins- tallent au Greenwich Village deux ans plus tard [9] . 1.2 Un destin de réalisateur Pendant ses premières années de photographe de ma- gazine, Kubrick fréquente assidûment les salles de ci- néma. Ses goûts sont éclectiques, avec une préférence, comme il le dit en 1963 dans la revue Cinéma, pour 1

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Page 1: Stanley Kubrick

Stanley Kubrick

Pour les articles homonymes, voir Stanley.Stanley Kubrick

Autoportrait de Kubrick avec un Leica III(extrait du livre Drame et Ombres).Stanley Kubrick est un réalisateur, photographe,scénariste et producteur américain né le 26 juillet 1928dans la ville de New York à Manhattan[1],[2], et mort le 7mars 1999 dans son manoir de Childwickbury, entre StAlbans et Harpenden (Hertfordshire, nord de Londres).Après des débuts dans la photographie, Kubrick,autodidacte, sera également son propre directeur de laphotographie, producteur, scénariste ou encore monteur.Ses treize longs métrages en quarante-six ans de carrièrel'imposent comme un cinéaste majeur du XXe siècle.Quatre de ses films sont classés dans le top-100 del'American Film Institute. Actuellement, sept de ses filmssont classés dans le top 250 de l'IMDB (Internet MoviesDataBase).

1 Biographie

Stanley Kubrick a toujours été réticent à s’entretenir surses œuvres, laissant au spectateur la liberté de formulersa propre interprétation. Les deux principaux livres aux-quels il a participé activement avec Michel Ciment etAlexander Walker sont consacrés au récit (image et son)et à la symbolique de ses films.

1.1 Débuts dans la photographie

Stanley Kubrick se photographiant devant un miroir avec Rose-mary Williams, 1949

Stanley Kubrick est issu d'une famille juive originaired'Europe centrale[3] habitant dans le quartier du Bronx.

Son père, Jacques (Jacob) Leonard Kubrick (1901-1985), né aux États-Unis d'une mère roumaine et d'unpère austro-hongrois, était cardiologue, pianiste et photo-graphe amateur. Il apprend à son fils Stanley âgé de douzeans à jouer aux échecs[4]. Cette passion suivra StanleyKubrick toute sa vie[5]. Sa mère Gertrude, née Perveler(1903−1985), chanteuse et danseuse, lui a donné le goûtdes livres et de la lecture. Il a une sœur cadette, Barbara,née en 1934.De 1940 à 1945, Kubrick ne trouve aucun intérêt àl'école. Mis à part la physique, rien ne l'intéresse, et iln'arrive pas à obtenir une moyenne suffisante pour s’ins-crire à l'université. D'autant plus que la guerre terminée,nombre de soldats revenant du front tentent d'y entrer,mais les inscriptions sont limitées[3].Pour son treizième anniversaire, son père lui offre sonpremier appareil photo. Cette nouvelle activité le pas-sionne et lui fait oublier sa passion de jeunesse, le jazz,et son rêve de devenir batteur de jazz professionnel[3].Il prend de nombreuses photos et les développe avec unami dans la chambre noire familiale. Il devient le photo-graphe officiel de son collège et a pour idole le reporter-photographe Weegee[6].En avril 1945, à l'âge de 16 ans, il réussit à vendre aumagazine illustré Look une photographie d'un vendeur dejournaux en larmes après la mort de Franklin D. Roo-sevelt, qu'il a prise alors qu'il se rendait au lycée[3]. Larédactrice en chef l'engage comme photographe indépen-dant, « par pitié » dira-t-il plus tard. Stanley Kubrick ytravaille durant quatre ans et y apprend les ficelles du mé-tier, la composition d'une image, les éclairages, l'usagedes extérieurs et l'art de saisir le mouvement[7]. Plutôtperfectionniste, il lui arrive de prendre plusieurs centainesde clichés pour réaliser une seule photo[8]. Grand ama-teur de boxe, son premier « photos-récit » intitulé Prize-fighter (Le Professionnel) raconte une journée de la viedu boxeur Walter Cartier. C'est ce photo-récit qui sera àl'origine de son premier film : Day of the Fight.En 1947, à l'âge de 18 ans, il se marie avec une camaradede classe de la Taft High School, Toba Metz. Ils s’ins-tallent au Greenwich Village deux ans plus tard[9].

1.2 Un destin de réalisateur

Pendant ses premières années de photographe de ma-gazine, Kubrick fréquente assidûment les salles de ci-néma. Ses goûts sont éclectiques, avec une préférence,comme il le dit en 1963 dans la revue Cinéma, pour

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Page 2: Stanley Kubrick

2 1 BIOGRAPHIE

le cinéma d'auteur européen comme Ingmar Bergman,Michelangelo Antonioni, Federico Fellini[9]. Les films deMax Ophüls comme Le Plaisir ou Madame de... — mou-vement complexe et sans heurt de la caméra, travelling —influencent le jeune Stanley Kubrick.En 1950, l'autodidacte Stanley Kubrick, âgé de 22 ans,se décide à sauter le pas et se lance dans le cinéma. Pourlui, sa meilleure formation, ce sont les longues séancescinématographiques qu'il s’impose, des meilleurs films aupire des navets. « Je ne peux pas faire pire » se dit-il[10].

1.2.1 Courts métrages et série TV

Dans ses premiers films, Kubrick fait tout lui-même : il està la fois scénariste, cadreur, ingénieur du son, monteur etréalisateur.Entre 1950 et 1951, Kubrick réalise deux documentaires,consacrés l'un à un boxeur, l'autre à un missionnaire. Ilreprend l'idée de son photos-récit Prizefighter et réaliseavec Alexander Singer, un camarade de classe, le courtmétrage Day of the Fight — une journée de la vie duboxeur Walter Cartier —, filmé comme un reportage. Au-tofinancé avec un budget de 3 900 $, le documentaire estvendu à RKO Pictures avec seulement 100 $ de bénéfice.Pour Flying Padre, Stanley Kubrick reprend la même idéeet suit durant deux jours Fred Stadtmueller, un mission-naire catholique. D'une durée de 9 minutes, ce film est enpartie financé et distribué par RKO.Les deux documentaires sont des succès mineurs, maisKubrick se fait remarquer par le brillant de sa photogra-phie. Lui-même dira : « Même si mes deux premiers filmsétaient mauvais, ils étaient bien photographiés[11]. »En 1951, il divorce de Toba Metz. L'année suivante, à lademande de Richard de Rochemont, futur producteur deson premier film Fear and Desire, Kubrick est réalisateurd'une deuxième équipe sur une séquence d'un omnibusconsacré à Abraham Lincoln. Par la suite, il réalise plu-sieurs épisodes, toujours en qualité d'assistant réalisateur.C'est en 1953 qu'il réalise son premier documentaire encouleurs, The Seafarers. Dans ce film promotionnel sur lamarine marchande, on retrouve les travellings à la MaxOphüls[12].

1.2.2 Premiers longs métrages

Articles connexes : Fear and Desire et Le Baiser du tueur.

Pour réaliser son premier long métrage Fear and Desire,Kubrick emprunte à sa famille 9 000 $. Il persuade unami poète de lui écrire un scénario original : l'histoire d'ungroupe de soldats chargés d'éliminer une troupe ennemiedans une guerre fictive ; à la fin du film, les soldats voientleurs propres visages dans ceux de leurs ennemis. Le réa-lisateur tourne son film en 35 mm noir et blanc près deLos Angeles. Une nouvelle fois, il fait tout. Il décide de

ne pas enregistrer le son avec les images et son erreur luicoûte 30 000 $ de post-synchronisation. Malgré tout, il estfier d'avoir réussi à terminer son film. Plus tard, il quali-fiera son film de « tentative inepte et prétentieuse »[13] etdécidera de le retirer des circuits de distribution et d'eninterdire toute projection.Encouragé par une critique honorable, Stanley Kubrickquitte définitivement le magazine Look bien que le filmsoit un échec commercial. C'est lors du tournage du filmqu'il rencontre sa future femme, Ruth Sobotka.En 1954, Le Baiser du tueur (Killer’s Kiss), son secondlong-métrage, film très court tourné dans les rues de NewYork, raconte l'histoire d'un boxeur minable obligé de fuirla mafia. L’histoire manque d'originalité — c'est le seulscénario original écrit par Kubrick — mais ce film dé-montre son talent à jouer avec l'ombre et la lumière[14] etconfirme sa maîtrise technique dans la scène de règlementde comptes dans un entrepôt de mannequins.Sa réalisation est récompensée par un Léopard d'or auFestival international du film de Locarno.

1.3 Les débuts de la collaboration avecJames Harris

Articles connexes : L'Ultime Razzia et Les Sentiers de lagloire.

Le Baiser du tueur attire l'attention de James B. Harris,producteur indépendant qui a de bonnes relations avecles majors de Hollywood. C'est Alexander Singer, qui aconnu Harris quelques années auparavant, qui fait se ren-contrer les deux hommes. Cette rencontre est décisive,et ensemble ils fondent la Harris-Kubrick Pictures alorsqu'ils ne sont tous les deux âgés que de 26 ans[15].Deux ans plus tard, en 1956, naît de leur associa-tion le troisième film de Kubrick, L'Ultime Razzia (TheKilling)[15], le premier grand film avec un budget de 320000 $ financé en partie par Harris et les United Artists.Pour la première fois le réalisateur dispose d'acteurs pro-fessionnels et d'une équipe technique complète. Encoreune fois, l’histoire n'a rien d'exceptionnel : un tireur em-busqué doit abattre le cheval de tête dans une course hip-pique pour créer une diversion et ainsi faciliter le bra-quage de la caisse des paris. Un film noir de braquagecomme il en existe beaucoup à cette époque, mais Stan-ley Kubrick fragmente l'histoire que seule la voix off trèsinfluencée par Citizen Kane d'Orson Welles permet dereconstituer. Plus d'une décennie plus tard, la critiquePauline Kael considérait que L'Ultime Razzia avait lancéla carrière de Kubrick. Elle ne s’était pas trompée. Leurschemins vont souvent se croiser par la suite car elle va dé-tester tous ses films : « une froide et distante atmosphère,des films qui n'ont pas d'âme[16]. »Au cours du tournage, Kubrick affirme son autorité :alors que le directeur de la photographie, Lucien Ballard,

Page 3: Stanley Kubrick

1.4 Un bref passage à Hollywood 3

change l’objectif que Kubrick avait choisi pour une scèneavec un travelling, ainsi que son emplacement en lui ex-pliquant que cela n’aura aucune incidence sur les change-ments de perspective, calmement, le cinéaste lui intimel’ordre de remettre la caméra à son emplacement d’ori-gine avec l’objectif initial, ou bien de quitter le plateau etde ne jamais y revenir[14]. Ballard obéit et le tournage setermine tranquillement.Malgré un budget important, Kubrick n’apparaît encoredans ce film que comme l’un des nouveaux maîtres dela série B[17]. Orson Welles, interrogé par André Bazinsur les autres cinéastes, déclare : « L'Ultime Razzia deKubrick n'est pas trop mal ». Dans la revue Cahiers ducinéma, Jean-Luc Godard lui reconnaît quelques qualitéstempérées : « C'est le film d'un bon élève sans plus. Ce quicorrespond chez Ophüls à une certaine vision du monden'est chez Kubrick qu'esbroufe gratuite. Mais il faut louerl'ingéniosité de l'adaptation qui, adoptant systématique-ment la déchronologie des actions, sait nous intéresser àune intrigue qui ne sort pas des sentiers battus[18]. »

Kirk Douglas en 1952

L'Ultime Razzia étant un succès, United Artists acceptede financer à hauteur d'un million de dollars le prochainfilm de Harris-Kubrick tiré d'un best-seller américainde 1935, The Paths of Glory, inspiré d'événements réelss’étant produits en 1915, l'affaire des caporaux de Souain,fusillés « pour l'exemple », et pas du tout des mutine-ries de 1917 comme on le dit couramment. Les fusillésde Souain n'étaient aucunement des « mutins », ce quirend leur condamnation encore plus insupportable. Harrisne disposant que d'un budget très modeste selon les cri-tères hollywoodiens et d'un scénario de Kubrick, CalderWillingham et Jim Thompson, le projet ne suscite guèred'enthousiasme auprès des majors. Tout bascule quandHarris envoie une copie du scénario à Kirk Douglas, le-quel répond : « Stanley, je crois que ce film ne fera pasun rond, mais il faut absolument le tourner[19] ». En 1957,sept ans après son premier court-métrage, Kubrick dirigeKirk Douglas dans le film sur l’absurdité de la guerre, LesSentiers de la gloire.Le film se déroule durant la Première Guerre mondiale.

Un général de l'armée française décide de lancer unede ses unités dans des attaques désespérées contre leslignes allemandes retranchées à Verdun. Pour l’exemple,trois soldats innocents seront fusillés pour lâcheté. Le filmest entièrement tourné en Allemagne avec 800 policiersallemands pour jouer les troupes françaises. Les scènes enintérieur sont tournées au studio Geiselgasteig à Munich.On y voit apparaître des séquences qui caractérisent Ku-brick et qu'il ne cesse de perfectionner par la suite :travelling compensé arrière, utilisation de la musique etmouvements de caméra sans heurt filmés avec une Dollypour la marche ininterrompue du colonel Dax dans lestranchées. Cette scène est d'ailleurs similaire à celle dulabyrinthe de Shining filmée en steadicam. La scène duchant de la jeune prisonnière, jouée par sa future épouse,l'actrice allemande et nièce de Veit Harlan Christiane Su-sanne Harlan, montre la capacité de Kubrick à filmerl'émotion sans tomber dans la sensiblerie[14]. Il divorcede Ruth Sobotka en 1957 pour épouser en 1958 Chris-tiane Harlan qu'il a rencontrée pendant le tournage. Sonfrère, Jan Harlan, deviendra le producteur délégué du réa-lisateur à partir de 1975.Dans ce film apparaissent deux thèmes de prédilection deKubrick : la double personnalité et un monde au bord del'effondrement. Dans le livre et dans le film, les person-nages sont clairement identifiés, avec le colonel Dax (KirkDouglas), homme sobre, intelligent et courageux, et legénéral Mireau (George Macready), vaniteux, ambitieuxet incompétent. Le personnage le plus machiavélique dufilm est le général Broulard (Adolphe Menjou). Kubrickjoue habilement avec la bonhomie du personnage rusé etraffiné mais s’avérant incroyablement amoral (il va dé-truire les dernières illusions du colonel et ruiner définiti-vement la carrière du général) et sans aucune pitié enversles hommes de troupe.Le film est projeté à Munich le 18 septembre 1957[20].Il est perçu comme une critique directe de l'armée fran-çaise, par la cruauté des scènes finales et la satire violentedes états-majors français, même si le film souffre de nom-breuses invraisemblances. Il reçoit plusieurs récompensesdont le prix Chevalier de la Barre. Sous la pressiond'associations d'anciens combattants français et belges, legouvernement français proteste auprès de la United Ar-tists, mais ne demande pas la censure du film. Devantl'ampleur du mouvement contestataire, les producteursdu film décident de ne pas le distribuer. De nombreuxpays en Europe, comme la Suisse, refusent également dele diffuser[21]. C'est dix-huit ans plus tard, en 1975, quele film est finalement projeté en France[22].

1.4 Un bref passage à Hollywood

De retour aux États-Unis, Stanley Kubrick écrit deux scé-narios qui seront refusés par les majors hollywoodiens.La MGM lui propose de travailler sur le scénario d'unwestern avec comme vedette Marlon Brando. Après sixmois de travail de préparation, le cinéaste et l’acteur se

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4 1 BIOGRAPHIE

Kubrick dirigeant Woody Strode et Kirk Douglas sur le tournagede Spartacus.

Marlon Brando en 1963

fâchent. Marlon Brando, star hollywoodienne, obtient fa-cilement le départ de Kubrick et décide de réaliser lui-même La Vengeance aux deux visages.Au même moment sur un autre film, Kirk Douglas, acteuret producteur principal du péplum Spartacus, insatisfaitdu travail d'Anthony Mann, sollicite Stanley Kubrickpour terminer le film. Après le succès commercial desSentiers de la gloire, celui-ci accepte et termine le film.Le tournage dure 167 jours, partagé entre la Californieet l’Espagne pour les scènes de combat tournées avec 10000 figurants issus de l'armée espagnole.Mais des conflits artistiques apparaissent rapidemententre Kirk Douglas et Russell Metty, le directeur de laphotographie. Kubrick intervient également sur le scéna-rio fondé sur l'histoire vraie du soulèvement d’esclavesromains qu'il trouve moralisateur et sans intérêt[23]. Lefilm sort en 1960, il obtient un grand succès critique etcommercial et gagne quatre Oscars. Quelques années plustard, Stanley Kubrick renie le film dont il garde un sou-venir amer[24]. Dans l'œuvre de Kubrick, c'est son filmle plus impersonnel[25], le film reprenant l'intrigue et letraitement du roman historique de Howard Fast.Article connexe : Spartacus.

1.5 Les derniers films en noir et blanc

Articles connexes : Lolita et Docteur Folamour.

En 1962, pour la réalisation de Lolita, le réalisa-teur préfère éviter la censure et les ligues puritainesaméricaines[26] et se tourne vers l'Angleterre pour le tour-nage. Il avait prévu de revenir ensuite aux États-Unis maispour son projet suivant, Docteur Folamour, l'acteur prin-cipal qu'il a choisi, l'anglais Peter Sellers, ne peut pas quit-ter le territoire car il est au milieu d'une procédure de di-vorce. Pendant le tournage de Lolita, Kubrick achète unegrande maison au nord de Londres où il s’installera avecsa famille[27]. Il dira : « À côté de Hollywood, Londresest probablement le deuxième meilleur endroit pour faireun film, en raison du degré d'expertise technique et deséquipements que vous trouvez en Angleterre », de plus,malgré sa licence de pilote amateur, Kubrick n'aime pasprendre l'avion[28].Stanley Kubrick réalise donc Lolita, son premier film po-lémique, sur le sol anglais, d'après le roman éponyme deVladimir Nabokov. Le livre avait été publié pour la pre-mière fois en France comme ouvrage pornographique.Pour la rédaction du scénario, le cinéaste travaille enétroite collaboration avec Vladimir Nabokov. Ils écriventensemble une nouvelle version du roman qui est jugé plusacceptable pour un film commercial et la morale imposéeau cinéma en 1962.

James Mason en 1959.

Le film raconte l'histoire d'un homme d'âge mûr, Hum-bert Humbert, joué par James Mason, pris d'une passionardente pour une adolescente, Lolita, âgée de 12 ans dansle livre, 15 ans dans le film, interprétée par Sue Lyon quiobtiendra le Golden Globe de la meilleure actrice. PeterSellers y fait une interprétation remarquée.Le film, tout comme le roman, provoque la colère despuritains qui le trouvent trop sulfureux malgré sa miseen scène très chaste, bien éloignée des allusions sexuellesexplicites de l'ouvrage de Nabokov. À la sortie du film,Stanley Kubrick reconnaît que s’il avait pu prévoir la sé-vérité des censeurs américains qui l'obligent à couper desscènes au montage et à remanier certaines séquences ju-gées trop licencieuses, il aurait probablement renoncé àla réalisation du film[14].Le film est présenté à la Mostra de Venise en 1962, mais

Page 5: Stanley Kubrick

1.6 Le passage à la couleur 5

la critique est déçue[29]. Le schéma d'accueil de ses filmspar la critique, dont la plus virulente est Pauline Kael, se-ra toujours le même par la suite : une partie ne lui fait pasde cadeau, tandis que l'autre l'admire. Ce premier filmpolémique est un succès outre-Atlantique, sans nul doutenourri par la controverse. En 1963, Jean-Luc Godard dé-crit Lolita comme un « […] film simple et lucide, avecdes dialogues justes, qui montre l'Amérique et son purita-nisme mieux que Melville et Reichenbach, et prouve queKubrick ne doit pas abandonner le cinéma, à condition defilmer des personnages qui existent […][30] ». En 1998,Sue Lyon déclare à l'agence Reuters que Lolita est le filmqui a « causé [sa] destruction en tant que personne ». Ils’agit du dernier film produit par le duo Kubrick-Harris.Après ce long-métrage, Stanley Kubrick produit et réaliseseul ses films, en laissant la distribution à la Warner BrosPictures.En 1963, Kubrick prépare son second film polémique etle premier opus d'une trilogie de films de science-fiction,Docteur Folamour ou : Comment j'ai appris à cesser dem'inquiéter et à aimer la bombe, considéré comme unchef-d'œuvre d'humour noir. Kubrick se tient constam-ment au courant de l’actualité et s’abonne à des revues mi-litaires et scientifiques[31]. Il lit le roman de Peter George,RedAlert, paru en Angleterre sous le titre deTwoHours toDoom[31]. Il réfléchit depuis longtemps à une histoire oùune guerre nucléaire serait déclenchée soit par accident,soit à cause de la folie d’un personnage. Le roman de PeterGeorge correspond à ses attentes. Il s’associe avec PeterGeorge et Terry Southern, scénariste d'Easy Rider, pourpréparer le script, et travaille la photographie du film avecWeegee.Le tournage débute le 26 janvier 1963, aux studios deShepperton à Londres, pour s’achever quatre mois plustard[32]. La distribution comprend Peter Sellers qui tientles rôles du président des États-Unis, du docteur Fola-mour, ancien chercheur nazi et handicapé recruté parl'armée américaine (clin d'œil à la trajectoire de plusieursscientifiques nazis, dont Wernher von Braun), et du colo-nel britannique Lionel Mandrake. Une très grande libertéd’improvisation est laissée à Peter Sellers, filmé par troiscaméras, tandis que le reste de la distribution et l’équipetechnique doivent observer une grande rigueur. Le filmdoit se conclure par une bataille de tartes à la crème dansla salle de guerre, avec le président et tous ses conseillersmilitaires. La scène est filmée, nécessitant des semainesde tournage, mais Kubrick décide de la retirer du mon-tage final.Farce burlesque où la guerre nucléaire totale est décla-rée à la suite de l'action d'un commandant devenu fou etd'un système de défense automatique, ainsi que satire desmilieux politico-militaires, ce nouveau film sort en pleineGuerre froide. Le risque de voir l’un des deux protago-nistes employer l’arme atomique est élevé. Un problèmede taille apparaît : un film réalisé par Sidney Lumet, Pointlimite, avec Henry Fonda dans le rôle principal, traitant dumême sujet, est sur le point de sortir. Stanley Kubrick in-

tente un procès pour plagiat, et obtient gain de cause. Lefilm de Lumet ne sortira qu’en octobre 1964 tandis queDocteur Folamour sort sur les écrans le 29 janvier 1964et se trouve nommé pour quatre Oscars (meilleur film,meilleur réalisateur, meilleur acteur, meilleure adaptationcinématographique).

1.6 Le passage à la couleur

Articles connexes : 2001, l'Odyssée de l'espace, Orangemécanique, Barry Lyndon, Shining, Full Metal Jacket etEyes Wide Shut.À partir de ce moment, installé définitivement en An-

Japet, satellite de Saturne. Dans le roman Arthur C. Clarke : « laporte des étoiles, au centre de laquelle se trouve un monolithe deprès de 600 mètres de haut ».

gleterre, le cinéaste travaille de plus en plus lentement,poussant de plus en plus loin son perfectionnisme et savolonté d'expérimentation technique. Il va passer cinq ansà développer son film suivant 2001, l'Odyssée de l'espace.Le 22 avril 1964, Kubrick rencontre Arthur C. Clarke aurestaurant Trader Vic’s du Plaza Hotel de New York[33].Pour imaginer le monolithe noir, clé de voûte du film,les deux coscénaristes font la tournée des galeries d'artle mois suivant leur rencontre[34]. Selon le sémiologuefrançais Alexandre Bourmeyster, ils se seraient inspirésdes œuvres du peintre Georges Yatridès[35], alors misen valeur par un des plus grands marchands de tableauxdu moment, S.E. Johnson, qui exposait les œuvres del'artiste de manière permanente aux International Galle-ries à Chicago[36].Le tournage du film débute le 29 décembre 1965, sousle titre provisoire de Voyage au-delà des étoiles[37]. Il sedéroule dans un premier temps aux studios de Shepper-ton, puis se poursuit aux Studios d'Elstree, plus prochesde la villa où Kubrick a emménagé. MGM et Cineramafinancent le film, dont le budget s’élève à six millions de

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6 1 BIOGRAPHIE

dollars[38]. Pour la première fois, le cinéaste interdit leplateau de tournage à la presse, ce qu’il fera systémati-quement par la suite.Artistiquement, 2001 a été un changement radical dansles films de science-fiction. Stanley Kubrick n’étant pasun partisan des films où les décors et les monstres sonten papier mâché ou en carton, il souhaite que les décorsde son film soient techniquement réalisables dans le futurqu’il présente. C’est Tom Howard, lauréat de l’Oscar desmeilleurs effets visuels en 1947 pour L'esprit s’amuse eten 1959 pour Les Aventures de Tom Pouce, qui est char-gé de concevoir la savane préhistorique[39]. Wally Vee-vers conçoit les véhicules spatiaux et le bus lunaire. Onconstruit également une centrifugeuse de 750 000 dol-lars. Pour les effets spéciaux, Kubrick s’entoure d’émi-nents collaborateurs parmi lesquels Harry Lange (en), an-cien conseiller de la NASA, et Marvin Minsky, directeurd’un laboratoire d’intelligence artificielle[39].George Lucas, créateur de Star Wars, déclarera après lamort de Kubrick que si ce film n'avait pas été fait, il n’au-rait probablement jamais réalisé sa saga. Kubrick reçoitl'Oscar des meilleurs effets visuels, le seul et unique Oscarde sa carrière, pour la qualité de son travail. Une équipe l'aaidé dans cette tâche, mais comme il est à la fois concep-teur et créateur de quasiment tous les effets spéciaux dufilm, c'est à lui que l'on décerne la statuette. C'est égale-ment le début de la légende que le cinéaste va volontaire-ment se forger : celle d'un homme qui, tel un ordinateur,enregistre une incroyable quantité d'informations, deve-nant un expert de la mise en scène et en maîtrisant par-faitement tous les rouages. Stanley Kubrick n'hésite pasà utiliser les dernières innovations techniques quand ce-la sert son œuvre : ordinateur et projection frontale pour2001, éclairage à la lumière des bougies pour Barry Lyn-don, grâce à un objectif Zeiss développé pour la NASA,ou encore steadicam pour Shining (The Shining).

Malcolm McDowell en 2007

Orange mécanique est un film à la violence et à l’érotismeprémonitoire réalisé en 1971, d’après le roman L'Orangemécanique de Anthony Burgess et adapté par Stanley Ku-

brick qui travaille seul. Le thème du double, cher à Ku-brick, est encore une fois développé dans ce film, avecAlex qui représente l’inconscient de l’homme qui lutteentre le bien et le mal dans un monde qui s’effondre. Ku-brick réalise le film très rapidement, caméra à l'épaule, etpresque entièrement tourné dans la région de Londres.Au XXIe siècle, dans une Angleterre où l'on ne saitplus comment enrayer l'escalade du crime, Alexandrede Large (Malcolm McDowell), le chef de la bandedes droogs ou droogies, exerce avec sadisme une terreuraveugle sur fond de mouvement de la Symphonie no 9 deBeethoven.En Angleterre, le film suscite une polémique importante,qui est aggravée par plusieurs faits divers où des délin-quants, portant les mêmes costumes qu'Alex, déclarents’inspirer directement du personnage principal du film.Dans un premier temps, Stanley Kubrick ne tient pascompte de ces faits divers mais les médias, frustrés parle manque d’interlocuteur, se retournent vers l’auteur dulivre qui se retrouve seul à défendre un film auquel il n’apas participé. Mais la controverse s’amplifie et, inquiétépar les lettres de menaces de mort qu'il reçoit à son do-micile, le réalisateur oblige la Warner à retirer le film desécrans du Royaume-Uni.Élu meilleur film de l’année 1972 par le New York FilmCritics Circle, Orange mécanique est l’un des plus grossuccès de la Warner Bros. Pictures et reste à l'affiche du-rant soixante-deux semaines[14]. « Il n’y a aucun doutequ’il serait agréable de voir un peu de folie dans les films,au moins ils seraient intéressants à regarder. Chez moi lafolie est très contrôlée ! » déclarera Kubrick[40].Après trois films de science-fiction, frustré de l’abandonpar la Warner Bros de son projet sur Napoléon, prévuavec Jack Nicholson dans le rôle de l’empereur (Kubrick aune véritable passion pour Napoléon, il ne comprend pascomment un homme aussi intelligent a pu sombrer[14]),Stanley Kubrick réalise son premier film historique à par-tir de la biographie d'un jeune Irlandais (Barry Lyndon)d'après le roman picaresque de William Makepeace Tha-ckeray - le destin d'un jeune et intrigant Irlandais sansle sou, Redmond Barry (Ryan O'Neal), de son ascensionpleine d'audace à sa déchéance.La préparation du film dure un an. Le réalisateur veuttourner un film à l’esthétique proche des tableaux duXVIIIe siècle[41]. La réalisation du film demande plusde 250 jours de tournage en Grande-Bretagne et enAllemagne au château de Hohenzollern, à Potsdam etau palais de Ludwigsbourg. À la fin du tournage, Ku-brick et Ryan O'Neal sont définitivement fâchés[14]. Lescontraintes techniques imposées par le réalisateur fontpasser le budget du film de 2,5 millions à plus de 11 mil-lions de dollars[42].Les critiques sont sévères envers le film qui est jugé troplong, trop lent, élitiste et ennuyeux[14]. Le film obtientpourtant quatre Oscars : meilleure direction artistique,meilleure photographie, meilleurs costumes, meilleur ar-

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1.6 Le passage à la couleur 7

Le corps de garde par Le Nain en 1643

rangement musical.Stanley Kubrick entreprend ensuite l'adaptation du romanShining, l'enfant lumière de Stephen King. Ce film est dansla lignée de l'Exorciste, Halloween et Rosemary’s Baby lemeilleur du genre selon Kubrick[43]. Le film est moins ris-qué financièrement que ses productions précédentes et,après l'échec commercial de Barry Lyndon, l'adaptationd'un best-seller de Stephen King est un gage de quasi-succès (les six derniers romans de l'auteur se sont ven-dus à plus de 22 millions d'exemplaires). Le réalisateuret Diane Johnson modifient profondément l’histoire dulivre, ce qui déplaît à Stephen King qui refuse d’appa-raître au générique final du film[44]. Il ne sera pas le seulmécontent : aux États-Unis, l'exploitation du film est unéchec, le public enrageant de n'avoir pas assez tremblé etreprochant aux deux scénaristes d'avoir abâtardi le genreet trahi l'esprit du livre. Comme à leur habitude, certainscritiques huent le film[45].

Jack Nicholson en 1960.

Le film relate la descente aux enfers de Jack Torrance(Jack Nicholson), écrivain ayant accepté un poste de gar-dien à l'hôtel Overlook, isolé dans les montagnes ro-cheuses et fermé pour l'hiver. Il s’y installe avec sa femmeWendy (Shelley Duvall) et son fils Danny (Danny Lloyd)

qui possède un don de médium, le Shining.Plus que tout autre film, Shining va consolider la réputa-tion de « mégalomane perfectionniste[46] » du réalisateur.Kubrick rôde dans les immenses studios de l'Estree, labarbe et les cheveux longs, les yeux cernés, tout commeson héros Jack Torrance qui erre sans inspiration dansl'hôtel Overlook[47]. Pour les déplacements de person-nages les plus complexes à filmer, son opérateur GarrettBrown utilise un système de stabilisation de caméra qu'ila inventé quelques années auparavant : le steadicam. Letournage de plus d'un an est particulièrement difficilepour Shelley Duvall. Alors que Kubrick laisse une cer-taine latitude dans l’interprétation à Jack Nicholson, Shel-ley Duval doit répéter de 40 à 50 fois la même scène[14].Aujourd'hui, Shelley Duval dit : « Ce fut une expérienceformidable, mais si cela était à refaire, je n'accepteraispas le rôle[14]... »L'image finale du film, semblable à la fin quelque peumystérieuse et ambiguë de 2001, l'Odyssée de l'espace,engendre plusieurs interprétations par les fervents du ci-néaste ; Stanley Kubrick lui-même n'a jamais donné uneréponse définitive, préférant laisser le soin aux specta-teurs de décider par eux-mêmes. Kubrick considère cefilm comme son œuvre la plus personnelle[48].

Vincent D'Onofrio en 2008

Kubrick veut tourner un vrai film de guerre, mais niun film comme Apocalypse Now ou Voyage au bout del'enfer, ni une parodie comme Docteur Folamour, ni unfilm antimilitariste tel que Les Sentiers de la gloire. Lasymbolique du film Full Metal Jacket est proche de celle

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8 1 BIOGRAPHIE

d’Orange mécanique où le héros, intellectuellement supé-rieur à ses camarades, doit lutter entre le bien et le maldans un monde en guerre. Le personnage central du film,le soldat « Guignol » (Matthew Modine) va petit à pe-tit perdre son âme aux États-Unis, symbolisé par l’agres-sion de son « protégé » le soldat « Baleine » (VincentD'Onofrio) et au Viêt Nam par l’exécution sans pitié d'uneprisonnière vietnamienne.Stanley Kubrick détourne l’esprit du livre The Short Ti-mers de l’écrivain Gustav Hasford pour mieux imposer sapropre vision de la guerre, et de l’âme humaine, au grandmécontentement de l'écrivain qui est tout de même cré-dité au générique final comme coscénariste.La première partie du film suit l'entraînement intensifd'un groupe de jeunes recrues américaines dans un campde marines à Parris Island, aux États-Unis en 1968 pen-dant la guerre du Viêt Nam, et l'affrontement entre le ser-gent instructeur (Lee Ermey) et une jeune recrue inadap-tée (Vincent D'Onofrio). La confrontation finale entre lesdeux hommes clôt cette partie. La deuxième partie dufilm se déroule au Viêt Nam et montre le baptême du feudes marines à Da-Nang puis la sanglante bataille du Têtdans la province de Hué.

Nicole Kidman en 2008

Le film est entièrement tourné en banlieue de Londres,bien loin du réalisme du film d'Oliver Stone, Platoon[49].Quelques plantes exotiques servent de décors d’arrière-plan, les scènes de combat sont tournées dans une usinedésaffectée et l’île de Parris Island est recréée dans uneancienne base militaire britannique. Kubrick utilise plu-sieurs fois l’élargissement de champ pour modifier l’in-terprétation du spectateur lorsqu’il voit la scène de près

Lee Ermey en 2005

puis de loin. Le tournage du film est interrompu pendantquatre mois à la suite de l'accident de voiture de Lee Er-mey, conseiller technique en sa qualité d'ancien instruc-teur des marines et acteur principal de la première partiedu film.Plus de sept ans après la sortie de son dernier film, StanleyKubrick se lance dans l'adaptation du roman la Nouvellerêvée de l'écrivain autrichien Arthur Schnitzler, livre qu'ilavait lu à la fin des années 1970. Le scénario est une fi-dèle adaptation du livre et raconte l'errance dans la nuitnew-yorkaise du docteur Harford (Tom Cruise), obsédépar la révélation de sa femme (Nicole Kidman) d'avoirfailli céder à la tentation d'un autre homme et à la re-cherche de ses propres fantasmes. Un voyage entre le réelet l'imaginaire.

Tom Cruise en 2006

On retrouve dans Eyes Wide Shut ce qui a toujours fasci-né Kubrick : le thème du double qui envahit tout et quiengendre la perte d'identité, « nos pulsions les plus in-

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9

times, derrière les apparences ». Le tournage dure quinzemois de novembre 1996 à janvier 1998 et va bloquer lacarrière de Tom Cruise pendant trois ans (deux ans detournage et la sortie du film Mission Impossible de Briande Palma est retardée d'un an). Comme à son habitude,le soir venu, Kubrick visionne sur vidéo les scènes tour-nées dans la journée et modifie au jour le jour le scénarioen fonction des performances des acteurs. Après six moisde tournage, l'acteur Harvey Keitel claque la porte et estremplacé au pied levé par Sydney Pollack.Ce film est le testament de Kubrick, qui meurt d'une crisecardiaque dans son sommeil le 7 mars 1999. Il est enterréà côté de son arbre préféré dans le manoir de Childwick-bury, dans le Hertfordshire, au Royaume-Uni. Eyes WideShut sort en salle en juillet 1999, quatre mois après la mortdu réalisateur. Il le considérait comme son « meilleurfilm » selon une révélation faite à son ami Julian Seniorla veille de sa mort (« It’s my best film ever, Julian. »)[50].

1.7 Projets non aboutis

Parmi les projets inachevés de Stanley Kubrick, onpeut citer un film sur Napoléon Bonaparte, abandonnéà la demande des producteurs : un projet monumental(fruit de trente années d'un travail de bénédictin) quiéchoue en 1969 pour des raisons techniques, financièreset d'organisation.Après Full Metal Jacket, Kubrick travaille en même tempssur deux films dont aucun ne sera réalisé. Aryan Pa-pers (WarTime Lies, adaptation du roman Une éduca-tion polonaise de Louis Begley), un film abandonné pourne pas concurrencer La Liste de Schindler de son amiSteven Spielberg dont le sujet est similaire, ainsi queA.I. Intelligence artificielle, d'après la nouvelle Les Super-toys durent tout l'été de Brian Aldiss, projet réalisé parSpielberg après la mort de Kubrick. Aryan Papers ra-conte l'histoire d'un enfant traversant la Pologne pendantla Seconde Guerre mondiale et échappant à la déportationvers Auschwitz ; c'est son projet de film non-réalisé le plusabouti, le casting étant établi, avec Johanna ter Steegepour le rôle de Tania et Joseph Mazzello, pour le petitgarçon.Un autre projet qui n'a jamais été réalisé était Le Lieute-nant allemand, un film sur les parachutistes allemands àla fin de la Seconde Guerre mondiale[51]. Il y eut de mêmeun projet d'adaptation d'un roman de Stefan Zweig, Brû-lant Secret, un projet intitulé Natural Child (une fable surla libération sexuelle, trop subversive pour l'époque), unprojet intitulé One Eyed Jack (un western qui sera finale-ment porté à l'écran par Marlon Brando) et un projet inti-tulé Lunatic at Large, sur un scénario de Jimmy Thomson,est encore d'actualité en 2011.Kubrick posera aussi le projet de l'adaptation du roman LePendule de Foucault (l'auteur, Umberto Eco, s’opposera àce projet) et celui du roman Le Parfum de Süskind. Enfin,le satiriste Terry Southern tentera de convaincre Kubrick

pour la réalisation du film pornographique Blue Movie[52].

2 Le style de Kubrick

2.1 Réalisateurs ayant inspiré Kubrick

Stanley Kubrick s’est inspiré principalement des films deMax Ophüls et d'Orson Welles, principalement en utili-sant massivement le travelling et les mouvements de ca-méra ambitieux. Cependant on qualifiera les travellingsde Kubrick de wellesien plutôt qu'ophulsien, car les tra-vellings de Kubrick ne forment pas de plans séquence ver-tigineux comme celui de l'ouverture du Plaisir d'Ophüls.Cette dernière utilisation du travelling (on pourrait aussiciter l'ouverture de La Soif du mal de Welles) sera utili-sée par Alfred Hitchcock (Fenêtre sur cour par exemple)ou Brian de Palma.Il empruntera aussi à Welles le recours régulier à la voixoff pour conter ou commenter l'histoire (dans Barry Lyn-don par exemple). On retrouve notamment dans les adap-tations shakespeariennes de Welles cet usage de la voixoff.Kubrick s’est inspiré d'un nombre considérable de pho-tographes et réalisateurs pour créer ses films. Cependant,bien que ses personnages (à l'image des jumelles malé-fiques, qui sont inspirées d'Identical Twins, Roselle, NewJersey, 1967, photographie de Diane Arbus et que la cé-lèbre scène de Shining (où Jack Torrance laisse entrevoirson visage à travers la porte) provienne d'une scène deThe Phantom Carriage de Victor Sjöström, Kubrick a su-blimé (c'est-à-dire rendu plus terrifiant) les personnageset situations issus d'autres films. C'est cette force qui faitle génie de Stanley Kubrick.

2.2 L'esthétique

Le jeune Stanley Kubrick, autodidacte, apprend les fi-celles du métier de cinéaste — la composition d'uneimage, les éclairages, l'usage des extérieurs et l'art de sai-sir le mouvement[7]. Plutôt perfectionniste, il lui arrive deprendre plusieurs centaines de clichés pour réaliser uneseule photo[8] — lors de ses quatre ans passés commephotographe au magazine Look. C'est à cette époque qu'ildécide de commencer sa « formation » en fréquentant as-sidûment les salles de cinéma. Ses goûts sont éclectiques,avec une préférence, comme il le dit en 1963 dans la revueCinéma, pour le cinéma d'auteur européen comme celuid'Ingmar Bergman, Michelangelo Antonioni ou FedericoFellini[9]. Cependant, c'est par les films de Max Ophülscomme Le plaisir ou Madame de... qu'il sera particuliè-rement influencé, notamment le mouvement complexe etsans heurt de la caméra et les nombreux travellings.Kubrick apprend réellement tous les métiers du cinémaen faisant tout lui-même dans ses premiers films — scé-nariste, ingénieur du son, monteur, réalisateur… — ce

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10 2 LE STYLE DE KUBRICK

qui lui permettra par la suite d'intervenir et d'imposer sespoints de vue à ses techniciens lors des tournages afind'obtenir l'image exacte qu'il recherchait. Il démontre ain-si dès 1954, avec Le Baiser du tueur, son talent à joueravec l'ombre et la lumière[14] et confirme sa maîtrise tech-nique dans la scène de règlement de comptes dans un en-trepôt de mannequins. Il démontre aussi rapidement à seséquipes techniques ses connaissances et son intérêt pourla photographie et la prise de vue[14]. Pour lui, un réalisa-teur est à la fois metteur en scène et technicien.

Un steadicam, système stabilisateur de prise de vues, utilisée pourla première fois par Kubrick dans Shining.

Au fil de ses films, Kubrick ajoute de nouvelles techniquesà sa réalisation qu'il ne cesse de perfectionner par la suite.C'est à cette époque qu'il se fait remarquer par le brillantde sa photographie. En 1956, dans L'Ultime Razzia, Ku-brick fragmente l'histoire que seule la voix off très in-fluencée par Citizen Kane d'Orson Welles permet de re-constituer.À partir de 2001, l'Odyssée de l'espace, le cinéaste tra-vaille de plus en plus lentement, poussant de plus en plusloin son perfectionnisme et sa volonté d'expérimentationtechnique. Pour son premier film en couleur, il va passercinq ans à développer ce film, qui, par son esthétique et samise en scène, marque un tournant dans le cinéma mon-dial, en particulier dans le domaine de la science-fiction.Souhaitant une vision de l'espace éloignée des bandes des-sinées et proche des observations scientifiques, il prendpour directeur de la photographie Geoffrey Unsworth,spécialisé dans la science-fiction. Celui-ci utilise le formatSuper Panavision 70 et bénéficie du perfectionnement denouvelles techniques (socles, grues, perches, bras articu-lés), permettant rotations et mouvements aériens de la ca-méra comme si elle-même était en impesanteur. Il ajusteégalement, sur les conseils et avec l'aide d'astronautes etde spécialistes dans le domaine, ses éclairages pour êtreconforme à la volonté très précise du cinéaste. Le tour-

nage nécessite quatre mois de travail pour les acteurs, etdix-huit pour les effets spéciaux.Pour Barry Lyndon, le réalisateur veut tourner un filmà l’esthétique proche des tableaux du XVIIIe siècle[41].Pour recréer les conditions de l'époque, les intérieurs sontéclairés à la bougie, le visage des acteurs maquillés deblanc, les cheveux ternis par la poudre. La réalisationdu film demande plus de 250 jours[14]. Pour retrouverles conditions de lumière dans les anciens châteaux an-glais, le réalisateur s’astreint à un éclairage des scènesd'intérieur quasiment à la lueur des bougies. Il se procureun objectif d'appareil photo Zeiss d'une focale de 50 mmet une ouverture maximale de f/0.7, développé spéciale-ment pour la NASA pour photographier l'alunissage de lacapsule Apollo, mais encore jamais utilisé au cinéma. Il lefait monter sur une caméra réaménagée spécialement[53].Pour Kubrick ce n’est pas un gadget ou une lubie, le réa-lisateur veut préserver la patine, et l’ambiance d’un châ-teau dans la nuit du XVIIIe siècle. Il précise : « L'éclairagedes films historiques m'a toujours semblé très faux. Unepièce entièrement éclairée aux bougies, c'est très beauet complètement différent de ce qu'on voyait d'habitudeau cinéma[53]. » Cette contrainte technique sera néfasteau budget du film qui passe de 2,5 millions à plus de11 millions de dollars[42]. Le diaphragme de l'objectif detrès grande ouverture (f/0.7), limite considérablement laprofondeur de champ de la scène. Le réalisateur utiliseégalement le zoom et les longues focales, ce qui a poureffet d'« aplatir » l'image.

2.3 La musique

La musique a une grande importance dans la majeure par-tie de l'œuvre de Kubrick. Ce n'est pas la musique qui sertle film, mais le film qui sert la musique[54]. Kubrick pri-vilégie dans la plupart de ses films la musique classiqueet souvent déjà préexistante.Dans 2001, l'Odyssée de l'espace, pour la première fois,Stanley Kubrick incorpore de la musique classique à unde ses films : la composition de la musique prévue ayantdu retard, il meuble la bande-son avec de la musique clas-sique pour le pré-montage. Alors que la MGM veut im-poser au réalisateur une musique originale, composée parAlex North, Kubrick réussit à garder ses choix originels :Le Beau Danube bleu de Johann Strauss II, Ainsi parlaitZarathoustra de Richard Strauss, et György Ligeti pourla séquence de la porte stellaire[55]. C'est à la musique deWendy Carlos qu'il fait appel, entre autres, pour Orangemécanique. À Penderecki pour Shining.Kubrick voulait que la musique corresponde à l'époque del'histoire racontée. Ainsi, dans Full Metal Jacket, film surla guerre du Viêt Nam, il utilise des chansons des années1960, époque du conflit. Mais pour la musique de BarryLyndon, Stanley Kubrick emploie des œuvres de Bach,Mozart, Vivaldi, Haendel et Schubert, alors que ces com-positeurs ne sont pas tous du XVIIIe siècle. Il doit faire des

Page 11: Stanley Kubrick

3.2 Les critiques 11

concessions ; « J'ai chez moi toute la musique du XVIIIe

siècle enregistrée sur microsillons.[...] Malheureusement,on n'y trouve nulle passion, rien qui, même lointaine-ment, puisse évoquer un thème d'amour. »[56] Ne trouvantd'ailleurs pas de musique d'époque suffisamment drama-tique pour la scène du duel final, il demande à LeonardRosenman de réorchestrer la Sarabande de Haendel à untempo plus lent[53].La musique de son dernier film, Eyes Wide Shut est mar-quante par ses motifs linéaires de piano extraits deMusicaRicercata de György Ligeti. Elle accentue le malaise dessituations vécues par le personnage de Tom Cruise.

2.4 Voix off

C'est dans Fear and Desire que Kubrick insère pour lapremière fois une voix off. Puis dans Le Baiser Du Tueur,en 1955. Le personnage principal Davey reconstitue eneffet la chronologie de la narration grâce à sa voix off. En1956 sort le troisième film de Stanley Kubrick, L'UltimeRazzia (The Killing)[15]. Kubrick fragmente l'histoire queseule la voix off, très influencée par le Citizen Kaned'Orson Welles, permet de reconstituer. Il utilisera en-core plusieurs fois la voix off par la suite, notamment dansDocteur Folamour et Barry Lyndon.Dans Orange mécanique et Full Metal Jacket, c'est la voixintérieure, monologue qui n'est pas prononcé par un per-sonnage mais qui exprime ses pensées au moment de lascène, qu'il utilisera pour la narration.

3 Le mythe Kubrick

Lors de la présentation à la presse de l'exposition consa-crée à l'homme et à son œuvre le 4 octobre 2006 dans laville belge de Gand, sa veuve Christiane déclare : « C'estune légende créée de toutes pièces par la presse. »

3.1 Son caractère

D'un caractère réservé, voire timide, pouvant raser lesmurs quand il croisait quelqu'un dans un couloir[57], Ku-brick devenait un autre homme une fois installé derrièresa caméra : il contrôlait le monde[58].Malgré cela il imposait le respect ; imperturbable, trèscréatif, il finissait toujours par obtenir ce qu'il voulait[59].Son perfectionnisme lui vaut une renommée d'hommedur, coléreux et mégalomane. On fait état de scènes re-commencées près d'une centaine de fois, d'une disputeviolente avec Shelley Duvall (héroïne de Shining) dans leseul but de la mettre dans un état émotionnel intense, toutcomme d'une équipe technique tenant une grande bâchedes heures durant sous la pluie pour ne pas interrompreun tournage.

Stanley Kubrick devient un personnage mythique, vucomme un génie paranoïaque ayant une vision très pes-simiste de la nature humaine, ne sortant de sa maisonultra-protégée, une sorte de forteresse infranchissable,ceinte de 80 hectares de bois et protégée par d'imposantsgrillages, que pour tourner ses films. Isolé dans son châ-teau anglais, Kubrick n'est pas pour autant coupé du restedu monde. Ses archives sont monumentales, quand il pré-pare un film, Kubrick dort le jour et travaille la nuit (dé-calage horaire avec Los-Angeles oblige).Kubrick a toujours été réticent à s’entretenir sur sesœuvres, par crainte que celles-ci n'en soient appauvries.Les documentaires tournés sur Kubrick, le seront par safille Vivian, pendant le tournage du film Shining : TheMa-king of the Shining (1980) et par son beau-frère Jan Har-lan Stanley Kubrick : Une vie en image (2001).

3.2 Les critiques

Les critiques sont divisées sur ses films, une partie d'entreeux ne lui fait pas de cadeau, dont la très virulente PaulineKael, Arthur Schlesinger JR. ou Jean-Luc Godard : « Unsouci méticuleux du réel, une passion de l’exactitude,la « froideur » de ses images », tandis que les autresl'admirent : « L’exceptionnelle précision de sa saisie duréel en mouvement. »« Une histoire qui se déroule dans un monde (intérieurou extérieur) au bord de l'effondrement, compensée parune composition très symétrique, très ordonnée des planset du cadrage. L'apparence, la double personnalité, lesthèmes fétiches de Kubrick et que l'on retrouve dans tousses films. »En 50 ans de carrière, Kubrick va filmer ce combat in-térieur, sous une perspective différente. Trois films deguerre, deux policiers, un film d'horreur, trois films descience-fiction, deux fresques historiques et deux films« érotiques »[58].« Les dialogues de ses films sont très courts… »L'histoire est principalement racontée à travers les imageset la bande son pour susciter des émotions. « Quandvous dites les choses directement, elles ont moins depoids que si vous laissez les gens les découvrir par eux-mêmes[58][réf. incomplète]. »« En 50 ans de carrière seulement treize films… »Vivian Kubrick dira : « Stanley était très triste d'avoir réa-lisé si peu de films, mais il avait un regret dans sa vie,c'était d'être si lent[60]. »Depuis L'Ultime Razzia S. Kubrick préfère adapter deslivres plutôt que d'écrire un scénario original.Kubrick dira : « Je suppose que c'est par paresse, maisvous pouvez diviser tous les scénarios en deux catégories :ceux dans lesquels on se demande « ce qui va arriver »et ceux dans lesquels on se demande « comment cela vaarriver » »[61].

Page 12: Stanley Kubrick

12 3 LE MYTHE KUBRICK

3.2.1 Critiques par ses pairs

Orson Welles en 1937

Orson Welles a déclaré, en 1963 : « Parmi la jeune gé-nération, Kubrick me paraît un géant[62]. » Welles estné en 1915 et Kubrick en 1928 mais les deux artistesont de nombreux points communs. Tous deux ont réalisédes films profondément originaux, et presque le mêmenombre (13 films pour Kubrick, 15 pour Welles). Ils sesont essayés au film de genre, et ont vécu en Europe, à ladifférence près que Kubrick s’est volontairement exilé enAngleterre pour travailler en paix, alors que Welles y futcontraint par la force des choses ; il avait besoin de décro-cher des rôles pour financer ses films. Tous deux n'ont pumener à terme certains projets : Don Quichotte et It’s alltrue, que Welles a réalisés, n'ont jamais vu le jour de lamain de leur auteur, tout comme Kubrick qui dut renon-cer à réaliser un film sur Napoléon et un autre, au débutdes années 1990, sur l'Holocauste. Citizen Kane était l'undes films préférés de Kubrick.Steven Spielberg dira : « Kubrick était terriblement in-compris et perçu comme un reclus parce qu'il fuyait lapresse. Mais il était capable de décrocher son téléphoneet téléphoner à un parfait inconnu pour lui dire combienil avait été impressionné par son film. Pour ceux d'entrenous qui l'ont connu, c'était un ours en peluche, gentil etpassionné. » Dans l'œuvre de Kubrick, L'Ultime Razziaest le film préféré de Spielberg[63].Une partie de la critique française décrie le cinéma deKubrick[Qui ?]. Jean-Luc Godard notamment dans Cahiersdu cinéma, à propos de ses premières œuvres (L'UltimeRazzia, Spartacus, Les sentiers de la gloire), le décritainsi : « A débuté dans le tape-à-l'œil en copiant froi-

Steven Spielberg en 1999

dement les travellings d'Ophüls et la violence d'Aldrich[…][30]. », mais parle de Lolita comme un « […]film simple et lucide, avec des dialogues justes, quimontre l'Amérique et son sexe mieux que Melville etReichenbach, et prouve que Kubrick ne doit pas aban-donner le cinéma, à condition de filmer des personnagesqui existent […][30]. ».

Martin Scorsese en 2007

Martin Scorsese s’intéresse à l'œuvre de Kubrick depuis

Page 13: Stanley Kubrick

3.5 Rumeurs de collaboration avec la NASA 13

longtemps[64]. Il signe en 2002 la préface du livre deMichel Ciment, un des rares récits aussi complets surle réalisateur. Il y dit au sujet de Kubrick : « Regar-der un film de Kubrick, c'est comme regarder le som-met d'une montagne depuis la vallée. On se demandecomment quelqu'un a pu monter si haut[64]. » Il poursuitl'analyse du style de Kubrick : « Stanley Kubrick était l'undes seuls maîtres modernes que nous avions […] Il étaitunique dans la mesure où, avec chaque nouveau film, il re-définissait ce moyen d'expression et ses possibilités. Maisil était plus qu'un simple innovateur technique. Commetous les visionnaires, il disait la vérité. Et on a beau s’ima-giner être à l'aise avec la vérité, elle provoque toujoursun choc profond quand on est obligé de la regarder enface[64]. »

3.3 Reconnaissance

La distance que garde Kubrick par rapport à la com-munauté d'Hollywood joue certainement en sa défaveur.En effet, à l'instar d'autres grands réalisateurs, commeCharlie Chaplin, Orson Welles, Fritz Lang, Robert Alt-man, Sergio Leone ou Alfred Hitchcock, Kubrick, mal-gré plusieurs propositions, n'obtiendra jamais l'Oscar dumeilleur réalisateur[65].Parmi les quelques récompenses qu'il a emportées :

• 1964 : Meilleur réalisateur, New York Film CriticsCircle Awards pour le film Docteur Folamour[66]

• 1968 : Oscar des meilleurs effets visuels pour le film2001, l'Odyssée de l'espace (le seul Oscar de sa car-rière).

• 1971 : Meilleur réalisateur, New York Film CriticsCircle Awards pour le film Orange mécanique[67]

• 1975 : Meilleur réalisateur, National Board of Re-view pour le film Barry Lyndon

• 1975 : Meilleur réalisateur, British Academy of Filmand Television Arts pour le film Barry Lyndon

Du 23 mars au 31 juillet 2011, une exposition lui estconsacrée en France à Paris, à la Cinémathèque fran-çaise[68]. Une rétrospective nationale a eu lieu à cette oc-casion dans de nombreux cinémas.

3.4 Kubrick personnage de cinéma

Kubrick, personnage mythique du cinéma, devait fatale-ment devenir lui-même personnage de film. On peut voirun « Stanley Kubrick » dans les films suivants :

• Strangers kiss, de Matthew Chapman (1984)

• Moi, Peter Sellers, de Stephen Hopkins (2004). Ku-brick, interprété par Stanley Tucci, est un rôle im-portant de ce film biographique consacré à Peter Sel-lers.

• Appelez-moi Kubrick, de Brian W. Cook (2005)

• Stanley’s girlfriend, court-métrage de Monte Hell-man (2006)

Trois mois avant le décès du cinéaste, un certain StanleyKubrick, demeurant à Harrow, décède d'une crise car-diaque dans son petit appartement. Il s’agit d'un impos-teur, Alan Conway, qui, pendant des années, se fit pas-ser pour le cinéaste et tira ainsi profit de dizaines de per-sonnes plus ou moins connues. Il semblerait que l'idée aitfasciné Kubrick lui-même. Un film avec John Malkovichretrace d'ailleurs l'histoire de cet homme : Appelez-moiKubrick.À la suite d'un ennui de santé du chef-opérateur ClaudeRenoir sur le tournage du film L'espion qui m'aimait, età la demande de son ami le chef décorateur Ken Adam(Barry Lyndon et Dr Folamour), Stanley Kubrick ac-cepte, à la condition expresse que sa contribution restesecrète, de superviser l'éclairage de la scène d'intérieurdu supertanker[69]. Il existe cependant une photo de Ku-brick sur le plateau de tournage.

3.5 Rumeurs de collaboration avec la NA-SA

2001, l'Odyssée de l'espace est un triomphe dont l’in-fluence est gigantesque sur l'imagination collective et surlequel viendra se greffer la théorie visant à lui donner uneinfluence sur la NASA ; cette dernière aurait empruntéles noms de Jupiter, Discovery ou Ulysse pour ses projets.En réalité, Discovery fut baptisée en référence au HMSDiscovery de l'explorateur anglais James Cook. La fuséeJupiter, quant à elle, a été lancée en 1958[70], 10 ans avantla sortie du film.D'après une théorie du complot, des contacts entre laNASA et Kubrick l'auraient poussé à réaliser pour leurcompte des prises de vues factices. Cette théorie se fondesur l'investissement supposé d'un ancien conseiller de laNASA et l'intérêt de cette dernière pour le film 2001, enphase de montage à l'époque. Celle-ci aurait poussé Ku-brick à participer à la réalisation en studio de faux alu-nissages des programmes Apollo 11 et 12. En 1968, Ku-brick aurait été secrètement contacté par l'agence spatialepour réaliser les trois premiers alunissages. Kubrick au-rait d'abord refusé puis fini par accepter face aux menacesde révélation de l’« embarrassante » implication de sonfrère Raul dans le parti communiste américain. Il auraitensuite proposé un scénario où la mission Apollo 13 au-rait échoué mais les astronautes sauvés. Devant le refus dela NASA, Kubrick aurait cessé sa collaboration[71]. Cesaffirmations proviennent pour la plupart du documentaire

Page 14: Stanley Kubrick

14 6 DISTINCTIONS

fictionnel Opération Lune réalisé par William Karel en2002 pour montrer les moyens de trucages et de mani-pulation de la vidéo et des interviews. Ce documenteurréalisé avec des acteurs et des interviews détournées acréé la confusion, certaines parties relatant des faits réels,d'autres des hypothèses et de la pure fiction, le tout montépour servir une fiction.

« L’idée était de détourner des entretiens, etnous n’avons mis aucun des témoins dans laconfidence, ni les gens de la NASA, ni Aldrin,ni la femme de Kubrick, ni le frère de celle-ci.[…] En détournant leurs témoignages, il suf-fisait d’avoir un « faux » témoin, en l’occur-rence la secrétaire de Nixon, pour faire le lienet rendre l’histoire crédible. Aux « vrais » té-moins, nous disions que nous faisions un filmsur Kubrick, sur son film, sur la Lune ou sur laNASA, et nous leur posions des questions unpeu vagues… » — William Karel[72]

D'après certaines sources[Lesquelles ?], notamment le docu-mentaire Room 237, Kubrick aurait volontairement laissédans son film Shining des indices (notamment, dans cer-taines scènes, le vêtement “Apollo 11” de Danny) de cettecollaboration.

4 Box-office

5 Filmographie

5.1 Courts métrages documentaires

• 1951 : Day of the Fight

• 1951 : Flying Padre

• 1953 : The Seafarers

5.2 Longs métrages

6 Distinctions

6.1 BAFTA du meilleur film

• 1956 : Proposition pour le BAFTA du meilleur film- L'Ultime Razzia

• 1957 : Proposition pour le BAFTA du meilleur film- Les Sentiers de la gloire

• 1964 : BAFTA du meilleur film - Docteur Fola-mour

6.2 BAFTA du meilleur réalisateur

• 1975 : BAFTA du meilleur réalisateur - BarryLyndon

6.3 Oscar du meilleur film

• 1964 : Proposition pour l'Oscar du meilleur film -Docteur Folamour

• 1972 : Proposition pour l'Oscar du meilleur film -Orange mécanique

• 1975 : Proposition pour l'Oscar du meilleur film -Barry Lyndon

6.4 Oscar du meilleur réalisateur

• 1964 : Proposition pour l'Oscar du meilleur réalisa-teur - Docteur Folamour

• 1968 : Proposition pour l'Oscar du meilleur réalisa-teur - 2001, l'odyssée de l'espace

• 1972 : Proposition pour l'Oscar du meilleur réalisa-teur - Orange mécanique

• 1975 : Proposition pour l'Oscar du meilleur réalisa-teur - Barry Lyndon

6.5 Oscar du meilleur scénariste

• 1964 : Proposition pour l'Oscar du meilleur scéna-riste - Docteur Folamour

• 1968 : Proposition pour l'Oscar du meilleur scéna-riste - 2001, l'Odyssée de l'espace

• 1972 : Proposition pour l'Oscar du meilleur scéna-riste - Orange mécanique

• 1975 : Proposition pour l'Oscar du meilleur scéna-riste - Barry Lyndon

• 1987 : Proposition pour l'Oscar du meilleur scéna-riste - Full Metal Jacket

6.6 Oscar des meilleurs effets visuels

• 1968 : Oscar des meilleurs effets visuels - 2001,l'Odyssée de l'espace

Page 15: Stanley Kubrick

15

6.7 Golden Globe du meilleur réalisateur

• 1962 : Proposition pour le Golden Globe du meilleurréalisateur - Lolita

6.8 César du meilleur film étranger

• Césars 1977 : proposition pour le César du meilleurfilm étranger pour Barry Lyndon

• Césars 2000 : proposition pour le César du meilleurfilm étranger pour Eyes Wide Shut

6.9 National Board of Review

• 1975 : Meilleur réalisateur - Barry Lyndon

6.10 New York Film Critics Circle Awards

• 1964 : Meilleur réalisateur - Docteur Folamour

• 1971 : Meilleur réalisateur - Orange mécanique

6.11 Autre

• L'astéroïde (10221) Kubrick a été nommé en sonhonneur.

7 Notes et références[1] Stanley Kubrick - Peter Milosheff, The Bronx Times, 28

décembre 2011

[2] Stanley Kubrick est né au Lying-In Hospital, 302 2nd Ave-nue à Manhattan

[3] Michel Ciment, Kubrick, Calmann-Lévy, Paris, 2004,(ISBN 978-2-7021-3518-1), p. 33.

[4] Michel Ciment, op. cit. pp. 33-34.

[5] Michel Ciment, Kubrick, Calmann Lévy, 1980 : « J'étaisun bon joueur, je jouais au début des années 1950 auxclubs Marshall et Manhattan à New York. »[réf. incomplète]

[6] « Weegee à vif » dans Libération, 30 juin 2007 [lire enligne (page consultée le 4 novembre 2008)].

[7] Michel Ciment, 1980, op. cit. : « — Quel genre de pho-tographies faisiez-vous à Look ? — De simples photos dereportage à la lumière naturelle. »[réf. incomplète]

[8] Stanley Kubrick,Drames et Ombres, Photographies 1945-1950, Phaidon, 2005, (ISBN 978-0-7148-9481-2)

[9] Michel Ciment, op. cit. p. 34.

[10] Norman Kagan (trad. Claude-Henri Rochat), Le cinémade Kubrick, L'Âge d'homme, 1979, p. 15.

[11] Interview pour le magazine Eye, août 1968[réf. incomplète].

[12] La vidéo du documentaire sur Google vidéos.

[13] The New York Review of book, 6 février 1970[réf. incomplète].

[14] Stanley Kubrick : une vie en images de Jan Harlan, WarnerBros., États-Unis, 2001.

[15] Michel Ciment, op. cit. p. 35

[16] (en) The Kubrick Site : Pauline Kael on 'A ClockworkOrange'

[17] Jean Tulard, Dictionnaire du cinéma : Les réalisateurs,Robert Laffont coll. Bouquins, 2007 (ISBN 978-2-221-10832-1) art. « Stanley Kubrick ».

[18] Alain Bergala (dir.), Jean-Luc Godard par Jean-Luc Go-dard, t. 1,Cahiers du cinéma, coll. « Atelier », 1998 (ISBN978-2-86642-198-4) p. 121-122.

[19] Marcello Walter Bruno (trad. Sylvia Guzzi), Stanley Ku-brick, Gremese International, 2001 (ISBN 978-88-7301-450-8) p. 10.

[20] Marcello Walter Bruno, op. cit. p. 211.

[21] Marcello Walter Bruno, op. cit. p. 11.

[22] Les Sentiers de la gloire - Fiche du centre national de do-cumentation pédagogique (CNDP)

[23] Michel Ciment, 1980, op. cit. « Dans Spartacus, j'ai essayéde rendre l'histoire aussi authentique que possible. Je de-vais lutter principalement contre un scénario bête. ». Cespropos auraient été tenus par Kubrick en 1972, voir page69 de Spartacus : la restauration - André Caron, Séquencesno 153-154, septembre 1991, p. 66-69

[24] Michel Ciment, 1980, op. cit. : « Je n'étais qu'un em-ployé. »[réf. incomplète]

[25] Norman Kagan, op. cit.[réf. incomplète]

[26] Michel Ciment, op. cit. p. 36.

[27] (en) The autorized Stanley Kubrick Web Site Consulté le21 mai 2009

[28] Michel Ciment, 1980, op. cit. p. 188.

[29] Marcello Walter Bruno, op. cit. p. 14.

[30] Alain Bergala, op. cit. p. 250.

[31] Marcello Walter Bruno, op. cit. p. 15.

[32] DVD Docteur Folamour

[33] Piers Bizony, 2001 Le futur selon Kubrick, Cahiers du ci-néma, Paris, 2000 (ISBN 978-2-86642-272-1), op. cit. p.72.

[34] Piers Bizony, op. cit. p. 73.

[35] Alexandre Bourmeyster, Georges Yatridès et son siècle- l'Anti-Picasso, Lumières et Espace, mars 1994, 268 p.(ISBN 2-9507049-1-3), p. 230,239

Page 16: Stanley Kubrick

16 8 ANNEXES

[36] « Yatrides Arts - Introduction Galeries de Chicago »(consulté le 11 janvier 2011)

[37] Marcello Bruno Walter, op. cit. p. 17.

[38] Marcello Bruno Walter, op. cit.[réf. incomplète]

[39] Marcello Bruno Walter, op. cit. p. 18.

[40] Michel Ciment, 1980, op. cit. p. 151.

[41] Michel Ciment, 1980, op. cit. - Ken Adam : « Stanley vou-lait que ce soit d'une certaine façon un documentaire surle XVIIIe siècle. »[réf. incomplète]

[42] Analyse filmique de Barry Lyndon - Voir archive

[43] Michel Ciment, 1980, op. cit. p. 197.

[44] Plus tard, Stephen King cosignera le scénario du livre pourla télévision, un téléfilm en deux parties. Le film terminé,Stephen King, magnanime, trouve le film de Kubrick « passi mal que ça ».

[45] Le Monde, 23 octobre 1980

[46] Collectif, L'Amour du cinéma : 50 ans de la revue Positif,Poche, Analyse du film Shining.

[47] Marcello Bruno Walter, op. cit. p. 23.

[48] Michel Ciment, 1980, op. cit., p. 146.

[49] Analyse du film Full Metal Jacket par Roger Ebert le 26juin 1987[réf. incomplète].

[50] (en) All Eyes for a Peek at Kubrick’s Final Film - The NewYork Times, 10 mars 1999

[51] (en) Le script du Lieutenant allemand à télécharger [txt]

[52] in Magazine Fnac, mars 2011, p. 5

[53] Michel Ciment, op. cit. p. 174.

[54] Antoine Pecqueur, Les écrans sonores de Ku-brick[réf. incomplète].

[55] 2001, la triste odyssée d’Alex North - Sophie Loubière,France Info, 11 mai 2008, consulté le 21 mai 2009.

[56] Michel Ciment, op. cit. p. 172.

[57] Stanley and Us de Mauro Di Flaviano, Federico Greco etStefano Landini, Flying Padre Productions, Italie, 1999.

[58] Duncan 2003[réf. incomplète].

[59] (en) (en) Vincent LoBrutto, Stanley Kubrick : a biog-raphy, London, Faber and Faber, 24 août 1998, 606 p.(ISBN 9780571193936)[réf. incomplète].

[60] Duffy, « Kubrick’s Grandest Gamble », dans Time Maga-zine, 15 décembre 1975 [lire en ligne (page consultée le 7novembre 2008)].

[61] Le Monde du 23 octobre 1980

[62] Michel Ciment, 1980, op. cit. p. 42.

[63] Christiane Kubrick (préf. Steven Spielberg), Stanley Ku-brick : Une vie en instantanés, Cahiers du cinéma, 2002(ISBN 978-2-86642-341-4)

[64] Michel Ciment, op. cit., p. 3

[65] Michel Ciment, op. cit. p. 43.

[66] « New York Film Critics Circle Awards : 1964 Awards »(consulté le 7 novembre 2008).

[67] « New York Film Critics Circle Awards : 1971 Awards »(consulté le 7 novembre 2008).

[68] Stanley Kubrick, l'exposition - La Cinémathèque française

[69] Contribution dévoilée dans le making of du DVD en édi-tion spéciale L'espion qui m'aimait

[70] « Lancement de la fusée Jupiter », INA (consulté le 4 août2009).

[71] Clyde Lewis, « Good luck M. Gorsky and other lies aboutthe Moon », Ground Zero (consulté le 11 juin 2009).

[72] Entretien avec William Karel - Arte

[73] The Numbers - Movie Box Office Data, Film Stars, IdleSpeculation

[74] Box Office Mojo

8 Annexes

8.1 Bibliographie

• Notices d’autorité : Fichier d’autorité internationalvirtuel • International Standard Name Identifier •Union List of Artist Names • Bibliothèque natio-nale de France • Système universitaire de docu-mentation • Bibliothèque du Congrès • GemeinsameNormdatei • Institut central pour le registre unique• Bibliothèque nationale de la Diète • Bibliothèquenationale d'Espagne • WorldCat

Sauf indication contraire, les références ci-dessous sont enfrançais.

• Rainer Crone, Stanley Kubrick. Drames et Ombres,Photographies 1945-1950. Berlin, Phaidon PressLtd., 2005. (ISBN 978-0-7148-9481-2)

• Philippe Fraisse, Le cinéma au bord du monde uneapproche de Stanley Kubrick : Une approche deStanley Kubrick, Paris, Gallimard, coll. « L'infini », 3 juin 2010, 240 p. (ISBN 978-2-0701-2668-2).

• Jean-Michel Bertrand, 2001, l'odyssée de l'espace :Puissance de l'énigme, Paris Budapest Kinshasa etc,l'Harmattan, coll. « Champs visuels », 2005, 266 p.(ISBN 978-2-2960-0095-7).

Page 17: Stanley Kubrick

8.2 Films documentaires 17

• Michel Chion, Stanley Kubrick : l'humain, ni plus nimoins, Paris, Cahiers du cinéma, coll. « Auteurs », 8 avril 2005, 559 p. (ISBN 9782866423926).

• Michel Ciment (dossier réuni par), Stanley Kubrick,les yeux grands ouverts, Positif, no 439, septembre1997, p. 66-102.

• Michel Ciment (préf. Martin Scorsese), Kubrick,Paris, Calmann-Lévy, 2004 (ISBN 978-2-7021-3518-1).

• Collectif, L'Amour du cinéma : 50 ans de la re-vue Positif (Poche) (ISBN 978-2-0704-2185-5) Ana-lyse du film Shining

• Ivan A. Alexandre, Stanley Kubrick, l'Écran sympho-nique, Diapason, no 462, septembre 1999.

• Antoine Pecqueur, Les Écrans sonores de Kubrick,Éditions !

• Christiane Kubrick (préf. Steven Spielberg), StanleyKubrick : une vie en instantanés, Paris, Cahiers ducinéma, 2002 (ISBN 978-2-8664-2341-4)

• Raymond Haine, Bonjour Monsieur Kubrick dansCahiers du cinéma, no 73, juillet 1957.

• Paul Duncan (dir.), Stanley Kubrick : un poète visuel1928-1999, Cologne, Taschen, coll. « Basic Films », 2003, 192 p. (ISBN 978-3-8228-1674-5).

• John Baxter (trad. Françoise Monier), Stanley Ku-brick, Paris, Editions du Seuil, coll. « Biographie », 1999, broché, 15 x 24 cm, 403 p. (ISBN 978-2-0203-8127-7).

• (en) Vincent LoBrutto, Stanley Kubrick : a biogra-phy, London, Faber and Faber, 1998 (ISBN 978-0-5711-9393-6).

• (en) Alison Castle, The Stanley Kubrick archives,Köln London Paris etc, Taschen, coll. « XI », 2005(ISBN 978-3-8228-4238-6).

• (en) Tom Milne, How I Learned Stop Worrying andLove Stanley Kubrick, Sight and Sound, printemps1964, p. 68-72.

• Brigitte Gauthier, Kubrick, les films, Éditionsl'Entretemps, Montpellier, 2012, 160p.(ISBN 978-2-35539-138-5)

• Brigitte Gauthier, Kubrick, les musiques, Éditionsl'Entretemps, Montpellier, 2012, 160p.(ISBN 978-2-35539-149-1)

8.2 Films documentaires

• Stanley Kubrick : Archives d'une vie (Stanley Ku-brick’s Boxes), film documentaire de Jon Ronson,Royaume-Uni, 2008, 50'

• À la recherche de Stanley Kubrick, film documen-taire d'Agnès Michaux et Frédéric Benudis, France,Canal+/Films du Sarran, 1998, 60'

8.3 Articles connexes

• Cinéma britannique

• Steadicam

8.4 Liens externes

• (en) Stanley Kubrick sur l’Internet Movie Database

• (en) Stanley Kubrick sur Warner Bros. Entertain-ment

• (en) The Kubrick Corner

• (en) Collected Essays on Kubrick

• Elizabeth Giuliani : Stanley Kubrick et la musique

• Site consacré à Kubrick

• Stanley Kubrick, aux croisements d'une œuvre - Ex-position virtuelle supervisée par la Cinémathèquefrançaise et Michel Ciment

• Kubrick, c’est quand même du grand art

• Kubrick, l'odyssée d'un solitaire Hors-série du maga-zine Les Inrockuptibles (1999)

• Site complet sur le réalisateur

• Portail du cinéma américain

• Portail de la réalisation audiovisuelle

• Portail de la photographie

• Portail des arts

Page 18: Stanley Kubrick

18 9 SOURCES, CONTRIBUTEURS ET LICENCES DU TEXTE ET DE L’IMAGE

9 Sources, contributeurs et licences du texte et de l’image

9.1 Texte• Stanley Kubrick Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Stanley_Kubrick?oldid=119442104 Contributeurs : Curry, Med, Ryo, Olivier, Var-

genau, Nataraja, Orthogaffe, Céréales Killer, JacquesD, Kelson, Asr, Howard Drake, HasharBot, Alain Caraco, Mathieugp, Roudoule,Nezumi, Maggic, Koyuki, CR, Symac, Cham, Sebjarod, Archeos, THA-Zp, Lucas thierry, Benyto, Aroche, Sanao, Phe, Sebb, MedBot,Enzino, VIGNERON, Vanisback, KaTeznik, Phe-bot, Meodudlye, Turb, Bibi Saint-Pol, Domsau2, Ollamh, Urban, Markadet, HégésippeCormier, Tarap, Goliadkine, Pclent, Tuilindo, Jef-Infojef, Diligent, Sérénade, Doch54, Liove, Fredericg~frwiki, Nicolas Ray, Deansfa,Leag, Bob08, Nescafé, Fourvin, Koko90, JujuTh, Arkonide, Ludo Thécaire, Sherbrooke, Ripounet, DocteurCosmos, Jodelet, Naq2, Hau-ru, Stéphane33, RobotE, Stanlekub, Like tears in rain, Zetud, Vanheu, Ælfgar, Romanc19s, Probot, Inisheer, Alcarion, Gzen92, Magne-tiK, RobotQuistnix, Necrid Master, Jovisbarba, EDUCA33E, YurikBot, Jerome66, Ico, Noritaka666, Litlok, Bouette, Erdrokan, Huster,Seb662, El Kind, Chaps the idol, Marcv7, Loveless, Myst, Arrakis, TCY, Kirtap, Baruch, MelancholieBot, Papydenis, Grecha, Naden,Fouziks, Oxo, Chlewbot, Lithium57, Njaeh, Archibald Tuttle, Pautard, Sins We Can't Absolve, Pline, Antonov14, Frank Renda, Blidu,Pasdideedenom, Hautbois, Fabrice Ferrer, Thidras, Sylenius, Nabodix, Emericpro, SashatoBot, Cyril5555, Jmax, Edhral, DelTree, Ji-Elle,NicDumZ, Kubrickpassion, Grondin, PieRRoBoT, Gemini1980, WartBot, Galpha, Vinckie, Punawa, NicoV, Patapiou, BARBARE42,FOGLIA, Thijs !bot, Francois 75015, Chaoborus, Maloq, Caporal epingle, Jarfe, Pierrepak, Escarbot, Elnon, Kropotkine 113, Rémih, LePied-bot, Pj44300, JAnDbot, Éclusette, Rhizome, Xiawi, Chtfn, Hild~frwiki, .anacondabot, Smogfilms, Alchemica, Marc, PouX, Zouav-man Le Zouave, CommonsDelinker, Dan50, Vali103, In the laps of the gods, Erabot, Rocla, Analphabot, Pwet-pwet, Max.R, Arcane17,Wikig, DanRoz, Salebot, MyBot, Speculos, Zorrobot, Poke2001, LPLT, Stef48, Kill the caniches, Gerakibot, Critias, AlnoktaBOT, Ala-mandar, Idioma-bot, TXiKiBoT, Metalheart, Yeliyop, VolkovBot, Manuel Trujillo Berges, Malhvina, AmaraBot, Benoit.83, Chicobot, Flu-ti, BiffTheUnderstudy, BenjiBot, Synthebot, Ptbotgourou, Orthomaniaque, Acélan, Tonymainaki, Benjamin.L, Sisyph, SieBot, Pleclown,Bouarf, Nananère, Strangeways, JLM, Hezzel, TonyUSP, Wanderer999, Helen94, OKBot, Udufruduhu, Bccb, Vlaam, Dhatier, Hercule,Bibo le magicien, Jeejeeboy, Koolfy, Pierregil83, LUC93, DumZiBoT, Thefonz, Dollymoon, Charlie Pinard, Orbi Fontes, Alphos, Ir4ubot,Tadeucsz, Sardur, Orphée, Pechhored, Vlad09, NSV, StefBot, Alex Rover, Houston83, Mro, Ulhmany, HerculeBot, Nicometallica, Bibi-soul, Ggal, Leo2urlevan, Delpierrofr, Fabienamnet, JRibaX, Abujoy, Barbelo, Rflock, LinkFA-Bot, Nico le terrible, Mr. Frank, Luckas-bot,Proletaire, Micbot, Vyk, Davy-62, GrouchoBot, Petitpeton, DirlBot, Haradwaith, Chrysostomus, Ryders~frwiki, Jacques Ballieu, Soren56,Xqbot, RibotBOT, Guilro, Io Herodotus, Alexandre Gilbert, Psgtarantino, *SM*, Vylsain, Coyote du 57, Orlodrim, TobeBot, Alex Chali-foux, RedBot, ,אביב Hypperbone, Bruno Grauber, Bonjour, Spillsbury, TjBot, Olyvar, Cinerama14, Pascal3012, Samthecook, EmausBot,Ltrlg, JackieBot, Franzrycou, Veit Harlan, Greif~frwiki, Besause, Aqw96, Elnino38, Kart, Jules78120, Thepat, James Draconian, StevenRogers, LinedBot, Super Soul, Cascade65, OrlodrimBot, DG-IRAO, Jack Rabbit Slim’s, Hyperborée, Retrofuturiste, BotMyShinyMeta-lAss, Turambar, Enrevseluj, Soboky, Wes Taylor, AutoritéBot, MaxxiMaxx, Clio75, Herodote75010, Sekt00, Fabrice COLLON, Addbot,AméliorationsModestes, LoSchizzatore, Foudebassans, Berluchon, Macadam1, ScoopBot, Oxydium59, Boblerondin, Do not follow, Thepredator XD, KasparBot, Rydwiki et Anonyme : 273

9.2 Images• Fichier:Disambig_colour.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/3e/Disambig_colour.svg Licence : Public do-

main Contributeurs : Travail personnel Artiste d’origine : Bub’s• Fichier:Emblem-question.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/4/48/Emblem-question.svg Licence : Public

domainContributeurs :Renamed from File:Ambox emblem question.svg.Artiste d’origine :The people from the Tango project ! (combinationRugby471)

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• Fichier:Flag_of_the_United_States.svg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/a4/Flag_of_the_United_States.svg Licence : Public domain Contributeurs : SVG implementation of U. S. Code : Title 4, Chapter 1, Section 1 [1] (the United StatesFederal “Flag Law”). Artiste d’origine : Dbenbenn, Zscout370, Jacobolus, Indolences, Technion.

• Fichier:Iapetus_as_seen_by_the_Cassini_probe_-_20071008.jpg Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/c/c9/Iapetus_as_seen_by_the_Cassini_probe_-_20071008.jpg Licence : Public domain Contributeurs : PIA08384 : The Other Side of IapetusArtiste d’origine : NASA/JPL/Space Science Institute

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Page 19: Stanley Kubrick

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