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TABLE DES MATIERES
SIGLES ET ABREVIATIONS .................................................................................................. 4
INTRODUCTION GENERALE ............................................................................................... 5
1. Eléments de Contexte spécifiques à l’évaluation du SLE .............................................. 5
1.1. CEDEAO et Processus de libéralisation ................................................................. 5
1.2. CEDEAO et Schéma de Libéralisation des Echanges (SLE) ................................. 5
1.3. CEDEAO et Tarif Extérieur Commun (TEC) ......................................................... 6
1.4. CEDEAO et Organisation Mondiale du Commerce (OMC) .................................. 6
1.5. CEDEAO, UEMOA et Accords de Partenariat Economique (APE) ...................... 6
1.6. CEDEAO et autres Méga-Accords commerciaux internationaux .......................... 7
1.7. CEDEAO, Intégration régionale et Souverainetés nationales ................................ 7
2. Couverture géographique de l’Evaluation et Mobilisation des Experts. ........................ 8
2.1. Couverture géographique ........................................................................................... 8
2.2. Mobilisation des Experts ............................................................................................ 8
3. Différentes phases et activités de l’Evaluation ............................................................. 10
4. Approche méthodologique ........................................................................................... 10
5. Difficultés rencontrées .................................................................................................. 11
6. Questions d’Evaluation (7) et Structure du Rapport .................................................... 12
PARTIE I : APPROCHE REGIONALE.................................................................................. 13
I. Synthèse des évaluations nationales et Perspectives régionales .................................. 13
1. Réception et mise en œuvre du dispositif juridique du SLE au niveau national ............. 14
2. Institutions et Procédures de mise en œuvre du SLE ................................................... 14
3. Situation de mise en œuvre du SLE ...................................................................... 16
4. Cas d’application pratique du SLE à des politiques commerciales ...................... 17
5. Entraves à la libre circulation des produits agréés et à une mise en œuvre optimale du
SLE ...................................................................................................................................... 19
6. Mécanismes de facilitation de la mise en œuvre du SLE ..................................... 21
7. SLE, Commerce régional et multilatéral............................................................... 21
II. Meilleure coordination UEMOA/CEDEAO ............................................................ 22
III. Forces motrices de l’amélioration de la mise en œuvre du SLE .............................. 30
1. Tarif Extérieur Commun de la CEDEAO ............................................................. 30
2. Potentiel du Commerce intra régional .................................................................. 31
3
3. Code régional des douanes en perspectives .......................................................... 31
4. Accords de facilitation des échanges de l’OMC mis en œuvre par les pays de la
CEDEAO ......................................................................................................................... 33
5. Impact du SLE sur le commerce régional et sur les entreprises éligibles ............. 36
6. Cohérence/compatibilité entre les politiques économiques nationales ................. 38
7. Rôle de la Task force/SLE pour son effectivité .................................................... 40
IV. Stratégies systémiques de conclusion du SLE .......................................................... 41
1. Suivi et Evaluation (Monitoring) de la mise en œuvre du SLE ............................ 41
2. Justice et Sanctions commerciales régionales ....................................................... 42
Conclusion et perspectives régionales ................................................................................. 44
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SIGLES ET ABREVIATIONS
2ACD Agence Africaine pour le Commerce et le Développement
AFE Accord sur la Facilitation des Echanges
APE Accord de Partenariat Economique
CACID Centre Africain pour le Commerce, l’Intégration et le
Développement
CCI Commerce International
CCJA Cour Commune de Justice et d’Arbitrage
CEDEAO Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest
CNA Comité Nationaux des Agréments
CO Certificat d’Origine
COSEC Conseil sénégalais des chargeurs
CPVI Programme de Vérification des Importations
DES Dispositif de Suivi Evaluation
GATT Accord Général sur les Tarifs Douaniers et le Commerce
ISO Organisation Internationale de Normalisation
MAD Magasins et Aires de Dédouanement
MNT Mesures Non Tarifaires
NAFDAC Nigerian Agency for Foods and Drugs Administration and
Control)
NPF Clause de la Nation la Plus Favorisée
OHADA Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des
Affaires
OMC Organisation Mondiale du Commerce
PIB Produit Intérieur Brut
PTCI Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement
SLE Schéma de Libéralisation des Echanges
SON Standards Organization of Nigeria
SPS Mesures Sanitaires et Phytosanitaires
TAI Taxe d’Ajustement à l’Importation
TCP Taxe Complémentaire de Protection
TEC Tarif Extérieur Commun
TEC Tarif Extérieur Commun
TFISLE Task Force sur le Schéma de Libéralisation des Echanges de la
CEDEAO
TPP Partenariat Trans pacifique
TRIE Transit Routier Inter Etats (TRIE
TSD Traitement Spécial et Différencié
TVA Taxe sur la Valeur Ajoutée
UD Union douanière
UEMOA Union Economique et Monétaire de l’Ouest Africain
ZLE Zone de Libre Echange
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INTRODUCTION GENERALE
1. Eléments de Contexte spécifiques à l’évaluation du SLE
Le présent Rapport est un travail qui vise à faire la situation de la mise en œuvre du Schéma
de libéralisation des échanges en Afrique de l’Ouest. Il couvre les quinze pays de la CEDEAO
et se focalise sur les questions d’intégration régionale touchant au commerce. Le Rapport
procède dès lors d’une revue des situations individuelle des pays, assortie d’une approche
régionale qui met en perspectives les résultats escomptés. La rédaction du Rapport et le
déroulé du travail d’évaluation s’inscrivent dans un contexte commercial particulier, fait
d’enjeux imbriqués, qui ont un impact sur les résultats finaux présentés. Ces éléments
contextuels sont ci-après présentés pour donner de meilleurs outils de compréhension à la
lecture du Rapport général.
1.1. CEDEAO et Processus de libéralisation
La région de l’Afrique de l’ouest compte une population de plus de 300 millions d’habitants
répartis sur une superficie d’environ 5.1millions de km². Bien avant les indépendances
intervenues au début des années soixante, des efforts d’intégration ont été amorcés avec la
création, en 1945, franc CFA qui a regroupé les pays francophones de la région au sein d’une
union monétaire unique. Ces efforts ont été poursuivis et une union économique de l’Afrique
de l’Ouest a été proposée en 1964 pour être concrétisée en 1965 par un accord incluant la
Côte d’Ivoire, la Guinée, le Libéria et la Sierra Léone.
Dix ans plus tard, la CEDEAO a été créée par le Traité de Lagos. Son champ de compétence,
initialement confinées aux questions économiques et commerciales, a été étendu à des
dimensions plus politiques. C’est ainsi que le Traité de Lagos a été en 1993 pour ajuster les
prérogatives de l’Organisation régionale au nouveau contexte.
Selon les propres statistiques de la CEDEAO, la population de l’Afrique de l’Ouest est passée
de 70 millions à presque 300 millions d’habitants entre 1950 et 2010 et représente 40% de
celle de l’Afrique subsaharienne. Selon les projections des Nations unies, la population de la
région devrait, d’ici à 2050, atteindre 550 à 600 millions d’habitants. C’est donc une région
jeune et dynamique dont l’intégration commerciale régionale constitue un enjeu majeur et un
catalyseur de grandes possibilités de développement.
1.2. CEDEAO et Schéma de Libéralisation des Echanges (SLE)
Dans son ambition d’avoir un commerce libéralisé avec une parfaite fluidité des échanges
dans la région, la CEDEAO s’est dotée d’une Politique commerciale à travers un Schéma de
Libéralisation des Echanges (SLE). Le but est d’arriver progressivement à consolider la zone
de libre-échange existante et de passer à l’étape supérieure de l’Union douanière dès le 1er
1990 et de la faire coïncider avec l’entrée en vigueur du Schéma. Les deux initiatives visaient,
entre autres, l’élimination totale des droits de douane et des taxes d’effet équivalent à
l’intérieur de la région. Le Schéma de libéralisation des échanges envisagé couvrait trois
groupes de produits que sont les produits non transformés, les produits de l’artisanat et les
produits industriels.
Finalement, l’Union douanière n’a pu entrer en vigueur que le 1ere janvier 2015, avec 25 ans
de retard ; et le Schéma connait des problèmes d’effectivité qui seront passés en revue tout le
long de ce Rapport d’évaluation.
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Dans le contexte actuel du commerce mondial, la mise en œuvre du Schéma se conjugue avec
d’autres initiatives supra régionales qui le complète et qui pourraient l’accélérer sous certaines
conditions. La facilitation du commerce est devenue un enjeu multilatéral important qui peut
être saisi par la CEDEAO comme de nouvelles opportunités commerciales, dans la région et
en dehors.
1.3. CEDEAO et Tarif Extérieur Commun (TEC)
Le TEC de la CEDEAO est entré en vigueur le 1er Janvier 2015. Il parachève un long
processus d’intégration régionale et fait l’organisation régionale du statut de Zone de libre-
échange à celui d’Union douanière. Cela implique une libre circulation qui inclut à la fois les
produits originaires de la région et les produits importés. Désormais, un tarif uniforme sera
perçu aux frontières des Etats membres de la CEDEAO. Cette mutation juridique est à priori
une vraie opportunité de booster le commerce infrarégional grâce à l’usage de la libre pratique
intégrale. Dans le contexte de la mise en œuvre du SLE, il s’agit d’un facteur potentiel
d’accélération du processus. L’entrée en vigueur du TEC ouvre de grandes perspectives de
développement pour la région et pour ses ressortissants.
1.4. CEDEAO et Organisation Mondiale du Commerce (OMC)
Avec l’adhésion du Libéria à l’OMC le 14 Juillet 2016, tous les pays de la CEDEAO sont
dorénavant membres de l’OMC. Cela donne de facto une plus grande homogénéité
commerciale à la région.
Néanmoins, les pays de la CEDEAO sont tous membres de l’OMC à titre individuel. Les
engagements qu’ils ont pris ne sont pas du fait de l’organisation régionale et ne lui sont pas
directement opposables. La CEDEAO n’est pas elle-même membre de l’OMC, comme l’est
dans un autre registre l’Union Européenne qui comptabilise à la fois sa voix individuelle et
celles de ses 28 pays membres.
Dans la pratique, il arrive, et les cas sont déjà avérés, que les engagements pris par les Etats
membres de la CEDEAO soient pas en ligne avec la politique commerciale commune de
l’Organisation. Cette situation soulève des incompatibilités préjudiciables à la fluidité et à
l’effectivité du Schéma dans sa mise en œuvre.
Dans le même registre, mais dans un sens plus positif, les engagements pris individuellement
par les Etats membres de la CEDEAO, peuvent avoir un impact positif direct sur l’effectivité
du Schéma de libéralisation des échanges. C’est le cas au niveau des engagements pris dans le
cadre de l’Accord de l’OMC sur la facilitation des échanges qui est d’application individuelle
avec un effet régional de fait.
1.5. CEDEAO, UEMOA et Accords de Partenariat Economique (APE)
L’Accord de Partenariat Economique entre les pays de la CEDEAO et l’UE est en fin de
processus. Les négociations ont été lancées le 6 octobre 2003. Une Feuille de route décrivant
les différentes étapes du processus de négociation a été adoptée le 4 août 2004 à Accra. Le 10
juillet 2014, un Accord a été approuvé par les Chefs d’Etats de la région. Pour des raisons de
commodité et d’homogénéité, la Mauritanie a négocié avec les pays d’Afrique de l’ouest, sans
être membre de la CEDEAO. A ce jour, elle n’a pas encore signé l’Accord approuvé. Elle est
dans la même situation que la Gambie et le Nigéria qui n’ont pas non plus encore signé. Les
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13 autres pays membres de la CEDEAO ont de leur côté entériné la décision des Chefs
d’Etats par des signatures individuelles.
Si les signatures manquantes sont obtenues et les pays ratifient l’Accord par la suite, l’APE avec l’UE
prendra la forme d’une Zone de libre échange au titre de l’Article XXIV du GATT/OMC et sera
opérationnel par la suppression progressive des restrictions aux échanges entre les deux partenaires
commerciaux, avec un certain nombre d’obligations qui resteront asymétriques.
Pour l’Afrique de l’ouest, 75% des lignes tarifaires seront progressivement libéralisés sur une période
de 20 ans. L’Accord pourra être révisé tous les cinq ans, d’après les résultats d’une étude d’impact
effectuée au moyen d’un modèle d’analyse économique. L’APE pourra entrer en vigueur et être mis en
œuvre dès qu’il sera ratifié par les Etats membres de la CEDEAO et la Mauritanie.
Le cas échéant, il viendra ajouter aux difficultés juridiques et commerciales de superposition entre la
CEDEAO et l’UEMOA. Il s’ajoutera aux problèmes posés par la contrariété des engagements
commerciaux individuels des membres au niveau multilatéral. Et il constituera un niveau
supplémentaire d’échanges commerciaux détachables de la politique commerciale intrinsèque de la
CEDEAO. Dans ces conditions, la mise en œuvre du SLE n’en sera pas forcément compromise, mais
devra tenir compte des éléments d’extranéité constitués par les produits importés de l’UE.
1.6. CEDEAO et autres Méga-Accords commerciaux internationaux
Dans le contexte actuel, la CEDEAO doit faire face aussi aux enjeux nouveaux posés par les
méga-accords commerciaux qui sont en phase de négociation et qui auront une incidence sur
leur économie et leur processus d’intégration. Les deux qui apparaissent les plus importantes
à ce stade sont le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (PTCI) et le
Partenariat Trans pacifique (TPP).
Le PTCI vise la création d’une zone de libre-échange entre l’Europe et les Etats Unis. Ces
deux entités représentent près de 50 pourcent du PIB mondial et environ 30 pourcent du
commerce international. Elles ont toutes les deux des interactions commerciales très poussées
avec l’Afrique de l’Ouest et donc avec son Schéma de libéralisation. Le TPP regroupe douze
pays du Pacifique. Les différentes entités et pays concernés représentent 40 pourcent du PIB
mondial et 26 pourcent du commerce international. Ils sont aussi en interaction avec l’Afrique
de l’ouest.
Les enjeux posés par ces regroupements commerciaux nouveaux appellent une réponse
conforme de la CEDEAO, tant dans le domaine purement commercial que dans les aspects
juridiques et contentieux qui se poseront dans les différentes de phase de mise en œuvre de
tous ces accords enchevêtrés et qui ont l’OMC comme entité de régulation.
1.7. CEDEAO, Intégration régionale et Souverainetés nationales
Le choix d’une politique commerciale régionale, avec la mise en œuvre d’un schéma de
libéralisation qui est son corollaire, repose sur une intégration régionale effective et une
optimisation du principe de subsidiarité qui lui est afférent. La valeur ajoutée d’une politique
commerciale régionale, comme la CEDEAO en a l’ambition, réside dans des activités à
portage communautaire avec une mise en œuvre collective.
Or, la pratique montre à priori, un manque d’effectivité de la mise en œuvre du Schéma de
libéralisation. D’abord, il semble que le transfert de souveraineté des différents pays membres
à la CEDEAO n’est pas toujours effectif. Les compétences s’entremêlent. Les pays sont dans
une logique de gestion exclusiviste de leur politique commerciale. Et la CEDEAO n’a pas les
ressources qui garantissent l’opérationnalité des activités commerciales qui leur sont
dévolues. Ensuite, l’application de la subsidiarité ne répond à aucune règle ou consensus
préalable ; au point qu’on a une tendance à une superposition d’initiatives et d’activités qu’à
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une répartition stricte de compétences dans la mise en œuvre du SLE. Constats à priori ont été
testés durant le déroulement du travail d’évaluation.
Au final, le présent travail d’évaluation a été fait dans un contexte aux contours ci-avant
indiqués. Cela s’est avéré très utile et aidé l’équipe d’évaluateurs à mieux faire les situations
de la mise en œuvre du SLE dans les 15 pays membres de la CEDEAO et de les mettre en
perspectives régionales. Cela a aussi d’une grande utilité pour cerner les limitations objectives
du Schéma, d’en bien cerner des forces motrices qui accélèreraient sa mise en œuvre à travers
des réformes systémiques avenantes.
2. Couverture géographique de l’Evaluation et Mobilisation des Experts.
2.1. Couverture géographique
La démarche initiale du travail d’évaluation avait prévu de couvrir 8 pays de la CEDEAO. Ce
sont les pays suivants : Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Ghana, Guinée Conakry, Nigéria,
Sénégal et Togo.
Au cours du travail, des perspectives nouvelles sont apparues. En parfaite concertation avec
tous les protagonistes, il a été décidé d’étendre le nombre de pays couverts à 13 avec l’ajout
des pays suivants : Guinée Bissau, Mali, Cap-Vert, Niger et Gambie.
Au cours des différentes visites de terrain, et notamment à Abuja, il a été constaté de que très
peu d’études concernant la mise en œuvre du Schéma avait été réalisées et le présent travail
d’évaluation gagnerait à avoir une ambition exhaustive, en couvrant l’ensemble des 15 pays
membres de la CEDEAO. C’est ainsi que le Libéria et la Sierra Leone ont ajoutés. En
concertation avec les autres protagonistes, cette démarche a été validée.
2.2. Mobilisation des Experts
Suivant cette trame, la mobilisation des Experts s’est faite en conséquence.
Le travail d’évaluation exécuté par 2ACD Consulting a été effectué par une équipe complète
et pluridisciplinaire de treize (13) Experts :
1 Expert International Senior (Chef d’équipe) : Docteur en Droit International
Economique et Expert en négociations commerciales internationales ;
1 Expert International Senior : Docteur en Economie et Expert en Commerce
International ;
11 Experts locaux résidant dans les pays servant d’échantillon à l’étude : Ils sont tous
des Experts en Commerce international. Le Master en Economie internationale, en
Statistique ou en Droit a été le niveau de qualification minime requise.
Les deux Experts Seniors ont effectué les visites de terrain dans les deux capitales abritant les
organisations régionales (CEDEAO et UEMOA) et à Accra pour sa dimension économique et
stratégique dans la région.
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Le Tableau ci-après donne l’affectation de la couverture des pays
Pays Couverts Noms et Prénoms Titres
1. Bénin Dr Camille Guidime Enseignant –
Université de
Parakou -
Consultant
2. Burkina Faso Dr Didier Zoungrana Enseignant –
Université de
Ouagadougou
3. Cap-Vert M. João Almeida Ministère du
Commerce, Cap-
Vert
4. Côte d’Ivoire Dr Alioune Niang Enseignant –
Université de
Dakar - Consultant
5. Gambie Dr Alioune Niang Enseignant –
Université de
Dakar - Consultant
6. Ghana M. Sylvester Bagooro Consultant - TWN
7. Guinée Bissau M. Amarildo Correia Ministère du
Commerce
8. Guinée Conakry Dr Didier Zoungrana Enseignant –
Université de
Ouagadougou -
Consultant
9. Libéria Mr Geegbae Athanasius
Geegbae
Ministère du
Commerce
10. Mali Dr John Golo Enseignant –
Université de Lomé
- Consultant
11. Niger M. Harouna Zakari
Chaibou
Ministère du
Commerce
12. Nigéria Mr. Olusegun Adegun
and Mr. Nwiabu
Legborsi Nuka
Consultants -
NANTS
13. Sénégal Dr Alioune Niang Enseignant –
Université de
Dakar - Consultant
14. Sierra Leone Mr Amara Ibrahim
Bangura
Ministère du
Commerce
15. Togo Dr John Golo Enseignant –
Université de Lomé
- Consultant
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3. Différentes phases et activités de l’Evaluation
Les activités préconisées dans les termes de références ont été réorganisées et regroupées en
deux phases : Audit documentaire du SLE (1) Document d’évaluation SLE (2).
Activité 1 : Audit documentaire préalable des textes et pratiques liés au SLEC
Analyse de tous les documents pertinents de la CEDEAO liés à la libéralisation des
échanges commerciaux ;
Collecte et analyse de tous les documents des autres organisations d’intégration
commerciale régionale de la région Afrique de l’Ouest ;
Identification et documentation des cas des pays ayant intégralement mis en œuvre le
schéma ;
Identification et documentation des cas des pays ne s’étant pas engagés dans la mise
en oeuvre du SLEC.
Activité 2 : Etat des lieux de la mise en œuvre du SLEC
Evaluation des mécanismes et procédures de libération des échanges dans la région
Afrique de l’ouest ;
Identification des obstacles anciens et nouveaux relatifs à la mise en œuvre des
instruments communautaires visés ;
Description de l’état des lieux des mesures fiscales et non fiscales prises par chaque
pays susceptible d’encourager ou de contrarier l’effectivité du schéma de libéralisation
des échanges.
4. Approche méthodologique
L'évaluation du SLE comprend l'analyse de sources d'informations principales et secondaires,
à fois qualitatives et quantitatives, qui peuvent être articulées de sorte à répondre aux
questions de l'évaluation. Des visites de terrain ont été effectuées dans les 15 pays membres
de la CEDEAO et au sein des deux organisations régionales que sont la CEDEAO et
l’UEMOA. Ces visites ont été des phases clés dans l’approche méthodologique du présent
travail d’évaluation.
Les sources principales d'informations ont inclus :
Des entretiens avec les parties prenantes clés ainsi qu'avec les contreparties
nationales ;
Des visites sur site dans les pays échantillons ;
Dans la mesure du possible, des groupes de discussion ou la consultation de
bénéficiaires pour les pays sélectionnés.
Les sources secondaires d'informations ont inclus :
Des preuves documentaires, notamment les politiques régionales, les stratégies et les
politiques commerciales des pays ;
Les statistiques officielles disponibles au niveau national ;
Les documents pertinents, notamment les évaluations réalisées par d'autres partenaires
de développement et les indicateurs structurels de développement compilés par
d'autres organisations.
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Analyse documentaire L'analyse documentaire a été utilisée pour détecter, vérifier et analyser toutes les informations
qualitatives et quantitatives qui peuvent être obtenues à partir de sources secondaires. Les
documents incluront :
Les documents d'approbation du SLE (y compris les études de contexte) ;
Les rapports existant sur la supervision et les conditions de mise en œuvre du
SLE ;
Les documents de procédure et de gouvernance, notamment les politiques et les
stratégies commerciales ;
Les ensembles de données statistiques officielles, nationales et régionales ;
Les grilles d’évaluation des politiques commerciales au niveau international ;
Toute évaluation antérieure disponible produite par d'autres partenaires de
développement.
Consultations, réunions et entretiens avec les parties prenantes clés (Visites de
terrains)
Les activités de l'équipe d'évaluation ont été réalisées avec toutes les parties prenantes du
SLE. Les annexes aux rapports des différents pays donnent une liste complète des personnes
rencontrées dans ce cadre.
Ces parties ont été identifiées comme étant :
Partenaires institutionnels du SLE ;
Personnels liés au SLE ;
Parties prenantes bénéficiaires et représentants ;
Autres figures « leaders d'opinion » tels que les acteurs de la société civile travaillant
sur les politiques commerciales.
Les thèmes de consultation les plus importants ont pu être détectés de la manière suivante :
Auto-évaluation des résultats du SLE produite par les leaders (pertinence, efficacité,
efficience, durabilité, cohérence et valeur ajoutée) et par le personnel participant au
processus de mise en œuvre ;
Description de la conception décisionnelle ayant produit la présentation réelle du SLE
(environnement décisionnel, objectifs, options, négociations, stratégie, planification,
mise en œuvre, participation, dissémination) ;
Toute spécification de lignes d'action différentes comme alternatives à la stratégie
réelle du SLE ;
Détection de résultats involontaires du SLE et de bénéfices connexes engendrés ;
Identification des résultats et des leçons apprises.
5. Difficultés rencontrées
Les visites de terrain se sont globalement bien déroulées. Un Expert a été positionné dans
chacun des 15 pays de la région, de préférence un Expert local. Cette approche n’a pas pu être
appliquée partout. Des experts externes, mais en provenance de la sous-région, ont été
positionnés dans certains pays. Cela a été le cas pour la Guinée Conakry, la Gambie, le Mali
et la Côte d’Ivoire. Cela n’a eu aucune incidence dans le déroulement du travail. En revanche,
quelques difficultés ont été notées au Cap-Vert et en Guinée Bissau où les Experts ont été
confrontés à des difficultés de langue de travail. Au Libéria, le problème spécifique de la
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disponibilité des données. Cette dernière difficulté a été d’ailleurs rencontrées partout, dans
des proportions différentes. Des moyens d’atténuation ont été efficacement appliqués, même
si cela a eu des répercussions sur les délais de remise des rapports.
6. Questions d’Evaluation (7) et Structure du Rapport
Le Rapport est divisé en deux grandes parties.
La première partie est plus analytique. Elle est organisée autour d’une approche régionale
du SLE. Il y est proposé une synthèse des différents nationaux, analysée dans une
perspective régionale ; une approche comparative entre les deux organisations régionales
de la région dans leur mise en œuvre de leur propre mécanisme de libéralisation ; et une
approche prospective sous forme de recensement des externalités positives qui peuvent
servir de forces motrices au SLE en accélérant sa mise en œuvre.
La seconde partie est plus factuelle et propose un état de situation du SLE dans chacun des
15 pays de la région. Ces rapports/pays sont présentés suivant le même format, pour
faciliter la compréhension du lecteur. Ils sont organisés autour des 7 questions
d’évaluation suivantes :
1. Comment le dispositif juridique du SLE est reçu et mis en œuvre au niveau national ?
2. Quelles sont les institutions et Procédures de mise en œuvre du SLE ?
3. Quelle est la Situation de mise en œuvre du SLE ?
4. Quelles sont les cas d’application pratique du SLE à des politiques commerciales ?
5. Quelles sont les entraves à la libre circulation des produits agréés et à une mise en
œuvre optimale du SLE ?
6. Quels sont les mécanismes de facilitation de la mise en œuvre du SLE ?
7. Quelles sont les interactions entre le SLE, le Commerce régional et multilatéral.
Chaque question d’évaluation est complétée par des sous-questions d’évaluation qui les
précisent et les affinent. Elles sont au nombre de 34. La combinaison des questions et des sous
questions d’évaluation sont organisées de sorte à constituer le plan de présentation de chaque
Rapport national. Elles sont conçues de sorte à fournir toutes les informations utiles à une
bonne appréhension de la mise en œuvre du Schéma dans les 15 pays de la région.
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PARTIE I : APPROCHE REGIONALE
I. Synthèse des évaluations nationales et Perspectives régionales
Résumé analytique
Le Schéma de Libéralisation des Echanges (SLE) de la CEDEAO a pour objectif de relever le
niveau des échanges entre ses Etats membres. Les produits industriels agréés, de l’agriculture,
de l’artisanat et du cru ne devraient pas être assujettis aux droits de douane. Globalement, tous
les pays de l’espace communautaire ont reçu et adopté les protocoles relatifs au SLE, sauf le
Libéria qui ne les applique pas d’une manière effective. Après une période fortes réticences, le
Nigéria a commencé à rendre effectives les dispositions du SLE.
Malgré cette facilité procurée par le schéma, les entreprises de la région montrent un faible
engouement au schéma. D’un point de vue régional, il ressort que la plupart des entreprises
ignorent l’existence du schéma qui est dû à un déficit de communication, de sensibilisation et
de formation des entrepreneurs sur le SLE. De 1990 à nos jours, 65 entreprises sont agréées
par an dans toute l’espace communautaire, soit une moyenne d’environ 4 entreprises par an et
par pays. Le Nigéria, leader de la sous-région, présente à lui seul 1 265 entreprises agréées,
soit 64 % du nombre total d’entreprises agréées. Toutefois, les Etats de la CEDEAO,
échangent très peu entre eux. Le volume des échanges intra-communautaires se situe entre 10
% et 15 %. Par conséquent, environ 85 % des échanges s’effectuent avec le reste du monde.
Cette situation pourrait s’expliquer par la précarité des infrastructures de transport et de
communication, mais surtout par l’existence de barrières tarifaires et de tracasseries routières
le long des corridors. Cependant, le refus d’acceptation des certificats d’origine par certains
pays, la non effectivité du TRIE et les difficultés liées à l’utilisation de la carte brune sont
autant d’obstacles à la libre circulation des biens et des personnes dans la CEDEAO.
Ces difficultés pourront être levées avec la mise en place de la Task force et des mesures
correctives à prendre par la CEDEAO et les Etats membres dans l’optique de parfaire
l’application du SLE.
Introduction
Le schéma de libéralisation des échanges (SLE) commerciaux de la CEDEAO a pour objectif
de booster le volume des échanges dans l’espace communautaire. Depuis sa définition en
1979 et son entrée en vigueur en 1990, les différents pays de l’espace communautaire
travaillent pour le rendre effectif. Avec l’harmonisation des politiques commerciales assortie
de la définition d’un tarif extérieur commun en janvier 2015 au niveau de la CEDEAO et eu
égard à la volonté manifeste des chefs d’Etats d’aller vers une intensification du commerce
intra-communautaire, l’évaluation de la mise en œuvre du SLE apparait comme une nécessité.
C’est dans cette optique que la présente étude est commanditée pour non seulement faire le
bilan des réalisations, dégager les obstacles à la libre pratique et formuler des
recommandations pour son amélioration qualitative. Cette synthèse présente d’abord la
situation de l’adoption du dispositif juridique du SLE, ainsi qu’une vue globale des
institutions compétentes désignées dans l’ensemble des pays pour accompagner la mise en
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œuvre du SLE. Ensuite, elle fait le point surla mise en œuvre du schéma. Enfin, elle examine
le cas d’application pratique du SLE à des politiques commerciales.
1. Réception et mise en œuvre du dispositif juridique du SLE au niveau national
La ratification des protocoles relatifs au SLE par chaque Etat membre de la communauté est
le point de départ du processus. Ces protocoles sont au nombre de quatre et il s’agit du
protocole relatif à la notion de produits originaires1, du règlement relatif à la procédure
d’agrément2, du règlement relatif à l’adoption d’un certificat d’origine3 et du règlement relatif
à la détermination des éléments constitutifs du prix de revient ex-usine d’un produit4. A cet
effet, tous les pays de la CEDEAO ont reçu ces dispositifs juridiques. Ces textes ont servi de
base dans les pays qui les ont appliqués pour la mise en place des Comités nationaux
d’agrément (CNA) et des structures connexes pour la mise en œuvre du SLE. Globalement,
quatorze(14) pays sur les quinze (15) ont appliqué ces protocoles. Le Nigéria, locomotive de
la CEDEAO, commencé à les appliquer, même si c’est de façon tardive. En revanche, le
Libéria n’a pas encore appliqué les différents protocoles. La non-application de ces protocoles
dans ce pays s’explique par une inadéquation entre le caractère juridique des quatre dispositifs
règlementaires et le droit national libérien, ce qui traduit une absence de l’application du droit
communautaire en matière de libre échange. Cette attitude pourrait s’interpréter comme un
refus de se conformer aux dispositions supranationales qui en règle générale priment sur les
dispositions nationales.
L’adoption des différents protocoles est une chose. Leur application effective en est une autre.
Le constat est que les protocoles ne pas effectivement appliqués dans les différents pays, 26
ans après leur adoption ; ce qui constitue un frein majeur à la libre circulation des biens et des
personnes dans l’espace CEDEAO. Cet état de fait pourrait engendrer des frustrations
économiques et sociales et compromettrait la réalisation de la vision 2020 de la CEDEAO qui
consiste à passer de la CEDEAO des Etats à la CEDEAO des peuples.
2. Institutions et Procédures de mise en œuvre du SLE
Pour la mise œuvre du SLE, la désignation de structures compétentes ainsi que la définition
de procédures claires sont indispensables. Il s’agit ici de présenter globalement les structures
nationales en charge du schéma et les procédures définies pour l’obtention de l’agrément.
Désignation de l’autorité nationale en charge du SLE
La structure gouvernementale chargée du schéma de libéralisation varie d’un pays à un autre.
Quatre ministères sont généralement responsabilisés dans la sous-région pour le pilotage du
SLE. Il s’agit essentiellement du ministère du commerce, du ministère de l’industrie, du
ministère de l’économie et des finances et enfin du ministère de l’intégration régionale. La
tendance qui se dégage est que le ministère du commerce est le plus sollicité pour la prise en
charge du schéma. Il est important de noter que le ministère désigné travaille en synergie avec
d’autres structures nationales sectorielles.
1 Protocole A/P1/1 03 du 31 janvier 2003 2 Règlement/REG.3/4/2002 du 23 avril 2002 3 Règlement/REG.4/4/02 du 23 avril 2002 4 Règlement/REG.5/4/02 du 23 avril 2002
15
Mise en place formelle du Comité National d’Agrément (CNA)
Après la réception et l’application des dispositifs sur le schéma, les pays membres de la
CEDEAO ont mis en place les CNA. Depuis 2004, la mise en place des CNA n’a pas été
systématique dans tous les 15 pays. Les pays comme le Nigéria, la Côte d’Ivoire et le Burkina
Faso sont parmi les premiers à mettre en place leur Comité Nation d’Agrément. Par la suite, il
y a eu un fort engouement de la part des autres pays qui ont procédé à la mise en place des
leurs. Actuellement, seuls deux pays de la CEDEAO n’ont pas de CNA d’une manière
formelle. Il s’agit du Libéria, qui n’a toujours pas adopté les dispositifs juridiques et de la
Guinée Bissau. L’absence d’un CNA formel au Libéria et en Guinée Bissau pourrait être une
des causes fondamentales du faible nombre ou de l’absence d’entreprises agréées au schéma.
Désignation de l’autorité compétente nationale chargée de la délivrance des
certificats d’origine
Le certificat d’origine est le document qui accompagne les produits industriels agréés au
schéma. Il est considéré comme la « carte d’identité » du produit. D’une manière générale, la
délivrance de ce certificat est du ressort du ministère commerce ou de l’industrie dans les pays
de la CEDEAO. Toutefois, le certificat d’origine s’établit sur la base de l’agrément CEDEAO.
Cependant, pour obtenir l’agrément, l’entreprise constitue son dossier technique et le dépose
auprès du ministère en charge du schéma dans les 14 pays de la CEDEAO. Par contre, au
Bénin, c’est le CNA qui a la lourde tâche de remplir le dossier de l’entreprise. Trois critères
doivent être remplis par l’entreprise pour l’obtention de l’agrément. Il s’agit du critère de
produits entièrement obtenus5, de la valeur ajoutée6 et du changement de position tarifaire7. Il
ressort que les entreprises de la sous-région éprouvent d’énormes difficultés pour constituer
un bon dossier technique. Pour contourner cette difficulté, les entreprises demandent souvent
l’expertise des maisons d’études. De plus, l’entreprise est chargée de dupliquer le dossier
technique au moins en cinq (05) exemplaires avant de le déposer. Le secteur privé n’est pas
très impliqué dans la procédure d’agrément. En effet, dans certains pays, il n’est pas
représenté dans le CNA. Il est important de faire ressortir que le temps séparant le dépôt du
dossier de demande d’agrément et son obtention varie d’un pays à un autre. Cependant, ce
temps est estimé entre 2 et 6 mois. Par contre, l’obtention du certificat d’origine n’excède pas
deux semaines pour tous les pays et renouvelable tous les six (06) mois.
Désignation du Ministère chargé de notifier la décision d’agrément à la
Commission de la CEDEAO
Le Ministère chargé de notifier la décision d’agrément à la Commission de la CEDEAO est le
celui du commerce et d’industrie pour la plupart des pays. Seulement, trois pays (Burkina
Faso, Cap Vert et Nigéria) passent par le Ministère des Affaires Etrangères via la Cellule
Nationale de la CEDEAO pour la notification.
Les ministères du commerce, de l’industrie ou des affaires étrangères sont désignés pour
accompagner la mise en œuvre du SLE. A ce niveau, tous les pays ont mandaté un ministère
pour suivre et coordonner les activités du schéma. Présentement, deux pays à savoir le Libéria
et la Guinée Bissau n’ont toujours pas de CNA. On peut donc retenir que tous les 15 Etats
membres de la CEDEAO n’ont pas enclenché tous les mécanismes favorables à la bonne
marche du schéma.
5 Les produits sont considérés comme entièrement obtenus au sein de la CEDEAO si au moins 60% de l’ensemble de leurs
matières premières, en quantité, sont originaires de la CEDEAO. 6 Si les matières premières bénéficient d'une valeur ajoutée d’au moins 30% du prix de revient ex-usine hors taxes des
produits finis, la marchandise est considérée comme un produit d’origine. 7 Les critères de changement des rubriques tarifaires doivent se refléter dans les 4 premiers chiffres du code SH.
16
3. Situation de mise en œuvre du SLE
Globalement, les entreprises de la sous-région s’intéressent très peu au schéma. Cependant,
certains pays ont accompli de remarquables efforts pour stimuler leurs entreprises à agréer
leurs produits an vue de faciliter leur accès au marché régional. Ainsi, le Nigéria, le Ghana, le
Sénégal et la Côte d’Ivoire constituent le « Big four » en termes du nombre d’entreprises
agréées au schéma. Le graphique ci-dessous montre le nombre d’entreprises agréées au SLE
et par pays.
Tableau 1 : entreprises agréées par pays dans la CEDEAO de 1990 à 2016
Pays Nombre d’entreprises
agréées
Benin 47
Burkina Faso 15
Cap Vert 7
Côte d’Ivoire 119
Gambie 21
Ghana 879
Guinée Bissau 1
Guinée Conakry 17
Liberia ND
Mali 43
Niger 4
Nigéria 1265
Sénégal 131
Sierra Léone ND
Togo 40
Total CEDEAO 2589
Source : Auteur sur la base des rapports pays
ND : Non Déterminé
Il ressort du graphique que le Nigéria, présente à lui seul 1 265 entreprises agréées pour un
total de 25898 entreprises agréées au SLE. Ainsi, ces statistiques confortent le statut de
locomotive du pays dans l’espace CEDEAO. Cependant, une analyse relative, c’est-à-dire en
rapportant le nombre d’entreprises agréées au nombre total d’entreprises, pourrait être un
meilleur indicateur de comparaison des efforts fournis par les différents pays. Le Ghana suit
avec 879 entreprises agréées. Le Sénégal et la Côte d’Ivoire suivent de loin avec
respectivement 131et 119entreprises agréées. Toutefois, les progrès réalisés par ces pays sont
assez satisfaisants et sont dus aux efforts d’encadrement, de sensibilisation et de formation sur
le schéma en faveur de leurs opérateurs économiques. Cependant, le Cap Vert, le Niger et la
Guinée Bissau sont les pays présentant peu d’entreprises agréées avec 7, 4 et 1entreprises
respectivement. Les entreprises de l’espace CEDEAO s’interessaient très peu au SLE, mais
ces dernières années, elles ont tendance à aller vers ce schéma. Les chiffres actuels
temoignent d’un effort régional et individuel relativement moins important en termes
d’entreprises agréées.
8Les entreprises de la Sierra Léone ne sont pas inclues dans ce total de 2589 par manque de statistiques. Le Libéria n’a pas
agréé des entreprises.
17
D’un point de vue régional, il ressort que la plupart des entreprises ignorent l’existence du
schéma ; ce qui est dû à un sérieux ploblème de communication, de sensibilisation et de
formation des entrepreneurs. Pourtant, le schéma offre aux entreprises agréées une
exonération des droits de douane sur leurs produits. En effet, selon la logique du schéma, les
produits industriels agréés, les produits du cru et de l’artisanat traditionnel devraient
s’exporter vers les Etats membres de la CEDEAO en franchise de droits de douane. De l’avis
des entrepreneurs et exportateurs, l’exonération effective des produits originaires de la
CEDEAO de droits de douane les encouragerait à aller vers le schéma. Cependant, les
tracasseries persistent le long de tous les corridors de la sous-région, même sur les produits
agréés, rendant ainsi certaines entreprises hostiles au schéma. Les industries de la sous-région,
sont globalement des industries legères de substitution. Par conséquent, les produits passant
par le schéma, sont essentiellement des produits agro-alimentaires.
4. Cas d’application pratique du SLE à des politiques commerciales
La pratique du SLE repose sur quatre volets essentiels à savoir la question de l’origine du
produit, des mesures sanitaires et phytosanitaires, le transit routier inter-Etats (TRIE) et la
question de l’assurance à travers la carte brune CEDEAO.
Réforme des règles d’origine
L’origine d’un produit, d’une marchandise est prouvée par le Certificat d’Origine (CO). Le
rôle du CO est de permettre l’identification des marchandises bénéficiaires du régime
suspensif de droit de douane, c’est-à-dire les marchandises qui doivent circuler librement. A
contrario, il permet de déterminer les produits soumis aux droits de douane et taxes. Leur
détermination est nécessaire pour la libre circulation des produits dans une Zone de Libre
Echange (ZLE). Les règles d’origine permettent de construire et de développer un marché
déterminé ainsi que les échanges entre pays. En outre, eelles permettent l’industrialisation, la
stimulation des activités économiques et le développement. Les règles d’origine sont
évolutives dans la CEDEAO et nécessite une évaluation périodique pour une bonne marche de
l’intégration économique régionale. Malheureusement, dans la pratique, les exportateurs
éprouvent d’énormes difficultés dans leurs activités, même s’ils détiennent de certificats
d’origine pour leurs produits. Dans la plupart des cas, les services de douane, pour ne pas
renoncer aux droits de douane du pays importateur refusent de reconnaitre l’authenticité des
certains certificats d’origine. Cette situation est de plus en fréquente, depuis 2007 lorsque la
CEDEAO a arrêté le paiement des moins-values. Les subterfuges utilisés par certains pays
pour continuer à percevoir les droits de douane se justifient en grande partie par la part
importante des recettes de porte dans leur budget.
Le certificat d’origine de la CEDEAO est de couleur verte, format ISO/A4 (210X297 mm). Il
faut éviter le grattage, les surcharges, les interlignes, les signatures par des autorités non
compétentes ou les apostilles pour ne pas se voir rejeter son certificat d’origine. En cas de
contestation d’un certificat d’origine, l’intéressé est tenu de verser une caution à la douane,
garantissant ainsi les droits et taxes du pays importateur. Cependant, une sérieuse difficulté
apparait. Il s’agit de la constitution et de la restitution de la caution. S’agissant de sa
constitution, elle est lourde et imprévisible par l’entreprise. Si les produits concernés sont
périssables, l’exportateur peut se retrouver avec une partie de sa marchandise déjà avariée à la
douane. S’il s’avère que le certificat est authentique après la vérification, la restitution de la
caution n’est pas automatique. En effet, la démarche administrative est lourde, générant ainsi
18
des coûts de transaction importants. Globalement, la douane est la structure compétente pour
la reconnaissance des certificats d’origine dans l’espace communautaire CEDEAO. Pour
faciliter davantage le commerce dans la CEDEAO, il est nécessaire dématérialiser le CO.
Cette dématérialisation va rendre le CO facilement manipulable et ainsi éviter les problèmes
de contestation.
Mesures sanitaires et phytosanitaires
Les normes sanitaires et phytosanitaires ne constituent pas une sérieuse entrave à la libre
circulation des produits agréés au sein de la CEDEAO. Il n’existe pas pour le moment des
normes sanitaires et phytosanitaires (SPS) régionales du fait de l’absence d’une structure SPS
au niveau de la CEDEAO. Cependant, les questions de normes sont abordées dans les accords
bilatéraux. Dans certains pays, il existe des comités nationaux SPS qui ne fonctionnent pas
pleinement. Si un produit quitte un pays A vers un autre pays B, une fois la frontière franchie,
le produit doit satisfaire les normes du pays B qui est l’importateur. Pour assurer une grande
compétitivité et un meilleur accès de leurs entreprises au marché régional, le CNA exige dans
certains pays, une labélisation de l’entreprise, avant d’accorder le certificat d’origine, c’est le
cas notamment de la Guinée Conakry9. Globalement, le contrôle sanitaire n’est pas exigé pour
le moment dans la sous-région. Par contre, le Nigéria exige des normes SPS sur les produits
exportés vers son territoire. Ces normes sont très souvent définies de manière unilatérale dans
le but de décourager les exportations des entreprises des autres Etats membres vers son
territoire. Le domaine agroalimentaire est le plus touché par ces normes et constitue l’exemple
le plus illustratif. Le pays exige la certification de NAFDAC (Nigerian Agency for Foods and
Drugs Administration and Control) qui est complexe pour l’exportateur avec des frais assez
importants. Des exigences supplémentaires imposées par Standards Organization of Nigeria
(SON) viennent alourdir davantage la charge des exportateurs.
La question des normes doit être traitée avec beaucoup d’attention et de rigueur pour éviter la
prolifération des obstacles non tarifaires.
Transport – TRIE
Le Transit Routier Inter Etats (TRIE)10 est un complément du SLE. Il est normalement levé à
la première frontière et reste valable jusqu’à destination. Dans la plupart des pays, cet
instrument de libéralisation des échanges est logé au ministère du commerce. Initié depuis
1982, le TRIE n’est toujours pas opérationnel dans la CEDEAO. Cependant, le principal
problème rencontré est la redondance dans la levée et la question du fonds de garantie. Il faut
noter que le TRIE s’applique différemment d’un pays à un autre, aucune harmonisation n’est
constatée dans son application. De plus, les conventions sont signées par les pays d’une
manière bilatérale et non multilatérale. Du reste, le cautionnement national qu’est le fonds de
garantie11 ainsi que la lourdeur administrative dans les modalités de remboursement
constituent un frein au libre-échange dans l’espace communautaire. Les exportateurs
reconnaissent cependant que le TRIE constitue normalement un facteur de facilitation du
transport entre les Etats membres de la CEDEAO. Mais du fait que son application n’est pas
effective, cela entraine des charges supplémentaires et des pertes de temps pour les
opérateurs. Pour résoudre définitivement cette difficulté, la CEDEAO doit s’atteler à une mise
en œuvre harmonisée et effective de cet instrument.
9 Il s’agit d’abord de la protection OAPI ; ensuite de la labélisation ISO 9001 et enfin les tests au niveau des laboratoires
nationaux. 10 La Convention A/P4/5/82 relative au Transit Routier Inter-Etats des marchandises. 11 La garantie représente 0,25% de la valeur de marchandise
19
Réforme Assurance (Carte brune CEDEAO)
Le système de la carte brune CEDEAO a été institué en 1982 et s’était fixé un certain nombre
d’objectif. Il s’agit d’abord de faciliter aux automobilistes internationaux une libre circulation
dans la Communauté tout en permettant aux transporteurs internationaux de respecter
l’obligation d’assurer les véhicules terrestres à moteur en vigueur dans les pays de la
Communauté. Ensuite, encourager le développement des échanges commerciaux et le
tourisme entre les Etats ainsi que l’aménagement d’un système commun pour le règlement des
sinistres liés à la libre circulation des biens et des personnes au sein de la CEDEAO. Enfin, il
s’agit d’offrir aux Marchés d’Assurance de la CEDEAO le moyen de multiplier les liens et les
échanges internationaux. Il faut noter que dans l’espace CEDEAO, l’assurance est obligatoire
pour tous les véhicules, mais pas forcément exigée pour les marchandises.
Cette carte brune est gérée au sein des sociétés locales d’assurances de chaque pays. Le
bureau des structures de coordination s’occupant de cette carte brune dépend fortement de
cette société d’assurance. Le bureau n’est pas autonome ni administrativement, ni
financièrement. Pourtant, le Protocole12 de la CEDEAO prévoyait que les bureaux nationaux
devraient garder leur autonomie. Après 34 ans d’existence de la carte brune CEDEAO, les
problèmes demeurent toujours nombreux et affectent la facilitation du commerce, du transport
des produits entre les Etats membres. En plus d’absence d’autonomie, les camions munis de la
carte brune sont souvent arraisonnés dans certains Etats membres lorsqu’ils causent un
préjudice ou un sinistre. En outre, la procédure d’indemnisation est très lente et peut prendre
plusieurs mois, voire des années en cas de sinistre. Le processus d’indemnisation devient de
plus en plus délicat lorsque l’opération nécessite une convertibilité de monnaies. Du reste, La
carte brune de la CEDEAO a du mal à s’appliquer d’une manière effective dans la sous-
région.
5. Entraves à la libre circulation des produits agréés et à une mise en œuvre optimale
du SLE
Le potentiel de 300 millions de consommateurs de la CEDEAO, avec exemption des droits de
douane, constitue un atout majeur pour le développement des entreprises, car le SLE favorise
l’innovation et assure l’égal accès au marché communautaire. L’opportunité offerte aux
producteurs régionaux à travers le SLE devrait être une importante source de marge
bénéficiaire pour ces entreprises parce que leurs produits qui satisfont aux règles d’origine
bénéficient d’un accès en franchise de droits de douane dans la région. Les pays membres de
la communauté d’une manière générale devraient profiter des avantages conférés par ce
schéma pour relever le niveau de leurs échanges intracommunautaires. Malgré ces conditions,
la demande à l’intérieur de la communauté est en grande partie assurée par des partenaires
extrarégionaux. Le commerce intra régional se situe dans l’intervalle 10 % à 15 %. Par
conséquent, plus de 80 % des échanges de la sous-région se font avec le reste du monde. Ce
faible niveau des échanges intra régionaux, pourrait trouver sa réponse dans la structure du
tissu industriel régional et les infrastructures de soutien à la production et à la
commercialisation. Hormis le Nigéria et dans une moindre mesure, le Ghana, toutes les autres
industries de la sous-région ne sont que des industries légères de substitution. Dès lors, tous
les pays produisent presque les mêmes biens, rendant ainsi l’échange difficile par manque de
diversification. De plus, les biens locaux de la région n’incorporent pas une valeur ajoutée
importante. Du reste, les capacités limitées des entreprises sous régionales, greffées à
12. Le Système de la Carte Brune d’Assurance a été institué par le Protocole A/P1/5/82 signé par les Chefs d’État et de
Gouvernement de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le 29 Mai 1982 à Cotonou,
République Populaire du Bénin.
20
l’inadéquation des infrastructures de transport et communication et la lourdeur des procédures
administratives, rendent pénibles les échanges intra régionaux. Malheureusement, à toutes ces
difficultés, viennent s’ajouter plusieurs obstacles tarifaires et non tarifaires persistant sur les
différents corridors.
Concernant les barrières tarifaires, globalement, les produits agréés au SLE entrent en
franchise de droit de douane dans les pays de la CEDEAO. Cependant pour être exempté du
paiement des droits de douane, le certificat d’origine, est la pièce indispensable pour tous les
produits industriels de la région. Toutefois, la TVA est perçue par tous les pays de la sous-
région. Cette taxe varie entre 15 % et 20 % dans la CEDEAO, mais la majeure partie des pays
se situe dans l’intervalle [18 % - 20 %]. Elle est perçue à la source (frontière) par la douane
pour pallier aux difficultés de sa collecte à l’interne. En plus de la TVA, les pays de la
CEDEAO perçoivent d’autres types taxes. Il s’agit, des droits d’accises, des taxes de voirie,
de la redevance informatique, de la taxe statistique, etc. Pour combler la perte des droits de
douane, chaque pays, en ce qui le concerne, trouve un moyen de taxation déguisé, pour
récupérer tout ou une partie des droits de douanes perdus au titre du SLE. Globalement, tous
les pays de la CEDEAO s’adonnent à plusieurs perceptions illicites le long des corridors. Ces
perceptions sont assurées dans la sous-région par les forces de défense et de sécurité. Il s’agit
essentiellement, de la gendarmerie, de la police, la douane et les eaux et forêts. A cet effet, les
autorités ghanéennes perçoivent 900 cédis ghanéens pour les petits ruminants et 1 500 Ghana
cedis pour les grands animaux arrivant sur son territoire. Dans la sous-région, le Mali est le
pays où les perceptions illicites sont les plus élevées. Les montants payés par les camions aux
100 kms peuvent même atteindre 8.000 francs CFA. Par contre, le Togo, est le pays qui
fournit plus d’efforts pour la libre circulation des biens et des personnes dans la CEDEAO.
Hormis les taxes, l’un des plus grands défis pour l’intégration régionale reste les mesures non
tarifaires (MNT) indépendamment de la capacité d’approvisionnement des exportateurs.
Généralement, les produits industriels détenant un certificat d’origine, de l’agriculture, de
l’artisanat traditionnel et du cru ne font pas l’objet d’une interdiction totale d’exportation dans
l’espace CEDEAO. Autrement dit, il n’existe pas de quota à l’importation comme à
l’exportation des produits agréés passant par le SLE. Par contre, l’existence de plusieurs
postes de contrôle le long des corridors, a pour conséquence, la perte énorme de temps par les
camions. Ces temps de contrôle peuvent même atteindre tout une journée dans certains pays,
lorsque le conducteur refuse de payer les taxes illicites. Par conséquent, certains produits
seront déjà défectueux lors du transport et les délais de livraison seront affectés.
S’agissant de la protection nationale, certains pays de l’espace, dans le souci de sauvegarder
certains secteurs stratégiques, décident directement de limiter volontairement les importations
venant d’autres Etats membres. Si les exigences techniques relatives aux produits peuvent
dans une certaine mesure garantir la protection des consommateurs, accroître leur satisfaction
et finalement conduire à stimuler la demande, les procédures qui leur sont liées peuvent
toutefois augmenter les coûts commerciaux. Le cas le plus connu et qui crée des distorsions
aux échanges intra régionaux est le Nigéria. En effet, ce pays a identifié une liste de 78
produits agréés venant de différents pays de la CEDEAO ne pouvant faire l’objet
d’exportation vers son territoire. La taille de son marché local fait que de telles distorsions
créent de sérieuses difficultés aux autres pays de la région. Quant au Mali, il est fait état de
l’existence d’une contrainte d’achat d’une certaine quantité de farine sur le marché local avant
toute importation. La farine de poisson sénégalaise, qui est un produit agréé au schéma, fait
état d’une perception de droits de douane par la Côte d’Ivoire. De plus, les matelas togolais,
sont toujours bloqués à la frontière ghanéenne sans motif officiel même si dans le fond ces
21
pratiques visent à protéger les entreprises locales de la concurrence. Toutes ces mesures, sont
de nature à réduire le commerce entre les Etats membres de la CEDEAO.
6. Mécanismes de facilitation de la mise en œuvre du SLE
Dans le cadre du commerce entre Etats membres de la CEDEAO, plusieurs problèmes sont
rencontrés par les opérateurs économiques. Il s’agit notamment, du problème
d’authentification des certificats d’origine et surtout du refus inexpliqué de certains pays, de
laisser le produit agréé pénétrer son territoire en franchise de droits de douane. Ces différentes
situations bouleversent l’activité des opérateurs. Globalement, les pays de la communauté ne
disposent pas de numéro vert ni de site Web par lesquels les opérateurs économiques peuvent
signaler ces irrégularités sur le terrain notamment les tracasseries le long des corridors. La
CEDEAO ne dispose pas non plus de mécanisme de règlement des différends. Toutefois, pour
le règlement des différends au niveau des postes frontaliers, la voie hiérarchique c’est-à-dire
la saisie par correspondance est la plus indiquée. Cependant, certaines incompréhensions
peuvent se résoudre à travers un coup de téléphone. Les opérateurs qui ont le numéro de
téléphone d’un membre du CNA peuvent souvent appeler pour lever certaines
incompréhensions au niveau des postes frontaliers. En définitive, le règlement à l’amiable
entre les parties concernées est le plus utilisé dans la sous-région. En cas d’échec de toutes ces
tentatives, la saisie de la commission de la CEDEAO est le dernier recours. Du reste, la mise
en place de la Task force le 20 mai 2016, pourrait être un instrument efficace pour la
libéralisation effective des échanges. Cette force, composée de 7 membres est un organe
consultatif de la CEDEAO et a pour rôle, de veiller à l’avènement d’une véritable intégration
économique entre les pays membres. La Task force a pour mission ultime de faciliter la mise
en œuvre du Schéma de libéralisation des échanges de la CEDEAO. Elle aura en autres
comme tâches de veiller à la libre pratique du commerce en luttant efficacement contre les
pratiques anormales d’une part et d’autre part de travailler au respect des dispositions du SLE
et de suivre les contentieux qui pourraient naître entre les Etats membres. De plus, elle
publiera des rapports semestriels sur le SLE, fera des recommandations à la CEDEAO et
travaillera au quotidien pour l’application des textes par les Etats membres.
7. SLE, Commerce régional et multilatéral
Vingt-six ans après l’entrée en vigueur du SLE, le volume des échanges intracommunautaires
demeure toujours faible. Compte tenu de l’importance du trafic informel et de la contrebande
et aussi du fait de la diversité des méthodes de calcul, il existe plusieurs estimations de la part
du commerce intracommunautaire dans le commerce total de la région. Les statistiques
officielles de la CEDEAO laissent apparaître que 10 à 15 % des échanges des pays membres
sont réalisés à l’intérieur de l’espace CEDEAO. A l'instar de la plupart des économies
africaines, celles des pays de la CEDEAO sont spécialisées dans un nombre réduit de produits
de base. Par exemple, les exportations du Nigeria sont pour l'essentiel constituées de produits
pétroliers (94%) tandis que les autres pays de la région sont des importateurs nets de pétrole
brut. Parmi les produits d'exportation dominants, le coton est le plus répandu, même si la
production aurifère prend de l’ampleur ces dernières années. Toutefois, la majorité des
exportations est constituée de produits agro-alimentaires. Les pays de la CEDEAO,
s’adonnent à une compétition interne au lieu de coopérer pour relever le volume de leurs
échanges. Le faible niveau d’industrialisation, combiné à la non-coopération entre les Etats
membres de la CEDEAO, se traduit par l’absence d’un label made in West Africa. Plus de 80
22
% des échanges de la sous-région sont réalisés avec l’extérieur. L’Union Européenne, la Chine
et l’Amérique du Nord sont les principaux partenaires commerciaux de la CEDEAO.
Selon les dispositifs de l’Organisation Mondiale du Commerce, la clause de la nation la plus
favorisée (NPF) prévoit que tout avantage, accordé par un État membre à un autre doit être
étendu à tous les États membres de l’OMC pour tout produit ou service similaire. Ainsi, les
Etats de la CEDEAO bénéficient d’un traitement plus favorable que les autres membres de
l’OMC dans le cadre du SLE. Les produits originaires de la CEDEAO agréés au schéma, sont
donc exemptés de droits de douane. Par contre, le Tarif Extérieur Commun (TEC) s’applique
aux mêmes produits mais originaires de pays tiers. Par conséquent, les principes du SLE
s’écartent de l’un des principes essentiels du commerce multilatéral. Certes, compte tenu de la
nature même des accords commerciaux régionaux, certaines dispositions du SLE sont
appliquées de manière préférentielle, c’est-à-dire qu’elles concernent uniquement les pays de
la CEDEAO. Cela entraîne une discrimination vis-à-vis des pays tiers et revêt deux formes. Il
s’agit premièrement de mesures de facilitation du commerce s’appliquant exclusivement dans
la CEDEAO. Il s’agit par exemple des dispositions régissant les décisions anticipées,
l’harmonisation des procédures douanières, certaines redevances et impositions ou
l’application de normes régionales. Ces mesures sont discriminatoires envers les autres
partenaires car elles les empêchent d’accéder à ces dispositifs.
Deuxièmement, on assiste à une facilitation du commerce à des degrés différents, selon les
mesures préférentielles. Cette situation se produit lorsque certains pays ou groupements
régionaux font partie des différents accords qui appliquent des mesures similaires de
facilitation du commerce mais avec un champ d’application, un degré de détail différents.
C’est le cas notamment de l’UEMOA et de la CEDEAO qui ont des SLE différents, avec des
pays qui appartiennent à deux organisations régionales. Toutefois, la ratification de l’accord
de Bali pourrait faciliter davantage le commerce intracommunautaire.
II. Meilleure coordination UEMOA/CEDEAO
L’UEMOA et la CEDEAO sont deux structures sous régionales qui travaillent d’une manière
coordonnée et concertée. Ces deux organisations jouissent d’une autonomie dans
l’organisation interne des structures. Chaque structure sous régionale a ses droits internes bien
spécifiés. Par conséquent, aucune relation hiérarchique n’est établie entre ces deux
communautés. Cependant, elles travaillent tout de même à harmoniser leurs textes pour une
bonne pratique des politiques communautaires. L’UEMOA à la différence de la CEDEAO,
s’appuie sur une monnaie commune pour relever les défis de la croissance de ses pays
membres. Les membres de l’union monétaire sont donc contraints d’appliquer
scrupuleusement les dispositions érigées par la structure centrale qui est la CEDEAO.
Depuis l’année 2001, l’UEMOA s’est dotée d’un protocole relatif à la définition de la notion
de produit originaire de ses Etats membres. C’est deux ans plus tard que l’organe central en
l’occurrence la CEDEAO à travers le protocole A/P1/03 de janvier 2003 que la notion de
produits originaires fut adoptée. En effet, ce denier protocole n’est plus ni moins que celui
adopté par l’union en 2001. Ces deux textes ont le même contenu et sont en vigueur dans les
deux structures.
Le protocole définit d’abord comme produit originaire de l’espace communautaire, tout
produit intégralement transformés sur le territoire géographique régional. Ensuite tout autre
produit obtenu dans les Etats membres et contenant des matières qui n'y ont pas été
23
entièrement obtenues à conditions que ces matières aient fait l'objet dans la Communauté
d'ouvraisons ou de transformations suffisantes. Enfin, les produits agricoles, de l’artisanat
traditionnel et du cru (pétrole, bétail, poison…) complètent la liste des produits considérés
comme originaire de l’espace. Par contre, les produits fabriqués en zone franche, aux points
francs, en entrepôt industriel, en admission temporaire pour transformation et d'une façon
générale tout produit transformé à partir d'intrants importés ne seront pas considérés comme
originaire de l’espace.
Quant au dispositif relatif à la procédure d’agrément des produits originaires au SLEC, la
CEDEAO a une procédure assez longue faisant intervenir les Ministères du Commerce de
chaque pays avec surtout la mise en place d’un comité National d’agrément. La procédure
CEDEAO peut s’entendre sur 4 à 6 mois. L’UEMOA introduit une formalité simplificatrice
qui est de supprimer le CNA et rendre la procédure beaucoup plus souple. Il s’agit désormais
de confier l’attribution des agréments aux structures nationales compétentes en l’occurrence
les Ministères de commerce et d’industrie avec l’appui de la douane.
L’UEMOA a don transféré ses compétences aux différents Etats membres. Il s’agit
dorénavant pour l’entreprise de remplir dûment son dossier avant de l’introduire directement
auprès du ministère chargé du Commerce. Ce ministère est l’organe central chargé du SLEC
dans l’espace partageant la monnaie commune qui est le F CFA. Après le traitement du
dossier par ledit ministère, la compétence de la direction générale des douanes est sollicitée
pour la contre signature du dossier avant son envoi à la direction du Commerce et d’industrie.
Cette dernière structure délivre l’agrément et le transmet à la commission de l’UEMOA pour
notification.
Avec la suppression des CNA, la durée de traitement du dossier de demande d’agrément par
les structures compétentes de l’Etat est d’une semaine maximum. Ce qui n’est pas le cas au
niveau de la CEDEAO.
La mise en place du SLEC est une aubaine pour les entreprises dans le cadre de la
vulgarisation de son produit dans l’espace communautaire. La preuve est que les entreprises
qui connaissent les avantages du schéma se battent pour être agréées. Il s’agit d’un argument
commercial non négligeable, car l’entreprise devient privilégiée et cela donne du crédit à son
produit. L’entreprise bénéficie ainsi d’un avantage fiscal d’environ 22%. Mais
malheureusement, les unités de production de la région ne sont que des industries légères de
substitution à l’importation. Par conséquent la valeur ajoutée générée par ces entreprises est
très faible. Malgré les avantages qu’offre le schéma, très peu d’entreprises sont agréées.
Il est important de noter que les entreprises agréées au régime UEMOA ne le sont pas
forcément selon la logique CEDEAO. Autrement, la détention d’un agrément UEMOA par
une entreprise d’un pays membre de l’Union, n’est valable que dans l’espace UEMOA et non
valable dans l’espace CEDEAO. Par contre l’agrément CEDEAO est utilisable dans tout
l’espace des 15 Etats membres sans restriction aucune.
Au-delà de la détention d’un agrément, des difficultés demeurent. En effet, en dépit des
efforts énormes consentis par ses Etats membres pour rendre encore plus fluide les échanges
dans la sous-région, plusieurs difficultés subsistent et persistent, contribuant ainsi à limiter le
flux de marchandises ou de services entre Etats. Ces obstacles au commerce sous régional
peuvent se regrouper en deux groupes : les barrières tarifaires et les barrières non tarifaires.
24
Dans la logique du schéma de libéralisation, les produits du cru (bétail, poisson, mil, mais…)
sont exonérés des droits et taxes et sont d’office considérés comme produits originaires. Par
conséquent, les droits de douane ne devraient pas être perçus sur ces produits à l’intérieur du
territoire régional. Cependant, les produits industriels fabriqués dans la sous-région, seule la
possession d’un agrément les dispensait du paiement de droit de douane.
Les droits auxquels ces produits devraient être assujettis sont composés essentiellement de la
taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA). Cette taxe est perçue par le service des douanes à la source
pour le compte du trésor public de chaque pays. La TVA est propre à chaque pays et son taux
varie généralement entre 15% et 20%, mais la plupart des pays de l’UEMOA se situe dans
l’intervalle [18% - 20%]. Malgré les facilités d’échanges stipulées dans le schéma de
libéralisation des échanges, plusieurs pays voire tous continuent de percevoir des droits de
douane et beaucoup d’autres taxes illicites le long des corridors.
Le graphique ci-dessous nous montre les perceptions illicites aux frontières par voyage le long
des corridors pour l’année 2014.
Graphique 1 : perceptions illicites aux frontières par voyage en 2014 sur les corridors
Source : Auteur sur la base des données de la Commission de l’UEMOA
Le graphique ci-dessus montre que la libre circulation des biens, des services et des personnes
est loin d’être une réalité dans la sous-région. Plusieurs prélèvements irréguliers, constituent
un frein aux objectifs poursuivis par l’UEMOA et la CEDEAO dans le cadre du SLEC.
Le corridor Bamako-Ouaga via Koury constitue une traversée de désert pour les usagers de
cet axe. Sur une distance de 1 035 kms avec un état délabré du tronçon, les perceptions
illicites faites par les différents corps à la frontière en 2014 s’élevaient en moyenne à 76 948
FCFA par véhicule et par voyage. Sur cet axe, le service des douanes est le plus grand
raquetteur avec 31 021 FCFA, la police vient en deuxième position avec 22 710 et la
gendarmerie complète le podium avec 20 500FCFA.
S’agissant des corridors Abidjan-Bamako, Ouaga-Lomé et Bamako-Dakar, l’on enregistre
respectivement des perceptions irrégulières de 6 766, 14 489 et 19 622 FCFA au niveau des
25
frontières en 2014. Pour ce qui est du corridor Abidjan-Ouaga, on enregistre une faible
perception avec un montant de 2 280 FCFA à la frontière. La police s’accapare de 1 262
FCFA, tandis que la douane et la gendarmerie sont coude à coude avec respectivement 565 et
520 FCA.
Dans la répartition des taxes illicites par corps au niveau des frontières sur tous les corridors,
la tendance qui se dégage est présentée par le graphique ci-dessous.
Graphique 2 : Part des différents corps dans les perceptions illicites totales dans
l’UEMOA en 2014
Source : Auteur sur la base des données de la commission de l’UEMOA
L’analyse montre que les corps de la police et des douanes sont les grands raquetteurs au
niveau des frontières dans l’UEMOA avec respectivement 38% et 37% des montants totaux
perçus au niveau des frontières. La gendarmerie occupe la troisième position avec 22% et 3%
pour les autres.
Les conséquences de ces prélèvements illicites sont nombreuses dont le ralentissement du
trafic, l’augmentation du prix final des biens et services produits dans la région. Dès lors les
produits locaux auront du mal à être compétitif sur le marché régional eu égard aux produits
similaires importés hors UEMOA. Le graphique ci-dessous explicite ainsi le niveau de
perception des taxes illicites au 100 km dans les pays de l’UEMOA en 2014.
26
Graphique 3 : perceptions illicites moyennes par pays et par voyage au 100 km en 2014
Source : Construction de l’auteur sur la base des données de la commission de l’UEMOA
Il ressort de l’analyse que le Mali est le pays qui perçoit plus de taxes illicites dans l’espace
UEMOA. Sur une distance de 100 km, Les corps (police, douane, gendarmerie et autres)
perçoivent environ 3 000 FCFA. Le Burkina Faso vient en deuxième position avec environ 2
500 FCFA et la Côte d’Ivoire complète le podium avec environ 2 000 FCFA de taxes illicites
au 100 Kms. Par contre, le Sénégal et le Togo sont les pays qui font plus d’efforts avec
respectivement 450 et 1 125 FCFA au 100 kms.
Les barrières non tarifaires désignent les obstacles à l’entrée sur le territoire national de
marchandises étrangères, à l’exception des droits de douane ou la TVA qui constitue des
barrières tarifaires. Il peut s’agir de limitations quantitatives (contingentements ou quotas), de
barrières moins visibles telles que l’imposition de normes sanitaires ou techniques. Il peut
également s’agir de formalités administratives complexes et coûteuses qui ont pour effet de
décourager les importations. De tous les facteurs non tarifaires qui entravent sérieusement les
échanges commerciaux, figure en bonne place la présence des multiples postes de contrôle ou
de barrages souvent non conventionnels le long des corridors. Ces tracasseries routières ont
pour conséquence la perte énorme de temps le long des corridors. Le graphique ci-dessous
illustre la présence de multiples postes de contrôle au sein de l’espace communautaire en
2014.
27
Graphique 4 : Nombre de postes de contrôle selon les corridors en 2014
Source : Auteur sur la base des données de la commission de l’UEMOA
Il se dégage du graphique que le corridor Abidjan-Bamako enregistre le plus grand nombre de
poste de contrôle (Gendarmerie, douane, police et eaux et forêts). Sur une distance de 1 174
kms, l’on enregistre 32 postes de contrôle, soit 03 postes de contrôle sur 100 kms. Les
corridors Bamako-Ouaga via Hérémakono, Bamako-ouaga via Koury et Ouaga-Lomé
enregistrent respectivement 16, 22 et 17 postes de contrôle en 2014. En termes du nombre de
postes au 100 kms pour ces 03 corridors, nous avons environ 2 postes. Par contre, le corridor
Bamako-Dakar via Moussala ne présente que 5 postes de contrôle pour une distance de 1 225
kms, soit 0,4 poste au 100 kms. S’agissant de la répartition des postes de contrôle par corps, le
graphique ci-dessous met la lumière sur cet aspect :
Graphique 5: Répartition des postes de contrôle par corps dans l'UEMOA sur les
corridors en 2014
Source : auteur sur la base de données de la commission de l’UEMOA
Il ressort de l’analyse que le service des douanes est le corps qui dispose de plus de postes de
contrôle avec 38% du nombre total de poste. La police suit de près avec 34% et la
gendarmerie 24%.
Outre ces multiples barrières administratives, se greffent les temps de contrôle assez
importants que chaque véhicule perd par poste de contrôle. En effet, sur le corridor Bamako-
Ouaga via Koury, les véhicules perdaient en moyenne 107 minutes, soit plus de1h30 mns sur
28
chaque 100 kms pour des raisons de contrôle en 2014. Il s’agit du tronçon le plus tracassé
dans l’UEMOA. Quant aux corridors Bamako-Dakar via Diboli, Bamako-Dakar via Moussala
et Bamako-Abidjan, les transporteurs perdent en moyenne sur chaque 100 kms 51, 26 et 19
minutes respectivement pour les 03 corridors. Mais par contre, le corridor Abidjan-Ouaga est
l’axe qui enregistre le minimum de perte de temps. Ainsi, sur ce corridor, les transporteurs ne
perdent que 05 minutes sur 100 kms.
La conséquence immédiate de la présence de multiples points de contrôle accompagnée d’une
perte énorme de temps est la détérioration de certaines marchandises, des retards de livraison.
A termes, certains commerçants seront découragés et vont abandonner les échanges intra-
communautaires.
Pour anticiper de tels actes anti-commerciaux, des mesures ont été prises pour accompagner le
commerce intra régional. Il s’agit notamment du TRIE et de la carte brune CEDEAO.
Toutefois ces mécanismes souffrent d’un manque d’effectivité sur le terrain. En ce qui
concerne le TRIE, plusieurs pays n’ont pas encore signé les conventions avec les autres pays.
Les pays qui ont signé les conventions n’ont pas encore résolu le problème de la caution. Pour
relever cette insuffisance qui entache la fluidité du transport de marchandises, la commission
travaille à la mise en place d’un programme de facilitation de transport et de transit. Ce
programme comprend 04 volets à savoir :
La simplification des procédures,
La construction de postes de contrôle juxtaposés,
La mise en place de l’observatoire de pratiques anormales,
La sensibilisation sur le VIH/SIDA.
En outre, l’UEMOA a un autre programme sur la paix et la sécurité. A ce niveau, les
administrations douanières sont impliquées dans les questions liées à la libre circulation des
biens ainsi que dans les problèmes sécuritaires. Ce programme vise d’une part à concilier la
libre circulation et la sécurité par le renforcement des capacités des forces de défense et
d’autre part la sécurisation des zones à haut risque et le développement du partenariat
commercial.
Pour ce qui est de la carte brune, les opérations manifestent une certaine aversion du fait des
difficultés qu’ils rencontrent sur le terrain. Le principal problème relevé est la lourdeur
administrative qui jalonne le processus de d’indemnisation. Les Etats membres n’ont pas la
même compréhension sur l’importance de la carte brune pour la région. Il y a une nécessité
d’aller une harmonisation quant à l’utilisation de la carte brune pour faciliter les échanges.
En dépit de l’absence d’un site web et d’un numéro dédié au Schéma dans la majorité des
pays, le schéma a un impact non nul sur les échanges commerciaux intracommunautaires
même si le niveau actuel est jugé est marginal. Le graphique ci-dessous montre l’évolution
des exportations intracommunautaires comparativement aux exportations extra-
communautaires.
29
Graphique 6 : Exportations intra et extra-communautaires
Source : Auteur sur la base des données de la commission de l’UEMOA
Le graphique ci-dessus montre une légère progression du flux commercial
intracommunautaire qui a atteint un niveau de 11,3% en 2013. Il faut noter qu’avant la crise
ivoirienne, le commerce entre les Etats membres de l’UEMOA a atteint un niveau record de
15%. Toutefois, les échanges commerciaux avec les pays tiers sont largement supérieurs au
flux intra régional. Cette situation pourrait s’expliquer par une faible industrialisation de la
sous-région, la précarité des infrastructures de transport et de communication, mais surtout de
l’existence de barrières tarifaires et de tracasseries routières le long des corridors. Du reste,
l’inexistence d’un réseau ferroviaire bien développé, les nombreux contrôles limitent les
échanges intra-communautaires. A ces facteurs, s’ajoutent les crises sociopolitiques et la
question de l’insécurité dans la région.
Dans la sous-région, la Côte d’Ivoire et le Sénégal sont les deux grands exportateurs. En
2014, les parts de la Côte d’Ivoire et du Sénégal aux exportations infrarégionales sont
respectivement de 48,56 et 15,62%. Le Mali, le Burkina Faso, le Bénin et le Niger sont les
moins industrialisés de la région. Par conséquent, ils constituent les grands importateurs de la
région. Quant à la Guinée Bissau, sa faible participation aux échanges sous régionaux
s’explique par l’existence d’un lien très fort avec le pays colonisateur. La grande partie des
échanges de la Guinée-Bissau se fait avec le Portugal.
30
III. Forces motrices de l’amélioration de la mise en œuvre du SLE
Le contexte économique dans lequel le SLE a été conçu a beaucoup évolué avec le temps.
L’environnement commercial n’est plus le même. L’OMC a été créée entre temps. Le
processus d’intégration régional s’est amélioré. Les APE ont été lancés. Les accords
commerciaux bilatéraux prolifèrent. Malgré les difficultés importantes qui freinent la mise
en œuvre du SLE, des tendances commerciales nouvelles, exogènes au mécanisme
intrinsèque du SLE, se font jour. Ce sont des externalités positives dont l’optimisation
pourrait avoir des répercussions positives sur le rythme de la libéralisation des échanges
dans l’espace CEDEAO. Dans une approche prospective, ces forces motrices sont des
éléments de survie et de redynamisation du SLE qui pourraient faire de l’Afrique de
l’ouest une vraie zone de libre circulation des biens et des services. L’efficacité n’est donc
pas seulement dans l’application des dispositions du SLE in extenso, mais dans la prise en
compte de tout l’environnement juridique et commercial ambiant. Ces forces motrices
recensées sont au nombre de 7. Elles ne sont pas exhaustives.
1. Tarif Extérieur Commun de la CEDEAO
Le TEC de la CEDEAO est entré en vigueur le 1er Janvier 2015. Il est articulé autour de cinq
catégories indiquant les taux appliqués aux différents produits :
Catégorie 0 : Ce sont les ''Biens sociaux essentiels'' au nombre de 85 lignes tarifaires
qui sont échangés sans droit de douane ;
Catégorie 1 : Ce sont les ''Biens de première nécessité, matières premières de base,
biens d'équipement, intrants spécifiques'' au nombre de 2 146 lignes tarifaires qui
doivent acquitter des droits de douane de 5 % ;
Catégorie 2 : Ce sont les ''Les intrants et produits intermédiaires'', 1 373 lignes
tarifaires, dont le droit de douane est de 10 % ;
Catégorie 3 : Ce sont les ''Biens de consommation finale'', soit 2 165 lignes tarifaires,
qui acquitte un droit de douane de 20 % ;
Catégorie 4 : Ce sont ''Les biens spécifiques pour le développement économique'', 130
lignes tarifaires, qui soumis à un droit de douane de 35 %. Cette catégorie couvre des
produits jugés sensibles et des secteurs stratégiques.
L’entrée en vigueur du TEC de la CEDEAO est la meilleure nouvelle pour une meilleure
fluidité et une mise en œuvre optimale du SLE. En théorie, les difficultés rencontrées dans
l’exécution du schéma de libéralisation sont en contradiction avec la Zone de libre-échange
qu’était la CEDEAO jusqu’en décembre 2014 ; à fortiori avec la nouvelle Union douanière de
qu’est devenue la CEDEAO depuis le 1er Janvier 2015. Le propre d’une union douanière est
de favoriser la libre circulation aussi bien des produits originaires de la zone que des produits
importés. Le nouvel statut de la CEDEAO induit une politique extérieure commune et un
effritement des souverainetés commerciales nationales. La libre pratique qui englobe la libre
circulation des produits importés devrait être un élément d’accélération du processus de
7libéralisation et de démantèlement plus rapide des obstacles tarifaires et non tarifaires au
commerce intra régionale.
De ce point de vue, l’entrée en vigueur du TEC et l’uniformité des taxes perçues aux
frontières des Etats membres de la CEDEAO, sont des évolutions majeures qui permettent
d’escompter une nette amélioration de la mise en œuvre du Schéma de libéralisation des
échanges de la CEDEAO (SLE).
31
2. Potentiel du Commerce intra régional
La structure du commerce régional montre que seulement 10 à 15 % du commerce se fait
entre les partenaires de l’espace communautaire ce qui veut dire que jusqu’à 85 à 90% des
échanges est extracommunautaire. Ces 85 à 90% constituent le potentiel maximal qui devra
être capturé à travers une production. Cette même structure des échanges de la zone montre
que les produits de l’agroalimentaire et pharmaceutiques constituent une part importante des
importations extracommunautaires. Ces produits ou secteurs constituent également un
potentiel pour le marché régional.
Pour une estimation faite par le Centre du Commerce International (CCI) repris dans le
tableau suivant, les exportations infrarégionales augmentent de 8.4 à 15% de toutes les
exportations de la CEDEAO en 2014, lorsque les combustibles et leurs dérivés, l’or brut et le
diamant. Dans la même année, les importations intra régionales ne représente que 4.3% au
lieu de 9.8%. Cette structure des exportations des produits non minéraux révèle des faits
intéressant pour le développement de la région.
Le commerce intra-CEDEAO en pourcentage du total des exportations
Années 1970 1980 1990 2000 2010 2014
Exportations (en %) 3.0 10.7 8.7 8.3 9.3 8.4
Importations (en %) 2.8 12.8 12.0 11.7 9.5 9.8
Source : CCI (2016), document de travail pour la table Ronde régionale de haut niveau sur les
MNT à Abidjan, page 6.
Entre autres produits, le ciment, les produits de beauté, les soupes et bouillons, huile de palme
raffinée, les plastiques, les dérivés de métaux, engrais, essences de café et Thé et savons sont
les produits les plus commercialisés dans la région. Cela démontre que la région peut
effectivement commercialiser des produits autres que les matières premières à faible valeur
ajoutée.
Selon l’estimation du CCI, les 30 principaux produits exportés dans la région représentent, à
eux seuls, la moitié des exportations intra régionales et les trois quarts de ces produits sont
expédiés aux partenaires régionaux. De plus, malgré le degré élevé d'absorption de ces
produits, leur demande reste élevée. En moyenne, les importations de la CEDEAO ne
représentent que 40% de toute valeur importée par la région.
Tout cela constitue une preuve qu'il existe des possibilités inexploitées dans des secteurs
autres que le secteur minéral dans la CEDEAO. À partir des politiques industrielles bien
ficelées et adaptées, utilisant comme béquille la politique commerciale communautaire à
travers le SLE, ce potentiel peut être capté.
3. Code régional des douanes en perspectives
L’environnement économique international est aujourd’hui marqué par un accroissement des
échanges commerciaux d’où la nécessité d’aller vers des mécanismes de facilitation et de
simplification des opérations douanières. Cette vision a toute son importance au sein des
espaces communautaires. En effet, les mouvements commerciaux sont de plus en plus
32
intensifs au sein des régions dans lesquelles les pays partagent les mêmes règles et dans une
faible proportion avec d’autres régions.
La région ouest-africaine (CEDEAO), avec l’adoption et l’entrée en vigueur du TEC-
CEDEAO à partir du 1er janvier 2015, passe de son statut de zone de libre échange (ZLE) à
une union douanière (UD). Cette harmonisation des politiques commerciales assortie de la
définition du TEC, est une opportunité à saisir pour chaque pays de l’espace afin d’intensifier
ses échanges commerciaux avec les pays membres et les pays tiers. Dans cette perspective, la
révision de certains codes et législations en l’occurrence celui des douanes apparaît comme un
impératif pour être en adéquation avec non seulement la vision 20 de la CEDEAO (une réelle
intégration des peuples à l’horizon 2020) et aussi être en phase avec le nouvel environnement
économique.
Cette révision va donc compléter le certificat d’origine à travers une codification des régimes.
En outre, la signature de l’Accord de l’OMC sur la facilitation des échanges introduit de
nouvelles normes dans les procédures douanières qui nécessitent la révision des codes des
douanes et donc le code communautaire prendra en compte ces nouvelles normes.
D’une manière générale, la codification des régimes passe par une coopération douanière
franche dans l’espace CEDEAO. En effet, lorsque le système est intégré et informatisé, les
mouvements de marchandises deviennent de plus en plus fluides et les opérateurs
économiques réalisent des économies de temps. La coopération douanière apparait comme
l’élément central autour duquel devra fédérer l’ensemble des autres éléments pour permettre
un meilleur traitement des marchandises qui passent d’un territoire à un autre. Actuellement,
la coopération douanière n’est pas une réalité pour tous les quinze pays de la sous-région.
Cette situation s’explique naturellement par les niveaux de compréhensions différents des
procédures douanières d’importation et d’exportation du fait de l’absence de procédures
harmonisées et informatisées. Les procédures doivent être informatisées pour rendre
disponible l’information à tous les postes de contrôle douanier de toutes les frontières
terrestres des pays membres.
Concrètement, les mesures prises depuis janvier 2014 en vue d’accompagner la mise en
œuvre du TEC-CEDEAO sont des mesures purement transitoires qui concernent la menace
que pourraient induire les importations étrangères (hors zone). Il s’agit de la taxe d’ajustement
à l’importation (TAI) qui a pour avantage d’offrir la possibilité aux Etats membres de
s’ajuster progressivement au TEC durant une période de cinq ans. La seconde mesure
transitoire est celle relative à l’adoption de la taxe complémentaire de protection (TCP) qui
vise à corriger une éviction éventuelle des produits locaux par les importations massives en
provenance des pays tiers. Ces mesures transitoires s’appliquent sur les importations rentant
dans l’espace communautaire. Cependant, la définition du TEC n’est pas accompagnée d’un
dispositif douanier capable de pouvoir règlementer les opérations douanières et faciliter le
commerce intra régional.
La coopération douanière devrait prendre en compte en autres les éléments suivants :
Présentation des généralités sur la douane (tarifs, pouvoirs généraux, conditions
d’application) ;
Organisation et fonctionnent des douanes ;
Conduite des marchandises en douane : clarification des procédures d’importation et
d’exportation ;
33
Création des magasins et aires de dédouanement (MAD) ;
Operations de dédouanement : spécification des modalités communes de vérification
des marchandises, du régime des liquidations des droits et taxes ;
Clarification et harmonisation de la fiscalité douanière : taxes diverses perçues par
l’administration douanière ;
Définition des régimes douaniers suspensifs et économiques : il s’agit des acquits-à-
caution, du transport avec emprunt du territoire étranger, du transit, des admissions
temporaires, des importations et exportations temporaires d’objets personnels ;
Clarification des opérations privilégiées ;
Informatisation des informations nécessaires aux opérations douanières.
La mise en place d’un code régional des douanes apparaît comme une nécessité
incontournable pour accompagner le schéma de libéralisation des échanges d’une part et de
permettre une adoption réelle du TEC d’autre part. En effet, les temps de contrôle excessifs et
la lourdeur douanière découragent in fine les opérateurs économiques qui préfèrent souvent
commercer avec d’autres partenaires hors zone. L’élimination de ces barrières par la
définition d’un code régional des douanes engendrerait des retombées pour l’ensemble des
pays membres. Les avantages qui en découleraient sont nets en termes de réduction de temps
de contrôle et des formalités douanières lors du processus de dédouanement des
marchandises. Une des conséquences de cette réduction du temps et des formalités est la
réduction des paiements illicites aux frontières qui alourdissent les coûts commerciaux. En y
adjoignant l’interconnexion des systèmes informatiques des douanes des différents pays et les
Postes de Contrôles Juxtaposés (PCJ), l’adoption d’un nouveau code contribuerait pour
beaucoup à la libre circulation des biens dans la sous-région.
4. Accords de facilitation des échanges de l’OMC mis en œuvre par les pays de la
CEDEAO
La mise en œuvre optimale du SLE peut tirer profit de la dynamique des négociations
commerciales à l’OMC.
Les Membres de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) sont parvenus à un
consensus concernant l’Accord sur la facilitation des échanges (AFE) lors de la neuvième
Conférence ministérielle qui s’est tenue à Bali, Indonésie en décembre 2013. Cet accord
historique conclu dans le cadre de la poursuite des travaux du cycle de Doha, présente à la
fois des opportunités et des défis pour les pays de la CEDEAO dont la plupart sont des
PMA.
Le nouvel Accord de facilitation des échanges de l'OMC est composé de trois sections : la
Section I, sur les mesures et les obligations de la facilitation des échanges ; la Section II sur
les dispositions de flexibilité pour les pays les moins développés (aussi connu sous
l'appellation « traitement spécial et différencié ») ; et la section III sur les dispositions
institutionnelles et finales.
Pour bénéficier du TSD, un Membre doit classer chaque disposition de l'Accord selon les
catégories ci-dessous et notifier ce classement aux autres Membres de l'OMC conformément
aux délais spécifiques prévus dans l'Accord.
Catégorie A : dispositions que le Membre mettra en œuvre au moment de
l'entrée en vigueur de l'Accord (ou dans le cas d'un pays moins avancé
Membre dans un délai d'un an après l'entrée en vigueur).
34
Catégorie B : dispositions que le Membre mettra en œuvre après une période
de transition suivant l'entrée en vigueur de l'Accord.
Catégorie C : dispositions que le Membre mettra en œuvre à une date
postérieure à une période de transition suivant l'entrée en vigueur de l'Accord
et exigeant la fourniture d'une assistance et d'un soutien pour le renforcement
des capacités.
S'agissant des dispositions désignées comme relevant des catégories B et C, le Membre doit
indiquer lui-même des dates pour leur mise en œuvre.
A la demande des PMA et des pays en voie de développement, l’OMC a mise en place un
Mécanisme pour l’Accord sur la facilitation des échanges pour les assister dans la mise en
œuvre intégrale de l’Accord et un tirer des gains optimaux. Ce mécanisme est devenu
opérationnel depuis le 27 Novembre 2014. Il s’est agi pour les membres de l’OMC d’adopter
un Protocole d’amendement qui permet d’insérer l’Accord dans le dispositif juridique de
l’OMC par le biais de l’Annexe 1A couvrant le commerce des marchandises. Et par la suite
d’intégrer les changements induits dans leurs différents droits nationaux et de se conformer à
leurs engagements commerciaux internationaux.
Tous les pays de la CEDEAO sont cette logique. Ils sont dorénavant tous membres de l’OMC
depuis l’adhésion du Libéria le 14 Juillet 2016. Ils doivent faire face au défi du respect des
prescriptions imposées par l'Accord. Ils sont tenus d'une obligation d'informer en permanence
les négociants où qu'ils se trouvent dans le monde et qui désirent connaître avant l'opération,
les droits de douane à payer, les taxes, ainsi que toute autre information pertinente. Ces
négociants doivent impérativement être informés de toute nouvelle réglementation ayant un
effet sur leurs activités d'importation et d'exportation.
L’Accord sur la facilitation des échanges est ouvert à la ratification des membres. Pour
entrer en vigueur et déployer ses pleins effets, il doit être ratifié par les deux tiers, équivalent
à 110 ratification des membres de l’OMC. A la date du 5 décembre 2016, 100 ratifications
ont déjà été obtenues. Avec 10 ratifications supplémentaires, l’Accord pourra entrer en
vigueur.
Dans le lot des pays qui ont déjà ratifié l’Accord, on retrouve 5 pays de l’Afrique de l’ouest
sur les 15. Le tableau ci-après montre les pays qui ont ratifié et les dates respectives.
35
Statut de l’Accord sur la Facilitation des Echanges de l’OMC dans les Pays CEDEAO
Noms des Pays CEDEAO Statut Accord de
Facilitation des Echanges
Dates de
ratification
Benin Non Ratifié
Burkina Faso Non Ratifié
Cap-Vert Non Ratifié
Côte d’Ivoire Ratifié 08.12.2015
Gambie Non Ratifié
Ghana Non Ratifié
Guinée Conakry Non Ratifié
Guinée Bissau Non Ratifié
Liberia Non Ratifié
Mali Ratifié 20.01.2016
Niger Ratifié 06.08.2015
Nigéria Non Ratifié
Sénégal Ratifié 24.08.2016
Sierra Leone Non Ratifié
Togo Ratifié 01.10.2015
Du point de vue juridique et commercial, un certain nombre de remarques peuvent être tirées
de la situation de l’Accord sur la facilitation des échanges à l’OMC :
Vu l’impact attendu de sa mise en œuvre dans l’augmentation du flux des
exportations, il serait judicieux, pour les autorités régionales, de sensibiliser
davantage les 7 pays de la région pour une ratification rapide et une entrée en vigueur
de l’Accord ;
Il est utile de préciser que l’introduction de l’Accord sur la facilitation des échanges
dans le dispositif de l’OMC en fait un instrument de droit positif opposable à tous les
membres. Dès que le nombre de 110 ratifications sera atteint, l’accord sera
multilatéralisé et opposable à tous les membres, y compris pour ceux qui ne l’ont pas
expressément ratifié.
36
L’effet de levier espéré se produira du point de la fluidité de la circulation des
marchandises, dans la région Afrique de l’Ouest, en conséquence de l’application des
normes internationales de libéralisation des échanges. Le paradoxe est que la mise en
œuvre du Schéma de libéralisation sera accélérée par des externalités positives
(OMC) là où les mécanismes régionaux auront eu un impact plus mitigé.
L’entrée en vigueur de l’Accord sur la facilitation des échanges sera une force motrice
déterminante pour l’effectivité de la libéralisation des échanges en Afrique de l’ouest.
En effet, l’Accord promeut une facilitation des échanges qui est en droite ligne avec les
objectifs et finalités du SLE. En facilitant le commerce avec des partenaires multilatéraux,
extérieurs à la zone, et en parfait respect des leurs obligations commerciales, les pays de
l’Afrique de l’Ouest balisent un commerce intra régional ouvert dont les obstacles auront été
levés à travers un mécanisme international plus contraignant. De ce point de vue, encourager
la mise en œuvre de l’Accord sur la facilitation des échanges de l’OMC pour les pays de la
région est un pas important dans la mise en œuvre du SLE.
5. Impact du SLE sur le commerce régional et sur les entreprises éligibles
Le commerce régional dans l’espace CEDEAO demeure l’un des plus faibles comparé aux
échanges enregistrés dans les autres Organisations d’Intégration Economique. Au début de
l’intégration régionale dans les années 70, le volume des échanges régionaux était estimé à
3% et aujourd’hui, il ne dépasse pas les 15%. Le marché commun que la CEDEAO veut
édifier et qui passe entre autres, par la libéralisation des échanges, conformément aux
dispositions de l’article 3 du Traité révisé n’est pas encore effectif du fait que la libre pratique
tarde à se réaliser. Pourtant, d’importants efforts ont été déployés par la CEDEAO pour
garantir le développement du commerce régional à travers la libre circulation des
marchandises, mais également, la sécurité alimentaire, par ce qu’il existe un lien intrinsèque
entre ces deux aspects. Parmi ces efforts, figure au premier niveau, l’institutionnalisation du
Schéma de Libéralisation des Echanges en 1979, l‘unification des deux schéma de
libéralisation qui se concurrençaient en Afrique de l’Ouest en 1983 même si certains Etats
membres comme le Libéria continuent d’exporter sur la base du régime du fleuve MANO,
l’extension du schéma au produits industriels en 1990 sans oublier le réajustement apporté
dans les années 2000 pour disposer d’un schéma plus efficace, plus adapté aux affaires et aux
engagements internationaux des Etats membres. Toujours, dans ces efforts pour bâtir
l’intégration économique et promouvoir le commerce régional, la CEDEAO a créé le statut
d’entreprise communautaire à travers le Protocole A/P.1/11/84 relatif aux entreprises
communautaires. L’Entreprise Communautaire bénéficie d’un certain nombre de privilèges et
garantis, mais jusqu’à présent, sa promotion est défaillante, son cadre juridique n’est plus
adapté au monde actuel des affaires et il n’y pas de travaux pour déterminer les forces et les
faiblesses du Protocole, le nombre d’entreprises communautaires créées, leur impact sur le
commerce régional.
37
Les attentes sur le schéma de libéralisation des échanges sont principalement les suivantes :
La création d’un marché commun ;
L’accroissement et décollage du commerce régional ;
L’éradication de l’insécurité alimentaire à travers la libre circulation des produits ;
La stimulation des activités économiques et la création d’emplois ;
L’industrialisation de la région ;
L’insertion de la région ouest africaine dans l’économie mondiale ;
Le développement des Etats membres et de la région ;
Le développement du secteur privé et des citoyens de la Communauté.
Le Schéma de Libéralisation des Echanges (SLE) est le principal outil de promotion du
commerce régional, mais depuis sa mise en œuvre dans les années 1979, les résultats sont
maigres. Globalement, malgré ses ambitions et ses avantages, le SLE n’a pas véritablement
permis de développer le commerce régional, l’industrialisation de la région, la stimulation des
activités économique, la création d’emplois. Son impact est limité sur le commerce régional
et sur les entreprises agrées. En réalité, les entreprises industrielles de la Région qui sont les
principales bénéficiaires du SLE ne perçoivent sur le terrain, l’importance, l’utilité du SLE,
malgré les différentes réformes apportées à partir des années 2000. Une étude régionale
devrait être menée pour déterminer l’impact du SLE sur le volume des échanges couverts, sur
le chiffre d’affaires et sur le développement des entreprises éligible et sur la création
d’emplois.
Les opérateurs économiques de la CEDEAO rencontrent des entraves tarifaires et non
tarifaires dans le cadre du schéma de libéralisation des échanges. Les barrières tarifaires
résultent de l’application non uniforme du schéma et qui se rapportent à une multiplicité de
lignes tarifaires disparates, entrainant du coup une application non unifiée de la législation
harmonisée (la multiplicité de lignes tarifaires permet à l’Etat d’imposer certains produits) ;
de la remise en cause implicite ou explicite du droit de transit consacré par les textes de la
CEDEAO par des décisions de dédouanement obligatoire des marchandises en transit ou par
l’imposition des taxes indirectes prohibées sur les marchandises considérées.
Les barrières non tarifaires sont générées par contrôles administratifs excessifs (contrôle de
provocation) sur les axes routiers par la douane, la police, la gendarmerie, les agents des eaux
et forêts, les agents municipaux et les syndicats ; l’application de quota et les prohibitions
d’exportation à l’image du Nigéria ; la fréquence de la contestation de l’origine
communautaire A cela s’ajoute les entraves liées aux questions de souveraineté des Etats et le
fait que le mécanisme de sanction et plus spécifiquement les sanctions prévues par l’article 77
du Traité révisé lorsqu’un Etat membre ne respecte pas ses obligations sont inopérantes ou
pas suffisamment dissuasives.
38
6. Cohérence/compatibilité entre les politiques économiques nationales
L’un des défis majeurs de la CEDEAO afin que le Schéma de Libéralisation des Echanges
(SLE) puisse garantir aux produits originaires de la Communauté la libre circulation, est
d’assurer une cohérence entre ce principal outil de promotion du commerce régional et les
politiques économiques nationales des Etats membres. Il s’agit d’une cohérence verticale et
non horizontale », qui s’inscrit dans le cadre du processus d’intégration régionale, entre les
politiques économiques commerciales nationales ; les politiques fiscales intérieures et la
politique commerciale régionale de la CEDEAO portée principalement par le SLE si l’on
considère le TEC et l’APE comme des instruments de politique commerciale externe de la
CEDEAO vis-à-vis des partenaires commerciaux. Véritablement, il n’existe pas une
harmonisation entre les politiques économiques internes des Etats membres et leurs
engagements souscrits au niveau régional dans le du schéma de libéralisation des échanges.
Périodiquement, en fonction de leur part et de leur influence dans le commerce régional, la
CEDEAO devrait procéder à l’examen des politiques internes, des législations des Etats
membres en rapport avec le Schéma de Libéralisation des Echanges. La première cause de
l’incohérence des politiques élaborées dans différentes sphères (nationale et régionale) est
l’absence présentement au niveau de la CEDEAO d’une politique commerciale commune
définie et porté par un des actes juridiques de l’Institution régionale, comme par exemple, le
Protocole, ou le Règlement qui impose aux Etats membres des obligations précises dans le
cadre de la formulation et de l’exécution de leurs politiques économiques et commerciales
intérieures. La Politique commerciale de la CEDEAO reste éparpillée entre différents
instruments.
Deuxièmement, la fin de la compensation des pertes de recettes douanières en 2007, suite au
désarmement tarifaire induit par le SLE, a poussé les Etats membres à avoir une politique
fiscale intérieure plus large afin de pouvoir financer les politiques nationales. La suppression
des droits de douane sur les produits originaires des Etats membres de la CEDEAO va de pair
avec la perte de recettes douanières. Il fallait trouver un mécanisme de compensation des
pertes afin que les Etats membres soient plus incités à appliquer les textes juridiques de la
CEDEAO relatifs à la libre circulation des marchandises. C’est dans ce contexte que la
CEDEAO, à la date du 05 Novembre 1976 avait adopté le Protocole relatif à l’évaluation des
pertes de recettes enregistrées par les Etats membres de la CEDEAO et le Protocole relatif au
fonds de coopération, de compensation et de développement de la CEDEAO.
Avec la nouvelle règlementation du SLE et afin de créer un mécanisme de compensation plus
efficace, les Etats membres de la CEDEAO ont adopté, en 2003, le Protocole A/P2/1/03
relatif à l’application des procédures de compensation des pertes de recettes subies par les
Etats membres de la CEDEAO du fait de la libéralisation des échanges.
Avec la fin de la compensation des pertes en 2007, les politiques intérieures constituent des
obstacles à la mise en œuvre du SLE. Le SLE est un régime douanier suspensif de droit de
douane et de taxes d’effet équivalent. Or, les Etats membres, surtout les plus pauvres comme
le Niger, le Mali, le Libéria, les deux Guinées ont un besoin vital de ressources financières
pour soutenir leurs politiques de développement. C’est pour cela que les taxes intérieures qui
ne sont pas visées ou interdites par les textes de la CEDEAO sont tellement développées
qu’elles ont tendance à se substituer aux droits de douane supprimés. Même les Etats qui ont
un niveau développement plus avancé comme la Cote d’Ivoire et le Sénégal effectuent des
prélèvements pour financer le développement sectoriel. A titre illustratif, pour le Sénégal, ses
39
taxes s’appliquent au bétail, pour la Côte d’Ivoire, au poisson et à la farine de poisson. Le
Burkina Faso, dans le cadre de sa politique intérieure applique des droits d’accises sur certains
produits : 10 % sur le café, le thé, la cola, les produits cosmétiques et de la parfumerie et les
boissons non alcoolisées ; 25 % sur les boissons alcoolisées ; 17 % sur les tabacs, les cigares
et les cigarettes bas de gamme, 25 % pour ceux classés en standard et 30 % en haute gamme.
Il y’a le paiement pour les marchandises acheminées par voie routière, à destination du
Burkina Faso ou en transit, d’une cotisation (au taux de 0,25 % de la valeur déclarée) au fonds
de garantie géré par la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) du Burkina Faso. Avec la
crise alimentaire qui frappe des pays comme le Niger, le Burkina, dans le cadre de sa
politique interne, n’encourage pas les exportations de certaines céréales. Enfin, il y a la
contribution pour le programme de vérification des importations (CPVI) est de 1 % de la
valeur « franco à bord »13.
Concernant le Sénégal, il applique une TCI de 10 % sur la farine de blé, le concentré de
tomate, le lait concentré sucré ou non sucré, et les jus de fruits, sur la base des prix de
déclenchement autorisés par la Commission de l’UEMOA, et applique une taxe de
péréquation sur le sucre destiné à la consommation courante. Il applique une taxe parafiscale
de 1 % aux tissus, un prélèvement au titre du fonds pastoral, et un prélèvement Conseil
sénégalais des chargeurs (COSEC) de 0.2% de la valeur CAF sur les produits importés par
voie maritime.
S’agissant du géant ouest africain, en l’occurrence le Nigéria, sa politique commerciale est
marquée d’imprévisibilité14, du fait de la fréquente révision de la liste des droits de douane et
des importations prohibées. Le Nigeria édicte régulièrement une liste d’importations
prohibées pour renforcer la protection des industries. La Côte d’Ivoire est l’Etat membre le
plus exposé aux interdictions d’exportation du Nigéria. Le Sénégal subit aussi la politique de
contingentent du Nigéria sur le tabac.
En résumé, les causes de l’incohérence entre le SLE et les politiques économiques nationales
sont :
L’absence d’une politique commerciale commune définie par un acte
communautaire ;
Les retards dans l’application des engagements communautaires ;
La fin des compensations aux pertes de recettes douanières ;
La primauté des intérêts nationaux ;
L’absence d’un mécanisme d’examen de la compatibilité/de la cohérence du SLE
et des politiques économiques nationales des Etats membres et
La capacité de rétorsion quasi inexistante de la Commission de la CEDEAO.
13Jean-Pierre Rolland et Arlène Alpha :Analyse de la cohérence des politiques commerciales en Afrique de l’Ouest.
www.afd.fr
14Jean-Pierre Rolland et Arlène Alpha : Analyse de la cohérence des politiques commerciales en Afrique de
l’Ouest. www.afd.fr
40
7. Rôle de la Task force/SLE pour son effectivité
Constatant qu'en dépit des progrès certains réalisés par la CEDEAO pour faciliter la libre
circulation des produits, second pilier de l’intégration régional à côté de la libre circulation
des personnes, il est d'observation facile de la persistance de certaines entraves le long des
corridors et des frontières ; que le SLE ne fonctionne pas comme cela devrait être. Les Chefs
d’Etat et de Gouvernement, lors de 43ème session ordinaire de la Conférence tenue les 17 et 18
juillet 2013 à Abuja (Nigeria), a confié au Président du Burkina Faso, la responsabilité du
suivi de l'application effective des Protocoles de la CEDEAO sur la libre circulation des
personnes et des biens, le droit de résidence et d'établissement. Elle a souligné l’impérieuse
nécessité de faciliter l'application effective du schéma de libéralisation des échanges de la
CEDEAO et de définir le rôle de la Commission de la CEDEAO en cas de règlement des
litiges entre les Etats. C’est dans ce cadre qu’il a été mis en place la Task Force sur le SLE et
elle est régie par le Règlement d’exécution PC/REG01/11/15 portant création, composition et
fonctionnement de la Task Force sur le Schéma de libéralisation des échanges de la
CEDEAO.
La Task Force est un organe consultatif chargé du suivi, de I ‘arbitrage ou du règlement
amiable des contentieux entre les Etats membres de la CEDEAO à I ‘occasion de la mise en
œuvre du Schéma de Libéralisation des Echanges (SLE).
La Task Force sur le Schéma de Libéralisation des Echanges de la CEDEAO (TF/SLE) est
chargée, sur auto-saisine ou sur saisine du Président de la Commission de la CEDEAO de :
Concourir au règlement des contentieux entre les Etats membres à l'occasion de la
mise en œuvre du SLE en faisant les évaluations, les constats, les médiations et les
arbitrages, en vue de régler les contentieux à l'amiable ;
L’élaboration d'un rapport semestriel sur l'état de mise en œuvre du Schéma de
Libéralisation des Echanges de la CEDEAO (SLE) ;
La formulation de recommandations au Président de la Commission de la
CEDEAO en matière de libre circulation des marchandises ;
Le plaidoyer pour l'application pleine et entière des textes communautaires sur le
SLE par les Etats membres ;
Mener ou exécuter toute action ou activité à la requête du Président de la
Commission de la CEDEAO
La Task Force sur le Schéma de Libéralisation des Echanges de la CEDEAO (TFISLE) est
composée de sept personnalités de grande notoriété dont l'engagement pour l’intégration
régionale de l’Afrique de l'Ouest est avéré. Elle s’appuie sur des structures techniques comme
ENDA CACID, ALLIANCE BORDELESS dans le cadre de ses missions. Toutefois, faute de
moyens, de réels doutes pèsent sur sa capacité à réaliser ses objectifs. L’autre inquiétude
majeur pouvant anéantir les attentes des opérateurs privés économiques, des entreprises
agréées au SLE est liée au fait que la TASK FORCE n’intervient que quand des différends
majeurs concernent au plus niveau les Etats membres, alors que les difficultés sur le SLE sont
quotidiennes et se limitent généralement entre l’entreprise exportatrice et l’administration
douanière. Sur ce point fondamental, la TASKE FORCE dit qu’elle ne substitue pas la
Commission de la CEDEAO, le Département en charge du Commerce. Alors qu’il est
unanimement accepté que la Commission ne peut régler les litiges quotidiens et ne peut
sanctionner les Etats membres.
41
IV. Stratégies systémiques de conclusion du SLE
1. Suivi et Evaluation (Monitoring) de la mise en œuvre du SLE
L’une des faiblesses essentielles de la mise en œuvre du SLE est l’absence de mécanisme de
suivi-évaluation. Le mécanisme laisse à croire aux Etats membres à une série de clauses
d’efforts maximaux, laissées à la volonté de chaque Etat membre. Cela a fait naitre un
sentiment d’impunité nuisible au SLE. Il est urgent de mettre en place un mécanisme
opérationnel de suivi et d’évaluation qui procède à une surveillance régionale des différentes
activités liées à la libre circulation. Un tel mécanisme régional aurait des déclinaisons
nationales et travaillerait en étroite collaboration avec la Task force existante. Mais il sera
impératif de lui donner un habillage et une envergure institutionnels inclus dans la
nomenclature de la CEDEAO pour lui garantir toute sa crédibilité.
En effet, un dispositif de suivi évaluation (DSE) au niveau national et régional est conçu en
tant qu’instrument de pilotage du schéma de libéralisation des échanges. Des investissements
importants sont consentis depuis plusieurs décennies dans le domaine du SLE tant au niveau
national qu’au niveau régional. L’absence du dispositif de suivi-évaluation n’a pas permis de
réaliser et/ou d’améliorer l’efficience des efforts individuels et collectifs. Il devient impératif
dans le but d’améliorer progressivement le processus de mise en œuvre du SLE, de mettre en
place un système de monitoring. Pour cela, les Etats doivent disposer des moyens leur
permettant d’évaluer l’impact de leurs investissements, par la mise en place de dispositifs de
suivi et d’évaluation, capables de fournir les éléments leur permettant de prendre les décisions
en matière commerciale, ainsi qu’en matière de modalités de mise en œuvre.
Le dispositif est destiné à évaluer l’impact des activités de chaque pays et de l’ensemble des
Etats membres sur le SLE pour en déduire les additifs et les correctifs à apporter au contenu et
aux modalités de mise en œuvre des actions de facilitation du commerce au sein de la sous-
région, à travers le système de planification, pour tendre progressivement vers un SLE
totalement approprié par tous les Etats membres et générant des résultats individuels et
globaux satisfaisants.
Le dispositif de suivi-évaluation (DES) préconisé pour atteindre les performances souhaitées
comprend deux composantes :
Un suivi annuel dans chaque pays, articulé sur les réalisations annuelles et la
programmation annuelle des activités menées dans le cadre du SLE dont la
responsabilité revient au ministère en charge du schéma ;
Une évaluation annuelle de l’ensemble des réalisations au niveau de l’espace
CEDEAO tenant compte des avancées et des goulots d’étranglement. Cette démarche
a pour finalité d’évaluer les impacts inhérents et d’apporter les correctifs nécessaires
pour lever les entraves au bon fonctionnement du schéma.
42
L’évaluation annuelle est laissée aux soins de l’organe supranational qui est la CEDEAO pour
éviter des rapports de complaisance. Pour que le dispositif fonctionne, il faudrait de prime à
bord :
Faire l’analyse de la situation actuelle : il revient à se poser des questions telles, que
veut-on faire ? où veut-on aller ? avec quels partenaires ? et dans quel cadre
institutionnel ? Cette première phase doit donner clairement la vision poursuivie.
Définir d’un cadre logique modèle applicable par tous les Etats membres. Cette
matrice décrit les aspects les plus importants du SLE, la hiérarchie des objectifs, les
facteurs externes pouvant influencer la réussite de la mise en œuvre du SLE et les
indicateurs vérifiables
Faire une planification opérationnelle
Elaborer un tableau de bord destiné au reporting servant à rendre des comptes sur les
résultats obtenus et à dialoguer entre niveaux hiérarchiques, et au pilotage du service,
permettant de suivre l'avancement des plans d'action et les résultats obtenus ;
Définir des indicateurs : Ils représentent des variablesde nature quantitative ou
qualitative, constituant un moyen simple et fiable de mesurer et d'informer des
changements liés à l'intervention ou d'aider à apprécier la performance des Etats dans
la mise en œuvre du schéma.
Avoir un système d’information : Ce système permettra d'acquérir, de stocker, de
structurer et de communiquer des informations sous forme de textes, images, sons, ou
de données codées dans les Etats membres dans le domaine de mise en œuvre du
schéma. Il aura pour finalité de rendre visible les progrès réalisés par chaque pays et le
partage des bonnes pratiques en la matière.
Les données recueilles par le dispositif doivent être gérées dans des bases de données,
accessibles en Intranet à travers le réseau « Slenet» du ministère du commerce ou de
l’intégration de chaque pays et centralisé au niveau du site web de la CEDEAO.
La mise œuvre et le fonctionnement effectif de ce dispositif doivent être assurés avec la
parfaite collaboration de la Task force qui vient d’être mise en place. Cette force constituée
d’une équipe de sept personnes, a pour mission de travailler à l’avènement d’une véritable
intégration économique sous régionale.Il est aujourd’hui plus qu’admisquele schéma de
libéralisation des échanges de la CEDEAO constitue le principal outil de réalisation de cet
l’objectif. L’adoption de ce mécanisme permettrait d’assurer l’effectivité de la libre
circulation qui reste un défi à relever pour tous les pays de la CEDEAO notamment, en termes
de lutte contre certaines entraves et pratiques anormales, à l’intérieur comme aux frontières
des Etats membres.
Aussi, les résultats obtenus doivent être exploités de matière à encourager les Etats réalisant
des efforts importants ; et de prévoir également des sanctions pour les Etats persistant dans les
comportements contraires aux règles communautaires.
2. Justice et Sanctions commerciales régionales
L’une des difficultés majeures auxquelles est confronté le SLE est l’absence de sanctions en
cas de non-exécution des obligations commerciales découlant du Schéma. Ceci est lié
essentiellement à deux facteurs. D’abord, le protectionnisme national persistant qui vide
l’intégration commerciale régionale de son sens. Ensuite, le fait que la région ne soit pas
suffisamment outillée, sur le plan judiciaire, pour faire face à cette situation.
43
Les pays membres de la CEDEAO sont individuellement engagés dans plusieurs accords
commerciaux et dans plusieurs enceintes différentes. D’abord, ils disposent tous de cadres
nationaux dont la vocation est de régler les différends commerciaux. Cela peut se confiner à
un niveau national avec des protagonistes et une application stricte des lois et règlements du
pays concerné ; comme cela peut avoir une dimension internationale avec les contrats
internationaux présentant des éléments d’extranéité. Plusieurs Etats membres de la CEDEAO
sont parties à l’OHADA (Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des
Affaires) et sont parfois amenées à soumettre des différends commerciaux à la Cour
Commune de Justice et d’Arbitrage (CCJA) de cette instance. Ensuite, la quasi-totalité des
membres de la CEDEAO sont membres de l’OMC avec des engagements commerciaux
multilatéraux. En outre, ils sont tous parties prenantes dans le processus d’intégration
commerciale régionale qui génère des obligations nouvelles. Enfin, l’APE qui est en phase de
finalisation est un accord commercial avec des obligations nouvelles.
Ces différents processus sont imbriqués. Et chaque processus engendre des transactions
commerciales potentiellement conflictuelles. Chaque processus établit aussi son propre
système de règlement des différends susceptible d’être utilisé par les différentes parties
prenantes. C’est ainsi qu’en dehors des systèmes juridiques nationaux ci-avant évoqués, les
pays de la région sont confrontés, au moins, à trois procédures distinctes de règlement des
différends.
Plus particulièrement, la Cour de justice de la CEDEAO, organe judiciaire par essence de
l’organisation, n’a pas de compétences strictes en matière commerciale.La Cour a trois
principales compétences : contentieuse, consultative et en matière d’arbitrage. Globalement,
la Cour applique le traité, les conventions, protocoles et règlements adoptés par la
Communauté et les principes généraux du droit énoncés à l’article 38 du Statut de la Cour
internationale de Justice.
L’entrée en vigueur du TEC, la naissance de potentiels contentieux commerciaux et la
nécessité d’une mise en œuvre optimale du SLE ouvrent des perspectives nouvelles pour la
mise en place d’une vraie justice commerciale dans la région. Deux possibilités concrètes
s’offrent : donner des compétences explicites en matière commerciale à la Cour de Justice ; ou
créer une institution nouvelle de règlement des différends commerciaux favorisant une
spécialisation des juges. Quelque soit la solution retenue, elle devrait être accompagnée d’un
mécanisme opérationnel de sanction collective à l’encontre des contrevenants aux obligations
commerciales liées au SLE.
44
Conclusion et perspectives régionales
Mise en place depuis 1979 et entrée en vigueur en 1990, le SLE éprouve des difficultés dans
sa mise en œuvre. Il ressort de l’évaluation que tous les pays de la communauté ont reçu et
adopté les dispositifs législatifs relatifs au schéma. Malgré les avantages conférés par le
schéma, les entreprises de la sous-région montrent un faible engouement au SLE. Ce
processus de libre-échange n’arrive pas à booster d’une manière significative les échanges
intra-communautaires. En effet, le volume des échanges intra-communautaires n’a jamais
dépassé 15% du commerce total de la région. Ce faible niveau d’échange pourrait s’expliquer
par l’existence d’énormes barrières (tarifaires et non tarifaires), ainsi que la perception des
taxes illicites le long des corridors de la sous-région. Du reste, la non harmonisation des
mesures SPS, la non effectivité du TRIE et les problèmes émanant de l’usage de la carte brune
ainsi que le refus des certificats d’origine sont autant de défis à relever. Afin d’apporter
efficacement des réponses aux entraves liées à libre circulation des biens et des personnes, les
recommandations suivantes sont fort utiles :
1. Communiquer davantage sur le schéma. Le faible engouement des entreprises au SLE
pourrait s’expliquer par une méconnaissance, voire une ignorance du schéma.
L’organisation d’activités de sensibilisation, de formation et d’information sur le Schéma
au profit des entrepreneurs est donc une nécessité et mérite d’être encouragée au niveau
des Etats. Pour ce faire, les moyens mis à la disposition des Comités Nationaux
d’Agrément (CNA) doivent être renforcés.
2. Mettre en place des structures (CNA) dans les différents pays de l’espace
communautaire, pour l’accompagnement des entrepreneurs dans le montage du dossier
technique en vue de l’obtention de l’agrément. Les entreprises souffrent énormément dans
le montage de leur dossier technique. Toutefois, elles peuvent dépenser jusqu’à 2.000.000
de francs CFA, lorsqu’elles demandent l’expertise d’une maison d’étude. L’existence
d’une telle structure pourrait être un facteur incitatif pour les entreprises.
3. Rendre la Task force opérationnelle le plus rapidement possible. Il est indispensable
que la CEDEAO dote cette force de moyens et de pouvoir pour réprimer les Etats
récalcitrants. En effet, plusieurs pays de la CEDEAO continuent de percevoir les taxes
illicites le long des corridors et imposent souvent des quotas d’importation d’une manière
indirecte. La Task force pourrait éventuellement sanctionner les Etats qui refusent
d’appliquer d’une manière effective le SLE.
4. Définir et harmoniser les normes SPS. Dans la sous-région, chaque Etat membre a ses
propres mesures SPS. Le Nigéria est une référence en matière d’imposition de mesures
SPS drastiques dans la CEDEAO. Par conséquent, l’adoption d’une norme
communautaire pour les catégories de biens serait indispensable pour la fluidité des
échanges inter-Etats.
5. Rendre effectif le TRIE. Le TRIE est un complément du SLE, il est normalement levé à
la première frontière et reste valable jusqu’à destination. Malheureusement, le TRIE n’est
pas fonctionnel dans l’espace CEDEAO. Il est très utile d’aller rapidement vers
l’opérationnalisation du TRIE en travaillant sur la caution ou la garantie exigée au niveau
45
de chaque Etat membre. La Commission de la CEDEAO doit travailler, afin de mettre en
place un système efficace de partage des droites douanes entre les pays.
6. Rendre effectif la carte brune. La carte brune est perçue comme un outil de facilitation
des échanges dans l’espace communautaire. Selon le protocole A/P1/5/82 signé par les
Chefs d’État et de Gouvernement, les structures locales chargées de la coordination de la
carte brune, devraient être autonomes administrativement et financièrement. Mais, c’est
tout à fait le contraire sur le terrain. La commission de la CEDEAO devrait les permettre
d’être indépendantes, afin de gérer efficacement la carte brune et de lever les difficultés
liées à l’indemnisation des opérateurs économiques en cas de sinistre.
7. Encourager les Etats membres à ratifier l’accord de Bali sur la facilitation des
échanges. Cela permettra de lever certains obstacles et d’aller vers la mise en place des
mécanismes importants tels la coopération douanière et le code régional des douanes.
8. Evaluer périodiquement le SLE. Cette évaluation aura pour but de constater les
avancées ainsi que les goulots d’étranglement dans la mise en œuvre du schéma. Une
évaluation annelle pourrait être envisagée pour une libéralisation plus rapide des échanges
à travers la mise en place d’un dispositif de suivi-évaluation (monitoring) régional du
SLE.
9. Mettre en place une justice commerciale régionale : Deux possibilités concrètes
s’offrent : donner des compétences explicites en matière commerciale à la Cour de
Justice ; ou créer une institution nouvelle de règlement des différends commerciaux
favorisant une spécialisation des juges. Quelque soit la solution retenue, elle devrait être
accompagnée d’un mécanisme opérationnel de sanction collective à l’encontre des
contrevenants aux obligations commerciales liées au SLE.
46
ETUDES
NATIONALES
47
ETUDE SUR L’EVALUATION DE LA MISE EN ŒUVRE DU SCHEMA DE LIBERALISATION DES ECHANGES DE LA CEDEAO
NOTE SUR LE BENIN
préparée par
Dr. Camille GUIDIME économiste, enseignant-chercheur FASEG-Université de Prakou
Résumé exécutif
48
Liste des sigles
CEDEAO : Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest
SLEC : Schéma de libéralisation de la CEDEAO
CCIT : Chambre de commerce et d’industrie du Togo
TVA : Taxe sur la valeur ajoutée
UEMOA : Union économique et monétaire ouest-africaine
BAD : Banque africaine de développement
AGOA : African Growth and Opportunity Act
ACPr : Arrangements commerciaux préférentiels
USD : United States Dollar (dollar américain)
OMC : Organisation mondiale du commerce
OPA : Observatoire des Pratiques Anormales
SEGUCE : Société d’exploitation du guichet unique du commerce extérieur
WTO : World Trade Organisation
49
I. INTRODUCTION
Contexte économique
La République du Bénin s’est résolument engagée, depuis la conférence des forces vives de la nation en 1990, dans une dynamique de changement social, économique et politique générateur de bien-être. Cet engagement traduit l’ambition des gouvernements successifs de sortir le pays de la pauvreté et d’envisager l’émergence, caractérisée par une croissance accélérée et un développement humain durable. Dans cette optique, le Bénin a élaboré et mis en œuvre la "Stratégie de croissance pour la réduction de la pauvreté" (SCRP). La mise en œuvre de cette stratégie a induit des résultats mitigés en termes de croissance économique et de réduction de la pauvreté, dus aux chocs externes et internes auxquels le pays a été confronté ces dernières années (SCRP, 2011). Il est important de noter que la croissance économique au Bénin n’est pas tout à fait inclusive : entre 2011-2015, alors que le Bénin a connu une croissance économique moyenne de 5,2 %, la proportion d’individus vivant sous le seuil de pauvreté s’est accrue, passant de 36,2 % en 2011 à 40 % en 2015.
En revanche, la croissance, estimée à 5,2 % en 2015 contre 6,5 % en 2014, a ralenti pour trois raisons principales : des perturbations dans la distribution d’électricité, une pluviométrie moins favorable et le recul de l’activité économique au Nigéria voisin. L’inflation est restée faible, en raison de la baisse des cours du pétrole et des produits alimentaires. Le déficit public s’est, en revanche, creusé, avec la hausse des investissements publics et des dépenses courantes. D’où le recours plus important au marché des titres publics. Les perspectives tablent sur une croissance de 5,5 % en 2016 et 5,7 % en 2017, grâce au soutien apporté au secteur agricole et aux investissements dans les infrastructures (PEA, 2016). De plus, le Bénin, avec 10 008 749 habitants (RGPH4, 2015), appartient au groupe des pays les moins avancés, avec un PIB/habitant de 709 USD courants environ en 2015. Le Bénin représente un peu moins de 10 % du PIB de l’UEMOA. Il constitue cependant, grâce au port de Cotonou, un centre de transit important pour la desserte commerciale du Niger, du Burkina Faso, et surtout du Nigéria. En termes d’indice de développement humain (IDH), il se classe au 166e rang sur 188 du rapport PNUD 2015. Le Bénin est classé 158e sur 189 du rapport Doing business 2016. 1. Brève revue de la politique commerciale
En matière de commerce international, le Bénin exporte vers les espaces commerciaux africains15 et hors du continent. Il fait partie du groupe Afrique de l’Ouest des pays Afrique-Caraïbe-Pacifique (ACP) ayant négocié les Accords de partenariat économique (APE) avec l’Union européenne. Il compte également parmi les pays bénéficiaires du "Système généralisé de préférences" (SGP) permettant à certains produits originaires du pays de bénéficier de taux réduits ou nuls par rapport au taux NPF (Nations les plus favorisées) sur les marchés des pays industrialisés.
15 la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest (UEMOA), l’Union du Maghreb arabe (UMA), la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (CEEAC), le Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA), la Communauté de développement de l’Afrique australe (CDAA/SADC), la Communauté des États sahélo-sahariens (CENSAD) et la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE).
50
Au nom de ce système, le Bénin bénéficie d’un schéma de préférence avec les régions et pays suivants : les pays de l’Union européenne (Tout sauf les armes), les États-Unis (AGOA), la Chine, l’Amérique latine et les Caraïbes, etc. Le Togo possède un potentiel d’intervention sur les espaces commerciaux dans le cadre des arrangements commerciaux préférentiels (ACPr) entre les pays membres de l'OMC16.
Les huit pays de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), dont le Bénin, sont également membres d'un ensemble plus vaste de quinze pays, la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). L'intégration au sein de la CEDEAO s'inspire largement de celle de l'UEMOA. Au sein de l'UEMOA (et de la CEDEAO), le Bénin a poursuivi des efforts d'intégration et de réformes économiques. La plupart des instruments de politique commerciale, en l'occurrence les mesures de porte, ont été harmonisées au niveau de l'UEMOA. Par ailleurs, l'UEMOA dispose aujourd'hui d'un cadre commun de politique agricole, minière, ainsi que pour certaines catégories de services, entre autres. Cependant, la mise en œuvre est loin d'être effective dans tous les domaines. La poursuite rigoureuse des réformes, y compris la libéralisation commerciale, améliorerait l'environnement des affaires et contribuerait à attirer les capitaux nécessaires à la mise en valeur des nombreuses richesses non encore exploitées en matière agricole, pastorale et minière, mais aussi dans certains services (WTO, 2014).
2. Intégration commerciale à la CEDEAO
Au titre de l’intégration régionale, le Bénin s’est aligné sur les droits et taxes du Tarif extérieur commun (TEC) de l’UEMOA, et aussi l’UEMOA et la CEDEAO ont adopté un TEC applicable au 1er janvier 2015. La balance commerciale du Bénin, déficitaire depuis plus d’une dizaine d’années, a vu son déficit se creuser davantage en 2013. La hausse des importations s’explique pour l’essentiel par l’évolution des importations de céréales (riz) réexportées vers le Nigéria, et par l’explosion des importations de matériel de navigation maritime. La hausse des exportations résulte en premier lieu de celles du coton et du cajou. On observe de plus en plus une hausse des échanges avec la CEDEAO.
En outre, le Schéma de libéralisation des échanges commerciaux (SLEC) est l’un des piliers de la politique commerciale sur lequel repose l’intégration de la région Afrique de l’Ouest. Il encadre de ce fait la libre circulation des marchandises et des personnes dans l’espace communautaire et vise la mise en place progressive d’une Union douanière entre les Etats membres de la Communauté sur une période de quinze ans, à compter du 1er janvier 1990, date d’entrée en vigueur dudit schéma. L’instrument juridique de ce schéma est le Protocole de la CEDEAO sur la libre circulation des personnes et des marchandises, et les protocoles additionnels qui l’ont, au fil du temps, amélioré pour le rendre plus efficace (particulièrement à partir de l’accélération du processus d’intégration à travers le nouveau schéma de libéralisation des échanges, adopté en janvier 2003). Ce nouveau schéma a rajouté les produits industriels aux produits initialement autorisés à bénéficier des avantages au titre du schéma initial, à savoir : les produits agricoles, les produits de l’artisanat et le pétrole brut. Cette nouvelle procédure a débouché sur la création, dans chaque Etat membre, d’un Comité national d’agrément (CNA), chargé d’examiner les
16 Voir Manuel de l’exportateur (2014), page 16.
51
demandes d’agrément des entreprises/produits (le produit doit respecter les critères d’origine).
Malgré ces dispositions pour faciliter la circulation ce ces produits, force est de constater que les produits industriels ont toujours un peu plus de difficultés à circuler librement dans l’espace communautaire que les groupes de produits contenus dans le schéma initial. La présente note vise à fournir des éléments pour apprécier le niveau de mise en œuvre de ce schéma au Bénin.
3. Méthodologie de rédaction du rapport
L’approche rédactionnelle du présent rapport est basée sur une revue documentaire pour la collecte de données secondaires et surtout sur des entretiens pour la collecte d’informations avec les personnes ressources dans la mise en œuvre du SLEC. Il s’agit d’échanges avec le GD Douane, la Division de l’Intégration économique au ministère de l’Economie et des Finances, et l’Association des transporteurs. Ces échanges se sont déroulés sur la base d’un questionnaire annexé au présent rapport.
ÉTAT DES LIEUX DE LA MISE EN ŒUVRE DU SCHEMA DE
LIBERALISATION DES ÉCHANGES DE LA CEDEAO (SLEC) AU BENIN
1. Dispositions légales et champ d’application du SLEC
Le SLEC est ouvert à toute entreprise17 qui se trouve et exerce ses activités dans les 15 Etats membres de la CEDEAO et qui compte exporter ses produits au sein de la région. Toutes les entreprises sont tenues de respecter les règles énoncées dans les protocoles et règlements régissant le SLE. Toutes les dispositions légales communautaires suivantes sont appliquées au Bénin :
Protocole A/P1/1/03 du 31 janvier 2003 relatif à la définition de la notion de produits originaires des Etats membres de la CEDEAO ;
Règlement /REG.3/4/2002 du 23 avril 2002 relatif à la procédure d’agrément des produits originaires au Schéma de libéralisation des échanges de la CEDEAO ;
Règlement /REG.4/4/02 du 23 avril 2002 relatif à l’adoption d’un certificat d’origine des produits originaires de la CEDEAO ;
Règlement /REG.5/4/02 du 23 avril 2002 relatif à la détermination des éléments constitutifs du prix de revient ex-usine d’un produit et de la valeur ajoutée.
Tous ces dispositifs juridiques sont adoptés et appliqués par le Bénin.
2. Cadre institutionnel et procédure du SLEC
Les textes juridiques précédemment cités ont servi de base pour la mise en place du CNA et des structures connexes pour la mise en œuvre du SLE.
2.1 Désignation de l’autorité nationale (ministère) en charge du SLE
17 Les entreprises opérant dans les zones franches et sous tout autre régime économique particulier ou tout autre territoire douanier ne peuvent pas bénéficier du SLE.
52
Au plan national, l’autorité compétente en charge du SLE est la Direction de
l’Intégration régionale du ministère de l’Economie et des Finances. Cette Direction
coordonne toutes les activités entrant dans la mise en œuvre du SLE. Elle organise
particulièrement des formations et la sensibilisation de tous les acteurs concernés et
impliqués dans la mise en œuvre du SLE.
2.2 Mise en place formelle du Comité national d’agrément (CNA)
Le Comité national d’agrément (CNA) à la Taxe préférentielle communautaire de
l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et au Schéma de
libéralisation des échanges de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de
l’Ouest (CEDEAO) est créé et formellement mis en place par arrêté interministériel
« ANNEE 2003, N° 689/MICPE/MFE/DC/SG/DGAE/DIR/DDI PORTANT
CREATION, ATTRIBUTIONS, COMPOSITION ET FONCTIONNEMENT DU COMITE
NATIONAL D’AGREMENT DES DOSSIERS AUX SCHEMAS DE LIBERALISATION
DE L’UEMOA ET DE LA CEDEAO » signé le 17 juin 2003. Le Comité national
d’agrément, composé du président : Direction du Développement industriel/MICPME,
du secrétariat : Direction de l’Intégration régionale/DGAE/MEF et des Membres :
Direction générale des Douanes et Droits indirects/MEF, Direction du Commerce
extérieur/MICPE et la Chambre de commerce et d’industrie du Bénin/MICPE, est
chargé prioritairement d’examiner les dossiers de demande d’agrément au schéma
de libéralisation des échanges de l’Union économique et monétaire ouest-africaine et
de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest ; de proposer à la
signature du ministre en charge de l’Industrie une Décision globale d’agrément
relative aux produits ayant reçu l’avis favorable du comité, pour l’agrément national ;
de proposer au ministre de tutelle de la CEDEAO et de l’UEMOA, de transmettre, au
Secrétariat exécutif de la CEDEAO ou à la Commission de l’UEMOA, les dossiers de
demande respectifs requérant un agrément communautaire et qui ont reçu l’avis
favorable du Comité.
2.3 Désignation de l’autorité compétente nationale chargée de la délivrance des certificats d’origine
La Direction générale du Développement industriel du ministère de l’Industrie et du
Commerce est l’autorité compétente nationale désignée pour la délivrance des
certificats d’origine. Elle fonctionne de façon étroite avec le Comité national
d’agrément (CNA).
2.4 Désignation de la structure qui remplit le formulaire d’agrément (entreprise ou CNA) C’est le CNA.
2.5 Désignation du ministère chargé de notifier la décision d’agrément à la Commission de la CEDEAO (ministère des Affaires étrangères ; ministère en charge de l’Intégration régionale)
53
C’est le ministère de l’Economie et des Finances, à travers sa Direction de
l’Intégration régionale.
3. Mise en oeuvre du SLEC
3.1 Nombre d’entreprises agréées au SLE
Après compilation effectuée à partir de la base de données des entreprises agréées
au SLE de la Direction de l’Intégration régionale (DIR), on enregistre, sur la période
de 2003 à août 2016, un total de 47 entreprises agréées au SLE. Toutefois, ce
nombre comporte plusieurs éléments à prendre en compte dans l’état des lieux à ce
sujet. Une étude de la même Direction, effectuée en 2014, montre que sur 49
entreprises enquêtées ayant bénéficié des régimes préférentiels de la CEDEAO et
de l’UEMOA, 29 bénéficient de SLE de la CEDEAO. Parmi celles-ci, seulement 57%
jouissent du Schéma de libéralisation des échanges de la CEDEAO contre 43% qui
n’en jouissent pas ou n’en font pas usage en raison du niveau de leur production et
de la diversité de leurs consommateurs.
3.2 Perception des entreprises sur le SLE et son impact réel
L’obtention de l’agrément du SLE a favorisé nettement les activités commerciales
des entreprises. Les raisons évoquées sont notamment :
a) la hausse de la demande ;
b) la facilité des transactions commerciales ;
c) l’accroissement des investissements, etc.
Le rapport (DIR, 2014) trouve un solde d’opinion positif (29,5) ; ce qui témoigne donc d’une nette amélioration de l’activité des entreprises agréées au SLE de la CEDEAO, toutes choses égales par ailleurs. Selon le rapport, le SLE a favorisé le niveau de l’emploi dans les entreprises agréées, soit une variation de 12,5 %. Les problèmes auxquels les entreprises font face sont notamment :
a) les tracasseries douanières des pays de destination ; b) les restrictions commerciales du pays de destination ; c) le défaut de documents exigés dans le pays de destination ; d) l’état de dégradation des infrastructures routières. Ces difficultés dénotent la faiblesse de différentes intégrations économiques en Afrique et des textes en vigueur. Les pays mis en cause pour ces pratiques sont notamment le Nigéria, le Burkina Faso, le Togo et le Niger. Le rapport (DIR, 2014) estime les pertes engendrées par ces pratiques à 9 % du chiffre d’affaires des entreprises concernées.
3.3 Moyenne d’entreprises agréées par mois/par an
D’après la base de données des entreprises agréées au SLE de la CEDEAO sur la période de 2003 à 2016, on dénombre un total de 47 entreprises, soit en moyenne 4,27 entreprises agréées par an.
54
3.4 Principaux produits agréés au SLE Les domaines d’activité des industries sont : l’agroalimentaire, la cimenterie, la production chimique, métallique, cotonnière et textile. La majorité de ces entreprises industrielles opèrent dans l’agroalimentaire et la transformation chimique. Tableau
Domaines d’activité Effectifs
Industries agroalimentaires
Industries chimiques
Industries cimentières
Industries cotonnières et textiles
Industries métalliques
Autres industries
Total
22
10
3
3
3
8
49
Source : Recensement des entreprises industrielles agréées, DGAE 2013
3.5 Durée de la procédure d’agrément
3 mois au total ; soit environ 45 jours au plan national.
3.6 Durée du traitement de la demande d’agrément
Après le dépôt des dossiers à la Direction de l’Intégration régionale, la décision du
CNA concernant l’agrément est donnée dans un délai maximum de 45 jours. La
décision est ensuite envoyée à la Commission de la CEDEAO. La durée globale de
la notification de l’acceptation de l’agrément est de 3 mois.
3.7 Temps nécessaire entre la décision d’agrément et le démarrage d’exportation du produit agréé (conséquences du retard dans le dispatching de la décision entre les 15 Etats membres) Le démarrage d’exportation du produit agréé se fait dans les 45 jours environ après la décision d’agrément. Ceci correspond à la durée nécessaire au dispatching de la décision entre les 15 Etats membres par la Commission de la CEDEAO.
3.8 Principaux destinataires des produits agréés
Les entreprises industrielles béninoises agréées aux régimes préférentiels de l’UEMOA et de la CEDEAO ont comme principaux marchés d’écoulement : le marché
55
local, les zones de l’UEMOA et de la CEDEAO ainsi que la région hors-CEDEAO. D’après le rapport18 de la DIR en 2014, les principaux pays vers lesquels ces entreprises écoulent leurs produits sont : le Burkina Faso, le Nigéria, le Togo, le Niger et la Côte-d’ivoire pour l’espace UEMOA/CEDEAO ; et le Tchad, la Libye, l’Afrique du Sud, le Cameroun, la Chine et les Etats-Unis pour l’espace hors- UEMOA/CEDEAO. La répartition globale des parts de marché d’écoulement des produits montre que 52,1 % des ventes des produits béninois agréés sont effectuées au Bénin, 30,1 % de ces produits effectivement exportés sur les marchés de l’UEMOA et de la CEDEAO et 17,8 % dans la zone hors-CEDEAO.
3.9 Liste des documents qui accompagnent le produit agréé
Une fois que le produit est agréé, les autorités douanières délivrent au profit de
l’entreprise exportatrice la Déclaration d’exportation à la présentation du certificat
d’origine en plus de la facture de vente. Arrivé au cordon douanier du pays
destinataire, l’exportateur présente à la fois la déclaration d’exportation, le certificat
d’origine et la facture de vente pour pouvoir obtenir la déclaration de mise en
consommation dans le pays destinataire ; ce qui lui permet donc de bénéficier des
avantages liés au schéma.
4. Cas pratiques relatifs à la politique commerciale
4.1 La question des règles d’origine
Il est question de s’assurer de l’origine des produits exportés dans un contexte où
une part des exportations des pays de la zone est constituée de la réexportation. En
effet, seuls les produits communautaires peuvent bénéficier des avantages tarifaires
de la CEDEAO.
4.2 La question des normes (cruciales au Nigéria)
Le Nigéria dispose de ses normes. Notamment dans le domaine agroalimentaire, ce
pays exige la certification de NAFDAC (Nigerian Agency for Foods and Drugs
Administration and Control) normes « complexes et astreignantes », avec des frais
d’enregistrement « excessifs » ; ce qui disqualifie certains produits béninois pourtant
agréés au SLE. C’est le cas, par exemple, des produits de la SOBEBRA, qui sont
interdits d’exportation au Nigéria. Des exigences supplémentaires imposées par
Standards Organisation of Nigeria (SON) alourdissent encore le fardeau
administratif.
4.3 La question du transport, notamment du TRIE
Il n’existe pas une Taxe routière inter-Etats de transit (TRIE) dans le cadre du
schéma. Par contre, il est institué un fonds de garantie qui est de 0,25 % de la valeur
de la marchandise. Il est destiné au payement des pénalités au cas où le produit en
transit ne va plus à la destination. Ce fonds est perçu par la Chambre de commerce
et d’Industrie du Bénin (CCIB) sur les marchandises en transit.
18
56
a. L’assurance CEDEAO
4. Nature des entraves à la libre circulation des produits agréés
5.1 Entraves relatives à l’exécution de la politique commerciale nationale
5.1.1 Interdiction d’exportation de produit agréé :
- interdiction totale d’exportation du produit agréé : néant
5.1.2 Imposition de quota annuel :
- imposition de quota annuel : néant
5.1.3 Paiement de droit de douane et ou de taxe d’effet équivalent :
Les informations recueillies révèlent l’existence d’un certain nombre de barrières
tarifaires, notamment :
- taxe de voirie : 0,85 % ad valorem sur les marchandises en transit ;
- taxe statistique : 5 % ad valorem sur les marchandises en transit ;
- frais de tracking : 99,946 FCFA, alors que le service n’est pas effectué ;
- taxe de développement local (Art 962-1, Loi des finances 2008) prélevée sur les
produits agricoles et de l’élevage ;
- taxe spéciale de réexportation au taux de 8 % ad valorem sur certains produits ;
- frais d’enregistrement à la douane de N’dali : 500 F ;
- frais d’appel à la douane de Malanville : 1 000 F ;
- refus non justifié ou expliqué : néant.
5.1.4 Perception de droit de douane ou de TVA sur les produits agricoles, de l’élevage et de l’artisanat exonérés de Certificat d’origine et sur les produits faiblement transformés :
Ces produits, en raison de leurs caractéristiques, bénéficient de l’exonération du
Certificat d’origine. Ils bénéficient donc de tous les avantages liés au SLE de la
CEDEAO. Cependant, ces produits doivent présenter les certificats sanitaires et
phytosanitaires appropriés leur donnant le droit de faire l’objet d’un commerce en
franchise dans la région.
5.2 Entraves aux pratiques commerciales illégales (aux frontières)
5.2.1 Perceptions illicites aux 100 km par camion et par voyage (douanes,
gendarmerie, police, eaux et forêts)
La question des perceptions illicites est difficile à cerner et implique à la fois les
transporteurs/exportateurs et les agents routiers. En effet, après les réformes liées
au SLE et aux échanges commerciaux sous-régionaux, aucune perception n’est
perçue sur les chargements en exportation pour lesquels les documents requis
(documents liés à la marchandise et au transporteur) sont en règle. Cependant, il
existe une perception illicite entre les entreprises et les agents de police pour, en
57
quelque sorte, maintenir une meilleure relation entre les deux parties (entretien avec
les transporteurs). D’après les transporteurs, elle est perçue sans la demande de
l’agent de police/gendarme mais facilite les relations entre eux et les transporteurs. Il
est à souligner que le corridor Cotonou-Malanville connaît une réduction du nombre
de postes de contrôle police/gendarmerie, depuis la mise en œuvre de nouvelles
dispositions nationales.
5.2.2 Nombre de points de contrôle aux 100 km par voyage, par corridor et sous-corridor (douanes, gendarmerie, police et eaux et forêts)
Nombre de postes
Lieu des postes
Nombre de postes aux 100 km par voyage
Corridor Cotonou-Malanville
poste de police/gendarme
6 Zogbodomè, Glazoué, Parakou, Gogounou, Kandi, Malanville
0,8
poste de douane 4 Zogbodomè, Glazoué, N’dali, Malanville
0,6
poste des eaux et forêts
Corridor Cotonou-Sèmè
poste de police/gendarme
- - -
poste de douane 1 Sèmè
poste des eaux et forêts
- - -
Corridor Cotonou-Hilacondji
poste de police/gendarme
- - -
poste de douane 1 Hilacondji
poste des eaux et forêts
- - -
Source : Enquêtes auprès des transporteurs, août 2016.
5.2.3 Temps de contrôle aux 100 km (douanes, gendarmerie, police et eaux
et forêts)
Temps de contrôle
par poste
Temps total
Corridor
Cotonou-Malanville
2 à 5 minutes 12 à 30 minutes
58
Corridor
Cotonou-Sèmè
- -
Corridor
Cotonou-Hilacondji
- -
Source : Enquêtes auprès des transporteurs, août 2016
Il est important de noter ici que, pour un chargement sous escorte avec le macaron
"laissez passer", aucun frais n’est exigé aux postes de contrôle, de même qu’aucun
temps perdu n’est enregistré.
5.2.4 Le plan de sécurisation des biens le long des corridors
Il existe un système de convoi avec militaires à bord sur les tronçons connus à haut
risque de braquage. Ce système de sécurisation des corridors est perçu par certains
transporteurs comme source de pertes de temps : approximativement, il est
enregistré environ 5 à 7 heures de temps perdus par poste de convoi. Mais, pour
d’autres transporteurs, c’est un bon système, qui sécurise leur vie et leurs activités.
6 Mécanisme de facilitation de la mise en œuvre du SLEC
6.1 Le règlement des différends liés à l’application du SLE (mode de règlement)
Dans le contexte d’intégration régionale, le Schéma ne dispose pas, à proprement
parler, d’une structure en charge du règlement des conflits ou différends liés à
l’application du SLE. Les négociations et la diplomatie sont les voies utilisées par les
autorités béninoises dans le règlement des différends liés au Schéma.
Toutefois, par le règlement d’exécution « REGLEMENT D’EXECUTION PC/REG
01/11/15 PORTANT CREATION, COMMPOSITION ET FONCTIONNEMENT DE LA
TASK FORCE SUR LE SCHEMA DE LIBERALISATION DES ECHANGES DE LA
CEDEAO (TF/SLE) » signé à Abuja le 25 novembre 2015, la Commission de la
CEDEAO s’est dotée d’une TASK FORCE sur le Schéma de libéralisation des
échanges de la CEDEAO (en abrégé, TF/SLE). La Task Force est un organe
consultatif chargé du suivi, de l’arbitrage ou du règlement à l’amiable des contentieux
entre les Etats membres de la CEDEAO à l’occasion de la mise en œuvre du
Schéma de Libéralisation des Echanges (SLE). La Task Force est rattachée à la
Présidence de la Commission. La Task Force sur le Schéma de libéralisation des
échanges de la CEDEAO (TF/SLE) est chargée, sur auto-saisine ou sur saisine du
président de la Commission de la CEDEAO, de : concourir au règlement des
contentieux entre les Etats membres à l'occasion de la mise en œuvre du SLE en
procédant aux évaluations, constats, médiations et arbitrages en vue de régler les
59
contentieux à l'amiable ; à l'élaboration d'un rapport semestriel sur l'état de mise en
œuvre du Schéma de libéralisation des échanges de la CEDEAO ( SLE) ; à la
formulation de recommandations au président de la Commission de la CEDEAO en
matière de libre circulation des marchandises ; au plaidoyer pour l'application pleine
et entière des textes communautaires sur le SLE par les Etats membres ; à mener ou
exécuter toute action ou activité à la requête du président de la Commission de la
CEDEAO.
6.2 Existence d’un numéro vert et d’un site web pour enregistrer
les plaintes des opérateurs économiques sur le non-respect des
dispositifs du SLEC par l’Etat membre importateur ainsi que sur
les tracasseries le long des corridors
Il n’existe pas de système informatique (numéro vert, site web) pour renseigner sur le
niveau de satisfaction des acteurs quant à la mise en œuvre du SLE. Il existe,
cependant, des boîtes à suggestions, disponibles pour la plupart dans les structures
impliquées et qui sont destinées à recueillir les plaintes des opérateurs économiques
sur le non-respect des dispositifs du SLEC par l’Etat membre importateur, ainsi que
sur les tracasseries le long des corridors. Toutefois, des efforts sont en cours au
niveau des frontières de Hilacondji et de Kraké en vue de la création d’un système
moderne à ce sujet.
6.3 Liste des Organisations non gouvernementales (ONG) nationales intervenant en matière de facilitation de la libre circulation des marchandises
Néant.
6.4 Existence d’activités d’information, de sensibilisation et de formation
sur le SLE
La Direction de l’intégration régionale organise plusieurs fois dans l’année des
activités d’information, de sensibilisation et de formation sur le SLE portant sur les
dispositions communautaires relatives aux échanges commerciaux au niveau des
frontières, des écoles, des communes dans les grandes villes, dans le cadre de la
Semaine nationale de l’intégration au profit de tous les acteurs concernés par le
schéma. La Direction bénéficie, dans cette activité, du partenariat de certains
partenaires tels que la Coopération allemande GIZ et le représentant résident de
l’UEMOA.
60
7 SLEC, échanges multilatéral et régional
7.1 Estimation des volumes des échanges interrégionaux couverts par
le SLEC et estimation du potentiel non couvert
Le graphique ci-dessous indique que plus de la moitié des exportations béninoises
sont sous le couvert de l’agrément du SLE. Le marché local, constitué de l’UEMOA
et de la CEDEAO, consomme presque la moitié des exportations béninoises. Des
efforts sont donc nécessaires pour l’entrée aux marchés mondiaux.
Source : Auteurs, à partir des données de COMTRADE
7.2 Les initiatives de facilitation du commerce (selon accord OMC) ayant un
lien ou impact direct sur la mise en œuvre du SLEC
Quelques initiatives de facilitation du commerce au niveau de l’UEMOA et de la
CEDEAO : Union des transporteurs routiers de l’Afrique de l’Ouest (UTRAO) ;
Confédération des syndicats des conducteurs routiers de l’Afrique de l’Ouest
(CSCRAO) ; Réseau national d’information commerciale (RNIC) ; Accélérer les
échanges commerciaux en Afrique de l’Ouest (ATWA) ; Observatoire des pratiques
anormales (OPA), etc.
Au plan national, ces initiatives sont presque inexistantes. Cela s’explique par le fait
que le système de production béninois demeure encore insignifiant. Ainsi, toute
initiative de facilitation des échanges serait au profit d’autres pays et sans effet positif
sur les échanges commerciaux du Bénin.
7.3 Les procédures douanières et la façon dont le système est calibré pour
prendre en compte le SLE
La mise en œuvre du Schéma de libéralisation des échanges de la CEDEAO a
véritablement simplifié les procédures douanières dans les Etats membres. Cette
simplification est en termes de temps et de tracasseries administratives.
7.4 Evaluer le système et voir en quoi et comment il prend en compte
les spécificités du commerce régional et des industries de la région
61
II. CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
Les acteurs économiques reconnaissent le bien-fondé du SLEC de la CEDEAO pour l’accroissement du nombre de pays et leur intégration économique. Toutefois, des difficultés subsistent dans la visibilité et les pratiques adéquates pour tirer du potentiel du SLEC le maximum de profit. Il est suggéré de communiquer davantage avec tous les acteurs pour faciliter l’adhésion de tous, qui peut se mesurer par l’accroissement du nombre de certificats délivrés. De plus, les pays doivent fournir des efforts pour éliminer les barrières non tarrifaires.
62
Documents consultés
• Perspective économique en Afrique (2016) ; • Perspective économique au Bénin http://www.afdb.org/fr/countries/west-
africa/benin/benin-economic-outlook/ du 23/09/2016 ; • Stratégie de croissance pour la réduction de la pauvreté (SCRP 2011-2015),
(2011) ; • Stratégie de croissance pour la réduction de la pauvreté, Rapport FMI n°11/307 ; • UEMOA (2016) Rapport 2015 de la Surveillance commerciale dans l’espace UEMOA, Ouagadougou ; • UEMOA (2015) Rapport 2014 de la Surveillance commerciale dans l’espace UEMOA, Ouagadougou.
63
Annexes
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-Le paragraphe 5.1.2. a été omis (à la page 15 et dans le sommaire, page 2) -Fin page 8 et début page 9, prière de revoir la numérotation des alinéas
EVALUATION DE LA MISE EN ŒUVRE DU SCHEMA DE LIBERALISATION DES ECHANGES (SLE)
RAPPORT FINAL BURKINA FASO
Réalisé par Didier ZOUNGRANA, PhD Economiste-Consultant senior/[email protected] Tél. : +226.72.58.42.58 ou +226.78.09.79.37 2 ACD octobre 2016
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SOMMAIRE
REMERCIEMENTS LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
I. INTRODUCTION
1. Contexte socioéconomique
2. Politique commerciale 2.1. Mesures agissant sur les importations au Burkina Faso 2.2. Mesures agissant sur les exportations au Burkina Faso 2.3. Mesures agissant sur la production et le commerce du Burkina Faso
3. Intégration régionale
II. RESULTATS ENREGISTRES DANS LA MISE EN ŒUVRE DU SLE AU
BURKINA FASO
1. Réception et mise en œuvre du dispositif juridique du SLE au niveau national
2. Institutions et procédures de mise en œuvre du SLE 2.1. Désignation de l’autorité nationale en charge du SLE 2.2. Mise en place formelle du Comité national d’agrément (CNA) 2.3. Désignation de l’autorité compétente nationale chargée de la délivrance
des certificats d’origine 2.4. Désignation de la structure qui remplit le formulaire d’agrément (entreprise
ou CNA) 2.5. Désignation du ministère chargé de notifier la décision d’agrément à la
Commission de la CEDEAO 2.6. Description de la procédure d’agrément
3. Situation de mise en œuvre du SLE 3.1. Nombre d’entreprises agréées au SLE 3.2. Perception des entreprises sur le SLE et son impact réel 3.3. Moyenne d’entreprises agréées par mois/par an 3.4. Principaux produits agréés au SLE 3.5. Durée de la procédure d’agrément 3.6. Durée du traitement de la demande d’agrément 3.7. Temps nécessaire entre la décision d’agrément et le démarrage
d’exportation du produit agréé 3.8. Principaux destinataires des produits agréés 3.9. Liste des documents qui accompagnent le produit agréé
4. Cas d’application pratique du SLE à des politiques commerciale 4.1. La question des règles d’origine
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4.2. La question des normes sanitaires et phytosanitaires 4.3. La question du transport, notamment du TRIE 4.4. Les assurances (carte brune)
5. Entraves à la libre circulation des produits agréés et à une mise en
oeuvre optimale du SLE (post-agrément) 5.1. Entraves liées à l’exécution de la politique commerciale nationale 5.1.1. Interdiction totale d’exportation du produit agréé 5.1.3. Paiement de droit de douane et/ou de taxe d’effet équivalent 5.1.4. Perception de droit de douane ou de TVA sur les produits agricoles, de
l’élevage et de l’artisanat exonérés de certificat d’origine et sur les produits faiblement transformés
5.1.5. Autres entraves constatées 5.2. Entraves liées à des pratiques commerciales illicites (pratiques aux
frontières) 5.2.1. Perceptions illicites aux 100 km par camion et par voyage (douanes,
gendarmerie, police, eaux et forêts) 5.2.2. Nombre de points de contrôle aux 100 km par voyage, par corridor et
sous-corridor (douanes, gendarmerie, police, eaux et forêts) 5.2.3. Temps de contrôle aux 100 km (douanes, gendarmerie, police et eaux et
forêts) 5.2.4. Le plan de sécurisation des biens le long des corridors 6. Mécanismes de facilitation de la mise en œuvre du SLE 6.1. Le règlement des différends liés à l’application du SLE (mode de
règlement) 6.2. Existence d’un numéro vert et d’un site Web pour enregistrer les plaintes
des opérateurs économiques sur le non-respect des dispositifs du SLEC par l’Etat membre importateur ainsi que sur les tracasseries le long des corridors
6.3. Liste des Organisations non gouvernementales (ONG) nationales intervenant en matière de facilitation de la libre circulation des marchandises
6.4. Existence d’activités d’information, de sensibilisation et de formation sur le SLE
7. SLE, Commerce régional et multilatéral 7.1. Estimation des limites des volumes des échanges intrarégionaux couverts par SLEC et estimation du potentiel non couvert 7.2. Les initiatives de facilitation du commerce (selon l’accord OMC) ayant un
lien ou impact direct sur la mise en œuvre du SLEC 7.3. Les procédures douanières et la façon dont le système est calibré pour
prendre en compte le SLE 7.4. Evaluer le système et voir en quoi et comment il prend en compte les
spécificités du commerce régional et des industries de la région CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS BIBLIOGRAPHIE DIFFICULTES RENCONTREES ANNEXES
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REMERCIEMENTS
Les auteurs voudraient, à travers ces quelques mots, exprimer leur gratitude aux nombreuses personnes ressources rencontrées lors de la collecte des données sur la mise en œuvre du Schéma de libéralisation des échanges commerciaux au Burkina Faso. Il s’agit des personnes ressources de la Direction générale du Commerce (DGC), de la Direction générale du Développement industriel (DGDI), de la Direction générale des Douanes (DGD), de l’Agence pour la promotion des exportations (APEX). Vous avez consacré de votre temps précieux pour répondre aux différentes questions, d’une part, et fournir des informations utiles à l’évaluation du Schéma, d’autre part. Ce travail n’aurait pu aboutir sans l'aide appréciable et le dévouement dont vous avez fait preuve.
Nous remercions particulièrement Monsieur ZONGO Félix, chargé du SLE à la Direction générale du Développement industriel au ministère du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat (+226 76 50 12 51, [email protected] ) pour sa forte implication dans la réussite de ce travail. En effet, le rapport provisoire lui a été envoyé le lundi 3 octobre 2016 dans l’optique de recueillir les observations et les commentaires sur ledit rapport. Les commentaires de Monsieur ZONGO, reçus le 9 octobre 2016, ont été pris en compte pour la finalisation de ce document.
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
ALENA : Accord de libre-échange nord-américain
ASEAN : Association des nations de l’Asie du Sud-Est
BF : Burkina Faso
BM : Banque mondiale
CACID : Centre africain pour le commerce, l’intégration et le développement
CEDEAO : Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest
CEMAC : Communauté économique et monétaire des Etats de l’Afrique centrale
CNA : Comité national d’agrément
CNCC : Commission nationale de la concurrence et de la consommation
CNFE : Comité national de la facilitation des échanges
CNPE : Comité national de politique économique
CSE : Contribution spéciale du secteur élevage
DGDI : Direction générale du Développement industriel
FCFA : Franc de la Communauté financière africaine
FMI : Fonds monétaire international
FNPC : Fonds national de la promotion culturelle
GATT : General Agreement on Tariffs and Trade
GS Plast : Groupe Satar plastique
INSD : Institut national de la statistique et de la démographie
MEF : ministère de l’Economie et des Finances
MICA : ministère de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat
ONG : Organisation non gouvernementale
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OPA : Observatoire des pratiques anormales
RCI : République de la Côte-d’Ivoire
SADC : Communauté de développement d’Afrique australe
SBFA : Société burkinabè des filières alimentaires
SIBEA : Société industrielle burkinabè d’épices et d’aliments
SLEC : Schéma de libéralisation des échanges commerciaux
SPONG : Secrétariat permanent des organisations non gouvernementales
SPS : Sanitaires et phytosanitaires
TEC : Tarif extérieur commun
TRIE : Transit routier inter-Etats
TVA : Taxe sur la valeur ajoutée
UE : Union européenne
UEMOA : Union économique et monétaire ouest-africaine
UMA : Union du Maghreb arabe
RESUME
Le Schéma de libéralisation des échanges (SLEC) mis en place par la CEDEAO devrait permettre à tous les Etats membres de l’espace communautaire de relever le niveau de leurs échanges avec les autres Etats de la sous-région. Après la ratification de tous les protocoles par le Burkina Faso en 2003, les produits industriels originaires du pays, pour bénéficier des avantages conférés par le Schéma, devraient détenir un agrément. Quant aux produits de l’agriculture, de l’artisanat et du cru, la détention d’un agrément n’est pas nécessaire pour que les exportations passent par le Schéma. Les exportations du Burkina Faso vers la CEDEAO sont passées de 62,6 milliards de FCFA en 2012 à 86 milliards de FCFA en 2013.
Toutefois, le Burkina Faso utilise très peu le SLEC pour l’exportation de ses produits. En effet, le pays échange quatre fois plus avec les pays tiers qu’avec ses partenaires régionaux. En 2016, le Burkina Faso ne présente que 15 entreprises agréées pour 58 produits au SLEC de la CEDEAO. Cette situation pourrait s’expliquer, d’une part, par l’existence des tracasseries le long des corridors et, d’autre part, par l’ignorance des entreprises du Schéma. Assurément, les entreprises du pays ne sont pas suffisamment informées de l’avantage qu’elles tireront en faisant passer leurs exportations par le Schéma. Pourtant, les entreprises utilisant le Schéma vantent les bienfaits de ce processus de libre-échange, même si certaines barrières tarifaires et non tarifaires persistent.
En effet, les perceptions illicites existent sur tous les sous-corridors du pays. Sur le territoire burkinabé, les camions payaient en moyenne 2 500 FCFA par voyage sur 100 km en 2014. En outre, l’existence de plusieurs postes de contrôle sur les
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différents axes entrave la libre circulation des biens et des personnes. Pour pallier ces insuffisances, le Burkina Faso, avec l’appui de certaines ONG, travaille inlassablement à la vulgarisation du SLEC. Cependant, les efforts fournis n’ont pas permis d’engranger des résultats satisfaisants. Du reste, la mise en place de la task force le 20 mai 2016 pourrait être un instrument efficace pour la libéralisation effective des échanges.
Mots clés : Burkina Faso, échanges, libéralisation, CEDEAO
I. INTRODUCTION
1. Contexte socioéconomique Situé au cœur de l’Afrique occidentale, le Burkina Faso est un pays enclavé, à faible revenu et aux ressources naturelles limitées. La population, qui croît au rythme annuel moyen de 3 %, était estimée à environ 18 millions d’habitants en 2015. Le pays couvre une superficie de 274 000 km2 et son économie est fortement dominée par l’agriculture, qui emploie près de 80 % de la population active. Le coton est la culture de rente la plus importante pour le pays, même si les exportations aurifères ont pris de l’ampleur ces dernières années. Si, ces dernières années, le Burkina Faso a connu une croissance moyenne de 6 % par an, celle-ci s’est décélérée à 4 % en 2014. Ceci s’explique par la baisse importante et persistante des cours de l’or et du coton (respectivement 27 % et 8 % en 2014), la baisse de la production céréalière et la crise politique de 2014.
2. Politique commerciale Les mesures de politique envisagées visent à consolider l’excédent de la balance commerciale. Trois axes sont explorés pour l’atteinte de cet objectif. Il s’agit d’abord de comprimer les importations, ensuite d’accroître les exportations et enfin d’augmenter la production.
2.1. Mesures agissant sur les importations au Burkina Faso La mise en œuvre du Schéma de libéralisation des échanges, qui a fait l’objet de textes d’application, demeure conforme au programme prévu. Le plan de convergence vers le TEC a été mis en place en 1999 et le TEC est effectif depuis le 1er janvier 2000. De nombreuses exonérations de droits ont été supprimées. Les mécanismes de protection complémentaire au TEC ont été mis en application, sauf la TCI en raison de la complexité de la procédure. Il y a, cependant, une liste de produits soumis à la valeur de référence. Parce que les procédures de son application sont complexes, la TDP a été instaurée tardivement (2004) et couvre quelques produits : huile végétale raffinée, sucre, cigarettes, allumettes, piles et sacs en PP.
Les dispositions relatives à l’harmonisation de la fiscalité intérieure (TVA au taux unique ramené à 18 % et droits d’accise) sont appliquées depuis 2000. Ce qui a contribué à faciliter davantage les échanges intra-communautaires de produits industriels. Toutefois, il faut reconnaître que l’instauration de la zone de libre-échange à l’intérieur de l’UEMOA, ainsi qu’au sein de la CEDEAO, reste souvent entravée par quelques barrières non tarifaires (par exemple, l’absence d’harmonisation de normes au sujet des produits) et physiques (les multiples barrages sur les principaux axes routiers).
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En ce qui concerne l'évaluation en douane, le Burkina Faso applique la valeur transactionnelle depuis juin 2000, conformément au calendrier établi par l’OMC. Toutefois, des valeurs de référence sont utilisées pour certains produits (principalement les huiles végétales alimentaires, le sucre, les cigarettes), couvrant 33 lignes tarifaires. Le code des douanes du Burkina Faso reste en application, sauf dispositions contraires à la réglementation UEMOA. Il s’applique aussi bien à l’importation qu’à l’exportation des marchandises des États membres de l’UEMOA. En général, l’importation des marchandises est libre, sauf pour les produits prohibés pour des raisons de sécurité.
2.2. Mesures agissant sur les exportations au Burkina Faso Le Burkina Faso applique la libre exportation des marchandises, à l’exception des œuvres d’art qui sont assujetties à une autorisation préalable et à un visa du ministère de la Culture. En outre, il maintient une taxe de 500 FCFA par certificat d'exportation d'objets d'art, au profit du Fonds national de la promotion culturelle (F.N.P.C.). La Contribution spéciale du secteur élevage (CSE) est une taxe perçue à l’exportation des animaux sur pieds. Toutes les exportations sont exemptées de l’application de la TVA. En matière de subventions à l’exportation, le régime de l’entreprise franche à l’exportation accorde des avantages fiscaux aux entreprises dont 80 % de la production est exportée.
2.3. Mesures agissant sur la production et le commerce du Burkina Faso Le cadre réglementaire de la politique de la concurrence a mis en place un rôle de régulation à la Commission nationale de la concurrence et de la consommation (CNCC), en plus du rôle consultatif qu’elle possédait déjà. Par ailleurs, il soutient le secteur du coton et, plus généralement, l’activité agricole, par diverses mesures. L’État consent des subventions aux produits pétroliers jugés "d’utilité sociale ou d’intérêt stratégique" (le fuel-oil domestique (DDO), qui est consommé par la SONABEL, et le gaz butane).
La liberté des prix est en vigueur, à l’exception du prix des hydrocarbures, des médicaments essentiels génériques, des consommables médicaux, du coton graine au producteur, des articles scolaires, de l’eau, de l’électricité ainsi que de la téléphonie fixe et mobile.
Le Burkina Faso a révisé sa réglementation nationale en matière de marchés/achats publics en 2003 afin de renforcer la transparence et l’équité. Il continue à s’appuyer, en général, sur l’appel d’offres ouvert pour passer les marchés et limiter ainsi la corruption. Le nouveau régime maintient la politique de préférence à l’égard des entreprises burkinabè.
3. Intégration régionale Depuis 1994, le Burkina Faso est membre de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Sa politique commerciale est fortement régie par celle de l’UEMOA. En 2000, les pays membres de l’UEMOA ont mis en place le tarif extérieur commun (TEC). L’objectif final étant la mise en place d’un marché unique caractérisé par la libre circulation des personnes et des capitaux. Cette union douanière (traduisant l’harmonisation des politiques commerciales avec la définition du TEC) a permis la réduction de la protection douanière (suppression des droits de douane et restriction quantitative appliquée au commerce des produits nationaux) dans le pays et facilité la libre circulation des biens entre les pays membres de l’Union. Par ailleurs, le TEC a été appliqué sur les importations provenant d’autres
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pays. Le plafond des droits de douane a été fixé à 20 % et le nombre des bandes tarifaires limité à quatre (0 %, 5 %, 10 % et 20 %). Les quatre catégories de produits sont : les produits essentiels (0 %), les produits de première nécessité, y compris les matières premières de base, les biens d’équipement et les intrants spécifiques (5 %) ; les intrants et produits intermédiaires (10 %) ; enfin, les biens de consommation finale (20 %). Cependant, le pays continue d’appliquer une protection sur certains produits tels que le riz et le ciment.
D’après le MCIA (2011), le pays s’est doté d’un plan national à l’horizon d’une génération (2025). L’objectif est de « promouvoir le potentiel commercial interne et externe du Burkina Faso tout en respectant les règles de la concurrence saine et transparente». Pour cela, les actions suivantes seront mises en œuvre : (1) la promotion du commerce intérieur et extérieur ; (2) la participation aux négociations commerciales ; (3) la régulation de la concurrence ; (4) l’information et l’analyse sur le commerce ; (5) l’appui à la mise en œuvre du Cadre intégré renforcé au Burkina Faso. Depuis le 1er janvier 2015, le Burkina Faso applique le TEC de la CEDEAO à l’égard des pays tiers. Le potentiel de 300 millions de consommateurs de la CEDEAO, avec exemption des droits de douane, constitue un atout majeur pour le développement des entreprises, car le SLEC favorise l’innovation et assure l’égal accès au marché communautaire. Les exportations du Burkina vers les Etats membres de la CEDEAO s’élevaient à 62,6 milliards de FCFA en 2012 contre 86 milliards de FCFA en 2013. Cependant, ses exportations vers l’ASEAN atteignaient 94,6 milliards de FCFA en 2012 et 212,4 milliards de FCFA en 2013. Les pays membres de la communauté d’une manière générale, et le Burkina Faso en particulier, devraient profiter des avantages conférés par ce Schéma pour relever le niveau de leurs échanges intracommunautaires. Plusieurs années après la mise en place du Schéma, l’on pourrait s’interroger sur les résultats engrangés au pays des hommes intègres. II. RESULTATS ENREGISTRES DANS LA MISE EN ŒUVRE DU SLE AU
BURKINA FASO Cette section porte sur les résultats obtenus dans la mise en œuvre du SLEC au niveau du Burkina Faso. Cette évaluation passe d’abord par la présentation des dispositifs, des structures compétentes pour accompagner le Schéma. Ensuite, elle expose la situation proprement dite de la mise en œuvre, le cas pratique, avant de mettre en exergue les entraves liées à la pratique du commerce intracommunautaire. Enfin, les initiatives de facilitation du commerce et la dynamique du commerce du pays sont présentées.
4. Réception et mise en œuvre du dispositif juridique du SLE au niveau national
La CEDEAO, dans le cadre du Schéma de libéralisation des échanges (SLE), a mis en place un certain nombre de dispositifs. Ceux-ci sont au nombre de quatre, et chaque pays devrait les appliquer. En ce qui concerne le cas particulier du Burkina Faso, tous les quatre textes communautaires sont appliqués depuis 2003. Il s’agit essentiellement du protocole relatif à la notion de produits originaires, du règlement relatif à la procédure d’agrément, du règlement relatif à l’adoption d’un certificat d’origine et du règlement relatif à la détermination des éléments constitutifs du prix de revient ex-usine d’un produit. En somme, le Burkina Faso a reçu et appliqué ces textes communautaires. La ratification de ces protocoles a eu pour conséquence la mise en place de plusieurs structures pour le bon fonctionnement du SLE.
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2. Institutions et procédures de mise en œuvre du SLE Le Schéma de libéralisation des échanges de la CEDEAO a conduit tous les Etats de l’espace communautaire d’une manière générale à désigner des structures compétentes pour accompagner le SLE, ainsi que la mise en place de plusieurs procédures pour faciliter le libre-échange.
1. Désignation de l’autorité nationale en charge du SLE Depuis 2003, le gouvernement du Burkina Faso a désigné le ministère du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat comme organe en charge du SLEC. Ce choix se justifie par le fait que ce ministère a la charge de conduire la politique commerciale et industrielle du pays.
2. Mise en place formelle du Comité national d’agrément (CNA) C’est précisément en 2004 que le pays a mis en place son Comité national d’agrément (CNA) par arrêté n°2004/MCPEA/SG/DGDI du 25 mars 2004. Ce comité est chargé du traitement des dossiers de demande d’agrément présentés par les entreprises. Il est composé de plusieurs structures, notamment la Direction générale du Développement industriel (DGDI), la Direction générale des Douanes et la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso.
3. Désignation de l’autorité compétente nationale chargée de la délivrance des certificats d’origine Lorsque l’entreprise obtient l’agrément CEDEAO, la DGDI, qui est une structure du ministère du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat, est l’organe national compétent chargé de la délivrance des certificats d’origine. Ce certificat est établi à la demande de l’entreprise.
4. Désignation de la structure qui remplit le formulaire d’agrément (entreprise ou CNA) Pour entrer en possession de son agrément, l’entreprise doit soigneusement remplir son dossier, le dupliquer en six copies et le déposer auprès du MCIA. Mais dans la plupart des cas, elle se fait assister par un bureau d’études. Malgré cette assistance pour le montage du dossier, il ressort que des insuffisances perdurent quant à son remplissage. Pour faciliter la démarche aux entreprises, la DGDI se montre flexible quant à la qualité des dossiers. Le Burkina Faso gagnerait à s’inspirer du Sénégal, qui a une structure privée reconnue par l’Etat appuyant les entreprises pour le montage du dossier.
5. Désignation du ministère chargé de notifier la décision d’agrément à la Commission de la CEDEAO Quand le dossier technique est jugé favorable par le CNA, c’est le MCIA qui le porte au ministère des Affaires étrangères, où se trouve une cellule nationale CEDEAO qui se charge à son tour de notifier la décision d’agrément à la Commission de la CEDEAO à Abuja.
6. Description de la procédure d’agrément Après la réception du dossier technique de l’entreprise par le ministère du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat, la DGDI convoque le CNA pour examiner le dossier. Si le CNA donne un avis favorable à la demande de l’entreprise, un rapport de cette rencontre est envoyé au ministre du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat pour signature. Mais à ce niveau, il est nécessaire de souligner une
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grande insuffisance, à savoir la durée que met le dossier pour revenir à la DGDI. Une fois de retour à la DGDI, le dossier technique approuvé est transmis à la Commission de la CEDEAO à Abuja par l’entremise de la Cellule nationale de la CEDEAO basée au ministère des Affaires étrangères. Lorsque la Commission de la CEDEAO approuve le dossier de l’entreprise en délivrant l’agrément, des copies sont envoyées au MICA, qui se charge de remettre un exemplaire de la décision d’agrément à l’entreprise. La CEDEAO, quant à elle, se charge de la notification aux Etats membres de l’espace communautaire de l’entreprise ainsi que de ses produits agréés.
Depuis 2004, le Burkina Faso a mis en place son CNA. Toutefois, le ministère du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat est la structure gouvernementale en charge du schéma. Cependant, l’entreprise remplit son dossier d’agrément et la DGDI est l’organe compétent pour la délivrance du certificat d’origine. Il faut noter que la procédure d’agrément demeure longue au Burkina Faso (3 à 6 mois).
3. Situation de mise en œuvre du SLE Les entreprises de la sous-région, d’une manière générale, et celles du Burkina Faso en particulier, devraient profiter du Schéma pour relever le niveau de leurs exportations. Après vingt-six ans de mise en œuvre, il est indispensable de faire le bilan du SLE au Burkina Faso. Ainsi, cette section fait ressortir le nombre d’entreprises agréées au SLE, la perception des opérateurs économiques du Schéma, la durée de la procédure d’agrément ainsi que les produits ayant été agréés.
1. Nombre d’entreprises agréées au SLE Les entreprises burkinabè ont un faible engouement pour le SLEC, selon les statistiques. En effet, ce n’est qu’en 2004 que deux entreprises, en l’occurrence la Société industrielle burkinabè d’épices et d’Aliments (SIBEA) et la Société groupe Satar plastique (GS Plast), faisaient leur grande entrée dans le SLEC. De nos jours, la SIBEA est en arrêt d’activité, alors que la société GP Plast continue son activité avec ses deux produits agréés. A présent, le pays enregistre 15 entreprises agréées, avec en tout 58 produits sur un total d’environ 40 000 entreprises.
Tableau 1 : Les entreprises et produits agréés au Schéma
Année Nom de l’entreprise
Produits agréés Critère d’agrément
Secteur d’activité
2004 Société industrielle burkinabè d’épices et d’aliments (SIBEA)
poudre Jumbo entièrement obtenu
agroalimentaire
cube Jumbo
cube Soumbalani
Société groupe Satar plastique (GS Plast)
chaises en plastique
entièrement obtenu
chimique
2005 0 0
2006 Brasseries du Burkina Faso
eaux minérales entièrement obtenu
boissons
Fanta mandarine
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(BRAKINA) Fanta citron
2007 0
2008 Société nouvelle sucrière de la Comoé (SN- SOSUCO)
sucre agroalimentaire
2009 Société DAFANI - SA
nectar de mangue entièrement obtenu
agroalimentaire
nectar d’orange
cocktail de mangue/orange
2010 0
2011 0
2012 Groupe Faso industrie
câbles électriques entièrement obtenu
caoutchouc
gaines électriques et plastique
tubes PVC
peintures
réservoirs en matière plastique
Société burkinabè des filières alimentaires (SBFA)
eaux aromatisées entièrement obtenu
agroalimentaire
Société MCKAY BEVERAGE
boisson non alcoolisée
entièrement obtenu
agroalimentaire
2013 0 0
2014 0 0
2015 Grande imprimerie du Burkina
annuaire téléphonique
changement de position tarifaire
papier
étiquette
calendrier
coiffe de sucre
agenda
affiche
dépliant
carnet
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bulletin de vote
Société OASIS AFRICA
eau « osmosée » aromatisée à la citronnelle, à la menthe, au jasmin
entièrement obtenu
agroalimentaire
Société nouvelle africaine des tabacs (SONATAB)
cigarettes contenant du tabac
entièrement obtenu
tabac
Société CIM-FASO
ciment portland entièrement obtenu
construction
Société CIM-METAL SA
fer à béton tréfilé entièrement obtenu
construction
fer à béton, fonderie
métallique
fil recuit
brouettes ;
tôles ;
Groupe Vegas Burkina
Eaux minérales entièrement obtenu
agroalimentaire
2016 SAPEC SA peinture à eau valeur ajoutée
industrie chimique peinture à huile
antirouille
vernis
diluant
colorant
colle
enduit
Total 15
Source : CNA
2. Perception des entreprises sur le SLE et son impact réel En dépit du faible nombre des entreprises agréées, celles qui détiennent les agréments bénéficient des avantages conférés par le Schéma. Ainsi, la Société burkinabè des filières alimentaires (SBFA) affirme que le Schéma permet à ses produits d’être plus compétitifs sur le marché étranger. En 2015, la SBFA a exporté en volumes essentiellement vers le Mali 109 151 packs d'eau aromatisée, soit un chiffre d'affaires de 123 210 678 FCFA HT sur un chiffre d'affaires total HT de 5 milliards de FCFA. Le volume des échanges passant par le SLEC vers le Mali seulement représentait environ 2,5 % du chiffre d’affaires total. Depuis 2012, grâce à l’agrément, les eaux aromatisées de cette entreprise sont facilement exportables vers le Mali. Dans la même logique, le Groupe Satar plastique indique que le volume de ses échanges passant par le Schéma représentait 20 % de son chiffre d’affaires en 2015. Cette proportion avait même atteint 50 à 60 % du chiffre d’affaires total entre 2010 et 2012. En effet, cette baisse du volume passant par le Schéma n’est
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pas imputable aux obstacles liés aux échanges dans la sous-région, mais plutôt à la conjoncture économique internationale. Pour Satar plastique, même si l’obtention de l’agrément a pris 6 mois, et malgré le paiement d’un montant illicite de 10 000 FCFA par voyage sur le territoire burkinabè, le schéma permet aux entreprises d’accéder facilement à un marché plus vaste et rend compétitifs les produits exportés. L’impact du Schéma sur le peu d’entreprises détenant l’agrément n’est pas négligeable, puisqu’elles ne sont plus assujetties aux droits de douane.
3. Moyenne d’entreprises agréées par mois/par an La DGDI enregistre en moyenne une entreprise agréée avec 4 produits par an. Comparativement aux autres pays de la sous-région, les entreprises burkinabè s’intéressent très peu au Schéma de libéralisation des échanges de la CEDEAO. Cela pourrait s’expliquer par le déficit informationnel sur le Schéma. Les entreprises du pays ignorent même l’existence du Schéma de libéralisation des échanges.
4. Principaux produits agréés au SLE Les produits agroalimentaires et chimiques sont les principaux produits agréés au Schéma. Il s’agit notamment du sucre, des jus de fruits, des eaux aromatisées et minérales pour ce qui concerne les produits agroalimentaires. S’agissant des produits chimiques, l’on peut énumérer la peinture à eau, la peinture à huile, l’antirouille, le vernis, les diluants, les colorants…. Cette faible représentativité des produits burkinabè pourrait s’expliquer par le mécanisme de la procédure d’agrément.
5. Durée de la procédure d’agrément De l’introduction de la demande d’agrément au MCIA jusqu’au démarrage effectif des exportations, l’entreprise peut attendre jusqu’à 6 mois. Durant la période de demande d’agrément, elle ne peut pas réellement saisir les opportunités d’exportations.
6. Durée du traitement de la demande d’agrément La durée du traitement de la demande d’agrément par les structures compétentes nationales est de deux à trois mois. Cette durée part de l’introduction du dossier auprès du MCIA, son traitement par le CNA, l’envoi au ministre du Commerce pour signature et son retour à la DGDI.
7. Temps nécessaire entre la décision d’agrément et le démarrage d’exportation du produit agréé
Entre la décision d’agrément et le démarrage effectif des activités d’exportations, le temps mis dépend du dynamisme de la CEDEAO à notifier aux Etats membres. De ce fait, il n’y a pas de conséquences majeures pour l’entreprise. La principale difficulté réside dans la notification.
8. Principaux destinataires des produits agréés En général, le Burkina Faso importe plus des pays de la CEDEAO qu’il n’exporte, notamment avec la Côte-d’Ivoire. Pour ce qui concerne le cas spécifique des produits agréés, les entreprises burkinabè ont comme principales destinations le Niger et le Mali. Cette situation laisse voir qu’il y a des efforts à faire pour atteindre tous les pays de l’espace en diversifiant davantage les produits offerts.
9. Liste des documents qui accompagnent le produit agréé
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Dans le cadre du commerce intrarégional, le certificat d’origine et la facture commerciale sont les documents accompagnant les produits agréés. D’autres documents peuvent accompagner les produits agréés, mais ils sont jugés facultatifs.
Globalement, les entreprises burkinabè ont une bonne perception du Schéma. Elles manifestent de plus en plus d’engouement pour l’obtention de l’agrément, même si la procédure est lente et lourde. Le Burkina Faso compte actuellement 15 entreprises agréées, pour 58 produits.
4. Cas d’application pratique du SLE à des politiques commerciales Le lien entre SLE et les politiques commerciales est perceptible à travers les questions telles les règles d’origine, les normes sanitaires et phytosanitaires et le transport en général.
1. La question des règles d’origine La définition de l’origine du produit au Burkina Faso se fait conformément aux règles communautaires. Le certificat d’origine est le document qui atteste l’origine d’un produit burkinabè. Trois critères sont utilisés par le Burkina Faso pour attribuer le certificat d’origine. Ce sont : le Critère de produits entièrement obtenus, le Critère de la valeur ajoutée et le Critère de changement de position tarifaire.
2. La question des normes sanitaires et phytosanitaires Il n’y a pas de normes sanitaires et phytosanitaires au vrai sens du terme. Cependant, les entreprises soumettent leurs produits à des contrôles de qualité par le Laboratoire national de santé publique. Pour le commerce intracommunautaire, il y a urgence d’établir des normes communautaires pour des produits similaires en vue d’uniformiser et d’éviter les jugements subjectifs.
3. La question du transport, notamment du TRIE Le TRIE a du mal à être effectif au Burkina Faso, son application se heurtant toujours à quelques problèmes. La question de la garantie pose une sérieuse difficulté au pays des hommes intègres comme dans les autres Etats de l’espace communautaire. De plus, l’exécution du TRIE ne se fait toujours pas sans rupture de charge, sauf pour le carburant et les conteneurs. Pourtant, il s’agit d’un outil essentiel dans le contexte du Schéma de libéralisation.
4. Les assurances (carte brune) L’assurance est obligatoire pour les véhicules, selon la convention CEDEAO ; mais celle des marchandises est optionnelle. La carte brune de la CEDEAO est une bonne initiative pour garantir le transport inter-Etats. La seule difficulté qui la rend pour le moment très peu utilisée est la question de l’indemnisation. En effet, les procédures en matière d’indemnisation sont trop lourdes et souvent impossibles dans certains cas. Cette situation dénote la mauvaise compréhension des Etats membres de l’utilité de la carte brune.
En somme, plusieurs entraves au libre-échange persistent toujours au Burkina Faso. Il s’agit, par exemple, de la non-effectivité du TRIE et de la carte brune, ainsi que de la non-opérationnalisation des normes sanitaires et phytosanitaires quand bien même il existe un comité national SPS.
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5. Entraves à la libre circulation des produits agréés et à une mise en œuvre optimale du SLE (post-agrément)
Les entraves liées à la libre circulation des produits agréés peuvent être regroupées en deux catégories. D’abord, les obstacles relatifs à l’exécution de la politique commerciale nationale et, ensuite, ceux liés aux pratiques commerciales illicites.
1. Entraves liées à l’exécution de la politique commerciale nationale
5.1.1. Interdiction totale d’exportation du produit agréé Les barrières non tarifaires peuvent prendre la forme de mesures administratives, comme l'instauration de normes de qualité (par exemple, l'interdiction de l'importation d'organismes génétiquement modifiés en Europe). Les barrières non tarifaires peuvent également prendre la forme de subventions octroyées aux entreprises nationales, ce qui leur permet de diminuer leur prix de vente et donc d'être plus compétitives face à la concurrence étrangère, comme dans l'agriculture, par exemple. Aucun produit agréé du Burkina Faso n’a encore fait l’objet d’une interdiction totale à l’exportation. Exceptionnellement, des mesures ont été prises par le gouvernement pendant la crise alimentaire de 2007/2008 pour interdire l’exportation des produits agroalimentaires. Ces mesures n’ont été que temporaires.
2. Imposition de quota annuel Au Burkina Faso, les quotas, ou encore les contingentements, ne sont pas érigés par les autorités publiques, sauf en cas de menaces sur la santé humaine, animale ou environnementale. De plus, le contrôle n’est pas strict sur des normes comme la qualité. Toutefois, l’existence de plusieurs postes de contrôle le long des sous- corridors constitue une sérieuse entrave à la libre circulation des biens et des personnes.
5.1.3. Paiement de droit de douane et/ou de taxe d’effet équivalent Le Burkina Faso ne perçoit pas de droit de douane sur les produits agréés originaires de la CEDEAO. Cependant, il y a des taxes intérieures comme la TVA qui sont perçues directement par la douane à hauteur de 18 %. Elle est perçue par la douane à la porte pour lever les difficultés de recouvrement à l’intérieur.
5.1.4. Perception de droit de douane ou de TVA sur les produits agricoles, de l’élevage et de l’artisanat exonérés de Certificat d’origine et sur les produits faiblement transformés
Les produits du cru, de l’agriculture, de l’élevage et de l’artisanat sont soumis à la TVA de 18 %. En effet, la TVA s’applique à tous les produits comme une taxe intérieure. Les produits exonérés ont l’avantage de circuler librement sans certificat d’origine. Toutefois, le prélèvement de la TVA est perçu comme une taxe imposée avant la mise à la consommation. Les produits faiblement transformés et ne remplissant pas les critères d’origine peuvent connaître des difficultés dans l’espace communautaire. Ils sont souvent considérés comme des produits hors-zone.
5.1.5. Autres entraves constatées Les autres entraves au bon fonctionnement du Schéma concernent essentiellement l’insuffisance des activités d’information et de sensibilisation sur le Schéma. Les moyens mis à la disposition du CNA sont insuffisants pour tenir des rencontres régulières avec les opérateurs économiques sur l’ensemble du territoire national. La visite des installations de l’entreprise n’est pas souvent faite, ceci par manque de ressources mises à la disposition du CNA.
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5.2. Entraves liées à des pratiques commerciales illicites (pratiques aux frontières)
5.2.1. Perceptions illicites aux 100 km par camion et par voyage (douanes, gendarmerie, police, eaux et forêts) Dans la logique du SLEC, les droits de douane ne doivent pas être perçus par un pays membre de la CEDEAO pour les produits agréés. Cependant, le Burkina Faso, tout comme les autres pays de l’espace communautaire, continue de les percevoir, de même que plusieurs autres taxes illicites, le long des sous-corridors. Ce comportement, qui relève des pratiques anormales, entrave sérieusement le commerce. Le graphique ci-dessous montre les perceptions illicites du Burkina Faso sur les sous-corridors en 2014.
Graphique 1 : Perceptions illicites sur les sous-corridors du Burkina Faso
Source : Auteur, sur la base de données de la Commission de l’UEMOA Le graphique ci-dessus montre l’ampleur des perceptions illicites par la douane, la gendarmerie, la police et autres corps sur le territoire burkinabè. En effet, le sous-corridor frontière Ghana-Ouaga enregistre le niveau de perceptions illicites le plus élevé. Sur cet axe, les différents corps perçoivent en moyenne un montant de 6 626 FCFA aux 100 km. Du reste, le sous-corridor frontière Togo-Ouaga vient en deuxième position avec un montant de 2 708 FCFA aux 100 km en termes de perceptions illicites par voyage et par véhicule. Quant aux sous-corridors frontière Mali (Koury)-Ouaga et la frontière Mali (Hérémakono)-Ouaga, ils enregistrent respectivement des perceptions illicites de 1 650 et 1 115 FCFA aux 100 km pour l’année 2014. Par contre, le sous-corridor frontière RCI-Ouaga enregistre la plus faible perception illicite avec 439 FCFA aux 100 km. Pour finir, l’on peut dire que l’ensemble des corps (police, douane, gendarmerie et autres) du Burkina Faso perçoivent en moyenne 2 500 FCFA aux 100 km par véhicule et par voyage. En ce qui concerne la répartition des taxes illicites par corps, elle est illustrée par le graphique ci-dessous.
Graphique 2 : répartition des taxes illicites par corps sur 100 km en 2014
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au Burkina
Source : Auteur, sur la base des données de la Commission de l’UEMOA
Il se dégage du graphique que la douane est le corps qui entrave le plus la libre circulation des biens et des personnes au Burkina Faso. En effet, sur la totalité des taxes illicites perçues en 2014, la douane burkinabè se taille la part du lion avec 45 %. La gendarmerie nationale et la police se suivent de près avec respectivement 28 et 26 % du montant versé par chaque véhicule aux 100 km. En d’autres termes, sur la moyenne des 2 500 FCFA perçus par les corps aux 100 km, le service des douanes s’accapare de 1 125 FCFA, la police et la gendarmerie nationale s’emparent respectivement de 650 et 700 FCFA.
5.2.2. Nombre de points de contrôle aux 100 km par voyage, par corridor et sous-corridor (douane, gendarmerie, police et eaux et forêts) De façon générale, le nombre de postes aux 100 km est de 3. En effet, le sous- corridor frontière du Ghana-Ouagadougou enregistrait en moyenne 3 postes de contrôle aux 100 km en 2014. Sur cet axe, chaque camion fait environ un arrêt à chaque 30 km par voyage. Quant aux sous-corridors frontière Togo-Ouagadougou et frontière Mali (Hérémakono)-Ouagadougou, l’on enregistrait en moyenne 2 postes aux 100 km. Par contre, les sous-corridors frontière Mali (Koury)-Ouagadougou et frontière RCI-Ouagadougou enregistraient moins de postes de contrôle, avec respectivement 1 poste sur 100 km et 1 poste sur 250 km en 2014.
5.2.3. Temps de contrôle aux 100 km (douanes, gendarmerie, police et eaux et forêts) Des multiples postes de contrôle et une perte énorme de temps à chaque arrêt. Le graphique ci-dessous dénude le temps perdu par véhicule sur chaque 100 km le long des sous-corridors. Graphique 3 : Temps perdu en minutes aux 100 km par camion sur les sous- corridors en 2014
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Source : Auteur, sur la base de données de la Commission de l’UEMOA
Il se dégage du graphique que les multiples postes de contrôle le long des sous- corridors ont pour conséquence une perte importante de temps par les camions à chaque arrêt. Les sous-corridors frontière Mali (Koury)-Ouaga et la frontière Togo- Ouaga constituent une traversée de désert pour les opérateurs économiques. Ainsi, les camions perdent plus de 80 minutes aux 100 km. Si l’on s’intéresse particulièrement au sous-corridor frontière Mali (Koury)-Ouaga, long de 488 km, chaque camion perdait par voyage et en moyenne 420 minutes, soit 7 heures pour des raisons de contrôle. S’agissant des sous-corridors frontière Ghana-Ouaga et Mali (Hérémakono)-Ouaga, l’on constatait des pertes de 24 et 16 minutes respectivement. Alors que, sur l’axe frontière RCI-Ouaga, les camions ne perdent que 4 minutes aux 100 km. Globalement, au cours de l’année 2014, les camions perdaient au Burkina Faso en moyenne 43 minutes aux 100 km. Par conséquent, beaucoup de produits risquent de périr au cours du trajet et les délais de livraison risquent d’être affectés. La présence de plusieurs postes de contrôle devrait avoir un impact réel sur la sécurisation des biens et des personnes.
5.2.4. Le plan de sécurisation des biens le long des corridors Pour la sécurisation des biens le long des corridors, la douane dispose de magasins, assure l’escorte des véhicules et le suivi satellitaire des différentes marchandises. Ces dispositifs sont très utiles pour la sécurisation des biens le long des corridors.
En somme, il ressort qu’il existe des pratiques anticommerciales qui doivent être éliminées. Il s’agit des perceptions illicites, des temps de contrôle élevés et des postes de contrôle non conventionnels qui ralentissent la libre circulation des marchandises et des personnes.
6. Mécanismes de facilitation de la mise en œuvre du SLE Pour assurer le bon fonctionnement du SLE, il est important d’instaurer des mécanismes pouvant faciliter les échanges commerciaux. Ces mécanismes comprennent le règlement des différends, l’existence d’un numéro vert/site Web et le rôle des ONG.
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1. Le règlement des différends liés à l’application du SLE (mode de règlement)
Le règlement des différends inhérents à l’application du SLE se fait par voie de correspondance. L’opérateur économique saisit le CNA d’une correspondance sur le différend. Dans la pratique, les entreprises burkinabè n’ont pas encore enregistré de différends avec les autres pays partenaires CEDEAO. Les incompréhensions au niveau des postes frontaliers sont résolues par téléphone. L’existence d’autres moyens de communication devrait soulager les exportateurs.
2. Existence d’un numéro vert et d’un site Web pour enregistrer les plaintes des opérateurs économiques sur le non-respect des dispositifs du SLEC par l’Etat membre importateur ainsi que sur les tracasseries le long des corridors Il n’existe pas de numéro vert ni de site Web par lesquels les opérateurs économiques peuvent signaler les irrégularités sur le terrain, notamment les tracasseries le long des corridors. Les opérateurs qui ont le numéro de téléphone d’un membre du CNA peuvent souvent appeler pour lever certaines incompréhensions au niveau des postes frontaliers. Cette absence se justifie par plusieurs facteurs, notamment le manque de ressources et le niveau d’instruction faible des opérateurs économiques.
3. Liste des Organisations non gouvernementales (ONG) nationales intervenant en matière de facilitation de la libre circulation des marchandises Entré en vigueur depuis 1990 dans l’espace CEDEAO, le SLEC a du mal à s’appliquer d’une manière générale dans l’espace communautaire et particulièrement au Burkina Faso. La libéralisation effective des échanges au Burkina rencontre encore plusieurs pierres d’achoppement. Malgré l’indisponibilité d’un numéro vert ou d’un site Web au sein du ministère du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat pour enregistrer les plaintes sur le SLEC, le gouvernement burkinabè et quelques ONG travaillent sans relâche pour lever progressivement ces barrières.
Depuis quelques années, le Burkina Faso, avec l’appui des ONG comme le SPONG, Alliance Borderless, organise des tournées de sensibilisation récurrentes sur son territoire. L’objectif de ces sorties est de sensibiliser surtout les chefs d’entreprise sur les avantages que procure le Schéma. En 2013, le MCIA, avec le concours du Programme d’appui à la compétitivité des entreprises (PACDE II), a organisé une tournée de sensibilisation sur le SLEC au profit de 7 villes du pays. Il ressort de ces rencontres que les entreprises mêmes ignorent l’existence du Schéma et des avantages qu’il procurerait à leurs exportations. Le SPONG plaide énormément pour une libre circulation des biens et des personnes par la tenue des ateliers et apporte surtout des informations sur la situation des échanges du pays. Ainsi, le SPONG a organisé les 14 et 15 juin 2016, à Ouagadougou, un atelier de formation des camionneurs empruntant le corridor régional d’Afrique de l’Ouest, sur les instruments concernant la libre circulation des biens et des personnes. Du reste, la Task Force, mise en place le 20 mai 2016, sera un instrument efficace pour la libéralisation effective des échanges. Le Burkina Faso a été choisi comme leader dans la promotion de la libre circulation des personnes et des biens dans l’espace communautaire pour ses efforts qui ont abouti à l’installation de la Task Force.
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Cette Task Force, composée de 7 membres, est un organe consultatif de la CEDEAO et a pour rôle, de l’avis de Monsieur Marcel De SOUZA, de veiller à l’avènement d’une « véritable intégration économique » entre les pays membres. Cette force opérationnelle aura pour mission ultime de faciliter la mise en œuvre du Schéma de libéralisation des échanges de la CEDEAO. Elle aura la lourde tâche consistant au règlement et au suivi des contentieux entre les Etats membres. De plus, elle publiera des rapports semestriels sur le SLEC, des recommandations à la CEDEAO et travaillera au quotidien pour l’application des textes par les Etats membres
4. Existence d’activités d’information, de sensibilisation et de formation sur le SLE Le CNA organise des sorties de sensibilisation et d’information sur le terrain au profit des opérateurs économiques. Cependant, il est utile de mentionner que ces interventions sont ponctuelles et ne couvrent pas l’ensemble du territoire national. Cette insuffisance s’explique par la modestie des moyens mis à la disposition du CNA.
Globalement, retenons qu’il existe très peu de différends enregistrés dans la pratique du commerce par les entreprises burkinabè. Les mécanismes de règlement des différends sont officiellement par voie hiérarchique (correspondance), même si des appels téléphoniques peuvent contribuer à débloquer certaines situations. L’absence du numéro vert et d’un site Web dédiés au SLEC peut être perçue comme un handicap. De leur côté, les ONG travaillent en collaboration avec le gouvernement pour sensibiliser les entreprises sur SLE à travers des journées qu’elles organisent. Cependant, force est de constater que le niveau de sensibilisation, de formation et d’information sur ce dispositif reste faible.
En dépit de l’absence d’un numéro vert et d’un site Web pour dénoncer les pratiques anormales le long des corridors, certains opérateurs économiques arrivent à résoudre leurs problèmes par un simple coup de fil à un membre du CNA. Cependant, plusieurs activités de sensibilisation sur le Schéma sont entreprises par l’Etat burkinabè, avec l’appui de certaines ONG au profit des opérateurs économiques. Toutefois, ces activités doivent être renforcées pour la vulgarisation du SLE.
7. SLE, Commerce régional et multilatéral Le SLE est perçu comme un instrument de stimulation du commerce régional à l’heure où ce sont les organisations régionales qui s’insèrent le mieux dans le commerce multilatéral. Dans cette dynamique, il est important de voir comment le SLE crée de l’émulation au niveau des échanges régionaux et des initiatives de facilitation des échanges commerciaux (OMC, douane) sans omettre son effet sur les industries régionales.
1. Estimation des volumes des échanges intrarégionaux couverts par le SLEC et estimation du potentiel non couvert
Le commerce du Burkina Faso passant par le Schéma n’est pas estimable, du point de vue des personnes ressources rencontrées. Il n’y a pas de statistiques disponibles dans ce sens. S’agissant des échanges intrarégionaux du Burkina Faso, les exportations du pays vers les autres Etats membres de l’espace communautaire restent faibles. Le « made in Burkina » n’est pas à l’ordre du jour dans la sous-région. Le pays échange 4 fois plus avec l’Union européenne (UE) qu’avec ses
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partenaires régionaux. En 2011, les exportations du Burkina Faso vers les Etats membres de la CEDEAO s’élevaient à 61,509 milliards de FCFA pour une valeur totale de 1 110,414 milliards de FCFA. Seulement 5,5 % des exportations du pays se dirigeaient vers les Etats de la CEDEAO. En 2012 et 2013, l’on enregistrait respectivement 62,6 et 86 milliards de FCFA d’exportations vers la CEDEAO. Cette faible participation s’explique notamment par l’existence de plusieurs entraves au commerce intrarégional et surtout par la précarité des infrastructures de communication.
2. Les initiatives de facilitation du commerce (selon l’accord OMC) ayant un lien ou impact direct sur la mise en œuvre du SLEC Plusieurs mesures ont été prises, soit 41 au total. Mais le niveau de conformité n’est pas le même pour toutes ces mesures. Il y a les mesures entièrement conformes, les mesures essentiellement conformes, les mesures en partie conformes et les mesures non conformes.
Le pays est entièrement conforme avec certaines mesures. Il s’agit d’abord de la rétention, de la séparation, de la mainlevée, de la détermination finale des droits de douane, taxes, redevances et impositions et du mouvement des marchandises sous contrôle douanier destinées à l'importation. Ensuite, le Burkina Faso est conforme au recours aux courtiers en douane ainsi qu’aux procédures à la frontière et aux prescriptions en matière d'uniformité des documents requis communs. Pour finir, il y a la question des marchandises refusées, le renforcement de la non-discrimination et les garanties. En ce qui concerne les mesures avec lesquelles le pays est conforme, on note le droit à un recours ou à un réexamen, les marchandises périssables, l’utilisation des normes internationales, le guichet unique, l’admission temporaire de marchandises/perfectionnement actif et passif et la coopération douanière. Quant aux mesures avec lesquelles le pays est en partie conforme, nous avons, entre autres, la question de la publication, les renseignements disponibles sur Internet, les points d'information, la notification, la possibilité de présenter des observations et renseignements avant l'entrée en vigueur et les décisions anticipées. Outre ces éléments, on peut relever la notification d'inspections ou de contrôles renforcés, les disciplines en matière de sanctions, la gestion des risques, le contrôle après dédouanement…. Pour les mesures avec lesquelles le pays est non conforme, nous avons d’abord les consultations, les procédures d'essai et les disciplines générales concernant les redevances et impositions perçues à l'importation et à l'exportation ou à l'occasion de l'importation et de l'exportation. Ensuite, nous pouvons relever les disciplines spécifiques concernant les redevances et impositions perçues à l'importation et à l'exportation ou à l'occasion de l'importation et de l'exportation, le traitement avant arrivée, ainsi que le paiement par voie électronique. Enfin, l’on peut énumérer l’établissement et la publication des temps moyens nécessaires à la mainlevée, l’inspection avant expédition et le comité national de la facilitation des échanges. De toutes ces mesures, certaines qui sont en rapport avec le SLE ne sont pas encore mises en œuvre comme il se doit. Il s’agit de la création du Comité national de la facilitation des échanges (CNFE) et du TRIE. Des efforts sont fournis, mais
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d’autres restent à faire pour accompagner le SLE. Les obstacles relevés sont de trois ordres : premièrement, l’absence ou l’inadéquation du cadre juridique pour certaines normes ; deuxièmement, l’insuffisance de ressources humaines et/ou financières ainsi que l’absence ou l’insuffisance de formation ; troisièmement, le manque de coordination entre les différents organismes et le manque ou l’insuffisance d’infrastructures et d’équipement.
3. Les procédures douanières et la façon dont le système est calibré pour prendre en compte le SLE Les procédures douanières sont essentiellement celles de l’exigence de la facture commerciale et du certificat d’origine. En outre, la douane dispose de magasins, assure l’escorte des véhicules et le suivi satellitaire des différentes marchandises. Ces dispositifs devraient permettre de faire passer les marchandises à une autre frontière sans perdre du temps. La douane burkinabè est à pied d’œuvre pour établir une coopération douanière avec les autres pays de la sous-région.
4. Evaluer le système et voir en quoi et comment il prend en compte les spécificités du commerce régional et des industries de la région Le SLE est perçu comme un instrument de développement du commerce régional. Néanmoins, il importe de relever que les opérateurs industriels trouvent le niveau seuil (30 %) élevé pour la définition de l’origine, au regard des difficultés qu’ils rencontrent dans la mobilisation des facteurs de production. Aussi, le Schéma ne semble pas tenir compte des dotations naturelles qu’ont certaines entreprises eu égard à leur appartenance à des pays naturellement favorisés.
En somme, le SLE produit des effets positifs à travers l’émulation des échanges commerciaux, même si les statistiques sont absentes. Des mesures de facilitation du commerce ont été prises, mais le niveau de conformité doit être amélioré pour certaines. En outre, le SLE pourrait mieux tenir compte des situations des entreprises appartenant à des pays enclavés pour faciliter le transport de leurs produits ou de leurs matières premières.
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
Le Schéma de libéralisation des échanges mis en place par la CEDEAO a du mal à s’appliquer au Burkina Faso. Malgré l’entrée en vigueur de tous les protocoles relatifs au SLEC depuis 2003, les échanges du pays passent très peu dans le Schéma en raison du nombre faible des entreprises agréées. Les entreprises ont une ignorance totale du Schéma et celles qui détiennent les agréments n’en font pas un bon usage.
La démarche menée par les entreprises pour l’obtention de l’agrément est lourde et prend un temps assez long. Beaucoup d’entreprises sont obligées de passer par les maisons d’études pour le montage de leur dossier, générant ainsi des coûts de transaction importants. L’impact du Schéma sur les entreprises burkinabè et sur les exportations sous-régionales du pays est minime.
Cette situation s’explique en partie par l’existence de plusieurs obstacles le long des sous-corridors du pays et la précarité des infrastructures de transport et de communication. Même si la situation sécuritaire justifie la présence de multiples postes de contrôle, les perceptions illicites opérées par les différents corps sur les sous-corridors n’ont aucune base explicative. A ces perceptions illégitimes se
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greffent des pertes de temps considérables pour les véhicules à chaque poste de contrôle.
Afin de pallier ces insuffisances, le gouvernement burkinabè, par le biais du ministère du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat, organise périodiquement des ateliers de sensibilisation pour la vulgarisation du Schéma. Cette initiative du gouvernement est appuyée par certaines ONG comme le SPONG ou encore l’Alliance borderless. Malgré ces multiples tentatives pour une application effective du Schéma, les choses progressent très lentement au Burkina Faso. Afin de résorber définitivement les obstacles à la mise en œuvre du SLEC, des mesures supplémentaires et des actions politiques sont indispensables.
P1 : Il est nécessaire d’instaurer au sein du ministère du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat une cellule chargée d’accompagner les entreprises dans le montage du dossier technique.
P2 : Il est impératif que le gouvernement prenne des sanctions contre les agents de contrôle routier qui continuent de percevoir les taxes illicites.
P3 : La procédure d’agrément est très longue ; le CNA et la DGDI doivent être plus dynamiques pour le traitement des dossiers. A cet effet, le CNA doit se réunir dès qu’un dossier est introduit par une entreprise.
P4 : La Commission de la CEDEAO doit traiter avec diligence les dossiers d’agrément et notifier dans les plus brefs délais aux autres Etats membres la liste des produits nouvellement agréés.
P5 : Le CNA doit renforcer ses activités de sensibilisation, de formation et d’information sur le Schéma au profit des opérateurs économiques.
P6 : La CEDEAO, en collaboration avec le ministère du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat, doit doter le CNA de moyens substantiels pour le traitement diligent des dossiers de demande d’agrément et pour les activités de promotion du SLEC.
BIBLIOGRAPHIE
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OPA (2013). 24e rapport de l’OPA sur l’UEMOA : résultats des enquêtes du deuxième trimestre 2013 MEF (2015). Rapport de mise en œuvre au 31 décembre 2014 du programme économique régional au Burkina Faso. Février 2015
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MICA (2012). Balance commerciale et commerce extérieur du Burkina Faso 2010-2011. Rapport de 2012
DIFFICULTES RENCONTREES
La réalisation du présent rapport s’est heurtée à un certain nombre d’écueils que sont :
la non-disponibilité de statistiques sur les échanges ; la réticence des autorités publiques comme privées quant à la mise à notre
disposition des données déjà existantes ; de sérieuses difficultés quant à l’introduction dans les différentes institutions,
du fait du non-envoi des lettres d’introduction par les structures compétentes de la CEDEAO avant le début de la collecte des informations par les consultants nationaux.
ANNEXES
Questionnaire sur l’évaluation du Schéma de libéralisation des échanges au niveau de la CEDEAO (SLEC)
1. Réception et mise en œuvre du Schéma
1.1. A/P1/1/03 du 31 janvier 2003 relatif à la définition de la notion de produits originaires des Etats membres de la CEDEAO
1.2 Règlement /REG.3/4/2002 du 23 avril 2002 relatif à la procédure d’agrément des produits originaires au Schéma de libéralisation des échanges de la CEDEAO
1.3 Règlement /REG.4/4/02 du 23 avril 2002 relatif à l’adoption d’un certificat d’origine des produits originaires de la CEDEAO
1.4 Règlement /REG.5/4/02 du 23 avril 2002 relatif à la détermination des éléments constitutifs du prix de revient ex-usine d’un produit et de la valeur ajoutée
2. Institutions et procédures de mise en œuvre du SLE
2.1. Désignation de l’autorité nationale (ministère) en charge du SLE
2.2 Mise en place formelle du Comité national d’agrément (CNA)
2.3 Désignation de l’autorité compétente nationale chargée de la délivrance des certificats d’origine
2.4 Désignation de la structure qui remplit le formulaire d’agrément (entreprise ou CNA)
2.5 Désignation du ministère chargé de notifier la décision d’agrément à la Commission de la CEDEAO (ministère des Affaires étrangères ;
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ministère en charge de l’Intégration régionale…)
3. Situation de mise en œuvre du SLE
3.1 Nombre d’entreprises agréées au SLE
3.2 Perception des entreprises sur le SLE et son impact réel
3.3 Moyenne d’entreprises agréées par mois/par an
3.4 Principaux produits agréés au SLE
3.5 Durée de la procédure d’agrément
3.6 Durée du traitement de la demande d’agrément
3.7 Temps nécessaire entre la décision d’agrément et le démarrage d’exportation du produit agréé (conséquences du retard dans le dispatching de la décision entre les 15 Etats membres)
3.8 Principaux destinataires des produits agréés
3.9 Liste des documents qui accompagnent le produit agréé
4. Cas d’application pratique du SLE à des politiques commerciales
4.1 La question des règles d¹origine
4.2 La question des normes sanitaires et phytosanitaires
4.3 La question du transport, notamment du TRIE
4.4 Les assurances (carte brune)
5. Entraves à la libre circulation des produits agréés et à une mise en œuvre optimale du SLE (post-agrément)
5.1 Entraves liées à l’exécution de la politique commerciale nationale
5.1.1 Interdiction totale d’exportation du produit agréé
5.1.2 Imposition de quota annuel
5.1.3 Paiement de droit de douane et/ou de taxe d’effet équivalent
5.1.4 Perception de droit de douane ou de TVA sur les produits agricoles, de l’élevage et de l’artisanat exonérés de certificat d’origine et sur les produits faiblement transformés
5.1.5 Autres entraves constatées
5.2 Entraves liées à des pratiques commerciales illicites (pratiques aux frontières)
5.2.1 Perceptions illicites aux 100 km par camion et par voyage (douane, gendarmerie, police, eaux et forêts)
52.2 Nombre de points de contrôle aux 100 km par voyage, par corridor et sous-corridor (douane, gendarmerie, police, eaux et
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forêts)
5.2.3 Temps de contrôle aux 100 km (douane, gendarmerie, police, eaux et forêts)
5.2.4 Plan de sécurisation des biens le long des corridors
6. Mécanismes de facilitation de la mise en œuvre du SLE
6.1 Le règlement des différends liés à l’application du SLE (mode de règlement
6.2 Existence d’un numéro vert et d’un site Web pour enregistrer les plaintes des opérateurs économiques sur le non-respect des dispositions du SLEC par l’Etat membre importateur ainsi que sur les tracasseries le long des corridors
6.3 Liste des Organisations non gouvernementales (ONG) nationales intervenant en matière de facilitation de la libre circulation des marchandises
6.4 Existence d’activités d’information, de sensibilisation et de formation sur le SLE
SLE, Commerce régional et multilatéral
7.1 Estimation des volumes des échanges intrarégionaux couverts par le SLEC et estimation du potentiel non couvert
7.2 Les initiatives de facilitation du commerce (selon accord OMC) ayant un lien ou impact direct sur la mise en œuvre du SLEC
7.3 Les procédures douanières et la façon dont le système est calibré pour prendre en compte le SLE
7.4 Evaluer le système et voir en quoi et comment il prend en compte les spécificités du commerce régional et des industries de la région
LISTE DES PERSONNES RENCONTRÉES
Nom et Prénom
(s)
Structure Poste Contacts Date
d’entretien
ZONGO Elisé Direction
générale des
Douanes
inspecteur des
Douanes
Tél : +226 70 81 76 99 30-08-
2016
TIENDREBEOGO
Youssouf
Société burkinabé des filières alimentaires (SBFA)
directeur
administratif et
du personnel
Tél : +226 70 25 58 43 mail : [email protected]
02-09-
2016
KABORE Antoine Syndicat des
transporteurs du
Burkina Faso
secrétaire
général
Tél : +226 70 28 60 90
Mail :
24-08-
2016
ZONGO Félix Direction générale du
chargé du
SLEC à la
Tél : +226 76 50 12 51 23-08-
2016
90
Développement industriel (DGDI) du Burkina Faso
DGDI
BOUNDI Djibril Agence pour la promotion des exportations du Burkina Faso (APEX)
conseiller Tél : +226 50 31 13 00 /70 23 85 77 Mail : [email protected]
23-08-2016
RAYAISSE
Songuida Valentin
Direction générale des Douanes
inspecteur divisionnaire des Douanes/
adjoint DLR
Tél : +226 70 23 57 60
Mail : [email protected] 07-09-
2016
NIGNAN
Toussaint Ernest
Groupe Satar
plastique
directeur
général
Tél : +226 25 50 91 28
Mail : [email protected] 07-09-
2016
NABIE Bi-Yeke Direction
générale des
Douanes
inspecteur des
Douanes
Tél : +226 70 23 28 48
Mail :[email protected] 06-09-
2016
Tableau 1 : Les entreprises et les produits burkinabé agréés au SLEC
Année Nom de
l’entreprise
Matricule Produits
agrées
Critère
d’agrément
Secteur
d’activité
Situation
de
l’entreprise
2004 Société industrielle burkinabè d’épices et d’aliments (SIBEA)
854 0001 poudre Jumbo cube Jumbo cube Soumbalani cube Djabani
entièrement obtenu
agroalimentaire en arrêt
Société Groupe Satar plastique (GS Plast)
854 0002 chaises en plastique bouilloires
entièrement obtenu
chimique en activité
2005 0 0
2006 Brasseries du Burkina Faso (BRAKINA)
854 0001 eaux minérales Fanta mandarine Fanta citron Judor
entièrement obtenu
boissons en activité
2007
0
0
2008 Société nouvelle sucrière de la Comoé (SN- SOSUCO)
854 0007
sucres
entièrement obtenu
agroalimentaire en activité
2009 Société DAFANI - SA
854 0009 nectar de mangue
entièrement obtenu
agroalimentaire en activité
91
nectar d’orange cocktail de mangue/ orange mélange de jus
2010 0 0
2011 0 0
2012 Groupe Faso Industrie
854/ 0001
câbles électriques gaines électriques tubes PVC peintures réservoirs en matière plastique
entièrement obtenu
caoutchouc et plastique
en activité
Société burkinabè des filières alimentaires (SBFA)
854/0002 eaux aromatisées
entièrement obtenu
agroalimentaire en activité
Société MCKAY BEVERAGE
854/0003 boisson non alcoolisée
entièrement obtenu
agroalimentaire
2013 0 0
2014 0 0
2015 Grande imprimerie du Burkina
854/0001 annuaire téléphonique étiquette calendrier coiffe de sucre agenda affiche dépliant carnet bulletin de vote listing zone
changement de position tarifaire
papier en activité
Société OASIS AFRICA
854/0002 Eau « osmosée » aromatisée à la citronnelle, à la menthe, au jasmin
entièrement obtenu
agroalimentaire en activité
Société nouvelle africaine des tabacs (SONATAB)
854/0003 cigarettes contenant du tabac
entièrement obtenu
tabac en activité
Société CIM-FASO
854/0004 ciment portland
entièrement obtenu
construction en activité
Société CIM-METAL SA
854/0005 fer à béton tréfilé ; fer à béton
entièrement obtenu
construction métallique
en activité
92
fondérie ; fil recuit ; brouettes ; tôles ; profilés, clous
Groupe Vegas Burkina
854/0006 eaux minérales
entièrement obtenu
agroalimentaire en activité
2016 SAPEC SA 854/0001 peinture à eau peinture à huile antirouille vernis diluant colorant colle enduit tubes préforme
valeur ajoutée
industrie chimique
en activité
Total 15 58
Tableau 2 : Evolution du commerce burkinabé avec quelques ensembles économiques en millions de FCFA en 2010 et 2011
93
Graphique 1 : Exportations du Burkina Faso vers les blocs économiques
94
Source : Auteur, sur la base des données de l’INSD
95