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TheHowlers,tome1:AmourSauvagePrologueChapitre1Chapitre2Chapitre3Chapitre4Chapitre5Chapitre6Chapitre7Chapitre8Chapitre9Chapitre10Chapitre11Chapitre12Chapitre13Chapitre14Chapitre15Chapitre16Chapitre17Chapitre18Chapitre19Chapitre20Chapitre21Chapitre22Chapitre23Chapitre24Chapitre25Chapitre26Chapitre27Chapitre28Chapitre29Chapitre30Chapitre31Chapitre32Chapitre33Chapitre34Chapitre35Chapitre36
Chapitre37Chapitre38ÉpilogueRemerciements
TheHowlers,tome1:AmourSauvage
[MarieLuny]
©2018,MarieLuny.©2018,SomethingElseEditions.Tousdroitsréservés.Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductionsdestinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproductionintégrale ou partielle faite par quelques procédés que ce soit, sans leconsentement de l’auteur ou de ses ayants droit, est illicite et constitue unecontrefaçon,auxtermesdesarticlesL.335-2etsuivantsduCodedelapropriétéintellectuelle.Créditphoto:©Adobestock.comIllustration:©CalyDesignISBNpapier:978-2-37816-064-7ISBNnumérique:978-2-37816-065-4SomethingElseÉditions,8squareSurcouf,91350GrignySiteInternet:www.something-else-editions.comCet ouvrage est une fiction. Toute ressemblance avec des personnes ou desinstitutionsexistantesouayantexistéseraittotalementfortuite.
ÀtoutesmesamiesfansdeBit-Litetdecegenred’amourpossessifet
viscéral.Celivreestpourvous.
Prologue
Julis
—Julis!!!Jemeretourneverslavoixquivientdecriermonprénomàtraverslecouloir
du lycée.Les sourcils froncés, je voismameilleure amieMawen se frayer uncheminàtraverslamaréehumaineprésenteàl’interclasse.—Qu’est-cequ’ilsepasse?luidemandé-jelorsqu’ellearriveàmonniveau.
Ellealevisagerougeetestcarrémentessoufflée.Elleseplieendeuxettentedereprendresarespiration.Aprèsquoi,ellemedittoutsourire.—C’estbon!!—Qu’est-cequiestbon?—Notrechambre…onl’a!—Quoi???Mes yeux s’ouvrent en grand et je la fixe médusée. Elle hoche la tête et
réplique.—Oui,oui,regarde!!Mamèrevientdemel’apporter!Jeluiarrachelalettredesmainsetjelalispuislarelis.Effectivement,c’est
écrit noir sur blanc, dans quelques mois, nous serons les locataires d’unlogement étudiant. C’est tout simplement fabuleux et c’est heureuse que je laserredansmesbras.—Tuvasvoir,çavaêtresuperlafac!!—Oui,j’aitellementhâte!Lasonnerieretentitetnousramèneàlaréalité.Nousn’avonspasencorefini
le lycée et même si nous sommes prises à l’université, nous devons encoreterminerl’annéescolaire.Jemesaisisdemeslivresetjefermelaportedemoncasier.— On se voit à la cafet’ ? me demandeMawen, tandis qu’elle ouvre son
proprecasier.—Oui,àtoutàl’heure.Jevaisl’annonceràSmith.Ilvaêtresupercontent.
T’imagines,noustrois,ensemble,àlafac.C’estlemustdumust!—Oui!!Je laisseMawen, à son casier et jeme dépêche de rejoindremon cours de
biologie.J’arrive justeavantque leprofnefermelaporteetmeglissedans lasalleenm’excusantdemonretard.Puisjerejoinsmaplaceaumilieudelapièce.Smithm’envoieunsourireavantdesepencherversmoi.
—Alorsmapuce,commeça,onarriveenretard…—Chut,c’étaitpourlabonnecause.Mawenareçuunelettred’UV,onanotre
chambre!Smith me décroche un énorme sourire avant de m’offrir discrètement un
baiser.—Jesuiscontentpourvousmapuce.Onvabiensemarreràlafac.—Oui,jepense.Effectivement, j’ai ce que j’ai toujours voulu, je vais intégrer la fac que je
voulais et de surcroît avec ma meilleure amie et mon petit-copain, les deuxpersonnesaprèsmesparentsquej’aimeleplus.J’aitoutpourêtreheureuseetjecompte bien profiter de chaque opportunité qui va s’offrir àmoi. L’universitéreprésenteunrenouveauetjevaisenfairebonusage.
Chapitre1
Julis
Cinqmoisplustard—Mawen,tupourrasrangertonbordel,s’ilteplaît.—Ouais…Jelâcheunsoupirenvoyantqu’ellen’avisiblementpasenviedebougerde
son lit. Allongée, elle pianote sur son téléphone et ne daigne même pas meregarder. Jene saispascequ’il s’estpassé,mais enunmois àpeine,on s’estquelquepeuéloignées.Nousquiétionsplusqu’heureusesd’habiterensemble,celaserévèleêtretrès
compliqué.N’ayantpaschoisilamêmespécialité,nousn’avonsaucuncoursencommunce semestre.Alorsque j’ai pris sciencesde l’environnement,Mawenelle,achoisisciencesdelasanté.Elleveutdevenirinfirmière.Pourmapart,jenesaispasencore,maisjeveuxquemonfuturtravailsoitenlienaveclanature.Jenesaispastroppourquoi,maisjemesuistoujourssentieàl’aiseàl’extérieurbien plus qu’enfermée dans un bâtiment. J’aime les grands espaces, avoir lalibertédemesmouvementset surtoutentendre lesbruitsde lanature, lechantdesoiseaux,lesouffleduvent.Toutçaauneffetapaisantsurmoi.C’est pourquoi, je ne supporte plus le bazar qui règne dans notre chambre.
Elleestdéjàpetite,avectoutjustelaplacepourdeuxlitssimples,deuxbureauxetdeuxarmoires,alorssienplus,elleestprised’assautparlebordeldeMawen,ça en devient étouffant, en tout cas pour moi. Visiblement, cela n’affecte enaucunemanièremameilleureamie.—Mawen…—C’estbon,Julis,jevaisrangeraprès.Jedécidedecapituler,detoutemanière,c’est impossibledelafairechanger
d’avis.Mawenesttêtueetnelaissepersonneluidictersaconduite.L’heurequis’affichesurmamontremefaitréaliserquejevaisêtreenretardàmoncoursdebiologie. Je fourre rapidementmon livre dansmon sac à dos, puis enfile unepetitevesteavantderejoindrelaporte.—Bon,àtoutàl’heure.—OK.La porte claque derrière moi alors que je m’élance dans les escaliers. Je
traverse en courant le campus afin de rejoindre le bâtiment de biologie. Par
chance, leprofn’estpasencorearrivéet jepeuxsoufflerenm’installantàmaplacedansl’amphithéâtre.Aprèsavoirdéposémesaffairesdevantmoi,j’attendsenzieutantlesdiversespersonnesquipénètrentdanslasalle.Lorsquemesyeuxremarquentunduodefillesentrerets’installerl’uneàcôtédel’autre,unebouledetristessem’obstruelatrachée.Mawenetmoiétionscommeça,ilyaquelquesmois à peine. Que nous est-il arrivé ? Je ne comprends pas. Nous étions siproches, et ce, depuis la rentrée en maternelle. Je pensais notre relationindestructible,etpourtant,ellemesembles’effriterdeplusenplusàmesurequelesjourspassent.Noussommesàlafacdepuisunmoisetnousnepartageonspresqueplusrien.
Après je sais qu’elle me reproche de ne pas vouloir sortir, ni de vouloirm’intégrer auxautres.Mais cen’estpascommesi ellenemeconnaissaitpas.J’aitoujoursétécommeça,unpeusolitaire,enretrait.Jen’aimepaslafouleetmesensvitemalàl’aiseavecdespersonnesextérieures.Elleaétéhabituéeàcetraitdemapersonnalitéetne s’enest jamaisplainte jusque-là.Mais j’imaginequemaintenant,ladonneachangé.Elleveutvivreetmoi,jel’enempêche.Cenesontpasmesparoles,maisbeletbienlessiennes.J’avouequejelesaiaccuséesdurementetmesuissentieunpeutrahie.Mais
comment lui en vouloir ? Elle a raison. Je suis bloquée avecmes peurs alorsqu’ellenesouhaitequ’unechose,profiteràfond.Maintenant, j’ai l’impressionden’êtrequ’unbouletpourelle.Enfinmêmesi,j’imaginequel’amitiéchange,du moins qu’elle s’adapte et évolue, j’espère juste que dans notre cas, elleperdureralongtempsencore.Malgréça,cequimerassure,c’estqu’avecSmithnousfilons toujours leparfaitamour.J’ai tellementdechancede l’avoir.Noussommesensembledepuisunanetnousprojetonsmêmedenousmarieràlafindenosétudes.C’estluiquilesouhaiteplusqu’autrechose,maisj’admets,nepasêtrecontre
l’idée, loin de là même. Je l’aime tellement que je ne désire que ça,êtresafemmepourlerestantdemesjours.Maisbon,chaquechoseensontemps,pourl’instant,jedoissurvivreaucoursdebiologieetsurtoutàleursprésences.Leurs?C’esteux.Le groupe de quatre mecs qui entre dans l’amphithéâtre comme s’il leur
appartenait.Ilsformentunquatuordesplusénervantetflippant.Sijedevaislessituerdanslahiérarchieducampus,ilssetrouveraienttoutenhaut,ausommet.Ilsnesontpaslesstarsdel’équipedefootouquelquessportsquecesoit,non,ils sont juste les mecs les plus méchants et craints de la faculté. Les gens
s’écartent sur leur passage et baissentmême les yeux, ce qui est franchementnul,maisbon,quisuis-jepourjuger?D’autantplusquejelefaisaussi.Alorsqu’ilsremontenttoutelasalleetpartents’asseoirtoutenhaut,j’entends
l’assemblée chuchoter le surnom qui leurs est affublé. Effectivement, j’aidécouvert lorsdemonpremiercoursaveceux,qu’ilsse faisaientappeler«Lameute».Pourquoi?Jenesaispas.J’imagine que ce n’est pas sans raison et au vu de leur réputation, je suis
tentéededirequeçadoitvenird’unehistoiresordide.Cesquatremecssont…Jene sauraismêmepasdirecequ’ils sonten findecompte,maiscequiest sûr,c’estqu’ilsusentetabusentdeleurpouvoir.Enunmois,ilsontréussiàfairecraquerplusieursfillesquisesontretrouvées
àpleurertoutesleslarmesdeleurscorps.Nonpasparcequ’ilsleurontbrisélecœur,maisparcequ’ils lesontbrisées toutcourt. Ilsont tendanceà s’attaquerverbalement aux autres et lorsqu’ils ont une cible dans leur viseur, la pauvreproieseretrouvesubmergéedeparolesinfectesetvenimeuses.Iln’yenaaucunpourrattraperl’autre,pourtantàcequej’aipuconstater,ilyaunchefetluiestvraiment, mais alors vraiment le pire. Il dégage un je ne sais quoi qui esteffrayant,voiremêmeterrorisantetbizarrementparalysant.—Leprofn’estpaslà!!!Avecsonannonce,lemecquivientd’entrerdanslapiècecaptel’attentionde
toutel’assemblée.Commepersonnenebouge,ilrenchérit.—Non,sérieux,iln’estpaslà!Constatant que beaucoup se lèvent de leurs chaises, j’en fais autant. Après
avoir rangé mes affaires dans mon sac, je quitte ma rangée et descends endirectiondelaporte.Tandisquej’atteinscelle-ci,unfrissonsepropagelelongdemonéchineetfaitdresserlespoilssurmanuque.Monestomacsetordetmarespiration s’emballe. Une alarme se déclenche en moi et me pousse à fuirrapidement.Sansosermeretourner, jemedépêchedesortirdubâtiment.Puis,traverse l’immense pelouse qui me sépare de ma chambre. Une légère brisesouffleet fait flottermescheveuxblonds.M’arrêtantenpleinmilieu, je fermelesyeux,offremonvisageauxderniersrayonsdusoleilde la journéeet laissecettedoucecaressem’envahir.Uncalmesalvateurprendpossessiondemonêtreet je m’y abandonne complètement. Lorsque je me sens enfin pleine etrechargée,jereprendsmamarche.Tout en avançant,mes pensées sont focalisées sur «Lameute ».Cesmecs
sontvraimentnazes.Ilsdégagentuneauramenaçantequirepoussentlesgensets’enserventpourfairerégner la terreurauseinducampus.Lejouroùilsvonttomber sur plus fort qu’eux, je rigoleraimême si je pressens que ce n’est pasdemainlaveille.Entoutcas,pourmapart, jepréfèreêtreleplusloinpossibled’eux. Certes, je ne les connais pas, mais je ne souhaite absolument pas lesconnaître.Mespasme ramènent devantma chambrependant quemon cerveau lui est
toujours bloqué sur les toquards, c’est donc à demi-consciente que j’ouvre laporteetc’estpeut-êtrepourcelaaussi,quejenefaispastoutdesuiteattentionàce qui se passe devant moi. Mais le « Oh putain » prononcé par Smith meramènecruellementàlaréalité.Mesyeuxseposentsurunescènequejen’auraisjamais,maisalorsjamaispu
imaginer,mêmedansmespirescauchemars.Smith est debout avec le jean aux chevilles alors queMawen est à quatre
pattesdevant lui sur son lit. Il a lesmains sur seshanches, et leurpositionnelaisseaucundoutesurcequ’ilss’emploientàfaire.Plantéeàl’entréedelapièce,jenepeuxtoutsimplementplusbouger.Àcet
instant, jeme sensmeviderpetit àpetit.Moncœur s’arrête,mespoumons serelâchent et je jureraimourir.Mavue se brouille,mes oreilles bourdonnent ettout mon corps se met à trembler d’effroi. La bouche ouverte, et les yeuxécarquillés,j’assistetotalementmeurtrieetimpuissanteaucoïtdemameilleureamieetdemoncopain.Dansungested’autoprotection, j’imagine, je reculeetsors.SmithetMawens’écartentetalorsqu’ellesecouvreavecunecouverture,luiremontesonpantalonprestement.—Mapuce…L’entendre m’appeler comme cela a pour mérite de me faire sortir de ma
torpeur. Sans demander mon reste, je prends mes jambes à mon cou et mecarapate.Jedévalerapidementlesescaliersavantdesortirdel’immeuble.Puissanssavoiroùaller,jememetsàcourir.
Chapitre2
JulisLesbranchesme fouettent levisage,un liquidevisqueux semet à couler le
longdemajoueetsemélangeàmeslarmes.Essouffléeàlalimitedelasyncopeetaveclecœurenmiette,jem’adosseà
untroncd’arbreavantdemelaisserglisserausol.Lesgenouxremontéscontrelapoitrine,j’enfouismonvisagedansmesmains.Messanglotsmedéchirentlagorgeetmelaminentjusqu’auplusprofonddemonâme.Pourquoim’ont-ilsfaitça?Nousétionssiprochesetj’avaistouteconfianceeneux.Alors,pourquoimetrahirdelasorte?Est-ceparcequejenevoulaispasdonneràSmithcequevisiblementMawen
luioffrevolontiers?Est-cemaldevouloirattendrepourperdresavirginité?Jenepensepas!Traitez-moideprudeoudevieuxjeu,maispourmoi,c’estimportantetSmith
étaitdumêmeavisquemoi.Luiaussivoulaitpatienter.Maisapparemment,cen’était que des paroles en l’air, une succession de mots qui ne voulaientstrictementriendiredutout,etétaienttotalementdénuésdesens.Labrûluredelatrahisons’abatdenouveausurmoietm’écorcheentièrement.Commentont-ilspumefaireça?Jen’airienvuvenir…Maisquellecruchejefais!!!JecomprendsmieuxpourquoiMawenn’étaitpas très loquacedernièrement,
du moins avec moi, parce qu’avec mon copain visiblement, elle avait de latchatche.Lorsqueladouleurdevientinsupportable,jelâcheuncri,espérantquecelui-ci
me décharge d’une part de cette souffrance. Mais c’est tout simplement sansissue.Cette peine, cette trahison, restera à jamais enmoi, et je ne pourrai pasl’oublier.Meslarmesfinissentparsetarir,j’imaginequejenesuistoutsimplementplus
capabled’enproduirepourlemoment.Quandjemeremetsdeboutaprèsavoirprisunegrande inspiration, tousmesmembresme font souffrir et lebruitquefaitmes os en craquant, résonne partout autour demoi.À cemoment-là, unevolée d’oiseaux s’extirpe des branches et s’envole dans un piaillement.
Regardantautourdemoi,jeréalisequelesoleilaquasimentdisparulaissantpeuàpeulaplaceàuncroissantdeluneetsurtoutquejesuisseuleenpleinmilieud’uneforêt.Pourlecôtérassurant,onrepassera…Avançantdoucementetenfaisantattentionàl’endroitoùjemetslespieds,je
sors du bois etme retrouve face à un choix. Àma gauche se trouvema citéuniversitaire,doncmachambre,mameil…EnfinMawen,tandisqu’àmadroitese trouve la cafétéria. Plantée comme une cruche alors que la nuit tomberapidement, jesuis incapabledebouger.Jeneveuxpasrentreretmeretrouverenfaced’elle,maisàcôtédeça,jenepeuxpasresterseule,dehors.Jevaisdevoirchangerdechambre,carc’esttoutsimplementhorsdequestion
quejecontinueàpartagerlamienneavecelle.Maisjenesaismêmepass’ilenrestedelibresurlecampusetpuis,commentvais-jefairepourassumertouslesfrais?Maboursecouvreàpeineleloyerdecelle-cietmanourriture.Jepourraisretournerm’installer chezmes parents puisqu’ils habitent à quinzeminutes envoiturequandçaroulebien,maiscelareviendraitàadmettrequejenepeuxpasmedébrouillertouteseule.J’aidéjàdûfairedespiedsetdesmainspourqu’ilsacceptentquejem’installesurlecampusetquejem’émancipeunpeu,cen’estpaspouryretournerleventreàterre.Non,c’esthorsdequestionetpuis,s’ilyenaunequidoitdéménager,c’estelle!Jen’airienàmereprochermoi!Jenemetapepassonmec!Ahça,non,c’estellequisefaitletien!Cette petite voixperfideque j’occulte depuis toujours, franchit les remparts
que j’avaisdresséscontreelle, et s’infiltrepleinementenmoi.Àcettepensée,une bouffée de colère me submerge et m’envahit complètement. Je m’yaccroche,carellemedistraitdemapeine.Monsacàdosvissésurmesépaules,jedécidederejoindrelacafet’.Àcette
heure-ci,lanourrituredoitêtreinfecte,maisfautedemieux,jevaisdevoirm’encontenter. Je gravis lesmarches et pénètre dans le bâtiment. Le réfectoire estquasimentvideà l’exceptiond’uncouplequisebécote,assisàunetable,dansuncoin.Mesaisissantd’unplateau,jerestedeboutindécisequantàmonchoixdeplatde résistance.Eneffet, j’ai ledroitàdespâtesquiontvisiblementunejournéedevieoudeslégumesbaignantdansunjusdesplusvisqueux.Vivelanourrituredelafac!Jefinisparopterparlemoinsdangereuxpourmasantéetmesersuneassiette
de pâtes. Puis, je choisis un brownie au chocolat et caramel en dessert et une
canette de soda pour faire descendre le tout. Après avoir récupéré monportefeuille dansmon sac, je passema carte étudiante dans le lecteur et parsm’installer à une table. Tandis que je mangemachinalementmon repas, monportable vibre dans ma poche. Je l’extirpe et lâche un soupir en voyant leprénoms’affichersurl’écran:
SMITH
Je suis tentée de répondre et de l’insulter, maisjemeretiensetpréfère
l’ignorer.Aprèsl’avoir envoyé sur la messagerie, je constate par la mêmeoccasionquecen’estpassonpremierappel.J’enaidixenabsence,toutautantdeSMSetbiensûrilsviennenttousdeluioudeMawen.J’imaginequ’ilsvontchercheràs’expliqueroudumoinsàsedéfendre,mais jene tiensabsolumentpas à entendre leur plaidoyer qui je le sais, sera trop faible pour justifier leuracte.Montéléphoneserréentremesdoigts,uneenviedemeurtremesaisit.Qu’ilsaillentsefairevoir!Lesbruitsqueproduitlecoupledanslecoin,sontpourlemoinssubjectifs.Toutlemondedanscettefacadoncdécidédecopulercesoiretsurtoutdevant
moi!Jefaisvolontairementclaquermescouvertssurlatablepourleursignalerma
présence,cequial’airdemarcherpuisquelafillesemetàglousseravantdeselever.Lemecluiattrapelamainetl’entraineàl’extérieurdelasalle.Super,maintenantjesuiscomplètementseule!C’est tellement silencieuxquemapropre respiration résonneàmesoreilles.
Meretrouver,là,enpleinmilieudelapièce,alorsqu’ilfaitnuitdehorsmefaitdresser lespoilsducorps.Unsentiment inexpliquémepousseàme lever. J’ail’impressionquelesmursserapprochentdemoietquel’oxygèneseraréfie.Laboucheouverte,jeprendsdepetitesinspirationstoutenforçantmoncorpsàsemettreenmouvement.Laporteestenfacedemoi,àseulementhuitmètres,etpourtant, je suis incapable de bouger.Mes pieds sont vissés au sol tandis quemoncœurfrappedurementmapoitrine.Boumboumboumboum!Unemainposéedessus,jeluiordonnederalentir.Mesoreillessifflentetmon
estomacsetorddansunspasmequimefaitremontermondéjeuner.Pam!Le bruit que fait la porte lorsqu’elle claque contre lemur,me fait sortir de
mon état léthargique. Clignant rapidement des paupières, je forcemes yeux àfairelamiseaupointpendantquelesifflementdansmesoreillesdisparaîtpeuà
peu.—Putain,j’ailescrocs.—T’astoujoursfaim.—Cen’estpasmafaute,c’estmonmétabolismequiveutça.Monregardseposeversl’entréeetlorsquejeréalisequisetrouveenfacede
moi, involontairement, un hoquet de terreur franchit mes lèvres. Ce qui bienentendu,attire leurattention.Quatre têtessebraquentsurmoiet j’ai l’horriblesensation d’avoir scellé mon avenir. Avant de leur laisser la chance etl’opportunité deme choisir comme leur nouvelle cible, je laisse en planmonplateau,contournematableetmedirigedroitsureux.Levisagebaissé,j’espèresincèrementqu’ilsnevontpasm’emmerder, jen’ai franchementpasbesoindeçacesoir.Maispourquoisuis-jevenueàlacafet’sitard?Parcequetun’aspaseulechoix!Denouveaucettevoixcinglemapsychéetfaitreveniraugalopmarage.—Heyben,disdonc,qu’est-cequ’onalà…
Chapitre3
JulisCette réplique m’apparaît nettement comme une menace. Tous mes sens
s’activentd’uncoupetjesuisprised’unefurieuseenviedefuir.Pourtant,jesuistout simplement incapable de bouger. Debout, devant le mur que forment lesquatremecs,jesuisréduiteàn’êtrequ’unepetitechosefragile.Jecontractetousmesmusclesdansl’espoirdecombattrelestremblementsdemoncorps.—Tuaspeur,petite…La façondontestprononcéecetteappellationme fait redresser la tête.Mon
regard se braque automatiquement dansun autre, d’unbleu foncé si froidquej’en ressens les répercussions jusque dans mes propres veines.Muette, je mecontentedesoutenircesyeuxmenaçants.Jedevrais laisser tomber,etpartirencourant,mon cerveaum’y pousse fortementmême,mais tout le reste demonêtreseretrouveemprisonnéparcebleu.Jamais,jen’enaivuundecetteteinte.Ilesthypnotique,intenseetpourtout
avouer,ôcombienmagnifique.—Tuesmuetteoutoutsimplementconne?—Elleestpeut-êtrelesdeux,Kaydy.—Entoutcas,elleestbonneàregarder.—J’avoue.Heybébé,tuveuxjouer??J’entendslesdiscoursdestroisautresetsurtoutleursparolesobscènes,mais
jenelâchepaslemecdevantmoi.S’ilcroitquejevaiscapituler,ilsemetledoigtdansl’œiletbienprofonden
plus.Après la journée pourrie que j’ai eue, je ne vais pas en plus me laisser
intimiderparcesquatreconnards.Mabouches’ouvreetsanspouvoirmeretenir,jeréplique.—Nan,elleestpasconnenimuetteetpuis,ellen’apasenviedejoueravec
toi,trouduc.Lesifflementpuislesriresquimeparviennentauxoreillesmeprouventqueje
viensdecommettreuneénormeerreur.J’aiprovoquéouvertement«Lameute».Moi qui voulais les éviter le plus possible, je viens de m’accrochervolontairementunecibledansledosetcequeledénomméKaydydéclaresanspourtantdétournerleregardmeleconfirme.—Tun’auraispasdûouvrirtagueule.
TrouvantlaforceDieusaitoù,jerecule,parcourtlesmecsdesyeux,avantderevenirsurKaydy.Puis,d’unevoixdure,j’annonce.—Jenevousairiendemandé,c’estvousquiavezcommencé.Je commence à vouloir les contourner pour sortir, car je sens que je suis
arrivéeauboutdemoncourageouplutôtdemastupiditélorsquelestroissous-fifresbougentetsepositionnentautourdemoi,sibienquejemeretrouvepriseaupiègeentreeuxquatre.Mes alarmes internes s’activent d’un coup, et la pression que je ressens au
niveaudemonsternummeconfirmequejesuisdanslamerde.BravoJulis…Maispourquoiai-jeréagicommeça?Qu’est-cequeçaauraitpumefairequ’ilsmecroientbêteetfaible?Cenesontpasmesamisetleursopinionsnecomptentpas.Tun’espasunefaible!!Cettevoixmerequinqueetc’estinstinctivementquej’avanced’unpasetque
jemeplanteàquelquescentimètresdeKaydy.Onestsiproche,qu’ildoitbaisserlesyeuxetmoileverlesmiens.—Tutepousses…Sonsourcilgauchesedresseetàcemoment-là,jeremarquelacicatricequile
strie.J’imaginequetoutlemondelaprendcommeunemenace,etunepreuvedelaférocitédesonpropriétaire,maiscen’estpasmoncas.Jediraismêmequejetrouve qu’elle le rend plus faible et fragile. Elle démontre que ce mec quipourtant paraît hors d’atteinte se révèle être atteignable. Sans pouvoir lescontrôler,mesyeuxnaviguent sur sonvisage,puis sur soncorpsqui reflète laforce brute. Si au cours dumois qui vient de s’écouler, j’ai pu remarquer sabeautélà,àcetinstant,jelaconstatepleinement.—Cequetuvoisteplaît?Cette voix légèrement rauque où perce la moquerie et le sarcasme me fait
sortir de ma contemplation. Sans me démonter, je réplique en ajoutant unsoulèvementd’épaulepourappuyermaréponse.–Bof…Celle-cinel’atteintpas,maisjevoisunelueurs’infiltrerdanssonregard.De
nouveau, je viens de lui tendre un bâton. Les trois mecs se rapprochent etenvahissentclairementmonespacevital.Jesuistellementcrispéequejenesensplusmespieds.—Onvabiens’amuseravecelle…Cesparolesmeparviennentdesurmadroite.J’imaginesansmalleursmains
se frotterà laperspectivedumisérablesortqu’ilsmeréservent.Aussitôt,moncouragem’abandonne et je jette un coup d’œil àma gauche puis àma droitedans l’éventualité de devoir parer un coup. Ils ne se sont jamais prisphysiquementàunefille,dumoinssij’encroislarumeur.Enfin,j’espère,parceque seule contrequatremecs, tousplusmusclés lesunsque les autres, jen’aiaucunechance.J’aurais dû accepter de m’inscrire aux cours de self défense avec Mawen,
parcequejenefaispaslepoidscontreeux!Tun’espasunefaible!!Bougedelà,connard!Commes’ilavaitentendulavoixdansmatête,Kaydysedécaleetmelaissela
voix librepour sortir.Sansme faireprier, je rejoins laporte.Alorsque j’ai lamainsurlapoignée,savoixgrondedansmondos.—Tudevraisfaireattention,jeneseraipastoujoursaussigentil.Jedevraismetaire,jelesais,maisjen’yarrivepas.—J’enprendsbonnenote.Sur ces mots, je sors de la salle aussi dignement que possible. Plusieurs
messes basses parviennent àmes oreilles avant que la porte claque dansmondos. Jen’attendspasmon reste, jememets à courir et enun temps record, jerejoinsmonbâtiment.Commesi j’avais lediable aux trousses, et cen’estpasloin de la réalité, je gravis lesmarches quatre à quatre.Arrivée au quatrièmeétage,etàl’abridansmoncouloir,jerelâchemonsouffleetm’autoriseàrespirernormalement.Lamainsurlapoignée,jesuisprêteàlatourneretc’estàcemoment-làquele
souvenirdecequi s’yestpasséquelquesheuresauparavant,me revient.Et lemotécritsurletableaublancfixéàlaporte,meconfirmequejen’aipasrêvé:
«Pardon»
Unriresarcastiquefranchitmeslèvresetsoulèvemapoitrinedouloureuse.À
nouveaumesoscraquentet jem’étirepoursoulagerlapressiondemoncorps.Puis, jeprendsunegrande inspirationet j’entredans lachambre. Ilyfaitnoir,mais je n’ai aucun doute quant à la présence de Mawen, car j’entends sesreniflements.Ensilence, je rejoinsmoncôté,mesaisisdemesaffairesdedouchepuisde
monpyjamaetfaisdemi-tourpourressortir.— Julis… Je suis désolée…murmureMawen dans mon dos d’une voix à
peineaudible.
—Ne te fatigue pas. Je ne veux plus rien entendre de toi.Demain, je vaisdemanderàchangerdechambre.Jeneveuxplusjamaisteparler.Jeclaquelaportesansattendreuneréponsedesapart.Jen’enairienàfaire
desesexcuses.Ellepeutselesgarder,lemalestfaitetriennepourrachangercela.Unpeuplustard,enfermée,ensécurité,dansunecabinededouche,mafinde
journéehorriblemesubmergeetjecraquedenouveau.Jepleurepourlatrahisonquej’aisubie,lapertedemesdeuxmeilleursamis,manouvellesolitudeetmonfuturà la facquis’annoncesousdemauvaisaugures.Enunedemi-journée, jeviensdetoutperdre,maconfianceenl’amour,l’amitiéetsurtoutenl’humanitéengénéral.Bien plus tard, c’est émotionnellement épuisée et anéantie que jeme glisse
sousmacouette.Jesuisrestéelongtempssousladouche,dansl’espoirquemadouleur s’échappe avec la mousse dans les canalisations. Maismalheureusement, celan’apasmarché.Allongée, sur lecôté, jen’arrivepasàtrouver le sommeil.Moncerveaus’emploieàme torturerenme renvoyant lesimagesdeMawenetSmithensemble.Ellesmedonnentenviedevomiretjesuisobligéedeserrerlesdentspournepasfondreenlarmesdenouveau.Quelledouleuratroce!!Je ressens une pression soudaine au niveau de mon sternum, comme
précédemmentdansleréfectoire.Unealarmeinternes’activeethérisselespoilsdemesbras.Sansvraimentréalisercequejefais,jemelèveetrejoinslafenêtre.Écartant le rideau, je fouille le paysage à la recherche de…de je ne sais pasquoi.Jenecomprendspaspourquoij’airessentilebesoindevérifierdehors.Ilfait nuit noire, et seule la pelouse qui nous sépare du campus principal estéclairée à l’aide de lampadaire. Constatant qu’il n’y a rien de spécial, je suisprêteà regagnermon lit lorsque je remarqueunmouvementà lapériphériedemon champ de vision. Tout en plissant les yeux, jeme concentre pourmieuxvoir.Surmadroiteàl’entréeduboisquinousdélimitedesmaisonsdessororités,jediscerneunesilhouette.Jesuistroploinpourvoirquic’est,maismoninstinctmesouffle,quejeconnaiscettepersonne.Kaydy…Riennemeprouvequecesoitréellementlui,plantéàl’entréedelaforêtavec
le visage braqué surma fenêtre,mais je sais que c’est lui. Le frisson quimesaisitd’uncoupetmeparalyseparlamêmeoccasionnem’estpasinconnu.Ilestentoutpointidentiqueàceluiquej’airessentiunpeuplustôtdanslacafétéria.J’auraisdûsavoirquejenepourraispasm’ensortiraussifacilement.Ilm’a
suivieoudumoinsafaitdesrecherchespoursavoiroùjelogeaisetmaintenant,jeprendslepariqueluietsabandevonts’employeràmeterroriseretfairedemavieunenfer.Maisdelà,àresterplanté,enpleinenuit,devantlafaçadedemonimmeuble,
c’estuncomble.Celafaittrèstueurpsychotique.Super, j’ai attiré l’attention du psychopathe du campus ! Comme si j’avais
besoindeça!Nevoulantpasluiprouverquesonpetitmanègedetaréadupouvoirsurmoi,
jerelâchelerideauetparsmerecoucher.Àl’abridansmachambreetsousmacouette, j’essaye d’occulter le fais que le savoir à proximitéme faitme sentirfaible…Pasfaible!!!C’estvraiquetoutàl’heurej’aieuducran.Jenelesaipaslaissésm’atteindre
etnemesuispasdémontée,maisçaneveutstrictementriendire.Commentvais-jefairepoursubirçapendanttoutlesemestreetencorejesuis
gentillepourlesemestre.Jen’aiplusqu’àprierpourqu’ilstrouventrapidementunautreosàrongeretqu’ilsm’oublient.Maismonintuitionmesoufflequecen’estpasprèsd’arriver.
Chapitre4
Julis—Commentça,iln’yaplusaucunechambre?—Jesuisdésolée,Mademoiselle,maiscommejeviensdevousledire,toutes
leschambressontattribuéesetoccupées.Deboutdevantlebureau,jepeineàréalisercequelafemmemedit.Lefilet
desueurfroidequicoulelelongdemacolonnevertébralemeprouvequemoncorpsluiacomprisletristesortquim’estréservé.Cen’estpaspossible!!!Non!Non!—S’ilvousplaît,vouspouvezvérifier?Jeprendrain’importequoi,mêmeun
placardàbalai,s’ilfaut!—Mademoiselle…Le ton employépar la fille ne laisse aucune place au doute.Elle a compris
mon désespoir, comment peut-il en être autrement, alors que je viens de luidéballermesmalheurscommesijeparlaisàunepsy.Toutenposantunregardremplidepitiésurmoi,elleenchaîne.— Je suis sincèrement désolée de ce qui vous est arrivé, mais vous allez
devoir rester dans votre chambre ou alors, trouver un logement en dehors ducampus. Il y a un tableau d’affichage à l’extérieur avec des petites annonces,vouspourrezpeut-êtretrouvervotrebonheur.—Maisjen’aipaslesmoyens!—Jesuisdésolée…—Arrêtezd’êtredésoléeettrouvez-moiunesolution!!!—D’abordvousallezvouscalmer.—Non!—Mademoiselle…—Maisarrêtezavecvos«Mademoiselle».— Vous avez subi un grand stress hier avec l’histoire de votre meilleure
amie…—Cen’estpasungrandstress,maisunetrahison!lacoupé-jeabruptement.
Jemesensbouillirdel’intérieur.Larages’allieàmonsangetdégèlemoncœurglacédepuislaveille.—Jevaisvousdemanderdesortiroùjevousferaiescorter.—Jenebougeraipasavantquevousm’ayeztrouvéunlogement.
Jenemereconnaispas,cetteattitude,cettedéfiance,n’estpashabituellechezmoi,maiscompte tenudeceque j’aivécu laveille, j’imaginequec’est toutàfait logique. Plus d’une personne censée aurait réagi comme moi dans masituation.—Trèsbien!Vousnemelaissezpasd’autrechoix…Salangueclaqueavantqu’ellenesoupiredelassitude.Visiblement,jenesuisqu’undésagrémentpourelle.Mais ce n’est pas elle, qui va devoir cohabiter avec une traîtresse doublée
d’unementeuse!Sans me quitter des yeux une seconde comme si je représentais une
quelconquemenace,ellesesaisitducombinédutéléphone,posésursonbureauetappuiesurunetouche.—Oui,c’estmoi…—…—Tupourraisveniraubureau,j’ai…(Ellesetaitunmoment,letempsdeme
jeteruncoupd’œiletdem’évaluer,puisellereprend).Viensjuste,s’ilteplaît.Surça,elleraccrocheets’emploieàm’ignorer.Quia-t-ellebienpuappeler?Ohetpuis,jen’enairienàfaire!—Bonetpourmonsoucidechambre?Onfaitcomment?—C’estréglé!—Ahbon?jedemandesurprise,aprèstout,peut-êtrequesoncoupdefila
serviàcela.Maismonintuitionm’affirmequejesuiscomplètementàcôtédelaplaque.Vousallezm’enaffecteruneautre?—Non!—Non?— Cela fait dix bonnes minutes que je vous explique qu’il n’y en a plus
aucunedelibre.—Alorsjepeuxpeut-êtreéchangeravec…Laportes’ouvrederrièremoietlananajetteuncoupd’œilàlapersonnequi
vientd’entrersansfrapper.Unénormesourirefendsabouche.—Kaydy!À l’annonce de ce prénom,mon corps se tend etma respiration s’accélère.
Tout en m’ignorant et nullement paniqué par la présence de Kaydy, la nanaenchaîne.—Cettejeunefilleallaitpartir,peux-tus’ilteplaîtl’escorter?—Pasdesoucis.
Unemainseposesurmonépauleetàcecontact, je sensuncrépitement sediffuserpartoutenmoi.Cen’estpasdouloureuxàproprementparler,maisc’estdérangeant.Jetentedem’ysoustraire,maislesdoigtsquittentmonépauleetseposent sur la peau nue de ma nuque. De là, le bourdonnement surprenant setransforme en quelque chose de beaucoup plus bizarre. Une chaleur intenseexplose enmoi.Du contact desdoigts surmoncou aubout demesorteils, jesensma peau frémir.Mes pores s’ouvrent d’un coup et je ressens cette prisejusqu’auplusprofonddemonêtre.Jedevraisêtrerévoltéelorsqu’onmesortdeforce du bureau, mais je suis incapable d’émettre le moindre signe deprotestation.Laportequiclaquederrièremefaitsortirdematranse.JemelibèredelapoignedeKaydyetm’arrêteenpleinmilieuducouloir.—Tunemetouchespas!Monexcèsdevoixrésonnepartoutdanscecouloirsilencieux.Ilmelanceun
regardindéchiffrable.Sesyeuxbleussontfroidscommelaneige,etpourtant,àcetinstant,alorsquemoncœurpeineàbattreàunrythmenormaltantsentirsesdoigtssurmapeaum’afaituneffetincroyable,sesyeuxmeréchauffent.—Encoretoi?Tuenaspasmarredefairechiertoutlemonde?—Jetedemandepardon?Moijefaischier?Maistunet’espasvutoi,avec
tabandedefêlés!—C’estdemessecondsdonttuparles,là?—Nan,detatroisièmecouille!Jesaisquejesuisvulgaireetquecelanemeressembleabsolumentpas,mais
encoreunefois,tropc’esttrop!—Faisvraimentattention…—Ouais,ouais,jesais,vousallezfairedemavieunenfer.Maistusaisquoi?
Ben,mavieestdéjàunenferencemoment,àcausedecettefoutuehistoiredechambre!—Jem’encognedetavieetdetesproblèmes.—Est-cequejet’aiparlé?Non,jenecroispas.—Tuparleslà…—Ouais,ben,tun’asqu’àpasécouter.—Jen’aipasqueçaàfoutre,tusorstouteseuleoujet’yforce.—J’aimeraisbienvoirça!OK,cen’étaitpeut-êtrepaslameilleuredesrépliquesàsortirsurtoutaumec
leplusdangereuxducampus.Kaydymefaitface,leboutdesespiedstouchelesmiens et lorsqu’ilme parle, sa voix gronde, ou plutôt grogne, je ne saurais ledire.
—Tuvascréerdesproblèmes?Vas-y,résiste,essaye.Tuvasleregretter.—Tumetouches,jecrie.Ilémetunriremoqueuravantd’affirmercequej’aicompris le toutpremier
jour.—Personneneviendrat’aider.Jefaislaloiici.Jeredresselementondansunsignededéfianceetjeparledoucementtouten
m’attardantsurchaquemot.—Tu.Ne.Me.Fais.Pas.Peur!Jenesaispaspourquoijeleprovoquedelasorte.J’aisûrementperdulaboule
etlorsquemanouvelleconfianceoumabêtisemequittera,jen’auraisplusqu’àlesupplierd’oubliertoutecettescène.
***
KaydyPlantéedevantmoi,avecsonpetitsouriremutinetsonregarddur,cettenana
m’a tout l’aird’avoirdescouilles.Mais jesaisquecen’estqu’uneapparence,unefaçade.Soussesairsde«Je temerde»,elle flippesamère.Jeressenssapeur,elleimprègnel’airetm’enchante.Biensûrqu’elleapeur!Elleestmêmeterroriséeetilyadequoi.Avecsalanguedevipère,ellevient
de creuser sa propre tombe. Si elle croit que je suis du genre à me laissermarchersurlespieds,parunegonzessequiplusest,ellesegourecomplètement.Jen’aipaslestatutdesuiveur,jenel’aijamaiseuetnel’auraijamais.Cen’esttoutsimplementpasdansmesgènes.Jesuisnépourêtreunchef,unleaderetmon rôle incombe que je sois intransigeant. Et puis, j’avoue sans aucunevergognequej’aimeavoirlepouvoir.Sentirlesgenssesoumettre,serabaisser,meprocureunplaisir inouï, lemêmequelorsquejemefaisunefille.C’estunvéritableorgasmesensorieletplusj’enai,plusj’enveux.C’estpourcelaque je laisse la fillecroirequ’ellepeutgagner,parcequesa
chuten’enseraqueplusrude.Latêtepenchéesurlecôté,jepasseenrevuesonapparence. Au-delà de son visage fin, de ses yeux bleus plus clairs que lesmiens,etdesaboucheenformedecœur,elleauncorpsplutôtbanal.Detaillemoyenne,ellem’a l’air fragile.Ellen’estclairementpasmuscléeetn’aque lapeausurlesos.Uncoupdeventetlamisss’envole.Méfie-toi!
D’ordinaire, j’écoute mon instinct, lui et moi, ne formons qu’un, maisaujourd’hui,jedoutequ’ilévaluecorrectementl’adversaire.—T’arrêtesdemeregarderJason.—Jenem’appellepasJason.—Ouais,jesais,maistumematescommeletueurensériedanslefilm.—Jem’enfousdelafaçondontjetemate.—Wahougénialtropbien! dit-elletoutenlevantsesdeuxpoucesdansun
gestefaussementenjoué.Puisellepoursuit.Bon,commentvais-jefaire?Jenevaispasresteravecelle.Jenevaispaslesupporter.Surça,elleseprendlementonentrelepouceetl’indexetcommenceàfaire
lescentpasdevantmoisanspourautant,arrêterdeparler.Bordel,cettefilleestunvraimoulinàparoles.Jenecomprendspasuntraîtremotdecequ’elledit,mais si elle croit que sonmanègede foldinguevam’empêcherde la sortir dubâtiment,ellesegoure.Mapatiencearrivantàsalimite,jelasaisisauniveaudesonbicepsetjelatraîneverslasortie.—Nemetouchepas!—Écoute, arrête deme casser les couilles.Onm’a dit de te faire dégager,
alorsjelefais.—Commesituétaisdugenreàsuivredesordres.Ellen’apastortsurcecoup-là,maisTeddyn’estpasn’importequi.— En plus tu l’appelles par son prénom, ben j’imagine que c’est une
privilégiée.Cen’estqu’enentendantsa réponse,que je réaliseavoirparléàvoixhaute.
Nevoulantniconfirmer,niréfutersesdires,jemecontented’émettreunsondeboucheouplutôtdegorge.Ilm’aéchappé.Parfois,moninstinctprendledessus,cela arrive peu souvent voire même jamais. Enfin, en temps normal. Depuisnotrerencontredelaveilledanslacafétéria,j’aidûmalàlebrider.—Tuvasmelâcher,oui!— Quand on sera dehors et que je serai sûr que tu te rentreras dans ta
chambre.—Tuvasm’ytraînerdeforce?Riennet’autoriseàmetraitercommeça,tu
nefaispaspartiedelapoliceducampus.—Lapolice ?Ce sontdes toquards, j’enbouffedeuxcommeeuxaupetit-
déj’.—Enplusd’êtrecon,ilestimbudesapersonne!Quellesurprise!raille-t-
elle.Aprèsnousavoirfaitpasserlesportesdelabâtisse,jelaretournefaceàmoi
violemment.—Tum’astraitédeconoujerêve??—Nan!Tuasrêvé!Faissssdodo!!Ellecontinuedefairelamaligne,maisjevoisqu’elledéglutitavecpeineetje
sens son pouls battre vite sousmes doigts. Je ne luimontrerai pas,mais ellem’amuse de plus en plus. Elle attise non pas mon côté sadique, mais monhumour.Etpourtoutdire,jeseraismêmetentéderirevraiment.—Casse-toi!!!Cet ordre est sorti du plus profond de mon être. J’y ai mis toute mon
ascendance, toute ma dominance et tandis qu’en temps normal, les gens s’ysoumettent,elleyrésiste,chosevraimenttrèssurprenante.Peudepersonnessonthabilitées et surtout capables dem’affronter. Alors, la voir tenir ou dumoinslutter,mesurprend.Après un tempsque je ne saurais compter, elle soupire et tourne les talons.
Sanspouvoirlecontrôler,monregarddescendsursoncul,moulédanssonjean.Elle a unbalancement dehanchedes plus séduisant.Dommageque ce fessierappartienne à une fille aussi timbrée. Il n’y a pas à dire, j’ai tiré le gros lot.Depuisledébutdel’année,aucunedesnanasqu’onaprisespourciblen’atenuplusd’unesemaine.Ellesétaientpitoyables!Alorsquecelle-ciserévèleêtrelaplusstimulante.Jepressensquel’onvabienrireenladétruisant!Oualorsc’estelle,quivatedétruire…Aucunechancequecelaarrive!Elleapeut-êtrefiniparcéder,maisellen’apasbaissélesyeux!Jamais!Ça,c’estleplustroublant…Cen’estpaslogique,àmoinsque…
Chapitre5
JulisLaportedelachambreclaquedansmondostandisquejebalancemonsacde
cours à travers la pièce.Un feu indescriptible traversemon corps et réchauffeincontestablementmes organes. J’ai l’impression d’être possédée.Une part demonmoiprofonds’estréveilléetmefaitagircommejenel’aijamaisfait.Jeperdslatête!Il n’y a pas d’autre possibilité. Sinonpourquoi agir comme je l’ai fait avec
Kaydy?D’accord, il est infect, et encore lemot est faible, et ne se prend pas pour
n’importequi.Maisdelà,àluirentrerdanslelardetàclairementmemoquerdelui,c’estquej’aiunsouci.Jedoisêtremaso!Cemecalepouvoiretlesmoyensdefairedemavieunenferetmoi,jeviens
deluidonnerunenouvelleraisondemedétruire.Àcettepensée,moncourageoumatéméritéseretireetseuleresteuneprofondedétresse.Jesuisdanslamerdejusqu’aucou!!Jen’aipasdenouvellechambre,plusd’amis,aucunalliédanscetteuniversité
etenpireennemi,labandedefêléslespluscraintsducampus.Monannées’annoncesouslesmeilleursauspices…Uneénormefatigues’abatsurmoi.Vidée,jem’allongesurleventresurmon
lit.Mespaupièressefermentd’elles-mêmesetlesommeilm’emportesanscriergare.—Julis…Julis,réveille-toi,tun’aspascours?Lavoixrésonneàmesoreillesetmefaitquitterledouxrêvequejefaisais.Je
libère le soupir contenu dans ma gorge avant d’ouvrir les yeux. Mawen estpenchéesurmoietm’observesoucieuse.—Quoi?dis-jeabruptement.—Ilestseizeheuresdix,tun’avaispascoursàseizeheures?Jemeretourned’uncoupversmonréveilavantdebondirdemonlit.—Merde!!!Jemesaisisdemonsac,sorsdemachambreettraverselecampusauxpasde
course. Arrivée devant la salle, je ne prends même pas la peine de souffler,j’entredanscelle-cicommesij’avaislediableauxfesses.Leprofs’interromptdeparler,puismejetteunregarddésapprobateur.
—Mercidenousfairel’honneurdevotreprésence,Mademoiselle!!L’assembléerigoleenentendantlaremarqueacerbeduprofesseur.Mefaisant
leplusdiscrètepossible,jetournemonregardverslasalleàlarecherched’uneplacedelibre.Normalement,cecoursn’estpastrèssuivi,maisfaitexprès,pourbienenfoncerleclou,aujourd’huitoutlemondeadécidédesepointer.Touslespremiersrangssontpleinset leseuldelibreestcelui justeendessousde«Lameute».Plantéeàl’entrée,jen’osepasbouger.Jevoisleursregardsbraquéssurmoi etmêmede là où jeme trouve, je devine leurs sourires perfides.Un trèsmauvaispressentimentmetitille.Ils n’auraient quand même pas réussi à convaincre toute l’assemblée de
s’asseoirdevant?Oupeut-êtrebienquesi,ilsensontcapables…—Bon,Mademoiselle,vousvousdécidezàprendreuneplace?La voix plus qu’énervée du professeur résonne dans l’amphi suivie de
plusieurs chuchotements. Tout en prenant une grande respiration, je gravis lesmarchesetparsm’asseoirtoutauboutdelarangée,leplusloinpossibled’eux.Mais à peine ai-je sortimes affaires que la bande réagit. Ils se décalent et seréinstallentjustederrièremoi.Sanspouvoirmecontrôler,jemesensbouillirdel’intérieur.Denouveau le feus’infiltreenmoietcirculedansmesveines. J’aichaud,etjecommenceàtranspirer.Monestomacsetordetmoncœurs’accélère.Jejureraifaireunecrisedepanique,etpourtant,etc’estçaleplusinquiétant,jenesuisaucunementapeurée.Uneintuitionlointainem’affirmequejenesuispasendanger.C’est beaucoup plus à l’aise que je m’avachis sur mon siège.Mon crayon
entrelesdoigts,jelefaistournertoutentendantl’oreillepourécoutercequisedit dansmon dos et aussi pour anticiper leur coup, qui vient très rapidementaprès.—Alorscommeça,enplusd’êtrefolle,tunesaispasarriveràl’heure?Jetournemonregardverslasourcedecettevoix.Lemecestassisàgauche
deKaydy,quiluisetrouvejustederrièremoi.Ilalescheveuxlongs,levisageduretuneexpressiondanslesyeuxquifaitfroiddansledos.Lafaçondontilsetient,démontreclairementqu’ilatouteconfianceenluietconnaîtsonpotentiel.Lesbrascroiséssursontorse,ilattenddevoirsijevaismordreàl’hameçon.Jen’aimêmepasletempsderéfléchir,mabouches’ouvreetlaréponsesorttouteseule.—Jepréfèreêtrebargeeten retard,qu’êtrecon,parceque tuvois, jepeux
soignermafolieetmieuxorganisermontempspourarriveràl’heure.Alorsque
toi,t’esconetmalheureusement,iln’yapasdetraitementpourça!Samâchoiresecontracteetlafaçondontilmetoisemeprometunemortlente
etdouloureuse.Nemedéfilantpas,jenebaissepaslesyeuxcequin’estpasunechosefacile,maisjetiensbon.Jenesaispourquoi,maislapetitevoixdansmatêtem’insuffledenepaslâcher.—Commentellet’acassé,River!!!—Laferme,Shep!Alorscommeça,Monsieurcons’appelleRiver,etl’autrequivientdeparler
senommeShep.IlestassisàladroitedeKaydyetfranchement,ilal’aird’êtreleplusgentildesquatreoudumoinslemoinsfêlé.Blond,avecdesyeuxverts,unebouchecharnue,ilaunsourireravageur.Ilestcanon,maissoussestraitsdetopmodel,secacheunebrutalitéféroce.Jelesais,rienqu’enregardantàtraverssesiris.Jefinisl’analysedelabandeparlederniermaillondelachaîne.Alorslui, est le plus flippant des quatre. Rien que de le regarder, j’ai peur. Sonexpression est froide et il dégageune auramenaçante.Enfin, comme ses troiscomparses.Denouveau,mesyeuxdévientetjelesplongedansceuxdeKaydy.Comme la veille, il m’observe attentivement et comme la veille, je ne medémontepas.Tunemefaispaspeur!J’ai l’impressionqu’ilveutmedomineret il lepourraitphysiquement,mais
mentalement,moninstinctmeditqu’ilpeuttoujourss’accrocher.—Putain,maistuesquoitoi?Saquestionmedécontenance,mais je saisquec’est cequ’il cherche.Alors
pourluifairecomprendrequ’iln’yarriverapas,jelèveunsourciltoutenposantmesdoigtssurmonmentonpuisj’adopteuntonsarcastique.—Hum…Quelqu’undepasintéressé!Ohregarde,unemouche!Jedésignedel’indexunpointimaginaireau-dessusdesatêteetlorsquejele
voisseretournerdansladirectionindiquée,jemeconcentresurletableaunonsansrigoler.Uneheure et demieplus tard, je sors de la salle, soulagéeque le cours soit
enfinfini.J’aiétéincapabledesuivre.J’étaissurlequi-vive,prêteàréagirsilabande de tocards décidait de tenter quelque chose. Mais à mon grandsoulagement, ou àmongranddésarroi, ils n’ont rien fait.Aprèsque je leur aibalancédesremarquesbiensenties,ilsontpassélecoursàchuchoter.Jenemefaispasd’illusions, ilsn’enontpas finiavecmoisurtoutpasaprèsceque j’aioséfairepourlatroisièmefoisconsécutive.Sincèrement,jenesaispaspourquoi
jeréagiscommeçafaceàeux.D’ordinaire,jesuisquelqu’undecalmeetdoux,àl’opposédeceque je leurmontre.Cesmecsontundrôledepouvoir surmoi,faceàeux, je suisagressive, acerbeet surtout totalement inconsciente.Nepasmelaisserfaire,jeveuxbien,maisj’ensuisarrivéeàlesprovoquermaintenant.Ouvertement,jememoqued’euxetça,ilsmeleferontregretter.Perduedansmespensées,jeneremarquepastoutdesuite,quequelqu’unse
plantedevantmoipourmebloquerlepassageverslasortieducouloir.Jerentredonc dans un torse et dès qu’un certain parfumme parvient au nez, je reculed’unbond.—Julis…PourquoitunerépondspasàmesappelsetàmesSMS?MoncœursebriseunesecondefoislorsquejeposelesyeuxsurSmith.J’aisi
mal que je suis incapable de contenir le sanglot qui s’échappe dema bouche.Mes yeux s’imbibent de larmes pendant que ma trachée s’obstrue. Démunie,rongéeparladouleur,jesuisincapabledebougeretderéagir.Jesuisdenouveaumoi, cette confiance, cette témérité qui m’habite quand j’affronte les mecs,s’évanouitcommesiellen’avaitjamaisétélà.Jemesensfaible,seuleetperdue.C’estpeut-êtrepourça,quejemelaissefairelorsqueSmithmeprenddanssesbras. Le visage enfoui tout contre son cou, je laisse sa douce chaleur meréconforter.Jem’abandonneàcetteétreinteetellecomblelevideenmoi.—Mapuce…Entendre mon surnom sortir de sa bouche et surtout la façon dont il le
prononcemerenvoielaréalitéenpleineface.Toutenouvrantlespaupières,jelerepousse.—Julis,s’ilteplaît.Laisse-moit’expliquer.—M’expliquerquoi?Commenttuenesarrivéàcoucheravecmameilleure
amie?—Cen’estpasma…—Jet’arrête toutdesuite,si tuosesmedirequecen’estpas tafaute, je te
fousuncoupdepieddanslescouilles.Riennepeutexcuseret justifiercequevousavezfait!Situn’étaisplusheureuxavecmoi,tuauraisdûmequitter.Ça,j’auraispucomprendre,maiscequevousavezfait,non,c’estimpardonnable.—Julis,s’ilteplaît.Toutendisantcela,ilessayeànouveaudemeprendredanssesbras.Unepart
demoienaenvie,maisl’autreelle,rêvedeluiarracherlatête.Uncombatfaitrageetlalutteestsévère.—Lâche-la!!CetordresortidansungrondementestprononcéparKaydy.Jen’aipasbesoin
deme retourner, je sais que « Lameute » se trouve derrièremoi, je le sens.Kaydy vient se placer à ma gauche et fixe méchamment Smith. Celui-ciécarquille lesyeuxd’effroi envoyantquimedéfendoudumoins fait barrageentrenous.J’essayepartouslesmoyensdenerienlaissertransparaître,maisjesuistoutaussisidérée.Kaydyn’estpasdugenreàvolerausecoursdelaveuveetdel’orphelin,loindelàmême,ilestplusprochedeceluiquilesattaque.Alorspourquoi me défend-il ? Je ne comprends rien, surtout qu’il s’emploie àm’emmerderdepuislaveille.Smithlèvelesmainsetfaitunpasenarrière.—Coolmec,c’estmacopine.—Ex-copine !! Je ne veuxplus te voir Smith, ni toi, niMawen.Vous êtes
libresdefairetoutcequevousvoulezmaintenant.—Ilfaudrabienqu’onparleJulis.Jeveuxt’expliquer.—Tun’aspascompriscequ’ellevientdetedire?—Si,c’estbonjem’envais.Sur ce, il décampe et je me retrouve de nouveau seule avec la bande.Me
tournantversKaydy,jesuisfrappéeparladuretédesonregard.Toutdanssonattitudeetsonexpressionmefaitcomprendrequ’ilestencolère.—Euh…Mercipour…—Tuesfaible!Cestroispetitsmotsmepercutentdepleinfouet.Jelesencaissedurementet
ilsmelabourentdel’intérieur.Lapartsombredemonêtreémergerapidementetmedictemaconduite.—Ahouais??Est-cequetuasl’impressionquej’enaiquelquechoseàfaire
detonavis?—Tun’enaspeut-êtrerienàbranler,maismoi,jeteledis,tuespathétique.—Jesuispathétique??Muepar l’instinct, jemerapprochedelui,aupointd’avoirnos torsescollés
l’uncontrel’autre.Ilbaisselatêtetandisquelamienneselève.—Oui!Letonqu’ilemploiemehérisseauplushautpoint.Jesensunehaineprofonde
s’épanouirenmoietlecôtésombredemapersonnalité,cettevoixquej’occultedepuissiloinquejem’ensouvienne,s’ennourrit.—Écoute-moibientocard!Jenesuispaspathétique,nifaible,OK?—Situl’es.Tutranspiresladétresseémotionnelle.Çapuetellementqueça
m’irritelagorge.Jesuischoquéedecequ’ilvientdedireetégalementtentéedemesentirpour
voirsijedégagevraimentuneodeurnauséabonde.Maisjerésisteàcetteenvieetrétorque.—Jenepuepas,etquandbienmême,jenet’aipasdemandédemerenifler.
Enfait,jenet’airiendemandédutout.—Jemesuissentiobligéd’intervenir, tu faisaispitiéàvoir.Plantéedevant
ton mec à la limite de le supplier de te reprendre alors que visiblement, il atringlétapote.Putain,quelspectacledésolant!Les larmesmemontent aux yeux et j’ai l’horrible sensation quemon cœur
vientdes’arrêterdebattre.Sesparolesvilesetd’uneméchancetéprofondemebrisent encoreplus.Reportantmon regard sur le restede labande, je constatequ’ilsassistentà la scènestupéfaits.Pour lapremière fois,depuisunmois, ilssemblent avoir perdu de leur assurance légendaire. Les sourcils froncés, ilsobserventKaydyattentivement.Maislorsqu’ilsposentleursregardssurmoi,ilssontfroidsetméprisants.Visiblement,ilssontd’accordavecleurchefetcelaapoureffetdefairedéborderlevase.Nevoulantpasleurdonnerlasatisfactiondemevoirpleurer,jefaislaseulechosedontjesuiscapable,m’enfuirencourant.
Chapitre6
KaydyJe ressens une joie immense en voyant la fille s’enfuir littéralement. Je ne
mentaispasenluidisantquesadétresseimprégnaitl’airetlepolluait.Ellemepiquait lenezetmebrûlait lagorge.C’était infectetvraimentduràsupporter.Maisau-delàdeça,c’estlavisiondesesyeuximbibésdelarmesquim’amisenrogne.Endeuxjours,etalorsquejemesuisemployéàluiparlercommedelamerde,ellen’apascraquéetcemec,cetoquard,luiaréussilàoùj’aiéchoué.C’étaittoutsimplementinsupportableetsurtoutinconcevable.Jesuislapersonnequifaitchialerlesautres!Alorspourquoiai-jeressentilebesoindeprendresadéfense?Parcequejen’aipaseulechoix!L’autrepartdemoi,enadécidéainsietpourlapremièrefois,jen’étaispasen
accordavecluiet tandisqu’elledisparaîtdubâtiment, jesens lasymbiosequel’onpartaged’ordinaires’effilocher.C’esténervéetenrognequejemeretourneversmesseconds.Ilsaffichentuneexpressiondésapprobatriceetjenepeuxquelescomprendre.—Onsecasse!J’ouvrelamarcheetcommed’habitude,TijetShepseplaceenretraitderrière
moipendantqueRiverluisemetàmadroite.Toutencalantsespasauxmiens,ildéclare.—Qu’est-cequit’arriveKay?—Lâchel’affaire.—Tusaisquejenepeuxpas.Pasquandjetevoisréagircommeça.—Cen’estrien…J’aibeauledire,jen’ycroispasuninstantetc’estçalepire.—Tuvascontinueràlenier?—Iln’yarienànierparcequ’iln’yarien!Illâcheunriresouscapeavantd’enchaîner.—Ouais,ouaisbiensûr!Alorspourquoituasvoléàsonsecours?Commejenerépondspas,ilenfonceleclou.—Tusaisquetunepeuxpascontrôlerça.—Si,jepeux!!—Commetuveuxmec,maistuneviendraspasteplaindrequandçaseratrop
tard.
Jeluijetteunregardencoinetconstatequ’ilalevisagegraveetlamâchoireserrée.—Jevaisallercourir.—OK,je…—Non,j’yvaisseul.—Kay…J’entends son ton désapprobateur, mais je m’en fous complètement. Il a
raison,jelesais,maisàcemomentprécis,j’aibesoind’êtreseul.J’aibesoindemeretrouver.—Jevousrejoinsaprès.JeconfiemonsacdecoursàRiveretlesabandonneauniveauduparking.Ils
rejoignent lamaison dans la jeep de Tij, tandis que jememets àmarcher endirectiondubois.Messenssontàl’affûtetsanspouvoirmeretenir,jem’élancedanslesderniersrayonsdesoleil.Julis…Cachéderrièreunarbuste,ilsetenaitlà,lessensenalerte.Iln’avaitpaspu
résisterlorsquetoutsonêtreluiordonnaitdelaretrouver.Ilavaitévoluédanslaforêt rapidement, les branches pliaient sous ses pas tandis qu’il rejoignait larésidencedelafille.Ilsavaitqu’iln’auraitpasdûsetenir là,quec’étaitbientropdangereuxd’êtreseulsanssescompagnons.Ilnedevaitpass’éloignersanssagarde,mais ilétaitunchefnéetriennel’effrayait.Enfinentempsnormal,cardepuisquelquesjours,ilsesentaitemprisonnéetilnelesupportaitpas!Ilnecomprenaitpaspourquoi,onluirefusaitcequipourtantétaitd’uneévidenceflagrante. Cela le rendait triste, et effritait la parfaite symbiose qu’ilspartageaiententermegénéral.Uncourantd’airluifitparveniraunezunparfumqu’ilauraitreconnumême
àdeskilomètres.Ilsemitàrenifler,sentitl’odeurdesacompagneetressentitsapeinejusqu’àdanssonpropreorganisme.Ellesouffraitetilsesentitimpuissant.Il voulait la réconforter, lui témoigner l’attention qu’elleméritait et la chérir,mais savait également que ce n’était pas possible. Comme il ne pouvait pasapprocherdavantage,ilrestaitlà,àfaireleguet,laprotégeantd’unéventueldanger.C’étaitaussiça,sonrôleetilleprenaittrèsausérieux.Lanuit était fraîche,mais il ne ressentait pas lamorsuredu froid, les yeux
braqués sur la fenêtre, il la sentit s’endormir. Le sommeil la gagna enfin etseulementàcemoment-là,ils’autorisaàrelâchersonattention.Pourtant,ilneputserésoudreàpartir,s’allongeant, ilvoulait juste trouverunepositionplus
confortable, mais sans crier gare le sommeil l’emporta également et ils’endormitleplusprèspossibledesafemelle.—PutainKay,tuétaisoù???JebraquemonregardversRiver,quisetientdevantnotresalledecourseten
uncoupd’œil,jeluifaiscomprendredenepasmechercher.Jedoisêtreassezpersuasif,car il s’abstientde toutcommentairenonsanspourautantm’étudierattentivement.Jesaiscequ’ilvoit,jeportelesmêmesfringuesquelaveilleetjedoisavoirune têteà fairepeur surtoutavec lanuitque j’aipassée. Ilme tendmonsacetjel’enremercied’unsignedementon.—Jet’aimisdesaffairesdedans.Sonfrémissementdenezetsaminedégoûtéemeconfirmentcequejepensais
déjà, je pue. Les laissant dans le couloir, je rejoins les toilettes etme changeaprèsavoirfaitunbrindetoilette.Putain,maisquellemerde!Êtreobligédemelaverdansleschiottes!Jesuistellementencolèrecontremoi,quejebalanceuncoupdepoingdansle
mur.Mesphalangesrencontrentlebétonetunedouleuraiguëmeremontedanslebras.Jel’accepteavecplaisiretm’yraccrochelepluspossible.Toutestmieuxquederessentirl’autretruc.Cetrucquejeneveuxpaséprouveretquejeréfutecatégoriquement.Jevaisdevoirtrouverunesolutionpourfairetairecetinstinct.Jeprends troisgrandes respirationset refoule lepluspossible l’autrepartiedemoi.Quandjemesensenfinmettredemoi-même,jequittelesWC.Maisalorsque je marche dans le couloir, mon nez capte une odeur et celle-ci me faitlittéralementdisjoncter.Matêteopèreunquartdetourd’elle-mêmeetmesyeuxsefocalisentsurlasourcedetousmesmaux.Uneragefolles’emparedemoietsanspouvoirmeretenir, j’avanceverselle, l’attrapepar l’ansedesonsacet lacolle contre lemur avecunemain autourde sagorge.Sesyeux s’écarquillentsous la surprise et la peur. Ses lèvres s’ouvrent et elle prononcemon prénomdansunmurmure.—Kaydy…—Tuesuneconnasse!!Putain,jevaistedétruireJulis!!Tunepouvaispas
continueràêtretransparente??C’estplusunequestionàmonencontrequ’àlasienne.J’auraispréféréqu’elle
n’existepas.Soncorpsjusque-làflasque,segorged’énergieetsecontracte.Elleencercle ma main de ses doigts et y plante ses ongles. Ma prise se desserred’elle-même et je recule d’un pas. Sa réaction ne se fait pas attendre, elleme
gifleviolemment.Majoueencaisseladouleuretj’enéprouveunejoiemalsaine.Mabouches’incurveenunsouriresadiquetandisqu’ellemefusilleduregard.— Tu neme touches pas enfoiré ! Je ne sais pas ce qu’il t’arrive et je ne
comprendsrienàcequetumedis,maisc’esttoiettesautrescouillesmollesquiêtesvenusme faire chier !C’est vousqui avez commencé. Je nevais pasmelaisser martyriser par une bande de demeurés comme vous. Si tu as desproblèmes,vatefairesoigneretlâche-moi!Plantéecommeuncon,jesuisincapabledebougerpendantqu’ellereprendsa
routecommesiderienn’était.Maisquepeut-ellebienêtre?J’entredansmasalledecoursetparsm’asseoirsansréussiràmecalmer.Je
mesensà la limitedepéteruncâbleetçadoitsevoirpuisqu’encoreunefois,Riverprendlaparole.—Kay,ilfautquetutecalmes.Voyantqu’iln’obtientaucuneréponsedemapart,ilcontinue.—Kaydy!!!Jemeretourneetlefixeméchamment.—Quoi??—Merde,mec,ilfautvraimentquetutecalmes.Ilmefixeinterloquéetlesdeuxautresquisontassisàsasuiteenfontautant.
Tousmeregardentcommesi j’allaisexploserenpleinesalle.Eteffectivement,ilsn’ontpastort,jeréalisequemavues’estaiguisée.Baissantlatête,j’enfouismon visage dans mes mains et respire doucement pour refouler latransformation.—Çavamieux?—Ouais…Il fautqu’elledégage jemarmonnepluspourmoiquepour lui.
Maissonouïeesttellementdéveloppéequ’ilestcapabled’entendreunemouchevoléeàl’extérieurdelapièce.—Tusaisbienqueçanechangera rien.Cen’estqu’unequestionde temps
maintenant.Leprocessusestlancé.Tudoisl’accepter.—Jenepeuxetneveuxpas!—Çavaterendredingueetdansdeuxjours…—Jesaiscequiarrivedansdeuxjours,pasbesoindemelerappelerlecoupé-
jehargneusement.Jevaisgérer.J’ai beau le dire et vouloirm’en persuader, je sais que je n’y arriverai pas.
Dansdeux jours, jevaisdevoir lui laisser lecontrôle totaletputain, je saiscequ’ilenferaetçamedébected’avance.
Chapitre7
JulisDeuxjoursplustard—Salut…Jejetteuncoupd’œilaumecquivientdes’asseoiràlachaisevideàcôtéde
la mienne à la cafétéria. Il ne m’est pas inconnu puisque je partage mêmeplusieurs cours avec lui, mais de là à dire que c’est un copain, c’est un biengrandmot.Nousavonsdûéchangeràpeinecinqphrasesdepuislarentrée.Donc,imaginez ma surprise lorsqu’il s’installe comme si nous étions les meilleurspotesdumonde.—Çava,Julis?—Euhouais,Astin.Tuvoulaisquelquechose?—JemedemandaissiçatedisaitdeveniravecmoiàunefêtechezlesKappa
cesoir.Mesyeuxs’écarquillentdesurprisetandisquejeperdslittéralementlaparole.Sidérée,jesuistoutsimplementsidérée!Ilm’inviteàsortiralorsquejeneleconnaismêmepas!Monexpressiondoitêtrehilarante,carilm’envoieunpetitsourire.Nesachant
pas quoi répondre, jememets à examiner toute la salle à la recherche d’uneéchappatoire.Monregardseposesurlatableoùsescopainsl’attendent.Ilsnousobserventattentivement.Devenantsceptique,jedéclareàAstin:— Si c’est pour que tu puisses gagner un pari stupide avec tes potes, non
merci.—PasdutoutJulis!!Jetejurequecen’estpasça.—Alorspourquoitunemeparlaisjamaisavant?—TuétaisavecSmith…Endisantcela,ilatoutdit.Comprenantquejenerépondraispas,ilpoursuit.—Jesaisquevousn’êtesplusensemble.Toutelafraternitéenparle.Jesuis
désolépourtoi.—Merci,enfin,jesuppose.—Tuveuxbienveniralors?—Oui,d’accord.—Super,jepassetechercherversvingtheures.—OK.
Aprèscela,ilregagnesaplaceetjepoursuismonrepassansréelplaisir.Jenesuispaspersuadéequecesoitunebonneidéedesortiravecunmec,maisbon,cen’estpasunrencardàproprementparlerpuisquenousallonsàunesoirée.Cequiveutdirepleindegens,beaucoupdebruit,del’alcooletsurtoutSmith.Heyoui,ilseralà,puisqueAstinetluifontpartiedelamêmesororité.Moncôtésombresedélectedelatêtequ’ilferaenmevoyantaubrasd’unde
sespotes. Je contiens avecpeine le souriremalsainqui veut émerger surmonvisage. J’espère qu’il sera malheureux et souffrira comme jamais. Tout d’uncoup,j’aiplusquehâted’yalleràcettefête,elleprometd’êtremémorable!!
***
Àhuitheures tapantes,ça frappeàmaporte.Respirantdoucement, je frotte
mespaumesmoites surmonslimnoir.Puis, jeplaquesurmonvisage,unpeumaquillé,unrictustotalementfauxsionpenseàladouleurquejeressensdansmon cœur et j’ouvre la porte. Astin me décroche un sourire ultra white endécouvrantmatenue.—Tuescanon!—Merci.Deuxsecondes,letempsdeprendremonsac.—Pasdesoucis.Tacolocn’estpaslà?Àcettequestion,moncorpssecrispe.—Non.—Oh,tunel’aimespas?Jesoupireavantdeluidemanderhonteusement.—TusaisquoidesraisonsdemaruptureavecSmith?—Rien,àpartquevousvousêtesembrouillésdanslecouloir.Aprèslereste
cesontdesrumeurs…—Ellesdisentquoi?—Tunedevraispas…—Ellesdisentquoi,Astin?—Qu’ilt’atrompéeavectameilleureamie.J’aienviedepleurerdenouveauetdelestueraussi,maisjerefouletoutça,
tentederesterdigneensortantdelachambreetavoue.—Benvoilà,tusaispourquoijen’aimepasmacoloc.—Merde.Jesuisdésolé,Julis.Putain,c’estabusé!—Merci.—Tupréfèresnepasvenir?Tusaisqu’ilseralàetjeneveuxpasquetute
sentesmalàl’aise,onpeutallerailleurs.
—Net’inquiètepaspourmoi,maisc’estgentildemeproposer.—C’estnormal,jesuisunmecgentilettonchevalierservantpourlasoirée.Comme un gentleman, il me propose son bras et m’aide à descendre les
marches.—Jesaisqueletrajetestpluscourtàpied,maisilfauttraverserleboisetje
me suis dit que ça le feraitmoyen pour toi.Donc, votre carrosse vous attendMademoiselle.Jerisdoucementavantderentrerdanssonjeu.—Mercibeaucoupmonfidèlechevalier.C’esttrèsaimableàvous.Ilm’ouvrelaportièredesavoitureets’inclinedevantmoidansunerévérence.
Jerigoleencoreplusetcesonrésonnedanslanuitsilencieuse.Letrajetnedurequ’unedizainedeminuteset lorsquenousarrivonsdans le
quartierdédiéauxfraternités,c’estuneenfiladedevoituresquinousaccueillent.Je n’avaismêmepas envisagé le fait qu’il y allait avoir autant demonde.Mapeur des autres et des lieux confinés revient au galop et jeme sens paralyséed’effroi.JedoismeforcerpoursortirdelavoitureetsuivreAstinpendantqu’ilgagne l’entrée de la maison Kappa. Le bruit des basses qui s’échappe desfenêtresouvertesrésonnedanslarueetannonceaussilacouleur.Plantéedevantlaporte,jenepeuxpasavancer.Jeressenslebesoindefuir,de
courir,etdememettreensécurité.C’estvraimentparticuliercommesensation,maisc’estcommesicen’étaitpasmaplace,quejen’avaisrienàfairelàetsurcepoint,c’estlastrictevérité.Jenedevraispasêtrelà,àunefêteoùjesaisqueje vais croiser Smith. À croire que j’aime me faire du mal. Déjà avec monattitudeprovocatriceenvers«Lameute»puisaveccequejem’apprêteàfaire.D’ailleurs,enpensantàcestocardsdepremière,jemefaislaréflexionquejenelesaipasvusdepuisl’incidentducouloir.Jeressensl’infimeespoirqu’ilsm’ontpeut-êtreoubliée,maisjepensesincèrementquejerêve.—Julis,onyva?—Oui…dis-jeaprèsavoirprisunegranderespiration.Troisheuresplustard,c’estenpleursquejequittecettesoirée.Astinessaye
biendemerattraper,maisj’aidel’avancesurluietsurtoutjesuispousséeparladétresseémotionnelle.Jepensaisquej’yarriverais,quejepourrais luifairedumal en m’affichant avec un autre, mais je n’avais pas envisagé l’idée qu’ilsviendraient ensemble. Jamais, je n’ai imaginé cette possibilité et pourtantj’aurais dû. Çam’aurait évité cette hontemonumentale. Le pire dans tout ça,c’estquejepassaisvraimentunebonnesoirée.Astinnem’apas laissé tomber
pouralleravecsespotes,bienaucontraire ilest restéavecmoietnousavonsparlé,danséetaussiunpeubu.Jem’amusaisjusqu’àcequejeveuilleallerauxtoilettes. Ilm’a bien indiqué où elles se trouvaient,mais jeme suis perdue etmalheureusementpourmoi, lapremièreporteque j’aiouverteaétécellede lachambredeSmith.Cequej’aidécouvertaétéunescènetoutdroitsortiedemonenferpersonnel.Denouveau,j’assistaisàleursébats…Quejesuisconnemoiaussi!!!Jem’attendaisàquoi?Àcequecesoituncasisolé?Peut-être, oui, je le reconnais. J’aurais voulu que ce soit un accident, mais
visiblement,jemesuisbercéed’illusionspuisqu’ilsontremislecouvertcommeondit.MawenetSmith…Cesdeuxtraîtres!!!J’auraisdûcomprendreplustôtaussi.L’attitude bizarre deMawen depuis notre arrivée à la fac et surtout depuis
monretourdevacances.Etpuis,ledésintéressementdeSmithàmonégard.Jen’étaismêmejamaisvenuedanssachambreàlasororité,cequiprouveencoreunefois,leniveaudemastupidité.Énervée, blessée et surtout amère, je me précipite dans le bois. Mes pieds
frappentdurementlesoltandisquejem’yengouffredeplusenplus.Ilfaitnuitnoireetseule la lunepleineéclairemonavancée.Lebruitquefontmespasetmespleursmêlésricochentpartoutautourdemoi.Marespirationestlaborieuseet tout mon corps me fait souffrir, mais ce n’est rien comparé à la douleurémotionnelle que j’éprouve. Mon cœur saigne puis se brise encore une fois.Cette fois-ci, je sais que rien ne pourra le réparer. Par chance pour moi, lecheminest tracéet jen’aipasàavancerà l’aveugledanscetteforêtquia l’airtoutdroitsortiedemespirescauchemars.Lesoiseaux,leschouettes,leventquiagitelesbranchesdesarbres,toutestinquiétant.Soudain, je ressens une pression en pleine poitrine. C’est comme une
explosion,etcelle-ciesttellementintensequej’arrêtedecourir.Plantéeenpleinmilieudubois,jememasseleseinenespérantfairedisparaîtrecettesensation.Maiscelan’aaucuneffet,bienaucontraire, j’ai l’impressionqu’ellesefaufilepartoutenmoietsemélangeàmescellules.Monestomacsecontracteetsetordme faisant remonter la bile dans la bouche. Je déglutis rapidement tout enreprenant mon chemin. Les sens aux aguets, je me concentre sur un seulobjectif:sortird’icileplusvitepossible.
Tandis qu’une chouette hulule, je capte unmouvement surma droite.Monvisageopèreunquartdetouretjefixel’obscurité.Nevoyantrien,jecontinuedemarcher.Demoinsenmoinsrassurée,jepresselepas.Alorsquej’essaiedefaireattentionàl’endroitoùjemetslespieds,j’entendsdesbranchescraquersurmagauche. Paniquée, je me mets à regarder partout autour de moi. J’ai la drôled’impressiond’êtreobservée…Jesecouelatêtetoutenmedisantquejedeviensfolle.Effectivement, jesuisseuledansuneforêtenpleinenuit,maisjenesuispassuivieparuntueurpsychopathe…Maisparunanimaloui…Pendantquecettepenséemetraverse,ungrognementrésonneetmonhoquet
depaniquelesuitdeprès.Totalementflippée,jem’élancedanslanuitetcoursleplus vite possible. Les branches craquent encore, les oiseaux quittent leurperchoirets’envolentdansunpiaillementdesplushorriblespuisquelquechosemefrôlemefaisantperdrel’équilibre.Jetombefacecontreterreetm’aplatisdetoutmon long. Je n’aimême pas le temps de réagir nimême de penser àmerelever.Uneénormeprésencesefaitsentirderrièremoi,quelquechoseseposesurmondospuisdesdentsmemordent à l’épaule.Ladouleur est atroce, elleexplosedanschacunedemescelluleset jesenschacuned’elless’embraser.Jecrieàm’enfairemalàlagorgeavantquelasouffrancen’aitraisondemoi.Mesyeuxsefermentetjeperdsconnaissance.
Chapitre8
Kaydy
Lesdentsenfoncéesprofondémentdanslapeaudesacompagne,ilressentitjusqu’auplusprofonddesonêtrelacréationdulien.Celui-cis’épanouitdanschacunedesescellulesetlegorgead’uneénergieencorejamaisressentie.Lebattementrégulierducœursousluifitéchoausienetlesdeuxsemirentàfrapperleurspoitrinesenunequasi-symbiose.Celaluiapportaenfinlaplénitudequ’ilattendaitdepuissarencontreaveclafemelle.Dèsqu’ilavaitposélesyeuxsurelleàtraverssonautremoitié,ilavaitsuquec’étaitelle,sacompagne,safemme,cellequiluiétaitdestinée. Il ne voulait qu’elle, tout sonêtrelepoussaitàlarevendiquerpurementetsimplement.Voilàpourquoi,ilavaitagiaussibrutalement.Ilavaitl’impressionqueletempsluifilaitentrelespattesetilnevoulaitplusattendre.Même s’il était heureux d’avoir apposé samarque sur elle et par lamême
occasion,l’avaitliéeàluipourtoujours,ils’envoulutenlasentants’affaissercomplètement au sol. Il relâcha sa prise et fit le tour pour venir lui lécher levisage. Il voulait se fairepardonner,êtredouxavecelle.Pour la réchauffer, ils’allongeaàsoncôté,secollalepluspossiblecontresoncorpshumainetfrottasonmuseaulelongdesajoue.Ellen’eutaucuneréaction,maisilsavaitqu’elleallait bien. Leur lien d’union—qui n’était peut-être pas complet et qui ne leserait peut-être jamais, — le lui apprit. Détendu, il s’autorisa à seulementprofiter, car il savait qu’il ne pouvait demeurer sous cette forme. La luneentamaitdéjàsadescenteetbientôtKaydyreviendrait.Ilentenditavantmêmedevoirsescamaradesdemeuteapprocher.Bondissant
sursespattes,ilsemitenpositiondedéfensedansl’éventualitéoùuneattaquesurviendrait. Il avait toute confiance en ses compagnons et les connaissaitdepuis toujours,mais sa femellecomptaitplusque tout.Sondevoirétaitde laprotéger surtout lorsqu’elle ne le pouvait pas elle-même et il avait bien sentil’animosité qu’ils éprouvaient envers elle. Ses camarades émergèrent desbuissonsetsestoppèrentendécouvrantsonattitudeetsurtoutcequ’ilyavaitàses pattes. Les oreilles en arrière, il émit un grognement et découvrit samâchoire.Aussitôtlesautres,inclinèrentlatêteavantdehurleràlalune.Parcegeste,ilsl’acceptaientcommel’unedesleurs.Aprèscela,desbruitsd’osquicraquentsefirententendrepuis,lesloupsfirent
place à des hommes. Il savait que lui aussi devait se retirer et laisser Kaydy
revenir, mais il ne le voulait pas. Il avait peur pour sa femelle qui étaitvulnérable. Quand l’un des hommes devant lui tenta d’avancer, il claqua desdentsetlâchaungrognementd’avertissement.Riverfitunsigneavecsesmainsetsemitàparler.Ilnecomprenaitpascequ’ildisaitetdutsefieràsoninstinct.Celui-ciluidictaqu’elleétaitensécuritéetqu’ilpouvaitseretirer.Illuidonnaun dernier coup de langue sur la joue avant de commencer sa retraite. Ilabandonna le contrôle et laissa Kaydy reprendre sa place. Ce n’était pas unchoixfacilesurtoutvul’étatd’espritdecelui-ci.Iln’étaitpasdutoutcontentetluienvoulaitd’avoiroséprendrepourcompagneunefemelleaussifaible.Maisluisavaitqu’ellenel’étaitpas.Ilavaitconfianceenelleetensasurvie.—Kaydy?Çava?—Putain…tout,maispasça!!!Debout, totalement nu, devant le corps avachi de Julis, je suis incapable de
contrôler ma fureur. Mon poing heurte violemment le tronc d’arbre le plusproche.Lesphalangescraquentsous la forcede l’impact.Je lessenssebriser,maiscelan’éteintenrienmarage.Commenta-t-ilpufaireça?Lamorsureestfatalepourleshumainslahndas!Ellevamourir,jevaismeretrouveravecunputaindecadavresurlesbraset
toutuntasd’emmerdesàgéreràcausedeça!Mes yeux se baissent enfin et je la fixe sans pouvoir la lâcher. Mon loup
irradiedebonheurtoutaufonddemoialorsquejesuisjustedégoûté.Unemineécœuréesedessinesurmonvisage.— Tire pas cette tronche Kay, ça pourrait être pire… Elle pourrait être
moche!—TagueuleShep!Celui-cinepipepasmotets’abstientdeformulerunautrecommentaire.Ilestmarrantlui…J’aimeraisbienlevoiràmaplace!Quevais-jebienpouvoirfaired’ellemaintenant?Siellesurvitàlamorsure,jevaisdevoirlaprendrepourfemelle,maisbordel,
jen’enveuxpas,moi!Sijen’aiprisaucunedesnanasduterritoire,cen’estpaspourmecoltinerunepauméequivientdesefairelarguerparsonmecinfidèle.Mon loupamerdéetpasqu’unpeu. Je le sens s’agiter, il tourneen rond, il apeur.Ilapeurquejen’acceptejamaislelien,queçacréeunefractureentrenousetilaamplementraison.
—Onrentreauterritoire.—Etonfaitquoid’elle?medemandeRiver.Jelâcheunsoupiravantdemebaisseretdelaprendredansmesbras.Ellene
bouge même pas et ne montre aucun signe qui pourrait m’indiquer qu’elles’éveille.Lacollantcontremontorse,jerespireungrandcoupetmeconcentresur notre nouveau lien. Celui-ci vibre et me prouve qu’elle va bien. Deboutdevant les autres, je ne sais pas quoi faire nimême comment rentrer puisquemonloupdèsl’apparitiondelalune,s’estfaitlamalle.—Vousêtesvenuscomment?—Envoiture,onasentiquetuavaisquittéleterritoireetonpressentaitque
tuviendraissurlecampus.—Cen’estpasmoiquivoulaisvenir iciRiver !Jevousavaisditquevous
deviezm’enfermer,pourquoivousnel’avezpasfait?—Onpensaitquelescachetssuffiraient.Quetonloupseraitaussishootéque
toi.—Visiblement,cen’étaitpaslecas!—Kaydy,mets-toiànotreplaceetà laplacede ton loup.Pour lui,c’estsa
femelle.Situavaisacceptédepuisledébut,commejetel’aiconseillé,tonloupn’auraitpasagicontretavolonté.—Jen’aipasbesoindetesleçonsdemoralesRiver.— Tu n’en veux peut-être pas, mais en attendant, tu n’as même pas parlé
d’elleàtesvieux.Commentonvajustifierça?Tuasprisunecompagne,leliennepeutpasêtreannuléetcomptetenudetafutureplacedanslameute,elleva–siellesurvit–devoirrevendiquerlasienne.Cen’estpasuneAlphaetcen’estpeut-être même pas une louve, on ne sait rien d’elle. Parce que tu as niél’évidence,etquetuasvoulun’enfairequ’àtatête,tunousasnousaussi,foutudanslamerde.Ilaraison,jelesais.Jepensaispouvoirgérermieuxqueçalasituation,mais
j’aitoutfoiréetdanslesgrandeslignes.Jeviensdescellermondestinavecunenanadontjenesaisstrictementrienetquejen’aimepas,pourcouronnerletout.Alors que si j’avais écoutémon loup, j’aurais pu apprendre à la découvrir etdonc par-là, calmer le jeu. Il n’aurait pas eu à agir contre ma volonté enrevendiquantunepotentiellehumaine.Monpèrevaêtrefouenl’apprenant.Ilvatrèscertainementmevirerde lameutecomme il aviré tous lesautresquiontprispourcompagnonsoucompagnesdeshumains.Maisjesuissonfils,lefuturAlpha,népourledevenir,etj’espèrevraimentqueçajoueraenmafaveur.—Elleestoùlavoiture?
—Derrièrelacabane.—Onyva,déclaré-jetoutenhochantlatête.Je prends la tête de la marche comme à mon habitude. Nous avançons
rapidement à travers le bois.Nus commedesvers et avecune fille assomméeportantunesalemorsuresurl’épaule,dansmesbras,ilnefautvraimentpasquel’oncroisequelqu’un.Parchance,touslesautresélèvessontsoitendormisdansleurspiaulessoitàlafêtedesKappa.Une fois à la voiture, j’installe Julis sur la banquette arrière etme saisis de
monsacàdos,poséauxpieds.—Mercipourmesaffaires.—Commejetel’aidit,onsavaitquetuviendraisici.Je ne réponds rien, me contentant de m’habiller en silence. Shep et Tij
montent envoiture et s’assoient comme ils peuvent sur la banquette à côtédeJulis.Pourmapart,jecontournelacaisseetouvrelaportièrepassager.—Kaydy…JejetteunregardàRiverpar-dessuslacarrosserie.—Ouais?Bienquesonexpressionsoitindéchiffrable,jesaisqu’ilestanxieuxquantàla
suitedecettehistoire.—Nosloupsonthurléàla lunepourprouverautienqu’ils l’acceptaientau
seindelameute.Situcontinuesàt’acharnerànier,tuferassouffrirtonloupetlesnôtres.Enl’entendantmerévélercela,jemesenstotalementimpuissant.Jenepeux
plusrienfairemaintenant.Jesuisfoutu.Mon loup a choisi sa compagne et les loups de mes amis l’ont aussi
revendiquécommeleurfutureAlpha.Saplace–siellesurvitencoreunefois–estetseratoujoursdansmameute,auprèsdemoi.—Onrentre.Je passe le trajet perdu dans mes pensées. Celles-ci tournent et tournent
encore.Jesuisdansunputaindetrouquej’aicreusémoi-mêmeenplus.Nouspassonslabarrièreduterritoirequiestgardépardeslieutenantsdemonpèreetnous engageons dans le sentier forestier qui entoure notre propriété.Nous, leslycanthropes,aimonsvivreenmeute,carensemblenoussommesplusforts.Mafamilleestlafondatricedecelle-làetcelaremonteàl’époquedesIndiens.Deceque j’en sais, les hommes de ma lignée ont toujours été des Alphas et ont
toujours dirigé leurs membres d’une poigne de fer. Chez nous, le respect estimportantetchacunsaitenversquidoitallerlesien.Néanmoins,jepensequelerespectsemériteetnes’obtientaucunementparunquelconqueADN.MonpèreestunbonAlpha,jenedispaslecontraire,ilfaitbeaucouppoursesmembres,maisjeveuxqu’onmerespectepourcequejesuisetnonparcequejesuislefilsde.Rivergare le4x4derrière l’énormechaletenbois,où loge la familleAlpha
donclamienneetmoiparlamêmeoccasion.—Rentrezchezvous. Jedoisparler àmonpèrepar rapport à Julis et jene
veuxpasvousimpliquerplusquevousnel’êtesdéjà.—Comment tu vas faire ?me demande Shep totalement sérieux pour une
fois.—Jenesaispas.Jevousappelleplustard.Allezdormir.Shep et Tij hochent la tête, sortent de la voiture et partent rejoindre leurs
différentesmaisonsquisontrépartiessurleterritoire.SeulRiverresteavecmoi.—Kay,jenepeuxpastelaisserseul,pouraffrontertonpère.Soupirantdéfaitiste,j’annonce.—C’estmoiquiaimerdéRiver,jedoisassumer.—J’aitoujoursétélàpourcouvrirtesarrières,depuistoujoursetça,medit-il
enmedésignantdudoigtJulissurlabanquettearrière,nechangerarien!—Jelesais,mercimec!Je lui tends lamainqu’il serreavantde sortir àmasuite.Eneffet,Riveret
moi,nousconnaissonsdepuistoujours.Nousavonsgrandiensembleetmêmeenétantlouveteaux,nousfaisionslesquatrecentscoupsenduo.Cen’estqueplustardquenoussommesdevenusamisavecShepetTij.Leursfamilleseteuxsontlesseulsrescapésdeleuranciennemeute.Unehistoireassezglauquedontonneparlejamais.Entoutcas,ànousquatre,nousformonsungroupesoudéetsurtoutcraintsurlecampus,cequi,jedoisl’avouer,m’amusebeaucoup.Notreauradeprédateursagitsurleshumainsordinairesetautomatiquement,ilssesoumettentà nous. Enfin, tous sauf Julis. C’est la seule humaine qui jusque-là a réussi àcontrermadominance.—Tu veux que je la dépose où ?me demandeRiver après avoir ouvert la
portière arrière. Il n’amême pas posé un doigt sur elle que sans pouvoir meretenir, je lâche un grognement. Il me lance un regard avant de reculer d’unbond.—Jecroisquejevaistelaisserfaire.—Ouais…
Jel’attrape,laportejusquedanslamaison,etparsladéposersurlelit,leplusdiscrètementpossible.Cen’estqu’unefoisl’avoirrecouverted’unecouverture,quejeréalisel’avoiremmenéedansmaproprepiauleetnondansunechambred’amis.Jenesaismêmepaspourquoij’aifaitça…Foutuinstinct!!!JequittelapièceetnesuisabsolumentpassurprisderetrouverRiver,appuyé
contre lemur en face. Jen’aipas le tempsd’émettrenimêmedepenser àuncommentairequ’ilmedevance.—Jevaismonterlagarde,aucasoùsonétats’aggrave.Tusaisquesiellene
supportepas lamorsure,ellevacommenceràconvulser,puissesorganesvontlâcherunparunavantqu’ellenefasseunarrêtcardiaqueetça,c’estsi,ellenes’étouffepasavecsonpropresang.J’espèresincèrementquecelan’arriverapas.Mêmesijenelaportepasdans
moncœur,jeneveuxpasqu’ellemeure.Voyantmonmalaise,Riverenchaîne.—Elleestdifférentedeshumainsclassiques.Tulesais,toiaussi.—Oui,elleestplusfortementalement,maisçaneveutpasdirequec’estune
louveetpuisonl’auraitsentisic’enavaitétéune.—Non,pasforcément,passic’estunemétisse.Soncôtéanimalestpeut-être
latent.—Jen’ensaisrien,jevaisvoirmonpère,jereviens.Bou…—Jebougepas,net’inquiètepas,jelaprotègem’affirme-t-ilenmecoupant
laparole.J’aitouteconfianceenlui,etj’iraismêmejusqu’àdirequejemettraismavie
entre sesmains, je l’ai déjà fait. Je sais qu’il la protégera,maismon loup luienragededevoirlaisserunautreprendresoindesafemelle.Leliend’unionchezlesloups-garousestquelquechosedetrèscomplexe.Cen’estpascommechezleshumains,nousautreslycanthropes,nousnousapproprionsnotrepartenaire,ilouelledevientunprolongementdenous-mêmes.Lorsqu’unlouprencontresonâmesœur,ilnepeutluttercontrel’attraction.C’estchimique,etniercelienpeutamenernotreanimaljusqu’àlafolie.Lapreuveenest,lemiens’estéchappéduterritoiremalgréquejemesoisdroguéauxsomnifèrespourallerretrouvercellequ’il juge être sienne. C’est bien un comportement un tantinet barré quandmême!Arrivédevantlaportedubureaudemonpère,jemarqueuntempsdepause.
La lumière filtreà travers l’entrebâillementdecelle-ciet jesenssaprésenceàl’intérieur. J’admets que je ne suis pas du tout rassuré et que je ne saisabsolumentpasquoidire.Commentluiexpliquercettehistoire?Tandisquej’ai
enviedem’apitoyersurmonsort,jemeraisonne.JesuisunAlpha,cen’estpasdignedemapartdecourberledosetmonpèren’attendpascelademoi.Carrantlesépaules, je respireungrandcoupet frappeà laporteavantd’yentrer sansattendreune réponse. Jene saispascomment ilva réagir,maisceque je sais,c’estqu’iln’apaslechoixetmoinonplus,elleestmienneetlerestera.
Chapitre9
JulisJe m’éveille doucement comme si je sortais d’une sorte de transe. Mes
cellules neurologiques s’efforcent de se reconnecter entre elles. Les paupièreslourdesetlabouchesèche,j’ouvrepéniblementlesyeux.Lesoleilquifiltredansla piècem’éblouit et je suis obligée de cligner rapidement des paupières pourm’y accommoder. Tandis que je fais cela, je prends de petites inspirations etavalemasaliveavecpeine.Ellem’écorchel’œsophageetmecauseunebrûlureinfernale.Jemesensfaiblepourtantetc’estlàleplussurprenant,moncorpsestparcourud’uneénergieencorejamaisressentie.Ellecrépitesousmapeau,jelasens se diffuser à travers mes organes et mes muscles. J’ai la sensation depouvoir déplacer unemontagne alors que je suis incapable de bouger demonlit…Mais…L’odeurquimeparvientauneznem’estpasfamilière.Puisantlaforcetoutau
fonddemoi, j’obligeàmatêteàopérerunquartdetour.Mastupéfactiondoits’afficher en gros plan sur mon visage lorsque je découvre non pas le lit deMawenàmadroite,maisunechaise.LaboucheouverteenunOparfait,jerestecommeuneconneàdévisagerKaydyendormi.Sonvisagen’affichepassamineécœuréequ’ilad’ordinaire.Ilal’airapaisé,sereinetàcetinstant,ilressembleàunangebienqu’ilsoittoutlecontraire.Ilestplusducôtédumallui…Maisattendez,pourquoiest-illà?Etd’ailleursoùsuis-je?Jeparcourslapiècedesyeuxetdécouvreunedécorationmasculine.Toutest
épuréetdansdestonssobres.Lelitdeuxplacesdanslequeljesuiscouchéeestmoelleux et les draps sont d’un bleu électrique. Ça sent bon, enfin ça sentl’homme, le vrai. C’est le genre d’odeur qui marque et reste en mémoire.J’essaiedefaireletridansmatêtepourcomprendrecequim’estarrivé.Jemerevoism’enfuirdelasoirée,puiscouriràtraverslebois,maisaprès,c’estassezflou.Tandisque jeme triture lesméninges,celles-ciseconnectentenfinet lessouvenirsmereviennentenforce.L’angoisse.Lapeur.Lasensationd’êtreépiéeetmêmesuivie.Puismachuteetcettedouleurhorribleàl’épaule.
Instinctivement, je dégagemes cheveux etme dévisse le cou pour regarderl’endroitenquestion.Lamarqueestbeletbienlà.Jelatouchedemesdoigtsetalors que je devrais avoir mal, je ne ressens aucune douleur. La peau s’estreferméemais jeporte lamarqued’unemorsure,commeunecicatrice,elleestancrée dans ma chair. Mon cœur accélère ses battements et mes poumonspeinentàseremplird’air.Mavisionsebrouilleetmesoreillesbourdonnent.Lesoufflecourt,jesuisincapabledecontrôlermapanique.—Calme-toi!Cet ordre donné sans ménagement résonne dans la pièce et me ramène
brutalementsurTerre.Denouveau,jeportemonregardsurKaydyquicettefois-ci est bien éveillé. Il me fixe comme si j’étais une folle, ou alors, comme sij’étaisunanimalsauvageprêtàl’attaquer,cequin’estpasloind’êtrelaréalité.Je ressens une certaine rage pour le moins inexplicable et elle n’est dirigéequ’envers lui,maiscommenoussommesseulsdanscettepièce, j’imaginequec’esttoutàfaitnormal.—Qu’est-cequim’estarrivé?Enentendantmaquestion,iltiltetsabouchesecrispe.Çanesentpasbon!Ilsecontentedefixerlemurderrièremoietçamedonneenviedelefrapper.— Tu vas me dire, dégénéré !! Pourquoi je suis ici, avec toi ? Tu m’as
enlevée!!—Tuarrêtesdedélirer!Jen’aipasqueçaàfoutredetekidnapper.Tucrois
quoi,toi?Quejesuiscontentdet’avoirici?Turêveslà!—Jem’envais!Jecommenceàmeleverdulit,maisdèsquemespiedstouchentlesol,jesuis
prisedevertigesets’iln’avaitpasbondidesachaisepourvenirmesoutenir,jemeseraisétaléecommeunecrêpesurlesol.Ilm’obligeàm’asseoirpuisfaitdemêmeenreprenantsaplaced’origine.Maiscettefois-ci,ilm’observemoi.Sesyeuxbleussontsifoncésqu’ilsparaissentêtrenoirs.—Qu’est-cequim’estarrivéKaydy?Réponds,oujetejurequejetefousun
coupdepied!— Tu ne tiens même pas sur tes jambes et tu crois sérieusement que tu
arriveraisàmetoucher?Jesuistroprapidepourtoi.Avantmêmequetupensesàlevertajambe,j’auraidéjàparétoncoup.—Peut-être,peut-êtrepas,tuveuxqu’onfasseunessai?—Bon,écoute,jen’aipaslaforcedemeprendrelatêteavectoi.—Trèsbien,alorscrachelemorceauquejepuisserentrerchezmoi.
—Tunepeuxpas…—Quoi?Commentça?demandé-je,révoltéeparcetteannonce.—Tun’esplusensécuritédehors.—Hein…Que…—Bon,tumelaissesparlerouiounon?Tuesvraimentcasse-couilles,toi!—Ettoi,tuesunconnard!Ilsereculeaufonddesachaise,posesonpiedsursonautregenouetcroise
lesbras,pasdutoutimpressionnéparmoninsulte.Enmêmetemps,c’estKaydy,leroiducampus,personneneluifaitpeur.—Jevais attendreque tuaies épuisé toute ta salive,mêmesi crois-moi, ça
m’encoûte.—Kaydy,j’aiétéattaquéeparunebête,mordue,j’aibesoind’unmédecin.Je
doisaussirentrerchezmoietpuis,j’aicours!Madisparitionnevapaspasserinaperçue.—Jet’aiditquetunepouvaispassortir,pastouteseule,plusmaintenant.Et
pourlemédecin,tun’espasendangerettamorsureatotalementcicatrisé.—Commentlesais-tu?Tum’asreluquéependantquejedormais?Jesuisrévoltéeà l’idéequ’ilaitprofitédemonsommeilcomateuxpourme
mater,mais enmême temps et je ne l’avouerai jamais, j’appréciequ’il se soitinquiétépourmoi,aupointderegarderlablessure.— Ma mère l’a inspectée. Elle est normale comme toutes celles des
compagnes.Tune…—Attends, attends, pourquoi tume parles de tamère et surtout, c’est quoi
cettehistoiredecompagne???—Ohputain,cen’estpasgagné…Jenesaispasfaireça,moi!déclare-t-il
pluspourluiquepourmoivisiblement.—J’enaimarre,jem’envais.Cette fois-ci, j’arrive à me lever sans manquer de m’évanouir. Tandis que
j’avancedequelquespasverslaporte,lamaindeKaydyseposesurmanuque.Sesdoigtss’enroulentautouretjecomprendsinstinctivementqueparcegeste,ilveutmesoumettre.Unesensationdepuissancemefrappedepleinfouetetenunclaquementdedoigts,jemeretourne,lepoussecontrelemurleplusproche,etl’attrapeparlagorge.Moncorpsestaniméparunfeuindescriptible.Tousmesmusclesbourdonnentdecetteénergie folle,unsoncaverneux remonteduplusprofonddemonêtreets’échappedemaboucheenmêmetempsquemamenace.—Tunemetouchespas!Sousmesyeux,lessienssemodifient.Lapupillesedilateetlebleuchangede
teinte.Ilsefaitencoreplusmenaçant,etpourtant,àcemomentprécisquelquechoses’agiteau fonddemoi.Mapartie sombre,celledont j’ainié l’existencejusqu’àma rencontre avec lui, émerge, elle aussi. Incapable de la retenir, elles’impose àmoi comme une révélation divine. Elle devientmoi, et je devienselle.LesyeuxdeKaydys’illuminentd’unelueurjoyeuseetjeressenségalementunejoieimmenseainsiqu’uneboufféededésirbrut.Elleparalysemesmembresetmelaissecomplètementsonnée.MaprisesedesserreetKaydyenprofitepoursedélogerdecontrelemur.Ilsemetàfairelescentpasdanslapiècependantquejesuisincapabledecomprendrecequivientdesepasser.—Putain!Il est complètement perdu dans ses pensées et je profite de son inattention
pour me décider. Doucement, en faisant le moins de bruit possible, je merapproche de la porte. La main sur la poignée, je commence à la tournerminutieusement pour ne pas attirer son attention. Dès que celle-ci cède, jem’élancedanslecouloirencourant.—Merde!LavoixdeKaydyrésonnederrièremoi,maisjenem’arrêtepas.Jedétalevite,
maismestoppenetenarrivantdanscequiressembleàunsalon.Sixpersonnessontassisesdansd’immensescanapésetselèventenmevoyantdébarquer.Ilyalà,lestroisautrespotesdeKaydy,uncoupleâgéd’unecinquantained’annéesetunefillequidoitavoiràpeuprèsmonâge.Aprèsunexamenrapide,jeremarquelaressemblanceentrelafemmeetlafilletandisqueKaydyestleportraitcrachédel’homme.C’estdoncsesparents…Maispourquoi?Ilsmeregardenttouscommesij’allaisdéchiqueterlepremiervenu.Debout,
en pleinmilieu du salon, je n’ose plus bouger. Je ressens leurs diverses aurasjusqu’auplusprofonddemachair.C’estcommesi,j’étaisbranchéeendirectsureux.Meute!Cettevoix résonnedansma tête, j’essaiede la faire taire,mais sans succès.
Elle répète encore et encore le même mot, comme si pour elle, il avait unvéritablesens.Tandisquepourmoi,c’est tout l’inverse. Jenecomprendsplusrien.Maforcem’abandonneetjesuisobligéedem’appuyercontrelemur.—Viensonvas’asseoir,tudoisavoirfaim.Le ton utilisé est gentil et attentionné ce qui est tout l’opposé de celui
qu’emploieKaydyàl’accoutuméeavecmoi.Jetantunregardsurmoncôtédroit,
je le découvre appuyé contre l’encadrement de la porte. Comme je ne bougetoujours pas, il me rejoint, se saisit de mon coude et m’entraîne vers uneimmensetableenchêne.Ilmeforceàm’asseoirsurundesbancsetcommenceàfarfouillerdanslefrigo.Apeurée,jerestebiensagemêmelorsquejevoislerestedespersonnesprésentesdans lapièceprendreplaceautourde la table.Peudetemps après, un café brûlant apparaît devantmoi ainsi qu’un sandwich.Ayantl’estomacnoué, jepousse l’assiette etmecontenteducafé.La têtebaissée, jetrouvelecouragededemander.—Quelqu’unpeutm’expliquercequ’ilsepasseici?Je sens leurs différents regards posés surmoi et celame déstabilise encore
plus.JesaisqueKaydys’estinstalléenface,sonodeurmeparvientpar-dessustouteslesautres.Medécidant,jerelèvelatêteetplongemesyeuxdanslessiens.Il tentedemedominer, je le sais,maiscommed’habitude, jene lâche rien, jel’affrontesanscourberledos.J’entendsbiendeshoquetsstupéfaits,maisjen’entienspascompte.—Tun’espasunehumainenormale!Cequ’ilmeditmechoqueprofondémentetbizarrement,jeleprendscomme
uneinsulte.—Non,maistuteprendspourqui,toi?—Tuvoulaissavoir,non?—Jeveuxqu’onmedisecequim’estarrivéhiersoir,pasqu’onmesortedes
saladesdescientifiquefou.—Cen’estpasdesmythos.Tun’espashumainedumoins, tune l’esplus
depuiscettenuit.Tuasétémarquée.Tufaispartiedenotremeute.—Jenevoispasenquoi,lefaitd’avoirétémordueparunanimalsauvageme
faitrentrerdansvotreclubdetarés.—Cen’estpasunclub…—Appelle ça comme tuveux,unboys-band,peu importe,mais jeneveux
pasfairepartiedevotre«meute».—Vousvoyezcommeelleestcasse-couilles…annonce-t-ilauxautresenles
regardanttouràtour.Quelqu’unneveutpassedévouerpourm’aider??—Non,démerde-toi,mec!—MerciShep!Maman?River?Savana?Cettedernièrelâcheunrireavantdeluirépondrenarquoisement.—Ahçanon,jetrouvetrèsdrôledevousvoirvousengueuler.Continuez!—Pfff,Papa?L’homme assis sur une chaise en bout de table me jette à peine un regard
avantdecroiserlesbrasetdes’adosseràsondossier.—Non,jet’aiditcequej’enpensaiscettenuit.Jenesuispasd’accord,mais
onnepeutpasrevenirsurunliend’union.C’esttacompagne,c’estàtoidelagérer.Encoreunefois,cemot«compagne»estemployé.J’encomprendslesens,
maismoninstinctmeditquec’estloindeselimiterqu’àça.—Bon,OK!Comme,jesuistombéesurunenanatimbrée,jevaisyaller
cash.Tuasétémordueparunloup-garouetcommetuassurvécuàlamorsure,tuenesune,toiaussi.Bienvenuedansnotremonde!!!annonce-t-iljoyeusementtoutenlevantlesbrasauciel.Aprèsunmomentàavoirlaboucheouverte,j’explosederire.Pliéeendeux,
j’enpleure tellement je trouve ça complètement fou.Mais bienvite, je réalisequepersonned’autrequemoinesemarre.Jesuislaseuleetcelamecalmetoutdesuite.Jedévisagetoutlemondetoutendemandant.—C’estuneblague?Vousmefaitesmarcher…Cen’estpaspossible!Jesecouelatêtetoutenfaisantnond’ungestedelamain.—Bon,vas-yShep,montre-lui.—Pourquoimoi?Fais-le-toi!—Shep…—Pff d’accord,mais tume rembourseras les fringues ! Putain, un fut tout
neuf!Il se lève du banc, me regarde et memurmure « Désolé Julis ». Puis, des
bruitsd’osquicraquentsefontentendre,lecorpsdeShepsecourbeenavant,ilsepositionneàquatrepattesetenunclignementdepaupières,unimmenseloupapparaîtàsaplace.Complètementpaniquée,jepousseuncrihystériquetoutenbondissant du banc. Je recule le plus loin possible, me colle au mur le plusprocheettentepartouslesmoyensdemefondrecontrelui.Jen’arrivepasàmecalmer, la peurme tétanise et un hurlement sort dema bouche en continu. Jen’osepascroirecequej’aienfacedemoi.C’esttoutsimplementimpossible!Jesaiscequemesyeuxvoient,maisjenepeuxpasacceptercetteréalité.Le
genrederéalitéoùunmecdemafacsetransformeenunesorted’immenseloup.Celadépasseclairementl’entendement.—Kaydy,transforme-toi.—Çavaaggraverletruc!—Non,vousêtesunis,enfin,dumoinsvosloups.Letiensauralacalmer.J’entends laconversation,mais jenepeuxyprendrepart. Je restecolléeau
muràfixerleloupquitourneenrondàunmètredemoi.Ilal’airhabile,vif,sesmouvementssontcalculésetvisiblement,ils’impatiente.Denouveau,j’entendsdesbruitsd’osquisebrisentetmapaniqueredouble.Incapabledetenirdeboutpluslongtemps,jemelaisseglisserausol.Lesgenouxremontéstoutcontremapoitrine,mesnerfslâchentpourdebon.Deslarmesenvahissentmesyeuxetsedéversentlelongdemesjoues.Toutça,esttroppourmoi.Endeuxsemainesàpeine, j’ai tout perdu, j’ai vu ma vie partir à vau-l’eau. Tout ce en quoi jecroyais,n’existeplusetjemesensjusteépuisée.Unesensationhumidesurmonfrontainsiqu’unsoufflechaudmefontrelever
levisage.Unénormeloupblancavecdesyeuxd’unbleuélectriquemefixeavecattention.Assissursespattesarrière,ilpatientesansjamaismequitterduregard.Faceàlui,jen’aipaspeur.J’ailaconvictionprofondequ’ilnemeferajamaisdemalbienaucontraire.Mien!Cette voix s’infiltre encore en moi et me calme automatiquement. Sans
pouvoirmeretenir,jelèvelamainetlaposesurledessusdesatête.Lespoilssontdouxentremesdoigtset jereste interditefaceàceblancaussipurquelaneige.Leloups’avanceetvientnichersonmuseaucontremoncou.Jesenssonsouffle sur ma peau et cela me provoque des chatouilles. Instinctivement, jefrottemajouecontrelasienneetjel’enlace.Nousrestonsainsijusqu’àcequejerompel’étreinte.Leloupmedonneuncoupdelanguesurleslèvres,serecule,etcommeprécédemment,enunbattementdecils,illaisselaplaceàunKaydynucommeunvers.Jedétourneleregardaveclerougeauxjoues.J’aieubeauagirvite,saplastiqueplusqu’alléchantenem’apaslaisséeindifférente.—Tumecroismaintenant?Forcée de constater qu’il disait la vérité, je ne peux qu’acquiescer d’un
hochementdementon.—Julis!—Quoi?—Regarde-moi!—Quandtuserashabillé,dis-jeenledésignantavecmondoigtalorsqueje
fixetoujourslesol.—Tuvasdevoirt’yhabituer.Nouslesloups,nousnesommespaspudiques.Mabouchesetordenunsourireécœurécequilefaitrire.—Tuesprêtepourlasuite?Jen’aipasenviequeturecommencesàchialer.J’ignoresadeuxièmerépliquesarcastiqueetmeconcentresurlapremière.—Ilyaunesuite?Parcequeçadéjà,c’estpasmal!
—Euh…(Kaydyquiperdsesmoyens,c’estunvéritablescoop!Mais ilsereprendetpoursuit.)Oui,oui.Ça,cen’étaitquelesommetdel’iceberg.—Super!OùestJack?—Quoi?— Ben tu parles d’iceberg, alors moi je te parle de Jack comme dans
Titanic…—Maisputain,tuteconcentresoui!— Je suis concentrée, je te demande juste quand est-ce que le bateau va
couler…—Ahah,quifaitunefournéedepop-corn?Jesensqu’onvabiensemarrer
encore.Vousformezuncoupletropmignon,voussavez!Kaydyetmoirépondonsensemble,d’unemêmevoix:—Nousnesommespasuncouple!!!
Chapitre10
KaydyAprès avoir affirmé que nous n’étions pas un couple, Julis se lève et repart
s’installeràtabletandisquejemerhabille.—Bon,explique-moilereste.Jereprendsmaplaced’originetoutensoupirant.Jesaisquelasuitenevapas
luiplaire.—Tuasétémordue…—Oui,ça,jelesais.—Normalement,chezleshumains,lamorsureestfatale.Elleretientsonsouffleavantderétorquer.—J’auraispumourir??—Oui!—Tuasditquejen’étaispasunehumainenormale,çaveutdirequoi?—Tuasunelouvetoiaussi,oudumoinstuasdesgènes.C’estpourçaquetu
assurvécu.—Non, je ne suis pas comme vous… Je le saurais si j’en étais une, enfin
j’imagine.—Tu…—Jetedisquejelesaurais!Discuteravecelles’avèretropcompliqué.Unemigrainecommenceàpulser
derrière mes yeux et me laboure le crâne. Fatigué, je me frotte les paupièresavantdepoursuivre.—Je…Enfinnouspensonsquetuesunemétisse.—C’estquoiça?—Tun’esqu’àmoitiémétamorphe.—Métaquoi?—C’estletermequinousqualifienouslesgarous.Bref…—Maisnonpasbref,putain!Jenecomprendsrienàcequetumedis!!!—Bordel,tuvasmelaisserparler!Maman,s’ilteplaît,aide-moiparceque
là,jevaiscraquer,jedéclareàmamèrealorsquecelle-cisouritdoucement.ElledétourneleregardetseconcentresurJulis.D’unevoixcalmeetmaternelle,elleprendmasuite.—Notremondeestcomplexe,nousvivonsàpartdesautresetnousaimons
resterentrenous.Cheznous,laloyauté,lerespectetlesliensd’unionssontles
basesdenosfondements.—C’estquoilesliensd’unions?— Nous avons ce qu’on appelle nos âmes sœurs. Nos loups sont des
prédateursavanttoutetc’estinscritdansleursADNdetrouverleurautremoitié.—L’amour…murmureJulistoutenbaissantlatête.— C’est bien plus complexe que ça. Le lien d’union entre loups est
incassable,ilseforgeetprendvieàlabasemêmedenosgènes.Uncoupledeloups unis, ressent tout ce que l’autre ressent. Ils sont étroitement liés et nepeuventpasvivrel’unsansl’autre.Ilssontlesdeuxfacesd’unemêmepièce.Ilsformentuntout.—D’accord,c’estunetrèsbellehistoire,maisqu’est-cequecelavientfaire
là?—Lorsqu’un loupmordunautre louppour lapremière fois làoù tu as été
mordue,quec’estsonâmesœur,ils’unitàlui.Ilcréelelien…JevoisJulispâliraufuretàmesurequemamèretentedeluiexpliquer.Son
cerveaus’emploieàassemblerlespiècesetàl’instantmêmeoùlalumièresefaitdanssatête,sonvisagevireaurougesang.Elleselèved’unbondetcommenceà déambuler devant la table.Agitée, elle se triture les doigts puis, se pince laboucheavantderecommenceràs’arracherlescuticules.—Non!!!Elle finit par exploser.Elle se stoppe net devant nous et fixemamère sans
sourciller.—Onm’amordue,cequiveutdirequejesuisunie,enfinleloups’estunià
moi…C’estça?—Oui.—C’estimpossible…Que…OhmonDieu!Lessoupirsquiviennentaprèssadéclarationmeprouventquejenesuispasle
seulàperdrepatience.Lanuitaétédifficilepour tout lemondeetnousavonsjusteenviedenousreposer.Eneffet,jen’aipresquepasdormi.Aprèsêtreentrédanslebureaudemonpère,etavoiravouécequej’avaisfait,celui-ciestrestésilencieuxunmoment.J’imaginequ’ilaeudumalàréaliserquesonfils,celuiquiestcenséluisuccéderauposted’Alpha,leposteleplusrespectédelameute,venaitdes’uniravecunefillesortiedenullepart.Maisbizarrement,alorsquejepensaisqu’ilallaitmevirerdelameute,ilasoupiréavantdeseleveretd’allerréveiller ma mère. Ce qui a posé problème, c’est le fait que j’ai annoncéd’emblée que je ne la prendrais pas pour compagne. Mes parents se sontregardés sidérés avant deme fixer outrés. J’avoue que c’est inédit au sein de
notremeute.Maiscomme je leuraiexpliqué,c’estmon loupquis’estunipasmoi!!Enfinçanechangerienauproblème,jemeretrouveavecunbouletaupiedet
jedétesteça!—Pourtant,c’estlastrictevérité…—Prouvez-le!—Kaydymonchéri,tuveuxbienmontreràtacompagne…— Attendez… C’est toi qui m’as attaquée ??? me demande-t-elle en me
fusillantdu regard. Je suis tentédeme soustraire à sesyeux,mais encoreunefois,cen’estpasdansmeshabitudes.—Oui!avoué-jed’unevoixforteetimplacable.Enunefractiondeseconde,ellese jettesurmoietcommenceàmefrapper.
Elleymettoutsaforceetréussitàmefairebasculerdubanc.Ons’écraseausoletmatêteestlapremièreàmorfler.Sanss’arrêter,elles’assoitàcalifourchonsurmoietcontinuesonmanège.D’ungestehabile,jeluiattrapelespoignetsetlesmaintiensavecforce.Ellenesestoppepasetpoursuitavecsesdents.Elletentedememordre à son tour et j’arrive in extremis à y échapper. Je basculemonbassin, la déséquilibre puis je prends position sur elle en lui maintenant lespoignetsau-dessusdelatête.—Putain,maiscalme-toi!Commejevoisquemonordrenemarchepas,jelaissemonloupémergerun
peuetavec, je libèreungrognement. Il s’estpeut-êtreuniàelleet il fera toutpourlaprotéger,maisenaucuncas,illalaisseraledominer.Iln’estpascontentetaplusqu’enviedelamarquerdenouveaupourqu’ellecomprenneàquielleappartient.LecorpsdeJuliss’immobiled’uncoupetc’estaveclesoufflecourtqu’elleplongeenfinsesyeuxdanslesmiens.L’énergiequinousliecrépiteavantde se diffuser partout dans nos corps, très très proches. Une bouffée de désirm’envahit.Sanspouvoirmeretenir,jememetsàdévorersaboucheduregard.Lamiennemedémangeetdes idéesplusquesalacess’infiltrentdansma tête.Marespirations’accélèreetmonsanginfluedirectementversunecertainepartiedemonanatomie.—C’estbon,t’escalmée?luidemandé-jed’unevoixgutturale.Mêmeàmes
propres oreilles, j’entends le désir contenu dedans. Elle avale sa salivedifficilement avant de hocher la tête. Je la libère donc et reprendsma place àtable.Puis,jecontinuecommesiriennes’étaitpassé.—Commemonloupt’amordue,ils’estuniàtoi.Pourluietcedepuisnotre
rencontre,tuessafemelle,cequiveutdirequ’onpartagedorénavantunlien.Je
nesuispascontentnonplusetsij’avaiseulechoix,jenet’auraisjamaischoisiecommecompagnepourmonloup,maismalheureusement,ilafaitunefixettesurtoi.—Jenesaismêmeplusquoidire…— Alors, ferme-la ! je lâche, énervé. J’en ai franchement marre de cette
discussionquis’éternise.— Tu es… Ahahah, je vais m’abstenir de t’insulter devant ta famille.
D’ailleurs,excusez-moipourcettecrise.—Cen’estpasgrave,annoncemamère—Est-cequejepeuxrentrerchezmoimaintenant?Elleestconneouquoi?—Jet’aiditquetunepouvaispas!—Écoute,j’enaimarrelà,jesuisfatiguéeetj’aibesoindesouffler.Jenevois
paspourquoijenepourraispasrentreraucampus.—Parcequetuportesmonodeur…Sesyeuxs’écarquillentd’effroiavantqu’ellenesemetteàserenifler.—Que…—Touslesautresmétamorphesdèsqu’ilsteverrontsaurontquetut’esliéeà
unloup.C’estdangereuxd’êtreseule,tuesuneciblefacile.C’estpourcelaquel’onvitenmeute.—Maisj’aimavie,jenepeuxpaspartircommeça.—Onneteditpasdepartir,maisderesteravecnous.—Etsijerefuse,vousallezmeséquestrer?—Non.—Bonvoilà,ladiscussionestclose,jeveuxrentrer!Jereportemonregardversmonpèrequiaprèsavoirsoupiré,hochelatête.Lui
aussidoitenavoirmarre.Commentnepaslecomprendre?Cettefilleserévèleêtrehorriblementchiante.—OK,onvateramenersurlecampus.—Pourquoi?Onestoùlà?—Surnotreterritoire.Elleouvrelabouche,maisfinitparlarefermeravantdelarouvrirdenouveau.—Jevaism’abstenirdeposerplusdequestions.—Jevaischerchersesaffairesdanstachambre.Savana se lèved’unbondet court jusqu’àmapiaule et en revient avecune
vesteetunsacàmain.Julislaremercieavantderegardertoutlemonde.
—Euh…MercilamamandeKaydydem’avoirsoigné.Aurevoir.Puisellerejointlaported’entrée.—Attends-moidehorsetsurtoutneparleàpersonne.Elle obéit pour une fois et dès qu’elle quitte la pièce, jeme tournevers les
autres.—Qu’est-cequejefais?Onnepeutpaslalaisserseulesurlecampus.Monpères’exprimepourlapremièrefoisdepuislaveille.—Vousautres,êtesencoursavecelle,vouslaprotégerez.Ettonliend’union
t’informerasiellecourtundangerquelconque.Enattendant,vousallezenclassenormalement.—C’esttout?—Qu’est-cequetuveuxdeplusKaydy?Tucroisquetun’enaspasassez
faitdéjà?Tuasprispourcompagneunefemellequ’àmoitié louve(Ilditcelaavecunemineécœurée.).Elleestcertesdominanteetellearriveàtetenirtête,mais elle n’a pas l’étoffe pour être une femelle Alpha. Elle ne se transformepresquepas.Seulssesyeuxetsesongleschangent.Ellen’arriverapasàasseoirsonpouvoirauseindelameute.—Chéri…(Mamèreposesamainsurlebrasdemonpèreetàsoncontact,
celui-cisedérideunpeu.)Ilspeuventl’entraîner.Nepaspouvoirsetransformer,neveutpasdireêtrefaible.Êtrelatentn’estpasunetare.—Jelesais,maiselle…—Elles’ensortira!j’affirmesanspouvoirmeretenir.Onl’entraînera.Àtour
derôle,onluiapprendraàsedéfendre.—D’accord,River, Shep,Tij, vous suivez en cemoment l’entraînement en
vuedevosfuturspostesdanslameute.Vousvouschargerezdusien.—Etmoi?—Toi,tuestropimpliqué.—Cen’estpasvrai!!—Pensecequetuveux,berce-toid’illusions,maistuvasécoutermonordre.
Ramenez-lachezelle,etallezencours,enfinàceuxdontvouspouvezencoreallervul’heuretardive.Surce,ilsortdelapiècetandisquemamèreetmasœurpartentchacunede
leurscôtés.—Bon,onseretrouvedehorsdanscinqminutes?—Ouais…Aprèsavoir émis leurs accords, les troispartentde leurs côtéspourprendre
leursaffairesdecours.J’enfaisautantavantderejoindreJulis.Elleestappuyée
contremavoitureetattends.Dèsquej’arriveàsahauteur,ellemefoudroieduregard.—Mabatteriedetéléphoneestàplat.—Etalors?dis-jeensoulevantlesépaules.—Etalors,jenepeuxmêmepasvoirsimesamism’ontappelée!—Tun’aspasd’amis.Jel’aiditplusméchammentquejelevoulais,etpourtantc’estlastrictevérité.
Àcequejesais,ellerestetouteseuleetneparleàpersonne,pasdepuisl’histoireavecsonex.Maisunequestionmeturlupine.Quefaisait-elledanslesboisenpleinenuit?—JesuisalléeàunefêtedesKappa.Cen’estquelorsqu’ellemerépondquejeréaliseavoirpenséàvoixhaute.—T’yasétéavecqui?—AvecAstin.—Etilt’alaisséerentrerseule?—Non,enfinoui,maisc’estcompliqué.Bref,onpeutjustepartir?—OK,maisgardelesilence,jen’enpeuxplusd’entendretavoix!Ellemefaitundoigtd’honneuravantdegrimperdansmon4x4.Elles’installe
àlaplacepassageretrestemuette.Mêmequandlesautress’engouffrentdanslavoiture et que nous faisons le chemin jusqu’au campus. Alors que c’est unedemandedemapart, je trouvesonsilenceangoissantetàplusieursreprises, jeme surprends à consulterdansnotre lienpour connaître ses émotions.Elle estperdue,tristeetbouleversée.Jedevraisl’aider,jelesaisetmonloupenaenvie,maispasmoi.Jen’enairienàbattre…Enfin,j’aimeraisquecesoitlecas.
Chapitre11
JulisLecoudeappuyécontrelavitre,etlajouedanslapaumedemamain,jeme
contentedefixerlepaysagequidéfile.Ensilence,j’essaiedefairedisparaîtreladernière heure qui vient de s’écouler et j’iraimême jusqu’à dire les dernièresvingt-quatreheures.Mavieestuncauchemar!!Déjà,jesurprendsmameilleureamieavecmonmecaulit.Puisjem’attirelesfoudresdescaïdsdelafac.Enplus pour couronner le tout, cesmêmes caïds se révèlent être des demi-
loups.Etpourbienenfoncerleclou,commesitoutcelanesuffisaitpas,l’und’eux,
enfinsonloup,m’amorduepourmemarquercommeonmarqueunevache.Jemeretrouvedoncàpartagerunlienplusquebizarreavecungrosloupblancetsurtoutavecsonautremoitiéquiluiestungrosconnard.J’ai beau avoir vu demes propres yeux, les deuxmecs se transformer à la
« Transformers », je n’arrive pas à y croire. Ou du moins, je tente de mepersuaderquejesuisentrainderêver.Oui,voilà,jesuisendormie!Parce que, ce genre de chose ça n’existe pas en dehors d’un film au box-
office.Mon cerveau analyse encore et encore les images pendant que différentes
explicationstournentenboucledansmatête.Mapartrationnellerejetteenbloctout ce que j’ai découvert, mais mon autre côté, le plus sombre chez moi,éprouveunejoieimmense.Commes’ilavaitattenduenrentraitqu’unjour,jelelibère de ses chaînes. Je ne sais pas, je perds très certainement la boule.Maiscomment m’en vouloir ? En très peu de temps, j’ai subi beaucoup de stress.J’éprouvepeut-êtreungenredestresspost-traumatique,quisait?Jesuispeut-êtrebonneàenfermer.Mien!Cette voix m’envahit de nouveau et avec elle une sorte de tension. C’est
commeunfilqui remonterait le longdemoncorps.Celui-ciestbrûlant, ilmeréchauffe de l’intérieur alors que je me sens glacée jusqu’aux os.Instinctivement, je me concentre et m’appuie dessus. Il m’aide à sortir de cemaelstromd’émotions.Sanspouvoirmeretenir, je ferme lesyeuxetme laisse
allerdanslesiège.Lasensationesttellementapaisante,j’ail’impressionqu’onentreenmoietqu’onmeréconforte.Jemesenslibéréed’unpoidsetunsoupirdétendufiltreentremeslèvres.Un son de gorge me fait sortir de ma béatitude. Mes paupières s’ouvrent
brutalementetjetournelatêteendirectiondeKaydy.Sonvisageestpâleetsamâchoireestsiserréequ’ildoits’enfairemalauxdents.—Çanevapas?Pourquoiai-jeposécettequestion?Qu’est-cequej’enaiàfairedesonétat?Alorsmêmequejemeposecesquestionsàmoi-même,laréponsesetrouve
d’elle-mêmeégalement.Toutsimplementparcequ’unepartdemoi,estattachéeàlui,oudumoinsàunepartdelui.Partonsduprincipequetoutcelaestvrai,queKaydysoitunloup-garouetquej’ensuisuneaussi,celaveutdirequenoussommesdeuxdansnoscorps.Cequidonnequatreentités àpart entière.Àcequej’aicompris,deuxdenosentitéssesontunies.Doncunepartdemoiestunieàunepartdeluitandisquelesdeuxpartsrestantessedétestent.C’est…Toutsimplementfouetencorelemotestfaible!Jenel’aimepasetleméprisemême,etpourtant,dansunautresens,c’estle
«compagnon»demonautrecôté.Çamedonnemalàlatête!—Non,çanevapasquandjetesenspuiserenmoi.Denouveau,ils’exprimecommesijeledégoûtaisprofondément.—Commentça?—Tuestellementpauméedanstatêtequeçaadesrépercussionssurmoi.Tu
tesersdenotreliencommeunpêcheuravecsaligne.Jem’étrangleavecmasaliveavantdeluirétorquertoutaussiméchamment.—Cen’estpasmafaute!Jenet’airiendemandé!!—C’estmonloup!!Ils’agite,ilsentquetunevaspasbien.Ilmegriffede
l’intérieur,ilveutêtreavectoi.—ÉcouteAlien,jen’ypeuxriensitonlouptegriffeoujenesaispasquoi!
Jefaiscequejepeuxpouracceptercequetoiettafamillem’avezappris.—Cen’estpasassez!—Ben,c’esttoutcequetuauraspourl’instant!—Jen’aipasenviedesouffriràcausetoi…—Çatombebienparcequejeneleveuxpasnonplus.—Maisjen’aipaslechoix!—Çafallaitypenseravantdememordre!
—Cen’estpasmoi,maismonloup!Jesoupireetpourunefois,capitulefaceàcettediscussionsansfin.—Écoute,onnes’aimepas,alorsjeproposequ’onévitedeseparlerleplus
possible.Restedanstoncoinetjeresteraidanslemien.Lecampusestgrand,onpeutfaireensortedenepassecroiser.—Cen’estpaspossible…—Maisputain,pourquoi?Qu’est-cequetuvasmesortirencore?Jenecours
pasundangersurlecampusàpartaveclabouffedelacafétéria.—Monpèreveutquetut’entraînesavecShep,RiveretTij.— Quoi ? demandé-je, surprise, tout en jetant un coup d’œil aux mecs
silencieuxassisàl’arrière.—Ilssuiventl’entraînementpourdevenirlieutenantsetBêtadelameuteet…—C’estquoiça?—Merde,maistuvasarrêterdemecoupertoutletempslaparole!—Excuse-moideneriencapteràcequetumeracontes!Maissituveuxla
prochaine fois, je ferais en sorte de hocher la tête et de sourire niaisementcommelesfillespotichesquetudoistetaper.Commeça,çaneteperturberapastrop.Alorsmêmequecepicsortdemabouche,jeleregrette.Jesaisd’embléequ’il
valeprendrecommedelajalousiedemapart.Alorsquepasdutout!Jenesaispasquelgenredefilleilaime,nimêmes’ilaimelesnanasengénéral.Quoiquetoutàl’heure,quandj’étaisallongéesouslui,j’aibienressenticetteboufféededésir.Ellenousaenvahisd’uncoupetsonregardadéviéversmeslèvres.Ilsefaisaitgourmand,envieux.Jesaisqu’ilavaitenviedem’embrasseretpourêtretout à fait honnête, je ne l’aurais pas repoussé. Je croismême que j’aurai puapprécierdelesentirdavantagecolléàmoi.Cequiprouvetoutel’étenduedemafolie.Jeledéteste,maisj’aieuenviequ’ilm’embrasse.Est-cepossiblequecesémotionsviennentdemasoi-disantpart«louve»?Jen’ensaisfoutrementrien!De toute manière, je ne suis au courant de rien et dès que j’ose poser des
questions,Kaydymerembarretoutdesuite.Ilmejetteuncoupd’œilavantdesecontenterdefixerlaroute.Pourmapart,
je reparsdans la contemplationdupaysage tout enpriantpourque le trajet sefinisserapidement.Parchance,dixminutesplustard,jesuisenfinlibre.Kaydygarelavoituresur
leparkingréservéauxétudiantsetjebondisdemonsiège.Jen’aimêmepasfait
quatrepasquesavoixclaquedansmondos.—Julis!Jesoupireavantdemeretourner.Lesquatremecssontsortisdel’habitacleet
se tiennent debout àme fixer. Sous leur examen détaillé, jeme sens petite etfaible.Bienque jeportedesvêtements jolis, j’aipassé lamoitiéde la journéedansunétatprocheducomaetj’aidelaboueunpeupartoutsurmoi.Pourlecôtésexyettout,onrepassera!—Quoi??—Faisattention.—Ouiiiii, papa !!! dis-je d’une voix enfantine tout en lui faisant un doigt
d’honneur.Aprèscela,jefaisdemi-touretrejoinsrapidementmachambredanslebâtimentenface.JepousselaporteettrouveMawenallongéesursonlitavecunlivredansles
mains.Jem’appliqueàl’ignorer,detoutemanièrejen’aipaslechoixpuisqu’iln’yaplusdechambresurlecampus.D’ailleurs,celamefaitpenser,lananadubureau Teddy, est-ce elle aussi une méta, je ne sais pas quoi ? Parcequ’apparemment, il n’y a pas que des loups, alors je dois m’attendre à toutmaintenant. Qui sait, c’est peut-être…, une taupe-garou. Je vais demander àKaydy,ounon,plutôtàceShep,ilal’airplussympa.Jedevraisnoter,pournepasoublier.Précipitamment,jesorsuncarnetdemonsacetcommenceàécriretoutesles
questionsquimepassentparlatête.Certainessonttellementfolles,quej’enristouteseule.—Tuasl’aird’allerbien…Cette question prononcée sur un ton sarcastique me hérisse les poils. Je
refermemoncarnet,lerangedansmonsacetdaigneenfinposermonregardsurelle.—Qu’est-cequeçapeuttefaire?—Jedisjustequetuasl’aird’allerbien.—Çavamerci.Ettoi,tun’aspastropmalauxcuissesàforcedelesécarter
pourSmith?Mavulgaritéme surprend tout autantqu’elle,mais elle est la représentation
même demon côté sombre, celui qui s’est réveillé et grâce à lui, jeme sensforte. La colère et la haine enflent en moi au point où j’ai l’impression derespirerunairpollué.Messenssedécuplent,jeserretellementmespoingsquemesongless’enfoncentdansmachairpendantqu’uneenviedefrapperetmordremepercutedepleinfouet.Unsoninéditprendviedansmapoitrineetremonte
dansmagorge.J’essaiedeleréprimer,maisc’estcommetenterderetenirunrot,c’est douloureux et surtout inutile. J’éprouve une telle colère, que j’ail’impression de devenir quelqu’un ou plutôt quelque chose d’autre. Legrognements’échappeetrésonnepartoutdanslachambre.Mawensortlatêtedesonlivreetposesurmoidesyeuxécarquillés.Jemevoisagircommesij’étaisàl’extérieur de mon corps. J’avance, me positionne devant elle, et tout en luisaisissantlecou,jelâchemonauradedominance.Sonsouffledevientcourtetinstinctivement,ellebaisselesyeux.Bravefille!— Je pourrais te tuer ici et maintenant ! Je veux que tu gardes bien en
mémoire,quejamaisjenetepardonnerai.Alors,pourtonproprebien,évitedem’adresserlaparole!Suis-jeassezclaire?Ellehochenerveusementlatêteetc’estsatisfaitequejeretourneversmonlit.
Jel’entendsprendreunegranderespirationavantderassemblersesaffairesetdefoutre le camp. Je me décide à faire l’impasse sur mon dernier cours de lajournée.Àlaplace,jeprendsunedoucheetpassebienquinzebonnesminutesàtenterd’enlevercettemarquedemorsure.Maispeineperdue,celle-ciestancréedansmachairetyrestera.Parlasuite,j’enfilemonpyjamaetmeglissesousmacouetteavecmonordinateurportable.Épuiséeetcomplètementbouleversée, jen’arrivepas àmeconcentrer sur les images.Déclarant forfait, je refermemonPC,etéteins la lampedechevet.Dehors lesoleildécline toutdoucementet laluneémergeàsontour.Est-cequ’ilssesonttransformés?Ils sont peut-être en train de chasser des oiseaux ou je ne sais quels autres
animaux.Est-cequeçafaitmal?Desetransformer,jeveuxdire?Parceque lebruitdesos lorsqu’ilscassentestatroceàentendre,alors jene
veuxmêmepasimagineràvivre.Mince,etsimoiaussi,jemetransformais??Non,non,jeneveuxpas!!!Àcettepensée, lapaniquemefrappedepleinfouetet jemevoissecouer la
têtepourréfutercetteidée.C’esthorsdequestion,bonsang!!!Sanspouvoirlesretenir,leslarmescoulentlelongdemesjouesetbienvite,je
meretrouveàsangloter.Àl’abridansmachambre,jelaissecoursàmadétresse.Jeneveuxpasfairepartirdeleurmonde,jen’airiendécidé,onm’aforcéeetcen’estpasjuste!
Faux!C’estentoi,tun’ypeuxrien!Accepte-moi!Ànousdeux,onestfortes!Jemeconcentresurcettevoixcelledemalouvesij’encroistoutecettefoutue
histoire.Mêmesi j’aipeurd’ycroire, je suisbienobligéedevoir la réalitéenface.Jemesuistoujourssentiedifférente,sansencomprendrelesraisons.Etsic’étaitça?Sijen’étaisqu’àmoitiéhumaine,est-cequeçaexpliqueraitmafaçondemecomporter en société ? Jene sais pas, de toutemanière, je ne sais plusrien. Je suis perdue dans ma propre vie, tout ce en quoi je croyais, lesfondementsmêmedemonexistenceviennentd’êtreréduitsànéantet ilnemeresteplusquedesdécombres.Quisuis-je??Alpha!Encoreunmotdontjenesaisispaslesens.Jenevaispasavoirlechoix,jevaisdevoirdemanderdesconseilsauxautres
trousducul.Etpuis,ilsmedoiventbiença,puisquec’esteux,quim’ontmisedans cette situation. Sans eux et leurs stupides habitudes à harceler les autres,Kaydyoudumoinssonloup,nem’auraientpasrepérée.J’aiunpeucomprislediscours sur les âmes sœurs, bon j’avoue qu’encore une fois, je n’ai pas toutcapté,maisilyabienunechosequim’amarquée:uncoupleuniformeuntout.Maismoi,jeneformepasuntoutavecKaydy!Nos loupssesontpeut-êtrechoisis,maisnousnon.Alorsest-cequeçaveut
direquejesuisobligéedememettreencoupleaveclui?Parcequeça,c’esttoutsimplement hors dequestion !! J’admets qu’il est canon, et que lorsqu’il s’estcouchésurmoi,encoreunefois,j’aieuenviededéchiquetersesfringuesàcoupdegriffes.Mais alors, soncaractère, non, cen’est paspossible. Jen’ai jamaisrencontréunmeccommelui.Aussi….Ahahah, il n’y a même pas de mot assez fort pour dire à quel point il est
chiant.Derrière mes paupières closes apparaît l’image de Kaydy. J’essaie de me
concentrersur lahaineque je ressenspour lui,maismalheureusement,celanemarchepas.Unebouledechaleurprendplaceaucreuxdemesentraillesquandjeme rappelle son superbe corps.Cemec est tout simplement canon sans sesvêtements. L’envie de sentir sesmains surmoi, sa bouche sur lamienne, sesdentsmemordre à la base du cou,me saisit si vite que je n’arrive pas à leschasser.Moncœuraccélèresesbattementstandisquemespoumonspeinentàse
remplir d’air. Les yeux fermés, je suis prise au piège de ce désir si intense etparalysant. Mon corps s’enflamme. Je sens le lien s’échauffer, il est fort etpuissant. Et sans pouvoir y résister, je puise dedans, je m’en alimente et çanourritégalementmonbesoinde lui.Jeressenssachaleuret je jureraiquesesmainsmetouchent.Incapablederésister,jemelaissealler.J’acceptetotalementlelienetsurtoutleplaisirquejeressensgrâceàlui.
Chapitre12
KaydyLes mains serrées autour du volant, je n’arrive pas à calmer mon loup. Il
s’agite,tourneenrondetgrogne.Encoreunefois,ilressentladétressedeJulisetenrageàl’idéedenepaspouvoirl’aider.Pournepasmetransformeralorsquejeconduis,jemegaresurleborddelarouteetprendsquelquessecondespourrespirer. Fermant les yeux, jeme focalise sur le lien et sur elle. J’essaie de lacalmeràdistance.Çam’énerve,jeneveuxpasdevoirprendresoind’elle,maisje n’ai pas le choix. C’est soit ça, soit me transformer ce qui serait tropdangereuxpuisquejesuisseuletqu’ilfaitàpeinenuit.L’imagedeJulisapparaîtderrièremes paupières. Elle, allongée sousmoi, son corps collé aumien. Seslèvresd’unrosebonbonetsesyeuxd’unbleusiclairqu’ilsvirentauvert.Marespirations’emballe tandisque lebesoinde la fairemiennephysiquementmesaisit.Mesmainsmebrûlentetmabouchemedémange.L’enviedelatoucher,delacaresseretlapossédersontsifortesqu’ellesmefoudroientsurplace.Monsexeseraiditetmescouillessecontractent.Jesuistoutsimplementincapabledemeraisonner.Jelasenspuiserdansnotrelien,excitée,etcelaattiseencorepluslamienne.Monsoufflesefaitchaotique,moncœurs’agitedangereusementpendantque
mon loup hurle à l’intérieur. Il aime ce que nous faisons à cemomentmêmetandisquepourmapart,çamerévulse.Pourtant,jenepeuxm’arrêter.Cettefillem’insupporteetlaplupartdutemps,j’aienviedeluiscotcherlabouche,maislà,j’aijusteenviedelaprendre.Jeveuxl’embrasser,goûtersoncorps,ledévoreretlafairecrierdeplaisir.Jemesensbrûlant, jen’aiencorejamaisressentiunteldésir. C’est tout simplement irréel. Sans pouvoir me retenir, je m’abandonnecomplètement.Jem’affaledanslesiègeetjelaisseJulisprendretoutcequ’elleveutdemoi.Jeluioffretoutmêmesicelamedégoûte.Quandçasetermineenfin,jetranspire,mesmembressontagitésdespasmes
etjeneparlemêmepasdel’étatdemaqueue.Monexcitationneredescendpasbienaucontraire.Jebalancemonpoingdanslevolant.Merde!!!Putain!!!Jedétesteça,jedétesteêtreuni!J’aitoujoursétélibreetavoirunbouletaupiedmecasselescouilles.Maisle
pire,c’estquemonloupluiadorecela.Ilaimesesavoirliéàquelqu’unetveutquej’enfasseautant.Ellemepourritlaviecettefille!Etpourbienenfoncerleclou,jenepeuxmêmeplusmetaperuneautremeuf,
puisquelelienentrenosloups,mebrideauniveaudusexe.Engros,c’estsoitjecouche avec elle, soit je deviens asexué.Mon loup n’acceptera jamais que jem’accoupleavecunefillequin’estpasJulis.C’estpourçaquej’éprouveautantdedésirpourelle,c’estcommesimoncorpsétaitbranchésursafréquence,etseulementlasienne.Génial!Profondémentdégoûté,jereprendsmarouteetrentrechezmoi.Enfindesoirée,installésurlavéranda,jesirotemonsodatoutenpensantà
masituation.J’essaiedel’oublier,maisjen’yarrivepas.Monloupesttristedesavoir sa compagne loin de lui et surtout seule. J’essaie de le calmer, maisj’avouequeçamestresseaussi.D’uncertaincôté,saplaceestauprèsdemoietlasavoir,enferméedanscettepetitechambreavecsaconnassedecolocataire,jemesensmalpourelle.—Çavamonchéri?Mamèrevients’asseoiràmagaucheetposesurmoiunregardbienveillant.Il
n’yaqu’àelleque j’acceptedeme livrer. Jepartage toutavecelle,aussibienmesjoiesquemespeurs.Lerestedutemps,jedoismemontrerfort,jedoismefairerespecterenvuedemafutureplaceauseindelameute,maisc’esttrèsdurà supporter. J’aime dominer, je l’avoue,mais parfois, j’aimerais qu’on prennesoitdemoi,justeunpeu.—Çava.—C’estàcausedetafemelle?Jegardelesilence,nesachantpascommentformulercequejeressens.—Dis-moi.—Ellem’énerve!Mamèrelâcheunpetitrireavantderétorquer.—J’aivuça,vousavezunerelationparticulière.—Onn’apasderelation!—SiKaydy,vousenavezune.Quetuleveuillesounon,tonloups’estunià
elle. Plus tu combattras ça, plus tu vous feras souffrir. Tu sais bien que nousmétamorphes formons un tout avec notre part animale. Si tu t’acharnes àrepousserJulis,tuvascréerunefractureavectonloupetçaentraînerabeaucoup
deproblèmes.Ilrisquedeperdrelecontrôle,peutdevenirsauvageetnejamaistelaisserrevenir.S’ilsentquetuesunemenacepoursacompagneousonunion,ilagira.—Quedois-jefaire,Maman?Jenel’aimepas!—Tusaisquelesâmessœurssontfaitespours’aimer.Tonloupatrouvéla
sienne,ettoiaussi.Julisestfaitepourtoi,soncorpsestfaitpourletien.Tudoist’uniràelle,Kaydy.—J’aiquedix-huitans,jesuistropjeunepourmemettreencouple.—J’avaistonâgequandtonpèreetmoinousnoussommesunis.— Oui, mais vous, vous vous aimez et puis tu es une dominante. Tout le
mondeterespecte.Julis,ellen’estqu’àmoitiélouve.Papaaraison,elleneserajamaisrespectée.Etpuis,pourquoiilacceptequejerestedanslameute?Aprèstoutmonloups’estuniàunedemi-humaine.Pourquoi,ilnemevirepas,commeilavirélesautres?— Parce qu’il t’aime. Ton père peut être dur, mais il prend de bonnes
décisionspournotremeute,notrecheznous.Nousnepouvonspas faireentrerdesétrangerssurnotreterre.Notremondeestdangereuxpourleshumains,c’estpourçaqu’onresteàl’écart.Chacunsaplace.—Tuvois,c’estcequejetedis.Julis…—Elleyarrivera!Fais-luiconfiance.Tafemelleestcapabledes’ensortir.Ce
n’estpasd’elledonttudoistesoucier.—C’estdequi?—DeBree.Merde,jel’avaisoubliéecelle-là!Bree est la fille duBêta demon père.On se connaît depuis notre enfance,
enfincommepresquetouslesautresjeunesdelameute,maiselleatoujourseuunfaiblepourmoi.Onabieneuunehistoire,maiscen’étaitpassérieux.Elledisait m’aimer, mais je pense qu’elle aime encore plus le pouvoir et la placequ’ellepourraitavoiravecmoiàsonbras.Qu’onseservedemoi?Trèspeupourmoi!Voilàpourquoi,jel’ailourdée,maisBreen’estpasdecetavis.Ellechercheà
me récupérer et lorsqu’elle saura que jeme suis uni, elle va très certainementpéteruncâble.—Oui, j’avoue,ellevacriser.Tucroisqu’ellepeut représenterunemenace
pourJulis?—JepensequeJulisestcapabledefairefaceàuncrêpagedechignons,mais
siBreelaprovoqueenduel,elleseferalaminer.C’estpourçaquevousdevezl’entraîner. Pousse-la aussi loin que possible, il faut qu’elle soit redoutable etlétale.C’estsaseulesolutionsinon,jenedonnepascherdesapeauetjeneveuxmêmepasimaginerlaréactiondetonloupaprès.Ellem’agrippelebras,meregardegravement,maiss’exprimedoucement.—Kaydy,tuesnépourdevenirAlpha.LesAlphasdescendentquedenotre
lignée.Sitacompagnen’estpasdigned’êtreàtoncôté,çacréeraladiscordeauseindenotremeuteetnotrefamillepourraitêtreendanger.Jesaisquebeaucoupdechosesreposentsurtesépaulesetquecen’estpasjuste,maisc’estcommeça.TuesunSnowBorn,tuesleloupblanccommelaneige,c’esttoil’Alpha.Tuesdominant,bienplusquetonpère,jelevoisbienetluiaussi.Unjour,ilfaudraquetuenvisageslasuitealorss’il teplaît.AccepteJulis,acceptedelaprendrecomme compagne, fais-la tienne et surtout aide-la à prendre la place qui luirevientdedroit.—Maismaman,onnesaitriend’elle.—J’aimapetiteidéepourça.Penses-tupouvoirlafairevenirici,j’aimerais
discuter avec elle et ça pourrait lui faire du bien aussi. Tu peux te montrerabrupteparfois.—Jenesuispasabrupte,cen’estpasvrai!!Sonsourcilselèveetellem’offreunpetitsouriresceptique.—OK,jelesuis.Maisc’estqu’ellemesoûleaussi.—Oui,çaj’avaiscompris.Ellesourittoujoursquandelleserelèveetrepartverslaporte.Arrivéeàcelle-
ci,ellemeditsansseretourner.—T’asintérêtàfairetesdevoirs!!Jenetepaiepasdesétudespourquetute
tourneslespouces!Jerisjoyeusementenl’entendantmedireça.Jesuispeut-êtreunloup-garou,
je reste avant tout un étudiant et ma mère prend très au sérieux ma réussitescolaire.Medécidantàmontour,jemelèveetparsdansmachambre.Installésurmonlit,avecmonlivredebiochimiedevantmoi,jeréfléchisàce
quejepeuxfairepouraiderJulis.Jenevaispasavoirlechoix,elleestsifaiblequ’ellenemelaissequ’uneseulesolution.Jevaisdevoirladétruirepourqu’ellesereconstruiseencoreplusforte.
***Lelendemain
—Debout!!!Julisseredressed’uncoupetfouillel’obscuritédesyeux.J’entendssoncœur
battreàtoutrompreetsarespirationsaccadée.—Kaydy???Jeclaquelaportederrièremoi,allumelalumièreetm’appuiecontrelemur.
Sacolocataireseréveilleaussietmeregardechoquée.—Toi,tuteretournesettufermestagueule!Ellecoopèredirectetsecachesoussacouette.—Non,maistuesuntaré,toi!!Ah voilà, jem’en doutais qu’elle allait la ramener, elle aussi ! Pour ne pas
rentrer dans son jeu et nous lancer dans notre interminable joute verbale, jerespiredoucement.—Habille-toi!!—Pourquoi?Non,jenesortiraipasavectoisurtoutà…(Elleregardel’heure
sursonréveilavantdepousseruncrieffaré.)Non,maistuesmalade!!!Ilestcinqheurestrentedumat.DégagedemachambreKaydy!!!— Je t’avais prévenue qu’on allait t’entraîner. Et bien, il commence
maintenantparun footing.Grouille-toidepasserunsurvêtementou je le feraimoi-même.Ses jouessecolorentd’unrougebordeauxetelledétourne lesyeux.Dois-je
luidirequemoiaussi,jeviensd’imaginermesmainssurelle?Non,biensûrquenon!—Kaydy!!!— Écoute, si tu continues à gueuler comme ça, tu vas rameuter toute la
résidenceetavec,pleinderumeurs.Tuveuxvraimentquetoutlemondesachequej’étaisdanstachambreenpleinenuit?Perso,jem’enfous,maistoi?Jevoisqu’elleexaminelasituation.Ellerestemuettegenretrentesecondesce
quidoitreprésenteruncalvairepourelleavantdeselever.—Situtemoquesdemonpyjama,jet’étouffeavec!Pourcachermonhilarité,jerétorquedurement.— Je m’en fous de tes guenilles, passe un putain de jogging qu’on aille
courir!!Je suis méchant, je le sais, mais je n’ai pas le choix. Nous autres,
lycanthropes,marchonsàl’adrénaline,alorsplusjevaislapousser,plusellevafournird’effort.Sijesuisunconnardavecelle,ellevoudrametueretpourça,elledevradevenir laplus fortepossible.Elleme fusilledu regardet commeànotre habitude, on s’affronte, mais pour une fois, le combat ne dure pas
longtemps.—Tourne-toi!Jevaismechanger.—Jet’aiditquenousn’étionspaspudiques.—Jem’enfous,moijelesuis.Tourne-toi,enfoiré!Tout en soufflant, je me retourne et attends queMademoiselle se passe un
foutupantalonde sport sur le cul. J’entends sesvêtements tomber au sol et jedoismeretenirdenepasbouger.J’aitellementenviedelaregarder,devoirsoncorpsnu,delalécher…Ahah,stop!Je secoue la tête pour me raisonner et me concentre juste sur le futur
entraînement.—C’estbon.J’ouvrelaporteetsorsdelapiècebrusquement.J’aibesoind’airetsurtoutde
mettredeladistanceentrenous.—On va faire le tour du campus, et ce, plusieurs fois, je balance tout en
dévalantlesmarches.—Mais…—N’essayepasdediscuter.Situnecourspas,j’appellelesmecsetjeleurdis
desetransformeretdetecourser.Elleretientsonsouffleetcommenceàregarderpartoutautourd’ellealorsque
nous sortonsdubâtiment. Jemenshonteusement, ils sont endormisdans leurslitsetn’accepterontjamaisdefaireça,maiselle,nelesaitpas.—Tublagues!—Oh tucrois?Mon loup t’aime lui,mais les leurs, jenepensepas.Alors
est-cequeçateditdetefairepoursuivrepartroisloups?—Ilsneleferontjamais.Tuasdittoi-mêmequejefaisaispartiedelameute.Merde,elleestloind’êtreconneenfait!Uneparade,viteuneparade!—Ilsleferontsijeleleurordonne.JesuislefuturAlpha.Elleplissesesyeuxettentedemesonder.Lespiedsbienancrésausol,etles
brascroisés,jecampesurmespositions.—Trèsbien!Voyant qu’elle commence à s’échauffer, j’en fais autant avant dem’élancer
sur le sentier qui entoure le campus. J’essaie d’adopter une allure faible pourqu’ellenesoitpasàlatraîne.Maismêmeça,cen’estpasassez.Nousn’avonspasfaitunkilomètrequ’elleestdéjàensueur.Ellecrachetellementsespoumonsqu’ondiraitqu’ellefumeunpaquetdeclopesparjour.C’enestridicule!!
—Julis…Son prénom est sorti dema bouche dans un grognement.Mêmemon loup
perdpatience.—J’es…j’essaiem…mais…c…c’es…c’esttr…opdur.—Cen’estpasdur,c’esttoiquiesnulle!—ÉcouteForrestGump,onn’estpastousdesprosdumarathon.—Ilyaunedifférenceentreêtreunproetêtreunboulet.Mêmeunetortue
iraitplusvitequetoi.Tufournisaucuneffort.Tuferascommentsiunefemelledelameuteteprovoqueenduel??Ellefroncelessourcilsavantdemedemander.—Commentçaunduel?Genrecommeunebagarre,tuveuxdire?—Pire !Un duel, c’est un contre un.Un combat àmains nues et tous les
coupssontpermisetleperdantestobligédesesoumettre.—Danscecas-là,jeneleferaipas.—Maistunepeuxpasfaireça!Çamontreraàtoutelameutequetuesfaible.
Tonrôleseraremisenquestionetlemienégalement.Noussommesaubordduchemin,isolé,àl’abridesregardsetcelacréeune
ambianceintimiste.Sanspouvoirmeretenir, j’avance,meplantedevantelleetluienlèvelescheveuxqu’elleadevantlesyeux.Elletendsonvisageversmoipendantquejebaisselemien.Mesyeuxplongésdanslessiens,j’essaiedeparlergentiment.—Jesaisquec’estbeaucouppour toi,maisc’estpournotresalutànouset
celuidemafamille.Silerestedelameutesentquetuesfaible,ilpeutyavoiruneruptureetvoirmêmeunemutinerie.Tun’esqu’àdemilouve,jenedispasquec’esttafaute,maisc’estunfait.Dansunduel,çaseraundésavantagepourtoi,alorstudoistrouverdesparades.Tudoisdevenirrapide,agileetendurante.Talouven’émergepasenentier,maistuasdesgriffesettuespuissante.Tupeuxyarriver,mais tuvasdevoir apprendre.Si tun’yarrivespas, c’est la finpournous.Elle déglutit avec peine et je sais que je viens de poser sur ses épaules un
poidsénorme,maisnousn’avonspaslechoix.Jen’arriveplusàparler.Jemesensdéstabiliséparcesyeux,ceregardbleusi
pur.Sabouchetentatrice,sonpetitnezmutin.Monpoucecaressetendrementsajoueetjesuissurprisparladouceurdesapeau.J’enveuxplus!Encore!Maisjenepeuxpas!
Pastantqu’ellen’estpascapabledesedéfendre.J’ai bien réfléchi cette nuit et j’ai pris la décision de rester comme ça pour
l’instant. Jenem’uniraipasàelle tantqu’elle se serapasmonégale. J’espèrejustequecelaarriveraassezvite,carmonlouprisquedepéteruncâbleetmoiaussi!
Chapitre13
JulisSionm’avaitditque jecommenceraisma journéeparunentraînementà la
Survivor,j’auraistrèscertainementri.Maismalheureusementpourmoi,c’estlatriste réalité. J’ai mal partout et je jurerai expulser mes poumons à chaqueinspirationquejeprends.—Julis…J’entendstoutelaréprimandecontenuedansmonprénom.Jelevoisbienque
Kaydyperdpatience,maisjenesuispasunesportive.Ilestmarrantlui,ildoitavoirl’habitudedecourirdepuistoujours.Arrêtéeaubordduchemin,jesuispenchéeenavant,etj’essaiedereprendre
monsouffle.Mêmesijesuisentraindemouriràcausedel’effort,jeluilanceuneremarquebienservie.Ill’accueillecommeàsonhabitude,enrendantcouppourcoup.Maiset alorsque je commenceàmesentirmieux, lui faitquelquechosedebizarre…Vraimentbizarre.Ilserapprochedemoiaupointoùjedoisleverlatêtepourleregarderdanslesyeux.Noussommessiprochesquej’inhaleson odeur. Elle représente l’animal et l’homme à elle toute seule. Elle éveillemes sens et provoque un besoin de lui tel, que j’en suis toute pantoise.À cetinstant,jedonneraistoutpourqu’ilmetoucheetcommes’ilavaitentendumonsouhait,ilcaressedoucementmajoue.Lecontactdelapulpedesonpoucesurmapeauprovoqueuneréactionenchaîne.D’unseulcoup,j’ail’impressiond’entrerensymbioseaveclui.Notreliense
renforce, et trouve sa sourcedevie au seinmêmede l’autre. Je suis tentéedefermerlesyeux,desavourer,dem’abandonner.Lebesoind’êtredanssesbras,de sentir sachaleurcorporelleest si intensequ’y résisterestune tortureàelletouteseule.Éprouve-t-illamêmechose?Sesyeuxnaviguententrelesmiensetmeslèvres…Fais-le!Embrasse-moi!Le tempssesuspendoudumoins, j’enai l’impression.Monespritestvide,
mespeursontdisparuetseulemonenvied’êtresiennem’anime.S’ilteplaît…Maismesprièresrestentvaines.Kaydyselancedansuneexplicationquiade
quoifaireexplosermabulledebien-être.Unechapedeplombs’abatsurmoiet
avec elle, uneprofonde angoisse.Pourune fois, il n’est pasméchant dans sesparoles,ilsecontentejusted’énoncerlesfaits.Monincompétenceetmafragilitéentraînerontdesproblèmesdontjen’aipasbesoin.Cesparolesontleméritedemedémontrerlagravitédelasituation.Effectivement,cen’estpasunjeuoulemondede«Oui-Oui».Ilavaitraisonendisantquejesuisendangeretj’enseraiunpourluietsafamillesijenem’endurcispas.Jedéglutisavecpeineetessaiedemerassurer.Jepeuxyarriver!Jedoisyarriver!—Jevaistoutfairepour…Jen’aipasdemandétoutçaetjesaisquetoinon
plus.Pourtant,onn’apaslechoix.Jevaismedonneràfond,maislaisse-moiletemps d’y arriver. Tu es né et as grandi dans ce monde, pas moi. Je n’ycomprends rien, tu vas devoir m’expliquer et ce n’est pas en me renvoyanttoujoursboulerquej’yarriverai.—OK.Onva reprendre, àpetites foulées.Respiredoucementpar lenez et
expulseparlabouche.Tiens-toibiendroiteetplanted’abordtestalonsavantdedérouler les pieds. Tu vas devoir t’acheter des tenues. Une brassière quimaintienttapoitrineetunpantalondesportdignedecenom.En l’entendantévoquercettepartie spécialedemoncorps, jeporte lesyeux
dessus.Encoreunefois,ilaraison,messeinsballottentdansmonsoutien-gorgeetcelamegêne.Tandisquejerelèvelatête,jesurprendssonregardlàoùétaitlemienquelquessecondesauparavant.Le feumemonteaux jouesetencoreunefois,jesuisobligéedemeretenirpournepasluisauterdessus.Onpartagepeut-êtrequelquechosedeparticulier,maiscelaneveutpasdire
qu’ilressentlamêmechosequemoietpuis…C’estKAYDY!!!Unconnarddepremière!C’estmaldeledésireretsurtoutcelaprouvequej’aiperdulatête!Quelquessecondesplustard,ildétournelesyeuxcommes’ilétaitgêné,cequi
estvraimentimpossible.—Allez,onyva.On reprend notre jogging. J’applique du mieux possible ses conseils et
effectivement, jemesensplusàl’aise.Jerespireplusfacilementetmefatiguebeaucoupmoinsvite.Àuneallurelente,onfaitletourducampusetonfinitparrevenir devant ma résidence. Debout devant, je suis en nage et je pue trèscertainement.—Tusenstrèsbon.Lesyeuxécarquillés,jepeineàassimilersesparoles.—Excuse-moi,tuasditquoi?demandé-je,estomaquée,aprèsavoirsecouéla
tête.Il se tient à un mètre, mais je vois ses narines frémir comme s’il inhalait
volontairementmonodeur.Bizarrement,jetrouveçatrèsexcitant.—Tusensleloup.—Ahbon?Jecollemonnezcontremonbrasetmesniffe.Pourmoi,monodeurn’apas
changéhormiscettenuancedesueur.—Oui. Bon, je viendrai tous lesmatins à cinq heures trente pour faire un
footinget l’après-midiaprèstescours, tu irassur le territoiredelameutepourt’entraîneraveclesmecs.Ilsvontt’initierauxartsmartiauxetaumaniementdesarmes.—T’essérieux?—Oui!—Mais…— Tu es la future Alpha. Chez nous, les Alphas sont les chefs, les plus
dominantsdelameute.—Pfff.OK.—Onsevoittoutàl’heurealors.Il se retourneetcommenceàmarcher. Jene saispaspourquoi,mais levoir
partirmefaitdumal.Jeressensunepressiondansmapoitrine.—Aufait,mamèreveuttevoir.Jet’emmènerailavoircesoir.Ilmebalanceçacommesiderienn’étaitavantdebifurqueretdedisparaître
derrièrelebâtiment.Plantéedevantchezmoi,j’essaiedemeraisonner.Cen’estpasgravesielleveutmevoir!Elleneveutpasmetuer…Quoique,j’aiquandmêmepétéunplombdanssonsalon.Elledoitmeprendrepourunefolleetcommel’amentionnéKaydy,c’estune
Alpha.Ellepeutmeréduireenmiettesenunefractiondeseconde.Jesuisdanslamerde!
***TocTocToc…Les coups portés à la porte de ma chambre me font sortir la tête de mes
révisions.Jerefermemonstyloavantd’allerouvrir.Lafillequisetrouveenfaceafficheunénormesourireavantdesejetersurmoi.Elleresserresesbrasautourdesmiensetnousfaitnousbalancerdansunegrandedémonstrationd’affection.
Jesuistellementsurprisequejeneréagispas.—Euh…—Coucou,çava?—Ouais.—Super!Allezdépêche-toi,jet’emmènefairedushopping.La bouche ouverte, jeme contente de dévisager la sœur deKaydy, Savana.
Celle-ci m’adresse encore un immense sourire avant de me pousser dans machambre.—C’estmonfrèrequim’aditquetuavaisbesoindefairedushoppingalors
jemesuisproposépourt’accompagner.—Euh…OK.Jemeprépareetonpeutyaller.—Pasdesoucismedit-elleens’asseyantsurmonlit.—Tut’appellesSavana,c’estça?Jenesaispastroppourquoijeluiposecettequestion.Peut-êtrepourqu’elle
meconfirmeencoreunefoisquetoutecettehistoiren’estpasquelefruitdemonimagination.—Oui.—D’accordetdonctueslasœurdeKaydy.—C’estça.—Donc…—Toietmoisommesbelles-sœurs!fanfaronne-t-ellejoyeusement.Pourma part, je ne vois pas ce qui est fun là-dedans.Mais bon, je suis du
genreàvoirtoutennoiralors…—Mmm.Jesuisincapabledeformulerautrechosequ’unbruitdebouche.J’enfilema
veste,mesaisisdemonsacetluiannonce.—C’estbon.Sur ce, nous quittons ma chambre. Une fois en bas de la résidence, je
commenceàpartirendirectiondel’arrêtdebus.—Tuvasoù?—Prendrelebus…—J’aimavoiture,viens.—D’accord.Je la suis alors qu’elle rejoint une berline standard.Nous nous installons et
Savana prend la route.Du coin de l’œil, je l’observe.Châtain, avec des yeuxmarron,elleestd’unebeautéàcouperlesouffle.Pendantquejel’analyse,elletend le bras et allume la radio, Justin Bieber résonne dans le silence de
l’habitacle et sans pouvoir le retenir, un sourire heureux prend place surmeslèvres.—ToiaussituaimesBe.Cen’estpasunequestion,maisj’yrépondsquandmême.—Oui.—Jelesais,j’aientendutoncœurs’accélérer.Savanam’al’aird’êtreunefillesympa,toutl’opposédesonfrère,etjemedis
queçapeutm’aider.Metournantverselle,j’oseenfinposerunequestionquimeturlupine.—C’esttoujourscommeçapourvous?—Commentça?medemande-t-elleenfronçantlessourcils.—Vousavezdessensdéveloppés.—Oui,çavientdenotrepartanimale.—Commentc’est?Jeveuxdiredesetransformer,çafaitmal?—Non,c’est…Commentjepourraisdireça?C’estnaturel.—Maisvivreavecsonloup,çadoitperturber.—Çateperturbetoi?—Non, enfin, je ne crois pas. Je ne le savais pas. Je veux dire avant que
Kay…Quetonfrèrememorde.Jemesuistoujourssentiedifférentesanssavoirpourquoi. Je n’ai jamais été à l’aise avec des personnes que je ne connaissaispas,jen’aimepasêtreenferméequelquepart.J’aimeêtreàl’airlibre.—C’est ta louve, elle n’aime pas être confinée, aucun de nous aimons ça.
C’est pour cela qu’on vit en pleine nature. Un loup qui habite en ville estmalheureuxetpuis,cohabiteravecleshumainspeutêtredangereux.Courirsousnotreformelupineestessentieletobligatoirealorsimaginelatêtedeshumainss’ilsvoyaientdes loupsdans les rues.On serait chassés, traqués et tués.Et çac’est, s’ils ne découvrent pas que nous sommes des Hommes aussi. Tous lesscientifiquesdumondesebattraientpournousétudiercommedesspécimensdefoire.Je n’avais pas réfléchi à ça.Mais j’admets qu’elle n’a pas tort. La clef de
voûtedelasurviedesloups-garousestlesecret.—Bonsinon,parlonsdechosesplusjoyeuses.Onvaacheterquoi?—Tonfrèrepensequ’ilmefautdesaffairesdesportpuisqu’ilmeprépareun
entraînementdigned’uneécolemilitaire.—Iln’estpasfacile,hein?—Nan,loindelàmême.—Ils’inquiètepourtoi.
Sa remarqueme surprend quelque peu. J’aimerais qu’elle ait raison, j’en aienviemême,maisjesaisquecen’estpasvrai.Kaydynesesouciequedelui.—Jenepensepas.—Tuastort…Jepréfèregarderpourmoicequejepensedesonfrèreetmeretranchedans
ma tête. Un doux silence s’installe ainsi qu’une nouvelle chanson.Inconsciemment, jememets à fredonner les paroles. Savana en fait autant, etbienvite,nouscommençonsàchanterensemble.Nosriressemêlentauxparolesetlerestedutrajetserévèleêtresuper.—Savana,attends!—Qu’est-cequisepasse,Julis?Tandisqu’elleestenhautdesmarchesdevantsamaison,jesuisplantéeenbas
avecleventrenoué.Nousavonseffectivementfaitdushopping.Aprèsavoirfaittroismagasins de sport, j’ai enfin tout l’attirail qu’il faut, des baskets pour lerunning, des pantacourts, des shorts, des tee-shirts, des brassières pour mesoutenir les seins etmême des culottes sans coutures pour ne pasm’irriter lapeau. Enfin bref, j’ai tout et Savana s’est révélée être une camarade géniale.Nous avons bien rigolé et çam’a fait plaisir de papoter avec une fille. Alorsquandellem’aditquenousallionschezelle, j’aiacceptésanshésiter,maislà,devantlefaitaccompli,jen’aiqu’uneenvie:reculer.Monanxiétédoitsevoirsurmonvisageoudoitsesentirplutôt,carelle redescendàmonniveauetmeparlegentiment.—Hey,net’inquiètepas.Toutvabiensepasser.—Etsitamèrevoulaitmetuer?Ellem’examineattentivementavantd’exploserderire.—Tuesbarge,toi!Pourquoituveuxquemamèretebute?Pourtenterd’allégerl’ambiance,jesoulèvelesépaulestoutenrépondant.—Jen’ensaisrien.—Net’inquiètepasetpuistetuer,reviendraitàtuerKaydy.Quandellefaitminedeseretourner,jelaretiensparlebras.—Quoi?—Vousêtesunis,mêmesi le lienn’estpascomplet, ilest implantéausein
mêmedevotreforcevitale.Cequel’unsubit,l’autrelesubitaussi.Doncsituesblessée ou pire tuée,Kaydy souffrira comme toi. Très peu de loups surviventquandleurscompagnesdécèdentetlàencore,ilsnesontplusjamaislesmêmes.Laboucheouverte,jen’arrivetoutsimplementplusàrespirer.
—Je…Jenelesavaispas.—Si,mamèret’aparlédulienentreâmessœurs.—Oui,mais…—Maistunepensaispasquec’étaitàcepoint,c’estça?—Oui.—J’imaginequeçadoitêtrebeaucoupàdigérer.Écoute,jesaisquemonfrère
estchiantetsespotesn’enparlonsmêmepas.Alorssituveuxparler,jesuislà,OK?—Merci.— De rien, il faut se soutenir entre nanas et puis, je débarque l’année
prochaine sur le campus, alors ça pourra me servir de t’avoir comme amiesurtoutquejenesuispasdugenreàm’enfairebeaucoup.—Bienvenueauclub!—Ouais,jen’aimepastroplespouffiasses.Là,c’estmoiquirigoledeboncœur.Nousmontonslesmarchesetellepasse
laportetoutencriantjoyeusement.—Kaydy!!!!Jet’airamenétafemelle!!!(Ellemelanceunclind’œilavant
d’ajouter.)Ilarrive,prépare-toi.Puiselleemprunte lecouloirquidessert leschambres.Comment lesais-je?
Tout simplementparceque c’est celui que j’aimoi-mêmepris ladernière foisque jeme suis retrouvée ici, c’est-à-dire, la veille. Il ne s’est passéqu’unpeuplus de quarante-huit heures depuis ma morsure, mais j’ai l’impression quec’étaitilyauneéternité.
Chapitre14
Kaydy
Ilavait senti l’odeurdesa femelledèsqu’elleétaitarrivéesur le territoire.Les sensenalerte et le cœur remplid’une joie sansnom, il avaitdécampéencourant. Ses pattes martelaient la terre alors qu’il réduisait rapidement ladistanceentreeux.Seullaretrouveretsecolleràelleluiimportait.Ilgravitlesmarchesde lamaisonetse jetadedanssanscriergare.Sesgriffesrâpaient leplancherfaisantéchoaumartèlementdesoncœur.Illafauchaenpassantàcôtéd’elle.Elleperditl’équilibreetseretrouvasursonderrière.Ilfitdemi-touretsecouchasurelletoutenluiléchantabondammentlevisage.Aprèsavoirpousséunpetitcridesurprise,safemellelâchaunsonquisonnaittellementjusteàsesoreilles.Elleenfouitsesmainsdanssonpelageetcommençaàluigratterlatête.Satisfait de ce qu’elle lui procurait comme attentions, il se détendit et reniflaavantd’expulserungrognementdesoulagement.Ilsesentaitenfincomplet.Ellelui avait tellement manqué, ne pas pouvoir le sentir contre lui, l’entendrerespirer,s’étaitavéréêtreunetorture.Savoixdoucerésonnaàsonoreille.Ilnecompritpassesparoles,maissavait
auplusprofonddeluiqu’elleluidisaitdesmotsgentils.Ilcontinuaàluilécherlajoue,lecouetenréponse,ellesefrottacontrelui.Ilsentitsonodeursurelleet trouva cela juste parfait. Il aimait qu’elle porte son odeur, que tous lesmembres de sa meute sachent qu’elle était sienne. Sa femelle se mit à lechatouilleretilbonditenarrièretoutenagitantlaqueue.Ilavaitenviedejoueravecelle.Elledutlecomprendre,cardèsqu’ilcommençaàcourirdanslesalon,elle le suivit en rigolant. Au début, c’est elle qui le pourchassait, mais aprèsquelques tours autour de la table, c’est lui qui lui courait après. Son rirerésonna dans la pièce comme une douce mélodie et cela ne fit que l’aimerencoreplus.Sacompagne finitpars’arrêteravantdes’asseoirpar terreessoufflée. Il la
rejoignitetsecouchaàsoncôté.Latêteposéesursescuisses,illuimontraparungestedemuseauqu’ilvoulaitqu’elle lecaresse,cequ’elle fit toutdesuite.Sesdoigtsglissèrentdanssonpelageetcettetendresseluifitfermerlesyeux.Ils’abandonnacontreelleets’autorisaàseulementprofiterd’elleetdeleurlien.Ilsavaitqu’iln’étaitpascomplet,queKaydyrefusaittoujoursdes’uniràelle,mais cela viendrait avec le temps. On ne pouvait combattre un lien d’âmessœurs.Cettefemelleétaitfaitepoureux,etbientôtKaydys’yferaitaussi.Ilsentitavantmêmed’entendrelesgrognements, l’arrivéedeBree.Lessens
enalerte,ilbonditetsemitenpositiondedéfense.L’autrefemelleétaitjusteenfaced’euxtouscrocssortis.Lesoreillesenarrière,ellefixaitJulisd’unregardmeurtrier.Ilsepositionnadefaçonàluibloquerlavue.Devantsacompagne,ilclaqua des dents lui faisant comprendre ainsi, que si elle attaquait, il ladéchiquetteraitsanshésiter.Lafemellenereculapas,maisaucontraire, fitunpasenavant.Ilsentit l’odeurdepaniquedesacompagneserépandredanslapièceetcelaattisasarage.Ilnesupportaitpasqu’elleaitpeur,ilvoulaitqu’ellesesenteenconfianceaveclui.Mêmes’ilsavaitqu’onnedevaitpass’interposerentre deux femelles, à cet instant précis Bree représentait une trop grandemenace.Celalechagrinait,maisilsavaitquesacompagnen’étaitpasdetailleà l’affronter. Bree était possessive avec lui et pensait qu’ils devaient êtreensemble,cequeluinevoulaitabsolumentpas.Pourlafairereculer,ilpropulsason aura d’Alpha. Elle devait comprendre que c’était fini, qu’ils ne seraientjamais ensemble. Bree émit un grognement avant de baisser la tête et par lamêmeoccasion,sesoumettre.Ellelibéraunreniflementméprisantpuisquittalapièceetlamaison.Unefoisqu’ilfutsûrdesondépart,ilsetournaversJulis.Celle-ciétaitassise
sursesfessesetavaitleregardhagard.Sursesjouescoulaientdeslarmesqu’ilavaitenviedelécherpourlesfairetaire.Iltentadepuiserdansleurlienpourlaréconforter,maislasentitserefermer.D’uncoup,elleluiparutinaccessibleetcelaprovoquaunegrandedouleurenlui.Déçu,ilreculaetlaissaKaydyrevenir.—Julis,çava?—Oui,oui,dit-elletoutens’essuyantlesjoues.—Attends-moilà,jereviens.D’unpasrapide, jerejoinsmachambre,m’habilleà lahâteavantderevenir
verselle.Ellen’apasbougédesaplaceetalesyeuxfixésdanslevide.—Julis…Viens,onvaboireuncafé.Comme elle ne répond pas, je la saisis sous les bras et l’entraine vers la
cuisine.Jelafaisasseoiràtableavantdenouspréparerdeuxcafés.Unefoislestasseschaudes,jeprendsplaceàcôtéd’elle.—Tiens!—Merci.Elle souffledoucement sur le liquidebrûlantpuis enboitunepetitegorgée.
J’aimeraistrouverlesmotspourlaréconforter,maisjenesuispasdouépourça.Monloup,quiluiestplusattentionné,s’estrecroquevilléetsembledésemparé.J’imaginequelascènequivientdesepasseraprouvéàJuliscequejeredoutais
leplus,àsavoirqu’elleestendanger.Maissincèrement,j’auraisaiméquecelan’arrivepas.Jeneveuxpasqu’ellesouffredansmonmonde,elleneméritepasça.Etcequiestsûrc’estqueBreeetmoiallonsavoirunediscussion.Quandellefinitparsortirdesonmutisme,savoixestrauqueetincertaine.—C’était…C’étaitqui?Unsoupirquittemaboucheavantquejeneréponde.—C’estBree,lafilleduBêtademonpère.—Elleavoulum’attaquer,pourquoi?—Parcequetuportesmonodeur.C’estlapreuvequenoussommesunis.—Etqu’est-cequeçapeutluifaire?—Elleetmoi…On…—Ohc’esttonex,c’estça?—Oui.—Super,jemesuisattirélesfoudresdetonex-copinejalouse.—Cen’estpastafaute.—Non,ça,c’estsûr,c’estdelatienne.Elle se lève en tenant toujours sa tasse et commence à arpenter le salon.
Silencieux,j’attendsqu’elleexplose.Jecommenceàlaconnaîtreet jesaisquesoncerveaumoulinerapidement.Ellecherchequelquechoseàmebalanceràlagueule et à cet instant, je comprends que toutes les fois où elle m’a dit desvacheries, c’était parce qu’elle était stressée. Je suis son moyen dedécompressionetcelaplaîténormémentàmoncôtésadique.Parcequ’enfindecompte,ellem’amusebeaucoup.—Tasœuretmoiavonsfaitlesmagasins,j’aitrouvétoutcequ’ilmefallait.Sadéclarationmesurprendcertes,maisc’estsavoixcalmeetrésoluequime
scotchetotalement.—OK…C’estcool.Elles’arrêtedevantmoi,posesatassesurlatable,puissesmainsàplatdessus
etavancelebuste.Danscetteposition,appuyéeenavant,aveclepostérieurbienen évidence, elleme donne envie de faire des choses pas très catholiques. Ledésir s’empare demoi sans crier gare et une érection plus que dérangeante seloge entre mes cuisses. Discrètement, je rajuste ma braguette pour tenter desoulagerlapressionquejeressens,maiscelan’apasl’effetescompté.Bienaucontraire, lefrottementdemonglandsurle jeanattiseencoreplusmonbesoincharnel.Sent-ellemonenvie?L’air se charged’une fragranceépicéeet sanspouvoirme retenir, j’inhale à
grandesgouléescetteodeurexcitante.Ellem’ensorcelleetfaitdurcirencoreplusmonsexecommesicelaétaitpossible.Sesnarines frémissentpendantquesesjouessecolorentd’unrougeprofond.Sarespirations’accélèreetsoncœurfaitdemême.Les yeux plongés les uns dans les autres, je sensma déterminationvaciller. J’ai envie deme lever, de la rejoindre et de l’embrasser à en perdrehaleine. Je veux sentir son corps chaud s’abandonner au mien, je veux laposséder comme personne ne l’a possédée et je veux surtout la marquer. Lamordre,lagriffer,larevendiquer…Merde!Non,pasça,pasencore!Jeserrelamâchoireenm’enfairemalauxzygomatiquesetmeforceànema
bouger.Parcequesijemelève,riennem’arrêtera.Jesuiscapabledelaprendre,là,toutdesuite,contrecettetableenpleinmilieudusalondemesvieux.Pourme calmer, je m’enfile ma tasse et la repose en la faisant claquer. Le bruitricoche partout et Julis finit par me lâcher des yeux. Elle recule et me dit,intransigeante.—Jeveuxcommenceràm’entraînerrapidement.—Jedoisencoreparleraveclesmecs.—Alors,fais-levite.—Tuespresséedesouffrir?—Non,jesuissurtoutpresséedefoutreuneputaindedéculottéeàtonex.La
prochaine fois,qu’ellemegrogneradessus, je sauraimedéfendreet jen’auraipasbesoindetonloup.—Ilaimeteprotéger.Çal’arendutristequetulerepousses.—Jesuisdésolée,c’estjustequeçam’afait…Çam’asurprise.Maisj’aime
tonloup,ilestbeauetgentil.—Ilt’aimeaussi.Nousnousexprimonsdoucement,commesinouspartagionsdesconfidences
etceladonneànotrediscussionuncaractèretrèsintimiste.—Jesais,jeleressens.Ilaimebienmelécher.Situsavaiscommej’aimeraismoiaussitelécher!Putainmec,arrête!—Euh…(Jesuisobligédemeraclerlagorgetantcelle-ciestobstruéeparle
désircontenudansmoncorps.)Oui.Ellem’adresse un sourire sincère et sans pouvoirm’en empêcher, je lui en
renvoieun.—Jen’ycroispas!!!Maisondiraitbienquetusaissourire!!Sepourrait-il
quequelqu’undegentilsecachederrièrelegrosconnarddeservice???Sa remarque a le don de m’enlever mon costume de chevalier servant.
L’agacementenfleenmoiets’échappedemaboucheenmêmetempsquemesparoles.—Entoutcas,toi,tuesaussicasse-couillesquejelepressentais.—JesuisraviedepouvoirtedivertirActionMan.Le sourire mutin qu’elle affiche me donne envie de la frapper tout en
l’embrassantgoulûment. Je restedemarbreen façade,maisà l’intérieur jememarresansretenue.Cettenana,mafemelle,m’électrisecommeaucuneautre.J’aihâtedevoircequ’elleadansleventre.
Chapitre15
JulisDixjoursplustardJe dépose mon plateau rempli de protéines sur la table et m’assois le plus
doucementpossible.Moncorpstoutentiermefaitsouffrir.Parchance,etc’estce que j’ai appris à mes dépens, je guéris très vite. La morsure de Kaydy aréveillé la louvequisommeillaitenmoietdepuis, jenecessedeconstaterdeschangementsdansmoncomportement.Déjà,jesuisplusrapide,plusendurante,enfinça,c’estgrâceàladistancequejeparcourslematintrèstôt.Monouïeestplusfine,mavueplusdéveloppéeetmonodoratexacerbé.Maisau-delàdemessens,c’estdansmoncaractèrequelechangementestleplusvisible.Jesuisplusagressive.Lamoindrecontrariétém’énerveetjeperdsvitemonsangfroid.Celasefaitsentirquandjesuisàl’entraînementaveclesmecs.River,Shepet
Tij sont intransigeants avec moi. Ils ne me laissent rien passer. Ils memalmènent,maiscelanefaitqu’attisermadétermination.Shep,bienqu’ilsoitlepluscooldulot,s’acharneàmerentrerdedans.Ilm’apprendlemaniementdesarmes blanches, et dès que je rate une cible, il s’emploie à me rappeler lapoudrièresurlaquellemonculestposé.Riverluimefrappe,ilestenchargedemonapprentissagedesartsmartiauxet jefinissouvent, trèssouventmême,autapis.Lapremièrefois,j’aivoulufanfaronner,etilm’alittéralementtabassée.Ilm’acassélebras,ouvertl’arcadesourcilièreetdéboîtél’épaule,ettoutcelaenrestantmaîtredelui.Cemecaundonpourconserversonsang-froid.Maisceluiquimefout leplus les jetons,c’estTij.Alors lui, ildégageunfroidpolaire. Ilm’apprendàévoluerdiscrètement, à étudiermonenvironnementet à canalisermoncôté louvepourm’enservir leplusdangereusementpossible.Grâceàsesenseignements, jesaismetransformerpartiellementàvolonté.Etpourparfaireletout,Kaydymefaitcourirtouslesmatins.Doncdirequejesuisépuiséeestuneuphémisme.JesuiscomplètementHSet
jen’arrivemêmeplusàtravaillermescours.Caraprèslafindeceux-là,jeparssurle territoiredelameutepourbosseraveclesmecs.D’ailleurslarumeurdemaprésences’estviterépandueauseindesmembreset jesupposequejedoiscela à la foldingue d’ex deKaydy. Je ne l’ai pas revue,mais lorsque ce jourviendra, je seraiprêteà l’accueillir.Minede rien, jecommenceàapprécierdepasserdutempsdanslamaisondesAlphas.LesparentsenfinplutôtlamèredeKaydy et Savana me traitent très bien et je me sens à l’aise avec elles.
Concernantsonpère,c’estunetoutautrehistoire.Jen’arrivepasàl’analyser.Iln’est pas méchant en soi, mais il n’est pas non plus accueillant. J’ai plusl’impression qu’il se contente de seulement tolérer ma présence. Kaydy m’aexpliquél’aversionqu’ilapourleshumainsetjesupposequecelavientdelà.—SalutJulis…JeclignedesyeuxplusieursfoisavantdeportermonregardsurAstinquise
tient,debout,devantmatable.—Salut.—Jevoulaism’excuserpourl’autrefois.—Pourquoi?jedemandeétonnée.—Benpourcequis’estpassé…Je suis prête à lui demander des explications quand la soiréeme revient en
mémoire.MawenetSmith,enpleineaction.Lacolères’extraitdemoncœuretsepropagepartout.Moncorpssecrispetandisquejesenslespetitscheveuxsurma nuque se dresser. Un grognement féroce se loge dans ma gorge etm’empêche de respirer. Pour le réfréner, je m’emploie à inhaler doucement.Commejegardelesilence,Astincontinue.— Enfin, bref, désolé. J’ai essayé de te suivre, mais je t’ai perdue de vue
quandtuesrentréedanslebois.Jesuispasséetevoirlelendemainmatinpoursavoircommenttuallais,maistun’étaispaslà.—C’estgentil.—Tuvasbien?—Ouiettoi?—Çavamerci.Ducoup,jemedemandais,situacceptaisdesortiravecmoi.
Maiscettefois,pasdesoiréechezlesKappa,justeuntrucentretoietmoi.Perplexe,jenesaisquoirépondre.Jesuisunieoudumoins,malouvel’est,il
yaaussicettehistoired’âmessœursetl’attirancemanifestequejeressenspourKaydy.Maisjenesuispasencoupleavecluietjenepensepasquecelaarriveraunjourmême.Jen’aipasspécialementenviederesterseuletoutemavieetsitoutecettehistoirem’aapprisquelquechose,c’estquerienn’estacquis.L’année dernière, j’étais amoureuse, en couple et je rêvais d’un mariage deprincesse alors quemaintenant, je suis une louve-garou emprisonnéedansuneunionpartielle.Donc,commemonavenirestplusqueflou,jemedisquej’ailedroitdevivrepleinementcequejepeux.—OK.Quand?—Ceweek-end,samedi.Jepassetechercheràdix-neufheurestrente.Onse
feraunrestoetunciné.
—Super.—Àsamedi.—Oui.Ils’envatoutfierpendantquejebaisselatêteendirectiondemanourriture.
Jesensmalouveénervée,ellen’aimepasl’idéequejemeretrouveseuleavecunmâlequin’estpaslesien.Maismerdequoi!!J’ailedroit,jenesuispasmariéeetjenetrompepersonne.Si!!!!D’uneclaquementale, je lafais taireetmeconcentresur lefaitd’ingurgiter
manourriture.—Qu’est-cequ’ilvoulait???Àcettequestion,poséedemanièreabruptepourchanger,jerelèvelatête.—Qui?—NefaispaslamaligneJulis!Iltevoulaitquoi?MessourcilssefroncentenconstatantdelacolèredansleregarddeKaydy.—OhAstin…Rien.Justem’inviteràsortir.—Tuasaccepté.Cen’estpasunequestionetilnelaposepascommetellepourtantjemesens
obligéed’yrépondred’unevoixdureetcinglante.—Oui!Avecuncalmeplusqueflippant,ilsepencheenavant,appuiesesmainsàplat
surlatableetdéclare,intransigeant.—Tun’iraspas!—Écoute-moibienAdolphe,jefaiscequejeveux,est-cequec’estclair?Si
j’aienvied’yaller,j’iraiettoiettonfoutusensdepropriétépouvezallervousfairefoutre.Il reste silencieux, mais son regard navigue partout sur mon visage. Être
examinéede la sorte est censéêtregênant,maispasquandc’estKaydyqui lefait.Soussesyeux,jemesensprendrevie,monsangpulseplusrapidementdansmesveines,ilanimemescellules,mesmuscles,mesos.Jemesensbouillir,toutmoncorpssegorged’unechaleurôcombien tentatrice.Ledésirembrasemonintimité et une humidité y prend place. Intérieurement je suffoque tandis qu’àl’extérieur, je ne suis que calme et maîtrise. Ça aussi, je le dois à monentraînement.Contrôlermesémotionsetsavoirlesdissimulers’avèrentêtreunetrèsbonnearme.—S’iltetouche,jelebute.
—Etsic’estmoiquiletouche?rétorqué-jeenlevantunsourcil.Il prend une grande respiration, inhale mon odeur avant de soupirer
franchement.Jesaisqu’ilacaptémonexcitationetpourmapart,j’aiégalementsentilasienne.—Onsevoitcesoir,mamèreveutqueturestesmangeravecnous.—OK.—Rivert’attendraàlafindetescours.—Commed’habitude.—Hum.Surce,ilmetourneledosetsortprestementdelacafétéria.Toutenrelâchant
monsouffle,jeremarquequetoutlemondealesyeuxrivéssurmoietcelamedonnel’horrible impressiond’êtreunebêtedefoire.Je laissesepropagermonaura de dominance commeme l’a appris Tij et l’assemblée baisse la tête, dumoinsceuxquisonthumains.Lesseulsquimeregardentencoresontlesautresmétamorphes.Mon instinctanimalm’a rapidement fait comprendreque j’étaisentourée par d’autres espèces.Nous ne nousmélangeons pas,mais un certainrespectestprésententrenous.Aprèsça,aucunautreincidentnesurvientetjepeuxfinirdedéjeunerdansle
calme,cequiestdevenuunluxepourmoi.
Chapitre16
KaydyCelafaitplusieursjoursquejetourneenrond.Jen’arrivepasàdécolérer.J’ai
desenviesdemeurtresetmescompagnonsdemeutess’ensont trèsviterenducompte.Lesmecsm’évitentetmamèremeregardecommesij’étaisunebombeprêteàexploser.Surcepoint,ellen’apastort.Monloupetmoisommessurlepointderéduireenmiettesuncertainmecducampus.Depuisquejesaisqu’ellea accepté son invitation,mon imagination s’applique àm’envoyer tout un tasd’images d’eux. La plupart du temps, ils sont nus et font tout ce que jem’interdisde faire, et surtout tout ceque jenepeuxplus faire.Àcausedecelien, j’aime retrouve privé de sexe et comme vous pouvez le constater, je negèrepastrèsbienletruc.J’ail’habitudedevivrecommebonmesembleetchezles lycanthropes le sexe tientuneplace importantedansnotrequotidien.Alorsêtrecastrédelasortemefaitdisjoncter.Etpuis,jeneveuxpasqu’elleselefasse!!!C’estMAfemelle!Denouveauuneimagehorribles’infiltredansmatêteetmonloupgrogneen
conséquence.Luinonplus,n’aimepasl’idéequ’unautremâleprennesafemelleàsaplace.C’estuneputaindesituationdemerde!Mamèreavaitraison,nepasrevendiquerJuliscommecompagnem’entraîne
doucement,maissûrementverslafolie.Celafaitpresquedeuxsemainesqu’elles’entraîneet je constatequelqueschangements,mais cen’estpas assezàmongoût.J’aibienditauxautresde lapousseràsonmaximumetc’estclairqu’ilsn’yvontpasdemainmorte,maisc’estloind’êtresuffisant.Maisest-cequeçaleseraunjour?Jenelesaispas,jel’espèrejuste.Jesuisdeloinsonentraînementetj’aiuncompterenduquotidien,maisdevoir
meteniràdistanceestunevéritableépreuve.Mêmelà,assissurmonlitavecdelamusique,jen’arrêtepasdepenseràelle.Grâceàmonouïehyperdéveloppée,jel’entendsatterrirdurementsurletapis.Sarespirationestrapideetsonsoufflechaotique. Elle pousse un petit cri avant de se remettre debout en position decombat.Riverlasermonneetencomparaisond’avecmoi,ellenepipepasmot.En tout cas, j’admets sincèrement, qu’elle se donne à fond. Elle ne loupe
aucunentraînement, seplie à tout ceque lesmecs lui font faire et encaisse la
douleurcommeunechef.Netenantplus,jemelèveetcommenceàfairelescentpasdansmachambre.Resterloind’elleestdeplusenplusdur!Tout mon être me pousse à la revendiquer, à la faire mienne et ma
déterminations’effrite.Elleestcommeunchâteaudesable.Audébut,elleétaithonorableetsolide,maismaintenant,ellenereprésentequ’untasimmondequej’aienviedetasser.Cequimesemblaitjusteiln’yapassilongtemps,serévèleêtrejusteuneénormeconnerie.Sondouxrirerésonneàmesoreillesetsansm’enrendrecompte,jesuisdéjà
sorti. Je rejoins la salled’entraînementqui se situeau sous-sol.Laporte étantouverte, j’ai vue directe sur eux.Elle est debout, proche de lui, trop proche àmon goût et rigole face à son expression. Lui aussi a un petit sourire sur leslèvres ce qui n’est pas une habitude chez lui.La jalousieme percute de pleinfouetetmonloupclaquedesdentsprêtàmettreenpiècecerival.Pournepasbouger et frapper mon pote jusqu’à ce qu’il baigne dans son propre sang,j’attrapelechambranledelaporteetleserredetoutesmesforces.Je ne sais pas gérer ce genre d’émotions, elles ne sont pas habituelles chez
moi.Alors,jefaislaseulechosequielleestnormalepourmoi.—Tuesfaible!Mavoixgrondedanslasalleetdeuxtêtessetournentversmoi.Lessourcils
deRiversefroncentenconstatantmonexpressionpendantqueJuliscroisesesbrasdansunepositionnonchalante.—Qu’est-cequetuveux,Kaydy?Ignorantdélibérémentsaquestion,jemeconcentresurRiveretluiordonne.—Dégage,l’entraînementestfinipouraujourd’hui.Ildoitressentirmonétatd’énervement,carilhochelatêtepuissalueJuliset
quittelapièce.Dèssondépart,j’yentreetlarejoins.Ellen’apasbougéetc’esttantmieux.Jemeplantedevantelleetnepeuxm’empêcherdelanarguer.—Tuesnulle.—Turadotes,tuneveuxpaschangerdedisqueunpeu?—Jedisseulementlavérité!—Commemoi!Bon,qu’est-cequetumeveuxencore?Grouille-toiparce
quej’aiunrencardcesoiretcommel’entraînementestfini,jevaisrentrer.Elleditcelaenmetournantledos.Sesparolesfontofficededéclencheursur
la grenade que sontmes émotions. Elle n’amême pas fait un pas, que jemesaisis de sa nuque dans un geste de dominance. Toutes femelles dominantesnormalementconstituéesnepeuventsupportercegenredecomportementetJulis
enfaitpartie.Elleseretourneettentedesesoustraireàmaprise.Nevoulantpascéderetmonloupnonplus,jelaisseémergermesgriffesquejeplantedanssapeau.—Tun’iraspasàceputainderendez-vous!Sans le voir venir, un crochet du droit me percute en pleine mâchoire.
J’accueilleavecjoieladouleuretj’enredemandemême.—C’esttoutcequetuasdansleventre?Aveccettequestion,jedéclenchesarage.Sesyeuxdelouveapparaissenten
mêmetempsquesesgriffesetd’ungestehabile,ellesedégagepuissejettesurmoi.Lescoupspleuvent,elleymet toutesaforcependantquemoi, j’encaissesansbroncher.Aucontraireladouleurmefaitdubien,ellemeramènesurTerreet alimente mon côté sadique. Un sourire de fou prend place sur mes lèvrestandisqueJulismefrappesanss’arrêter.Maisauboutd’unmoment,jevoisqueses forces diminuent. Ses gestes sont plus lents, moins précis et c’est à cemomentque jereprends l’avantage.Je l’acculecontre lemur,enserresagorged’une main ferme et reste là sans bouger. Elle se débat, tente de me frapperencore,maisd’uncoupsonénergiesetaritetelles’effondrecommeunepoupéedechiffon.Mêmesic’estmaprisequilamaintientdebout,ellenecapitulepas.Sonregardsefaitmenaçant.Tandis que j’afficheun calme extrême, à l’intérieur je n’enmènepas large.
J’aiconsciencedetout,desonsoufflerapide,delamoiteurdesapeau,desonsangquialimenteàgrandevitessesesveinesetquigorgesapeaud’unecouleurrougevif.J’aiconsciencedesesformesmouléesdanssesaffairesdesports,deladuretédesestétons,del’humiditéprésenteentresescuisses.Chaque particule de mon corps a conscience de la proximité du sien. Un
besoinsexuelprimairemepossède.Uneérectiondurecommelapierresetrouveentremescuissesetm’intimede laprendre.Madéterminationexplosecommeunebulledesavonetinstinctivement,jecollemabouchesurlasienne.Jeneluilaisse pas le temps deme repousser,ma langue se fraye un chemin entre seslèvreset je l’embrassecommesimavieendépendait.Sansaucuneretenue, jepressesoncorpscontrelemienetjeluidémontrepar-là,quejeladésirecommeje n’ai jamais désiré personne. De son propre chef, mon bassin opère unepousséeenavantetcollemonérectiontoutcontresonintimité.Lasensationesttelle que je suis obligéde lâcher sa bouchepour pouvoir respirer. Julis nemelaisse pas le temps de réagir, elle empoigne mes cheveux et recommence àm’embrasser. Elle est sauvage, brusque, animale, enfin elle est tout ce quej’aime.Commeunedemesmainsesttoujourssursagorge,l’autredescendvers
sonleggingdesport.Ellesefaufilededansettrouvedirectementlachaleurdesafente.Mon pouce se pose sur son clitoris et d’unmouvement circulaire, il lefrotte. Julis se tend, recule la tête et ferme les yeux. La bouche ouverte, aucombledel’excitationgrâceauplaisirquejeluioffre,elleesttoutsimplementparfaite.Mes yeux glissent d’eux même en direction de sa gorge et l’envie de la
mordre me ronge. Mes crocs émergent dans ma bouche et sans pouvoir meretenir, jem’approchedesoncou.Mes lèvresseposentetglissentsursapeautandisquemamainesttoujourssursonintimité.Jesuistotalementperdudansmonbesoind’elle,delarevendiquerqueriennecompteàcetinstant.Malanguelèchesoncou,dehautenbas.—Oh…Kaydy… (L’entendre prononcermon prénom si sensuellementme
combledebonheur.Maislasuiteadequoimefairedéchanteretméchamment.)Mords-moi!Commesionavaitlongémacolonnevertébraleavecunestalactite,monépine
dorsaleseglace.Monérectiondisparaîtcommeneigeausoleil.Jefaisunbondenarrièreetmeretrouveessoufflé,énervécontreelle,maissurtoutcontremoi.Maisqu’allais-jefaire,moi?Lamarquer…Encore!!!Quelleconnerie!Julisestavachiecontre lemuretmeregardesidérée.Levoilededésirdans
sesyeuxalaisséplaceàlacolèreàl’étatpur.Trèsbien,çameva!—Putainnemedemandepasdetemordreencore!!—Ettoiarrêtedemetoucher!Tun’asaucundroitsurmoi.—Onestunis!—Nan!Nosloupslesont…Toietmoi,onn’estrienl’unpourl’autre.Jete
déteste!—Tunemedétestaispasilyatrentesecondesquandj’avaisma…—Jeteconseilledenepasfinirtaphrase.Vatefairefoutre,Gozilla!Surcesbonnesparoles,elleramassesonsacquisetrouvedansuncoindela
pièce et sort aussi dignement que possible. Prostré à ma place, je l’entendsdemanderàmasœurdelaraccompagneretcelle-ciacceptejoyeusementtoutenluidisantqu’elleval’aideràsepréparerpoursonrencard.J’attrape à pleines mains mes cheveux et je tire dessus en espérant que ça
démêleralesnœudsdansmatête.Maispeineperdue,jesuisencorelemêmetroudu cul,maso qui laisse partir sa femelle à un rendez-galant avec un autre. Je
viens de pousser délibérément Julis dans les bras de ce connard d’Astin etcommejel’aiexcitéeàmort,çarisquedevitemonterentempératureentreeux.Quellemerde!!!
Chapitre17
Julis—Jesuiscontentequetuaiesacceptémoninvitation.—Pourquoinel’aurais-jepasfait?—ÀcausedelafindesoiréenazechezlesKappa.—Cen’estpastafautesimonexaimesetapermonanciennemeilleureamie
lancé-jeplushargneusementquejelevoulais.Astinsestoppenetetmeregarde,éberlué.Commejelecomprends!Jesuisplusquesurprenanteencemoment.Simoi-même,jenemereconnais
pas,commentluilepourrait?—Tul’asvraimentmauvaise,toi…S’ilsavait!Etlepirec’estquemacolèren’estpasdirigéecontreeux,maisbiencontreun
certainmec,blondavecdesyeuxd’unbleumagnifiqueetuncorpsàsedamner.Kaydy!Mien!Compagnon!Oui!Jesais!Maistun’auraispasputrouvermieux?Non,ilafalluquetutetrouveslepiremecdelaplanète!!Unconnardfini!Mien!!!Oui,ouimafille,j’aicapté,ilesttien,maisjustesonloup,pasl’homme!Mien!Laferme!—Jetedemandepardon?Jem’arrêteenpleinmilieudelapelouseetréalisequej’aiinsultémalouveà
hautevoix.—Non,euh…Jesuisdésolée,jemeparlaisàmoi-même.—Oh…D’accord.—Excuse-moi,jesuisfatiguéeencemoment.—Jecomprends,lerythmedescoursn’estpasfacile.—Non,c’estsûr.
Pour ma part, c’est mon entraînement qui me met sur les rotules, mais çaencore, je ne peux pas le lui dire. Comment pourrais-je glisser cela dans laconversation?C’esttoutsimplementimpossible!—Çatedérangesionpasseàlacafet’avantd’yaller?J’aiunpeusoif.—Pasdesoucis.Nous reprenons notremarche. Jeme sensmal à l’aise. J’ai l’impression de
jouerun rôle, dedevoir porter un costumequim’est troppetit. J’étouffe,mespoumonssonten feuetmapeaumedémange.Àplusieurs reprises, je regardemesmains pour voir si je ne suis pas un train de subir unemutation bizarrecommedanslefilm«LaMouche».Maisnon,mapeauestdelamêmecouleurqued’ordinaire.Jenesaispascequ’ilm’arrive…Pourquoisuis-jecommeça?Astin est unbeaumec et visiblement, il en pincepourmoi.Alors pourquoi
ressens-jecedégoûtprofondpourmoi-même?Malouveestencolèreaussi,elles’agite.Elleneveutpasquejemeretrouveenprésenced’unautremâlequelesienetdesurcroîtunhumain.—T’ai-jeditcommetuesbelleaujourd’hui?Jerougisfaceàcecomplimentetmedécideàmedériderunpeu.—C’estgentil,merci.Alorsc’estquoileprogramme?Unemiseàmort!TAIS-TOI!J’ailedroitdevivreaussi!Etcen’estpasKaydynitoiquiallezm’enempêcher.—Onvaaucinéetaprèsoniramangerdansunbistrotitalien.Çateva?—Oui,c’estparfait!Nousgravissonslesmarchesduselfavantdeplongerdanslasallesilencieuse.—Jeprendsjusteuntrucàboireetonfile.Je me plante devant le distributeur, et réfléchis à ce que je vais prendre.
J’hésiteentreunDrPepperetunCoca.JechoisislepremierlorsqueAstinposesa main sur mon épaule. Sa paume me réchauffe un peu, mais ce n’est riencomparéeàlasensationdesmainsdeKaydysurmoi.Jamaisjen’avaisressentiune telle chose. Lorsqu’ilm’a touchée, j’ai pris vie. Cet acte en lui-même nem’étaitpas inconnupuisque j’avais testéavecSmith,maisc’était loind’égalerce que Kaydy m’a fait ressentir. J’étais perdue, dans un monde si beau etlibérateurque lorsquemabouche lui a demandédememordre, je n’ai réalisé
qu’après la gravité demes paroles.Et ça a eu autant d’impact sur lui que surmoi.Ils’estreculéd’uncoup,commesiuneforcemystiqueluiavaitbalancéunseaud’eaufroidesurlatronche.Vivel’humiliation!Mêmesima louverêvededéchiqueter lamaind’Astin,pourmapart, je lui
sourisetc’estàcemoment-làquemonalerteinternesedéclenche.Ellerésonneetmalouveseredresseenbattantdelaqueueetenhurlant.Lagarce!Jen’aipas le tempsd’agirque laportede la cafétéria s’ouvre à lavolée et
qu’unevoixgraverésonnedansnotredos.—Ôtetamaindemafemellesituveuxqu’elleresteaccrochéeàtonbras!Astinfaitunbondd’unmètreenarrièreetregardeKaydycommesicelui-ci
étaitSatanenpersonne.Pourmapart,jemeretourneleplusdoucementpossiblepourluimontrerquesonattitudenem’atteintpaslemoinsdumonde.Maissurcepoint,jebluffe.IlestplantéenpleinmilieudelapièceetsecontentedefixerAstincommeuntueurensérie.—Je…Je…Savaispasquetu…Enfinquevous…—Onn’estriendutout!!Mavoixclaqueet résonneà laplacede la sienne. Jeme tourne légèrement
versAstinetluidiscalmement.—Attends-moidehorss’ilteplaît,j’arrive.Ilhoche la têteavantdedécampersansdemandersonreste. Ilpasse leplus
loinpossibledeKaydyquinelequittepasdesyeux.—HeyConanlebarbare!(Çaaaumoinsleméritededétournersonattention
demoncavalier.Jem’avanceversluietluivocifèreenpleinefigure.)Jenesuispastafemelle!!!Rentre-toiçadanstafoutuecervelledemoineau!—Tun’iraspasaveclui!Jetel’interdis!J’explosede rireavantde lui rétorquer toutenplantantmon indexdansson
sternum.—Tun’esrienpourmoi,jesuisLIBRE!Jen’aipasoubliécequis’estpassé
cetteaprèm,c’esttoiquiasfreinédesquatrefers.Alors,vienspasmereprocherdevouloiravoiruneviesentimentale.Situesenmanque,vavoirtataréed’ex,ellevoudratrèscertainementtesoulager.Sans plus attendre, je m’en vais. Je suis devant la porte lorsqu’il m’avoue
d’unevoixoùperceledésespoir.—Jenepeuxpas…Jenesuispascommetoi.Notrelienm’aenchaînéàtoi,
jenedésireaucuneautrefilleetjenepeuxpascoucheravecpersonned’autre.
C’estsoittoi,soitpersonne…Luijetantunregardpar-dessusmonépaule,jeluidemandeabruptement.—Tumedemandesdecoucheravectoiparcequetunepeuxpaslefaireavec
uneautre?Tucroisquejevaisoffrirmavirginitéàunmecquis’enfoutdemoietquimetraitecommeunemerdedepuisquejeleconnais?Sa bouche s’ouvre de surprise face à mon aveu. Je ne voulais pas le lui
annoncer comme ça, nimême le lui dire tout court,mais le fait est que, c’estsortitoutseul.Ilmeregardeavecattention,j’imaginepourvoirsijesuissincèreounon.Denouveau, jeme senshumiliée.Uneprofonde tristesse s’emparedemoietdeslarmesenvahissentmesyeux.Jebaisselatêteetmurmure.—Jeveuxjustemesentirdenouveaunormale…Incapablededireautrechose,jesorsdelapièceetrespireunegrossebouffée
d’air pour me requinquer. Astin m’attend en bas des marches et il a l’airsoucieux.—Excuse-moipourça.—Cen’estpastafaute…Écoute…(Ohçanesentpasbon!)Julis,tuasl’air
sympaet tues superbelle,mais jepréfèrequ’onen reste là. Jene tienspasàm’attirerdesennuissurtoutavec«Lameute».—Mais…—Visiblement,Kaydyettoiavezdeschosesàrégleret…—Onn’ariendutout,onn’estriendutout!—Pas pour lui… Je sais reconnaître unmec jaloux et je ne suis pas assez
suicidaire pour tenter de sortir avec la fille pour qui Kaydy en pince. Je suisdésolé,maisnon.Sansmelaisserletempsdem’expliquer,ils’enva.Debout,alorsquelanuit
arrivevite, je suis incapablede retenirmes larmes. J’enfouismonvisagedansmesmains et laisse libre cours àmapeine.Le pire c’est que je ne pleure pasvraiment pour Astin, mais bien pour ce que j’ai perdu en basculant dans lemonde des métamorphes. J’ai perdu ma normalité et je me suis perdue moi-même aussi. De nouveau la porte s’ouvre derrière moi et mon corps réagitinstinctivementàlaprésenceKaydy.—C’esttafaute!!—Non…Jet’avaisditquetunepouvaispasreprendretaviecommeavant.Uneboufféederagepuremefrappeetmeforceàmeretourner.Jecommence
àluimartelerletorseàcoupsdepoing.Ilmelessaisitetmelesbloquependantquejepleureencore.—Calme-toi…S’ilteplaît.
—Pourquoi???Pourquoi?Kaydy…Pourquoi??Il lâchemesmains etm’enlace. Jem’accroche à lui et enfouismon visage
contretontorsemusclé.Sabouchedéposeunevoléedebaiserssurmescheveuxetjelaissecettedémonstrationd’affectionmeréconforter.Meslarmesfinissentpar se tarir et je redresse les yeux pour les plonger dans les siens. Kaydym’essuiedoucementlesjouesdesespoucestoutenmedisantsansmelâcher.—Onestfaitsl’unpourl’autre.C’estledestin.Tuesmonâmesœur,cellede
monloupetlamienne.Puissurce,ilm’embrassedenouveau,maiscebaiseresttotalementdifférent
deceluiquenousavonséchangécetteaprès-midi. Ilestdoux, léger,bourrédedévotionetsurtoutsincère.
Chapitre18
KaydyLatenirtoutcontremois’avèreêtrelachoselaplusnaturelleaumondeàmon
sens. Maintenant que j’ai accepté l’inacceptable, je me sens respirer à pleinspoumons.L’airmesemblepluspur,plusvivifiantouest-cedûàl’odeurqu’elledégage, la mienne ? Je ne saurais le dire.Mais ce qui est sûr, c’est qu’à cetinstant,jesuislemeclepluschanceuxdelaTerre.Jemetsfinaubaiseretaussitendrementquepossible–parcequemerdequoi,elleestvierge–jeplongemesyeuxdanslessiens.—Tuveux rentrer avecmoi ? Je n’ai pas envie de te savoir dans lamême
chambrequetasalopedecopine.—Euh…Jenesaispas.—Laisse-moimerattraper.Jeveuxm’occuperdetoi,c’estcequefaitunbon
compagnon.Ilprendsoindesafemelle.—On…(Elle se racle lagorge avantdemedemander timidement.)Onest
ensemble?—Oui.Tuesmienne,depuisletoutpremierregardquej’aiposésurtoi.—Tonloup…—Non,pasjustelui.Luietmoi.—D’accord.—Tuacceptes?—Oui,detoutemanière,jen’aipaslechoix.Sijemerefuseàtoi,malouve
mefaitlamisèreetelleétaitencolèrequejeveuillesortiravecunhumain.Dis-moi, c’est dans vos gènes ou quoi ? De trouver les humains moins bien quevous?Jenepensaispasquedeladiscriminationopéraitchezlesmétamorphes.Enentendantcesréflexions,jenepeuxquemecrisper.Siellesavaitquec’est
auseinmêmed’unemeutequelespiresdiscriminationssejouent.Voilàencoreune raison qui me pousse à l’endurcir. Comme elle n’est qu’à moitié louve-garou,pourcertainsde lameute,ellen’aura jamaissaplaceparminous.Jenesuis pas bête, je sais ce qu’ils pensent et pourquoi. Pour eux, accepter unemétisse reviendrait à laisser entrer un loup dans la bergerie. Je ne le vois pascomme ça, pour moi, il faut réussir à vivre du mieux qu’on peut parmi leshumains.C’est pour celaque j’ai toujoursbataillépourpouvoir aller en coursdans un établissement public.Mon père est étroit d’esprit, pour lui, plus nousvivonsenmargedelasociétéplusnoussommesàl’abri.
Cela a fonctionné, mais maintenant avec l’évolution de la technologie, del’humanitéengénéral,jepensequec’estànousdenousadapter.Voilàpourquoije suis un cursus en écologie. Je veux pouvoirmettre en pratique ce que j’aiappris, pour la meute, pour moi. Je veux être un chef, un bon leader, unvisionnaireetpasunquisereposesursesacquisetquiapeurduchangement.Doncquelefilsdel’Alphaprennepourcompagneunefillequiestàmoitié
humaine crée la discorde, mais sincèrement, je n’en ai rien à faire. Elle estmienneestc’esttout.—Viens,onvatechercherdesaffairespuisonrentreàlamaison.Je l’embrasse une dernière fois avant de la guider en direction de son
bâtiment.Nousgravissons lesmarcheset lorsquenousarrivonsàsonétage, jecomprends tout de suite que quelque chose ne va pas. Une odeur forte estprésentedanslecouloir,uneodeuranimalequejen’arrivepasàreconnaître.JepassedevantJulisetluifaissignederesterenretrait.Ellemeregardeéberluéeavant demevoir renifler.Là, ellem’imite et aussitôt ses sourcils se froncent.Elle aussi a capté l’odeur inconnue. J’avance doucement jusqu’à sa porte etlorsque je l’ouvre, j’ai face à moi un bordel sans nom. Sa chambre estlittéralementretournée.Touteslesaffairessontrépanduesparterre,déchiquetéesou cassées. Le hoquet de stupeur quime parvient de derrièremoi,m’apprendqueJulisnem’apasécouté.Jeluijetteuncoupd’œilpar-dessusmonépauleetje la découvre avec la main devant sa bouche. Son visage est hagard etl’expression qu’elle a,me brise le cœur. À cet instant, je jure de retrouver lapersonnequiafaitçaetdelaréduireenmiettes.—Kaydy…Mais…—Tun’espasensécuritéici.Tuviensvivreavecmoi.Préparetesaffaires.—Jenevaispasvenirhabiteravectoietpuis,ondoitprévenirlapolice.—Çaneconcernepasleshumains!!jecracheinvolontairement.Faceàla
duretédemesparoles,elleaunmouvementderecul.Excuse-moi,j’aijustepeurpourtoi.S’ilteplaît,Julis,avantd’ouvrirtaboucheetdetelancerdansunediarrhéeverbale,tuveuxbienemballercequiterested’affaires?Tupourrasmepourrir autant que tu veux quand on sera en sécurité dans la voiture, mais làdépêche-toi.—Çavaêtretoujourscommeça?—Commentça?—Entrenous…Tuvaspassertontempsàmedonnerdesordresetattendre
demoiquej’obtempèresansbroncher?—Pfff,commencepas…
—Onn’estmêmepasensembledepuisdixminutesqueturecommencesàtecomportercommeunconnard!—Mais,jesuisunconnardettoiunecasse-couilles,pourtantonestensemble,
alorsbougetonjolipetitculetfaistonsac,merde!Elle grogne avant de souffler. Pendant qu’elle empaquette ce qui lui reste
d’affairesnoncassées,jesorsmontéléphonedemapochedejean.—AlloRiver…Viens sur le campus, avec les autres, il s’est passé un truc
danslachambredeJulis.—Quoi?Ellevabien?Lefaitqu’ils’inquiètepourmacopinenemeplaîtpas,etjedoismesouvenir
qu’ilsontpassébeaucoupde tempsensembleetqu’il la respecteparcequ’elleestmienne.—Oui,elleestavecmoi.Ellerentresurleterritoire,elles’installechezmoi!—Ahputain,enfin!MercimonDieu!—Laferme!—J’arrive.—OK.Jesuisprêtàraccrocherquandilmedit.—Et,jesupposequejen’enparlepasàtonpère?—Tusupposesbien.—D’accord.Cettefois-ci,jecoupelacommunicationetrangemonportabledansmonjean.
Puis,àl’affûtdumoindresignededanger,j’attendsqueJulisfinisse.—Quevontdiretesparentsenmevoyantdébarqueravecmesvalises?Alorsquenousarrivonsdevantmamaison,Juliss’arrêteenbasdesmarches.
Elleestrestéesilencieusependanttoutletrajetetcelaaeuledondememettrelesnerfsenpelote.Ilfautdirequecen’estpasdansseshabitudes,puisquec’estunvraimoulin à paroles. Je n’ai pas eubesoin de puiser dans notre lien pourcomprendrequ’elleétaitchamboulée.Toutsoncorpsétaittenduetlefaitqu’ellesemordrelalèvreétaitplusquerévélateur.Pournepaslabrusquer,nilaforceràs’ouvriràmoi,jemesuiségalementretranchédansunmutisme.La soirée a étémouvementée et ellemérite de se reposer dans un endroit à
l’abridudanger!—Net’inquiètepaspourça.Mamèret’adoreetmasœurt’aadoptéedepuis
longtempsdéjà.—Ettonpère???
Je soupire doucement avant de lui saisir le visage à pleinemain. Je plongemes yeux dans les siens, et y fais passer toutema détermination pour qu’ellecomprennequejenelalaisseraipastomber,jamais.—Ils’yferaetsinon,jem’enfous.Tuesmacompagne,unpointc’esttout.Pourappuyermesdires,jefaisglissermeslèvressurlessiennes,doucement.—Pourquoituaschangéd’avis?—Commentça?—Hier, tuneme supportais pas, alorspourquoid’un seul coup, tuveux te
mettreavecmoi?Tunem’aimesmêmepas!—Cen’estpasça…—C’estquoialors?C’estparcequetuespossessif,tuneveuxpasmevoir
avecunautre?—J’admetsquejenesupportepasl’idée,çamedonneenviedetuer.—Cen’est doncque ça…medit-elle enbaissant la tête.Ramène-moi à la
résidence,toutça,estunetrèsmauvaiseidée.—C’esthorsdequestion!!!Ellerelèvesonsibeauvisageversmoietfroncesessourcils.—Cen’estpastoiquidécides!!—Si,c’estmoilemâle,c’estmoiquiailepouvoir!—Lepouvoir,moncul!—Neparlepasdetoncul,bébé…Çamedonnedesidéessinonetcommetu
esvierge,çafaitdemoiquelqu’undepervers.D’ailleurs,ilvafalloirqu’onparledeça,jenepeuxpascroirequetusoisencorepucelle.Lehoquetchoquéqu’ellelâcheesttropmignonetmefaitéclaterderire.Julis
estcomplètementindignéeparmesparoles.Sonvisagedevienttoutrougetandisqu’elleserre lesdents,prêteàmefrapper, j’ensuiscertain.Uncraquementdebranchessefaitentendresurmadroiteetmonnezcapteenmêmetemps,l’odeurdelalouvedemasœur.Elleémergedelaforêtets’élanceencourantsurJulis.Elleluitourneautourtoutenjappantetmacopineaprèsavoirdenouveaufroncésessourcils,souritavantdedéclarer.—C’esttasœur,jereconnaissonodeur.CoucouSavana,commentvas-tu,ma
belle?Ohoui,tuestropbelle…Toutedouce.Juliscaressegentimentlalouvequiluilèchelamainenretour.Jesuiscontent
que ces deux-là s’entendent.Ma sœur n’a pas beaucoup d’amies, tout commeJulis,cequifaitqu’ellesnepeuventquebiens’entendre.—Bon,onentre?J’ailadalleetmamanafaitdupoulet!Je me retourne et gravis les marches suivi par Julis et la louve. Dès notre
entrée,cettedernièrepartendirectiondesachambretandisquejem’avanceversla cuisine. J’avais raison ma mère est derrière les fourneaux et l’odeur quis’échappedufourmemetl’eauàlabouche.—Mam’.Celle-ciseretourneetlorsqu’ellevoitJulis,elleluiadresseunénormesourire.—Coucouvousdeux.Commentvas-tu,Julis?—Trèsbienmerci,etvous?—Jevaisbien.Turestesdîneravecnous?—Euh…—Enfait,ellevientvivreavecnous.J’aidécidédesuivretesconseilsetjela
revendiquecommemacompagne.Mamèrem’étudieattentivement.Puisaprèsavoirjugédemabonnefoi,elle
déposelaspatulequ’elleavaitdanslamainetnousrejoint.—Jesuis trèscontentepourvous.Félicitationsetbienvenuedans lafamille
machérie.Surce,elle l’enlace. Julisy répondavec joie,mais jevoisqu’elleestmalà
l’aise.—Merci.—Onvadansmachambre.—D’accord,jevousappellequandlerepasestprêt.Après avoir hoché la tête, j’entrelace mes doigts à ceux de Julis et nous
partons en direction dema chambre.Mon cœurmartèlema cage thoracique àl’idéedel’installerdansmonchez-moi.Jen’aijamaisvécuavecunefilleàpartavecmasœuretjenesaispastropcommentmecomporternimêmequoidire.Jeréfléchisàlameilleurerépliquequandelleannonce:—Jevaisdemanderàtasœursijepeuxdormiravecelle…Matêteopèreunquartdetourdesonproprechefetjelamate,éberlué.—Quoi?—Benoui,jenesaispassivousavezdeschambresd’amisetpuis,jenesais
pasmoi,merde!—Tudorsavecmoi.—Hein??Non…Non…Euh…Non.Ellesecouelatêteénergiquementcommesicequejevenaisdedéclarerétait
toutsimplementimpossibleàassimilerpourelle.—Ahsisi!—Jenevaispasdormiravectoi!!—Etpourquoiça?Onestensemble,non?
—Oui,maisdepuisuneheure!Jenevaispasdormiravectoi,enplusdanslamaisondetesparents,c’estirrespectueux.—Jenevoispasenquoi?Lesexefaitpartiedenosmœursetpuis,jen’aipas
ditquej’allaisprendretavirginitécettenuit!Jesuispeut-êtreunconnard,maispasundecegenre-là!—Tupeuxarrêterdeparlerdemavirginitécommed’unetroisièmepersonne.
Jenedormirai…— Arrête de parler, c’est non négociable ! Va voir ma sœur, si tu veux,
d’ailleurselledoitnousécouterencemomentmême…HeinSavana,çava?Tuprendstonpied?— Grave, j’adore vous écouter vous disputer ! Vous animez mes journées
commeunTalk-Show!annoncemafrangineironiquement.—Salegarce!—Moiaussi,jet’aime!BonJulis,rappliquedansmachambre,quel’onparle
detavirginité!J’explosederiresanspouvoirmeretenirenvoyantJulisdevenirtouterouge.
Elle m’envoie un coup de poing en plein plexus solaire et me coupemomentanémentlarespiration.—Tuneperdsrienpourattendreetjeprendslecôtédroit!Elleposesavalisesurmonpiedpourbienm’emmerderetparsendirectionde
la chambre de Savana qui se trouve au fond du couloir, le plus dignementpossible.Jepénètreàmontourdanslamienneetdéposesonbagagesurmonlit.Jesuistentéedel’ouvriretdefouillerdedanspourvoircequ’elleportecommedessous,maisjemeraisonneenmedisantquec’estuntantinetvoyeur.Aulieudeça,jesorsmontéléphoneetappelleRiver.—AlloKay?—Shep?OùestRiver?—IlparleavecTeddy.—Ahd’accord,alorsvousaveztrouvéquelquechose?—Non.Onasuivil’odeursousnotreformelupine,maisçanedébouchesur
rien.Lapistes’arrêtederrièrelebâtiment.Maisjepensequec’estuneméthoded’intimidation.Lapersonnequiafaitça,voulaitluifairepeur.—Bree…— Je ne pense pas, ce n’était pas son odeur. Et puis, elle n’est pas aussi
subtile,tonex.—J’avoue.Maisalorsquietpourquoi?—Jenesaispas, jevaismerenseignerpourvoirsi lesautresmétasontété
menacésdelasorte.Cen’étaitpeut-êtrepasviséquecontreelle.Attends,Riverrevient,jetelepasse.Et,aufait,Kay??—Oui?—C’est cool que tu l’aies revendiqué, c’est une chouette fille et elle a du
mordant.ElleferaunebonneAlpha.—J’espère…—Allô??—Alors?—Personnenesaitrien,etn’arienvu.Teddyvavoirsiellepeutapprendre
deschosesauprèsdesavolière,ellenoustientaucourant.Lapoliceducampusestvenueaussi,maisbon,onsaitcommentilsbossentcestoquards.—Ouais…—Enfin,voilà,c’esttoutcequ’onpeutfaire.Tuessûrdenepasvouloiren
parleràtonpère?—Paspourl’instant,non.Ilnelaportepasdanssoncœuralorssijeluidis
qu’ellepeut représenterundangerpour lameute, il voudra la foutredehorsetc’esthorsdequestion.—OK.—Vousvenezmangerà lamaison?Onpeutsefaireunesoiréefilmaprès.
Y’alenouvelAvengersquiestsorti.—Onmangequoi?—Dupoulet!—OK,onarrive.Ilraccrocheetjemelaissetombersurmonlit,surledos.Lesyeuxfixésau
plafond,j’essaiedecomprendretoutecettehistoire.Sicen’estpasBree,quiçapeut être et pourquoi ? Parce qu’elle est mienne ? Parce qu’elle est à moitiéhumaine ?Qu’est-ce qui justifierait qu’on agisse ainsi ? Est-ce que le dangervientde l’extérieuroude l’intérieur?Demapropremeute?Jene lesaispas,mais je vais tout faire pour le découvrir. Je n’ai pas peur de me battre pourprotégercequiestdésormaisàmoi.
Chapitre19
JulisUne alarme stridenteme fait sortir du sommeil d’un coup. Paniquée, jeme
redresse.Kaydy,lui,s’estdéjàmisdebout.—Qu’est-cequisepasse?—Onestattaqués!Lève-toi!—Quoi?Mais…—Pasletempsdeparler,grouille-toi!Pourunefois,jenediscutepas.Jesorsdulitetprendssasuitelorsqu’ilquitte
lapièce.OnretrouveSavanaainsiquesonpèreetsamèredanslesalon.—Papa ? demande Savana visiblementmaîtresse d’elle-même alors que je
tremblecommeunefeuilledansmonpyjama.—Savana, tuvasresteraveclesenfantset lessoumisdanslasalleausous-
sol.Celle-ciacquiesced’unsignedetête.—Tuveuxquejefassequoi,moi?demandeKaydyàsontour.—Tuviens avecmoi.Les lieutenants sont déjà sur le coup, onva aller les
rejoindre.Àcet instant, laported’entrées’ouvreetungroupedepersonnes,que jene
connaispas,entre.Sonpères’exprimecommeunchefdoitlefaire.—AllezavecSavanaetbarricadez-vous.Personne ne pipe mot et tout le monde commence à prendre le couloir en
directiondel’escalierquimèneausous-sol.—Julis,turestesbienavecmoi…— C’est hors de question ! claque la voix de son père en réponse à
l’affirmationdeKaydy.—Commentça?—Ellen’irapassebattre,elleestfaibleetellenesetransformepas.Jen’ai
pasbesoind’avoirunbouletdanslespattesettoinonplus.—Cen’estpasunboulet!!C’estmacompagne!—Peuimporte,ellenevientpas.Ellen’aqu’àalleravectasœur…déclare-t-
ilsuruntonméprisant.Siavantjedoutaisdetonaversionpourmoi,dorénavant,j’enailapreuve.Il
ne m’aime clairement pas. Je comprends dans la posture de Kaydy, qu’il varépliquer et pour couper court à une discussion qui n’est pas nécessaire
maintenant,j’annonce:—C’estbon,jevaisaveclesautres.—Maistun’espasunesoumiseettuesassezentraînée,tupeuxnousaider.— Kaydy, tu crois qu’on a le temps de parler de ça ??? Notre meute est
attaquée!Leregardqueluilancesonpèreestàglacerlesang.Kaydyserrelamâchoire,
avantdeme jeteruncoupd’œil. Je saisqu’iln’estpasd’accord, je ressens sacolèreetsonincompréhensionetj’avouequejesuisdumêmeavisquelui.Paspourlecôtébaston,maisbienpourmonpotentiel.Sonpèrenesaitpasdequoijesuiscapablemaintenant,nimêmelesprogrèsquej’aifaitsendeuxsemaines.Jelaisse émerger ma louve, du moins comme j’en suis capable, et je fixe moncompagnonpourqu’ilvoiequejesuisprête.Ilsoupireavantdehocherlatête.Sans plus attendre, je rejoins à mon tour le sous-sol. Mes pas rapides sontaccompagnésparlebruitd’osquicraquent.Puisdeshurlementsrésonnentdansmondos.L’odeurduloupdeKaydysefaitplusprésenteetm’enveloppecommeune douce couverture. Arrivée à la porte des escaliers, je tourne la tête etdécouvrele loupprostréà l’entréedelamaison.Pourlerassureràsontour, jemurmure.—Va,maisfaisattention.Ilsoupiredangereusementavantdes’élancerverslaporteouverte.Prestement
jedescendset arriveaumomentmêmeoùSavana s’apprêteà refermer. Jemeglisseparl’entrebâillementetlalaissefermerlalourdeportemétalliquederrièrenous.—Tun’espasalléeaveclesautres??—Tonpèrenevoulaitpas.—Oh.—Ettoi,pourquoituresteslà?—Jesuisunesoumise.(Elledéclareçacommesij’étaiscenséesavoirtoutce
queçasignifiait.Commejerestemuette,elleenchaîne.)Jeneserviraiàrienfaceundominant.Malouvesesoumettratoutdesuite.Jenedispasqueçameplaît,maisilaraison.Jesuisplusensécuritéici,aveclesautres.—D’accord.Debout,enpyjama,jesuisincapabledem’arrêterdetrembler.Jesuisapeurée
certes,maisjesensl’adrénalinecourirdansmesveines.J’aienviedebouger,dechasser,etjecrois,demebattreaussi.Malouveestdumêmeavisquemoi.Elleest aux aguets, et tourne en rond enmontrant les dents. Elle n’a pas supportéqu’onlatraitedefaibleetjenepeuxquelacomprendre.Sevoirrefuserquelque
chosejusteàcausedesoncodegénétiqueesttoutsimplementaberrant.—Viens,onvaattendreaveclesautres.Je la suis docilement etmemets à sa droite lorsqu’elle se plante devant le
groupe.Ilyaquelquescouplesetunedizained’enfants.— Je vous présente Julis, c’est la compagne de Kaydy. Vous avez dû en
entendreparler.Surce, toutlemondesemetàm’étudiercommesi j’étaisunebêtedefoire.
Certainsregardssontcordiaux,maisd’autressonttrèsrécalcitrants.Puis,lavoixd’unepetitefillerésonnedanslapièce.—C’estladamequiestqu’àmoitiélouve??—ChutPhoebe…luiintimelafemmequiestàcôtéd’elle.—Benquoi?Jen’airienditdeméchantannoncelagamined’unevoixforte
avant de me fixer scrupuleusement. C’est vrai que tu ne te transformes pas,commeunelatente??Le plus gentiment possible malgré la colère qui bouillonne en moi, je me
transformeaumaximumdemescapacités,c’est-à-diremesgriffes,mesyeuxetmescrocs.Jesais,cen’estpasfameux,maisjefaiscequejepeux!Lapetitefillemescruteavantdehocherlatêtepuisdesemettreàparleràun
garçon.—Tuvoisquecen’estpasvrai…Cen’estpasunemutante!Tudisn’importe
quoiMax!—Cen’estpasmoi,c’estmamèrequim’aditça!Lesdeuxenfantsselancentdansunediscussionaniméesurmoncompteetje
soupire en réalisant que les rumeurs vont bon train surmon dos. Je le savaisqu’onparlaitsurmoi,Savanamel’avaitdit,maisjenepensaispasquec’étaitàce point-là. Préférant ne rien dire, je tourne le dos à l’assemblée et reparsmemettre devant la porte. Je fais les cent pas devant celle-ci, incapable de mecalmer.Larageboutenmoi,moncœurmartèlemacagethoraciquetandisqueleliend’unionquejepartageavecKaydym’informequesonloupestentraindesebattre.Jeressenschaquecoupquiluiestportédansmaproprechair.Ilamal,maisneselaissepasfaire.Ilgriffe,mordetsurtoutcombatcommeunlion.Cequiestsûr,c’estqu’ilestcoriace.—Julis?Çava?Jemestoppeet reportemonregardsurSavana.Cettedernièrea lessourcils
froncés.—Quoi?
—Tugrognes.—C’estma louve, elle est en colèred’avoir été excluedu combat et elle a
peurpoursoncompagnon.À peine ai-je fini ma phrase que je sens une douleur au niveau de mon
abdomen.Incapabledelasupporter,jemeplieendeux.—Kaydy…Il…—Respire. Julis respire…Vous êtes unis, c’est normal que tu ressentes sa
douleur.Maisau-delàdeça,tupeuxl’aideraussi.Tupeuxluidonnerdetaforce.—Comment??demandé-jerapidementtantjesuisinquiètepourlui.—Fermelesyeux.Concentre-toisurlui,survotrelien.Laisse-lepuiserentoi.Sans attendre, je fais ce qu’elle vient de me conseiller. Mes paupières se
fermentetjelaissemonespritpartiràlarencontredusien.Jemeconcentresurnotrelienettoutenrespirantdoucement,jeluiintimedeseservirdemaforce.Je le sens récalcitrant, mais il n’est pas en position de discuter. Il finit paraccepterets’alimenteauseinmêmedemonénergie.Àcetinstant,enlesentantreprendredesforcesetsurtoutl’avantagedanslecombat,jeprendspleinementconsciencede lapuissancedenotre lien. Je resteconcentréesur lui jusqu’àceque je sois sûre qu’il s’en sort puis je referme les vannes si je puis dire et lelaisseseulsurlechampdebataille.Haletante,jesuisobligéedem’appuyercontrelaporte.Unfiletdesueurme
coulelelongdelacolonnevertébraleetjemesensunpeunauséeuseaussi.—Respire…C’estbon?—Oui,ilvamieux.—OK.Unénormefracassefaitentendrejusteau-dessusdenous.Jelèvelatêtetout
entendantl’oreille.Monouïehyperdéveloppéecaptelebattementd’uncœur.Ilfrappeviteetvisiblementlapersonneesttrèsénervée.Comptetenudubruit,elles’emploie à tout casser. Sans vraiment réfléchir, je me tourne vers Savana etdéclaresûredemoi.—J’yvais!Cettedernièremefixesurpriseetilfautledire,unpeupaniquée.—Tuesfolleouquoi?Tunepeuxpasyallertouteseule.—Si.Ilyaqu’unepersonne,jepeuxm’ensortir…—Etaprès?Tuvasfairequoi?—Jenesaispas,maisjeneresteraipasici,cachée!Ma voix gronde en même temps que mon aura de dominance. C’est la
première fois que je la lâche devant Savana et elle me regarde encore plus
choquée.—Ahouais…Tuesvraimentdominante.Maiss’ilteplaît,n’yvapastoute
seule.Kaydyvapéteruncâblequandillesaura.—Bentantpis!Rapidement, je déverrouille laporte etmeglissedans le couloir.Dansmon
dos,Savanachuchote.—Tudésobéisàunordredel’Alpha…Tuessûredetoi?—Tonpèrenem’aimepasetcen’estpasmonAlpha!Refermederrièremoi
etn’ouvreàpersonne.—Faisattention,s’ilteplaît.Je suisdéjàpartiequandellemedemandecela. Jegravis lesmarchesàpas
feutrésetmeglissedanslecouloirdelamêmefaçon.Jelaissetoutpouvoiràmalouveetcelle-ciprendladirectiondesopérations.Elle se fie à son flair et s’approche de l’inconnue par-derrière. Celui-ci est
agitéetparle toutseul. Ilbaragouinedesmotsquineveulent riendire toutencassant toutcequise trouveàsaportée.Lesalonest ravagéetplus rienn’estencoreentier.Plusj’avanceverslui,plusl’odeurqu’ildégageserappelleàmoi.Je la reconnais,c’estellequiétaitdansmachambre laveille.Bienque jesoisenragée,malouverestemaîtressed’elle-même.Quandellejugequ’elleestassezprèsdumec,elleattaque.Toutesgriffessorties,elleluilacèreledos.Celui-ciseretourne en même temps qu’il lâche un grognement révolté. Quand il medécouvredevantlui,ilsouritd’unaircruel.—Unelatente…Jeneluilaissepasletempsd’endireplus,jemetsàprofiltoutcequeRiver
m’aappris.Jebalancemespoingsetmesjambesdansunechorégraphiequej’airépétée et répétéependantdesheures. Jene retiens aucundemes coups, et lemec engage enfin le combat contre moi. Un crochet du droit me percute enpleinemâchoireetladouleurrésonnejusqu’àdansmoncuirchevelu.Maisj’aiétéhabituéeàpireetj’enprendspleinementconscience.Rivern’apasététendrelors de nos séances et je ne l’en remercierai jamais assez pour ça, car il m’aappris à encaisser comme une chef et combattre sans rien lâcher. Serrant lesdents,j’esquiveunnouveaucoupetàmontour,luilacèreletorseetlevisageàcoupdegriffes.—Ohc’esttoi…Sadéclarationmechoquetantquejemarqueuntempsd’arrêtetilenprofite
pour me faire basculer au sol. S’installant sur moi, il me saisit par le cou etcommenceàserrer.Monpremierréflexeestd’essayerdemedégager,maisc’est
toutsimplementimpossible.Ilestbientropfortetsurtout,plusjebougeetplussa main serre ma trachée. Mes poumons me brûlent tandis que je lutte pourprendreuneboufféed’air.Toutenm’étranglant,ilmebalanceunnouveaucoupdepoingenpleinœil.Uneexplosionsefaitsentirdansmatêteetmoncerveaupeine à enregistrer d’autres informations. Mes paupières clignent rapidementpour faire lamise aupoint.Lemecme fixe avecun regard fouethanté alorsqu’ilsemetàdiretoutetn’importequoi.—Ilaosé…Alorsqu’ilm’atraitécommeunemerde.Ilm’achasséalorsque
toi, tu es encore là, tout ça parce que tu te tapes son cher fiston. Je n’ai riencontre toi,mais tu dois servir d’exemple et puis, onm’a demandé de te fairepayer…Unealerteinternerésonneenmoietjesaisispleinementlesensdesadernière
phrase. Il nevapas s’arrêterni se contenterdememettreKO,non, il va toutsimplementme tuer.Ma louve grogne silencieusement tandis que l’instinct desurvieprendledessus.Celamedonneunenouvelledécharged’adrénaline.Pourluifairecroirequemesforcesm’abandonnent,jelaissemoncorpssedétendreetj’obligemoncœuràbattremoinsvite.Toujoursprivéed’oxygèneetalorsqu’unbourdonnement me vrille les tempes, je descends ma main au niveau de sonentrejambe. Sans plus attendre, je lui plante mes griffes dans les bijoux defamilleet j’opèreune rotationbrutale.Lemeccriededouleur,me libèreet seplieendeux.Niunenideux,jemeremetsdeboutetlaissemaragesedéchaîner.Jelefrappeetfrappeencoreetneluilaisseaucunechancederépliquer.Iltombeparterreetj’écrasemonpieddirectementsursatronchederat.Lemecs’affaleinerte.Je tremble de tout mon corps et c’est à ce moment-là que des mains me
saisissent.Jemeretourne,prêteàcombattreencore.Jebalancemonpoingdéjàbien amoché sur mon adversaire. Celui-ci esquive habilement avant dem’élancerpourstoppermafrénésie.—Calme-toi,c’estmoi,bébé.DèsquemoncerveaureconnaîtlavoixdeKaydy,moncorpss’arrête,tandis
que j’essaie de le regarder. Mes yeux voient flous et je distingue quegrossièrementsessibeauxtraits.—C’estfini.J’entendssesmots,maisjen’encomprendspasleursens.C’estcommes’ils
ricochaientpartoutdansmoncrâne,maisquej’étaisincapabledelesassimiler.—Kaydy…—Oui,c’estmoi.Jesuislà.
D’unseulcoup, laboufféed’adrénalines’envaaussivitequ’elleestvenue.Mon corpsme lâche. Incapable de les retenir,mes yeux se ferment et le noirm’engloutit.
Chapitre20
KaydyJulis perd connaissance dans mes bras. Je la dépose la plus délicatement
possibleparterreetrepousselescheveuxcolléssursonvisage.Àlavuedel’étatdecelui-ci,delabilemeremontedanslabouchependantquel’enviedemeurtres’emparedemoi.MonDieu,elleest…Jenetrouvemêmepasdemotpourqualifierl’étatdésastreuxdesonvisage.Sapaupièredroiteenfleàvued’œiltandisquesalèvreestfendue.—AllezchercherErin!—Jesuisdéjàlà.Laisse-moidelaplace.Laguérisseusedelameutes’accroupitàcôtédeJulisetplacesesmainsjuste
au-dessusdesonvisage.—Çavaaller,ellevas’ensortir.Elleaeudelachanceàmonavis.—Tum’étonnes!!Elleavaitqu’àresteraveclesautresausous-sol!crache
monpèredansmondos.Sans pouvoir m’en empêcher, je me tourne vers lui, dans une position
d’attaqueetjerétorqueaussiméchammentquelui.—Tuneparlespasdemafemellecommeça!Monpèremefixeetnedécolèrepas.—Elleadésobéiàunordredirect.—ElleasurtoutréussiàmettreKOunmecàelletouteseule.Elleafaitce
quepersonnen’aétécapabledefaire!Aumoins,onaunprisonnier.Ilnedit rien,mais je saisqu’iln’enpensepasmoins.Maintenant c’est très
clair,ilnel’accepterajamais.Peuimportecequ’ellefera,ellenegagnerajamaissonrespect.Celam’énerveetm’attriste.Jeneveuxpasavoiràchoisirentreluietelle.Etpuis,jenelepeuxpasetildevraitlesavoir.Unliend’unionnepeutêtrerompuoualors,c’estlamortassuréemêmeavecunlienquepartiellementmis en place comme le nôtre. Malheureusement, le fait que j’accepte de larevendiquern’arienchangé.Elleportemonodeur,arriveàmetransmettresonénergieetonressentlesémotionsdel’autre,maisjen’aipasréussiàluidonnerde la force quand elle en avait besoin.Mon loup a tout de suite senti qu’ellecouraitundanger.J’aibienessayédel’aider,maisjen’aipaspu.C’estcommesile réseau était ouvert,mais qu’à sens unique et ça a eu le don d’énervermonloup.Pour sedéchargerde la colèrequ’il éprouvait, il a éventré sonassaillant
avantd’abandonnerladépouillepourseruericimilitari.Ilm’alaissélecontrôleen sortant du bois qui entoure la maison après avoir poussé un hurlement.Pendantquejemetransformais,lesautresontdébarqué.J’aigravilesmarchesd’unbondetlorsquejesuisentréetquej’aidécouvertJulisentraindefrapperàmortunmec,j’aicruquej’allaisdéfaillir.Cen’estpaslascèneensoimêmesij’avais peur pour elle, mais bien la puissance qu’elle mettait à chaque coupporté.Ellesedéchaînaitsurlemec.Entranse!Elleétaitlittéralemententranse!Ellenem’amêmepassentiarriveret lorsque j’aivoulu lastopper,ellem’a
attaqué. Ses yeux étaient vitreux et sa respiration sifflante. Elle était là sansvraimentl’être.Debout, àpoildevantErinqui l’aguérie, je suis incapablededétachermes
yeuxde Julis.Lavoir allongée, inconscienteme fait carrément flipper etmonloupestcommemoi.—Tienshabille-toi.Savaname tendmes fringues et après l’avoir remerciée d’unhochement de
tête,jelesenfile.—Ellen’apasvoulum’écouter.Elleestsortietouteseule.Ellel’amisdans
unsacréétat,déclaremasœuravecrespect.—Ouais…me contenté-je de répondre non sans ymettre toute l’animosité
quej’éprouveenversmonpère.Mamèrearriveàcemoment-làetmedemande:—Çava?Tun’espasblessé?—Çava,cen’estrien,jem’enremettrai.—Erin,tupourrasleguériraprèsJulis.Je ne laisse même pas le temps à l’intéressée de parler, je rétorque sans
attendre.—Jevaisbien,jeveuxqu’elles’occupedeJulis!!—Etc’estcequ’ellefait!Calme-toi.—Quejemecalme?Turigoleslà?Tuasvudansquelétatelleest?Ettout
ça, parce que papa n’a pas voulu qu’elle vienne avec moi ! Elle aurait pumourir!—Ellen’avaitqu’àpassortirdusous-sol!Encoreunefois,monpèremejettecetteréflexion,maismaintenant,elleme
faitsortirdemesgonds.D’unmouvementrapide,jeluidécrocheuncrochetquilepercuteenpleinemâchoire.Ilrestecalmeetmefixeavecduretéavantdelancersonauradedominance.Ellem’atteintdepleinfouetetlamiennefléchit
légèrement,maiselleestalimentéepar larageet l’incompréhension.Cequi larendbienplusforte.Jenecourbepasl’échineetgonflemespoumonsavantdeluiintimer,intransigeant.—TuvasaccepterMAcompagne!Je le vois prêt à répondre, mais ma mère s’interpose entre nous alors que
toutes les personnes présentes dans la pièce c’est-à-dire ses lieutenants etmespotesnousfixentéberlués.—Çasuffit!Pasdeçaentrenous!Quetoutlemonderentrechezlui.Allez-
vousreposeretprofiterdevosproches.Lanuitaétémouvementéeetonatousbesoindesouffler.Enpassant,embarquezlemecdanslesvapesetenfermez-ledansl’atelier.Sur cet ordre, les occupants quittent les lieux après avoir salué mon père.
Aucundeseslieutenantsnem’adresseneserait-cequ’unregard,seulsmespotesm’envoientunsignedetêteavantdepartir.—C’estbon,mais elleva resterdans lesvapespasmalde temps, annonce
Erinenserelevant.Aprèsavoirelleaussisaluémonpaternel,elles’enva.Unefoisseuls,mamèrecontinuesonsermon.—Plusjamais,vousvouscomportezcommeçadevantlameute!(Jesuisprêt
àmedéfendre,qu’ellemeclou lebecd’un regard.) Jesaisceque tuvasdire.C’est ta compagne et on doit l’accepter. Mais tu n’as pas à exiger qu’il larespecte.ResteàtaplaceKaydy!Ettoi!dit-elleàmonpèreenlefoudroyantduregard.Tut’escomportécommeuncon!Cettepetiteestsuperetvisiblement,ellesaitsebattre.Alors,arrêtedelajugeràcausedesonADN!Kaydy,emmènetafemelleaulitetprendssoind’elle.Savanavadormirunpeumachérieettoi,Nestar,tuvasm’aideràrangercebordel.Personnenepipemot.JesaisislecorpsinanimédeJulisetlaportejusqu’àma
chambre.Jel’installesurmonlitleplusdélicatementpossible.Elleneporteplusaucune trace de coup sur son visage, mais je sais que les séquelles seronttoujours là, elles le sont toujours. Elles s’associent à notre âme et nous lanoircissentunpeuplusàchaquefois.Lebesoindelatenircontremoiesttelquej’ycèdesansmêmeyréfléchir.Je
m’allongeàcôtéd’elleetlaprendsdansmesbras.Instinctivement,ellenichesatêtecontremoncouetsentirsarespirationlenteetrégulièrecontremacarotidefait accélérer mon rythme cardiaque. Incapable de me détendre tant qu’ellen’aura pas repris conscience, je garde les yeux ouverts et j’écoute son souffles’échapperde sonnez.Àcet instant, je trouveque c’est le son leplus joli du
monde, parce qu’il m’informe que ma compagne est en sécurité et surtoutsereine.Qu’elleenprofite,parcequejesupposequel’attaqueavortéequ’onvientde
subir n’est que la première d’une longue série. La meute qui nous a envahisconnaissait tropbien le terrain pour n’être quedes opportunistes.C’était donccommandité,maisparqui?Etpourquoi?
Chapitre21
JulisLasensationdelèvresglissantlelongdemoncoumefaitsortirdoucementdu
sommeil.Jepapillonnedesyeuxavantdemetournerverslecorpschaudcouchéàmoncôté.Kaydysortsatêtedemoncouetm’observecommeilnel’ajamaisfait. Ses yeux bleus sont remplis de points lumineux et me dévorent avectendresse. En réponse,ma température corporelle augmente considérablement.Monsangs’échauffeetparcourtmesveinesàviveallure.Incapabledeleretenir,jelaisseunsourireétirermabouche.—Coucoubébé.—Salut.—Tuestropbellequandtudors…Réalisantqu’ilmevoitpourlapremièrefoisausautdulit, jemepositionne
surledostoutenmecachantlevisageàl’aidedemesmains.—Nemeregardepas,jesuishorriblelematin.—Maisnon.Pourappuyersesdires,ilsecolleàmoietrecommenceàm’embrasserlecou.
Undouxfrissonsepropagelelongdemoncorpsetselogeentremescuisses.Acceptantdocilementl’attentionqu’ilmeprodigue,jemedétends.Kaydycontinueencoreetencoreetàseslèvres,salangueetsesdentss’associent.Letoutprovoqueuneréactionquejesuisincapablederetenir.Mespaupièressefermenttandisquemarespirations’accélèreincontestablement.Jesuisperduedanscettesensationquandlesouvenirdelanuitmepercutedepleinfouet.Mesyeuxs’ouvrentd’uncoupalorsquejemeredresseenpositionassise.—Kaydy…Il…J’ai…—Jesais,bébé,jesuislà,calme-toi.Ilestsympalui,j’aimeraisbienmecalmer,maisjen’yarrivepas.Jesenslapaniques’emparerdemoietégratignerdoucement,maissûrement
ledésirquejeressentaisquelquessecondesauparavant.Ellefinitparlechassercomplètement, et je me retrouve à n’être qu’une boule de nerfs. Mon cœurs’emballe,mespoumonsluttentpourserempliralorsquej’ail’impressionqu’onm’étrangle de nouveau. Instinctivement, je porte mes mains à mon cou pourvérifierqu’onnemeserrepaslatrachée.Iln’yarien,etpourtant,jesuisincapabledeprendreuneboufféed’air.—Bébé,çava.Chut,respire,allez,respire.
Jesuisenapnéeetj’aibeauessayer,jen’arrivepasàmecalmer.Sanspouvoirlacontrôler,malouveémerge,mesgriffessortentetjecommenceàmelacérerlecoupourtenterd’enleverlesmainsinvisiblesquimetuentàpetitfeu.Maisrienn’yfait,ellescontinuentdeserreretserrerencore.Commemonchampdevisionseréduitetqu’unsifflementrésonnedansmesoreilles,jemetsplusdevolontédans mes gestes. Je plante mes griffes plus loin dans ma chair jusqu’à fairecoulermonsang.—Putain,bébé.Kaydymesaisitlesmainsetsejettesurmoi.Saboucheprendpossessionde
lamienneetpendantqu’ilyinsèresalangue,ilm’insuffledel’air.Mespoumonssegorgentd’uncoupetenfinlapaniques’échappedemoi.Maisilrestetoujourscettesensationdevide,cepetit trucquiaécorchémonâme. Ilyacette tâcheprésente et qui fait que je suis quelqu’un d’autre.Cet évènementm’a changé,enfin nous a changé ma louve et moi. Elle est plus anxieuse, plus agressive.Kaydylâchemaboucheetmeregardetoutenmedisant.—Çavamieux?—S’ilteplaît,n’arrêtepas.Fais-moioublier…Touche-moi.Jamais,jen’aidemandéunetellechoseàunmecmêmepasàSmith,c’estdire
combiennotrerelationétaitplatonique.—Tuessûre?—Oui.Ilm’étudie un court instant pour vérifiermon souhait puis,me repousse en
arrière.Couchéesurledos,ils’installesurmoi.Aussitôt, jeprendsconsciencedecequivasuivre.Touteslesfibresdemoncorpsm’informentqu’ilvamefairesienne.Pourtant,ilnefaitrien.Appuyésursesmainsplacéesdepartetd’autredemonvisage,ilmedévisage.—Quoi?jedemandemalàl’aise.—Pourquoituesvierge?—Parcequejevoulaisattendrelemariage.—Avectonex?Tuétaisfiancée?—Non, enfin, on avait parlé de semarier à la fin de nos études. Je neme
sentaispasprêteetjevoulaisattendre,c’esttout.Cen’estpasundrame.—Jen’aijamaisditça.—Alorspourquoi tum’enparlesmaintenant?Surtoutquand,nous…Enfin
que…—Justementpourça. Jen’arriveraipasàm’arrêter Julis.Mon loupveut te
mordreettemarquerencore.Pourmapart,j’aienviedetefairel’amourcomme
jen’enaijamaiseuenvie.Situn’espasprête,jepeuxattendre.Jeneveuxpasquetucroiesquejeprofitedetoi.Pourluiprouverquejesuisd’accord,jelesaisisparlesjouesetjelefixedroit
danslesyeux.—Hey…C’estbon,jelesaisetj’enaienvieautantquetoi.Situnemecrois
pas,analysenotrelien.Je levois froncerdes sourcilspendantqu’il se concentre surmesémotions.
Sesjouesrougissenttandisquesonregards’illumineencoreplus.Sabouchesefend d’un sourire sexy avant qu’il ne se décide enfin. Se tenant que sur unemain,ilmesaisitparlementonetm’embrasseavecpassion.Puissamainquittelebasdemonvisageetglissesensuellementsurmapoitrine.Ilpincedoucementundemestétonsdurcisetjelâchesaboucheenréponse.Leslèvresgonfléesparnotrebaiser,jesoupiresanspouvoirmecontrôler.Lessiennesàluis’emploientàmecaresserlecoudenouveau.Quandleurcheminseretrouvebloquéparmontee-shirt,Kaydyseredresseetmel’enlève.Nes’arrêtantpaslà,ilmedemandeparunregards’ilpeutmedéshabillercomplètement.Jehochelatêtetoutenmemordant la lèvre.Mon pantalon etma culotte disparaissent à leur tour et l’airfraisfaitdubienàmapeaubrûlante.Ilmereluqueenentieretsoussonregardenvoûtantetsexy,jemesensbelleet
désirable. Pour être au même niveau, je défais les boutons de son jean etremarque qu’il est nu dessous. Les mains tremblantes, je lui descends sonpantalonjusqu’endessousdesesfesses.Cemecaunculd’enfer!!Jenesaispasquoifaireetsuismalàl’aise.Commej’aipeurdegâchernotre
premièrefois,j’acceptequemalouveentredansladanse.Ellemecommuniquede la force et surtout me fait réaliser que je dois agir avecmon instinct. Cethommeestfaitpourmoi,c’estmonâmesœur,doncmoncorpsestfaitpourlesien et inversement. Beaucoup plus confiante et téméraire, je regarde Kaydyavecmesyeuxdelouve.Ilmesouritavecunpetitrictusperversetmedittoutenlaissantlesyeuxdesonloupémergeràleurtour.—Ahtuveuxlajouercommeça?Monloupveuttesoumettre.—Etmalouveveutdominer.—Tss tss, femelle, tu rêves là.Bientôtet aprèscette fois-là, tu temettrasà
genouxpourmesucer.Sijen’avaispaslaissémalouvesortir,j’auraisrougicommeunetomatealors
quelà,j’émetsunriresadiquetoutenrépliquant.—Turêves,faudraquetumeforcespourça.
Àpeine ai-je finimaphrasequeKaydyme saisit par le cou.Sans serrer, illâchesonaurasurmoi.Malouvegrogneenréponseetclaquedesdents.—Alorstalouven’estpascontente?Elleestàmonloupettoi,tuesàMOI,
Julis!Pourtouteréponse,jelegriffesurtoutelalongueurdudos.Niunenideux,il
réagit. Il maintient un peu plus fermement sa prise avant que sa mâchoires’abatte surmoncou. Ilmord fortet la sensationquecelameprocureest toutsimplement indescriptible. Toutmon corps se contracte puis une explosion seproduitauseinmêmedemesatomes.—Encore…Il recommence,mais cette fois surmapoitrine juste au-dessusd’undemes
seins.Enmêmetemps,qu’ilmemarque,ildescendsamaincontremonintimitéet commence à me caresser. Excitée comme jamais, j’écarte les jambes. Sesdoigtsnesefontpasattendre,sonpouceseposesurmonclitoris,pendantqu’unautreplongeenmoi.Le plaisir s’abat surmon être sans crier gare et je libère un gémissement ô
combienrévélateur.Jerétracteunpeumesgriffes,maiscontinuedelacérersansdos.Puismueparl’instinct,lebesoin,outoutcequevousvoulez,j’attrapesesfessesàpleinesmainsetpoussesonbassinpourqu’ilsoittoutcontrelemien.Sonérectionselogedirectementcontrelepointculminantentremescuisses.
Cela ravivemonexcitation et je constateque c’est lamêmechosepour lui. Ilreportesabouchesurlamienne,m’embrasseàm’enfaireperdrelatête.Puisserecule,continuedebougersondoigtenmoiavantdepositionnersonsexeérigétoutcontremachairtrempée.Pendantunesecondeou trente, jenesaurais ledire, il reste tétanisécomme
s’il était figé et je suis comme lui. Parce que nous savons que faire l’amour,s’unircharnellement,concrétiseraencoreplusnotreunion.Maisauplusprofonddemoi,jesaisqueceladoitsepasserainsi.Jesuissienneetjeleseraiàjamais.Ildoit lesavoiraussi,car ils’anime.D’uneseuleetmêmepoussée, ilprend
possessiondemonêtreetdemoncorps.Ladouleurmefaitserrerlesdents.Jeprendsplusieursinspirationslentespour
lagérerleplusdignementpossible.Jesavaisqueçaferaitmal,maismerde,pasà ce point ! Kaydy s’allonge sur moi et m’embrasse tendrement. Ses doigtsparcourent mon visage dans une caresse douce et attentionnée et ses yeuxexprimenttoutcequesaboucheneditpas.Mien!
Mien!Malouveetmoipensonslamêmechoseaumêmemoment.—Kaydy…—Julis…Certesnousnouscontentonsdeprononcerleprénomdel’autre,maisilssont
remplisdesentiments.Lesquels?Jenesaispas,onverraavecletemps.Doucement,Kaydycommenceàondulerdubassinetpourluifaciliterlatâche
etmesoulagerdeladouleurquejeressens,j’écarteencorepluslescuissestouten repliantmesgenoux. Ilm’étirecomplètementet je sensmoncorpsépouserparfaitementlesien.—Putain,bébé,c’esttellementbon.Tuesparfaite.Putain,oui.Jesouris,contentedecequ’ilmedit.—J’aienviedetemordre…—Putain,oui,mords-moi.Dèssonaccorddonné,j’agis.Jeplantemamâchoirecontresoncouetmords
fermementaupointqu’ilengarderaunemarque.SonloupgrogneenréponseetKaydyaccélèreinstinctivementsesmouvements.Sonbassinvaetvientplusrapidementcertes,maissurtoutplusfortementetcelamefaitoublierladouleur.Celle-cidisparaîtpourlaisserplaceàunabymedeplaisir.Jegémis,jecrie,jesuistoutsimplementincapabledemeretenir.Lorsque plus tard, nous sommes allongés l’un contre l’autre, avec nos
respirations saccadées et nos corps engourdis par le plaisir, nous ne pouvonsdétachernosyeuxl’undel’autre.Ilssontcommeaimantésetilscommuniquentde leurs propres chefs.À cet instant, nous ne formons pas quatre entités, nosloupsetnous,maisbeletbienuneseule.Etenfin, jecomprends la forceet lacomplexitéduterme«âmesœur».
Chapitre22
Kaydy—Onnes’estpasprotégés!meditJulisquelquepeugênéeetanxieuse.Pour
larassurer,jeluisouristendrement.—Net’inquiètepas,tun’espasenchaleur,jelesauraissinon.—Commentçaenchaleur?Parfois, j’oublie qu’elle ne connaît pas notre monde et surtout comment
fonctionnenotremétabolisme.— En fait, chez nous les métamorphes la reproduction est différente. Pour
concevoir,ilfautquelafemelleaitseschaleurs.Pendantcettepériode,lecorpsdelafemelleproduitunehormonequipermetlanidationd’unovulefécondé.Lerestedutemps,cen’estpaspossible.—Oh…Etleschaleursc’estcommelesrègles?—Non.C’estcomme…L’ovulationchezleshumains.—D’accordetlesrèglesalors?—Tun’en aurasplus.Enfinnormalement,mais comme tun’esqu’àdemi-
louve,jenesaispastropenfait.—Voustenezplusdel’animalquedel’homme…—Oui,c’estpourçaqu’onn’estpassujetsauxmaladieshumaines.— Comment ça se passe les chaleurs ? Je veux dire, comment le vit la
femelle?Onenabeaucoup?Jene saispasquoi lui répondre, cen’estpascommesi j’étaisunemeuf. Je
saiscequ’onm’adit,maisjen’aijamaisdemandéplus.—Jenesaispas.Tudevraispeut-êtredemanderàmamère.—PourquoipasàSavana?—Parcequ’ellenelesapaseues.—Commenttulesais?Je soupire avant de respirer doucement.C’est très gênant deparler de ça et
puis,c’estmasœur!Lepremierquilatouche,jelebute!—Unefemmequiaseschaleursdégageuneodeurquiattirelesmâles.Notre
instinctanimalnouspousseànousaccoupleràlafemelle.—Quoi ???Ça veut dire que si une femelle de lameute a ses chaleurs, tu
aurasenviedecoucheravecelle?La colère infiltre ses yeux et son corps se crispe à côté du mien. Je ris
doucementtoutencaressantsescôtes.
—Pourquoitutemarres?Qu’est-cequej’aiditdedrôle?—Rien.C’estjustequetuesmignonnequandtuesjalouse.—Jenesuispasjalouse!—Si!—Non!—Si…—Putain!Elleselèved’unbondavantdepartiràlarecherchedesaculotte.Jel’entends
baragouiner dans sa barbe tout en pestant contre moi. Mon côté sadique estenchantédelavoirs’énerver.J’aibeauêtreunmâlelié,j’aimesavoirquej’aidel’influencesursesémotions.Celaveutdirequej’aidupouvoirsurelleetmonloupetmoiadoronsça.—Reviensaulit!Après avoir enfilé sa culotte et son tee-shirt, elle se tourne versmoi etme
fusilleduregard.—Jenesuispastachienne,Popeye!Tunemedonnespasd’ordre.—Tuesmafemelleetsijetedisdevenir,tuviens!Jelasensbouilliretsalouveémerge.Sesyeuxmefixentavecrageetjesais
qu’elleenvisagedemedéchiqueter.—Julis…Sonprénomgrondedansmabouche.—Quoi??—J’aienviedetoi.Madéclarationaleméritedeladériderunpeu.Sesjouesrougissentpendant
quesoncorpsdégagecetteodeursirévélatricedesondésir.—Non.—Non?Tumedisnon?—Oui,c’estça,jetedisnon!—Etpourquoi?Qu’est-cequej’aifaitdemal?—Tutefousdemagueule,voilàcequetufais!—Pasdutout…—Si!—Non!—Si!—Non!—Tuvasarrêterdefaireça?—Dequoi?
—Desourirecommeça!Tum’énervesKaydyetj’aienviedetefrapper.— Faux, tu as envie de moi.Mens pas, tu sens l’excitation et ça attise la
mienne.—N’importequoi,jenesensriendutout.Tout en déclarant cela, elle enfile son pantalon puis ouvre l’armoire et
commenceàsesaisirdeseshabits.Jemelèveaussiquandelleclaquelaporteetcommenceàsedirigerversl’entréedemachambre.—Oùvas-tu?—Danstoncul!—Maispourquoituesénervéecontremoi?—Tuesconoutulefaisexprès?Non,sérieuxKaydy…Dis-moi.—Vafalloirquetutecalmes…Jenet’aipasinsultée,moi!—Nonc’estvrai,maistutemoquesdemoietc’estpire.Jenecomprendspas
toutdecenouveaumodedevieet tune temetspasàmaplace. J’aimerais tevoir, toi. Je t’ai juste demandé si les chaleurs d’une autre femelle auraient unimpactsurtoi.Etaulieudemerépondre,tuasrigolé.C’estunequestionsimplepourtant.Ton loupm’amordue,malgrémoi, j’aiétépropulséedanscemondeque je ne connais pas. Jeme suis liée à toi, je t’ai donnéma virginité et j’aimême faillimourir pour toi. J’ai accepté deme faire dérouiller parRider, j’aisupportél’humoursalacedeShepetmesuisappliquéeàtravaillerdumieuxquejelepouvaisavecTij.J’aisupportéladouleur,lafatigue,lapeur.Jenemesuispasplaintequandtumeréveillaisàcinqheurestrentepourallercourir.J’aifaitledeuildemonanciennevie,perdutoutcequej’avaisetsurtoutdûaccepterlefait quemes parentsm’avaientmenti toutema vie. Alors je t’interdis de rirequand je te pose une question ! Ça nem’amuse pas deme demander simoncopainrisquedevouloircoucheravecuneautresielleaseschaleurs.Jen’aipasenvie d’être cocue encore une fois, juste parce que vous êtes des foutusanimaux!Sansmelaisserletempsdeparler,elleouvrelaporteetsort.Debout,àpoil,je
lalaissepartirets’enfermerdanslasalledebains.Jesaisquej’aimerdé.Legrosproblèmec’estquej’oubliequ’ellenesaitrien
denous.Toutensoupirant, jem’habille,puisquittemachambreàmon tour.Dans la
cuisine,jeretrouvemamèreentraindedéjeuner.Jemesersuncaféetm’assoieàtableenfaced’elle.—Çaseratoujoursaussidur?luidemandé-jesansm’enrendrecompte.Ellequittedesyeuxlejournalqu’ellelitavantdemerépondre.
—Dequoi?—Nefaispascommesitun’avaispasentendu…—Monchéri,tuasdesprogrèsàfaireenmatièrederelationamoureuse.—Ahah,trèsdrôle,Maman.(Ellem’envoieunsouriremoqueurpendantque
jesirotemaboissonchaude.)Cen’estpasfacile,ellenesaitrien.—Parcequetuneluiasrienditnonplus.Ellearaison,tusais.Commejelèveensourcil,elleenchaînerapidement.—Sa vie n’est qu’unmensonge. Elle se croyait humaine et puis d’un seul
coup, devient une louve-garou. Je ne peuxmêmepas imaginer ce que ça doitfairedetoutremettreenquestion.Vousêtesliés,tul’asrevendiqué,c’estàtoidelaguider.—Maiscomment?—Tuasdix-huitans,tun’esplusungaminKaydy,comporte-toicommetel.
Prendstesresponsabilités.—Ouais…Ilestoùpapa?Je préfère changer de sujet. Jeme sens déjàmal et ce quemeditmamère
n’aidepas.—Ilestàl’atelier.Oh!Jefinismatassed’uneseuleetmêmegorgéeavantdemelever.—Jevaislerejoindre.—Effectivement, jepenseque tudevrais.Çaprouvera auxautresquevous
êtestoujourssurlamêmelongueurd’onde.Onneparlequedevotrealtercationdecettenuitauseindelameute.—C’estsafaute!—Metsdel’eaudanstonvinKaydy.Allez,va,jevaism’occuperdeJulis.Je
luidiraicequ’elleveutsavoir.—Mercimaman.Jesuisdéjààlaportequandellelancedansmondosd’untonironique.—Jene suispas contre le fait d’êtregrand-mère, tu sais…Maintenantque
vousêtesunis.Ellenevoitpasmonexpressionflippée,maisdoitladeviner,carelleexplose
de rire. Je préfère ne pas rentrer dans son jeu et je m’élance en courant endirectiondel’ateliersituétoutauboutduterritoire.C’estunevieillecabanequisert à détenir et interroger des prisonniers.Le soleil dumilieu de l’après-midiréchauffe agréablement ma peau tandis qu’un vent froid amène avec lui uneodeurdesang.Plusj’avanceversmadestination,pluscelle-cisefaitpuissante.
Etarrivédevantlaporte,çaendevientcarrémentinsupportable.Ausang,s’alliel’odeurdel’urineetlescrisdumec.Undes lieutenantsdemonpèresentantmaprésence,m’ouvre laporteet se
décale pourme laisser entrer.La scène qui se joue devantmoi est digne d’unfilmd’horreur.Lemec est pendu par les poignets à l’aide de chaînes.Tout ledevant de son torse est lacéré et son visage est tellement gonflé qu’il est toutsimplementméconnaissable.—Pourquoituasattaquémameute,Hector?Ce nom ne me dit rien, mais à en croire l’expression de mon père et des
personnesdanslapièce,jesuisleseuldanscecas.L’intéressécracheunfiletdesangavantdelâcherunrirefou.—Trèsbien,tul’aurasvoulu.Dick,pète-luilesgenoux.LeBêtademonpèrenesefaitpasprier,ilsesaisitd’unemassueetdansun
gestehabileetpuissant,illalancepilesurlarotuledutype.Celui-cipousseuncriignobleetmonpèrerecommencesoninterrogatoire.—PourquoiHector?Quisontlesautres?—Tous…—Pète-luiledeuxième,peut-êtrequeçalemotivera.Denouveauunbruitd’osquicassesefaitentendredanscettepetitepiècepuis
unhurlement.Jesaisquelascènedevantmoiresteraà jamaisgravéedansmamémoire.—Lesautres,déclarefaiblementlecertainHectoravantdelaissertomberson
mentonsursapoitrine.—Quiesttonchef?Qui???Mon père a beau l’attraper par les cheveux et lui relever la tête, lemec ne
réagit pas. Jeme concentre et focalisemon attention sur le battement de soncœur.Ilestfaibleetlent,trèslent.Sipersonnenefaitrien,ilvacrever.—Ilestentraindeclamser,annoncé-jed’unevoixforte.MonpèresetourneverssonBêtatoutenluidisant.—Finisleboulot.Cedernieracquiesced’unsignedetêteavantsortirsesgriffesetdetrancherla
gorgeducertainHector.Monpère,lui,merejointetmefaitsignedelesuivreensortant.Ilrefermelaportederrièrenousetcommenceàprendrelechemindelamaison.—Çaveutdirequoi«lesautres»?Ilestpluspetitquemoi,maisplusmusclépourtantsoncorpssetassequandil
medit.
—Ceuxquej’aivirésdelameute.—Doncceuxquisesontunisàdeshumains.—Oui.—Y’enaeubeaucoup?—Suffisammentpourformerunemeutevraisemblablement.—Merde!—Vafalloirquetuaillesvoirlepèredetacopine.—Quoi?demandé-jesurpris.—Sic’estvraimentdeçaqu’ils’agit,iladûenentendreparler.—Mais…—Kaydy, tuvas faireceque je tedis.C’est toiquinousasmisdanscette
position.—Turigoles là?C’est toioui!C’est toiqui lesas tousviréscommedela
merde tout ça parce qu’ils avaient pris pour compagnon ou compagne deshumains.Sinotremeuteestattaquéeaujourd’aujourd’huicen’estpasàcausedemafemelle,maisplutôtàcausedel’étroitessedetonesprit.Denouveauilsoupireetalorsquejem’attendsàuneréactionviolentedesa
part,iln’enestrien.—Tuasraison,maistunesaispastout,Kaydy.—Alors,explique-moipourquoituleshaisautant.—Ilsonttuémamère!Sarévélationesttellementchargéededouleuretderagequejemestoppenet.—Quoi?Tum’asditquetamèreétaitmortedansunaccident.—Non. C’est ce qu’on t’a raconté avec tamère. À l’époque, tu étais tout
jeune et tu arrêtais pas de nous demander pourquoi tu n’avais pas de grands-parentscommelesautreslouveteaux.Onnevoulaitpastetraumatiser.—Qu’est-cequis’estpassé?—J’étaisàpeineplusâgéquetoiettamèreetmoiétionstoutjusteliésquand
mamères’estfaitagresser.Ilfaisaitnuitetelleétaitsortieduterritoirepourallerfairedescourses.Monpère,l’Alphacommetoietmoi,étaitparticouriraveclesautresmembresdelameute.—Pourquoiellen’étaitpaspartiecourir,elleaussi?Pourquoisortirseule?Monpèremerépondalorsquenousreprenonsnotremarche.—Elleétaitenceintedemapetitesœuretavaiteuuneenviesubitedeglace.
Enfin le truc classique, elle pensait que ça irait vite. Sauf, qu’en sortant dumagasin,elles’estfaitattaquerpartroismecs.Decequenousaditlapoliceetsurtoutlesmecseux-mêmes,c’estunvolquiamaltourné.Elles’estdéfendueet
commeelleétaitenceinte,ellenepouvaitpassetransformercomplètement.Ilsl’ontabattued’uneballeenpleincœur.Monpèrevenaitjustederentrerquandilasentileliend’unionsebriserd’uncoup.Ils’estmisàhurleravantd’allersesaisird’unearmeàfeu.Ils’esttiréuneballedanslatêteàpeinequinzeminutesaprèslemeurtredemamère.Delabilemeremontedanslaboucheet j’ai l’impressiondesuffoqueralors
que je respire normalement. Je ne peux même pas imaginer ce qu’il a dûéprouver.—Je…Jesuisdésolépourtoi.— Je ne te raconte pas ça pour que tu le sois, mais pour que tu me
comprennes. À l’époque, j’ai dû endosser le rôle d’Alpha alors que je n’envoulaispas.J’étaisaniméparlahaineetcettedernièrem’acouvertcommeuneseconde peau pendant des années. Alors je ne pouvais pas accepter que desmembresdemameutes’unissentàdeshumains.—Jepeuxcomprendre,maismaintenant?Mêmeaprèstoutescesannées,tu
nelesaimespas.—Onvadirequelesvieilleshabitudesontlapeaudure.Etjenesuispasle
seulàpenserça.Sicefunestesoir,j’aiperdumesparents,lameuteaperdusesAlphas.Çalaissedestraces.J’aipeurpourtoi.Jeneveuxpasquetusouffresdenotre haine pour les humains,mais je sais que Julis aura dumal à trouver saplace.Jel’aimebien,maisjenepeuxpasl’accepterdansnotremeute.Aussicalmementquepossiblealorsquejesenslacolèremonterenmoi,jelui
demande.—Tuveuxquejechangedemeute?Mon père s’arrête en bas des marches de notre maison. Ses épaules
s’affaissentetjecomprendsquesafutureréponseneserapasjoyeuse.—Sincèrement,jenepensepasquetuarriverasàt’intégreràuneautremeute.
Tuestropdominant.Tun’arrivesmêmepasàrespecterunordrequejetedonne.—Alorsonfaitcomment?—Jenesaispas.Démêlonstoutecettehistoireetonverraaprèsquelleestla
meilleuresolution.Il ne le dit pas,mais je sais que les dés sont jetés. Pour lui, je ne fais plus
partiedelameuteetilsouhaitemondépart.Pasparcequ’ilnem’aimepas,maisbienparcequ’ilm’aimetroppourimposeràmacompagneuneviesansréelliendemeute.Jeleregardedanslesyeuxtoutenhochantlatête.Jeluiprouvequejele comprends enfin un peu et que j’accepte sa décision. Après toute cettehistoire,Julisetmoipartirons.
Où?Jenesaispas,maisontrouvera.Maisavanttoutechose,jedoisluiapprendreuntruc.— Le mec que tu viens de condamner à mort, il a saccagé la chambre
universitairedeJulishier.J’aireconnusonodeur.—OK,bononva commencerpar le commencement.Tuvasparler avec ta
compagne,onvaavoirbesoindesonpère.Celanemeplaîtpas.Jen’aipasenviedel’impliquerplusqu’ellenel’estdéjà,
mais je n’ai pas le choix.Sonpèrepeut réellementnousvenir en aide et à cejour,etenvueduchoixdiscriminatoiredemonpère,c’estleseulquiaccepteradenousparler.
Chapitre23
JulisEnsortantdeladouche,jemesensnettementmieux.Pluscalme,j’airetrouvé
lamaîtrisedemoncorpset surtoutdema tête.Cen’estpas toujours faciledecomposeraveccenouveaumodedevieet l’ancien.Etpuis, ilyaKaydy, soncorpssuperbe,sesyeuxsibleusetsonputaindesourire.Ilfaitdesravagessurmoi.Ilarriveaussibienàm’exciterqu’àm’énerver.Debout, enveloppée dansma serviette, je fixemon reflet dans lemiroir au-
dessusdulavabo.Onm’atoujoursditqueçasevoyaitlorsqu’unefilleperdaitsavirginité,maisjesupposequec’étaitdupipocommetoutlereste.Cemensongegroscommeunemaison,letrucquidit,situlefaisaveclabonnepersonne,tuverrasquetun’auraspasmal…Mesfessesoui!Je l’ai fait avec la bonne personne, je ne pouvais pas fairemieux, puisque
c’estmonâmesœur,levrai,leseuletj’aieuvachementmalquandmême!Rienquelà,pourmelaverçam’afaitsouffriretj’ail’impressiondenepluspouvoirmarcherdroit.Maissinon,jenevoisrien,rienquiaitpuavoirchangésurmonvisageoumêmedansmesyeux.Toutensoupirant,jem’attelleàm’habillerpuisje sorsde la salledebains.Laportede lachambreestouverteetKaydyn’estvisiblement plus là. Je ne ressens pas sa présence dans lamaison, c’est doncqu’iladûsortir.Plusdécontractéeàl’idéedenepasdevoirl’affronterencore,jerejoinslacuisinepourmefaireàmanger.J’ydécouvrePatie,lamèredeKaydy.Enm’entendantarriver,celle-cisortlatêtedesonjournal.—Coucou,machérie,tuasbiendormi?Incapabledem’enempêcher,jedeviensrougeenrepensantàcequejeviens
defaireetelledoitlesavoir,carellesouritdoucementaussi.—Bonjour,dis-jeaprèsm’êtreforcéeàbougerdel’entréedelapièce.—Ilyaducaféetdessandwichsdanslefrigo.—Ohmerci,j’aitropfaim.Pendant que j’en sors un et que je me remplis une tasse de caféine, Patie
répondàmadéclaration.—C’estnormald’avoirfaimaprèslanuitquetuaspassée.Ellepourraitparlerdel’invasionduterritoire,maisjesaisquecen’estpasde
çaqu’ils’agit.Pasquand j’entendsson ton ironique.Elleparlebiendecequej’aifaitavecsonfilsetcelamedonneenviedemeterrerdansuntrou.Pourtant
aussi dignement que je le peux et en faisant abstraction de la douleur, jem’installeàtable.Puisjem’appliqueàmangersanslaregarder.Elle,nesegênepas, bien au contraire. Je sais qu’elle est en train dem’étudier sous toutes lescoutures.Dèsma rencontre avec cette femme, j’ai su qu’elle serait une alliée.Elleestbelle,forte,téméraire,n’apassalanguedanssapoche,maissurtout,elleestmaternellejusqu’auboutdesdoigts.Mêmeavecmoi,ellemetraitecommesaproprefilleetmerespecte,jelesaisetmalouvelesentaussi.C’estpourcelaquejemesuissiàl’aiseavecelle,enfinsaufàcetinstant.Labellemère!Maisoui,c’estvraiça!C’estmabelle-mère!OhMyGod!Cettevéritémefrappedepleinfouetetj’enviensàrecrachermoncafé.— Ce n’est rien Julis…Ne sois pas gênée, je sais que vous avez fait des
chosesavecKaydy.Là, c’est carrément la quinte de toux qui me foudroie. Malheureusement,
commej’essaiedemecalmer,jemedandinesurlebancetcelaraviveladouleurentremescuisses.—Tuasmal?Jerelèvela têteetplongemonregarddans lesien.Iln’yapasuneoncede
méchancetéetjemedisquetantqu’àfaireautanttoutdéballer.Detoutemanièreelledoitdéjàtoutsavoir,puisqueKaydyabalancéhautetfortquej’étaisvierge.—Oui…Je…Lesavais…Queçaferaitmal,mais…Enfinvoilà.Purée,c’estlaborieux!Patieposesamainsurlamienneentraverslatablepuiss’exprimed’unevoix
douce.—Çairamieuxd’iciuneheure.Jevoulaisteparler,enfinqu’onparleentre
filles. J’ai croiséKaydy quand il partait tout à l’heure. Il peut êtremaladroit,maisc’estunbongarçon.IldeviendraunbonAlpha.—Je…— Tu dois avoir des questions, je suis là pour y répondre. N’hésite pas,
m’annonce-t-elleenmecoupantlaparole.Aprèstout,ellearaison,j’aibesoinderéponses.—Kaydym’aparlédeschaleursparcequ’après…Aprèsavoirfait,voilà,j’ai
réaliséqu’onne s’était pasprotégés. Jeneprendspas lapilule alors j’aipeur.Comment…Commentçasepasse?— La conception, tu veux dire ? (Je hoche la tête pour acquiescer. Elle
poursuit donc.) Une femelle commence à avoir ses premières chaleurs auxalentoursdedix-huitans.Ellesdurentenvirontroisàquatrejours.Pendantcettepériode,lecorpsdelafemellelibèreunehormonequipermetlafécondationetsurtoutlanidationdel’embryon.Au-delàdecettepériode,laconceptionnepeutpassefaire.—Etunefemelleaseschaleurscombiendefoisdansl’année?—Celadépend,maisengénéral,c’estunefoisdansl’année.—Oh…D’accord.Etsionneveutpasconcevoir?Çasepassecomment?— Le préservatif, c’est le seul moyen. Les contraceptifs humains ne
fonctionnentpassurnous.Àmonavis,ilsnesontpasassezfortsetnosanimauxn’ysontpasréceptifs.—Oui,maismoi ? Je ne suis pas comme vous !Alors comment ça va se
passerpourmoi?—Jenesaispastrop,est-cequetuaseudessaignementsdepuisquetuasété
mordue?Jeréfléchispournepasdiredebêtises.Ils’estpasséquoi?Troissemaines,
peut-êtreunpeuplusdepuiscettenuit-là,maisj’ail’impressionquec’étaitbienplusloin.—Non,mesrèglesdatentd’avant.—D’accord.Jenepeuxpastediresituaurasounondesrègles,toutdépend
delapartquidominelepluscheztoi,tonhumanitéoutalouve.—Etpourleschaleurs?Jerisquedelesavoir?—C’estpossibleça,mais j’endoute.Ta louvevientàpeinedese réveiller,
elleneserapasenchaleursavantquelquetemps,jepense.—Etaucasoù,est-cequ’ilyaquelquechoseà fairede spécial?Pour les
retarder,lescouper,oujenesaispasmoi.—Non,tudevraspasserparlà.Tuveuxquejet’expliquecommentc’est?—Oui,s’ilvousplaît.Ellereplielejournal,lepousseunpeuplusloin,boitunegorgéedesoncafé
pendant que jem’enfilemon sandwich, légèrement stressée par la suite de ladiscussion.—Çacommenceparunesensationdegrandechaleur.Puis,onal’impression
d’êtrefrappéeparledésir.Notrecorpscommenceàdégagerl’hormonequiattiretouslesmâlesnonliés…—Donc seuls lesmâles qui ne sont pas unis réagissent ? la coupé-je sans
pouvoirmeretenir.—Ouietsituesliée,seultonmâleseraréceptifàcettehormone.Maistout
soncorpsetsonlouplepousserontàteprendre.Vousserezprisd’ungenredevortex de désir brut, vous n’arriverez pas à vous arrêter. C’est pour ça quebeaucoupdecouplesconçoiventpendantlapériodedechaleurs,parcequemêmeavecdespréservatifs,lerythmeesttropeffrénéetvoscorpsentrentenharmoniepourcréerlavie,surtoutlorsdespremièrespériodesdechaleurs.Celaétant,lessuivantes sont plus calmes, je dirais, et on arrive àmieux les gérer. (Elle doitcomprendreàmonexpression,quejesuisquelquepeuflippéeetpoursuitdoncrapidement.)Çairapourvousaussi.C’estvraiqu’onnesaitpascommentcelava se passer pour toi comme tu es à moitié humaine, mais on avisera. Net’inquiètepas.—J’espère.Maisonnepeutpasdemander?Jenesaispas,jenesuispasla
seuleàêtreunemétisse.—Non,tun’espaslaseule,maisdansnotremeutesietjenesaispasàqui
demander.— J’imagine que je vais devoir attendre et voir comment ça se passe pour
moi…Merci de m’avoir expliqué, je suis un peu perdue parfois et Kaydy…Enfinc’estKaydyquoi.—Ilestunpeuabrupt.—Oui,c’estexactementça.Vousavezraison.—Il prendra soinde toi, fais-lui confiance.Tout ça, c’estnouveaupour lui
aussi.Vous allez devoir faire des efforts pour quevotre relationmarche.Maisvous y arriverez, j’en suis persuadée. (Comme j’acquiesce d’un signe de tête,ellepoursuit surun tonplus léger.)En tout cas, Julis,machérie, arrêtedemevouvoyer,çamefoutuncoupdevieux.J’aitrente-septanspasquatre-vingts.—Ah…OK.—Trèsbien.Voilàunebonnechosede faite.Si tu asd’autresquestions, je
suislà.—C’estgentil.Pourlemoment,jenevoispastrop.—Bravopourhier,tuasététrèscourageuse.—Oh…Merci,jen’aipasfaitgrand-chosepourtant.—Tuasassomméundesintrusquis’étaitpermisdevenirsurnotreterritoire
ettuasdéfendunotremaison.Situn’avaispasétélà,ilauraittoutsaccagé.Pourminimisercequej’aifaitetsurtoutchasserlesouvenirencoretropfrais
demamémoire,jesoulèvelesépaules.—Cen’étaitrien.Alors que je dis cela, un souvenir se rappelle à moi et me fait froncer les
sourcils.
—Qu’est-cequinevapas?—Non, ce n’est peut-être rien, mais il m’a dit un truc, j’y ai pas repensé
jusqu’àmaintenant,mais…—Ilt’aditquoi?— Il disait beaucoup de choses pas cohérentes, mais à la fin, quand il
m’étranglait, iladit«Tudoisservird’exempleetpuis,onm’ademandédetefairepayer».Commentça,onluiademandé?Etpourquoimoi?— Je ne sais pas Julis, mais on va le découvrir. On demandera à Nestar
quand…(Elles’arrêteenpleinephrase,saboucheafficheungrandsourireavantqu’ellenefinisse.)Ilsarrivent.—Jelesais,jesenssonodeur.Desvoixnousparviennentdedehorspuisdesbruitsdepasetlaported’entrée
s’ouvresurlepèredeKaydyetKaydylui-même.Àmontour,mabouches’étireenungrandsourireettoutmoncorpss’éveilleensaprésence.Mueparlebesoind’être près de lui, jeme lève et le rejoins. Il ouvre ses bras et jem’y réfugieautomatiquement.C’estmaplace!Àmoi!Nous soupirons en même temps au moment où nos corps entrent enfin en
contact, puis Kaydy pose un baiser sur mes cheveux avant de me glisser àl’oreille.—Viens,onvasepromener,jedoisteparler.J’entends la gravité derrière ses paroles et c’est pour cela que je le suis
docilementquand il se retourneet repart endirectionde l’extérieur. Jene saispascequ’ilvamedire,maisçapue,c’estclair.
Chapitre24
KaydyJulismesuitsansrechigneretmêmesansconsulternotrelien,jesaisqu’elle
estcalmée.Jem’enveuxd’avoir réagide lasorte.Mais jenesuispashabituéaux relations de couple. Je n’ai jamais eu à rendre des comptes ou à devoirprendre soin de quelqu’un. Jusqu’à son entrée dans mon existence, j’étaispersuadédenejamaistrouvermonâmesœur.C’estquelquechosedetellementdur à la limite du rare que beaucoup demes congénères ont tout simplementdécidé de ne pas l’attendre.Les trois quarts desmembres de lameute se sontjusteimprégnésenprenantlerisquedetrouverleursâmessœursetdedevoirsequitter.Carencoreunefois,onnepeutpasluttercontrecelien,cetteattraction.Malgrél’amourquel’onpeutporteràsoncompagnonousacompagne,sil’autremoitiédenotreâmefaitsonapparitiondansnosvies,toutceladisparaît.Onnepeut pas le combattre, car il naît au seinmême de notre subconscient, de noscellules.Enfin bref, tout ça pour dire que je ne pensais pas la rencontrer et que j’en
avais même fait le deuil. Voilà pourquoi je m’étais laissé séduire par Bree.J’avaispenséàl’époque,qu’ellepouvaitfaireunebonnecompagne…Pfffquelleconnerie!Cettenanaesttoutsimplementunearriviste.Dire que je ne m’en étais pas rendu compte serait un énorme mensonge.
Quelquesdétailsm’avaientmislapuceàl’oreille,maiscommeellesuçaitbien,j’avaisvolontairementfermélesyeux.Jusqu’aujour,oùelleavaitdébarquéchezmesparentsetavaitannoncétoutecontentequesonpèreétaitfierquejeveuillelarevendiquer.Ouais,àcemoment-là,j’avaisprisunvéritableparpaingdanslatronche.Ni
unenideux,j’avaisannoncédevantmesparents,quenon,jenelarevendiqueraijamaisetquejenel’avaismêmejamaisenvisagé.Breeavaitperdusonéternelsouriredefaçadeetavaitlittéralementpétéuncâble.Aprèsuneséancedecris,de larmes et d’insultes toutes plus grossières les unes que les autres, elle étaitpartiefurax.—Jesuisdésoléedet’avoircriédessus…LesexcusesdeJulismesortentdemespenséesetjetournemonregardvers
elletoutenluirépondant.—Cen’estrien.Jenesuispastendreavectoiaussi.C’estjustequej’oublie
quetun’espasfamilièreàcemonde.Tuaspuparleravecmamère?Ellem’aditqu’ellet’expliqueraitdeuxoutroistrucs…Julisexplosederireavantdemefixerunpeugênée.—Oui.Oui.Tamèreetmoiavonseuunediscussiondesplusintéressantes.—Ahbon?demandé-jesuruntonironique.Connaissantmamèreetsonfranc-parler,ellenes’estpascontentéedepetites
futilités.—Mmm…Ellem’aexpliquéleprocessusdeschaleurs.— D’accord. Donc tu sais que je ne pourrais pas coucher avec une autre
femellesielleavaitseschaleurs?—Ouietquetuserasleseulsujetauxmiennes.—Çaoui!Ladiscussionsepoursuitpendantquenousprenonsladirectiondusentierqui
serpente le territoire. Julisme fait comprendre sansoser dire lesmots quemamère sait que nous avons couché ensemble. Encore une fois, je me marre.Comment ne le pourrait-elle pas ? Toute lamaison doit être au courant vu lebruit que nous avons fait. Julis s’offusque en voyant mon amusement et medonneuncoupdecoude.Trèsvite,nouscommençonsàchahuter.Pourpimenterlejeu,jemedéshabillerapidement,etlaisselesrênesàmonloupquin’aqu’uneenvie:couriravecsafemelle.Dès que les coussinets de ses pattes touchèrent la terre, il s’élança sur sa
femelle. Tout en jappant, il lui mordit doucement le coude. Elle lâcha ce sonqu’ilaimaittantentendreetquisonnaitsijusteàsesoreilles.Ellesebaissa,luigrattalatêteavantdelepousserpuisdes’élancerencourantverslesarbres.Leloupluilaissaunpeud’avance.Lagueuleouverteetlalanguesortie,ilbattaitl’airavecsaqueue,amusédelavoirjoueraveclui.Quandiltrouvaladistancesuffisante, il s’élança à son tour à ses trousses. Sa compagne courait vite etsavaitclairementcamouflersonodeur.Àplusieursreprises,ilperditsatraceetdutfaireappelàsonlienpourlaretrouver.Sansbruit,celle-ciévoluaitvite.Touten reniflant, il tendit l’oreille et concentra son sens sur les sons quil’entouraient.Desoiseauxpiaillaient,leventagitaitlesbranchesdesarbresetlesfaisaitcraquer.Commeiln’entenditriendespécial,ilcommençaàavanceret c’est là que sa compagne agit. Elle le percuta si violemment qu’il perditl’équilibre.Ilseretrouvacouchésurlecôtéavecsafemelleinstalléeentraversdesoncorps.Quelquepeusurprisparcetteintervention,ilémitungrognementavantd’acceptersadéfaite.Pendantqu’ellerefaisaitcesonqu’ilaimait, il lui
léchalajoueavantdefrottersonmuseaudessus.Sonodeurétaitpartoutsurelleetcelaleravitau-delàdel’imaginable.Il se sentait tellement heureux depuis que son autre moitié avait elle aussi
acceptécelien.Ilsneformaientplusqu’unseuletmêmeêtrecommeauparavantetcelalesrendaittellementforts.Lasymbioseétaitenfindenouveaucomplète.Sa femelle se coucha à son côté et tendrement, elle lui caressa le ventre. Ilreniflapourluimontrersoncontentement.Àcetinstant,letempss’arrêtapourlui.Plusriennecomptait,seulementelleetcequ’ilspartageaient.Ilsavaitquetoutn’étaitpasgagné,qu’ilmanquaitunmaillonà lachaîneque formait leurlien.Celui-ciexistaitcertesetétaitmêmepuissant,maisiln’étaitpasterminé.Ilmanquait un petit quelque chose et qui avait fait toute la différence lors del’attaque.Elleavaitpuluicommuniquerdel’énergie,maisiln’avaitpasréussien retourquandelleenavait eubesoinet cela l’avaitmishorsde lui.C’étaitimpensablequ’ilnepuissepasaidersacompagne,etpourtantsi,c’étaitbeletbienlecasetçaprouvaitjustequec’étaitàsonniveauqueçabloquait.EnfinlesienouceluideKaydy.Iln’auraitsuledire,cegenrederelationétaittrèsdureàcomprendreetsurtoutàétablir,maiscequiétaitsûr,c’estqu’ilétaitdécidéàfinirdelemettreenplace.Aprèsunedernièreléchouille,ilplongeasesyeuxdansceuxdesacompagne
louve.Elleleregardaavectendresseetpourluimontrersonamourenretour,ilposasagueulecontresoncœur.Ilrestaunpetitmomentainsiàjusteécoutersonorganeinternebattreaumêmerythmequelesienpuisiljugeaqu’ilpouvaitseretireretlaissaKaydyrevenir.Julis est couchée sur le côté et me fixe avec un grand sourire quand je
reprendsma formehumaine.Son regardglissediscrètement surmoietdévoremanudité.—Ohbébé,nemeregardepascommeça.—Pou…—Pourquoi?lacoupé-je.C’estplutôtvisiblepourtant,dis-jeenluimontrant
l’érection qui prend place entremes jambes. Son visage s’empourpre pendantqu’ellesemordlalèvredubas.Bébé…Arrête,ilfautquejeteparled’untrucimportant,enplus.Madéclarationapourméritedefaireredescendrelatempérature.Juliss’assoit
entailleurpendantquejemelève.—Jereviens,jevaischerchermesfringues.Rapidement,jefaisletrajetinverse,retrouvemeshabits,lesenfileetreparsla
retrouver.Ellen’apasbougéetm’attendsagement.Jem’installedanslamêmepositionqu’elleetcommenceàjoueraveclesbrindillesquimetombentsouslamain.—Bon,accouche,tumefaispeurlà.— On va devoir aller voir ton père ! débité-je rapidement pour m’en
débarrasser tout aussi vite. (Les yeux de Julis s’écarquillent d’effroi pendantqu’elleouvrelaboucheenunOparfait.)Monpèreveutqu’ondemandeautiens’iln’auraitpasdesinfossurlameutequinousaattaqués.—Pourquoi il en aurait ?medemande-t-elle sanspour autant sedéfaire de
sonexpressionsidérée.—LetypequetuasmisKO,ilaparlé.Monpèreleconnaissait,ill’amême
appelé par son prénom. À ce qu’il m’a expliqué, la meute est composée desmembresqu’ilavirés.—Etpourquoiillesvirait?—Parcequ’ilss’étaientunisàdeshumains,j’annonceunpoilhonteux.Jene
suis pas d’accord avec ça, je ne l’ai jamais été,mais c’estmon père l’Alpha,c’estluilechef.—Jesais…Etjecomprendsmieuxpourquoiilnem’aimepas.—Cen’estpasqu’ilt’aimepas.—Kaydy…—Non,bébé.Cen’estpasça.C’est justequ’il aperdu sesparentsàcause
d’humainsetmaintenant,ilengardedesséquelles.—Jenedispasquecen’estpashorrible,mais jen’ysuispour rienmoiet
ceuxqui sesontunisàdeshumainsnonplus.Tonpèrenousmet tousdans lemêmesac.—Jesais,maismoi, jem’enfichequetusoisàmoitiéhumaine.Tulesais,
pasvrai?Julissoupireavantdebaisserlesyeux.Pourlapremièrefoisdepuisquejela
connais,ellefuitmonregardetcelamefaitmal.—Non…Enfin,pfff.(Commejevoisqu’ellecherchesesmots,jeluilaissele
tempsdestructurersespensées.)J’aieul’impressionquetumejugeaistoiaussiàcausedeça.Tumerabaissaistoutletemps.—Jeneterabaissaispas!—Tuesfaible,nulleetj’enpasse,cen’estpasrabaisserpourtoi?—Non,c’estmotiver. Je savaisqueplus je tepousseraisplus tuavancerais
viteetloin.Jenet’aijamaistrouvéefaible,jamais.Talouveesttrèsdominanteetjesaisquetoiaussi.
Àlafindemadéclaration,jem’approched’elleetprendssaboucheenotage.Jeluioffreunbaiserdemaladequilalaissepantoiseaprès.Puisnaturellement,jereviensauprincipalsujet.—Bondoncondoitallervoirtonpère.—Pourquoilui?Jeneluiaimêmepasditpourtoutça…Pourlefaitqueta
mèrem’arévélécequ’ilétaitvraiment.Jenemevoyaispasluibalancerçaautéléphone, genre «Au fait papa, j’ai appris que toi etmaman,m’aviezmenti.Merci, grâce à vous, je me suis fait mordre et moi aussi, je suis une louvemaintenant.Bonsinon,j’aifoiréunpartieletjenesaispassijevienspourlesvacances.»Non,jenemevoyaispasdireça.—Tuasditquoialors?—Benrien.—OK.Benonvayalleralors.—Maisjenepeuxpasm’ypointercommeça!—Pourquoi?Sansmerépondre,elleseremetdeboutetcommenceàfairelescentpas.—Etcommentonfaitsimonpèreestimpliqué?Ilvaluiarriverquoi?Non,
cen’estpaspossible,monpèreneferaitjamaisça!Ilauneviedesplusbanale.Ilbossecommecourtierenassurance, ilpartunweek-endparmoispêcherauborddulacChamplain.Cen’estpasundangereuxloupaffiliéàunemeute.Etpuis,s’ilavaitsuquej’étaisuneciblecommemel’aditceluiquej’aitabassé,iln’auraitjamaisconsentiàattaquer.—Attends,qu’est-ceque tumedis là?Tuétaisunecible? luidemandé-je
tout en me remettant debout à mon tour. Planté devant elle, je la fixe dansl’attentedesaréponse.Etcelle-cinemeplaîtpas,maisalorspasdutout.— C’est ce qu’il a dit, que je devais servir d’exemple et qu’on lui avait
demandédes’occuperdemoi,ouuntruccommeça.—Putain!Enragé contre cette menace et vraiment flippé aussi, je balancemon poing
dansl’arbreleplusproche.Mesphalangescraquentsousl’impactetJulispousseunpetitcriavantdevenirmeprendrelamain.—Kaydy,tuesfou.—Jenesupportepasl’idéequ’ontefassedumal!— Ne t’inquiète pas, je vais bien. Ce n’est pas ça le plus important pour
l’instant.—Si,onvaallervoirtonpère,onabesoindeluipourcomprendre.Ilapeut-
êtredesinfosqu’onn’apas.Jenevaispasresterlesbrascroisésàattendrequ’ils
s’enprennentàtoidenouveau,jecrachehargneusement.—D’accord,onvayaller.Detoutemanière,onestenvacances lasemaine
prochaine. Jene savaispas si jedevais rentrer,mais jen’aivisiblementpas lechoix.—Eneffet.—Pfff.Viens,onrentremettredelaglacesurtamain.—Etaprès,onferaquoi?dis-jeensoulevantunsourciletendégainantmon
plusbeausourire.—Rien!Dodo!Outiens,onvaallerencourspourchanger!—C’estnulça.—Heyoui.Cen’estpasfacilelavied’unloup-garouétudiant.—Fous-toidemoi!Mamainparttouteseuleetluiclaquelesfesses.Satêteopèreunquartdetour
alorsqu’elleprendlecheminduretour.—Tuviensdemefesser?—Oui.—Oselerefaireettuperdstamain!—Tuparles,tun’espasassezrapide.—Jetiensàdirequej’aigagné!Tonloupnem’amêmepasvuvenir!—C’estvrai,maisc’estparcequ’ilétaitdistrait.—Connerie!!C’estsurtoutparcequeTijafaitdusuperboulot.—Sijel’admets,tumemontrerastesnichons?—Mais…Mais…Pfff!s’offusque-t-elletoutendevenantcramoisie.Elleva
devoirs’habituer,c’estdansnotrenatured’aimerlesexe.—Maisj’avouequeoui,tuasénormémentprogressé.Bravo.—Tumedisçajustepourquejetemontremesseins.—Non…Enfinpeut-êtreoui,unpeu.Maiscen’estpasmafaute, tuesma
compagneetj’aienviedetoidepuisqu’ons’estdisputés.—Onvaallerencours,çavatefairedubien.—Ahah,lajournéeestpresquefinie.Oniraquedemain…Alors,onpeut?Elles’approchedevantmoi,selèvesurlapointedespieds,collesaboucheà
monoreilleetmesusurred’unevoixsexy.—Pourquoipas,situessage.Moncœurs’accélèred’anticipation,maqueuesedurcitpendantqu’uneseule
déclarationrésonnedansmatête.Ohbébé,avectoutcequej’aienviedetefaire,jeneseraipassage,maistu
vasaimer.
Chapitre25
JulisJesenslamenacearriveravantmêmedelavoirvenir.Jecapteuneodeurqui
merebuteetquejehais.Pourtant, jene l’aisentiequ’uneseulefois jusque-là,mais c’est comme si mon cerveau l’avait enregistrée dès la première boufféeinhalée.JereposemespiedsausoletmetourneversBreequimarchedansnotredirection.UngrandsourireperfidebarresabouchedeBarbie.—Ahtueslà,Kaydy!Commentvas-tudepuisl’attaque?Jen’aipaseule
tempsdevenirtevoir.Ellemejetteunregardencoinavantdeposerlesyeuxsurmoncopainetlà,
ils s’illuminent. Elle le dévore clairement et ça me donne envie de la rendreaveugle.—ÇavaluirépondKaydysuruntonfroid.Elleseplaceentreluietmoi,posesamainsursonbrasetdemanded’unton
mielleux.—Tuessûr?Jeneluilaissemêmepasletempsderépondre,j’enlèvesamaindesonbraset
lapoussedesortequ’ellenesoitplusentrenous,maisenface.—Tunetouchespasàmonmec!—Çava, calme-toi, jen’ai rien faitdemal. Jevoulais justeprendrede ses
nouvelles.Jenesaispassitulesais,maisKaydyetmoi,étionsimprégnésavantquetun’arrives…Intérieurement,j’enragedenepasavoirétémiseaucourantdecedétail,qui
n’enestpasun,maisjecontiensmastupeuretrépliquefroidement.—Jem’enfousquetuaiescouchéaveclui.Tuneletouchespas.—Luietmoiavonsdesliensquetunepeuxpascomprendre.Cen’estpasta
faute,tun’espascommenous.—Çac’estclair,jenesuispascommetoi,jedéclareenmettantdansmavoix
toutleméprisquej’éprouveàsonégard.—Çaveutdirequoiça?—Quetuesunesalope.Elleprendunegrosseboufféed’airpourbienappuyersafaussesurprisepuis
s’écritoutrée.—Cen’estpasvrai.—Maisbiensûr…
—Qu’est-cequetuasentendu?—Çaparlepeut-êtresurmoi,maissachequeçaparleaussisurtoi.Deceque
jesais,tuécarteraislescuissespourpasgrand-chose.Tun’esplustrèsfraîcheetpuis…(Jem’avanceverselleetlareniflebruyamment.)Ouais,tupueslaputainavariée.—Jenetepermetspas!—Jen’enai rienà foutreque tumepermettesounon.Tun’avaisqu’àpas
grognersurmoietmemenacer.—J’aiétésurprise…— Mais bien sûr, et mon cul, c’est du poulet ? Arrête de raconter des
conneriesplusgrossesqueletien.Tunet’approchespasdemonmec,etlimite,tuneluiparlespassansmonaccord.—C’estdun’importequoi,tun’espersonneicietrienpourexigerquoique
cesoit.Mue par l’instinct, la colère et l’envie de lui faire bouffer la terre, je me
rapprocheencored’elle.Elleestplusgrandequemoicertes,maisjesaisqu’onestaussidominantesl’unequel’autre.Noussommesdoncdeforceségalesetmanouvelleconfianceenmoimepermetdedéclarersuruntonintransigeant.— Je suis la compagne de Kaydy, le futur Alpha. Je suis donc la future
femelleAlpha,alorsresteàtaplace.Jevoislacolèreanimersesirisetlesfaireflamber.Provoque-moienduel!Visiblementma louve est sur lamême longueurd’ondequemoi.Denature
possessive,ellen’aimepasqu’uneautreposesessalespattessursonmâleetjesuisamplementd’accordavecelle.Malheureusement,Breen’agitpascommeonl’espérait.Aprèsm’avoirétudiéattentivement,ellesetourneets’envasansunmot.Dèsquesasilhouetten’estplusàportéedemavue,monsouffleserelâcheetjedesserrelespoingsquejen’avaismêmepasconscienced’avoirfermés.—Bordel!Jetejurequ’onnes’étaitpasimprégnés!JejetteunregardàKaydyenm’attendantàsubiruneréflexionquantàmon
comportement.MaisjetombesurunKaydyvraisemblablementexcité.Ildégagecette odeur épicée, celle qui est propre audésir et cela agit directement sur lemien.Moncorpss’échauffe,moncœurs’accélèretandisqu’unepressionsefaitsentirentremescuisses.—Onrentretoutdesuite!!Surce,jememetsàcourirendirectiondelamaison,carsijeresteneserait-
cequ’unesecondedeplusici,jenesuispassûredepouvoirm’empêcherdelui
sauterdessus.Ildoitêtredanslemêmeétatquemoi,parcequeluiaussidétalecomme un lapin. Nous rejoignons la maison comme des malades et nousenfermonsdanssachambreavantdenoussauterdessus.Cetteseconde foisn’a rienàvoiravec lapremière. Iln’yaaucunedouleur,
justeduplaisir,duplaisirintense,brut,etpur,toutdroitsortirdenotrelien,denoscœursetdenosâmes.
***LelendemainAlorsquejesorsàpeinedemoncours,unemainm’attrapeparlecoudeetme
tire sur le côté. Instinctivement, je repousseviolemment lapersonnequi aosémetouchersansmonaccordetlà, imaginezmastupeurlorsquejecloueSmithcontrelemur.Ilmeregardeéberluéettoutenrongeantmonfrein,jefaisunpasenarrière.—Qu’est-cequetuveux?—Jevoulaissavoirsituallaisbien!Ons’estinquiétésavecMawen.—Pourquoi?—Mais tu rigoles ou quoi ?Votre chambre a été saccagée et tu as disparu
depuisdeuxjours.—Jen’aipasdisparu,j’aidéménagé.—Commentça?Tuasdéménagé?Maisoù?Je cligne rapidement des paupières avant de lui répondre sur un ton
condescendant.—Attends,jerêveoutumedemandesdeterendredescomptes?—Non,enfin,cen’estpasça.C’estjustequ’ons’estinquiétés.Tuneréponds
pasautéléphoneenplus.—Tunetedemandespaspourquoi?AllezSmithréfléchisbien,tuessûrque
tunevoispas?GenretoietMawenentraindebaiserdansmachambre?Çaneteditrien?Parcequemoi,jenesaispaspourquoi,maisj’aicettefoutueimageentête.—Jemesuisexcusé!Jen’appréciepaslafaçondontils’exprimeenversmoi.J’ail’impressionqu’il
parle à une gamine.Ma louve grogne et je doisme contrôler pour ne pas luisaisirlecouetyplantermesgriffes.Aprèsavoirprisunegranderespiration,jeplonge mes yeux dans les siens, j’exerce une véritable maîtrise sur madominanceetjedéclarefermement.
—Tesexcuses,tutelesmetsoùjepense.—Onétaitamisavant…—Voilàavant.Parleaupassé.Mespoilssehérissentd’uncoupetmapeausemetàmepicoter, signeque
Kaydyarrive.Monnezcapte sonodeuravantmêmequ’ilnedescendede sonétage.Lapremièrechosequ’ilvoitenposantlepiedàmonniveau,c’estSmithcontre le mur et moi plantée en face. Son visage n’exprime aucune réaction,mais je sens sa colère. Il enrage, car il a tout de suite su que quelque chosen’allait pas. Ilme rejointdoucement suividesmecs. Il pose sonbras surmonépaule,m’embrassegoulûment—marquagedeterritoireobligatoire—puismedemandeaucreuxdel’oreille.—Çava,bébé?—Tusorsaveclui,Julis?DanslavoixdeSmith, j’entendsclairement lasurpriseet ladésapprobation.
J’adresseungrandsourireàmoncopainavantdemeretournerversmonex.—Oui. Je vais bien, doncmaintenant, tu peux aller te faire foutre et aller
foutreMawensurtout.—Mais…—Elle t’a dit de te barrer ! Tu ne lui parles pas, tu ne l’approches pas. Je
t’interdis deposer les yeux sur elle.Si je te prends à la reluquer, à tenter uneapproche, je te bute, lui intime Kaydy, puis sans s’arrêter, il se met en pleinmilieu du couloir alors que c’est l’interclasse et que celui-ci est bondé etdéclare :C’estvalablepour tout lemonde,cettefilleestMAfemme,celuiquitentequoiquecesoitcontreelle,auraàfaireàmoietjevousgarantisqu’ilneremarcheraplusjamais.Tout lemondeme regardeet je suisbien tentéedemecacherpuisque jene
suispashabituéeàautantd’attention,maisjegardecontenance.Leregardfermeetconfiant, jesoutiens tousceuxquimematent jusqu’àcequ’ilspassent leurschemins.Kaydyrevientseplaceràmoncôté,lesautresderrièreetnoussommescinqafixéSmithquiluin’apasbougéd’unpouce.—TudevraisvraimenttebarrerSmith…Monconseildoitfaireofficededéclic,carildécampeaussivitequepossible.
Puis,laclochesonneledébutdunouveaucours.—J’yvais.—Onserejointàlacafetaudéjeuner.—Oui.J’embrassedoucementKaydyavantdepartirendirectiondemafuturesalle.
Jen’aipasfaitquatrepasqueShepseplaceàmagauche.—Onacoursensemble.—Ahbon?Jenesavaismêmepasqu’ilétaitavecmoienmathématique.—Oui.—Shep,jecomptesurtoi,tufaisattentionàelle!L’ordre ne passe pas inaperçu, mais Shep l’accepte sans broncher et
respectueusement,ilrépond:—Net’inquiètepas,jeferaigaffeàelle,c’estnotreAlpha.Ungrognementrésonneenréponseavantquedesbruitsdepasnesefassent
entendre. Je reprendsma route avec Shep àmon côté et je suis incapable decachermon sourire. Je suis heureuse, vraiment heureuse, car après avoir sué,souffert et surtout encaissé, je suis acceptée, par « Lameute » et ça, ça vauttouteslesrécompensesdumondepourmoi.
Chapitre26
Kaydy
UnesemaineplustardInstalléderrièrelevolant,aveclamaindroitesurlacuissedeJulis,j’essaiede
luicommuniquertoutmonsoutienetmonaffection.Elleesttenduedepuisquenous avons quitté le territoire et il y a de quoi. Dans un peu moins de dixminutes, nous serons devant chez ses parents.À cemoment-là, elle ne pourraplusfairecommesirienn’avaitchangé.Jusqu’àmaintenant,elleavécudanssabulle, ne préférant pasmettre ses vieux dans la confidence,mais cela ne peutplus durer. Son père est le seul à pouvoir nous aider à démêler toute cettehistoire.Ildoitavoirdescontactsaveclesautresloupsdevenussolitairesàcausedemonpère.Enfinça,jel’espère,parcequesinon,noussommesdanslamerde.Nousn’avonsrien,aucunepiste,aucuntémoin.J’aibiendemandéàTeddydeserenseignerauprèsdesautresmétamorphesquisontsurlecampusainsiquedanssa propre volière, mais ça n’a strictement rien donné. Personne n’a entenduparlerd’unenouvellemeutefraîchementforméeenville.J’aimoi-même secoué le cocotier en joignant certainsdemescontacts chez
lesautresespèces,maiscommeTeddy,jemesuisheurtéàunputaindemur.Cequejenepeuxpasaccepter!Onnes’enprendpasàmacompagnesansenpayerleprix!—Kaydy…Ellemurmuremonprénomdansuneplainte.Enréponse,jeluiserreplusfort
lacuissetoutenm’engageantdanslequartierrésidentieloùelleagrandi.—Çavaallerbébé.Onfaitcommeonadit.De toutemanière, tonpèreva
sentirmonodeuretlatienneetilcomprendratoutdesuite.—C’estlamaisonaveclesvoletsroses,gare-toilà.—Bendis-doncpourlecôtésympa,onrepassera.OnsecroiraitdansEdward
auxmainsd’argent.—Ohjevoisquetuasunebonneculturecinématographique.—Effectivement,bienmeilleurequelatienneavectonJason.—Jemeplaisàcroirequej’aidesbonsgoûts…—C’estbienbébé,continued’ycroire.Elle m’envoie un grand sourire tout en plongeant ses yeux bleus dans les
miens.
—Pourquoitumesouriscommeça?Tuteremémorescequejet’aifaitcematinavecmabouche,c’estça?Elleéclatederireetentendrecesonmefaittellementplaisir.—Jesaiscequetuesentraindefaire!—Ah…—Oui,tumebalancesdesvannesoudestrucssexuelspourmecalmer.J’ai
compristonpetitmanège,maismerci,c’estgentildetapart.—Derienbébé,avecplaisir.Maisarrêtedemeregardercommeçasinonje
vaistefairel’amoursurlabanquettearrièredu4x4.À l’instantoù je finismaphrase,monnezcapte l’odeurd’unautre loup. Je
renifle ungrand coup tout en regardant partout autour demoi. Julis agit de lamêmefaçonavantdesetasserdanssonsiège.—Qu’est-cequ’ilya?—C’estmonpère!—Où?—Là!Ellemedésigneunpetitcheminentredeuxmaisons.Effectivementilyaun
hommequise tientdeboutavecuneénormepincedans lamain. Ila levisagetournéversnousetmêmes’ilnepeutpasnousvoirderrièrelesvitresteintées,jesaisqueluiaussiasentinotreodeur.—Onyva!JecommenceàvouloirsortirquandJulism’arrêteenm’attrapantlebras.—Attends…Onneparlepasdesexe.—Quoi?—Oui,tunedispasàmonpèrequ’onacouchéensemble.—Etpourquoij’iraisdireça?Jenevaispasarriveretluibalancer«Salut,je
suis Kaydy, j’ai mordu, revendiqué et baisé votre fille. » Bébé, fais-moiconfiance,jesaismetenir.Pourluiconfirmermesdires,jel’embrassedoucementavantdeluisoufflerdu
boutdeslèvres.—Jemetiendraibien.Elle m’observe un petit moment avant de hocher la tête et de sortir de la
voiture.Jelasuisetvienslarejoindrepourluiprendrelamainquandelleatteintl’avantdu4x4.Plusnousapprochons,plussonpèresetend.Sonvisageafficheuneexpressiondesplusmenaçanteet son froncementde sourcilsnem’inspireriendebon.Ilm’étudieattentivementavantdereportersonregardsursafillequandellese
placedevantlui.—Papa…—OhJulis,mais…Commentmapuce?Tusens…—Leloup?Il écarquille les yeux face à la question de sa fille et lâche un soupir qu’il
devaitcontenirdepuisdix-huitanstantilsemblelibérateurpourlui.Soncorpssedérideetilouvregrandsesbras.Julisnesefaitpasprier,elleparttoutdesuiteseblottircontrelui.Jesuisobligédetenirmonloup,cariln’aqu’uneenvie:attaquerl’autremâle
quitouchesafemelle.Lapsychologieetlesanimaux,çafaitdeux!Le père de Julis lui glisse des paroles réconfortantes au creux de l’oreille
tandis qu’elle pleure. Pourma part, jeme sens un peu con à rester debout enretrait.Jenesaispasquoifaireetsurtoutjen’aipasconfianceenlui.Ilestpeut-être son paternel,mais rien ne nous dit qu’il n’a pas des liens avec lameuterivale.Familleoupas,sij’apprendsqu’ilajouéunrôledansl’attaque,jelebute.Julis se recule enfin et c’est àmon tour de relâcherma respiration. Elle se
tourneversmoietmetendlamain.Niunenideux,jelarejoinsetm’ensaisistoutentendantl’autreàsonpère.Celui-cin’hésitepasetm’adresseunepoignéedemainferme.—Venez, on va aller s’installer à l’intérieur, je pense que nous avons des
chosesànousdire.Totalement d’accord avec lui, nous le suivons en direction de lamaison. Il
ouvrelaported’entréeets’écrit:—Chérie, Julis est arrivée avec… (Il s’arrête un courtmoment,me zieute
puisreprend.)Unami.Unefemme,laquarantainepassée,sortd’unepiècequisetrouveaufondà
droite.Ellenousrejointàl’entréeetserreàsontourdanssesbrasmacopine.—Tum’asmanquéemachérie.—Toiaussimaman.—Alors tumeprésentes ton ami ?? lui demande-t-elle enme regardant de
hautenbas.Julisenfaitautant,maissonregardmedonnebienplusenviequeceluidesa
mère.—Maman,voiciKaydy,moncopain.Kaydy,voicimamère.—Toncopain?EtSmith?chuchote-t-ellediscrètementetsurtoutsurprise.Mabouchesefendd’unpetitsourireenconstatantquesamèreessayedeme
préserverd’unequelconqueannoncedésobligeante.—Smith,c’estdel’histoireancienne,ilm’atrompéeavecMawen.—Mawen?Non,cen’estpaspossible!—Si!—Maistuauraisdûm’enparler,m’appeler.Jetrouved’ailleursquetuneme
donnespasbeaucoupdenouvelles,jeunefille!Elleluidonneunpetitcoupavecletorchonquipendaitàsonépauletouten
souriantamusée.—Désoléemaman,maisc’estassezcompliquéencemoment…(Ellesetait,
meregarde,semordlalèvreavantdereprendre.)D’ailleurs,c’estpourçaqu’onestvenusavecKaydy.Onabesoindepapa.—Ahbon?Et…—Hélène…Chérie,ellesait…Samèreseretourneverssonpèrequandcelui-ciluicoupelaparolepourlui
révélerlepotauxroses.Elleouvrelabouche,froncelessourcilsavantdenousregarderJulisetmoisoustouteslescoutures.—Commentest-cepossible??— Je crois qu’on devrait s’asseoir, dis-je en désignant un canapé dans le
salon.Jem’yinstalleavecJulispendantquesonpèreetsamèreprennentplacedans
lesfauteuilsenfacedenous.Commeconvenuplustôt,c’estJulisquiselancedansuneexplication.—J’airencontréKaydysurlecampus,etsansquejecomprennepourquoi,je
mesentaisattiréedangereusementparlui.Àlapleinelunealorsquejetraversaisleboistouteseule,jesuistombéeetunloupm’amordueàl’épaule…—Tut’esfaitmordre?Vousêtesunis???—Elleportesonodeur,chérie.—Maissituasétémordue,çaveutdirequetuas…Quetut’es…—OuiMaman,j’aimuté.Pourquoinem’avoirjamaisparlédeça?Pourquoi
m’avoircachéetanature,Papa?J’aimeraisbiensavoirmoiaussi!Ilsoupireavantdedéclarerpenaud.— Je ne savais pas comment te le dire. Avec ta mère, on s’est longtemps
demandé si tu allais muter ou non. Dès qu’il y avait une pleine lune, on tesurveillaitpourvoirlesdifférentschangementsquis’opéraient.Maistun’enaseuaucun.Alorsonafiniparcomprendrequesi tunet’unissaispasàunloup,toncôtégarouresteraitensommeil. Jevoulaisuneautreviepour toi, Julis. Je
voulaisunevierempliedepossibilitésetd’opportunités,pasquetuaiesàvivredansunemeutequineterespecterajamais.—Commentvoussavezqu’ellenelarespecterapas?— Ton père a changé d’avis Kaydy ? Dis-moi après toutes ces années,
commentilgèrelefaitquesonfilssesoituniàunehumaine?Tuaspresquelamêmeodeurquelui,etsurtouttuluiressemblestellement.Jesuisentraînéàgérerlapression,depuismonplusjeuneâgeonm’aapprisà
garderunvisageneutre,maislà,jen’ensuistoutsimplementpascapable.Etils’enrendcompte.—Tuvois,jem’endoutais…Mafilleneserajamaisrespectéedanslameute
Mohicans.Pourquoiluias-tufaitça?Pourquoinepasluiavoirlaissélechoix?—Parcequejenelepouvaispas!!C’estmonâmesœur!!Madéclaration tonitruante résonne dans la pièce.Lamère de Julis ouvre la
bouchedesurprisetandisquesonpèreselèved’uncoup.—Tumedisquec’est tonâmesœur,que tu l’as revendiquéealorsque ton
pèrem’aviréparcequej’étaistombéamoureuxd’unehumaine?— Oui, monsieur. C’est ma femelle. Je l’ai prise pour compagne, je l’ai
revendiqué,marquéeetnousnoussommesunis.—Tonpèrel’accepte?Je ne veux pas répondre à sa question, car tout ce que je pourrais dire, ne
serviraqu’àluiconfirmerl’incapacitédemonpèreàsurpassersontraumatisme.Parchance,Julisreprendlaparole.—Pour l’instant, cen’estpas leplus important.Papa,onabesoinde toi…
J’aidûm’installer chezKaydyparcequemachambreà la fac a été saccagée.Puisaprèsça,c’estleterritoirequis’estfaitattaquer!—Quoi?Maistun’asrien???—Non,net’inquiètepas,grâceàl’entraînementquej’aieusurledomaine,
j’airéussiàmettreKOunassaillant.Maiscequ’ilnousadit,laisseàpenserquelesloups,quelepèredeKaydyaviréscommetoi,ontforméunemeute.Tuétaisaucourant?Toutenarpentantlapièce,ilrépondenfinàlaquestion.—Non.Jenevoispluspersonne.DepuisqueNestarm’aviré,jesuisdevenu
unsolitaire.Sans pouvoir m’en empêcher, je me mets à le plaindre. Nous autres,
lycanthropes,avonsbesoindevivreavecnoscongénères.Biensouvent,unloupsolitaireperdlatêteetpeutmêmeenvenirausuicide.LepèredeJulism’atoutl’aird’avoirtoutelasienne,cequifaitdeluiunputaindeduràcuire.
— Vous ne pouvez pas vous renseigner ? L’individu que Julis a mis KOs’appelaitHector.Çavousditquelquechose?—Bien sûr ! Hector et moi avons grandi ensemble. Samère est morte en
couche enmettant aumonde son frère et quand sonpère a vouluprendreunenouvellecompagnehumaine,Nestarlesavirés.Quandj’aiàmontourétéjeté,j’aiessayédeleretrouver,maissanssuccès.Etpuis,tamèreesttombéeenceintedetoietj’aiarrêtédepenseràlameute.Jemesuistrouvéunboulot,etlavieacontinué.—Maiscommentfaites-vouspournejamaisvoustransformerouchasser??Julisrépondàsaplaceavecunlégerriredanslavoix.—Oh,maisillefait…Heinpapa??Tuvascamperetpêchertouslesmois…Ilsouritfranchementcomprenantqu’ilestdémasquépuisadmet.—Jeplaidecoupable…Pourlesoucidelanouvellemeute,jevaisvoirpour
merenseigner.—Merci.—BonJulis,raconte-moicommenttuasmiscemecKO!Julis se lance dans l’explication de son altercation avec l’enfoiré et nous
l’écoutonsattentivement.Àplusieursreprises,jesuisobligédemerappelerqu’ilestdéjàmort,carjen’aiqu’uneenvie:luirefaireleportrait.Etjenesuispasleseul,puisquesonpèrelâcheungrognementplusquerévélateur.Àlafindesonexplication, il est d’accord avec nous sur le fait que Julis s’avère être laprincipalecibledecetteattaqueetilestencoreplusmotivéànousaiderdansnosrecherches.Troisheuresplustard,etunrepassucculentingurgité,nousquittonsla
maison.AlorsqueJuliss’installesurlesiègepassager,sonpèrem’appelle.—Oui?— T’as intérêt à la protéger… (Je suis prêt à répondre, mais il enchaîne.)
mêmecontretonproprepères’illefaut.Jeleconnais,ilnel’accepterapas.—Jesais.—Vousferezquois’ildemandevotredépart?—Onpartira.JesuisunSnowborn,un loupblanc,unAlphané, jen’aipas
peuretjelaprotégeraiaupérildemavie.—C’estbienalorsparcequ’elleestmaplusbelleréussite.Jen’aipaslechoix
quedetelaconfier,maissituluifaisdumal,jetetuerai,soisencertain,Alphaounon.—Jen’enattendspasmoinsdevous,monsieur.
Ilacquiesced’unsignedementonetnouséchangeonsunepoignéedemainferme.Parcegeste,nousnousmontronsnotrerespectmutueletunpetitquelquechosemedit,queçameserviraàl’avenir.
Chapitre27
Julis—Bonalors,vousavezapprisquoi?À peine sommes-nous sortis de la voiture que les mecs et Savana nous
tombentdessus.Ilssontassissurlesmarchesdevantlamaisonavecdescanettesàlamain.JeparsmeposeràcôtédeSavanaetcelle-cisedécalepourmelaisserde la place. Kaydy lui, reste debout, mais s’appuie contre un poteau de laterrasse.—Ilvaserenseigner.Pourl’instant,iln’aplusaucuncontactaveclesautres,
annoncemoncompagnon.—Donconn’ariendeplus?déclareàsontourRiver.—Non...jesoupiredéfaitiste.—Alorscommentilaréagienvousvoyant?Ilapétéuncâbleparceque
Kaydyettoiavezfaitcrac-crac?Merci,Shep,pourcetteremarqueinutile!Jedoismerappelerquechezleslycanthropeslesexeestélémentaireetquece
n’estpasunsujet tabou.Lapreuve,toutlemondeàpartmoiafficheungrandsourire,ycomprisKaydy.Quandilposelesyeuxsurmoi,ilsbrillentd’unelueurcoquineetcelaattisemondésirpourlui.—Ilavitecomprisdetoutemanière,notreodeurnetrompepas.—Elleportelatienne,mais…—Shep!Kaydy coupe la parole à ce pauvre Shep qui se tasse sur lui. Je fronce les
sourcilsd’incompréhensionavantderegardertoutlemonde.Ilsfuienttousmonregardetunmalaises’installeentrenous.— Quoi ? Pourquoi vous réagissez comme ça ? Elle a quoi mon odeur ?
(Commepersonnenerépond,jem’emporte.)Bordel,vousallezmedire!!—Tuporteslasienne,c’estvrai,maisnormalement,uncoupleunipartagela
même. Les deux odeurs semélangent pour en créer une nouvellem’expliqueSavanatoutenmeregardantamicalement.Sadéclarationmepercute.Jenesaispas troppourquoi,maisd’unecertaine
façon,c’estcommesiellem’annonçaitqueKaydyetmoi,çanemarchaitpas.Bizarrement,çamefaitdouterdemarelationetsurtoutdesonavenir.Malouvepousse un hurlement au fond de moi avant de couiner. Elle est triste et necomprendpaspourquoilelienn’estpasencorecomplet.Jesuiscommeelle.Je
pensaisquetoutallaitbien,qu’onavaitenfinaccepténossentimentsl’unenversl’autreetpuis,j’aitoutfaitpourm’adapteraumieuxàsonmodedevie.Alorsquedois-jefaireencore?Pourquoiçanemarchepas?Instinctivement,jemeretranchedansmabulle.Malouvesecoucheattristée
et j’ai bien envie de faire comme elle.Un silence gênant s’installe entre noustandis que Kaydy serre la mâchoire. J’entends clairement ses zygomatiquesgrincer.Complètementdécouragée,jemelèveetdis au revoir aux autres. Sansattendreuneréponsedeleurpart,jerentreetparsmecoucher.—Bébé…—Jen’aipasenviedeparler,Kaydy.Allongéesurlecôtésouslacouette,jemecontentedefixerlemur.J’essaiede
sortir de ma tête, de faire le tri dans mes sentiments, mais je n’y arrive toutsimplementpas.J’aibeaucoupacceptédepuisunmois,etj’ail’impressiondenerienavoireuenretour.C’esttoutsimplementinjuste!!Sanspouvoir lesreteniretmêmesicen’estpasdansmeshabitudes, jesens
deslarmescoulersurmesjoues.J’essaiedenerienlaisserparaître,jeserrelesdentset tentedepleurerensilence,maismêmeàmonproprenez,mes larmesontuneodeursalée.—Bébé,tupleures?(Commejenerépondspas,ilsepencheversmoietme
forceàmemettresurledos.Puis,tendrement,ilm’essuielesjoues.)Pourquoitupleures?Qu’est-cequinevapas?—Pourquoinotre lienn’estpascomplet?Pourquoinosodeursnesontpas
mélangées?C’estparcequetunem’aimespas,c’estça?Tuauraispréféréavoirpourâmesœur,uneautrelouve,plusforte,etsurtoutmoinshumaine?—Maispasdutout!—Menspas,jenetecroispas.—Jesuissincère.Jesuisfierdet’avoirpourcompagne.—Alorspourquoi,Kaydy?Ilfuitmonregardavantderevenirplongersesyeuxdanslesmiens.—C’estàcausedemoi.Jenesaispaspourquoi,maisc’estmafaute.Pendant
l’attaquetuaspumedonnerdetonénergie,maisquandj’aiessayéàmontour,çan’apasmarché.—Tuasessayé?—Oui, j’ai senti quand le mec t’étranglait. Ton cœur ralentissait et j’étais
incapabledet’aider.Monloupétaitenragé,ilabienessayé,maisn’apasréussi,alorsaussivitequ’ilapu,ilt’arejoint,maistuavaisdéjàfaitleboulot.Julis…Bébé,cen’estpastoi,tufaistoutcequ’ilfaut,c’estmoi.Jen’aipasl’habitudedem’ouvrir,jenesaispasfaireçaetpourqu’unliend’unionsoitcomplet,ilfautquelesdeuxpartiessoienttotalementouvertesl’uneenversl’autre.—Tucroisquetuyarriverasunjour?Àt’ouvrircomplètementàmoi?Ilsoupireavantdem’embrassertendrement.Puisilselève,metendlamainet
medit.—Viensavecmoi,jevaistemontrerquetun’espasfaible.J’acceptedelesuivrealorsquejesuisenpyjamaetnousrejoignonslasalle
d’entraînementausous-sol.Ilenlèvesesbaskets,etmontesuruntapis.—Viens.(J’obéisetmeplaceenfacedelui.)Attaque-moi!—Jenevaispastefrapper!—Si!Tuenasbesoin,bébé.Tucanalisesaumaximumtacolère,tarageetça
vaterendrefolle.Décharge-toisurmoi.—Non,maisnon.Voyantquejeneleferaipas,ilmepousseenarrière.—Allez…C’estàcausedemoi!C’estmoiquit’aimordue!C’estmoiqui
t’aifaitperdrelepeudeviequetuavais!Situn’esplushumaine,c’estmafaute!Jet’aimordue,revendiqué,etjet’aimêmebaisée!Jet’aitoutprisettoi,tuaseuquoienretour?Rien!Àpartdesproblèmes.Tonmondeavoléenéclat,tesparentst’ontmentitoutetavieettuesobligéedevivreavecmoi.Allez,frappe-moi,tuenasenvie!Frapp…Rageusement,jebalancemonpoingdroitetill’esquive.Puis,jerecommence
avecmonpiedgauche,quicette fois-ci lecueilleenpleinsescôtés. Il souffle,pliéendeux,avantdeseremettredebout.—C’esttoutcequetuas?Putaincen’estpasgénial!Ahouais…Pasgénial??Putain,tuvasmorfler!Malouveémergeetprendleschosesenmains.Jenesuisplusqueboulede
nerfs et colère refoulée. Il avait raison, j’absorbais tout et là, j’explose. Mescoupspleuventetjeneretiensstrictementrien,nimescrisnimaforce.Kaydyencaisseetmepousseencoreetencore.Ilmebalancedesvannes,merabaisseetcelaattisedavantagemarage.Jenesuisplusmoi,malouven’estpluselle,noussommes tout simplement une nouvelle version de nous, plus complète, plusaguerrie et surtout plus hargneuse. Entre elle etmoi, la symbiose est totale etnousnouslâchonssurletypequiestminederienresponsabledetoutcebordel.
Aprèsunmomentquejenesauraiscompter,l’énergies’échappedemoietjeme laisse tombersur lematelas.Essoufflée, je remontemesgenouxcontremapoitrineetposemon frontdessus.Moncœurpalpite furieusement et tousmesmusclesmefontunmaldechien.—Çavamieux,bébé?LavoixdeKaydy,sigrave,etpourtantsidouce,mefaitrelever lesyeux.Il
m’observeattentivementetpourlerassurer,jeluiadresseunsourire.Sonvisagea échappé à mon déchaînement, mais le reste de son corps est visiblementmeurtri.—Jesuisdésolée…—Net’excusepas,tuenavaisbesoinetc’estpourçaquejel’aifait.—Merci.—Nemeremerciepas,bébé,jesuislàpourtoi.Jenesuispastoujoursunbon
compagnon,maisjeferaitoutpourtoiettefairetesentirbien.—Jesais…Monregardglissesursonventremuscléquiestvisiblepuisquejeluiailacéré
sontee-shirtavecmesgriffes.Jesuisfrappéeparuneboufféededésirbruteetcelle-ci sedégagepar tous lesporesdemapeau.Kaydy sourit et avantmêmequ’ilnepuissecommentermaréaction,jeluisautedessus.M’installantsurlui,jecollemabouchesurlasienneetinsèremalangueentreseslèvres.Ilréponddirectementàmonbaiseretmesaisitpar la tailleavantdemefaire tourner. Ilm’allonge,m’enlèvemonpantalonet sesdoigts trouvent toutde suite la chairhumidesituéeentremescuisses.Ilenplongedeuxenmoietmabouches’ouvreen grand tandis que je retiens ma respiration. Pour l’aider dans ses caresses,j’écartedavantagelesjambes.—Bébé,j’aitropenvie.—Oui.Il défait le bouton de son jean, descend celui-ci, et son érection apparaît
fièrement. Il s’empoigne et commence à se tripoter devant moi. Le voir setoucher s’avère être très excitant.Ma peau frémit en manque de ses caressesalorsqueKaydymedévoredesyeux. Jemesens tellementvivante faceà sonregardbleuintense.—Tuaimes,bébé?—Humm.Jehochela tête toutenlâchantunsonquiressembleàungrognement.Tout
moncorpsestenfeuetjen’aiqu’uneenviemedéchaînersurlui,lemordre,legriffer,l’embrasser,ledévorer,letout.
Jeveuxtout,là,maintenant!Complètement possédée par le besoin dem’accoupler, j’agis, rapidement et
brusquement.Jelepousse,lechevaucheetm’empalesurluid’uncoup.Kaydyesttantsurprisquesabouchelibèreunsondegorge.—Putain,bébé,oui,prend-moi!Jenesaispascequejefais,jen’aipasassezd’expérienceenlamatière,mais
l’instinctprendledessus.Mesmainsseposentàplatsursontorse,mesgriffessortent et se plantent dans sa peau pendant que mon bassin effectue desmouvementsanarchiques.Chaquecoupmeprocureunplaisirsiintensequemescris résonnent dans la pièce.Ma peau se couvre de chair de poule et dans underniersursaut,jejouis.Essouffléeetengourdie,jemelaissetombersurKaydy,saufquevisiblement,
ilenapasfiniavecmoi.Enunbattementdecil,ilmeretourne,memetàquatrepattesetmepossèded’ungrandcoupdeboutoir.Unedesesmainsempoignemafesse pendant que l’autre se pose sur ma nuque. Tout en me faisant l’amoursauvagement, il me mord à l’épaule là où il a déjà apposé sa marque. Celaprovoqueuneexplosionenmoi.Moncorpssecrisped’uncoup,mesmusclessecontractentetunhurlementmuetfranchitmeslèvresouvertes.Kaydycontinueencore et encore et ses coups sont de plus en plus frénétiques. Puis dans underniersursaut,ilexploseàsontouravantdes’écroulersurmoi.Je suis essoufflée, j’ai mal partout, mais je me sens tellement bien que
l’alliancedetroissyllabesfranchitmeslèvressanslevouloir.—Jet’aime.
Chapitre28
KaydyMonoreillecaptelesmots,maismoncerveaunepeuttoutsimplementpasles
interpréter.C’estau-dessusdemesforces.Jesuisdéjàentraind’essayerdenepas crever d’hyperventilation alors si en plus, je dois comprendre ce que jeressens,c’estlepompon.La bouche ouverte, complètement avachi sur Julis je ne suis plus que
sensationetapaisement.Cettescènedesexeétaitdigned’unputaindeporno!Lameilleurepartiedejambesenl’airdemavie!Cettenana…Mafemelleesttoutsimplementparfaitepourmoi!Dansungestedetendresse,jefrottedoucementl’arrêtedemonnezcontrela
peausidoucedesoncou.—Tuestellement…Tu…Je…—Ne dis rien de plus. Je sais…Notre lienme le confirme. Je connais tes
sentimentspourmoietleurintensité.Jen’aipasbesoinquetumeledises.—J’aimerais,tusais.—Oui.J’aienviepourtant,jesaisquejetiensàelle,quelessentimentsquej’éprouve
dépassenttoutcequej’aipuressentir,maisquelquechosemeretient.Jen’arrivepas à dénouer ma langue. Lesmots sont là pourtant, mais ils restent bloquésentremoncœuretmes lèvres.Donccomme je suisundébileprofond,qui estincapable de dire à sa copine ce qu’il éprouve, je le lui montre. Je me lève,remontemonfut,chopelesienaupassageetlaprendsdansmesbrasavantdelasoulever.—Allezaulitbébé.Demain,onacours.—Onestobligés?—Oui.—C’estnul,jevoudraisresterdanstesbrasetnejamaisenpartir.—J’aimeraisaussibébé.Julisalesyeuxfermésetsoncorpsengourdinepèseriendansmesbras.—Fautquej’ailleauxtoilettes.Jeladéposedoncdevantavantdelalaisserfairesonaffairetranquille.Pour
mapart,jerejoinsmonlit,medésapeetmecoucheheureuxquelajournéesoitenfinfinie.Julismerejointetj’ouvremonbraspourqu’ellevienneseblottirtoutcontremoi.J’aimelasentir, respirermonodeursurelle,enfouirmonnezdans
sescheveuxblondsettoucherladouceurdesapeau.—Bonnenuitbébé.—Bonnenuit,àdemain.Avant de m’autoriser à m’endormir, j’attends que le sommeil la gagne en
premieretquandjesuissûrqu’elleestdanslesbrasdeMorphée,mespaupièressefermentetjemelaisseglisseràmontour.
***CinqjoursplustardJe suis posé à la cafétéria avec la bandequand je ressensquelque chosede
bizarre.Monalerteinternes’activeetmonloupredresselagueule.Jenesuispasleseulpuisquelaconversations’arrêteetquenoussommescinqàfixerl’entrée.Commeriennesepasse,jemelèveetannonce:—Jevaisvoir.—Jeviensavectoi!—Moiaussi!Enfindecompte,toutlemondeselèveetsortdubâtiment.Monflaircapte
uneodeurdesangfraisquejesuis.Ellememènederrièreetplusonavance,pluscelle-cis’avèreêtreforte.Nousfinissonspartombersurunoiseaucomplètementéventré jusque-là rien de bizarre,me direz-vous,mais cet animal n’est pas unoiseaunormal.C’estunecorbeau-garou.Elleporteunsignebiendistinctifàsapatte, une sorte de bague très reconnaissable et qui m’indique tout de suitel’identitédesavolière.Maiscequiestplus inquiétant,c’est l’autreodeurplusfortequimeparvientaunez.Celled’unloup.Lesmecsetmoinousregardonsetnousnouscomprenonssansparler.Çapue.Quique soit ce loup, il a clairementdéclaré laguerre. Il s’enestpris àune
congénère deTeddy et a laissé ce funeste cadeau pour que nous le trouvions.Parce que c’est bien ça que j’ai ressenti quelques instants plus tôt. C’est laprésence d’un autre loup et pas un demameute. Le premier qui dégaine sontéléphoneestTij.—AllôTeddy…—…—Viens,derrièreleréfectoire,y’aunsouci.—…
—Ons’enfoutquetuneveuillespasmevoir,turamènestoncul!Sansplusdecérémonie,ilraccrocheetdanslepositionnementdesoncorps,
jecomprendsqu’iltentedemaîtrisersarage.Ils’estpasséuntrucentreTeddyetlui, mais sincèrement, je n’ai jamais demandé quoi. J’avais d’autres choses àfoutrequemettremonnezdanscequinemeregardaitpas.Maislà,envoyantmonpote,jecomprendsquecen’étaitpasforcémentunebellehistoire.—Lesmecs, vousm’expliquez s’il vous plaît ? demande Julis surprise par
notreréactionfaceàl’oiseaumort.—C’estunecorbeau-garouquifaitpartiedelavolièredeTeddy.—Elleaété tuée,maisçasent…(Ellerenifleungrandcoupavantd’ouvrir
grandlesyeux.)Çapueleloup.—Oui.—Merde,vouspensezquec’estunenouvelleattaqueciblée?Maisqu’est-ce
quelavolièreaàvoiravecnous?— On a demandé à Teddy de se rencarder, peut-être que ça n’a pas plu,
répondShep.Parlasuitenousgardonslesilence,chacunperdudanssespensées,àtirerdes
conclusions. Pour ma part, c’est clairement signé de notre ennemie, mais lagrandequestionestpourquoi?Teddyarrivequelquesminutesplustardetdèsqu’ellevoitlascènedecrime,
elleportesamainàsaboucheavantderetenirunsanglot.Jemedécalepourlalaisserpasseret elle s’accroupit auprèsde sacongénère. Je lavoishésiterà laprendre dans ses mains. Le ventre de l’oiseau est ouvert et ses intestins sontvisibles.Alorsquej’envisaged’enlevermontee-shirtpourqu’elles’enserve,Tijagit avant moi. Rapidement il ôte le sien et le lui tend. Elle s’en saisit etenveloppel’oiseaudedansavantdelesouleverdusol.Puis,ellenousdemande.—MonDieu,maisques’est-ilpassé?—Onasentilaprésenced’unloupquandonétaitdanslacafet’.Onasuivi
l’odeurdusangetçanousamenésici.—Sélènes’estfaittuerparunloup??Maispourquoi?—Qu’est-cequetuasapprisTeddy?Lavolièreétaitimpliquéedansquoi?
demandeabruptementTij.—Dansrien!!J’aijustedemandéauxautresd’ouvrirlesyeuxetd’effectuer
despatrouillesautourducampusaucasoù.—Elleavaitdûvoirquelquechose.—Jenesaispas,jenesuispasrentréedepuisdeuxjours…—Etpourquoi?Tuétaisoù?
Teddy lance un regard meurtrier à Tij qui ronge visiblement son frein. Latension est bien visible entre eux et attise encore plus notre énervement. Jecommenceàperdrepatienceetdéclaredurement.—Bon,onvousdérange???Teddysetourneversmoietmedemande.—TuvasdevoirdemanderàtonpèredenousaiderKaydy!Sionestdansla
lignedemired’unemeute,onnepeutpass’ensortirseules.—Jesais.Occupe-toidetacamarade,jevaism’occuperdemonpère.—Merci,onsetientaucourant.—Oui.Après avoir salué tout le monde sauf Tij, elle s’en va en tenant toujours
l’oiseaudanssesmains.Jem’approchedeJulisetlaprendsdansmesbras.Ellecollesonoreillecontremoncœurpendantquej’embrassesescheveux.—Bon,jecroisqu’onvasécherlescourscetteaprèm,annonceRiversurun
tonlugubre.—Ouais,onrentre.Nous faisons demi-tour et au lieu de rejoindre nos salles respectives, nous
nousengouffronsdansmon4x4.Le trajet retour s’avère horrible.Un silence pesant s’est installé entre nous.
Dès que nous pénétrons sur le territoire et que jeme gare devantmamaison,chacunsortetpartdesoncôté.Julissetourneversmoi,m’embrasseavantdemeprévenirqu’ellevaallerpasserunmomentavecmasœur.Jelalaissefairesansrechigner.ElleenabesoinetjepréfèrelasavoiravecSavanaquetouteseuleàruminersespensées.Quantàmoi,jerejoinslebureaudemonpère.Je frappe et entre. Il est debout avec sonBêta en face de lui et ils étudient
visiblementunplan.—Kaydy,tun’espasencours?—Ils’estpasséquelquechosesurlecampus.Unloupatuéuncorbeaudela
volièredeTeddyetl’adéposépourquenousletrouvions.—Et?— Et ? Tu es sérieux ? Teddy nous a toujours aidés, elle a facilité notre
admissionàlafac.—Parcequetuvoulaisabsolumentallerdansuneuniversitéd’humain.—Excuse-moidevouloirm’instruire!—Onnevapasrevenirlà-dessus.Bon,c’esttout?mebalancemonpèresur
untonquinemeplaîtpasdutout.— Non, ce n’est pas tout ! Teddy a demandé à sa volière de surveiller le
campus après le saccage de la chambre de Julis, c’est pour ça qu’elle a étéattaquée!Ondoitleurmontrernotresoutienetleuroffrirnotreprotection.—Onn’ajamaiseubesoindesautresespècesetcen’estpasaujourd’huique
çavacommencer.Chacunàsaplaceetdesoncôté.— Et regarde où ça nous a menés ton étroitesse d’esprit ! La meute est
attaquée par une menace que tu as engendrée ! Ma compagne a une cibleaccrochéedansledospartafaute!—Onn’aiderapas la volière.Point final !Et reste à ta place ! Je dirige la
meutecommejeleveux…—Ouais,çanousavachementbienservijusque-là,jecracheaprèsluiavoir
coupélaparole.Il appuie sesmains sur le plateau du bureau etme foudroie du regard. Son
Bêta,lui,croiselesbrasetappuiesahanchecontreavantdeprendrelaparole.—Tacompagneest censée savoir sedébrouiller seule, si tu as sipeurpour
elle,ellen’estpeut-êtrepasdigned’êtrenotrefutureAlpha.—Elleaplusdeméritequetachèrefilleetsescuissesfaciles.J’enragecomplètementetmeretiensdejustessedeluirefaireleportraitàce
connard.Ilm’envoieunsourireperfideavantdelâcher.—J’aimeraisbienvoirBreel’affronterenduel.—Etmoij’aimeraisbienvoirtatêteenfouiedanstoncul,maisbonqueveux-
tu,onn’apastoujourscequ’onveutdanslavie.—Faisattention,jenesuispastonpère,jen’aipassapatience.—Super !Lepeudepatienceque tuas, tu laprendset tu te torches lecul
avec!Lepremierquitoucheàmafemelle,jelebute,c’estclair?Sansattendreunequelconqueréponsedeleurpart,jesorsdelapièce,rejoins
ma chambre et extirpe mon téléphone de ma poche. Puis je lance lacommunication.—AllôKaydy.—Teddy,tuvasmieux?—Bof.Tonpèreaditquoi?—Ilneveutpas,jesuisdésolé.—Maisilnepeutpasfaireça!—Jesais…Mais,est-cequetuasuneplacesurtonterritoire?—Commentça?—Jevaisvenirpasserquelquesjoursavecvous,aucasoù.—Oh…Euh…Oui,onaunemaisonvidedontonnesesertpas.Tupeuxy
loger.Maistuessûr?Jeneveuxpasquetusoisenconflitavectonpère.
—Net’inquiètepaspourça.JeviensavecJulis,enrevanche.—Biensûr!Sanssoucis,vousêteslesbienvenuscheznous.—OK,letempsdefairenosaffairesetonarrive.—Merci,jeprévienslesautres.Àtoutàl’heure.Jeraccroche,ouvrelaportedemachambre,rejoinscelledemasœur,entreet
disàJulis.—Bébé,faistonsac,ons’enva!Julisquiestassisesur le litdeSavanameregardesurpriseet inquiète,mais
bizarrement,ellenedemanderien.Ellese lève,claqueunbisousur la jouedemafrangineetquittelapièce.—Qu’est-cequisepasse?—Papaestunconnard.—Kay…—Savana,resteendehorsdeça.Onvapasserunpetitmomentendehorsdu
territoire.Faisattentionàtoietpasdeconnerie!Ellesouritfranchementavantdemedemander.—Dequelgenre?—Savi…—OK,jeseraiunegentillelouve,promis.Jeluiadresseunsignedementonavantdesortiràmontour.AvecJulisnous
préparonsnosaffairesrapidement,etpendantquenousfaisonscela,j’appellelesmecspourlesinformerdenotredépart.Niunenideux,ilsseportentvolontairespour venir nous aider.Donc vingtminutes plus tard, c’est quatre loups et unelouve qui quittent le territoire avec leurs bagages, direction le domaine descorbeaux.
Chapitre29
JulisQuandKaydyestvenumechercherdans lachambredeSavana, j’ai toutde
suitecomprisquequelquechosen’allaitpas.Ilémanaitdeluiunecolèrenoireetjevoyaisdanssesyeuxqu’ilétaitprêtàpéteruncâble.C’estpourçaquejen’aipas bronché face à sa demande plus que bizarre. Pendant que je faisais mesaffaires,ilajointlesautresetleuraexpliquéquesonpèrenevoulaitrienfairepouraider lescorbeaux.Encoreune fois, j’aigardé lesilencemêmesi jen’enpensaispasmoins.Sonpèreesttoutsimplementinfect,abjectetjemeretiensdel’insulter.Cequiestsûr,c’estquejesuisplusqueraviedequittersamaisonetson territoire. J’avoue que Savana et Patie vontmemanquer. Ellesm’ont étéd’ungrand soutien jusque-là.Mais riennem’empêcherade lesvoir et surtoutpasNestar.—On part combien de temps ? demande Shep tout excité à l’arrière de la
voiture.Ilsouritdetoutessesdentsetn’arrêtepasdesortirdesvannessurcul.—Jenesaispas,letempsderéglerleproblème,déclareKaydyavantqueje
prennemoi-mêmelaparole.—Pourquoituestoutcontent,Shep?—Parcequec’estunevolière…—Et?Undemessourcilsselèveletempsqu’ilréponde.— Et il y aura que des nanas, j’adore les corbeaux, elles sont tellement
sadiquesetsexy.Toutcequejerecherchedanslecul.Jesecouelatête,rigoleunpeuetenchaîne.—Iln’yapasdemâlechezlescorbeaux?—Si,maispasdanscettevolière.EllesmefontpenserauxAmazones,tune
trouvespasTij?Celui-cicommeàsonhabitudesecontented’émettreunsondebouchepour
touteréponse.Shepsouritencoreplussicen’estpossiblebiensûr,puisannoncefièrement.—Putain,jevaismegaver!(Voyantquepersonnenelesuitdanssondélire,
ilsetassedanssonsiègeetbredouille.)Vousn’êtespasdrôles!—NonShep,onne l’estpas…C’est lamerde,aucasoù tune l’auraispas
vu ! On se fait attaquer, Julis est prise pour cible et on ne sait même paspourquoi.Lavolièrequinousafiléuncoupdemains’estvueamputéed’unede
sesmembresetnotrepropremeute,neveutpasnousaider.Onestseuls,etpourtout vous dire, je pensemêmequ’après tout cette foutue histoire, Julis etmoiseronsbannis.—Commentça?s’exclameRiverenprenantlaparolepourlapremièrefois
depuisquenoussommespartis.AssisderrièreKaydy,ilestdugenreàêtretoujourscalmeetmaîtredelui.J’ai
vite compris que c’était un ami fidèle et que sa loyauté allait à Kaydy etseulement à Kaydy.Mais là, le froncement de sourcil qui naît sur son visagedémontrequ’ilesttrèssurpris,voiremêmeinquiet.Commentnepasl’être?Onestclairementdanslamerde!!—Monpèren’accepterajamaisJulisetjeviensderemettreàsaplaceDick.—Quevas-tufaire?Ilvavouloirt’affronterenduel…—Non,c’estBreequ’ilveutvoiraffronterJulis.—Oh…C’estleseulsonquej’arriveàsortir.L’idéedeladémontermeplaîtbeaucoup,
maisjesaisquejerisqueaussidemeprendreunerouste.—Net’inquiètepasbébé,lepremierquitetouche,jeletue,etçaaussi,jel’ai
ditàDick.—Mais tu vas faire comment ? Tu ne peux pas quitter lameute !! s’écrit
Shep.—C’estdéjàfaitmec.Ons’estcassésaiderlescorbeauxalorsquemonpère
nevoulaitpas.J’aidésobéiàunordredirect.—Merde!—Ouais,çarésumebienletruc.Ah,onarrive.Jemepencheenavantetpeuxvoirdesoiseauxvolerencercleau-dessusde
nos têtes. Le portail devant nous s’ouvre et Kaydy engage la voiture sur unchemindeterre.Ilrouleaupasdanscetteforêtfaiblementéclairée.Aprèsavoirprisunvirageserré,noustombonssuruneénormeclairièreavecunemaisonenrondinconstruiteenpleinmilieu.Kaydysegaredevantetnousdescendonsdelavoiture.Àcemoment-là,Teddyémergedesarbresetnousrejoint.Ellemarqueuntempsd’arrêtenvoyantquenoussommesaccompagnésetsonregardétudieméticuleusementTijavantqu’ellenes’approche.—Mercid’êtrevenus.—C’estnormal,réponds-jegentiment.Ellemesourit,seplantedevantmoietmetendlamain.—Onn’apasétévraimentprésentées.JesuisTeddy.
— Julis… Enfin tu le sais déjà. D’ailleurs, désolée pour la scène dans tonbureau.Ellerigoleavantdebalayerd’ungestedelamainmesexcuses.—Pasdesoucis,venezjevaisvousouvrirlamaison.Nouslasuivonsdocilementaprèsavoirrécupérénosbagagesdanslecoffre.
Ellegrimpelesmarchesetinsèrelaclefdanslaserrure.Puis,pousselaportequigrinceunpeu.—Personnen’yvit,onlagardepourlesinvités.Nouspénétronsdansunemaisonquieffectivementestpeumeublée,maisqui
sent lepropre.Laported’entréedonne surune immensepièce àvivre.Sur lagauchesetrouveunsalonavecuncanapé,deuxfauteuilsetunetéléaccrochéeaumur.Del’autrecôtédelapièce,unecuisinetoutéquipéeainsiqu’unetableprennentlatotalitél’espace.—Personnenevitici?demandé-je,surprise.Rien que le rez-de-chaussée est canon, alors pourquoi cette maison reste
vide???Teddyrépondàlaquestionquejemeposaissilencieusement.—Onvitdanslesarbres.—Hein?L’expressionsurmonvisagedoitêtrehilaranteparcequetoutlemondesemet
àrire.—Cesontdescorbeauxbébé.Ellesviventdansdescabanesdanslesarbres.
Cetteespèceaimelahauteur.—Ohd’accord.J’aiencorebeaucoupdechosesàapprendre.Ilfautquejeme
trouveunmanuelouuntruccommeça.Genre:lemondedesmétamorphespourlesnuls.—Tuestropchoutte…—Ahah!dis-jetoutendonnantuncoupdecoudeàKaydyquiestàcôtéde
moi.—Jevousmontrelerestedelamaison.Elle rejoint l’escalier qui donne sur la cuisine et grimpe à l’étage. Là, se
trouvent cinq immenses chambres avec leurs salles de bains privées ainsi queleursWC.AvecKaydynous choisissons celle aubout du couloir.Cen’est pas la plus
grande, bien qu’elle soit quand même gigantesque, mais elle a une petiteterrasse.Nous laissons nos valises et redescendons en bas. Teddy nous attenddanslacuisineetunedouceodeurdecafés’échappedelacafetièreenroute.—J’aidemandéauxautresdevousfairedescourses.Lefrigoetlesplacards
sontremplis.Faitescommechezvous.Toutlemondeestprévenudevotreprésence,vouspouvezdonccirculerlibrementsurledomaine.Pendant qu’elle parle, je la regarde attentivement. Elle doit avoir dans les
vingt-cinq ans, mais est visiblement plus mature que son âge. Grande, bruneavecdesrefletsbleuélectrique,desyeuxnoirs,elleadescourbesgénéreusesetdégage une assurance née. Elle a clairement un grand rôle au sein de cettevolière.—Jevouslaisse,j’aiunecérémoniefunéraireàpréparer.Noushochonslatêteaprèsluiavoirtémoignénoscondoléances.Ellenousen
remercieetquitteleslieuxaprèsnousavoirconfiédeuxjeuxdeclefs.Seuls,nousnous regardonsensilence,puis tousenmême temps,nousnous
écrions.—Elleestcanoncettemaison!—Putain,c’estouf!—Çavaêtretop!Leseulquirestecalmeetquipètel’ambianceestKaydy.—Onn’estpasenvacances!Jevaisallercourirsousmaformelupineeten
mêmetemps,repérerleslieux.—Jeviens.—Moiaussi.—Lamême.—Jevaismechangeretjevousretrouvedehors.Commejenepeuxpasmetransformercomplètement,jevaisdevoircouriret
jeseraisplusàl’aisedansunetenuedesport.Lesmecshochentlatêteettandisquejerejoinsl’escalier,jeleurbalancesansmeretourner.—Enlevezvosfringues,çaéviteradedevoirenracheter.Etjevouspréviens,
jesuispeut-êtrelaseulenana,maisjeneseraipaslaboniche!Plusieurs grognements me parviennent alors que j’atteins l’étage. Je me
change rapidementet redescends.Devant lamaison, auxpiedsdesmarches setrouvent quatre loups, tout aussimassifs les uns que les autres.Un blanc auxyeuxbleusquivientdirectementenmevoyant,mequémanderdescaresses,puisun noir avec des tâches ambre sur la gueule, River. Le troisième a un pelagebeige clair et est visiblement surexcité, Shep dans toute sa splendeur. Et pourfinir,lequatrièmeestTij,ilestimposant,marronetcomparéàsoncopain,luial’airsursesgardes.Ils viennent se placer de part et d’autre demoi. Jem’accroupis, dépose un
bisousur lemuseaudeKaydy,avantdememettreenposition.Uncoupd’œil
rapideauxloups,mefaitcomprendrequ’ilsattendentmontopdépart.Quelquessecondes passent, leurs queues commencent à battre l’air et ils reniflentd’impatience.Mabouchesefendd’unsouriremutin.—Go!
Chapitre30
Il était heureux de pouvoir se dégourdir les pattes avec ses fidèles
compagnons et sa femelle. Pour s’approprier le territoire, ils avaient fait ensorte, de laisser des traces de leurs passages ainsi que leurs odeurs un peupartout.Puis après avoir enfin fait le tour du domaine, ils avaient fini par selancerdansunpetitcombat.Ilssemordaient,se faisaient tomberpourensuiterevenirdanslamêlée.Ilaimaittoutparticulièrementjoueravecsescamarades.Ils avaient toujours fait partie de sa vie et il se sentait bien avec eux. Il leurfaisaitconfianceetsavaitqu’ilpourraittoujourscomptersurleurssoutiens.Laissantlesautresloupss’amuser,ilrejoignitsafemellequielleétaitassise
au pied d’un arbre. S’allongeant à son côté, il attendit qu’elle lui procure lescaressesdontilavaitvraimentenvie.Ilsentitsamaineffleurersonpelagepuislui gratter le sommet de la tête. Fermant les yeux, il s’abandonna à ce gesteaffectueux. Pour la première fois depuis longtemps, il se sentait heureux. Iln’avaitpaspeurpourelle,carilsavaitqu’elleétaitacceptéesurcedomaine.Lapreuveenétait,quelquescorbeauxétaientapparusdanslecielau-dessusd’eux.Ilsavaientcroasséavantdeselanceràleurtourdanslabataille.Lejeus’étaitpoursuivijusqu’audépartdesvolatiles.Auplusprofonddelui,ilsavaitquesonavenirn’étaitplusauseindel’autre
meute.Ilavaitdépasséleslimitesetn’étaitplusenaccordavecl’Alphaenposte.Ilauraitpuledéfieretexigerdeprendresaplaceàlatêtedelameute,maisàquoibon? Iln’avaitpasenviededéclarer laguerreà sonpropregéniteuretpuis,ilaimaittropsamèrepourluifaireuntelaffront.Non,saseulesolutionétaitdepartiretdese trouveruneautremeute,mais
ça,çaseraitaprèsavoirenraillélamenacequipesaitsureux.Ilétaitdéterminéà tuer le loupquiavait osé s’enprendreà lui, à ses camaradesainsiqu’à safemelle.Après un moment, les caresses s’arrêtèrent. Il sentit à travers leur lien
d’unionquesacompagnesefatiguait.Ouvrantlesyeux,ilvituncielnoirremplidepoints lumineux.Un frisson la secoua lui faisantcomprendrequ’elledevaitavoirfroid.Ilseremitsursespattes,luidonnauncoupdelanguesurlenezetluimontraparunmouvementdemuseaulechemindelamaison.Elleluisouritavantde se leverà son tour.Pour informer sescompagnonsde leurdépart, ilpoussaunhurlementàlaluneeteneuttroisautresenréponses.Ils firent le chemin inverse à pas de loups,mais lorsqu’il eut lamaison en
visu.Ilsestoppa.Ilattenditquesescompagnonsviennentsepositionnerdepartet d’autre de lui. Il fléchit ses pattes avant, agita sa queue puis grogna pourlancer le début du sprint final. Aussi rapidement qu’il le pouvait, il s’élançadroitdevantendirectiondelamaison.Ilaimaitfairelacourseavecsescopains,mais il aimait encore plus gagner et lorsqu’il arriva en premier, il poussa unhurlementavantdejapperfierdelui.Sa femelle lâcha le son qu’il aimait et qu’il identifiait comme un rire. Il
quémanda une caresse en récompense et elle la lui offrit sans se faire prier.Ensuite,elleouvritlaporteetilspénétrèrentdansleurespace.Quandilentenditlebruitd’uneserrurequ’onenclenche,ilseretiraetlaissaKaydyrevenir.Deretourdansmapeau,jemeretourneversJulisquielleestentraind’ôter
ses baskets. Son regard glisse surmon corps nu et cela fait automatiquementgonflermonsexe.Sesjouessecolorentd’unjoliroseenvoyantmonexcitation.—Bon, je crois que je vaismater un filmdebourrin avecplein de bruit…
River,Tij,çavousdit?Les deux autres répondent quelque chose que je n’entends pas, bien trop
concentrésurmacopineetmafurieuseenviede laplaquercontre lemur.Uneboufféededésirmepercutedepleinfouetetenréponse,moncorpsdégagecetteodeurd’excitationtrèsparticulière.—Ouais, lesmecs,onvamettre la télochehyperfort !!annonceSheppour
bienenfoncerleclou.Plusieursmainsclaquentmonépauleavantquelatélénesoitalluméeetleson
montéaumax.Julissemordla lèvredubasavantderejoindrel’escalier.Je lasuisetàchaquemarche,ellefaitexprèsdecambrersonbassin.Jen’encroispasmesyeux,ellesejouedemoi!Ma bouche libère un grognement impatient quand elle se penche en avant
pourpousserlaportedenotrechambre.Nossacssonttoujourssurlelit,làoùonlesavaitlaissés,enarrivant.—Jevaisprendreunedouche…mesusurre-t-elled’unevoixlangoureuse.Jenoteclairementlapropositionetjelavalidemême.Jelasuisdoncetnous
entronsdans lasalledebainsquiestgéanteenfin,à lahauteurde lachambre.Une douche à l’italienne, une baignoire dans l’angle droit et sur la gauche unmeublevasque.Julis se plante devant la glace et étudie son reflet dedans. Ce n’est pas la
première fois que je la surprends à faire cela. Me plaçant derrière elle, je laregardeàtraverslemiroirtoutenluidemandant.
—Pourquoitufaisça?—Quoi?—T’étudier…—Jeregardejustesimonvisagechange.—Commentça?—Ben…Jenesaispasaveclatransformationettout,jeveuxjustevoirsiça
sevoitenfait.Jeressembleàquoiquandmalouveémerge?—Tunelesaispas?—Non.Jenemesuisjamaisregardée.—Tuestoujourstoi,maistuastesyeuxdelouve.—Commentça?Ilsressemblentàquoi?Alorsqu’ellemeposetoutessesquestions,maboucheparsèmesesépaulesde
baisers langoureux. Mes mains prennent en coupe ses seins et mes poucescommencent à jouer avec ses tétons durcis. Julis ferme les yeux et s’appuiecontre moi s’abandonnant complètement à mes caresses. Une de mes mainsquittesapoitrineetdescendendirectiondupointculminantentresescuisses.Jelapasseendessousdesonleggingetlatrouvehumideetchaude.Pendantquejetitillesonclitoris,jeluiordonne.—Ouvrelesyeux.(Puisqu’elleobéit,jelarécompenseeninsérantmonindex
enelleavantdedéclarer.)Tuvoulaisvoirdeschangementsentoi?Regardedanslaglace,regardecommenttuesquandjetedonneduplaisir…Tellementbellemafemelle…Tellementforte.Tuvoulaisvoirtalouve,maiselleest là,entoi.Vousneformezqu’uneseuleetmêmepersonne.—OhKaydy…—Mafemelle…Macompagne.Ellegarde lesyeuxouvertset fixéssurellependantque jem’appliqueà lui
donnerduplaisiravecmesdoigts.Elleécartedavantagelesjambesetouvrelabouche.Sarespirations’accélère,jesenssoncœurpalpiteraumêmerythmequele mien et lorsqu’elle jouit sur ma main, je ressens son plaisir jusqu’au plusprofonddemestripes.Ilm’anime,meremplitetsurtoutmecombleàunpointinexplicable.Ellesecontempledanslaglaceàtraverssesyeuxdelouveavantde porter sesmains dessus.Elle les touche, étudie son expression avant de semettre à sourire franchement. Puis, elle se retourne, pose ses doigts sur montorseetcommenceàmecaresser.—Jet’aime.C’estladeuxièmefoisquejel’entendsmeledire,maiscommelapremière,je
suis incapablede répondre. J’aimerais,putainoui,mais jen’yarrivepas. Julis
plonge ses yeuxde louve dans lesmiens avant dem’empoigner fermement laqueue.— Ah… (Elle opère un va-et-vient d’une lenteur insoutenable.) Suce-moi
bébé,prends-moidanstabouche.—Non!Mesyeuxseplissentetjelafixesurpris.—Tumedisnon?—Oui!— Mais tu n’es pas en position de discuter, bébé. Ce n’est pas toi qui
commandes.—Cen’estpastoinonplus!—Je...Ahah,sic’estmoi!—Maisbiensûr,regardecommenttuesdèsquejetetouche.—Commetoutmecquiserespectequandsacopinelebranle.Allezbébé…—Nan!Sesmouvementssontjustehorriblementexcitants.Ellelefaitexprèslasadiqueetçamarcheenplus!Debout,j’ailescouillesenfeuetmonloupn’aqu’uneenvie:lamarqueretla
dominer.Jesuisdumêmeavisquelui,maisellesaittropyfaireetjesuisàsamerci,là.Certesmaqueueréclamed’êtresoulagéeetsurtoutdepénétrer lesanctuaire
qu’est sa bouche, mais le reste de mon corps et surtout mon côté animal, nesupportentpasd’êtredominé.Agissantrapidement,jemedélogedel’étauqu’estsamain,lacoucheparterresurledos,luiécartelesjambesetlapossèded’uncoupdeboutoir.Nousgémissonsenmêmetemps, tant lasensationdenefaireplus qu’un est exceptionnelle. Sans jamais arrêter de la posséder, je lamordsviolemmentsurlesein,puisdanslecou.Julisfrappeàsontour,samâchoireserefermesurmonépauleviolemment.Mesmainsagrippentfermementlecôtédesescuissesetsesdoigtsàelle,tirentmescheveux.—Kaydy…—Ouibébé.—Embrasse-moi!L’ordre a été donné d’une telle façon que je ne peux quem’y plier. Jeme
pencheunpeuplusenavant tandisqu’ellerelèvelebusteetnousscellonsnosbouchesdansunbaiserbrutal,sauvage,maistellementvrai.Ce que nous sommes en train de faire, d’accomplir, s’avère être bien plus
qu’une partie de jambes en l’air. C’est une fusion de corps, d’esprit. C’est
l’accomplissementd’unecomplicitécharnelleetmétaphysique.Alorsmêmesijen’arrive pas à lui déclarer mes sentiments, je m’abandonne complètement enelle,àelle.Mesmouvementsdeviennentplusdoux,pluslangoureuxetquandellejouitde
nouveau,jemejoinsàelledelaplusnaturelledesfaçons.C’estmacopine,mafemelleetjelachériraipourlerestedemavie.
Chapitre31
JulisDeuxsemainesplustardUne certaine routine s’est installée depuis notre emménagement sur le
territoiredescorbeauxetc’esttrèsagréableenfindecompte.Teddyetlerestede ses copines sont d’une gentillesse infinie même si j’ai vite compris quel’espècedescorbeauxpeutêtremachiavéliquequandelleleveut.Àladifférencedes loups où nous fonctionnons à l’instinct et à l’adrénaline, les oiseaux eux,calculent,analysentetaprèsagissent. Ilssont futés, ruséset j’enpasse.Cequifaitquelorsdenospartiesdejeux,lesfillessesontrévéléesêtredesadversairesredoutables.Çaadonnédessituationshilarantesenfinsurtoutpourmoi.ShepetTij en ont pris pour leurs grades, mais bon, ça ne leur a pas fait de mal deredescendredeleurspiédestaux.D’ailleurs, ils ne se sont pas cachés pour déclarer qu’elles trichaient, mais
c’estsurtoutleursfiertésmalplacéesquiparlaient.Detoutemanièrec’étaitsoitça,soitleurbesoindesexe.ParcequecommeMonsieurShepaimetoutpartageravecnous,ilnousaditqu’ilsesentaitcommeungrabataireprivédecul.Lepauvre…Est-cequejel’aiplaint?Nan!Jemesuismiseàrireetbiensûr,j’airécoltéuneaccusationd’êtrepasséedu
côtéobscur.Pour lui, comme j’aicopinéavec les filles, je suisunevendue.Çaaussi, ça
m’afaitmarrer.Enfinbref,c’estShepdanstoutesasplendeur.Entoutcas,malgrécetteambiancebonenfant,notresurveillancenes’estpas
relâchée.Lesmecssesontorganiséspourfairedesrondes,protégerlavolièreetbiensûr,meprotégermoi.JenesorsplussansescorteetKaydygardetoujoursunœilsurmoi.Cequinemedérangepasdutout.J’aimeêtrelecentredesonattention,j’aimemedirequ’iltientsuffisammentàmoipournepasvouloirmeperdredevue.Entrenousquelquechoseachangé,notrerelationaencoreévoluéetmêmes’iln’arrivepasàmedirelestroispetitsmots,jesaisqu’illespense.Notreliend’unionmelefaitsavoir.Je ne pensais pas réussir à surmonter la déception que j’éprouvais après
l’épisodedeSmith,maiscequejeressenspourKaydyestdeloinlepluspurdes
sentiments. Ildépasse l’entendementetme faitvoir lavie sousun toutnouvelangle.J’aimelafillequejesuisdevenuegrâceàlui.Jemesensàmaplaceici,entourée de loups et de corbeaux. Jeme sens acceptée pour ce que je suis etrespectéepourlescapacitésquej’ai.Ici,onmetraiteenégaleetc’estquelquechoseque jen’avaispasdans l’autremeute.Voilàpourquoi, je ne suispasdutoutpresséed’yretourner,sibiensûr,ondoityretourner.Assisesurlesmarchesdelaterrasse,jeregardeTeddyetplusieursdesfilles
faire une séance de Yoga. Un petit sourire vicieux agite ma bouche quandl’odeur de Shepme parvient au nez.Celui-ci s’assoit àma droite avant de seprendrelatêteentresesmains.—Jen’enpeuxplus,ellesvontmetuer!!!—Maisnon…—Oh si !Elles le font exprès ouquoi de se pencher commeçadans leurs
tenuesdesportmoulantes!Ilfautquejebaiseoujevaiscrever.—Shep,onnepeutpasmouriràcausedeça!—Tuveuxvoir l’étatdemescouilles?(Alorsquejesuisprêteàrefuser, il
enchaînesuruntondésespéré.)Ellessontbleues…BleuesJulis!!Incapabledemeretenirenvoyantl’expressionqu’ilasurlevisage,j’explose
derire.—Arrêtedetemarrersadique!Tun’esqu’uneégoïste!—Ahouaisetpourquoiça?—Tuauraispum’arrangeruncouppuisquetuascopinéavecelles,maisnon,
tufaistacrevarde!—TuesassezgrandShep,etpuisjenesuispasuneentremetteuse.—Jetehais!seplaint-il—Maisnontum’adores,tumel’asencoreditcematinquandjet’aifaitcette
omelette.—Enplusd’êtreméchante,tuesvicieuse,tumecorrompsavecdelabouffe.—Situledis…—Maisregardeleursculs,jen’enpeuxplus!Ilfautquejebaise!déclare-t-il
aprèsm’avoircoupélaparole.Alorsquejesuisprêteàlenarguer,lavoixgraveettenduedeKaydysefait
entendrederrièrenous.Jemeretourneetlevoissurgirdelamaison.—AttendsSavi…Quoi?—…—Ohputain.—….
—OK,ouais.OKj’aidit!Messourcilssefroncentenvoyantl’expressionsursonvisage.Shepselève
d’unbondetj’enfaisautant.Kaydyraccrocheetnousfixeincrédule.—Lameuteestdenouveauattaquée.Ondoityaller.Instinctivement,jememetsenpositiond’attaqueetunedécharged’adrénaline
mefoudroie.Jenesauraisdiresic’est lamienneoucelledeKaydy,mais j’enressensleseffetsjusquedansmescellulesmusculaires.—Sheptransforme-toiethurlepourprévenirlesautresdeseradiner.Celui-ciobtempèretoutdesuiteetpendantcetemps,jedéclare.—Jeviensavectoi.—C’esthorsdequestion,bébé.Turestesici.Teddy,viensvoir.Cettedernièrelaissetombersapostureduchienouduchatjenesaispastrop,
et rappliqueenentendant lagravitédans lavoixdeKaydy.Les autres en fontautant et c’est une petite foule qui se place en bas des marches en attendantl’annoncedemoncompagnon.Le loup de Shep pousse un long hurlement qui résonne partout dans ce
territoire forestier.Aprèsquelquesminutesquimeparaissentdurerdesheures,deuxautresloupsémergentdesarbres.Ilsnousrejoignentrapidementavantdesetransformerenhumains.RiveretTijmalgréleursnuditéssemêlentàlafoule.PuisKaydyprendenfinlaparole.—LameuteMohicansestattaquée.Ondoitallerleurprêtermain-forte.Julis,
bébé,tunevienspas.Jesaisquetuenasenvie,maisjenepourraipasveilleràtasécuritéenplusdecombattre.Jepréfèrequeturestesici.River,turestesavecelle.Protégezlesfilles.ShepetTij,vousvenezavecmoi.—On y va en voiture ? Onmettra trop de temps à rejoindre le territoire,
indiqueTijd’unevoixneutre.—Onsetransformeetonyvaencourant.Onsegrouille.Pasbesoinde le leurdiredeux fois, ils se retransforment toutdesuite.Puis
Kaydy descend, se place devant moi, me saisit par la nuque avant dem’embrasserbrutalement.Cebaiseraungoûtamer, j’ai l’impressionqu’ilmeditadieuetnimalouvenimoi,n’aimonsça.—Faisattentionbébé.—T’asintérêtàrevenir!—Oui.River,tuveillessurelle.Celui-ciplongesesyeuxmarrondansceuxdesonamiavantdeluipromettre
d’unevoiximplacable.—Jedonneraismaviepourelle.
Kaydy acquiesce d’un signe de tête puis se transforme et les trois loupss’élancentdanslesoleilcouchant.Mon cœur se serre en le voyant disparaître de ma vue. Pour refréner la
panique,jeprendsunegranderespirationetmetourneverslesfilles.River,lui,commeàsonhabitude,restecalmeetprofessionnel.—Les filles,onvaseprépareraucasoù.Onnesait jamais,c’estpeut-être
unetechnique.Diviserpourmieuxrégner.Julis,vatechanger,metsdesfringuesdanslesquellestupeuxbouger.Sanscontester,jegravislesmarchesetdansmondos,c’estlavoixdeTeddy
quiprendlerelais.Enbonnechefquiserespecte,elledéclare.— La moitié d’entre nous va rester dans les cabanes et les autres, on se
transforme.S’ilsveulentnousenvahiraussi,ilsleregretteront.Vousavezcarteblanche,attaquezpourtuer.Cetteannonceadequoimecollerlesjetonsetmefaitréaliserlachanceque
j’ai d’être dans leur camp. Dans ma chambre, je me change rapidement etredescendstoutaussivite.Iln’yaplusqueRiveretquandilmevoit,ilmeditsuruntonferme.—Julis,souviens-toidetoutcequ’ont’aappris.Nelaissepastonadversaire
temettreàterre.Gardelatêtefroideetsurtout,commeTeddyvientdeledire,attaquepourtuer.Jevaismetransformer,turestesavecmoi,tunemelâchespas,maisaucasoù,tusiffles.—D’accord.—Attends-moilà,j’aiuntrucpourtoi.Ildisparaîtdanslamaisonetjereportemonattentionsurlesalentours.C’est
calme, tellementcalmequeçafaitgrimpermonanxiété.Riverrevientavecuntrucdanslamain.Illedéroulepuis,mefaitsignedeleverlesbras.J’obtempèreetilattachequelquechoseàmataille.—Tu…—Aveclesmecs,onvoulaittemontrerqu’onterespectaitetqu’onétaitfiers
des progrès que tu as faits. On t’a fait faire une ceinture adaptée. Tu as descouteauxetquelquesshurikens.EnfintouteslesarmesdontShept’aapprisàteservir.Jesuistellementtouchéeparcetteattentionquejen’arrivepasàparler.Alors
pour luimontrermagratitude, je le serredansmesbras alorsqueoui, il est àpoil.—S’ilteplaît,netefaispastuer.JenesupporteraipasdevousperdreKaydy
ettoi.Neprendspasderisquesinutiles.
—Promis.Ilsedégageetenunriendetemps,setransformepuisnousnousélançonsen
directiondesarbres. Jenesaispascequim’attend,peut-être rienoupeut-êtreunemenacecommejen’enaijamaisconnu,maiscedontjesuissûre,c’estquejesuiscapabledemedéfendreetdeprotégermesamis.Maintenant,jen’aipluspeur.Ma louve etmoi ne formons plus qu’une seule entité et à nous deux, nous
sommesimplacables.
Chapitre32
Ilsavançaientvite.Sescompagnonset lui tentaientderejoindre le territoire
de leurmeute leplus rapidementpossiblepour lesaiderdans le combatqu’ilmenait.Ilnesavaitpascequ’ilallaittrouverenarrivant,maisunechoseétaitsûre, il avait déjà le goût du sang dans la gueule. Il crevait d’envie dedéchiqueter avec ses dents ces ennemis. Mais même si l’envie de meurtre lepossédait,unepartdeluiétaitrestéesurledomainedescorbeaux:soncœur.Oui,soncœurétaitrestéauprèsdesafemelleetcelalefaisaitsouffrir.Il détestait la savoir seule, ou du moins sans lui. Possessif, il voulait
constamment être auprès d’elle. Il avait besoin d’elle, plus qu’il n’avait eubesoin de quiconque dans sa vie. Elle représentait tout ce qu’il désirait etespérait chez une compagne. Elle était forte, intrépide et surtout dotée d’unedouceurinouïe.Lui,unSnowBorn,leloupnéblanccommelaneige,avaitenfintrouvélafemellequiétaitàsahauteur.Pourelle,iltuerait,pourelle,ilvivrait.Voilà,lesermonqu’ils’étaitfaitàlui-même.Savie seraitavecelle,oualors iln’enauraitplus.C’estpourcelaqu’il se
sentaitmal. La laisser derrière lui, allait à l’encontre de sa promesse et il sedétestait pour ça. Mais il n’avait pas le choix. Il devait aller aider sescompagnons.Parfois,onpouvaitsemontrerégoïste,maispasdanscegenredesituation.Ilavaitétéentraînétoutesaviepouraffronterdesmenaces.Ilsavaitquedanscecas, seule lamaîtrisede l’espritpermettaitdegagneruncombat.Alorsmêmes’il ressentait jusqu’auplusprofondde sonêtrede lapeineetdudégoût,ilseconcentrasursonbut.Ilgrogna,etsepersuadaqu’ellenerisquaitrien.Ellesavaitsedéfendre,etil
avait toute confiance en elle. Ses pattes frappaient le sol vite et l’air fraiss’engouffrait dans sonpelage.L’adrénaline coulait dans ses veines et cela luidonnaencoreplusd’impulsion.Ilsarrivèrentsurleterritoireetpassèrentleportailsansquepersonneneles
arrête.Ilssedirigèrentauflairetsuivirentl’odeurdusangfrais.C’était du sang de loups-garous,mais quant à dire si c’était celui de leurs
ennemisoudesleurs,ilneputlesavoir.QuandilsarrivèrentdevantlademeuredesAlphas,ilhumal’airetseconcentrasurl’odeurdesasœur.Celle-ciétantensécuritédanslamaison,ilsefocalisadoncsuruneautre,celledesongéniteur.Il le trouvaenpleinmilieuduboiset surtout enpleincombat. Ilaffrontaitun
loupgrisquivisiblementétaitentrèsmauvaiseposture.Àcôté,labataillefaisaitrageetinstinctivement,luietsescompagnonss’ymêlèrent.Ilsseruèrentchacunsuruneproieetildéchargeasurlasienne,toutelacolère,lahaine,l’amertumequ’ilressentait.Sescoupsétaientvifsetsurtoutbrutauxetleloupenfacedelui,ne résista pas longtemps. Après lui avoir arraché la trachée d’un coup demâchoire,cedernierrenditsonderniersouffle.Desgrognementsetdeshurlementsfaisaientragepartoutautourdeluietcela
ravit son côté sadique. Il aimait faire souffrir, il aimait faire mal et dans uncombat,ilnes’avouaitjamaisvaincu.Abandonnantladépouille,ilseruasurleloup qui avait mis au tapis son compagnon au pelage clair. Il le percuta, secouchasurluietl’éventraavecsespattes.Aprèsplusieurscombatstousgagnés,lesilencerevintenfinautourdelui.On
n’entendaitrienhormislarespirationsifflanted’unemeutedeloupsessoufflésetfatigués. Lui se sentait puissant et avait encore envie de se battre. Sa queuebattantl’air,ilattenditunsigned’unequelconquenouvelleattaque,maisvoyantqueriennesepassait,ilseretiraetlaissarevenirKaydy.Dèsquemespiedstouchentlesol,jemeremetsdeboutetinspectelestroupes.
Plusieursmecssontensang,d’autresencoresouffrentdefractures,maisaucundécèsà l’horizon.Cequiestune trèsbonnenouvelleauvude l’attaquequ’ilsviennentd’essuyer.ShepetTijmerejoignentquandjemeplacefaceàmonpère.—Papa,çava?—Oui,net’inquiètepas.Commentavez-voussu?—Savim’aappelé.—Mercid’êtrevenus.—Derien.S’ensuit, un silence gênant, le genre de blanc quimet gravemal à l’aise et
pourcouronnerletout,onatouslepaquetàl’air.Monpèremeregardeetmêmes’ilnemeleditpas,jesaisqu’iléprouvebeaucoupdegratitudeenversmoi.Ilsaitqu’ilamerdé,maisestbientropfierpourlereconnaître.Surcepoint,jeluiressemble beaucoup. On n’a jamais vraiment réussi à se comprendre tous lesdeux.C’estdommage,maisc’estcommeça.Jesuis tropdominant, jen’aipasenviedecourberl’échineetsurtout,jenelaissepersonnemedictermaconduite.—Tuesparti…mecrache-t-ilàlafigured’unevoixquimehérisselespoils.
Visiblement, malgré le soutien que je viens d’apporter, il campe sur sespositions.Trèsbien!
Moiaussi!—Tunem’aspaslaissélechoix.—Onatoujourslechoix.—Non,pascettefois.Lescorbeauxavaientbesoind’aide…—C’estnoustameute!Oùvataloyauté?—Ellevaàceuxquimesontloyaux.—Tuleregretteras.—Maisouvre lesyeux !C’est toiqui le regrettesdéjà !C’est ladeuxième
attaque en l’espace d’un peu plus d’un mois. Tu as fait quoi pour calmer lasituation ? Rien. Tu aurais pu prendre contact avec le père de Julis. Il s’estrenseignédesoncôté,etmêmes’iln’arientrouvé,ilnousaaidéscommeill’apu. Mais toi, tu préfères rester dans ta maison, enfermé dans ta bulle. Tu asoubliéque lemondeachangé,que lavieacontinuépourceuxque tuasviréscomme des merdes, juste parce qu’ils étaient tombés amoureux d’humains.Ouvrelesyeux!!J’enrage,lespoingsserrés,j’aienviedeluidéfoncerlagueule.Laseulechose
qui me retient c’est ma mère, c’est le fait de penser à elle et à ce qu’elleéprouverait à me voir frapper mon père.Mais il est tellement aveuglé par sahaine,sonmalheurqu’ilneserendpascomptequ’iln’agitpascommeilfautetc’est toutsimplement insupportable.Aumomentoù j’ouvre labouchepour luidire tout lebienquejepensede lui,unedouleuraiguëmebroiede l’intérieur.Incapable de tenir debout, je me plie en deux. Mon cœur se contractedangereusement et j’ai l’impression qu’on me l’arrache de la poitrine. Lapaniquemegagne,marespirations’emballe.—Kaydy,çanevapas??—Heymec…Je sens laprésencedeShepetTij,mais je suis incapablede répondre.Mes
oreillesbourdonnent,mavue sebrouillependantqu’unepensée,une seulemetraverse.Julis!Danger!Jenecherchepasàcomprendre,jemereculeetlaissemonlouprevenir.Jene
saispascequ’il sepasse,mais ilest leseulespoirque j’ai, leseul.Parcequesanslui,jelaperds,c’estcertain.Elleestendangeretsimonloupn’agitpasetvite,ellevamourir.Macopine,mafemelle,macompagnevamouriretcommejesuistropcon,ellevadécédersansquejeluiaieditquejel’aimais.Parcequeoui,jesuisfoud’elle.Alorsmêmesiellenepeutpasm’entendre,jerépètecestroispetitsmotsdans
matête,encoreetencore.Jet’aimeJulis.Leloupémergeaetn’attenditpasuneseuleseconde.Ilfitdemi-touretcourut
leplusvitepossible.Ilétaitmûparledésespoir,lapeur.Ilsentaitàtraversleurlien d’union qu’elle était en mauvais état, et qu’elle souffrait. Il partageachacunedesessecondesdecalvairecommesic’étaitlessiennes,parcequ’elleétaitetseratoujoursdanssoncœur.Elleestl’autrepiècedesonâme,l’autremoitiédecetoutqu’ilsforment.Ajamais!Quelecieletlesétoilesluiensoienttémoins,siellepérit,illasuivradansla
tombe.
Chapitre33
JulisJ’évolueàpasfeutrésdansleboiscommemel’aapprisTij.LeloupdeRiver
nemelâchepasetnous tendons l’oreillepourdétecteruneéventuellemenace.Jusque-là,nousn’avonsrienvuouentendudesuspect,maiscelaneveutpasdirequeledangern’estpasdéjàànosportes.Alorsqu’unebrindillecraquesousmonpied,leloupdressesesoreillesavant
d’émettreungrognement.Jesuissonregardetàtraversmesyeuxdelouvetentede comprendre ce qui cloche. Au-dessus de ma tête, les corbeaux sont auxaguets.Un calme angoissant règne autour demoi et cela fait grimper en flèchema
nervosité.Mon cœur s’accélère etma peau se couvre de chair de poule. Puisd’un seul coup et sans les avoir vus, nimême sentis approcher, une troupedeloupnousencercle.Cinq!Ils sont cinq à nous tourner autour et tout dans leurs postures montre
clairementqu’onest leursprochainsrepas.Aussitôt, jememetsenpositiondedéfense. Le loup deRiver claque des dents en signe de défi et deux des cinqennemisseruentsurlui.Iln’enrestequetroisetleursattentionssontfocaliséessurmoi. Sans leur laisser l’occasion dem’attaquer en premier, je dégaine unelame et la lance sur un loup pris au pif, en plein son ventre. Elle s’y plantecommedansdubeurreetilémetuncouinementavantdetomber.Undemoins!River s’occupant toujours des deux autres, il nem’en reste donc que deux
aussi. Pendant que l’un me saute dessus toutes griffes sorties, les corbeauxlancentl’offensive.Ellesseruentsurlesloupsetlesattaquentàcoupdebec.Celuiquim’attaque,claquedesdentsetarriveàmemordrel’épaule,lebras,
etlacuisse.Ladouleurexploseenmoi,maisjen’entienspascompte.Debout,jerendscouppourcoup.Malouveestenragéeetmonassaillantenfaitlesfrais.Malheureusement,legémissementdedouleurdeRivermefaitbaissermagarde.Je lui jetteuncoupd’œil et cette secondemecoûtecher.Le louparriveàmefaire perdre l’équilibre. Je tombe en arrière. Il se couche sur moi, plante sesgriffesdansmapoitrineauniveaudemoncœurpendantquesagueules’ouvresur deux rangées de dents dangereusement mortelles. Il claque la mâchoirecommepourmemettre engardedenepasbouger.Macage thoraciqueest en
feu, mes muscles me brûlent, mais je me concentre. Je sais que si je fais lemoindre faux pas, il n’hésitera pas à m’arracher la gorge. D’ailleurs, je necomprendspascequileretient.C’estcommes’ilvoulaitfairedurerleplaisiretc’estbienceque jecomprendsenplongeantmesyeuxdans les siens. Iln’yaquehaineetmépris.Ilveutmefairesouffriretlepire,c’estqu’ilyarrive,carsesgriffesenfoncéesdansmacagethoraciquemefontendurermillemorts.J’aiungoûtaffreuxdanslabouche,mescheveuxsonttrempésdesueuretdejenesaispasquoid’autre.C’est une situation critique, je le sais, et pourtant, alors que les combats se
poursuiventautourdemoi,uncalmebizarremesaisit.Toutdisparaîtautourdemoi,etmesyeuxsefermentd’eux-mêmes.Kaydy!L’imagedesonvisageapparaîtderrièremespaupièrescloses.Jel’aimetellement.Unedoucechaleurmesaisitavantqu’uneexplosionagitemesmembres.Le
loupsurmoi,émetungrognementetplanteplusprofondémentsesgriffes.Mabouches’ouvreenmêmetempsquemesyeux.Jelesens…Kaydy!Mienne!Sonloupestenragé,ilapeuraussi.Je ressens tout. Chaque battement de son cœur, chaquemouvement de son
corps,chaquesentimentqu’iléprouve.C’estuncondensédepleindechosesquime gonfle d’une énergie nouvelle. Je ne sais pas ce qu’il se passe, mais jem’accroche à ça. Je m’y accroche de toutes mes forces. Mes mains bougentdoucement, extirpent les deux dernières lames accrochées à ma taille etagilementlesplantentdanslecorpsduloup.Puis,elleslestournentettournentencore.Ilrenifleavantdes’affaissercomplètementsurmoi.Ilpèseunetonneetj’aibeaucoupdemalàledéloger,maisaprèsplusieursessais,j’arriveenfinàmedégager.Montee-shirtesttrempédemonsangetdusien,monépaule,monbras,macuissesontenpiteuxétats,maisaumoins,jesuisenvie.Jeregardepartoutautourdemoietconstateavecjoiequelesautresloupssontmortsoudumoinsentraind’agoniser.Rivers’occupeduderniertandisqueTeddy,nuecommeunver,panselesblessuresdequelquesfilles.Apparemmenttoutlemondevabien.Je relâchemonsouffleet sensenmême tempsmes forcesm’abandonner.Mesjambescèdentetsanslapoignequimesaisitpar-derrière,jemeseraisécrouléeparterre.
Unevoixmesusurreàl’oreillependantqu’unemainmechopeàlagorge.—Ilarrive…Lapaniqueaffluedetoutespartsenmoietmefaitcarrémentgémird’horreur.—Bougepasoù je t’arrache lagorgepetite femelle.Çaseraitdommage, je
veuxvoirlatêtedetonmâlequandtumourras.À peine a-t-il fini de lancer sa menace qu’un loup blanc comme la neige
émergedesarbres.Ils’arrêtedevantnousetclaquedesdentsavantdegrogner.Ilbaisse ses oreilles, gratte la terre avec sa patte avant droite et avraisemblablementl’intentiondecharger.—Kaydy…Mavoixn’estrenduequ’àunaffreuxmurmuretantlamaindumecmebroie
latrachée.—Transforme-toi,oùjelatue!!exigelavoixdansmondos.Commesi le loupavaitcompris, la transformationagitesoncorpsetKaydy
apparaîtparlasuite.Lespoingsserrésavecdanslesyeuxunelueurmortelle,ilfixelemecdansmondos.—OncleWilly…Mesyeuxs’arrondissentd’effroiencomprenantlesensdesesparoles.Lemecquimemenaceestsononcle!!Maisc’estquoicettefamilledetarés!!Sans pouvoirme retenir, j’essaie demedégager de sa prise,mais c’est une
monumentaleerreur.Letypesortsesgriffesetcommenceàlesplanterdansmapeau.Dusangcoulelelongdemoncouets’allieàceluidemesautresblessures.Jesuisenpiteuxétatetsanslemecderrière,jenetiendraismêmepasdebout.Jelesens,l’engourdissements’emparedemoietbienquejebatterapidementdespaupières, ma vue est floue.Ma louve s’énerve, mais rien n’y fait, mon côtéhumainabandonne.Mesépauless’affaissentetmoncœurralentitsesbattements.—Elleestentraindemourir.Nelesens-tupas?—Qu’est-cequetuveux?Pourquoitufaisça?—Pourquoi?Pourlepouvoirpetitneveu.Celuidont tonpèrem’aprivéen
mebannissanttoutçaparcequej’aioséledéfier.—Relâchemafemelle,ellen’arienàvoirlà-dedans!—Tu rigoles?Ellea toutàvoir, tuveuxdire.Elle incarne toutceque ton
paterneln’aimepas !Elleestàmoitiéhumaine.Siellemeurt, tumeurs.Votreliend’unionestcomplet, je lesensvouspartagez lamêmeodeur.Ton loupnerésisterapasàsondécès.Etsitun’espluslàpourprendrelasuitedetonpapa,jepourraisreprendrelaplacequim’estdue!Mesloupsontdéjàdûluitrancherla
gorgeetàcetteheure,ildoitbaignerdanssonsang.—Cesonttespotesquibaignentdansleursang,connard!—Quoi?—Oui,tum’asbienentendu.Onlesatousmassacréscommedesmerdes.Je me concentre et puise au fond de moi pour rester consciente. Le type
derrièresecrispeenentendantlesparolesdeKaydyetlapeursedégagepartouslesporesdesapeau.Pourtant,ilgardecontenanceetenchaine.—Jem’enfous,cen’étaitquedesloosers.Quandtuserasmort,jereviendrai
àlameuteetjetueraitonpèremoi-même.—Grandbientefasse,maintenantlâchemafemelle.—Non,elledoitmourir,c’estledealquej’aipasséavec…—Avecqui??Quit’aaidéàrentrersurleterritoire?Quit’aparlédeJuliset
desonascendance?Sic’estàmonpèreque tuenveux,pourquoi t’attaqueràelle??—Parcequ’ellelevoulait…—Qui?exigeKaydydansungrognement!Ilestenfacedenous,àseulementunedizainedepasetj’aimeraisletoucher,
êtredanssesbras.Luidirequejel’aime,maisquejesuistropfatiguée.Quelavies’échappepeuàpeudemoietquejenetiensplus.Sespupillessontdilatées,etsesirissontd’unbleufoncéàlalimitedunoir.Jenelesaijamaisvuscommeça. Si je ne ressentais pas ses émotions, j’aurais juré qu’il s’en foutait que jemeureounon.Ilestcalme,maîtredelui,etriendanssaposturenemontrequ’ila peur. Pourtant, il est terrorisé. Je le sens. Il partage son énergie avec moi.Depuistoutàl’heure,ilm’aideàrésister,ilmegardeenvie,maispourcombiendetempsencore?Willyn’avisiblementpasfinidedéblatérer,pourtantlasuitedesonaveu,allumeuneétincelleenmoi.—Bree.Lasalope!Jevaislabuter!Jenevaispaslaissercettegarcegagner!Undéclic se produit.Une rage inouïeme submerge.Me rappelant qu’ilme
restedesshurikens,j’ensorsuneetlaplantedanslamainquimeserrelecou.Enréponse,ellemelâcheetjem’écrouleparterre,àplatventre.Apparemment,c’estlesignalqu’attendaitKaydy.Niunenideux,ilattaqueWilly.Ilsejettesurluietfroidement,sanspitié,ledémonte.Àlafin,cedernierestavachisurlesoletrampepours’échapper.Maismon
compagnonnelelaissepasfaire.Illesaisitparlanuque,leforceàsemettreà
genou.AlorsqueWillydevraitvraimentsetaire,ilannonce.—Çadevait êtremoi l’Alpha. Je suis l’aîné de la famille,mais à cause de
cettefoutuetraditionduSnowBorn,onm’adépossédédemondroit.Pourtant,jesuisrestéauseindelameute,j’aiépaulétonpère.Maisils’enfoutait,commetoujours, il n’y avait que lui qui comptait. Si je n’avais pas perdu mon duelcontrelui,j’auraisétél’Alpha!Iln’avaitpasàmebannir!—Willy,sachequejenesuispasmonpère.Jem’enfousdelacouleurdeton
pelage, ce n’est pas ça qui fait un bon Alpha. C’est le courage, le mérite etl’honneur.Ettuveuxsavoircequimedifférencieencoredemonpère?—Quoiiiii?—Ilt’afaitunefleur que je ne te ferai pas. Je ne te laisserai pas partir en
vie!D’un geste habile, il lui tranche la gorge au niveau de la carotide. Willy
s’effondre face contre terre et je l’entends s’étouffer avec son propre sang. Jecroismêmequec’estladernièrechosequejeperçoisavantdemoiaussiperdreconnaissance.Lenoirmehappeetsanspouvoiryrésister,jem’ylaisseglisser.
Chapitre34
KaydyWilly tombe face contre terre sans que je ne lui accorde ne serait-ce qu’un
regard.JemeprécipitesurJulisàl’instantoùelleperdconnaissance.Lapaniquegèlemoncœuretglacemesos.Larespirationrapide,jetombeàgenouxdevantelle.Je la retournesur ledosetconstateaveceffroisonpiteuxétat.Elleadesmorsuresàplusieursendroitsetsoncouetsapoitrinesontensang.Jeposedeuxdoigtssursacarotidepourprendresonpouls. Ilest faiblevraiment très faible.Mamaintremblequandjedégagelescheveuxsalescollésàsonvisage.—Bébé…Uneboulem’obstruelatrachéeetm’empêchededéglutir.Àtraversnotrelien,
jesensqu’elleperddes forcesetque lavies’échapped’elle.Pour lapremièrefois de la mienne, je suis tétanisé par la peur, incapable de penser ni mêmed’agir.Jerestelà,àgenouxdevantmafemellequiestentraindeseviderdesonsang.Laseulechosequej’arriveàfaireestderépéteretrépéterencoreetencore.—Jet’aime,jet’aime,jet’aime.Des mains se posent sur mes épaules tandis qu’une voix grave que je
reconnais,medit:—Kaydy,pousse-toi,Teddyetlesfillesvontl’aider.—Jeneveuxpaslalaissermurmuré-jedésespéré.—Ellerespire…—Oui,maissifaiblement.— C’est pour ça que les filles doivent la soigner. On doit l’amener à la
maison.Complètement à l’ouest, je me relève, la prends dans mes bras et cours
jusqu’àlademeuresuivideRiveretdequelquesfilles.Derrièremoi,Teddyaboiedesordresàsescongénères,maisjen’yprêtepas
lamoindreattention.LaseulequicompteestJulis.Jemefocalisesurnotrelienetluitransmetsleplusd’énergiepossible.Jepartagemaforcedevieavecelle,jusqu’àcequejelaposesurlatabledelacuisine.Seulementàcemoment-làeten voyant plusieurs filles s’activer sur son corps pour lui procurer des soinsmédicaux,jem’autoriseàcraquer.MesgenouxcèdentetsansRiver,jemeseraisécroulé. Et pourtant, c’est bien la position adéquate.Agenouillé auprès demafemelleblesséeàprierlecieletlesétoilesqu’elles’ensorte.Pourlapremièrefoisdepuislongtemps,j’aienviedechialer.Rivermeguide
verslecanapéetjem’ylaissetomber.—Ellevas’ensortir!crieunevoixderrièremoi.Lesoulagementesttelque
mesyeuxseremplissentdelarmes.Enfouissantmonvisagedansmesmains, je tente de refouler cette émotion,
maisc’esttoutsimplementimpossible.Moncœurestmeurtrietmonâmes’estvufrapperparlafoudre.—Jenepeuxpaslaperdre…Riverquiestassisàcôtédemoi,annoncedoucementetd’unevoixferme.—Tunelaperdraspas.Elleestforte,elleserelèvera.—Jel’aime.—Biensûrquetul’aimes,c’esttafemelle.—Jenel’aimepasparcequec’estmafemelle,jel’aimeparcequec’estelle.
Qu’ellesoitunelouveounon,jel’aimeraiquandmême.Monpèrem’ademandéoùallaitmaloyautéetellevaàelleseule.Jelaferaitoujourspasseravanttoutlereste,mêmeavantlameute.—Jesais…avoue-t-ilsuruntondéfaitiste.Incapable de rester plus longtemps loin d’elle, jeme lève et repars vers la
cuisine.Onluiaretirésesvêtementsetelleporteseulementsessous-vêtements.Ses blessures sont pansées, mais sa peau est d’un blanc cadavérique.Instinctivement, je luiprendslamain, laporteàmaboucheet l’embrasseavecdévotion.Puis,jelacollecontremoncœur.—C’esttaplacebébé…Là,enmoi,dansmachair,dansl’organemêmequi
memaintientenvie.C’esttoimasourcedevie.Lesfillesautourdemoibattentrapidementdespaupièresavantdeseregarder
entreelles.J’imaginequecequejedisestromantiqueoujenesaisquoid’autre,mais c’est bel et bien ce que je ressens. Teddy se place à côté demoi et ditdoucement.—Ellevaallermieux,net’inquiètepas.Onluiaappliquédesonguentssur
sesblessuresetellecommencedéjààguérir.Àcesmots,lespaupièresdeJulispapillonnentdoucement.Puis,elleposeses
sibeauxyeuxbleussurmoiavantdemurmurerd’unevoixécorchée.—Kaydy…—Jesuislà,bébé,çava,c’estfini.—Jet’aime…—Ohbébé,jet’aimeaussi,jet’aimetant.Sabouches’incurveenunsourireavantqu’ellenegrimacededouleur.—Jevaist’ameneraulit,tuvastereposer.
—Bree…Savoixs’estfaitemenaçanteenprononçantleprénomdemonex.—Quoi?—Jevaislatuer…—Déjà,remets-toietonverraaprès.—Non!Jevaislaprovoquerenduel…—Bébé…—Elleafomentétoutçaetaessayédemefairetuer.Je le sais ça, et je jure de lui faire payer,mais pour l’instant Julis ne tient
mêmepasdebout.JesuisprêtàleluidirequandRiverprendlaparole.—EllearaisonKaydy!Julisméritedesevenger.—Tuasvudansquelétatelleest??—Jevais…(Elle se racle lagorge,mais celanechange rien, savoix reste
enrouée.)Jevaisbien.Unsilencepesants’installedanslapièceavantquejenedéclareintransigeant.—Onverraçaplustard.Sans laisser quiconque protester, je la soulève et l’emmène dans notre
chambre.Jel’installedélicatementsurlelit,souslacouvertureetjem’étendsàsoncôté.—Repose-toi,bébé.Jerestelà.Sesyeuxplongésdanslesmienssontvoilésethantés.Jesaisquelesimages
repassentenboucledanssatêteetj’aimeraistantlesluienlever.Lasoulagerdesadouleur,qu’ellesoitphysiqueetémotionnelle.—J’aieutellementpeur…—Chut,c’estfini…—Nonmecoupe-t-elleavantdepoursuivresansmequitterdesyeux.J’aieu
peurpourtoi.Jen’avaispaspeurdemourir,maisjevoulaisquetoi,tuvives.Jenevoulaispast’abandonner.—Tunem’abandonneraspas.—Jeveuxquetumepromettesquelquechose.—Quoi?—Siunjour, jedoismouriretpasdevieillesse, jeveuxquetu tebattes,et
queturestesenvie.—Non,c’esthorsdequestion.—S’ilteplaît.—Nonbébé,tout,maispasça.Jeneveuxpasvivredansunmondeoùtun’es
pas.Etjenelepourraispas.Monloupetmoisommestropaccrochésàtoi.Je
sais qu’il ne survivra pas sans l’autremoitié de son âme etmoi non plus. Jerefusedevivreuneviesans toiàmescôtés.C’est toietmoi,ensemble,oucen’estriendutout.—Pourquoies-turevenu?Pourquoi?—J’airessentitadouleur,c’étaitatroce,monloupaémergétoutdesuiteeta
courupourterejoindre.—L’autremalade,tononcle,iladitqu’onpartageaitlamêmeodeur.Mes lèvres s’incurvent en un sourire amoureux avant que je ne renifle une
grosse bouffée d’oxygène. Notre nouvelle odeur imprègne mon nez et meprovoqueunejoieimmense.—Oui,lelienestcomplet.—Comment?C’estçaquej’airessentialors…C’étaitcommeuneexplosion
puisjet’aisentienmoi,dansmatête.—Oui,jetesensaussi.C’estcommesituétaissousmapeau.—Pourquoimaintenant?medemande-t-elledoucement.—Parceque je t’aiditque je t’aimais.Parcequemêmesi je le savais,une
partiedemoi,s’yrefusait.Pardonbébé…—Pourquoitut’excuses?—Parcequejesuisunconnard.—Oui,maisça,cen’estpasnouveau.—Oui,maislà,çaauraitputecoûterlavie.Sij’avaisacceptédem’ouvrirà
toidèsledébut,tun’auraispassouffertcommeça.—Cen’estpastafaute,onfaitcommeonpeut.Notrehistoireestparticulière
etpuisellen’apassuperbiencommencé.—Peut-être,maisellefiniradelaplusbelledesmanières.—Oui…Sesyeuxsefermentpuiss’ouvrentavantdeserefermer.Jeluiposeuntendre
baisersurlefrontavantdeluichuchoterdesmotsdoux.Juliss’endortetpendantqu’elle se repose, je reste là à la regarder, à l’écouter respirer lentement. Lapanique nem’a pas complètement déserté. Certes elle est en vie et va guérir,mais rien n’est encore fini. Elle a raison, elle mérite de prendre sa revanchecontreBreeetmoi, jevaisdevoirannonceràmonpèrequejequittesameute.Parcequeclairement, jen’y resteraipas.Maplacen’estpas là-baset celledeJulisnonplus.Lasuiten’estpasgagnée,maisavecJulisàmoncôté,jepeuxtoutsurmonter.
Chapitre35
Julis—Jevaislaprovoquerenduel!Assiseàtable,jefixedanslesyeuxtouslesoccupantsdelamaison,c’est-à-
direlesmecs,Kaydy,etTeddy.Àmonréveil,uneheureplustôt,jel’aitrouvéedans la cuisine en traindepréparer le petit-déjeuner.Ellem’adit qu’elle étaitrestée dormir ici au cas où j’aurais eu besoin d’une présence féminine et elleavaitraison.AvecTeddy,jemesensàl’aiseetc’estbienpourçaquej’ailaissélibrecoursàmespleurs.Ellem’aserréedanssesbrascommeunegrandesœurlefaitetapatientéjusqu’àcequejemecalmedemoi-même.Puisnousavonsparléautourd’uncafé.Commej’adoreTeddyetquejelarespecte,jeluiaiparlédemonintentiondemevengeretelles’estcontentéedehocherlatêteavantdemedire,«Sibesoin,jesuislà».—Bébé, c’est trop tôt, tun’espas encore remisedéclareKaydyassis àma
gauche.— Je sais… (Le nier ne servirait à rien. Jeme sens épuisée, complètement
vidée et même si mes blessures commencent à guérir, elles me font souffrir.Maisjenepeuxtoutsimplementpasluilaissercroirequ’elleagagné.)Alors,onfaitquoi??Jevaisdevoirpassermavieentièreàregarderderrièremonépauleparcequetonexadécidédemefairetuer?Enplus,ellecroitqu’elleagagnéetc’estinsupportable!LessourcilsdeTeddysefroncentavantqu’elleneprennelaparole.—C’estçaletruc!—Quoi?jedemandeintriguée.—ElleCROITquetuesmorte.Personnene luiaditquet’avaissurvécuet
puis, tous les loups sontmorts. Shep,Tij vous qui êtes restés sur place après,vousl’avezvue?LesgarçonssecouentlatêtenégativementavantqueShepsemetteàparler.—Non.Jenel’aipassentiependantl’attaqueetaprès,onaaidélesblessés.
Kaydyétaitpartidepuislongtempsquandelleestarrivée.—Donc,ellenepeutpassavoirquetuassurvécu.—Àquoitupenses?—Laissons-la,lecroire.Repose-toi,reprendsdesforcesetparsl’affronter.Jehochelatêtepourconfirmersaproposition,maisKaydyenchaîne.—Cen’estpaspour terabaisserbébé,maisBreeest lafilleduBêta.Ellea
subiunentraînementduretelleneserapastendre.—Moinonplus!—Onvat’entraîner!Teddyannoncecelad’untonferme.Àsasuite,c’estRiverquiprendlerelais.—Quoi?—Oui,Julisestforte,vousl’avezbienpréparée,maisvousl’avezentraînée
commedesloups.Jeproposequ’onluienseignelafaçondescorbeaux.—Quiestdepicorer?semoqueTij.— Non, d’être vicieux et calculateurs. Vous autres les loups fonctionnez à
l’instinct et à l’adrénaline. Nous on analyse, on calcule. On est sournois etdéloyaux.Plusieursbouchess’incurventenunsourireécœuré.—Ellearaison,cen’estpasêtrefaiblequed’agiravecmaliceet fourberie.
Onvafaireça,Teddy.Quepersonnen’ébruitelefaitquejesuisenvie.Jevaisrester là, cachée et je vaism’entraîner avec vous. Lesmecs vous repartez. Sivousnerentrezpas,toutlemondetrouveraçabizarre.Je lesvoishocher la têtepourconsentiràmonordremêmes’ilne leurplaît
pas.Leseulquicommed’habitudemedéfiesijepuisdireestKaydy.—Jereste,moi.Detoutemanière,j’aidécidédequitterlameute.Shepalabouchequiluientombe,Tijneditrien,maisunticnerveuxagitesa
joueetRiverprendunegranderespiration.Pourmapart,jeressensunimmensesoulagement.Kaydysetourneversmoietmedemandedoucement.—Çanetedérangepas,bébé?Onseraseuls,sansmeute,maisc’esttoujours
mieuxquededevoirfairepartied’unequinenousrespectepas.Jemelèveetm’assiedssursesgenouxavantdel’embrasseràpleinebouche.—Jem’enfous,tantquejesuisavectoi.Monpèrearéussi,onpeutyarriver.— Oui… Bon, la discussion est close. Les mecs faites vos bagages, vous
rentrezchezvous.Sans un mot, ils se lèvent et partent dans leurs chambres respectives en
affichantuneminedéfaite.Jelescomprends,ilssontamisdepuistoujoursetçavaleurfairebizarredeneplussevoirquotidiennement.Maisilstrouverontunmoyen,jelesais.SeuleavecKaydyetTeddy,j’oseluidemander.—Onvaallervivreoù?Ilsepincel’arrêtedunezavantdem’avouerdansunsoupir.—Çanejenesaispas…Maisontrouvera.—Onpeutpeut-êtredemanderunappartementuniversitaire…(Toutsourire,
jeme tourneversTeddyet luibalancesurun tonguilleret.)Dis, toiquibosseauxbureauxdesadmissions,tunepourraispasnoustrouveruntruc?Enfins’ilrestedeschambres…Elleexplosederireenmêmetempsquemoienrepensantàmacrisedansson
bureau.—Non,ellessonttoutesoccupées.—Bon, on va regarder sur le tableaud’affichage, une amiem’a dit qu’il y
avaitparfoisdesannoncesintéressantes.Ses yeux noir corbeau se mettent à briller en m’entendant l’appeler ainsi.
Kaydymeserrecontreluiavantdem’embrasserdanslecou.—Ontrouvera.—Vouspouvezresterici!déclarerapidementTeddy.Nouslafixonsétonnésetcelalafaitrire.—Benquoi?Kaydysecouelatêteavantdeprendrelaparole.—Pourquoi?—Parcequevousêtesmesamis.Vousavezbesoind’un toitetmoi, j’aime
savoirquemavolièreestprotégéeparuncoupled’Alphas.C’estunbondeal,jetrouve.Vousoccupezlamaison,l’entretenezetmoi,jevoussaissurplaceaucasoù.—Descorbeauxetdesloupssurlemêmeterritoire??—Onabiensurvécupendantdeuxsemaines.Chacunresteàsaplace.Tume
dispascommentdirigermavolièreetjenetefaispaschieravectespotesloupsmêmes’ilssontlaplupartdutempsenrut.—Vouslefaitesexprès,lesfillesettoi,deleschaufferdis-jeenmemoquant
dupauvremecauxcouillesbleues.—Jetel’avaisditquenousétionssournoises.—Oui.—Bonalors,vousenditesquoi?JeplongemesyeuxdansceuxdeKaydyetluidemande.—Alors?Ilm’adresseunfrancsourireavantderegarderTeddy,deluitendrelamainen
traversdelatableetdedire.—Marchéconclu!JeluiclaqueunbisousurlajoueavantdepartirprendreTeddydansmesbras.
Ellemerendmonétreinteavantdemefixergravement.—OnnevapasteménagerJulis,maisaumoinstuaurastoutesleschancesde
toncôtélorsdetonduel.—Merci.C’est tout ceque jepeuxdire,mais je sais que ça suffit.Dans ce tout petit
mot,j’ymetstoutemagratitude,toutemonaffectionettoutemareconnaissancepourlachancequ’ellevientdem’offrir.Bree,jevaistefairemordrelapoussière…Morte!
Chapitre36
KaydyJeraccompagnelesmecsàlavoiture.Ilsjettentleurssacsdanslecoffreetse
tournentversmoi,dégoûtés.—Faitespascestronches,personnen’estmort.—Putain,Kay, tu es sûr de ne pas vouloir venir avec nous ?me demande
tristementShep.—Non,jerestelàavecJulis,letempsqu’elleseprépare.Jeviendraiavecelle
poursonduel,maisjepartiraiaprès.—Onestcensésdirequoiàtonpère?—Ditesquevousne savezpas cequim’est arrivé.Expliquezque Julis est
morteetquejen’aipasbienréagiàlaruptureduliend’union.—PatieetSavanavontêtredévastées, annonceRiveren s’attardantunpeu
tropàmongoûtsurleprénomdemasœur.—Jesais,maisonn’apaslechoix.QuandJulisseraprête,jevousenverrai
unmessage.Ilfaudraquevousrassemblieztout lemondedevantlamaisondemesvieux.Ilfautqu’ilslavoientgagner.—Etsielleperd?JeregardeTijetj’affirmed’unevoixforteetlétaleenréponseàsaquestion.—Ellegagnera!Troistêtesdodelinentdevantmoi.— Bon, allez, cassez-vous, on ne va pas se faire des câlins comme des
gonzesses!—Putain,non,jevaisallerbaiser,moi!JesourisàShepquimefaitunsignedemainavantdemonters’asseoirsurle
siègepassager.Tijm’adresseungestede la tête et s’installe à l’arrière.River,lui,restedeboutenfacedemoietm’observe.—Qu’est-cequ’ilya?—Tuesmonmeilleurami.Hier,tuasditquetaloyautéallaitàJulis…—Oui.—Lamiennet’estacquise,etcedepuistoujours.Surce,ilmetendlamain,maisjenelaserrepas.Jeleprendsdansmesbras
pouruneaccoladevirile.—TupourrastoujourscomptersurmoiKaydy.—MerciRiver…
NotrepetitmomentintimeestrompuparShepetsagrandegueule.—Ahouais?Etjecroyaisqu’onn’allaitpassefairedescâlins?—LafermeShep!Jel’entendsbougonnerderrièrelavitreetcelamefaitdrôlementsourire.Shep
estunpitre,maisjesaisaussiqu’au-delàdeça,ilestvéritablementécorché.Sonpassén’apasétéfacileetc’estsamanièreàluidecachersesfaiblesses.Chacunsontruc!Riverseglissederrièrelevolantetfaitunemarchearrièreavantdefairedemi-
tourpourpartir.Jevoisbienl’expressionqu’ilsarborentetçamefaitchier.J’ail’impressiondelesabandonneralorsquecen’estpasça.C’estjustequemavieaprisunautrechemin.J’espèresincèrementqu’ilsmecomprennentetjenepeuxqueleursouhaiterderencontrercommemoi,l’autremoitiédeleursâmes.Parcequelorsquec’estchosefaite,lavienousapparaîtbeaucoupplusbelleet
surtoutplusprécieuse.Onditsouventquel’amournouschamboule,maisonneditpasquel’amournousravage,nousbroielestripes.Onneditpasquel’amourestunmagnifiquepouvoir.Undonexceptionnel.Parcequel’amourcréelavieetpeutlasauveraussi.
***
Quelques jours plus tard, nous sommes en route pour la maison de mes
parents.Julisquiestassiseàcôtédemoigardelesilence.—Çavabébé?—Oui.—Tuvasyarriver.—Oh, je le sais.Avec ceuxqueTeddy et les fillesm’ont appris, je vais la
démonter.JelâcheunriremoqueurenimaginantlatêtedeBreeendécouvrantJulis.—Pourquoitutemarres?—J’imagineBreeentevoyant.—Ahça,oui.J’aihâtedevoirsatroncheendécouvrantlepotauxroses.—Neretienspastescoupsbébé.Tutesouviens?Ellen’apasétéloyale,alors
nelesoispas.—Net’inquiètepas.Jelahaistellementquemalouverêvedelabouffertoute
crue.—D’accord…—Kaydy?—Oui?
—Siparmalheur,çanesepassepasbien.Jeneveuxpasquetuinterviennes.Cen’estpastoncombat,maislemien.(Jesuisprêtàluidirequejenepourraispas faire ça quand elle m’intime d’un regard meurtrier de garder les lèvrescloses.)Non,tuneferasrien.—Jenevaispastelaissermourirsansrienfaire!!—Jenet’aipasditça!Pourquoitut’énerves?Pourquoi?Ellenevoitpas?—Tuessérieuse?—Ouietarrêtedesourirecommeça!J’aienviedetefrapper.Effectivementun rictusnerveuxfendmabouche. Jen’ypeuxrien, j’aipeur
pourelleetpeurdelaperdre.—Super!!—OK!!Ahah,tum’énerves!!—Cool!—Connard!Mais…Tumefaischier !Jevaisyarriverd’accord??Jevais
gagnerceduelparcequej’ailedroitaumêmerespectquetousmétamorphes!Jenesuispeut-êtrequ’àmoitiélouve-garou,maisj’exigequ’onmerespecte!—Bravobébé.Gardecet étatd’esprit.Tuesma femelle,uneAlpha.Tues
assezdominantepourqu’on se soumettedevant toi etquandça sera fini, je teramèneraià lamaisonet je teferai l’amourjusqu’àcequetunetesouviennesmêmeplusdetonprénom.— Super, et tu me feras ce truc avec ta langue ? me demande-t-elle en
s’agitantsursonsiège.Ma bouche s’amine d’un sourire sexy avant que je lui affirme d’une voix
rauque.—Ohoui!—Jet’aime.—Jet’aimeaussi,bébé.Après cela, nous restons l’un comme l’autremuets. Chacun perdu dans ses
propres pensées, nous tentons de nous concentrer. Je sais qu’elle estsuffisamment forteet je ressensenmoi toute la tensionqui l’habite.Respirantdoucement,jetentemoiaussidecalmermonénervement,maisjesaisquesilecombatne sepassepas commeprévu, je ne tiendrais pas.Et je ne suis pas leseul,mon loup tourne en rond, prêt à attaquer. La gueule ouverte et les crocssortis,ilrêvedemiseàmort.
J’ai prévenu les mecs, du coup quand nous nous garons devant chez mesparents,ilssontdéjàlàànousattendre.Celafaitunesemainequejenelesaipasvusetputain,c’est foucomme ilsm’ontmanqué.Aprèsuneaccoladesincère,nous rentrons dans la maison. Julis part se cacher et se changer dans monanciennechambre.J’enprofitepourdemanderdesnouvellesauxmecs.—Alors?—Tout lemondeétaitchoquépour toi,maispasvraimentdésolés,annonce
Shepsuruntonécœuré.Cequ’ilmeditnemesurprendabsolumentpas.—Savanaconnaîtlavéritécependant.JereportemonregardsurRiverenfacedemoi.—Ahbon?—Oui…Jenepouvaispasluidire.C’étaittropcruel.Messourcilssefroncentenl’entendantdireça.Jen’aimepasl’idéequemon
meilleur pote se soucie outremesure dema frangine. River ne baisse pas lesyeux et me montre clairement qu’il referait la même chose s’il le fallait. Jedécidedenepastirerdeconclusionshâtives,cen’estnilelieu,nilemoment.—Bref,allezprévenirtoutlemondequ’ilfautveniràlamaisondesAlphas.
Faitescirculerlanouvelledemonretour.Jevaisallermeposersurlesmarchesdelaterrasse.Breenemettrapaslongtempsàsepointer.—Ouais,c’estclair.Shepfinitàpeinesaphrasequ’ilpartdéjàendirectiondesdiversesmaisons
qui jalonnent le domaine. River et Tij lui emboitent le pas. Pour ma part, jerentreetparsvoirmonpèredanssonbureau.Commeàmonhabitude,jefrappeet entre sans attendre. Il est assis à sa place habituelle etmamère est sur sesgenoux.Enmevoyant,ellebonditetcourtmeprendredanssesbras.—Monchéri…—Salutmaman.—Commentvas-tu?Tu…Tonodeurachangé!Lelienestenfincomplet?—Oui,avecJulisons’estunisentièrement.—Ohenfin,jesuistrèscontentepourvous.Doncellevabien?—Oui,ellevabien.Elleafaillimourir,maisçavamaintenant.Endéclarantcela,unfrissond’angoissemesaisitetpourmeréconforter,ma
mèremecaresselebras.—Jemedisaisaussi…Jesuisrassuréepourvous.Maisalorspourquoitoutle
mondeaditquetuavaisdisparu?EtbonDieu,pourquoionavoulutuerJulis?Tuastrouvélecoupable?
—Ouietc’étaitoncleWilly.Ma déclaration a au moins le mérite de faire pâlir mon père. Sa bouche
s’ouvreengrandavantqu’ilneprennelaparole.—Merde…—Ouais, unehistoiredebannissement injuste, enfinunehabitude chez toi.
Maiscen’estpaspourçaquejesuisici.C’estBreequiaœuvréavecWilly.Ellel’aaidéàentrerdansleterritoireetencontrepartie,ildevaittuerJulis.—Commentlesais-tu?—Parcequ’ilmel’aditavantquejeluitranchelagorge.—T’as…—Ouais,j’aibutétonfrère.Tuvois,tumedemandaisoùallaitmaloyauté,et
ellevaàJulis.Elleétaitpeut-êtreautantendangerchezlescorbeauxqu’ici,maisau moins là-bas, on la respecte. Elle est venue pour réclamer justice etvengeance.EllevaprovoquerBreeenduel.Quetusoispouroucontre,jem’enfous.Toute cettemerde s’arrête aujourd’hui etmaintenant. Je quitte lameute.AvecJulis,nousnousinstallonsdéfinitivementsurleterritoiredescorbeaux.Mamèremeserrelebicepsensoutientandisquejefixemonpère.Aprèsun
momentàseregarderdansleblancdesyeux,ilselèveetnousrejoint.Samaindroitesetendversmoietjelaserreenretour.Puis,ildéclared’unevoixassuréeoùpercelafiertépaternelle.—J’acceptetondépart.J’embrassemamèresur la joueetcommenceàvouloirsortirquand il lance
dansmondos.— Nous ne pouvions plus continuer... (Surpris, je lui jette un regard par-
dessusmonépaule.)Tuesautantdominantquemoisicen’estplus.Tun’aspasàdevoirattendrepourêtreunAlpha,tuenesdéjàun,etcedepuistoujours.Tun’aspasbesoindemameute,tuastoujourseulatienne.Jeregardemamèreetcequejelisdanssesyeuxm’émeut.Elleestfièrede
moi et son sourire prouve qu’elle est contente aussi. Pas demon départ,maisbien de mon commencement. Respectueusement, je hoche la tête et quitte lapièce.Cequ’ilditn’estpasfaux.Mespotesetmoiavonstoujoursforménotrepropreunitédansuneunité.Notregroupeestbienplusqu’ungroupedepotes,c’estunemeuteàpartentière.J’aitoujourspucomptersureuxetilsonttoujourssuivi mes ordres pas bêtement ni aveuglement, mais parce qu’ils me fontconfiance.C’estçaêtreunbonAlpha!JeretrouveJulisdanslesalon,elleestprêteetdéterminée,jelevoisdansla
tensiondesoncorpsetl’expressionfurieusedanssesyeux.—Jet’aime.Soissanspitiébébéet…Comme je la connais par cœur, je lui glisse à l’oreille le seul truc qui peut
encoreplusl’énerver.Elleretientsarespirationetserrelamâchoire.Contentdemoi, je l’embrasse puis pars m’asseoir sur les marches comme c’était prévu.J’affiche une gueule triste voir même un peu folle pour jouer la comédie aumaximumtoutenattendantquemasaloped’exradinesoncul.Ellearriveàpeinecinqminutesaprèsquejemesoisinstallée.Ellecourtetse
jettesurmoi.—OhKaydy…J’aieusipeurmoncœur.Maistuétaisoù?Jesuislà.Jesais
que c’est dur,mais je suis là pour toi. Je le savais que ce n’était pas ton âmesœur…
Chapitre37
JulisTusaisqu’elleaimaitmesucer…Cettedéclaration tourne enboucledansma têtedepuisqu’ilme l’abalancé
cinqminutesplustôt.Sic’étaitpourm’énerver,ilaréussi.Jemesensenragée.Jetourneenronddanslesalonenattendantlebonmoment.—Julis!JemeretourneversSavanaetluisourisfranchement.—Heycoucou.Ellemerejointetmefaituncâlinavantdemedétaillerdelatêteauxpieds.—Tuvasbien?—Ouiettoi?—Oui.Bon,tuladémontes,OK?Etaprèstumeferasuntoposurlavieavec
lescorbeaux,jeveuxtoutsavoir.—D’accord.Monoreillecaptedesbruitsdepasprécipitéspuisunevoixhauteperchée.Je
m’enalimenteoudumoinsmarages’enalimente.Chaquemot,chaqueparole,qu’elle prononce àmon compagnon attisema haine etmon envie demeurtre.Dèsqu’elleoseparlerd’âmesœur,jesorsdelamaison.—Je t’encouragevivement à ôter ses sales pattes demon compagnon si tu
veuxpouvoirlesgarderaccrochéesàtesbras.—Toi…Elle se recule vivement tout en me regardant sidérée, et encore le mot est
faible.J’explosederireetparsmepositionneràcôtédeKaydy.— Tu avais raison bébé, son expression est tordante lui dis-je d’une voix
outrageusementsexy.Ilmejetteunregardgourmandtoutenmerépondant.—Jet’avaisbienditqu’elleseraitsurlecul.—Ah ça, c’est l’expression qui lui va bien. Hein Bree, sur le cul ? Tu as
l’habituded’êtresurledos,c’estdurleboulotquetufais.Tusensvraimentlamoulepasfraîche,c’estécœurant.—Tuétaismorte…—Ahbon?Quit’aditça?Moimourir?Nannnnpasdutout.—Si, tu devaismourir !! crie-t-elle avec hargne enme voyant gardermon
souriremoqueur.Lemasquedegentillessequ’elleported’ordinairesecraquelle,s’effritepuistombeetrévèleuneexpressionsordide.Ildevaittetuer!!!C’était
ledealquej’aipasséaveclui!Jel’aidaisàattaquerlameuteetiltetuaitpourmoi!— Parce que tu es trop lâche pour le faire toi-même… lui balancé-je à la
figurealorsqu’unefoulecommenceàarriver.Breeatellementlatêteenfouiedanssonculetsafolie,qu’ellenevoitmême
pasquetoutlemondelaregardeetsurtoutécoutesespropres.—Ildevaittetuer…Jel’ailaissémebaiserpourça!Mabouchesetorddansunegrimacerépugnée.—Tuesvraimentunepute,toi!— Je sais ce que je veux et je fais tout pour l’obtenir. Kaydy est à moi !
Depuistoujours!Niunenideux, jemeplace face à elle, la saisit par le couet lui crache au
visage.—Oselediredansmesyeux!Jeteconseilledetesoumettreoujetejureque
jet’affronteenduel.Agilement,elles’extirpedemapriseetdéclaresuruntonnarquois.—Moi?Mesoumettredevanttoi?Tupeuxcreveravantdevoirça!Tun’es
mêmepasunelouve,tun’esrien,justeuneerreurdelanature.Toujoursensouriant,j’annoncesuruntonquinelaisseaucuneplaceaudoute.—L’erreurdelanaturevatedéfoncer.Tuvoulaismamort,etbienviensla
chercher toi-même!Àmoinsque tunesoispasassezfortepouraffronterunedemielouve?—Moipasassezforte?Turigoleslà?menargue-t-elle.— J’accepte le duel ! déclare Nestar quand il rejoint la foule qui nous
encercle.—Tunepeuxpaslaisserfaireça!Ellenesetransformemêmepas!Etpuis,
(Unhomme, qui d’aprèsKaydy est leBêta de son père,me reluque avec unemine écœurée avant de cracher àmes pieds.)Elle nemérite pas de combattrecontremafille.—SitunefermespastagueuleDick,c’estmoiquivaist’obligeràlefaire!!!
vocifèreKaydy.Sonpère,lèvelamaindanssadirectionetprendlasuite.—Ça,c’estàmoid’enjugerDick!Etj’autoriseleduel.Enrevanche,comme
les combattants doivent être au même niveau, Bree, tu n’as pas le droit deprendretaformelupine.—Jen’aipasbesoindemetransformerraille-t-elle,jevaislalaminersousma
formehumaine!—Qu’ilensoitainsi!
Nestar se recule et l’attroupement autour de nous en fait autant. Je sens leregarddeKaydydansmondosetparnotrelien,ilmecommuniquesonsoutienetsonamour.C’esttoutcedontj’aibesoin.J’envoieunsourireperfideàMissPuteavantd’annoncerclairement.—Tuvasmourir!Elle lâche un rire mesquin avant de dire quelque chose qu’elle n’aurait
vraimentpasdû.—Quandtuserasmorte,jebaiseraiavecluipourtoi.L’adrénalineparcourtmesveines,s’implantedansmesmusclesetanimemes
mouvementsetsurtoutmespensées.Jevaistebuter!Malouveémerge justeaumomentoù jemeprécipitesurelle.Monpremier
coup la saisit au plein plexus solaire. Elle encaisse et m’envoie un direct dudroit. Les filles m’ont conseillé de faire exprès d’encaisser sans broncher, çadonne l’impression à l’adversaire de mener le combat. Donc même si çam’emmerde,jelalaissemecollerdeuxcoupsdepoingetmegrifferauvisage.—Tuesminable!Mêmepasdigned’êtreappelée«Louve».À voir son expression, elle est sûre d’elle et c’est exactement ça qui va la
meneràsaperte.Elleserapprochedemoiensautillant.Jetrouveça,lamentable!MaiselleseprendpourRocky?J’aienviede rire tellementelleest ridicule.Mais jegardeunvisageneutre.
Bree,elleparadeetfanfaronne.Ellescrutelafouleetcommencemêmeàfairedessignespourquelepublicl’acclame.—Bree!Bree!Bree!Plusieursvoixs’élèventetscandentsonprénomjusqu’àcequecelledeKaydy
nelessurpasse.—Leprochainquicrieleprénomdecettetraîtresseauraaffaireàmoi!ÇaaaumoinsleméritedecalmerlafouleetBreearrêteenfinsacomédie!—Jecommençaisàm’emmerder!Tun’asqueçadansleventre?Enréponse,elle tentedememettreuncoupdecoudequejebloquepuis, je
décide que tout ça a assez duré. Je libère tout ce que j’ai contenu depuismatransformation.Lahaine,lacolère,l’impuissance,ladouleur,toutcelaformeuncocktaildesplusstimulants.Erreurdelanature!Faible!Nulle!
Pasfaible!Dominante!Louve-garou!Les insultes, les brimades, les souffrances, la peur. Tout me revient en
mémoired’uncoupetavecfracas.Malouveenrage.Ellenonplusn’apasbiensupporté qu’on la traite de cette manière. La rage, que j’ai contrôlée jusqu’àmaintenant, finit par me posséder complètement. Mes griffes sorties, j’agisrapidement. Je me glisse derrière elle, lui tranche net le mollet gauche, puisdroit.C’estquilafaiblemaintenant!!!Elle crie et perd sonéquilibre, j’enprofitepour continuer surma lancée. Je
coupeunde ses talonsd’Achille et le deuxième suit quelques secondes après.Ellehurledeplusbelleettombeàgenoux.Ellerampepours’échapper,maisjem’acharneencoreetencore.Aprèssesjambes,c’estsondosquisubitmacolère.Meplaçantdevantelle,jel’attrapeparlescheveux,laforceàmeregarderetluibalance un coup de genou en pleine tronche. Elle crache du sang tout enpleurant.Seslarmesnefontstrictementrien.Elleméritecequ’ellevit.Jen’aipasdemandéàêtrequi jesuis,mais j’estimeavoir ledroitd’exister.
J’estimeêtrequelqu’undebienalorsqu’elle,seulementparcequ’ellevoulaitunmecquinevoulaitplusd’elle,elleacommanditéunmeurtre.Nousserionsdanslemondedeshumains, je luisuggéreraisdeconsulterunpsy,voiredese faireinterner et je porterais plainte pour tentative de meurtre.Mais voilà, nous nefaisonspaspartiedecemonde-là.Non,lenôtreestplusbestial,ilestrégiparsesproprescodes,sapropredéontologie.EtlecomportementdeBreemérited’êtrepuni, pas par un quelconque redressement, ou une peine de prison. Non, elleméritedemourirparcequ’elleesttoutsimplementtropdangereusepourvivre.C’estçal’universdesmétamorphes!C’estprimaireetbarbare,maisenfindecompte,noussommesdesanimaux.
Danslerègneanimal,lorsqu’unélémentestmalade,faible,outoutsimplementtrop dangereux, les autres le tuent. On ne peut pas se permettre d’avoir unepomme pourrie dans notre panier parce que ce même panier est lui-mêmedangereusementmorteldenature.Voilà,lemondeauquelj’appartiens!Tuerouêtretué.Est-cequej’aimeça?
Quipeutaimerçafranchement?Maisjen’aipaslechoix,mêmesimaparthumainerépugnedefaireça,ma
partlouveelle,estenchantéedemontrersonpouvoiràl’assemblée.Pourtantetmalgrétout,jeluilaisseunedernièrechance.—Soumets-toioumeurs.—Jamais…Elleestàgenouxavecsescheveuxdansmamain.Deboutdevantelle, je la
domine.Monautremain se saisit de sagorge commeWilly l’a fait avecmoi.Mes griffes s’y plantent tandis qu’avec une voix forte et dure, j’annonceouvertement.—JesuislacompagnedeKaydy,unefemelleAlphaettoi,tuesmorte!Sanshésiter,jeluiarrachelatrachée.Elles’effondreparterrependantqueje
regardelafouleetcontinuemondiscours.—Jem’enfousdecequevouspensezdemoi.Maisleprochainquiessayede
s’enprendreàmoi,jelebutecommej’aituécettesalope!
Chapitre38
KaydyMonDieu!Julisesttoutsimplement…Parfaite!Deboutenpleinmilieude la fouleavec lecadavredeBreeàsespieds,elle
matel’assembléesévèrement.L’auradedominancequ’elledégageesttellequebeaucoupcourbentledosfaceàelle.Là,c’estclairquepersonneneviendrapluslafairechieretquemêmemoi,je
vaisyréfléchiràdeuxfoisavantderecommencer.J’aibientroppeurpourmescouilles.Pourtant, celles-ci ainsi quemaqueue sont plus queprêtes pour elle.Monexcitationestflagrantederrièremonjean,maisjen’enairienàfoutre.C’estmanana,macompagneetellevientdetuerdesang-froidmonex.C’estencoremieuxqu’uncombatdeboue,beaucoup,beaucoupmieuxmême.Dicksortde lafouleetcommenceàserapprocherdeJulis. Instinctivement,
j’enfaisautant.S’iloseposaitlamainsurelle,jeletueaussi.—Tuastuémafille…dit-ild’unevoixattristée.Tuespeut-êtredominante,
maisjamaisjeneterespecterai.—Çatombebien,parcequemoinonplus.Lepèredelafillequiaessayéde
metuernevautguèremieuxqu’elle,àmesyeux.—Elle...—Neluicherchepasd’excuseDick.Tafillenousavendus,ellemériteson
sort,déclaremonpèrequiluiaussis’estrapproché.Pourmapart,jemeplaceàgauchedeJulisetluiprendslamain.Dickpointe
sondoigtsurelleetpoursuitsondélire.—Jeneferaipaspartiedelamêmemeutequ’elle!Alorsquejesuisprêtàparler,monpèreconclutd’unevoixferme.—Tun’auraspasàlefaire.Kaydyetelle,partent.—Tantmieux,cette….—Je teconseilledenepas finir taphraseDicksinon tadépouille rejoindra
bientôtcelledetafille.Ilserre lamâchoire,maisnedit riendeplusaprèsmamenace.Alorsqueje
pensaistoutcelaenfinfini,monpèremesurprend.—Shep,River,Tij(Lesmecss’avancentdevantluietilmemontredudoigt.)
Monfilsmontesapropremeute.Jevousdonnel’opportunitédelesuivre,qu’endites-vous?Vousrestezici,ouvouspartez?
Une boule comme mon poing m’empêche de déglutir. J’essaie de ne rienlaisserparaître,maisjesuissurleculquemonpèreleurlaisselechoix.Cen’estpasdansseshabitudesetjesaisqu’illefaitpourmoi.C’estenquelquesorteuncalumetdelapaix.LepremierdemespotesàprendresadécisionestRiver.Ils’avance,serrelamaindemonpèreetdéclaresansaucunehésitation.—Jeparsaveclui.ShepetTijs’exprimentenmêmetemps.—Nousaussi!Àleurtour,ilsserrentlamaindemonvieuxpuisviennentseplacerderrière
nous.D’uncôtéilyalameutedesMohicans,nospères,nosmères,nossœurs,nos frères, et puis de l’autre, il y a nous.Cinq jeunes adultes qui viennent descellerleursdestinsensemble.Àcetinstant,alorsquejevoisdeslarmesbrillerdanslesyeuxdemamère,je
comprends ce qu’elle m’avait dit quelque temps auparavant. Elle m’avaitdemandédesongeràmonaveniretderéfléchirauxchoixquis’offraientàmoi.Effectivement,jenepouvaispascontinueràcohabiterdanslamêmemeutequemonpère.Jesuisarrivéauboutdecequ’ilpouvaitm’apprendre.Maintenant,jedois prendre la place qui me revient de droit. Je suis un SnowBorn, un loupblanccommelaneige,prédestinéàreprendreleflambeaudesonpèreetdesonpère avant lui. La couleur de notre pelage a depuis toujours déterminé notreplaceauseindelameute.UndominantpeutêtreunAlpha,maisunSnowBornestnépourledevenir.C’estcequejesuis,c’estmonhéritage,maiscen’estpascequifaitdemoiun
bonleader.Non,cesontlespersonnesquim’épaulentetm’aident.CesontellesquifontdemoiunbonAlpha.Mesamis…Mafamille…Mameute…Alorsquejedevraisévincermonpère,luipiquerlepouvoiroùmêmeattendre
quemonheurevienne, jedécidedenepasperpétuer la tradition. Jedécidedecasserlaboucleetdesuivremaproprevoie.Avecmesamisetmacompagne,onquitte le territoireeton rentresurcelui
quiestlenôtredorénavant.Unenouvelleèrecommence.Aujourd’hui, j’ouvreunnouveau livre, je créeunenouvellehistoire. Je suis
l’auteurd’unromanquiseraremplidepéripéties,derebondissementsetsurtoutdebeaucoupd’amour.Parcequ’enfindecompte,seull’amournousdifférencie
vraimentdesanimaux.
Épilogue
JulisQuatremoisplustard—Ellesmerendentfou!JerisdeboncœurfaceaudésespoirgrisantdeShep.—Remets-toi,Shep.—Maispourquoiellesfontçadevantlamaison?UneséancedeYoga!—Parcequ’elleslepeuvent.—Tu veux dire qu’elles le font exprès ? J’en étais sûr ! C’est sadique un
corbeau.—Non,c’estsournois!—C’estlamêmechose…—Pas du tout.Un sadique te tuera dans ton sommeil alors qu’un sournois
attendrapatiemmentquetuteréveilles.Ilfaitunemouehorrifiéeavantdemeconseiller.—Ilfautvraimentquetuarrêtesderegarderdesfilmsd’horreur,toi.Jeluiadresseunsouriredefolleetilsedécalevivement.—Jet’aimemoinsdepuisquetuescopineavecelles…Tumefaispeur.—Mais non, tum’adores, tume l’as encore dit cematin au petit-déjeuner
devanttonassiettedebacon.—Labouffec’estlavie,c’estpourça…Tumepièges.—Situledis.Il enfouit son visage dans sesmains et déblatère sur le comportement et la
posturedesfillesenpleineséance.JecroiseleregarddeTeddy,ellemesouritetjeluienrenvoieundeboncœur.—Vousêtesprêts?demandeKaydydansmondos.Jemelèvedelamarche,meretourneversluietluisusurred’unevoixsexy.—Toujourspourtoi.—Bébé…Hum…Dis pas des choses comme ça. Je vais avoir envie de te
prendreaprèsetonacoursdanstrenteminutes.—C’estnullescours…bougonné-je.—Oui,maisondoityaller.River,Tij,ondécolle,grouillez-vous!Despasprécipitéssefontentendreàl’étagepuisdanslesescaliers.Lesmecs
émergent à leur tour de la maison et nous rejoignent. Tij est comme à son
habitude, fermé etmystérieux.Depuis qu’il nous a suivis ici, aprèsmon duelcontre Bree, je l’ai surpris plusieurs fois à mater Teddy. C’était franchementbizarre, ce n’était pas dudésir à proprement parlé,mais…Je ne sais pas, il yavaitquelquechosedeplusdanssesyeux.Jen’aipasvoulum’enmêler,detoutemanière,siquelquechosedoitsepasserentreeux,çaarriverabienasseztôt.Nous montons en voiture et prenons la direction du campus. Le paysage
enneigédumoisdemarsdéfiledevantmesyeux.J’aimevoirlanatureendormieetlecalmequeçaentraîne.Çam’apaiseoualorsserait-celemecquiconduitàmescôtés?Oui,jepensequec’estbeletbienlui.Moncompagnon.L’autremoitiédemonâme.Samainpressemacuisseetjesaisqueluiaussiéprouvelamêmechose.Nos
sentimentsfontpartieintégrantedenous,toutcommenosloups.—Lâchetontel,River…Àquituécris?Ohc’estqui«Chérie»?River,t’as
unemeuf,etmêmepastunousenparles?Shep comme à son habitude adore se mêler de la vie des autres. River
récupèresonportablequ’illuiavaitvoléetluibalance.—Lâche-moi!—T’asunecopine,t’asunecopine!—Cen’estpasmacopine!Jemeretourneverseuxetordonned’unevoixoùpercelamoquerie.—Bonçasuffit lesenfants,onestbientôtarrivés.Aprèsvouspourrezvous
dégourdirlesjambesetmangeztouslesbonbonsquevousvoulez.Kaydyexplosederireetjemejoinsàluienvoyantleursexpressionseffarées.—Comment elle nous amouchés ! Bravo, Julis,mais compte pas surmoi
pourtefilerlesréponsesenmaths.Mesyeuxs’arrondissentd’effroienmesouvenantducontrôleàvenir.—Merde!Shep sourit de toutes ses dents et nous passons le reste du trajet à nous
balancerdesvannes.Puisnousnousgaronssuruneplacelibreetdescendonsdelavoiture.Ennousvoyant,plusieursgroupesd’étudiantsaccélèrentlepas.Celamefaitrire.Ilyaquelquesmoisàpeine,j’étaiscommeeux,àlafoisapeuréeetsubjuguéeparl’aurade«Lameute».Aujourd’hui, j’en fais partie et j’éprouve toujours ces sentiments, mais pas
pourlesmêmesraisons.Parcequ’aujourd’hui,commehieretdemain,j’aipeurdelesperdre.
Je suis la première surprise de ce que je vais dire,mais ces quatre fêlés dubocal,cesquatremecscraintspartous,sesontrévélésêtredeformidablesalliés.Leur rencontre a chamboulémaviedebiendesmanières,mais ellem’a aussipermisd’êtrepleinementmoi-même.Jenesuisplusunehumainenormale.Jesuisbeaucoupmieux.Jesuisunelouve-garou.LafemelleAlphadelameuteHowlers.Etjesuisprêteàmebattrepourprotégerlesmiens.C’estmaplace,monexistenceetjenel’échangeraipourrienaumonde.
FIN
Remerciements
JesuisunegrandefandeBit-Lit,quecesoitdesloups-garous,desvampires,dessorciers…brefn’importequellesespèces,j’adore!J’adore lapossessivitédeshommes, le caractèrebien trempédes femmeset
puiscetamourviscéraletdangereuxqu’ilyaentreeux.Depuisquejemesuislancéedansl’aventuredel’écrire,j’aieuenviedeme
confronter à cet univers qui représente tout ce que j’aime dans la littérature.J’avoue que je n’osais pas. Pourmoi c’était beaucoup trop dur, à la limite del’impossible.Pourtant,l’envieétaitlà,tapieaufonddematête.Alorsj’ailaisségermerl’idéeetj’aiessayéd’acquérirunpeuplusdeconfianceenmoi,mêmesisurcepoint,jen’aipasréussi.Enfinbref,aprèsdeuxans,j’aidécidéd’oser.Pourquoipas?Aprèstout,c’est
pour ça que j’écris aussi, pour me faire plaisir. Et croyez-moi, TheHowlers,tome1:AmourSauvagem’alittéralementconquise.J’aiprisunplaisirmonstreàl’écrire.Donnervieàmesloups-garousaétéuneaventureplusquemordanteetjepeuxmêmedirequej’ensuisfière,parcequeouais,jel’aifait!J’aiécritdelaBit-Lit!Mais commed’habitude, derrièremoi, il y a des filles exceptionnelles,mes
petitesmains comme j’aime les appeler. Ellesm’ont tout de suite soutenue etm’ontépauléedanslarédaction.Lasuiteestpourvous,lesfilles…M.E.R.C.I….C’estunsimplemotmaispourtant,ilveutdirebeaucoup.Taelia,Léti,Nath,Vanessa,Delinda,Lili,Steph,HélèneetSoléano,mercide
partagercettemagnifiqueaventureavecmoietmercidem’avoirépaulée,guidéependant l’écrituredeceroman.J’aiétéréduiteenesclavageparcertainesmaisçam’abienfaitrire.Jevousaime.MerciauxÉditionsSomethingElse,àSoniamacorrectriceetàMandyBell
dem’avoirsuiviedansceprojetfou.Merci àCalyDesign pour cette superbe couverture qui reflète parfaitement
l’universdeTheHowlers.En avant-dernier et parcequ’ils représententmavie. Jeveux remerciermes
enfants, ceuxqui fontbattremoncœuretdonnentàmonexistenceunevaleurajoutée.Jevousaimecommeunsuper-héros.Pour finir, je vous remercie vous lectrices et lecteurs.Merci d’avoir pris le
tempsdelirecesmotsetcettehistoire.J’espèrequ’ellevousauraplu.Àtrèsvite.MarieLuny.