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n ÉVÉNEMENT Une jeune Anglaise, atteinte d’un cancer incurable, a obtenu de la justice le droit de se faire cryogéniser après son décès n REPORTAGE Pendant des années, le photographe Murray Ballard a réalisé un travail exceptionnel sur le sujet, rencontrant les personnes tentées par l’aventure et visitant les trois sociétés spécialisées existantes, aux Etats-Unis, en France et en Russie n INTERVIEW Le patron de l’une d’elles, KrioRus, veut ouvrir un laboratoire en Suisse -196° C Comme ici, chez Alcor, en Arizona, les corps sont conservés dans des silos maintenus à très basse température par de l’azote liquide. CRYOGÉNISATION ESCROQUERIE OU ESPOIR? 30 L’ILLUSTRÉ 49/16 L’ILLUSTRÉ 49/16 31 TÊTE EN BAS Afin de limiter au maximum la formation de cristaux de glace, qui endommagent les cellules, une solution d’antigel est injectée dans les vaisseaux sanguins. Le corps est ensuite conservé la tête en bas dans le silo, pour que l’antigel atteigne le cerveau. DOSSIER Photos MURRAY BALLARD – Textes CHRISTIAN RAPPAZ

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  • n ÉVÉNEMENT Une jeune Anglaise, atteinte d’un cancer incurable, a obtenu de la justice le droit de se faire cryogéniser après son décès n REPORTAGE Pendant des années, le photographe Murray Ballard a réalisé un travail exceptionnel sur le sujet, rencontrant les personnes tentées par l’aventure et visitant les trois sociétés

    spécialisées existantes, aux Etats-Unis, en France et en Russie n INTERVIEW Le patron de l’une d’elles, KrioRus, veut ouvrir un laboratoire en Suisse

    -196° C Comme ici, chez Alcor, en Arizona, les corps

    sont conservés dans des silos maintenus à très

    basse température par de l’azote liquide.

    CRYOGÉNISATIONESCROQUERIE OU ESPOIR?

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    30 L’ILLUSTRÉ 49/16 L’ILLUSTRÉ 49/16 31

    TÊTE EN BAS Afin de limiter au maximum la formation de cristaux de glace, qui endommagent les cellules, une solution d’antigel est injectée dans les vaisseaux sanguins. Le corps est ensuite conservé la tête en bas dans le silo, pour que l’antigel atteigne le cerveau.

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    VOYAGE AU PAYS DE LA CRYOGÉNISATION 1. Aaron Drake, directeur médical d’Alcor, en Arizona, préparant des médications. 2. Les silos contenant des corps congelés, chez Cryonics Institute, dans le Michigan. 3. Meeting et explications pour de futurs candidats à la cryogénisation (Alcor). 4. John Bull, futur «patient» de Terasem Movement en Floride, enregistre une vidéo donnant des instructions à propos de sa mort. 5. Des chats sont également cryogénisés. 6. Boîte à fleurs, déposées par les proches (Cryonics Institute).

    DOSSIERCRYOGÉNISATION

    200 patients sont «stockés» dans de l’azote liquide à travers le monde 2000 ont signé le contrat

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  • En route vers la vie éternelle?

    Texte CHRISTIAN RAPPAZ

    La nouvelle ne vous a sans doute pas échappé. Il y a quelques semaines, une jeune Anglaise de 14 ans, souffrant d’un cancer en phase terminale, a obtenu de la justice le

    droit de se faire cryogéniser après son décès. Ce n’est pas que cette pratique soit inter-dite au Royaume-Uni, mais l’un de ses deux parents s’était opposé à sa décision. Pour convaincre les juges, l’adoles-cente, qui demanda que son identité ne soit pas révélée, adressa une lettre à la Haute Cour de Londres, dans laquelle elle exposa son désir de vivre plus longtemps, pariant sur les progrès de la science et de la médecine pour la ranimer et la soigner d’ici à un ou deux siècles. Bingo. Elle fut autorisée à rejoindre le cercle encore très fermé des cryonics. Trois cent cinquante personnes à travers le monde, croyant dur comme fer que la science ranimera un jour leur corps vitrifié et conservé dans de l’azote liquide à –196°C. Parmi elles, une majo-rité de «neuros», ainsi nom-més parce qu’ils ont choisi de cryogéniser seulement leur tête et donc leur cerveau, certains que leurs chances de revivre

    avec un corps qu’on leur gref-fera est beaucoup plus grande.

    A ce stade, vous pensez sans doute être en train de lire au mieux un roman de science-fiction et au pire un délire de journaliste. Eh bien pas du tout. Certes, à l’image du généticien franco-suisse André Langaney, spécialiste de l’évolution et de la génétique des populations, la cryogénie a ses détracteurs. «Ce n’est pas une science, mais une technique, une forme de momi-fication, comme Ramsès II en est l’exemple, en un peu mieux. Mais les chances de «résurrec-tion» ne sont pas supérieures à la sienne, donc égales à zéro», estime le professeur honoraire de l’Université de Genève. Reste que depuis que le professeur de physique américain Robert Ettinger a exposé La perspective de l’immortalité dans un livre, en 1962, l’idée de conserver un mort à très basse température et de le réveiller un jour a non seu-lement alimenté les fantasmes, mais aussi fait son chemin et ses adeptes. Ettinger repose lui-même, avec sa mère et ses deux épouses, au Cryonics Institute, dont il est le fondateur.

    2000 personnes en attenteLe premier être humain cryogé-nisé fut toutefois James Bedford, un professeur de psychologie américain, en 1967. Son corps

    est toujours conservé par la Fondation Alcor, en Arizona, première entreprise du genre sur la planète, rejointe dix ans plus tard par sa concurrente du Michigan, le Cryonics Ins-titute, puis par KrioRus, une société moscovite, en 2005. A ce jour, plus de 2000 personnes ont signé un contrat de cryo-génisation, qui sera honoré leur dernière heure venue. En l’envisageant publiquement, des célébrités telles que Simon Cowell, le producteur anglais de l’émission Britain’s Got Talent (et de sa version américaine), et l’intervieweur star de CNN Larry King ont également contribué à remettre la cryogénie au cœur de l’actualité. Sans oublier la découverte de Google X, le laboratoire du géant du Net, qui assure développer un concept de détection des maladies sus-ceptible de mesurer les chan-gements biochimiques annon-ciateurs de la maladie avant l’apparition de celle-ci. Une somme d’éléments qui poussent les gens à s’intéresser de plus près à la cryogénisation.

    De Shakespeare à RostandMais le chemin vers la résur-rection et la vie éternelle est semé d’embûches. Pour l’ins-tant, les seuls succès avérés concernent la réanimation

    d’un rein de lapin, de larves de mouches drosophiles et de certains parasites. «Mais qui ne tente rien n’a rien. De toute façon, si ça ne marche pas, on ne s’en rendra pas compte», confie Roland Missonnier, le pionnier français du procédé. «Arrêtez cette escroquerie», supplie André Langaney. «Si la technique marche très bien pour les ovocytes, les sperma-tozoïdes, des cellules sanguines et des embryons précoces, elle est impossible à appliquer à des vertébrés supérieurs. Je ne vois pas comment un prétendu antigel miracle peut se répandre dans le volume considérable d’un corps humain. Comment ce liquide pénétrerait la moelle osseuse, indispensable à la création des globules du sang. Et puis, comment ressusciter la mémoire qui est perdue à peine quelques minutes après la mort, lorsque les circuits de neurones arrêtent de fonctionner? C’est techniquement inimaginable», affirme le généticien français, en rappelant qu’après avoir passé un peu plus d’une heure dans une eau à 17°C, un corps humain nu et immobile ne donne plus aucun signe de vie. «Comme l’a si bien souligné Shakespeare, nous n’existons que par notre pensée», conclut André Lan-ganey, sûr de son fait. Comme

    l’était aussi le célèbre biolo-giste et écrivain français Jean Rostand, lorsqu’il délivra cette phrase qui fit le buzz en 1959:

    «Un jour, on verra les incurables et les vieillards aller se faire congeler. On les mettra dans des tiroirs avec des étiquettes:

    à réveiller quand on aura un remède contre le cancer, contre le vieillissement, et pourquoi pas contre la mort.»

    Comme 300 personnes avant elle, une adolescente britannique a récemment obtenu le droit de se faire cryogéniser après son décès. Bien que la technique de conservation des corps évolue, réveiller les morts n’est pas encore pour demain. Le point.

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    «Ce n’est pas une science, mais une technique, une forme de momification» André Langaney, professeur

    En 1959, «Sciences et Avenir» fait sa une sur la cryogénisation. A dr.: congélation en 1967 de James Bedford, le premier homme cryogénisé. Tout à dr.: portraits de patients cryogénisés, affichés au mur du Cryonics Institute, dans le Michigan.

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    Page suivante: La cryogénisation pour les nuls ▷

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  • 1 La cryogénisation, c’est quoi?Le procédé consiste à conserver un être humain, ou seulement son cerveau, en état de mort clinique dans de l’azote liquide à une température de -196 °C et ce dans l’optique de le rame-ner à la vie si un jour les progrès de la science le permettent.

    2 Comment ça marche?Selon la société américaine Alcor, le corps doit être placé dans un bain de glace sitôt après la mort. Le cœur doit continuer à battre artificiellement pour que le cerveau soit toujours irrigué, jusqu’à ce qu’une machine prenne le relais. L’eau et le sang doivent ensuite être remplacés par un liquide antigel. Puis le corps est refroidi en quelques heures avec l’azote, jusqu’à -125 °C. C’est le processus de vitrification. Après cela, dans les deux semaines qui suivent, la température atteint progressivement -196 °C. Le «stockage» est soigneuse-ment préparé afin d’éviter les risques de fissures.

    3 Comment sont conservés les corps?Danila Medvedev (lire interview en page 38) explique que les corps sont conservés dans des silos, qu’il compare à de gros thermos. Quelle que soit la température extérieure, celle de l’intérieur de l’appareil est stable. Le système ne reposant pas sur l’électricité, aucune panne intempestive ne peut venir de là.

    4 Pourquoi ne pas cryogéniser la personne vivante?Pour une question de procédé, explique Alcor. Les fluides corporels (sang, eau) doivent être remplacés par une substance cryoprotectrice, en l’occurrence un liquide synthétique agis-sant comme de l’antigel dans un moteur, afin d’empêcher la formation de cristaux de glace qui abîmeraient les cellules. Cette technique, appelée vitrification, est notamment utilisée pour la conservation des ovocytes et des spermatozoïdes. «La congélation avant le décès me semble en effet bien plus problématique, puisqu’elle pose par exemple la question de la limite du consentement et excéderait très certainement celles posées dans le

    cadre du suicide assisté. Le cas échéant, on se trouverait effectivement face à un «meurtre sur demande de la victime», spé-cifiquement réprimé par le code pénal», détaille Me Fanny Roulet, spécialiste du droit médical et de la santé de l’étude BRS Avocats, à Genève.

    5 Combien ça coûte?Cher. A partir de 30 000 francs auprès du Cryonics Institute, sans le transport du corps, précise la société basée dans le Michigan (USA), jusqu’à 200 000 francs chez Alcor (USA) et Krio-Rus (Russie). Chez Alcor, il faut débour-ser 80 000 francs pour conserver unique-ment votre cerveau alors que la même opération est facturée 12 000 francs par KrioRus. La concurrence n’épargne pas le secteur. Et on ne parle pas des «frais d’entretien» pendant les années ou les siècles de conservation.

    6 Combien de temps peut-on conserver les corps?Selon Alcor et KrioRus, il n’y a pas de limite, des millions d’années sans doute. Fondateur de la Société Cryonics de France, Roland Missonnier se montre sceptique. «D’après les cryobiologistes, un corps ne peut rester dans l’azote liquide que 11 000 ans environ.»

    7 Vieillit-on pendant que l’on est cryogénisé?Non, selon Danila Medvedev. Le procédé n’a pas d’autre effet sur le corps humain que de faire légèrement changer la couleur de la peau. Mais les réactions chimiques sont totalement arrêtées. Il n’y a plus de métabolisme et la composition des cellules ne change pas.

    8 Quels sont les droits de la per-sonne cryogénisée et les devoirs de l’entreprise?Sur son site, le Cryonics Institute indique que les personnes qui font appel à ses ser-vices doivent accepter le risque d’un échec. Pour répondre à la loi américaine, le patient fait don de son corps à la science afin que l’entreprise qui le conserve en acquière la propriété biologique. Idem chez KrioRus, où les patients sont liés à la société par un contrat d’expérimentation scientifique sur lequel l’entreprise spécifie qu’elle ne donne aucune garantie de succès.

    9 Quand pourra-t-on réveiller les cryogénisés?Si tant est qu’on puisse les réveiller un jour, est-il utile d’ajouter. Aucune certitude n’existe. Plus qu’une deadline, c’est un espoir, admet Roland Missonnier, prêt à prendre le pari qu’à l’horizon du XXIIIe siècle les laboratoires américains pourront ressus-citer les cryogénisés des années actuelles. De son côté, Alcor compare le procédé à un voyage dans l’espace, que l’on croyait impos-sible il n’y a pas si longtemps encore. Du côté des cryonics qui ne conservent que leur cerveau, ils se disent convaincus qu’au jour venu les progrès de la science permettront de leur greffer un nouveau corps.

    10 Et en Suisse?Pour Me Fanny Roulet, aucun cas de cryogénisation ne s’est présen-té à ce jour dans notre pays. «Il n’existe donc ni règlement ni jurisprudence en la matière. La loi stipule simplement qu’un cadavre doit être enterré ou incinéré de façon à protéger la santé publique. Disposer de son corps après son décès fait partie du droit de la personnalité. Ce droit appartient ensuite aux proches qui peuvent décider de procéder à une cryoconservation à condition que celle-ci n’aille pas à l’encontre de la volonté du défunt. Je pense que si un cas se présen-tait, il serait examiné par une commission d’éthique qui en tirerait une jurisprudence. Mais, au fond, rien, en l’état, n’interdit la cryoconservation. Tenter de ressusciter une personne n’est pas incompatible avec la dignité humaine.» C. R.

    LA CRYOGÉNISATION POUR LES NULSComment, combien, pourquoi, pour qui, pour quand… Dix questions pour décrypter la technique qui promet résurrection et immortalité.

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    Page suivante: L’interview du boss de KrioRus ▷

    Fanny Roulet Avocate spécialiste du droit médical et de la santé, Genève

    Roland Missonnier Fondateur de la Société Cryonics de France

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  • Texte CHRISTIAN RAPPAZ

    Dans une interview accordée à la chaîne de télévision Arte diffusée il y a deux ans, vous disiez vouloir installer en Suisse la partie technique de votre entreprise, basée dans les environs de Moscou. Où en est ce projet?Nous travaillons sur un projet européen dont la mise en œuvre se révèle plus com-plexe que de simples installations. Notre idée est de développer la capacité cryo-génique en Italie et d’installer en Suisse un centre de recherche sur les nanotech-nologies et la mise au point d’un logiciel de gestion des connaissances cognitives. Nous négocions actuellement avec des par-tenaires du canton de Vaud qui estiment qu’une implantation dans la banlieue de Lausanne serait idéale. On se rencontrera sur place en janvier, pour finaliser j’espère.

    Il y a deux ans, vous parliez d’effectuer en Suisse le traitement des corps avant leur cryogénisation, en Russie. Pourquoi avoir abandonné ce projet?Pour un certain nombre de raisons écono-miques et logistiques. Question de proxi-mité, ce centre sera finalement ouvert à Svalbard, un archipel norvégien proche du Groenland et de la Russie.

    Douze mille francs pour conserver son cerveau, 200 000 francs pour le corps entier, ce n’est pas donné…Le jour où la médecine considérera la cryogénisation comme un traitement médical et non comme une simple conser-vation, plus de gens y auront recours et les prix baisseront. Cela dit, cryogéniser son cerveau reste abordable. D’ailleurs, bon nombre de nos clients ne sont pas riches.

    Dans ces prix ne figurent pas les frais de conservation?

    Ce n’est pas ça qui coûte cher. Nous avons juste besoin de rajouter de l’azote liquide dans les silos une fois par mois. Les vrais coûts proviennent de la recherche et de l’adminis-tration. C’est le financement de ces postes qui explique la relative cherté du procédé.

    Vous cryogénisez également des ani-maux?Oui, depuis quelques années, il y a une forte demande de la part des maîtres, qui veulent pouvoir garder leur animal de compagnie. Chez KrioRus, nous avons des chiens, des chats, des oiseaux, un chin-chilla, une souris et quelques animaux exotiques.

    Pour le généticien français André Langaney, la cryogénisation d’un être humain dans le but de le réveiller ou plutôt de le ressusciter d’ici à un siècle ou deux est un leurre et donc une escro-querie…Et moi je peux vous citer plusieurs grands scientifiques américains qui qualifient cette technique de légitime et prometteuse. La réalité, c’est que des études démontrent que lorsque la cryogénisation est pratiquée comme il se doit par des professionnels qualifiés et des préparations appropriées, la preuve est forte que la structure du cerveau qui code la personnalité est préservée.

    Cofondateur de KrioRus, Danila Medvedev évoque l’ouverture prochaine en Suisse d’un centre de recherche lié à la cryogénisation.

    «Nous allons nous installer dans la région lausannoise»

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    LE BOSS DE KRIORUS Danila Medvedev devant les locaux de sa société, près de Moscou. Ci-dessous: un «patient» en préparation pour le silo de congélation.

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