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92 MARINE&OCÉANS N° 255 - AVRIL-MAI-JUIN 2017 93 MARINE&OCÉANS N° 255 - AVRIL-MAI-JUIN 2017 SOMMAIRE / SUMMARY 93 EDITORIAL « Ne confisquons pas les richesses de l’océan à nos enfants » "Let us not confiscate the wealth of the ocean from our children" Par / By S.E. BERNARD FAUTRIER 94 ENTRETIEN AVEC / INTERVIEW WITH PHILIPPE MONDIELLI « Monaco a été au cœur des océans le temps d’une semaine » "Monaco has been the centre of the seas for a week" Propos recueillis par / Interview by HENRI DE LESTAPIS 98 Le défi des espaces protégés The Challenge of Protected Areas Par / By SYLVAINE IZE 100 ENTRETIEN AVEC / INTERVIEW WITH FANNIE DUBOIS « Pelagos : il est nécessaire de poursuivre les efforts » "Pelagos: it is necessary to continue the efforts " Propos recueillis par / Interview by ERWAN STERENN PHOTO : S. AIROLDI. Editorial PAR / BY S.E. BERNARD FAUTRIER Ministre plénipotentiaire. Administrateur délégué de la Fondation Prince Albert II de Monaco. Minister Plenipotentiary. Vice President of the Prince Albert II of Monaco Foundation. La Principauté de Monaco a organisé la première edi- tion de la Monaco Ocean Week, du 30 mars au 4 avril 2017. L’événement créé à l’initiative de la Fondation Prince Al- bert II de Monaco et soutenu par le Gouvernement, le Musée océanographique, le Centre scientifique et le Yacht club de Monaco, s’est voulu interdisciplinaire et a rassem- blé, avec succès, acteurs locaux et internationaux au ser- vice d’une seule cause : la protection des océans. C’est une volonté du Prince Albert II de défendre cette cause avec toutes les forces qui s’y impliquent. Les océans produisent 50% de notre oxygène et ab- sorbent 25% de notre CO2. Ils abritent une biodiversité indispensable à la vie de l’humanité. Demain, c’est une grande part de notre énergie, de notre alimentation et de nos matières premières qui en sera issue. Les océans sont en souffrance, avec la pollution marine et le fléau des plas- tiques en mer, la poursuite de la surpêche, malgré l’effon- drement des stocks de poisons, et les écosystèmes côtiers degradés à travers le monde. La Monaco Ocean Week est arrivée à un moment clé où le sort des océans concerne de plus en plus l’ensemble de la communauté internationale. L’ONU a accueilli, du 5 au 9 juin, à New York, sa première conférence mondiale sur l’Océan en lien avec la question du climat et a soutenu, à cette occasion, sous la forme d’un «Appel à l’action», la mise en oeuvre de l’ODD 14 1 qui prévoit de “conserver et exploiter de manière durable les oceans, les mers et les res- sources marines aux fins du développement durable”. Autre rendez-vous incontournable, la conférence de haut niveau Our Ocean qui aura lieu du 5 au 6 octobre 2017, à Malte, au coeur de la Méditerrannée. Nous y atten- dons l’annonce d’actions concrètes de la part des gouver- nements et des ONGs, mais également du secteur privé, autour d’une croissance bleue durable, y compris via de nouvelles sources d’énergies marines. Ces rendez-vous sont cruciaux car ce sont bien nos ef- forts, d’aujourd’hui et de demain, qui détermineront si nos enfants auront la joie de connaître des mers et des océans sains riches des ressources qu’ils contenaient dans notre jeunesse. Ne leur confisquons pas ces richesses. « Ne confisquons pas les richesses de l’océan à nos enfants. » "Let us not confiscate the wealth of the ocean from our children." Avec la Fondation Prince Albert II de Monaco With the Prince Albert II of Monaco Foundation The Principality of Monaco organized the first edition of the Monaco Ocean Week, from 30 March to 4 April 2017. Created on the initiative of the Prince Albert II of Monaco Foundation and supported by the Government, the Oceanographic Museum, the Scientific Centre and the Yacht Club of Monaco, the event was designed to be inter- disciplinary and successfully brought together local and in- ternational stakeholders to serve one cause: the protection of the oceans. Prince Albert II is determined to support that cause with all the parties wishing to be involved. The oceans produce 50% of our oxygen and absorb 25% of our CO2. They are home to the biodiversity essential to the existence of humankind. Tomorrow, they will provide be a large part of our energy, our food and our raw mate- rials. The oceans are suffering from marine pollution and the plague of plastics at sea, the continuing overfishing, despite the collapse of poison stocks, and degraded coastal ecosystems all around the world. The Monaco Ocean Week came at a key moment when the fate of the oceans increasingly concerns the entire in- ternational community. The United Nations hosted its first world conference on the Ocean in New York from June 5 to 9, in connection with the climate issue, and supported the event in the form of a "Call to Action", the implemen- tation of UN sustainable development goal (SDG) 14 (1) to "conserve and sustainably use the oceans, seas and marine resources for sustainable development". Another key event is the high-level conference Our Ocean which will take place from 5 to 6 October 2017, in Malta, in the centre of the Mediterranean. We expect to have the announcement of concrete actions by govern- ments and NGOs, but also from the private sector, around sustainable blue growth, including through new sources of marine energy. These meetings are crucial because the efforts we make today and tomorrow will determine whether our children will experience the joy of having healthy seas and oceans rich in the resources they contained in our youth. Let us not confiscate that wealth from them. 1. L’ONU a fixé 17 objectifs de développement durable (ODD) à atteindre à l’horizon 2030 « pour éradiquer la pauvreté, protéger la planète et garantir la prospérité pour tous ». The UN has set 17 sustainable development goals (SDGs) to be achieved by 2030 "to eradicate poverty, protect the planet and ensure prosperity for all". THE MARINE & OCEANS ENVIRONMENT BOOKLET LE CAHIER ENVIRONNEMENT DE MARINE & OCÉANS PHOTO : FPA2.

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Page 1: TÊTIÈRE THE MARINE & OCEANS ENVIRONMENT ......92 MARINE&OCÉANS N 255 - AVRIL-MAI-JUIN 2017 93 MARINE&OCÉANS N 255 - AVRIL-MAI-JUIN 2017 TÊTIÈRE SOMMAIRE / SUMMARY 93 EDITORIAL

92MARINE&OCÉANS N° 255 - AVRIL-MAI-JUIN 2017

93MARINE&OCÉANS N° 255 - AVRIL-MAI-JUIN 2017

TÊTIÈRE

SOMMAIRE / SUMMARY

93 EDITORIAL « Ne confisquons pas les richesses de l’océan à nos enfants » "Let us not confiscate the wealth of the ocean from our children" Par / By S.E. BERNARD FAUTRIER

94 ENTRETIEN AVEC / INTERVIEW WITH PHILIPPE MONDIELLI « Monaco a été au cœur des océans le temps d’une semaine » "Monaco has been the centre of the seas for a week" Propos recueillis par / Interview by HENRI DE LESTAPIS

98 Le défi des espaces protégés The Challenge of Protected Areas Par / By SYLVAINE IZE

100 ENTRETIEN AVEC / INTERVIEW WITH FANNIE DUBOIS « Pelagos : il est nécessaire de poursuivre les efforts » "Pelagos: it is necessary to continue the efforts " Propos recueillis par / Interview by ERWAN STERENN

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Editorial PAR / BY S.E. BERNARD FAUTRIER

Ministre plénipotentiaire. Administrateur délégué de la Fondation Prince Albert II de Monaco.Minister Plenipotentiary. Vice President of the Prince Albert II of Monaco Foundation.

La Principauté de Monaco a organisé la première edi-tion de la Monaco Ocean Week, du 30 mars au 4 avril 2017. L’événement créé à l’initiative de la Fondation Prince Al-bert II de Monaco et soutenu par le Gouvernement, le Musée océanographique, le Centre scientifique et le Yacht club de Monaco, s’est voulu interdisciplinaire et a rassem-blé, avec succès, acteurs locaux et internationaux au ser-vice d’une seule cause : la protection des océans. C’est une volonté du Prince Albert II de défendre cette cause avec toutes les forces qui s’y impliquent.

Les océans produisent 50% de notre oxygène et ab-sorbent 25% de notre CO2. Ils abritent une biodiversité indispensable à la vie de l’humanité. Demain, c’est une grande part de notre énergie, de notre alimentation et de nos matières premières qui en sera issue. Les océans sont en souffrance, avec la pollution marine et le fléau des plas-tiques en mer, la poursuite de la surpêche, malgré l’effon-drement des stocks de poisons, et les écosystèmes côtiers degradés à travers le monde.

La Monaco Ocean Week est arrivée à un moment clé où le sort des océans concerne de plus en plus l’ensemble de la communauté internationale. L’ONU a accueilli, du 5 au 9 juin, à New York, sa première conférence mondiale sur l’Océan en lien avec la question du climat et a soutenu, à cette occasion, sous la forme d’un «Appel à l’action», la mise en oeuvre de l’ODD 141 qui prévoit de “conserver et exploiter de manière durable les oceans, les mers et les res-sources marines aux fins du développement durable”.

Autre rendez-vous incontournable, la conférence de haut niveau Our Ocean qui aura lieu du 5 au 6 octobre 2017, à Malte, au coeur de la Méditerrannée. Nous y atten-dons l’annonce d’actions concrètes de la part des gouver-nements et des ONGs, mais également du secteur privé, autour d’une croissance bleue durable, y compris via de nouvelles sources d’énergies marines.

Ces rendez-vous sont cruciaux car ce sont bien nos ef-forts, d’aujourd’hui et de demain, qui détermineront si nos enfants auront la joie de connaître des mers et des océans sains riches des ressources qu’ils contenaient dans notre jeunesse. Ne leur confisquons pas ces richesses.

« Ne confisquons pas les richesses de l’océan à nos enfants. »"Let us not confiscate the wealth of the ocean from our children."

Avec la Fondation Prince Albert II de MonacoWith the Prince Albert II of Monaco Foundation

The Principality of Monaco organized the first edition of the Monaco Ocean Week, from 30 March to 4 April 2017. Created on the initiative of the Prince Albert II of Monaco Foundation and supported by the Government, the Oceanographic Museum, the Scientific Centre and the Yacht Club of Monaco, the event was designed to be inter-disciplinary and successfully brought together local and in-ternational stakeholders to serve one cause: the protection of the oceans. Prince Albert II is determined to support that cause with all the parties wishing to be involved.

The oceans produce 50% of our oxygen and absorb 25% of our CO2. They are home to the biodiversity essential to the existence of humankind. Tomorrow, they will provide be a large part of our energy, our food and our raw mate-rials. The oceans are suffering from marine pollution and the plague of plastics at sea, the continuing overfishing, despite the collapse of poison stocks, and degraded coastal ecosystems all around the world.

The Monaco Ocean Week came at a key moment when the fate of the oceans increasingly concerns the entire in-ternational community. The United Nations hosted its first world conference on the Ocean in New York from June 5 to 9, in connection with the climate issue, and supported the event in the form of a "Call to Action", the implemen-tation of UN sustainable development goal (SDG) 14 (1) to "conserve and sustainably use the oceans, seas and marine resources for sustainable development".

Another key event is the high-level conference Our Ocean which will take place from 5 to 6 October 2017, in Malta, in the centre of the Mediterranean. We expect to have the announcement of concrete actions by govern-ments and NGOs, but also from the private sector, around sustainable blue growth, including through new sources of marine energy.

These meetings are crucial because the efforts we make today and tomorrow will determine whether our children will experience the joy of having healthy seas and oceans rich in the resources they contained in our youth. Let us not confiscate that wealth from them.

1. L’ONU a fixé 17 objectifs de développement durable (ODD) à atteindre à l’horizon 2030 « pour éradiquer la pauvreté, protéger la planète et garantir la prospérité pour tous ». The UN has set 17 sustainable development goals (SDGs) to be achieved by 2030 "to eradicate poverty, protect the planet and ensure prosperity for all".

THE MARINE & OCEANS ENVIRONMENT BOOKLETLE CAHIER ENVIRONNEMENT DE MARINE & OCÉANS

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Entretien avec / Interview withPhilippe MondielliConseiller scientifique de la Fondation Prince Albert IIScientific Advisor to the Prince Albert II Foundation

Propos recueillis par/Interview by HENRI DE LESTAPIS

« Monaco a été au cœur des océans le temps d’une semaine »

"Monaco has been the centre of the seas for a week"

Début avril avait lieu dans la Principauté la première édition de la Monaco Ocean Week. L’événement qui réunissait des acteurs monégasques et internationaux engagés dans la protection des océans, est appelé à devenir un rendez-vous ré-gulier. Philippe Mondielli était au cœur de son organisation. Explications.

The first edition of Monaco Ocean Week was held at the beginning of April. The event, which brought together stakeholders from Monaco and abroad involved in the protection of the oceans, is set to become a regular appointment. Philippe Mondielli was in charge of its organization. Details.

Quels ont été les moments forts de cette première édition ?S’agissant d’une première, chaque intervention consti-

tuait, en soi, un évènement. Toutefois, l’un des évé-nements majeurs a sans aucun doute été la signature historique de l’accord de siège de Pelagos en présence de Mme Ségolène Royal, alors ministre de l’environne-ment, et de son homologue italien, Gian Luca Galletti. Cet accord permet de renforcer la protection de ce sanc-tuaire maritime méditerranéen situé au large des côtes françaises, monégasques et italiennes. L’autre événement incontestable a été la huitième édition de la Monaco Blue Initiative qui, fort de sa réputation, a attiré plus d’une centaine de hautes personnalités qui ont échangé sur la question de la compatibilité entre aires marines protégées et activités économiques telle que l’aquaculture. Autre événement de cette Semaine, le lancement officiel des Explorations de Monaco, un projet original de recherche scientifique et de médiation au profit des océans.

La Semaine des océans a été l’occasion de présenter 11 projets pour lutter contre la pollution plastique en Méditer-ranée dans le cadre de «l’Appel à micro-initiatives» orga-nisé par BeMed. Pouvez-vous nous présenter quelques uns des plus emblématiques ?

BeMed est un projet développé à l’initiative de la Fondation Prince Albert II de Monaco, de Surfrider Foundation Europe, de la Fondation Tara Expéditions, de la Fondation Mava et de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Destiné à sensi-biliser les gouvernements et la société civile à la véri-table catastrophe écologique que constitue la pollution des océans par les déchets plastiques, le projet BeMed se traduit par des actions de terrain très concrètes. En Grèce, il a ainsi été décidé que l’ile de Skiathos serait totalement débarrassée de ses sacs plastiques par des actions de lobbying et par une sensibilisation accrue de la population. Skiathos doit devenir une île pilote et un exemple à suivre pour toutes les autres îles. En Tunisie, l’opération Plastistop va mobiliser des plongeurs qui accompagneront des jeunes pour aller repêcher des dé-chets plastiques lors de sorties sous-marines éducatives. Citons encore l’île de Chypre où plusieurs acteurs de l’industrie hôtelière se sont engagés à mener une opé-ration contre l’utilisation du plastique.

What were the highlights of this first edition?Being a first, each event was a highlight in itself.

However, one of the major events was undoubte-dly the historic signing of the Pelagos Sanctuary agreement in the presence of Ms Ségolène Royal, then French minister of the Environment, Energy and the Sea, and Mr. Gian Luca Galletti, her Italian counterpart. This agreement strengthens the pro-tection of this Mediterranean maritime sanctuary off the French, Monegasque and Italian coasts. Another indisputable highlight was the eighth edition of the Monaco Blue Initiative whose reputation attracted over a hundred high-ranking officials who exchanged views on the compatibility between marine protected areas and economic activities such as aquaculture. Another event of this week was the official launch of Monaco Explorations, a novel project for scientific re-search and mediation to benefit oceans.

Ocean Week was an opportunity to present 11 projects to combat plastic pollution in the Mediterranean as part of BeMed’s "Call for micro-initiatives". Can you describe some of the most emblematic projects?

BeMed is a project developed at the initiative of the Prince Albert II of Monaco Foundation, Sur-frider Foundation Europe, the Tara Expeditions Foundation, the Mava Foundation and the Interna-tional Union for Conservation of Nature (IUCN). The BeMed project, designed to raise awareness among governments and civil society about the genuine ecological disaster caused by the pollution of the oceans by plastic waste, has resulted in high tan-gible field actions. In Greece, it was decided that the island of Skiathos would be totally rid of its plastic bags by means of lobbying and increased public awareness. Skiathos must become a pilot island and an example to follow for every other island. In Tunisia, the Plastistop operation is designed to get divers to take action by accompanying young people to go and retrieve plastic waste during edu-cational underwater excursions. Another example is the island of Cyprus where several stakeholders in the hotel industry have undertaken to carry out an operation to ban the use of plastic.

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Quel était l’objectif de la Monaco Ocean Week et quel bilan en tirez-vous ?

Notre but était de faire de Monaco le point focal du monde des océans et un lieu privilégié pour parler de ses problématiques. Il y a ici beaucoup d’organismes qui travaillent sur le sujet : Le Gouvernement Princier, la Fondation Prince Albert II, le Centre scientifique de Monaco, le Yacht club de Monaco, l’Institut océanogra-phique et de nombreuses organisations intergouverne-mentales installées sur le territoire monégasque. Notre challenge était de les faire se rencontrer et travailler ensemble, avec des partenaires internationaux, autour d’un projet commun. Le bilan est positif puisque nous y sommes parvenus : des synergies se sont, de fait, natu-rellement créées et le regroupement de tous ces acteurs de la mer a permis l’organisation de nombreux évène-ments. Monaco a été au cœur des océans le temps d’une semaine. Cette première édition nous a donc fait com-prendre combien il était important de concentrer une variété d’acteurs et d’évènements dans un même lieu.

What was the objective of Monaco Ocean Week and what is your assessment of the results?

Our goal was to make Monaco the focal point of the ocean protection community and a key venue to talk about the issues involved. A number of organi-zations in Monaco are working on this subject: The Government of the Principality, the Prince Albert II Foundation, the Monaco Science Centre, the Monaco Yacht Club, the Oceanographic Institute and nume-rous intergovernmental organizations based in Mo-naco. Our challenge was to get them to meet and work together, with international partners, around a common project. The results are positive, since we have succeeded in naturally creating synergies, and by regrouping all these stakeholders in the sea we were able to organize a large number of events. Mo-naco has been the centre of the seas for a week. This first edition made us realize how important it was to concentrate a wide range of stakeholders and events in the same place.

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La huitième édition de la Monaco Blue Initiative a attiré plus d’une centaine de hautes personnalités. The eighth edition of the Monaco Blue Initiative attracted over a hundred high-ranking officials.

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là encore, de montrer que ces espaces protégés fonc-tionnent et qu’ils génèrent un cercle vertueux pour l’en-semble du milieu maritime, naturel et économique.

Les moyens dédiés à une meilleure connaissance et protec-tion des mers et des océans évoluent-ils ?

Ils ont considérablement évolué. Aujourd’hui, il existe toujours des expéditions scientifiques néces-sitant des ressources humaines en mer mais une part importante de la recherche s’effectue désormais depuis la terre grâce, par exemple, à des sondes Argo (lire article page 102). Le public a pu découvrir ces sondes lors de cette Semaine des océans. Jetées à la mer, elles sont autonomes, suivent les courants entre 2OOO mètres de profondeur et la surface et envoient les para-mètres qu’elles enregistrent, directement sur les bases de données des chercheurs installés dans leur bureau. Elles permettent de comprendre le fonctionnement des océans et leur influence directe sur le climat.

La Monaco Ocean Week est-elle appelée à devenir un ren-dez-vous régulier à Monaco ?

Oui, sans aucun doute ! Nous souhaitons réellement que cet évènement s’inscrive dans la durée, se déve-loppe et devienne LE rendez-vous annuel de tous les acteurs des océans.

geographical areas. In the huge Pacific Ocean, it is not difficult to reach 30%, while in the Mediterranean we can just reach 7% including the nature 2000 areas given that the Pelagos sanctuary alone represents 3.5%! More than ever, it is necessary to support the actions of countries wishing to establish these protec-ted areas, on the one hand by giving them access to the appropriate financial networks - I am thinking of the fiduciary fund for the Mediterranean marine pro-tected areas (MPA) that Monaco, France and Tunisia are developing - and on the other hand, by making them understand that MPAs are not fallowed areas - or only partially - but areas in which each activity is managed. Fishermen are in favour of these protected areas because they have found a greater concentra-tion of fish in and around them. Today, they are the people who are asking for MPAs to be created. The subject is so important that MPAs were, I should like to recall, central to the debates of the eighth edition of the Monaco Blue Initiative which was held during Ocean Week. The exchanges highlighted innovative models of multi-trophic aquaculture integrated or close to MPAs: an extremely flexible type of aqua-culture that allows the selection of appropriate and complementary species depending on the specific features of the MPA. In so doing, aquaculture can be-comes an ally in sustainable development. The aim, again, was to show that these protected areas work and that they create a virtuous circle for the whole of the maritime, economic and natural environment.

Are the means devoted to improving our knowledge and protection of the seas and oceans evolving?

They have developed considerably. Today, scienti-fic expeditions still require human resources at sea, but a large part of the research is now carried out from land thanks, for example, to Argo probes (see article page 102). The public was able to learn more about these probes during Ocean Week. They are self-propelled, follow the currents at depths ranging from the surface of the sea to 2,000 meters down, and send the parameters they record directly to the databases of the researchers installed in their offices. They enable us to understand more about the ope-ration of the oceans and their direct influence on the climate.

Is Monaco Ocean Week destined to become a regular ap-pointment in Monaco?

Without doubt! We sincerely hope the event becomes a lasting success, as it develops into an annual rendezvous for all the stakeholders in the oceans.

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Que doit-on retenir, à l’issue de cette semaine de rencontres et d’interventions, de la situation de la Méditerranée, mer quasi fermée où - comme l’a rappelé le Prince Albert II de Monaco -, 60 % des eaux urbaines sont encore rejetées sans traitement préalable, où la pollution plastique est de plus en plus visible et où la biodiversité est toujours menacée ?

Aujourd’hui, si les technologies de traitement des eaux urbaines existent – et elles sont très efficientes dans les grandes villes côtières de la rive nord par exemple -, la problématique de la pollution marine peut et doit d’abord être abordée au niveau des comportements. Nous partageons la Méditerranée avec des pays qui n’ont pas nécessairement la même culture, les mêmes moyens ou les mêmes préoccupations. Notre rôle est donc de sensibiliser même si nous savons que tout ne changera pas du jour au lendemain et que ce processus prendra beaucoup de temps. Mais nous sommes op-timistes à l’instar de ce qui se passe pour la pollution plastique : les ONG de tous les pays méditerranéens et les industriels du plastique ont parfaitement conscience du drame qu’elle représente et souhaitent tous avancer dans la même direction : fermer le robinet de cette pol-lution. C’est ce à quoi s’attache le projet BeMed.

Les Aires marines protégées ont constitué un thème im-portant de cette Semaine des océans. Quel message faut-il retenir sur ce sujet et où en est-on des objectifs fixés par la communauté internationale ?

L’objectif 11 d’Aichi1 engage les États à créer 10 % d’aires marines protégées d’ici 2020. En réalité, ce pourcentage n’a pas la même signification suivant l’aire géographique. Dans l’immense Pacifique, il n’est pas dif-ficile d’atteindre les 30 % alors qu’en Méditerranée on dépasse difficilement les 7 % en comptant les zones na-tura 2000 sachant que le sanctuaire Pelagos représente à lui seul 3,5 % ! Il faut, plus que jamais, soutenir les actions des pays qui souhaitent établir ces zones pro-tégées : d’une part en leur donnant accès aux réseaux financiers idoines - je pense au fond fiduciaire pour les AMP de Méditerranée que Monaco, la France et la Tu-nisie sont en train de développer -, et d’autre part, en leur faisant comprendre que ces AMP ne sont pas des zones en jachères - ou alors seulement partiellement -, mais des zones où l’activité est gérée. Les pêcheurs, eux-mêmes, sont favorables à ces zones protégées puisqu’ils ont constaté une plus grande concentration de poissons à leurs abords. Aujourd’hui, ce sont eux qui les récla-ment. Le sujet est si important que les AMP étaient, je le rappelle, au cœur des débats de la huitième édition de la Monaco Blue Initiative qui s’est tenue pendant cette Se-maine des océans. Les échanges ont permis de mettre en valeur des modèles innovants d’aquaculture multi-tro-phique intégrée ou à proximité d’AMP : un type d’aqua-culture extrêmement flexible qui permet de choisir des espèces appropriées et complémentaires en fonction des particularités de l’AMP. L’aquaculture devient ainsi une alliée du développement durable. L’objectif était bien,

At the end of this week of meetings and talks, what should be remembered about the situation of the Mediterranean, a virtually closed sea, where - as Prince Albert II of Monaco reminded us - 60% of urban wastewater is still released wit-hout prior treatment, where plastic pollution is increasingly visible and biodiversity is still threatened?

Today, if urban wastewater treatment technologies exist - and they are very efficient in large coastal ci-ties on the north shore, for example - the problem of marine pollution can and must be tackled in terms of behaviour. We share the Mediterranean with coun-tries that do not necessarily have the same culture, the same means or the same concerns. Our role, the-refore, is to raise their awareness even if we know that nothing will change overnight and that the pro-cess will take a long time. But we are optimistic about what is happening for plastic pollution: plastic manu-facturers are well aware of the catastrophe that they are creating and NGOs from all of the Mediterranean countries all want to move in the same direction: shut off the source of the pollution. That is what the BeMed project is all about.

Marine Protected Areas were an important theme in this first edition of Monaco Ocean Week. What particular mes-sage should we remember about the subject, and to what extent have the objectives set by the international com-munity been met?

Aichi Target 111 calls on States to create 10% of marine protected areas by 2020. But that this percen-tage does not have the same meaning in different

1. Les Objectifs d’Aichi (en référence à la Préfecture d’Aichi au Japon), au nombre de vingt, constituent le nouveau «Plan stratégique pour la diversité biologique 2011-2020» pour la planète, adopté par les Parties à la Convention sur la diversité biologique (CDB) qui s’est tenue en octobre 2010, à Nagoya, au Japon.

The twenty Aichi Targets (in reference to the Aichi Prefecture in Japan) constitute the new «Strategic Plan for Biological Diversity 2011-2020» for the planet, adopted by the Parties to the Convention on Biological Diversity (CBD) held in Nagoya, Japan in October 2010.

En savoir + / To know more: www.monacooceanweek.org

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Biologiste marine de renom, ancienne ministre de l’environnement de Colombie, Présidente de la Fondation Malpelo, Sandra Bessudo est l’une des nombreuses personnalités à être intervenue lors de la Monaco Ocean Week. A recognized marine biologist, former Environment Minister for Colombia, President of the Malpelo Foundation, Sandra Bessudo is one of the many personalities who attended the Monaco Ocean Week.

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Le défi des espaces protégésThe Challenge of Protected Areas

Le Manifeste de Monaco pour les océans, signés début avril dans la Prin-cipauté lors de la Semaine des océans, appelle notamment au développement des aires marines protégées dont les bé-néfices ont été mis en évidence par les scientifiques. Explications.

The Monaco Manifesto for the Ocean, signed in early April in the Principality during Monaco Ocean Week, calls in particular for the development of ma-rine protected areas whose benefits have been highlighted by scientists. Details.

En Méditerranée française, 75 aires marines protégées couvrent différents écosystèmes : zones sableuses, ré-cifs profonds, prairies sous-marines, grottes, canyons sous-marins ou encore espaces nécessaires aux espèces marines, telles que les tortues, les dauphins ou les cacha-lots. Parmi ces écosystèmes, l’herbier de posidonies est reconnu comme majeur, de part ses multiples fonctions, tant pour la biodiversité (zone de frayère, de nurserie, de nourrissage) que pour la protection du littoral (atténua-teur de houle) ou encore la lutte contre les changements climatiques (puits de carbone).Ces écosystèmes sont soumis à de multiples agressions, relevant autant des changements globaux que de l’impact direct des activités humaines. Les aménagements litto-raux, le trafic maritime, la pollution, la sur-fréquentation, etc., sont autant de facteurs à maîtriser pour permettre au milieu marin de conserver sa qualité, qui fait son attrait.La semaine des océans à Monaco a été l’occasion de par-tager les expériences et de mettre en valeur le rôle des aires marines protégées, par exemple comme sites d’in-novation pour la gestion des mouillages, problématique majeure pour l’espace marin méditerranéen.Le Manifeste de Monaco pour les océans, signé à l’issue de cet évènement par S.A.S le Prince Albert II de Mo-naco, Mme Ségolène Royal, alors Ministre Français de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer, et M. Gian Luca Galletti, Ministre Italien de l’Environnement de la Préservation du Territoire et de la Mer, rappelle le rôle déterminant de l’Océan dans les équilibres climatiques et météorologiques, mais également pour la vie quo-tidienne de l’ensemble des habitants de la planète. Ce manifeste responsabilise l’ensemble des acteurs, des or-ganisations internationales aux citoyens, pour la préser-vation de l’Océan, et appelle notamment à la poursuite du développement des aires marines protégées.

In the French Mediterranean, 75 marine protected areas cover different ecosystems, including sandy areas, deep reefs, seagrass meadows, caves, underwa-ter canyons or spaces needed for marine species such as turtles, dolphins or sperm whales. Among these ecosystems, the posidonia bed is recognized as major, because of its multiple functions, both for biodiversity (as a spawning area, nursery, and feeding ground) as well as for coastal protection (wave attenuator) and cli-mate protection (carbon sinks).These ecosystems are subject to multiple aggres-sions, related both to global changes and to the direct impact of human activities. Coastal development, maritime traffic, pollution, excessive frequentation, etc., all have to be controlled in order to keep the ma-rine environment intact.Monaco Ocean Week provided an opportunity to share experiences and highlight the role of marine protected areas, for example as innovative sites for anchorage management, a major issue for the Medi-terranean Sea area.The Monaco Manifesto for the Ocean, signed at the end of the event by HSH Prince Albert II of Monaco, Ms. Sé-golène Royal, then French minister of the Environment, Energy and the Sea, and Mr. Gian Luca Galletti, Italian Minister of the Environment and the Protection of the Territory and the Sea, recalled the decisive role of the Ocean in the climatic and meteorological equilibria but also for the daily life of all the inhabitants of the planet. The manifesto empowers all stakeholders, from inter-national organizations to citizens, to help preserve the ocean, and calls in particular for the further develop-ment of marine protected areas.

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Dans le monde, près de 3,7% de la surface des océans est couverte par une aire marine protégée. En France (métropole et outre mer) ce chiffre dépasse 22% (soit plus de 2 millions de km²). La Méditerranée est quant à elle reconnue comme un hotspot de biodiversité : elle regroupe, sur moins d’1% de la superficie des océans mondiale, plus de 7 à 9% de la biodiversité mondiale. Aujourd’hui, le réseau d’aires marines protégées couvre plus de 7% de la superficie de la mer Méditerranée, chiffre qui dépasse 45% pour la seule partie française.Cependant, l’enjeu relève aujourd’hui non seulement d’atteindre les objectifs internationaux en terme de surfaces couvertes, soit 10% de couverture à l’horizon 2020 (nations unies, convention sur la diversité biolo-gique), mais surtout de donner à ces espaces protégés les moyens, humains et financiers, d’être gérés afin d’at-teindre les objectifs fixés.En France, l’Agence française pour la biodiversité, créée en janvier 2017 (et incluant notamment l’an-cienne Agence des aires marines protégées), a pour mission d’accompagner la création et la gestion d’un réseau d’aires marines protégées représentatif des éco-systèmes en présence et bien géré. Quinze catégories d’aires marines protégées sont listées, dont les parcs nationaux, les réserves naturelles marines, les parcs na-turels marins ou encore les sites Natura 2000.

Worldwide, about 3.7% of the oceans are covered by a protected marine area. In France (metropolitan France and its overseas territories) this figure exceeds 22% (i.e. more than 2 million km²). The Mediterranean is recognized as a biodiversity hotspot: on less than 1% of the surface area of oceans worldwide, it repre-sents more than 7 to 9% of the world’s biodiversity. Today, the network of marine protected areas covers more than 7% of the surface of the Mediterranean Sea, a figure that exceeds 45% for the French part alone.However, the challenge today is not only to meet inter-national targets in terms of areas covered, i.e. a cove-rage of 10% by 2020 (United Nations, Convention on Biological Diversity), but above all to give the protec-ted areas the human and financial means so that they can be managed in order to achieve the objectives that have been set.In France, the French Agency for Biodiversity, created in January 2017 (notably including the former Agency for Marine Protected Areas), is responsible for supporting the creation and proper management of a network of marine protected areas representa-tive of the ecosystems involved. Fifteen categories of marine protected areas are listed, including national parks, marine nature reserves, marine natural parks and Natura 2000 sites.

L’enjeu est ambitieux : les aires marines protégées doivent

couvrir 10 % de la superficie des océans à l’horizon 2020.

The challenge is ambitious: to have marine protected areas cover 10%

of the oceans by 2020. PHO

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LE CAHIER ENVIRONNEMENT DE MARINE & OCÉANSTHE MARINE & OCEANS ENVIRONMENT BOOKLET

Par / By SYLVAINE IZE

Chargée de mission - Antenne Méditerranée de l’Agence française pour la biodiversitéPolicy Officer - Mediterranean branch of the French Agency for Biodiversity

En savoir + / To know more: www.aires-marines.fr

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Quelles conséquences revêt le transfert du Secrétariat per-manent de Pelagos à Monaco ?

L’accord de siège signé le 3 avril dernier reconnaît au Secrétariat permanent une personnalité juridique adap-tée aux activités de l’Accord en lui assurant notamment une certaine indépendance vis-à-vis du pays hôte. Il lui permet également de se rapprocher des autres organi-sations intergouvernementales basées à Monaco afin d’assurer une meilleure coopération des pays en terme de protection de l’environnement marin. Le Secrétariat est désormais une structure pérenne animée par une équipe internationale.

En quoi consiste précisément cet Accord Pelagos et com-ment fonctionne-t-il ?

Il a pour objectif de protéger tous les mammifères marins du sanctuaire, ainsi que leurs habitats, des im-pacts négatifs des activités humaines, telles que la pollu-tion, les nuisances sonores, les collisions entre les navires et les grands cétacés, les interactions avec les acticités de pêche, les dérangements dus aux activités d’observa-tion pratiquées de façon non respectueuse, etc. Le sanc-tuaire est géré par les gouvernements français, italien et monégasque, avec la coordination du Secrétariat et les conseils du Comité scientifique et technique. Chaque pays à l’Accord est compétent pour en assurer les dis-positions sur son propre territoire. Son fonctionnement est financé par des contributions versées par les pays au

What are the consequences of the transfer of the Permanent Secretariat from Pelagos to Monaco?

The Sanctuary Agreement signed on 3 April 2006 recognized the Permanent Secretariat as a legal en-tity suitable for the activities of the Agreement, in particular by ensuring a certain independence with respect to the host country. It also allows it to create closer ties with other intergovernmental organiza-tions based in Monaco in order to ensure better coo-peration between countries in terms of protecting the marine environment. The Secretariat is now a perma-nent structure led by an international team.

What exactly is the Pelagos Agreement and how does it work?

Its objective is to protect all marine mammals in the sanctuary and their habitats from the negative impacts of human activities such as pollution, noise pollution, collisions between ships and large ceta-ceans, interactions with fishing, disturbances due to observation activities carried out in a non-respec-tful manner, etc. The sanctuary is managed by the French, Italian and Monegasque governments, with the coordination of the Secretariat and the advice of the Scientific and Technical Committee. Each signa-tory country to the Agreement has authority to en-force the provisions of the Agreement within its own territory. Its operation is financed by contributions

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Quelles avancées y a-t-il eu pour Pelagos lors de la Semaine des océans or-ganisée à Monaco début avril ?

A l’occasion, cette année, des quinze ans de l’entrée en vigueur de l’Accord Pelagos, les pays signataires ont adopté plusieurs ré-solutions visant à ren-forcer sa gouvernance. Sur le plan budgétaire, la contribution moné-gasque a été réhaussée au même niveau que celle des autres pays membres ; la présidence du Comité scien-tifique et technique, initialement monégasque, est dé-sormais tournante entre les pays (elle est actuellement assurée par l’Italie) ; le Secrétariat permanent de l’Ac-cord et plus particulièrement son siège, a été transféré à Monaco, et son équipe, initialement française, est désormais ouverte aux citoyens des pays membres de l’Accord et des autres pays membres de la Commu-nauté européenne.

What progress did Pela-gos achieve in the Ocean Week organized in Mo-naco at the beginning of April?

This year, fifteen years after the entry into force of the Pelagos Agreement, the signa-tory countries adop-ted several resolutions aimed at strengthening its governance. On the budgetary level, the contribution from Mo-

naco was raised to the same level as that of the other member countries; the presidency of the Scientific and Technical Committee, initially held by Monaco, now rotates between signatory countries (currently Italy); the Permanent Secretariat of the Agreement, and in particular its headquarters, have been transfer-red to Monaco, and its team, initially French, is now open to citizens of signatory countries to the Agree-ment and other member countries of the European Community.

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Entretien avec / Interview withFannie Dubois

Secrétaire exécutif de l’Accord PelagosExecutive Secretary of the Pelagos Agreement

Propos recueillis par / Interview by ERWAN STERENN

PELAGOS« Il est nécessaire de poursuivre

les efforts »"It is necessary to continue the efforts"

En 2002, la France, l’Italie et Monaco signaient l’Accord Pelagos validant la création, en Méditerranée, d’un sanc-tuaire pour les mammifères marins. Quinze ans plus tard quel bilan peut-on en tirer ? Réponses.

France, Italy and Monaco signed the Pe-lagos Agreement, approving the crea-tion of a sanctuary for marine mammals in the Mediterranean in 2002. What is the situation fifteen years later? Answers.

Signature de l’accord de siège Pelagos, le 4 avril 2017, à Monaco. A droite, Fannie Dubois, Secrétaire exécutif de l’Accord Pelagos.

Signature of the «Pelagos Headquarters Agreement» on 4 April 2017, in Monaco. On the right, Fannie Dubois, Executive Secretary of the Pelagos Agreement.

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Secrétariat, tandis que les activités de recherche sont financées sur des fonds nationaux, à la discrétion des pays. Suivant la disponibilité des fonds internationaux, des activités complémentaires peuvent également être financées.

Comment les diverses activités maritimes (transport, pêche, plaisance...) s’accommodent-elles de ce sanctuaire ?

Le sanctuaire représente un vaste espace maritime de 87 500 km2 qui abrite huit principales espèces de mam-mifères marins et au sein duquel de nombreuses acti-vités humaines se développent : travaux, prospections, transport, observation des baleines, activités militaires, recherche, etc. Concilier ces activités avec la protection des mammifères marins est un véritable challenge qui exige constamment d’impliquer et de sensibiliser les acteurs du milieu marin avant de mettre en place des mesures contraignantes. Ces acteurs sont de plus en plus conscients de leur intérêt à protéger ces espèces.

Quel bilan peut-on faire depuis sa création et quelles sont les perspectives ?

Le sanctuaire est reconnu en tant qu’Aire Spécialement Protégée d’Importance Méditerranéenne et représente, en Méditerranée, la plus grande aire marine protégée et la seule aire marine protégée internationale dédiée à la protection des mammifères marins. Depuis sa création, les captures accidentelles ne représentent plus de me-naces pour les dauphins. Toutefois, les pays demeurent conscients de la nécessité de poursuivre leurs efforts et leur coopération pour réduire les menaces pesant sur les mammifères marins. A cet effet, trois appels à projet in-ternationaux seront lancés par le Secrétariat permanent au cours de l’été.

from signatory countries to the Secretariat, while its research activities are financed from national funds at the discretion of the countries. Depending on the availability of international funds, complementary ac-tivities can also be financed.

How do the various maritime activities (transport, fishing, yachting, etc.) adapt to the sanctuary?

The sanctuary represents a vast sea zone of 87,500 km2 which harbours eight major marine mammal species, in which there is a wide range of human ac-tivities, including work, prospecting, transport, whale watching, naval activities, research, etc. Reconciling these activities with the protection of marine mam-mals is a real challenge that requires constantly in-volving and raising the awareness of stakeholders in the marine environment before introducing coercive measures. The stakeholders involved are increasingly aware of their own interest in protecting these species.

What is your assessment of the Agreement’s results since its creation and what are the prospects for the future?

The sanctuary is recognized as a «Specially Pro-tected Area of pan-Mediterranean Importance”; it represents the largest marine protected area in the Mediterranean and is the only international marine protected area devoted to the protection of marine mammals. Since its inception, accidental catching is no longer a threat for dolphins. However, the signa-tory countries remain aware of the need to continue their efforts and cooperation to reduce the threats to marine mammals. With this purpose in mind, three international calls for projects will be launched by the Permanent Secretariat during the summer.

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NI. Le sanctuaire Pelagos, 87 500 km2, abrite huit

principales espèces de mammifères marins.The sanctuary Pelagos, 87,500 km2, harbours eight major marine mammal species.

En savoir + / To know more: www.sanctuaire-pelagos.org

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