Étude comparée de la croissance osseuse diaphysaire du

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HAL Id: hal-00899621 https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00899621 Submitted on 1 Jan 1993 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Étude comparée de la croissance osseuse diaphysaire du tibia entre 3 et 12 semaines dans 2 souches de dindes : aspects histologiques et histomorphométriques M Wyers, Y Cherel, G Plassiart, É Chabeauti, V Mariau, B Fernandez, C Guéreaud, L Guigand To cite this version: M Wyers, Y Cherel, G Plassiart, É Chabeauti, V Mariau, et al.. Étude comparée de la croissance osseuse diaphysaire du tibia entre 3 et 12 semaines dans 2 souches de dindes : aspects histologiques et histomorphométriques. Reproduction Nutrition Development, EDP Sciences, 1993, 33 (6), pp.511-530. hal-00899621

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Page 1: Étude comparée de la croissance osseuse diaphysaire du

HAL Id: hal-00899621https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00899621

Submitted on 1 Jan 1993

HAL is a multi-disciplinary open accessarchive for the deposit and dissemination of sci-entific research documents, whether they are pub-lished or not. The documents may come fromteaching and research institutions in France orabroad, or from public or private research centers.

L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, estdestinée au dépôt et à la diffusion de documentsscientifiques de niveau recherche, publiés ou non,émanant des établissements d’enseignement et derecherche français ou étrangers, des laboratoirespublics ou privés.

Étude comparée de la croissance osseuse diaphysaire dutibia entre 3 et 12 semaines dans 2 souches de dindes :

aspects histologiques et histomorphométriquesM Wyers, Y Cherel, G Plassiart, É Chabeauti, V Mariau, B Fernandez, C

Guéreaud, L Guigand

To cite this version:M Wyers, Y Cherel, G Plassiart, É Chabeauti, V Mariau, et al.. Étude comparée de la croissanceosseuse diaphysaire du tibia entre 3 et 12 semaines dans 2 souches de dindes : aspects histologiques ethistomorphométriques. Reproduction Nutrition Development, EDP Sciences, 1993, 33 (6), pp.511-530.�hal-00899621�

Page 2: Étude comparée de la croissance osseuse diaphysaire du

Article original

Étude comparée de la croissance osseusediaphysaire du tibia entre 3 et 12 semaines

dans 2 souches de dindes :

aspects histologiques et histomorphométriques

M Wyers, Y Cherel, G Plassiart, É Chabeauti, V Mariau,B Fernandez, C Guéreaud, L Guigand

École nationale vétérinaire, laboratoire d’anatomie pathologique, Unité associée INRA :«Système locomoteur de la dinde», CP 3013, F 44087 Nantes cedex 03, France

(Reçu le 7 décembre 1992 ; accepté le 17 août 1993)

Résumé ― La croissance en épaisseur de la diaphyse tibiale a été comparée chez les mâles de 2souches de dindes, âgés de 3 à 12 semaines, une souche légère de type fermier et une souchelourde de sélection. La croissance en épaisseur est beaucoup plus rapide et plus intense chez lesdindes de souche lourde, chez qui la forme ovoïde de la diaphyse révèle l’action de fortescontraintes mécaniques. En revanche le pourcentage d’os cortical élaboré demeure le même, dansles 2 souches, dès la 3e semaine. Durant toute la période étudiée, la souche légère montre des va-riations plus fréquentes de la vitesse d’apposition osseuse ainsi que des phénomènes de remode-lage endostéal plus précoces et plus étendus. La comparaison des paramètres de croissance dia-physaire chez les animaux des 2 souches de poids comparable montre que la plupart desparamètres sont, à poids égal, supérieurs chez les dindons de souche lourde.

tibio-tarse / diaphyse / croissance 1 dindon / histologie / histomorphométrie

Summary ― Comparative histological and histomorphometrical studies of the tibial diaphy-seal growth in 2 turkey strains between the 3rd and the 12th weeks of age . The comparativecortical growth of the tibiotarsus was studied in 2 turkey strains, one light, one heavy, between 3 and12 weeks of age, using histological and histomorphometrical methods. The growth in thickness start-ed earlier and was much faster and larger in the heavier turkey strain. The early ovoid shape of thecortex of the heavier strain and the difference between the thickness of the narrow and the thick cor-tical faces seemed to be related to the action of strong mechanical strains. Nevertheless the diaphy-seal cortical ratio remained not significantly different in the 2 strains from the age of 3 weeks. Thelight strain exhibited during all the studied periods indicated a more variable mineral apposition rateand earlier and more extensive bone remodelling phenomena. Most of the growth in thickness pa-rameters were significantly higher in the heavier strain when turkeys of the 2 strains were comparedat an equivalent weight.

tibiotarsus / diaphysis lgrowth / turkey / histology / histomorphometry

Page 3: Étude comparée de la croissance osseuse diaphysaire du

INTRODUCTION

Les troubles locomoteurs représententchez la dinde en croissance un problèmefréquent et grave (Sanger et al, 1974;Wise, 1975 ; Riddell, 1975, 1981). Leurétiologie et leur pathogénie demeurent ac-tuellement encore mal comprises, en re-

vanche leur expression clinique com-

mence à être mieux connue (Cherel et al,1991 a).

En quelques dizaines d’années, la sé-

lection génétique a permis d’obtenir dessouches de dinde extrêmement différentestant sur le plan du poids que de la vitessede croissance, permettant de distinguernotamment des souches dites

«fermières», d’un poids moyen d’environ7 kg chez le mâle adulte de 32-33 se-

maines et des souches «lourdes», utili-

sées à des fins de sélection où le poidsdes mâles adultes atteint couramment

30 kg. Chez ces derniers, 20 à 30% desanimaux sont éliminés au cours de leur

période de croissance du fait de l’appari-tion de troubles locomoteurs (Sté Bétina,communication personnelle).

Les troubles locomoteurs existent éga-lement fréquemment chez les dindons

mâles de souches commerciales «médiumalourdies» où ils s’expriment habituelle-

ment vers l’âge de 10-12 semaines (Che-rel et al, 1991 a).

Les différences morphologiques et clini-ques constatées entre les souches de

dinde ont conduit à entreprendre l’étude

comparée de la croissance de l’appareil lo-comoteur d’une souche fermière et d’une

souche lourde de sélection afin de recher-

cher des facteurs susceptibles d’expliquerou de favoriser l’apparition des troubles lo-comoteurs dans les souches les pluslourdes (Abourachid, 1990).

Une étude histologique générale de lacroissance du tibia (Leblanc et al, 1986) amontré des différences à certains âges

entre les 2 souches aussi bien de la crois-

sance en longueur que de la croissance enépaisseur de l’os. Une étude plus récente(Wyers et al, 1993) a confirmé que la crois-sance diaphysaire était plus précoce et

plus rapide chez les jeunes animaux de lasouche lourde, bien que le pourcentage desurface corticale par rapport à la surface

diaphysaire totale demeure comparabledans les 2 souches.

La présente étude complète et préciseles 2 observations précédentes. Elle envi-sage dans les 2 mêmes souches de dindeles caractères histologiques qualitatifs et

quantitatifs de la croissance diaphysairedu tibia entre 3 et 12 semaines.

MATÉRIEL ET MÉTHODES

Animaux

Les animaux sont des dindons mâles, clinique-ment normaux, appartenant aux 2 souches utili-sées au cours des études précédentes (Leblancet al, 1986 ; Wyers et al, 1993) et fournis par lasociété Bétina Sélection (56250 Elven) :- une souche légère de type souche «fermière»commercialisée sous l’appellation de «dinde deNoël» ;- une souche «lourde» utilisée en sélection.

Les animaux ont été élevés dans des condi-

tions standard et ont reçu ad libitum un aliment

conçu et fabriqué par la société Guyomarc’h(Vannes, Morbihan). La composition de l’alimenta été publiée précédemment (Leblanc et al,1986).

Huit lots de 15 animaux âgés respectivementde 3, 5, 6, 7, 8, 9, 10, et 12 semaines ont étéchoisis dans les 2 souches.

Afin d’étudier par observation en fluores-

cence, différents paramètres de la croissance

osseuse, chaque dindon a reçu, par voie intra-péritonéale, 2 injections d’un fluorochrome :

l’oxytétracycline (Terramycine ND Pfizer) à unesemaine d’intervalle à la dose de 30 mg par kgde poids vif. La 2e injection a été pratiquée 2 javant l’euthanasie.

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Les dindons, acheminés vivants au labora-toire, ont été sacrifiés par une injection intravei-neuse d’un produit d’euthanasie commercialisésous le nom de T 61 ND (UVECO), saignés puispesés.

Réalisation et traitementdes prélèvements

Le tibio-tarse gauche a été débarrassé de sesmasses musculo-tendineuses et sa longueur aété mesurée à l’aide d’un double décimètre. Laface craniale de l’os a été identifiée par un traitde marquage indélébile afin de conserver

l’orientation de la diaphyse au cours des mani-pulations ultérieures puis une section transver-sale a été réalisée au centre du rayon osseux.

Une section longitudinale de l’épiphyse proxi-male du tibio-tarse a également été pratiquéepour mettre en évidence la présence éventuellede lésions de dyschondroplasie tibiale.

À partir de la section médiane transversaledu rayon osseux, un fragment diaphysaire d’en-viron 1 cm de haut a été prélevé sur la partie su-périeure de la diaphyse, fixé dans du formol

tamponné, déshydraté et inclus en résine plasti-que (Méthyl-Métacrylate) selon la méthode deSchenck et al (1984) adaptée au laboratoire àl’étude du tissu osseux de la dinde (Chabeauti,1988 ; Mariau, 1988).

Le bloc a été ensuite sectionné à l’aide d’unemeule diamantée (Accutom). Les lames ainsi

obtenues, d’une épaisseur initiale de 200 pm,ont été ensuite collées sur une lame de plexi-glas et polies à l’aide de pâtes diamantées (Po-lisseuse DAP 7 STRUERS) jusqu’à une épais-seur finale de 100 pm pour obtenir une lamedite «mince» observable au microscope(Hutzchnenreuter et Brummer, 1984).

Le marquage indélébile préalable de la facecraniale de la diaphyse permet de repérer celle-ci sur les lames minces ainsi réalisées.

Une seule lame mince a été réalisée et exa-minée à partir du bloc inclus en résine plastique,c’est-à-dire une seule lame par animal. Lenombre final de lames exploitables varie selonles lots (tableau 1) ; il est très faible dans lasouche lourde à 10 sem en raison d’un nombreélevé d’animaux porteurs de lésions de dys-chondroplasie tibiale. Nous avons, en effet, éli-miné de notre étude les animaux dyschondro-

plasiques en raison des répercussions pro-bables de cette lésion sur la forme et la struc-ture de la diaphyse (Chérel et al, 1991 b).

Les préparations ont été examinées, soitsans coloration à l’aide d’un microscope à fluo-rescence (Leitz Orthoplan obj x 25 oculaire x6,5), soit après coloration par le trichrome deGoldner (Villanueva et Mehe, 1977).

Afin d’obtenir des images de la totalité de lasurface de section diaphysaire à tous les âgesétudiés, des photographies de lames mincesnon colorées ont été réalisées sur fond noir à la

loupe binoculaire (Leitz). Chaque préparationétait accompagnée d’une échelle graphique enpapier millimétré photographiée et développéedans des conditions identiques à celles du cli-ché de la diaphyse.

Étude qualitative

Un cadran de papier transparent divisé en 8sections (fig 1) a été utilisé pour localiser les dif-férents territoires diaphysaires sur les photogra-phies de section transversale. Le centre du ca-dran étant placé au centre approximatif de la

diaphyse et la marque identifiant la zone cra-niale dans la portion n°1. Il a été possible de dé-terminer ainsi dans quelle portion se localisentla section de l’artère nourricière, la zone la plusmince ou la zone la plus épaisse de la corticalediaphysaire.

La structure osseuse de la corticale a étéétudiée en fluorescence ou après coloration parle trichrome de Goldner.

Page 5: Étude comparée de la croissance osseuse diaphysaire du

La disposition vasculaire du tissu corticalfibro-lamellaire a été distinguée selon la classifi-cation proposée par De Ricqles (1975, 1977).

Étude quantitative: définition desparamètres histomorphométriques

Plusieurs paramètres histomorphométriquesdestinés à quantifier la croissance en épaisseurde la diaphyse ont été appréciés à l’aide d’unanalyseur d’images semi-automatique ASM

(Leitz).Les paramètres suivants ont été mesurés ou

calculés à partir des photographies de dia-

physe:- le périmètre diaphysaire (Pd) ;- la surface totale diaphysaire (STd) ;- la surface médullaire (SMd) ;- la surface de la corticale (SCd), calculée pardifférence des 2 paramètres précédents ;

- le pourcentage de surface corticale par rap-port à la surface totale

% SCd = SCd x 100 / STd ;

- le facteur de forme FF = 4 p x SCd / Pd2 ;- la hauteur de la zone mince (ZMd) et de lazone épaisse (ZEd) appréciée par la moyennede 5 mesures de hauteur effectuées dans cha-

que zone.

La vitesse d’apposition osseuse, mineralisa-tion apposition rate (MAR), a été mesurée surles lames examinées en fluorescence. Elle cor-

respond à la moyenne des mesures de l’épais-seur du tissu osseux situé entre les 2 lignes defluorescence des ostéones en formation.

L’épaisseur a été appréciée sur 25 ostéones dif-férents d’une même zone de mesure en réali-sant 2 mesures perpendiculaires par ostéone,soit un total de 50 mesures par zone étudiée. Lavitesse d’apposition a été calculée en zone

mince (ZMd) et en zone épaisse (ZEd). Elle estrapportée à une unité de temps et exprimée en!m/j.

Page 6: Étude comparée de la croissance osseuse diaphysaire du

La fiabilité des mesures a été estimée en cal-culant le coefficient de variation de 10 mesureseffectuées sur le même prélèvement par lemême manipulateur dans un temps donné puisde 2 fois 10 mesures espacées dans le temps.

Le coefficient de variation de tous les para-mètres cités précédemment ne dépasse pas6%, soit une variabilité conforme à celle d’un pa-ramètre biologique.

La mesure du coefficient de variation nous a,en revanche, conduits à éliminer de l’étude diffé-rents paramètres prévus initialement mais dont lecoefficient de variation atteignait parfois 20 à30% selon l’âge ou la souche envisagés. C’est lecas notamment de la mesure de la surface de lazone active dont les limites internes sont trop im-précises pour permettre une bonne reproductibili-té ou de celle du pourcentage de la surface descanaux vasculaires en zone active. Pour des rai-sons analogues, divers paramètres appréciés enfluorescence n’ont pas été conservés tels que :- le périmètre moyen des ostéones, soit la

moyenne des périmètres interne et externe vi-sualisés par les lignes de fluorescence concen-triques des ostéones doublement marqués ;- la surface moyenne des ostéones, c’est-à-direla surface de tissu osseux compris entre les 2lignes de fluorescence des ostéones double-ment marqués ;- la surface de la zone sous-périostée qui cor-respond au territoire situé entre les 2 lignes defluorescence, concentriques à la diaphyse visua-lisant les 2 injections de fluorochrome.

Aucune de ces mesures, réalisées à l’aided’un réticule situé dans l’oculaire du microscopeà fluorescence, n’est répétable lorsque l’on fait

varier, même de manière minime, l’emplace-ment de la mesure.

Par ailleurs la mesure de l’épaisseur de lazone sous-périostée s’est révélée technique-ment impraticable, la totalité de son épaisseurn’étant pas observable au grossissement du mi-croscope utilisé.

Analyse statistique

Les valeurs ont été traitées par le logiciel StatView en utilisant la méthode d’analyse des va-riances (Anova).

RÉSULTATS

Poids des animaux et longueurdu tibia (tableau 11)

Les différences de poids entre les animauxdes 2 souches à un âge donné ou dansune même souche à différents âges sontsignificatives, avec un accroissement no-table de la différence de poids entre les 2souches à partir de 6 semaines.

Il existe également une différence signi-ficative de la croissance en longueur dutibia entre les âges et les souches, l’aug-mentation de la taille du rayon osseux

avec l’âge demeurant sensiblement paral-lèle dans les 2 souches.

Étude histologique qualitative

La taille générale de la diaphyse augmentede manière évidente avec l’âge dans les 2souches. Le développement de la surfacediaphysaire totale s’accompagne cepen-dant d’une diminution concomitante de lasurface osseuse corticale au profit de la

surface de la médullaire.

La forme générale de la section trans-versale médiane de la diaphyse varie demanière plus évidente dans la souchelourde : de forme ronde à 3 semaines, elle

apparaît nettement ovoïde à partir de la 5esemaine avec, dès cet âge, l’individualisa-tion nette d’une zone corticale mince et

d’une zone corticale épaisse qui demeu-rent visibles tout au long de la périoded’observation (fig 2).

Dans la souche fermière la diaphyse ap-paraît toujours plus ronde ou discrètementovalaire avec, jusqu’à l’âge de 12 sem, unedistinction moins évidente entre zone

mince et zone épaisse (fig 3).

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La position des zones mince et épaissea été déterminée en utilisant le systèmede cadran décrit dans le protocole.

La zone la plus mince de la corticale

apparaît située dans les 2 souches en po-sition cranio-latérale quel que soit l’âgedes animaux. Des exceptions sont consta-tées chez environ 15% des animaux des 2

souches à 3 et 8 sem avec des zones

minces situées en position caudale ou la-térale.

La position de la zone la plus épaisseest plus difficile à apprécier surtout dans lasouche fermière. Elle apparaît dans les 2souches situées dans environ 60% descas en position caudo-latérale dans la

zone de l’artère nourricière. Dans lesautres cas elle se localise en région cau-dale.

L’analyse histologique de la corticale

diaphysaire révèle l’existence de 2 cou-

ronnes concentriques, facilement discer-

nables à l’examen au faible grossissementdu microscope :

- une zone externe, périphérique, dite

«zone active», constituée de nombreux os-téones primaires en formation dont les ca-naux vasculaires sont de taille importanteet qui confèrent à cette zone un aspect la-cunaire et poreux ;- une zone interne de tissu osseux fibro-

lamellaire d’aspect plus dense, constituéed’ostéones à faible diamètre interne dont laformation est achevée et où se produisentdes phénomènes de remodelage.

La zone active est bien visible dès l’âgede 3 sem dans la souche lourde où elle

présente une épaisseur importante ; elle

s’individualise plus progressivement chezles dindons de la souche fermière où elle

devient nettement identifiable seulement

vers 5 ou 6 sem. Son épaisseur a ten-dance à diminuer avec l’âge mais elle de-meure cependant encore bien visible dansles 2 souches à 12 sem.

Après coloration par le trichrome de

Goldner, les canaux vasculaires de la zoneactive apparaissent bordés par une cou-

Page 8: Étude comparée de la croissance osseuse diaphysaire du
Page 9: Étude comparée de la croissance osseuse diaphysaire du

ronne d’ostéoblastes avec un liséré de

substance ostéoïde pourpre qui tranchesur la couleur verte de la substance os-seuse calcifiée.

L’observation en fluorescence montre,dans la zone active, 2 lignes de fluores-cence, concentriques par rapport à la dia-physe, qui correspondent au front de calci-fication du périoste au moment de

l’injection du fluorochrome. La ligne la plusinterne correspond à la première injectionet la ligne plus externe, située au contact

du périoste, à la deuxième injection (fig 4et 5). Cette zone sous-périostée, délimitéepar les 2 lignes concentriques de fluores-cence, correspond à la quantité de tissuosseux élaboré par le périoste durant la

période d’une semaine séparant les 2 in-

jections de fluorochrome.Les ostéones marqués par le fluoro-

chrome sont situés essentiellement dansla zone active externe confirmant que l’éla-boration du tissu osseux est uniquementpériostée.

Page 10: Étude comparée de la croissance osseuse diaphysaire du

Plusieurs types d’ostéones marquéssont visibles. Les ostéones situés en posi-tion interne par rapport à la ligne de fluo-rescence périostée la plus profonde pré-sentent un double marquage concentrique.L’élaboration des lamelles osseuses étant

centripète, la ligne de fluorescence la plusexterne correspond à la première injectionet la ligne la plus interne à la deuxième in-jection. L’existence d’un double marquageindique que le temps nécessaire à la cons-titution des ostéones est supérieur à unesemaine (figs 4 et 5).

Les ostéones situés plus profondémentpar rapport aux ostéones doublement

marqués ne possèdent que la ligne defluorescence la plus externe, marquage

unique qui indique que la croissance desostéones s’est achevée avant la deuxième

injection du fluorochrome (fig 4).Les ostéones situés entre les 2 lignes

concentriques de marquage périostées neprésentent qu’une ligne de marquage in-

terne, la formation des ostéones de la zone

sous-périostée ayant débuté après la pre-mière injection de fluorochrome (figs 4 et 5).

Les 2 lignes de marquage et les diffé-rents types d’ostéones marqués se retrou-vent dans les 2 souches à tous les âgesétudiés.

Les proportions relatives des différenteszones différent seulement à 3 sem : dansla souche fermière, la zone des ostéonesdoublement marqués est presque inexis-

Page 11: Étude comparée de la croissance osseuse diaphysaire du

tante à cet âge et la zone sous périostéeest peu épaisse, ne représentant pas plusde 1/5 de l’épaisseur totale de la corticale.

Au contraire, les animaux de la souchelourde possèdent à 3 sem une zone activetrès développée ; la zone d’ostéones dou-blement marqués est nettement individua-lisée et la zone sous-périostée représenteplus de la moitié de la hauteur de la corti-cale, témoignant d’une synthèse osseusetrès importante.

Dès la 5e semaine l’aspect et les propor-tions des différents territoires contenant desostéones marqués apparaissent identiquesà un âge donné dans les 2 souches.

L’aspect et la disposition des axes

conjonctivo-vasculaires de la zone activediffèrent selon leur localisation dans la dia-

physe.Au niveau de la zone mince, en position

cranio-latérale, les canaux vasculairessont dans les 2 souches à disposition detype laminaire. Ils constituent des canauxcirculaires ou allongés disposés en

nappes concentriques par rapport à la

périphérie de la corticale et présentent peud’anastomoses entre eux (fig 5).

Au niveau de la zone épaisse, en

position caudale ou caudo-latérale, les

canaux vasculaires présentent soit une

structure réticulée formant des cavités à

disposition irrégulière, non ordonnée, trèslargement anatomosées entre elles (fig 4),soit une disposition rayonnante ou radiéeavec des canaux vasculaires peu anasto-mosés entre eux et à disposition perpendi-culaire par rapport à la périphérie de lacorticale.

Dans la souche fermière, la zone

épaisse moins nettement identifiable pré-sente majoritairement des canaux vascu-laires de structure réticulée.

Dans la souche lourde où la zone

épaisse est mieux individualisée, une dis-position rayonnante domine à tous les

âges et devient même exclusive à partir de9-12 sem.

La zone interne de la corticale diaphy-saire est constituée d’un tissu fibro-

lamellaire dont les canaux vasculaires sontde faible diamètre, à disposition longitudi-nale dispersée, séparés les uns des autrespar un abondant tissu ossifié. L’absenced’ostéoblastes et de substance ostéoïde

après coloration par le trichrome de Gold-ner et celle de zones de marquage en fluo-rescence montrent que la synthèse os-

seuse est achevée à leur niveau.

La zone interne est tout d’abord d’impor-tance réduite, notamment chez les ani-maux de souche lourde âgés de 3 sem,puis sa surface augmente progressive-ment avec l’âge aux dépens de celle de lazone active périphérique dont l’importancerégresse au cours du temps.

Des phénomènes de remodelage appa-raissent également en région endostéale.Ils se traduisent par la présence de la-

cunes irrégulières occupées par des ca-naux vasculaires qui confèrent à l’endosteun aspect déchiqueté.

Le trichrome de Goldner révèle la pré-sence d’ostéoclastes plurinucléés associésà une assise de cellules ostéoblastiquessituées au contact d’un liséré de substanceostéoïde pourpre. L’examen en fluores-cence confirme l’existence d’une activitéde synthèse osseuse en révélant dans leszones de remodelage des ostéones en for-mation doublement marqués par le fluoro-chrome (fig 6).

Les zones de remodelage endostéalesapparaissent dès la 5e semaine dans les 2souches (figs 2 et 3). Elles sont plus mar-quées dans la souche fermière où le phé-nomène apparaît plus étendu et atteint unnombre plus élevé d’animaux. Le phéno-mène se localise préférentiellement dansla zone mince cranio-latérale (fig 2), ce-

pendant dans les cas d’une atteinte plusimportante le remodelage progresse en di-

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rection de la zone caudo-latérale où est si-tuée l’artère nourricière et peut s’étendrechez certains animaux à la presque totalitéde la face endostéale (fig 3).

Étude histomorphométrique

Les résultats des paramètres histomorpho-métriques mesurés dans les 2 souches fi-

gurent dans les tableaux III et IV et les fi-

gures 7 et 8.On constate dans les 2 souches, entre

3 et 12 sem, une augmentation constantedu périmètre (Pd) et des surfaces diaphy-saires, qu’il s’agisse de la surface totale

(STd) ou de celles de la corticale (SCd) et

de la médullaire (SMd). Cependant, il

n’existe pas toujours de différences signifi-catives entre les animaux d’une même

souche à 2 âges successifs notammentchez les animaux les plus âgés (8 à 12sem).

La croissance générale de la diaphyseapparaît relativement régulière et linéaire

dans la souche fermière ; elle présente parcontre une accélération dans la souche

lourde vers l’âge de 7-8 sem, âge où la

croissance pondérale s’accélère égalementdans cette souche (fig 7).

Le pourcentage de surface corticale di-minue régulièrement avec le temps dansles 2 souches. La différence entre 2 âgesn’est pas statistiquement significative dansla souche fermière durant toute la période

Page 13: Étude comparée de la croissance osseuse diaphysaire du

d’observation. Elle est par contre significa-tive dans la souche lourde en début de pé-riode de croissance (3 à 6 sem) et égale-ment entre 9 et 10 sem.

Le facteur de forme (FF), calculé à partirdes mesures du périmètre (Pd) et de la

surface totale (STd), permet de quantifierles modifications de forme du fût diaphy-saire. Il est différent de 100 dans les 2

souches à tous les âges étudiés, indiquantque la forme générale de la diaphyses’éloigne d’un cercle parfait quel que soit

Page 14: Étude comparée de la croissance osseuse diaphysaire du

l’âge des animaux. Il n’apparaît pas d’évo-lution significative du facteur de forme

entre 2 âges consécutifs dans aucune des2 souches.

Dans une même souche, la différencede hauteur entre la zone épaisse (ZEd) etla zone mince (ZMd) de la cortical est si-gnificative à tous les âges étudiés (fig 8).

La croissance diaphysaire s’accom-

pagne d’une augmentation régulière maismodérée de l’épaisseur de la corticale

dans la zone épaisse et la zone mince, les

différences entre 2 âges consécutifs étantrarement significatives.

La vitesse d’apposition osseuse (MAR)varie peu avec l’âge aussi bien en zonemince qu’en zone épaisse. Ce paramètreest toutefois plus variable dans la souchefermière avec une accélération du phéno-mène entre 7 et 10 sem quelle que soit lazone considérée.

La comparaison des paramètres entreles 2 souches à un âge donné montre quele périmètre (Pd) et les surfaces diaphy-

Page 15: Étude comparée de la croissance osseuse diaphysaire du

saires (STd, SMd et SCd) sont toujours si-gnificativement supérieurs dans la souchelourde à tous les âges de notre étude

(fig 7). Par contre le pourcentage de sur-face corticale (% SCd) et le facteur deforme (FF) ne sont pas statistiquement dif-férents entre les 2 souches, quel que soitl’âge.À l’exception des animaux de 8 sem

pour la zone mince, l’épaisseur de la corti-cale est, dans les 2 zones, toujours statis-tiquement supérieure dans la souchelourde (fig 8).

La vitesse d’apposition osseuse n’a pasété mesurée à 3 sem dans la souche fer-mière en raison du trop faible nombre d’os-téones doublement marqués. La compa-

raison de ce paramètre entre les 2

souches varie selon l’âge. La vitesse d’ap-position est plus rapide dans la souche

lourde chez les jeunes animaux ; parcontre elle devient plus rapide dans la

souche fermière à 9 sem et demeure tou-

jours statistiquement plus élevée à 12 semen zone épaisse pour cette même souche.

DISCUSSION

Les descriptions histologiques de la crois-sance osseuse diaphysaire sont peu nom-breuses chez les oiseaux et se rapportentessentiellement au poulet (Dammrich et

Rodenhoff, 1970 ; Rodenhoff et Dammrich,

Page 16: Étude comparée de la croissance osseuse diaphysaire du

1971 ; Shandu et Jande, 1981 ; Ranawee-ra et Wise 1981, Pellegrino et Biltz 1983;Leterrier et Nys, 1992a).

Une étude préalable du tissu osseux dela dinde a montré l’intérêt des méthodes

histologiques et histomorphométriquespour comparer les caractéristiques de lacroissance osseuse dans 2 souches dedinde différentes par leur poids et leur vi-tesse de croissance (Leblanc et al, 1986).Les différences précoces de la croissancediaphysaire ont été confirmées dans uneétude ultérieure chez des animaux âgésde 1 j à 6 sem (Wyers et al, 1993).

Nous avions pour but de compléter la

comparaison de la croissance diaphysairedes 2 mêmes souches de dinde par l’étuded’animaux âgés de 3 à 12 sem. Cette pé-riode correspond à la phase de croissancela plus rapide au cours de laquelle peuventéventuellement apparaître des particulari-

tés du développement osseux susceptiblesd’expliquer l’évolution clinique de troubleslocomoteurs dans les souches lourdes à

partir de 10-12 sem (Chérel et al, 1991 a).Nos résultats confirment que, chez la

dinde (Leblanc et al, 1986 ; Wyers et al,1993) comme chez le poulet (Pratt, 1961 ;Sandhu et Jande, 1981 ; Leterrier et Nys,1992a), la croissance diaphysaire est es-sentiellement périostéale avec la distinc-tion précoce d’une zone active périphéri-que où se forment les nouveaux ostéones.La zone interne endostéale est unique-ment le siège de phénomènes de remode-lage (Pratt, 1961 ; Sandhu et Jande,1981 ; Pellegrino et Biltz, 1983 ; Wyers etal,1993).

La synthèse osseuse apparaît plus pré-coce et plus intense dans la souche lourdecomme en témoigne l’apparition d’unezone active épaisse et nettement indivi-

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dualisée dès la 3e sem d’âge alors quecelle-ci demeure difficile à identifier dansla souche fermière avant 5 ou 6 sem.L’examen en fluorescence confirme parailleurs l’abondance des ostéones double-ment marqués dans la zone active dès

l’âge de 3 sem, dans la souche lourde,alors que ceux-ci demeurent trop peunombreux pour apprécier la vitesse d’ap-position osseuse chez les animaux fer-

miers de même âge.En relation avec une activité de syn-

thèse osseuse plus précoce dans lasouche lourde, le pourcentage de surfacecorticale est plus élevé dans cette souchejusqu’à l’âge de 2 sem (Wyers et al, 1993).Dès l’âge de 3 sem, le pourcentage desurface corticale apparaît cependant com-parable dans les 2 souches et le demeuredurant toute la période de notre observa-tion. Ce paramètre augmente dans les 2souches jusqu’à 2 sem puis a tendance àdiminuer régulièrement jusqu’à 12 sem.

Il ne nous a pas été possible, avec lematériel utilisé pour notre étude, de mesu-rer dans des conditions de reproductibilitésatisfaisante divers paramètres quantifiantl’activité de synthèse osseuse du périostenotamment après marquage en fluores-cence. La structure fibro-lamellaire dutissu osseux des oiseaux ne permet pas,en effet, de compter le nombre absolu ourelatif d’ostéones dans une zone donnéede la corticale ni de mesurer avec préci-sion la surface des canaux vasculaires no-tamment chez les animaux de souchelourde à partir de 5 à 6 sem. L’intensité dela synthèse périostée ne peut donc êtreappréciée qu’à travers l’importance et lescaractéristiques de la croissance totale dela diaphyse.

La croissance en épaisseur de la corti-cale diaphysaire est nettement supérieuredans la souche lourde à tous les âges étu-diés. Alors que la surface diaphysaire to-tale apparaissait comparable dans les 2

souches à 1 j et 1 sem, elle devient signifi-

cativement supérieure dans la souchelourde dès l’âge de 2 sem (Wyers et al,1993) pour dépasser le double de la sur-face de la diaphyse de la souche fermièreà l’âge de 5 sem. Les écarts de surfaceentre les 2 souches s’accentuent ensuiteavec l’âge parallèlement à l’augmentationbeaucoup plus rapide du poids chez les

animaux de souche lourde (fig 7). L’aug-mentation importante de la taille de la dia-physe est associée à une résorption endo-stéale supérieure dans la souche lourde.

Celle-ci se traduit par une augmentationplus rapide de la surface de la médullairediaphysaire comparativement à celle de lasouche fermière (fig 7).

Les phénomènes de remodelage en ré-gion endostéale semblent, en revanche,beaucoup plus importants dans la souchefermière. À la différence de la souche

lourde, de nombreuses images de remode-lage sont visibles dans cette souche, enzone mince de la corticale diaphysaire dèsla 5e sem et la fréquence et l’intensité duphénomène demeurent toujours plus mar-quées dans la souche fermière quel quesoit l’âge considéré.

La résorption osseuse endostéale nette-ment plus lente dans la souche légère per-met, sans doute, une expression plus évi-dente des capacités de remodelage de laface interne de la diaphyse dans cette

souche.

Dans différentes espèces animales, y

compris le dindon, les forces mécaniquesexercées sur le tissu osseux semblent

jouer un rôle prépondérant sur l’apparitionet l’intensité des phénomènes de remode-lage (Lanyon, 1984). Cette constatation

peut paraître en contradiction avec nos ré-sultats qui montrent des phénomènes deremodelage plus précoces et plus mar-

qués dans la souche fermière, apparem-ment soumise à des contraintes mécani-

ques moindres. À noter cependant que lesrésultats expérimentaux publiés ont été ob-tenus chez des animaux adultes chez qui

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la croissance osseuse est terminée et nonchez des animaux en croissance commeceux de notre étude.

L’augmentation générale de la taille dela région médiane de la diaphyse s’accom-pagne de modifications de forme de celle-ci. De forme régulière et ronde à 3 sem, ladiaphyse devient progressivement ovoïdeavec l’individualisation, dans les 2

souches, d’une zone épaisse et d’une zonemince de hauteur significativement diffé-rente. La disposition des axes conjonctivo-vasculaires du tissu fibrolamellaire n’est

pas la même selon la zone considérée, dif-férences histologiques qui, selon de

Ricqles (1975, 1977), correspondent à desvitesses d’élaboration osseuses diffé-rentes. Selon cet auteur, l’aspect rayon-nant ou réticulé observé en zone épaisserésulte d’une élaboration osseuse de vi-

tesse élevée, alors que l’aspect laminaire,caractéristique de la zone mince, corres-pond à une vitesse d’élaboration osseuse

plus lente associée à une quantité supé-rieure de tissu osseux élaboré.

Comme constaté précédemment chezles très jeunes animaux (Wyers et al,1993), des différences de forme existententre les diaphyses des animaux des 2souches. La forme ovoïde et l’individualisa-tion d’une zone mince et d’une zone

épaisse sont plus précoces et plus évi-dentes dans la souche lourde ; l’aspectrayonnant des canaux vasculaires qui pré-domine en zone épaisse chez la plupartdes animaux de souche lourde correspon-dant, selon de Ricqles (1975, 1977), à laforme d’élaboration osseuse la plus rapidedu tissu fibrolamellaire. Comme le propo-sent Rodenhoff et Dammrich (1971) chezle poulet ou Frost (1973) chez les Mammi-fères, la croissance différentielle de la corti-cale diaphysaire serait la conséquence descontraintes mécaniques importantes exer-cées précocement sur l’os cortical de lasouche lourde dont le poids augmente

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beaucoup plus rapidement que celui de lasouche fermière.

Le problème d’une plus grande fragilitéde l’os fibro-lamellaire d’élaboration rapideen relation avec une porosité plus grandede ce dernier reste posé. Les travaux deLeterrier et Nys (1992a) sur 2 souches depoulets différentes par leur vitesse de croi-sance semblent démontrer une plusgrande porosité de la diaphyse associée àune réduction des propriétés mécaniquesde flexion de l’os chez les animaux à crois-sance rapide, plus sujets aux déformationsosseuses et à l’expression de troubles lo-comoteurs (syndrome varus-valgus) queles poulets de souche à croissance lente.Un phénomène analogue n’est pas excluchez les dindons de souche lourde maisson étude nécessiterait la mise au pointd’une méthode de mesure fiable de la sur-face des canaux vasculaires. Toutefois, lesproblèmes locomoteurs rencontrés dansles 2 espèces sont difficilement compa-rables : les troubles s’expriment beaucoupplus tôt chez le poulet et se caractérisentpar des déformations osseuses graves(Leterrier et Nys, 1992b) qui n’ont pas étéretrouvées chez le dindon (Chérel et al,1991a).

Notre étude confirme que la croissance

osseuse diaphysaire est différente, à âgeégal, tant sur le plan qualitatif que quantita-tif chez les dindons des 2 souches étu-diées. Elle est plus intense et plus précocechez les dindons de souche lourde chez

qui la forme de la diaphyse révèle l’actionde contraintes mécaniques en relation pro-bable avec le poids et la vitesse de crois-sance des animaux. La croissance diaphy-saire est, en revanche, plus lente et plusrégulière chez les dindons de souche fer-mière, chez qui les contraintes mécani-

ques liées au poids apparaissentmoindres.

Les différences de poids importantesconstatées entre les 2 lots d’animaux de

notre étude rendent possible la comparai-son des principaux paramètres de la croi-sance diaphysaire de dindons d’âges diffé-rents mais de poids sensiblement

identiques ; c’est le cas notamment des

dindons de souche lourde et des dindonsde souche fermière qui pèsent respective-ment 600 g à 3 et 5 sem, 1 400 g à 5 et 8

sem et 2 000 g à 6 et 10 sem.À poids égal, tous les paramètres ne

sont pas comparables dans les 2

souches : c’est ainsi que la surface diaphy-saire totale (STd) n’est pas significative-ment différente aux 3 poids étudiés alorsque la surface médullaire (SMd) est supé-rieure chez les dindons fermiers unique-ment à 600 g et la surface corticale (SCd)est statistiquement supérieure chez les

dindons lourds de 600 g et 1 400 g (fig 9).À poids égal, le pourcentage de surfacecorticale (% SCd) demeure toujours supé-rieur chez les animaux de souche lourde ;la hauteur de la zone épaisse (ZMd) estsupérieure chez les dindons lourds de

600 g et 1 400 g, et celle de la zone mine

(ZMd) chez les animaux lourds de 2 000 g.Des différences significatives existent

donc entre les principaux paramètres de lacroissance diaphysaire lorque l’on com-

pare des animaux des 2 souches de poidsidentique. Ces différences ont tendance àdiminuer, sans disparaître totalement, lors-que la comparaison intéresse le poids le

plus élevé (2 000 g). La plupart des para-mètres sont, à poids comparable, supé-rieurs chez les dindons de souche lourde.

Ces résultats laissent supposer que, à

poids identique, le squelette des dindonsde souche lourde est soumis à des

contraintes différentes de celles imposéesaux dindons de souche fermière. Ces fac-teurs interviennent très tôt au cours de lavie des animaux et ont une influence surles paramètres de surface et sur la formede la corticale diaphysaire. Leur nature etleur rôle exact sur la croissance diaphy-

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saire et l’apparition éventuelle des troubleslocomoteurs restent à évaluer.

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