une longue aventure, partie 1
DESCRIPTION
Le début d'un roman heroïc-fantasy amateur...TRANSCRIPT
Une Longue
Aventurepar Rustam Zubkov
Avec :
Orin, le roublard, joué par Hugo Lepretre
Ketten, le moine, joué par Thibaut Sanna
Dante, le rôdeur, joué par Axel Debonnaire
Jim, le paladin, joué par Léo Buzelin
Introduction
« On fera avec ce qu'on a…. »
Dante, à propos de son groupe
Le 28 Mai 1514, sous le ciel sombre de Majorys, un homme masqué par
une large capuche marchait doucement dans la « Rue des pommiers ». La
route était large, et quelques paysans ou marchands traînaient dans le
coin. L'homme, notre homme, portait une longue robe, telle qu'en
avaient les magiciens. Il avait sur les mains une dizaine de bagues
différentes, et ses colliers en or tintaient au rythme de ses pas.Il s'arrêta
devant ce qui semblait être sa destination. Au dessus de lui, une pancarte
représentant un loup et portant l'inscription « Auberge du loup beuglant »
se balançait, soufflée par le vent, et menaçait de se détacher à chaque
mouvement. L'homme poussa la porte de l'établissement.
Le tonnerre de rire et de cris qu'il entendit contrastait avec le calme de la
rue. Il s'engouffra dans la taverne et profita de la chaleur qui y régnait. Un
ménestrel jouait une chanson paillarde dans un coin, des paysans,
mercenaires et quelques aventuriers occupaient presque toutes les tables
de la vaste pièce. Notre homme, appelons le ainsi, décrocha la bourse qui
pendait à sa ceinture, et l'ouvrit avant de la laisser tomber.
La bourse tomba par terre et déversa un flot de pièces, attirant le regard
des hommes autour. Comme prévu, les hommes autour de lui se jetèrent
dessus, et en quelques secondes, il ne restait plus de pièces d'or par terre.
L'homme sourit. Tant pis pour les pièces, il en avait bien assez, le principal
était que le signal soit reconnu. Il alla ensuite s'asseoir à l'une des rares
tables libres.
Après que l'agitation eut disparut, quatre personnes, placées dans des
endroits différents, vinrent rejoindre notre homme.
Le premier était un homme grand et musclé, il avait le crâne chauve, son
torse était à peine couvert par un gilet en lambeaux. Ses oreilles étaient
pointues, mais peu longues, ce qui indiquait qu'il était un demi-elfe. Le
fait qu'il n'avait ni arme ni armure, mais seulement un sac, montrait qu'il
était certainement moine.
Le deuxième portait une armure en cuir et une dague à la ceinture. Il
semblait agile, avait de courts cheveux noirs et portait une cape à
capuche pardessus son armure. En marchant vers l'homme, il finissait de
ranger quelques pièces d'or dans sa bourse.
Le troisième homme était un demi-elfe : ses oreilles pointues dépassait
légèrement de ses longs cheveux noirs. Il avait des yeux couleur ambre,
probablement hérités de son côté elfe… A sa ceinture pendait une épée
longue, rangée dans un vieux fourreau, et une armure de cuir lui couvrait
le corps. Il ressemblait en cela au deuxième homme, mais était plus
musclé et plus haut.
Le quatrième, avait des cheveux blonds longs. Il marchait tranquillement
dans son armure de peau, une épée longue à la ceinture.
Ils s'assirent à la table de l'homme et se dévisageaient en attendant une
parole du magicien-marchand.
-Bonjours, mes amis, dit celui-ci.
-Bonjour, fit le demi-elfe aux yeux ambre, je suis Dante Phèles. Je veux
devenir aventurier, pour voyager. Ma mère l'était et elle m'a appris pas
mal de chose donc je suis sûr de pouvoir vous aider.
Le mage sourît. Il n'avait pas eu tort en supposant que ce demi-elfe était
un rôdeur. Chaque groupe avait besoin d'une personne capable de se
repérer dans une forêt, faire un bon feu de camp, chasser une biche, ce
genre de chose.
-Ketten. Moine, fit le demi-elfe chauve en croisant les bras et en se
mettant à dévisager les gens à table.
Il souriait.
-Moi c'est Orin… hum je n'ai pas de profession, de métier…
Le jeune homme s'exprimait d'une voix un peu trop aiguë, comme celle
d'un adolescent qui mue. Le mage ne demanda pas de détails à Orin. Il
savait que c'était un voleur, un enfant des rues qui a dû voler et peut être
tuer pour survivre.
Enfin, l'homme en armure de peau, le blond, parla :
-Je suis Jim, paladin. Je serais avec vous tant que nous traquerons les
bêtes infâmes de ce monde, punirons les pêcheurs, pourfendront le Mal…
-On a compris, signala Dante.
Le marchand reprit la parole :
-Je vois que vous avez tous reçu mon message…
-D'ailleurs, je ne comprends pas : une lettre secrète, un signal « discret »,
tout ça pour parler en plein milieu de l'un des endroits les plus fréquentés
de la ville ?
-Oh, c'était juste pour vous tester, répondit le marchand à Dante.
-Vous avez renversé une centaine de pièces d'or pour nous tester ?, dit
Ketten en plissant les yeux.
-Oui…
-Bah moi, fit Orin, ça m'arrange, j'ai réussi à en choper quelques unes,
j'vais pas m'en plaindre !
Il tapota sa bourse puis afficha un large sourire qui irradiait de fierté. Il
était très content du choix du signal. D'ailleurs, le reste de l'auberge aurait
été d'accord avec Orin, si il l'avait entendu. Les paysans étaient occupés à
compter et admirer leur pièces d'or.
Le marchand, ...toussota pour attirer l'attention sur lui. Une fois les quatre
paire d'yeux fixées sur lui, il dit :
-Je ne me présenterais pas, je désire garder mon anonymat.
Un petit instant de silence suivi, certains membre du groupe ne
connaissaient pas le mot « anonymat ».
-Je ferais court : vous devez aller chercher mes six grimoires, perdus dans
« la Serre ».
-La Serre ? Demanda Dante en haussant un sourcil.
-Une grotte, dans une falaise, répondit le marchand.
-Et qu'est ce qu'ils y font vos grimoires là-bas ? s'étonna Orin.
Le roublard avait parlé un peu trop fort, ce qui attira l'attention des
ivrognes autour. Le groupe attendit que les hommes retournent à leur
bière et ne les écoutent plus.
Le marchand fouilla dans ses vastes poches, et en sortit un rouleau de
parchemin, qu'il posa sur la table.
-Voilà la carte qui vous mènera à la Serre. Retrouvez moi ici dans deux
semaines précisément et je vous paierai.
L'homme se leva et se dirigea vers la porte.
-On ne peut même pas connaître votre nom ?
L'homme s’arrêta devant la porte de la taverne. Il regarda les quatre
hommes à table, yeux fixés sur ses lèvres, et dit :
-Non.
Puis il sortit, laissant les aventuriers perplexe.
-Bon, on se repose, on fait le plein de provision et on y va ? demanda
Orin.
-On devrait d'abord étudier la carte...proposa Jim.
-Nan, moi je veux dormir, dit le roublard en s'éloignant.
Il approcha de l'escalier qui menait aux chambres. Il dit quelque chose,
mais ses paroles furent couvertes pas les rires des ivrognes et le tintement
des chopes.
La serre de GordorandI.
«Bon , partager les trésors, c'est nul comme principe...mais être protégé
par des gars solides comme ces trois là, ça change tout... »
Orin, à propos du groupe
Sous le soleil chaud de juin, une compagnie de quatre aventuriers
marchait dans les plaines, vers l'Ouest.
Le bruit d'un parchemin qu'on déroule se fit entendre, et Dante cria :
-Je crois qu'on y est !!
Le demi-elfe, Dante, regardait tour à tour la carte et le paysage, ses yeux
brillaient comme à la découverte d'un trésor. Ketten, demi-elfe lui aussi,
se pencha par dessus l'épaule de Dante et fixa la carte.
Orin, un roublard, cela se voyait à ses vêtements et sa rapidité, scrutait la
forêt au nord. Il aimait laisser ses amis prendre les décisions et surveiller
les alentours pendant ce temps.
Jim, un grand homme aux larges épaules, habillé d'une épaisse armure de
peau, regardait lui aussi la carte dans les mains de Dante. Si vous pouviez
sentir les auras, vous sentiriez une puissante aura de Bien autour de cet
homme, car c'est un paladin. Il a consacré sa vie à la lutte contre le Chaos
et le Mal.
-Oui, le rôdeur a raison, dit il d'une voix joyeuse. Nous sommes bientôt
arrivés !
Il ajouta un sourire à ses derniers mots et regarda la colline droit devant
eux.
Orin toujours enclin a se plaindre, signala :
-Ouai, on a dû marcher cinq jours pour venir. Moi je dis : on s'est fait
arnaquer !
Dante expliqua alors à ses trois compagnons en comparant les alentours à
sa carte. A leur gauche et derrière eux, vers le sud-est, une plaine sans fin.
A leur droite, au nord, une forêt. Devant eux, une grande colline verte et
on distinguait un lac derrière celle-ci.
-C'est une falaise (il insista sur ce mot) que nous cherchons, pas une
colline ! Soupira Orin.
-Elle doit être une falaise, mais de ce coté, on a l'impression que c'est une
colline, expliqua Dante.
-Eh bien, ta falaise a une forme étrange !
-J'ai parcouru des falaises différentes, et elles peuvent avoir cette forme.
-Je suis d'accord pour faire confiance à Dante sur ce point, dit le paladin,
pas à un voleur sans foi ni loi ! (il lança un regard sévère à Orin)
Plus tard, sur la falaise , ces quatre aventuriers ne se disputaient plus. Ils
arrivèrent au bout de celle-ci.
L'endroit était étrange. Un vaste lac, en plein milieu d'une énorme plaine
(la forêt, au nord, était assez loin). Ce lac avait une forme presque
parfaitement ronde, la plaine était couverte d'herbe. La seule chose qui
troublait la régularité de l'endroit était cette falaise. Rocheuse par endroit,
verte dans d'autres, elle semblait être une énorme serre surgissant de la
terre. Tout était incroyablement silencieux.
Orin se pencha par dessus le bord de la falaise. Il regarda l'eau, calme, en
bas.
Ils repérèrent tous la corniche qui donnait accès à une grotte dans la
falaise. Le visage d'Orin se raidit à la pensée de l'escalade à venir.
-Ouah ! Y'a au moins quinze mètres, j'y vais pas moi !
Le paladin, Jim s’apprêtait à descendre lorsque Dante cria :
-J'ai une corde !
Il avait un grand sourire sur le visage et une expression qui disait « Ah,
que feriez vous sans moi ? »
Il sortit alors l'objet de son vieux sac et commença à l’attacher autour d'un
grand rocher. C’était le genre de personne fine et leste, et ses doigts
couraient habilement autour de la corde, la nouant et renouant sans
cesse. Lorsqu'il s'écarta du rocher, ses amis admirèrent des nœuds qu'ils
ne comprenaient pas. Dante jeta la corde par dessus la falaise et vérifia sa
solidité.
Le premier à descendre fut Jim. Encombré dans son armure, il le fit
doucement, prise par prise, et finit par arriver sur la corniche presque
sans accident. Ensuite vint Ketten, sa musculature luisait au soleil de midi
pendant qu'il descendait. Il n'eut aucun mal à le faire, grâce à sa force et
son entraînement.
C'est Orin qui eut le moins de chance. Il posa le pied sur une pierre qui se
détacha de falaise. La pierre alla plonger dans l'eau. Orin atterrit sur le
dos, sur la corniche, aux pieds de Ketten. Celui-ci le regardait d'en haut,
d'un regard moqueur.
Orin se releva.
-T'aurais pu me rattraper ! Cria-t-il en s'époussetant.
-Tu aurais pu ne pas tomber, répondit le moine en gloussant.
La colère se lisait sur le visage d'Orin, mais il ne faisait pas très peur du
haut de ses un-mètre-soixante-cinq et avec son visage « enfantin ».
Effectivement, il avait des traits souriant, comme si son visage était fait
spécialement pour sourire et rigoler.
-Ça va ? Cria Dante d'en haut.
-Ouai ! Hurla Orin, toujours en colère.
La corniche étant très petite, Ketten et Orin entrèrent dans le tunnel
sombre, creusé dans la pierre.
Dante attrapa la corde et glissa dessus, la tenant avec les mains. Il atterrit
sur la corniche en faisant voler les pans de son long manteau, noir et
miteux.
Quelques minutes plus tard, ils avaient finis de décider de leur ordre de
marche dans le tunnel. La grotte était assez large pour laisser passer une
seule personne. Orin passa donc devant, pour détecter les pièges. C'était
son domaine de compétence. Dante suivrait, tenant la torche. Puis
viendra Jim, et enfin, Ketten.
Il entrèrent dans le tunnel, et au bout de quelques mètres à peine, une
forme noire, velue et pleine de pattes leur tomba dessus depuis les
ombres !
Orin recula en poussant Dante, et esquiva l’énorme araignée.
Immédiatement, il sortit sa dague et la planta dans le monstre. Derrière
lui, il entendit le son d'épées sortant du fourreau. Sa dague s’enfonçât
dans le corps et ressortit. L'araignée ne bougeait pas. Une épaisse
poussière verte sortait de l'araignée, et se répandait rapidement dans l'air.
Toxique ! Pensa Orin et mit immédiatement sa cape sur sa bouche.
Derrière, Dante ouvrit la bouche pour poser une question et avala toute
une goulée de cette poussière. Il s’effondra par terre en toussant, et
crachant du sang. Ses amis le traînèrent hors du nuage vert en reculant
dans le tunnel. La poussière ne blessa que Dante. Il toussait et était
affaibli.
Une fois la poussière dissipée, les aventuriers passèrent avec précaution
au dessus de la carcasse de l'araignée. Ce n'était qu'un cadavre, que l'on
avait empli de poudre dangereuse.
Quelques pas plus loin, la lumière de la torche éclaira une corde. Cette
corde pendait de l’obscurité d'en haut. Elle s'achevait au sol en formant
une boucle. Des écritures , gravés à la craie, étaient présentes près de la
boucle.
-Il y a quelque chose d'écrit, signala Orin (les autres, derrière, ne voyaient
pas).
-Quoi ? Demanda Jim.
Le paladin était maintenant en deuxième position et remplaçait Dante en
« teneur de torche ». Dante, lui, fermait la marche.
- «Posez votre pied dedans » lut Orin. Et y'a aussi une flèche qui montre le
bout de la corde.
-Qu'est ce que tu va faire ? Demanda Ketten.
-Eh bien, dit Orin, je vais poser mon pied dedans…
Un sourire mesquin apparut sur son visage, tandis qu'il posait le pied dans
la boucle de la corde.
-Ha, il se passe rien, ils sont pas fichus de faire des bons pièges !
Il avança alors son deuxième pied. Le sol disparut sous ses pieds et il
s'engouffrait dans la trappe pendant que son cri de surprise (quelque
chose comme « AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH ») résonnait dans le
tunnel.
Jim s'approcha, brandissant la torche. Orin tenaient le bord de la trappe et
tentait de se hisser en haut.
Ketten poussa Jim et passa devant, sauta par dessus la trappe pour
rejoindre Orin et lui aida a remonter. Tout cela n'avait duré que quelques
secondes.
II.
« Ha, je pense qu'on s'est plutôt bien tiré de notre premier combat contre
une créature de ce genre ! »
Dante, fier de lui
Plus loin, le tunnel déboucha sur une grande salle, aux parois de pierre
brunes. Au milieu de la salle, un large gouffre laissait entendre le
clapotement calme et régulier de l'eau. A l'autre bout de la salle, face aux
aventuriers, le mur avait un trou, comme celui d’où ils arrivaient. La suite
du tunnel. A coté, plusieurs torches étaient suspendues.
Orin s'arrêta brusquement, puis plissa les yeux pour observer la salle.
-Ha, s'exclama-t-il, ils pensaient m'échapper ! Regardez bien, des p'tits
hameçon, sont suspendus à de fines cordes.
Les paires d'yeux se plissèrent et tous virent les minuscules hameçons, et ,
tout aussi minuscules, les cordes.
Jim passa devant et coupa le tout avec son épée. Orin avança alors vers le
gouffre tandis que les hameçons au sol s'enfonçait dans ses vieilles bottes
usées. Ses camarades le suivirent et ils arrivèrent ensemble au gouffre.
Environ cinq mètres au dessous d'eux, un petit ruisseau coulait sur la
pierre brune. Il venait surement du lac. Dans le gouffre se tenait une
énorme créature. Elle avait une forme humanoïde, mais ses muscles
saillants et ses pattes en canard indiquaient sa race : merrhow, ou ogre
des mers. Il était haut de deux mètre, avait les traits durs, des cicatrices
sur tout le corps. Il portait une armure de peau et tenait une épée dans la
main.
Lorsque nos quatre amis le virent, il était de dos à eux, en train de tailler
son épée. La chance !
Orin avait déjà dégainé sa dague et dans un élan de courage qui ne lui
ressemblait pas, sauta dans le gouffre. Il atterrit trois mètres plus bas, sur
le ventre. L'ogre, juste à sa gauche, tourna lentement la tête vers lui,
montrant ses yeux bleus sombre. La créature dominait Orin de toute sa
taille lorsque elle leva son épée.
Alors qu'elle avait l'épée en l'air, prêt à abattre Orin, une silhouette passa
derrière elle, et enfonça son épée dans l'armure de peau. C'était Dante
qui attaquait le merrhow.
L'ogre se tourna, et rugit de rage en voyant ses quatre adversaires prêts à
se battre, déjà descendus. Son cri emplit tout la salle et résonna durant de
longues secondes. Le monstre jeta son épée au loin et attrapa la lance qui
était accrochée dans son dos.
Dante réagit vite : il envoya encore son épée dans le ventre du monstre,
mais son coup rebondit sur l'armure de peau. Jim chargea, prenant son
épée à deux mains. La lame entra dans l'armure, continua son chemin
jusque dans la cote du merrhow, et ressortit, déversant du sang noir et
visqueux. L'ogre attaqua : la pointe de sa lance transperça l'armure du
paladin et s'enfonça dans sa cuisse. Ketten, sans autre arme que ses
poings, fonça sur l'ogre et se mit à déverser ses coups sur lui. Orin faisait
également de son mieux pour enfoncer sa dague.
Arrivé à un point du combat où le merrhow, couvert de blessures, son
sang noir répandu dans le ruisseau s'affaiblissait, Orin planta sa dague
dans la cuisse de l'ogre. Joli coup ! La lame s'enfonça en entier dans les
muscles et la jambe eut un spasme. L'ogre s'effondra , obligeant Orin à
faire un mouvement brusque sur le coté, pour éviter de finir en bouillie.
Orin se plaça au dessus du monstre, prêt à l'achever, savourant déjà sa
victoire.
-Alors, dit-il, sale monstre, tu croyais...
Un reflet métallique passa devant les yeux d'Orin, et le fer de la lance lui
transperça l'épaule. Il sentit l'arme pénétrer son corps, vît son sang
ruisseler sur l'arme de l'ogre, le sourire de celui-ci, puis plus rien. Il tomba
par terre, évanoui.
Quelques secondes plus tard, l'épée de Dante tailladait l'ogre de tous les
cotés, avant d’exécuter un plongeon fatal dans la gorge du monstre. L'ogre
se débattit encore un peu, en essayant de pousser un cri.
C'est difficile de crier avec une lame dans le gosier.
III.
« C'est une personne malhonnête, certes, un voleur de la pire espèce, mais
son âme n'est pas perdue. Il n'est pas trop tard pour lui. Voilà pourquoi je
l'ai soigné de mon mieux. »
Jim, à propos d'Orin.
Jim avait eu du boulot après cet affrontement. Il a dû soigner Orin en
vitesse, il a désinfecté la plaie avec de la bière trouvée dans le sac de
Ketten. Le moine avait rouspété et s'était plaint mais finit par lui tendre la
bouteille. Ensuite, il banda la plaies comme il put avec un morceau de
cape d'Orin, imbibé de bière.
Lui même saignait sous l'épaule, il exécuta la même opération sur soi
même. Puis il banda les blessures de Dante et Ketten. Il ne restait alors
presque rien de la cape d'Orin et Ketten avait deux bouteilles de bière en
moins. Orin, évanoui, ne pouvait se plaindre, mais Ketten ne s'abstenait
pas. « De toute façon ça sert à rien les bandages » « Il aurait survécu sans
ça » « Et, t'en a renversé ! Çà te gêne pas de gaspiller comme ça ? ».
Ketten aimait sa bière.
Environ deux heures plus tard, Orin reprit connaissance.
Les aventuriers remontèrent, empruntèrent la suite du tunnel. Une
dizaine de mètres plus loin, ils débouchèrent sur une salle parfaitement
rectangulaire. Des carrés étaient gravés dans la pierre, de manière à
former une sorte d'échiquier. Une porte en bois se dressait fièrement à
l'autre bout de la salle.
Une voix résonna dans la tête des aventuriers : « Certaines de ces cases
sont piégées, d'autre non. Chaque fois que vous marchez sur l'une d'elles,
je vous dirait combien de cases piégées se trouvent autour. Bonne
chance »
Pas moyen de contourner les carrés.
Cette étape étant légèrement ennuyante, résumons la par le fait que
Ketten finit par découvrir les cases piégées : un court éclair parcourut son
corps, puis il fût paralysé pour une demie-heure. Orin eût la bonne idée
de traverser les carrés en courant dessus le plus vite possible, il ne tarda
pas à rejoindre Ketten dans son coma. Jim et Dante trouvèrent un chemin
et traînèrent leur compagnons de l'autre coté de l'échiquier, puis
attendirent leur réveil.
IV.
« C'était le temps où nous étions jeunes et débutants, on ressortait de
chaque combat avec des ecchymoses et des bleus. »
Jim
Traversée la salle à l'échiquier et passée la porte de bois, nos amis se
retrouvèrent dans une salle au plafond plus haut que les précédentes.
Celle-ci était également éclairée par des torches. Un mur pas très haut
coupait la salle en son milieu. Cela ressemblait plus à une barrière, mais
les barrière sont rarement en pierres taillés…
De l'autre coté de la « barrière », un monstre les attendait. C'était une
aberration à quatre pattes, son corps était recouvert d'une carapace ocre
et ses mandibules longues de un mètre fouettaient sans cesse l'air.
-Un Oxydeur, chuchota Dante en descendant du mini-mur.
-Pourquoi ce nom ? Demanda Orin en sautant à son tour.
Une épée glissa de son fourreau, un paladin fonça vers l'avant. Au terme
de sa charge, il enfonça son épée dans une faille de la carapace. Jim y mit
toute sa force et tout son poids, si bien que l'épée s'enfonça jusqu'à la
garde…
Et la garde fût tout ce qui resta de l'épée.
La créature émettait des sons qui ressemblaient à des crissements. Elle
avait mal.
Comprenant que l'intérieur du monstre avait oxydé l'épée de Jim, Orin fit :
-Ah, voilà pourquoi ce nom.
Le roublard dégaina sa dague et courut vers le monstre. Ketten et Dante
suivirent. Les mandibules du monstres fendirent l'air et s'enroulèrent
autour de l'épée de Dante, qui rouilla et devint poussière en quelques
instants. Orin, regrettant déjà ce qu'il allait faire, planta sa dague dans la
carapace.
Ketten envoya un coup de poing dans la petite tête de l'oxydeur. Puis dans
le dos, en laissant une empreinte dans la carapace. L'oxydeur continuait
ses stridulations et agitait ses mandibules, cherchant le moindre
morceaux de métal.
Dante décocha un coup de pied dans le visage du monstre. Ketten sauta
sur le dos de celui-ci et attrapa une de ses mandibules. Il était le seul à
pouvoir se battre efficacement sans armes, ses amis ne faisant que
envoyer des coups de pieds ridicules. Le moine approcha la mandibule de
sa bouche et mordit dedans… heureusement pour lui, c'était un jeune
Oxydeur, ses mandibules étaient fragiles. Dante se mit à tirer sur la
mandibule tenue par Ketten, en prenant appui sur le corps du monstre.
Celui-ci se débattait, mordait les pieds de ses ennemis, mais sa mandibule
se déchira finalement. A l'endroit où Ketten avait planté ses dents
jaillissaient maintenant un liquide marron.
Dante tomba en arrière en emportant un bout de la mandibule.
Ketten mit un pain dans la tête du monstre. Jim et Orin continuaient à le
ruer de coups de pieds.
Un autre coup de Ketten, et le monstre semblait « perdre connaissance ».
Sa mandibule restante s'affaissa et ses petites pattes cédèrent sous son
poids,
tandis que ses yeux se fermaient doucement.
Les aventuriers se détendirent, profitant du calme dans la pièce. Puis
Ketten rua de coups l' hideux visage du monstre, défoulant sa rage. Ses
coups étaient de plus en plus rapides et puissants. On avait du mal avant,
mais maintenant, personne de comprendrait que cette bouillie avait jadis
des yeux, une bouche, ou un cerveau.
Ketten regarda ses mains, maculées de sang marron, puis les essuya
contre une pierre.
V.
« Tout le monde était désarme à part moi, hé hé, c'était amusant, mais on
a vite trouvés des armes... »
Ketten
-Je me suis fait très mal aux cul en tombant…se plaint Dante en caressant
la partie endommagée.
-Il y a aussi qu'on a pas d'armes, remarqua Orin.
-Moi j'en ai ! Répliqua le moine, toujours fier de lui.
-Et bien, tu va passer devant, vu que tu es le seul « armé », proposa
Dante.
-Ok, dit Ketten d'un ton indifférent.
Ainsi ils firent. Ketten s'approcha de la porte en bois derrière l'Oxydeur. Il
porta sa main vers le trou ou il y avait jadis une poignée. Ses amis étaient
aux aguets de ce qui pourrait surgir de derrière cette porte. Ils étaient
prêts à se défendre, bien que désarmés.
Ketten tira la porte.
Un étroit escalier était devant eux, qui montait dans un salle éclairée.
L’escalier lui même était plongé dans une lumière orangée qui évoquait
les légendes des Enfers.
-Merde, jura Orin en essuyant la goutte de sueur sur son front. Moi qui
m'attendais à un fichu monstre, on se retrouve devant un escalier !
Une fois terminée sa plainte, le roublard se détendit.
Ketten mit du temps à comprendre d'où venait la lumière orangée dans
l'escalier. Sur les marches étaient écrits des mots, en lettre oranges
lumineuses. Magie, pensa le moine, j'aime pas ça. Certes, ce n'était pas la
première fois qu'il croisait de la magie dans ce donjon, mais celle là avait
l'air vachement vicieuse.
-A chacun de mes trois pas se trouve un piège du destin ! Lût Jim.
Sur chaque marche était inscrit un mot.
-Il suffit d'éviter une marche toutes les trois marches, se crût obliger de
spécifier Jim.
-Merci, on avait compris, lui reprocha Dante.
-Pas moi, fit Ketten en baissant les yeux.
Orin soupira.
-J'y vais, souffla Jim.
Il soupçonna qu'un monstre les attendait en haut. Sa main se porta vers
son fourreau et empoigna le vide au lieu de la poignée de son épée… Les
dieux fassent que j’ai raison pria-t-il en posant un premier pied sur la
marche. Puis un deuxième. A travers ses vieilles bottes, ils sentait la
chaleur des marches, il la sentait aussi entrer dans son armure.
Ses compagnons, derrière, ne pipaient mot. Le paladin évita toutes les
marches piégées, et arriva en haut sans autre désagrément que la chaleur.
-Vivant ! cria-t-il douze marches plus haut.
Les autres le rejoignirent dans quelques instants et ils regardèrent la
petite salle dans laquelle ils étaient. Plusieurs armes étaient posés contre
les murs de pierre. Un gantelet à pointes, un cimeterre à deux mains noir
comme la nuit, une épée longue à la garde de cuivre, un nunchaku, une
masse taillée dans de la pierre et ciselée , et une dague aussi simple que
possible et un petit écu de bois. Dans un tas se trouvait des fourreaux et
attaches pour ces armes.
A l'autre bout de la salle se trouvait une porte de fer blindée.
Ketten prit le gantelet à pointes et l'enfila sur sa main droite. Il fit
quelques mouvement de combat. Après s'être rendu compte que le
gantelet lui empêcherait de faire bien des choses au combat, il l'envoya
par-dessus son épaule. Le gantelet rebondit sur une marche, une autre et
atterrit sur une marche piégée. Un rideau de feu jaillit alors de cette
marche et s'éleva jusqu’à plafond, emplissant l'escalier de fumée et du
son d'une explosion. Il disparut l'instant d'après, ne laissant que l'odeur
du souffre comme témoin de son passage. Les yeux écarquillés, les
aventuriers approchèrent de l'escalier.
Le gantelet avait disparu.
-Waouw, vous imaginez si on avait...trébuché ? Ou fait tombé un gant ?
Demanda Orin ?
Ils retournèrent essayer les armes, tout en discutant.
Dante faisait des moulinets avec le cimeterre noir lorsque Jim dit :
-Ce donjon est étrange. Il est trop facile.
Tout en parlant, le paladin enroulait un bandage autour de la jambe de
Ketten. L'Oxydeur l'y avait mordu assez profondément pour que ce soit
gênant. Laisser une traînée de sang dans le donjon n'était pas
souhaitable.
-Et pourquoi ces armes sont là ? Continua le paladin.
-Argh, grogna Ketten lorsque Jim serra le bandage, fait gaffe !
-Désole, j'ai serré trop fort… Je disais donc (il enleva le bandage et décida
de le recommencer), que ces armes sont ni gardées, ni cachées…
-Tu va recommencer ? Fit Ketten.
-Tu a peur d'avoir mal ?
Ketten ne répondant pas, Jim se remit à faire le nœud.
-Le détenteur du donjon aurait il voulu que nous les trouvions ?
-On nous paye pour traverser le donjon et reprendre le grimoire, intervint
Orin.
Le roublard s'amusait à lancer des dagues dans le bouclier en bois,
essayant de les y planter. Sans y parvenir.
-Oui c'est louche…. mais les armes sont jolies, remarqua Dante.
Jim avait finit le bandage de Ketten. Une autre dague vola et touc !
rebondit sur le bouclier puis tomba à coté de la précédente. Orin accueilli
l'échec avec un visage boudeur. Dante trouva le fourreau qui allait avec
son nouveau cimeterre et l'accrocha à sa ceinture.
VI.
Cela faisait une heure qu'ils ne faisaient rien de bien utile. Pourtant aucun
monstre ne vint les attaquer. Oui, c'est vraiment louche s'était dit Dante.
Jim s'inquiétait aussi. Ketten s'en fichait pas mal, disant que ce n'est plus
la peine d'aller en arrière. Orin s'en fichait aussi, « tant que j'ai mon or à
la fin » disait-t-il.
Après qu'ils se soient décidés à continuer, Orin s'approcha de la porte en
fer. Elle était verrouillée. Il sortit ses crochets, et se mît à la tache. La
serrure étant de bonne qualité, la briser lui a coûté quelques crochets
brisés et lui a pris une dizaine de minutes. Dizaine de minutes pendant
laquelle ses compagnons se moquaient de lui, parlaient d'autres
choses...s'ennuyaient en somme.
Lorsque la porte s'ouvrit enfin, les aventuriers se retrouvèrent dans une
grande salle rectangulaire. Cette pièce ressemblait plus à une salle de
manoir qu'à un intérieur de donjons : très grande, pierre parfaitement
sculptées, très haute aussi. Quatre colonnes en marbres formaient un
carré. Au fond de la salle, les aventuriers voyaient leur reflets dans un
grand miroir, mais dans le miroir, la salle était pleine de pièces et pierres
précieuses ! Il faisait la taille d'un homme. Sur chacun de ses côtés se
tenaient deux squelettes, dans des armures de cuir clouté et des
cimeterre dans les mains.
-C'est glauque, fit Orin.
Ils approchèrent silencieusement du miroir. Au dessus de lui, dans la
pierre, étaient inscrit le mot « TRIANISPORTIENOUS ». L'inscription
rappelait les lettres oranges des escaliers, mais celle là était violette et
noire.
-Tri...triani...sport...trianisportinous ! ,cria Dante.
Un long silence s'ensuivit.
-Bon, ce n'était pas ce qu'il fallait dire.
-Peut être que à l'envers….
Orin les laissa là à spéculer sur l'énigme. Il regarda les squelettes,
s'approcha d'un d'eux. Orin s'approcha tout près du visage mort et fixa
ses orbites vides.
-Qu'est ce qu'il t'es arrivé à toi ?
Pas de réponse.
-Mouais. T'es vraiment mort hein ?
Pas de réponse. Et si le miroir n'était qu'une diversion, que le passage vers
la suite est...autre part ? se demanda Orin. Il regarda les murs autour, et
se dirigea vers celui de gauche. Le moine, le paladin et le rôdeur tentaient
toujours de résoudre l'énigme. Orin se mît à pousser ou tirer chaque
pierre, inspecter chaque fente, dans l’espoir de trouver un mécanisme
caché.
Dix minutes plus tard, il avait fait le tour de toute la salle, en tâtonnant
ainsi toutes les pierres. Ses amis parlaient toujours. Enfin, criaient plutôt,
il s'étaient débrouillés pour lancer une dispute. Orin les regarda un
instant, criant à qui mieux mieux, leur reflet derrière eux et les squelettes
sur les cotés.
-Non, ça va sûrement mal se terminer ! Criait Dante
-Mais non, la porte doit juste être derrière le miroir, le briser...disait
Ketten.
-Je te laisserais pas fai…
Orin détourna son attention sur le miroir. Le trésor lui donnait tellement
envie ! Même partagé en quatre, il y avait de quoi devenir riche. Son rêve
de toujours, à lui. Dans le miroir, Orin se tenait debout sur un tout petit
tas de pièces d'or. Il soupira et se dirigea vers l'une des colonnes. Il la
frappa comme on frappe à une porte. Ça sonne creux ? Il n'était
certainement pas un connaisseur, mais il pensait jusque là que le marbre
était plus solide et...
-TRANSPORTE NOUS !!! hurla Ketten.
Il avait hurlé si fort que même les squelettes auraient dû l’entendre , mais
si ils l'avaient fait, il ne le montrèrent pas.
Le miroir par contre, réagit. Une petite tâche noir apparut en son milieu,
et s'étendait petit à petit de tous les cotés, imitant le bruit d'un fort vent.
Le reflet de la salle se dissipa au fur et à mesure que le noir-violet
grandissait dans le miroir.
Le miroir était maintenant couvert de cette couleurs qui bougeait
légèrement, comme l'eau lorsque l'on lance un caillou dedans.
-Un portail, murmura Jim.
Merde, j'avais tort pensa Orin en se dirigeant vers le miroir.
Jim sortit son épée à garde de cuivre.
-Pourquoi tu sort ton arme ? Demanda Ketten.
-Qui sait ce qu'il y a de l'autre coté.
Ils se concertèrent du regard, et Jim traversa le portail, épée à la main.
Il se retrouva dans la même salle que la précédente, à deux détails près :
les squelettes en moins, le trésor en plus. Ses trois amis apparurent à ses
cotés, marchant sur des pièces au sol.
Un instant de silence.
Jim baissa son épée. Orin cria :
-WOUUUUUUUUUUHOUUUUUUUUUUUU !
Et courut se jeter dans un tas de pièces. Il se fit une bosse sur la tête et se
foula un doigt, mais était beaucoup trop heureux pour s'en rendre
compte. Il nageait parmi pièces d'or, d'argent de cuivre et pierres
précieuse.
-Je suis riche, je suis riche, je suis riche ! Chantonna-t-il.
-Nous sommes riches ! Cria Dante.
Orin, fatigué de sauter, s'allongea sur un tas de pièces, hors d'haleine. Les
pièces bougeaient d'elles mêmes : elle semblaient rouler, voler vers le
centre de la pièce entre les quatre colonnes. Les pierres précieuses
faisaient de même, et les quelques armes faisant parti du trésor aussi.
Les seuls objets qui ne bougeaient pas étaient six grimoires empilés dans
un coin.
Orin ne comprit pas ce qui arrivait à son trésor. Toutes les pièces volaient
vers le centre de la salle, s'accumulaient, se mélangeant, formaient une
colonnes qui montait vers le haut. Magie, encore ! Pensa Ketten. Et
encore une vicieuse.
Jim et Dante dégainèrent leur armes.
Le trésor était maintenant un tourbillon de métaux, il scintillait à la
lumière des torches, envoyant des reflets dans toute la salle. Orin se
tenait juste devant, les yeux écarquillés. Ce qui restait de sa cape se levait
au vent, le tourbillon de pièce grondait.
Puis l'argent, les pierres et les armes prirent un forme...draconique.
Face à Orin se dressait un dragon fait de pièces, brillant, argent, cuivre et
or. Ses yeux étaient rouges. Les pièces se déplaçaient sans arrêt, mais le
tout gardait sa forme de dragon.
La créature leva sa queue, et l'envoya vers Orin. Le roublard n'eut pas le
temps de réagir, il se la prit de plein fouet et tomba par terre. Des
centaines de pièces s'étaient détachés de la queue. Certaines
s'engouffraient dans les vêtements d'Orin, d'autres étaient coincées sous
lui, mais la plupart retournaient dans le dragon, et sa queue se
reconstituait. Orin vît des pièces rouges s’éloigner de lui, et se rendit
compte qu'il saignait. Son sang provenait de sa tempe.
Jim accourut près d'Orin. Il tailla de sa nouvelle épée le dragon. Le
passage de la lame dispersa des pièces, mais elles revenaient sans cesse,
comme des mouches que l'on essaye de chasser. Dante contourna et
attaqua le dragon aux flancs, faisant le même effet que Jim. Ketten, près
de Dante, utilisait ses coups de poings. Ses mains étaient rouge de sang au
bout de quelques coups.
Orin se leva et tituba vers la sortie. Il avait horriblement mal à la jambe
droite. Il boita jusqu'au miroir, laissant derrière lui les bruits du combat et
des pièces.
Dans le miroir, il vit son reflet. Il se vit penché sur sa jambe valide,
saignant de partout. Derrière lui, ses compagnons se battaient contre un
ennemi invisible, le miroir montrait la pièce sans trésor. Le miroir reflète
l'autre pièce se dit il. Il se retourna, et vit le dragon ouvrir sa gueule,
dirigée vers lui et Ketten.
Et le dragon cracha. Des centaines de pièces s'échappaient de sa bouche,
projetées d'une force inhumaine. Ketten roula sur le coté, Orin eut juste le
temps de se mettre derrière une colonne. Déjà les pièces revenaient dans
le dragon.
Dante et Jim continuaient à taillader le dragon. Cette créature n'est pas
vivante, elle ne peut mourir ! Se dit Dante entre deux coup de cimeterre.
Même Jim, le paladin, commençait à douter.
Orin, appuyé sur une colonne, eut une idée. Pendait que ses compagnons
se battaient, criaient, tombaient, il recula et, de ce qui lui restait de force,
fonça dans la colonne...qui vibra et se fissura légèrement.
-Les colonnes ! Cria-t-il.
Ketten avait compris. Les mains et les pieds ensanglantés, il chargea la
même colonne. La fissure s'agrandit.
Orin planta sa dague dans la fente, et commença à la remuer, tandis que
Ketten reculait pour charger encore.
C'est certainement pas du marbre constata Jim. Sa seconde d'inattention
lui coûta une avalanche de pièces. Le dragon avait soufflé, et Jim disparût
un instant sous les pièces. Lorsque celles-ci revinrent vers le dragon, on
revit Jim, à genoux, le visage couvert de plaies. Il se relevait, prêt à se
battre.
La colonne vibra de nouveau, sous l'impact de Ketten. La fissure s'agrandit
, fit le tour du pilier et la colonne tomba. Elle tomba droit sur le dragon.
Pendant un instant, il n'avait plus de corps, mais les pièces s’assemblèrent
tout de même. Avec beaucoup de difficulté, semblait-il. Le dragon était
plus petit et la colonne le gênait.
Orin et Ketten passèrent à une autre colonne. Jim et Dante changèrent de
tactique, ils essayaient de gagner du temps, jusqu’à la chute du pilier. Ils y
arrivèrent.
La colonne chuta dans le bon sens, écrasant le dragon et atterrissant sur
sa collègue. Le dragon se reformait petit à petit autour, comme coincé sur
les deux piliers.
Lorsque sa tête apparut, elle souffla encore. Orin et Ketten ne s'y
attendaient pas, ils finirent tous les deux par terre, sans connaissance.
Dante courut sur une colonne abattue, monta dessus, finit par se
retrouver au dessus du dragon. Il sauta, dirigeant son cimeterre vers la
tête du dragon. Il vit la lame noire disparaître dans l'or, les pièces qui se
ruaient à sa rencontre et ferma les yeux. Il sentit pendant un instant les
pièces tout autour de lui, tentant de le broyer. Lorsqu'il pût ouvrir les
yeux, c'était pour voir le sol qui volait vers lui et tenter d'amortir sa chute
avec ses bras.
Le dragon s'écroula, formidable avalanche de métal rutilant, et redevint
un trésor.
Dante se leva. Il avait la tête qui tournait, tout son corps lui faisait mal et
des étoiles dans les yeux. Il tenta de se relever, sa botte dérapa sur une
pièce et il retomba sur les fesses.
Jim se porta au secours de Ketten et Orin. Il vérifia qu'il n'avaient rien de
grave, apposa quelques bandages, puis se dirigea vers Dante.
-Laisse, je me débrouillerais, dit le rôdeur.
Il se releva, jeta un œil vers ses amis. Ils étaient étendus par terre, leurs
sacs sous leur tête, des bandages sanglants un peu partout. Dante vit leur
torse bouger, cela lu suffisait. Il tourna la tête vers le trésor.
Une montagne de pièces et joyaux se tenait la ou le dragon s'était
effondré.
-Bien joué, le dragon, complimenta Jim, mais tu aurais pu mourir…
-Et bien, je ne suis pas mort hein ? Répondit Dante, bien que les étoiles
autour de sa tête lui permettaient de douter de cette affirmation.
Dans la montagne de pièces étaient enfoncée une épée dont la lame
brillait. Elle illuminait la moitié de la salle, sans blesser les yeux de ceux
qui la regardaient. Sa garde était couverte d'écailles d'or : elle représentait
un dragon….d'or. Ses quillons représentaient les griffes
de la noble créature, son pommeau avait la forme d'une
tête. Les yeux du dragon étaient deux petits rubis d'un
rouge vif.
Jim tendit la main, l'attrapa en faisant tomber quelques
pièces.
Il fit tournoyer l'épée, ce qui fit bouger la lumière dans
toute la salle.
-Je vais la garder, dit Jim en découvrant qu'elle
s'adaptait à son ancien fourreau.
-Mouais, fit Dante, une pointe de déception dans la
voix. On devrait répartir tout ça équitablement entre
nos sacs, avant qu'Orin se réveille.
Ils se mirent donc à la tâche. Heureusement, ils avaient
tous des sacs de secours dans leur sacs, et il y en eut donc assez pour y
mettre les quelques mille-cinq-cents pièces de cuivre, mille d'argent et
presque six cent d'or. Un petit rubis et quelques minuscules émeraudes
faisaient partie du lot. Ketten reprit conscience quelques minutes après,
montra son mécontentement quant au partage sans sa présence et
s'assit. Il prit une gourde dans son sac, et entreprit de se désaltérer.
Orin se réveilla bien après. Quand il vît les six sacs, pleins, à coté, il fronça
les sourcils.
-Comment on va porter ça ? Demanda-t-il.
-Si tu veux on le laisse ici, plaisanta Ketten.
La pensée provoqua un d’égout chez Orin et il répondit :
-On trouvera bien un moyen hein…
-Euh, salut, fit une petite voie aiguë, comme celle d'un enfant, timide et
hésitante.
Les compagnons tournèrent la tête vers la source de la voix.
Perchée sur une
pierre, ils virent une
petite créature de la
taille d'un chat. Elle
avait des écailles
bleues, deux grandes
ailes et une longue
queue qui s'achevait
par un dard noir.
Quand elle ouvrit la
bouche, on y vit des
toutes petites dents
pointus. Ses yeux
étaient bleus, eux aussi.
Ketten chargea le...dragon ? Peu importe, il pensait que c'était un sale
connard de bâtard qui va nous attaquer.
La créature prit son envol et Ketten ne réussit qu'a frapper l'air et sautiller
pour l'attraper, sans y parvenir.
-Arrête arrête ! Cria le monstre !
-Qui es tu, demanda Dante, cimeterre en main.
-Je suis Snooky ! Je vous jure je vais rien vous faire !
Ketten sembla se calmer et recula un peu.
-Toute ma vie on m'a pris pour un petit dragon bleu, mais non, je suis un
pseudo dragon ! Et notre couleur n'a rien a avoir avec notre caractère.
Il fit une pause.
-En gros, soupira Snooky, tout ça est faux.
-Quoi ? Fit Orin.
-Ce donjon n'est qu'un test pour repérer de bons aventuriers…
-On a failli crever plusieurs fois ! Cria Ketten.
-Et j'ai mal au cul ! Ajouta Dante.
-Non non, si c'était vrai , vous seriez bel et bien mort…
Snooky descendit au sol et les regarda tour à tour.
-Vous ne risquiez pas grand-chose ici, si il vous arrivait de la merde je vous
aurait sauvé...d'ailleurs….
Il leva une de ses petites pattes et un petit sac en cuir apparut près de lui.
Le sac était ouvert et on y voyait des bouteilles de verre, remplies de
liquide rouge.
-Voilà des potions de soins. Modérés.
Ketten leva un sourcil. Il prit une des bouteilles, environ deux fois plus
grande qu'une fiole de potion de soins légers. Il enleva le bouchon et
avala le contenu, sous le regard apeuré de ses amis.
La magie fit vite effet, les petites blessures se refermèrent, les grosses
devenaient petites, les fractures devenaient des petites douleurs.
-Vous voyez ? Buvez tout.
Les compagnons se jetèrent sur le sac. En quelques instant, il n'y avaient
plus que des bouteilles vides, et la plupart des bandages étaient devenus
inutiles.
-Bon, ok, explique nous tout maintenant, fit Jim.
-Ce donjon, « la Serre », est en fait la propriété de Gordorand, grand
dragon. Il existe seulement pour tester les aventuriers et choisir les
meilleurs pour de futures quêtes plus importantes.
-Et il est où Gordotruc ? Demanda Orin.
-Justement, j'ai besoin de votre aide...Gordorand part souvent, soit
recruter de nouveaux aventuriers, soit chercher des artefacts, des trucs
comme ça...mais après vous avoir recruté, il n'est pas revenu.
-Nous avoir recruté ??? s'étonna Dante.
-Oui, le marchand qui vous a envoyé ici c'était lui, avec un sort de
métamorphose. Tout ce donjon n'est qu'un test. Vous n'y risquiez rien...ou
presque.
Orin repensa au rideau de feu dans l'escalier. Mais une question bien plus
importante lui venait à l'esprit… Il sentait que ce trésor ne serait
finalement pas le leur, ou que c'était un faux ou…
-Vous pouvez emportez le trésor, dit Snooky de sa voix aiguë.
Orin se détendit et se permit un sourire.
-Mais maintenant...il me faudrait votre aide…
-Quel genre d'aide, demanda Jim en s'avançant vers le pseudo-dragon.
-Gordorand, il a disparu. Il faudrait m'aider à le retrouver. Vous êtes des
aventuriers alors pourquoi ne pas accepter cette quête ?
-Alors, on a réussit ce test ? Demanda Ketten en englobant la salle d'un
geste des mains.
-Absolument pas. Vous avez fait n'importe quoi, vous avez montré que
vous n'avez pas l'instinct de l'aventure, que vous ne faites pas de travail
d'équipe et que vos idées sont des plus mauvaises. Mais je n'ai pas le
temps de chercher d'autres aventuriers.
Il sourit en disant ça, mais ses paroles furent accueillies par des visages
sévères et vexés. Il continua :
-Moi et Gordorand communiquons pas télépathie, mais depuis sa
disparition ses messages sont rares et...brouillés. Je vous retrouverais
quand j'aurais d'autres informations à propos de cette….quête.
-Doucement Snooky, l'arrêta Orin, pourquoi on accepterait ça ?
Dante lui souffla à l'oreille :
-C'est une quête comme une autre, il y a de l'argent à se faire…
Orin le savait bien, il espérait simplement que Snooky lui donne un
chiffre.
-Et bien, au revoir, mes...amis, dit Snooky.
Puis il tendit une patte, une lumière blanche emplit la salle et les quatre
aventuriers se retrouvèrent en plein milieu d'une large rue pavée.
Quelques paysans marchaient dans la rue, des gamins jouaient avec leurs
épées de bois et un chariot, mené par un âne, traversait paresseusement
la rue. Le paysan dans le chariot s'était endormi au milieu de ses patates.
Devant la compagnie, une grande auberge à trois étages, faite de bois
sculpté affichait une pancarte « Auberge de l'Ours qui pisse ». Le dessin
au dessus était assez représentatif du nom de l'établissement.
Alors que ses amis étaient en train de digérer ce qu'ils avaient appris, Orin
dit :
-Bon, on va se reposer hein.
Il attrapa deux sacs de pièces, et partit tout souriant dans l'auberge.
Les autres le suivirent, en prenant le restant des sacs.
L'auberge était calme à cette heure (16 heures environ). La compagnie ne
fût pas déçue, et l'aubergiste non plus, car avec tout l'or qu'ils avaient, ils
ne se limitaient pas sur leur consommations. Ketten buvait de la bière
chaque jour. Cette bière, appelée « la pisse de l'ours » était sa préférée. Ils
en ont passé des soirées à rire et à crier dans la salle commune, chanter
avec les paysans ou se battre avec des ivrognes, si bien que cette auberge
est devenue leur auberge. Ils y connaissaient le personnel : le gros Robert,
l'aubergiste moustachu si gentil, Rosana, sa fille qui servait les plats le
vendredi, Krat, l'orphelin qui servait les plats les autres jours ou encore
Bulim, le cuisinier. Ils y connaissaient les clients habituels, la plupart des
salles...bref, c'était leur « maison ».
Il passèrent environ deux mois calmes dans cette auberge, avec des visites
régulières de Snooky. Il leur disait qu'il n'avait aucun nouvelle de
Gordorand.
Après ces deux mois, il y eut une histoire de raid de gobelins dans la forêt
voisine, et le gouvernement payait deux mille pièce d'or à qui éliminerait
la menace.
Avant de partir dans la forêt, ils firent les courses. Jim s'acheta une
somptueuse armure à plaques, dont l'acier luisait au soleil. Il acheta aussi
un écu en acier.
Orin s'acheta une nouvelle cape, la précédente étant dépensée en
bandages, une rapière, une dague et une arbalète légère. Il revendit son
ancienne armure et en acheta une nouvelle, de cuir.
Dante acheta une même armure de cuir, un manteau long noir qu'il
mettait par dessus.
Les aventuriers avaient mis du temps à se rendre compte que les armes
trouvés dans la salle d'arme de la Serre avaient disparues…
Dante acheta donc une épée longue de bonne facture et une épée courte.
Il disait pouvoir se battre avec deux armes.
Ketten, n'avait rien en particulier à acheter, il fit donc le plein de potions
de soins.
Ils s’étaient tout de même entraînés pendant ces deux mois, qui en lisant
des livres, qui en frappant un le mannequin dans la cour de l'auberge, qui
les deux…
Ils allèrent dans la forêt, trouvèrent la trace des gobelins puis leur repère.
Ils y massacrèrent tout gobelin et revinrent avec la tête de leur chef, des
bleus et blessures par dizaines.
C'est avant de quitter le repère des gobelins que Snooky les avait
intercepté en criant :
-J'ai eu un messaaaaaaaaage !
Il leur dit que Gordorand a réussi à lui parler, très peu mais assez pour leur
dire d'aller tuer un certain dragon quelque part dans le sud-est. Snooky
précisa qu'il travaillera à la localisation de ce dragon, mais qu'ils devaient
déjà se préparer à leur voyage. Mais vous connaissez les aventuriers, ils
décidèrent de glander quelques jours…