Évaluation mondiale de la programmation de …...Évaluation mondiale de la programmation de...

44
Évaluation mondiale de la programmation de l’UNICEF dans l’eau potable en milieu rural et petites villes 2006-2016 Rapport d’étude de cas Tchad Auteurs : Cédric Estienne et Camille Salaün, Hydroconseil Adoum Ramadane Kaboul, Consultant indépendant Assurance qualité : Jérémie Toubkiss, Bureau de l’Evaluation, UNICEF

Upload: others

Post on 30-May-2020

11 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Évaluation mondiale de la programmation de l’UNICEF dans l’eau potable en milieu rural et petites villes

2006-2016

Rapport d’étude de cas – Tchad

Auteurs :

Cédric Estienne et Camille Salaün, Hydroconseil

Adoum Ramadane Kaboul, Consultant indépendant

Assurance qualité :

Jérémie Toubkiss, Bureau de l’Evaluation, UNICEF

HYDROCONSEIL-AGUACONSULT-CGSW

UNICEF – Global RWS evaluation – Country Case Study: Chad Page 2

Sommaire

A. Résumé ............................................................................................................. 4

A.1. Contexte et objectifs ................................................................................................ 4

A.2. Contexte sectoriel et programmation UNICEF ......................................................... 4

A.3. Principaux résultats .................................................................................................. 5

A.4. Principales recommandations .................................................................................. 7

B. Vue d’ensemble de l’évaluation .....................................................................10

B.1. Contexte et objectifs de l’évaluation mondiale ........................................................... 10

B.2. Méthodologie et critères d’évaluation ..................................................................... 10

B.3. Statut des études de cas pays ............................................................................... 11

B.4. Méthodologie de l’étude de cas .............................................................................. 11

C. L’accès à l’eau en zones rurales au Tchad ...................................................13

C.1. Contexte social et géographique ............................................................................ 13

C.2. Taux d’accès .......................................................................................................... 13

C.3. Gestion de l’eau en milieu rural : cadre institutionnel ............................................. 14

C.4. Un contexte programmatique entre développement et urgence ............................. 15

D. Le programme UNICEF d’accès à l’eau en milieu rural ................................16

E. Analyse évaluative ..........................................................................................18

E.1. Pertinence.............................................................................................................. 18

E.2. Efficacité ................................................................................................................ 19

E.3. Efficience ............................................................................................................... 22

E.4. Durabilité ............................................................................................................... 25

E.5. Équité .................................................................................................................... 29

E.6. Innovations et passage à l’échelle ......................................................................... 32

F. Recommandations ..........................................................................................34

F.1. Donner sa place à une stratégie à plus long terme… ............................................. 34

F.2. Des moyens au service de cette stratégie .............................................................. 36

G. Annexes ...........................................................................................................39

HYDROCONSEIL-AGUACONSULT-CGSW

UNICEF – Global RWS evaluation – Country Case Study: Chad Page 3

Acronymes

Acronyme Définition

ACF Action Contre la Faim

ACORD Agence de Coopération et de Recherche pour le Développement

ACTED Agence d'aide à la Coopération Technique et au Développement

ADRA Adventist Development and Relief Agency (Agence adventiste du développement et de l'aide humanitaire)

AEP Adduction d'Eau Potable

AFD Agence Française de Développement

ATPC Assainissement Total Piloté par la Communauté

ATPESFORC Association Tchadienne pour la Promotion des Entreprises Spécialisées en Forage à Faible Coût

CAM Cellule d'Appui à la maintenance

CGPE Comité de Gestion des Points d'Eau

CPD Country Programme Document

DAO Dossier d'Appel d'Offres

DDC Direction du Développement et de la Coopération

DG Directeur Général

EAA Eau et Assainissement pour l’Afrique

EAH Eau, Assainissement et Hygiène

EDS Enquête démographique et de santé

FED Fond Européen pour le Développement

HACT Harmonized Approach to Cash Transfers

IRC Centre International de Référence pour l'approvisionnement communautaire en eau, actuellement Centre International de l'Eau et de l'Assainissement

JMP WHO/UNICEF Joint Monitoring Program

MEA Ministère de l'Eau et de l'Assainissement

MICS Enquête ménages Multiple Indicators Cluster Survey

ODD Objectifs de Développement Durable

ONG Organisation Non Gouvernementale

PCA Programme Cooperation Agreement

PME Petite à Moyenne Entreprise

PMH Pompe à motricité humaine

SDEA Schéma Directeur de l’Eau et de l’Assainissement du Tchad

USD Dollars des Etats Unis

WASH Water, sanitation and hygiene (Eau, assainissement et hygiène)

HYDROCONSEIL-AGUACONSULT-CGSW

UNICEF – Global RWS evaluation – Country Case Study: Chad Page 4

A. Résumé

A.1. Contexte et objectifs Cette étude de cas-pays est l’une des composantes de l’Evaluation mondiale des activités d’hydraulique de l’UNICEF en milieu rural et dans les petites villes, commanditée par le Bureau de l'Évaluation de l'UNICEF pour analyser l’expérience et la contribution de l’UNICEF dans ce domaine sur la période 2006-2016. L’évaluation repose sur sept autres études de cas pays, adoptant toutes la même structure et méthodologie, ainsi que d’autres sources de données : une revue des documents et bases de données UNICEF et non-UNICEF, une enquête en ligne, et des entretiens semi-structurés avec une diversité d‘acteurs sectoriels.

L’étude de cas n’est pas une évaluation à part entière : elle est moins exhaustive en termes de collecte et d’analyse des données. Elle a pour objectif principal d’alimenter le rapport de l’évaluation mondiale à partir d’informations sur la programmation de l’UNICEF et l’évolution de sa contribution au secteur au niveau pays. Elle formule toutefois des conclusions et recommandations pour le bureau pays et ses partenaires.

A.2. Contexte sectoriel et programmation UNICEF Le Tchad est l’un des pays en développement les plus pauvres au monde, avec une population relativement faible, très majoritairement rurale (77% de la population), et un habitat dispersé. Moins de la moitié de la population rurale utilise une source d’eau améliorée (45% en 2015). Ce taux d’accès est très faible même au regard des autres pays d’Afrique sub-saharienne et de la sous-région. Il a quasiment stagné pendant toute la période des OMD (+8 points de pourcentage en 25 ans) et le Tchad est l’un des quelques pays en développement à n’avoir pas significativement progressé vers l’atteinte de l’OMD relatif à l’eau potable. L’approvisionnement en eau en milieu rural est assuré par des puits non protégés pour près de la moitié de la population, et des forages équipés de pompes à motricité humaine (PMH) gérés par des comités de gestion du point d’eau (CPGE) en contact avec un artisan réparateur pour la maintenance de la pompe. 5 à 9% des ménages ruraux utilisent des bornes fontaines desservies par des petits réseaux.

La pluviométrie est globalement faible et concentrée dans le sud du pays.

Le ministère en charge de l’eau a fait l’objet de multiples réorganisations au fil du temps. Il comprend une direction de l’hydraulique rurale, qui dispose de services déconcentrés mais qui ne sont pas présents dans toutes les régions. La responsabilité du service public de l’eau en milieu rural a été confiée en 2002 aux collectivités territoriales décentralisées, mais ces dernières sont très faibles et parfois inexistantes. La gestion/supervision des services de l’eau au niveau décentralisé est encore moins une réalité au Tchad que dans les autres pays de la sous-région.

La programmation de l’UNICEF a navigué entre développement et urgences tout au long de la période, avec des activités concomitantes et similaires dans l’hydraulique rurale (principalement la construction/réhabilitation de forages et le renforcement des capacités locales), mais pas nécessairement mises en œuvre avec les mêmes financements ni dans les mêmes zones. La principale spécificité du programme de l’UNICEF au Tchad est son rôle essentiel dans le développement du secteur du forage manuel grâce à la formation/professionnalisation d’associations et entreprises locales et la structuration de l’ensemble de la filière.

HYDROCONSEIL-AGUACONSULT-CGSW

UNICEF – Global RWS evaluation – Country Case Study: Chad Page 5

A.3. Principaux résultats

Tableau 1 : Forces et faiblesses du programme pays

Forces Faiblesses

Pertinence

Crédibilité reconnue dans le secteur, due à :

o L’ancienneté et la continuité de son action au Tchad, pendant les périodes de stabilité comme de crise

o Capacité opérationnelle sur l’ensemble du territoire et réactivité en temps de crise

o Son appui au développement et à la professionnalisation du forage manuel

o Son rôle dans la coordination des acteurs humanitaires

Forte influence des crises humanitaires sur (ou au détriment de) la stratégie et des actions de développement

Manque de stratégie globale pour le secteur et de lisibilité (hors forage manuel) ; le programme hydraulique ressemble plutôt à un programme d’urgence reconduit d’année en année, et/ou à un patchwork de petits projets ponctuels

Manque d’alignement avec un certain nombre de principes du schéma directeur de l’eau et l’assainissement

Manque de coordination sur le terrain avec les autres acteurs

Efficacité

Résultats quantitatifs probants sur le nombre de points d’eau réalisés par rapport à la planification, malgré la survenue régulière d’urgences

Appui significatif à la mise à l’échelle et à la professionnalisation du forage manuel à travers la formation de petites et moyennes entreprises, le soutien à l’association pour la promotion du forage manuel (ATPESFORC), et la formulation d’une stratégie et de normes nationales

Faible niveau de supervision des travaux de construction/réhabilitation entrainant une qualité variable des ouvrages (problème de protection de la pompe et de drainage principalement)

Forte demande pour le forage manuel entrainant l’arrivée de nombreux entrepreneurs ; absence de pérennisation/institutionnalisation des activités de formation et de dissémination des normes nationales, limitant la professionnalisation effective du secteur

L’hydraulique vue sous l’angle de la construction d’ouvrages et la promotion du forage manuel au détriment des aspects plus institutionnels liés au service de l’eau et au secteur dans son ensemble, tels que : déconcentration et décentralisation, coordination des acteurs, production et partage de connaissance, suivi-évaluation-apprentissage, formulation/révision des politiques/stratégies nationales

Plaidoyer pour la déconcentration des services techniques non couronné de succès

HYDROCONSEIL-AGUACONSULT-CGSW

UNICEF – Global RWS evaluation – Country Case Study: Chad Page 6

Forces Faiblesses

Efficience

Forage manuel comme technologie à faible coût (2 à 3 fois moins cher que le forage mécanique)

Réduction des coûts en confiant la réalisation de travaux de forage mécanique aux ONG qui en ont la capacité

Introduction des procédures HACT en 2013 qui permettent de limiter les risques financiers

Paiements aux résultats (forages positifs)

Pas de système de suivi de l’efficience

Charge de travail et coûts de gestion/transaction élevés liés à :

o Multiplication de petits financements de court terme ayant chacun leurs propres exigences et rapportage

o Morcellement des lots, complexité des procédures de passation/gestion des contrats

o Multiplication de PCA de court terme

Le temps des ressources humaines qualifiées n’est pas utilisé à bon escient - au détriment de la stratégie, du suivi rapproché sur le terrain, et de la qualité.

La responsabilisation des services techniques centraux dans la supervision des travaux est inefficiente malgré le coût modeste, car trop éloigné du terrain et trop peu de moyens pour un suivi rapproché ; pas de formation suffisante des prestataires de travaux et d’application de sanction pour les mauvais prestataires ; conséquence : perte de qualité des ouvrages

Faible niveau de convergence géographique et d’intégration programmatique entre différentes interventions WASH et avec les autres sections

Durabilité

Appui aux artisans réparateurs et à la filière des pièces détachées

Tentative de plaidoyer pour une déconcentration renforcée des services techniques et d’une association des CPGE dans le sud du pays

Pas de diagnostic sectoriel ni d’enquête ni d’étude ni d’évaluation sur la durabilité

Investissement insuffisant dans les mesures d’implication et d’accompagnement des communautés, se traduisant par une formation trop courte des CPGE, une mobilisation et sensibilisation des habitants trop superficielles, et par voie de conséquence une faible appropriation des ouvrages

Tarif de l’eau, quand il est appliqué, ne permettant pas le recouvrement suffisant des coûts de gestion et de maintenance

La présence constante dans le pays pourrait être un gage de pérennité mais absence de suivi post-réalisation sur le terrain

Contexte très complexe: Absence d’acteur institutionnel solide sur le terrain pour assurer le suivi à long terme (ni au niveau déconcentré ni décentralisé) et survenue régulière d’urgences qui détournent les priorités vers la réponse de court terme au détriment des préoccupations de long terme

Faible capacité/volonté contributrice de l’Etat aux investissements, à la maintenance et aux réhabilitations

Logiquement, les données (anecdotiques) tirées des observations terrain et d’un rapport de mission de RWSN suggèrent un faible taux de durabilité des forages et des CPGE

Équité

HYDROCONSEIL-AGUACONSULT-CGSW

UNICEF – Global RWS evaluation – Country Case Study: Chad Page 7

Forces Faiblesses

Orientation d’une partie des interventions vers les zones d’urgence

Concordance d’une partie des zones d’intervention avec les zones de forte prévalence de la malnutrition aigüe (dans les régions du centre) et, dans une moindre mesure, avec les zones de faible accès des populations à l’eau (région de Salamat en 2014)

Pas de définition claire ni partagée des zones et populations vulnérables, ni de stratégie pour l’équité et le genre

Décalage entre la stratégie de ciblage présentée dans les documents programmatiques et la réalité de la priorisation sur terrain. Les régions ciblées entre 2012 et 2015 ne correspondent globalement pas aux régions de faible couverture en eau et de prévalence élevée de la malnutrition qui sont situées dans la moitié nord du pays. Elles correspondent davantage aux régions de densité de population plus élevée et aux régions de survenue des crises, avec certainement d’autres paramètres rentrant en jeu.

Pas de mécanismes particuliers pour cibler les plus vulnérables au sein des communautés : implantation du point d’eau, tarif social, inclusion effective des femmes et des ménages/personnes pauvres ou vulnérables comme membres décisionnaires dans les CPGE

Absence de données, d’enquête, d’étude, de diagnostic et d’évaluation sur l’équité et le genre

Innovations et passage à l’échelle

Passage à l’échelle du forage manuel comme « success story » de l’hydraulique au Tchad, avec un rôle significatif de l’UNICEF sur l’ensemble de la période d’évaluation

Capacité d’innovation plus reconnue dans les secteurs de l’hygiène et de l’assainissement.

Approche traditionnelle et technicienne de l’hydraulique, devenant de plus en plus démodée

Pas d’innovation identifiée dans les 4 thèmes qui intéressent l’évaluation et qui sont relatifs au développement d’un service de l’eau (par opposition à la simple réalisation de points d’eau) : outils financiers pour soutenir l’accès à l’eau, implication du privé dans la gestion du service, suivi en temps réel, et mécanismes de redevabilité et de régulation du service

A.4. Principales recommandations Compte tenu du faible niveau de développement et de capacité du pays, du taux d’accès à l’eau potable qui n’a quasiment pas progressé depuis 1990 (stagnation dans laquelle la très forte croissance démographique a joué un rôle1), et des crises humanitaires qui se succèdent, l’UNICEF est contraint de continuer à s’engager sur plusieurs fronts à la fois : l’appui au développement de l’accès et du service de l’eau potable sur le terrain, le renforcement de l’environnement sectoriel plus globalement, et l’amélioration de la prévention, préparation et résilience aux crises humanitaires. En même temps, il y a une nécessité de renforcer la qualité et la durabilité des interventions sur le terrain, avec un paquet d’intervention complet et intégré, et un meilleur suivi du service fourni. Compte tenu des contraintes de financement, cet agenda ambitieux imposé par les nouveaux objectifs de développement durable (ODD / SDG) exigera une révision de la stratégie d’intervention de l’UNICEF. Des recommandations sont formulées dans ce sens à la fin de ce rapport, et résumées ci-dessous.

1 Taux de croissance démographique supérieur à 3% sur la période.

HYDROCONSEIL-AGUACONSULT-CGSW

UNICEF – Global RWS evaluation – Country Case Study: Chad Page 8

Donner sa place à une stratégie à plus long terme basée sur une analyse du contexte sectoriel et des avantages comparatifs de l’UNICEF :

1. L’UNICEF n’est que l’un des acteurs du secteur de l’hydraulique rurale au Tchad, et ne peut pas relever seul les nombreux défis. Il faudra donc que l’UNICEF identifie un paquet d’activités prioritaires qui lui permettra de faire une vraie différence dans le secteur. Ils pourront être identifiés par une analyse approfondie de contexte sectoriel et de ses expériences et avantages comparatifs.

2. Une fois sa vision stratégique et la nature de sa contribution au secteur mieux définie, l’UNICEF pourra en déduire les objectifs/résultats, les activités à mener, et les moyens à mobiliser, élaborant ainsi une théorie du changement et d’un cadre logique détaillés.

La stratégie à plus long terme pourrait être articulée tout d’abord autour de l’objectif du renforcement institutionnel : c’est le premier domaine qui apparait comme en état de déficit généralisé et chronique. Les activités suivantes sont suggérées :

3. Renforcer la solidité du marché de l’activité du forage manuel et mécanique

4. Contribuer au renforcement du dispositif institutionnel pour la gestion/supervision du service au niveau sous-national

5. Promouvoir une coordination renforcée des acteurs notamment en contexte de développement

6. Appuyer le ministère pour une meilleure application du Code de l’Eau et du SDEA, et leur éventuelle mise à jour afin de faire évoluer le secteur sur la base des faiblesses identifiées, des leçons apprises, et de la direction indiquée par les nouveaux ODD

Ensuite, la stratégie de l’UNICEF pourrait comprendre le déploiement d’un paquet d’intervention sur le terrain mieux ciblé, plus intégré, et axé sur la qualité et la durabilité.

7. L’UNICEF doit continuer de financer des réalisations sur le terrain en se concentrant sur les zones rurales où les besoins sont les plus grands. Il serait bénéfique et efficient de se concentrer sur des zones d’intervention plus restreintes et stables dans le temps (à côté des réponses aux urgences plus ponctuelles et possiblement plus dispersées), sélectionnées sur la base d’une stratégie de ciblage clarifiée guidée par des critères d’équité, d’efficacité et d’efficience, dans la logique de renforcer les synergies/complémentarités avec les autres intervenants du secteur et les autres programmes de l’UNICEF.

8. Chaque fois que possible, l’UNICEF devrait intégrer les interventions hydraulique avec l’ATPC et le WASH dans les institutions (écoles et centres de santé) dans les mêmes villages, sur la base d’accords de partenariats fusionnés et d’un séquençage approprié des activités – pour maximiser l’impact sur les bénéficiaires tout en réduisant les coûts opérationnels. Les modalités d’intégration avec les programmes de santé, nutrition, éducation, communication pour le développement (C4D) etc. seront à définir par le bureau-pays.

9. Les mesures d’accompagnement sur le terrain doivent faire l’objet d’un investissement beaucoup plus considérable pour améliorer le niveau de durabilité des ouvrages et du changement de comportement.

10. La supervision des activités de construction doit devenir plus professionnelle, plus indépendante et plus rapprochée.

11. Le suivi de la fonctionnalité du point d’eau, de la qualité de l’eau et du dynamisme du CPGE doit se poursuivre en phase post-réalisation.

Au service de cette stratégie, des moyens et des modalités de mise en œuvre plus efficients. Un premier défi ambitieux mais à relever : rationaliser la gestion des financements, des PCA, et des contrats. Les gains d’efficience permettront de libérer des

HYDROCONSEIL-AGUACONSULT-CGSW

UNICEF – Global RWS evaluation – Country Case Study: Chad Page 9

ressources et du temps au profit de la réflexion stratégique, du renforcement des capacités des partenaires, du suivi rapproché sur le terrain, et de la capitalisation/apprentissage continus.

12. Mobiliser des ressources financières de meilleure qualité : moins nombreux, plus prévisibles, et plus stables. Une véritable stratégie de mobilisation des ressources pourrait s’avérer utile

13. Etablir des PCA plus longs, dans un esprit de partenariat pérenne, et comprenant un vrai volet « renforcement des capacités ». Les activités confiées aux ONG partenaires pourraient alors être également plus complètes et intégrées.

14. Passer et gérer des contrats moins nombreux, mieux gérés, avec des prestataires bien sélectionnés et formés

15. Adapter/renforcer les profils et compétences internes de la section WASH dans les domaines de l’analyse et planification stratégiques, la coordination et le suivi des partenaires, et le suivi-évaluation-rapportage

Enfin, l’UNICEF doit investir davantage dans la production et le partage de données et de connaissances utiles à sa programmation et à l’ensemble du secteur :

16. Tant le système de suivi interne de l’UNICEF que le système de suivi sectoriel gagneraient à être consolidés et inclure une attention plus grande à la durabilité et à l’équité/genre.

17. Conduire des exercices de capitalisations, études ou évaluation permettant de tirer les leçons du passé et alimenter la réflexion

18. Les données et le savoir générés de cette manière ont pour vocation à être partagées avec tous les acteurs de l’hydraulique au Tchad et au-delà des frontières. L’UNICEF est dans une position favorable pour faciliter ce partage.

HYDROCONSEIL-AGUACONSULT-CGSW

UNICEF – Global RWS evaluation – Country Case Study: Chad Page 10

B. Vue d’ensemble de l’évaluation

B.1. Contexte et objectifs de l’évaluation mondiale Cette étude de cas-pays est l’une des composantes de l’évaluation mondiale des activités d’hydraulique de l’UNICEF en milieu rural et dans les petites villes sur la période 2006-2016. L’évaluation, commanditée par le Bureau de l’Évaluation de l’UNICEF, analyse la programmation de l’UNICEF dans le domaine de l’eau potable dans les zones rurales et les petites villes, afin de combler les éventuelles lacunes en connaissances spécifiques, de tirer des enseignements et d’améliorer la pertinence de ses futures stratégies au niveau mondial et la qualité de sa programmation sur le terrain. Cette évaluation servira au développement de la composante eau, hygiène et assainissement (WASH) du prochain plan stratégique de l’UNICEF pour 2018-2021, et guidera la contribution de l’organisation à l’atteinte des nouveaux Objectifs de Développement Durable (ODD/SDG). Elle s’ajoutera à la bibliothèque des connaissances de l’UNICEF et du secteur WASH en général, et permettra à l’UNICEF de rendre des comptes à ses parties prenantes internes et externes sur ses activités d’hydraulique. L’évaluation couvre à la fois les activités terrain de l’UNICEF et son action pour renforcer l’environnement sectoriel au niveau local, national, et mondial.

B.2. Méthodologie et critères d’évaluation Cette évaluation mondiale (c’est-à-dire à l’échelle de toutes les activités liées à l’hydraulique rurale menées par l’UNICEF à tous les niveaux de l’organisation sur la période considérée) est structurée autour de six critères d’évaluation et six questions clés d’évaluation listées dans le tableau ci-dessous. Les huit études de cas pays font partie de la palette d’outils mobilisés pour cette évaluation, et utilisent les mêmes critères et grandes questions d’évaluation. Ces études de cas permettent de renseigner la matrice d’évaluation, en complément des autres sources de données : revues des documents et bases de données UNICEF et non-UNICEF, enquête en ligne, entretiens semi-structurés avec une diversité d‘acteurs sectoriels. Chaque question d’évaluation est associée à des points d’intérêt particuliers pour les études de cas, listés dans la colonne de droite du tableau.

Tableau 2 : Périmètre de l’évaluation et de l’étude de cas pays

Critère Question d’évaluation clé Points d’intérêt – études de cas

Pertinence L’UNICEF a-t-il été un partenaire bien positionné et crédible pour les gouvernements nationaux et les partenaires au développement, démontrant l’alignement et la complémentarité à la fois au niveau mondial et dans les pays ?

Positionnement de l’UNICEF dans le secteur de l’approvisionnement en eau potable dans les zones rurales et les petites villes

Crédibilité, adaptation et complémentarité de ses activités avec celles de ses partenaires et des autres acteurs majeurs du secteur

Efficacité Dans quelle mesure l’UNICEF a-t-il atteint ses objectifs mondiaux et nationaux en matière de résultats grâce à la mise en œuvre d’un programme de qualité, et a contribué effectivement à l’atteinte de l’Objectif du millénaire pour le Développement (OMD) lié à l’eau ?

Atteinte des résultats et contribution aux OMD dans les pays

Succès des activités de plaidoyer politique, de renforcement des capacités et de production / gestion de connaissances

Qualité de la mise en œuvre des programmes de l’UNICEF

Efficience L’UNICEF a-t-il maximisé le ratio coûts-résultats en intégrant

Relation coûts-résultats

Utilisation d’approches et de mesures

HYDROCONSEIL-AGUACONSULT-CGSW

UNICEF – Global RWS evaluation – Country Case Study: Chad Page 11

Critère Question d’évaluation clé Points d’intérêt – études de cas

systématiquement les considérations d’efficacité dans ses activités au niveau mondial, régional et national, notamment en favorisant l’intégration programmatique et les partenariats avec d’autres initiatives WASH et non-WASH ?

efficientes, y compris dans intégration de l’AEP rurale et dans les petites villes avec d’autres interventions WASH (assainissement, hygiène, etc.) et non-WASH (nutrition, santé, etc.)

Equité Quel a été le niveau de prise en compte de l’équité dans la conception, la mise en œuvre et le suivi-évaluation des activités menées au niveau mondial, régional et national ?

Ciblage géographique dans les pays

Sensibilité à l’équité des activités hydrauliques de l’UNICEF dans le pays, y compris dans le système de suivi-évaluation

Durabilité L’UNICEF a-t-il mis en place des mesures et des outils appropriés à tous les niveaux et atteint un niveau de durabilité satisfaisant dans ses programmes d’approvisionnement en eau potable dans les zones rurales ?

Niveau réel de durabilité des interventions passées

Dans quelle mesure les facteurs techniques, financiers, sociaux, institutionnels et contextuels connus pour soutenir la durabilité de l’approvisionnement en eau ont été pris en compte par l’UNICEF

Inclusion des aspects équité dans les systèmes de suivi-évaluation et de gestion de l’information de l’UNICEF

Innovation / passage à l’échelle

L’UNICEF a-t-il pu identifier et tester de nouvelles approches programmatiques et les passer à l’échelle si elles se sont révélées concluantes ?

Participation du secteur privé dans la gestion du service de l’eau

Suivi en temps réel

Mécanismes de régulation sectorielle et de redevabilité

Instruments financiers innovants pour soutenir l’accès des populations au service

B.3. Statut des études de cas pays Les études de cas pays ne sont pas des évaluations pays. Elles sont l’un des outils utilisés par l’équipe d’évaluation pour renseigner la matrice d’évaluation, aux côtés des autres sources de données. Elles ont pour but d’alimenter l’analyse ou d’illustrer les constats faits au niveau mondial, en les appuyant sur la réalité du terrain, et de documenter certaines particularités pays, venant ainsi étoffer le rapport global d’évaluation. Elles formulent tout de même des conclusions et recommandations utiles pour les bureaux pays.

B.4. Méthodologie de l’étude de cas

B.4.1. Organisation et méthodes utilisées

La mission-pays a eu lieu en novembre 2016 (calendrier en annexe 1). L’étude de cas pays s’est basée sur plusieurs méthodes de collecte :

23 entretiens semi-structurés avec les acteurs du secteur et les partenaires de l’UNICEF Tchad ; leur liste est en annexe 2.

Deux réunions avec l’équipe WASH UNICEF Tchad, au début et à la fin de la mission ;

HYDROCONSEIL-AGUACONSULT-CGSW

UNICEF – Global RWS evaluation – Country Case Study: Chad Page 12

Deux ateliers de discussion, le premier à Mongo, avec des ONG ayant été partenaires de l’UNICEF ou œuvrant dans le secteur, deux représentants du district sanitaire, des entreprises du secteur privé ; le deuxième à N’Djamena, la capitale, avec des représentants du Ministère de l’Eau, d’ONG de mise en œuvre, de bailleurs et d’entreprises privées de forage. Ces ateliers ont permis de collecter des informations utiles de la part de différents groupes d’acteurs, de trianguler d’autres informations, et d’obtenir parfois des consensus sur certaines questions d’évaluation.

La visite de 28 points d’eau avec checklist et entretiens semi-structurés des membres du comité de gestion du point d’eau (CPGE) et des usagers dans 22 villages (liste des sites visités en annexe 3). Ces visites ont permis de développer une meilleure compréhension du contexte, de vérifier la réalité sur le terrain de l’application des politiques, stratégies et activités formulées au niveau national ou régional, et collecter des données (non statistiquement représentatives) notamment sur l’équité et la durabilité, ainsi que des photos.

L’analyse des documents dont la liste est en annexe 4.

Un atelier de compte-rendu de fin de mission avec l’UNICEF Tchad, pour faire le point sur les données collectées et recevoir un feedback.

Le rapport provisoire d’étude de cas a été revu par l’UNICEF Tchad ainsi que par le Bureau de l’Evaluation de l’UNICEF avant finalisation.

B.4.2. Limites

La mission s’est déroulée comme prévu.

L’essentiel des méthodes de collecte reposent sur la revue des documents et les réponses des acteurs rencontrés. La dimension historique n’a pas toujours été facile à appréhender compte tenu de la longue durée considérée par cette évaluation, notamment à cause de l’archivage parfois inadéquat des documents, et de la rotation du personnel, surtout international.

Les sites visités et bénéficiaires rencontrés sur le terrain ont été relativement nombreux compte tenu du temps imparti et de la taille de l’équipe d’évaluation, mais tout de même peu représentatifs de l’ensemble des interventions de l’UNICEF sur la période. Ils ont permis de fournir des indications et d’ouvrir des pistes de réflexion, mais les informations collectées n’ont pas été traitées comme données quantitatives statistiquement valides.

HYDROCONSEIL-AGUACONSULT-CGSW

UNICEF – Global RWS evaluation – Country Case Study: Chad Page 13

C. L’accès à l’eau en zones rurales au Tchad

C.1. Contexte social et géographique Le Tchad est l’un des pays en développement les plus pauvres au monde. C’est un vaste pays avec une population faible (environ 15 million, soit 11 habitants au km2). 77% de la population vit en milieu rural, dans des localités de moins de 1 200 habitants. L’habitat est donc dispersé ce qui complique la concentration, la gestion et la mutualisation des services publics de l’eau.

La moitié nord du pays est caractérisée par un environnement désertique et un climat chaud (Tibesti puis zone sahélienne), avec moins de 200 mm de précipitations annuelles. Elle est occupée principalement par des populations nomades. Au sud, la zone soudanienne peut recevoir jusqu’à 1 000 mm par an, portant la moyenne nationale à 322 mm. C’est aussi la moitié sud qui dispose d’eaux de surface abondantes (lac Tchad et affluants). Environ 55 % du territoire du pays repose sur une zone sédimentaire, où les nappes souterraines sont alimentées et peu profondes, tandis que le centre et l’est du pays se trouvent sur un socle, rendant l’accès aux ressources très difficile et aléatoire.

C.2. Taux d’accès Moins de la moitié de la population rurale utilise une source d’eau améliorée (45% en 20152). Ce taux d’accès est très faible même au regard des autres pays d’Afrique sub-saharienne et de la sous-région. Il a quasiment stagné pendant toute la période des OMD (+8 points de pourcentage en 25 ans) et le Tchad est l’un des quelques pays en développement à n’avoir pas significativement progressé vers l’atteinte de l’OMD relatif à l’eau potable.

Figure 1 : Accès amélioré à l’eau au Tchad entre 1990 et 2015

Source : UNICEF/JMP

2 Les données de ce chapitre sont basées sur le Programme conjoint OMS/UNICEF de suivi de

l’approvisionnement en eau et de l’assainissement

HYDROCONSEIL-AGUACONSULT-CGSW

UNICEF – Global RWS evaluation – Country Case Study: Chad Page 14

L’approvisionnement en eau en milieu rural est assuré par des puits non protégés pour près de la moitié de la population, et des forages équipés de pompes à motricité humaine (PMH) gérés par des CPGE en contact avec un artisan réparateur pour la maintenance de la pompe. 5 à 9% des ménages ruraux utilisent des bornes fontaines desservies par des petits réseaux3.

20 points de pourcentage de différence séparent le quintile le plus riche du plus pauvre en matière d’accès à une source d’eau améliorée4. Les disparités régionales sont plus importantes. Les ménages vivant à N’Djamena et dans les régions du Barh El Gazal, Hadjer Lamis et Chari Baguirmi (sud-ouest du pays) sont les plus favorisées en termes d’accès à des sources d’eau améliorées (plus de 80% des ménages). En revanche, le Salamat et le Wadi Fira, et le BET (nord du pays) sont les régions les plus mal loties : moins de 20% de la population y disposent d’une source d’eau améliorée5.

En plus des besoins en sources d’eau potable qui restent considérables, les problèmes de qualité de l’eau et de durabilité du service persistent.

C.3. Gestion de l’eau en milieu rural : cadre institutionnel

L’hydraulique rurale fait l’objet d’une direction au sein du ministère en charge de l’eau. De multiples réorganisations, changements d’appellation et d’attributions de ce ministère ont créé une instabilité institutionnelle et une dotation insuffisante en moyens humains et matériels, qui se traduisent par une faible présence sur le terrain. Il n’y a par exemple pas de délégué de l’hydraulique dans le Guéra, et celui du Moyen Chari couvre plusieurs régions. Dans d’autres régions, la direction de l’hydraulique est représentée par un délégué d’un autre ministère comme le développement rural ou l’élevage6, tendance qui va se poursuivre avec la réforme actuelle (mise en place de délégués dans toutes les régions, mais communs à plusieurs ministères) et les restrictions budgétaires en cours. Le Tchad est un cas relativement unique où la décentralisation dans le secteur de l’eau a été initiée « sur le papier » relativement tôt alors que la déconcentration au niveau des directions régionales n’était même pas encore effective.

Le Code de l’Eau du Tchad (1999) et le Schéma Directeur de l’Eau et de l’Assainissement (SDEA, 2003) régissent le secteur et n’ont pas été mis à jour depuis lors élaboration. Depuis 2002, la maitrise d’ouvrage de l’Etat a été transférée aux collectivités locales décentralisées. Le processus de décentralisation est supposé se traduire par un désengagement des services de l’Etat par rapport aux opérations de réalisation et de maintenance de points d’eau, et un recentrage sur leurs fonctions régaliennes de service public : application du cadre législatif ; contrôle des travaux ; suivi du bon fonctionnement du service ; et promotion des bonnes pratiques d’hygiène. La gestion du service public de l’eau au niveau local est confiée par la commune à une association d’usagers ou à un fermier. Un décret de 2014 régit cette réforme. Dans les faits, un certain nombre de communes ne sont toujours pas dotées d’une administration communale et donc sont en réalité inexistantes.

3 Données des enquêtes MICS 2010 et MICS-Enquête Démographie Santé 2015

4 Données JMP 2017

5 Rapport EDS-MICS 2015

6 Entre 2014 et 2015, l’hydraulique rurale était sous la tutelle du ministère de l’eau et de l’élevage, ce qui fait

que certains délégués sont plus spécialisés en élevage qu’en hydraulique.

HYDROCONSEIL-AGUACONSULT-CGSW

UNICEF – Global RWS evaluation – Country Case Study: Chad Page 15

Les forages à pompe manuelle sont gérés directement par les bénéficiaires, organisés en Comités de Gestion de Point d’Eau (CGPE) et en contact avec artisan réparateur pour la maintenance de la pompe. Le ministère a limité le nombre de modèles de pompes acceptées dans le pays, mais sans définir de zones d’exclusivité, ce qui fait que des pompes de marque différente peuvent cohabiter dans une même zone, voire un même village. Jusqu’à aujourd’hui, les systèmes d’AEP (forages motorisés et réseau) sont encore peu nombreux et généralement gérés par une association d’usagers avec un exploitant rémunéré plutôt que par un opérateur réellement privé.

Le SDEA prévoit que le tarif de l’eau couvre les coûts de gestion et de maintenance du service. En pratique, le tarif et les modalités de paiement sont fixés par les communautés elles-mêmes, ce qui fait qu’ils varient d’une communauté à une autre. Ainsi, le paiement de l’eau au volume n’est pas systématique, de nombreuses communautés instaurent des payements mensuels forfaitaires ou des mécanismes ad hoc pour le financement des réparations au moment où survient une panne.

Le Tchad est donc un pays où le modèle très majoritaire (voire exclusif) en zones rurales reste le puits et la pompe à motricité humaine gérée par un comité villageois avec un faible niveau de professionnalisation.

C.4. Un contexte programmatique entre développement et urgence

Entre 2005 et 2010, le Tchad traverse une période de guerre civile (opposant le pouvoir en place et des rebelles armés) et de troubles politiques. Le conflit est également lié à la guerre civile en République Centrafricaine (jusqu’en 2007, et qui reprendra en 2012), et à la guerre civile au Darfour, au Soudan voisin. En janvier 2010, des accords de paix marqués par un rapprochement diplomatique entre le Tchad et le Soudan mettent fin à la guerre civile au Tchad et marque le début d’une période de relative stabilité politique et militaire jusqu’à aujourd’hui.

Des crises humanitaires ont affecté le pays tout au long de la période d’évaluation : inondations, épidémies de choléra, l’afflux de réfugiés aux frontières soudanaise, puis plus récemment à la frontière centrafricaine et sur les rives du lac Tchad (avec la proximité de Boko Haram).

Dans ce contexte, la programmation de l’UNICEF a navigué entre développement et urgences tout au long de la période, avec des activités concomitantes et similaires dans l’hydraulique rurale, mais pas nécessairement mises en œuvre avec les mêmes financements ni dans les mêmes zones.

HYDROCONSEIL-AGUACONSULT-CGSW

UNICEF – Global RWS evaluation – Country Case Study: Chad Page 16

D. Le programme UNICEF d’accès à l’eau en milieu rural

L’UNICEF Tchad a maintenu un programme WASH avec une composante hydraulique rurale pendant toute la période d’évaluation. Cela s’est traduit par la continuation de la réalisation de points d’eau sur le terrain, principale activité de l’UNICEF dans le secteur avec en moyenne la réalisation de 150 à 300 forages par an entre 2012 et 20167, dans 12 des 28 régions administratives du pays (soit environ 1 000 forages sur la période, auxquels s’ajoutent un nombre analogue en situation humanitaire, plus les réhabilitations). Au total, plus d’un demi-million de personnes ont bénéficié d’un nouveau point d’eau amélioré entre 2012 et 2016. Les dépenses ont augmenté les dernières années, passant d’environ 2 millions USD par an en 2012-2013 à 5 millions par an en 2014-2016.

Dès 2006, l’objectif de multiplier les forages à faible coût a été inscrit dans la programmation. Ces réalisations sont accompagnées de la mise en place le CPGE pour chaque point d’eau construit. À partir de 2012, le renforcement des capacités du secteur a fait partie des résultats attendus du programme.

Figure 2 : Localisation des points d’eau UNICEF entre 2012 et 2015

Source : UNICEF Bureau pays Tchad, 2016

7 Rapports annuels du bureau pays 2012, 2013, 2014, 2015 et 2016.

HYDROCONSEIL-AGUACONSULT-CGSW

UNICEF – Global RWS evaluation – Country Case Study: Chad Page 17

L’UNICEF a œuvré au travers d’entreprises de construction de forages, d’ONG et ainsi que de l’État. Les partenariats noués par l’UNICEF peuvent être classés en 3 catégories :

Les partenariats de mise en œuvre avec les ONG nationales (activités de sensibilisation et de renforcement des capacités locales) ou les contrats de service avec les entreprises de réalisation, qui permettent à l’UNICEF de confier l’exécution des activités en gardant un contrôle de résultats (prestations). Certains ONG nationales se voient également confier la réalisation de travaux.

Les partenariats de mise en œuvre avec des ONG de plus grande ampleur, laissant un certain degré d’autonomie à l’ONG pour qui le financement de l’UNICEF contribue à la réalisation de son programme et ses propres objectifs.

Le partenariat institutionnel avec le ministère en charge de l’eau, qui inclut des prestations de supervision des entreprises de travaux (forages et pompes manuelles) par les services centraux. Aucun bureau de contrôle n’a été recruté pour la supervision des travaux de forage.

La principale spécificité du programme de l’UNICEF au Tchad est son rôle essentiel dans le développement des forages manuels par la formation/professionnalisation d’associations et entreprises locales et la structuration de l’ensemble de la filière. La technique du forage manuel a été introduite dès le début des années 1980 dans la région du lac Tchad par les Corps de la Paix puis reprise par d’autres ONG avant que l’UNICEF s’y intéresse à son tour.

HYDROCONSEIL-AGUACONSULT-CGSW

UNICEF – Global RWS evaluation – Country Case Study: Chad Page 18

E. Analyse évaluative

E.1. Pertinence Le positionnement, la valeur ajoutée, et la crédibilité de l’UNICEF dans le secteur de l’approvisionnement en eau en milieu rural sur les dix dernières années.

E.1.1. L’UNICEF, un partenaire crédible qui a renforcé sa valeur ajoutée dans le secteur

La perception de l’intervention WASH de l’UNICEF par les autres acteurs du secteur est bonne et sa pertinence n’est pas remise en question. Les participants à l’atelier national organisé à N’Djamena dans le cadre de cette étude de cas, ont donné une moyenne de 3,9 sur 5 à la crédibilité de l’UNICEF dans le secteur de l’hydraulique rurale au Tchad.

Cette crédibilité repose en grande partie sur sa présence de longue date au Tchad et sa contribution au développement et de la professionnalisation du forage manuel sur l'ensemble de la période. Cet investissement dans le forage manuel a été très pertinent compte tenu du contexte hydrogéologique favorable dans la partie peuplée de l’ouest et du sud du pays8, de la nécessité d’augmenter rapidement la couverture des besoins en eau avec des ressources financières limitées, et de la volonté du secteur privé de s’engager dans ce secteur d’activité. La demande est là, de nombreux ménages plus aisés investissent eux-mêmes dans des forages manuels domestiques y compris dans la capitale N’Djamena où le réseau n’est pas toujours présent ou performant9.

L’UNICEF a également assuré le leadership du cluster WASH. Dans ce cadre, l’UNICEF a facilité la définition de normes pour les interventions d’urgence, l’adoption de plans de travail, la facilitation des réunions de coordination mensuelles, la collecte et le partage des informations et le financement de certaines interventions, dans le but d’assurer la synergie entre les différents acteurs.

En outre, la capacité opérationnelle de l’UNICEF est reconnue par la majorité des acteurs : présence sur le terrain au travers des bureaux de zone, capacité à intervenir dans toutes les régions, autonomie de décision du bureau pays, capacité de réponse rapide en période de crise et longue expérience continue dans le secteur WASH malgré les crises successives10.

L’appui aux institutions nationales (notamment le ministère en charge de l’eau) ainsi que sa capacité d’influence viennent en second plan dans les raisons qui ont poussé et poussent certains acteurs à lier partenariat avec l’UNICEF, suggérant que la section WASH n’a pas assez tiré bénéfice de son positionnement particulier et de ses avantages comparatifs dans le secteur.

E.1.2. Un champ d’intervention trop restreint et pas assez stratégique

Certaines interviews et l'atelier national ont souligné que le champ d’action de l’UNICEF, riche d’une longue expérience au Tchad, aurait pu être élargi et suivre une stratégie plus

8 Cartographie des zones favorables au forage manuel, ministère tchadien en charge de l’eau (non datée)

9 Le rapport « Chad’s growing manual drilling industry, Professionalising manual drilling, RWSN, UNICEF and

Skat Foundation, Switzerland, 2015” rapporte que le nombre de forages manuels réalisés uniquement à N’Djamena et dans les environs est estimé à entre 3 000 et 10 000.

10 Réponse aux questions ouvertes lors de l’enquête de l’atelier national

HYDROCONSEIL-AGUACONSULT-CGSW

UNICEF – Global RWS evaluation – Country Case Study: Chad Page 19

holistique et de long terme. Notre analyse durant la mission conforte cette perception et fait ressortir les points suivants :

La capacité d’intervention en urgence de l’UNICEF est à souligner comme une force, mais aussi comme une faiblesse quand elle s’est traduite par une réorientation au détriment des activités de développement.

L’appui à la filière du forage à faible coût a constitué une activité centrale pour la section WASH pendant peut-être trop longtemps (beaucoup d’énergie et de moyens au détriment d’autres activités), et le nombre de petites entreprises de forage est maintenant élevé (il est probable que certaines ne survivront pas aux lois du marché et les prix tirés à la baisse semblent avoir un impact négatif sur la qualité des ouvrages11).

La composante « mesures d’accompagnement » sur le terrain (sensibilisation, renforcement des capacités notamment au niveau local), l’appui institutionnel (y compris le plaidoyer et la revue ou formulation de stratégies nationales), et l’intégration avec d’autres programmes/secteurs de l’UNICEF sont restés trop timides (voir plus bas).

Le mode de sélection des communautés bénéficiaires, même s’il a reposé sur une identification conjointe avec les partenaires et les autorités locales, a parfois abouti à des doublons avec d’autres programmes, par manque de coordination sur le terrain avec les autres acteurs malgré le rôle de l’UNICEF dans la coordination sectorielle et sa participation dans les revues annuelles. Autrement dit, l’UNICEF a focalisé son attention sur ses propres activités en ne prêtant pas assez attention au contexte et aux autres acteurs.

L’UNICEF a mis en œuvre des interventions pour différents financeurs, mais aussi avec différents partenaires de mise en œuvre. Chacun de ces partenaires introduit dans le projet ses exigences, ses approches et ses objectifs, ce qui a brouillé voire substitué à la stratégie de programmation propre à l’UNICEF et à ses priorités.

Conclusion sur la pertinence : La programmation a été orientée principalement vers la réalisation de points d’eau et le développement du forage à moindre coût en s’appuyant sur le secteur privé local – deux éléments de pertinence très important compte tenu du contexte et des besoins locaux. Cependant, le manque d’approche programmatique harmonisée, le manque de coordination avec les autres acteurs, et les interruptions ou réorientations dus à la survenue des urgences, ont affaibli la lisibilité de l’action de l’UNICEF. D’autre part, aussi bien le secteur en général que l’UNICEF en particulier n’ont pas significativement évolué dans leur programmation globale sur la décennie écoulée. La réponse aux crises répétées et la programmation « de routine » semblent avoir pris le pas sur la vision à plus long terme.

E.2. Efficacité Mesure dans laquelle l’UNICEF a produit les résultats escomptés par une mise en œuvre de qualité, notamment dans les domaines de l’appui institutionnel, le renforcement des capacités et la production/gestion des connaissances.

E.2.1. Une composante infrastructure effective mais une qualité

qui reste à vérifier

L’efficacité de l’UNICEF au Tchad se mesure principalement en termes de points d’eau réalisés, puisque la composante infrastructure a représenté la part la plus importante du

11 D’après le rapport Chad’s growing manual drilling industry, Professionalising manual drilling, RWSN, UNICEF

and Skat Foundation, 2015

HYDROCONSEIL-AGUACONSULT-CGSW

UNICEF – Global RWS evaluation – Country Case Study: Chad Page 20

programme. Les données disponibles (2012-2015) montrent que les réalisations prévues ont été réalisées voire dépassées, à l’exception de l’année 2015 (21% de réalisation) caractérisée par l’afflux des déplacés dans la région du Lac Tchad fuyant la présence de Boko Haram, et des réfugiés le long de la frontière avec la République Centrafricaine qui ont retenu plus d’attention (voir figure 3 ci-dessous).

Figure 3: Nombre de forages ciblés et réalisés sur la période 2012-2015

Source : Equipe d’évaluation sur la base de la Carte des forages UNICEF réalisés entre 2012 et 2015

Cette effectivité est à souligner dans un contexte programmatique volatile, de faibles capacités d’absorption, et de contraintes logistiques fortes. Le financement continu de forages manuels et la formation d’entreprises a permis de soutenir le secteur privé national et de créer des emplois.

Il est néanmoins important de souligner que la qualité de réalisation telle qu’observée sur le terrain et documentée par RWSN a été variable12. Il a été constaté dans certains cas une utilisation inappropriée de galva lorsque l’eau est acide (pH inférieur à 6,5), une protection insuffisante du forage (muret incomplet ou effondré) et souvent un mauvais système de drainage des eaux perdues (stagnations constatées, absence de puisard ou d’abreuvoir en fin de chenal d’évacuation). Ces observations restent anecdotiques mais rappellent le besoin urgent d’enquêtes ou de suivi-évaluations plus régulières sur la qualité et la durabilité des interventions sur le terrain, et la nécessité de revoir les modalités de contrôle des travaux.

Pour les forages manuels, l’UNICEF a financé la formation de contrôleurs précisément chargés de la vérification de la qualité de réalisation des ouvrages, et également soutenu le gouvernement dans le renforcement de ses capacités de test de la qualité de l’eau, compte tenu du risque en cas de mauvaise implantation ou réalisation. Nous n’avons pas identifié de rapport évaluant la qualité de ces ouvrages et de l’eau avant/après le déploiement de ces contrôleurs, et comparé aux forages mécaniques. Des documents du secteur expriment une préoccupation quant à la supervision des travaux et la qualité, y compris au niveau des forages financés par l’UNICEF13.

12 Rapport RWSN, UNICEF and Skat Foundation, 2015

13 Présentation de l’UNICEF, ATPESFORC et Ministère en charge de l’eau, 2009 ; et Rapport RWSN, UNICEF

and Skat Foundation, 2015 : « Full time on site supervision of manual drilling has been undertaken in some of the recent projects supported by UNICEF. It is not possible to draw any conclusions as to if it always takes place or not. »

126 125

310 300

861

133 127

294

64

618

0

200

400

600

800

1000

2012 2013 2014 2015 2012-2015

Cibles Atteint

HYDROCONSEIL-AGUACONSULT-CGSW

UNICEF – Global RWS evaluation – Country Case Study: Chad Page 21

E.2.2. Un bilan contrasté sur l’appui institutionnel et le renforcement des capacités

Le SDEA demande à tous les intervenants du secteur d’investir dans le renforcement des capacités aux niveaux national, régional et local14. L’appui de l’UNICEF au secteur à travers le renforcement de capacités et la professionnalisation de la filière forages manuels a largement atteint ses objectifs. L’UNICEF et son partenaire Practica ont formé 43 petites et moyennes entreprises (PME) entre 2009 et 2010 sur la technique de forage manuel, hydrogéologie, gestion d’entreprise, et procédures de l’UNICEF. Aujourd’hui plus de 200 PME existent15 mais la formation n’a pas été répétée pour les nouvelles entreprises ni institutionnalisée, limitant la professionnalisation de l’ensemble du secteur. Certaines PME sont expérimentées et sont allées réaliser des forages manuels dans au moins quatre pays de la sous-région. D’autres se lancent dans l’activité en y voyant une opportunité de profit sans qualification préalable ni personnel permanent.

L’UNICEF a soutenu la mise en place de l’Association Tchadienne pour la Promotion des Entreprises Spécialisées en Forage à Faible Coût (ATPESFORC) qui regroupe une partie de ces PME formées avec son appui. L’association a remporté un appel d’offres pour aller former des entreprises de forage à faible coût en République Démocratique du Congo. Grâce à l’appui de l’UNICEF et de ses partenaires, le savoir-faire tchadien en matière de forages manuels s’exporte. Néanmoins compte tenu du dynamisme du secteur du forage manuel, l’association ne regroupe pas encore une masse critique de PME et ne bénéficie pas encore d’une légitimité et de ressources suffisantes pour pouvoir influencer suffisamment le niveau de professionnalisme et la qualité dans le secteur16.

Cet appui technique et financier a été complété par un effort de plaidoyer politique, couronné de succès avec la formulation de la stratégie nationale et de normes techniques pour le « forage à faible coût » (2009, avec la contribution de l’ONG Practica).

Cependant, la composante upstream a représenté moins de 5 % du budget WASH sur la période 2012-2016, ce qui est relativement faible par rapport aux programmes dans les autres pays visités dans le cadre de cette évaluation.

En ce qui concerne l’appui à la déconcentration du ministère en charge de l’eau, depuis 2010, un des objectifs principaux n’a pas été atteint : la mise en place de délégués de l’hydraulique dans toutes les régions17. Après 6 ans de plaidoyer, ils ne sont qu’au nombre de 5, certains couvrant plusieurs régions. D’autre part aucune révision du Code de l’Eau ni du SDEA n’a eu lieu depuis 15 ans. L’élaboration de ces documents avait été soutenue par le PNUD et l’Union européenne. L’UNICEF a également la position et la crédibilité pour soutenir un processus de revue et d’actualisation.

14 « Le renforcement des capacités aux niveaux national, régional et local est une nécessité pour assurer la mise

en valeur durable de la ressource. Chaque projet intervenant dans un des sous-secteurs soit obligatoirement comporter un volet significatif de renforcement des capacités aux niveaux national, régional et local. En outre, des partenariats entre les instituts régionaux et internationaux de formation et les institutions tchadiennes seront privilégiés. »

15 Rapport RWSN, UNICEF and Skat Foundation, 2015

16 Same source

17 WASH annual report 2010

HYDROCONSEIL-AGUACONSULT-CGSW

UNICEF – Global RWS evaluation – Country Case Study: Chad Page 22

E.2.3. Un suivi-évaluation et une gestion des connaissances trop limités

Le SDEA accorde une importance particulière au suivi-évaluation et à la production/gestion des connaissances18. La contribution de l’UNICEF dans ce domaine a été très modeste. Le système de suivi-évaluation sectoriel est toujours faible. Cela se traduit par exemple par une liste des forages réalisés (notamment par l’UNICEF) difficilement accessible, partielle (les données plus ancienne ne sont plus disponibles) et avec des coordonnées GPS parfois erronées.

L’UNICEF en collaboration avec RWSN et Practica, a publié deux courts rapports sur l’évolution du forage manuel au Tchad (2009 et 2015). Une évaluation à mi-parcours du programme WASH a été conduite en 2008 (la qualité du rapport a été notée « non satisfaisante » par le Bureau de l’Evaluation) et il semble que l’évaluation finale n’ait pas eu lieu. La section WASH n’a pas produit d’autres études, enquêtes ou capitalisations. L’analyse des expériences semble principalement basée sur la connaissance du contexte et l’intuition, reflétant un manque d’approche systématique et continue, et d’un point de vue indépendant. La transmission des connaissances se fait principalement oralement plutôt que par la documentation écrite, ce qui pose un problème de mémoire institutionnelle. Le partage des connaissances dans le secteur semble avoir été également timide.

Conclusion sur l’efficacité : D’après les données (limitées) disponibles, l’atteinte des objectifs quantitatifs a été satisfaisante, et la promotion et la mise à l’échelle du forage manuel comme un secteur d’activité à part entière est le grand succès du programme. Sur les aspects plus institutionnels les progrès ont été trop limités, ce qui peut s’expliquer par une attention relativement plus forte portée sur la dimension technique du WASH (en tant qu’ouvrages plutôt qu’en tant que service), par un contexte institutionnel peu développé, et par les contraintes imposées par les urgences.

E.3. Efficience Mesure dans laquelle l’UNICEF a maximisé la relation entre les coûts et les résultats en intégrant systématiquement des considérations d’efficience dans la conception et la gestion de son programme.

E.3.1. Suivi de l’efficience

Nous n’avons pas trouvé de système de suivi et de rapportage qui permettrait de suivre aisément l’évolution des différentes catégories de coûts et de rendre des comptes sur les progrès et gains en matière d’efficience. Cependant quelques chiffres clefs sont disponibles en analysant les différents documents contractuels et de partenariats.

E.3.2. Ressources humaines

L’équipe de la section WASH de l’UNICEF Tchad semble être assez bien dimensionnée, sa qualité et ses compétences techniques sont reconnues. Cependant, le temps des personnes

18 « Les services de l’Etat doivent améliorer en continu les connaissances à la fois sur la ressource […] et son

utilisation. » « L’information sur les données de gestion est collectée dans le cadre d’un système déclaratif obligatoire et prévu dans la loi. Dans ce contexte, le service public responsable de l’eau doit veiller à collecter, organiser et traiter ces informations pour les rendre accessibles, sous condition, avec l’aide des nouvelles technologies, au plus grand nombre d’utilisateurs. » « En plus de la construction d’infrastructures physiques, les projets proposés comprennent le renforcement des capacités, le renforcement du cadre institutionnel, et l’amélioration des connaissances. »

HYDROCONSEIL-AGUACONSULT-CGSW

UNICEF – Global RWS evaluation – Country Case Study: Chad Page 23

au sein du bureau de N’Djamena n’est pas utilisé à bon escient puisqu’elles sont très occupées par les tâches administratives liées procédures internes, aux appels d’offres et au rapportage au lieu d’utiliser leurs compétences sur des aspects plus techniques et stratégiques. D’autre part, les compétences techniques « WASH » ne sont pas assez complétées par d’autres compétences en analyse et planification stratégique, gestion de projets, coordination, formation et supervision des partenaires, et suivi-évaluation-rapportage ainsi qu’en aspects socio-économiques des services d’eau.

Sur le terrain, certains bureaux de zones, comme celui de la zone Sud couvrent des périmètres trop étendus, ce qui remet en cause la qualité du suivi des opérations, parfois effectué par téléphone par manque de temps. Le bureau de zone de Mongo n’a plus de personnel WASH depuis plus de deux ans, le travail s’effectue depuis N’Djamena à huit heures de route, un défi en termes de suivi rapproché, d’appui technique, de communication et de logistique.

E.3.3. Partenariats

L’UNICEF a confié le contrôle des travaux au ministère en charge de l’eau, en ligne avec le SDEA, ce qui réduit les coûts par rapport aux bureaux privés (les services techniques disposant du matériel nécessaire et leurs salaires étant pris en charge sur budget de l’Etat). Cette approche permet aussi de maintenir les relations de bonne collaboration et garantir une meilleure appropriation par les autorités. Mais nous avons pu constater lors des visites d’ouvrages que ce contrôle présente des insuffisances comme dans les autres pays de la sous-région où l’UNICEF a opté pour la même stratégie.

Certaines ONG internationales sont équipées d’ateliers de forages, ce qui permet de leur passer un contrat à la fois pour la réalisation des ouvrages (« hard ») et les mesures d’accompagnement (« soft »). Les calculs de l’UNICEF Tchad indiquent que cette stratégie permet de réduire les coûts unitaires de 25% (de 8 millions de Francs CFA avec une entreprise de forage, à 6 millions en moyenne avec les ONG)19.

Les partenariats avec les ONG internationales et nationales semblent aussi répondre à la préoccupation de gestion du temps et de maximisation des résultats, puisque les résultats à atteindre sont ambitieux dans le cadre d’accords de partenariat (PCA) dépassant rarement les 9 mois. Cette approche se justifie parce que les services techniques ne disposent pas de moyens suffisants pour atteindre ces résultats dans les délais imposés par la courte durée des financements. Cependant l’importance donnée à l’atteinte des résultats quantitatifs fixés avec les bailleurs de fond amène à mettre au second plan les mesures d’accompagnement – formation des CGPE, sensibilisation des usagers et suivi post-réalisation – qui pourtant garantissent l’appropriation locale et la pérennité des résultats.

Une préoccupation en termes d’efficience est le nombre significatifs de partenariats gérés par la section WASH, avec leurs corollaires de procédures administratives, suivi, coordination et rapportage. Les coûts de gestion et de transaction sont importants au détriment d’autres tâches. Ils pourraient être diminués par une stratégie ajustée cohérente avec la réforme dite « HACT » de l’UNICEF introduite au Tchad en 2013. Cette réforme a pour objectif de mieux mesurer et gérer les risques liés aux partenariats avec le gouvernement et les ONG, et de réduire la charge que représente le rapportage financier et le contrôle des pièces justificatives20. L’appréciation de son niveau d’application et de l’atteinte des objectifs poursuivis pourrait faire l’objet d’une évaluation à part entière, mais il semble du moins que la réforme aille globalement dans le sens d’une efficience renforcée.

19 Entretien avec un WASH programme officer de l’UNICEF 20 Pour plus d’information sur la réforme HACT, voir le rapport d’étude de cas pays Guinée et/ou le rapport

d’évaluation mondiale

HYDROCONSEIL-AGUACONSULT-CGSW

UNICEF – Global RWS evaluation – Country Case Study: Chad Page 24

E.3.4. Procédures de passation de marchés et de suivi des contrats

Pour des raisons de gestion des risques techniques et financiers, l’UNICEF Tchad garde la responsabilité de la passation des marchés. Elle est généralement gérée par la section achats (« Supply ») avec la contribution technique de la section WASH (principe de la séparation des rôles) sur la base des procédures de l’UNICEF en ligne avec les standards des organismes internationaux. Les appels d’offres sont ouverts et la compétition se fait sur la base du « mieux disant » : la qualité de l’offre technique et le prix sont tous deux pris en compte dans le choix du prestataire. Les partenaires classés à risque faible ont la possibilité de gérer la passation des marchés eux-mêmes en suivant les mêmes règles que l’UNICEF.

Des améliorations ont été apportées ces dernières années dans la passation de marchés (par exemple l’utilisation de shortlists de prestataires qualifiés pour les forages manuels) et le suivi des contrats, d’après les interviews réalisés. Cependant le fait que certaines ONG internationales passent des marchés elles-mêmes et le recours aux PME pour les forages manuels ont aussi leurs désavantages : le morcellement des lots (excédant rarement une dizaine de forages) augmentant la charge totale de travail (avec parfois des erreurs de copier-coller21) et empêchant de faire des économies d’échelle. Cette approche a répondu à une logique de « partager le travail » pour soutenir un nombre maximum de prestataires sur le marché de la construction. Elle s’explique également par le fait que les petites entreprises n’ont pas les capacités financières suffisantes pour obtenir une caution bancaire pour leur avance de démarrage.

Les contrats sont payés au forage positif par souci d’efficience : le risque de forage négatif est reporté sur l’entreprise en charge des études de faisabilité et d’implantation. Des sanctions ont été prévues en cas de non-respect des clauses contractuelles par les entreprises, mais elles n’ont été appliquées qu’exceptionnellement, sans que les entreprises fautives ne soient « blacklistées », ce qui a laissé encore une certaine impunité. Les prestataires de forages manuels ont été formés en amont sur financement UNICEF mais les entreprises de forage mécanique et de génie civil ne sont pas formées/orientées par l’UNICEF après signature du contrat.

E.3.5. Technologies à faible coût

La principale approche qui a permis de rendre le programme hydraulique rurale de l’UNICEF plus efficient a été la promotion du forage manuel qui permet de diviser le coût d’investissement par un facteur de 2 à 322, et donc de réaliser d’autant plus de points d’eau avec les fonds disponibles. D’après les entreprises basées dans la capitale, le prix facturé pour un forage manuel a presque été divisé par deux depuis le début de la période d’évaluation (de US$ 2 000 US$ à US$ 1 200 voire 1 000 avec une qualité diminuée pour répondre à la demande de ménages moins aisés (preuve de la démocratisation de la technologie). L’UNICEF et les autres partenaires du secteur ont donc contribué à favoriser l’auto-approvisionnement des ménages, indépendamment des projets financés par l’aide extérieure.

E.3.6. Intégration programmatique

La convergence géographique et l’intégration programmatique est resté très timide sur l’ensemble de la période.

21 Entretiens avec les entreprises de forage. 22 Présentation de l’UNICEF Tchad et Ministère tchadien en charge de l’eau sur les « forages à faible coût »,

2009

HYDROCONSEIL-AGUACONSULT-CGSW

UNICEF – Global RWS evaluation – Country Case Study: Chad Page 25

La cartographie des activités hydraulique de l’UNICEF (figure 2 plus haut) révèlent une forte dispersion géographique.

Au sein du WASH, dans certains cas mais pas systématiquement, les interventions d’hydraulique rurale ont été couplées avec des interventions d’assainissement (ATPC) ou dans les écoles et centres de santé. L’évaluation du programme de l’UNICEF menée en 2008 avait déjà attiré l’attention de l’UNICEF sur le fait qu’ « il semble qu’il n’y ait pas suffisamment d’interaction/complémentarité entre les actions menées à l’école et au sein de la communauté ». Même quand il y a eu convergence géographique, cela n’a pas signifié intégration programmatique : d’après les interviews, il est arrivé que sur un même périmètre la sensibilisation et la mobilisation communautaire concernant l’eau d’une part, et l’ATPC d’autre part, aient été confiées à deux ONG différentes. Cela représente des opportunités manquées de renforcement mutuel et de rationalisation des coûts opérationnels.

Avec les autres sections, la convergence a été encore plus rare. Déjà en 2008, l’évaluation appelait à une plus grande « synergie avec les autres programmes, notamment Éducation, Santé et Communication de manière à optimiser les résultats. » C’est lors des réponses d’urgence (hors du périmètre de cette évaluation) que l’approche a été la plus multisectorielle. La volonté de l’équipe d’intégrer plus systématiquement les approches au sein du WASH et de se rapprocher des autres sections (notamment avec le « WASH in nutrition ») a été affirmée comme une ambition pour les prochaines années.

E.3.7. Gestion des financements

La structure et nature des financements reçus par l’UNICEF Tchad n’ont pas aidé à une gestion efficiente du programme. Un nombre important de donateurs (15 en moyenne) ont contribué à hauteur de montants modestes. Cela augmente les coûts de gestion y compris le temps de rapportage. Cela entraine une multiplication des exigences parfois difficiles à concilier, comme les zones ciblées différentes empêchant des zones de concentration programmatique et la rationalisation des coûts opérationnels, ou encore une priorisation d’une activité au détriment d’une autre, rendant difficile l’intégration des interventions.

De plus, une grande partie des financements ont été des fonds d’urgence qui généralement ont une durée d’expiration très courte (parfois de 6 mois, moins que la durée d’un PCA classique). Cette durée est insuffisante pour consolider les interventions, faire le suivi post-réalisation, et mettre l’accent sur le changement de comportement et le renforcement des capacités locales qui exigent du temps. En plus, cette situation crée de l’incertitude quant à l’avenir des financements, et a amené la section WASH à consacrer beaucoup de temps à la recherche de nouveaux financements pour assurer la survie du programme, au détriment d’autres activités : assurance qualité, stratégie à long terme, appui institutionnel, etc.

Conclusion sur l’efficience : La principale faiblesse du programme en matière d’efficience a été la fragmentation : des interventions (dispersion géographique), des partenariats, des marchés (de construction), et des donateurs. Malgré l’absence de données chiffrées, il est fortement probable que cela ait augmenté les coûts et réduit l’impact sur les bénéficiaires. Cette faiblesse a été partiellement causée par le contexte volatile et les financements dont le programme a été dépendant, mais également par une approche sous-optimale dans la gestion du programme. Cependant la promotion du forage manuel et certaines mesures dans la gestion des contrats ont certainement été dans le sens d’une plus grande efficience.

E.4. Durabilité Contribution de l’UNICEF au renforcement du secteur et de la durabilité des services, et résultats en termes de durabilité des services financés.

HYDROCONSEIL-AGUACONSULT-CGSW

UNICEF – Global RWS evaluation – Country Case Study: Chad Page 26

E.4.1. Un investissement insuffisant dans l’appropriation communautaire et le changement de comportement

L’UNICEF n’a pas exigé des bénéficiaires leur contribution financière initiale de 150 000 FCFA prévue dans les textes nationaux. Cela s’explique par l’hypothèse faite que les communautés d’intervention sont pauvres ou vulnérables et donc incapables de contribuer, et par facilité et souhait de la part de l’UNICEF d’uniformiser avec ses interventions d’urgence. Dans le cas de certains points d’eau, une contribution à un fond de gestion est demandée par la suite mais pas de manière systématique.

Les mesures d’accompagnement sont d’une importance critique pour assurer la durabilité des investissements et du changement de comportement au niveau des communautés, mais ont été identifiés comme un point de faiblesse du programme par de nombreux acteurs interviewés y compris l’un des donateurs de l’UNICEF. L’UNICEF n’a pas répondu par un investissement suffisant aux directives du SDEA en la matière et aux bonnes pratiques du secteur. Comme déjà mentionné, la durée des PCA est insuffisante pour permettre aux ONG partenaires de l’UNICEF d’effectuer les activités de sensibilisation avec le niveau d’intensité et le suivi régulier requis. A titre d’exemple, l’une des ONG qui a été en charge à la fois des travaux et de la sensibilisation communautaire a indiqué que le budget par communauté était insuffisant et ne permettait pas de payer des animateurs communautaires pour effectuer la sensibilisation, qui a donc été effectué par les techniciens. L’analyse des plans de travail annuels du programme WASH a confirmé qu’une part insuffisante du budget a été allouée à ces activités (33 000 USD soit 1% du budget en 2011, et 632 500 soit 6 % en 2015).23

En conséquence, la réalité du changement de comportement est contrastée : les visites terrain qui ont eu lieu en saison sèche suggèrent que la population privilégie généralement les forages aux sources alternatives non améliorées24. Des membres du CPGE de plusieurs villages ont toutefois indiqué que pendant la saison des pluies c’est l’eau de surface, plus aisément disponible et gratuite, qui est privilégiée, et le payement des cotisations pour le point d’eau peut être temporairement suspendu. D’autre part, dans plusieurs villages visités le point d’eau a été utilisé tant qu’il était fonctionnel mais a été laissé à l’abandon dès la ou les premières pannes. Cela démontre que la compréhension du risque et le changement de norme sociale liés à la consommation d’eau insalubre ne peuvent pas encore être considérés comme des objectifs atteints dans les communautés où l’UNICEF est intervenu.

E.4.2. Une viabilité financière faible due à une faible attention portée au recouvrement des coûts

Le SDEA stipule que « le tarif au coût réel du service public de l’eau potable doit couvrir au minimum l’ensemble des coûts d’exploitation et ceux de renouvellement des équipements d’une durée de vie inférieure à 20 ans. L’équité doit être la règle en ce qui concerne la fixation du prix du service dans une zone homogène. » En pratique, il a été généralement constaté que le payement se fait sous la modalité de la cotisation forfaitaire mensuelle, et le montant est fixé par les communautés elles-mêmes avec l’objectif d’être abordable plutôt que de permettre la prise en charge locale des pannes les plus coûteuses. Sur 22 villages visités, 9 (soit plus de 40%) n’appliquaient aucun tarif et indiquaient qu’ils cotiseraient le jour où le forage tomberait en panne. Cinq de ces forages n’étaient d’ailleurs pas fonctionnels, dans certains cas depuis longtemps (abandon), dans d’autres depuis plusieurs semaines, le temps de collecter les cotisations ponctuelles nécessaires. L’absence d’une réserve

23 Plan de travail annuel de l’UNICEF, 2011 et 2015

24 Plusieurs villages nous ont indiqué que lorsque les villageois travaillaient dans les champs pendant la saison des pluies, ils boivent tout de même de l’eau de surface, d’ailleurs, le payement de l’eau au village peut être suspendu à cette période où le point d’eau n’est presque plus utilisé.

HYDROCONSEIL-AGUACONSULT-CGSW

UNICEF – Global RWS evaluation – Country Case Study: Chad Page 27

disponible pour la prise en charge immédiate des dépenses de réparation entraine le retour provisoire ou définitif à la consommation d’une eau insalubre avec les risques sanitaires afférents.

Figure 4 : Forage non fonctionnel, abandonné dans le Guéra

Figure 5 : Forage fonctionnel dans la région du Guéra

Source : Visites de terrain par l’équipe d’évaluation

Dans les villages s’étant organisés pour prendre en charge les frais de maintenance et réparation de la pompe, il a été rapporté qu’ils ont pris cette initiative eux-mêmes en contactant directement l’artisan-réparateur de la zone dont ils avaient le contact, sans faire une demande préalable à l’ONG de mise en œuvre ou à l’UNICEF. Cela démontre qu’un certain niveau de compréhension de leur responsabilité et d’autonomie a été atteint dans certaines communautés.

E.4.3. Une faible durabilité institutionnelle

Au niveau local, l’UNICEF et ses partenaires ont formé les CPGE et, avec d’autres acteurs du secteur, contribué au renforcement de la filière maintenance en soutenant la formation et le recyclage d’artisans-réparateurs. Mais parmi les 24 points d’eau visités, seuls 13 avaient toujours un CPGE fonctionnel. Parmi les CPGE fonctionnels, certains CPGE ont exprimé un besoin en formation plus longue (que un à deux jours) et des supports sur la gestion du point d’eau, qui inclurait le diagnostic des pannes et les réparations mineures, pour réduire le recours à l’artisan-réparateur. L’évaluation de 2008 soulignait déjà « l’urgence à revoir les méthodes de formation et de suivi de ces structures de gestion des installations. En outre, compte tenu de l’ampleur des actions à mener dans le secteur pour atteindre les OMD, la stratégie de formation mérite d’être poursuivie au niveau des services déconcentrés, mais aussi à l’ensemble des acteurs privés et associatifs au niveau national. »

Au défi posé par la très grande faiblesse voire quasi-absence des collectivités territoriales décentralisées ayant pourtant reçu la maîtrise d’ouvrage des infrastructures publiques d’eau potable en 2002, et par l’insuffisante déconcentration des services techniques du ministère en charge de l’eau, s’ajoute la défiance des populations envers les fonctionnaires de l’administration territoriale qui eux sont bel et bien présents (préfets, sous-préfets). Il est donc difficile dans ce contexte de trouver un acteur bénéficiant d’un leadership, d’une crédibilité et d’une capacité suffisantes sur lesquels s’appuyer pour assurer la supervision des activités, le suivi post-projet, et la gestion plus globale du service sur l’ensemble d’une zone géographique.

Face à cette situation l’UNICEF a concentré sa stratégie d’une part sur le plaidoyer auprès du ministère pour une plus grande déconcentration, qui n’a pas été couronnée de succès

HYDROCONSEIL-AGUACONSULT-CGSW

UNICEF – Global RWS evaluation – Country Case Study: Chad Page 28

jusqu’à présent, et d’autre part plus récemment sur un projet de structuration de CPGE dans le sud sous la forme d’une association, mais sans le soutien du ministère.

Considérant l’amplitude des besoins financiers tant pour les réparations/réhabilitations des points d’eau dysfonctionnels ou situés dans les zones vulnérables et à haut risque (climatique, instabilité sécuritaire, etc.), que pour le développement accéléré du service dans les zones peu couvertes, et considérant le peu de capacité contributive au niveau local, le niveau de contribution du gouvernement au financement du secteur, d’environ 3%, est très insuffisant. L’UNICEF n’a pas fait de plaidoyer dans ce sens pendant la période considérée.

E.4.4. Un taux de fonctionnalité qui s’en ressent

Ni l’UNICEF ni le secteur en général n’a conduit d’analyse de situation, d’étude ou d’enquête sur la durabilité du service de l’eau au Tchad permettant d’avoir des chiffres fiables et un diagnostic détaillé des problèmes. ’

Les visites effectuées sur le terrain ne permettent pas d’obtenir un échantillon représentatif des forages construits avec l’appui de l’UNICEF sur la période 2006-2016 (entre 700 et 800). Cependant, sur les 24 forages observés et diagnostiqués, 9 n’étaient pas fonctionnels (voir figure 6 ci-dessous). Ce taux de fonctionnalité de 62.5% est dans la fourchette basse comparé aux pays d’Afrique subsaharienne : 55-85% entre 2 à 10 ans après construction. Dans la région du Guéra, certains points d’eau étaient en panne et abandonnés depuis plusieurs années. Il s’agissait pourtant de points d’eau plutôt privilégiés puisqu’ils se trouvaient à moins d’une journée aller-retour de la capitale de région (Mongo). Ces observations indiquent une situation préoccupante de la durabilité des points d’eau financés par l’UNICEF au Tchad et devrait inciter à faire un suivi plus rapproché et continu des forages et des CPGE – y compris dans le cadre des interventions d’urgence où le suivi semble avoir été encore plus insuffisant.

Figure 6 : Fonctionnalité des forages visités

Source : Evaluation Team

Il n’y a pas de système de suivi de la fonctionnalité des points d’eau au Tchad, que ce soit au niveau national ou au niveau de l’UNICEF et de ses partenaires. 11 CPGE sur 24 rencontrés ont déclaré que personne n’était venu les voir depuis la réception du forage pour vérifier si le forage était en bonne condition de marche et que le comité était actif. Un lien direct a été observé entre le manque de suivi et la non-fonctionnalité : En effet, tous les forages ayant fait l’objet d’une visite de suivi était fonctionnels au moment de la visite, contre 63% pour ceux qui n'avaient bénéficié d’aucun suivi.

Conclusion sur la durabilité: L’appréciation du programme en termes de durabilité fait ressortir des insuffisances importantes. Le manque d'investissement de l'UNICEF dans les mesures d'accompagnement s'est traduit par un faible niveau d’implication des usagers dans le financement et la conception des points d’eau, des activités de sensibilisation trop légères pour provoquer un abandon durable des sources d’eau non-améliorées, et donc une faible

69

2

7

0

5

10

15

20

Chari-Barguimi Guéra

Non fonctionnel

Fonctionnel

75%

56%

HYDROCONSEIL-AGUACONSULT-CGSW

UNICEF – Global RWS evaluation – Country Case Study: Chad Page 29

appropriation des infrastructures. Couplés à un contexte très difficile et une absence d’institution capable d’assumer une responsabilité du service de l’eau tant du côté des autorités locales que des services techniques décentralisés, il en résulte un faible taux de fonctionnalité des forages et des CPGE. Ce constat fait écho à l’évaluation à mi-parcours du programme WASH de l’UNICEF 2006-2008 (publiée en 2008) qui soulignait déjà « l’insuffisance de suivi des installations dans les zones à programme alors que les structures de gestion ne sont pas mises en place partout. Ces quelques structures en place sont insuffisamment formées, outillées et encadrées. Cette absence de suivi est aussi renforcée par l’absence de structures étatiques déconcentrées et motivées, mais également l’insuffisance de relais sur lequel l’UNICEF peut s’appuyer pour mettre en œuvre son programme dans l’ensemble du pays ». Huit ans après cette évaluation, le constat reste le même.

E.5. Équité La prise en compte par l’UNICEF des populations qui sont le plus dans le besoin dans son ciblage géographique, dans la conception, la mise en œuvre, et le suivi-évaluation de son programme.

E.5.1. Une stratégie de ciblage géographique incertaine

D'après les documents de programmation de l’UNICEF tels que les documents de programme pays (CPD) et les plans de travail annuels et pluriannuels25, le ciblage géographique a été effectué en accord avec le gouvernement sur la base des taux de couverture en eau (enquêtes EDS-MICS). Cela n’a pas pu être vérifié par l’analyse cartographique : selon les données 2012-2015 disponibles, l’UNICEF est intervenu dans la moitié sud du pays26 alors que ce sont les régions nord qui ont le taux de couverture le plus bas (mise à part la région de Salamat dans le sud-est dans laquelle l’UNICEF a construit des points d’eau en 2014, voir figure 7 ci-dessous).

25 Voir liste des documents consultés en Annexe 4

26 Salamat, sud-ouest du Batha, Ouaddaï, Sila, Nord du Guéra, et partie sud-ouest du pays. Voir la carte dans la

section D plus haut.

HYDROCONSEIL-AGUACONSULT-CGSW

UNICEF – Global RWS evaluation – Country Case Study: Chad Page 30

Figure 7 : Comparaison entre les zones d’intervention hydraulique rurale UNICEF (2012-2015) et les 4 régions avec le plus faible taux d’accès à l’eau (2015, entourées en rouge)

Source : UNICEF Bureau pays Tchad, 2016, et rapport de l’enquête EDS-MICS 2015

Figure 8 : Comparaison entre les zones d’intervention hydraulique rurale UNICEF (2012-2015) et les zones de prévalence de la malnutrition aigüe (2015)

Cartographie de la prévalence de la malnutrition aigüe par région en 2015

Source : Enquête SMART, UNICEF Tchad, décembre 2015

Localisation des points d'eau UNICEF entre 2012 et 2015

Source : UNICEF Bureau pays Tchad, 2016

Le personnel UNICEF interrogé mentionne également les zones de malnutrition aigüe comme étant particulièrement ciblées. L’analyse cartographique confirme partiellement cette affirmation : les zones du centre du pays où l'UNICEF a réalisé des points d’eau surtout en 2012 et 2015 connaissent effectivement des taux de malnutrition élevés. Cependant les financements ont également bénéficié à d’autres zones plus frontalières dans le sud qui sont

HYDROCONSEIL-AGUACONSULT-CGSW

UNICEF – Global RWS evaluation – Country Case Study: Chad Page 31

moins touchées par la malnutrition, et n'ont pas bénéficié aux régions du nord qui sont aussi touchées que le centre du pays (voir cartes en annexe 5).

Il semble qu’une partie significative des financements étant orientés « urgences », le choix de 6 des 12 régions d’intervention ait été guidé par les inondations, épidémies de choléra et l’afflux de réfugiés aux frontières soudanaise, puis centrafricaine et sur les rives du lac Tchad. Cela s’explique par le double mandat de l’UNICEF, couvrant tant le développement que l’urgence, et la volonté de lier les deux sous les concepts de réduction des risques et de résilience.

L’explication donnée par l’UNICEF par rapport au non-ciblage des régions désertiques du nord est la très faible densité de population. Cela appelle à la réflexion sur la complexité de la question du ciblage géographique. L’objectif pour l’UNICEF au Tchad est-il de réduire les inégalités géographiques et de combattre la malnutrition là où elle est la plus prévalente, comme expliqué dans les documents programmatiques ? D’atteindre les populations isolées, oubliées ou difficiles d’accès ? De répondre prioritairement aux urgences quand elles surviennent ? Ou de fournir un service au plus grand nombre pour augmenter plus significativement le taux de couverture national ? L’objectif de l’équité peut venir en contradiction avec les autres objectifs concomitants d’efficacité (améliorer le taux de couverture, diminuer rapidement l’impact des crises) et d’efficience (puisqu’aller faire des points d’eau dans des régions isolées et des populations faibles est coûteux et entraine des coûts par bénéficiaire élevés). La question du ciblage est complexe et il y a parfois des arbitrages à faire. Quoi qu’il en soit, il existe un décalage entre la stratégie de ciblage présentée par l’UNICEF et la réalité de priorisation sur le terrain.

Il y a sans nul doute eu d’autres critères utilisés dans le choix des zones d’intervention, comme par exemple la demande des donateurs ou la présence de partenaires d’intervention, mais ils ne sont pas clairement articulés dans les documents consultés ni dans les entretiens. Si l’on pourrait dire que dans un contexte comme celui du Tchad, le principe de l’équité s’applique moins car « tout est prioritaire », il n’en reste pas moins que les moyens disponibles sont limités et la priorisation doit se faire sur la base d’une stratégie bien articulée.

E.5.2. Pas de ciblage spécifique des plus vulnérables au sein des communautés

Une fois les zones géographiques déterminées et les villages manquant de point d’eau amélioré identifiés, les ménages les plus vulnérables n’ont pas fait l’objet d’une attention particulière. Les visites de terrain ont montré que les plus pauvres, les personnes handicapées, âgées ou (semi-)nomades n’ont pas été plus impliqués que les autres dans la conception ou la gestion du point d’eau, y compris comme membres du CPGE. Ils n’ont pas bénéficié de mécanismes particuliers pour le payement de l’eau. Comme dans d’autres pays de la sous-région, l’UNICEF a laissé la décision aux habitants qui dans pratiquement tous les villages visités pratiquent un tarif unique mais en dispensent les ménages les plus pauvres.

En ce qui concerne la prise en compte du genre, nous n’avons pas pu constater si l’UNICEF avait appliqué une stratégie spécifique dans ce sens. La présence des femmes dans les CGPE est courant mais pas systématique (11 sur 13 CGPE fonctionnels). Lorsqu’une femme est membre, son rôle est généralement cantonné à l’hygiène du point d’eau au lieu de faire pleinement partie du processus de prise de décision, alors que les femmes sont en charge de la collecte du l’eau dans le village et de sa bonne gestion à l’intérieur du ménage. Sur les 13 CGPE fonctionnels rencontrés, 5 avaient une femme comme trésorière ou vice-présidente et un seul avait une femme comme présidente.

HYDROCONSEIL-AGUACONSULT-CGSW

UNICEF – Global RWS evaluation – Country Case Study: Chad Page 32

Il est à souligner que la technique du forage manuel permet d’installer des points d’eau pour des populations isolées et dans des zones difficiles d’accès où les ateliers de forages mécaniques ne peuvent pas se déplacer.

E.5.3. Une absence de suivi et d’évaluation de la prise en compte de l’équité

La mesure de la dimension équité du programme d’hydraulique de l’UNICEF n’a pas fait l’objet d’indicateurs de résultats spécifiques ni d’étude ou d’évaluation sur la période 2006-2016. L’évaluation de 2008 n’incluait pas d’analyse sur l’équité ni le genre. Nous n’avons pas trouvé d’analyse de situation avec un focus particulier sur ces questions.

Conclusion sur l’équité : L’équité est prise en compte avec ciblage des zones confrontées à une situation d’urgence et des communautés en manque de point d’eau, mais l’ensemble des critères de choix des zones d’intervention reste mal articulé et peu clair. A l’intérieur des communautés d’intervention, les mesures soutenant l’équité et la responsabilisation des femmes semblent négligées ou du moins pas suivies d’effet identifiable a posteriori et mesurables. Ces faiblesses traduisent le manque d’une véritable stratégie équité pour le programme.

E.6. Innovations et passage à l’échelle L’introduction d’innovations et l’appui au passage à l’échelle d’innovations.

Les acteurs rencontrés reconnaissent la capacité d’innovation de l’UNICEF au Tchad, même si cela se traduit moins dans le domaine de l’eau potable que dans celui de l’assainissement (avec l’ATPC). Le forage manuel est le seul exemple cité dans le domaine de l’eau potable, et comme souligné plus haut l’investissement de l’UNICEF dans ce domaine a été considérable.

Figure 9: La capacité d’innovation d'UNICEF selon les participants à l'atelier national

Source : Equipe d’évaluation

Si l’UNICEF n’a pas été à l’origine du forage manuel au Tchad, son rôle est reconnu dans la professionnalisation de la filière, sa structuration grâce à l’ATPESFORC et la mise en œuvre à grande échelle de cette méthode de foration (ce qui explique les 93 % sur la capacité à passer à l’échelle). Aucune innovation n’a été identifiée dans les domaines d’intérêt particulier de cette évaluation, à savoir : financement de l’accès au service et modalités de tarification ; modalités de gestion du service de l’eau au niveau local, notamment par le biais de l’implication du secteur privé (sur ce plan le Tchad est en retard par rapport à d’autres pays de la sous-région comme la Mauritanie, le Burkina Faso ou le Mali) ; le suivi en temps réel de la fonctionnalité ; mécanismes de transparence, redevabilité et régulation du service au niveau national.

79%

57%

93%

14%

29%

7%

14%

7%

0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%

Est-ce que vous considérez que l'UNICEF est uneorganisation innovante au Tchad ?

Est-ce que vous considérez que l'UNICEF est uneorganisation innovante au niveau global ?

Considérez-vous que l'UNICEF est capable depasser à l'échelle les innovations ?

Oui Non Ne se prononce pas

HYDROCONSEIL-AGUACONSULT-CGSW

UNICEF – Global RWS evaluation – Country Case Study: Chad Page 33

Conclusion sur l’innovation : Mise à part la professionnalisation du forage manuel, l’intervention de l’UNICEF dans l’hydraulique rurale a été peu innovante et s’est plutôt apparentée à une approche très traditionnelle d’ingénieurs et techniciens se concentrant sur la réalisation de points d’eau plutôt que sur la mise en place d’un véritable service de l’eau.

HYDROCONSEIL-AGUACONSULT-CGSW

UNICEF – Global RWS evaluation – Country Case Study: Chad Page 34

F. Recommandations

Compte tenu du faible niveau de développement et de capacité du pays, du taux d’accès à l’eau potable qui n’a quasiment pas progressé depuis 1990, et des crises humanitaires qui se succèdent, l’UNICEF est contraint de continuer à s’engager sur plusieurs fronts à la fois : l’appui au développement de l’accès et du service de l’eau potable sur le terrain, le renforcement de l’environnement sectoriel plus globalement, et l’amélioration de la prévention, préparation et résilience aux crises humanitaires. En même temps, il y a un besoin urgent de renforcer la qualité et la durabilité des interventions sur le terrain, avec un paquet d’intervention complet et intégré, et un meilleur suivi du service fourni. Compte tenu des contraintes de financement, cet agenda ambitieux imposé par les nouveaux objectifs de développement durable (ODD / SDG) exigera une révision de la stratégie d’intervention de l’UNICEF. Les suggestions/recommandations suivantes sont formulées dans ce sens.

F.1. Donner sa place à une stratégie à plus long terme…

F.1.1. …basée sur une analyse du contexte sectoriel et des avantages comparatifs de l’UNICEF

1. L’UNICEF n’est que l’un des acteurs du secteur de l’hydraulique rurale au Tchad, et ne peut pas relever seul les nombreux défis. Il faudra donc que l’UNICEF identifie un paquet d’activités prioritaires qui lui permettra de faire une vraie différence dans le secteur. Ils pourront être identifiés par une analyse approfondie :

Du contexte sectoriel y compris de son évolution souhaitée vers la réalisation d’un service de base, universel et durable au sens des ODD,

Des acteurs (présence et capacités des services techniques, collectivités locales, ONG, bailleurs, secteur privé, etc.),

De l’expérience de l’UNICEF (à évaluer/capitaliser au besoin en se focalisant sur les domaines sous-documentés ou les éléments de faiblesse) et de ses avantages comparatifs,

De la dynamique actuelle et des décisions stratégiques et managériales du bureau de l’UNICEF Tchad pour les années futures.

2. Une fois sa vision stratégique et la nature de sa contribution au secteur mieux définie, l’UNICEF pourra en déduire les objectifs/résultats, les activités à mener, et les moyens à mobiliser, élaborant ainsi une théorie du changement et un cadre logique détaillés.

F.1.2. …articulée autour du renforcement institutionnel

Le principal domaine qui apparait comme en état de déficit généralisé et chronique et dans lequel l’UNICEF semble pouvoir maximiser sa valeur ajoutée, est le renforcement institutionnel. L’UNICEF dispose d’un avantage comparatif car dispose d’une légitimité dans le secteur, d’un partenariat de longue date avec le gouvernement, d’un rôle de coordination, et d’un mandat qui couvre autant la fourniture de services aux populations que le renforcement des politiques et de l’environnement sectoriel. Au niveau mondial, la nouvelle stratégie WASH de l’UNICEF encourage les bureaux-pays à renforcer cet aspect de leur programmation en complément des activités terrain. Les activités suivantes, découlant directement de l'analyse évaluative présentée plus haut, pourraient donc constituer la composante principale de la théorie du changement et du cadre logique du programme hydraulique rurale de l’UNICEF :

HYDROCONSEIL-AGUACONSULT-CGSW

UNICEF – Global RWS evaluation – Country Case Study: Chad Page 35

3. Renforcer la solidité du marché de l’activité du forage manuel et mécanique

a. Pérennisation et institutionnalisation de la formation des PME tchadiennes du forage manuel, en veillant à ne pas saturer le marché

b. N’Djamena pourrait devenir un centre de formation d’excellence sur le forage manuel à vocation nationale et sous-régionale, avec l’appui de l’UNICEF et d’autres partenaires

c. Certification des entreprises de forage

d. Vérification indépendante du respect des normes d’implantation, de réalisation et de qualité de l’eau

e. Dynamisation et montée en puissance de l’ATPESFORC

4. Contribuer au renforcement du cadre institutionnel pour la gestion/supervision du service au niveau sous-national. Sans personne pour prendre le relais après les réalisations, le développement d’un service pérenne restera une utopie. Cela doit donc devenir un objectif important pour l’UNICEF, notamment par :

a. Continuation du plaidoyer et du soutien technique et financier à la déconcentration des services techniques, en synchronisation avec l’ensemble des acteurs du secteur

b. Continuation du test de mise en place d’associations de CGPE en pleine collaboration avec les services techniques, associée à un système de péréquation des fonds pour la gestion et la maintenance/réhabilitation locale des points d’eau

c. Plaidoyer pour une plus grande contribution du gouvernement aux dépenses de suivi routinier et de réparation/réhabilitation des points d’eau, à la mise en place d’un véritable service technique déconcentré de l’hydraulique

5. Promouvoir une coordination renforcée des acteurs notamment en contexte de développement

6. Appuyer le ministère pour une meilleure application du Code de l’Eau et du SDEA, et leur éventuelle mise à jour afin de faire évoluer le secteur sur la base des faiblesses identifiées, des leçons apprises, et de la direction indiquée par les nouveaux ODD

F.1.3. …et d’un paquet d’intervention sur le terrain mieux ciblé, plus intégré, et axé sur la qualité et la durabilité

7. Compte tenu de l’énorme défi que constitue l’objectif d’une couverture universelle des besoins de la population en eau potable à l’horizon 2030, et de la nature limitée des financements disponibles pour les activités de développement, l’UNICEF doit continuer de financer des réalisations sur le terrain en se concentrant sur les zones rurales où les besoins sont les plus grands. Il serait bénéfique et efficient de se concentrer sur des zones d’intervention plus restreintes et stables dans le temps (à côté des réponses aux urgences plus ponctuelles et possiblement plus dispersées), sélectionnées sur la base d’une stratégie de ciblage clarifiée, guidée par des critères d’équité, d’efficacité et d’efficience, et dans la logique de renforcer les synergies/complémentarités avec les autres intervenants du secteur et les autres programmes de l’UNICEF. Ces critères d’éligibilité et de priorisation des zones/villages seront donc à clarifier/formaliser avec le gouvernement, et à coordonner les autres acteurs du secteur et avec les autres sections de l’UNICEF.

8. Chaque fois que possible, l’UNICEF devrait intégrer les interventions hydraulique avec l’ATPC et le WASH dans les institutions (écoles et centres de santé) dans les mêmes villages, sur la base d’accords de partenariats fusionnés et d’un séquençage approprié des activités – pour maximiser l’impact sur les bénéficiaires tout en réduisant les coûts opérationnels. Les modalités d’intégration avec les programmes de santé, nutrition, éducation, communication pour le développement (C4D) etc. seront à définir par le bureau-pays – en allant au-delà d’une simple

HYDROCONSEIL-AGUACONSULT-CGSW

UNICEF – Global RWS evaluation – Country Case Study: Chad Page 36

« convergence géographique vers les mêmes zones d’intervention ». La réflexion actuellement menée par l’UNICEF Guinée sur la stratégie « communes amies des enfants » pourraient constituer une source d’inspiration27.

9. Les mesures d’accompagnement sur le terrain doivent faire l’objet d’un investissement beaucoup plus considérable pour améliorer le niveau de durabilité des ouvrages et du changement de comportement. Cela passe par une stratégie de mobilisation et sensibilisation communautaires avant, pendant, après les travaux qui soit prenne la forme de l’ATPC soit s’en inspire, y compris en termes de méthodes, messages, durée et budget. Cela passe également par une formation plus systématique et approfondie des CPGE, mais aussi des partenaires/prestataires de mise en œuvre : entreprises de forage, ONG partenaires, collectivités locales, et services techniques. Tous ces acteurs devraient être dotés des guides et outils de mise en œuvre ou de gestion appropriés. Enfin, la contribution financière des bénéficiaires et/ou des autorités locales au fond de gestion devrait être requise de manière systématique, conformément aux textes nationaux.

10. La supervision des activités de construction doit devenir plus professionnelle, plus indépendante et plus rapprochée. Le recours aux bureaux d’études qualifiés pour le contrôle permanent des travaux se généralise à l’UNICEF, dans les pays où les capacités des services techniques sont insuffisantes. UNICEF Tchad aussi devrait commencer à considérer sérieusement cette option.

11. Le suivi de la fonctionnalité du point d’eau, de la qualité de l’eau et du dynamisme du CPGE doit se poursuivre en phase post-réalisation – y compris quand les financements sont de courte durée. Les modalités de ce suivi sont à définir : soit ponctuel, effectué par un tiers sur la base d’un échantillonnage : l’expérience de l’UNICEF dans d’autres pays de la sous-région en matière de « audit de durabilité / sustainability check » serait utile au Tchad 28; soit effectué par les acteurs locaux de manière permanente, légère et systématique : là encore, l’expérience d’autres bureaux-pays dans le suivi par SMS pourrait être mise à profit. Les données collectées peuvent être présentées aux revues sectorielles, alimenter les discussions et être utilisées pour guider l’ajustement des approches programmatiques.

F.2. Des moyens au service de cette stratégie

F.2.1. Rationaliser la gestion des financements, des PCA, et des contrats

12. Il n’est pas forcément facile ni toujours possible d’obtenir des financements sur des durées plus longues pour permettre une programmation à plus long terme, répondant mieux à une stratégie interne. Cependant, l’élaboration d’une stratégie programmatique à moyen terme pourrait servir de support dans les négociations avec les financeurs et être à même de faciliter la mobilisation de ressources financières de meilleure qualité : moins nombreuses, plus prévisibles, et plus stables. Des ressources sont disponibles à l’UNICEF (y compris au bureau régional et au siège) pour aider à la définition d’une stratégie de mobilisation des ressources. Au niveau du secteur plus globalement, l’effort de planification stratégique actuellement initié pourrait se révéler une base utile.

27 Voir rapport d’étude de cas pays Guinée

28 La section WASH à l’UNICEF Siège a publié en juillet 2017 une « guidance for WASH sustainability checks ».

HYDROCONSEIL-AGUACONSULT-CGSW

UNICEF – Global RWS evaluation – Country Case Study: Chad Page 37

13. Les interventions terrain et les PCA ont également été caractérisés par une certaine fragmentation et dispersion. La gestion des nombreux PCA et leur renégociation quasi-annuelle n’est pas efficiente. Si des financements de plus longue durée sont mobilisés, cela devrait permettre à l’UNICEF de signer des PCA plus longs avec les partenaires ayant été audités et ayant suffisamment fait leurs preuves sur le terrain, dans un esprit de partenariat pérenne et comprenant un vrai volet « renforcement des capacités » – conformément aux procédures révisées de l’UNICEF relatives à la gestion des partenariats avec la société civile et à la réforme HACT. Cela devrait permettre aux partenaires de se projeter un peu plus loin et « d’investir » (en moyens comme en temps) dans les zones concernées – surtout si l’UNICEF définit des zones de concentration géographique. Les activités confiées aux ONG partenaires pourraient alors être également plus complètes (mesures d’accompagnement, suivi post-projet, recyclages etc.) et intégrées (ATPC, WASH à l’école, voire santé, nutrition etc.), tirant meilleur partie de la présence de ces ONG dans les villages.

14. La gestion des contrats a été également quelque peu fragmentée, avec certains marchés gérés directement par l’UNICEF et d’autres par des ONG partenaires, une taille moyenne de lot très limitée, et des appels d’offres qui se succèdent. Des mesures sont possibles pour aller dans le sens d’une plus grande efficience (moins nombreux, mieux gérés), telles que :

a. L’identification des prestataires de travaux de qualité à qui confier des lots plus grands (sur la base de la liste des entreprises de formation formées et certifiées comme recommandé plus haut, ou par le biais d’une étude de marché comme réalisées par l’UNICEF Guinée et Mali) ; et inversement, plus les lots seront importants, plus ils seront susceptibles d’attirer des grandes entreprises solides réalisant des ouvrages de qualité ; et plus l’UNICEF s’engagera dans la convergence géographique, plus les lots pourront être importants et des économies d’échelles réalisées ;

b. Le recours à des LTA (« long term agreements ») dans les cas de marchés récurrents ou complexes, selon les dispositions du supply manual de l’UNICEF ;

c. L’organisation d’une formation initiale/renforcée obligatoire pour tous les prestataires de travaux sous contrat avec l’UNICEF ou avec l’une de ses ONG partenaires ; des modules de formation sont disponibles notamment auprès de l’UNICEF Mali ;

d. L’application plus systématique des sanctions contractuelles y compris les pénalités de retard, et l’élaboration d’une blacklist des mauvais prestataires sur la base des évaluations de fin de contrat et de l’échange des expériences avec les autres acteurs du secteur.

15. Les gains d’efficience permettront de libérer des ressources et du temps au profit de la réflexion stratégique, du renforcement des capacités des partenaires, du suivi rapproché sur le terrain, et de la capitalisation/apprentissage continus. Pour que cette réallocation du temps et des priorités puisse avoir effectivement lieu, il est nécessaire d’adapter/renforcer les profils et compétences internes de la section WASH dans les domaines de l’analyse et planification stratégiques, la coordination et le suivi des partenaires, et le suivi-évaluation-rapportage.

F.2.2. Produire, partager, et utiliser l’information

16. Tant le système de suivi interne de l’UNICEF que le système de suivi sectoriel gagneraient à être consolidés et inclure une attention plus grande à la durabilité et à l’équité/genre (indicateurs désagrégés etc.). Ils génèreraient ainsi des données utiles pour l’ensemble des intervenants de l’hydraulique rurale.

17. Sur la dernière décennie, la section WASH n’a pas produit beaucoup de capitalisations ni d’études ou évaluation permettant de tirer les leçons du passé, alimenter la réflexion, et faire évoluer le contenu du programme voire informer et influencer

HYDROCONSEIL-AGUACONSULT-CGSW

UNICEF – Global RWS evaluation – Country Case Study: Chad Page 38

l’ensemble du secteur. C’est une lacune qui devrait être comblée de manière à guider le développement et la révision future de la stratégie à plus long terme de l’UNICEF et l’actualisation des textes nationaux. Les défis à investiguer sont nombreux, par exemple par :

a. Une analyse complète de l’équité, pour guider le ciblage géographique, améliorer l’implication des femmes et populations vulnérables dans la conception et gestion des services d’eau, et guider le développement d’un système de suivi-évaluation plus sensible aux questions d’équité et de genre

b. Un diagnostique de la durabilité du service de l’eau : taux de fonctionnalité des points d’eau et des CPGE ; facteurs techniques, financiers, sociaux, institutionnels et environnementaux ; compilation de bonnes et mauvaises pratiques dans les projets de développement ; options pour de meilleures modalités de gestion du service au niveau communautaire et pour un cadre institutionnel plus favorable à la pérennité du service ; comment mettre en place un suivi de la durabilité dans le secteur, sous le leadership du ministère

c. La conception de projets pilotes pour identifier des modèles qui fonctionnent, en partenariat avec les acteurs compétents

18. Les données et le savoir générés de cette manière ont pour vocation à être partagés avec tous les acteurs de l’hydraulique au Tchad et au-delà des frontières, car l’information est un bien commun. L’UNICEF est dans une position favorable pour faciliter ce partage en tant que leader du cluster WASH au Tchad, mais aussi en tant qu’organisation internationale active dans l’hydraulique rurale dans plus de 100 pays dans le monde et donc capable d’importer des expériences venues d’ailleurs et de diffuser à l’extérieur celles du Tchad.

HYDROCONSEIL-AGUACONSULT-CGSW

UNICEF – Global RWS evaluation – Country Case Study: Chad Page 39

G. Annexes

G.1. Calendrier de la visite pays Date Activités réalisées

Dimanche 20.11.2016 Voyage des deux (2) experts internationaux sur N’Djamena

Lundi 21.11.2016

Briefing de sécurité

Rencontre avec le Représentant de l’UNICEF

Rencontre avec le staff de la sous composante WASH de l’UNICEF (Dramon Madi Abdopulaye, Hissein Adoum Abdoulaye et Ronel Hamat)

Echange avec le Secrétaire Général et Secrétaire Général Adjoint du Ministère de l’Eau et de l’Assainissement

Présentation de Programme WASH par Brigitte Pedro, la Chief de Section WASH de l’UNICEF

Mardi 22.11.2016 Voyage sur Mongo (500Km), chef-lieu de la Région du Guéra

Echange avec Dr Claude Ngabou, Chef de sous bureau UNICEF de Mongo

Mercredi 23.11.2016

Echange avec le Gouverneur de la Région du Guéra et son staff ;

Visite des points d’eau des villages suivants : Zerly, Bola Chari, Zoni, Koffilo, Mormo, Sissi, Badago,

Jeudi 24.11.2016

Suite de la visite des points d’eau dans les villages : Barbeza, Delep, Douziat, Tchoffio, Banda, Bagoua, Hilékorto, Djoukoulkouli, Gamé, Djogolo

Entretien avec Rodolphe Houlsonron, programme officer WASH UNICEF/N’Djamena

Vendredi 25.11.2016

Atelier Régional de Mongo

Visite des points d’eau dans les villages : Bola Doungous, Hilélé

Visite de la mini-AEP d’un exploitant privé à Mongo ;

Finalisation de l’entretien avec Rodolphe Houlsonron, programme officer WASH UNICEF/N’Djamena

Samedi 26.11.2016 Voyage retour sur N’Djamena

Dimanche 27.11.2016

Visite des points d’eau dans la Sous-préfecture de Mandalia, Région du Chari Baguirmi. Il s’agit de : Fadjé, Issabouli, Batalaye, Madjiri, Gassi Massa 2, Gassi Massa 1, Ali Garga, Ousmanari

Lundi 28.11.2016

Entretien/interview avec Brigitte Pedro, Chief de Section WASH UNICEF/Tchad

Réunion interne à l’équipe d’évaluation pour la préparation des outils de l’atelier national et le calendrier des visités en bilatéral

Mardi 29.11.2016

Entretien avec MOUSTAPHA AHMAT ABDELMOHSINE, Coordinateur National du Programme Eau, Assainissement, Hygiène de la Coopération Tchad UNICEF

Entretien avec la Cellule d’Appui à la Maintenance et la Direction de Suivi et Exploitation des Ouvrages Hydrauliques

Rencontre avec BRAHIM NANGASDAI, Chef de Service Base de Données / Système d’Information Géographique et Cartographie du Centre de Documentation et d’Information Géographique

Echange avec Charles SERELE, Assistant au Projet ResEau

Echange avec Oumar Barry, Représentant Résident du Projet Eau et Assainissement pour l’Afrique (EAA)

Entretien avec JOANA OLIER, Chargée de Projets Développement Urbain et ONG, Agence Français de Développement

Entretien avec l’équipe de l’ONG Secours Islamique France

Mercredi 30.11.2016

Entretien avec le staff :

o l’ONG ADRA

o Direction de la Coopération Suisse DDC au Tchad

Entretien avec le vice-président de l’association des entreprises des forages manuels par ailleurs, Directeur Général de Hydrofor, entreprise de forage et le Directeur Général

HYDROCONSEIL-AGUACONSULT-CGSW

UNICEF – Global RWS evaluation – Country Case Study: Chad Page 40

Date Activités réalisées

de l’entreprise Etoile de ville

Entretien avec le Directeur Général de l’entreprise BIC

Entretien avec la représentante Pays de ACTED

Jeudi 01.12.2016

Entretien avec :

o WASH Spécialist de l’UNICEF ;

o Le Secrétaire Général du Ministère de l’Eau et de l’Assainissement

o Le Responsable du Département Eau, Assainissement et Hygiène de l’ONG Action Contre la Faim (ACF)

o L’équipe du Projet de l’ONG International Aid Services

o Le coordonnateur du cluster Wash

Vendredi 02.12.2016

Participation à l’atelier national à N’Djamena

Samedi 03.12.2016 Analyse des données collectées et remplissage des outils de reporting internes à

l’équipe d’évaluation

Dimanche 04.12.2016

Préparation du débriefing

Débriefing de la mission et de ses premiers constats en présence de la section WASH et de la représentante adjointe.

G.2. Liste des personnes rencontrées (y compris les participants des ateliers)

Prénom et nom Titre et fonction Institution

Rencontres protocolaires, Réunion avec la section WASH et Entretiens (Lundi 21.11.2016)

Philippe Barragne-Bigot Représentant UNICEF

Hadja Aissata Ba Sidibe Représentante Adjointe UNICEF

Brigitte Pedro Chef de section WASH UNICEF

Noé Reouebmel Wash Specialist UNICEF

Rodolphe Houlsonron Wash Officer N’Djamena UNICEF

Madingue Nanyalta Programme Assistant UNICEF

Dramon Madi Abdoulaye WASH Officer Abéché UNICEF

Ronel Hamat Wash Officer Moundou UNICEF

Hissein Adoum Abdoulaye Wash Officer Mao UNICEF

Mahamat Alifa Moussa Secrétaire Général Ministère de l’Eau et de l’Assainissement

Djambaye Habdekebeng Rebecca

Secrétaire Générale Adjointe Ministère de l’Eau et de l’Assainissement

Rencontre protocolaire (Mardi 22.11.2016)

Claude Ngabou Chef du bureau de zone de Mongo UNICEF

Rencontres protocolaires (Mercredi 23.11.2016)

Mahamat Ali Assaballah Gouverneur de la Région du Guéra Ministère de l’Administration du Territoire

Djérabeté Ndi’gamyo Secrétaire Général de la Région du Guéra

Ministère de l’Administration du Territoire

Claude Ngabou Chef du bureau de zone de Mongo UNICEF

Atelier Régional de Mongo (Vendredi 25.11.2016)

HYDROCONSEIL-AGUACONSULT-CGSW

UNICEF – Global RWS evaluation – Country Case Study: Chad Page 41

Prénom et nom Titre et fonction Institution

Rodolphe Houlsonron PO WASH UNICEF

Adef Fadoul Facilitateur, Base Mongo ACORD

Oumar Hissein Boukar Secrétaire Général Mairie de Mongo

Housni Moubarak Assistant RCI Programme d’Appui au Développement Rural dans le Guéra

Said Haroun Nadjo Animateur ONG Moustagbal

Hamit Brahim Adoum Superviseur ONG Moustagbal

Mahamat Zène Saad Maintenancier ANADJA

Doba Bertrand Superviseur construction WASH ONG IRC

Chanyahbo Représentante du responsable CGCOC

Kerami Gabnoba Chargé de projet nutrition Programme Alimentaire Mondial

Djokhomon Bioloumvounla Directeur technique BET CAS

Yacoub Hassan Point focal WASH Délégation Sanitaire Régionale

Abda Hissen Gestionnaire Comité de gestion de l’eau

Badolo Waya AB Point focal WASH District Sanitaire de Mongo

Abdeiramane Younou Comité de gestion Commune de Mongo

Haroun Hissein Hassane Responsable Assalama

Hamit Issakha Exploitant fontainier Entreprise de forage

Entretiens Semi Structurés (Mardi 29.11.2011)

Moustapha Ahmat Abdelmohsin

Coordinateur EAH

Ministère de l’Eau et de l’Assainissement

Vaimbi Gaou Chef de division/DSEOH

Mahamat Saleh Adoum Chef de service sensibilisation

Afoumbi Youskou Chargé de suivi CAM

Mahamat Hamdan Coordinateur de la CAM

Brahim Nangasdai Chef de service BD/CDIG

Charles SERELE Assistant technique Projet ResEau

Oumar Barry Représentant résident EAA, Eau et Assainissement pour l’Afrique Alexis Ahmet Seini Chargé de WASH

Joana Olier Chargée de Projets Développement Urbain et ONG

Agence Française de Développement (AFD)

Yilenia Rosso Chef de Mission Secours Islamique France

Christian OLODO Coordinateur Programmes

Entretiens Semi Structurés (Mercredi 30.11.2011)

Lasndroma Kabdana Dieudonné

Directeur National ADRA – Tchad

Lenan Ganguinon Sidoine Officier de Programme

Michèle Marin Responsable de Programmes Direction du développement et de la coopération DDC Olivier Koullo Ndéna Chargé de WASH

Ahmat Mahamat Saleh DG et vice-président Entreprise HYDROFOR, Association des entreprises des forages manuels à faible coût

Assane Abdelkadre Directeur Général Entreprise Etoile de ville

HYDROCONSEIL-AGUACONSULT-CGSW

UNICEF – Global RWS evaluation – Country Case Study: Chad Page 42

Prénom et nom Titre et fonction Institution

Diondouba Laoundoumaye Ingénieur Géophysicien Entreprise HYDROTECH

Peter MARIËN Chargé des infrastructures Délégation de l’Union Européenne Hassane Abakar Chargé de WASH

Alladoum Djarma Baltazar Directeur Général Entreprise BIC ''Bisness Initiative Chad''

Eve HACKIUS Représentante Pays ACTED

Charlotte BINET Responsable Programme

Entretiens Semi Structurés (Jeudi 1er Décembre 2016)

Noé Reouebmel WASH Officer UNICEF Tchad

Mahamat Alifa Moussa Secrétaire Général Ministère de l’Eau et de l’Assainissement

Georges Yawodjin Agbemadon

Responsable du Département Eau, Assainissement, Hygiène

Action Contre la Faim

Aman Starman Directrice adjointe

ONG International Aid Services Ndekedim Ervé Chargé de Programme

Mbaïram Urbain Administrateur

David Deubalbé Cluster WASH UNICEF

Atelier National (Vendredi 02.12.2016)

Soma Konaré Evaluation Technical Reference Group Member

UNICEF

Brahim Taha Dahab Cadre

Ministère de l’Eau et de l’Assainissement

Tahir Abdelaziz Awam Cadre

Mahamat Hamdane Coordinateur de la CAM

Ahmat Mahamat Sileh Cadre

Moustapha Ahmat Abdelmohsin

Coordinateur EAH

Djamal Abdel Nassir Conseiller du Ministre

Oumar Mahamat Oumar Conseiller du Ministre

Nang Yana Ndalna Cadre

Dieudonné Lasndroma Kabdana

Directeur National ONG ADRA

Alladoum Djarma Baltazae Directeur Général Entreprise de forage BIC

Ndodjidé Aubin Chef de Projet Association terre verte

Koullo Ndéna Oliviers Chargé de Programme Coopération Suisse

Rodolphe Houlsonron Wash Officer UNICEF

Djeguedem D. Hervé Chargé de Programme ONG International Aid Services

Olodo Christian Coordinateur Programme ONG Secours Islamique France

Dr Charkes Serele Assistant technique Projet ResEau UNITAR

Yawodjin Agbemadon Head of WASH ONG Action Contre la Faim

Débriefing (Dimanche 04.12.2016)

Hadja Aissata Ba Sidibe Représentante Adjointe UNICEF

Brigitte Pedro Chef de section WASH UNICEF

Noé Reouebmel Wash Specialist UNICEF

Rodolphe Houlsonron Wash Officer UNICEF

HYDROCONSEIL-AGUACONSULT-CGSW

UNICEF – Global RWS evaluation – Country Case Study: Chad Page 43

Prénom et nom Titre et fonction Institution

David Deubalbé Cluster WASH UNICEF

G.3. Liste des sites visités

N° Nom du village Type d’ouvrage

Coordonnées Observations

N E

01 Zerly PMH 12°02’40.5’’ 18°41’05.5’’ Fonctionnel

02 Bola Chari PMH 12°04’31.7’’ 18°46’19.2’’ Fonctionnel

03 Zoni PMH 12°02’20.5’’ 18°47’35.0’’ En panne

04 Koffilo PMH 12°05’58.3’’ 18°52’35.5’’ En panne

05 Mormo PMH 12°08’47.5’’ 18°53’10.7’’ Fonctionnel

06 Sissi PMH 12°10’52.7’’ 18°54’26.2’’ En panne

07 Badago CS PMH 12°00’38.5’’ 18°53’10.7’’ Fonctionnel

08 Badago Ecole PMH 12°45´05.7" 18°40´56.6" En panne

09 Delep PMH 12°40’15.1’’ 18°38’12.1’’ En panne

10 Douziat PMH 12°30’35.8’’ 18°33’33.2’’ Fonctionnel

11 Tchoffio PMH 12°23’16.0’’ 18°36’29.7’’ En panne

12 Banda PMH 12°16’04.3’’ 18°35’56.3’’ Fonctionnel

13 Bagoua Mini-AEP 12°07’02.2’’ 18°28’02.6’’ Fonctionnel

14 Hilé korto PMH 12°07’52.1’’ 18°29’10.5’’ En panne

15 Djoukoulkouli PMH 12°17’00.4’’ 18°49’19.9’’ Fonctionnel

16 Gamé PMH 12°13’43.1’’ 18°47’36.5’’ En panne

17 Djogolo PMH 12°11’59.5’’ 18°45’56.4’’ Fonctionnel

18 Bola Doungous PMH 12°06’29.7’’ 18°46’56.0’’ Fonctionnel

19 Hilélé PMH 12°05’57.4’’ 18°46’10.2’’ En panne

20 Mongo Mini-AEP 12°09’58.2’’ 18°41’46.0’’ Exploitant privé

21 Fadjé PMH 11°43’54.6’’ 15°13’27.5’’ Fonctionnel

22 Issabouli Borno PMH 11°43’13.1’’ 15°13’13.5’’ En panne

23 Batalaye PMH 11°40’32.5’’ 15°16’31.5’’ Fonctionnel

24 Madjiri PMH 11°41’40.5’’ 15°19’23.6’’ Fonctionnel

25 Gassi Massa 2 PMH 11°42’04.9’’ 15°18’40.5’’ Fonctionnel

26 Gassi Massa 1 PMH 11°42’20.7’’ 15°18’22.1’’ Fonctionnel

27 Ali Garga PMH 11°44’17.4’’ 15°18’47.2’’ Abandonnée

28 Ousmanari PMH 11°47’24.9’’ 15°16’11.2’’ Fonctionnel

HYDROCONSEIL-AGUACONSULT-CGSW

UNICEF – Global RWS evaluation – Country Case Study: Chad Page 44

G.4. Liste des documents analysés Chad’s growing manual drilling industry, Professionalising manual drilling, RWSN, UNICEF and Skat

Foundation, Switzerland, 2015

Code de l’eau du Tchad, 1999

Connaissances des méthodes de captage des eaux souterraines appliquées aux forages manuels, UNICEF et PRACTICA, 2009

Décret N°330/PR/PM/MEH/2014 Définissant les conditions de transfert des pouvoirs de l’Etat aux Collectivités Territoriales Décentralisées en matière de délégation du service public de l’eau potable, République du Tchad, 2014

Document annuel de remontée d’information pour le rapport annuel WASH mondial de l’UNICEF, UNICEF Tchad section WASH, 2007

Document annuel de remontée d’information pour le rapport annuel WASH mondial de l’UNICEF, UNICEF Tchad section WASH, 2008

Document annuel de remontée d’information pour le rapport annuel WASH mondial de l’UNICEF, UNICEF Tchad section WASH, 2009

Document annuel de remontée d’information pour le rapport annuel WASH mondial de l’UNICEF, UNICEF Tchad section WASH, 2010

Document annuel de remontée d’information pour le rapport annuel WASH mondial de l’UNICEF, UNICEF Tchad section WASH, 2011

Document annuel de remontée d’information pour le rapport annuel WASH mondial de l’UNICEF, UNICEF Tchad section WASH, 2015

L’impact des forages manuels sur la réalisation de points d’eau durables au Tchad, UNICEF, PRACTICA et Enterprise Works/VITA UNICEF, 2009

Norme et standard de forage manuel au Tchad, Ministère de la pêche, de l’hydraulique villageoise et pastorale et PRACTICA, 2009.

Programme de coopération Tchad-UNICEF 2012-2016, Document de Programme Pays (CPD), UNICEF Tchad, 2012.

Programme de coopération Tchad-UNICEF 2012-2016, Plan de Travail Annuel 2015, programme Eau, Assainissement et Hygiène, UNICEF Tchad, 2014.

Programme de coopération Tchad-UNICEF 2012-2016, Plan de Travail Annuel 2011, programme Eau, Assainissement et Hygiène, UNICEF Tchad, 2010.

Programme de coopération Tchad-UNICEF 2012-2016, Plan de Travail Annuel 2016, programme Eau, Assainissement et Hygiène, UNICEF Tchad, 2015.

Programme de coopération Tchad-UNICEF 2012-2016, Plan Glissant de Travail 2013-2014, programme Eau, Assainissement et Hygiène, UNICEF Tchad, 2013.

Programme de coopération Tchad-UNICEF 2012-2016, Plan Glissant de Travail 2012-2013, programme Eau, Assainissement et Hygiène, UNICEF Tchad, 2012.

Programme de coopération Tchad-UNICEF 2012-2016, Plan Opérationnel de Travail 2014, programme Eau, Assainissement et Hygiène, UNICEF Tchad, 2014.

Rapport Annuel Du Bureau Pays du Tchad, UNICEF Tchad, 2010

Rapport Annuel Du Bureau Pays du Tchad, UNICEF Tchad, 2013

Rapport Annuel Du Bureau Pays du Tchad, UNICEF Tchad, 2014

Rapport Annuel Du Bureau Pays du Tchad, UNICEF Tchad, 2015

Rapport de l’enquête nutritionnelle SMART au Tchad, octobre-décembre 2015, UNICEF Tchad, 2016

Recueil relatif à l’état d’avancement des mesures législatives et réglementaires du secteur de l’eau, Coordination du « programme accès à l’eau potable et assainissement » du 10ème FED Projet d'Alimentation en Eau Potable et d'Assainissement, 2014

Schéma directeur de l’eau et de l’assainissement du Tchad, 2003