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Page 2. AVRIL 1953 LE COURRIER

RÉDACTION-ADMINISTRATION :MAISON DE L'UNESCO

19, avenue Kléber, PARIS-16'

Rédacteur en chef : S. M. KOFFLER.Secrétaires de rédaction :

Edition française : ALEXANDRE LEVENTISEdition anglaise : R. S. FENTON

Edition espagnole : JOSÉ DE BENITO

Les articles paraissant dans"Le Courrier"exþrimentl'opinion de leurs Quteurs et pas nécessairement celles del'Unesco ou de la rédaction.

Imp. GEORGES LANG, Ici, rue Curial. Paris.

MC. 53. L70. F.

ABONNEMENTSLe prix de l'abonnement est de 500 fr.

français, de S 2 ou 10 s. 6 d.Ecrivez à notre dépositaire dans votre pays

ou, à défaut, directement à l'UNESCO,19, avenue Kléber, Paris.Allemagne : Unesco Vertrieb lür Deutschland,

R. Oldenbourg, Munich.Argentine : Editorial Sudamericana, S. A.,

Aisina 500, Buenos-A ! res.Australie : Oxfocd University Press, 346, Little

Collins Street, Melbourne.Autriche : Wilhelm Frick Verlag, 27, Graben,

Vienne i.Belgique : Librairie Encyclopédique, 7, rue du

Luxembourg, Bruxelles IV.Birmanie : Burma Educational Bookshop,

551-3, Merchant Street, P. O. Box 222, Rangoon.Bolivie : Libreria Selecciones, av. 16 de Julio 216,

Casilla 972, La Paz.Brésil : Livraria Agir Editora, Rua Mexico, 98-B,

Caixa postal 3291, Rio-de-Janeiro.Canada : Centre de Publication Internationale,

4234, rue de la Roche, Montréal 34.Ceylan : Lake House Bookshop, The Associated

Newspapers 01 Cey ! on Ltd, Colombo).Chili : Libreria Lope de Vega, Moneda 924,

Santiago du Chili.Colombie : Emilio Royo Martin, Carrera 9 a,

1791, Bogota.Costa-Rica : Trajos Hermanos, Apartado 1313,

San-José.Cuba : Unesco Centro Regional en el Hemisferio

Occidental, Calle 5 No. 306, Vedado, La Havane.Danemark : Ejnar Munksgaard Ltd, 6, Norre-

gade, Copenhague K.Egypte : La Renaissance d'Egyp ! e, 9, rue Adly-

Pacha, Le Caire.Equateur : Casa de la Cultura Equatoriana,

Av. 6 de Diciembre 332, casilla 67, Quito.Espagne : Aguilar, S. A. de Ediciones, Juan

Bravo 38, Madrid.Etats Associés du Cambodge, du Laos et

du Viet-Nam : Librairie nouvelle A. Portail,B. P. 283, Saigon.

Etats-Unis d'Amérique : Columbia UniversityPress, 2960 Broadway, New-York, 27.

Fédération Malaise et Singapour : PeterChong & Co, P. O. Box 135, Singapour.

Finlande : Akateeminen Kirjakauppa, 2 Keskus-katu, Helsinki.

Formose : The World Book Co. Ltd.. 99 ChungKing South Rd, Section 1, Taipeh.

France : Division des Ventes, Unesco, 19, Av.Kléber, Paais 16". C. C. P. Paris 21-27-90 S"gé-nérale, 45, Av. K ! éber, enindjquant"Comp ! eLibrairie Unesco".Grèce : Eiefthéroudakis, Librairie Internationale,

Athènes.Haïti : Librairie « A la Ca. aveiie)), 36. rue Roux,

Port-au-Prince.Hongrie : « Kuitura'), P. O. Box 149, Budapest 62.Inde : Orient Longmans Ltd, Bombay, Calcutta,

Madras.'Oxford Book & Statlonery Co, Scindia House,New-Delhi.Rajkamal Publications Ltd, Himalaya House,Bombay 1.

Indonésie : G. C. T. van Dorp & Co N. V., DjalanNusantara 22, Djakarta.

Irak : McKenzie's Bookshop, Bagdad.Israël : Blumstein's Bookstores Ltd., 35, Allenby

Road, Tel-Aviv.Italie : G. C. Sansoni, via Gino Caponi 26, Casella

postale 552, Florence.Jamaïque : Sangster's Bood Room, 99, Has-

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Road. Annam.Liban : Librairie Universelle, Avenue des Fran-

çais, Beyrouth.Luxembourg : Librairie Paul Bruck, 50 Grand-

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Peshawar.Panama : Agencia Internacional de Publica-

ciones, Apartado 2052, Panama.Pays-Bas : N. V. Martinus Nijhoff, Lange Voor-

hout, 9, La Haye.Pérou : Libreria Internacional dei Peru, S. A.,

Giron de la Union, Lima.Philippines : Philippine Education Co., 1104

Castille ; os, Quiapo, Manille.Portugal : PubiicaçoesEuropa-America, Ltda.,

4, Rua da Barroca, Lisbonne.Royaume-Uni : H. M. Stationery Office, P. O.

Box 569, Londres, S. E. 1.Suède : A. B. C. E. Fritzes Kungl. Hovbokhandel,

Fredsgatan, 2, Stockholm.Suisse : Suisse alémanique : Europa Verlag,

5, Râmistrasse, Zurich.-Suisse romande :Librairie de l'Université, 22-24, rue de Romont,Fribourg.

Surinam : Radhakishun & Co. Ltd, Watermo-lenstraat 36, Paramaribo.

Syrie : Librairie Universelle, Damas.Tanger : Centre International, 54, rue du Statut.Tchécoslovaquie : Orbis, Narodni. 37, Prague t.Thailande : Suksapan Panit, Arkarn 9, Raj-

Damnern Avenue, Bangkok.Turquie : Librairie Hachette, 469, Istiklal Cad-

desi, Beyoglu, Istanbul.Tunisie : Agence Aghlébite, 20, Grand-Rue

B. P. 2. Kairoue.Union Sud-Africaine : Van Schaik's Book-

store, P. O. Box 724, Prétoria.Uruguay : Centro de Cooperacion Cientifica

para la América Latina, Unesco, BulevarArtigas, 1320, Montevideo.

Yougoslavie : Jugos ! ovenska Knjiga, MarsalaTlta 23 : 11 Belgrade.

Sauf mention spécial, les articles publiésdans ce numéro peuvent être reproduitssans autorisation préalable, à conditiond'zen mentionner l'origine : ( (Le Courrier de

l'Unesco.))

LATITUDES ET LONGITUDES...

* rnesco.-M. John W. Taylor, direc-teur général par intérim de l'Unesco, areçu de l'ambassadeur de Tchécoslo-vaquie à Paris, une lettre communi-quant « d'ordre de son gouvernement >>que la Tchécoslovaquie ne se considèreplus comme membre de l'Unesco.

* Canada.-D'après le rapport an-nuel du Bureau fédéral canadien de lastatistique, l'industrie canadienne de lapulpe et du papier a atteint en 1951un nouveau record. Pour la premièrefois, la valeur brute de la productionde la pulpe a dépassé le milliardde dollars (can.) pour s'établir à1. 237. 897. 000. Ce chiffre est de 30supérieur à celui de 1950. La produc-tion de papier-journal atteint le nou-veau record de 5. 561. 000 tonnes contre5. 319. 000 tonnes en 1950.

. Grèce.-Profitant des « Confé-rences de Noël)) qui se déroulent cha-que année à Londres sous les auspicesdu Conseil pour l'Education dans leCivisme l'7ternational, l'Unesco exposale problème de Yannitsa, petite villegrecque en partie détruite pendant laguerre, à environ trois mille jeunesgens réunis à cette occasion. Elle mon-tra aux écoliers britanniques comment11 leur était possible d'acheter des Bonsd'Entraide de l'Unesco, de les envoyeren Grèce et de permettre ainsi auxenfants de Yannitsa d'acquérir lematériel dont ils ont un besoin si pres-sant pour leur école. Ce plan impres-sionna vivement les Britanniques etaujourd'hui, des Bons d'Entraide d'unevaleur d'environ 80 livres sterling sontarrivés à Yannitsa.

Jt Autriche.-Le mois dernier a étéinaugurée à Vienne la première expo-sition organisée en Autriche sur lestâches et les objectifs de l'Unesco.L'activité de la Commission nationaleautrichienne pour l'Unesco-qui pa-tronne cette manifestation-y estnotamment soulignée. Des diagrammes,graphiques, cartes, photographies, des-sins, films et disques contribuent àdonner du monde moderne et de sesproblèmes, une image vivante. La Décla-ration Universelle des Droits de l'Hom-me et l'Education pour la Paix sontdeux sujets traités d'une façon parti-culièrement complète dans cette expo-sition, dont la durée prévue est dequatre semaines.

* Mexique.-Pour faciliter le recru-tement des instituteurs destinés auxmilliers d'écoles rurales que l'on cons-truit actuellement au Mexique, leministre de l'Education nationale, M.Manuel Gual Vidal, a institué uneméthode originale de formation inten-sive des maîtres. Cette méthode permetaux futurs instituteurs de gagner leurvie tout en apprenant leur métier. Pen-dans six ans, ils enseignent, le jour,dans les écoles de village en qualité destagiaires ; le soir, ils poursuivent leursétudes.

Les stagiaires peuvent mener defront ces deux activités-formationpratique et études pédagogiques-grâce aux cours par correspondance del'Instituto de Capacitacion dei Magiste-rio (Ecole de formation d'instituteurs),dont le programme est en tous pointssemblable à celui de l'Ecole Normalenationale de Mexico. L'an dernier, lapremière promotion sortie de l'Instituta donné au Mexique 4. 000 nouveauxinstituteurs.

* Inde.-Le Gouvernement de l'Indea décidé de créer à la Nouvelle-Delhiune Académie nationale des Lettresdont la mission sera de favoriser lacoopération entre les sociétés littérai-res, les universités et les organisationsculturelles, tant dans l'Inde qu'àl'étranger. L'Académie sera chargée,en outre, de faire traduire les grandesoeuvres littéraires mondiales.

* Autriche.-La Commission natio-nale autrichienne pour l'Unesco adécerné un certain nombre de prix lit-téraires à des oeuvres d'inspirationinternationale, « dignes de contribuerau rapprochement des peuples >>. Larécompense destinée à une oeuvre dra-matique déjà publiée ou représentéea été attribuée à Siegfried Freibergpour sa pièce « La petite auberge mon-diale x. tandis qu'un tout jeune drama-turge, Friedrich Kaufman, a remportéle prix destiné à un drame inéditayant pour thème la lutte pour lesdroits de l'homme. Ces prix peuventêtre décernés non seulement à des res-sortissants autrichiens, mais aussi àdes écrivains de langue allemande ori-ginaires des pays de l'ancien empireaustro-hongrois.

* Inde.-Des délégués de nombreuxpays asiatiques et occidentaux se sontrencontrés à Delhi, dans l'Inde, àl'occasion d'une Convention des étu-diants asiatiques pour les NationsUnies. Le but de ces assises était desusciter l'intérêt des étudiants asiati-ques pour l'oeuvre des Nations Unieset de ses Institutions spécialisées, etde provoquer des discussions sur lesmoyens permettant de créer et d'assu-rer le fonctionnement d'une Associa-tion d'Etudiants pour les Nations Unies.L'Unesco a créé quatres bourses devoyage pour permettre aux déléguésdes Etats-Unis, de la Suède, de l'Aus-tralie et d'Indonésie de se rendre à'Jelhi. La réunion a été inaugurée parSir Benegal Nursing Rau, membre dela Cour Internationale de Justice.

* Pérou.-Des peintures muralesvieilles de deux mille ans ont été àé-couvertes près de Lima sur le murintérieur d'un ancien temple. Lesarchéologues ont constaté que ces fres-ques, parfaitement conservees, témoi-gnent d'un goût étonnant pour lacouleur et d'une grande habileté pro-fessionnelle. Ces oeuvres pourraientapporter de nouveaux éléments concer-nant les échanges culturels qui avaientlieu en Amérique du Sud, il y a vingtsiècles. Ce temple a été déouvert aucours de fouilles effectuées dan. ; cetterégion par deux archéologues améri-cains.

* Suède.-Une compagnie cinéma-tographique suédoise a récemment ter-miné un film documentaire intitulé :« Sur le chemin du livre. >> Ce filmraconte l'histoire d'un petit garçon quia trouvé une page de livre dans la rueet qui s'adresse à la Bibliothèque publi-que locale en quête du livre lui-même.Les scènes du film expliquent d'une

"FAITES ET CHIFFRES"

Les statistiques les plus récentes surdes sujets tels que le nombre des illet-trés dans le monde, la fréquentationscolaire, la consemmation de papierjournal, se trouvent rassemblés pour lacommodité du lecteur dans le manuelpub/ par l'Unesco sous le fitre <&lt; Faitset Chtres...

Suivant les indications données parcette publication, la Finlande est lepays du monde qui compte le moinsd'illettrés : un pour cent seulement dela population ne sait ni lire ni écrire.En revanche, on enregistre en Afriquedes proportions d'illettrés dépassant99 pour cent. L'île de Sainte-Hélènedétient le record mondial de fréquen-tation de l'école primaire, avec 200 élè-ves pour mille habitants. Pour la fré-quentation de l'enseignement secon-daire le premier rang revient à l'Amé-rique du Nord, le second à. l'U. R. S. S.,et le troisième à l'Europe (non comprisl'Union Soviétique).

Le Royaume-Uni vient en tête dansle monde pour le nombre de bibliothè-ques pu6liques, qui atteint 23. 759. Lesstatistiques monfrent encore qu'zestle plus grand producteur de livres nou-veaux, avec 17. 072 titres originauxédités en 1950, contre 11. 022 auxEtats-Unis et 9. 993 en France.

Ce résultat est d'autant plus remar-quable que les Anglais trouvent éga-/en) le temps de lire plus de jour-naux qu'aucun autre peuple. La pressebritannique vend en effet 598 exem-plaires pour mille habitantes. Viennentensuife le Luxembourg, l'Australie, laSuède, le Danemark et la Norvège.Cependant, les Américains l'emportentpar la consommation de papier journal,qui s'élève à 36 kilogs par habitant etpar an ; seul le Canada se rapprochede ce chiffre avec 23 Mog !.

Les plus grands producteurs delilms sonf, dans l'ordre, les Efafs-Unis,l'Inde, le Japon, le Royaume-Uni ef laFrance. Les Efafs-Unis sont égalementen tête pour le nombre de poste ! deradio : 594 pour mille habifants. LesBermudes ont le deuxième rang avec417 ; la Suède, avec 307, le troisième.En 1949, on compfait en U. R. S. S. 57postes pour mille habitants. Au foetal,les Américains du Nord possèdent52 pour cent des postes de radio exis-tant dans le monde, l'Europe 29 pourcent ; l'U. R. S. S., 5 pour cent ; l'Asie,6 pour cent ; l'Amérique du Sud, 3pour cent ; 1'océanide, 2 pour cent,l'Afrique, 1 pour cent.

« fotts et chtres est en ventechez les dépositaires de l'Unesco.

{prix : $ 0. 50 ; 3/- ; 150 furs.

façon frappante le rôle de la biblio-thèque publique dans la communauté.

'L'Unesco a fait parvenir des exem-plaires de ce film en versions anglaise,française et espagnole aux Commis-sions nationales de ses Etats membres.

* Argentine.-Plusieurs décisionsimportantes en faveur de la liberté del'information-appuyées ou inspiréespar l'Unesco-ont été prises récem-ment par la Conférence diplomatiquede l'Union internationale des Télécom-munications (U. I. T.) qui s'est tenue àBuenos-Aires.

Sur la proposition de la Suisse, laConférence a adopté une recomman-dation invitant les 88 membres etmembres associés de l'U. I. T.-repré-sentant les réseaux téléphoniques etradiophoniques mondiaux-à « faci-liter la transmission sans restrictiondes informations par les services detélécommunications))..* U. S. A.-Cette année, comme l'andernier, le « New-York Herald Tri-bune S3wdicate » lance un grandconcours littéraire international, orga-nisé par M. C. Patrick Thompson,directeur des services étrangers de cegroupe. Des compétitions sont d'abordorganisées dans chaque pays par les

journaux et périodiques participant auconcours afin de choisir les quatremeilleures nouvelles de 1. 2'00 mots aumoins, de 4. 000 au plus, la préférenceétant accordée aux oeuvres les pluscourtes. Les nouvelles retenues pour lasélection finale concourront pour lePrix Mondial de 5. 000 dollars. Les jour-naux participant au concours pourrontobtenir le droit de publier les nouvellesprimées dans les différentes compé-titions nationales. La sélection a com-mencé le 1"février dernier et sepoursuivra pendant six mois. On estimeque les nouvelles pourront être repro-duites par les journaux à partir dejanvier 1954. Lors du premier concours,organisé en 1950/51, plus de cent milleenvois avaient été soumis.

* Autriche.-Le premier village d'en-fants d'Autriche a été inauguré à Imst,dans le Tyrol. Ses huit premières mai-sons sont déjà occupées par soixante-quinze enfants. C'est à l'initiative d'unjeune étudiant en médecine de natio-nalité autrichienne que l'on doit sacréation.

* Haïti.-Au cours des derniers mois,la Commission nationale haïtiennepour l'Unesco a organisé plusieursmanifestations culturelles de caractèreinternational. Une exposition spécialesur le projet-pilote d'éducation de basede l'Unesco, à Haïti, a été inauguréeau mois de décembre. A l'occasion dela Journée des Droits de l'Homme, unecollecte nationale a permis de recueillirdes sommes importantes destinées auxvictimes de récents tremblements deterre.

* International.-L'Unicef annoncequ'au cours de l'année qui vient. des'écouler, elle est venue en aide à plusde dix-sept millions d'enfants danssoixante-douze pays et territoires ets'est consacrée en particulier à l'amé-lioration des conditions générales et desanté de l'enfance dans les zones ru-rales. Elle a créé en 1952 son premierbureau en Afrique. Les contributionsvolontaires que l'Unicef a recueilliesl'an dernier s'élèvent à près de dixmillions de dollars, souscrits dansvingt-huit pays, tant par les gouver-nements que par des personnes privées.

* Unesco.-L'Uneso vient depublier une nouvelle brochure intitu-lée : « Race et Société >&gt;, dans la sériequ'elle consacre à « La question racialedevant la science moderne x. L'auteurde cette étude est M. Kenneth Little.de l'Université d'Edimbourg. Aprèsavoir analysé la situation du point devue racial en Afrique du Sud, au Brésil,à Hawaï et en Grande-Bretagne, l'au-teur montre que c'est l'histoire, plutôtque la race, qui est la principale causedes différences enregistrées entre lescultures et lé degré de civilisation despeuples du monde. « Nous avons debonnes raisons d'espérer, dit-il, qu'àlongue échéance, un jour viendra où lesdistinctions de race et de couleur ces-seront d'être un fléau de l'humanité.

* U. S. A.-Aux termes d'un pro-gramme patronné par l'Institut desArchitectes américains, organisme affi-lié à l'Union internationale des Archi-tectes, qui jouit d'un statut consultatifauprès de l'Unesco, des étudiants enarchitecture de toutes les régions dumonde pourront recevoir une formationpratique aux Etats-Unis. Commentantcette décision, M. Pierre Vago, secré-taire général de l'Union internationaledes Architectes, a déclaré que le nou-veau programme constituait une peu-vre d'assistance technique de grandeimportance.

* Canada.-Dans un bulletin expo-sant les chiffres définitifs de la popu-lation selon l'origine raciale et le sexe,le Bureau fédéral canadien de la sta-tistique révèle que la population cana-dienne de tous les principaux groupesethniques ou culturels est plus élevéequ'il y a dix ans, le groupe asiatiqueexcepté. Les personnes originaires desIles britanniques et de France formentencore les plus forts groupes ethniqueset les plus forts gains numériques ontété constatés dans ces groupes pour lesdix dernières années. La populationd'origine britannique a augmenté de17 nez passant à 6. 709. 685 personnes,celle d'origine française de 24'7c, pas-sant à 4. 319. 167 personnes.

* Belgique.-A Verviers a été inau-gurée récemment l'Exposition euro-péenne organisée dans le but de ras-sembler en un ensemble particulière-ment vivant et suggestif les argumentsen faveur de l'unité européenne et lesmoyens de la réaliser. A l'aide deplans, de graphiques et de cartes, lesstands montrent comment fonction-nent les premiers organismes euro-péens. Cette exposition constitue unprélude aux Journées EuropéennesTextiles des Jeunes qui se dérouleronten juillet prochain en Allemagne, enFrance, en Grande-Bretagne, en Italie,aux Pays-Bas, en Suisse et Belgique.

* Birmanie.-Depuis que l'Unescua envoyé une mission éducative enBirmanie, en 1951, le Gouvernementbirman a plus que doublé son budgetconsacré à l'éducation. Il a mis surpied un projet qui permettra d'ouvrirmille nouvelles écoles primaire, deuxcent quarante écoles secondaires etun Institut de formation pour profes-seurs.

) E L'UNESCO AVRIL 1953. Page 3

Ce ruban vertigineux qui déroule ses spirales est unedigue que l'on élève, à partir d'une île artificielle, surl'immense étendue d'eau appelée naguère le Zuyderzee.Lorsqu'elle sera terminée, et que l'eau aura été assé-chée, elle protégera un des fameux polders, ces terresconquises sur la mer, grâce auxquelles les Pays-Basétendent leur territoire et leur puissance agricole.

par Michel Salmon

Au plus fort de la tempête déferlant sur les provinces méridionales dela Hollande, le gouvernement néerlandais déclarait, par la bouchede M. A.-G. Maris, directeur général du « Waterstaat en Verkeer >&gt;,

le fameux ministère des Eaux : « Pas un pouce de terre inondée ne seraabandonné. >&gt; Comme en écho, le gouverneur de la province martyre deZélande ajoutait à son tour : « De nouvelles terres seront conquises ! >&gt;

Ainsi, au sein même de la catastrophe, bien que 175. 000 hectares eussentété recouverts par les eaux boueuses, les Pays-Bas ne songeaient pas seu-lement à chasser la mer des terres par elle usurpées, mais encore à faireà ses dépens de nouvelles conquêtes. Qui ne connaît ce petit peuple tenaceet entreprenant pourrait trouver insensé, dans les circonstances présentes,le défi séculaire et insolent ; jeté une'fois de plus à l'éternelle ennemie :« Deus mare, Batavus litora facit >&gt; (Dieu a créé la mer, quant à la terre,le Hollandais s'en est chargé).

Les récentes inondations ont rendu, hélas ! familière la caractéristiqueet gracieuse silhouette en dentelle des Pays-Bas. L'ampleur de la catas-trophe a surpris ceux qui ne savent pas combien vulnérable est ce paysdont certaines régions sont situées à 6 m 60 au-dessous du niveau de la mer.Si non seulement le réseau des digues de Zélande, mais encore tous les3. 000 kilomètres de digues qui protègent le pays avaient été rompues, prèsde la moitié du pays, dont les riches provinces de l'ouest, se serait trouvéesubmergée sous plusieurs pieds d'eau. Amsterdam, La Haye, Rotterdam,les plus denses métropoles seraient devenues autant de légendaires citésd'Ys. Seules auraient encore émergé les landes de la Drenthe et de laGueldre, les maigres terres de l'Overyssel et du Brabant.

couple d'années. Allez voir nos polders duZuyderzee, ceux que la mer n'a pu vaincre. >&gt; (Suite au verso.)

Le voyageur qui traverse aujourd'hui la Hollande, en contournant la<&lt; poche des opérations >&gt; du sud-ouest où les routes ne sont pas encorepraticables, est surpris par la calme résolution du pays. La Hollandevaque à ses occupations habituelles, avec plus d'énergie qu'à l'accoutuméesans doute, mais sans fièvre ni désespoir.

A Dordrecht, un officier du génie devait nous dire avec un flegme exem-plaire : <&lt; Après tout, nous aurons moins de travail qu'après la guerrequand nous avions 230. 000 hectares à assécher ! >&gt; Et, à La Haye, unindustriel nous déclarait : « Nous sommes éperdus de reconnaissancedevant l'immense élan de solidarité internationale à notre égard,mais il faut que nos amis de l'étranger sachent que nous surmontronsce drame par notre travail, que l'agriculture néerlandaise, sauf dans lesrégions sinistrées, fera face à ses obligations, que nos usines continuentà produire, que nos ateliers, nos chantiers navals, nos ports poursuiventleur activité.

« Les inondations n'ont pas amoindri notre capacité d'exportation. L'unedes formes les plus efficaces de l'aide que le monde peut nous apporterest bien d'accepter cette vérité et de lui donner tout son sens. >&gt; Et c'estencore dans la capitale des Provinces-Unies qu'un officier de presse du« Waterstaat >&gt;, avec un sourire pudique, qui était une excuse et uneprière tacite, nous conseillait : « Ne partez pas sur le spectacle des déso-lations de Zélande. Elles ne seront plus qu'un mauvais souvenir dans un

Page 4. AVRIL 1953 LE COURRIER

Chemin de fer à double voie, autostrade, piste cycliste et chaussée pour piétons, tout a été prévu pour faciliter la circulationsur l'immense digue, longue de 32 km. et large de 90 m., qui barre le Zuyderzee entre la mer du Nord et le « lac d'Ysset".

L'HISTOIRE du Zuyderzee est l'undes plus hauts faits de notresiècle.

La vaste baie du Zuyderzee, golfeimmense, étendue de mer de quelque3. 500. 000 kilomètres carrés, séparait,encore au début du xx"siècle, les pro-vinces de Frise, de Groningue et del'Oberyssel de la Hollande septentrio-nale. Des inondations sérieuses, en- 1916, furent la cause directe d'une loi,adoptée après de longs débats parle Parlement néerlandais, en 1918, etprévoyant l'assèchement partiel del'immense poche d'eau.

Un ingénieur à l'âme de Titan,C. Lely, aujourd'hui révéré aux Pays-Bas à l'égal de Rembrandt, Vondel etSpinoza, eut l'idée de la clôturer parune digue, large de quatre-vingt-dixmètres et longue de trente-deux kilo-mètres, jetée entre les provinces de laHollande du nord et de la Frise.

Le 1"'mai 1919, on se mit à l'oeu-vre et, en 1923, on commença la fer-meture du petit bras de mer comprisentre les côtes de la Hollande septen-trionale et l'île de Wieringen. En 1925,Wieringen cessait d'être une île. L'es-pace compris entre elle et la terreferme devait former le premier pol-der du Zuyderzee, le <&lt; Wieringer-meerpolder >&gt;. Le grand travail du bar-rage se situait donc à l'est de Wierin-gen, entre cette île et les côtes de laFrise, distantes de plus de 30 kilo-mètres. La construction du barragedébuta par la création d'une île arti-ficielle et l'édification de deux ports-chantiers. On put ainsi, de chaquecôté de la digue, abriter le matérielflottant et les dépôts de matériaux.

On amorça la grande digue de fer-meture en plusieurs points à la fois.D'emblée, un grave problème se posa.La mer n'avait pas partout la mêmeprofondeur. Des passes, dont quelques-unes très profondes, coupaient l'en-droit où était projetée la digue. Ilétait à prévoir, par suite des travaux,que les courants de marée existantencore dans le Zuyderzee creuseraientde plus en plus le fond de ces passes.Pour éviter que la chose ne prenneune ampleur catastrophique, les ingé-nieurs disposèrent au sein des passesdes digues de protection. On fermaces passes sous l'eau, jusqu'à une cer-taine hauteur, forçant ainsi le cou-rant à quitter le fond de la mer età se frayer un chemin au-dessus desdigues de protection. Le grand barrageproprement dit fut réalisé aux moyensde deux digues d'argile caillouteuseentre lesquelles furent versées destonnes de sable.

Les progrès réalisés dans la cons-truction de la digue occasionnaientnaturellement une réduction descouvertures par où les courants sepressaient lors de chaque marée avecune force toujours croissante. Laforce des courants grandissant sanscesse emportait tous les matériauxqu'on amenait sur place pour la ter-minaison de la digue. Cela devint unedramatique course de vitesse entrel'homme et l'eau rétive. Il arriva unmoment où le courant allait rempor-ter la victoire. Il avait atteint unetelle vitesse que, devant la digue pro-tectrice, s'était formé un gouffre pro-fond de 28 mètres, qui menaçait defaire disparaître dans le fond la diguede protection. Si cela était arrivé,

l'homme, malgré sa savante tech-nique, aurait irrémédiablement perdula bataille.

Cette toute dernière étape desgrands travaux du Zuyderzee futd'une émouvante grandeur. Il n'yavait plus de raison d'immerger, avectoujours plus de vitesse, des quan-tités toujours croissantes d'argile cail-louteuse. Le courant emportait tout.Il ne restait guère de temps pour delongs conciliabules. La digue de pro-tection pouvait être emportée toutentière d'un moment à l'autre, d'au-tant plus qu'on était sous la menaced'une tempête du sud-ouest qui avaitdéjà atteint la Hollande méridionale.

L'épopée du Zuyderzeeavait duré treize ans

LES ingénieurs décidèrent de repor-ter les travaux à une dizaine demètres à l'intérieur de la digue de

protection. On parvint ainsi à éviterla disparition immédiate des maté-riaux. dans le gouffre et, en mêmetemps, à décharger la digue de pro-tection qui, déjà, perdait de son effi-cacité. On alerta tous les bateaux,grues, chalands, remorqueurs qui setrouvaient dans les environs afin queces derniers puissent être prêts à seporter au secours du point menacé.Après de longues heures d'un travailsurhumain, la cause était gagnée.Tous les passages furent colmatés. Ladernière brèche fut close définitive-ment le 28 mai 1932, à une heure del'après-midi. Les sirènes de tous lesbateaux présents se firent entendre.La T. S. F. porta la nouvelle à tout lepays qui fêta l'événement par des

LA GRANDE

fêtes publiques. Sur tous les clochers,tous les beffrois de la plate Hollande,les cloches carillonnèrent. A l'empla-cement de la fermeture finale de lagrande digue, un monument sobre futconstruit, portant cette simple devise :« Een Volk dat leeft, bouwt zigntoekomst >&gt; (Un peuple qui vit, bâtitson avenir.)

Ainsi emprisonné, le Zuyderzee de-vint un lac d'eaux douces, à l'abri desmarées ; le lac d'Yssel. Dès lors, tron-çonné par des digues secondaires,son eau pompée, puis déversée aumoyen de gigantesques écluses dans lamer du Nord, l'ex-Zuyderzee doit, dansquelques décades, fournir à la Hol-lande sa plus vaste province, augmen-tant le territoire national de quelques12 % de la superficie actuelle. Pourle moment, sur les 218. 000 hectaresde polders à « créer >&gt;, 68. 000 ont étéasséchés : le <&lt; Wieringermeerpolder >&gt;(20. 000 hectares), dont les digues fu-rent sauvagement et inutilementdétruites par les nazis le 17 avril 1945,quinze jours avant leur capitulation,et le polder nord-est, dont l'aspect estvraiment surprenant.

Le polder : un Far-West

préfabriqué

LES navires qui passent majes-tueusement au-dessus des têtes,des phares échoués en pleins

DE L'UNESCO AVRIL 1953. Page 5

DIGUE, BOUCLIER DES PAYS-BAS

champs, des îles dont on escalade àpartir de la terre ferme la jetée déri-soire, une étendue parfaitement plateet sans limites comme un horizon ma-rin ; voilà quelques aspects du polder,terre ravie à l'eau des fleuves et desmers, patrimoine sans cesse agrandi,consolidé, mais toujours fragile ; detous les empires conquis par l'entre-prenante Hollande, celui dont elle estle plus fière. On pense à cette lapidairedescription de l'écrivain tchèque Ka-rel Capec : « Représentez-vous un peude mer endiguée, puis pompée. Il restederrière une vaste plage de sable fin,un fond enrichi des dépôts apportéspar les fleuves au cours des siècles. Cesol fertile, le Hollandais le draine ety plante de l'herbe ; les vaches senourrissent de cette herbe ; le Hol-landais trait les vaches et fait le fro-mage qui se vend à Gouda et Alk-maar... >&gt;

A Kampen, pittoresque cité han-seatique, on quitte le « oude land ,le vieux pays, et l'on plonge littérale-ment dans le polder, dont le paysagetypique-vaste damier coupé de rou-tes à angles droits, semé de maisons- se dévoile lentement.

Les Hollandais appellent volontiersleurs polders : <&lt; Notre Far-West. >&gt; Etc'est bien une sorte de Far-West quece polder, un Far-West préfabriqué,dont un cadastre minutieux a étédressé avant même sa sortie des flots ;

mais terre de pionniers tout de même,contrastant fortement avec le reste dece petit pays de vieille civilisation.C'est sur le limon fertile des poldersque se déverse une partie du trop-plein de cette population, la plusdense d'Europe : 11 millions d'hom-mes, plus de 300 au kilomètre carré.

Les paysans sont choisis

par concours

DANS les petits villages de quel-ques centaines d'âmes élevés surles terres recouvrées, le <&lt; Staat-

boer >&gt;, fermier d'Etat, représente laplus haute hiérarchie du polder. Vas-tes fermes, T. S. F., téléphone, étables« firme-prof >, abreuvoirs automati-ques, air conditionné dans les com-muns, tout est ordre et propreté. Lesconsidérables investissements qu'exigeun polder-500 millions de florinspour le polder nord-est-justifientla mise en place d'une extraordinaireinfrastructure administrative et so-ciale dont le <&lt; staat-boer >&gt; est l'undes plus précieux éléments.

Quand un polder est asséché, et quele fond de la mer apparaît, limoneux,tourbeux, impraticable, incapable deporter un homme ou une machine, lesingénieurs des Ponts et Chausséesentrent aussitôt en scène. Ils creusentles canaux, premières voies de com-munication du polder, des dizaines de

milliers de kilomè-tres de rigoles et defosses d'écoulement,posent d'innombra-bles pipe-lines quidraineront le solprofondément et ledessaleront. Dès quecelui-ci est sec etferme, d'autres spé-cialistes viennentl'analyser acre paracre, déterminant sacomposition, a find'établir une minu-tieuse carte géologi-que sur la base delaquelle seront dé-coupées les parcellesvouées aux diffé---... _-... 1, _...- _L.....rentes cultures et celles, improduc-tives, destinées à l'établissement desvillages et des villes, des bois artifi-ciels, etc.

Le « Waterstaat >&gt; construit les fer-mes, établit les routes carrossables(500 kilomètres pour le polder nord-est, soit la distance de La Haye àParis), répartit différentes essencesd'arbres et édifices publics, sur lesavis d'un spécialiste qui porte le nomd'< architecte du paysage >&gt;. Ce n'estque lorsque tout est fin prêt, que laterre a déjà porté une ou deux récol-tes jugées satisfaisantes, grâce auxsoins conjugués des travaux publics,des sciences agricoles, de la botanique,

Les digues : entreprise de géants, travail de fourmis.

de la géologie, de la microbiologie,voire de l'archéologie, que l'on feraappel aux paysans.

Là encore tout ne fait que commen-cer. La faim de terre est trop grandeen Hollande et la superficie du poldertrop petite pour satisfaire tout lemonde. L'Etat procède, pour la miseen vente des domaines, de la façonla plus démocratique, par concours.Venus de toutes les provinces, les can-didats se rassemblent dans une grandeferme pour y passer, sous l'oeil vigi-lant d'ingénieurs agronomes, des exa-mens écrits, un< : oral et des « tra-vaux pratiques >&gt;.

(suiteau verso)

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LES DIGUES N'ONT SUBI

QUE DEUX DÉFAITES

RiéIl ne traduit d'une façon plus éloquente l'expression < Pays-Bas))que cette carte du Zuyderzee et la coupe de la région délimitée par leslettres A, B et C.

Sur ta carte SO : 1t indiqués les emplac-ements des cinq polders. Celui de"'iermgermeer, au nord-ouest du Zuyderzee, n (olé nc iJrYI en 1 ! ì30, mai s: 1 . !'_11_--_. ! _--- 1-... J-------il a fallu en réparer les digues en1945 à la suite des destructionssurvenues à la fin de la guerre.Le polder du nord-est devait êtreterminé en 1942, mais le confliten a retardé l'achèvement juqu'àces derniers mois. Le polrler del'est est en train d'être édifie, ceuxdu sud et de l'ouest sont en projet.Le reste de ce qui formait jadisle Zuyderzee, et qu'on appelleaujourd'hui le <&lt; lac>&gt; d'Yssel, nesera pas asséché, mais ne commu-nique plus avec la mer puisqu'ilen est séparé par la Grande Digue(achevée en 1\132).

Sur la coupe figurent en A lesdunes naturelles de cette régionde la Hollande. Elles sont élevées,puisque la plus haute des troismarées (marée de tempête) atteintà peine son pied. Mais le territoireen contrebas est plus bas que leniveau de la mer. Le polder deWieringermeer (protégé par la di-gue B) se trouve à quatre mètresenviron au-dessous du niveau deseaux. Entre B et C figure le lacd'Ysset, séparé lui-même de la merdu Nord par la Grande Digue. Au-delà, on retrouve sur la coupe lestrois marées.

Il a fallu, le 1"''février dernier,la dramatique conjonction d'unouragan joint à une marée excep-tionnellement haute, pour provo-quer la catastrophe de Zélande(région qui se trouve en dehonde la carte, au sud-ouest). Cettemême conjonction arracha, dansla nuit du 19 novembre 1491, lesdigues protégeant une région trèsfertile au sud de Drodrecht. 42. 000hectares de terre arable furentrecouverts en cette nuit tragique ;soixante-douze villes et villagesdisparurent sous les flots et centmille habitants perdirent la vie.Cette terrible inondation, connuesous le nom de déluge de la Ste-Elizabeth, constitue, avec les inon-dations actuelles, les deux seulesdéfaites notables du réseau des di-gues hollandaises. Ce furent là descirconstances tout à fait excep-tionnelles. Ainsi que l'ont déclaréles porte-parole du gouvernementhollandais, elles ne signifient nul-lement que la hauteur des diguessoit insuffisante.

(suite)

f'ÉLu choisit, selon ses moyens,l'urne des dix-sept variétés d'ha-bitation mises à sa disposition,

entourées de lotissements de 12, 24,36 ou 48 hectares au maximum, louésà des prix modérés, par baux renou-velables de douze ans. Ainsi s'élaboreà priori une structure sociale et éco-nomique solide. Le polder-boer n'acependant pas une entière liberté demouvement. Il doit cultiver les espè-ces qui conviennent le plus à lanature du sol sur lequel il s'est ins-tallé. Il peut d'ailleurs solliciter à

tout moment les conseils et l'aide deces experts-paysans que sont les<&lt; staat-boeren : 1>, fermiers appointéspar l'Etat, pour être autant d'exem-ples vivants d'utilisation rationnelledu sol. Citoyen libre, le polder-boerpeut cependant combattre pour sesintérêts au sein d'un <&lt; Conseil dupolder : 1>, sorte de petit gouvernementlocal, porte-parole des paysans desterres neuves devant l'Etat.

Les statistiques agricoles montrentque le polder nord-est, dont la terre

La terre de la genèse... qui apparaît quand tes eaux, en se retirant, laissent à nu le fond duZuyderzee. A droite de la photo apparaissent des arbres de Schokland (l'lie en terre, voir p. 16).

ne fut définitivement recouvréequ'en 1949, donnait, en 1951, les ren-dements suivants (en kg par hec-tare) :

Blé d'hiver, 4. 280 ; blé d'été, 3. 990 ;avoine, 5. 060 ; lin, 5. 380 ; pommes deterre, 31. 950 ; betterave sucrière,47. 310.

Lorsque le polder sera entièrementpeuplé et cultivé, vers 1956, selonles estimations officielles, il nourriraune population de 40. 000 âmes etproduira pour plus de 60 millions de

nonns ae proauns agri-coles par an (6 milliardsde francs).

En dépit de son extrê-me jeunesse, le'S Noord-Ost polder possède déjàson musée, où l'on exposedes vestiges retrouvésdans'le fond du Zuy-derzee : défenses de mam-mouth, poteries, pierrestaillées, fragments decaravelles et vieilles ar-mes hispaniques rongéespar le sel... Ce musée estinstallé dans l'île deSchokland, jadis réputéepour ses hardis pêcheurs,aujourd'hui investie detoute part par deschamps de betteraves.Le syndicat d'initiatived'Emmeloord, la capitaledu N.-D. polder a faitéditer une brochure de150 pages où les forêtset les cités n'existent,pour l'instant, qu'à l'étatde pépinières et de chan-tiers. On y a tracé, sur lepapier, des avenues flan-quées de buildings, par-courues de voitures etbordées de grands ar-

bres. Ainsi sera Emmeloord en 1960.Il faudrait un volume entier pour

décrire tous les aspects de la vie dupolder. Les plus insoupçonnés nesont pas les moins intéressants. Parexemple, la distance entre une fermeet l'école rurale la plus proche n'ex-cède jamais la distance qu'un enfantpeut parcourir d'une traite sans fati-gue.

Les besoins de l'esprit ne sont pasoubliés non plus dans cette popula-tion de haut standard intellectuel.Aussi, un lourd camion fait officede bibliothèque ambulante et desserttout le polder.

Sans doute y a-t-il quelque chosede terrifiant dans le contraste exis-tant entre l'affreuse désolationzélandaise et les termitières du Zuy-derzee où se poursuit un patientlabeur de consolidation. Mais leNéerlandais sait opposer aux coupsdu sort une âme sereine qui n'est nifatalisme indifférent, ni muet déses-poir. Longtemps, la lutte contre lamer sournoise fut semblable auxdérisoires travaux des Danaïdes, lescinquante épouses meurtrières de lamythologie grecque, condamnées àremplir dans les enfers des ton-neaux sans fond. Ce que le Batavearrachait à la mer d'un côté, elle lelui reprenait d'un autre. Combat deTitans où l'homme affrontait avecdes moyens primitifs une nature in-domptable.

Les progrès de la civilisation, l'évo-lution de ses techniques, qui ont per-mis le miracle du Zuyderzee devront,demain, éviter le renouvellement dudésastre de Zélande. Les Hollandais,qui vivent comme des sentinelles surune frontière de l'Europe, en sontpersuadés. Ils offrent, en effet, unmerveilleux témoignage de confiancedans les possibilités de l'homme.

Photos olfìcielles du Gouvernement néerlandais.

LE COURRIER

DE L'UNESCO AVRIL 1953. Page 7

CENTRE D'ÉDUCATION RÉGIONAL POUR LES PAYS ARABES :

S ! RS-EL-LAYAN

PLEINS d'amertume, les anciens d'un pauvre)"petit village de la vallée du Nil assistaientdepuis un certain temps à l'exode vers la

ville des jeunes en quête d'une vie meilleure, deperspectives plus larges, lorsqu'un jour, un repré-sentant du gouvernement se présenta au village.Il expliqua que les autorités avaient l'intention d'yaménager un Centre rural d'Action sociale. Cecentre, leur dit-il, leur permettrait d'améliorerleur état de santé, leur donnerait les moyens degagner plus d'argent et d'apprendre à lire et àécrire.

Les habitants du village exprimèrent leurvolonté d'aider à la réalisation de ce projet ; aussi,le gouvernement leur envoya-t-il deux assistantssociaux chargés d'amorcer les travaux. L'un d'euxétait un jeune expert agricole, l'autre une jeuneinfirmière. Avec leur aide, les membres de lacommunauté construisirent le centre social. Ce-lui-ci comportait une clinique, une maternitéet une bibliothèque. On y trouvait égalementune salle de réunion, des bains publics et unlavoir. Et, naturellement, des salles de classe. Plu-. sieurs pièces servaient de laboratoire agricole où

il était possible d'étudier les méthodes modernes.Cinq commissions furent constituées :

La commission sanitaire fut chargée de veillerà la pureté de l'eau et d'appliquer des mesuresgénérales d'hygiène et de santé publique. Unedeuxième commission s'occupa des problèmes del'éducation et des loisirs. Un troisième groupes'efforça d'améliorer la situation économique dela communauté.

Deux autres commissions prirent à leur chargedes tâches de caractère général : l'une, lacommission de conciliation, intervint dans lesconflits locaux ; l'autre, que l'on pourrait appelerla commission des bonnes oeuvrer, organisa l'aidemutuelle, l'assistance aux veuves, aux orphelins,aux malades et aux vieillards.

Le premier noyau : cinquante stagiaires

LES résultats de cette expérience nouvelled'éducation de base ne se firent guère atten-dre. Les jeunes redevinrent des êtres vigou-

reux. La mortalité infantile tomba de deux tiers.Le revenu des familles augmenta sensiblementet, dans certains cas, doubla. Pendant la journée,l'école était pleine d'enfants. Le soir, c'était letour des adultes. Bientôt, la bibliothèque devintun des endroits les plus fréquentés du village.

Ce Centre rural d'Action sociale n'est pas uncas isolé. Depuis 1946, le département Fellah duministère des Affaires sociales a aidé à la créationde cent trente-cinq centres, desservant près dedeux millions de fellahs.

Aujourd'hui, un de ces villages a soudainementacquis une importance internationale. C'est celuide Sirs-el-Layan, situé à 60 km environ au norddu Caire, et qui a été choisi comme Q. G. du deu-xième centre régional d'éducation de base del'Unesco. Il est destiné à élever, par l'éducation,le niveau de vie du monde arabe. Le premier deces centres, qui joue un rôle similaire en Amérique

latine, fonctionne depuis mai 1951 à Patzcuaro, auMexique, et compte plus de cent stagiaires origi-naires de seize pays.

Le village de Sirs-el. Layan se trouve entre deuxbranches du Nil, celles de Damiette et de Rosette,au centre du district de Menouf (300. 000 habi-tants) une des régions les plus fertiles de l'Egypte.

Dans ce district se trouvent actuellement dix-huit centres sociaux, dix-huit écoles rurales d'untype nouveau et six établissements sanitaires.Sirs-el-Layan lui-même-distant de cinq kilo-mètres de la ville de Menouf, centre administratifdu district-compte 30. 000 habitants. En 1946, legouvernement égyptien y installa un centre dedéveloppement communautaire de façon à menerdans ce village et ses environs une expérience-typede lutte. simultanée contre l'ignorance, la misèreet la maladie. Maintenant, Sirs-el-Layan est de-venu un centre de formation expérimentale pourdes stagiaires de tous les pays du monde arabe.

Le centre de l'Unesco a été officiellement inau-guré le 20 janvier dernier par le général MohamedNeguib, premier ministre d'Egypte, et le Dr. JohnW. Taylor, directeur général par intérim del'Unes. co, au cours d'une cérémonie à laquelleassistaient des personnalités égyptiennes, desreprésentants des Etats arabes et des Institutionsspécialisées des Nations Unies.

Cinquante stagiaires originaires de six Etatsarabes (Egypte, Jordanie hachémite, Irak, Liban,Arabie saoudite et Syrie. De plus, un certainnombre d'Arabes palestiniens ont été admis aucentre), formèrent le premier noyau du centre,mais on espère qu'en septembre prochain, de nou-veaux dortoirs seront installés et que cent cin-quante étudiants seront alors inscrits au centre.Le chiffre prévu pour 1954 est de deux cents.

Ces « étudiants >&gt; sont loin d'être des débutants..Ils ont été choisis à cause de leur connaissancedes problèmes ruraux de leur pays, leur longueexpérience de l'éducation rurale, et leur spéciali-sation dans au moins un des domaines de l'édu-cation de base. On trouve parmi eux des directeursd'école, des assistants sociaux, des infirmières, desinstitutrices, des agronomes et des économistes.

A Sirs-eI-Layan, ils acquerront de nouvellesconnaissances qui leur permettront non seulementde devenir dans leur pays des spécialistes émi-nents de l'éducation de base, mais de donner àdes compatriotes la même formation. Commeopèrent les stagiaires du centre de l'Unesco àPatzcuaro, au Mexique, ils travailleront en équipesdans les différents villages qui constituent le dis-trict de Menouf et s'attaqueront directement auxméthodes pratiques dont l'application doit amé-liorer, par l'instruction, les conditions de viesociales et économiques.

Le monde arabe manque totalement de manuels,d'affiches, de films et de films-fixes spécialementadaptés pour les adultes, car la majeure partie dumatériel éducatif existant actuellement est conçuepour les enfants. Au centre de Sirs-el-Layan, lesstagiaires internationaux vont mettre au point unmatériel-type destiné aux adultes et spécialementadapté pour correspondre aux besoins et aux res-sources des communautés locales.

Quoique chacun des stagiaires se spécialisera

Le général Neguib,Premier ministred'Egypte a pris partà la cérémonied'inauguration ducentre d'éducationde base de l'Unes-co à Sirs-el-Layan,au nord du Caire.

(Photo Unesco)

Afin rie mieu. r {a'ire saisir à nos lecteurs la néces. <ritéque prié. entait fa Cl'éation riu Centre d'Eduration rt ; e Ba ! ; ede Sirs-ef-fJ/ljan et son importance pour. le"peuptes riumonrie arabe, noues présentons dans les partes qui sui-

- l'l'nt une Oude sur te pmfonf''Joufe !'ersement social- t'Fft Mf) <' f ! ; f. <Mr pt'O/'O ; ! ') OMt'fr. 5<') 7) ft ! . SOPMriant fI'Moyen-Ol'ient l'."le thel"'e et un tableau de laTie rurale dans cette partie du monde, oÙ le besoind'éducat'ion de base se {ait particulièrement sentir. Lariocumentation en a été {oUl'nie par un rapport duConseil Er ()// () miqlle et Sorial intitulé (< La situationsociale dans ! e tnon. x.

dans une seule branche de l'éducation de basetelle que la santé, l'hygiène, l'instruction oul'agriculture, ils recevront tous une formationd'équipe de façon à ne pas considérer cette édu-cation comme une série de tâches isolées maiscomme un tout.

--'

Existe-t-il une tâche plues urgente ?

UNE fois leurs études terminées, les stagiairest J retourneront chez eux en tant que membresd'unie équipe. Ils pourront alors contribuer

à l'accomplissement des programmes éducatifsque les Etats arabes sont en train de lancer surune large échelle. Quelques-unes de ces activitéssont déjà étroitement liées avec le programmenormal de l'Unesco, certaines ont été entreprisesdans le cadre de l'Assistance technique des Na-tions Unies, d'autres ont été patronnées par desorganisations nationales ou internationales. Lecentre de l'Unesco prendra part à toutes ces ini-tiatives, restant en liaison constante avec sespromoteurs, assurant l'échange d'informations,dirigeant des recherches et accordant l'aide d'ex-perts partout où leur intervention sera nécessaire.

Le centre d'éducation de base de Sirs-el-Layana été reconnu comme étant d'une importancecapitale pour l'aboutissement des programmes.éducatifs et sociaux des Etats arabes. En janvierdernier, lors de la cérémonie d'inauguration, leministre égyptien de l'Education déclarait :« Existe-t-il dans notre vie une tâche plus urgenteque celle de porter remède à l'état de stagnationet de misère dans lequel sont plongées les popu-lations des Etats arabes, à cause de l'ignorance,de la pauvreté et de la maladie ? >&gt;

Les spécialistes de l'éducation de base formésau centre de l'Unesco aideront à fournir à cesmasses les notions d'hygiène nécessaires pourcombattre les maladies endémiques et améliorerleur s. anté. Ils leur enseigneront de meilleures mé-thodes agricoles, leur apprendront à mieux culti-ver la terre, à mieux organiser la vie au foyer. Ilscollaboreront également au développement del'artisanat rural et des petites industries de ma-nière à créer de nouvelles sources de revenus et desubsistance pour les communautés villageoises.

La création du centre de l'Unesco a déjà éveillédans le Moyen-Orient un grand intérêt pourl'éducation de base, reconnue comme étant unedes solutions les plus pratiques aux problèmes quise posent depuis des siècles aux peuples arabes.Elle a également provoqué un intérêt accru pourles autres aspects de l'oeuvre de l'Unesco.

En Arabie Saoudite, les chameaux utilisent pour étancherleur soif les bassins des derricks. (Photos Corsini, Esso)

Une jeune villageoise : les sédentaires ruraux représen-tent 65 % environ de la population. (Photo Studio Apkar)

Les paysans (ou fellahs) et leurs familles forment les sept dixièmes de la population de l'Egypte.La plupart sont propriétaires de leurs terres mais arrivent à peine à subsister. (Photo Unesco)

Un fléau millEune idée de

UN PAYSAN ARABE, QUI POURSUIT LENTEMENT SON CHEMIN VERS LA VILLE DE TRIPOLI, SURPLOMBE UNE DES

Le Grand Nil : se frayant un chemin à travers les zones arides, il a donné à l'Egypte une bandede terres riches et fertiles bordée par deux immenses déserts. (Photos Ambassade d'Égypte)

Le fermier : léde fermes indtImage familière : ces tours à pigeons forment partie

intégrante de tout village égyptien. (Photo Amb. d'Égypte)

LE MOYEN-ORIENT EST LE THÉATRE

D'UN BOULEVERSEMENT SOCIAL

lU millénaire : cette masse de sauterelles donneée de l'invasion de l'an dernier. (Photo o. N. u.)

: DES VALLÉES FERTILES DU LIBAN. (Photo Unesco).

DEPUIS l'antiquité la plus reculée, le Moyen-Orient aété la grande route qui a servi de lien entre les troiscontinents. C'est là que sont apparues les plus

anciennes civilisations dont le monde garde le souvenir,les religions monothéistes, l'écriture et beaucoup d'autresinnovations capitales d'ordre culturel sans lesquelles lacivilisation occidentale serait inconcevable (1).

Il n'est pas surprenant que l'on observe de profondesdifférences entre les éléments qui composent une régionau passé historique aussi ancien et aussi complexe. Toute-fois, cette variété d'aspects recouvre une profonde unitéfondamentale qui est elle-même le résultat d'une longueévolution historique.

Depuis les temps les plus reculés, les vallées fluviales del'Egypte et de la Mésopotamie ont fait rayonner leur civi-lisation sur les terres voisines. Les conquêtes, les migra-tions et les déportations massives de populations ontrépandu à travers toute la région certaines formes de viereligieuse et culturelle. Pendant plus d'un millénaire, lamajeure partie du Moyen-Orient s'est trouvée politique-ment unifiée sous l'autorité des Empires perse, macédo-nien et romain.

Durant les six premiers siècles de l'ère chrétienne, ellea été soumise à l'influence du christianisme, qui lui apermis de parvenir à un degré d'unité culturelle supérieurà celui qu'elle avait atteint jusqu'alors. Au cours des deuxsiècles suivants, le christianisme a fait place à l'Islam,qui constitue aujourd'hui le facteur essentiel d'unitéculturelle.

La population comprend environ 90 % de musulmans ;4 % de chrétiens (répartis entre plusieurs sectes) ; moinsde 2 % de juifs ; 2 % (dans le Soudan méridional)d'adeptes des cultes tribaux africains ; le reste de la popu-lation se rattache en grande partie à des sectes semi-musulmanes. Toutes les formations politiques de la région,à l'exception des trois plus petites (Chypre, Israël et leLiban) ont des majorités musulmanes. En même tempsque ses croyances et ses pratiques religieuses, l'Islam aapporté avec lui un code, le Sharia, qui, jusqu'à une daterécente, a réglé presque tous les aspects de la vie descommunautés musulmanes et de nombreuses formes d'acti-vité des non-musulmans. Il exerce encore une influenceprofonde sur la société du Moyen-Orient.

L'Islam. a contribué aussi à unifier le Moyen-Orient endiffusant la langue arabe, qui a constitué pendant plu-sieurs siècles le seul moyen d'expression de la science etde la littérature et jusqu'à une date très récente a étéégalement le langage officiel de la religion et de la légis-lation dans toute la région. En outre, les trois langues lesplus répandues-l'arabe, le persan et le turc-se sontpénétrées mutuellement dans une mesure considérable,et il y a seulement cinquante ans, la connaissance dedeux ou trois de ces langues était encore ehose couranteparmi les classes cultivées.

L'absence d'une classe moyenneest caractéristique,

SUR cette société relativement homogène, s'est exercéedans l'ensemble l'influence de la civilisation occiden-tale moderne, et avec une force croissante depuis la

fin du xviir siècle, bien qu'à des degrés variables suivantles pays. Les pays sur lesquels cette influence s'est faitsentir tout d'abord, et où elle a pénétré le plus profon-dément, sont ceux qui bordent la Méditerranée : Turquie,Egypte, Palestine et Liban. Par contre, ces pays de lapéninsule arabique n'ont subi l'influence de l'Occident quependant les vingt ou trente dernières années. Cetteabsence de synchronisme a introduit dans la région unélément important de diversité qui rend difficile toutegénéralisation.

En outre, dans aucun pays l'influence de l'Occident n'aaffecté au même degré toutes les classes. Même là où ellea pénétré le plus profondément, elle tend à être beaucoupplus forte dans les régions urbaines et dans les classessupérieure et moyenne.

Ces classes (notamment la classe supérieure) peuventdéjà se comparer à la société occidentale en ce quiconcerne le taux de naissance et de mortalité, les espé-rances de vie, le logement, l'alimentation et le vêtement,les services médicaux, l'instruction et d'autres élémentscaractéristiques. D'autre part, la grande majorité de lapopulation, notamment les trois quarts de celle qui vitdans les campagnes, reste dans une large mesure fidèleà des modes d'existence qui ont fait leur apparition auMoyen-Orient il y a de nombreux siècles.

Il faut aussi remarquer qu'Israël tranche notablementsur l'ensemble de la région, non seulement par suite desdifférences traditionnelles de religion et de culture quiséparent les musulmans des juifs, mais aussi en raisondes effets de l'immigration récente, notamment celle desfamilles européennes de la classe moyenne exerçant desprofessions libérales. C'est un trait marquant, en effet, ettout à fait caractéristique des autres pays du Moyen-Orient que l'absence d'une classe moyenne adonnée auxprofessions libérales.

Du point de vue géographique, le Moyen-Orient se par-tage essentiellement entre le désert et la zone des cultures.La région, sur 90 % de sa superficie, est soit un désert, soit,dans les conditions les plus favorables, une steppe quipeut servir de pâturages, avec des oppositions extrêmes detempérature, une absence presque complète de précipi-tations en toute saison, et une végétation très maigred'herbes courtes et de broussailles capable de résister à lapécheresse. L'étroite zone des cultures présente, d'une

façon générale, les caractères méditerranéens, avec delongs étés chauds et secs, des hivers humides et tempéréset une végétation naturelle dont la gamme s'étend de

er : la Turquie est traditionnellement un pays'S indépendantes. (Photo « réalités » par Charbonnier)

(1) Dans celle étllde, il {alll ('111'0/) ('1' 1"'inri,, aleml'lIt, SOIIS/a dpllomi-na<io) géoqraphi'llle de Moyell-Orient t'Alghallistall, le SOI/dan any/o-é ! lyptiell, t'EYY1'le, l"Iran, l"Iral"[sraN, le royal/me de Junlallie, lel.. iban, t'Arabie saoudite,/a Syrie, la Tl/r'll/ie et le Yémen.

l'herbe à des forêts claires d'arbres à feuilles caduques.C'est généralement d'une façon progressive qu'on passe dudésert à la zone des cultures, sauf le cas, important il estvrai, des deux longues bandes riveraines des vallées duNil d'une part, du Tigre et de l'Euphrate d'autre part, oùla transition est brutale et tranchée.

Le désert, où le seul genre de vie possible est celui depasteur, a été pendant des siècles le domaine des tribusnomades adonnées à l'élevage, et dont les membres consti-tuent environ 16 % de la population totale du Moyen-Orient. La zone des cultures, dont les conditions naturellessont très différentes, a été habitée, pendant une périodeau n'oins aussi longue, par des cultivateurs sédentaires,qui composent aujourd'hui 66 % de la population de lamên-n région. Le reste de la population, soit 18 % au total,résidé dans les villes.

Le mot d'ordre est au changement

LES conditions d'existence varient d'une tribu nomadea une autre, et dans une mesure plus considérable,d'une région cultivée à une autre ; toutefois, ces diffé-

rences (de tribu à tribu, de village à village, de ville àville) apparaissent tout à fait superficielles quand on lescompare à celles, plus profondes, qui séparent le genre devie de chaque groupe social pris dans son ensemble dugenre de vie des autres.

La cinquième partie environ (20 %) de la populationde la région considérée dans son ensemble est une popu-lation urbaine. (Les définitions du mot <&lt; urbain >&gt; varientconsidérablement' ; environ 65 % des habitants sont dessédentaires et 15 % des nomades ou des demi-nomades.La population des villes est estimée à 10 % seulement dutotal de l'Afghanistan, dans le Soudan anglo-égyptien etla péninsule arabique, mais à 40 % dans le Liban et à50 % en Israël. L'effectif des populations nomades etsemi-nomades va de 0 % (Chypre, Egypte, Liban) à 33 %dans l'Afghanistan et la péninsule arabique et à 40 %en Jordanie.

Le Moyen-Orient est, clans l'ensemble, une zone de fortenatalité ; l'abaissement du taux de mortalité, qui demeuretrès élevé, mais qu'on a réussi dan. s une certaine mesureà limiter, a entraîné une augmentation du taux d'accrois-sement de la population de 10 à 20 pour 1000 par an. Cetaux élevé d'accroissement est en partie la conséquencede la suppression virtuelle des famines et des maladiespestilentielles telles que le choléra et la peste, qui ont,jusqu'à une époque très récente, décimé périodiquement lapopulation, et aussi de la diminution de la mortalité desnourrissons et des enfants, bien qu'ici les taux soientencore très élevés si on les compare à ceux des pays pluséconomiquement développés.

A l'heure actuelle, le Moyen-Orient est le théâtre d'unbouleversement social dont les causes et les élémentsconstituants sont multiples et complexes. Parmi les fac-teurs déterminants, il faut mentionner le problème ances-tral posé par la misère et les maladtes endémiques, et dontles habitants ont pris une conscience plus aiguë par suitede leur contact plus étroit avec les Occidentaux dontils peuvent constater le niveau de vie plus élevé ; la désin-tégration de la famille traditionnelle et le déclin del'autorité patriarcale, l'éveil du sentiment national et desaspirations nationalistes ; la densité croissante de lapopulation dans certains districts ; le développement desvilles et de l'industrie, accompagné d'une réduction pro-gressive de la zone isolée de l'arrière-pays ; et enfin, lademande plus pressante de l'égalité sociale et politique desfemmes.

Le mot d'ordre, dans beaucoup de milieux, est au chan-gement, bien qu'il n'y ait d'unanimité ni sur la nature duchangement à souhaiter, ni sur la façon. dont il fautl'effectuer, ni sur le rythme selon lequel il faut procéder.Dans les sphères politiques et professionnelles, lesréflexions auxquelles on s'est livré sur la question ontfini par aboutir à l'élaboration de deux doctrines oppo-sées : les tenants de la première estiment que l'avenir duMoyen-Orient réside dans un retour aux idéaux primitifs,aux valeurs et aux traditions de l'Islam. Ils s'efforcentdonc de réaliser des transformations et des réformes àl'intérieur de ce cadre. Les partisans de l'autre préconisentdes innovations radicales inspirées de l'Occident, et lamise au rebut de la plupart des traditions indigènes.

Il existe une troisième doctrine

TOUTEFOIS, il existe une troisième doctrine qui estintermédiaire, et dont les adeptes pensent que lebesoin fondamental de changement que l'on constate

dans la société du Moyen-Orient doit être satisfait par lafusion organique d'innovations, qu'il serait souhaitabled'emprunter à l'extérieur et d'éléments vigoureux et sainsde la civilisation traditionnelle. Dans de nombreuses par-ties de la Turquie, de l'Egypte, de la Syrie et du Liban, lestransformations économiques et sociales sont déjà trèsavancées ; tandis que dans d'autres parties de ces mêmespays, et ailleurs encore dans le reste du Moyen-Orient,le changement a été insignifiant.

Sous ces discordes idéologiques, on perçoit toutefois uneagitation croissante dans les masses populaires. En mêmetemps, on voit se renforcer dans toutes les classes laconviction qu'il faut compter avec elles et qu'il est indis-pensable d'améliorer leur sort. Les chefs de gouvernementont, dans une mesure plus ou moins grande, inauguré ouprojeté des réformes (programmes de services sociaux,extension du droit de suffrage, réforme agraire, dévelop-pement et amélioration de l'enseignement primaire etsecondaire). Mais, ni les capacités techniques, ni lesmoyens dont on dispose pour réaliser ces réformes ne sontà la hauteur des besoins. C'est alors qu'apparait l'impor-tance capitale qu'il faut attribuer aux programmesd'assistance technique.

Page 10. AVRIL 1953 LE COUR

LE VILLAGE, PIVOT DU MONDE ARABE

PENDANT des milliers d'années,les villages ont été la pierreangulaire de la vie du Moyen-

Orient, suffisant à peine à assurer lasubsistance de leurs propres habi-tants tandis qu'ils fournissaient lesdenrées alimentaires et les produitsde luxe consommés dans les grandesvilles.

La masse de la population agricolevit dans une pauvreté affreuse etdans des conditions d'extrême insa-lubrité. La plupart des villages sontdes agglomérations extrêmementdenses de masure dépourvues detout système d'égouts et sans autresmoyens d'approvisionnement en eauqu'une simple fontaine ou un puits,souvent situés à une certaine dis-tance du village, et dont l'eau estfréquemment polluée. Le problèmede la pénurie en eau (qui est à l'ori-gine du nomadisme) est d'uneimportance capitale du point de vuedu niveau de vie dans les villages duMoyen-Orient, non seulement parceque cette pénurie restreint la pro-duction agricole et engendre desmaladies, mais aussi parce qu'elleentraîne parfois pour le paysan desfrais qui grèvent lourdement sonrevenu réel. Dans certaines régions,la propriété des droits de captationde l'eau est distincte ou vient en sup-plément de la propriété du sol, et, lemétayer rural s'est toujours vucontraint d'abandonner un cinquiè-me de sa récolte au grand proprié-taire en échange de l'eau que celui-cilui fournissait.

La famille paysanne vit dans unemaison d'une ou deux pièces, cons-truite avpc les matériaux que fournitla région (pierres, boue, roseaux.etc.). Le besoin de chauffage se faitsurtout sentir sous les latitudes lesplus septentrionales et au-dessusd'une certaine altitude ; mais lecombustible est rare et coûteux. Lafiente des animaux, pétrie en formede galettes et séchée, sert de combos-tihles pour le chauffage et la cuisine,usage qui prive le sol d'un engraisnature ! dont il a le plus grandbesoin.

Les villages typiques du Moyen-Orient possèdent quelques institu-tions qui sont, à l'heure actuelle,placées de plus en plus sous lecontrôle ou du moins sous l'influencedu gouvernement. L'hôtellerie duvillage (maudit, dans les territoiresarabes, Koy Odasi en Turquie, etc.),que l'on trouve dans beaucoup devillages (mais non pas dans tous)sert à la fois de lieu de réceptionpour les hôtes du village et de lieude réunion pour les villageois eux-mêmes. En Turquie, ces hôtelleriesont été fréquemment remplacées oucomplétées. par des « maisons dupeuple >&gt; de création plus récentetH alk Odalari)...

Une autre institution tradition-nelle et importante du village est lamosquée, ou, dans les villages chré-tiens, l'église. La plupart des villagespossèdent une ou plusieurs mosquées,et parfois, également, une église. Lamosquée est confiée aux soins d'uncheikh, ou chef religieux, qui exerceen général une influence considérablessur les croyances et le comportementdes villageois et fait la classe auxenfants qui fréquentent l'école cora-nique logée dans la mosquée. Fré-quemment, le cheikh possède desterres qu'il cultive comme n'importequel autre paysan.

L'économie reposesur le régime patriarcal

LA structure sociale du villagedépend de plusieurs facteurs,dont les plus importants sont

les dimensions et l'histoire de seshabitants. Beaucoup de petits villa-ges sont habités par plusieursfamilles dont tous les membres sontapparentés les uns aux autres et seconsidèrent comme les descendantsd'un ancêtre commun qui a fondé levillage. Les grands villages peuventabriter deux ou plus de ces groupesfamiliaux, entre lesquels il existeparfois une certaine rivalité.

Le chef de l'un de ces groupesfamiliaux est, en règle générale, le

chef du village ; sa situation préémi-nente, traditionnellement fondée surla position qu'il occupe à la tête dela famille dirigeante, a subi ces der-niers temps une transformation à lasuite de laquelle il doit fréquemmentêtre élu par les villageois et confirmépar le gouvernement, ou même êtrenommé directement par le gouver-nement. Le chef du village estgénéralement dans une situationéconomique supérieure à celle duvillageois ordinaire et jouit d'une in-fluence et d'un prestige considérablesdans la communauté. Assisté d'unconseil d'anciens du village, le chefs'acquitte de la besogne administra-tive, est souvent investi d'une compé-tence judiciaire limitée qui lui per-met de trancher les menus litiges., etsert d'intermédiaire entre le villageet le gouvernement. D'une part, ilreprÉsente les intérêts de ses admi-nistrés devant le c. hef du districtdont dépend le village ; d'autre part,son rôle est de faire exécuter lesordres du gouvernement, d'aider lecollecteur d'impôts dans sa tâche, etd'être enfin, d'une façon générale,responsable du village devant lespouvoirs publics.

La famille patriarcale, composéed'un chef d'âge avancé, de tous sesdescendants du sexe masculin, deleurs femmes et des femmes non ma-riées, est la règle dans le Moyen-Orient. C'est dans les villages et dansles tribus nomades qu'elle est le plussolidement établie, bien qu'elle sur-vive encore dans les villes sous uneforme modifiée. La famille patriar-cale est la cellule foridamentale del'économie du Moyen-Orient. Dans levillage, elle possède et travaille laterre à titre collectif. (Dans la tribunomade, ses membres possèdent encommun les troupeaux de menu etgros bétail et dans les villes, exercentsouvent en commun une industrie ouune entreprise commerciale léguéespar la traditions,)-

Tant que la famille reste groupéeet gagne sa subsistance en commun,tant que ses biens restent en posses-sion et sous l'autorité de son chef,

La Turquie est un des pays du Moyen-Orient ayant étendu son réseau d'écoles rurales. Pour assurer la formation d'institu-teurs accoutumés à la vie des campagnes, le gouvernement ouvre ses instituts de formation rurale aux seuls fils de paysans.D'après les statistiques établies en 1948-49, plus de douze mille maîtres ont été formés dans ces écoles. (Photo « (Réalités »)

l'autorité paternelle est forte et lesjeunes gens ne voient s'ouvrir devanteux d'autre carrière que celle quileur est nettement indiquée par latradition. Chaque nouvelle généra-tion continue à s'adonner au genred'activité qui lui a été légué par sesprédécesseurs : élevage dans le casde la tribu nomade, culture de laterre dans le cas du village, profes-sion commerciale ou artisanale quifait partie des « vieilles corpora-tions s-.

Revenu annue) :100 dollars par habitant

DANS la société traditionnelle duMoyen-Orient, c'est la famillequi constitue donc la base de

l'édifice social, le cadre auquel l'in-dividu doit s'adapter étroitement etdont il doit accepter la contrainte.Quant l'autorité de la famille s'affai-blit par suite de l'émigration desvillageois vers la ville, de l'industria-lisation, du libre choix de la profes-sion, de la force croissante despouvoirs publics, etc., il peut s'ensui-vre des troubles sérieux dans. sonéquilibre social et psychologique. Lasubstitution à l'autorité familiale etpaternelle de forces collectives plusimpersonnelles (gouvernement, opi-nion publique) et, en même temps,de forces individuelles plus person-nelles (<&lt; libre disposition de soi-même >&gt;, « autonomie individuelle )se produit rarement sans heurts.

Le revenu du villageois du Moyen-Orient est essentiellement fonctionde ce que lui rapporte la terre, à quois'ajoutent les menus supplémentsqu'il tire du bétail ou de quelquesactivité artisanales. On n'a jamaisévalué de façon systématique leschiffres réels du revenu personnel etde la consommation parmi les popu-lations des villages agricoles, abs-traction faite de quelques enquêteseffectuées dans des villages insuffi-samment représentatifs ; mais onsait qu'ils sont, en règle générale,extrêmement bas.On attribue à la plupart des pays

de la région en question un revenupar tête égal ou inférieur à 100 dol-lars (chiffre qui s'élève toutefois à389 dollars en 1949 pour Israël, et à125 dollars pour le Liban et la Tur-quie), mais ces estimations ne tien-nent pas compte des différences trèsimportantes de revenus entre lesdifférentes catégories sociales-dif-férence, par exemple, entre lesgrands propriétaires et les paysans,qu'explique le fait qu'un seul grandpropriétaire peut toucher jusqu'à lamoitié des récoltes produites par ungrand nombre de paysans. Quelquesobservateurs sont d'avis que lesconditions d'existence à la campagnene se sont pas améliorées, et se sontpeut-être même aggravées, au coursde ces dernières dizaines d'années.Une enquête sur l'économie égyp-tienne montre que dans les vingt an-nées. qui ont. précédé 1940, : levolume de la production agricole...n'a pu que se maintenir au niveaude l'accroissement de la population,en dépit de nombreuses recherchesde caractère technique et de l'amé-lioration des méthodes de culture s.

Deux problèmes connexes :la population,-la terre

CERTAINES causes de la faiblessede la productivité, de la fai-blesse des revenus et de la

consommation dans le Moyen-Orientsont communes à l'ensemble de larégion ; d'autres sont particulières àcertains pays. L'Egypte, par exem-ple, est particulièrement affectéepar le problème d'un excès de popu-lation sur les terres cultivables laproductivité par unité de superficiey est forte, mais la productivité partête d'habitant est faible. On peutillustrer ce fait en confrontant lasituation agricole en Egypte aveccelle qui existe dans un pays haute-ment mécanisé comme les U. S. A.

Il y a, aux Etats-Unis, environ dixfois plus de terres cultivables qu'enEgypte par rapport à l'ensemble dela population et près de quarantefois plus par rapport à la populationagricole. (Cette évaluation ne tientpas compte des prairies et pâturagespermanents ni d'autre terres vir-tuellement cultivables qu'on trouveaux Etats-Unis, mais dont il n'existepas de grandes étendues en Egypte.)L'exploitation intensive du sol culti-vable en Egypte, par une abondantemain-d'oeuvre agricole et la fécon-dité de ce sol. permettent d'obtenir

JNESCO AVRIL 1953. Page

LA PLUPART DES VILLAGES DU MOYEN-ORIENT OFFRENT CET ASPECT ÉTRANGE D'UNE AGGLOMÉRATION DE MAISONS SERRIËES LES UNES CONTRE LES AUTRES.

un rendement plus fort à l'hectareque la culture mécanisée aux Etats-Unis ; néanmoins, il faudrait multi-plier par quarante le rendement dela terre en Egypte par unité de sur-face pour obtenir le même revenupar personne qu'aux Etats-Unis.

On peut, en outre, prévoir que letaux de la mortalité en Egypte, rela-tivement élevé pour le moment maisen déclin, sera réduit de façon im-portante dans un proche avenirgrâce à des mesures d'hygiène publi-que, et que la population agricole,déjà dense, le deviendra encoredavantage, aucun signe ne permet-tant de penser que le taux de lanatalité diminuera de façon corréla-tive dans les années qui viennent.

Il est donc absolument évidentque les difficultés de l'Egypte nepourront être surmontées que si l'ons'attaqua résolument aux problèmesconnexes de la population et de laterre.

La région du Moven-Orient consi-dérée dans son ensemble ne souffrepas du manque de terre. Il existe, enIran et en Irak par exemple, unequantité appréciable de terres. culti-vables, mais jusqu'à présent laisséesen friche ; et pourtant, la pauvretérurale de ces pays diffère peu decelle que l'on constate en Egypte.Selon les estimations de la F. A. O.,l'étendue de terres en friche quipourraient éventuellement être misesen culture dans l'ensemble de larégion correspond au double desterres actuellement cultivées. Enfait, on a vu dans des pays commela Turquie, l'Irak, la Syrie et l'Arabiesaoudite, s'accroître très considéra-blement l'étendue des surfaces culti-vées au cours des dernières années.Mais le rythme de cette expansionn'a généralement pas pu suivre celuide l'accroissement de la population.

De nombreux observateurs ontattribué à la nature du régime fon-cier qui domine dans de vastes sec-t, eurs du Moyen-Orient la faibleproductivité et le faible revenu ducultivateur villageois. Une grandepartie des terres appartiennent à unpetit nombre de familles riches., quirésident habituellement dans lesvilles (et qui, généralement, ne diri-gent pas de grandes exploitationscentralisées mais louent des parcel-les séparées à des fermiers ou à desintermédiaires). Un grand nombrede villageois sont des métayers,d'autres sont propriétaires, mais delopins si exigus qu'ils doivent cher-cher un supplément de terre qu'ilscultivent en qualité de métayers, outravailler une partie du temps enqualité de salariés sur de grandsdomaines, pour avoir simplement lesmoyens de subsister. Le partage desterres entre les héritiers, conformé-ment à la coutume et à la loi, en-traine un accroissement constant dunombre des familles propriétaires deparcelles minuscules et l'existenced'une masse grandissante de journa-liers dépourvus de toute terre.

Nécessité d'uneréforme agraire

LA répartition inégale des terres,) comme la variété des régimesfonciers, qu'on trouve dans le

Moyen-Orient, résultent d'une évo-lution historique qui remonte danscertains cas à la conquête otto-mane ou même à une époque plusancienne. Les statistiques dont ondispose'ne donnent qu'une idée trèsimparfaite du nombre des grandspropriétaires, des petits exploitantset des paysans sans terre.

En Iran, environ 50 pour 100 desterres revendiquées appartiendraient

à quelque 100. 000 grands propriétai-res ; environ 15 pour 100 seraientconstituées par de petites exploita-tions ; et 35 pour 100 représente-raient des terres domaniales ou desbiens de communautés religieuses(waqfs). Ici, comme dans l'Irak voi-sin, où la propriété du sol est aussitrès concentrée, une grande partiede la terre est louée par les proprié-taires à des intermédiaires, habituel-lement des citadins, moyennant unloyer îixe, que ceux-ci se chargent derecouvrer, grossi du bénence qu'ilsretirent de l'opération, sur les pay-sans qui cultivent effectivement laterre.

En Syrie, 30 pour 100 seulement dela population agricole seraientconstitués par des paysans indépen-dants. En Egypte, si la plupart despaysans sont propriétaires, un petitnombre d'entre eux seulement peu-vent tirer et tirent leur subsistancedes terres qu'ils possèdent.

En 1947, 11. 000 propriétaires pos-sédant 50 feddans (21 hectares) oudavantage, détenaient 36, 8 pour 100de la superficie cultivée de l'Egypte ;143. 000 propriétaires possédant de 5à 50 feddans (de 2, 1 à 21 hectares),détenaient 29, 7 pour 100 de cette su-perficie ; 587. 000 propriétaires possé-dant de 1 à 5 feddans (de 0, 42 à 2, 1hectares), en detenaient 20, 4 pour100 ; et 1. 921. 000 propriétaires possé-dant 1 feddan ou moins, en déte-na'snt 13, 1 pour 100. Cette dernièrecatégorie, soit 70 pour 100 du nombretotal des propriétaires, possède àpeine assez de terres pour entretenirune famille.

On considère que les types prédo-minants de régimes fonciers, carac-térisés par un déséquilibre excessifen faveur de la grande propriété,contribuent à abaisser le revenu dupaysan de façon à la fois directe etindirecte. De façon directe parce

terres, et ceux qui n'enpossèdent que des par-celles insuffisantes.

(u iteau verso)

qu'une grande part du fruit du tra-vail du paysan va au grand proprié-taire (ou à l'intermédiaire) qui,généralement, ne contribue quefaiblement à la production par sontravail ou par ses talents d'organi-sateur (la part que le grand proprié-taire prélève sur les récoltes variesuivant les conditions locales, maiselle est fréquemment de 50 pour 100ou davantage ; les loyers payés enespèces, comme c'est le cas enEgypte, peuvent approcher de 50pour 100 de la valeur marchande desrécoltes, le paysan supportant laplus grande partie des frais de cultu-re). De façon indirecte, parce que lesconditions psychologiques qui favo-riseraient l'amélioration des terres,leur conservation, etc., font défautnotamment lorsqu'il n'existe pour lesfermiers, comme c'est fréquemmentle cas, qu'un faible espoir ou aucunespoir d'être maintenus sur leursexploitations et que les propriétairesles déplacent à volonté d'une par-celle à une autre.

La mauvaise répartition

n'explique pas tout

IL est important de noter toutefois,t comme on l'a fait à propos de lapénurie de terres, que l'excès

d'inégalité dans leur répartitionn'explique pas complètement le basniveau des revenus agricoles danstout le Moyen-Orient. La Turquie,par exemple, a toujours été un paysde cultivateurs indépendants, sansconcentration excessive de la pro-priété foncière. En outre, ce pays nesouffre pas dans l'ensemble d'unepénurie de terres et le gouvernementa promulgué en 1945 un projet de loi- tendant à aider les cultivateurs sans.,-----.---

Page 12. AVRIL 1953 LE COURRIE5

Défricher les terres,combattre les taudis

Les immigrants juifs contribuent à faire face aumanque de travailleurs agricoles, si aigu enIsraël. Ci-dessus, un groupe de laboureurs défri-

che un terrain. Ci-dessous, des paysans turcs qui se sont installés à Istambul,vivent dans une mosquée abandonnée. Le gouvernement turc a pris des mesurespour améliorer les conditions sanitaires dans les taudis (Photos Magnum et Unesco)

LA petite propriété ou la petiteexploitation sont égalementtrès répandues au Liban, bien

qu'il s'y soit constitué nombre degrands domaines par suite de l'inca-pacité chronique des paysans à ac-quitter leurs dettes. Toutefois, lesrevenus agricoles de ces pays, touten étant probablement plus élevésque la moyenne de la région, demeu-rent extrêmement bas et ne suppor-tent évidemment en aucune manièrela comparaison avec ceux d'un payséconomiquement développé commel'Angleterre (où la plus grande par-tie de la terre cultivable est tenue àbail-sous le contrôle d'une légis-lation très stricte).

La pauvreté des villages duMoyen-Orient s'explique aussi parun ensemble d'autres facteurs-lafréquence des maladies qui réduisentla productivité aux moments criti-ques ; le sous-emploi, et par consé-quent l'impossibilité où se trouventde nombreux villageois en bonnesanté de trouver du travail pendantune grande partie de l'année, l'en-dettement du paysan, qui lui interditde bénéficier de l'excédent des an-nées de bonne récolte en raison desdifficultés financières dans lesquel-les l'ont mis les années de mauvaiserécolte ; l'analphabétisme, l'igno-rance des procédés modernes d'agri-culture et un ensemble de préjugésqui rendent difficile l'introductiond'améliorations venues de l'extérieur ;l'absence de relations entre lespaysans et l'absence des moyens quileur permettraient d'organiser uneaction commune pour améliorer leursconditions d'existence, etc.

Les travaux agricoles exigent uneconcentration d'efforts à certainsmoments de l'année, mais, à d'au-tres, une grande quantité de main-d'oeuvre apte à des besognes produc-tives demeure oisive dans les villagesdu Moyen-Orient. D'après les en-quêtes effectuées en Egypte danscertains villages du Delta, parexemple, le paysan ne travaille pas

en moyenne plus de 180 jours par an.On a signalé des cas semblables desous-emploi dans d'autres pays de larégion-Liban, Turquie, Iran, Iraket Syrie. L'accroissement excessif dela population par rapport aux terresdisponibles aggrave le sous-emploien Egypte et au Liban, mais ni laTurquie, ni l'Iran, ni l'Irak, ni laSyrie ne souffrent d'une pénurie deterres. En fait, la Syrie a besoin detravailleurs étrangers pendant lesmoissons..

De toute évidence, il est indispen-sable d'occuper cette main-d'oeuvreoisive à des travaux productifs sil'on veut élever le niveau de vie dansle Moyen-Orient. Parmi les solutionsappliquées ou proposées mention-nons : la diversification et la rotationdes cultures, le développement desprofessions artisanales (l'Egypte autilisé à cet effet des centres sociauxruraux), la création de services effi-caces chargés de répartir la main-d'oeuvre entre différentes tâches àdifférentes périodes de l'année (com-me on le fait déjà en Israël), l'utili-sation de la main-d'oeuvre desvillages en excédent à des travauxlocaux d'aménagement et d'amélio-ration, le versement par le gouver-nement d'une faible rétribution àtitre d'encouragement (comme l'afait en Grèce le « Community Deve-lopment Emplovment >. et le déve-loppement des industries.

La plupart des villages du Moyen-Orient sont privés de toute liaisonpar routes viables avec les. centresurbains, même les plus proches. Lesjournaux, les appareils de radio etles téléphones y sont des exceptions(bien que le nombre des appareilsde radio soit en augmentation).Ainsi, le nombre de quotidiens encirculation pour 1. 000 habitants estde un pour l'Afghanistan, zéro pourl'Arabie saoudite, 86 pour Chypre. 17pour l'Egypte, 10 pour l'Irak, 5 pourl'Iran, 235 pour Israël, 81 pour leLiban, 28 pour la Jordanie haché-mite, zéro pour le Soudan anglo-

L'UNESCO AVRIL 1953. Page 13,

TRADITION ET DÉS) R DE CHANGEMENT

égyptien, 19 peur la Syrie et 16 pourla Turquie. Pour ces mêmes pays, lemmbre d'appareils récepteurs deradio pour 1. 000 habitants est res-pectivement de 0, 7, 2, 24, 12, 6, 3,123, 36, 5, 0, 4, 15 et 16. On peut ad-mettre, exception faite pour Chypre,Israël et le Liban, que la plus grandepartie des journaux et des appareilsde radio se trouvent dans les villes.

L'arrière-pays montagneux del'Afghanistan et de l'Iran, les confinsde l'Iran, de l'Irak et de la Turquie,l'Arabie méridionale et la partie mé-ridionale du Soudan sont les régionsqui souffrent le plus de l'isolement.Toutefois, de nombreux villages, quine sont qu'à quelques kilomètres desgrandes villes, ne bénéficient pas,non plus de l'éducation moderne, dessoins médicaux et des progrès tech-niques dont on peut disposer, jusqu'àun certain point, dans ces villesmêmes.

La vie culturelle du paysan, commecelle du nomade, ne participe pas dela civilisation écrite. Il existe, à vraidire, un riche fonds traditionnel decontes populaires, de chansons, etc. ;mais la plupart des habitants desvillages parlent des dialectes locauxqui diffèrent plus ou moins del'arabe, du persan ou du turc écrits,et souvent apprendre à lire et à écrireéquivalait presque pour eux à ap-prendre un nouveau langage. Cen'est qu'à une date très récente qu'ons'est efforcé de tenir compte de cesdifficultés dans l'utilisation desmoyens d'information qui s'adressentau grand public.

Enseignement laïqueet écoles coraniques

LES écoles de villages étaient tra-ditionnellement des écoles reli-gieuses, dans lesquelles le

cheikh de la mosquée du villageapprenait aux garçons à lire et leurfaisait réciter le Coran par coeur, enmême temps qu'il leur enseignait lesrudiments de l'écriture et du calcul.On envoyait rarement les'filles àl'école, et le petit nombre de garçonsqui la fréquentait, la qui t t aitaprès un ou deux ans d'études. il ya un siècle, ces écoles coraniques(kuttab ou maktab) étaient presque

les seules écoles du Moyen-Orient,mais leur nombre décroît en mêmetemps que se développe l'enseigne-ment laïque. Dans de nombreux vil-lages, toutefois, elles restent lesseules écoles., et en certains endroits,les habitants répugnent encore à en-voyer leurs enfants aux écoleslaïques, bien que celles-ci, dans laplupart des pays du Moyen-Orient,fassent une place très importantedans leurs programmes à l'enseigne-ment du Coran et aux ques. tionsreligieuses.

Il existe des phases de transition.En Afghanistan, par exemple, où unprogramme d'enseignement ruralvient d'être mis en train, le plan leplus récent du gouvernement prévoitque les écoles seront logées dans lesmosquées de la communauté et quel'enseignement y sera pispensé parles chefs religieux de cette commu-nauté, jusqu'à ce que le gouverne-ment ait la possibilité de construirede. s bâtiments scolaires distincts etde former des maîtres.

Les réseaux d'écoles rurales s'éten-dent progressivement, mais l'objectifque l'on envisage : établir une écoledans chacun des milliers de villages.,est encore, dans la plupart des pays,loin de sa réalisation. En 1945, envi-ron 12. 500 villages de Turquie (c'est-à-dire 37 pour 100 du nombre totaldes villages) possédaient une école,tandis que 21. 500 (63 pour 100) enétaient dépourvus. Au cours des an-nées 1948-1949, plus de 12. 000 maîtressont sortis de 24 écoles normales devillages créées pour former des maî-tres destinés aux régions rurales. Onespère qu'en 1956 environ 37. 000 maî-tres seront prêts à occuper des postesde villages, ce qui assurera enmoyenne plus d'un professeur sup-plémentaire par village.

La nécessité où sont les famillesvillageoises d'utiliser même les jeu-nes enfants aux travaux agricoles, lalourde charge financière que repré-sentent la construction de milliersd'écoles et les traitements des mil-liers de maîtres, la difficulté detrouver et de former des maîtresdisposés à supportez l'isolement etl'inconfort de l'existence villageoise,ont empêché la plupart des pays duMoyen-Orient de faire de rapidesprogrès dans le domaine de l'ensei-gnement.

En outre, et bien que les villessoient déjà mieux partagées que les

campagnes du point de vue scolaire,un certain nombre de gouvernementscontinuent à se préoccuper davan-tage de développer les moyens d'en-seignement dais les villes plutôt quedans les régions rurales.

Il faut faire quelque

chose, mais quoi ?

UN ensemble de préjugés quitiennent à l'isolement et àl'ignorance des villageois, ainsi

qu'à leurs expériences au cours deleur histoire, rend parfois péniblesles efforts déployés par les étrangerspour améliorer leur niveau de vie. Onsignale encore fréquemment leurméfiance à l'égard de tout ce quivient de l'extérieur, et notamment dece qui leur est imposé par le gouver-nement. Jusqu'à une date récente,les changements de gouvernementsn'avaient pas grande significationpour les villageois, qui n'avaient derapports avec les pouvoirs publicsqu'à l'occasion du paiement des im-pôts.

Accoutumé non à une < économied'expansion >&gt; (où une richesse nou-velle peut ajouter à la richessetotale existante), mais à une écono-mie statique (où l'accroissement derichesse d'un individu ou d'ungroupe risque de se faire aux dépensdes autres), le villageois se préoccu-pait de conserver le peu qu'il avait,plutôt que de poursuivre un idéal deprogrès et d'amélioration matérielle.En outre, vivant à un niveau à peinesupérieur au strict minimum vital,sans réserves de capitaux, il lui ré-pugnait de courir des risques quiauraient pu avoir pour lui-même etpour sa famille des conséquencesdésastreuses.

Le village du Moyen Orientprésente aujourd'hui le spectaclecontradictoire de la fidélité à la tra-dition et d'un désir impatient dechangement. Le villageois demeureattaché aux institutions familiales,communales et religieuses qui ont,dans le passé, contribué à assurer sasécurité, et se méfie des forcesvenues de l'extérieur qui menacentd'affaiblir ces institutions. Pourtant,il lui est impossible d'ignorer cesforces. Dans de nombreux cas., la

DANS UN CAMP DE RÉFUGIÉS ARABES DU MOYEN-ORIENT. UN FERMIER PALESTINIEN PLANTE DE JEUNES POUSSES. IL COLLABORE A UN VASTE PLAN DE REFORESTATION.

densité croissante de la populationsur les exploitations du village em-pêche les villageois de conserverleur niveau accoutumé d'existenceet relâche les liens de la famillepatriarcale. Le développement desmoyens de communications leurpermet de chercher d'autres moyensde subsistance.

Quelques villageois émigrent versla ville en quête d'un travail sala-rié, et l'idée qu'une évolution estpossible et désirable se répand enretour jusqu'au village. Les villageoiseux-mêmes commencent à exiger desréformes agraires, la constructiond'écoles, la création de services sani-taires et l'établissement de coopé-ratives ; et les gouvernements com-mencent à faire droit à ces reven-dications. Evidemment, elles sontfréquemment imprécises, les villa-geois. comprenant qu'il faut fairequelque chase, mais ne sachant pasexactement quoi ; d'autre part, lesmesures que prennent les pouvoirspublics ne sont pas, dans de nom-breux cas, méthodiquement élabo-rées, et changent fréquemment avecles gouvernements eux-mêmes.

Il est évident que, par suite del'interdépendance des divers fac-teurs qui commandent le bien-êtrede la société rurale, il faut souhaiterl'élaboration d'un programme géné-ral de transformations portant surl'hygiène et la salubrité, l'habitation,l'enseignement, les moyens de com-munication, les techniques de la pro-duction agricole, le crédit, l'utilisa-tion de la main-d'oeuvre, etc. On atenté en Egypte une expérience inté-ressante d'amélioration systémati-que d'ensemble de la société rurale,par la création d'un réseau de ( (ces-tres sociaux ruraux >&gt;. Cette tenta-tive a pour objet d'amorcer une évo-lution en attaquant les problèmeslocaux, en tenant compte de la men-talité des habitants et en suscitantparmi eux l'apparition d'une élitedirigeante. Les « maisons du peu-ple >&gt; en Turquie se proposent dejouer un rôle identique de centressociaux.

Il est évident toutefois que l'amé-lioration du sort des communautésvillageoises dépendra aussi engrande partie des progrès générauxréalisés par l'ensemble du pays etnotamment de ses progrès indus-triels.

Page 14. AVRIL 1953 LE COURRIER

Avec le développement des recherches minières, les familles de certains techniciens sont en perpétuel déplacement, mais quel que soit le lieu où s'installentprovisoirement leurs parents, les enfants restent liés avec la classe sur les ondes grâce au poste de radio à pédales qui permet à la fois d'émettre et de recevoir.

LÉCOLE SUR LES ONDES

permet au maître due converser avec ses élèves

par L. H. Bingham

UN des problèmes les plus gravesqui se soient posés aux parentsvivant dans les lointaines

<&lt; terres à bétail)) de l'Australie, atoujours été celui de l'instruction de

, leurs enfants.Naturellement, cette question n'ajamais beaucoup préoccupé les en-

fants eux-mêmes car les poneys, lesveaux et autres bêtes qui sont leurscamarades de jeux suffisent à rem-plir leur vie.

Les gouvernements des différentsEtats australiens se sont toujoursefforcés d'étendre aux districts lesplus isolés les bienfaits de l'instruc-tion. Dans les vastes régions de l'in-térieur-le Territoire du Nord, àlui seul, couvre une superficie deuxfois et demie plus grande que cellede la France-ce n'est pas tou-jours facile.

Tout d'abord, des instituteurs iti-nérants parcoururent la brousse,allant de ferme en ferme, de maisonen maison, donner des leçons auxenfants, ou s'installant pendantquelque temps dans les communau-tés élevées le long des chemins defer à voie unique qui s'enfoncentdans l'intérieur du pays.

La prodigieuse activité déployéepar ces instituteurs apparaît dansles chiffres : en 1927, dans le Queens-land, neuf instituteurs itinérantsparcoururent près de 100. 000 kilo-mètres pour visiter 1. 139 enfantsd'éleveurs.

Au cours de la même année, dansles rudes terres du Territoire duNord, un seul instituteur passa toutson temps à faire la navette entredouze enfants habitant à d'énormesdistances les uns des autres pour leurapprendre à écrire et à lire.

Lorsque fut organisé sur des basesrégulières le service postal des ré-gions isolées-comportant pour lesmoins favorisés des distributionshebdomadaires ou bi-mensuelles-les instituteurs itinérants furentremplacés par un enseignement pri-maire par correspondance, mis surpied par le gouvernement.

Dans ! a broussecomme en classe

LA majorité des Australiens vivantdans les cités surpeuplées de lacôte, sont peu au courant de

l'excellent enseignement fourni parces écoles par correspondance. Mais,pour un enfant des régions isolées ;son lointain professeur (les lettresparcourent parfois 2. 000 à 3. 000 ki-lomètres avant de parvenir à desti-nation), est une personne à qui ilpeut écrire au sujet de ses animaux,à qui il peut raconter sa vie, en unmot, une personne qui joue dans sonexistence un rôle important.

Les élèves qui habitent près deleur école peuvent difficilement sefaire une idée de l'impatience aveclaquelle les enfants de la brousseattendent le facteur un jour de cour-rier : ils se jettent sur les lettres.

Dans certaines agglomérations del'intérieur, une répétitrice est char-gée de superviser le travail qu'effec-tuent les enfants par correspon-dance. Ceux-ci étudient alors auxmêmes heures, de façon à coordon-ner leur emploi du temps avec celuides écoles des villes, mais chacunrestant chez soi sous la véranda ouà l'ombre des arbres.

Cet enseignement par correspon-dance, dont on pouvait mettre endoute l'efficacité-surtout dans lesendroits où seuls les parents peu-vent surveiller le travail des enfants- s'est révélé d'une utilité dépassantles prévisions les plus optimistes. Lesparents eux-mêmes en ont été â cepoint satisfaits qu'on a vu des famil-les conserver pour leurs petits lesleçons par correspondance aprèss'être installées non loin d'une école.

Les écoles par correspondanceaméliorent sans cesse leur organisa-tion. Ainsi, certaines ont mainte-mmt leur propre bibliothèque,comme celle de l'Australie du sudqui, jusqu'à présent, bat tous lesrecords de succès. Les parents l'uti-lint autant que les enfants.

L'importance dú rôle de la couleurdans l'instruction étant bien connue,l'école par correspondance de l'Etatde Nouvelle-Galles du sud a acquisun appareil duplicateur qui utilisecet avantage. Des cartes, des dia-

grammes et des dessins en couleursont reproduits dans les leçons,notamment pour les petites classes.

Pour les deux plus importantesécoles par correspondance, les chif-fres sont éloquents : à l'école duQueensland sont inscrits plus dehuit mille garçons et filles du nord-ouest de cet Etat, du Territoire duNord, de l'Australie centrale, de laNouvelle-Guinée et des Nouvelles-Hébrides. L'école de Nouvelle-Gallesdu sud dispose de 178 instituteurspour six mille élèves.

Ces écoles ont bien rempli le butqui leur avait été assigné et conti-rueront à le faire tant que la popu-lation de l'intérieur de l'Australierestèra dispersée.

Les postes de radioà pédales

TOUTEFOIS, une initiative offredes perspectives plus encoura-geantes encore que le système

d'enseignement par correspondance.Il s'agit de la première émission de< ; l'école sur les ondes >&gt;, diffusée de-puis Alice-Springs, dans l'Australiecentrale.

Non pas que la radio-scolaire soitune nouveauté : elle a été expéri-mentée avec succès un peu partout

dans le monde. Mais la caractéristi-que de la radio-scolaire australienneconsiste dans le fait que les enfantspeuvent, par radio, répondre auxquestions et en poser eux-mêmes,grâce aux postes émetteurs et récep-teurs à pédales.

Cette expérience est unique dansles annales de l'enseignement et nepeut être tentée ailleurs qu'en Aus-tralie. En effet, elle utilise l'organi-sation mise sur pied par le fameuxservice des « médecins-volants , quipermet aux habitants des régions lesplus isolées-grâce aux postes àpédales-d'appeler un docteur àn'importe quelle heure du jour ou dela nuit.

Ces appareils sont appelés ainsiparce que, en appuyant sur des péda-les, on produit un courant généra-teur suffisant pour les transmissions.Ils fonctionnent en quelque sortecomme des bicyclettes. En mêmetemps qu'il appuie sur les pédales,l'opérateur transmet son messagedevant le micro. Aujourd'hui, ce dis-positif n'est plus utilisé, en général,qu'en cas d'urgence, car la plupartdes transmetteurs sont dotés de bat-teries.

Comme on le voit, le système esttrès simple, son fonctionnementn'exige aucune connaissance techni-que particulière et il permet au« docteur-volant >&gt; d'entrer en

POUR LES HABITANTS DES « TERRES A BËTA ! L o LA PREM ! ÊRE ÉCOLE SE TROUVE SOUVENT A DES CENTAINES DE KILOMÈTRES.

L'UNESCO AVRIL 1953. Page

Dans le monde entier, pour les habitants des régions isolées, la radio constitue t'un des rares moyens de communicationrapide avec les grands centres. En Australie, le micro est utilisé trois fois par semaine pour donner des leçons aux enfants.

conversation avec celui qui l'appelle.C'est en 1945 que trois éducateurs

décidèrent d'appliquer ce systèmepour donner par radio des leçons auxenfants vivant dans les régions iso-lées et lointaines.

Un studio de radio muni d'un équi-pement complet de transmission futinstallé à l'école primaire d'Alice-Springs, qu'on relia par câble à labase des <&lt; docteurs-volants : Þ. Tousles lundis, mercredis et vendredis, ledirecteur de l'école d'Alice-Springsparle au micro à trois cents enfants

vivant dans un rayon de 650 kilo-mètres environ autour d'Alice-Springs, et installés-devant leurposte à pédales. Autour d'eux sepressent les parents et les cow-boysqui s'intéressent beaucoup aux émis-sions.

Une fois la leçon terminée, desenfants habitant à 150 kilomètresles uns des autres posent des ques-tions au maître, tant sur la leçonque sur les sujets les plus variés.

Le système de l'<&lt; école sur lesondes n'en est qu'à ses débuts, mais

déjà on projette de porter à cinqpar semaine le nombre des leçons.Les possibilités d'extension sontgrandes, puisqu'il existe-outrecelle d'Alice-Springs-sept basesde <&lt; docteurs-volants : Þ.

L'<&lt; école sur les ondes a faitavancer d'un grand pas l'instruc-tion des enfants vivant dans lesrégions lointaines. Quand les parentspourront bénéficier d'une organisa-tion similaire, la vie de ces famillesisolées de l'Australie sera beaucoupaméliorée. (Photos : COI et Tourisme Australien.)

EN PLEINE BROUSSE, LES ENFANTS DES TECHNICIENS QUI SONDENT LE SOL PEUVENT CEPENDANT POURSUIVRE LEURS ÉTUDES.

LE CASTOR CANADIEN

ET L'OISEAU-LYRE

D'AUSTRALIE

SE RENDENT

DES VISITES

GRACE à un échange internationald'émissions de radio scolaires dontl'initiative revient à la Canadian

BroadcastiniJ Corporation, le zoo deToronto peut maintenant ajouter à laliste de ses pensionnaires un échidnéaustralien, merveille zoologique quiconstitue un des rares vestiges de lafaune préhistorique.

Cet échidné, plus connu sous le nomde fourmilier, ou mangeur de fourmis, aété offert à la CBC par le gouverne-ment australien pour célébrer le débutd'une série d'échanges radiophoniques.Grâce au plan élaboré par la CBC, desécoliers canadiens peuvent, pour la pre-mière fois, bénéficier d'émissions deradio scolaires intégrées dans leur pro-gramme régulier d'études et préparéespar la Commission australienne de Ra-diodiffusion. De même, des écoliers aus-traliens reçoivent des programmes pré-parés par la CBC et ayant trait à la vieau Canada.

La vedette : un échidné

UNE vedette de l'émission austra-) t tienne mettant en scène des oi-seaux et des animaux est l'échidné,

dont un représentant est arrivé récem-ment par avion à Toronto. Il a été remisà la ville de Toronto au cours d'une céré-monie qui s'est cléroulée dans les sou-dios de la CBC.Considéré comme l'une des plus étran-

ges créatures de l'Australie, l'échidnéressemble au porc-épic canadien, il està peu près de la taille d'un hérisson.Son dos est recouvert de longues épi-nes très dures, d'une couleur jaune-noirecomme celles du porc-épic, mais sesautres points de ressemblance avec cetanimal sont purement fortuits. On peutcependant le considérer comme un pro-che parent du fameux ornithorynque(platybus à bec de canard). Entre sesépines poussent des poils.

L'échidné est un mammifère qui allaiteses petits, mais il dépose aussi des oeufsqu'il conserve dans une sorte de bacjusqu'à leur éclosion. L'échidné adulteest long de 36 centimètres environ, et,pour sa taille, est un fouilleur incompa-râble. En terrain mou il peut, en quel-ques minutes, s'aménager une cachettedans laquelle il disparaît complètement.Il s'attaque avec succès aux clôturesles plus solides, aux murs les plus durs,à condition d'y trouver une petite faille.

24 h. avec un trappeur

Au zoo de Toronto, qui possédaitune bonne collection d'animaux et

d'oiseaux australiens, manquaitjustement un échidné. L'arrivée du nou-veau pensionnaire a été accueillie avecjoie. Il mange généralement les fourmiset de petits insectes qu'il attrape avecsa langue, longue et visqueuse, mois senourrit également de lait et d'oeufs. Sasubsistance est donc facile à assurer.Quoique l'échidné cherche toujours às'échapper, il vit longtemps en capti-vité.

Destinés à mieux faire comprendreaux écoliers des deux pays la vie deleurs lointains camarades, les échangesradiophoniques organisés entre la CBCet la Commission australienne de Radio-diffusion comptent maintenant plusd'un an d'existence. Il a fallu six moispour étudier les différents programmesd'enseignement en vigueur dans les Etatsaustraliens et les provinces canadien-nes, et six autres pour préparer lesémissions, revoir les scripts et réaliserles enregistrements.

La première série des six program-mes australiens traite des animaux etdes oiseaux-l'échidné, le kangourou,le koolak, le platybus, l'oiseau kooka-bura et l'oiseau-lyre. Les six premiersprogrammes envoyés en Australie par leCBC décrivent trois animaux canadiens :l'élan, l'ours et le castor. Ils traitentaussi de différents aspects de la vie auCanada : une visite au Camp forestierde la Colombie britannique, vingt-qua-tre heures avec un trappeur du GrandNord, une traversée sur les Grands Lacs.

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CES deux photographies nesont pas de nouveaux do-cuments à verser au dossier destragiques inondations que lesPays-Bas ont connues en fé-vrier dernier. Elles illustrent aucontraire la victorieuse, maisparfois précaire, hélas, con-quête des hommes sur la mer.L'île hollandaise de Schokland,jadis réputée pour ses hardispêcheurs, s'est trouvée enclosedans les terres du polder Nord-Est, lors de l'asséchement dece dernier qui s'est poursuividepuis 1937. Longue de deuxkilomètres, large de quinze mè-tres dans sa partie la plus res-serrée, cette « île abrite ac-tuellement le « Musée du Zuy-derzee » où sont rassembléstous les vestiges retrouvés aufond du golfe. Du fait de larésistance de sa population,l'île voisine d'Urk a échappé enpartie au sort de Schokland.Bien qu'emprisonnée dans lepolder, elle a gardé quelqueskilomètres de côtes sur le lacd'Yssel. Voir en page 3 notrereportage sur le Zuyderzee.

(Photos K. L. M.)