acidose lactique et metformine : étude cas-témoin ... · thèse soutenue publiquement à la...
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Acidose lactique et metformine : étude cas-témoinappariée et régression logistique conditionnelle au CHU
de Grenoble entre 2008 et 2011Marion Lepelley
To cite this version:Marion Lepelley. Acidose lactique et metformine : étude cas-témoin appariée et régression logistiqueconditionnelle au CHU de Grenoble entre 2008 et 2011. Sciences pharmaceutiques. 2013. <dumas-00828918>
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UNIVERSITE JOSEPH FOURIER FACULTE DE PHARMACIE DE GRENOBLE
Année : 2013 N°
MEMOIRE DU DIPLÔME D’ETUDES SPECIALISEES DE PHARMACIE HOSPITALIERE ET DES COLLECTIVITES
Conformément aux dispositions du décret N°90-810 du 10 septembre 1990 tient lieu de
THESE PRESENTEE POUR L’OBTENTION DU DIPLÔME D’ETAT DE DOCTEUR EN PHARMACIE
ACIDOSE LACTIQUE ET METFORMINE : ETUDE CAS-TEMOIN APPARIEE ET
REGRESSION LOGISTISQUE CONDITIONNELLE AU CHU DE GRENOBLE, ENTRE 2008 ET 2011
Par Marion Lepelley
Née le 18 février 1985 à Caen (14)
Thèse soutenue publiquement à la faculté de pharmacie de Grenoble
Le 29 avril 2013-04-10
Devant le jury composé de :
Président du jury : Mr le Professeur Benoit Allenet
Directrice de thèse : Mme le Docteur Céline Villier
Membres : Mme le Docteur Nelly Wion
Mr le Professeur Michel Tod
La Faculté de Pharmacie de Grenoble n’entend donner aucune approbation ni improbation aux
opinions émises dans les thèses ; ces opinions sont considérées comme propres à leurs auteurs.
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UNIVERSITE JOSEPH FOURIER FACULTE DE PHARMACIE DE GRENOBLE
Année : 2013 N°
MEMOIRE DU DIPLÔME D’ETUDES SPECIALISEES DE PHARMACIE HOSPITALIERE ET DES COLLECTIVITES
Conformément aux dispositions du décret N°90-810 du 10 septembre 1990 tient lieu de
THESE PRESENTEE POUR L’OBTENTION DU DIPLÔME D’ETAT DE DOCTEUR EN PHARMACIE
ACIDOSE LACTIQUE ET METFORMINE : ETUDE CAS-TEMOIN APPARIEE ET
REGRESSION LOGISTISQUE CONDITIONNELLE AU CHU DE GRENOBLE, ENTRE 2008 ET 2011
Par Marion Lepelley
Née le 18 février 1985 à Caen (14)
Thèse soutenue publiquement à la faculté de pharmacie de Grenoble
Le 29 avril 2013-04-10
Devant le jury composé de :
Président du jury : Mr le Docteur Benoit Allenet
Directrice de thèse : Mme le Docteur Céline Villier
Membres : Mme le Docteur Nelly Wion
Mr le Professeur Michel Tod
La Faculté de Pharmacie de Grenoble n’entend donner aucune approbation ni improbation aux
opinions émises dans les thèses ; ces opinions sont considérées comme propres à leurs auteurs.
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Remerciements
Je tiens à exprimer ici toute ma reconnaissance à ceux qui ont contribué à
l’accomplissement de ce travail.
Benoit Allenet, merci d’avoir accepté de présider le jury de cette thèse et pour ton
encadrement pendant ces 3 années d’internat à Grenoble,
Céline Villier, un grand merci pour la confiance que tu m’as accordée sur ce sujet, tes
relectures et tout ce que tu m’as appris au cours de mon semestre en
pharmacovigilance,
Mr Michel Tod, merci d’avoir accepté de juger ce travail et pour vos enseignements à
la faculté,
Mme Nelly Wion, merci d’avoir accepté de faire partie de ce jury de thèse.
8
A mes parents, merci d’être là pour nous 3, de nous aider à réaliser nos projets et de
nous soutenir, même dans des pays (très) lointains.
A Simon et Perrine, on ne fait pas mieux en matière de fratrie, surtout ne changez
rien !
A mes grands-parents, merci pour votre soutien depuis toujours.
A la Classe Caennaise, pour tous ces moments vécus ensemble depuis les bancs du
lycée, que ça ne s’arrête jamais : Marie Panpan (on repart faire le tour du monde
dans l’autre sens ??), les Marion (l’équipe crème solaire vaincra), Joe, Arnaud,
Laurène, Anna Laura, Aurélie, Mélody, Aymeric, Arnau, Fannette, Héloïse, Camille…
A Prudence, Paméla, Stéphanie, Roseline et Johanna, on ne rencontre pas tous les
jours des filles comme vous, que nos chemins ne s’éloignent pas malgré la distance
géographique.
A toute la folle équipe grenobloise, pour cet internat qui a filé si vite en votre
compagnie : Mélanie et Sylvain, Jordan, Delphine, Marion D, Caro, Pierre-Alex,
Gautier, Marjo, Valérie, Pascaline, Anne, Thérence, Mehdi, William, Nora, Julie,
Sara, Charles, Bruno et Eric (je n’ai jamais cru à ton histoire de crocodile…)
A tous ceux qui ont participé de près ou de loin à la réalisation de cette thèse, en
particulier pour leur soutien statistique et méthodologique infaillible : Joris (sans qui
cette thèse se serait faite avec un boulier, mille mercis pour ton aide précieuse et ta
disponibilité), Sébastien et Nassima, merci pour votre infinie patience face à mes
questions !
A toutes les personnes rencontrées durant mes stages, merci d’avoir partagé votre
temps et votre expérience : Sophie, Edith, Magalie, les Sylvie, Audrey, Adeline,
Jacqueline, Catherine…
9
Table des matières
Glossaire .................................................................................................................. 10 Index des figures et des tableaux ............................................................................. 11 Introduction ............................................................................................................... 12 Matériel et méthode .................................................................................................. 18 Résultats ................................................................................................................... 23 Discussion ................................................................................................................ 43 Conclusion ................................................................................................................ 51
10
Glossaire
ADO : antidiabétiques oraux
AINS : anti inflammatoires non stéroïdiens
AL : acidose lactique
ANSM : agence nationale de sécurité du médicament
ARA2 : antagonistes des récepteurs de l’angiotensine II
ARV : antirétroviraux
BPCO : broncho-pneumopathie chronique obstructive
CIM : Classification internationale des maladies
Cl : clairance
CHU : centre hospitalier universitaire
CRPV : centre régional de pharmacovigilance
IDM : infarctus du myocarde
IEC : inhibiteur de l’enzyme de conversion
IC95% : intervalle de confiance à 95%
IHC : insuffisance hépatocellulaire
InVS : institut national de veille sanitaire
IPP : identifiant permanent patient
IR : insuffisance rénale
IRA : insuffisance rénale aiguë
IRC : insuffisance rénale chronique
OR : odd ratio
PCI : produit de contraste iodé
PMSI : programme de médicalisation des systèmes d’information
RCP : résumé des caractéristiques du produit
ROC : receiver operator characteristic
UKPDS : United Kingdom Prospective Diabetes Study
11
Index des figures et des tableaux
Figures
Figure 1. Sélection de la population d'étude ............................................................. 23 Figure 2. Courbe ROC .............................................................................................. 42 Figure 3. Antécédents des cas traités par metformine (valeurs en %) ..................... 49
Tableaux
Tableau 1. Classification des hyperlactatémies selon Cohen et Wood .................... 13 Tableau 2. Facteurs de risque de survenue d'acidose lactique ................................ 20 Tableau 3. Caractéristiques démographiques de la population d'étude ................... 24 Tableau 4. Analyse des variables explicatives ......................................................... 24 Tableau 5. Analyse univariée par test du Chi 2 de Mac Némar ................................ 27 Tableau 6. Analyse multivariée par régression logistique conditionnelle .................. 28 Tableau 7. Analyse descriptive du sous groupe des patients ayant présenté une IRA (n = 264) ................................................................................................................... 29 Tableau 8. Analyse multivariée du sous groupe des patients ayant présenté une IRA (n = 264) ................................................................................................................... 30 Tableau 9. Analyse descriptive du sous groupe des patients n'ayant pas présenté d'IRA (n = 642) ......................................................................................................... 31 Tableau 10. Analyse multivariée du sous groupe des patients n'ayant pas présenté d'IRA (n = 642) ......................................................................................................... 32 Tableau 11. Analyse descriptive du sous groupe des patients ayant présenté une décompensation cardiaque aiguë (n = 175) ............................................................. 33 Tableau 12. Analyse multivariée du sous groupe des patients ayant présenté une décompensation cardiaque aiguë (n=175) ............................................................... 34 Tableau 13. Analyse descriptive du sous groupe des patients n'ayant pas présenté de décompensation cardiaque aiguë (n = 731) ........................................................ 35 Tableau 14. Analyse multivariée du sous groupe des patients n'ayant pas présenté de décompensation cardiaque aiguë (n = 731) ........................................................ 36 Tableau 15. Analyse descriptive du sous groupe des patients ayant une IHC (n = 86) ................................................................................................................................. 37 Tableau 16. Analyse multivariée du sous groupe des patients ayant une IHC (n = 86) ................................................................................................................................. 38 Tableau 17. Analyse descriptive du sous groupe des patients n’ayant pas une IHC (n = 820) ....................................................................................................................... 39 Tableau 18. Analyse multivariée du sous groupe des patients n'ayant pas d'IHC (n = 820) .......................................................................................................................... 40 Tableau 19. Données d'ajustement du modèle ........................................................ 41 Tableau 20. Capacité prédictive du modèle .............................................................. 41
12
Introduction
Enjeu majeur de santé publique, le diabète de type 2 est une pathologie en
constante augmentation, de même que la prévalence de ses complications. En
France, en 2011, le nombre de patients diabétiques traités par médicaments est
estimé à plus de 3 millions. Au niveau mondial, selon l'OMS, la population diabétique
devrait atteindre 3000 millions en 2025 (1)(2).
Les dernières recommandations françaises privilégient la metformine comme
traitement médicamenteux en 1ère intention dans le diabète de type 2, après échec
des règles hygiéno-diététiques seules (3). Ce médicament, commercialisé en France
depuis 1957, est le seul représentant de la classe des biguanides, la phenformine et
la buformine ont été retirées du marché.
Son mode d'action antihyperglycémiante est triple : il inhibe la
néoglucogenèse et la glycogénolyse au niveau hépatique, réduisant la production de
glucose ; il favorise la captation l'utilisation périphérique du glucose via les
transporteurs du glucose GLUT1 et 4, diminuant l’insulinorésistance ; et il retarde
l'absorption intestinale du glucose. Outre ses effets sur la glycémie, la metformine
améliore le métabolisme lipidique et la perte de poids.
Équivalent aux sulfamides hypoglycémiants et à l'insuline dans le contrôle
glycémique et la prévention des complications microvasculaires, la metformine est
supérieure aux autres antidiabétiques oraux (ADO) dans la survenue de
complications macrovasculaires à long terme et la réduction de la mortalité
cardiovasculaire (4).
Non métabolisée, la metformine est excrétée dans les urines sous forme
inchangée à plus de 90%, par filtration glomérulaire et sécrétion tubulaire. La demi-
vie apparente d'élimination terminale est d'environ 6,5 heures. En cas d'altération de
la fonction rénale, on observe un allongement de la demi-vie d'élimination, ce qui
entraîne une augmentation des concentrations plasmatiques de metformine.
Cependant, environ 90% de la dose est éliminée 12h après ingestion orale, rendant
l’interprétation de la metforminémie difficile.
Le profil d'effets indésirables de la metformine est rassurant, les évènements
indésirables les plus fréquemment rapportés sont des troubles digestifs. La survenue
13
d'une acidose lactique (AL) est un évènement rare mais potentiellement grave. Cet
effet indésirable a été rapporté avec tous les biguanides (phenformine, buformine).
La plupart des contre-indications, mises en garde et précautions d'emploi de la
metformine découlent de ce risque d’AL.
La lactatémie est une concentration résultant à la fois du flux de production et
du flux d’utilisation du lactate, formé dans le cytosol à partir du pyruvate. Les
principaux organes producteurs sont les érythrocytes, l’intestin, le cerveau, la peau et
les muscles surtout en exercice physique. En conditions normales, le foie et le rein
sont les principaux organes d’élimination des lactates. Le lactate n’est pas toxique en
lui-même, dans certaines conditions, il peut même devenir un substrat énergétique.
Une hyperlactatémie est la résultante d’un déséquilibre entre production et
élimination du lactate. C’est un marqueur de mauvais pronostic en termes de
mortalité et de morbidité (5)(6). L’hyperproduction de lactates peut avoir lieu en
conditions d’anaérobie ou d’hypoxie mais aussi dans certains cas en situation
aérobie (exercice musculaire, sepsis).
L’AL est une acidose métabolique organique définie, sur le plan biologique,
par une lactatémie > 5 mmol/L et un pH < 7,35, dont la majorité des formes est
acquise. Le tableau clinique est non spécifique : malaise, myalgies, douleurs
abdominales, anorexie, dyspnée, hypotension par vasoplégie et troubles du rythme.
Selon la classification de Cohen et Wood (7), les AL acquises sont divisées en 2
classes, selon l’existence ou non d’une hypoxie tissulaire (cf. tableau 1). Le type A
correspond aux acidoses lactiques dues à un défaut d'oxygénation tissulaire avec
surproduction de lactates, alors que le type B est dû à un défaut de métabolisation,
d’origine toxique ou médicamenteuse. Cette classification est de plus en plus
considérée comme obsolète, les causes d’AL étant souvent multifactorielles.
Tableau 1. Classification des hyperlactatémies selon Cohen et Wood
Type A : Hyperlactatémies par hypoxie tissulaire
Diminution de la DO2 par baisse du débit cardiaque (choc septique, hypovolémique, cardiogénique…) par baisse de la Ca O2 (anémie sévère, anomalies de l’hémoglobine, asphyxie…)
Altération de l’ExO2 ou de l’utilisation d’O2 (sepsis grave, défaillance multiviscérale, intoxication au cyanure)
Type B1 : Hyperlactatémies et maladies systémiques
Insuffisance hépatique, diabète sucré, maladies néoplasiques, alcalose, sepsis
Type B2 : Hyperlactatémies et intoxications
Biguanides, fructose
14
Ethanol, méthanol, éthylèneglycol, Salicylates, cyanure, paracétamol
Type B3 : Hyperlactatémies et augmentation des besoins en O2
Etat de mal convulsif, exercice physique violent
DO2 : transport en oxygène, Ca O2 : contenu artériel en oxygène, ExO2 : extraction périphérique d’oxygène
Sur le plan pharmacologique, un traitement par metformine expose à un
risque d’AL par inhibition de la néoglucogenèse hépatique à partir des lactates via
une possible inhibition au niveau de la chaine respiratoire mitochondriale. Mais la
liaison du médicament aux membranes mitochondriales est controversée, de même
que l’inhibition du métabolisme oxydatif que cette liaison engendrerait (8). Par
ailleurs, la metformine augmente la production glycolytique de lactates au niveau
intestinal. Toute situation d’hypoxie tissulaire (insuffisance cardiaque ou respiratoire,
choc cardiogénique…) et/ou toute situation d’accumulation de metformine dans
l’organisme, par exemple en cas d’atteinte rénale aiguë, constituent des facteurs de
risque de survenue d’AL et donc des contre-indications à l’utilisation de ce
médicament. En l’absence d’un surdosage en metformine ou d’une défaillance
d’organes, les capacités d’épuration du foie et du rein sont suffisantes pour prévenir
l’apparition d’une AL (9).
Par son caractère exceptionnel, la relation entre l’AL et la metformine est de
plus en plus discutée dans la littérature. L’implication de la metformine dans la
survenue d’une AL est difficile à évaluer, 3 schémas sont actuellement différenciés
(10). Dans le 1er cas, il existe une cause principale responsable de l’AL (état de choc,
défaillance multi-organe, hypoxie…), la présence de la metformine n’est
qu’anecdotique. Il s’agit d’une AL de type A (hypoxie tissulaire) de sombre pronostic
avec 50% de mortalité. Dans le 2nd cas, la metformine est la cause principale d’AL
(type B), suite à une intoxication objectivée par un dosage plasmatique, voire intra-
érythrocytaire, le pronostic est plutôt favorable. La 3ème hypothèse est le cas le plus
fréquent, au pronostic plus réservé : la cause est multifactorielle et l’accumulation de
metformine peut aggraver l’acidose.
La survenue d’une AL est un évènement rare, auquel les patients diabétiques
de type 2 sont plus exposés que la population non diabétique (8,11–13). L’AL
imputable à la metformine dont le risque est très faible, est difficile à évaluer.
15
La méta-analyse de la base Cochrane, compilant les données de 347 essais
cliniques et cohortes, ne retrouve pas de lien entre metformine et AL : dans le groupe
des patients traités par metformine, l’incidence de l’AL est estimée à 4,3 cas pour
100 000 patients-années alors que dans le groupe des diabétiques non traités par
metformine, cette incidence est à 5,4 cas pour 100 000 patients-années. La
moyenne des lactates n’est pas différente dans les 2 groupes (14).
L’étude cas-témoin de Bodmer, nichée dans la cohorte de UK Prospective
Diabetes Study (UK PDS) ne retrouve pas non plus de différence de nombre de cas
d’AL entre le groupe traité par metformine et celui par sulfamides (respectivement 3,3
et 4,8 cas pour 100 000 patients-années). Des comorbidités connues comme
facteurs de risque d’AL ont pu être identifiées chez tous les cas (13).
L’étude longitudinale Fremantle en Australie ne retrouve pas de risque d’AL
augmenté avec la metformine, chez des patients qui présentent des facteurs de
risque majeurs (12).
La plupart des cas d’AL associée à la metformine rapportés dans la littérature
surviennent chez des patients présentant des facteurs de risque bien connus
(décompensation cardiaque, hypovolémie suite à une hémorragie, infection sévère,
cirrhose, décompensation de BPCO…). L’analyse de 47 cas publiés d’AL avec un
traitement par metformine concomitant montre que seul un cas ne présentait pas de
facteur précipitant, chronique ou aigu (15). Toutes ces données permettent de retenir
un risque faible d’AL liée à la metformine chez les patients diabétiques.
Par ailleurs la littérature rapporte de nombreux cas d’AL apparus suite à une
insuffisance rénale aiguë (IRA), entrainant un surdosage en metformine, chez des
patients traités par médicaments néphrotoxiques, comme les anti inflammatoires non
stéroïdiens (AINS), les diurétiques, les inhibiteurs de conversion de l’angiotensine
(IEC), les antagonistes des récepteurs de l’angiotensinogène 2 (ARA 2) ou ayant
reçu une injection de produits de contraste iodés (PCI).
La mortalité associée à cette complication est élevée, autour de 50% des cas.
Cette donnée ancienne concernerait plutôt la classe des biguanides, avant que la
phenformine et la buformine soient retirées du marché. Plus récemment, Lalau
estime la mortalité des acidoses lactiques sous metformine à 30% (16). La sévérité
du pronostic de l’AL associée à la metformine dépendrait plus de la sévérité des
16
pathologies associées (choc, sepsis, défaillance multi-organe…) que de
l’accumulation de metformine dans l’organisme ou de l’hyperlactatémie (6,17). Ni les
taux de lactatémie ni ceux de metforminémie n’ont de valeur pronostique d’après une
série de 49 patients en acidose lactique et traités par metformine (18).
La prévention de la survenue d’AL chez le sujet traité par metformine passe
par le respect des contre-indications et des précautions d’emploi. Celles-ci
concernent toute situation à risque d’accumulation de metformine, comme en cas
d’insuffisance rénale chronique (IRC) ou aiguë (IRA), de déshydratation, de prise de
médicaments néphrotoxiques concomitants ; ou à risque d’hypoxie,
d’hyperproduction et de défaut d’épuration de lactates : en cas d’insuffisance
cardiaque, respiratoire ou hépatocellulaire (IHC).
Première ligne de traitement médicamenteux recommandée dans la prise en
charge du diabète de type 2 et ayant montré son efficacité sur de nombreux critères
dont la réduction de la morbi-mortalité chez les sujets diabétiques obèses (4), la
metformine est de plus en plus prescrite, notamment chez des patients présentant à
des contre-indications auparavant formelles. La méta-analyse de la base Cochrane
met en évidence que 97% des essais prospectifs autorisaient au moins une contre-
indication à la metformine dans les critères d’inclusion dont 53% d’insuffisance rénale
(IR) et 26% d’âge supérieur à 65 ans (14). Une étude de cohorte écossaise retrouve
24,5% de contre-indications (insuffisance cardiaque, IR, infarctus de myocarde
(IDM), maladie chronique du foie) chez les sujets traités par metformine (19).
Dans la pratique clinique, 54 à 73% des patients traités par metformine
présentent une contre indication. L’application stricte des contre-indications priverait
environ la moitié des patients à un traitement par metformine. Les médecins
cliniciens plaident pour une réévaluation des contre-indications à la metformine,
considérant que ces patients contre-indiqués sont justement ceux à qui le traitement
pourrait le plus profiter (20–22).
Certaines contre-indications sont de plus en plus discutées par les cliniciens,
plaidant pour un allègement de ces restrictions, en cas d’insuffisance cardiaque
(23,24), d’IRC modérée (25,26), d’injection de PCI (27), selon l’âge et en période
préopératoire (28).
17
La réalité de l’implication de la metformine dans la survenue d’une AL est
controversée par certaines données épidémiologiques et le faible nombre d’acidoses
rapportées dans les études. Les restrictions d’utilisation chez de nombreux patients
(âgés, insuffisants cardiaques, rénaux…) sont jugées contraignantes et injustifiées.
Jusqu’ici peu d’études se sont focalisées sur les facteurs de risque d’AL et à
modéliser leur importance relative.
Une augmentation des notifications spontanées de cas d'AL chez des patients
traités par metformine a été constatée sur le plan national par les centres régionaux
de pharmacovigilance. Suite à cela, un groupe de travail pluridisciplinaire a été
constitué à l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM), incluant des
diabétologues, des réanimateurs et des pharmacovigilants. Au centre hospitalier
universitaire (CHU) de Grenoble, en 2007, un travail d’estimation du nombre de cas
d'AL liées à la metformine par méthode capture-recapture à trois sources (PMSI,
courriers de sortie des patients et notifications spontanées) a été réalisé (29).
Le groupe de travail a demandé au centre régional de pharmacovigilance
(CRPV) de Grenoble de procéder à une étude complémentaire. Nous avons donc
réalisé une étude cas-témoin rétrospective chez les patients diabétiques de type 2.
Ce travail a pour but de préciser l'importance relative des facteurs de risque dans la
survenue d'une AL chez des patients diabétiques, en conditions réelles.
18
Matériel et méthode
Cette étude est une enquête cas-témoin appariée chez les patients
diabétiques de type 2, hospitalisés au CHU de Grenoble entre 2008 et 2011. Le
groupe cas est constitué de tous les patients diabétiques ayant présenté une AL
entre 2008 et 2011 ; à chaque cas, deux témoins sont appariés sur l’année de
naissance, le sexe et la date d’entrée. L’exposition à la metformine et les facteurs de
risque d’AL sont recherchés pour chaque sujet inclus.
L’objectif principal est d’évaluer l’association entre l’exposition à la metformine
et la survenue d’une AL chez des patients diabétiques de type 2, hospitalisés au
CHU de Grenoble entre 2008 et 2011.
L’objectif secondaire est de modéliser la relation entre la survenue d’une AL et
les facteurs de risque, dont la metformine, par analyse multivariée (régression
logistique conditionnelle).
Sélection des patients
Population de l’étude
La population source comprend tous les patients atteints de diabète de type 2,
possédant au moins une venue au CHU de Grenoble entre le 1/01/2008 et le
31/12/2011, tout type de séjour confondu (hospitalisation de jour, hospitalisation
conventionnelle, urgences, réanimation, chirurgie). La liste de ces patients a été
fournie par le département d’information médicale du CHU de Grenoble, à partir du
PMSI et des diagnostics de la classification internationale des maladies CIM 10ème
édition suivants : Diabète sucré non insulinodépendant (E11), Diabète sucré de
malnutrition (E12), Autres diabètes sucrés précisés (E13) et Diabète sucré, sans
précision (E14). A partir de cette population source, ont été sélectionnés les cas et
les témoins.
Définition des cas d’AL et des témoins
L’AL est définie biologiquement par une acidose métabolique avec un pH <
7,35 associée à une hyperlactatémie > 5 mmol/L (7).
19
A partir des valeurs des dosages de lactates et pH mesurés au CHU de
Grenoble entre le 1/01/2008 et le 31/12/2011, nous avons sélectionné tous les cas
d’AL répondant aux critères ci-dessus. Les dosages de pH et lactates pouvaient être
espacés de 7 jours maximum, prenant en compte le fait que les praticiens ne dosent
pas systématiquement ces 2 paramètres en même temps selon la clinique du patient.
La correspondance entre la file active des patients diabétiques de type 2 et la
liste des patients ayant présenté une AL a été faite dans le logiciel Stata®, grâce à
l’identifiant permanent patient IPP (numéro unique correspondant à un patient
donné). Un patient est donc considéré comme cas s’il est diabétique et a présenté au
moins une AL entre 2008 et 2011. Si un cas a présenté plusieurs AL entre 2008 et
2011, seule la dernière AL dans le temps était prise en compte. Tous les sujets
diabétiques restants, n’ayant pas présenté une AL entre 2008 et 2011, sont des
témoins potentiels.
Nous avons décidé d’apparier chaque cas à deux témoins diabétiques pour
augmenter la puissance statistique. L’appariement s’est fait sur l’année de
naissance, le sexe et la date d'hospitalisation. La sélection des témoins retenus
parmi les témoins potentiels s’est faite aléatoirement. L’âge des témoins a été calculé
à partir de la date de survenue de l’AL du cas auquel ils sont appariés.
Recueil de l’exposition à la metformine et des facteurs de risque de survenue
d’AL
La recherche de l’exposition à la metformine et des facteurs de risque d’AL
s’est faite à partir du dossier médical informatisé du patient (courriers de sortie et
prescriptions médicales) à la date de l’évènement. Le statut du patient (cas ou
témoin) était connu lors du relevé des données.
Après analyse de la littérature, les facteurs de risque de survenue d’AL et
traitements intercurrents étudiés sont présentés dans le tableau suivant (Tableau 2),
selon leur nature : antécédents, traitements concomitants et évènements cliniques
intercurrents.
20
Tableau 2. Facteurs de risque de survenue d'acidose lactique
Antécédents
IRC, IHC, insuffisance respiratoire chronique, insuffisance cardiaque, maladies
néoplasiques, cytopathie mitochondriale, déficit en vitamine B1
Traitements concomitants
IEC, ARA2, diurétiques, antirétroviraux ARV, AINS, metformine, insuline, injection de
PCI
Évènements cliniques intercurrents
choc (cardiogénique, hypovolémique…), anémie sévère, IRA, déshydratation
(diarrhées, vomissement…), insuffisance hépatique aiguë, insuffisance respiratoire
aiguë, IDM, décompensation cardiaque aiguë, sepsis, convulsions, exercice
musculaire intense, occlusion artérielle aiguë
Les traitements recherchés pour chaque sujet sont soit administrés de façon
chronique, soit d’instauration récente, soit pour lequel il y a eu une augmentation
posologique récente.
Le statut « décédé » ou « vivant » est recherché systématiquement pour
chaque patient inclus afin d’estimer la mortalité associée à l’acidose dans notre étude
et d’en présenter une analyse descriptive.
Qualité de l’échantillonnage
Une variable extrinsèque à la pathologie et aux facteurs de risque étudiés a
été recherchée pour comparer les 2 groupes constitués mais n’était pas disponible à
partir de nos données (catégorie socioprofessionnelle…). Nous avons comparé notre
échantillon de patients à la population diabétique de type 2 française, à partir des
données épidémiologiques de l’Institut national de Veille Sanitaire InVS.
Analyse statistique
L’analyse statistique s’est faite avec le logiciel Stata version 10.
Analyse des variables explicatives
Une analyse comparative des variables considérées comme facteur de risque
a été réalisée dans les groupes cas et témoins. Les données quantitatives sont
21
exprimées en moyenne et écart-type. La médiane est donnée si la répartition n’est
pas gaussienne. Les données qualitatives sont exprimées en nombre de patients et
en pourcentage de patients.
Les variables aux effectifs insuffisants pour l’une des modalités (< 5%) sont exclues
de l’analyse, sauf si un regroupement de catégories est possible.
Analyse univariée
Un test du Chi deux de Mac Némar est réalisé pour chaque variable
qualitative et un test de Student pour les variables quantitatives.
Une variable est retenue pour la construction du modèle multivarié par régression
logistique conditionnelle lorsque le degré de signification p-value est inférieur à 0,25.
Multicolinéarité
La colinéarité est testée entre les variables explicatives retenues après
analyse univariée afin d’éliminer celles qui sont corrélées entre elles. En cas de
corrélation, on ne conserve qu’une de ces variables corrélées pour la suite de la
modélisation, en choisissant celle dont la p-value est la plus significative.
Analyse multivariée
Un modèle de régression logistique conditionnelle est réalisé pour expliquer la
survenue d’une AL chez les patients diabétiques de type 2. Les variables explicatives
sélectionnées après recherche de colinéarité sont intégrées dans un modèle
multivarié pas à pas descendant. Le seuil de signification statistique est fixé à 0,05. A
chaque pas, un test du rapport de vraisemblance est effectué. La hiérarchisation des
variables explicatives se fait en fonction de la valeur des odd-ratio (OR) et de leur
intervalle de confiance à 95% (IC95%).
Interactions
Une fois le modèle multivarié établi, des interactions susceptibles de modifier
l’effet sont recherchées. Si une interaction est retrouvée, il est procédé à une
stratification sur la variable d’interaction suivie d’une nouvelle analyse univariée
comme précédemment, et d’une nouvelle analyse multivariée simple et non plus
conditionnelle, l’appariement initial n’étant plus valable après stratification. Un test
d’Hosmer-Lemeshow est réalisé pour chaque modèle multivarié obtenu après
22
stratification. En cas de p-value supérieure à 0,05, l’hypothèse nulle n’est pas
rejetée, le modèle est considérée comme adéquat.
Adéquation du modèle final
On ne peut pas tester l’adéquation du modèle final par un test de Hosmer-
Lemeshow suite à une régression logistique conditionnelle dans le logiciel Stata.
Nous avons donc estimé les capacités discriminantes de notre modèle à partir de la
courbe Receiver Operator Characteristic (ROC), sa capacité à identifier un patient
comme étant un cas ou un témoin, de façon similaire aux tests diagnostics. Nous
avons calculé la sensibilité, la spécificité, à partir de la probabilité que le modèle
classe correctement les sujets selon leur statut, pour différents seuils (pas de 0,1, de
0 à 1). L’aire sous la courbe ROC a été calculée selon la méthode des trapèzes.
Selon les valeurs de l’aire sous la courbe ROC, la capacité du modèle est considérée
comme acceptable entre 0,7 et 0,8, bonne entre 0,8 et 0,9 et excellente entre 0,9 et
1.
23
Résultats
Sélection des patients
Population de l’étude
Compte-tenu de la disparité dans la file active des patients diabétiques
extraite par le DIM (erreurs de codage) et du grand nombre de sujets (14 339
patients), nous avons établi une limite d’âge à 30 ans, ce qui correspond à l’âge du
plus jeune patient ayant présenté une AL sous metformine recensée dans la base
nationale de pharmacovigilance (cas d’un patient VIH+ ayant développé des
complications métaboliques à cause des antirétroviraux et nécessitant un traitement
par metformine).
A partir de 30 ans, tous les sujets diabétiques de type 2 ont été inclus dans la
population source. Cela représente 12 267 patients.
Définition des cas et des témoins
Le nombre de cas dans notre étude, c'est-à-dire de patients diabétiques de
type 2 ayant présenté au moins une AL entre 2008 et 2011, est de 321. Suite à des
erreurs de codage (6 patients diabétiques de type 1) et par manque d’informations
dans le dossier informatique (13 patients), nous avons retiré 19 patients de l’étude.
La suite de l’analyse statistique comporte donc 302 cas, auxquels ont été appariés
604 témoins. La population finale de l’étude comprend 906 sujets (Figure 1).
Figure 1. Sélection de la population d'étude
24
Qualité de l’échantillonnage
Nous ne disposons pas de variable extrinsèque nous permettant de contrôler
la qualité de l’échantillonnage. Après appariement, les témoins ont été sélectionnés
de façon aléatoire, tous issus d’une même population de patients diabétiques de type
2 ayant eu au moins une venue au CHU entre 2008 et 2011. Nous nous basons sur
les caractéristiques démographiques et certains éléments de l’analyse descriptive
(exposition aux traitements concomitants, antécédents des patients…) pour
comparer notre échantillon à la population diabétique française.
Le tableau 3 présente les caractéristiques démographiques de la population
de notre étude. L’appariement sur l’année de naissance et non sur l’âge explique
pourquoi la moyenne des âges dans les groupes cas et témoins n’est pas strictement
la même. Ceci étant, il n’y a pas de différence significative entre les 2 moyennes
d’âge. Nous observons une légère prédominance masculine (sex ratio = 1,42).
L’appariement sur le sexe a bien été réalisé (p-value = 1).
Tableau 3. Caractéristiques démographiques de la population d'étude
Cas (%) Témoins (%) p-value
Effectifs 302 604
Âge, moyenne (écart type) 69,4 (11,9) 69,5 (11,9) 0,714
Homme 177 (58,61) 354 (58,61) 1
Analyse statistique
Analyse des variables explicatives
Le tableau 4 présente l’analyse comparative des facteurs de risque, en
effectifs et pourcentages, de toutes les variables d’intérêt (cf. tableau 1).
Tableau 4. Analyse des variables explicatives
Variables Cas (%) Témoins (%)
p-value n = 302 n = 604
Antécédents
IRC 95 (31,46) 224 (37,09) 0,094
Débutante - modérée 66 (21,85) 184 (30,46) 0,013
Sévère - terminale 29 (9,60) 40 (6,26)
IHC 47 (15,56) 39 (6,46) < 0,001
Insuffisance respiratoire chronique 84 (27,81) 127 (21,03) 0,023
25
Insuffisance cardiaque 82 (27,15) 94 (15,56) < 0,001
Cytopathie mitochondriale 2 (0,66) 0 0,111
Néoplasie 38 (12,58) 81 (13,41) 0,728
Déficit en vitamine B1 3 (0,99) 13 (2,15) 0,288
Traitements concomitants
IEC 81 (26,82) 186 (30,79) 0,216
ARA2 65 (21,52) 155 (25,66) 0,171
Diurétiques 150 (49,67) 321 (53,15) 0,323
ARV 1 (0,33) 5 (0,83) 0,67
AINS 14 (4,64) 12 (1,99) 0,024
Metformine 111 (36,75) 276 (45,70) 0,01
Insuline 129 (42,72) 268 (44,37) 0,636
PCI 37 (12,25) 17 (2,81) < 0,001
Evènements cliniques
Choc 149 (49,34) 8 (1,32) < 0,001
Anémie sévère 57 (18,87) 19 (3,15) < 0,001
Déshydratation 35 (11,59) 17 (2,81) < 0,001
IRA 184 (60,93) 80 (13,25) < 0,001
Insuffisance hépatique aiguë 64 (21,19) 12 (1,99) < 0,001
Insuffisance respiratoire aiguë 156 (51,66) 41 (6,79) < 0,001
Infarctus du myocarde 32 (10,6) 16 (2,65) < 0,001
Décompensation cardiaque aiguë 130 (43,05) 45 (7,45) < 0,001
Sepsis 134 (44,37) 49 (8,11) < 0,001
Convulsions 21 (6,95) 8 (1,32) < 0,001
Exercice musculaire intense 6 (1,99) 0 0,001
Occlusion artérielle aiguë 30 (9,93) 28 (4,64) 0,002
Décès 146 (48,34) 26 (4,30) < 0,001
Au sein des antécédents, les groupes cas et témoins ne sont pas
statistiquement différents quant à l’existence d’une IRC, d’une cytopathie
mitochondriale, d’une néoplasie et d’un déficit en vitamine B1. Les stades de l’IRC
sont répartis différemment selon le groupe : les cas ont significativement une fonction
rénale plus altérée que les témoins. Une atteinte chronique hépatique, respiratoire ou
cardiaque prédomine chez les cas.
Concernant les traitements concomitants, les 2 populations de cas et témoins
sont comparables en termes d’exposition aux IEC, ARA2, diurétiques, ARV et
insuline. Les cas sont plus exposés que les témoins aux AINS et à l’injection de PCI.
Les témoins sont significativement plus traités par metformine que les cas.
26
Tous les évènements cliniques intercurrents analysés surviennent plus
fréquemment chez les cas que chez les témoins.
Le taux de mortalité est significativement plus élevé (48,34 %) en cas de
survenue d’AL que chez les témoins. Cette mortalité observée dans le groupe cas
(48,34%) est comparable avec celle rapportée dans la littérature (50%), toute cause
d’acidose confondue. Nous présentons ici les principales caractéristiques des
individus n’ayant pas survécu : 85% des patients décédés sont des cas, la proportion
de décès augmente avec la classe d’âge jusqu’à 70 ans puis diminue. Concernant
les antécédents, les sujets décédés ne sont pas différents en termes de fréquence
d’IRC, d’insuffisance respiratoire chronique, de cytopathie mitochondriale ou de
déficit en vitamine B1. L’existence d’une IHC, d’une insuffisance cardiaque, d’une
néoplasie sont significativement plus fréquentes chez les patients décédés par
rapport aux survivants. Il n’y pas de différence d’exposition aux traitements
concomitants pour les IEC, les diurétiques, l’insuline, les ARV et l’injection de PCI
entre les sujets décédés et les vivants. Les ARA2 et la metformine sont plus
significativement plus prescrits dans le groupe des sujets survivants. Tous les
évènements cliniques intercurrents, facteurs de risque connus d’AL, sauf la survenue
de convulsions, sont tous significativement plus fréquents chez les patients décédés
que chez les vivants.
Pour la suite de l’étude, les variables dont l’effectif est insuffisant pour l’une
des modalités (< 5%) ne sont pas étudiées. Ainsi nous avons exclu du modèle
l’existence d’une cytopathie mitochondriale et d’un déficit en vitamine B1 parmi les
antécédents ; la prise d’un traitement par ARV, AINS, l’injection d’un PCI ; ainsi que
la survenue d’un choc, d’une anémie sévère, d’une déshydratation, d’une
insuffisance hépatique aiguë, d’un IDM, de convulsions, d’une occlusion artérielle
aiguë et la réalisation d’un exercice musculaire intense.
Les effectifs des stades de l’IRC « débutant » et « terminal » étaient inférieurs
à 5% pour l’une des modalités (valeurs non présentées ici). Les stades « débutant »
et « modérée » ont donc été regroupés, de même que les stades « sévère » et
« terminal » pour la suite de l’analyse.
27
Analyse univariée
L’analyse univariée est réalisée avec un test du Chi 2 de Mac Némar pour
séries appariées. Les résultats sont présentés dans le tableau 5.
Tableau 5. Analyse univariée par test du Chi 2 de Mac Némar
Variables Analyse univariée
OR IC 95% p-value
Antécédents
IRC 0,77 [0,59 - 0,99] 0,034
Débutante - Modérée 2 [0,850-5,050] 0,083
Sévère - Terminale
IHC 2,67 [1,769 - 4,108] < 0,001
Insuffisance respiratoire chronique 1,46 [1,104 - 1,925] 0,007
Insuffisance cardiaque 2,06 [1,525 - 2,809] < 0,001
Néoplasie 0,93 [0,647 - 1,325] 0,727
Traitements concomitants
IEC 0,81 [0,617 - 1,059] 0,127
ARA2 0,78 [0,582 - 1,038] 0,090
Diurétiques 0,88 [0,700 - 1,099] 0,264
AINS 2,33 [1,149 - 5,037] 0,017
Metformine 0,68 [0,528 - 0,864] 0,015
Insuline 0,94 [0,742 - 1,180] 0,606
Evènements cliniques
IRA 11,28 [7,66 - 12,26] < 0,001
Insuffisance respiratoire aiguë 12,29 [8,10 - 19,49] < 0,001
Décompensation cardiaque aiguë 10,35 [6,73 - 16,64] < 0,001
Sepsis 8,82 [5,95 - 13,55] < 0,001
Les valeurs des OR et leurs IC suggèrent que les antécédents du patient
jouent un rôle péjoratif dans la survenue d’une AL. Les stades de l’IRC ont été
comparés entre eux, ainsi plus l’atteinte rénale est sévère, plus le risque d’AL semble
augmenter mais ce n’est pas significatif. Parmi les traitements concomitants, les
AINS sont la seule classe qui semble être un facteur de risque dans l’AL, tous les
autres, y compris la metformine, ressortent comme facteurs protecteurs. Tous les
évènements cliniques intercurrents sont impliqués de façon significative dans la
survenue d’une AL.
Une variable est inclue dans l’analyse multivariée si la p-value est inférieure à
0,25. La variable « diurétiques » a été forcée dans le modèle. Ainsi les variables
néoplasie et insuline sont exclues de la construction du modèle de régression
logistique conditionnelle.
28
Multicolinéarité
Il n’a pas été retrouvé de colinéarité entre les variables retenues après
analyse univariée.
Analyse multivariée
L’analyse multivariée est réalisée par régression logistique conditionnelle pour séries
appariées. Les valeurs des OR et de leurs IC 95% figurent dans le tableau 6.
Tableau 6. Analyse multivariée par régression logistique conditionnelle
Variables Analyse multivariée
OR IC 95% p-value
Antécédents
IRC
Débutante - Modérée 0,36 [0,19 - 0,69] 0,002
Sévère - Terminale 1,62 [0,62 - 4,25] 0,325
IHC 6,51 [2,78 - 15,25] < 0,001
Insuffisance respiratoire chronique - - -
Insuffisance cardiaque - - -
Traitements
IEC - - -
ARA2 - - -
Diurétiques - - -
AINS - - -
Metformine 1,27 [0,73 - 2,22] 0,390
Evènements cliniques
IRA 9,58 [5,24 - 17,47] < 0,001
Insuffisance respiratoire aiguë 9,34 [4,76 - 18,32] < 0,001
Décompensation cardiaque aiguë 3,55 [1,84 - 6,84] < 0,001
Sepsis 8,28 [4,28 - 15,99] < 0,001
Selon notre modèle de régression logistique conditionnelle, les facteurs de
risque significatifs de survenue d’AL chez les patients diabétiques de type 2 sont, par
ordre d’importance, l’IRA, l’insuffisance respiratoire aiguë, le sepsis, l’IHC et la
décompensation cardiaque aiguë. L’IRC à un stade débutant ou modéré possède un
effet protecteur significatif.
L’insuffisance cardiaque et respiratoire ne sont pas considérées comme
facteur de risque significatif d’AL chez un patient diabétique. Ces résultats suggèrent
29
que le terrain chronique du patient diabétique augmente le risque d’AL mais
modérément.
Aucun traitement concomitant n’est impliqué dans la survenue d’une AL
d’après notre modèle. La metformine a été forcée jusqu’au dernier pas malgré sa
non-significativité. On remarque que le sens de l’association entre metformine et AL
change par rapport à l’analyse univariée.
Tous les évènements cliniques intercurrents sélectionnés dans l’analyse
univariée sont des facteurs de risques majeurs expliquant la survenue d’une AL. La
largeur des IC des OR liés à l’IHC, à l’IRA, à l’insuffisance respiratoire aiguë et au
sepsis laisse supposer un manque de puissance.
Interactions
Des interactions sont recherchées à partir du modèle présenté dans le tableau
6. 3 interactions avec la metformine ont été trouvées : IRA, décompensation
cardiaque aiguë et insuffisance hépatocellulaire. Nous avons ensuite procédé à une
nouvelle régression logistique après stratification sur les 3 variables d’intérêt. Un test
d’adéquation par le test d’Hosmer-Lemeshow a été réalisé pour chaque modèle
multivarié obtenu.
Nous nous sommes d’abord intéressés à l’interaction entre IRA et metformine.
L’analyse descriptive et multivariée de chaque sous-population stratifiée en fonction
de la présence ou non d’une IRA sont présentées dans le tableau 7.
Tableau 7. Analyse descriptive du sous groupe des patients ayant présenté une IRA (n = 264)
Variables
Analyse descriptive
Cas (%) Témoin (%)
Effectifs 184 80
Age 70,34 74,21
Homme 108 (58,70) 47 (58,75)
Antécédents IRC 66 (35,87) 52 (65) Débutante - Modérée 47 (25,54) 42 (52,50) Sévère - Terminale 19 (10,33) 10 (12,50) IHC 32 (17,39) 7 (8,75) Insuffisance respiratoire chronique 45 (24,46) 22 (27,50)
30
Insuffisance cardiaque 47 (25,54) 26 (32,50) Cytopathie mitochondriale 0 1 (0,54) Néoplasie 17 (9,24) 11 (13,75) Déficit en vitamine B1 2 (1,09) 1 (1,25) Traitements concomitants IEC 50 (27,17) 34 (42,50) ARA2 45 (24,46) 20 (25,00) Diurétiques 95 (51,63) 49 (61,25) ARV 1 (0,54) 1 (1,25) AINS 11 (5,98) 1 (1,25) Metformine 75 (40,76) 25 (31,25) Insuline 73 (39,67) 40 (50) Evènements cliniques Choc 112 (60,87) 6 (7,50) Anémie 38 (20,65) 5 (6,25) Déshydratation 30 (16,30) 10 (12,50) IHC aiguë 55 (29,89) 3 (3,75) Insuffisance respiratoire aiguë 94 (51,09) 12 (15) IDM 21 (11,41) 5 (6,25) Décompensation cardiaque aiguë 80 (43,48) 18 (22,50) Sepsis 93 (50,54) 13 (16,25) Convulsions 10 (5,43) 3 (3,75) Exercice musculaire intense 2 (1,09) 0 Occlusion artérielle aiguë 23 (12,50) 4 (5,00) PCI 20 (10,87) 5 (6,25) Décès 94 (51,09) 10 (12,50)
On remarque que ce sous-groupe des patients ayant présenté une IRA
comporte plus de cas que de témoins. La moyenne d’âge est plus élevée chez les
témoins (p = 0,010). La répartition des sexes est la même dans les 2 groupes (p =
0,993). La proportion de décès chez les cas est significativement plus élevée que
chez les témoins. La prescription de metformine semble plus importante dans le
groupe cas que dans le groupe témoin, en analyse univariée il n’y a pas de relation
entre la metformine et l’AL (OR = 1,51, IC95% = [0,84 - 2,77], p = 0,143).
Tableau 8. Analyse multivariée du sous groupe des patients ayant présenté une IRA (n = 264)
Variables
Analyse multivariée
OR IC 95% p-value
Age - - -
Homme - - -
Antécédents Débutante - Modérée 0,42 [0,25 - 0,73] 0,002 Sévère - Terminale 1,82 [0,80 - 4,13] 0,149
31
IHC 5,29 [2,56 - 10,95] < 0,001 Insuffisance cardiaque - - - Traitements concomitants IEC - - - Diurétiques - - - Metformine 1,79 [1,09 - 2,93] 0,020 Insuline - - - PCI 8,58 [3,77 - 19,52] < 0,001 Evènements cliniques Choc 42,06 [17,91 - 98,78] < 0,001 Anémie 5,83 [2,58 - 13,17] < 0,001 Insuffisance respiratoire aiguë 11,86 [6,79 - 20,74] < 0,001 Infarctus du myocarde - - - Décompensation cardiaque aiguë 5,19 [2,88 - 9,36] < 0,001 Sepsis 4,34 [2,45 - 7,70] < 0,001 Occlusion artérielle aiguë - - -
En analyse multivariée (tableau 8), les facteurs de risque significativement
associés à la survenue d’une AL chez les patients qui présentent une IRA sont le
choc, l’insuffisance respiratoire aiguë, l’injection de PCI, l’anémie sévère, l’IHC, la
décompensation cardiaque aiguë, le sepsis et la metformine. L’IRC à un stade
débutant ou modérée est un facteur protecteur. Selon le test d’Hosmer-Lemeshow,
ce modèle est adéquat aux observations de l’étude (p = 0,482).
La metformine est considérée comme un facteur de risque significatif de
survenue d’AL en présence d’une IRA.
Tableau 9. Analyse descriptive du sous groupe des patients n'ayant pas présenté d'IRA (n = 642)
Variables
Analyse descriptive
Cas (%) Témoin (%)
Effectifs 118 524
Age 68,06 68,75
Homme 49 (41,53) 217 (41,41)
Antécédents IRC 29 (24,58) 172 (32,82) Débutante - Modérée 19 (65,52) 142 (82,56) Sévère - Terminale 10 (34,48) 30 (17,44) IHC 15 (12,71) 32 (6,11) Insuffisance respiratoire chronique 39 (33,05) 105 (20,04) Insuffisance cardiaque 35 (29,66) 68 (12,98) Néoplasie 21 (17,80) 70 (13,36) Cytopathie mitochondriale 1 (0,85) 0 Déficit en vitamine B1 1 (0,85) 12 (2,29) Traitements concomitants
32
IEC 31 (26,27) 152 (29,01) ARA2 20 (16,95) 135 (25,76) Diurétiques 55 (46,61) 272 (51,91) ARV 0 4 (0,76) AINS 3 (2,54) 11 (2,10) Metformine 36 (30,51) 251 (47,90) Insuline 56 (47,46) 228 (43,51) Evènements cliniques Choc 37 (31,36) 2 (0,38) Anémie 19 (16,10) 14 (2,67) Déshydratation 5 (4,24) 7 (1,34) IHC aiguë 9 (7,63) 7 (1,72) Insuffisance respiratoire aiguë 62 (52,24) 29 (5,53) Infarctus du myocarde 11 (9,32) 11 (2,10) Décompensation cardiaque aiguë 50 (42,37) 27 (5,15) Infection sévère 41 (34,75) 36 (6,87) Convulsions 11 (9,32) 5 (0,95) Exercice musculaire intense 4 (3,39) 0 Occlusion artérielle aiguë 7 (5,93) 24 (4,58) PCI 17 (14,41) 12 (2,29) Décès 52 (44,07) 16 (3,05)
En l’absence d’IRA, les témoins sont plus nombreux que les cas dans ce sous
groupe (tableau 9). La moyenne d’âge n’est pas différente entre les cas et les
témoins (p = 0.573). La proportion d’homme est la même et on observe de façon
significative plus de décès chez les cas. Les témoins sont plus traités par metformine
que les cas. En analyse univariée, la metformine semble un facteur protecteur (OR =
0,48, IC95% = [0,30 - 0,74], p = 0.001).
Tableau 10. Analyse multivariée du sous groupe des patients n'ayant pas présenté d'IRA (n =
642)
Variables
Analyse multivariée
OR IC 95% p-value
Age - - -
Homme - - -
Antécédents IRC - - - Débutante - Modérée 0,33 [0,16 - 0,68] 0,003 Sévère - Terminale 1,29 [0,49 - 3,43] 0,607 IHC 5,17 [2,29 - 11,67] < 0,001 Insuffisance respiratoire chronique - - - Insuffisance cardiaque - - - Néoplasie - - -
33
Traitements concomitants ARA2 - - - Metformine 0,86 [0,48 - 1,55] 0,628 Evènements cliniques Insuffisance respiratoire aiguë 12,38 [6,52 - 23,50] < 0,001 Décompensation cardiaque aiguë 6,29 [3,12 - 12,66] < 0,001 Sepsis 6,87 [3,61 - 13,07] < 0,001
Dans ce modèle de régression logistique (tableau 10), les variables expliquant
l’AL chez le patient n’ayant pas présenté d’IRA sont l’insuffisance respiratoire aiguë,
le sepsis, la décompensation cardiaque aiguë et l’IHC. L’IRC au stade débutant à
modéré est protecteur. D’après le test d’Hosmer-Lemeshow, ce modèle est adéquat
(p = 0,416).
En l’absence d’IRA, la metformine n’est pas un facteur de survenue d’AL (OR
= 0,86, p = 0.628).
Ainsi, la metformine ne joue pas le même rôle dans la survenue d’une AL,
selon la présence concomitante ou non d’une IRA : en cas d’IRA, la metformine est
un facteur de risque significatif d’AL, cet effet disparait en absence d’IRA. Ces
données confirment un effet lié à l’accumulation de metformine dans l’organisme
suite à une IRA.
L’interaction entre décompensation cardiaque aiguë et metformine est
présentée dans les tableaux suivants.
Tableau 11. Analyse descriptive du sous groupe des patients ayant présenté une décompensation
cardiaque aiguë (n = 175)
Variables
Analyse descriptive
Cas (%) Témoin (%)
Effectifs 130 45
Age 72,36 75,84
Homme 79 (60,77) 20 (44,44)
Antécédents IRC 52 (40,00) 29 (64,44) Débutante - Modérée 35 (26,92) 21 (46,67) Sévère - Terminale 17 (13,08) 8 (17,78) IHC 9 (6,92) 1 (2,22) Insuffisance respiratoire chronique 42 (32,31) 20 (44,44) Insuffisance cardiaque 55 (42,31) 28 (62,22) Cytopathie mitochondriale 1 (0,77) 0 Néoplasie 10 (7,69) 5 (11,11)
34
Déficit en vitamine B1 0 0 Traitements concomitants
IEC 42 (32,31) 17 (37,78) ARA2 23 (17,69) 7 (15,56) Diurétiques 77 (59,23) 31 (68,89) ARV 0 0 AINS 8 (6,15) 0 Metformine 44 (33,85) 8 (17,78) Insuline 60 (46,15) 25 (55,56) PCI 13 (10,00) 1 (2,22) Evènements cliniques Choc 62 (47,69) 3 (6,67) Anémie 13 (10,00) 0 Déshydratation 10 (7,69) 2 (4,44) IRA 80 (61,54) 18 (40,00) IHC aiguë 28 (21,54) 1 (2,22) Insuffisance respiratoire aiguë 95 (73,08) 17 (37,78) IDM 17 (13,08) 5 (11,11) Sepsis 55 (42,31) 5 (11,11) Convulsions 5 (3,85) 0 Exercice musculaire intense 0 0 Occlusion artérielle aiguë 10 (7,69) 1 (2,22) Décès 79 (60,77) 10 (22,22)
Les cas sont plus concernés que les témoins par un épisode de
décompensation cardiaque (tableau 11). La moyenne d’âge (p = 0,053) et le sex ratio
(p = 0,059) ne sont pas différents dans les 2 groupes. Il y a significativement plus de
décès chez les cas (p < 0,001). Les cas sont significativement plus traités par
metformine que les témoins, en analyse univariée la metformine semble être un
facteur de risque d’AL (OR = 2,37, IC95% = [1,01 - 5,15], p = 0,042).
Tableau 12. Analyse multivariée du sous groupe des patients ayant présenté une décompensation
cardiaque aiguë (n=175)
Variables
Analyse multivariée
OR IC 95% p-value
Age (classe) - - -
Homme 2,45 [1,01 - 5,97] 0,048
Antécédents IRC Débutante - Modérée 0,32 [0,12 - 0,84] 0,022 Sévère - Terminale 1,38 [0,40 - 4,72] 0,609 Insuffisance respiratoire chronique - - - Insuffisance cardiaque - - - Traitements concomitants
35
Diurétiques - - - Metformine 1,79 [0,64 - 4,97] 0,265 Evènements cliniques Choc 11,94 [2,14 - 13,00] < 0,001 IRA - - - Insuffisance respiratoire aiguë 5,27 [2,14 - 13,00] < 0,001 Sepsis 5,73 [1,81 - 18,12] 0,003
L’analyse multivariée (tableau 12) montre que la survenue d’une AL chez les
patients qui présentent un épisode de décompensation aigue est liée au choc, au
sepsis, à l’insuffisance respiratoire aiguë et au sexe masculin. L’IRC au stade
débutant à modérée est protecteur dans ce sous groupe. Le test d’Hosmer-
Lemeshow valide l’adéquation de ce modèle aux observations (p = 0,836).
En cas de décompensation cardiaque aiguë, la metformine n’est pas un facteur de
survenue d’AL (OR = 1,79, p = 0.265). Cette non significativité est peut être liée au
un faible nombre de patients stratifiés.
Les résultats de l’analyse descriptive dans le sous-groupe des patients n’ayant
pas présenté d’épisode de décompensation cardiaque aiguë sont présentés dans le
tableau 13.
Tableau 13. Analyse descriptive du sous groupe des patients n'ayant pas présenté de
décompensation cardiaque aiguë (n = 731)
Variables
Analyse descriptive
Cas (%) Témoin (%)
Effectifs 172 559
Age 67,25 68,96
Homme 98 (56,98) 334 (59,75)
Antécédents IRC 43 (25,00) 195 (34,88) Débutante - Modérée 31 (18,02) 163 (29,16) Sévère - Terminale 12 (6,98) 32 (5,72) IHC 38 (22,09) 38 (6,80) Insuffisance respiratoire chronique 42 (24,42) 107 (19,14) Insuffisance cardiaque 27 (15,70) 66 (11,81) Cytopathie mitochondriale 1 (0,58) 0 Néoplasie 28 (16,28) 76 (13,60) Déficit en vitamine B1 3 (1,74) 13 (2,33) Traitements concomitants IEC 39 (22,67) 169 (30,23) ARA2 42 (24,42) 148 (26,48) Diurétiques 73 (42,44) 290 (51,88)
36
ARV 1 (0,58) 1 (0,89) AINS 6 (3,49) 12 (2,15) Metformine 67 (38,95) 268 (47,94) Insuline 69 (40,12) 243 (43,47) PCI 24 (13,95) 16 (2,86) Evènements cliniques Choc 87 (50,58) 5 (0,89) Anémie 44 (25,58) 19 (3,40) Déshydratation 25 (14,53) 15 (2,68) IRA 104 (60,47) 62 (11,09) IHC aiguë 36 (20,93) 11 (1,97) Insuffisance respiratoire aiguë 61 (35,47) 24 (4,29) IDM 15 (8,72) 11 (1,97) Sepsis 79 (45,93) 44 (7,87) Convulsions 16 (9,30) 8 (1,43) Exercice musculaire intense 6 (3,49) 0 Occlusion artérielle aiguë 20 (11,63) 27 (4,83) Décès 67 (38,95) 16 (2,86)
Chez les patients qui ne présentent pas d’insuffisance cardiaque aiguë, on
observe plus de témoins que de cas. La proportion homme/femme est la même dans
les 2 groupes (p = 0,518), de même que la moyenne d’âge (p = 0,104). Le taux de
décès est toujours plus élevé dans le groupe des cas. Les témoins sont plus traités
par metformine que les cas, l’analyse univariée indique que la metformine semble
être protecteur (OR = 0,69, IC95% = [0,48 - 0,99], p = 0,039).
Tableau 14. Analyse multivariée du sous groupe des patients n'ayant pas présenté de
décompensation cardiaque aiguë (n = 731)
Variables
Analyse multivariée
OR IC 95% p-value
Age (classe) - - -
Homme - - -
Antécédents IRC Débutante - Modérée 0,29 [0,17 - 0,52] < 0,001 Sévère - Terminale 0,90 [0,36 - 2,20] 0,809 IHC 3,47 [1,81 - 6,62] < 0,001 Insuffisance respiratoire chronique 1,76 [1,06 - 2,91] 0,027 Insuffisance cardiaque - - - Traitements concomitants IEC - - - Diurétiques - - - Metformine 1,15 [0,73 - 1,82] 0,549 Evènements cliniques
37
IRA 11,18 [6,93 - 18,05] < 0,001 Sepsis 6,85 [4,10 - 11,42] < 0,001
Les facteurs de risque d’AL dans ce sous groupe (tableau 14) sont l’IRA, le
sepsis, l’IHC et l’insuffisance respiratoire chronique. Ce modèle est considéré comme
adéquat (p = 0,065) mais la p-value relative au test d’Hosmer-Lemeshow se situe à
la limite de la significativité (0,05).
La metformine n’est pas considérée comme un facteur de risque significatif en
l’absence de décompensation aiguë (OR = 1,15, p = 0,549).
L’interaction entre metformine et décompensation aiguë n’est pas significative
après stratification et régression logistique non conditionnelle.
La 3ème interaction concerne la metformine et l’IHC. Après stratification, les
résultats de l’analyse descriptive et multivariée (régression logistique) sont présentés
dans les tableaux suivants :
Tableau 15. Analyse descriptive du sous groupe des patients ayant une IHC (n = 86)
Variables
Analyse descriptive
Cas (%) Témoin (%)
Effectifs 47 39
Age 60,79 67,84
Homme 35 (74,47) 31 (79,49)
Antécédents IRC 9 (19,15) 18 (46,15) Débutante - Modérée 6 (12,77) 17 (43,59) Sévère - Terminale 3 (6,38) 1 (2,56) Insuffisance respiratoire chronique 4 (8,51) 11 (28,21) Insuffisance cardiaque 4 (8,51) 5 (12,82) Cytopathie mitochondriale 0 0 Néoplasie 6 (12,77) 11 (28,21) Déficit en vitamine B1 3 (6,38) 3 (7,69) Traitements concomitants IEC 8 (17,02) 20 (25,64) ARA2 5 (10,64) 5 (12,82) Diurétiques 17 (36,17) 26 (66,67) ARV 0 0 AINS 1 (2,13) 1 (2,56) Metformine 13 (27,66) 7 (17,95) Insuline 25 (53,19) 22 (56,41) PCI 6 (12,77) 0
38
Evènements cliniques Choc 27 (57,45) 2 (5,13) Anémie 17 (36,17) 2 (5,13) Déshydratation 6 (12,77) 0 IRA 32 (68,09) 7 (17,95) IHC aiguë 19 (40,43) 10 (25,64) Insuffisance respiratoire aiguë 17 (36,17) 1 (2,56) IDM 1 (2,13) 1 (2,56) Décompensation cardiaque aiguë 9 (19,15) 1 (2,56) Sepsis 21 (44,68) 3 (7,69) Convulsions 7 (14,89) 1 (2,56) Exercice musculaire intense 0 0 Occlusion artérielle aiguë 4 (8,51) 0 Décès 24 (51,06) 2 (5,13)
Le nombre de cas est légèrement supérieur au nombre de témoins (tableau
15). La moyenne d’âge est significativement plus faible chez les cas (p < 0,001). Le
ratio homme/femme est le même dans les 2 groupes (p = 0,583). La fréquence
d’exposition à la metformine semble plus élevée chez les cas mais ce n’est pas
significatif, en analyse univariée, la metformine n’est pas un facteur de risque
significatif (OR = 1,75, IC95% = [0,56 - 5,84], p = 0,289).
Tableau 16. Analyse multivariée du sous groupe des patients ayant une IHC (n = 86)
Variables
Analyse multivariée
OR IC 95% p-value
Age - - -
Homme - - -
Antécédents
IRC Débutante - Modérée 0,13 [0,03 - 0,64] 0,012 Sévère - Terminale 5,85 [0,11 - 322,06] 0,388 Insuffisance respiratoire chronique 0,07 [0,01 - 0,62] 0,017 Néoplasie - - - Traitements concomitants Diurétiques - - - Metformine 1,17 [0,24 - 5,74] 0,847 Evènements cliniques Choc - - - Anémie 19,77 [2,45 - 159,23] 0,005 IRA 20,71 [4,58 - 93,67] <0,001 IHC aiguë - - - Sepsis - - -
39
Les facteurs de risque impliqués dans l’AL sont l’IRA et l’anémie sévère
(tableau 16). L’insuffisance respiratoire chronique et l’IRC, stade débutant ou
modéré, sont des protecteurs. Le test d’Hosmer-Lemeshow valide ce modèle comme
adéquat (p = 0,164).
En analyse multivariée, en cas d’IHC, la metformine n’est pas un facteur de
risque significatif (OR = 1,17, p = 0,847).
Dans le sous-groupe des patients n’ayant pas d’IHC, on observe plus de
témoins que de cas (tableau 17). La moyenne d’âge n’est pas statistiquement
différente (p = 0,107) et le sex ratio est le même dans les 2 groupes (p = 0,692). Le
taux de décès est significativement plus élevé chez les cas (p < 0,001). On observe
une proportion de patients traités par metformine plus élevée chez les témoins que
chez les cas. L’analyse univariée suggère que la metformine aurait un effet
protecteur dans l’AL (OR = 0,69, IC95% = [0,50 - 0,94], p = 0,014).
Tableau 17. Analyse descriptive du sous groupe des patients n’ayant pas une IHC (n = 820)
Variables
Analyse descriptive
Cas (%) Témoin (%)
Effectifs 255 565
Age 71,04 69,59
Homme 142 (55,69) 323 (57,17)
Antécédents IRC 86 (33,73) 206 (36,46) Débutante - Modérée 60 (23,53) 167 (29,56) Sévère - Terminale 26 (10,20) 39 (6,90) Insuffisance respiratoire chronique 80 (31,37) 116 (20,53) Insuffisance cardiaque 78 (30,59) 89 (15,75) Cytopathie mitochondriale 2 (0,78) 0 Néoplasie 32 (12,55) 70 (12,39) Déficit en vitamine B1 0 10 (1,77) Traitements concomitants IEC 73 (28,63) 176 (31,15) ARA2 60 (23,53) 150 (26,55) Diurétiques 133 (52,16) 295 (52,21) ARV 1 (0,39) 5 (0,88) AINS 13 (5,10) 11 (1,95) Metformine 98 (38,43) 269 (47,61) Insuline 104 (40,78) 246 (43,54) PCI 31 (12,16) 17 (3,01) Evènements cliniques Choc 122 (47,84) 6 (1,06)
40
Anémie 40 (15,69) 17 (3,01) Déshydratation 29 (11,37) 17 (3,01) IRA 152 (59,61) 73 (12,92) IHC aiguë 45 (17,65) 2 (0,35) Insuffisance respiratoire aiguë 139 (54,51) 40 (7,08) IDM 31 (12,16) 15 (2,65) Décompensation cardiaque aiguë 121 (47,45) 44 (7,79) Sepsis 113 (44,31) 46 (8,14) Convulsions 14 (5,49) 7 (1,24) Exercice musculaire intense 6 (2,35) 0 Occlusion artérielle aiguë 26 (10,20) 28 (4,96) Décès 122 (47,84) 24 (4,25)
Tableau 18. Analyse multivariée du sous groupe des patients n'ayant pas d'IHC (n = 820)
Variables
Analyse multivariée
OR IC 95% p-value
Age - - -
Homme - - -
Antécédents IRC Débutante - Modérée 0,38 [0,23 - 0,65] < 0,001 Sévère - Terminale 0,78 [0,35 - 1,71] 0,530 Insuffisance respiratoire chronique - - - Insuffisance cardiaque - - - Traitements concomitants [ - ] Metformine 1,28 [0,81 - 2,00] 0,283 Evènements cliniques [ - ] IRA 7,31 [4,60 - 11,61] < 0,001 Insuffisance respiratoire aiguë 9,08 [5,37 - 15,36] < 0,001 Décompensation cardiaque aiguë 3,99 [2,33 - 6,85] < 0,001 Sepsis 6,56 [3,99 - 10,83] < 0,001
Après régression logistique (tableau 18), les facteurs de risque d’AL sont
l’insuffisance respiratoire aiguë, l’IRA, le sepsis et la décompensation cardiaque
aiguë. Le test d’Hosmer-Lemeshow rejette la validité de ce modèle (p = 0,002). La
metformine n’est pas un facteur de risque (OR = 1,17, p = 0,847) en l’absence d’IHC.
Après analyse, l’interaction entre IRA et metformine est significative et validée
par le test d’Hosmer-Lemeshow après stratification. Les interactions concernant la
décompensation cardiaque aiguë et l’IHC ne sont pas significatives malgré ce qui
était attendu, ou non validées par le test d’Hosmer-Lemeshow. Les faibles effectifs
observés dans l’un de ces sous-groupes après stratification et la recherche
41
d’interaction en régression logistique conditionnelle expliquent peut-être la non
significativité de la metformine en régression logistique non conditionnelle.
Adéquation du modèle final
Aux variables retenues dans le tableau X après régression logistique
conditionnelle, nous avons ajouté l’interaction significative entre metformine et IRA.
Les principales données concernant l’ajustement du modèle sont présentées
ci-dessous :
Tableau 19. Données d'ajustement du modèle
Log-Lik Intercept -294,428 Log-Lik Full Model -13,038
Deviance D(255) 26,077 Likelihood Ratio LR(9) 562,780
Prob > LR 0,000
McFadden's R2 0,956 McFadden's Adj R2 0,912
Maximum Likelihood R2 0,878 Cragg & Uhler's R2 0,987
Count R2: 0,974
AIC 0,194 AIC*n 52,077
BIC -1399,625 BIC' -512,461
Nous nous sommes intéressés aux capacités de prédiction du modèle, c'est-à-
dire sa capacité à identifier un patient comme étant un cas ou un témoin, de façon
similaire aux tests diagnostiques. Nous avons comparé la probabilité d’obtenir un
résultat positif avec notre modèle, avec le statut réel de chaque patient (cas ou
témoin). Les résultats sont dans le tableau ci-dessous :
Tableau 20. Capacité prédictive du modèle
Prédiction
Cas Témoin Total
Statut
Cas 250 52 302
Témoin 35 569 604
Total 285 621 906
A partir de ces valeurs, nous avons estimé la sensibilité à 82,78% (capacité à
identifier correctement les cas) et la spécificité à 94,20% (capacité à identifier
correctement les témoins) du modèle.
42
Figure 2. Courbe ROC
La sensibilité et la spécificité ont été calculé ensuite pour différentes valeurs
seuils (de 0,1 à 0,9) nous permettant de construire cette courbe ROC (figure 2)
L’AUC calculée manuellement par la méthode des trapèzes est estimée à 0,8268, on
peut donc considérer les capacités de prédiction de notre modèle comme bonnes.
Ces résultats nous semblent suffisants pour considérer valide notre modèle de
régression logistique conditionnelle identifiant les facteurs de risque de survenue
d’une AL.
Ainsi, nous avons construit un modèle de régression logistique conditionnelle
expliquant la survenue d’une AL, à partir d’une enquête cas-témoin appariée. Au
CHU de Grenoble, les sujets diabétiques à risque de présenter une AL sont des
patients qui présentent comme antécédent une IHC (cirrhose…), qui décompensent
sur le mode aiguë leur fonction rénale, cardiaque ou respiratoire, ou qui présentent
une infection sévère. La metformine n’apparait pas comme un facteur de risque
significatif dans cette régression logistique conditionnelle mais elle interagit avec la
survenue d’une IRA, son effet péjoratif dans l’AL est démontré en cas d’IRA.
43
Discussion
Le diabète de type 2 est facteur de risque d’AL (8,11). On retrouve dans la
littérature plusieurs études sur les facteurs de risque significativement associés à des
cas d’AL mais aucune enquête cas-témoin n’a étudié l’importance relative de ces
facteurs de risque par analyse multivariée. Il s’agit donc de la 1ère étude explorant et
comparant les facteurs de risque d’AL chez les patients diabétiques.
L’étude de toutes les causes associées aux cas d’AL dans un hôpital anglais a
montré que les facteurs précipitant les plus fréquemment retrouvés, chez les
diabétiques, sont la décompensation cardio-respiratoire, l’IRA et le sepsis. L’AL
apparait en association avec une maladie aiguë (8). De façon comparable, Stades et
al. retrouvent une IRA dans 92% des cas d’AL chez des patients traités par
metformine, une injection de PCI dans 26% des cas, un choc dans 26% et un sepsis
dans 19% (15).
Sélection des cas et des témoins, recueil des facteurs de risque : les biais
Le recrutement de témoins s’est fait uniquement en milieu hospitalier, facilitant
ainsi l’accès aux données médicales et l’appariement, aussi cet échantillon risque de
différer en termes de comorbidités et de complications de la population générale des
diabétiques en ambulatoire.
La définition de l’AL en critères uniquement biologiques (selon les valeurs de
pH et lactates) nous a permis d’être exhaustif dans le recueil des cas entre 2008 et
2011. En effet il n’existe pas de code spécifique à l’acidose lactique dans la CIM et la
mention « acidose lactique » dans les courriers médicaux n’est pas systématique.
Le recueil des facteurs de risque lors de la survenue de l’acidose lactique a
été fait par un même individu à partir des comptes-rendus médicaux, ces données
n’ont pas été croisées systématiquement avec les données biologiques de chaque
sujet de l’étude. Certains facteurs de risque déclencheurs d’AL ont pu être sous
estimés.
L’écart de certains intervalles de confiance met en évidence un manque
d’effectifs pour certains facteurs de risque. Les courriers de sortie ne sont pas
standardisés, toutes les informations médicales n’y sont pas forcément renseignées.
44
Qualité de l’échantillonnage
La moyenne d’âge de la population diabétique en France métropolitaine est de
65 ans dans les dernières études épidémiologiques publiées par l’InVS, calculée
dans un échantillon témoin national représentatif des personnes diabétiques chez
près de 9000 personnes (1). L’âge moyen de notre population se situe autour de
69,5 ans. Ce vieillissement peut s’expliquer par le recrutement de nos sujets en
milieu hospitalier, on peut supposer que les diabétiques de type 2 suivis à l’hôpital ou
qui ont effectué un séjour à l’hôpital sont plus globalement plus sévères que ceux
suivis en ville ou qui ne nécessitent pas d’hospitalisation, et que l’âge influe sur les
comorbidités, l’état clinique du patient et le recours à des soins plus complexes à
l’hôpital.
La prédominance masculine constatée lors de la constitution des groupes
(58,61%) est comparable au sex-ratio masculin de 1,4, d’après les données de l’InVS
(30). Dans la littérature, il n’y a de sexe ratio décrit concernant la survenue d’une AL.
Concernant les traitements concomitants des patients diabétiques, les
données épidémiologiques de l’étude Entred 2007-2010, (31) indiquent que la
proportion de patients diabétiques de type 2 traités par IEC est estimée à 27,7%, par
ARA2 à 32,5% et par diurétiques thiazidique à 30,8%. Dans notre étude, la
proportion de patients, cas et témoins confondus, traités par IEC est de 29,47%, par
ARA2 de 24,28% et par diurétiques de 52%. Ces résultats sont concordants avec les
chiffres de l’InVS rapportés pour les IEC, on peut remarquer que le taux de patients
traités par ARA2 dans notre étude semble inférieur. Dans notre étude, la prescription
d’un diurétique, quelque que soit sa classe, était systématiquement relevée, ce qui
peut expliquer une proportion supérieure (52%) à celle des thiazidiques observées
dans l’étude Entred 2007-2010 (30,8%).
Les chiffres de Entred sur la prévalence des complications du diabète de type
2 rapporte 18 % d’IR avec un débit de filtration glomérulaire inférieur à 60 ml/min,
comparable au 22,08% d’IRC stade modéré, calculés dans toute notre population
d’étude. La proportion des sujets souffrant d’insuffisance cardiaque dans notre travail
est estimée à 19,43%, ce chiffre est largement supérieur à celui rapporté en
métropole (6,3%). Le recrutement de notre échantillon en milieu hospitalier peut
expliquer cette différence.
45
Bien que notre échantillon de patients diffère de la population diabétique de
type 2 en France par certaines comorbidités plus sévères, nous le considérons
comme représentatif.
Analyse des variables explicatives
Les résultats de cette analyse sont en accord avec le mécanisme
physiopathologique connu de l’AL : les patients avec une fonction rénale, hépatique,
respiratoire ou cardiaque altérée prédominent dans le groupe cas, de même que les
évènements cliniques connus comme étant des facteurs de risque de survenue d’AL
sont significativement plus nombreux chez les cas.
Lien entre metformine et AL
Le groupe témoin est significativement plus traité par metformine (45,70%)
que le groupe cas (36,75%, p = 0,015). Ceci peut s’expliquer par un relatif respect
des contre-indications. Après analyse univariée, l’exposition à la metformine semble
être un facteur protecteur significatif dans la survenue d’une AL (OR = 0,68, p-value
= 0,015). Ces données nous amènent là aussi à supposer que les facteurs de risque
des cas sont relativement bien pris en compte par les médecins cliniciens qui
appliqueraient de façon plus stricte les restrictions d’emploi et les contre-indications à
la metformine chez des patients aux lourds antécédents (IRC stade 4 et 5, IHC…).
Après analyse multivariée, la metformine n’est pas considérée comme une
variable explicative mais le sens de l’association a changé (OR = 1,27, p-value =
0,390). L’exploration des interactions nous permet de supposer que la metformine
n’agit pas seule dans le développement d’une AL mais bien en présence d’un facteur
précipitant.
Rôle des antécédents
Après construction de notre modèle multivarié, parmi les antécédents des
patients, seule l’IHC est un facteur de risque significatif de survenue d’AL ; des états
à risque d’hypoxie comme l’insuffisance cardiaque et l’insuffisance respiratoire
(asthme, BPCO) ne sont pas considérés comme facteurs de risque significatifs. Les
principaux facteurs de risques impliqués dans la survenue d’une AL chez les patients
46
diabétiques sont les maladies aiguës : l’IRA, l’insuffisance respiratoire aiguë, la
décompensation cardiaque aiguë et le sepsis.
Rôle des traitements concomitants
Dans la littérature, il est relativement bien établi que les médicaments
néphrotoxiques (IEC, ARA2, diurétiques, PCI) et les ARV sont à risque d’entrainer
une IRA et potentiellement une accumulation de metformine dans l’organisme.
L’analyse des notifications spontanées d’AL faites aux CRPV faite par le CRPV de
Saint Etienne va exactement en ce sens et montre que les cas surviennent le plus
souvent chez des patients diabétiques, traités de façon chronique par de la
metformine et par un IEC ou un ARA2 ou un diurétique, chez lesquels se développe
une IRA en relation avec une déshydratation, la prise d’AINS ou une injection
récente de PCI. Par ailleurs, les troubles intestinaux occasionnés par la prise de
metformine pourraient favoriser la déshydratation du patient et l’apparition d’IRA
(9,32).
Dans notre modèle, aucune de ces molécules considérées n’explique la
survenue d’une AL bien que l’IRA soit considérée comme un facteur de risque
significatif (OR = 9,58, p-value < 0.001). Pour pallier à cette donnée, il pourrait être
intéressant de renseigner le mécanisme de l’IRA (fonctionnelle, organique,
iatrogène…) et les modifications récentes de traitements (instauration récente,
adaptation posologique…).
Rôle de l’insuffisance rénale
Dans notre modèle, l’IRC de stade sévère ou terminale n’est pas considérée
comme facteur de risque significatif d’AL, au contraire un stade débutant à modéré
serait même protecteur. La restriction d’utilisation de la metformine chez les patients
avec une atteinte rénale est fortement discutée. En France, le résumé des
caractéristiques du produit (RCP) contre-indique la metformine en dessous d’un débit
de filtration glomérulaire inférieur à 60 ml/min. Depuis janvier 2013, les
recommandations de l’HAS l’autorisent à une posologie ne dépassant pas 1500 mg
par jour chez les sujets dont la Cl de la créatininémie est comprise entre 30 et 60
ml/min, avec une surveillance renforcée de la fonction rénale. Face à des données
de plus en plus nombreuses suggérant que la prescription de metformine est
possible chez le sujet insuffisant rénal modéré (19,26,33), l’European Medicines
47
Agency va mettre en place une étude pharmacoépidémiologique afin de caractériser
le recours à la metformine chez le patient insuffisant rénal et le risque associé d’AL
afin d’éditer de nouvelles recommandations sur le sujet.
La présence d’une interaction entre metformine et IRA nous a conduit à une
stratification qui a permis de mettre en évidence, chez les patients qui développent
une IRA, que la metformine est un facteur de risque significatif (OR = 1,79, p =
0,020). L’interaction entre metformine et IRA met en évidence le rôle concomitant de
la metformine dans la survenue d’une AL. L’injection de PCI est aussi un facteur de
risque significativement impliqué dans l’AL chez ce sous groupe de patients. Cela
montre que l’interruption de la metformine avant un examen d’imagerie médicale
nécessitant une injection de PCI et le monitoring de la créatininémie sont des
mesures à appliquer impérativement.
Les patients diabétiques de type 2 ont un risqué multiplié par 2,5 d’IRA,
comparé aux patients non diabétiques, après ajustement sur des facteurs de risque
tels que l’âge et les comorbidités comme l’IRC, l’insuffisance cardiaque congestive et
l’hypertension (34). C’est la comorbidité la plus fréquemment associée à la survenue
d’une AL dans la littérature (8,32,35). Toute situation à risque d’IRA, de
déshydratation, de bas débit, d’agression aiguë (infection, pré-coma, intervention
chirurgicale…) et toute introduction de médicament néphrotoxique doivent nécessiter
une attention particulière de la part des cliniciens et un arrêt immédiat de la
metformine afin de prévenir son accumulation dans l’organisme.
Rôle de l’insuffisance cardiaque
Dans notre travail, l’insuffisance cardiaque n’est pas un facteur de risque d’AL
chez le diabétique.
Chez les patients souffrant d’insuffisance cardiaque, une diminution de la
mortalité toute cause et du nombre d’hospitalisation, tout motif confondu, a été
démontrée dans le groupe des patients traités par metformine, comparé au groupe
traité par sulfamides (36). Ces données ont ensuite été confirmées par une méta-
analyse de plusieurs études randomisées et cohortes de patients insuffisants
cardiaques (23). Un antécédent d’insuffisance cardiaque stable n’est plus une
contre-indication à la metformine depuis peu aux Etats-Unis et au Canada. Des
études sur le suivi à plus long terme en cas d’insuffisance cardiaque sont
48
nécessaires avant d’encourager l’utilisation plus large de la metformine chez ces
patients, notamment les plus sévères et instables (24).
Nos données rejoignent celles de la littérature : le risque d’AL semble
augmenter avec la sévérité de l’atteinte rénale (non significatif dans notre étude) et
en cas d’IHC. La survenue d’une maladie aiguë telle une IRA, un sepsis, une
décompensation cardiaque ou respiratoire aiguë sont bien des facteurs précipitant
d’AL.
Profil des patients traités par metformine et contre-indications à la metformine
Selon Lalau, les 2 seules contre-indications à un traitement par metformine à
respecter seraient une IR associée à une IHC (18).
Des études épidémiologiques conduites entre 2001 et 2007 publiées par
l’InVS ont montré que, en France, les prescriptions de metformine sont en
augmentation (+ 12 points), aux dépens des prescriptions de sulfamides (- 12
points). Au total, cela représente 62% des patients diabétiques traités par biguanide
(37). Dans notre étude, les prescriptions de metformine concernent 387 patients, cas
et témoins confondus, soit 42,7% de notre échantillon. Cette proportion plus faible
dans notre étude peut s’expliquer par le nombre de patients présentant une contre-
indication à ce traitement (57,17%) et l’application de ces contre-indications.
Un patient est considéré comme contre-indiqué à la metformine s’il souffre
d’IRC modérée, sévère ou terminale, d’insuffisance hépatocellulaire, respiratoire ou
cardiaque (RCP).
Parmi la population d’étude, 518 patients présentaient une contre-indication
théorique à la metformine (57,17%). 178 (19,6%) étaient traités par metformine
malgré l’existence d’une ou plusieurs contre-indications. 72 d’entre eux ont présenté
une acidose lactique.
Parmi les 387 sujets traités par metformine, cas et témoins confondus, 29%
présentaient une IRC dont 6 patients en stade d’insuffisance sévère ou terminale
(1,55%) et 20% en stade modérée ; 5% une IHC ; 20% une insuffisance respiratoire
49
chronique (asthme, BPCO) et 14,7% une insuffisance cardiaque. L’IHC semble être
la contre-indication la plus respectée.
Parmi les 111 cas traités par metformine, 23,4% présentaient une IRC dont 5
patients au stade d’insuffisance sévère ou terminale (4,5%) et 17,1% au stade
modérée ; 11,7% une IHC ; 27% une insuffisance respiratoire chronique et 26% une
insuffisance cardiaque. (Figure 3)
4,50
17,12
11,71
27,03
26,13
IRC stade 4-5
IRC stade 3
IHC
Insuf respiratoire
Insuf cardiaque
Figure 3. Antécédents des cas traités par metformine (valeurs en %)
Nos résultats sont globalement similaires aux données de la littérature. En
effet, les contre-indications à la metformine les plus fréquemment non respectées
sont l’insuffisance respiratoire chronique, l’âge supérieur à 80 ans, une élévation de
la créatininémie et l’injection de PCI (22). L’étude de Holstein sur les contre-
indications à la metformine à l’admission à l’hôpital retrouve 19% d’IRC, 25%
d’insuffisance cardiaque, 6,5% d’insuffisance respiratoire et 1,3% d’IHC (21). Dans
l’étude NHANES, les auteurs retrouvaient 15,3% de patients atteints de néphropathie
stade 3 traités par metformine (36 sur 234) (25).
Ces données mettent en évidence un manque d’application des contre-
indications à la metformine. Nos résultats indiquent que le terrain du patient est
modérément impliqué dans la survenue d’une AL. L’IHC est une contre-indication à
appliquer strictement. Toute situation aiguë à risque de décompensation est à
prendre en compte dans la prescription ou poursuite d’un traitement par metformine.
50
Metforminémie
Dans cette étude, la metforminémie n’a pas été intégrée comme variable
explicative dans la construction du modèle de survenue d’acidose lactique car cette
donnée biologique n’est pas réalisée en urgence au CHU de Grenoble, en cas de
suspicion d’intoxication à la metformine ou en cas d’acidose lactique chez un patient
traité.
Malgré des effectifs qui semblent a priori importants (302 cas et 604 témoins),
on observe un manque d’effectifs pour une analyse correcte des interactions (IHC et
décompensation cardiaque aiguë) et pour certains facteurs de risque (choc,
déshydratation, prescription d’AINS…). Cela dit, on peut supposer une colinéarité
entre certaines variables du modèle (IHC aiguë et choc, déshydratation et IRA…).
Il n’a pas été possible de recruter plus de cas, les données biologiques (pH et
lactates) pour définir les cas d’AL n’étant accessibles que depuis l’année 2008. On
pourrait envisager à l’avenir une étude de méthodologie comparable, mais dans un
hôpital ayant un recrutement plus large.
51
Conclusion
L’acidose lactique chez les patients traités par metformine est une
complication rare, ancienne et encore mal comprise. Aujourd’hui encore, son
mécanisme exact demeure incertain. Effet indésirable redouté chez les diabétiques
de type 2, cette entité clinique est à l’origine de nombreuses restrictions d’utilisation
chez des patients à risque d’hypoxie ou d’accumulation de lactates (insuffisance
cardiaque, insuffisance hépatocellulaire, insuffisance rénale chronique sévère…).
Dans la littérature, de nombreux cliniciens demandent une réévaluation de ces
contre-indications d’emploi afin de traiter une plus grande partie de la population
diabétique par metformine, antidiabétique oral de choix, qui a montré ses bénéfices
sur de nombreux critères.
Suite à la constatation par les centres régionaux de pharmacovigilance d’une
augmentation du nombre de notifications d’acidose lactique sous metformine,
l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament a demandé la réalisation d’une étude
cas-témoin appariée afin de démontrer l’association entre l’exposition à la
metformine et la survenue d’une acidose lactique. Nous avons choisi d’explorer la
population diabétique de type 2, hospitalisée au CHU de Grenoble entre 2008 et
2011. Nous avons trouvé des cas d’acidose lactique aux quels nous avons apparié
deux témoins diabétiques issus de la même population. Par une régression
logistique conditionnelle, nous avons cherché à préciser l’importance relative des
facteurs de risque décrits dans la littérature, dont la metformine, dans la survenue
d’une acidose lactique.
Les résultats de l’analyse univariée et multivariée montrent que les
antécédents chroniques du patient augmentent modérément le risque de survenue
d’acidose lactique (insuffisance hépatocellulaire), par rapport aux évènements
cliniques intercurrents qui sont prépondérants (insuffisance rénale aigue, insuffisance
respiratoire aigue, décompensation cardiaque aigue, infection sévère). Un effet
iatrogène des traitements concomitants potentiellement néphrotoxiques n’a pas été
mis en évidence.
52
Après analyse univariée, la metformine est considérée comme un facteur
protecteur. Dans l’analyse multivariée, la metformine devient un facteur de risque de
survenue d’acidose lactique mais non statistiquement significatif. Nous pouvons à ce
stade faire 2 hypothèses qui ne sont pas mutuellement exclusives pour expliquer ces
résultats en apparente discordance avec la pharmacologie de la metformine base :
soit les contre-indications et restrictions d’utilisation de la metformine dans la
population à risque sont relativement respectées ; soit il y a des interactions entre
variables explicatives.
Trois interactions significatives avec la metformine ont été trouvées, avec
l’insuffisance rénale aiguë, l’insuffisance hépatocellulaire et la décompensation
cardiaque aiguë. Après stratification, ces interactions mettent en évidence une
influence de ces variables, différente en fonction de la présence ou non d’un
traitement par metformine. Ces résultats suggèrent que la metformine n’agit pas
seule dans la physiopathologie de l’acidose lactique : en présence de metformine,
l’apparition d’un évènement clinique intercurrent comme l’insuffisance rénale aiguë
semble favoriser la survenue d’une acidose lactique chez les patients diabétiques de
type 2.
Cette étude cas-témoin appariée par régression logistique conditionnelle nous
a permis de préciser le rôle de la metformine et l’importance des facteurs de risque.
La survenue d’une acidose lactique est principalement expliquée par des
évènements cliniques intercurrents et la metformine seule ne provoque pas une
acidose lactique mais joue un rôle conjoint en contribuant à aggraver l’acidose
lactique (conformément aux données pharmacocinétiques et pharmacodynamiques).
Ceci est conforme à ce qui est régulièrement observé au niveau des notifications
spontanées faites aux Centre Régionaux de Pharmacovigilance.
53
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LEPELLEY Marion Acidose lactique et metformine : étude cas-témoin appariée et régression logistique conditionnelle, au CHU de Grenoble entre 2008 et 2011 Introduction La metformine est le 1
er antidiabétique oral recommandé dans le diabète de type 2. Sa complication
la plus redoutée est l’acidose lactique (AL). Bien qu’exceptionnelle, l’AL est à l’origine de nombreuses restrictions d’emploi et contre-indications. L’objectif de ce travail est d’évaluer l’association entre la metformine et la survenue d’une AL chez des patients diabétiques de type 2 et de préciser l’importance relative de ses facteurs de risque. Matériel et méthode Dans cette étude cas-témoin appariée, tous les cas d’AL survenus au CHU de Grenoble entre 2008 et 2011 (pH < 7,35 et lactates > 5 mmol/l) ont été appariés à 2 témoins diabétiques. Les antécédents, médicaments néphrotoxiques et évènements cliniques intercurrents ont été collectés dans le dossier médical. Nous avons réalisé une régression logistique conditionnelle afin d’identifier les facteurs de risque significatifs. Résultats Notre étude comprend 302 cas et 604 témoins. Les facteurs de risques significativement associés à la survenue d’une AL chez les patients diabétiques sont l’insuffisance rénale aiguë IRA (OR = 9,58, IC95% = [5,24 - 17,47], p<0,001), l’insuffisance respiratoire aiguë (OR = 9,34, IC95% = [4,76 - 18,32], p<0,001), le sepsis (OR = 8,28, IC95% = [4,28 - 15,99], p<0,001), l’insuffisance hépatocellulaire (OR = 6,51, IC95% = [2,78 - 15,25], p < 0,001) et la décompensation cardiaque aiguë (OR = 3,55, IC95% = [1,84 - 6,84], p < 0,001). La metformine n’est pas considérée comme un facteur de risque significatif (OR = 1,27, IC95% = [0,73 - 2,22], p = 0,390). Il existe une interaction entre la metformine et l’IRA : la metformine augmente significativement le risque d’AL (OR = 1,79, IC95% = [1,09 - 2,93], p = 0,020) en cas d’IRA. Discussion et conclusion Notre modèle permet de quantifier l’importance relative des facteurs de risque de survenue d’AL, dont la metformine. Nos résultats sont en accord avec ce qui est décrit dans la littérature. L’AL survient le plus souvent en présence d’une maladie aiguë chez le patient diabétique de type 2. Les antécédents du patient semblent jouer un rôle modéré dans la survenue d’une acidose, à part l’insuffisance hépatocellulaire. Les situations à risque d’atteinte rénale aiguë (déshydratation, introduction de médicaments néphrotoxiques, bas débit…) nécessitent un suivi étroit des patients traités par metformine.
Mots clés : acidose lactique, diabète de type 2, metformine, régression logistique conditionnelle, étude cas-témoin, insuffisance rénale aiguë
Jury : Mr le Professeur Benoit Allenet (président du jury) Mme le Docteur Céline Villier (directrice de thèse) Mme le Docteur Nelly Wion Mr le Professeur Michel Tod
Date de soutenance : lundi 29 avril 2013