brankica zilovic souvenir from earth · 2019. 12. 7. · brankica zilovic souvenir from earth...

24
BRANKICA ZILOVIC SOUVENIR FROM EARTH GALERIE LAURE ROYNETTE - 20 RUE DE THORIGNY, 75003 PARIS - LAUREROYNETTE.COM - +33 6 08 63 54 41 - [email protected] 4.12.2019 / 11.01.2020 GALERIE LAURE ROYNETTE

Upload: others

Post on 20-Feb-2021

0 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

  • BRANKICA ZILOVIC

    SOUVENIR FROM EARTH

    GALERIE LAURE ROYNETTE - 20 RUE DE THORIGNY, 75003 PARIS - LAUREROYNETTE.COM - +33 6 08 63 54 41 - [email protected]

    4.12.2019 / 11.01.2020

    GALERIELAURE ROYNETTE

  • BRANKIÇA ZILOVIC TRAVAILLE À PARTIR DE MATÉ-RIAUX ISSUS DE L’UNIVERS DU TEXTILE, LESQUELS DONNENT LIEU, AU MOYEN D’INSTALLATIONS ET DE CONFIGURATIONS PICTURALES, À DES PIÈCES MÊLANT BIOGRAPHIE INDIVIDUELLE ET COLLECTIVE.

    Marquée par les paysages enneigés des Alpes di-nariques de son enfance aussi bien que par le contexte et l’histoire de la Serbie, elle coud, tisse ou brode des compositions réticulaires qui prennentl’allure de paysages mentaux. Ses travaux s’inscrivent ainsi à la croisée de considérations individuelles et de préoccupations historiques voire politiques.

  • Tout-Monde 112019, 13x21cm, béton, photos, fil

  • Souvenir from Earth

    Au détour de quelque coin de l’univers inondé des feux d’innombrables systèmes solaires, il y eut un jour une planète sur laquelle des animaux intelligents inventèrent la connaissance. Ce fut la minute la plus orgueil-leuse et la plus mensongère de l’« histoire universelle », mais ce ne fut cependant qu’une minute. A peine quelques soupirs de la nature, la planète se congela et les animaux intelligents durent mourir. Telle est la fable qu’on pourrait inventer, sans parvenir à mettre suffisamment en lumière l’aspect lamentable, flou et fugitif, l’aspect vain et arbitraire de cette exception que constitue l’intellect humain au sein de la nature.Des éternités ont passé d’où il était absent ; et s’il disparaît à nouveau, il ne se sera rien passé.

    « Vérité et mensonge au sens extra-moral » Friedrich Nietzsche (1873) (1)

    Personne ne veut que, comme dans la prophétie nietzschéenne, il ne se soit « rien passé ». En vérité, quand bien même l’humanité disparaitrait demain, rien ne pourra faire qu’il ne se soit « rien passé ». L’Homme aura été, de toute éternité, et avec sa présence, même fugitive, au regard des éternités de l’univers, il se sera passé : des continents à la dérive, des paysages naturels et humains vus, peints, dessinés, photographiés, cartographiés, des passions individuelles et col-lectives, des guerres et des paix, des églises et des dieux, des spiritualités de toutes sortes, des souvenirs...« Souvenir from Earth », la première exposition personnelle de Brankica Zilovic à la Galerie Laure Roynette, à Paris, c’est déjà la promesse solenelle qu’il y aura toujours quelque chose arraché au néant, à la destruction et à l’oubli. Comme on ramène un souvenir de voyage, comme on cherche à graver dans sa mémoire – ou dans celle, plus oublieuse qu’on ne le croit, de son téléphone ou de son ordinateur- l’image de ce qui a été, « Souvenir from Earth » ramène dans l’hétérotopie que constitue la galerie, des représentations diverses : batiments, paysages, choses, êtres, qui sont, qui ont été, pour les pétrifier, parfois au sens propre quand l’artiste les marie au béton, autant que pour les ramener à la vie. Livres, cartes, photos, fresques, tapis...Dans une tentative quasi ency-clopédique de collecter des bribes de ce qu’est, de ce que fut, la vie sur cette planète ci, voici « Souvenir from Earth ».La relation de Brankica Zilovic avec les cartes et les territoires est une vaste et profonde aventure, qui commence à l’orée de « La Pangée » (son premier « planisphère », 2011) et se poursuit depuis, inlassablement.Explorer les frontières, les fractures, les schismes, les rifts, les tirailler, les étirer, les inventer, ré-inventer, triturer, en réseaux nerveux « comme des synapses », affirmer comment la vie est censée bouillonner quoiqu’il en soit...et résister à l’entropie et la mort.Depuis les années 60, de nombreux artistes ( De Jasper Johns à Wim Delvoye, de Robert Smith-son à Alighero Boetti pour n’en citer que quelques uns) se sont intéressés à la représentation cartographique comme espace esthétique permettant d’exprimer des phénomènes complexes au delà de la géographie, qu’ils soient politiques, sociaux, ou se fassent l’écho de territoires en mutation.« L’inadéquation est intrinsèque à la carte», affirmait le logicien américain Nelson Goodman (2). Qu’une artiste comme Brankica Zilovic s’intéresse à la cartographie à l’heure de Google Map indique combien la carte d’artiste agit non comme représentation adéquate d’un réel mais ma-térialisation d’un espace mental, projection de l’ordre de la mémoire, de l’imaginaire et du désir.Cette vision sélective, subjective, et poétique de monde pourrait s’appréhender comme une ri-poste à l’abstraction et à la dématérialisation du monde contemporain. Elle rend un territoire, fusse-t-il fictionnel, mais visible, à un monde paradoxalement en invisibilité, « sans corps ni vi-sage », pour reprendre l’expression de Nicolas Bourriaud (3). Elle propose un atlas du monde, forcément provisoire, témoigne de sa recomposition, dans une lutte, vaine peut-être, contre une nostalgie presque nécessaire.Les cartes de Brankica Zilovic s’inscrivent parfaitement dans ce que pouvaient en dire Deleuze et Guattari (4): elles construisent un réel plus qu’elles ne le décalquent, elles se déplient, se dé-

  • ploient, dans nos temps de repli sur soi, elles déchirent, renversent, bousculent les territoires, s’esquissent comme des méditations sur les temps passés et présents dans le dessein d’un ave-nir.La dimension poétique et fictionnelle des œuvres de Brankica Zilovic n’éludent pas leur caractère à la fois biographique et politique. Les espaces diasporiques qu’elle dessine renvoient dans un premier temps à sa propre histoire - venir d’un « pays qui n’existe plus » - la Yougoslavie-, et par-tager, avec sa compatriote Marina Abramovic, la « culpabilité », sinon « la honte » de la guerre-. C’est un travail de mémoire et de résilience mis en œuvre par l’artiste, éminemment sensible à l’histoire particulièrement tumultueuse de cette Europe des Balkans dont elle est issue, et qu’elle interroge au travers, par exemple, de la série « No Longer mine » (2019), ou encore de « Last view » (2019), une photographie sur béton et rebrodée d’or laissant apercevoir, presque effacée, la maison de son enfance, à la veille de sa destruction. Elle brode, dit-il, pour conjurer les fantômes du passé.Dans un second temps, il lui importe que son histoire personnelle participe à un récit universel, et qu’elle, serbe partie vivre ailleurs, inscrive sa présence dans un monde ouvert, et multiple, un « Tout Monde », comme le définissait Edouard Glissant (5), penseur auquel elle aime se référer. Sa réflexion, comme sa pratique, prend appui sur cette idée d’interpénétration des cultures et des imaginaires, d’un monde qui perdure et/mais qui change, d’où son vif intérêt pour les images d’ici et d’ailleurs, les cartes et les livres, son insatiable curiosité de tout, qu’elle assouvit dans ses voyages, histoire de vérifier que la terre est bien « en partage pour tous ». Ses œuvres sont à l’image de ce monde-là, mouvantes, chaotiques. Par le travail de la broderie et des fils, les élé-ments s’y croisent, se rencontrent, surgissent, disparaissent, se transforment.Glissant dirait que de ce chaos-monde, celui dans lequel nous vivons, celui que l’artiste décrit, une nouvelle humanité émerge ou émergera...Si ce n’était que, dans ces enchevêtrements du subjectif et de l’histoire, le monde que raconte Brankica Zilovic est au bord du vacillement, à bout de souffle.Nous avons tous cette conscience diffuse, et angoissante, sinon de l’effondrement, au moins de l’effritement de notre monde. On pourrait dire que cette impression n’est pas nouvelle. L’Histoire de l’Humanité est jalonnée de moments de ruptures des ordres établis, de retournements et de révolutions, d’émergences et de crises...La crise, explique Hannah Arendt (6), fait apparaître de nouvellespossibilités d’être, offre une occasion de renaissance. Mais aujourd’hui, à la différence de nos aïeux atteints du mal du siècle – un vague à l’âme entre deux moments décisifs de l’Histoire, « où l’on ne sait, à chaque pas qu’on fait, si l’on marche sur une semence ou sur un débris » (7)-, et pour filer la métaphore médicale, il n’est pas impossible que nous ne soyons plus en crise, mais à l’ apex, c’est-à- dire au moment, crucial et définitif, où l’on survit...ou trépasse. Il y eut un avant mais y aura-t-il un après ?Alors peut émerger la tentation de liquider ce vieux monde perdu, de manière provisoire, dans l’attente d’une apocalypse, au sens propre, ou de manière radicale, pour en finir vraiment, car comme le disait Nietzsche, il n’y a guère de nécessité de la présence humaine sur terre.Y a t-il quelque chose de cet ordre chez Brankica Zilovic ? Cela expliquerait la dimension ly-rique et nostalgique, presque fiévreuse et romantique de nombre de ses œuvres, lorsque les fils fuyants ses cartes et ses livres pourraient matérialiser une sorte de deliquescence, que les noir et blanc virant au gris des photographies sur les morceaux de béton comme des vestiges, ruines du temps présent, se parent d’ors bientôt fanés...Non que Brankica Zilovic se laissât prendre à l’utopique nostalgie d’un passé arcadien – inclination trompeusement contemporaine- mais on pourrait bien interpréter l’émotion qui se dégage de ces œuvres comme un écho plus ou moins lointain de ce que Burke (8) appelait le sublime : quelque chose de l’ordre de la terreur et du danger, l’excitante délectation du bord du précipice. Là où nous en sommes, précisément, dans l’Histoire de l’Humanité.Mais dans le même temps, ces même œuvres, ou d’autres encore, magnifient de toute force ce

  • qu’il reste encore à sauver, à l’instar de la banquise, symptôme le plus visible, le plus spectacu-laire, et le plus tangible du changement climatique, qu’elle évoque dans plusieurs œuvres : « Holy Icefloe » (2019), cousue d’or, « Puzzling world » (2019), réalisée dans une technique de tuftage coloré et dense, ou encore « 4,15 millions» (2019), de la superficie restante de la banquise mon-diale en 2019.Ses photographies sur béton expriment la volonté farouche de fixer, de sauver, par la pétrification, toute une stratification de souvenirs mais aussi quelques monuments, souvent religieux, français mais pas seulement, qu’elle a choisi de montrer/conserver.En brodant des livres anciens (choisis souvent pour leur contenus signifiants) de cartes, parfois semblables à des plans de villes assiégées, des citadelles, parfois laissant s’échapper du bleu de la mer des fils pareils à des torrents, elle les réactive d’une certaine manière. Objets de savoir et d’imaginaire en passe de disparaitre dans le vortex numérique, ils redeviennent objet d’une transmission, même si le texte se perd derrière la représentation brodée comme de force dans l’épaisseur du livre.Dans tous les cas, il s’agit de se réapproprier les images et les choses, comme s’il fallait réanimer le monde, lui donner un nouveau souffle malgré un horizon aussi sombre qu’abstrait.Cette conjuration de la disparition passe par une confrontation on ne peut plus concrète à la matière – d’innombrables heures passées sur ses ouvrages-, bien réelle, contre la virtualisation croissante, et vertigineuse, de notre monde, et par une profusion des médiums et des matériaux convoqués. Richesse des motifs, couleurs, fils, broderies, foisonnement des supports, le travail de Brankica Zilovic porte une dimension baroque, tant sur le plan formel que spirituel, à laquelle la luxuriance de l’or, utilisé ici de manière récurrente, n’est pas étrangère.On pense d’abord, bien sûr, à l’influence de l’art byzantin et de l’iconographie orthodoxe, très présents dans la culture originelle de l’artiste. Matière ultime, couleur qui ne vit pas de la lumière mais qui porte en elle-même son propre rayonnement, l’or symbolise le pur éclat, la lumière di-vine. On songe ensuite, donc, à ce que l’or apporte au vocabulaire de l’esthétique baroque, cet emportement de l’émotion « vers le haut », ce soutien de la plus précieuse des matières au senti-ment religieux.Donner sens à la crise, disait donc Hannah Arendt (6), c’est résister à la disparition et affirmer que le nouveau est encore possible. Et le nouveau, écrivait la philosophe, est toujours un miracle.Si, pour Brankica Zilovic, l’idée de la finitude, qui est pourtant l’essence même de l’existant, reste inacceptable, l’acte de création lui apparaît comme un moyen d’exorciser cette malédiction, re-joignant en cela les conceptions les plus anciennes de l’art comme moyen de survivance au delà de la mort, comme fragment d’éternité. Alors, l’acte de création auquel se soumet chaque jour Brankica Zilovic participe de ce miracle, de cette « promesse de rédemption pour ceux qui ne sont plus un commencement ».(9)C’est ainsi que s’ouvre, et d’une certaine manière, se clôt l’exposition : avec cette grande pièce murale , simplement appelée « Life » (2018), plus puissamment colorée que la plupart des oeuvres présentées. Un monumental planisphère en toute liberté, dans lequel volumes et épaisseurs jouent avec des frontières qui se dilatent, éclatent, se dissolvent et se reconstituent, un Tout-Monde bouillonnant et bien au delà du sursis, parcouru d’énergiques secousses et de synapses violentes et joyeuses à la fois, avec, dit l’artiste, une certaine frivolité, de la légèreté et par dessus tout, une foi intense, et irradiante, en la vie.

    Marie Deparis-Yafil Novembre 2019

    (1) Friedrich Nietzsche - Œuvres, Chapitre 1 - Éditions Gallimard, coll. « Pléiade », 1975 et 2000, t. I, p. 403 (2) Nelson Goodman - Manières de faire des mondes, tr. fr. M.-D. Popelard, Paris, Editions Gallimard, 2007 (3) Nicolas Bourriaud, catalogue de l’exposition « GNS », Palais de Tokyo, Editions Cercle d’art, 2003(4) Gilles Deleuze, Félix Guattari - Mille plateaux - Collection « Critique », les Editions de Minuit, 1980.(5) Edouard Glissant – Traité du Tout-Monde, Editions Gallimard, 1997(6) Hannah Arendt – Condition de l’homme moderne – Editions Calmann-Levy, 1961 et 1983(7) Alfred de Musset - La Confession d’un enfant du siècle (1836), I, chapitre 2. - Editions Gallimard, 1973(8) Edmund Burke- Recherche philosophique sur nos idées du sublime et du beau ( 1757) – Editions Vrin, 1998 (9) Hannah Arendt, Journal de pensée (1950-1973), Editions du Seuil, vol.1, p. 231, IX, 12, 2005

  • Tout-Monde 62019, 13x21cm, béton, photos, fil, feuille d’or

  • L’OUBLI, LA PERTE, OU LA DÉGÉNÉRES-CENCE, MOTEURS DU TRAVAIL DE BRANKIÇA, NE SONT RIEN DE MOINS QUE DES APPELS À DE NOUVEAUX RECOMMENCEMENTS. DE LÀ, LA NÉCESSITÉ DE SAISIR SES COMPOSI-TIONS COMME L’EXPRESSION D’UNE FORME D’OPTIMISME, UN OPTIMISME QUI RESTE-RAIT LATENT, PARADOXAL PEUT-ÊTRE, UN OPTIMISME QUI ACCUEILLERAIT LA VIE ET SES POSSIBLES PLUTÔT QUE SES REGRETS.

  • Tout-Monde 1 2019, 13x21cm, béton, photos, fil

    Tout-Monde 2 2019, 13x21cm, béton, photos, fil

    Tout-Monde 3 2019, 13x21cm, béton, photos, fil

    Tout-Monde 42019, 13x21cm, béton, photos, fil, feuille d’or

    Tout-Monde 5 2019, 13x21cm, béton, photos, fil

    Tout-Monde 62019, 13x21cm, béton, photos, fil, feuille d’or

    Tout-Monde 7 2019, 13x21cm, béton, photos, fil

    Tout-Monde 8 2019, 13x21cm, béton, photos, fil

    Tout-Monde 9 2019, 13x21cm, béton, photos, fil

    Tout-Monde 10 2019, 13x21cm, béton, photos, fil

  • UNE TRACE GRAPHIQUE SEM-BLABLE À DES SUTURES OU DES CICATRICES, PEUT-ÊTRE PARCE QU’IL EST QUESTION DE RACCOMMODER CE QUI ÉMANE DU PASSÉ AFIN DE RESTER AMARRÉ À LA RÉALITÉ.

    Tout-Monde 23 2019, 32x40cm, béton, photos, fil, feuille d’or

    Tout-Monde 16 2019, 26x34cm, béton, photos, fil, feuille d’or

    Tout-Monde Golden Lines 2019, 32x40cm, béton, carte, fil

    Tout-Monde 17 2019, 26x34cm, béton, photos, fil, feuille d’or

    Tout-Monde 18 2019, 26x34cm, béton, photos, fil, feuille d’or

  • Tout-Monde 192019, 26x34cm, béton, photos, fil, feuille d’or

  • Tout-Monde 12 2019, 21x13 cm, béton, photo

    Tout-Monde 13 2019, 21x13 cm, béton, photo, fil

    Tout-Monde 14 2019, 21x13 cm, béton, photo, fil

    Tout-Monde 15 2019, 21x13 cm, béton, photo

    Tout-Monde 16 2019, 21x13 cm, béton, photo

  • Tout-Monde 16 2019, 21x13 cm, béton, photo

    Brankiça Zilovic travaille à partir de matériaux issus de l’univers du textile, lesquels-donnent lieu, au moyen d’installations et de configurations picturales, à des pièces mêlant biographie individuelle et collective. Marquée par les paysages enneigés des Alpes dinariques de son enfance aussi bien que par le contexte et l’histoire de la Serbie, elle coud, tisse ou brode des compositions réticulaires qui prennent l’allure de paysages mentaux. Ses travaux s’inscrivent ainsi à la croisée de considérations individuelles et de préoccupations historiques voire politiques. (...) Certains de ces fils sont tendus et se ramifient en un réseau nerveux, comme un système neuronal traversé par un nombre incalculable d’impulsions électriques naviguant de synapse en synapse, ou comme une toile d’araignée dont la trame parvient à transmettre de fines vibrations, alertant sur l’imminence d’une proie. (...)

    Une première lecture de ces œuvres viserait sans doute à signifier une géopolitique en déliquescence, un monde soumis à une érosion inévitable, cependant que le sen-timent de perte se joue davantage en profondeur qu’en surface. (...) Chaque point, ligne ou surface se dédouble continuellement, reflétant des histoires sans début ni dénouement que l’on ressasse sans arrêt. Le plan de l’œuvre agit alors telle une membrane, dissociant la réalité que l’on parcourt de celle qui nous pénètre, pour qu’une géographie personnelle puisse se substituer à une géographie politique, affir-mant ainsi une fragilité qui s’étend au-delà des apparences.(...)Paradoxalement, cette cartographie, en ne menant nulle part ailleurs que dans les méandres de la psyché,à traduit non tant des territoires et des espaces que des allu-sions temporelles, en particulier lorsque l’on s’attache à leur mode de réalisation. En effet, la répétition, l’accumulation et le labeur mettent en exergue une exigence quo-tidienne, sinon une obsession ; le temps se dilate, il affiche une dimension expiatoire, comme s’il s’agissait de conjurer les démons du passé en substituant à la mémoire la mécanisation du geste. Les lourds récits d’antan peuvent ainsi être dilués dans un absolu présent porté par la répétition à outrance. Bien davantage, ces mêmes gestes laissent derrière eux une trace graphique semblable à des sutures ou des cicatrices, peut-être parce qu’il est question de raccommoder ce qui émane du passé afin de rester amarré à la réalité. (...)

    On retrouve ainsi dans le travail de Brankiça une forme de nécessité fondamentale. Le caractère obsessionnel accompagne le besoin de composer avec une histoire per-sonnelle.

    L’oubli, la perte, ou la dégénérescence, moteurs du travail de Brankiça, ne sont rien de moins que des appels à de nouveaux recommencements. De là la nécessité de saisir ses compositions comme l’expression d’une forme d’optimisme, un optimisme qui resterait latent, paradoxal peut-être, un optimisme qui accueillerait la vie et ses possibles plutôt que ses regrets.

    Julien Verhaeghe

  • Brankica Zilovic développe un travail pour lequel le fil ap-parait de façon récurrente. La broderie et les univers du textile se sont progressivement associés à ses pratiques au moyen d’installations, de configurations picturales ou de dessins. Particulièrement attentive à une biographie à la fois individuelle et collective, en restant notamment mar-quée par le contexte et l’histoire de la Serbie, elle procède à des actes mémoriels dans lesquels le rapport à l’accu-mulation, la répétition et l’abnégation lui permettent de laisser émerger des configurations rhizomatiques. Celles-ci arborent une complexité presque neuronale qui en dé-finitive, reflète le monde d’aujourd’hui.

    No longer mine 10 2019, 19,5x29cm

  • No longer mine 112019, 19,5x29cm

  • No longer mine 2 2019, 19,5x29cm

    No longer mine 8 2019, 19,5x29cm

    No longer mine 3 2019, 19,5x29cm

    No longer mine 12 2019, 19,5x29cm

    No longer mine 4 2019, 19,5x29cm

    No longer mine 7 2019, 19,5x29cm

  • Life 2018 broderie et textile sur feutre, 186x450cm

  • Unknown continenttufftage de laine sur canvas, 150x170cm

  • Beautiful Driftings2019, tufftage de laine sur canvas,150x170cm

  • EXPOSITIONS COLLECTIVES 2019 / Private Choice, Paris / VIII Biennale d’Art Textile Contemporain, Madrid / Sorcières, H2M Centre d’art Contemporain, Bourg-en-Bresse, commissariat Marie Deparis / Tisser votre Mémoire, Centre d’art Rosa Bonheur, Chevilly –Larue, commissariat Fabienne Leloup / Journey throughout Serbian Contemporary Art, commissariat Maja Kolaric, Serbian Cultural Center in Peking, 789 Art Center, Chine / Cartographie ou le monde à déchiffrer, commis-sariat Bruno Dubreuil, Immix galerie, Paris / Hi November, Galerie Vistrine65, Paris

    2018 / Paysage Croisées, Abbaye mauriste de Saint Florent de Vieil / Color Lucida, commissariat Alexandra Lazar, Centre culturel de Serbie, Paris / Le Pavillon de l’Exil 03- Escale à Saint-Louis, Institut Français de Saint-Louis Ga-lerie du Fleuve, Sénégal, Commissaires Marie Deparis- Yafil et Mounir Fatmi / Wormholes, commissariat Clément Thibault et Mathieu Weiler, galerie Laure Roynette, Paris / Borderline, Arte&Arte, Miniartextil, Montrouge /

    2017 / Mauto, Hit Parade, Musée nationale d’automobile, Turin (1er prix MAUTO) / Beyond the Map, PARATISSIMA XIV, commissariat Soriana Stagnita, Torino / Borderline, Arte&Arte, Miniartextil, Como, Italie / Voyage: A Journey through Contemporary Serbian Art, commissariat Maja Kolaric, Musée des arts de Chine, Shanghai, Chine / Varia-tions de mondes, commissariat Marina Pirot, Centre d’art Saint Sauveur, Rocheservière / Science-Fiction, Chapelle Saint Sauveur, Issy-les-Moulineaux / Histoires de Points, Galerie Laure Roynette, Paris

    2016 / Rituels et Sortilèges, Musée Français de la carte à jouer, commissariat Julien Verhaeghe, Issy-les-Mouli-neaux / Material Culture, William Rolland Fine Art Gallery, commissariat Rachel T. Schmid, Thousand Oaks, États-Unis / Salon du dessin érotique, SALO IV, commissariat Laurent Quehenen / Arsenic et belle dentelles, commissariat de Sandrine Ayrole, Goussainville

    2015 / Methamorphose is, commissariat de Sandrine Elberg, Ventre de Baleine, Pantin / Passage des rites, Plate-forme, Paris / DDESSIN, Atelier Richelieu, Paris

    2013 / Au-delà de nos rêves, Monastère Royale de Brou, Bourg-en -Bresse, commissariat de Marie Deparis Yafil /A nos pères, Galerie 2.13, Paris / Arsenic et belles dentelles, commissariat de Sandrine Ayrole, Pierfitte sur Seine /Around drawing, Galerie 2.13, Paris

    2012 / Ouverture, Galerie 2.13, Paris

    2011 / Suture, commissariat de Marie Deparis-Yafil, Galerie Charlotte Norberg, Paris / Drawing Now, Salon du dessin contemporain, Galerie Charlotte Norberg, Paris / De l’AIR, Maison des Arts, Créteil

    2010 / Precious Land, Centre Culturel Municipal, Gentilly / Chic Art Fair, Galerie 2.13, Paris / Paysage 2, Espace Croix-Baragnon, Toulouse / Traversée d’Art, Château de Saint-Ouen / Ce qui les rapprochaient, alors…, Galerie Charlotte Norberg, Paris / Jeune Création 1951-2010, Espace d’art Contemporain Eugène Beaudouin, Antony

    2009 / Carrefour 2, Galerie du Centre Culturel de Serbie, Paris / Between us…12, Galerie Miss China -Beauty Room, Paris

    2008 / 50X50, Galerie 2.13 PM, St Cloud / Les apparences sont trompeuses, Les Salaison, Romainville

    BIOGRAPHIEEXPOSITIONS PERSONNELLES - Paysages croisées, Abbaye mauriste Saint-Florent de Vieil, juin 2018- Material Recollection, Galerie « Beograd », Belgrade, juillet 2017- Incarnation Textiles, Project Space Artéfact, Paris, juin 2016- Hasard, l’imprévue et d’autres aléas, Centre d’art Max Juclier, Villeneuve la Garenne, mars 2012- Filanature, Maison des arts de Grand Quevilly (Rouen), novembre 2009- Ariane aux pays de merveilles, Galerie Chaos, Belgrade, septembre 2009- Paysage de rêverie, Galerie 2.13 PM, St Cloud, juin 2009- Couture in Progress, Galerie 2.13 PM, St Cloud, janvier 2006- Fashion is everybody’s obsession, Maison des arts de Créteil, Créteil, 2004- Robe, Musée de la Dentelle, Caudry, 2003

  • 2007 / A3 - art, Foire saint-Germain, Place St-Sulpice, Paris / La Vie en Fil, Les Art au Vert, festival d’art contemporain, Maettle, Stossvihr

    2006 / 06, Main d’œuvres, Saint-Ouen / ContempoReine(s), Gougenheim-Paris 6, Paris / Petites Formats, Galerie 2.13 PM, Paris / A3 - art, Foire Saint-germain, Place St-Sulpice, Paris / Châteaux et Demeures de France, organisé par Sylvie Besse, Paris / Make you imagine, Le coq sportif, organisé par Nos Vos, Japon

    2005 / Novembre à Vitry, Prix de peinture de la ville Vitry-sur-Seine / Eclat Château de Baulieu, Riorges, (Loire) / Art/Matières Espace Assurance Saint-Honoré- Avenue Matignon, Paris / Intra Muros, International Contemporary Art Asso-ciation, organisé par Jacques Aldebert

    2004 / A plus Galerie Eiswürfel, Kolonie Wedding, Berlin / Khaki Eternel Galerie Miss China-Beauty Room, Paris / Jeune Création 2004, Grand Halle de la Villette, Paris / Biennale de la jeune création, Houilles (Yvelines) / Salon de Montrouge, Salon européen des jeunes créateurs, Montrouge / Prix de peinture Antoine Marin Galerie Municipale Julio Gonzalez, Arcueil / 2ème Prix de peinture Antoine Marin / Rencontres internationales d’art contemporain, Chizé, (Deux Sèvres) / Inattendus, Espace Charonton, Paris / L’étranger dans la ville, semaine de cultures étrangères, Galerie du Centre Culturel SCG, Paris

    2003 / Novembre à Vitry, Prix de peinture de la ville Vitry-sur-Seine / Contacts Open Air Muséum Old Village, rési-dence Sirogojno, Serbie / Galerie Enviedart.com, Paris

    2002 / Entre l’art et la mode Galerie Gauche, ENSBA, Paris / Conversation a sept, Galerie du Centre Culturel SCG, Paris / Pont des arts, Galerie du SKC, Belgrade

    2001 / Fondation d’entreprise Barbara, Paris / Bura, Galerie SKC, video » dancing with myself, Belgrade, 2001

    PUBLICATIONS2017 / Catalogue Borderline Miniartextile 2017

    2016 / Catalogue Arsenic et belles dentelles, texte Sandrine Ayrole / Catalogue, SALO IV

    2013 / Catalogue Au-delà de nos rêves, Monastère Royale de Brou, Bourg-en –Bresse

    2011 / Catalogue Drawing Now 2011, Carrousel du Louvre, Paris / Catalogue Paysage 2, Espace Croix Baragnon, Toulouse

    2009 / Arts Magazine, Au fil du Paysage, Dans les galeries par Jérôme Buisson / Paysage de rêverie, texte Frédérique Paumier Moch/ Filanature, texte Bernard Point /Ariane aux pays de merveilles, texte Bogdan Pavlovic / Traveler above above a sea clouds, texte Nicola Marian Taylor

    2008 / Be-Art Website, Talents émergents, par Beatrice Chassepot / Cimaise, En ligne par Caroline Figwer /Couture in progress , texte Tirer le fil, par Frédérique Paumier Moch

    2005 / Catalogue, Novembre a Vitry, Vitry sur Seine / Programmation, Eclat d’été, Riorges / Frends Magazine, Li-fe&Style,par Juliette-xiao juin Michaud / Journal de la maison, reportage Un charme discret par Catherine Cornille

    2004 / Étapes, Agenda, images filées par Lewis Blackwell / Paris-art.com, Fashion is everybody obsession par Josko Tomasovic / Paris-art.com, Beauty Room, Khaki Eternel par Josko Tomasovic / Paris-art.com, texte par Marguerite Pil-ven / Europeplusnet.com, Etrangères, plutôt deux fois qu’une par Nathalie Van Batten / Catalogue, Biennale de la jeune création - Houilles / Kahki Eternal, présentation tendances mode- Miss China Beauty - Paris / Catalogue,Vente aux enchères public- Million & Associes, Paris / Catalogue, Théâtre Vanves- saison culturelle -Vanves / Catalogue, Maison des art de Créteil, saison culturel, Créteil / Catalogue 49e Salon de Montrouge – Montrouge 2004- commissaire Nicole Ginoux / Catalogue, Jeune Création 2004, Paris / Catalogue, A Plus, Kolonie Wedding - Berlin / Programmation, 35 Centres et institutions culturels étrangers à Paris / Catalogue, CD Rom, Les Innatendus, Paris / Zurban, C’est comme ça qu’on laine, article Marie-Anne Bruschi / Zurban, Déco, Néo Galerie, article Marion Dupuis / Télérama, Autres scènes, Mix par Cathy Blisson Biennale de la jeune création, Paris

    2003 / Catalogue Novembre à Vitry, Vitry sur Seine, 2003 / Oui Magazine, Palette passion par Anne-Marie Cattelain-Le Du, Paris / Oui Magazine, Couleurs par Anne-Marie Cattelain-Le Du, Paris / Catalogue CDRom, Diplômés de l’ENSBA, Paris

    2001 / Paris Voice June 2001 Cityscan texte par Georgina Oliver

  • GALE

    RIE

    LAUR

    E RO

    YNET

    TE

    Laure Roynette ouvre sa galerie en 2011 dans le quartier du Marais. Elle y représente la jeune garde artistique et soutient le travail hors les murs de ses artistes. A deux pas du musée Picasso, la galerie représente aujourd’hui une quinzaine d’artistes perfor-mers, peintres, vidéastes, photo- graphes, « avec davantage de femmes que d’hommes » comme le remarquent certains observa- teurs... Laure Roynette aime surprendre ses collectionneurs et, faisant sienne l’expression de Robert Storr « Machines à aura », aime « les œuvres qui stimulent, aident à réfléchir sur la vision du monde et peut-être même parfois à la changer ».

    CONTACT PRESSELaure Roynette GALERIE LAURE ROYNETTE 20 rue de Thorigny, 75003 Paris

    +33 6 08 63 54 41 [email protected]

    MARDI AU SAMEDI 11h-13h & 14h-19h ou sur RDV