bridge builder #11 bien commun et territoire : oikos & logos

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Common Good Forum/Bridge-Builder#11 1 Bridge - B uilder B-B#11, 2015 . OIKOS & LOGOS . . BIEN COMMUN ET TERRITOIRE .

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Dans ce Bridge-Builder #11, le territoire est perçu à l’aune de la pensée du Bien commun, c’est-à-dire autour de trois ensembles inter-reliés (cf. Introduction générale de Violaine Hacker) : Les ressources matérielles oui immatérielles, tels les biens publics ou autres biens mis en commun. La communauté du bien, considérée comme le caractère effectif de l’accès de chacun aux biens communs, tels les services publics. Le bien du bien commun qui pose la question essentielle du bonheur dans la cité, et de l’équilibre de la relation entre la personne et la communauté. La confrontation des Expériences nous permet de nous poser quelques bonnes questions - au-delà de vérités arrêtées. Il s’agit ensuite de pouvoir s’adapter de façon pragmatique à chaque territoire. Pr Pierre Calame aborde le territoire en considérant que l’économie doit revenir à son sens étymologique, « oïkos », le foyer, la maison commune, et « nomos », la loi. Camille Favier propose alors un cas concret de gestion des commun

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Common Good Forum/Bridge-Builder#11

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Bridge- Builder "

B-B#11, 2015

. OIKOS & LOGOS . . BIEN COMMUN ET TERRITOIRE .

Common Good Forum/Bridge-Builder#11

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BRIDGE-BUILDER

Bridge-Builder est un outil d’interface facilitant la discussion ouverte ou l’expression d’idées, requis par la philosophie du Bien commun : une Expérience ! Un Processus déli-bératif et éthique !

Il vise à rassembler des Penseurs et Praticiens afin de favoriser des propositions inno-vantes de gouvernance des Communs :

1° En facilitant l’échange d’information et de bonnes pratiques, et en construisant des synergies entre les organisations de la société civile et les décideurs.

2° En valorisant les acteurs et la visibilité des politiques innovantes des acteurs locaux au plan international.

BRIDGE-BUILDER

Bridge-Builder is a medium of open discussion or expres-sion of ideas, required by the philosophy of the Common Good: an Experience ! A Deliberative and Ethical Pro-cess!"It brings together Thinkers and Practitioners for Innova-tive-Commons-Based Solution:

1. To facilitate exchange of information and best prac-tices and build synergy between civil society organisa-tions with decision-makers.

2. To raise the profile and the visibility of innovative poli-cy, 3 thinking and practices of local actors on the global scene.

Common Good Forum/Bridge-Builder #11

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EDITORIAL"Ce Bridge-Builder #11 représente une nouvelle occasion de rassembler des ac- teurs capables de partager leurs Expériences, leurs parcours ou visions différentes pour réactualiser la pensée du Bien commun. Des personnalités francophones, mais aussi des correspondants anglophones, partagent ici leurs expériences du ter-ritoire. Bridge-Builder constitue en effet un outil d’interface facilitant la discussion ouverte ou l’expression d’idées, requis par la philosophie du Bien commun : une Expérience, un Processus délibératif et éthique !

Différents prismes proposés par la pensée du Bien commun (cf. Introduction) faci-lite la compréhension des nouveaux enjeux liés au territoire. Ce Bridge-Builder #11 vise ainsi à rassembler des Penseurs et Praticiens afin de favoriser le partage de propositions pour une bonne gouvernance des communs, de penser l’avenir du ter-ritoire, et surtout la place de la personne dans la communauté. En effet, la Cité n’est ni une communauté de lieu, ni le territoire national qui existerait en vue d’évi-ter les injustices mutuelles ou de pratiquer l’échange. C’est davantage en vue des belles actions ou de l’épanouissement des citoyens, et non du seul vivre-ensemble (suzên), que la communauté politique est instituée. Les Hommes se voient réunis par un choix - proairésis - de vie commune, assurée et consolidée par la référence à un même passé mythique, à des héros communs, à des rites et des lois intégrées progressivement et partagées. Le territoire naît de la vie et de la pratique sociale, il fait sens. On opposera ainsi les territoires qui évoquent une communauté de vie, aux espaces (regroupement de communes ou création de districts par exemple).

En ce sens, reconsidérons la chose publique et l’économie, celle-ci qui doit revenir à son sens étymologique, « Oïkos », le foyer, la maison commune, et « Nomos », la loi.

" """Violaine Hacker Common Good Forum

www.commongoodforum.eu

[email protected]

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OIKOS & LOGOS ? "

Dans ce Bridge-Builder #11, le territoire est perçu à l’aune de la pensée du Bien commun, c’est-à-dire autour de trois ensembles inter-reliés (cf. Introduction générale de Violaine Hacker) :

1. Les ressources matérielles oui immatérielles, tels les biens publics ou autres biens mis en commun."

2. La communauté du bien, considérée comme le caractère effectif de l’accès de chacun aux biens communs, tels les services publics.

3. Le bien du bien commun qui pose la question essentielle du bonheur dans la cité, et de l’équilibre de la relation entre la personne et la communauté.

La confrontation des Expériences nous permet de nous poser quelques bonnes questions - au-delà de vérités arrêtées. Il s’agit ensuite de pou-voir s’adapter de façon pragmatique à chaque territoire.

Pr Pierre Calame aborde le territoire en considérant que l’économie doit revenir à son sens étymologique, « oïkos », le foyer, la maison commune, et « nomos », la loi. Camille Favier propose alors un cas concret de gestion des communs par une communauté associant les sec-teurs privé et public.

Dr Chansigaud nous apporte un éclairage à la fois culturel et historique pour nous rappeler les différentes perceptions culturelles quant aux re-lations à la Nature. En ce sens, la place de la personne dans la com-munauté - au- delà de l’espace - ne doit pas être négligé. L’exposé du Dr Chinta Mani Yogi nous éclaire alors sur le rôle de l’éducation dans un tel contexte global pour assurer la paix et l’harmonie.

Enfin, les expériences d’urbanistes (Brigitte Bariol, Nathalie Cecutti) mais aussi de passionnés des biens communs (Romain Lalande, Michel Briand) aide à imaginer le Bien commun sur le territoire, ce qui permet par exemple de monter des projets solidaires (Basma Tliba) favorables à l’épanouissement de la personne dans la communauté.

Bridge-Builder #11, 2015

Crédits Photos :Julien Bellanger, Crucific Jean-Luc, Hartmut Tobies, Chris Sardega, unsplash, picjumbo, s tockexchange, p ixabay, comp- fight, photopin, morgue-file, gratisography.

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Introduction Violaine Hacker9Bridge-Builder Pierre Calame, Camille Favier1 9Thinkers

Dr Chansigaud, Dr Chinta Mani Yogi 3 4Practitioners

Brigitte Bariol, Nathalie Cecutti, Ro-main Lalande, Basma Tliba, Michel-Briand, Adam Parsons, Rakesh Mak-wana

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News Partenariats, Chartes sociales7 0

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��� ��� ��� Pierre Calame Camille Favier Dr Chansigaud

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��� ��� ��� Dr Chinta Mani Yogi Brigitte Bariol Nathalie Cecutti

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��� ��� ��� Romain Lalande Basma Tliba Michel Briand

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��� ��� Adam Parson Rakesh Makwana

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PARTICIPANTS

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BIEN COMMUNLe Bien commun ne renvoie pas seulement à une finalité, - ce qui reviendrait seulement à penser 'pour' le Bien commun. Cette philosophie se concentre surtout sur le processus de délibération éthi-que - penser ‘par’ le Bien commun. Celui-ci doit permettre de gouverner des ressources mises en commun - les biens communs, en conciliant épanouissement de la Personne et utilité sociale au sein de la Communauté.

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BIEN COMMUN & TERRITOIRELE BIEN COM- MUN, COMME CONSTRUIT TERRITORIAL Par Violaine Ha- cker,

Common Good Forum"Bien commun et biens com-muns "Le matériel et le spirituel "Depuis l’Antiquité, la notion de Bien commun repose sur une vision à la fois matérielle et spirituelle. Elle désigne certes des modes de propriété, mais aussi les choix d’organisation socio-po-litique favorables à l'harmonie collec-tive.Thomas d’Aquin (XIIIe) a en effet propo-sé, dans sa notion philosophique de bonum communis, une lecture spiri-

tuelle. Il avait réétudié la pensée d’Ari-stote qui, contrairement à Platon, considérait que la communauté des biens générait plus de différends que l'appropriation privée. La cité grecque impliquait en effet davantage la recon-naissance de la pluralité de ses membres. Le Stagirite élargissait alors la notion de Bien commun à la re-cherche de la vie vertueuse, où chacun avait un rôle défini dans la communau-té. "En ce sens, la Cité n’est ni une commu-nauté de lieu, ni le territoire national qui existerait en vue d’éviter les injustices mutuelles ou de pratiquer l’échange. C’est davantage en vue des belles ac-tions ou de l’épanouissement des ci-toyens, et non du seul vivre-ensemble (suzên), que la communauté politique es t i ns t i t uée . Les Hommes se voient réunis par un choix - proairésis - de vie commune, assurée et consolidée par la référence à un même passé my-thique, à des héros communs, à des rites et des lois intégrées progressive-ment et partagées. Le territoire naît de la vie et de la pratique sociale, il fait sens. "On opposera ainsi les territoires qui évoquent une communauté de vie, aux espaces (regroupement de communes ou création de districts par exemple). L’aspect matériel doit, sur une base concrète, permettre d'atteindre la réali-sation de cet objectif d’ordre plus spiri-tuel. On conserve ainsi actuellement du droit romain l’aspect matériel desdits

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biens communs, ces ressources telles que l’eau ou le savoir.Sur ce fondement, divers courants de pensée ont réinterprété l’opposition originelle entre visions matérielle et spirituelle. Un corpus plu-ridisciplinaire propose une analyse dyna-mique qui  repose sur un équilibre entre réa-lisme politique et idéalisme éthique. La notion de Bien commun permet surtout d’aborder de manière systémique la durabilité spatiale, de sortir d’une approche essentiellement centrée sur les questions techniques, et d’intégrer une vision plus phénoménologique et sociale. L’Homme n’est plus considéré comme un simple individu - homoeconomicus isolé et rationnel, mais plutôt comme une personne, un être communautaire doué d’affect, de spi-ritualité et d’imagination."Un objet, un processus, une finalité "Le Bien commun ne renvoie pas seulement à une finalité, - ce qui reviendrait seulement à penser 'pour' le Bien commun. Cette philoso-phie se concentre surtout sur le processus de délibération éthique - penser ‘par’ le Bien commun. Celui-ci doit permettre de gouver-ner des ressources mises en commun - les biens communs, en conciliant épanouisse-ment de la Personne et utilité sociale au sein de la Communauté.La notion de Bien commun désigne en pre-mier lieu une expérience (praxis) fondée sur une délibération éthique permanente. Cette notion ne propose donc pas une vision sta-tique ou prédéterminée, mais suppose davan-tage la recherche de consensus ou de projets qui sont à penser, à imaginer. Comprendre la gouvernance des communs suppose de tenir compte de la diversité des  situations, des choix co l lect i fs et des mécanismes de  changement, en  particulier dans un con-texte global-local. Ce travail procède plus de la dynamique créatrice de l’imagineur que de la pure logique déductive. Le Bien commun n’est pas du seul ordre du bien et du mal, ou de la no-tion de morale de droits de l’Homme (libéral-

isme juridique) qui fixe de façon statique des interdits (violation des droits fondamentaux) et des possibilités (égalité des chances dans la diversité des talents). Ce qui importe dans la pensée du Bien com-mun, ce n’est pas tant le contenu du discours que le processus dans lequel il s’inscrit. Penser par le Bien commun ne représente surtout pas une injonction, une conduite à suivre, ou une livraison de solutions. Il pose

plutôt des problèmes qui supposent l’affirma-tion des capacités de l’Homme à évaluer les situations, et les conduites à tenir en tant qu’expression du désir, - au-delà de tout dogmatisme ou relativisme. Que serait un bien commun défini par une seule personne ou un groupe de personnes, sinon une tyran-nie."La pensée complexe et phénoménologique du Bien commun suppose en effet de prendre en compte l'expérience humaine, la culture, les mécanismes de changement. En ce sens, la gouvernance des ressources n’est pas comprise seulement sous l’angle matériel, mais demande que l’on tienne compte de l’aspect spirituel de la personne et que l’on opte pour une lecture spatiale (le lien global-local en particulier), et temporelle (pour imaginer la création et la transmission, et penser le changement).

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Les biens communs ne seront pas ici consid-érés uniquement sous l'angle uniquement matériel, mais surtout sous l'angle des possi-bilités des personnes dans les communautés de les gérer, afin de considérer le bien com-mun comme un construit territorial."A. Le bien de la communauté, ou les ressources matérielles ou immatérielles, tels les biens publics ou autres biens mis en commun. "L’histoire du droit nous renseigne sur cet in-conscient collectif qui nous pousse aujourd’-hui à réétudier la chose commune, ou les communs (commons, en anglais) via les nou-velles pratiques sociales alternatives sur le territoire."1° Fondements juridiques et politiques "Les biens communs sont ici étudiés sous l’angle matériel, sur le fondement du droit ro-main qui différenciait les personnes des choses (res), celles-ci dont l’appropriation pose question. Les Institutes (Justinien) dis-tinguent alors : • les choses sacrées, propriété des dieux ; • les choses publiques, qui appartiennent à

l’Etat ou à la cité ; • les choses privées, propriété des per-

sonnes, qui sont organisées par le droit pri-vé;

• et enfin les choses communes, comme la mer.

La théorie classique du droit (Domat) distin-guera ensuite : • la chose publique (res publica) : la chose qui

appartient à tous et ne peut appartenir à personne en particulier, ou res communis, la chose commune ; en droit américain, (Doc-trine de la fiducie publique), des biens pu-blics peuvent être mis sous la garde de l’État mais non sous sa propriété

• et la chose qui n’appartient à personne en particulier, mais pourrait appartenir à quel-qu’un, ou res nullius,  chose de personne, tels la mer, chose commune, et les pois-sons, chose de personne.

On retrouve aussi cette distinction au XIXe siècle, en droit français, avec la désigna-tion du domaine public, ou des biens du pu-blic «  être moral et collectif  » du patrimoine des états particuliers. "Au XXème siècle, les notions de bien public, bien commun, bien public mondial ou local sont utilisées à nouveau, dans une approche fondamentalement économique, pour les questions de développement ou de régulation de la mondialisation. Les biens publics de-vraient alors bénéficier à tous. Personne ne pourrait en être exclu. La consommation par l’un n’empêcherait pas la consommation par l’autre. "En effet, le terme de biens communs apparaît lors du Sommet de la Terre de l’ONU en 1992 à Rio, avec l’apparition de la société civile dans le processus de décision, notamment par la Charte de la Terre. Le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) a proposé en 1992 un rapport théorique sur le sujet, avec un approche du «  bien commun mondial » intégrant la propriété intellectuelle."2° Le Mouvement des Communs "a. Critique de la tragédie des Communs "Les biens communs représentent aussi une vision - adoptée par divers courants plus ou moins proches, regroupant tantôt des envi-ronnementalistes tantôt des adeptes du logi-ciel libre par exemple - , dans un sens proche des res communis et res nullius des romains. Ils cherchent à protéger les ressources maté-rielles ou immatérielles qui sont dites rivales et non-exclusives (deux critères retenus par l’analyse économique néo-classique (Peter Samuelson, 1954)). "

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Les biens communs représentent aussi une vision - adoptée par divers courants plus ou moins proches, regroupant tantôt des environnementalistes tantôt des adeptes du logiciel libre par exemple - , dans un sens proche des res communis et res nullius des romains. "Ils cherchent à protéger les ressources matérielles ou immatérielles qui sont dites rivales et non-exclusives (deux critères re-tenus par l’analyse économique néo-clas-sique (Peter Samuelson, 1954)). L’individu ne semble alors en effet pas apte à prendre en compte l’intérêt collectif. Ga-rett Hardin - dans la Tragédie des Com-muns, 1945 - avait au préalable déjà re-commandé la privatisation. Cette vision de l’homoeconomicus, considéré comme iso-lé et purement rationnel dans l’analyse néoclassique, est corroborée en psycho-logie expérimentale par le jeu du dilemme du prisonnier."Le prix nobel d’économie (2009), le Dr Eli-nor Ostrom critiquera ce courant de pen-sée, regrettant qu’il propose une approche « par la ressource », et non par les méca-nismes de changement décisionnel dans la communauté. En effet, cette néo-insti-tutionnaliste déplore une telle vision de l’individu. Ils semblent isolés, ne pas communiquer entre eux, ne pas avoir de relations préalables, ni d’histoire ou de culture partagées. Enfin, l’homoeconomi-cus n’aurait-il pas la capacité à nouer des liens de confiance, ou à partager ses sa-voirs ? Ces individus n’auraient-ils pas de futur commun ?"b. Du mythe fondateur au Temps des Communs "La Magna Carta "On retrouve en toile de fond du mouve-ment des Commoners un mythe fondateur tiré du Moyen Âge, dans le cadre du ré-gime féodal, où les biens banaux (ou biens communaux) représentent des biens gérés

en commun par les occupants du do-maine seigneurial. La notion recouvre des équipements comme le four banal, mais aussi des droits d’usage comme le droit de pacage sur les terrains banaux. "Le concept central de la coutume féodale n’est pas celui de la propriété, mais celui d’obligations réciproques. La Grande Charte, accompagnée de la Charte des Forêts, signée par le roi anglais Jean sans Terre en 1215, assurait ainsi un accès par-tagé aux ressources naturelles. Or à la fin du Moyen Âge, le domaine d'application de la propriété privée se développe. Les lois légiférant sur l'enclosure des pâtu-rages en Angleterre ou le vol de bois en Prusse participent de cette logique contraire à la communalité des biens, ce qui permit aux rois d’Angleterre, à partir du XIème siècle, de s’approprier une par-tie des forêts de barons pour la chasse ou pour leur usage et leur loisir personnel au détriment des barons et des Commo-neurs. "Les moyens de subsistance des Commo-neurs furent menacés et des luttes so-ciales âpres et prolongées en résultèrent. La Magna Carta et la Charte des Forêts, mettent fin à ces rébellions et explicitent les droits coutumiers. En 1225 la Charte des Forêts accorde les droits traditionnels des Commoneurs même sur les terres et les forêts royales. "Au XVIIème siècle, avec la montée du ca-pitalisme, l’interdiction de clôturer les terres agricoles inscrite dans la Magna Carta fut contestée au Parlement. Les riches gentilshommes campagnards et des négociants fortunés multiplièrent les enclosures, la terre clôturée valant deux à trois fois celle qui ne l’était pas. La posi-tion du Parlement, opposé aux enclo-sures, n’empêcha plus leurs pratiques. L’intérêt privé prévalait contre la justice, car la violence ou l’intimidation étaient courantes. L’ordre social en fut boulever-sé.

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Les Commoners "Au XXIème siècle, les ‘Commoners’ (de Commons, en anglais) se retrouvent dans cette volonté de protéger à la fois ces res-sources, mais aussi de proposer un cer-tain modèle de société, avec souvent en toile de fond la Magna Carta. "Ils promeuvent les activités des commu-nautés qui s’organisent et se régulent pour protéger et faire fructifier des res-sources matérielles ou immatérielles, en particulier situées dans une zone intermé-diaire entre Etat et marché. Zones ur-baines transformées en jardins partagés par les habitants, savoirs versés dans l’encyclopédie Wikipedia par des millions d’internautes, cartographie OpenStreet-Map nourries par les utilisateurs, savoirs traditionnels, logiciels libres, science ou-verte, publications en libre accès, pédibus scolaires, système d’irrigation agricole partagé, semences libres, contenus édu-catifs ouverts, échanges de savoirs, jus-tice participative... "Les initiatives fleurissent qui inventent des manières créatives et solidaires de géné-rer, gérer et partager des ressources. Les communs ou autre mode de gouvernance jadis alternatifs apparaissent maintenant comme source d’alternatives."B. Le bien du bien commun "Il pose la question essentielle du bonheur dans la cité, et de l’équilibre de la relation entre la personne et la communauté (par-adigme personnaliste). Une relation trop forte aboutirait au totalitarisme avec la fu-sion de l’individu dans une communauté monolithique. A contrario, une relation trop faible conduirait à l’atomisation du corps social. """

1° Le paradigme personnaliste "a. La personne Notons que la période médiévale de la Magna Carta s’appuyait sur un appareil logique et conceptuel hérité des Grecs, axé sur la classe et la généralité de l’indi-vidu. Les communs étaient donc large-ment perçus à l’aune de la ressource, et moins de perceptions ou désirs des indi-vidus dans leur communauté. "Or la notion de personne - contraire1 -ment à ce paradigme individualiste, qui perdure d’ailleurs pendant la Renais-sance et chez les Libéraux, envisage plutôt que : - les humains existent les uns par les

autres, - et tout au long de leur vie, - grâce à leurs relations, - et selon un processus de création ré-

ciproque et continue. "La personne est pensée en conciliant sa propre unité et la diversité qui la caracté-rise aussi. Ce paradigme propose une vi-sion dynamique de la personne portée par des aspects plus spirituels qu’immédia-tement matériels. Elle n’est pas un objet statique, au sens où un humain serait considéré uniquement par son statut ou son apparence : être fonctionnaire, voisin, malade, héritier, enseignant, enfant, adulte, catholique, socialiste par exemple. "Paul Ricœur invite ainsi à se montrer sen-sible à l’événement, plutôt qu’à se retran-cher derrière des certitudes toutes faites. Enfin, la notion de Personne permet de trouver un juste milieu entre totalitarisme communautaire et idéologie individualiste. Le matérialisme de Marx trouve là ses li-mites, dans la mesure où il considérait que la réalisation du Bien commun ne devait pas être attendue des personnes, mais simplement du développement de la socié-té industrielle. "

�13 La Personne, coll. Penser par le Bien commun, Common Good Forum, 2015.1

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b. Des identités d’actions!!Le bien commun est un construit territorial et mobilise des identités d’action fournies aux acteurs qui ne sont pas réduits à des identités monolithes. Les acteurs n’ont pas de projets d’action univoques et stables. L’identité d’action varie en fonc-tion de la position de l’acteur dans la scène, et indépendamment de la compé-tence et de l’autorité de l’acteur en cause. Ces identités s’affrontent, dans la durée et dans l’espace, dans des arènes où s’expr-iment les prétentions, et où se nouent des relations d’échange. Chaque acteur peut aussi revêtir une apparence protéiforme. Ses identités se superposent sans que l’une l’emporte de façon définitive sur l’autre. En ce sens, le caractère mouvant des coalitions répond à la labilité des identités engagées en situation. !A la diversité des qualifications et la multi-plicité des identités mobilisées dans les échanges, s’ajoute une possibilité de changement des acteurs eux-mêmes en fonction d’événements ou d’interrelations, ce qui conduit à requalifier la situation. Le contexte peut aussi avoir des incidences sur les identités des acteurs en présence.-Toute référence au Bien commun est d’abord un construit indissociable du contexte dans lequel il est invoqué. Il s’agit donc de se démarquer ici d’appr-oches qui réduisent la confrontation d’identités d’action à un processus homo-gène d’opposition. !L’expression territorialisée de l’intérêt gé-néral s’accomplit par de échanges hété-rogènes. En effet, toute définition situa-tionnelle représente un enjeu au regard duquel deux types d’interactions princi-pales se déploient : des échanges sur la qualification et des échanges sur la pon-dération des éléments en situation. Les qualifications et les identités multiples dans ses arènes créent autant de relation de liaisons que d’opposition à différents niveaux : l’exposé des prétentions de

chacun et leur justification en cercle re-streint (arène locale), la recherche d’alli-ances et d’arguments complémentaires (mobilisation de soutiens directs), l’impl-ication publique (présentation et mobilisa-tion élargie), la mise en discussion tech-nique (mobilisation d’experts), la résolu-tion par avancée de réponses censées ré-soudre les tensions, la confrontation sur les choix et la formalisation des décisions, et enfin la mise en jugement par réalisa-tion ou demande d’évaluation.!Les possibilités de formulation et de for-malisation d’un accord sur le contenu ter-ritorialité de l’intérêt général dépendent du changement relationnel dans le réseau d’acteurs concernés. Il n’y a production durable d’un nouveau bien commun que lorsqu’il y a changement de la relation entre les acteurs impliqués. Les arènes de choix sont ainsi des lieux de processus d’apprentissage. Les identités d’action en sont pas modifiées, et les divergences peuvent persister. !Cependant, elles se voient contournées ou canalisés via un nouveau chaînage d’intérêts et de positions, où chacun conserve sa spécificité tout en ayant ac-quis un nouveau mode d’échange avec les autres. Par exemple, une nouvelle re-configuration peut apparaître quand de nouveaux acteurs entrent ou sortent de l’arène, ou qu’est décidée une prise en compte d’une cause plus large ou oblique par rapport aux précédentes, qui autorise le dépassement des affrontements directs d’intérêts. !Le résultat organise un changement rela-tionnel entre des positions à l’intérieur d’un système de relation stable. Il en res-sort un changement de positions à l’intéri-eur d’un jeu local (éventuellement sous-tendu par des enjeux globaux), et solidifié ensuite par des actions de valorisation et de diffusion. !

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3° De nouveaux défis pour la personne !Dans cette perspective, la gouvernance des biens communs renvoie à de nou-veaux défis si l’on prend en compte diffé-rents aspects, comme par exemple :• le temporel : tenir compte des enjeux

de transmission aux nouvelles généra-tions, mais aussi de possibilités de créa-tion ex nihilo par la personne dans des communautés, comme dans celles des biohackerspaces ou des fablabs par exemple.

• le spatial : la personne évolue dans sa communauté, voire hors de celle-ci, et peut aussi appartenir à plusieurs com-munautés. Elle se situe dans un contexte à la fois global et local, ce qui la pousse à gérer encore davantage de complexité, et de devoir participer au quotidien à la délibération éthique.

• l’intersubjectivité : la personne évolue aussi dans une société dite de réseaux, elles-même souvent influencée par les pratiques collaboratives. Elle peut alors chercher à échanger avec des sem-blables (le « pair-à-pair  »), ou avec des personnes différentes pour bénéficier de biens ou de services dont elles ne dis-posent pas (société du partage). Elle est aussi confrontée à des choix identitaires plus compliquées et récurrents, face à l’information soutenue, les possibilités de connections sociales nombreuses, et aux valeurs.

• la tension créatrice : la notion de Per-sonne - au contraire de celle d’individu -, renvoie à un besoin, une tâche et une tension continuellement créatrice. Il s’agit de renouer avec l'homme dit concret, pour en faire un être respon-sable, c'est-à-dire capable de réponse. Cette vision s’oppose ainsi aux méca-nismes sociaux, politiques et écono-miques, tels des Structures, qui préside-

raient seuls aux destinées des hommes (lecture marxiste), ou encore à l'idéali-sme et le rationalisme abstraits qui ont détaché l'homme de la nature et de ses communautés immédiates. On retrouve cette vision de la création dans la gou-vernance des biens immatériels, avec par exemple la gestion libre du savoir via l’Open Science (science ouverte), qui touche l'ensemble de la démarche sa-vante, de la formulation de questions et d'hypothèses à la diffusion des résultats de recherche .2

• La dimension relationnelle incarnée dans l’expérience : contrairement au libéralisme juridique qui cherche à proté-ger l’individu dans la société par le droit ( l ’Homme étant un « loup pour l’homme », Thomas Hobbes), le para-digme personnaliste ne considère pas la personne comme isolée, mais située dans sa relation : à la nature, avec les autres hommes (la principale relation), et enfin avec les existences spirituelles. Cette perspective interroge ainsi par exemple sur les relations avec les biens communs de l’environnement. Quelle relation a-t-on à la nature compte tenu de sa culture ou religion : du respect ou de la compassion (ce qui prohibe alors la chasse, par exemple). Cette dimension interpelle aussi sur les relations de confiance et de réciprocité , par exemple 3

dans l’économie du partage ou dans le cadre du logiciel libre.!

3° Une délibération éthique !Le Bien commun renvoie à la mise en pra-tique permanente de principes, eux-mêmes forgés par notre histoire, nos valeurs, et qui sont devenus non-négocia-bles et intangibles. !

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« La Technologie comme outil », Bridge-Builder #9, Common Good Forum, 2014 : http://issuu.com/violainehacker/docs/2

publication_201408_interactif-2

Elinor Ostrom, James Walker, Trust and Reciprocity. Interdisciplinary Lessons for Experimental Research, Russell 3

Sage, 2003.

Common Good Forum/Bridge-Builder#11

a. Bien commun, intérêt général et morale

Le Bien commun se distingue ainsi des notions plus figées que seraient la morale ou l’intérêt général. !• Alors que l’approche par l’intérêt général

valorise une approche substantielle (dé-finissant d’entrée les buts poursuivis et les moyens de les atteindre), au contraire, l’approche par la pensée du Bien commun valorise le processus. La définition du Bien commun est toujours à construire, et ne se résume pas à un contenu donnée d’avance. Elle valorise le construit, indissociable du contexte dans lequel il est invoqué, en se fondant sur la mobilisation d’identités d’action multiples, à la disposition des différents acteurs. La complexification contempo-raine de l’action publique a profondé-ment transformé le type d’intervention et les contextes d’action de l’administrati-on, - et en particulier le développement de politiques procédurales (mise en place d’instruments de connaissance, de délibération et de décision peu finali-sées a priori). Elles instituent une construction localisée et plurielle de l’action collective. Cette action procédu-rale (ou nodalité, par opposition à autori-té) vise l’organisation de dispositifs terri-toriaux destinés à assurer des interac-tions cadrées, des modes de travail en commun, et la formulation d’accords collectifs. Le bien commun localisé se construit alors par étape, ce qui peut permettre de garantir une meilleur cohé-rence et une bonne légitimité aux déci-sions. Les normes pragmatiques sont territorialisées, et prennent en compte les spécificités locales des enjeux et des acteurs. L’approche par la pensée du Bien commun recherche une confronta-tion des intérêts locaux car elle vise à ajuster les points de vue en présence. Il s’agit d’instaurer des structures de co-opération sur la définition des enjeux lo-

caux, les méthodes de travail et les dé-cisions à prendre. !

• La pensée du Bien commun s’intéresse davantage au processus de délibération éthique, de choix collectifs, de concilia-tion entre l’épanouissement de la per-sonne et l’utilité sociale. Elle laisse la personne faire des choix. En ce sens, la morale commande, l’éthique recom-mande. La pensée du Bien commun tient ainsi compte des phénomènes de contradictions sociales et de la com-plexité de la décision. Par exemple, lors du développement des projets urbains, les habitants souhaitent des rues pié-tonnes, mais veulent pouvoir circuler li-brement en voiture et jusqu’à la porte de leur logement ! Au-delà de l’intérêt gé-néral ou de principes moraux, la concer-tation devient ainsi un moyen d’identifier les jeux d’acteurs. !

Ces « arènes de choix collectifs » peuvent désigner des entités collectives imbri-quées, du micro au macro, telles qu’une famille, une entreprise, une communauté d’usagers jusqu’aux «  arènes de choix constitutionnels  » d’une nation ou d’un groupe de nations. Elles représentent l’organisation d’un lieu qui permette, en temps réel, d’élaborer et exécuter les choix collectifs. !Elinor Ostrom a bien démontré que le fonctionnement de l’action collective ne suivait pas les hypothèses habituelles en économie (rationalité et information par-faite des acteurs). En effet, les acteurs, en situation réelle, font des choix plus appro-priés en termes de gain collectif que les prédictions du choix rationnel. !Cette situation s’explique d’aborde par l’importance de l’inter-connaissance qui permet un engagement mutuel, mais aussi par la capacité d’innovation ou d’adapta-tion des acteurs qui permet de faire évo-luer les règles et d’augmenter le gain col-lectif.

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C. La communauté du bien !La communauté de bien est considérée comme le caractère effectif de l’accès de chacun aux biens communs, tels les ser-vices publics.!1° Le caractère effectif de l’accès aux biens communs !Le bien mis en commun n’est pas toujours la communauté de tous. Par exemple, le public cible peut se voir évincer par un public mieux instruit, aux marges de la cible, qui sait mieux tirer partie des oppor-tunités administratives (loi de Gresham). Cet état peut se voir amplifier si les procédures administratives impose des coûts de transaction à la population cible (procédures absconses, langage hermé-tique, la paperasserie, anonymat). !Par exemple, un accès aux soins de santé peut sembler accessible à tous, grâce à un système de sécurité sociale perfor-mant. Toutefois, de facto, l’accès peut sembler plus délicat, car il n’est pas réellement assuré ou efficient pour ces personnes : problématique des transports, ou du temps, ou de la compréhension (connaissances insuffisantes, ou cultures mal adaptées), par exemple. !L’abandon de la posture positiviste pour une posture évolutionniste implique l’aba-ndon d’une vision de l’Etat soit ac-coucheur des lois de l’histoire et où la lib-erté de l’acteur est niée (l’Etat maximal), soit gestionnaire des échecs du marché (l’Etat minimal).!Se pose alors la question de la finalité et de la légitimité de l’action de l’Etat : cette question centrale, au cœur de la philoso-phie politique classique, est celle du bien commun. Comment favoriser un Etat ca-pable d’action intentionnelle ?!!!

2° Les capabilités !Amartya Sen, contribuant au dépasse-ment de l’opposition construite par Isaïah Berlin, distingue ainsi les «  libertés néga-tives  » et les «  libertés positives  » : avoir simplement la possibilité de faire ou pou-voir effectivement faire, en fonction de ses capacités effectives. !Beaucoup de dispositifs publics offrent «  la capacité juridique de faire » (au sens de la liberté négative, soit «  ne pas être empêché de »). Ils ne reposent pas sur la capacité effective sur un plan pratique et cognitif des populations cibles. Une poli-tique publique doit donc nécessairement agir dans le domaine de la liberté positive. !Une « capabilité » ou « capacité » ou « lib-erté substantielle  » désigne la possibilité effective qu’un individu a de choisir di-verses combinaisons de fonctionnements, via une évaluation de la liberté dont il jouit effectivement. Si les fonctionnements de la personne reflètent ainsi les caractéris-tiques de la personne : ce qu’elle fait ou est, les capabilités de fonctionner reflètent ce qu’une personne peut faire ou peut être. Les capabilités, au contraire, sont des notions de liberté, dans le sens posi-tif. De quelles opportunités réelles dis-posez-vous au regard de la vie que vous pouvez mener ? !En définissant la capabilité comme la lib-erté positive de choisir la vie que l’on souhaite mener, A. Sen insiste ainsi sur le fait que l’individu doit être en mesure d’opérer un choix. La liberté à l’œuvre dans la notion de capabilité met ainsi en avant à la fois la potentialité qu’a un indi-vidu de choisir et l’accès à ces choix, et corrélativement les droits qui lui sont liés sur un territoire.!!!!!

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BRIDGE-BUILDERLES COMMUNS TERRITORIAUX !Par Pierre Calame

Fondation pour le Progrès de l’Ho-mme (FPH) !L'attribution du prix Nobel d'économie à Elinor Ostrom a fait naître un en- gouement impressionnant pour la ges- tion des « communs ». Comme c'est souvent le cas, cet engouement résulte de facteurs étrangers à la gestion commune de territoires par une com- munauté, qui a fait l'objet des travaux du prix Nobel.

Et le succès du concept, voire sa fé- condité, tient, paradoxalement, à son caractère flou qui permet de rattacher à la gestion des « communs » des pro- cessus de coopération et de gestion collective qui n'ont, en apparence en tout cas, que peu de rapports avec la gestion collective d'un territoire.

Des exemples, comme celui des fo-gharas

Il faut noter, dans la plupart des cas, le lien organique entre un commun et un territoire. Qu'il s'agisse de la gestion communautaire d'un territoire ou de la gestion de l'eau, comme dans le cas des fogharas - terme arabe pour dési- gner la gestion de l'eau dans de nom- breuses régions sud désertiques, les fogharas étant des canaux de circula- tion souterraine de l'eau pour en ré- duire l'évaporation et bénéficier du maximum de la ressource pour irriguer les jardins d'un oasis -, les communs traditionnels sont fermement ancrés dans un territoire et une communauté. Territoire et communauté sont les deux conditions indissociables de la gestion de ces « communs » traditionnels.

L'exploitation en commun d'une res- source à long terme implique en effet l'établissement de règles de réciprocité très précises, excluant tout « passager clandestin » susceptible de bénéficier de la ressource sans avoir pris part à sa gestion, une gouvernance souvent confiée aux anciens ou, dans le cas des fogharas, à des instances spéciali- sées, et une attention sourcilleuse aux conditions dans lesquelles chacun tire bénéfice de cette œuvre commune.

J'avais, à ce sujet, découvert au Mali, il y a plus de vingt ans un « transfert technologique » auquel un anthropo-logue n'aurait sans doute pas songé :

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!des émigrés, de retour de France où ils avaient travaillé dans l'industrie auto- mo-bile, avaient introduit les méthodes de pointage apprises à Citroën pour la ges-tion du temps de travail dans les péri-mètres irrigués !

Dans le domaine de la gestion de l'eau, par exemple dans la pentapole du Mzab, dans le sud algérien, l'immigration d'une population allogène, en affaiblissant l'idée de communauté, a irrémédiablement compromis le système multi-séculaire de gestion du « commun ».

Impasse des modes de pensée

Dans une société comme la nôtre, où il ne subsiste guère de communautés fermées de ce type, d'où peut bien venir cet intérêt renouvelé pour les communs, et en parti-culier pour les communs territoriaux ? La raison fondamentale, selon moi, résulte de l'impasse des modes de pensée qui ont prévalu tout au long du XXe siècle, selon lesquels on ne considérait que deux caté-gories de biens et de services : ceux qui relevaient du marché et ceux qui rele-vaient de la gestion publique.

Or cette dualité appauvrit à l’extrême la compréhension du fonctionnement d'une société complexe. Elle est en outre pro-fondément in- adaptée à la gestion d'un très grand nombre de biens et de services qui ne relèvent convenablement ni du jeu du marché, ni d'une gestion publique classique.

L'intérêt renouvelé pour ce vaste « tiers secteur » de la gouvernance des biens et services rejoint d'ailleurs une évolution beau- coup plus large de la gouvernance : là où, traditionnellement, on identifiait, du moins en France, gestion publique et bien public, on en vient au contraire à considé-rer que le bien public ne peut être que le résultat de la co- opération de différents types d'acteurs, - diversité elle aussi rétive

à un classement binaire « acteur privé » et « acteur public ».

L'idée, notamment à l'échelle des terri-toires, que le bien public est le fruit d'une coproduction s'impose elle aussi progres-sivement. C'est une des raisons pour les-quelles l'attention s'est déplacée de la gestion publique locale à la gouvernance territoriale, ouvrant des perspectives bien plus larges

Trois points de vue pour penser les communs territoriaux

Pour approfondir la question des « com-muns territoriaux » nous allons procéder en trois étapes.

Première étape, pour éviter tout roman-tisme qui ferait de la gestion des com-muns le re- mède universel aux maux de la société, nous rappellerons qu'il existe déjà de très nombreux communs territo-riaux et que beaucoup fonctionnent mal. Puis, dans une seconde étape, nous ex-plorerons la diversité des biens et services qui ne relèvent légitimement ni du marché ni de la gestion publique pure, et qui à ce titre forment la grande catégorie des « communs ». Enfin, dans une troisième étape, nous examinerons les différents communs particulièrement intéressants pour un territoire.

1° Repenser les fondations

Observons donc tout d'abord que les communs peuplent déjà nos territoires. Le concept de commun existe déjà en droit ro- main, distinct du bien public.

C'est le res communis omnium, un bien commun à une communauté. Quatre fi-gures traditionnelles des communs mé-ritent que l'on s'y attarde : les coproprié-tés ; les syndicats de riverains ; les asso-ciations ; l'économie sociale et solidaire.

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a. Les copropriétés

Les copropriétés peuplent nos villes. La législation abondante, qui règle leur ges-tion, en particulier le rôle prépondérant du syndic et les règles relatives aux condi-tions de majorité pour la prise de décision, nous rappelle que la gestion des parties communes et la nécessité de l'entretien à long terme du patrimoine commun sont rarement des longs fleuves tranquilles.

Dans beaucoup de villes françaises, de grands immeubles en copropriété construits dans les années 60 sont deve-nus littérale- ment ingérables au point que la collectivité publique est un jour ou l'autre contrainte de s'en mêler, y compris dans les cas extrêmes pour procéder à l'expropriation et à la démolition. Cette dégradation se produit souvent quand la communauté initiale de copropriétaires – même si cette communauté n'a pas la réalité sociale que l'on retrouve dans les sociétés traditionnelles pour la gestion des communs – s'est progressivement dé-litée, au gré des déménagements et des décès, pour laisser place à des proprié-taires non occupants ou à de nouveaux propriétaires.

A l'inverse, on assiste partout dans le monde à la montée des quartiers riches clos de grilles (« gated communities ») et disposant d'un gardiennage privé : la ges-tion de ce territoire commun se fait par mise à distance du reste de la société ; pas exactement ce à quoi rêvent les pro-moteurs des communs !..

b. Les syndicats de riverains

Autre exemple de gestion des communs aboutissant à une déshérence, les syndi-cats de riverains des rivières non navi-gables non flottables, supposés entretenir le cours de la rivière. Composés autrefois de paysans vivant une solidarité objective autour du cours d'eau, ces syndicats se révèlent souvent incapables, lorsque cette communauté se délite, d'assurer un entre-

tien régulier. Il est fréquent là aussi que des collectivités publiques doivent s'y substituer.

c. Associations et secteur de l’Econo-mie sociale et solidaire

Les associations et l'économie sociale et solidaire sont d'autres figures, en général plus positives, de la gestion des communs territoriaux. Qu'il s'agisse de gérer des équipements sportifs, des crèches fami-liales, des écoles à pédagogie active, des maisons de retraite ou des circuits courts d'alimentation renforçant les liens entre producteurs et consommateurs, autant de situations où une communauté se consti-tue pour gérer un dis- positif ou un équi-pement au bénéfice de tous ses membres. Les Etats Généraux de l'économie sociale et solidaire tenus en 2013 ont confirmé le lien intime entre ces formes d'économie collaborative et les territoires. Certes, no-tamment dans la banque et l'assurance, l'économie sociale a, au fil du temps, donné naissance à des acteurs de taille nationale ou internationale; mais la dis-tance prise progressivement vis-à-vis de l'enracinement territorial, y compris dans des structures de type fédéral, conduit à une forme de banalisation de la structure, le lien entre gestion d'un commun et communauté se trouvant progressivement distendu.

2° L’oeconomie et la différenciation des biens et services

Seconde étape, intéressons nous mainte-nant aux différentes catégories de biens et de services et en particulier à ceux, les plus nombreux et peut être les plus por-teurs d'avenir, qui, par leur nature, ne re-lèvent logiquement ni d'une gestion par le marché ni d'une gestion par l'action pu-blique pure.

Dans mon livre Essai sur l'oeconomie (pu-blié en 2009 par les Editions Charles Léo-pold Mayer ou téléchargeable gratuite-ment sur www.eclm.fr), j'ai proposé d'avo-

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ir recours au « test du partage » pour clas-ser les biens et services en quatre catégo-ries :

• ceux qui se détruisent en se partageant, comme les écosystèmes ;

• ceux qui se divisent en se partageant mais dont la quantité totale ne dépend pas avant tout de la créativité humaine, comme l'eau, la terre ou l'énergie fossile même si cette créativité est indispensable pour entretenir le bien à long terme ou l'acheminer jus- qu'aux utilisateurs ;

• les biens qui se divisent en sa partageant et dont la quantité est déterminée avant tout par la créativité et le travail humain, comme la plupart des biens industriels et des services à la personne ;

• les biens et services enfin qui se multi-plient en se partageant.

J’ai montré que seule la troisième catégo-rie relevait légitimement d'une gestion par le marché. Les trois autres relèvent soit de l'action publique, soit d'une gestion par une communauté bénéficiaire, soit encore d'un mélange des deux.

La gestion des écosystèmes ou des pay-sages, par exemple, implique la coordina-tion entre un grand nombre d'acteurs, y compris la puissance publique. Il en va de même de la gestion des terroirs agricoles, de l'eau et des ressources naturelles.

La gestion optimale des flux de matières et d'énergies, à travers les symbioses in-dustrielles (le déchet d'une activité est la matière première de l'autre) ou à travers l'économie circulaire implique de la même manière une coopération entre de mul-tiples acteurs : l'action publique en est ra-rement totalement absente, mais elle n'a pas le monopole de sa conception et de sa conduite.

Les développements les plus prometteurs concernent la dernière catégorie de biens

et services, ceux qui se multiplient en se partageant. Ca tombe sous le sens : si l'objectif de l'oeconomie est d'assurer le bien être de tous dans le respect des li-mites de la planète, ceci n'est possible qu'avec les biens qui se multi- plient en se partageant, en particulier tout ce qui re-lève de la connaissance, de la technolo-gie, de l'expérience. C'est une nouvelle variété de commun. La modalité la plus légitime de gestion de ces biens et ser-vices de quatrième catégorie est la mutua-lisation.

L’exemple des monnaies locales

Un cas particulièrement intéressant est celui des monnaies locales. Définir une monnaie ainsi que la communauté qui admet cette monnaie comme le moyen de développer ses échanges internes et de ce fait de se renforcer sont, dès l'origine des sociétés humaines, deux démarches complémentaires.

Là aussi, il est tout à fait possible, comme dans le cas du WIR suisse, qui depuis près d’un siècle sert à renforcer les échanges entre les petites et moyennes entreprises, de définir une telle commu-nauté et de la doter d'une monnaie sans implication d'un territoire et d'autorités publiques. Dans ce cas, le sentiment communautaire est suffisamment fort pour se passer d'un support territorial.

Mais, dans la majorité des cas récents, la monnaie locale ou régionale ne prend une véritable ampleur que dans la mesure où elle correspond à un territoire donné et où les autorités locales s'impliquent égale-ment dans sa gestion, comme par exemple dans le cas anglais de Bristol, ne serait-ce que parce qu'une telle monnaie ne change d'échelle qu'en pouvant être utilisée pour une partie du paiement des impôts locaux ou de la rémunération des fonctionnaires.

Avec Internet, de multiples formes de dés-intermédiation apparaissent, dans la

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banque, l'échange de logements, l'auto-partage, les centres d'auto-production et d’auto-réparation. Il serait toutefois abusif de considérer ces modalités nouvelles d'économie comme relevant de la gestion des communs. Il est rare jusqu'à présent que ces formes nouvelles donnent nais-sance à une communauté soucieuse de gérer à long terme un bien ou un service en commun.

3° Comprendre les régimes de gouver-nance

Troisième étape, l'examen des différents communs particulièrement intéressants pour un territoire.

Trois niveaux doivent être considérés :

a. Les communs sur un territoire

b. Le commun du territoire

c. Le commun des territoires.

!a. Les communs sur un territoire

L'évocation des différentes catégories de biens et services a montré que la plupart de ceux qui ne relevaient pas du marché étaient territorialisés, ouvrant un nouveau champ pour la gouvernance territoriale. Celle-ci ne peut plus se limiter à la gestion publique.

L'art de la gouvernance territoriale peut se définir comme l'art de concevoir des ré- gimes de gouvernance adaptés aux diffé- rents types de biens et services. La place manque ici pour développer ce concept de régime de gouvernance.

Dans l'Essai sur l’oeconomie, j'ai déve- loppé cette philosophie des régimes de gouvernance. Si le classement en quatre catégories en est le principal guide, au sein de chaque catégorie, il existe de nombreuses différences conduisant à des

régimes eux-mêmes différents. On ne gère pas de la même manière l'eau, la terre et l'énergie fossile, même s'il s'agit dans les trois cas de biens de seconde catégorie. Néanmoins, on retrouvera fréquemment deux caractéristiques communes à ces régimes : une gouvernance à multi-ni- veaux et l'organisation de la coopération entre acteurs.

b. Le commun d’un territoire

Qu'entend-t-on, ensuite par le commun d'un territoire ? Cela implique d'abord de comprendre ce qu'est un territoire. Ce n'est pas seulement, ce n'est pas avant tout, un terroir délimité par des frontières administrativo-politiques ou géogra- phiques. C'est avant tout une communau- té humaine qui se définit par des sys- tèmes de relations.

Un territoire, dans le monde d'aujourd'hui, se définit par des « nœuds » dans des systèmes de relation qui vont du local au mondial. Or ce sont aussi des systèmes de relations qui définissent des commu- nautés.

Un des enjeux majeurs de la transition vers des sociétés durables est d'instaurer le territoire en « acteurs collectifs », car ce niveau territorial est le mieux à même d'appréhender simultanément les trois dimensions sociale, économique et écolo-gique de la société.

Or la construction d'un acteur collectif est le fruit d'un processus de développement des relations et des coopérations. Comme tout acteur collectif, un territoire peut être caractérisé par les capitaux dont il dis- pose. On songe naturellement au capital naturel – la richesse des écosystèmes – au capital matériel – bâtiments, réseaux, machines – au capital humain – l'addition des compétences de ces différents membres. Mais, à s'en tenir à ces trois capitaux, on passerait à côté de l’esse-ntiel : le capital immatériel.

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Le capital immatériel

Il est véritablement caractéristique du ter-ritoire, partie inhérente de sa culture, fruit de longs apprentissages de construction des relations, de dépassements des anta-gonismes, d'habitudes de coopération.

La région Pays de Loire a mené il y a deux ou trois ans une étude sur les initiatives d'économie sociale et solidaire inspirées par l'idée de transition vers des sociétés durables. L'étude se voulait défense et illustration de l'économie sociale et soli-daire et de son potentiel à créer des em-plois. Or dans la plupart des cas, ont été mises en évidence des initiatives « mixtes », associant des structures d'économie sociale et solidaire avec des entreprises classiques et des collectivités territoriales.

En réalité, l'étude a mis en évidence le fait que le souci d'aller vers des sociétés du-rables donne naissance à une floraison de formes nouvelles de coopération, à une densification locale du système de rela- tions. On est typiquement dans une dé-marche de renforcement du capital imma-tériel du territoire. La même observation peut être faite à propos des Pôles territo-riaux de coopération économique, ré-cemment consacrés par la loi sur l'éco-nomie sociale et solidaire. L'analyse de ces différents pôles montre là aussi qu'il ne s'agit pas seulement de renforcer les liens entre différentes structures de l'éco- nomie sociale et solidaire sur un territoire, mais plus généralement de développer des pratiques nouvelles de coopération.

Or, si ces traditions de coopération se construisent souvent lentement, elles ont aussi une durée de vie longue. Un bel exemple en est fourni par la Pologne. Celle-ci, avant la seconde guerre mon-diale, avait une forte tradition coopérative. Celle-ci a été en apparence abolie par quarante ans de régime communiste. Et pourtant, dès la chute du mur de Berlin, on a vu cette tradition renaître subitement de ses cendres.

Ce capital immatériel des territoires, qui est aussi à la base des districts industriels d'Emilie Romagne en Italie, est un facteur déterminant de la résilience des territoires. Rien n'est plus frappant en effet que les différences de réaction entre deux terri-toires confrontés à une même crise : l'un, faute de capital immatériel, se trouve la- miné ; l'autre, bénéficiant de longues tra-ditions de coopération, est en mesure de faire de cette crise une opportunité.

Développer le capital immatériel est par excellence LE commun d'un territoire.c. Le commun des territoires

Dernière dimension, le commun des terri-toires. Aucun territoire n'est exactement semblable à aucun autres, et ce qui a réussi dans l'un peut échouer dans l'autre.

On connaît les limites des tentatives un peu naïves de copier « les meilleures pra-tiques ». Pour une simple et bonne raison : une pratique est avant tout le résultat d’un processus, et vouloir la copier sans cher- cher à faire naître, ailleurs, un processus de même nature est souvent voué à l’échec.

L’expérience

L'expérience, bien qui se multiplie en se partageant ; un tel système d'échanges est véritablement le commun des terri-toires. C'est une aventure difficile et de longue haleine, en raison d'abord de la difficulté à élaborer des récits d'expéri- ences transmissibles, en raison ensuite, du champ très vaste de l'action territo- riale. Rien n'est plus riche que l'échange d'expériences.

Rien n'est plus difficile aussi. Car passer du vécu à sa narration, trier dans une his- toire ce qui relève de facteurs conjonctu- rels et ce qui relève de facteurs structurels ne peut se faire que par comparaison avec d'autres situations.

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Au moment où, pour les raisons déjà in- voquées, les territoires deviennent les ac- teurs centraux de la transition vers des sociétés durables, la mise en place d'un système international d'échange d'expéri-ences est devenue une priorité.

L’exemple de Citego

Nous avons néanmoins entrepris cette aventure en mettant en place un site res- sources dédié à cet échange international d'expériences, le site CITEGO – Cités, Ter- ritoires, Gouvernance – www.citego.info.

L’oeconomie

Constatant l’impasse du paradigme éco- nomique actuel, il démontre que l’écono- mie doit revenir à son sens étymologique, « oïkos », le foyer, la maison commune, et « nomos », la loi. Revenir à l’œcono-mie, c’est avoir une vision économique plus large, qui recouvre à la fois l’art de l’organisation des échanges matériels et immatériels des êtres humains entre eux, des sociétés entre elles et de l’humanité avec la bio- sphère. Pierre Calame explore ces questions dans un esprit de réflexion ouverte. Il démontre qu’il est possible au-jourd’hui d’assurer à la société la maîtrise collective et démocratique de son propre destin.

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BRIDGE-BUILDERACTEURS PRIVES ET PU-BLICS SUR UN TERRITOIRE Echange entre Vio-laine Hacker et Camille Favier !Violaine Hacker et Camille Favier ont pu échanger lors d’un congrès et partager leurs visions à la fois théorique et pra-tique de la gouvernance des communs. De cette belle rencontre, naît cet article, qui propose :

1° Un rappel synthétique de la gouver-nance des communs vue par Dr Elinor Ostrom, et quelques concepts clés qu’elle propose.

2° L’analyse de Camille d’un village de montagne en Moselle, où se sont constitués des lieux de discussion et de négociation pour gouverner le territoire en impliquant l’ensemble des Parties prenantes, et en tenant compte du pa-trimoine matériel et immatériel.

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Définition globale des notions

!• La gouvernance des communs peut

être abordée sous de multiples angles. Ici, on retrouve les préoccupations de Dr Elinor Ostrom (sociologie politique, ana-lyse néo-institutionnelle). En premier lieu, elle a analysé des ressources d’eau (étude micro-locale). Elle en a produit des conclusions après des années de recherche. !Elle a considéré que, face à des pro-blèmes de coordination (ou à des échecs de marché), laisser les parties concernées élaborer par eux-mêmes un arrangement entre elles (sous format as-sociatif par exemple) pouvait conduire à de meilleurs résultats que de recourir à une intervention publique. Elle ne dé-lé-gitime pas cependant la place du mar-ché ou de l’Etat. !1° Elinor Ostrom commence par insister sur le caractère «  configurationnel et non séparable  » des règles. Il faut considérer des systèmes de règles qui ne se contentent pas d’agir sur les comportements, mais qui « affectent di-rectement » ce qu’elle appelle une « si-tuation d’action ». Elle insiste de même sur la très grande diversité des règles mises en lumière dans les analyses em-piriques des organisations collectives, ce qui justifie une analyse approfondie des types de règles. La diversité insti-tutionnelle est donc importante à considérer dans le cadre de la Charte de la Terre qui propose à al fois une vision globale, et laisse place à la diversité lo-cale.!2° Elinor Ostrom analyse aussi la prise en compte non pas simplement des règles qui régissent les conditions d’accès et d’usage d’une ressource (les règles «  opérationnelles  », qui défi-nissent un régime de propriété), mais

aussi les procédures qui sont mises en place pour pouvoir, face à des dysfonc-tionnements ou des conflits, modifier ces règles (les règles «  de choix col-l e c t i f s  » e t d e «  c h o i x constitutionnels »). !Son analyse « multi-niveau » (« gouver-nance polycentrique  ») implique une prise en compte de complémentarités institutionnelles. !•Des arènes d’action Partant de la notion d’« arènes d’acti-on  » (action arena) comme cadre pre-mier d’analyse des institutions, elle prend en considération le fait qu’un « commun » ne peut pas, en règle géné-rale, être compris comme un système isolé relevant uniquement de ses propres règles et normes. Il est toujours inséré dans des environ-nements –  et notamment des environ-nements marchands, et des environne-ments publics  – qui conditionnent ses caractères et son fonctionnement (liens horizontaux). !Elle insiste surtout sur l’importance des liens verticaux, c’est-à-dire sur l’existe-nce de différents niveaux d’analyse des institutions. Elle prend en considération trois types de règles pouvant se rencon-trer à des échelles micro et macro im-briquées : celles organisationnelles, celles de choix collectifs, et celles constitutionnelles. !

• Arènes constitutionnelles : !on retrouve souvent dans la pensée insti-tutionnelle (en droit public) et dans la pen-sée néo-institutionnelle (sociologie poli-tique, par exemple chez Elinor Ostrom), un intérêt pour étudier les lieux de décision, les mécanismes de changement, et les endroits dédiés à la résolution de la conflictualité.

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!Les « arènes de choix collectifs » peuvent ainsi désigner des entités collectives im-briquées, du micro au macro, telles qu’une famille, une entreprise, une communauté d’usagers jusqu’aux «  arènes de choix constitutionnels  » d’une nation ou d’un groupe de nations. Ces arènes repré-sentent l’organisation d’un lieu qui per-mettra, en temps réel, d’élaborer et exé-cuter les choix collectifs. Dr Elinor Ostrom a bien démontré que le fonctionnement de l’action collective ne suivait pas les hypo-thèses habituelles proposées dans de nombreux courants en économie (rationa-lité et information parfaite des acteurs). En effet, les acteurs, en situation réelle, font des choix plus appropriés en termes de gain collectif que les prédictions du choix rationnel. Cette situation s’explique par l’importance de l’inter-connaissance, de l’intersubjectivité, qui permet un engage-ment mutuel, et par la capacité d’innovati-on ou d’adaptation des acteurs, qui per-met de faire évoluer les règles et d’augmenter le gain collectif.

Voir : Jean-Pierre Chanteau et Agnès Labrousse, L’institutionnalisme métho-dologique d’Elinor Ostrom  : quelques enjeux et controverses, Revue de la ré-gulation, 14  |  2e semestre / Autumn 2013 : Autour d’Ostrom : communs, droits de propriété et institutionnalisme méthodologique!

• La culture, fonction globale de la vie personnelle !

La culture n’est pas seulement un secteur de la vie matérielle. Elle désigne plutôt une fonction globale de la vie personnelle. Elle ne renvoie pas ici un secteur tel que l’art dramatique ou les arts plastiques, mais davantage le processus qui gouverne les liens sociaux. En ce sens, la culture ne renvoie pas une forme d’entassement du savoir, mais plu-tôt à une transformation progressive du sujet, qui potentiellement l’amène à da-vantage de potentialités.

!La culture ne se fabrique, ni ne s’impose. Elle s’inscrit dans un mouvement de transcendance et de recherche de dépas-sement. Dans le cas contraire, elle confondrait universalité et totalité arrêtée. Elle devient alors système. Il n’existe donc pas une culture (avec un «  homme cultivé  ») à l’égard de laquelle toutes autres activités seraient incultes. Il existe autant de cultures diverses que d’activité. !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

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La gouvernance des com-muns et les arènes d’action :

un village de montagne en Moselle : de l’environnement à la culture

Au creux d’une vallée, entouré de pentes couvertes de forêts, le village de Schor-bach semble être cerné par les arbres. Pourtant, au détour d’un virage, on dé-couvre une tâche de lumières : une prairie, pâturée par des bovins rustiques. Plus loin, des travaux de défrichements sont en cours, ouvrant la vue et ensoleillant le vil-lage.

Ces ouvertures ne sont pas le fruit du hasard : elles traduisent le travail mené depuis plus de 10 ans par les habitants, afin de lutter contre la fermeture des paysages.

En effet, comme la plupart des communes rurales depuis les années 50, Schorbach a subit l’exode rural de plein fouet, et a vu son nombre d’agriculteurs chuter  : à l’he-ure actuelle, il ne reste qu’un seul éleveur à mi-temps sur la commune (double actif). En conséquence, les terrains les plus diffi-ciles à exploiter (en pente, humides, au foncier morcelé...) ont été abandonnés par l’agriculture, au profit de l’intensification des terres plus productives. On retrouve ce schéma dans quasiment toutes les communes rurales françaises, mais il est particulièrement visible à Schorbach, où le taux de boisement à atteint 82% de la surface communale. Les prés et cultures délaissés, n’étant plus entretenus, se sont rapidement boisés, avec des consé-quences négatives pour les habitants  :

moins d’ensoleillement, des paysages uni-formes et fermés qui limitent la perspec-tive.

Les habitants et la mairie de Schorbach se préoccupent de longue date de cette fer-meture des milieux, et se sont investis tôt dans des politiques de réglementation des boisements : une trentaine de châtaigniers y ont été plantés; l’exploitant s’est vu oc-troyer deux années de location gratuite dont il bénéficie  sur cinq ans avec une prime MAET en contrepartie de son enga-gement à n y pratiquer aucun épandage d’engrais  et donc de pratiquer l’élevage extensif sur le périmètre. Le site du parc est le RINNERBRUNNEN. L’ADASEA de la Moselle s’est aussi impliquée dans l’affaire et nous a mis à disposition un technicien de grande qualité pour le montage des dossiers financiers surtout. Après plu-sieurs années de réflexion, un projet ambi-tion de reconquête du paysage a été lancé en 2007, avec la procédure de création d’une Association Foncière Pastorale au-torisée (AFPa).

Création d’arènes d’action

Des procédures ont été mises en œuvre pour déterminer une vision commune et proposer des règles de gouvernance au sein du village.

Une AFPa permet à un groupement de propriétaires de se réunir pour gérer en commun leurs terres. Grâce à la force du collectif, des projets ambitieux peuvent êtres mis en place sur les entités foncières ainsi formées.

Ce statut a été privilégié, car il présente de nombreux avantages :

• Les propriétaires restent proprié-taires de leurs terrains (droit d’hy-

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pothéquer et de vendre)  : seule la gestion en est déléguée à l’AFPa  : c’est donc une gestion collective de bien privés

• La procédure d’AFPa est soumise à enquête publique, et à une pro-cédure d’enquête auprès des pro-priétaires  : il faut l’accord de plus de la majorité des propriétaires re-présentant plus des 2/3 de la sur-faces. Si ces conditions sont réunies, l’AFPa est créée. Cette procédure permet de lever les mi-norités de blocage

• Le statut d’AFPa permet d’accéder à des subventions pour la mise en place des travaux

Une fois la décision de mettre en place une AFPa, une étude foncière a été réali-sée, ainsi qu’une enquête informelle visant à connaître l’avis des propriétaires vis à vis du projet.

Un périmètre a fini par être établi, l’enqu-ête publique lancée, et la création de l’AFPa approuvée par arrêté préfectoral par presque 70% des propriétaires.

Toutefois, cette procédure reste délicate dans les faits, car malgré une majorité en faveur du projet, certains propriétaires y sont opposés. Ces derniers, réticents à faire abattre les arbres sur leurs parcelles, se sentent dépossédé de leurs biens et sont souvent très virulents à l’égard de l’AFPa. La gestion des conflits reste un enjeux majeur pour la réussite de l’opéra-tion et la grande difficulté de la mise en place d’une AFPa.

L’implication de la mairie dans l’AFPa

Le projet d’AFPa a été lancé par la mairie, car cela nécessite un budget de départ conséquent (pour l’envoi par de nombreux courriers aux propriétaires, pour certains avec accusé de réception, et pour l’orga-nisation de réunion). Cela se traduit une implication forte de la commune dans la gestion de son patrimoine paysager. L’AFPa s’en toutefois rapidement émanci-pé puisqu’elle est gérée par une assem-blée générale, constitué des propriétaires concernés, qui transfert à un bureau la prise en charge des décisions courantes. Toutefois, dans la pratique, plusieurs membres du bureau de l’AFPa sont éga-lement présents au conseil municipal, et le travail se fait en partenariat informel.

La mairie puis l’AFPa ont été accompa-gnées administrativement et technique-ment tout au long de la procédure de création et de travaux par l’Association Mosellane d’Economie Montagnarde (AMEM –voie encadré).

L’implication de la population

Les travaux de déboisements ont donc démarrés à l’automne 2007 sur 15 hec-tares à proximité immédiate du village. La population s’est largement investie dans ce projet, puisque l’ensemble des travaux ont été réalisés par des propriétaires bé-névoles  : débroussaillage des sous-bois, abattage des arbres, exportation des grumes et rémanents…

Un agriculteur d’un village voisin passé un broyeur sur toute la surface pour détruire les souches, et à semé un mélange de graines de prairies.

Les bénévoles se sont à nouveau mis au travail afin de poser les clôtures et d’insta-ller les abreuvoirs, puis les terrains ont été mis à disposition du dernier éleveur de la

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commune à travers un bail rural. Celui-ci a eu la tâche d’entretenir le terrain ainsi ré-habilité, grâce au pâturage de ses ani-maux et à un débroussaillage complémen-taire. Grâce à un investissement consé-quent de l’éleveur, les objectifs ont été at-teints.

Conscient du travail que cela demande et du peu de valeur alimentaire que fournira le terrain au début, l’AFPa n’a pas de-mandé de loyer les 2 (ou 3  ?) premières années.

Au-delà de la réouverture du paysage, les propriétaires et habitants de Schorbach sont également sensibles à une certaine préservation de l’environnement sur leur commune.

En conséquence :

• Le terrain n’a pas été complète-ment déboisé : des haies, bosquets et arbres isolés ont été préservé (15% du boisement initial), pour ombrager les futures vaches au pâ-turage, diversifier le paysage et servir d’abris aux animaux sau-vages ;

• Des nichoirs ont été posés dans certains de ces arbres afin d’accu-eillir des oiseaux ;

• Un cours d’eau qui traverse une parcelle a été aménagé pour que les bêtes puissent traverser et boire sans mettre les pattes dans l’eau, ce qui dégraderait les berges et la qualité de l’eau ;

• Le semi de graines de prairies comprend des fleurs mellifère afin d’accueillir des abeilles. Des

ruches ont été implantées dans le parc ;

• Le déboisement à mis à jours d’anciens vergers, malheureuse-ment abandonnés depuis trop longtemps pour être réhabilités. D’autres ont été plantes pour les remplacer ;

• En signant le bail, l’agriculteur s’engage à n’utiliser aucun pesti-cide ni engrais chimique sur le parc de l’AFPa. Cet engagement n’a au-cune valeur juridique, mais s’il le rompt, l’éleveur s’expose à la désapprobation des habitants. Il s’agit donc plus d’un contrat moral, qui traduit bien le fait que les pro-priétaires et habitants du village se sentent concernés par la gestion de leur paysage, en commun.

Prise en compte du territoire et de la volonté de la population (et donc de la « diversité locale »)

A noter toutefois que cette prise en compte de l’environnement correspond à la vision des propriétaires et des habitants de Schorbach, et ne correspond pas sys-tématiquement avec une gestion conser-vatoire idéale pour l’environnement. Par exemple, pour maximiser la biodiversité, une gestion conservatoire aurait gardé da-vantage de boisements, et surtout des zones de fruticées (friches) qui abritent de nombreuses espèces. Pour les membres de l’AFPa, cette gestion va à l’encontre de leur volonté de paysage « propre » et en-tretenu et n’est pas envisageable.

Au terme des travaux, la gestion en com-mun de ces terrains a atteint ses objectifs, puisque qu’une ouverture de taille consé-

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quente a été pratiquée dans la forêt, de façon concertée et en suscitant l’adhésion du village. Il a donc été décidé en 2013 de proposer une extension de cette AFPA.

Le projet était cette fois bien plus consé-quent, puisqu’il concernait plus de 30 ha, en 5 entités. Pour l’une d’entre elle en par-tie toujours en prairies, un accord de ges-tion a été trouvé avec le propriétaire. Pour une autre (Rinnnerbruinnen), il s’agit d’un terrain entretenu depuis plusieurs années par le Parc Naturel Régional des Vosges du Nord, dans le cadre d’un programme de gestion écologique des friches. Schor-bach étant sortie du Parc en 2013, l’AFPa repris la gestion de cette parcelle et trouvé un agriculteur pour l’exploiter dans sa continuité.

Pour les 3 autres (Garsten, Derenberg et Hungst), des travaux de déboisement im-portants sont nécessaires. L’équipe de bénévoles, majoritairement retraités, ayant pris de l’âge depuis les derniers travaux, il a choisi de faire appel à une entreprise, par marché d’appel d’offre. Un exploitant de bois d’une commune voisine a été re-tenu.

Une gouvernance multi-niveaux

Des aides ont été demandées à la com-mune, le Département, la Région et le Massif des Vosges pour financer cette opération, dont le montant total prévision-nel s’élève à 165 000 €.

Les travaux forestiers ont commencés l’hiver 2013-2014, et devront se terminer au printemps 2015 par un semi d’herbe. La pose des clôtures par un prestataire est ensuite prévue, avant que 3 troupeaux,

provenant de 3 agriculteurs différents (dont celui déjà installer sur le premier parc) ne viennent se charger pâturer les terrains.

Les travaux de reconquête paysagère prennent donc de l’ampleur et devraient permettre aux villageois de gagner en en-soleillement, et d’avoir à nouveau vue sur des espaces agricoles.

En s’assemblant entre propriétaires, les habitants de Schorbach ont pu dessiner le paysage autour de leur village selon leur volonté, et rendre des terres en friches à l’activité agricole. La procédure de l’AFPa, en donnant un cadre légal, en reconnais-sant l’utilité publique du projet, à apporté une légitimité au projet et à permis de dé-passer les minorités de blocages. L’asso-ciation a également donné une visibilité au projet au niveau des institutions pu-bliques, permettant une reconnaissance et l’apport d’aides financières.

De l’émergence de l’idée au lâcher des vaches dans le Parc, c’est toute une chaîne d’acteur qui s’est mobilisée, gui-dée par la volonté des Schorbachois. Elus, propriétaires, habitants, techniciens, forestiers se sont succédés, chacun ap-portant sa pierre à l’édifice jusqu’à l’abo-utissement du projet.

Au-delà de la réhabilitation paysagère, la réouverture a permis de retrouver «  le paysage d’antan  », celui où les habitants vivaient des ressources du village, en tra-vaillant la terre. Ce que recherchent les Schorbachois à travers ce projet est aussi immatériel  : c’est le sentiment d’agir, au niveau local, afin de préserver ensemble un patrimoine commun.!

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Schorbach : une histoire marquée par la guerre

Située entre la frontière allemande et la ligne Maginot, le village de Schorbach a été évacué dès le début de la seconde guerre mon-diale. Les ha-bitants ont été déplacés en Charente, puis

dans le Saulnois. Lorsqu’ils sont revenus, après la Libération, ils ont trouvé leur vil-lage rasé à 90% par les combats. La longue reconstruction qui s’est ensuivie a marqué les décennies suivantes.

!L’Association Mosellane d'Economie Montagnarde  (AMEM) est une association de loi 1908 qui couvre, depuis 1979, un terri-toire de  65 communes du Massif des Vosges.

L'AMEM a pour mission  d'engager des ac-tions dans l'intérêt du développement éco-nomique et social du territoire et de valoriser les paysages et la biodiversité.

Acteur historique du développement agricole et des opérations de restauration paysagère et du cadre de vie, l'AMEM propose d'agir avec une grande transversalité sur le déve-loppement rural, notamment par le biais de l'agriculture  : foncier, mesures agro-environ-

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THINKERS

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THINKERSTERRITOIRE, NATURE & CULTURE Valérie Chansi-gaud,

Chercheuse, C.N.R.S. La nature des uns n’est pas celle des autres, ou comment com-prendre les différences culturelles

Dans un lumineux texte de 1866, Du sentiment de la nature dans les so- cié-tés modernes, le grand géographe fran-çais Élisée Reclus (1830-1905) s’inte-rrogeait sur les différences de percep-tion et d’amour de la nature entre les peuples français, allemand et anglais.

Reclus avait vécu en Allemagne et au Royaume-Uni et disposait des connais-sances nécessaires pour un tel exer-cice. Il y détaille la passion pour l’activi-té physique des Britanniques notam-ment l’alpinisme car ceux-ci sont parmi

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premiers à s’être attaqués aux cimes al-pines. Pour Reclus, il s’agit d’un mélange d’amour, de goût pour le risque, d’orgueil mal placé. En comparaison, les Allemands lui paraissent moins audacieux, mais plus réfléchis et, surtout, plus attachés à une démarche que concilie l’amour de la na-ture – marquée par l’importance donnée à la sensibilité et à l’art – et l’étude précise et détaillée de cette nature. Alexander von Humboldt (1769-1859) illustre parfaite-ment cette alliance harmonieuse entre l’héritage du Romantisme et l’esprit analy-tique des Lumières. Dans tous ses écrits, le célèbre savant prussien souligne que l’étude systématique et quantifiée de la nature n’est que la première partie de son programme scientifique, la seconde consiste à prendre le temps d’être sen-sible à ses émotions, notamment face aux paysages grandioses.

Reclus dresse un portrait très diffé-rent des Français  : «  plus sociables que les Allemands et les Anglais, ils supportent plus difficilement la solitude ou même l'interruption temporaire de leurs relations habituelles. […] ils redoutent instinctive-ment la nature sauvage où l’homme ne trouve d’autres compagnons que les arbres, les rochers et les torrents  ». Il poursuit en soulignant que la nature que les Français comprennent et qu’ils aiment le plus à regarder, est celle qui montre les «  marques de l’industrie de ses sem-blables  », car ainsi «  la nature, façonnée par le travail, s’est humanisée pour ainsi dire, et le spectateur aime à s’y retrouver lui-même dans l’œuvre commune  ». Re-clus cite Châteaubriand qui n’aimait pas les montagnes et qui avait écrit dans son Voyage au Mont-Blanc de 1806 que  : «  ces lourdes masses ne sont point en harmonie avec les facultés de l’homme et la faiblesse de ses organes  » et que les montagnes ne participaient à un beau paysage que de loin « lorsqu’au fond d’un horizon vaporeux [les monts] s’arrondi-ssent et se colorent dans une lumière fluide et dorée ».

L’analyse de Reclus est loin d’être isolée. Ainsi Stendhal regrettait, dans les Mémoires d’un touriste de 1854, que « par malheur il n’y a pas de hautes montagnes auprès de Paris : si le ciel eût donné à ce pays un lac et une montagne passables, la littérature française serait bien autrement pittoresque  ». Édouard Droz (1855-1923) affirme lui aussi, dans son court essai Sur le sentiment de la nature dans la littérature française de 1897, le manque d’intérêt des Français pour la nature  : «  Si Robinson Crusoé avait été français, il serait mort d’ennui. Au contraire un Anglais ou un Américain s’enfonce dans une solitude où il ne pourra entretenir aucun être vivant. Quand il aura construit son home, il saura mieux que nous se contenter de la nature comme amie ».!

La différence d’intérêt pour la nature entre Français, Allemands, Britanniques et Américains est parfaitement repérable dans de nombreux domaines. Le premier exemple est celui de la littérature sur la nature (ou Nature writing), un genre d’ouvrage apparu à la fin du XVIIIe siècle. The Natural History of Selborne (1789) de Gilbert White (1720-1793), paru en 1789, peut être considéré comme l’une des pierres fondatrices de ces ouvrages, non pas parce qu’il est le premier du genre, mais à cause de son immense succès avec plus de 200 éditions différentes de-puis sa première parution (ce qui en fait le livre de langue anglaise le plus lu après la Bible et Shakespeare). Le projet de White est simple : décrire minutieusement la na-ture autour de chez lui. La qualité littéraire de l’ouvrage est réelle sans qu’elle réduise pour autant l’exactitude naturaliste. Ce type d’œuvre se caractérise par son sujet central, la nature, par la précision du pro-pos et par l’absence de fiction. Certains des ouvrages des auteurs les plus cé-lèbres (John Burroughs ou Rachel Carson, par exemple) se sont vendus à des cen-taines de milliers d’exemplaires, signe de la passion suscitée par cette littérature.

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On peine à trouver des ouvrages si-milaires en France mais, même si certains auteurs accordent une grande place à la nature (on peut penser à l’œuvre de George Sand par exemple), elle est tou-jours le décor d’une trame narrative et fic-tive. Seul Jean-Henri Fabre (1823-1915) réussit, dans ses Souvenirs entomolo-giques, à conjuguer description de la na-ture et qualité littéraire, mais Fabre consti-tue un exemple unique et atypique.!

Une autre indication de la relation très particulière des Français à la nature est repérable dans l’histoire de l’écologie et de l’éthologie, car du moins avant les années 1970, ces disciplines ne comptent aucun scientifique français. L’écologie n’est enseignée en France qu’après la Se-conde Guerre mondiale et se limite alors à quelques universités. Les raisons du dés-intérêt pour l’écologie sont complexes : la passion française pour le néolamarckisme a été probablement un frein ; le goût pour les systèmes philosophiques conduit à un certain mépris pour l’observation de ter-rain, pourtant à la base de l’écologie, etc.!

L’histoire de la protection de la na-ture fournit un dernier exemple. Plusieurs études réalisées au début du XXe siècle affirment que si l’on parle beaucoup de la protection de la nature en France, elle n’est que rarement mise en pratique. Les effectifs des mouvements de protection des oiseaux confirment ce jugement : à la veille de la Première Guerre mondiale, les sociétés allemandes comptent plus de 80  000 membres, les sociétés britan-niques environ 70 000 membres et les so-ciétés américaines – un décompte difficile à cause du grand nombre de structures – certainement plus de 100 000. En France, la Ligue pour la protection des oiseaux (créée en 1912), ne compte seulement que quelques dizaines de membres !

L’historien peine à expliquer les causes de ces différences d’un pays à l’autre. Cette tâche est d’autant plus diffi-cile que l’on observe le même jeu de diffé-

rences dans la perception et l’intérêt pour la nature d’une région à une autre. Ainsi, les populations du midi de la France se sont opposées, avec efficacité, depuis les années 1850 à la protection des oiseaux, tandis que d’autres régions, certaines limi-trophes, montraient une réelle mobilisation pour cette question.!

Il faut bien voir que la question des différences culturelles est essentielle pour mettre en place une protection efficace de la nature et des ressources naturelles. Le mouvement de protection de la nature en Europe se heurte dès ses débuts à l’impo-ssible entente entre les peuples  : ce qui est considéré comme essentiel ici (en termes de protection des espaces ou des espèces, de régulation de la chasse ou des pratiques agricoles, etc.) est jugé comme inacceptable là. Très tôt, on ob-serve qu’un processus de «  réalisme  » prévaut dans les discussions internatio-nales aboutissant à la signature de traités ou de conventions ad minima, comme la Convention Designed to Ensure the Conservation of Various Species of Wild Animals in Africa Which Are Useful to Man or Inoffensive de 1900 ou la Convention internationale pour la protection de tous les oiseaux qui rendent service à l’agricu-lture de 1902. Mais ces textes, pourtant le fruit de décennies de discussions, ne sont jamais vraiment appliqués.!

Il est facile de fournir des explica-tions à ces variations culturelles, mais dès qu’on les examine attentivement, on dé-couvre leur imprécision. Ainsi, on a souvent avancé une explication de nature religieuse  : le protestantisme conduirait ainsi à un intérêt plus grand pour la nature que le catholicisme. Mais comment alors expliquer que l’Autriche ou la Hongrie, à majorité catholique, se soient engagées dès le milieu du XIXe siècle en faveur de la protection de la nature, à la même époque que d’autres régions germanophones et protestantes  ? Une autre explication se base sur le caractère rural de la France,

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par rapport à l’Allemagne ou l’Angleterre, bien plus industrielle ou urbaine. Mais quel est le facteur qui serait actif : la distance à la nature permise par les villes  ? l’intérêt pour la régulation sociale typique de centres urbains densément peuplés  ? le développement d’une classe aisée dispo-sant du temps et des connaissances pour s’intéresser à la question de la nature  ? l’importance des mouvements réformistes et moraux issus de la société civile et ur-baine ?!

On voit dès lors la richesse et l’importance de l’étude historique des différences culturelles dans l’intérêt pour la nature. !

Ce type de recherche est loin d’être un simple jeu d’érudition car il permet de mettre en lumière la com-plexité des situations, de mieux com-prendre comment se formalise la rela-tion à la nature, d’étudier de la façon dont les échanges culturels s’établ-issent, comme les concepts se trans-forment lorsqu’ils changent de pays, etc. !

Or, toutes ces questions sont au cœur des questions environnementales contemporaines. !

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THINKERSEDUCATION FOR HARMO- NY

(from a Ghan- dian Perspec- tive) By Dr. Chinta Mani Yogi, Népal What is Education?

* Is education only for success or pea-cefulness?

* Is education for only knowing the world or for knowing ourselves?

* Is education about competing with others or cooperating with others?

* Should education be only book-ba-sed or life-based?

* * Is education only training or awake-ning?

These are a few fundamental questions which we all have to think seriously about; if we do not get the right answer at the right time, then we will spoil our lives and our society too. Needless to say, the world is deteriorating, as we have not yet addressed these issues within education.

However, the modern education sys- tem has become superficial and mate- rialistic; it focuses more on physical things, and the results appear to be destructive. Today, people are beco- ming more negative: suicide cases are increasing, violence is on the rise, egoism is damaging relationships, and environmental exploitation is a pressing matter. !What is the root of these problems which we experience in our day to day lives? I think they are the conse- quences of imbalanced human atti- tudes. The modern education system has addressed the physical issues, but has not embraced the spiritual aspects of human life. !Education for Peace !

* Why are we divided as a so- ciety and as individuals?

* Why are we not at peace in spite of our physical comforts?

* Is education only an Art of Li- ving, or is it the Art of Life?

* Should education be mind- centered or heart-centered?

* Is peace to be achieved

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or practiced?!Modern development is threatening the peaceful coexistence of humanity. Our minds are sharp but not balanced; our quality of living is high but life is still hol-low and artificial; our bodies are healthy but our souls are crying; we are advancing intellectually but lagging spiritually. Many worrying questions have arisen from the modern education system. In ancient times education was balanced, as it placed emphasis on four human achievements: Purusartha- dharma, artha, kam, and mokshya, meaning ethics, pros-perity, sexual relationship and liberation. The ultimate purpose of education was to produce a rounded, holistic human being. The teachers played the role of sadhus; they were referred to as aacharya or guru. They were role mod-els for how students ought to live their lives. Most achievement is external, but peace is realised from inside; it cannot be bought, but can only be grown from with-in. Therefore, education should nurture the seeds of peace in children from a young age. How could one exist without peace? So the Vedas say, “Shantireva Shanti” (‘May there be peace in peace’), and the Geeta also says, ''Ashan-tasya Kut Sukham?'' (‘How can a restless person have true comfort or joy in life?’). The Geeta says, ''Gyanat shanti anan-taram'', meaning that one can only have peace through wisdom, or peace as an outcome of wisdom. Therefore, we must ask ourselves what we are providing our students with: knowledge or wisdom? Are we only teaching them how to make a liv-ing, or are we giving them the tools with which to face life's various challenges? Education for Harmony 

* Why do we harm others?

* Do we live productively or beauti-fully?

* Can one exist in isolation?* Can we have harmony without

humanity?* Is education about information or

personal transformation? It is evident that modern life has become like a blind race; we are all running, but we do not know where the finish line is. We feel no guilt in exploiting others in order to achieve our goals. We have forgotten that the most important goals are reached when we work in a spirit of unity and not individually. After all, we are social beings, and we need to develop an environment of mutual cooperation in order to grow to-gether. The Vedant philosophy speaks of adwait, meaning ‘non dualism’. We all are mani-festations of the same supreme con-sciousness, or Brahman; we all have the same spirit or quantum energy. The Vedas also say ''Ekam Sat Vipra Bahudha Vadanti'' - there is only one truth or ulti-mate reality - but that the intellectuals (pundits) address it differently. The Upanishad says ''Saha na-vavatu saha nau bhunaktu saha veeryam kar-avavahai...” - ''let us live together, let us eat together, let us strengthen ourselves together, let us enlighten ourselves to-gether, let us not be jealous of each other''. In spite of our awareness of this message of togetherness, we are trying to isolate ourselves from each other. Al-though we talk about the idea of ‘global family’, in reality we are teaching our chil-dren to be isolated and distinct from oth-ers from a very early age. How sad!  Modern education is producing machines, and we are losing sight of human values. The greatest enemy of man is man him-self, and the world is becoming a more threatening place in which to live. The an-cient vedic message ''Vasudhaiva Kutum-

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bakam'' (‘global family’) is merely a slogan and not a part of our daily lives. Gandhi's Thoughts on Ethics in Education  Throughout his life, Gandhi practiced what he preached, as he believed that his life was his message. He would always find the time to pray, as it was in prayer that he found inspiration, healing, and the strength with which to live through the turbulent times in his life. Gandhi’s prayer ''Sab ko Sammati De Bhagavan'' teaches that we should nur-ture wisdom and the right attitude within ourselves. We need both sammati and mati - goodness of heart for truth of mind: mati, our logical faculty, is nothing without sammati, the goodness without which we cannot attain the truth. The Vedas also say, ''Pragyanam Bramha..... Satyam Gyanam Anantam Bramha.... Rite Gyanat Na Mukti...”. Gandhi did not discriminate on the basis of caste, colour or creed. He highlighted the issues of Dalits, or ‘untouchables’, by giving them a new name - Harijan - mean-ing that they too are the children of Hari (God). He strove to educate Harijans be-cause it was illiteracy which suppressed them. He made an ethical appeal to the government and all stakeholders to offer education to Harijans in order to bring them into mainstream society. Gandhi had great respect for the teach-ings of the Geeta. He followed the teach-ings through both the highs and lows of his life – he said that the Geeta was his mother (geeta mata). The Geeta is a source of great wisdom of Eastern philos-ophy. But how can we embrace this wis-dom in our modern education system? How can we instill positive ethics within our youngsters? How can we enlighten our so called intellectuals, who have been blinded by their imbalanced modern edu-cation? We can achieve this by bringing

the message of the Geeta into practice in our daily lives. Therefore, a school’s ethos ought to have the teachings of the Geeta at its core. Gandhi was assured in his proclamation “my message is my life” because there was always consistency between his words and actions in his highly moral life. Neeti Vachan also says - ''Gyanam Bhar Kriya Vina'' - knowledge is useless if it is not used in our own lives. We should use our knowledge to develop selfless, open-minded people, devoted to ''truth, love, peace, selfless service and non-violence.'' There are two main ways of changing the society: Political Revolution (PR) and So-cial Reformation (SR). Gandhi chose the path of SR: PR can sometimes be de-structive, but SR is always constructive; PR can be fast but is not always sustain-able; PR can be attractive but is not al-ways holistic; PR is mainly based on pow-er, but SR is based on people. PR can change the system, but SR can change the attitude. Therefore, we need an educa-tion system which encourages our young-sters to have a holistic view of develop-ment. Satyagraha was the motto of Gandhi’s life. Once he was told, “Gandhi-ji, you are great, as you are fighting against the Britons”. He replied very peacefully, ''I am not fighting against anyone, but I am fight-ing only for the truth”.  Gandhi gave a new model of leadership: servant leadership. A true leader should lead his or herself before leading others. He or she should be a true example for his or her followers and friends, and should have compassion for all humanity. Once, some people came to meet Gandhi with newspapers. They said to him, ''Look Gandhi-ji, how many Hindus have been killed?'' The next day, another group of people came and shouted, ''Look, how

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many Muslims have been killed?'' Gandhi said to them, ''Stop talking nonsense. Do not ask how many Hindus or Muslims have been killed, but rather ask “how many people have been killed?” Gandhi followed the eastern living style. He had lived a tyagmaya jeevan, meaning a simple life of renunciation. Although he was educated in England and brought up in a high class Brahmin family, and initially had aspirations of fortune, he changed his way of life in favour of simplicity and be-came known as Mahatma - a ‘great soul’. He used to say, ''Need can be fulfilled, but greed never''. Simplicity is the foundation of spirituality. However, the modern edu-cation system is making people more prone to temptation and selfishness. When Gandhi was told, ''Oh Gandhi-ji, you are great, as you are fighting for In-dia's freedom'', Gandhi would reply, ''Ac-tually, I am fighting for my own freedom.'' In fact, education's ultimate purpose is freedom, and only freedom (mukti) – “Sa Vidya Ya Vimuktaye”. Just as the light of sun is equal for all, de-veloping every individual should be the main aim of education. All individuals should get the chance to awaken them-selves through education. We have a fa-mous saying ''Tamaso ma jyotir-gamaya”, meaning “May we lead our lives towards true light and away from darkness”. Ego-ism, hatred, jealousy, and negativity are the darkness which spoil our lives. The Charkha (the hand-making of fabric) was one of the strongest tools that Gandhi had to change individual lives, as all could become autonomous through labour. However, today we must question what we want: bigger or better? If a Charkha also can make a positive sus-tainable change in the society, then why do we call for huge economic industrial revolution?  !!

Conclusion  People who are illiterate struggle in their daily lives and worry for their survival, but people who are educated and successful are also deeply troubled, as their hearts are crying for a peaceful, harmonious life. Our modern society is lacks balance. The Geeta says, ''Samata.... Samatwam Yoga Uchyate'', and Guru Gorakhnath says, ''Sahajai Rahiba''. It is only possible to achieve this through the effective appli-cation of Values Based Education or Ethics in Education, or by reviving our an-cient Gurukul education system.Progress is needed for contemporary hu-man society, but what use is progress if it is not grounded in peacefulness? Educa-tion is unavoidable, what kind of educa-tion do we seek to promote? How will we enjoy life if education disconnects us from our roots, families and values? Gandhi's philosophy regarding social is-sues, global challenges, life, and educa-tion can provide peaceful solutions to many pressing issues which are dam-aging human society. We undoubtedly need development, but this must be an environmentally-friendly development. We need education for all but this should be life-friendly education. We need sci-ence and technology, but with conscience and spirituality.  Dr. Chinta Mani YogiFounding Principal - Hindu VidyaPeeth-Nepal (HVP)Founding Chairperson - Shanti Sewa Ashram (SSA)Patron - Youth Society for Peace ( YSP)Founder - Society for Value Education (SVE)Chairperson- Nepal Inter-faith Movement (NIM) Co-ordinator- GNRC-NepalPO Box: 6807, Kathmandu,Nepal; Ph. 00977-1-5527924 /5006125 www.cmyogi.org ; www.hvpnepal.org;  www.peaceservicenepal.org.np; www.chil-drenspeacehome.org

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PRATICIENS

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PRATICIENSBIEN COM- MUN & AGENCES D’URBANISME

Par Brigitte Bariol, FNAU, Fédération Nationale des Agences d’Urbani-sme En Novembre 2014 la Fédération Na-tionale des Agences d’Urbanisme (FNAU) à organisé à Paris sa 35e rencontre annuelle sous le titre «  A la recherche du bien commun terri-torial ». !L’approche par les communs a en-core peu «  percolé  » dans l’action territoriale et la FNAU a souhaité questionner l’action urbaine sous l’angle des communs, dont la philo-sophie fait écho à l’ADN partenarial des agences d’urbanisme. Elles sont effet des outils d’ingénierie publique qui réunissent des collectivités de

toutes échelles  : intercommunalités et communes, régions et départements, mais aussi l’Etat, divers acteurs de l’aménagement du territoire aussi di-vers que les universités, les chambres consulaires, les acteurs de l’énergie, du foncier…. avec pour objectif de conduire en commun des missions d’observation et de prospective et de produire des politiques partagées sur l’urbanisme et le développement terri-torial durable. !Les agences d’urbanisme travaillent sur des « communs territoriaux » aussi va-riés que les espaces publics d’une ville, la mutation des campus universitaires dans la ville, la valorisation de patri-moines urbains et naturels ou des trames vertes et bleues sur de grands territoires, ou encore l’évolution des système de mobilité !

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Ainsi l’agence d’urbanisme de Bordeaux a-t-telle récemment animé un « grenelle des mobilités » qui a ras- semblé tous les acteurs : entreprises, usagers, gestion-naires de réseaux pour travailler de ma-nière collaborative à formaliser des solu-tions innovantes qui n’auraient pas émer-gé dans une approche strictement institu-tionnelle.

Sont en émergence de nouveaux systèmes de construction des projets mais aussi de nouveaux modèles économiques de l’acti-on territoriale, fondés sur des partena-riats 4P « partenariat public privé et po-pulation » car l’action des individus dans les processus de décisions et de gestion est devenue un enjeu-clef.

La 35e rencontre de la FNAU a aussi mon-tré tout le rôle d’un «  capital territorial immatériel  » (relations de confiance entre les acteurs, systèmes de coopéra-tion….) dans l’attractivité et la résilience des territoires. Le réseau des agences d’urbanisme est aujourd’hui convaincu que l’action publique peut être renouve-lée par les processus de «  bien commun » : un beau chantier de réflexion pour conduire le changement.

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PRATICIENSLA VILLE ELE-MENTAIRE Par Nathalie Ce- cutti, architecte et urbaniste de l'Etat, spécialiste ministé- rielle en "Habitat, Aména-gement, Villes et Terri- toires »

!La ville élémentaire : quel retour vers le futur ?

Le concept de ville élémentaire pro- pose une vision de la pensée du Bien commun.

On peut comprendre aisément ce que signifie ce concept de "ville élémen-taire" quand on le rat- tache à ce qui fonde la ville de tous temps : un espace vivant d'interrelations humaines, érigé stratégiquement dans un site naturel

propice au développement des activités humaines et bénéficiant des ressources nécessaires à sa survie en relation avec sa région proche. !Les « éléments »

Plus précisément, qu'entend-on par "éléments" lorsqu'on s'intéresse à la ville ?

A l'évidence, l'"eau" et l'"air" se com- prennent naturellement, et leur traite- ment renvoie à l'assainissement, l'épu- ration, la préservation, mesures d'auta- nt plus importantes qu'il faudra remé- dier aux pollutions occasionnées et évi-ter d'en produire de nouvelles.

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Quant à la "terre", il se manifeste par l'espace bâti et l'espace naturel, dont on perçoit le déséquilibre urbain au dé- triment du second. On sous-estime pour ce dernier le rôle majeur dans l'atténuation des effets du changement climatique, outre ses fonctions de support à la biodi-versité et de récréation vitale pour les ci-tadins.

Enfin, relativement au "feu", ce sont tous les aspects énergétiques qu'il s'agit de considérer, aussi bien en termes de flux (transports, activités, habitats,...) que dans l'approvisionnement, les échanges, et les déperditions énergétiques en tant que telles - et notamment avec la montée en puissance de la smart-city. ! Force est de constater qu'aujourd'hui, si l'on déploie des instruments et des actions de dépollution, de restauration, de préservation, - inscrits par exemple dans le récent Plan National Santé Environnement - ceux-ci semblent encore insuffisants au regard des efforts consacrés aux domaines de l'énergie pour plus d'efficacité et de sobriété.

La ville par et pour les hommes!

Retrouver la ville pour les hommes, "où il fait bon vivre" - comme on a coutume de le prononcer dans di- vers cénacles - sera le grand défi de ce siècle, et passera inévita- blement par le rééquilibrage de tous ces éléments, en agissant de manière mas-sive, à la hauteur et dans la réversibilité de la croissance "inconsciente" et effrénée des villes depuis le XIXème siècle.

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PRATICIENVOULOIR, SA-VOIR, POUVOIR COPRODUIRE LE TERRITOIRE

!Par Romain La- lande, Coopaxis !Les Pôles Territoriaux de Coopération Économique

La loi de l’Économie Sociale et Solidaire du 31 Juillet 2014 définit un concept nouveau : les Pôles Territoriaux de Co-opération Économiques (PTCE). Le dé-veloppement de ces pôles, qui trouvent leur origines dans les nombreux projets de coopération observés à l’échelon local, est porté par un inter-réseau na-tional1 depuis 2011. Ce travail collectif a permis un appel à projet porté par trois ministères en 2013 qui aboutira au financement de l’émergence et du dé-veloppement de 23 de ces pôles. Si les (biens) communs n'apparaissent pas explicitement dans cette définition lé-

gislative, ils peuvent en devenir un élé-ment central.

Les PTCE ont vocation à regrouper les parties-prenantes du territoire (collecti-vités, acteurs de l'ESS, entreprises, ci-toyens) afin de favoriser leur action col-lective. Bien qu'ils s'organisent chacun autour d'une thématique qui leur est propre, les PTCE portent l'ambition de faire évoluer les postures des acteurs au niveau local.

Ainsi, ils font vivre quotidiennement des pratiques du faire-ensemble qui per-mettent de susciter davantage de transversalité entre les services d'une structure en interne, et de réduire les silos qui cloisonnent les acteurs entre eux. Globalement il s'agit de faciliter les liens entre l'ensemble des usagers du territoire pour le construire collective-ment.

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Naissance de CoopAxis

A Tours, peu de liens et de projets collec-tifs existaient entre acteurs du numé-riques. D’autre part les autres acteurs s'approprient encore peu le numérique et ses usages. Ce constat est notamment partagé par la CAE Artefacts (coopérative culturelle et numérique), le Cré-sol (réseau d'acteurs de l'économie solidaire) et Né-koé (pôle d'innovation par le service). Pro-fitant de l'appel à projet national PTCE lancé en 2013, ils s'associent à des col-lectivités, associations, entreprises et chercheurs pour construire ensemble le projet de PTCE CoopAxis.

CoopAxis a pour vocation de permettre l’émergence, l'accompagnement et le dé-veloppement de projets d'innovation so-ciale sur son territoire d'intervention en s'appuyant sur des coopérations durables et sur des outils du numérique ouverts et accessibles. Pour cela, des infrastructures sont développées collectivement au ser-vice de tous et reliées par l’intermédiaire de CoopAxis (InfoLab, LivingLab, Finan-cement Participatif, FabLab,...). Il faut comprendre ce pôle comme un écosys-tème communiquant et non comme une structure centralisée qui porterait des dis-positifs. Le numérique n’y est pas consi-déré seulement comme une filière por-teuse de développement économique lo-cal, mais surtout comme un fait social to-tal. Omniprésent dans notre société, le numérique constitue un élément de culture générale que chacun doit s'appr-oprier s'il ne souhaite pas en être un simple consommateur, sujet d'un monde qu'il ne maîtrise pas.

CoopAxis et les communs

Notre 21e siècle redistribue les cartes, particulièrement en terme de circulation de l'information et des connaissances. Il devient de plus en plus simple de s'orga-niser en grand nombre et de dupliquer les savoirs pour un coût qui tend vers zéro.

Nous ne pouvons dès lors plus attendre passivement qu'une grande organisation centralisée s'implante localement en pro-mettant une création immédiate et impor-tante d'emploi.

L'avenir appartient désormais aux mul-tiples structures de taille moindre qui sau-ront tirer profit du numérique, d'une part, pour s'organiser collectivement de ma-nière distribuée et, d'autre part, pour as-surer le partage des connaissances qu'ils produisent. Licences libres, innovation so-ciale ouverte, développement du pouvoir d'agir, sont un échantillon des modes de faire que partagent les acteurs de Co-opAxis et que nous pouvons relier à la no-tion de communs.

Si le terme de « communs  » n'est réelle-ment appréhendé que par une minorité au sein du pôle, de nombreuses réalités opé-rationnelles s'y retrouvent pleinement (en terme de processus à l’œuvre et de finalité poursuivie).

Les deux premiers axes prioritaires de CoopAxis ont vocation à penser le terri-toire comme un commun géré collective-ment par l'ensemble de ceux qui en ont l'usage. Il s'agit ici de constituer le capital immatériel du territoire en augmentant du-rablement les capacités et l'habitude des acteurs à coopérer par des projets collec-tifs impliquant chacun (collectivités, ci-toyens, entreprises, ...). L’enjeu est de permettre plus de transversalité et de pouvoir d'agir en brisant les silos pour fi-nalement aboutir à un territoire co-produit.

Les trois derniers axes s’intéressent à la production et à la mise à disposition de communs de la connaissance. CoopAxis s'attache à permettre la production de connaissances et leur transmission en do-cumentant au maximum (sous licence ou-verte) de ses réalisations. De plus, l'Ope-nData est accompagné localement en fournissant aux détenteurs de données des opportunités d'usages concrètes qui donnent à voir l'intérêt de cette ouverture.

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En évoluant dans cet environnement, les projets (et leurs porteurs) soutenus par CoopAxis sont mis en situation d'usage et de production de communs et seront plus à même d'adopter des pratiques qui y contribuent.

Vers des représentations partagées

De par sa complexité, il n’est pas évident de construire un discours clair sur le projet qui permette à d'autres de le comprendre et donc de se l'approprier. Cette année a donc surtout permis de resserrer les liens entre les acteurs déjà impliqués, notam-ment à travers différents groupes de tra-vail ou projets collectifs.

Certains membres ont eu des difficultés à s'impliquer, du fait du manque de repré-sentation réellement partagée du projet. La communauté qui devait être un préa-lable à ce projet collectif n'était finalement pas suffisamment constituée et la réponse à l'AAP est peut être intervenue prématu-rément. Toutefois, les financements obte-nus ont permis de rémunérer des contri-butions qui étaient jusque là bénévoles, L’énergie des acteurs qui portaient ces contributions se seraient certainement es-soufflée sans cela. Ici, le frein à la partici-pation n'est donc pas financier, mais bien culturel.

L'identité, les pratiques et les valeurs que porte CoopAxis doivent aujourd'hui être mieux appropriées par ses membres, et mieux comprises de l’extérieur. Nous constatons que le numérique est encore trop largement perçu comme une filière alors qu’il constitue une véritable révolu-tion systémique un enjeu transversal. La question des communs est également ob-servable sous cet angle : elle n'est portée que par quelques personnes, alors même que chacun en produit. Un élément dé-terminant pour 2015 sera la formalisation et l’appropriation des éléments définissant CoopAxis.

Un travail précisant et clarifiant l’apport de CoopAxis sera bientôt restitué et permet-tra d’améliorer la représentation partagée des enjeux. Certains projets accompagnés fin 2014 font d'ailleurs intervenir de nou-velles structures, ce qui laisse présager une meilleure lisibilité du projet (interne/externe) en 2015.

La contribution des individus et sa ré-tribution

Pour animer l'éco-système, de nom-breuses compétences, très diverses, étaient nécessaires  : plusieurs mi-temps ont été imaginés (coordination, lien avec les acteurs politique de la ville, ...). Pour les salariés, l'équilibre entre plusieurs acti-vités est parfois difficile à trouver et le bé-névolat n'est jamais bien loin du fait de leur forte implication et de la proximité entre leurs missions salariés et leurs en-gagements annexes. Une réflexions ap-profondie en terme de gestion des res-sources humaine est ici primordiale pour assurer de bonnes conditions de travail dans un contexte où il ne faut pas laisser le projet collectif prendre le pas sur l'indi-vidu qui y contribue.

La contribution de CoopAxis aux com-muns est en partie financée, mais une large part des contributions (alimentation du wiki, . . .) restent bénévoles. Si nous percevons la gestion du territoire en commun et le partage des connaissances comme un moteur de résilience locale, les modèles économiques associés restent à trouver. Nous l'observons lorsque du temps bénévole est dédié à la documen-tation des projets, mais également quand nous abordons l'OpenData avec certains producteurs de données dont les modèles économiques reposent largement sur l'accaparement de données pourtant fi-nancées par des fonds publics. L'enjeu est d'imaginer ensemble d'autres ma-nières de rétribuer la production de valeur, l'utilisation d'unités d'échanges inter-en-treprises (Barter) et le développement de

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nouveaux services autour des données pourraient être des pistes.

Du changement de pratiques au chan-gement de posture

Au delà des entreprises, c'est également les collectivités, et notamment celles qui financent l'Innovation Sociale qui doivent ré-interroger leurs pratiques. Un fort inté-rêt pour CoopAxis s'est traduit par diffé-rents financements publics. En revanche, pour rendre compte des résultats produits grâce à ces financements, les indicateurs retenus et les modes d'évaluation n'ont pas évolué. Si l'acteur public souhaite voir son territoire innover, il devient alors indis-pensable qu'il construise à son tour des modèles d’évaluation qui prennent compte de l'utilité sociale et de la produc-tion de communs. C'est un chantier qui 'il sera plus évident de lancer dans le cadre d'un PTCE que dans un autre cadre puisque les collectivités n'y sont pas pré-sentes en tant que prescripteurs, mais bien en tant qu'acteurs.

Au sein de CoopAxis, si chacun a une place à prendre, les collectivités et les structures « d'action sociale » (centres so-ciaux, . . .) peinent à y prendre part. Les

collectivités ont tendance à être considé-rées, et à se considérer, comme de simple prescripteurs alors qu'il faudrait tendre vers une forme de co-production d'égal à égal. Dans le cadre de groupes de travail autour de la FrenchTech à Tours, ces pos-tures sont entrain d'évoluer mais c'est un processus long qui ne peut pas être accé-léré. Pour Concernant les acteurs sociaux, leur faible participation tient surtout au fait qu'ils ne perçoivent pas le potentiel des usages numérique dans leur quotidien : un mi-temps est dédié à un travail de média-tion sur le sujet qui commence à porter ses fruits.

Globalement, les collectivités soutiennent le projet et y perçoivent un fort potentiel d'innovation et de développement éco-nomique local. Suite aux élections muni-cipales, nous craignions une remise en question du soutien qui nous était acquis, mais les sujets que nous traitons semblent dépasser les barrières politiques. L'enjeu sera maintenant de dépasser également les barrières culturelles (ces fameux silos) pour aller vers la constitution d'une com-munauté apprenante. Cette communauté s'appuierait sur une circulation efficace de l'information et des connaissances qui et permettrait à chacun d'avoir conscience des autres et de l'écosystème dans lequel il évolue

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En guise de conclu-sion

Pour demain, l'enjeu es t l oca lement de continuer la structura-tion de CoopAxis en améliorant la lisibilité du projet pour que

chacun se l'approprie et que la place des communs soit reconnue et affichée collecti-vement. Il est également vital que les com-munautés apprenantes qui tentent de se constituer localement se relient au sein d'une communauté nationale qui dépasse les seuls PTCE financés en 2013. Les pra-tiques concrètes de l’ensemble des enjeux relevant des projets de coopération et les connaissances qu’elles produisent gagne-raient à être partagées (pratiques collabora-t i v e s , n o u v e a u x i n d i c a t e u r s d'évaluation, . . .).

Le numérique est un levier qui facili-tera l’émergence d'une telle commu-nauté, encore faut-il qu'un intérêt pour s a c o n s t i t u t i o n émerge . . . C'est ce qui devra nous occuper en 2015 !

L a d é m a r c h e d'InfoLab

U n e d é m a r c h e d'InfoLab s'appuie

sur l'ouverture des données afin de per-mettre leur usage par le plus grand nombre ( c i t o y e n s , t r a v a i l l e u r s s o c i a u x , entreprises, . . .). Cet usage augmente le pouvoir d'agir localement et est garant d'actions plus efficaces puisque construite sur la base de l'ensemble des connais-sances disponibles sur le territoire.

Plus d'informations : http://www.pratiques-collaboratives.net/Mieux-comprendre-pour-mieux-agir-en-Region-Centre.html?lang=fr

L'observatoire des usages numériques

Suite à un accompagnement à la mise en place d'outils collaboratifs et à leurs usages auprès d'acteurs de l'emploi de l'agglomé-ration de Tours, la réalisation d'une étude en 2013 (http://savoirscom1.comptoir.net/_media/id37_-_dla_pcv_201312_-_etude_-diagnostique.pdf) a débouché sur un ob-servatoire des usages numériques. Le tra-vail de cet observatoire est notamment donné à voir via un wiki dédié (en perpé-t u e l l e c o n s t r u c t i o n )  : h t t p : / /savoirscom1.comptoir.net/ .

Le crowdfunding local

En partenariat avec des acteurs de l'acco-mpagnement en région Centre, une plate-forme de locale de financement participatif est en construction. Elle est pensée comme un outil géré collectivement par les acteurs de l'accompagnement. Plus d'informations : https://wiki.coopaxis.fr/projets/crowdfun-ding_local .

La cartographie participative avec OpenStreetMap (OSM)

Dans le cadre de plusieurs projets, la contribution et l'accompagnement à l'usage d'OSM sert de médiateur pour remplir d'autres objectifs (usages numériques, mo-bilité, remobilisation,…). Nous pouvons par exemple retrouver le SaniKart (http://fun-lab.fr/funwiki/doku.php?id=projets:sanikart), qui consiste en la modélisation en 3D des données ajoutées sur OSM pour l'intégrer à un moteur de jeu vidéo et pouvoir jouer « dans son quartier » ; ou encore les carto-parties (http://www.cc37.org/premiere-car-topartie-osm/) organisées avec le collectif cycliste 37 en partenariat avec collectivités et entreprises.

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or practiced? Our quality of living is high but life is still hol-

l o w and artificial; our bodies a r e healthy but our souls are crying; we are advancing intellectually but lagging spiritually. Many worrying ques-tions have arisen from the modern educa-tion system. !In ancient times education was balanced, as it placed emphasis on four human achievements: Purusartha- dharma, artha, kam, and mokshya, meaning ethics, pros- perity, sexual relationship and liberation. The ultimate purpose of education was to produce a rounded, holistic human being. The teachers played the role of sadhus; t h e y w e r e r e f e r r e d t o as aacharya or guru. They were role mod- els for how students ought to live their lives. !Most achievement is external, but peace is realised from inside; it cannot be bought, but can only be grown from with- in. Therefore, education should nurture the seeds of peace in children from a young age. How could one exist without peace?

S o t h e V e d a s s a y , “ S h a n t i r e v a S h a n t i ” ( ‘ M a y t h e r e b e p e a c e i n peace’), and the Geeta also says, ''Ashan- tasya Kut Sukham?'' (‘How can a restless person have true comfort or joy in life?’). !The Geeta says, ''Gyanat shanti anan- taram'', meaning that one can only have peace through wisdom, or peace as an outcome of wisdom. Therefore, we must ask ourselves what we are providing our students with: knowledge or wisdom? Are we only teaching them how to make a liv- ing, or are we giving them the tools with which to face life's various challenges? !Education for Harmo-ny !

* Why do we harm others? * Do we live productively or beau-

tifully? * Can one exist in isolation? * Can we have harmony wi-

thout humanity?

* Is education about information or personal transformation?daily lives.-sable pour entretenir le bien à long terme ou l'acheminer jusqu'aux utilisateurs ;

• les biens qui se divisent en sa parta-geant et dont la quantité est déterminée avant tout par la créativité et le travail

humain, comme la plupart des biens in-dustriels et des services à la personne ;

• les biens et services enfin qui se multi-plient en se partageant.

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POST

ALIO

HUIC

SIVE

TERRITOIRE, COMMUNAUTES NUMERIQUES

!!Il est également vital que les communautés apprenantes qui tentent de se constituer localement se relient au sein d'une communauté nationale qui dé-passe les seuls PTCE financés en 2013.

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PRATICIENMOUVEMENT DES COM- MUNS ET TER-RITOIRE

Par Michel Briand, Acteur des réseaux co- opératifs !Communs et terri-toires,du parcours au pays de Brest au change-ment d'échelle ? Ce que j'aime particulièrement dans l'émergence de ce mouvement des « communs », c'est que chacun-e peut se sentir concerné-e : en choisissant d'uti-

liser des logiciels libres, wikipedia, en élargissant les droits d'usage de son blog, en mettant une photo sur la mé-diathèque commons, en réalisant une veille partagée, en interpellant sa collec-tivité ou son établissement sur la signi-fication du »toute réutilisation interdite» présent sur la plupart des sites publics. Les communs numériques sont tout au-tour de nous à portée de main.

Les communs sont une question émer-gente. L'école nous a appris à cacher notre copie et à travailler seul plutôt que de co-produire et partager. L'innovation ouverte et réutilisable est encore rare dans la culture des services publics. Les cours des universités sont presque tous fermés à clé derrière des intranet, l'accès aux publications scientifiques est hors de prix.!La diffusion de nos usages du numé-rique, où un objet numérique peut faci-lement être copié et diffusé à coût très faible redonne vie cette question un peu oubliée des communs. En trois ans nombre de collectivités se sont ouverts à l'open data, la majorité des cours en ligne de FUN sont réutilisables, l'inno-vation ouverte des brevets réutilisables gagne le monde des entreprises. Plus dune centaine de fablab se sont créés et développent un culture des fabrica-tions en commun.!Tout autour de nous dès que l'on y prête un peu attention, les jardins par-tagés, les recycleries, les tiers lieux, les amap, les coopératives d'énergies

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UNE BIBLIOTHEQUE COLLABORATIVE ! http://www.intercoop.info/index.php/Au-tour_des_pratiques_collaboratives

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renouvelables, témoignent de la richesse et de la diversité de ce mouvement des communs en émergence.

!Les centaines de personnes qui font vivre les jardins partagés d'une agglomération n'ont pas conscience d'être parte pre-nante d'un même mouvement que les dé-veloppeurs du logiciel libre ou les contri-buteurs des cartes ouvertes d'Open Street Map, mais au fil des mois les initiatives de «  foire à la bidouille » qui rassemblent les acteurs d'un faire soi-même partagé, les rencontres des territoires en transition, d'alternatiba contribuent à relier les ac-teurs du Libre, Solidaires et durables au-tour de valeurs de partage et de coopéra-tion.!La notion de communs s'appuie sur une littérature riche (voir une biblio)  : nombre de revues ont publié des dossiers, des colloques comme celui des agences d'urbanisme ont mis ce sujet en avant, ré-actualisant les travaux d'Elionor Ostrom. Le travail de réseaux d'acteurs comme Savoirs com 1, d'association comme Ve-cam, de projets comme la P2P foundatio-nou Remix the commons formalise et fait connaître les concepts et enjeux autour des communs. !Mais les communs sont aussi des réalités qui se développent localement sur nos territoires et c'est cette dimension des communs en proximité que je vais décrire ici. !Je m'appuierai sur des exemples au pays de Brest où j'ai participé à la mise en place d'une politique publique autour des communs numériques en essayant de re-lier aux initiatives qui vont se concrétiser cet automne dans la quinzaine du « temps des communs  » pour poser la question d'un changement d’échelle.!!!

Les communs numériques au pays de Brest !

Dans un article où je présente la dé-marche contributive mise en œuvre comme élu local (1995- 2014), la question des communs n'est pas apparue immé-diatement. Le réseau des points d'accès publics (105 lieux ouverts en 12 ans), l'appel à projet annuel (qui accompagne une quarantaine d'envies de faire), les sites participatifs qui rendent publics les initiatives, nous ont d'abord appris un «  faire avec  », une «  attention à  », un « donner à voir » qui créent un climat de confiance et facilitent le pouvoir d'agir.!

L'apprentissage du libre et des pratiques collaboratives !

Ces trois approches ont été le sous bas-sement du premier projet collaboratif  : le CD bureau libre, compilation de logiciels de bureautique. Plusieurs dizaines de per-sonnes se sont impliquées pour choisir les outils, créer le graphisme, collecter les tu-toriaux, réaliser l'installateur et produire en 3 mois un produit simple d'installation, dif-fusé sur plusieurs années à 300 000 exemplaires en Bretagne et ailleurs. Dé-marré sous une licence qui permet la réutilisation dans usage commercial (CC by sa NC) nous avons retiré cette restric-tion pour permettre à des associations de revendre (à 1 € !) des CD pour alimenter un petit fond associatif. Et comme l'expr-ime Laurent Marsault d'Outils Réseaux, ce fut pour beaucoup d'entre nous une expé-rience irréversible de coopération.!

L'apprentissage des com-muns !

C'est sur le terreau des réseaux de l'accès public de proximité, des projets et du choix partagé du logiciel libre qu'est né le second projet collaboratif structurant : wiki-brest. A l'image de wikipedia nous

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avons voulu ouvrir un espace d'écriture collaborative mettant en commun le pa-trimoine et le vivre ensemble au pays de Brest.!« Histoires de lieux, de personnes, de tra-vail, géographie, tranches de vie, chan-sons, articles encyclopédiques, Wiki - Brest c'est une écriture qui relie habitant-e-s, journaux de quartiers, associations, artistes, bibliothécaires, enseignants... et vous invite à écrire ». !Partis d'une page vide, nous avons collec-té des textes avec le souci d'une écriture ouverte à tous : recettes de cuisine, pe-tites anecdotes. Les centaines d'articles ont été organisés en portails, pour les équipements de quartier qui racontent leur histoire, les journaux de quartier qui pu-blient des dizaines de numéros anciens. Cette écriture collaborative qui met en communs ne va pas de soi et le succès de wiki-brest tient beaucoup à l'animation, des ateliers, wiki-journées, wiki-contoirs.!Wiki-brest a montré la nécessité d'une large information sur les droits d'auteur et l'élargissement des libertés d'usage. Que peut-on mettre en ligne ? Sous quelle li-cence ? Tout cela est loin d'être évident. De cette sensibilisation, sont nées les se-maines « Brest en biens communs » orga-nisées en octobre 2009 et 2011 qui asso-cient des dizaines de partenaires autour d e l a v u l g a r i s a t i o n d e s «  b i e n s communs  «  Un petit événement, devenu en 2013 « Villes en biens communs »et qui va s'élargir en « Temps des communs » en octobre 2015.!Avec wiki-brest nous avons aussi appris et diffusé l'usage des wikis qui partagent les informations. Pour chaque projet, chaque rencontre, nous ouvrons un espace ouvert qu'il s'agisse du « Forum des usages co-opératifs », du « Centre de ressources de l'accès public au pays de Brest  »des études de l'économie sociale et solidaire ou des textes publiés par le service.

Un apprentissage des pra-tiques collaboratives !

Le travail en réseau, la coopération ne sont pas des habiletés apprises à l'école, transmises par la famille ou mises en œuvre dans l'activité associative ou pro-fessionnelle. Les formations-action «  ani-macoop » d'une centaine d'heures sur 15 semaines, réalisées avec l'association Ou-tils Réseaux apportent l'outil méthodolo-gique qui outille les acteurs de l'innovation sociale au pays de Brest. Former une cen-taine de personnes est petit mais cela maille déjà le territoire avec des acteurs ayant une culture commune de la coopé-ration et du partage, grains de fertilisation d'un grand nombre de projets « en com-muns ».!

Le temps des communs !La diffusion des communs doit beaucoup par des associations comme l'hébergeur associatif Infini et la Maison du Libre qui popularisent le logiciel libre et font de l'hébergent de services numériques (listes, blogs, wikis ..) un commun du territoire. Cette culture de la coopération et du par-tage est ce qui dynamise «  doc@brest  » réseau coopératif de170 documentalistes brestoises qui auto-organise ateliers de formation, copy-party , biblioremix, ou grainothèque. Les communs ce sont aussi les dizaines de sites contributifs, publics, associatifs ou autour de l'éducation dont les contenus sont réutilisables et qui fonc-tionnent en réseau local et interrégional tel a-brest, eco-sol-brest, Brest-ouvert, le médiablog, coopératif , le wiki-débrouillard ... !L'exemple des Fabriques du Ponant ate-liers de fabrication d'objets sont exem-plaires de cette émergence d'une culture du partage et de la coopération avec ces Open Bidouille Camp qui accueillent plus d'un millier de personnes dans une foire du faire soi-même entièrement auto orga-

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nisée, rendant compte d'un mouvement de société autour du Do It Youself, des circuits courts et de la consommation col-laborative.!

Communs et territoires comment élargir ce mouvement ? !

Cette petite histoire locale témoigne d'un élargissement du mouvement des com-muns que l'on retrouve aussi dans d'autr-es territoires. C'est ce temps des com-muns organisé par ANIS à Lille, le projet de Maison des communs à Montpellier, le tout récent festival du Domaine public à Paris, le programme de coopération (PTCE) rapprochant économie sociale et solidaire et communs à Tours, le réseau des Tiers lieux Open source et les ren-contres de St Etienne, le collectif autour des communs à Lyon, le réseau des ac-teurs autour de La serre et duFablab à Toulouse les dizaines de collectifs locaux autour des fablab, des cartes ouvertes, du logiciel libre, de wikipedia ..!La question qui se pose aujourd'hui est celle du passage à l'échelle. Des évé-nements comme le temps des com-muns vont permettre que des centaines d'initiatives soient données à voir et s'enrichissent les uns des autres pour élargir les territoires concernés !Mais comment favoriser une diffusion en proximité qui concerne le tissu as-sociatif, les élus ; les acteurs du service public ? !Localement, les réseaux coopératifs territoriaux sont une piste puisque l'exemple des documentalistes à Brest et Rennes montrent qu'il est possible d'associer un grand nombre des ac-teurs d'une profession. !La dynamique de mise en réseau initiée autour de Bretagne Creative nous montre

le long cheminpourrelier les acteurs des innovations sociales. Etre en attention aux initiatives, donner à voir, construire l'indi-spensable confiance en soi ne sont pas des ingrédients habituels des politiques publiques encore trop souvent en pres-cription. !La prise de conscience d'une société plus contributive où les transformations so-ciales sont tout autant portés par les ac-teurs eux-mêmes que par les élus et déci-deurs est un long chemin.Et cette coopé-ration n'est pas non plus dans la culture de nombre de professions. Cette question rejoint les propositions du Conseil Natio-nal du Numérique autour de la littératie numérique pour une e-inclusion ou une éducation ouverte et créative. !Les premiers pas du réseau coopératif «  prof@brest  » initié en décembre nous renvoie au temps long du changement de culture qu'impliquent les pratiques de par-tage et de coopération. En un an le site contributif « Innovation pédagogique » n'a publié qu'une centaine d'initiatives dans l'enseignement supérieur francophone, alors que les 40 collectées à Telecom Bre-tagne pouvait laisser espérer des cen-taines. Amener les personnes à donner à voir et partager, en créant des communs est un long chemin. Pour prof@brest, l'ouverture à l'automne d'un tiers lieux au lycée Vauban pour les acteurs de l'éduca-tion est une piste pour faire vivre cette culture de la coopération. !L'appropriation des questions des com-muns par les réseaux comme Colibris, les territoires en transitions, les tiers lieux open source, les fablab les réseaux du développement durable comme Bruded, les ptis debs sont une autre piste pour s'ancrer localement. !La publication des savoir faire sous forme de codes sources ou recettes libres de nos avoir-faire (sur Movilab, Imagination for people, au pays de Brest sur Bretagne

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Creative) est aussi un outil pour faciliter la diffusion et la production de communs. Les projets de systèmes interopérables en cours à la co-routine à Lille ou avec Multi-bao et Outils Réseaux à Montpellier vont aussi permettre de développer des syner-gies en croisant les productions de com-muns de différents réseaux.!Mais la question reste ouverte d'une diffu-sion en proximité des personnes, et en particulier de toutes ces celles en difficulté sociale ou isolées, souvent éloignées de ces questions. Cette interpellation soule-vée aux Roumics de Lille renvoie aux chemins à inventer avec les acteurs déjà présents en médiation des habitants. Et c'est, à mon avis, l'un des enjeux du pro-chain temps des communs  : regarder le comment faire pour que les communs soient une réalité dans une commune ru-rale ou un quartier politique de la ville. !Quelle médiation avec les travailleurs sociaux, les acteurs du service public, la associations d'insertion, pour que jardins partagés, recyclerie, lieux d'accès publics participent à cette émergence des communs ? !Comment développer un pouvoir d'agir qui implique largement les habitants ?

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PRATICIENCREER DU LIEN SUR LE TERRI-TOIRE DE MONTREUIL Par Basma Tliba, Pari Osé !Pensez Pari Osé, donnez du soli-daire à votre événement ! !Pari Osé est une coopérative (Scop) qui créé, promeut et organise des événe-ments avec une forte dimension soli-daire abordant une thématique sociale touchant à l'inclusion de toutes et de tous dans la société. Le cœur de nos actions est la création de lien entre les besoins de solidarité des associations et les envies de s’engager en interne (team building – congrès – séminaire – comité d'entreprise) et au niveau grand public (forum – salon – festival – terri-toire – formation – ateliers). Toujours dans un but de créer du lien, nous vous proposons un concept origi-

nal, sur mesure et à forte valeur hu-maine : Le Rallye Solidaire ! Sur une journée ou plus, nous sensibilisons les participants aux questions d'actualités, et les défis permettent de consolider les valeurs humaines en répondant aux be-soins des associations, tout ça dans un carnet de route pas comme les autres ! !Chaque année, la Ville de Montreuil soutient la Semaine de la Solidarité In-ternationale (SSI) et organise sur son territoire des actions pendant la 3ème semaine de novembre. !Cette année, la Ville a fait appel à Pari Osé afin d’ajouter à sa 17ème édition une nouvelle dimension et de proposer à ses citoyens une activité ludique pour marquer la journée de clôture. Pour cela, nous avons créé le rallye “Mon-treuil Ose dire hOUIt” afin de faire des participants, de réels ambassadeurs de la campagne “8 fois oui” lancée pour promouvoir les Objectifs du Millénaire pour le Développement en 2000 par l’ONU, et ainsi sensibiliser les Mon-treuillois à la solidarité internationale. !A l’aide d’un carnet de route, les équipes sont invitées à répondre à des questions abordant ces OMDs ainsi que des questions plus larges sur la solidari-té internationale et les diverses actions menées par les ONG locales.

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Afin de renforcer le caractère coopératif de cette action, chaque question à été écrite en collaboration avec les ONG présentes pour la clôture de cette SSI par comme les autres.!En ce samedi 22 novembre 2014, les équipes se forment peu à peu sur la place principale de la Ville de Montreuil. Des groupes d’enfants et des familles sont ain-si partis à la rencontre des ONG afin de trouver les réponses à leurs questions et ne se sont plus contentés de seulement passer devant ces stands sans oser entrer en contact avec les personnes présentes. Les équipes ont donc parcouru cette place en partant également à la découverte des différentes animations et expositions pro-posées par des acteurs locaux. Jean Louis et Barak ont par exemple éveillé leur cu-riosité en levant les yeux vers les arbres où étaient suspendues des photos de ci-toyens et ont ainsi éveillé leur curiosité quant aux définitions de chacun sur la so-lidarité. (voir photo) De plus, les participants ont dû relever un défi, participer à un clip vidéo réalisé sur le

stand de Pari Osé, où ils ont tous été invi-tés à prendre la parole sur l’engagement de chacun pour rendre ce monde meilleur. Chaque enfant, âgé de 5 à 12 ans a pris le temps de s’exprimer, seul ou en groupe, et n’a pas reculé devant ce challenge! !Ce tournage a rassemblé de nombreux moments magiques face à la sincérité de ces enfants. Une petite fille à d’ailleurs surpris l’assemblée en décidant de prendre possession de ce moment afin d’exprimer son engagement, en nous ex-pliquant ainsi que l’école est importante, et que chaque enfant doit étudier sérieuse-ment afin de faire un bon travail dans le futur et faire évoluer notre société. Un autre enfant, alors seulement âgé de 5 ans, a tenu à participer mais ne sachant pas lire, à décidé d’apprendre par coeur une phrase et de lui aussi relever ce défi pour son équipe !

!Ce clip vidéo sera prochainement diffusé sur les canaux de la Ville de Montreuil ain-si que sur ceux de Pari Osé, en mettant au

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coeur de cette action l’engagement du jeune public montreuillois.

L’objectif de ce rallye était de sensibiliser les jeunes citoyens de Montreuil à la soli-dairité internationale. C’est pour nous une mission accomplie, lorsqu’à la remise des carnets de route on interroge une jeune fille de 8 ans afin de savoir si elle s’est bien amusée, et qu’elle nous répond avec son innocence et sa sincérité “Oui mais j’ai appris plein de choses!” De plus, ce rallye solidaire est allé au delà d’une belle rencontre entre les citoyens et les associa-tions présentes. Des familles ont renforcé leur lien entre action locale et apprentis-sages ensemble. Il a également permis à de parfaits inconnus de s’allier en une même équipe, deux adultes et deux en-fants, pour finalement arriver vainqueurs. “Jean Louis et Barak viennent de se ren-contrer et allient leurs forces afin de ré-pondre attentivement à toutes les ques-tions de leur carnet de route. Ici, ils lèvent les yeux et recopient une phrase qu’ils choisissent parmi les photos affichées

dans les arbres. La maman prend d’ailleurs le temps de leur expliquer la si-gnification de chaque phrase, car ils ne souhaitent pas recopier n’importe la-quelle…” !Au défi clip vidéo avec en fond l’exposi-tion des 8 OMD : Zaina exprime l’impo-rtance de l’accès à l’éducation primaire pour tous…”c’est notre avenir qui est en jeu..”!!!Basma TLIBA : [email protected]/Fondatrice de Pari Oséhttp://www.pariose.com/!

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CREER DU LIEN SUR LE TERRITOIRE L’objectif de ce rallye était de sensibiliser les jeunes citoyens de Montreuil à la solidairité internationale.

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PRATICIENSHARING & TERRITORIES By Adam Par- sons, Rajesh Makwana, STWR, Share The World Resources, UK. Given that a call for sharing is already a fundamental (if often unacknowled-ged) demand of engaged citizens and progressive organisations, there is every reason why we should embrace this common cause that unites us all.

!As many individuals and groups within the progressive community both reco-gnise and proclaim, this is our greatest hope for bringing about world renewal and rehabilitation.

This report demonstrates how a call for sharing is central to the formation of this growing worldwide movement of global citizens. As more and more people begin to raise their voices for governments to put human needs and

ecological preservation before corpo-rate greed and profit, the call for sharing is consistently at the heart of civil socie-ty demands for a better world. In fact, the principle of sharing is often central to efforts for progressive change in al-most every field of endeavour. But this mutual concern is generally understood and couched in tacit terms, without acknowledging the versatility, commo-nality and wide applicability of sharing as a solution to the world’s problems. For illustrative purposes, the many causes, initiatives and movements high-lighted in this report’s ‘mapping’ section are broadly grouped according to five main categories: social justice, envi-ronmental stewardship, global peace, participative democracy, and multi-is-sue movements. For each of the causes outlined that fall within these overar-ching themes, it is not difficult to see how most – if not all – are essentially founded on a demand for a more equi-table sharing of wealth, power or re-sources either within countries or inter-nationally. For this reason, we argue that sharing should be more widely promoted as a common cause that can potentially help connect the world’s peace, justice and environmental mo-vements under a united call for change.!How is the call for sharing expres-sed? In many ways the need for greater sha-ring in society is longstanding and self-evident, as there can be no social or economic justice when wealth and in-come inequalities continue to spiral out

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of control, increasingly to the benefit of the 1% (or indeed the 0.001%).[2] There is now an almost continuous and high-profile discussion on the need to tackle growing extremes of inequality, which is a debate that is often framed entirely – if not always explicitly – around the need for a just sharing of wealth and power across society as a whole. At the same time, advocacy for new deve-lopment paradigms or economic alterna-tives is increasingly being framed and dis-cussed in terms of sharing. This is most apparent in the international debate on climate change and sustainable develop ment, in which many policy analysts and civil society organisations (CSOs) are cal-ling for ‘fair shares’ in a constrained world – in other words, for all people to have an equal right to share the Earth’s resources without transgressing the planet’s envi-ronmental limits.[3] Furthermore, some prominent CSOs - including Christian Aid, Oxfam International and Friends of the Earth - clearly espouse the principle of sharing as part of their organisational stra-tegies and objectives, and call for drama-tic changes in how power and resources are shared in order to transform our unjust world.[4]!The renewed concept of the ‘commons’ has also fast become a well-recognised global movement of scholars and activists who frame all the most pressing issues of our time – from unsustainable growth to rising inequality – in terms of our need to cooperatively protect the shared re-sources of Earth.[5] On a more local and practical level, there is also a flourishing ‘sharing economy’ movement that is em-powering people to share more in their everyday lives through the use of online platforms and sharing-oriented business models, as well as through gift economies and shared community projects.[6]!!

In most other instances, however, the fun-damental demand for sharing is implicitly discussed or inadvertently promoted in popular calls for change. For example, millions of people across the world are struggling for democracy and freedom in manifold ways, from people-led uprisings against corrupt governments to those who are actively participating in new democra-cy movements within communities and workplaces.

!But there can be no true form of demo-cracy - and no securing of basic human rights for all - without a fairer sharing of political power and economic resources, as further outlined in the section of this report on participative democracy.Similarly, the principle of sharing underlies many of the campaigns and initiatives for peaceful co-existence, whether it’s in terms of redirecting military spending to-wards essential public goods, or ending the scramble for scarce resources through cooperative international agreements. From both a historical and common sense perspective, it is clear that competition over resources causes conflict – and there is no sense in perpetuating an economic paradigm where all nations are pitted against each other to try and own what could easily be shared.[7]!Yet the basic necessity of sharing is often not recognised as an underlying cause for all those who envision a more just and peaceful world without insecurity or depri-vation. This is despite the fact that the mass protest movements that have swiftly emerged in recent years, including the Arab Spring demonstrations and Occupy movements, are also invariably connected by their implicit call for greater economic sharing across society, not least in their

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reaction to enormous and growing socio-economic divisions.[8]   Why advocate for sharing? Given that a call for sharing is already a fundamental (if often unacknowledged) demand of a diverse group of progressive individuals and organisations, there are a number of reasons why we should em-brace this common cause and advocate more explicitly for sharing in our work and activities. In particular, a call for sharing holds the potential to connect disparate campaign groups, activists and social mo-vements under a common theme and vi-sion. Such a call represents the unity in diversity of global civil society and can provide an inclusive rallying platform, which may also help us to recognise that we are all ultimately fighting the same cause. It also offers a way of moving beyond sepa-rate silos and single-issue platforms, but without needing to abandon any existing focuses or cam-paign priorities.!A call for sharing can also engage a much broader swathe of the public in campaign initiatives and movements for transfor-mative change. Many people feel disconnected from political issues owing to their techni-cal complexity, or else they feel overw-helmed by the enormity of the challenges that face us and ill equipped to take ac-tion. But everyone understands the human value of sharing, and by upholding this universal principle in a political context we can point the way towards an entirely new approach to economics – one that is inte-grally based on a fair and sustainable dis-tribution of resources. In this way, the principle of sharing represents a valuable advocacy and educational tool that could help to generate widespread public enga-gement with critical global issues.

!In addition, a popular demand for go-vernments to adopt the principle of sha-ring has radical implications for current economic and political arrangements, both within countries and internationally. This is clear when we examine the in-fluence of the neoliberal approach to eco-nomics that continues to dominate policy outcomes in both the Global North and South, and which is in many ways the an-tithesis of an economic approach based on egalitarian values and the fulfilment of long-established human rights. In an in-creasingly unequal and unsustainable world in which all governments need to drastically re-order their priorities, a call for sharing embodies the need for justice, democracy and sound environmental ste-wardship to guide policymaking at every

level of society.!Ultimately, only a collec-tive demand for a fairer sharing of wealth, power and resources is likely to unify citizens across the world in a common cause. Unless individuals and organisations in dif-ferent countries align their efforts in more concrete ways (a process that is already underway), it may remain impossible

to overcome the vested interests and en-trenched structures that maintain busi-ness-as-usual. While we face the eventual prospect of societal, economic and ecolo-gical collapse, there is no greater urgency for establishing a broad-based global mo-vement that upholds the principle of sha-ring as a basic guide for restructuring our societies and tackling the multiple crises of the 21st century. In the end, this may represent our greatest hope for influencing economic reforms that are based on the needs of the world as a whole, and guided by basic human and ecological values.!

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Recommendations This report seeks to demonstrate how a global movement for sharing is already in existence – even if it has yet to affirm its collective identity or purpose. If the case for promoting sharing as our common cause seems convincing, then it compels us to acknowledge that we are all part of this emerging movement that holds the same values and broad concerns, albeit in a disparate and as yet uncoordinated form. The following recommendations out-line how we can build upon this recogni-tion and play a part in further strengthe-ning and scaling up a united, all-inclusive and worldwide movement for sharing. !1. Integrate the message of sharing into advocacy and campaigning activitiesBased upon our recognition of the need to scale up diverse forms of sharing across the world, it is important to explore what sharing means to us personally and in re-lation to the issues we are working on. This will enable us to integrate the mes-sage of sharing into our campaigning ef-forts and activism, whenever it is appro-priate to do so. We can all therefore help to build popular and persuasive frames around the need for greater sharing in our societies from the perspective of justice, sustainability, peace and democracy.[9] See the full report for some example ideas of how to frame various progressive en-deavours in terms of sharing, which also serves as a valuable ‘meme’ that can be adopted and creatively played with in rela-tion to the four key themes outlined in the report. !2. Mobilise on collective platforms for sharingBuilding effective people’s movements through collaborative processes is argua-bly the holy grail of civil society campai-gning, and extremely difficult to achieve in practice and on a large scale.[10] But as the crises of inequality, global conflict and environmental breakdown become ever more real and urgent, there is great scope

for individuals and groups to mobilise for transformational change on collective plat-forms for sharing that bring together seve-ral campaign issues that may otherwise remain distinct and unconnected. The full report outlines some examples of how so-cial movements, campaign groups and activists could coalesce their efforts in the creation of such a common cause for sha-ring.!3. Sign and promote STWR’s global call for sharingWithout doubt, a dramatic shift in public debate is needed if the principle of sharing is to be understood as integral to any agenda for social justice, environmental stewardship, participatory democracy or peaceful co-existence. If you agree with the need to catalyse a global movement of citizens that embrace sharing as a com-mon cause, please sign and promote the campaign statement below. By joining the global call, any individual or organisation can influence the development of this emerging theme and vision, and help spark public awareness and a wider de-bate on the importance of sharing in eco-nomic and political terms.!!To sign the statement, visit: www.sharing.org/global-call

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LE MOUVEMENT DES COMMONERS !Le temps des communs

du 5 au 18 octobre 2015... et au-delà.!!Forts de la réussite de la dernière édition de « Villes en Biens Communs » à l’auto-mne 2013, ses organisateurs ont imaginé pour 2015 un événement encore plus am-bitieux, dans l’idée de toujours mieux po-pulariser les communs comme levier ma-jeur de la transition vers un monde du-rable.Les dates retenues, du 5 au 18 octobre 2015, permettront de s’inscrire dans la continuité d’Alternatiba avec qui les liens apparaissent de plus en plus évidents.Chaque ville, chaque territoire, chaque collectif local, désireux d’être partie pre-nante de ce nouveau « temps des com-muns » pourra, comme en 2013, inscrire librement des évènements dans le pro-gramme de la quinzaine. Toutes ces ac-tions sont auto-gérées et organisées de manière décentralisées. Des collectifs lo-caux organisent un temps fort partagé le samedi 10 octobre, afin de pouvoir rendre le festival plus visible au plan national et francophone.Le temps des communs, c’est aussi la vo-lonté d’inscrire la floraison d’initiatives ci-toyennes dans un rendez-vous bisannuel pour ancrer l’idée des communs dans notre quotidien, accompagné d’un agenda des initiatives locales, d’une cartographie des ressources, de la collecte systéma-tique des « recettes libres » ou de conte-nus pédagogiques sur les communs. En parallèle, des outils de communication se-ront proposés : conférence TEDx, conception d’un MOOC sur les communs. Ce MOOC aura vocation à être un outil d’éducation populaire plus qu’un cours académique. Imaginé sur le modèle d’ITy!!

!!PA, connectiviste et rustique, il devrait permettre de partager les fondamentaux et la pédagogie des communs avec ani-mateurs locaux du « temps des communs » et au delà en direction d’un large public citoyen et francophone.!Le portage et le financement de chaque événement auto-organisé est laissé au soin du groupe local ou collectif à l’origine de l’événement. Chaque groupe ou collec-tif promeut son événement à travers la plateforme web commune. Le seul critère nécessaire pour figurer sur cette plate-forme est le lien avec les communs.Le travail de préparation, de communica-tion et de coordination de l’événement est assuré par un collectif ouvert, composé de militants issu du réseau francophone des communs, avec l’appui logistique de l’association VECAM, elle même épaulée par un « conseil de bienveillance » consti-tué d’une demi-douzaine de personnes ou de structures impliquées dans le projet.Des financements publics et privés sont sollicités assurer une coordination et la réalisation de  matériel de communication pour faire connaître le festival au plus large public.!

���http://tempsdescommuns.org

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NEWS

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I. COMMON GOOD FORUM & DEUX CHARTES SOCIALES :

1° LA EARTH CHARTER INITIATIVE

!Common Good Forum s’associe à la Earth Charter initiative afin de faire connaître le processus ayant conduit à la rédaction de la charte de la terre. Elle constitue un ex-cellent outil pour échanger entre praticiens et intellectuels sur divers sujets traitant les enjeux de développement durable.

La Charte de la Terre est une déclaration de principes éthiques fondamentaux vi-sant à construire une société globale juste, durable et pacifique au XXIème siècle. Elle cherche à inspirer chez tous les peuples un nouveau sens de l’interdé-pendance globale et de la responsabilité partagée pour le bien-être de ĺ’humanité, la grande communauté de la vie et des générations futures. C’est une vision d’espoir et un appel à l’action.

La Charte de la Terre est particulièrement centrée sur la transition vers des modes de vie et de déve-loppement humain durables. C’est pour-quoi l’intégrité écologique en est l ́un des thèmes principaux. Cependant, la Charte de la Terre reconnaît également que les objectifs de protection écologique, d ́ éli-mination de la pauvreté, de développe-ment économique équitable, de respect des droits humains, de démocratie et de paix sont interdépendants et indivisibles. Par conséquent, ce document offre un nouveau cadre éthique intégral et inclusif cherchant à orienter la transition vers un avenir durable.

La Charte de la Terre est le résultat d’un dialogue inter-culturel long d ́ une décen-nie à travers le monde au sujet d’objectifs

communs et de valeurs partagées. Le pro-jet de la Charte de la Terre débuta comme initiative des Nations-Unies mais s’est dé-veloppé et est finalement devenu initiative de la société civile. En l’an 2000, le texte final fut adopté et la Commission de la Charte de la Terre, entité internationale in-dépendante, le fit connaître publiquement comme charte des peuples.

La rédaction de la Charte de la Terre im-pliqua le processus le plus inclusif et par-ticipatif mais lié à la création d’une décla-ration inter- nationale. Ce processus est la source première de sa légitimité en tant

que cadre éthique direc-teur.

La légitimité du document a été renforcée davantage encore par le sou- tien de plus de 6000 organisations, parmi lesquelles de nom-breux gouvernements et organisations internatio-nales. A la lumière de cette

légitimité, un nombre croissant de juristes internationaux reconnaît que la Charte de la Terre est en phase d’acquérir le statut de document de « soft law », norme juri-dique non contraignante. On considère que les textes composant ce cor- pus, tels que la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, sont moralement mais non légalement contraignants, pour les gou-vernements acceptant d ́ appliquer leurs principes. En général, ces documents conduisent au développement du droit in-ternational contraignant (« hard law »).

V o i r : h t t p : / / c o m m o n g o o d - earthcharter1.strikingly.com

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2° LA COMPASSION CHARTER

!Common Good forum s’associe à la Compassion Charter afin de faire connaître le processus ayant conduit à la rédactions de ce consensus et ces pro- grammes.

La Charte pour la Compassion constitue un excellent outil pour échanger entre pra- ticiens et intellectuels sur divers sujets abordant l’altérité, la compassion et la phi- losophie du Bien commun dans plusieurs cultures et religions.

La Charte de la compassion nous invite à traiter l’autre comme nous souhaitons nous-mêmes être traités, et à mettre en œuvre une forme de compassion active : à nous engager à développer une plus grande attention empathique, traiter l’autre dans un esprit d’équité, et soulager les souffrances. Découvrez la Charte de la compassion et signez-là !

En 2008, Karen Armstrong, spécialiste bri- tannique de l’histoire des religions, est ré- compensée par TED (association améri- caine internationalement reconnue pour ses conférences de « partage d’idées qui valent la peine ») pour sa démarche. Dans son discours de remerciement, elle évoque son souhait de créer, lancer et dif- fuser une Charte de la compassion, afin de refaire de cette valeur une force éthique universelle. Avec le soutien de TED, son rêve devient réalité. Pendant l’automne 2008, des milliers de personnes de par le monde contribuent à la concep-tion de la Charte, en envoyant leurs sug- gestions par internet. « !

Un « Conseil des consciences » se réunit ensuite pour élaborer la Charte sur la base de ces suggestions. Sa version finale est dévoilée le 12 novembre 2009. « !

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!!!Dans cette dynamique, Karen Armstrong publie Compassion – Manifeste révolu- tionnaire pour un monde meilleur (éditions Belfond). Ce livre n’est pas une incantation ni une présentation théorique de plus sur les vertus de la compassion, mais une ex- plication argumentée de l’universalité de cette éthique, et une invitation pratique à la mettre en œuvre, pour nous et pour les autres.

Compassion – Manifeste révolution- naire pour un monde meilleur (Editions Belfond dans la collection L’Esprit d’ouve- rture) : ce livre n’est pas une incantation ni une présentation théorique de plus sur les vertus de la compassion, mais une expli- cation argumentée de l’universalité de cette éthique, et une invitation pratique à la mettre en œuvre, pour nous et pour les autres.

Voir : http://charterforcompassion.org

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II. COMMON GOOD FORUM & UNE CHARTE SOCIALE EURO-PEENNE SUR LE GASPILLAGE ALIMENTAIRE

Common Good Forum s’associe à Passe-relle, ONG spécialisée dans l’éducation au développement durable dans le cadre d’un projet européen. Ce projet porte sur le gaspillage alimentaire via l’éducation et la formation, mais aussi la concertation de Parties prenantes. Il s’agit d’aborder les pratiques permettant de protéger nos res-sources et limiter le gâchis alimentaire, en insistant sur les en- jeux locaux et la ci-toyenneté locale. En plus des activités na-tionales, des forums européens permet-tront de proposer un cadre favorable à la délibération éthique, et ainsi de rédiger une charte sociale (soft law) européenne sur le sujet.

III. CONTRIBUTIONS SCIENTI-FIQUES

1° Livre sur la pensée institutionnelle de Maurice Hauriou

Common Good Forum a participé au livre collectif sur la pensée institutionnelle de Maurice Hauriou (droit public).

Ce travail a rassemblé les experts de l’analyse institutionnelle en droit et en science politique. Le livre sort au prin-temps 2015.

!2° Présentation de la pensée du Bien commun et des valeurs, Société française de Prospective

Common Good Forum - Violaine Hacker et Frédéric Coste - continue à participer aux travaux communs de la Commission Globale de la Société française de Pros- pective. En mars 2015, ils présenteront les enjeux globaux et la pensée du Bien commun, en utilisant diverses méthodes

de sociologie politique sur l’analyse des valeurs.

!3° Fiche d’orientation pour penser « par » le bien commun.

Common Good Forum propose diverses fiches pour comprendre progressivement la pensée pluridisciplinaire du Bien com- mun. Voir en particulier celle sur la pensée du Bien commun et la Charte de la terre, et celle sur la notion de Personne. www.-commongoodforum.eu

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IV. ATELIERS

1° Atelier-Débat : Chartes sociales et Education, mars 2015.

Quelle éducation pour le XXIème siècle, conférence de Common Good Forum, Cercle des Créatifs culturels, le 5 mars 2015. Peter Hesse (allemand, président d’une fondation internationale dédiée au développement de l’Ecole Montessori) échangera avec Violaine Hacker (Common Good Forum). Elle présentera la pensée du Bien commun (en particulier la notion de personne et celle de capabilités) et in-terrogera sur l’éducation à la pensée glo-bale-locale (en utilisant les chartes so-ciales).

2° Atelier-Développement durable

Common Good Forum participe à l’évé-nement Défions les Saisons le 21 mars 2015.

Pari Osé lance l’opération Défions les Sai-sons ! Le but ? Informer le grand public des projets sur les Objectifs pour le Déve-loppement Durable (ODD).COP21, OMD, ODD… Nous sommes tous concernés par ces enjeux mondiaux ! Pourtant, ils ne sont que trop peu connus du grand public… Face à ce constat, Pari

Osé s’est fixée le défi suivant : créer des échanges entre citoyens, associations, fédérations, entreprises et tout acteur ap-partenant ou non à l’Économie Sociale et Solidaire, afin de sensibiliser et de partici-per à ces enjeux mondiaux.

Persuadé que les sujets du rapport de l’homme à son environnement ne sont pas de l’unique ressort des spécialistes et passionnés, l'équipe Défions les Saisons organise pour petits et grands,experts et novices 4 événements solidaires au Numa à chaque changement de saison.

Leur mission : informer et sensibiliser de manière ludique, le grand public aux en-jeux des ODD. Différentes thématiques y seront abordées, du développement du-rable à la lutte contre la pauvreté. Ateliers ludiques et conférences animeront l’évé-nement afin que chacun, à son échelle, se sente concerné.

Avec « Défions les saisons ! », nous sou-haitons fédérer les différentes communau-tés (institutions, entreprises, citoyens de la République, et associations), et permettre le partage d’informations, d’idées et d’ini-tiatives sur les ODD. L’objectif principal reste néanmoins de sensibiliser et mobili-ser autour des biens communs pour initier le grand public aux enjeux mondiaux et donner le pouvoir aux acteurs du chan-gement.!http://www.defionslessaisons.co/

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MERCI ! THANK YOU! !!

!Merci à nos amis Bridge-Builders, Intellectuels et

Praticiens de nous aider à penser par le Bien commun pour repenser le Territoire !

!Une confrontation des perceptions et Expériences,

nécessaire pour penser par le Bien commun !

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!!!!!!!!!!!!!!!!!!

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