catalogue bataille musc3a9e zervos 2012

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    SOUS LE SIGNE DE BATAILLE

    MASSON

    FAUTRIER 

    BELLMER 

    MUSÉE ZERVOSrue Saint-Étienne

    VÉZELAY27 juin - 15 novembre 2012

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    SOUS LE SIGNE DE BATAILLE  MASSON • FAUTRIER  • BELLMER  

     André Masson, Métamorphoses, 1928Huile sur toile, 59,5 x 73 cmCollection particulière, courtesy galerie Jean-François Cazeau, Paris

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    PRÉFACE

    e musée Zervos, géré par le Conseil Général de l’Yonne, a été ouvert rue Saint-Étienne à

     Vézelay, en 2006. Il présente une collection cohérente d’art moderne à Paris entre 1925

    et 1960, léguée à la commune de Vézelay par Christian Zervos (1889-1970) et offre un

    lieu de mémoire pour le dernier occupant de cette demeure, l’écrivain Romain Rolland (1866-

    1944). Depuis, il a élargi, par des acquisitions, ses intérêts aux architectes, artistes, poètes qui

    gravitèrent autour d’eux : Jean Badovici, Le Corbusier, Fernand Léger, Paul Éluard. Notre der-

    nier achat, un tableau de Louis Marcoussis, Papillon de nuit, a été rendu possible par la partici-

    pation du Fonds national du patrimoine et du Fonds régional d’acquisition des musées. Ce sont

    des subventions déterminantes, mais aussi une marque essentielle de reconnaissance notam-

    ment de la part de Frédéric Mitterrand, ancien ministre de la culture et de la communication,

    que je remercie sincèrement. Mes remerciements s’adressent également à la sous-direction des

    Musées de France, à la DRAC de Bourgogne, et au Président de la Région Bourgogne. L’ensemble

    de ces aides récompense la politique de reconstruction et de développement du musée menée

    par le Conseil Général de l’Yonne avalisant les propositions averties du conservateur.

     

     Aujourd’hui, nous nous proposons d’intégrer à notre patrimoine l’écrivain Georges Bataille

    (1897-1962) qui est inhumé à Vézelay. Il y arriva en 1943 et il s’y installa durablement de

    1945 à 1949. Ensuite, il y revint irrégulièrement. La célébration du cinquantenaire de la

    disparition de ce Bourguignon d’occasion, anime Vézelay, du printemps à l’automne, par des

    conférences et des lectures organisées par Christian Limousin et le groupe Lire Bataille, à La

    Goulotte, maison des Zervos, à la Maison Jules-Roy et à la Cité de la Voix.

      L’exposition place sous le signe de Bataille, la présentation d’œuvres de Masson, Fautrier

    et Bellmer, choisies par Christian Derouet conservateur du musée. Je voudrais remercier les

    ayants droit de l’écrivain et des artistes, les directeurs du Musée national d’art moderne au

    Centre Pompidou, du musée d’Art moderne de la Ville de Paris, les prêteurs particuliers, les

    galeristes, d’avoir confié d’aussi belles œuvres, les spécialistes qui ont accepté d’écrire des

    présentations à l’intention de nos visiteurs et enfin la direction administrative et l’équipe du

    musée Zervos de la réalisation de cette manifestation.

    Le catalogue que nous publions s’inscrit dans la suite du Zervos et l’art des Cyclades, ouvrant

    la possibilité d’offrir progressivement une collection de cahiers annuels à nos visiteurs car

    nous savons que nombre d’entre eux, venus une première fois, y reviennent.

     ANDRÉ VILLIERS

    Président du Conseil Général de l’Yonne

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     André Masson, Massacre, [1932]Fusain, 48,1 x 63,8 cmDédicacé à l’encre noire en bas à droite : « À madame Zervos / en hommage : André Masson ». Legs Zervos. MZ 173

    L’œuvre d’André Masson (Balagny-sur-Thérain – Oise, 1896-Paris, 1987) estreprésentée au musée Zervos par un dessin dédicacé à Yvonne Zervos. DansCahiers d’art, n° 6-7, 1932, ce dessin illustrait l’article de Christian Zervos,« À propos des œuvres récentes d’André Masson » : Lorsque Masson intituleun de ses tableaux Massacre, il ne cherche qu’à signifier sa vision par un tumulte de formes auxquelles s’associe une longue suite d’émotions . Cela lui permet de s’élever àl’abstraction sans jamais quitter le côté matériel des choses. En 1933, Zervosorganisait une vente aux enchères à l’hôtel Drouot pour sauver Cahiers d’art, aucours de laquelle il sacrifiait une nature morte post-cubiste peinte par l’ar-

    tiste en 1923, Verres et cartes postales. La documentation du musée conserveune lettre de Masson non datée adressée de Lyons-la-Forêt à Zervos (MZ doc.138) et un manuscrit autographe pour la mise en scène de Médée, opéra de

    Darius Milhaud créé à Anvers le 8 mai 1940 (MZ doc. 139). Ces traces rendentcompte de l’appui dont le peintre bénéficia à Cahiers d’art, de 1929 à 1933,et de sa réapparition en 1938 dans Histoire de l’art contemporain de Cézanneà nos jours, où Zervos lui mesurait ses mérites :  Après avoir subi la loi ducubisme, à travers Juan Gris, André Masson a poussé ses recherches du côté dusubconscient. Les moyens plastiques qu’il avait empruntés au cubisme ne répon-daient plus à son besoin d’exprimer les hallucinations d’une sensibilité hypertendue, presque morbide, où l’objet devenait sujet, où la lumière subjective inondait l’apparentet le transformait. Son écriture, devenue presque automatique, aboutissait à un gra-

     phisme exaspéré, tendu à se briser . La parution des planches de la Mythologie de lanature dans Cahiers d’art, n° 5-10, 1939, mettait un terme à ce regain d’intérêt.

    C. D.

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     André Masson, Les Chrysalides, [1927]Encre de Chine, 21 x 26,5 cmTitré en bas à gauche au crayon : Les chrysalidesSigné en bas à droite au crayon : André MassonCollection privée

    Ces deux dessins ne sont pas exposés.

     André Masson, étude pour Massacre, [ca. 1932]Encre de Chine sur papier calque, 24,5 x 32,5 cmMonogrammé en bas à gauche : A. M.

    Collection privée

     André Masson,Trois pointes sèches pour Georges Bataille, L’Anus solaire, 1931

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    VERS ACÉPHALE ET LE COLLÈGE DE SOCIOLOGIE :

    BATAILLE, MASSON ET LES DIEUX QUI MEURENT

    eorges Bataille et André Masson se rencontrent à la fin de l’année 1924 par l’intermé-

    diaire de Michel Leiris dans l’atelier parisien du peintre, une des chapelles partici-

    pant du surréalisme naissant d’André Breton. Contrairement à ses deux amis, Bataille

     juge illisible le Premier Manifeste du surréalisme de Breton et restera en marge du mouvement.

    Masson se souvient que, en 1924, Bataille avait déjà en vue un autre combat, plus secret, et sans

    doute, plus profond. En 1925, leur amitié se scelle au moment où Bataille échange des dessins

    érotiques pour acquérir auprès du marchand du peintre, Daniel-Henry Kahnweiler, L’Armure

    de Masson (1925) dont le corps devenu spectral annonce le sacrifice. Leur passion commune

    pour les lectures de Sade et de Nietzsche augure de leurs futures collaborations. Prenant ses

    distances avec Breton dès 1928, pour finir par rompre en février 1929, Masson rejoint Bataille

    dans la dissidence – la parution d’Histoire de l’œil par Lord Auch (Georges Bataille) en 1928

    avec huit lithographies originales non signées (de Masson) en est la manifestation, magistrale

    et clandestine. Dans ses compositions, Masson poursuit la ligne errante de l’automatisme,

    tout en affichant un érotisme cru et explicite qui renvoie autant aux écrits de Sade qu’à ce

    récit de Bataille. Premier illustrateur de Bataille, il poursuit l’échange avec trois pointes sèches

    pour L’Anus solaire, écrit au même moment qu’Histoire de l’œil et publié en 1931 : s’éloignant

    de l’illustration du texte de Bataille, Masson, par un dessin nerveux et griffé, s’approprie les

    visions évoquées en se fondant notamment sur un « sexualisme tellurique ».

    Leur troisième collaboration, Sacrifices, ouvrage conçu dès 1933 et publié après maintes

    vicissitudes en 1936 chez Guy Lévis Mano, radicalise le principe. Bataille impose le « moi, qui

    meurt », analysant les liens inhérents du vide, du temps, de la vision extatique religieuse, de

    l’amour brûlant, de la révolte arrachant « à Dieu son masque naïf », de la catastrophe repré-

    sentée par un squelette armé d’une faux ayant découpé une tête, sans jamais citer les divinités

    cruelles et sacrifiées choisies par Masson pour les eaux-fortes (Mithra, Orphée, le Crucifié, le

    Minotaure et la Vierge et Osiris). Transposant la consumation du moi de Bataille, les gravures

    de Masson, dans la lignée de la série des Massacres, exposent un univers extatique : duel

    incessant, douloureuses déformations du corps, les étoiles et le soleil, association du sacrifice

    à l’érotisme. Ensemble, ils élaborent une vision nouvelle et sombre de la mythologie – celle de

    dieux qui s’aiment et qui meurent. Cette démarche va les conduire à la création du person-

    nage d’Acéphale et à la quête d’une anthropologie du sacré théorisée par Bataille au Collège

    de sociologie.

      Si, depuis les années 1920, des acéphales sont présents dans la production du peintre et

    si « le bas matérialisme et la gnose » (Documents, 1930) de Bataille montrait entre autres une

    G

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    empreinte d’intaille gnostique représentant le dieu acéphale égyptien Bès, il faut attendre

    le second séjour de Bataille en 1936 chez Masson, installé en Catalogne depuis 1934, pour

    que naisse véritablement le personnage Acéphale. Bataille, suite à l’échec du groupe Contre-

     Attaque, expose à Masson le projet de la revue  Acéphale, qui réhabilite Nietzsche alors

    accaparé par les fascistes. L’Acéphale qu’ils inventent est un homme sans tête qui stigmatise

    une société sans chef, une communauté sans Dieu. Bataille décrit et Masson dessine « sur-

    le-champ ». Ni homme, ni dieu, Acéphale naît de l’idée de sacrifice, comme la conjonction de

    l’érotisme et de la mort. S’opposant au fascisme (politique monocéphale absolue), Acéphale,

    foudroyé ou foudroyant, vision solaire ou émanation souterraine, au corps athlétique

    d’Hercule, est présenté décapité et victorieux. Doté de ses instruments du sacrifice (cœur-

    grenade et poignard), Acéphale ne mutile personne d’autre que lui-même : la révolution est

    à mener contre soi pour s’opposer à la débâcle. Parmi les dessins de Masson, dont plusieurs

    utilisent le décor des hauteurs de Montserrat, six seront publiés dans la revue éponyme, qui

    produit cinq numéros (juin 1936-juin 1939).

     Autour de Bataille se préparent alors deux entités, qui demeurent toutefois indépendantes :

    en juillet 1936, la société secrète Acéphale à laquelle Masson restera étranger (son dessin

     Acéphale sert d’emblème aux textes de la société) et, au début de 1937, un groupe dont la

    « Déclaration relative à la fondation d’un “Collège de sociologie” » est publiée dans  Acéphale 

    (n° 3-4, juillet 1937). Fondé par Bataille, Michel Leiris et Roger Caillois à Paris, le Collège

    de sociologie, en tant qu’organisme de recherches, se propose de définir « la sociologie

    sacrée » et d’étudier les manifestations du sacré, au moment où l’étreinte fasciste se refermait sur

    l’Europe. Du 20 novembre 1937 jusqu’en juillet 1939, il propose vingt-six conférences

    rassemblant un auditoire éclectique, écrivains, poètes, critiques, philosophes ainsi que lesartistes André Masson, Taro Okamoto et Isabelle Waldberg.

    Masson va poursuivre dans ses œuvres la vision commune invoquée et entreprise dès 1928

    avec Bataille, fondée sur la notion de « dépense inconditionnelle ». En 1940, dans l’ouvrage

    collectif consacré au peintre, Bataille confie : Là où souffle un vent qui brise la faible voix de

    l’esthétique, Masson ne se retrouverait pas avec Matisse ; il ne se retrouverait pas avec Miró ; là, ce

    qui parle avec toute la force en lui résonnerait avec les voix agressives d’Héraclite et Blake, avec la

    voix de nuit et de soleil de Nietzsche.

    CAMILLE MORANDO

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    Georges Bataille, Sacrifices, 1936. G. L. M. (Guy Lévis Mano). Paris. In-2(463 x 350 mm). En feuilles, sous couverture en carton rouge avec atta-ches en toile rouge, imprimée en noir sur le frontispice. André Masson,5 eaux-fortes en sanguine ou en noir (295 x 250) : Mithra (280 x 230),Orphée (315 x 245), Le Crucifié (310 x 218), Le Minotaure et la Vierge

    (309 x 245), Osiris [1933], signées au crayon sur japon impérial ou nonsignées sur vélin d’Arches. (Les 2e, 3e, 4e et 5e gravures sont numérotéesII, III, IV et V dans le cuivre). Impression : 3 décembre 1936. Pressesdes Éditions GLM Paris, pour le texte et la typographie ; J.-J. Tanneur,pour les gravures.Laurence Saphire, Patrick Cramer, André Masson. Catalogue raisonné deslivres illustrés. Genève, Patrick Cramer, 1994, n° 11, Sacrifices, 1936.Collection Yves de Fontbrune.Première de couverture et page de titre.

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    Planche I : Mithra

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    Planche II : Orphée

    Planche IV. : Le Minotaure et la Vierge

    Planche III : Le Crucifié

    Planche V : Osiris

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    insi s’est constituée cette collection, je préféreraisdire en transposition littérale et sans doute mala-droite de l’italien cette « récolte » d’une quinzaine

    de dessins d’André Masson.

      À cette époque, j’étais marchand, les œuvres se pré-sentaient dans les ventes ou les foires, aux hasards decette vie très concrète et pleine d’aléas économiques,entraînant fréquemment des associations temporairesavec des confrères autour d’acquisitions, qui ainsi sepeuvent multiplier : sociétés commodes sur le momentmais qui ensuite obèrent désir éventuel et surtout libertéde les conserver.

      Car pour les œuvres dont on a la jouissance, le tempsest le cœur, et comme un filtre du désir, ou pour exclureou pour confirmer l’adhésion première. Ainsi, certainsdessins ont été achetés, revendus, souvent regrettés etparfois, des années plus tard, sont revenus, cette fois pourentrer dans la « collection».

      Ainsi l’escarpin surréaliste de La mer se retire, plancheXVII d’ Anatomie de mon univers  parti pour l’Amérique,

    en a-t-il fait retour, ainsi La Naissance de la Femme, assezchérie, cédée en son temps par amitié à feu mon voisinde la rue du Dragon, le singulier marchand-poète Clarac-Sérou, a-t-elle pu réapparaître par la grâce d’une vente àLondres et cesser enfin d’avoir disparu !

      Aucun esprit de système donc : des occasions, un goûtse développant pour ces encres de Chine des années trenteet quarante, pour les pages surtout de ces grands albums,tracées pour ces Mythologies tant de la « Nature » que del’« Être », pour cette Anatomie de mon univers, albums quisont aussi comme des messages à lentement déchiffrer,dans le plaisir de leur mystère.

      Voici je crois ce qui m’a paradoxalement attiré dansl’œuvre d’André Masson : le manque de facilité à l’aborder,non point tant par d’objectives difficultés qu’elle pourraitprésenter mais à cause de notre impréparation face à cequi l’inspire. Comme les artistes du passé plongés dans

    la tradition, et avec une conscience justement jalousede leur « sécurité spatiale » irrémédiablement perdue, André Masson, tournant le dos de façon résolue aux

    abstractions géométriques où il ne voit que décoration,cherche pour sa part l’inspiration dans la culture et dansla nature.

      Rien d’artificiel dans ce mouvement qui est celui mêmede son sang, tordant le cou à toute mièvrerie, quitte àprovoquer, dans un « paroxysme expressionniste » sou-vent des plus grinçants, comme il le reconnaît : les tau-reaux de notre Estocade (1937) et de Mithra (Sacrifices I)me paraissent illustrer cette désagréable intrusion. Aussila violence sexuelle mêlée de provocation religieuse de laNaissance de la Femme ou du Crucifié (Sacrifices III).

      Il n’est qu’à lire les souvenirs de guerre livrés tardive-ment par André Masson pour comprendre que cette tablerase définitive de l’ancien monde, aussi absurde que bes-tialement sanglante, a marqué d’une façon indélébile sonêtre et son art, dramatique épisode dont ne témoigne passon art dans l’immédiat après-Grande Guerre, mais trau-matisme resurgissant déjà dans la thématique du milieudes années vingt, oiseaux blessés, chevaux morts, dansles Sables  (1927-1928) marqués de taches de sang, pre-nant toute la place dans les Massacres, contemporains des

    dessins et gravures de Sacrifices (ca.1933). Cette violencede cauchemar, cette vengeresse dérision de ces valeurscivilisées d’avant 14, au lieu de contenir, ont au contrairehabillé la tuerie et vont continuer ce travail sinistreet bientôt bénir les assassins en son ocre Espagne sicharnellement aimée !

      Mais la Nature, son observation si minutieuse, ses longsaprès-midi passés à scruter le microcosme des insectesdont il fait le sujet de vastes tableaux le ramènent auxforces qui depuis des millénaires sauvent l’homme de lui-même, à la Terre nourricière qui délie les puissances duMythe, qui permet la magie du rêve, toujours pour AndréMasson mêlé d’une poussée de sève charnelle, affirmationdu désir de vie.

      Il n’est qu’à regarder l’aquarelle intitulée  Auvergne,peinte à Freluc (Cantal), où le peintre et sa famille s’étaientréfugiés lors de l’exode de 1940 pour y voir, au-delà du

    décor bucolique et apaisant de ces montagnes la cadencedes cascades, la torsion des torrents […], la transfiguration detoutes choses apportées par la brume.

    A

    COLLECTIONNER LES DESSINS DE MASSON

    Le plus grand voyageur est celui qui ne sait où il va.  Le plus curieux est celui qui ne sait où il regarde.

    Tchouang-Tseu, cité par André Masson.

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    La transfiguration, c’est justement cette figure humainequi transparaît en manière d’Éole du chaos des rocs, ou

    en Ondine – petite déesse au panthéon surréaliste – du jaillissement des eaux : mythologies grecque ou germa-nique, réminiscences du classicisme comme du roman-tisme allemand, culture dans la nature, nature dans laculture. Cette image d’ Auvergne, une femme sans aucundoute, surgissant dans les hauteurs redevenues sau-vages de cette paisible province, précède de peu dans la

    chronologie nos dessins caraïbes de 1941 :  Jungle, Mar-tinique  et Le Balisier   où une Antillaise aux yeux

    clos, vêtue seulement d’un fichu de coton, mêle sa touffefoisonnante aux lianes et feuillages d’une forêt tropicale,où rampent d’étranges pistils bien membrés, tandis qu’unemain végétale empoigne son sein.

     YVES DE FONTBRUNE

    Georges Bataille, L’Anus solaire, 1931. Illustré de pointes sèches par André Masson. Vignettes d’après un bois d’André Derain représentantle monogramme HK placé entre deux grandes coquilles. Éditions de la

    galerie Simon, 29 bis, rue d’Astorg, Paris, 1931. In-4° (251 x 200 mm).Broché sous couverture en papier, imprimé en noir sur le frontispice.Trois pointes sèches en bistre (136 x 134, 136 x 109, 136 x 109) nonsignées. Impression : 25 novembre 1931. G. Girard, Paris, pour le texteet la typographie ; Charlot Frères, pour les gravures.Laurence Saphire, Patrick Cramer, André Masson. Catalogue raisonné deslivres illustrés. Genève, Patrick Cramer, 1994, n° 7. L’Anus solaire. 1931.Exemplaire n° 38, signé au crayon encre : Georges Bataille.Collection Yves de Fontbrune.Page de couverture et page de titre.

    Disposition typographique adoptée pour prévenir l’intervention éventuelle ducenseur ? La première de couverture est presque muette : seuls s’y affirmentl’auteur et le titre du texte, (écrit en 1927). Sur la page titre, à l’intérieur, s’yajoutent les noms de l’illustrateur et de l’éditeur.

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     André Masson, Dessin automatique, 1927Encre de Chine, 43 x 31 cmMonogrammé en bas à droite au crayon : A. M.Collection Yves de Fontbrune

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     André Masson, Naissance de la femme, 1938Encre de Chine, 28 x 38 cm

    Inscription en bas à droite à l’encre : La lampe file / La tête se décolle / Le phallus brille / Une femme est née (Novalis)Monogrammé à l’encre en bas à droite : A. M.Collection Yves de Fontbrune

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     André Masson, Chimère, [1938]

    Encre sur papier bleu, 31,5 x 24 cmSigné à l’encre en bas à droite : André MassonCollection Yves de Fontbrune

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     André Masson, Estocade, 1937Encre de Chine, 51 x 67 cmSigné en bas à droite :  André MassonCollection Yves de Fontbrune

    Dessin de référence pour Numancia, élément des décors et des figures parAndré Masson pour la tragédie de Cervantès, Numance, au Théâtre-Antoine,mise en scène de Jean-Louis Barrault, 22 avril-6 mai 1937, et pour la couver-ture du catalogue de l’exposition André Masson, Espagne 1934-1936, galerieSimon, 29 bis, rue d’Astorg, 7-19 décembre 1936.

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     André Masson, Près des signes de feu, mai-juin 1938Encre de Chine, 50 x 65,4 cmTitré au crayon en haut à gauche au verso :  p. des signes de feu Signé en haut à droite au verso : André Masson Juin 1938Collection Yves de Fontbrune

    0nzième planche de Mythologie de la nature par André Masson (mai-juin

    1938), Cahiers d’art, n° 5-10, 1939, non paginé.llustration de « Prestige d’André Masson » par André Breton dans AndréMasson, Rouen, achevé d’imprimer, le 5 avril 1940, p. 111.

    Nomenclature sous le frontispice, établie par André Masson,  in Cahiers d’art ,

    n° 5-10, 1939, avec des précisions portées par l’éditeur. Pour la premièreplanche : Coll. Dr   Lacan  ; pour la huitième : Coll. M me  L. Salacrou  ; pour ladouzième : Coll. M me Mary Callery .

     À la source de la femme aimée À la fois le piège et la proieRejetée par la mer 

     Apporté par l’oragePose la main sur la montagneÉcoute la pluie nourrice des abeilles

    Vois l’antre des MétamorphosesIl n’y a pas de monde achevéSur les rives de l’ennuiIl y a le charme et le chêne enlacésPrès des signes de feuSe reflétant dans l’œil du marécage

     Assis dans ton jardin tu deviendras…Forêt.

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     André Masson, La mer se retire, 1941Encre de Chine, 50,5 x 64 cm [à vue]Signé daté en bas à droite :  André Masson / 1941Collection Yves de Fontbrune

    André Masson, Anatomie de mon univers / Anatomy of my Universe. New York.Éditeur Curt Valentin, 1943, ch. IV : The Theme of Desire, planche 17 : The SeaRecedes.

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     André Masson, La Fraternité des règnes, 1940

    Encre de Chine, 51 x 67 cmSigné en bas à gauche : André MassonCollection Yves de Fontbrune

    André Masson, Anatomie de mon univers / Anatomy of my Universe. New York.Éditeur Curt Valentin, 1943, ch. I. : The Demon of Analogy , planche 1 : TheFraternity of the National Kingdoms.

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     André Masson, Dans le pur néant, à la cime de l’être, 1939Encre de Chine : 62,5 x 47,5 cmSigné en bas à droite : André Masson

    Titré au crayon en haut à gauche au versoCollection Yves de Fontbrune

    André Masson, Mythology of Being. A Poem. New York, Wittenborn and Com-

    pany, 1942. Eight pen and ink drawings and a frontispiece by André Masson.Planche I : Dans le pur néant / à la cime de l’être. // In the Pure Void / On thePeak of Being (traduction anglaise par Eugène Iolas).

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     André Masson, Auvergne, à Freluc, 1940 Aquarelle, 57,5 x 43 cm [à vue]Signé et daté en bas à droite au crayon : André Masson 1940 Collection Yves de Fontbrune

    Mai 1940, Masson quittait Lyons-la-Forêt (Eure) pour se réfugier à Freluc(Cantal) dans la maison de Bataille.

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     André Masson, Le Langage des fleurs, 1941Fusain, 44 x 31,5 cmTitré en haut à gauche au crayon : Le langage des fleurs Signé en bas à gauche au crayon : André Masson

     Verso : Nu féminin, pastel.Collection Yves de Fontbrune

    Georges Bataille, Le Langage des fleurs (à propos des photographies deM. Bloosfeld), Documents, n° 3, 1929. p. 160-164 : […] D’autre part, les

     fleurs les plus belles sont déparées au centre par la tache velue des organessexués. C’est ainsi que l’intérieur d’une rose ne répond nullement à sa beautéextérieure, que si l’on arrache jusqu’au dernier les pétales de la corolle, il ne

    reste plus qu’une touffe d’aspect sordide. D’autres fleurs, il est vrai, présententdes étamines très développées, d’une élégance indéniable, mais, si l’on avait

    recours, une fois encore, au sens commun, il apparaîtrait que cette éléganceest celle du diable : ainsi certaines orchidées grasses, plantes si louches qu’onest tenté de leur attribuer les perversions humaines les plus troubles […].

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     André Masson, Jungle, Martinique, 1941Fusain, 64 x 48,5 cm [à vue]Signé en bas à gauche à l’encre : André MassonCollection Yves de Fontbrune

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     André Masson, Forêt, Martinique, 1941Encre de Chine, 58 x 45 cmSigné et daté en bas à droite : André Masson. / Martinique 1941 Collection Yves de Fontbrune

    Fourrure arborescente de la terre éventrée éventail de désir élan de sèveoui c’est la roue de lourde feuille dans l’air fruité. Interroge la sensitive ellerépond non mais rouge au cœur de l’ombre vaginale règne la fleur charnelledu balisier – le sang s’est coagulé dans la fleur insigne. Lave spermatique il t’anourri pétrissant le verre banal la main du feu l’irisait de mortelle nacre. La

     grande main caresse le sein du morne à moins qu’elle ne soit ta croupe Vénusd’anthracite elle irrite le crin des palmes Soulève la plume des frondaisons etse glisse Sous la toison amoureuse de l’énorme Sylve.

     Antille (1941), un des deux textes d’André Masson publiés dans André Breton,Martinique charmeuse de serpent , Paris, Éditions du Sagittaire, 1948. Ce recueilreproduit des dessins d’André Masson.

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     André Masson, Le Balisier , 1941Encre de Chine, 50 x 37,5 cm [à vue]Titré à l’encre en haut à droite : Le Balisier  Signé et daté à l’encre en bas à droite : André Masson. 41Collection Yves de Fontbrune

    En mars-avril 1941, André Breton et André Masson passèrent trois semainesen Martinique.

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     Jean Fautrier, Buste aux seins, 1929Bronze, 40 x 20 x 18,5 cm6 ex. numérotés et signés. Fonte : GI. BI. ESSE, VéroneDon de l’artiste 1964. Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, n° inv. : AMS 426

    © MUSÉE D’ART MODERNE / ROGER-VIOLLET

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    L’ENLÈVEMENT DE LA ROBE

    l y a quatre-vingt-dix ans, Fautrier exposait au Salon d’automne et Bataille devenait archi-

    viste-paléographe. Il y a quatre-vingt-dix ans était découverte à Lespugue la Vénus d’ivoire

    qui transforma la préhistoire. Le primitivisme modifia les principes mêmes de l’École.

    Fautrier abandonna vers 1926 le naturalisme patent dans La Concierge endormie. On voit aussi

    dans cette exposition le Portrait de Fernande (1923), modèle de Montparnasse.

      Il existait aussi en 1923-1924 de puissantes études de nu, dont on signala la « beautébestiale ». Celle du Musée national d’art moderne caractérise les modèles les plus fréquents

    à cette époque par son épanouissement charnel. En revanche, la sanguine de dos est très

    simplifiée, sans bras ni jambe. Le dos peint, daté de 1925 exhibe des hanches bien envelop-

    pées évoquant les formes du quaternaire. Bataille parlera de stéatopygie « monstrueuse ».

    On comprend la réaction de Michel Ragon rendant visite à Fautrier en 1957, au lendemain

    de l’exposition des Nus  de 1955 : […]  les Nus de Fautrier sont exagérément nus, parce

    qu’ils ont principalement des seins et des bourrelets de chair  (Fautrier , Éd. Le Musée de Poche,

    1957, p. 33).

      Depuis la Première Guerre mondiale, la représentation sans fard des « choses sexuelles »

    (G. Bataille, Histoire de l’œil, 1928) connaît un progrès persistant ; il n’est compromis qu’après

    l’armistice de 1918 – cheveux très courts, poitrine très plate –, puis l’instinct reprend

    ses droits : Sachez d’un coup toute la vérité, il y a des seins !, écrit Colette (Demain, août 1924).

    La sensualité disparaîtra, durant la Seconde Guerre mondiale, devant la férocité du désir

    auquel la femme convie désormais. Madame Edwarda de Bataille (édité en 1945) est une pros-tituée de haut vol ; elle exhibe ses « guenilles », parures de cette « araignée velue et rose »

    pour laquelle on fait tant.

      L’excès de présence féminine s’est imposé chez Fautrier dès 1927 : en témoigne la brutale

    effigie présente à l’exposition. On en a aussi quelque idée avec La Jolie Fille du musée d’Art

    moderne de la Ville de Paris, datée de 1928 ; grimaçante, les seins comme des outres et dis-

    symétriques, elle fut reproduite en juillet 1930 dans la revue Formes. Une autre érotisation et

    une platitude toute pariétale s’exhalent du Nu couché (Musée national d’art moderne) ; il est

    présenté comme un «  fruit dans un plat », notait-on en 1931. La présentation manducatoire

    du Nu couché évoque l’introduction d’Histoire de l’œil où la jatte de lait destinée au chat sert à

    l’ablution intime de Simone. J’étais anxieux des choses sexuelles, dit le narrateur ; de ce simple

    aveu, il va tirer une véritable théorie : Il faut le système et il faut l’excès. L’exemple de la robe

    éclaire son intention :  Je pense comme une fille enlève sa robe ; à l ’extrémité de son mouvement

    la pensée est l’impudeur, l’obscénité même. La liaison se fait avec Fautrier, qui a dessiné et peint

    les femmes qui enlèvent leur robe, depuis les aquarelles sur la prostitution (1924) jusqu’auxétudes de 1925, moment où Andrée devint le modèle favori.

    I

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    30 • Les circonstances de la Seconde Guerre mondiale ont contribué à la rencontre du système

    et de l’excès. Bataille et Fautrier devaient suivre un chemin parallèle en 1955, quand Bataille

    publie Lascaux ou la Naissance de l’art (Éd. Skira) et que Fautrier retrouve de son côté le succèsavec les dix-sept Nus (1945-1955) exposés en 1956 à la galerie Rive Droite ; ils sont souvent

    réduits à l’encorbellement de seins volumineux évoquant l’art du quaternaire. Il n’est plus

    besoin d’un décrit quelconque, l’excès seul suffit désormais. La peinture, à partir de là, avait le

    sens d’une possibilité ouverte allant, en un sens, plus loin que celle de la littérature (G. Bataille, Les

    Larmes d’Éros, Éditions Jean-Jacques Pauvert, 1961, p. 110).

    MARCEL-ANDRÉ STALTER 

    Bataille (Georges). L’Alleluiah. Catéchisme de Dianus. Paris, librairie Auguste Blaizot, 1947. 18 lithographies et 18 gravures en noir par Jean Fautrier, sur papier d’Auvergne pur chiffon. 92 exemplaires,275 x 210 mm.Rainer Michael Mason,  Jean Fautrier, les estampes. Genève-Paris, 1986,p. 73. La typographie est de Frazier-Soye et les lithographies ont été

    tirées sur les presses de Desjobert. L’artiste a dessiné 100 lettrines litho-graphiées en violet in-texte.Couverture et vignette de la page 37.

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     Jean Fautrier, Le mouton pendu, 1926, huile sur toile, 130 x80 cm, est l’une des sept photographies confiées à Zervos etrestées inédites. Fonds Cahiers d’art. Bibliothèque Kandinsky,Centre Pompidou, Paris.

      Par lettre en date du 18 juillet 1928, Zervos informait le docteur Justi,

    directeur de la Galerie nationale à Berlin, qu’il organisait pour octobreune exposition à la Maison municipale de Prague de dix-huit jeunespeintres de Paris : sur la liste, il portait le nom de Fautrier entre MaxErnst et Ghika.  Quand la galerie de France ouvrit au 2 rue de l’Abbaye, à Saint-Germain-des-Prés, Zervos, qui pensait en être le directeur artistiqueofficieux, indiquait qu’elle était destinée à soutenir les efforts des jeunes,de ceux tout au moins parmi eux qui semblent tracer le chemin de l’art dedemain. Il citait Fautrier.

    Zervos lui consacra un complaisant compte rendu d’exposition :

    Fautrier est un jeune peintre qu’il ne faut pas condamner sur sa premièreexposition, comme vient de le faire la grande presse du  Petit Parisien à L’In-transigeant. Jusqu’à présent, Fautrierne montre, en effet, que de petites

     possibilités et des manières dont il doitse débarrasser le plus tôt possible. Ilest très facile de se faire remarquer parune manière personnelle extérieure,mais cette manière ne saurait comp-ter dans l’œuvre d’un véritable artiste.

    Ce qui intéresse en celui-ci, c’estson esprit et les élans continus de sonâme qui lui font changer perpétuelle-ment sa manière. Or, Fautrier nous

     présente toujours les mêmes recher-ches dans la même manière qui consisteà estomper les choses et à leur don-ner non pas une signification nouvellemais simplement un aspect particulierau moyen de certains procédés tech-niques qui ne sont ni nouveaux, ni

    intéressants.Contrairement à certains jeunes pro-diges, Fautrier semble d’un esprit plu-tôt lent et qui s’attache trop à savoir ceque les autres ont pu faire. On a parlé,à propos de son exposition, des influencesde Soutine, de Vlaminck, de Seurat,de Carrière et de je ne sais qui encore.Cela provient toujours de l’attachementdu peintre au côté extérieur de son art.Nous avons reproché aux surréalistes

    l’excès d’intellectualisme dans leur pein-ture. L’excès contraire est encore plusnéfaste à la peinture.

     Je crois de mon devoir d’attirer l’attention de ce jeune peintre sur la voie dan-

     gereuse dans laquelle il s’est engagé. Il a encore beaucoup de temps et beau-coup de possibilités pour en sortir .Cahiers d’art, n° 8, 1928 : « Fautrier (galerie Georges Bernheim) »,p. 354.

      Peu après, E.Tériade, un collaborateur de Cahiers d’art chargé de pros-pecter les jeunes artistes, montrait plus de réticence dans « On expose»,rubrique qu’il tenait dans le quotidien L’Intransigeant : On prépare ce jeune

     peintre, il se prépare peut-être lui-même, notamment à dynamiter, dit-on, àdécomposer, à détruire à jamais cette vieille pauvre petite chose qu’est pourcertains l’esprit de l’Occident. Ceux qui parlent de lui enseignent avec ferveur

    qu’il émane de sa peinture des poisons dissolvants et destructeurs ! Atten-dons. Car il faut encore pouvoir détruirequelque chose et jusqu’à maintenant le

     peintre a, semble-t-il, chargé à blanc sesengins de destruction. Quant aux poisons,ils pourraient bien, d’un jour à l’autre,lui donner des fâcheuses coliques pour lemoins excessivement personnelles. MaisFautrier qui n’est pas sans talent exposeici quelques documents où il fait preuved’une certaine santé mais bien dissimulée

     pour les besoins de la cause. L’Intransigeant, 16 décembre 1929,p. 5 : « Fautrier (aux Quatre Chemins,22, rue Godot-de-Mauroy) ».

      En 1934, Fautrier cessait de peindreet d’exposer. Il réapparut pendantla guerre mais il pratiquait désor-mais un style elliptique qui devait leconduire à l’informel. Il se rangeaitsous la protection de Jean Paulhan

    qui publiait Fautrier l’enragé, en deuxlivraisons du magazine Variété, en1945-1946.

    L’œuvre de Jean Fautrier (Paris,1898 - Châtenay-Malabry, 1964) estreprésentée au musée Zervos par unbuvard, technique mixte sur papiermarouflé sur toile, 50 x 65,4 cm,1960, Legs Zervos. MZ 71, un don– resté invendu – pour une vente

    aux enchères organisée par YvonneZervos en faveur de Valentine Hugo,le 4 juillet 1963. C. D.

     JEAN FAUTRIER ET CAHIERS D’ART , TRACES D’UNE FIN DE NON-RECEVOIR

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     Jean Fautrier, La Concierge endormie, 1922Huile sur toile, 46 x 38 cmSigné en haut à gauche : Fautrier Collection particulière

    Fautrier. 1898-1964. Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, 25 mai–24 septembre 1989, n° 3.Réalistes des années 20. Musée-Galerie de la Seita, Paris, 1998. p. 54.

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     Jean Fautrier, Portrait de Fernande, vers 1922Huile sur toile, 46 x 38 cmSigné en bas à gauche : Fautrier Collection particulière

    Fautrier 1925 . Musée des Beaux-Arts de Calais, 1986, n° 7. p. 23.

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     Jean Fautrier, Sans titre [Nu féminin de dos], vers 1924Sanguine et pierre noire sur papier, 70 x 47 cmCollection Marcel-André Stalter

    Fautrier 1925 . Musée des Beaux-Arts de Calais, 1985. p. 25.Réalistes des années 20. Musée-Galerie de la Seita, 1998. p. [60].

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     Jean Fautrier, Nu de dos, 1925Huile sur toile, 35 x 26,5 cmSigné daté en bas à gauche en rouge : Fautrier  Collection particulière

    Réalistes des années 20. Musée-Galerie de la Seita, 1998, p. 61.

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     Jean Fautrier, Petit nu noir de face, [1926]Huile sur toile, 35 x 27 cmSigné en blanc en haut à droite : Fautrier Collection particulière, courtesy galerie Jean-François Cazeau, Paris

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     Jean Fautrier, La Jolie Fille, 1927Huile sur toile, 92 x 60 cmSigné en haut à gauche : Fautrier Don de Fautrier 1964. Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, n° inv. : AMVP 1488

    © MUSÉE D’ART MODERNE / ROGER-VIOLLET

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     Jean Fautrier, Nu féminin couché, 1929Huile sur papier marouflé sur toile, 81 x 130 cmMusée national d’art moderne, Centre Pompidou, Paris, n° inv. : AM 1975-186

    © CENTRE POMPIDOU, MNAM-CCI, DIST. RMN-GP / PHILIPPE MIGEAT

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    40 • Georges Bataille,  L’Alleluiah. Catéchisme de Dianus. Paris,librairie Auguste Blaizot, 1947. 18 lithographies et 18gravures en noir par Jean Fautrier, sur papier d’Auvergnepur chiffon. 92 exemplaires. 275 x 210 mm.Rainer Michael Mason, Jean Fautrier. Les estampes, Genève-Paris, 1986. p. 73. La typographie est de Frazier-Soye et leslithographies ont été tirées sur les presses de Desjobert. L’ar-tiste a dessiné 100 lettrines lithographiées en violet in-texte.Exemplaire enrichi de trois dessins de nu par Fautrier, lepremier est monogrammé, en frontispice ; le deuxième, faceà la page 41 ; le troisième, face à la page 59.Collection particulière.

    Georges Bataille avait eu à se plaindre du peu d’égards quilui avait été témoigné par l’éditeur du premier ouvrage encollaboration avec Jean Fautrier, Madame Edwarda. Masoncite une lettre de Bataille à Georges Blaizot datée de Vézelay,9 novembre 1945 : J’avais accepté de n’avoir qu’un seul exem-

     plaire à cette condition : que je recevrais environ trois exemplairesnon numérotés, formés à l’aide des feuille de passe les moinsdéfectueuses. Vous nous avez présenté, à Fautrier et à moi, que

    cette façon de faire avait des inconvénients. Je n’ai pas insisté.Mais je m’aperçois maintenant que je n’ai même pas un exem-

     plaire pour moi (celui qui me sera remis est imprimé aux initialesde la personne à laquelle il est destiné). N’est-ce pas un peu dur ?  Qu’en fut-il pour L’Alleluiah ?

    Les dessins systématiquement ajoutés au livre illustré sontmoins anodins, plus érotiques que les culs-de-lampe impri-més dans le texte. Sont-ils une gratification supplémentairequi accompagne les hors-commerce, ou de véritables hors-texte à intégrer au travail d’illustrateur de Fautrier et simple-

    ment encartés pour être ôtés plus facilement, dans l’éventua-lité d’une menace d’hostilité de la part de la censure ?

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     Jean Fautrier, [Sans titre] quatre dessins, 1944Encre et fusain, 30 x 35 cmMonogrammé et daté en bas à gauche : 44Collection particulière

     Jean Fautrier , exposition du 27 avril au 27 mai 2006. Galerie Di Meo, 9, rue desBeaux-Arts, Paris, p. 59. 63, 65, 67.

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    Hans Bellmer, Le Monstre rouge, 1952Huile sur toile et encre rouge, 63,5 x 63,5 cmSigné et daté en bas gauche : Bellmer 1952Collection particulière

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    • 43HANS BELLMER ET GEORGES BATAILLE,UNE COLLABORATION ÉDITORIALE

    ans Bellmer est essentiellement célébré pour les dessins et les photographies de

    La Poupée. Le corps y est sujet à toutes les expériences, comme en témoigne Rose

    au cœur violet  (ill. p. 45) dans lequel la jeune fille fouille dans ses entrailles à la

    recherche d’une réponse à sa propre constitution. Le titre se décline selon une multitude

    d’anagrammes inspirées de Gérard de Nerval : Ô toi couleuvre rose ; Se vouer à toi, ô cruel !,

    etc. Créature féminine aux jointures mobiles,La poupée

      se désarticule pour se recomposer

    selon des schémas anagrammatiques. Photographiée dans de multiples positions, elle sus-

    cite dès 1934 l’engouement de Paul Éluard qui écrit une série de poèmes en prose pour lui

    servir d’écrin. Les Jeux de la poupée devait être publié par Christian Zervos à Cahiers d’art à la

    rentrée de 1939 mais la guerre interrompit le projet, malgré les vives recommandations du

    poète. Dans une lettre inédite du 2 avril 1940 adressée du camp des Milles à Zervos, Bellmer

    insiste pour que la publication de cet utopique projet voie le jour, même s’il doit renoncer à

    l’intégralité des poèmes. La vérité, écrit-il, est cependant qu’un texte si comprimé ne survit que

    douloureusement des coupures ; car même les notes sont indispensables pour la solidité de cet édificeassez minutieux. Ne prenant pourtant pas ombrage de l’arrêt de la publication, Hans Bellmer

    réalise au même moment un portrait de Max Ernst pour une exposition projetée à la galerie

    de madame Zervos, rue Bonaparte.

     Après l’internement au camp des Milles, les années de clandestinité qui s’imposent à

    l’artiste allemand jusqu’en 1944 le confinent à travailler inlassablement les images les

    plus insolites et à s’adonner à la gravure en taille douce. Pour subvenir à ses besoins, ildessine (ill. p. 46) également les portraits de notables et d’amis avec la méticulosité d’un

    Dürer et l’expressivité d’un Baldung Grien. Il faut dire que la pratique du dessin réaliste est

    l’autre versant de son œuvre, qui fait écho aux images les plus désarticulées. Les visages

    sont précis et le dessin de l’œil donne souvent un regard froid et direct au modèle. Le

    réalisme affirmé de sa cousine Ursula Naguschewski (1953) appartient à cette typologie

    (ill. p. 53).

      Malgré l’isolement, quelques collaborations éditoriales lui sont proposées, mais c’estsurtout la réédition d’Histoire de l’œil  qui fait l’objet de toutes ses attentions. Au début

    de l’année 1947, Hans Bellmer rencontre enfin Georges Bataille avec lequel il avait corres-

    pondu depuis presque deux ans pour mettre au point une nouvelle édition. Les six gravures

    érotiques entrent en résonance avec le sulfureux texte dont la police française n’hésitera pas

    à détruire la plus grande partie du tirage (ill. p. 51). Cependant, on peut noter à travers

    les dizaines d’études crayonnées sur des petits cahiers d’écolier que les deux univers se

    complètent pour sublimer les liens de fraternité d’Éros et de Thanatos sous le regardd’Hypnos.

    H

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    44 • Une seconde collaboration en 1949 aura pour objet  Justine ou les Malheurs de la vertu du

    marquis de Sade pour les Presses du Livre français. Bellmer ornera l’ouvrage d’un céphalo-

    pode sur papier rose en frontispice tandis que Georges Bataille en écrira la préface. Par la suite,

    la complicité des deux créateurs se confirmera dans l’illustration d’un livre érotique de Pierre

     Angélique (pseudonyme de Bataille), Madame Edwarda, qui ne paraît avec les douze cuivres de

    Hans Bellmer qu’en 1965 chez Visat, soit trois ans après la mort de l’écrivain et vingt-cinq ans

    après la première édition. Lorsqu’en 1955 Georges Bataille reprend le manuscrit de Madame

    Edwarda pour en faire l’édition corrigée, Bellmer s’adonne à des variations sur le thème des

    deux filles furtives dans l’escalier d’un lavabo qui ouvre le texte. Cela confirme le mobilier de la

    maison close (lavabo, miroir, lit, etc.) comme l’attribut des jeunes filles depuis Histoire de l’œil.

    La gémellité entre également au cœur d’un dispositif érotique de la surenchère et les dessinspréparatoires qui sont élaborés sur plus de dix années appuient le leitmotiv du double et de la

    duplication des corps. Le dessin de 1957 Les Deux Sœurs (ill. p. 52), provenant de l’ancienne

    collection Julien Levy, en est un bel exemple. Le galeriste new-yorkais envisageait d’ailleurs de

    faire une exposition Bellmer à la fin de l’année 1940 mais le projet fut, lui aussi, stoppé par la

    guerre. Bataille et Bellmer ont donc partagé des univers semblables mêlant l’érotisme à la mort

    dans le même souci de créer une poétique de l’indicible et du sacré.

    FABRICE FLAHUTEZ

    Bellmer, à propos de La Mineure et des Jeux de la Poupée.Hans Bellmer, lettre à Henri Parisot :Il faut expliquer à Bataille l’ambiance de l’ensemble (il ne s’agit pas de faire des textes pour tousmes dessins !). Mes dessins peuvent servir de « provocateur ». Tout est libre, mais le sujet est

     précis. Le sujet : l’ambiance scandaleusement et authentiquement imaginative et particulière dela mineure (entre 7 et 13 ans). Si par hasard Bataille serait en mesure et disposé à consacrer à

    ce sujet un enthousiasme, – oui, pourquoi ne serait-ce pas, en définitive, rien qu’un long texte deBataille avec mes dessins ?[…] deux choses sont importantes : d’abord, de récupérer des épreuves impeccables de toutes les

     photos en question pour les faire rephotographier ou pour les préparer à la reproduction et ensuite,de trouver un moyen de reproduction basé sur la photogravure – qui donnerait bien le caractèrede la photo coloriée.

     Alde. Lettres et manuscrits autographes, hôtel Regina, Paris, jeudi 19 avril 2012, n° 7.La Mineure, référence à la revue Minotaure, n° 6, p. [30-31] « Poupée. Hans Bellmer.

     Variation sur le montage d’une mineure articulée ».

    Hans Bellmer, Sans titre, 1944Crayon sur papier, 13 x 10 cm

    Inscription en bas à l’encre : Voici une esquisse d’un portrait scandaleusement interprétéSignature en bas à droite à l’encre : Bellmer Collection Yves de Fontbrune

    Hans Bellmer . Musée départemental Moulins albigeois, à Albi et musée Goya àCastres, mars 1992, p. 17.

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    Hans Bellmer, Rose ouverte la nuit, 1946Crayon sur papier quadrillé, 8,8 cm x 14 cmInscription en haut à gauche : à SadeDaté en bas à gauche : 7 juillet 46

    Inscription en bas à droite : RevelCollection Yves de Fontbrune

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    H B ll l à H i P i

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    Hans Bellmer, Sans titre [Visage de jeune fille, de profil à gauche], [1934]Crayon et rehauts de gouache blanche, 32,5 x 25 cmCollection Marcel Fleiss

    Hans Bellmer, Calendrier / Calendar , 2007. Galerie 1900-2000,Reproduit.

    Hans Bellmer, lettre à Henri Parisot :Lundi soir. Castres […]. J’avais laissé à Ricka la liste des dessins chez vous, avec l’indicationdes prix ! Je ne vous donne donc, ci-joint, encore une fois cette liste, avec des prix un peu

     plus bas. Quant à l’album, disons : 4 000 frs. La terreur est que je n’ai plus le sou ! Depuis

    ce matin. Vous pensez que ce n’est pas pour améliorer les termes infernaux où je vis avecce gendarme à grands pieds qu’est « ma femme ». Vous pensez bien que je suis rentré deParis plein de courage et de projets immédiats, plein de travail : mettre au point la préface(retrouvée par Hugnet) pour  Les Jeux de la poupée. Mettre au point, suivant les indicationsdu nouveau clicheur, les photos en couleurs. Puis l’ Anatomie etc. – Puis, l’Histoire de l’œil.Eh bien, il ne me restera que d’aller (avec quelques sous dans la poche, que l’on me prêtera,

     j’espère) à Carcassonne, ce qui n’est pas drôle par ce froid, pour y essayer de faire quelques portraits. Jusqu’au moment où mon Dalí, à Paris, sera vendu, ou jusqu’à la vente d’un desdessins qui sont chez vous. J’aime autant revenir tout de suite à Paris, pour terminer lesillustrations pour l’œil. Mais est-ce que je pourrais compter un peu sur lui, matériellementet est-ce que l’on pourra m’héberger de nouveau sans que je doive craindre de dérangerterriblement. Écrivez-moi toujours à Castres, avant de partir, le cas donné je vous donneraismon adresse télégraphiquement. 

     Alde, Lettres et manuscrits autographes. Salle Rossini, Paris, vendredi 11 mars 2011,n° 5.

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    Hans Bellmer, Sans titre [Nu au lys, Nu à la feuille], ca. 1937Encre, crayon, rehauts de gouache blanche, 30 x 23 cmSigné en bas à gauche : Bellmer 

     Au verso (ci-contre en haut), à l’encre : Sans titre [deux fillettes]Collection particulière

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    Hans Bellmer, Sans titre, 1939Crayon sur papier, 31 x 22,2 cm

    Signé et dédicacé en bas au centre : Hommage amical à Joyce Reeves Hs Bellmer Collection particulière

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    Hans Bellmer, Sans titre [variante du Petit traité de morale]Dessin au crayon sur papier quadrillé, 10,5 x 17 cmSigné en bas à droite : Bellmer  

    En bas à gauche : un briquet pour pipe à opiumCollection Yves de Fontbrune

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    Georges Bataille, lettre à Hans Bellmer, tapuscrit ou copie :

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    Hans Bellmer, Sans titre, (non daté)Dessin au crayon, 27 x 21 cmSigné en bas à droite : Bellmer Collection Marcel Fleiss

    Hans Bellmer, Sans titre [dit La Cruche cassée], 1946Encre sur papier, 25,7 x 19 cmProvenance Georges HugnetCollection Marcel Fleiss

    9 août 1945. J’aurais dû tout au moins vous écr ire et depuis longtemps. J’ai été amené brus-quement à partir à la campagne où je suis installé. J’aurais bien voulu vous voir. J’envoieaujourd’hui à Simone Lamblin une liste des « scènes » à illustrer l’Histoire de l’œil.  J’ai

    l’impression que le mieux serait une suite d’images toutes du même genre, derrière ou de-vant, photographiées de près, sans corps ni jambes. C’est ce qui me semble-t-il répondrait lemieux en même temps à l’esprit du livre et à ce que j’admire le plus dans vos photographies :si elles décèlent dans les formes ce que l’idée d’un corps (non ensemble) empêche d’aperce-voir (excusez cette pédanterie). Je me trompe peut-être… Vous rappelez-vous en dehors decela le projet avec Chatté ? Ça devrait évidemment être une image du même genre, mais cesera mieux si vous avez un autre sujet (pour éviter le rapprochement des deux livres). Est-cetrop compliqué ? En principe pour l’œil, le sexe le plus délicat et le plus discret (le plus jeune)vaudrait mieux. Pour la tombe, il serait pas mal au contraire d’accentuer les horribles replis. 

     Artcurial. Livres et manuscrits modernes. 7, rond-point des Champs-Élysées, 75008Paris, mercredi 16 mai 2012, n° 307 bis.

    Georges Bataille à Hans Bellmer, lettre datée de Vézelay, le 1er avril 1946 :Vous n’imaginez pas les difficultés que j’ai avec les Gheerbrant pour de simplescorrections d’épreuves. À propos des cuivres : il est vrai que je suis responsable

    du format. C’est en effet le format de la page agrandi d’environ 1 cm de chaquecôté. Les eaux-fortes sans marges ne sont pas si rares en bibliophilie et ellessont faciles à distinguer des reproductions parce que le trait est en relief. Celavous laisse en tout cas la liberté de donner aux images exactement la dimen-sion qui vous plaira dans les limites de la feuille. Il est bien en effet de s’en tenirau format du texte mais dans ce cas il faudrait que l’on vous envoie un feuilletindiquant la place qu’occupe le texte dans la hauteur. 

     Alde,  Lettres et manuscrits autographes. hôtel Regina, 2, place desPyramides 75001 Paris, 6 octobre 2009, n° 181.

    Le Trésor de Hans Bellmer   par André Pierre de Mandiargues, Éd. Le Sphinx,Paris, 1979. p. 38.

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    Hans Bellmer, Sans titre, 9 mai 1946Dessin pour la 1ère gravure d’Histoire de l’œil, de Georges BatailleEncre et crayon sur papier, 27,5 x 19,7 cmSigné en bas à droite : Bellmer 

    Daté au verso : Mai 1946Collection Yves de Fontbrune

    Hans Bellmer, anatomie du désir . Gallimard / Centre Pompidou, sous la directiond’Agnès de la Beaumelle, 2006. Repro. p. 159. Cat. n° 124.

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    Hans Bellmer, Ursula Naguschewski, 1953Crayon, rehauts de gouache blanche sur papier teinté, 29 x 24 cmSigné au crayon en bas à droite : Hans Bellmer 

    Daté au crayon en bas à gauche : 1953Collection particulière Hans Bellmer, Calendrier / Calendar , 2007. Galerie 1900-2000. Reproduit.

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    Fantaisies de William B. Seabrook, photographies originales très libres, restées longtemps sous le boisseau.Six épreuves gélatino-argentiques, 130 x 180 mm, mention manuscrite au verso d’une d’entre elles : Cette épreuve de ManRay m’a été remise par Georges Bataille, J. P. [Jacques Pimpaneau]. Ces photographies ne sont pas exposées.

    Notice établie avec les informations communiquées gracieusementpar Serge Plantureux, sur une hypothétique commande photogra-phique pour une revue incertaine et restée sans emploi par GeorgesBataille.« William Seabrook, diabolist, fetishist and recreational cannibal, invitedRay to a dinner which didn’t feature, as was sometimes the case, Fri-casse la Parisienne made with a real Parisienne, but a naked girl chained

    to the stairs. Unblinking, Man snapped her, as he did a succession ofSeabrook’s other tableaux vivants. » (In Man Ray Laid Bare, Tate BritainMagazine online, n° 3.)Elle avait les mains liées derrière le dos et était attachée au pied de la rampe,

     par un cadenas. Seabrook nous présenta une clef et m’informa que je nedevais libérer la fille qu’en cas d’urgence…  Man Ray,  Autoportrait, Paris,Éd. Seghers, 1986, p. 176.

     Jacques Pimpaneau :– Comment avez-vous rencontré Georges Bataille ?

     – Tout à fait par hasard. J’en avais entendu parler par Antelme et Des Forêts.

     J’imaginais que ce devait être quelqu’un d’intéressant. Alors, lorsqu’une demes connaissances me demande de l’aider à lancer sa nouvelle revue, je pro-

     pose un dossier Bataille. Je vais le voir pour le projet et lui, ça me souffleencore aujourd’hui, me dit toute sa gratitude parce que le fait qu’une revue luiconsacre la couverture avait décidé Pauvert de publier un de ses textes. Je suisallé le voir à Orléans où il était conservateur de la bibliothèque. Me sachantétudiant de chinois, Diane, sa femme, m’avait préparé un repas oriental et tousdeux m’avaient invité à rester la nuit chez eux. J’avais vingt et un ans. Je suisresté ami jusqu’à sa mort. 

    Extrait de Livres, le 4 mars 2004. Pimpaneau, drôle de pékin. Interview.Il fut le secrétaire de Dubuffet, l’ami de Bataille et de Klossowski. Ren-contre avec l’auteur d’ Anthologie de la littérature chinoise classique par Sean

     James Rose. 

     Ajoutons que Bataille citait Seabrook dans l’article « Abattoir », Docu-ments, n° 6, 1929, p. 329-334 : Il est curieux de voir s’exprimer en Amé-rique un regret lancinant : W. B. Seabrook constatant que la vie orgiaque asubsisté, mais que le sang des sacrifices n’est pas mêlé aux cocktails, trouveinsipides les mœurs actuelles. Voir aussi Michel Leiris, « Caput Mortuumou la femme de l’alchimiste », Documents, n° 8, 1930, p. 21-26, illustré

    de photographies érotiques, de femmes, le visage revêtu d’un masquede cuir conçu par Seabrook. C. D.

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    59, RUE SAINT-ÉTIENNE, VÉZELAY (YONNE)

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    Mars-octobre 1943

    ’homme qui, un jour de mars 1943, franchit le seuil de lamaison du 59 de la rue Saint-Étienne, à Vézelay, est un

    inconnu. Il n’a publié que des livres sous le manteau(mais quels livres !) : Histoire de l’œil, MadameEdwarda. Dans les années trente, il a animédes revues (Documents,  Acéphale) et desgroupes (Contre-Attaque, Collège de sociolo-gie). Il s’est violemment opposé à Breton et ausurréalisme. Dans le combat contre la mon-

    tée des totalitarismes comme dans la dénon-ciation de la faillite des démocraties, il a étél’un des plus virulents. Avec la société secrète

     Acéphale, il a joué à l’apprenti sorcier. Il a étéun scandale permanent.

      Tuberculeux, en congé de maladie de sonposte aux périodiques à la Bibliothécairenationale, il a loué pour l’année cette petitemaison à mi-pente.  Je me propose une trêveavec moi-même, écrit-il. Son programme est simple : M’étendreau soleil, à l’ombre, lire, un peu de vin […], des paysages brumeux,ensoleillés, déserts, riants, écrire enfin, rédiger un livre . Il entend yterminer un ouvrage d’économie, mais il va être happé par lepaysage. Modeste et froide, cette maison n’a qu’un luxe : sa ter-rasse. Là, dans une chaise longue, un verre de vin à la main, soncarnet de notes à proximité, Bataille poursuit son « expérienceintérieure ».

      Sur cette terrasse, il se livre non pas à la transcendance du« haut lieu » mais à l’immanence, à la recherche de l’« illumi-nation », de l’extase dé-liée de Dieu et des églises. Il entendpratiquer « la nage dans les eaux du temps ». Il précise : Personnene sait ce qu’est la nage. Les méthodes sont contraires à la nage : cha-cune d’elles la désapprend. Personne ne sait nager, nous ne pouvonsque nous laisser aller à la nage. Il veut être Oreste et laisser jouerla chance. Au-dessus des remparts, suspendu entre terre et ciel,dans la nuit, il note : Le tapis de jeu est cette nuit étoilée où je tombe, jeté comme le dé sur un champ de possibles éphémères.

      Vézelay lui procure l’angoisse qu’il convertit en extase et lerire dont il proclame la « divinité » dans la dernière partie duCoupable. À Vézelay, il rit beaucoup, il rit divinement, d’un riremajeur, d’un rire infini. Dans le rire infini la forme divine fondcomme du sucre dans l’eau. Mai 1945-mai 1949

      Si Bataille est revenu à Vézelay, s’il s’est attaché à ce lieu,

    c’est qu’il y a noué des liens essentiels. Il a beaucoup reçu dece village rural et roman qui lui rappelle sans doute le Riom-

    ès-Montagnes de son enfance auvergnate. Il y a rencontré Diane,maîtresse, compagne, puis épouse. Il y a connu André Costa,ami serviable et effacé.

      Tout a changé : guéri, Bataille n’est pas re-tourné à la Nationale car il entend désormaisgagner sa vie grâce à sa plume. Il n’est plussur la terrasse mais rivé à son bureau du pre-mier étage. Ici, il crée et dirige Critique, revuequ’il porte à bout de bras, dans des conditions

    difficiles, sans téléphone. Il en est à la fois ledirecteur et le principal rédacteur. Il organiseles sommaires, rédige de nombreux articles,établit le bilan d’Auschwitz et d’Hiroshimasous l’angle de « l’homme entier ». Il écritThéorie de la religion, qui restera inédit, et LaPart maudite, livre d’« économie générale »qui n’a pas le succès escompté. Il dialogueavec Breton, Camus, Char, Merleau-Ponty,Perroux, Sartre et acquiert un indéniable

    statut intellectuel. En 1948, la naissance de sa seconde fille, Julie, l’oblige à reprendre un poste de bibliothécaire. Nommé àCarpentras, il vit cela comme une défaite économique et un exil.Mais il reviendra à Vézelay, ayant toujours loué la petite maisonaux volets gris.

      Au cimetière, une dalle nue, piquetée de taches noires etde mousse : Georges Bataille, 1897-1962. Lui qui avait essayéde vivre à hauteur de mort retrouvait, un jour de juillet 1962,

    l’abjecte nature et la purulence de la vie anonyme, infinie, quis’étend comme la nuit. Commençait alors la lente découverte del’ampleur de son œuvre et du radicalisme de sa pensée. L’astreBataille, soleil noir, commençait à briller.

      Le cimetière domine toujours les collines, les forêts alentour.Rien n’a vraiment changé.

      Ma folie dans le bois règne en souveraine. Je mets le feu au bois. Les flammes du rire y pétillent.

    CHRISTIAN LIMOUSIN

    L

    Les citations sont extraites de Georges Bataille, Le Coupable, Paris, ÉditionsGallimard, 1944.

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     Acéphale, revue éphémère fondée par Georges Bataille, Pierre Klossows-

    ki et André Masson, prévue pour paraître quatre fois par an. Proposi-tion aléatoire : le premier numéro porte la date du 24 juin 1936 et lecinquième et dernier numéro paraît en juin 1939. Une réédition fac-similée, introduite par Michel Camus, « L’acéphalité ou la religion de lamort », a été publiée par les Éditions Jean-Michel Place à Paris en 1980.

     Acéphale, n° 1, n° [2], n° 3-4. Collection Yves de Fontbrune.

    Un placard publicitaire indiquait qu’Acéphale confiait à Guy Lévis

    Mano, l’éditeur en chambre de la rue Huygens, le soin des cahiers d’une« collection Érotisme » qui prévoyait entre autres titres la diffusion pro-chaine de Heinrich von Kleist Les Marionnettes, traduit par Flora Klee-Palyi et Fernand Marc, et de Hans Bellmer, La Poupée. 10 photographiesoriginales, traduit par Robert Valançay. Une seule plaquette parut : MichelLeiris, Miroir de la tauromachie. Nouvelle série, cahier I « L’Érotisme ».

     Acéphale. Paris, GLM, 1938, in-12 broché, édition originale avec troisdessins d’André Masson. C. D.Couverture et un des trois dessins de Masson, reproduit en double page.Collection particulière.

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    BATAILLE ET CAHIERS D’ART , ZERVOS ET LA CENSURE

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    n 1939 Bataille plaçait un texte en mal d’im-pression, Le Sacré,  au sommaire du n° 1-4 deCahiers d’art, encadré par des contributions de

    Roger Caillois et de Claude Duthuit. En 1945, dans l’épaisnuméro Cahiers d’art, 1940-1944, qui marquait la renais-sance du magazine après son interruption pendant laguerre, il confiait à Zervos, sous le titre « À hauteur d’ami-tié », les bonnes pages de Sur Nietzsche, à paraître aux Édi-tions Gallimard. Mais en 1946, tout à son projet de lancer

    une dernière revue, il déclinait par un mot adressé de Véze-lay, le 19 mars 1946, la possibilité de nouvelles contribu-tions :  Je ferai mon possible pour vous envoyer un texte surBlake avant le 10 avril. Mais je suis si embarrassé d’engage-ments et si lent à écrire que je n’ose vous promettre absolu-ment. Le 28 juin 1946, il lui envoya de Vézelay quelqueslignes en hommage au peintre Paul Klee :  J’ai beaucoupd’intérêt pour l’œuvre de Klee, l’un des peintres contemporainsqui m’ont le plus attaché. Je me suis toujours senti en accordavec un côté discret, insistant, obsédé vraiment nécessaire etsilencieux de toutes ses compositions. Et je m’aperçois que j’ai,bien plus que je ne pensais, vécu dans une sorte d’intimité avecdes fantômes qu’il était agréable et pourtant un peu dangereuxd’aimer. Klee, me semble-t-il, avait plutôt la douceur d’un vice,quelque chose de moins distant que ne l’est généralement la peinture, et que j’ai du mal à distinguer de moi-même.Zervos, lui, avait ménagé Bataille. Dans l’Exposition de peintures et sculptures contemporaines au palais des Papesen Avignon durant l’été 1947, il présentait et reproduisait

    au catalogue un plâtre récent, Buste de femme, du sculp-teur Alberto Giacometti : le modèle en était Diane, la com-pagne et la future épouse de Bataille. Mais d’anciennesrivalités compliquaient leurs relations. Le succès de Docu-ments, revue de réflexion, avait déstabilisé, en 1929 et1930, Cahiers d’art, revue d’art commerciale. Bataille,extrêmement actif dans la conception de Documents, yavait détourné les jeunes ethnologues groupés autourde Georges-Henri Rivière, sous-directeur du musée duTrocadéro, un vivier que Zervos considérait comme acquis.

    Bataille et ses amis Roger Caillois et Michel Leiris contri-buaient aux sommaires des revues Minotaure  et Verve,d’E. Tériade, en compétition directe avec Zervos. En 1946,la concurrence reprenait de plus belle, avec Critique.

      Bataille et Zervos n’abordaient pas la censure de lamême manière. L’un la provoquait, l’autre la redoutait eten anticipait ses effets, comme le met en évidence FabriceFlahutez. Cédant à Georges Hugnet, un de ses collabora-

    teurs, Zervos avait fait imprimer un luxueux bulletin desouscription pour Les Jeux de la poupée de Hans Bellmer,

    Eoù il proposait la suite de photographies en couleurs illus-trées par des poèmes de Paul Éluard. Mais c’était en 1939et, malgré l’insistance de Bellmer, Zervos remit le projetsine die.De la censure, Zervos devait en subir les mauvais tours làoù il s’y attendait le moins, de l’autre coté de l’Atlantique.

     À son débarquement le 29 mai 1941 à New York, Massonavait dû sacrifier aux douaniers cinq grands dessins licen-cieux, Zervos, à Paris, ignorait tout de la déviance mora-

    liste américaine. En janvier 1947, cherchant à refaire sesfinances, il avait édité à grands frais le fac-similé d’un car-net que Picasso avait rempli de dessins à Royan en 1940.Un des feuillets présentait un homme au pénis dressé luti-nant sa partenaire dans l’ombre et les « customs » prirentle parti de s’en effaroucher. Zervos réclama l’interventionde ses amis new-yorkais, Curt Valentin, Frederik Kiesler,et chapitra son correspondant exclusif, Edward Weyhe, le1er février 1948 : Quant à la question du dessin érotique, onne devrait pas laisser passer mon Art en Grèce où il y a trèsréalistement exprimées des scènes érotiques bien plus aiguësque dans le dessin de Picasso. Dans ce livre il y a des satyresqui copulent avec des animaux, des scènes d’enlèvement et deviol, très crues. Regardez les grands détails que j’ai donnésdans ce livre des céramiques du VI e et du V e siècles. Vous savezqu’il n’y a pas un ouvrage sur les peintures de Pompéi qui ne fourmille de scènes érotiques autrement suggestives que cellede Picasso. Vous savez aussi que l’île de Délos est truffée de phallus énormes. Cela n’empêche pas les visiteurs américains

    de fréquenter l’île. Une fois même j’y ai conduit la mère duPrésident Roosevelt et un groupe de dames américaines à quile conservateur du musée a expliqué le rôle phallique dans lareligion grecque. Elles n’avaient pas l’air choquées. Il faut quel’inspecteur des douanes distingue l’art érotique de la porno- graphie. Et je suis presque certain qu’il ne verra rien car nous,nous sommes habitués à lire le dessin de Picasso. Ceux qui ne lesont pas ne voient rien d’érotique. Je viens de faire l’expériencesur des personnes d’ici et sur les trois personnes du consulat .Personne ne prit le risque de l’aider à contourner le refus

    catégorique opposé par les douaniers. Zervos s’entêta, cequi précipita sa ruine sur son seul marché subsistant :Cahiers d’art, revue et éditions, restèrent bloqués dans lesentrepôts de New York avant d’être réexpédiés au Havre,victimes du maccarthysme.

    CHRISTIAN DEROUET

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    SOUS LE SIGNE DE BATAILLE  MASSON • FAUTRIER  • BELLMER  

    ÉLÉMENTS BIBLIOGRAPHIQUES RÉCENTS SUR  B ATAILLE ET SON ŒUVRE

    • Georges Bataille, Œuvres complètes, 12 tomes. Paris, Éditions Gallimard,

    ÉLÉMENTS BIBLIOGRAPHIQUES SUR  LES PEINTRES

    André Masson (Balagny - Oise, 1896 - Paris, 1987)

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    1970-1988.

    • Acéphale, réédition fac-similée, préface par Michel Camus, « L’Acépha-lité ou la religion de la mort ». Paris, Éditions Jean-Michel Place, 1980.

    • Documents, 1929 et 1930, réédition fac-similée, préface, «La valeurd’usage de l’impossible » par Denis Hollier. Paris, Éditions Jean-MichelPlace, 1991.

    • Michel Surya, Georges Bataille, la mort à l’œuvre. Paris, Librairie Séguier,1987. Réédition Paris, Gallimard, 1992.

    • Denis Hollier, La Prise de la Concorde / Les Dimanches de la vie / Essais surGeorges Bataille. Paris, Éditions Gallimard, NRF, 1993.

    • Michel Surya, Georges Bataille, choix de lettres, 1917-1962. Paris, Édi-

    tions Gallimard, 1997.• Georges Bataille, l’apprenti sorcier, Textes, lettres et documents (1932-1939).

    Rassemblés, présentés et annotés par Marina Galletti. Paris, Éditionsde la Différence, coll. Les essais, 1999.

    • Bataille-Leiris, l’intenable assentiment au monde. Sous la direction deFrancis Marmande. Paris, Éditions Belin, 1999.

    • Georges Bataille-Michel Leiris, Échanges de correspondances, Les iné-dits de Doucet, édition établie et annotée par Louis Yvert, postface deBernard Noël. Paris, Éditions Gallimard, 2004.

    • Georges Bataille. Romans et récits. Édition établie par Denis Hollier, Jean-François Louette, Paris, Éditions Gallimard, coll. Bibliothèque dela Pléiade, 2004.

    • William Blake, traduit et présenté par Georges Bataille. Éditions FataMorgana. 2008.

    • Élisabeth Arnould-Bloomeld, Georges Bataille, la terreur et les lettres,perspectives. Lille-Villeneuve-d’Ascq, Presses universitaires Septen-trion, 2009.

    • Bernard Noël.  André Masson ou le Regard incarné, Éditions FataMorgana, 2011.

    • Francis Marmande. Le Pur Bonheur Georges Bataille, Lignes, 2011.

    EXPOSITIONS DE RÉFÉRENCE

    • Georges Bataille : une autre histoire de l’œil. Les Sables-d’Olonne, Cahiersde l’Abbaye Sainte-Croix, mars-juin 1991.

    • Masson et Bataille, à l’occasion du colloque « Bataille après tout »,27 et 28 novembre 1993, musée des Beaux-arts d’Orléans etMusée municipal de Tossa de Mar, 1993.

    • Hors limite. L’Art et la vie, 1952-1994. Marseille et Paris, 1996.

    • Undercover Surrealism Georges Bataille and Documents. Londres,Hayward Gallery, 2006.

    • Traces du sacré. Centre Pompidou, Grande Galerie, 7 mai-11 août 2008.

    • André Masson, textes de Jean-Louis Barrault, Georges Bataille, André

    Breton, Robert Desnos, Paul Éluard, Armel Guerne, Pierre-Jean Jouve,Madeleine Landsberg, Michel Leiris, Georges Limbour, BenjaminPéret. Rouen, imprimerie Wolf. Achevé d’imprimer, le 15 avril 1940.

    • Jean-Paul Clébert, Mythologies d’André Masson. Genève, Éditions PierreCailler, 1971.

    • André Masson. Les années surréalistes. Correspondance 1916-1942.Édition établie et présentée par Françoise Levaillant. Paris, La Manu-facture, 1990.

    • Guite Masson, Martin Masson, Catherine Lower,  André Masson.Catalogue raisonné de l’œuvre peint. Tome I (1919-1941) ; vol. I, 1919-

    1929 ; vol. II, 1929-1946. Préface par Bernard Noël, texte principal,Dawn Ades. Vaumarcus (Suisse), Artcatos éditeur, 2010.

    • Camille Morando,  André Masson. Biographie. Première partie, 1896-1941. Vaumarcus (Suisse), Artcatos éditeur, 2010.

    • Laurence Saphire, Patrick Cramer, André Masson. Catalogue raisonné deslivres illustrés. Genève, Patrick Cramer, 1994.

     Jean Fautrier (Paris, 1898 - Châtenay-Malabry, 1964)

    • Marcel-André Stalter, Recherches sur la vie et l’œuvre de Jean Fautrier(1898-1964), de leurs commencements à 1940. Essai de catalogue métho-dique et d’interprétation, thèse de doctorat d’État (dactylographié), uni-versité de la Sorbonne, Paris IV, 1982.

    • Rainer Michael Mason,  Jean Fautrier, Les estampes. Cabinet desEstampes, galerie tendances. Genève et Paris, 1986.

    • Fautrier, 1898-1964. Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, 25 mai-24 septembre 1989.

    Hans Bellmer (Katowice, 1902 - Paris, 1975)

    • Fabrice Flahutez, Catalogue raisonné des estampes de Hans Bellmer :1938-1975. Paris, Nouvelles Éditions Doubleff, 1999.

    • Hans Bellmer, anatomie du désir , sous la direction d’Agnès de laBeaumelle. Gallimard et Centre Pompidou, 2006.

    • Hans Bellmer, Calendrier / Calendar . Paris, galerie 1900-2000, 2007.

    Les auteurs 

    • Camille Morando, documentaliste principale des œuvres au Muséenational d’art moderne, Centre Pompidou

    • Yves de Fontbrune, collectionneur et donateur au Musée Zervos

    • Marcel-André Stalter, professeur émérite des Universités

    • Fabrice Flahutez, maître de conférences à l’université Paris-Ouest,Nanterre-La Défense

    • Christian Limousin, professeur honoraire de lettres

    • Christian Derouet, conservateur général honoraire du patrimoine

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    SOUS LE SIGNE DE BATAILLE  MASSON • FAUTRIER  • BELLMER  

    T ABLE DES MATIÈRES 

    • Préface d’André Villiers, président du Conseil Général de l’Yonne ..... 3

    R EMERCIEMENTS

    Nous remercions ceux qui ont apporté à la réalisation de cette expo-l bl ll b l d d d

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    • Introduction, par Christian Derouet ................................................ 5

    • Vers Acéphale et le Collège de sociologie : Bataille, Massonet les dieux qui meurent, par Camille Morando ................................... 7

    • Collectionner les dessins de Masson, par Yves de Fontbrune ............... 12

    • L’enlèvement de la robe, par Marcel-André Stalter ............................. 29

    • Hans Bellmer et Georges Bataille, une collaboration éditoriale,par Fabrice Flahutez ....................................................................... 43

    • 59, rue Saint-Étienne, Vézelay (Yonne), par Christian Limousin ......... 55

    • Bataille et Cahiers d’art, Zervos et la censure, par Christian Derouet .. 57

    • Éléments bibliographiques ............................................................. 58

    Cette exposition a été produite par le Conseil Général de l’Yonne. Mis-sion pour les sites patrimoniaux.Christian Derouet, conservateur général honoraire du patrimoine etconservateur du musée Zervos en a assuré le commissariat et dirigé lapublication.Daniel Buisine, administrateur hors classe, responsable de la missiondes sites patrimoniaux, et Pierrette Chêne, attachée principale, en ontsuivi la réalisation avec Jacqueline Cumont, l’équipe technique desexpositions de la direction culturelle du Conseil général de l’Yonne, et les

    agents d’accueil et de surveillance du musée Zervos.

    CONCEPTION GRAPHIQUE ET  AFFICHE DE L’EXPOSITION

     André Belleguie.

    CRÉDITS PHOTOGRAPHIQUES

     Agence photographique de la Réunion des musée nationaux, La Pari-sienne de Photographie, Paris-Musées, galerie Jean-François Cazeau, ga-lerie 1900-2000, galerie Di Meo, galerie Les Yeux fertiles, Adam Rzepka,

     Jacques Faujour, Christian Derouet.

    COPYRIGHT

    © Adagp, Paris 2012. André Masson [couv. p. 1 , p. 2, 4, 6 (haut etbas), 9, 10, 11 (haut et bas), 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22,23, 24, 25, 26, 27, 56 (haut et bas)] / Fautrier [(p. 28, 30, 31, 32, 33, 34,35, 36, 37, 38, 39, 40 (haut et bas), 41 (haut et bas)] / Bellmer [(couv.p. 4 , p. 42, 44, 45, 46 (haut et bas), 47, 48, 49, 50 (haut et bas), 51,52 (haut et bas), 53)].

     Achevé d’imprimerpar Filigrane (Nitry, Yonne)

    Dépôt légal, 2e trimestre 2012ISBN 2-912-660

    sition leur aimable collaboration : les ayants droit des artistes et desauteurs représentés : Julie Bataille, Guite Masson, Diego Masson et LydieMasson-Angelopoulos, Dominique Fautrier, Manuelle Fautrier deGalembert, Jacqueline Cousin, Doriane Bellmer et Béatrice Bellmer.

    L’exposition a bénéficié de prêts du Musée national d’art moderne, CentrePompidou, grâce à Alfred Pacquement, Brigitte Léal, Olga Makhroff,Émilie Choffel, du musée d’Art moderne de la Ville de Paris, grâce àFabrice Hergott, Jacqueline Munck, de prêts de collectionneurs privéset de précieuses informations, M. et Mme Hervé Lefevre, Jean-JacquesPlaisance, Nello Di Meo et Lydie Di Meo, Marcel Fleiss et David Fleiss,Franck Prazan, Jean-François Cazeau, Marcel-André Stalter.Notre reconnaissance s’adresse à Yves de Fontbrune pour la générosité

    du prêt de ses collections et de leur présentation et à Staffan Ahrenbergpour avoir gracieusement permis de reproduire des extraits de textesde Christian Zervos publiés dans Cahiers d’art, aux auteurs CamilleMorando, Marcel-André Stalter, Fabrice Flahutez, Christian Limousinpour leur implication dans ce projet, à Gisèle Caumont, Rodica Aldoux,Laure de Buzon-Vallet, Isabelle Limousin, pour leurs expériences tech-niques, à Benoît Dagron, Francis Guy et Adam Rzepka.

    Nous remercions ceux qui nous permettent chaque année de renouvelerpar des prêts les accrochages du logis principal et de la Maison du Jardi-nier : Annie Caubet, Michel Amandry et Marielle Pic de la Bibliothèque

    nationale de France, Didier Schulmann et la Bibliothèque Kandinskyau Centre Pompidou, Gérald et Ève-Anne Poubelle, Annie Lançon etFrançois Simon, Germain Brochet et Madame Grué-Brochet, ceuxqui maintiennent des prêts à long terme, Patrick Bongers et la galerieLouis Carré, Daniel Malingre et la fondation Hans Hartung et Anna-Eva Bergman, Jean-Pierre Duport et Michel Richard à la fondationLe Corbusier.Nous tenons à associer à ces remerciements les personnalités qui veillentà l’enrichissement du musée Zervos et rendent possible l’acquisitiondu tableau de Louis Marcoussis, Papillon de nuit, présenté dans la salledes années 1920 : Frédéric Mitterrand, ancien ministre de la Culture

    et de la Communication, Henri de Raincourt, ancien ministre, sénateurde l’Yonne et conseiller régional, Philippe Bélaval, directeur généraldes patrimoines, Marie-Christine Labourdette, directrice, chargée desmusées de France, Pierre Provoyeur, sous-directeur de la politique desmusées, Bruno Saunier, sous-directeur des collections, Bruno Chauffert-

     Yvart, directeur régional des Affaires culturelles en Bourgogne, ClaraGelly, conseillère musée, Françoise Tenenbaum, vice-présidente de larégion Bourgogne, et François Delagoutte, et à adresser nos complimentsà Michel Zlotowski.