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Page 1 sur 13 Chap. 26 LE PROBLEME DE L’INDUSTRIALISATION DU CAMEROUN - Clarifier la notion d’industrialisation - Présenter les obstacles à l’industrialisation du Cameroun - Présenter les mesures prises et à prendre pour permettre l’industrialisation du Cameroun INTRODUCTION En économie, l’industrialisation est une situation marquée par un accroissement de l'importance du secteur industriel dans l'économie. Le processus d'industrialisation constitue une étape de la transition entre la société agricole et la société industrielle. Le processus d'industrialisation correspond à une transition entre une société agricole et une société industrielle, associée à une tendance à la hausse du revenu par habitant et du niveau de productivité. Pour cela, la demande en produits agricoles (nourriture et matières premières) doit être satisfaite. Des estimations empiriques montrent que la demande en biens agricoles est caractérisée par une élasticité positive par rapport au revenu (un accroissement du revenu entraîne une plus forte demande en produits agricoles). Pour qu'une industrialisation soutenue puisse avoir lieu, la demande en produits agricoles doit être satisfaite soit par une augmentation des importations, soit par une croissance rapide de la productivité dans l'agriculture du pays, préalable à toute croissance industrielle moderne de longue durée. Bien que l'on considère aujourd'hui que la révolution industrielle a été précédée d'une proto-industrialisation, on fait généralement remonter les origines de l'industrialisation moderne au XVIII e siècle avec la révolution industrielle britannique. Des mouvements d'industrialisation se sont ensuite succédé au cours du XIX e et du XX e siècle : le XIX e siècle vit l'industrialisation de certains pays d'Europe et d'Amérique du Nord, puis, dans les dernières décennies, de l'Europe méridionale et du Japon. Le XX e siècle connut l'industrialisation de plusieurs pays d'Extrême-Orient, notamment après la Seconde Guerre mondiale. L’industrie camerounaise est toujours dominée par des activités extractives, la composante manufacturière représentant seulement 8% du PIB 1 contre 20,5% pour l’agriculture, l’élevage et la pêche et 29,5% si on y associe l’extraction minière. C’est dire la faible importance du secteur industriel dans l’économie camerounaise. Le Cameroun connait donc un problème d’industrialisation aux origines multiples même si quelques solutions sont déjà esquissées. I- LES OBSTACLES A L’INDUSTRIALISATION DU CAMEROUN Ils sont avant tout structurels, mais aussi liés à l’environnement économique international. A- Les obstacles structurels 2 1 Source : DSCE 2009 p. 44 2 Lié à la structure économique profonde et non à la situation ponctuelle (qui a trait à au mode d’organisation de l’économie et non à la conjoncture)

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Chap. 26 LE PROBLEME DE L’INDUSTRIALISATION DU CAMEROUN

- Clarifier la notion d’industrialisation

- Présenter les obstacles à l’industrialisation du Cameroun

- Présenter les mesures prises et à prendre pour permettre l’industrialisation du

Cameroun

INTRODUCTION

En économie, l’industrialisation est une situation marquée par un accroissement de

l'importance du secteur industriel dans l'économie. Le processus d'industrialisation constitue

une étape de la transition entre la société agricole et la société industrielle. Le processus

d'industrialisation correspond à une transition entre une société agricole et une société

industrielle, associée à une tendance à la hausse du revenu par habitant et du niveau de

productivité. Pour cela, la demande en produits agricoles (nourriture et matières premières)

doit être satisfaite. Des estimations empiriques montrent que la demande en biens agricoles

est caractérisée par une élasticité positive par rapport au revenu (un accroissement du revenu

entraîne une plus forte demande en produits agricoles).

Pour qu'une industrialisation soutenue puisse avoir lieu, la demande en produits agricoles doit

être satisfaite soit par une augmentation des importations, soit par une croissance rapide de la

productivité dans l'agriculture du pays, préalable à toute croissance industrielle moderne de

longue durée. Bien que l'on considère aujourd'hui que la révolution industrielle a été précédée

d'une proto-industrialisation, on fait généralement remonter les origines de l'industrialisation

moderne au XVIIIe siècle avec la révolution industrielle britannique. Des mouvements

d'industrialisation se sont ensuite succédé au cours du XIXe et du XX

e siècle : le XIX

e siècle

vit l'industrialisation de certains pays d'Europe et d'Amérique du Nord, puis, dans les

dernières décennies, de l'Europe méridionale et du Japon. Le XXe siècle connut

l'industrialisation de plusieurs pays d'Extrême-Orient, notamment après la Seconde Guerre

mondiale.

L’industrie camerounaise est toujours dominée par des activités extractives, la composante

manufacturière représentant seulement 8% du PIB1 contre 20,5% pour l’agriculture, l’élevage

et la pêche et 29,5% si on y associe l’extraction minière. C’est dire la faible importance du

secteur industriel dans l’économie camerounaise. Le Cameroun connait donc un problème

d’industrialisation aux origines multiples même si quelques solutions sont déjà esquissées.

I- LES OBSTACLES A L’INDUSTRIALISATION DU CAMEROUN

Ils sont avant tout structurels, mais aussi liés à l’environnement économique international.

A- Les obstacles structurels2

1 Source : DSCE 2009 p. 44

2 Lié à la structure économique profonde et non à la situation ponctuelle (qui a trait à au mode d’organisation de

l’économie et non à la conjoncture)

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1- L’insuffisance de l’approvisionnement3 énergétique

Le secteur industriel à l’instar du pays dans sa globalité souffre du déficit énergétique. Il se

manifeste par une électricité coûteuse et des coupures de courant fréquentes ; ce qui montre

l’incapacité du Cameroun à mettre en valeur son immense potentiel hydro-électrique. En

effet, les ressources hydrologiques du pays sont les plus importantes de l’Afrique

subsaharienne (après celles de la République démocratique du Congo), mais un pour cent

seulement de cette richesse est exploité. L’hydro-électricité représente environ 77 pour cent

de la puissance installée, qui s’élève à 933 mégawatts. Mais la baisse récente du niveau d’eau

dans les principaux barrages, ainsi que le mauvais état des centrales et des équipements de

transports, ont amputé cette capacité de production d’environ un tiers. En conséquence, l’offre

d’électricité reste très inférieure à la demande, actuellement estimée à 1 000 mégawatts.

En 1960, le Cameroun comptait trois opérateurs régionaux d’électricité (Powercam,

ENELCAM, et EDC) qui vont fusionner en 1975 pour former un grand concessionnaire

national : la SONEL. Cette organisation autour d’un monopole public a pu donner de bons

résultats jusqu’au début de la décennie 80. Dès 1988 cependant, les coûts liés à la production

s’étant accrus, et faute d’être accompagnés d’un tarif conséquent, la SONEL s’est retrouvée

dans une situation financière difficile. Le secteur de l’électricité connaitra de nombreuses

difficultés liées à l’insuffisance des capacités de production, imputable elle-même au retard

dans les investissements, à la vétusté, la saturation, et la faible disponibilité des équipements

de production, de transport et de distribution (Ngnikam, 2006).

Le gouvernement va donc entreprendre dès 1996, de privatiser le secteur de l’électricité en

vue d’améliorer et de moderniser le secteur, d’accroitre l’accès des populations à l’énergie

électrique, et surtout, de transférer aux camerounais, un savoir-faire qui répond aux standards

internationaux. En 2001, le gouvernement a cédé au groupe AES-Corp., 56% des parts l’ex

SONEL4. La nouvelle structure qui va naitre de ce transfert a été appelé AES-SONEL.

La production, le transport et la distribution de l’électricité ont été transférés au

concessionnaire privé, mais la construction des équipements de production reste toujours sous

le contrôle de l’Etat. Malgré ces réformes qui ont également vu naître une Agence de

Régulation de l’Electricité (ARSEL), et une Agence d’Electrification Rurale (AER)5, le

concessionnaire privé ayant suscité beaucoup d’espoir de départ, se trouve également dans

l’incapacité d’assurer la demande privée et industrielle, et suscite peu d’espoir pour les zones

rurales. D’après les statistiques d’AES-SONEL, on dénombre seulement 553 236 abonnés au

réseau électrique et un taux de couverture de 46% de l’ensemble du pays. Le taux d’accès est

estimé à 15% dans l’ensemble du pays et à 4% seulement en zone rurale. Comme le montre le

graphique ci-dessous (figure 1)6, la production d’énergie électrique est assurée à plus de 95%

par la production hydroélectrique.

3 Fourniture des quantités déterminées de provisions Exemple : l'approvisionnement en eau potable

4 Le capital de la SONEL était détenu à détenu à 97% par l’Etat.

5 L’AER assure la promotion de l’électrification rurale, l’assistance technique et financière aux collectivités

locales, aux usagers et aux organisations paysannes. L’ARSEL est quant à elle chargée de la régulation et du

contrôle du secteur de l’électricité. 6 Voir Graphique dans « Investissements en infrastructures publiques et performances économiques au

Cameroun ». pdf, Tle technique p. 16

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Cette production hydroélectrique provient essentiellement de trois barrages : le barrage de

Lagdo dont la capacité installée7 est de 72 MW, alimente la partie Nord du pays

(essentiellement la ville de Garoua). Les barrages de Song Loulou (400 MW) et d’Edéa (265

MW) alimente le sud du pays (principalement l’usine ALUCAM et les grandes villes que sont

Yaoundé et Douala). Les autres régions du pays sont alimentées par des centrales thermiques

(Limbe, Bafoussam, Oyomabang, Bassa, Djamboutou et Logbaba) et la compagnie a

également à sa disposition, des barrages réservoir qui permettent de réguler le débit des

fleuves qui abritent les barrages (Sanaga, Mbakaou, Bamendjin et Bénoué). Les autres

infrastructures de production utilisées sont des groupes électrogènes principalement utilisés

dans la partie septentrionale du pays. La figure 1 révèle également qu’entre 1990 et 2005, on a

assisté à un accroissement des pertes d’énergie.

Au début des années 1970, lorsque les équipements de production étaient encore de bonne

qualité, la production brute et la consommation étaient au même niveau. Un écart a

commencé à être observé au début des années 1980. Au milieu des années 1990, cet écart

s’est considérablement accentué, montrant la défaillance et la vétusté des équipements de

production, de transport, et de distribution d’électricité. Les pertes d’électricité se sont

accrues, ce qui fait qu’une bonne partie de la production brute8 ne parvient pas aux ménages

et aux entreprises dont la demande ne cesse de croitre.

La demande d’électricité du secteur public (clients basse tension et moyenne tension),

augmente en moyenne de 6 % par an et est estimée à 4 700 GWh (soit une puissance de

l’ordre de 842 MW) en 2015, puis à 7 600 GWh (soit une puissance de 1370 MW) en 2025.

La demande industrielle quant à elle, très fortement conditionnée par les besoins de l’industrie

d’aluminium (ALUCAM), s’établit autour de 1 315 GWh (soit une puissance de 150 MW).

Avec la mise en œuvre du projet d’extension de l’usine d’aluminium d’Edéa, cette demande

se situera autour de 500 MW à l’horizon 2015. Le développement de la filière Bauxite-

Aluminium, les perspectives de développement de la zone industrielle du futur port en eaux

profondes de Kribi, et l’exploitation du fer de Mbalam, entraîneront des besoins d’énergie

supplémentaires de plus 13 000 GWh (1500 MW) de l’horizon 2016 à l’horizon 2025.

C’est donc dire que l’AES-Sonel éprouve des difficultés à satisfaire les anciens abonnés et

cette situation se traduit par de nombreuses et incessantes coupures et une hypothèque sur les

plans stratégiques des entreprises qui élèvent continuellement leur demande d’ électricité

corrélativement à l’accroissement des capacités de production en phase avec le redémarrage

de la croissance économique du pays. Il en vient que l’électricité coûte cher.

2- La faible intégration de l'agriculture à l'industrie.

En effet, nombre d'industries alimentaires s'approvisionnent à l'extérieur en intrants tandis que

la transformation de produits agricoles est très souvent limitée au stade de produits semi-finis.

Or, une intégration plus poussée de l’agriculture à l’industrie permettrait le développement

7 La capacité installée est mesurée aux bornes de sortie de la centrale, c'est-à-dire, déduction faite de la puissance

absorbée par les services auxiliaires et par les pertes dans les transformateurs de la centrale s’il en existe. 8 La production brute qui comprend quant à elle la consommation des équipements auxiliaires des centrales, et

les pertes au niveau des transformateurs considérées comme faisant partie intégrante de ces centrales, ainsi que la

quantité totale d’énergie électrique produite par les installations de pompage sans déduction de l’énergie

électrique absorbée par ces dernières.

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non seulement en amont de nombreuses industries qui approvisionnent le secteur agricole en

intrants tels que les engrais, le matériel et les machines agricoles, mais aussi le développement

en aval d’industries agroalimentaires.

3- Le mauvais état des infrastructures des transports et de communication qui alourdit les

coûts de transaction et le déficit énergétique.

Le niveau des infrastructures routières et de transport en général au Cameroun ne

correspondent pas encore aux besoins des populations et des industries. A titre d’exemples, Le

transport maritime subit le problème récurrent de l’ensablement du principal Port de Douala

qui allonge les délais de franchise9. 96% des échanges passent par le Port de Douala qui

dessert le Tchad et la République Centrafricaine et qui est dépassé. De surcroît, Douala n'est

pas un port en eau profonde.

D’après les dernières statistiques du Ministère des travaux Publics, au sens large, le réseau

routier camerounais est long de 77 588 Km, dont 7 068 Km de routes nationales, 5 680 Km de

routes régionales (précédemment connues sous l’appellation « routes provinciales »), 6 690

Km de routes départementales, 57 855 Km de routes rurales, et 295 Km de routes non

classées. Néanmoins, la qualité du réseau est encore à améliorer puisque sur les 77588 Km,

seulement 5133 Km sont revêtus, 12799 Km sont non revêtus, et 59657 Km sont des pistes et

chemins. En plus d'être peu dense, le réseau routier du Cameroun confirme le caractère

extraverti de l'économie. En effet, presque tous les grands axes mènent vers la mer et peu de

régions disposent de tronçons routiers conçus pour faciliter les échanges intérieurs.

Ainsi, l’insuffisance et le mauvais état des infrastructures de transport renchérit les coûts de

production, ce qui n’attire pas les investisseurs.

3- Le déficit d’une main d’œuvre qualifiée

L’industrie subit les conséquences d’un système scolaire qui ne privilégie pas toujours

l’adéquation formation emploi. Il en est ainsi parce que le système scolaire a de tout temps

favorisé l’enseignement général qui a généré une nombreuse population de sans emploi,

jeune, instruite et non qualifiée.

4- Le problème de gouvernance (un climat des affaires malsain)

L’Administration publique entretient des pratiques qui découragent l’investisseur. D’après le

classement Doing Business 2010 de la Banque mondiale qui dresse l’état des lieux du climat

des affaires dans 183 pays du monde, le Cameroun occupe le 171ème rang. Un classement qui

régresse, car en 2009, le Cameroun occupait la 167ème place.

Les obstacles à la création d’entreprise sont nombreuses :

- La multiplicité des procédures et les lenteurs administratives. En effet, selon cette enquête

de la Banque mondiale, pour les investisseurs nationaux ou étrangers, il faut environ 34 jours

pour créer une entreprise et remplir douze procédures. Un processus très long, de l’avis de cet

9 Délai maximum de franchise : cargo de - 500 tonnes 5 jours

- 500 à 1500 t 7 jours

- de + de 1500 t 9 jours

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organisme international, pour garantir une véritable éclosion des investissements au

Cameroun.

- L’absence d’un guichet unique de formalité des entreprises

- La corruption au long des nombreuses étapes

- Le manque de financement et la frilosité des banques

- La fiscalité jugée décourageante

- L’obtention difficile du permis de bâtir auprès des Communautés urbaines

- L’absence de chambres spécialisées auprès des juridictions d’instances pour les litiges

commerciaux (insécurité judiciaire)

- Les lourdeurs dans la mise en place des organes de la Charte des investissements

Un climat, de l’avis de cet organisme international, qui ne garantit pas une véritable éclosion

des investissements au Cameroun.

5- Le manque de capitaux nationaux

Le Cameroun ne dispose pas comme beaucoup de pays d’Asie de fonds d’investissement qui

lui aurait permis de se passer des capitaux étrangers. Son épargne intérieure est aussi faible.

Les investissements ne peuvent donc avoir lieu sans ces l’un de ces deux éléments.

6- Un environnement qui présente encore de nombreux facteurs de faible compétitivité et de

de faible productivité

Le Cameroun dispose de nombreux atouts pour le développement de son industrie. Mais force

est de constater que les immenses ressources agricoles et forestières, les potentialités en pêche

et élevage, en ressources minières et hydroélectriques sont encore sous-utilisées. L’industrie

se trouve donc dans une situation paradoxale dans laquelle elle doit importer des ressources et

autres matières premières pour lesquelles le pays dispose d’un avantage comparatif. Cette

contrainte forte couplée à d’autres contraintes tout aussi pesantes au niveau des coûts de

production et de transaction limitent gravement la productivité et la compétitivité du secteur,

malgré la reprise de la croissance après la dévaluation de 1994.

Il est reconnu que les entreprises évoluent dans un environnement qui présente encore de

nombreux facteurs de faible compétitivité, et dont les plus contraignants sont :

- les dysfonctionnements pénalisant la liberté d’entreprise et la créativité ;

- les lourdeurs bureaucratiques, incompatibles avec l’exigence de réactivité relative au mode

opératoire du secteur privé, et renchérissant les coûts de transactions ;

- les problèmes de gouvernance propres, d’incivisme et de faibles capacités managériales des

promoteurs ;

- les menaces dues à la persistance et à la prolifération des pratiques anti- concurrentielles

telles que la contrebande, la fraude douanière, la contrefaçon, le dumping ;

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- des infrastructures d’appui aux entreprises et organisations du secteur privé quasi

inexistantes, notamment en matière de formation, de recherche-développement, de promotion

économique, d’assistance technique, d’accès à l’information sur les marchés extérieurs.

B- Les obstacles liés à l’environnement économique international

Le secteur industriel doit faire face aux multiples difficultés d’un environnement physique et

socioéconomique en constante évolution certes, mais déstabilisé par les contraintes de

libéralisation des marchés imposées par l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC), les

difficultés d’accès aux capitaux internationaux et à la technologie, l’exigence de respect des

normes érigées à l’entrée des marchés étrangers.

Les contraintes de libéralisation l’ont exposé à la concurrence acharnée de l’Asie10

et la

contrebande, qui confère un avantage indu au secteur informel.

L’ampleur des obstacles n’empêche cependant pas la recherche des solutions.

II- LES SOLUTIONS AU PROBLEME DE L’INDUSTRIALISATION DU CAMEROUN

Ces solutions sont, pour l’essentiel, consignées dans le « Document de Stratégie pour la

Croissance et l’Emploi (DSCE) » qui décline la vision de développement au Cameroun à

l’horizon 2035. Elle se formule ainsi qu’il suit : « LE CAMEROUN : UN PAYS

EMERGENT, DEMOCRATIQUE ET UNI DANS SA DIVERSITE ». La volonté de devenir

un pays émergent, démocratique et uni dans sa diversité intègre quatre objectifs généraux à

savoir: (i) réduire la pauvreté à un niveau socialement acceptable ; (ii) devenir un pays à

revenu intermédiaire ; (iii) atteindre le stade de Nouveau Pays Industrialisé et ; (iv) renforcer

l’unité nationale et consolider le processus démocratique. Les autres solutions sont éparses.

A- Les solutions qui découlent du DSCE (objectif : devenir un NPI)

Afin d’atteindre le stade de Nouveau Pays Industrialisé, le Cameroun se fixe cinq objectifs

spécifiques :

-Intensifier les investissements dans les infrastructures et les secteurs productifs

- Développer un secteur manufacturier sain, compétitif et diversifié, capable d’inverser la

structure du commerce extérieur (exportations et importations)

- Collecter l’épargne, financer la croissance et le développement

- Modifier la structure des échanges extérieurs et élargir les marchés

- S’intégrer dans la sphère financière internationale et améliorer l’intermédiation bancaire

Le défi que le Gouvernement entend relever est celui de faire passer la part de l’industrie

manufacturière à environ 12% du PIB à l’horizon 2020.

1- Développement des infrastructures à caractère économique

Il s’agit des routes, ponts, aéroports, ports, production et distribution de l’énergie, réseaux

d’adduction d’eau, assainissement et réseaux viaires, télécommunications, etc. Elles

fournissent le socle essentiel où se bâtissent le développement et la compétitivité de

l’économie. Elles réduisent les coûts de production et de transaction, facilitent l’activité,

10

Les prix des produits étrangers sont bas et découragent toute initiative locale.

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accroissent le volume de production et impulsent le progrès social. Elles ont donc un rôle

moteur dans la facilitation des échanges et la promotion d’une croissance forte et durable par

la compétitivité que leur bonne qualité génère. L’objectif général poursuivi est de mettre

l’infrastructure en adéquation avec la demande économique et sociale.

De manière spécifique, il s’agira de doubler la fraction du réseau routier bitumé, en faisant

passer le nombre de km de routes bitumées pour 1000 habitants de 0,27 (en 2010) à 0,34 à

l’horizon de la stratégie (2020). La densité du réseau ferré passera elle de 0,06 km pour 1000

habitants (2010) à 0,10 (2020). En matière d’énergie, il s’agit de doubler la consommation,

soit une évolution par unité de PIB de 27,7 % actuellement à 45 % à l’horizon de la vision,

soit une cible de 37 % en 2020. Le nombre de lignes téléphoniques pour 1000 habitants

devrait passer de 6,7 pour la période 2000-2003 à 15 à l’horizon de la stratégie. Dans le

secteur urbain, au moins 150 km de voiries bitumées seront construites, tandis que

l’urbanisation sera maîtrisée avec un ralentissement de sa croissance pour contenir le taux

d’urbanisation à moins de 57% à l’horizon de la stratégie. Le taux d’accès à l’eau potable

devra être relevé à 75 % contre 70% en 2015.

1.1. Les projets dans le secteur de l’énergie

Eu égard à ce qui précède et dans le souci de garantir à long terme la sécurité

d’approvisionnement en énergie électrique du pays au moindre coût, le Gouvernement a

élaboré un Plan de Développement du Secteur de l’Électricité à l’horizon 2030 (PDSE 2030).

Pour résorber le déficit énergétique actuel et celui prévisible dans le court terme, plusieurs

projets sont à des stades avancés de développement. Ceux-ci incluent la construction et la

mise en service en 2009 d’une centrale thermique à fioul lourd de 86 MW à Yassa à l’entrée

de Douala, la construction et la mise en service d’une centrale au gaz naturel de 216 MW à

Kribi, la construction et la mise en eau d’un barrage réservoir à Lom Pangar pour régulariser

le débit de la Sanaga et saturer les centrales hydroélectriques de Song Loulou et d’Edéa. Ce

dernier comprendra une usine de pied de 25 MW pour alimenter le réseau électrique de la

Région de l’Est et une centrale hydroélectrique de l’ordre de 10 MW à Mekin.

Plusieurs autres projets sont envisagés à moyen terme et long termes, au nombre desquels : les

centrales hydroélectriques de Nachtigal (330MW), de Song Mbengé (950MW), de Memve'ele

(120MW-201MW), de Kikot (350-550MW), de Njock (270 MW), de Ngodi (475 MW), de

Song Ndong (250-300 MW), de Nyanzom (375 MW), de Bayomen (470 MW), de Mouila-

Mogué (350MW), de Bagangté (90 MW) sur le Réseau Interconnecté Sud (RIS). Pour

optimiser le productible énergetique du bassin de la Sanaga sur lequel seront implantés la

plupart de ces centrales, ces projets seront associés à la construction des ouvrages de

régularisation de Ponts-Rails, Bankim-Mapé, Litala etc. Sur le réseau interconnecté Nord, la

centrale hydroélectrique de Warak (50 MW) sur la Bini est envisagée, ainsi que les centrales

de Colomines (Gbazoumbé12MW) et Ndokayo pour le réseau de l’Est.

A ces projets, viennent s’ajouter les sites présentant un potentiel à l’exportation d’énergie à

l‘échelle sous régionale (Tchad, RCA,) et régionale (Nigéria). Il s’agit des sites de Cholet

(400 MW) sur le Dja, Grand Eweng (386 MW) et Petit Eweng (230 MW) sur la Sanaga,

Noun-Wouri (1200 MW) sur le Noun, Mandourou (67MW) et Mbinjal (66MW) sur le Faro,

Lancrenon (34 MW) sur le Ngou, affluent de la M’béré, ainsi que le site de Vogzom (33 MW)

sur la rivière Vina, Munaya (200 MW) sur la Cross-River, Kpaf (300MW) sur la Katsina,

Mentchum (15-35 MW).

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Parallèlement, pour améliorer la qualité du service public de l‘électricité, le concessionnaire

de service public AES SONEL a engagé depuis l’exercice 2005 un programme de

réhabilitation, de renforcement et de rénovation des ouvrages de production, de transport et de

distribution d’électricité devant aller jusqu’à 2012 et d’un coût global de plus de 250 milliards

de francs CFA. La plupart des actions déjà entreprises ou en cours portent principalement sur

la réhabilitation et la rénovation des centrales hydroélectriques d’Edéa et de Song Loulou

ainsi que la réhabilitation, le renforcement des réseaux de transport et la création de nouveaux

postes sources. Ce programme se poursuivra dans le réseau de distribution par la

réhabilitation des lignes moyennes tension, le remplacement des supports pourris et des

composantes défectueux, l’extension des réseaux et le raccordement de nouveaux abonnés.

Le coût global de réalisation de ces programmes se chiffre à près de 5 853 Milliards de francs

CFA pour les ouvrages de production et de transport d’électricité par grands réseaux et à 664

Milliards de francs CFA pour le programme d’électrification rurale. Sa mise en place ira de

pair avec un certain nombre de mesures d’accompagnement telles que le renforcement des

ressources humaines et l’élaboration d’instruments de planification stratégique, à l’instar du

Système d’Information Energétique (SIE) ou de la carte électrique rurale du Cameroun.

1.2. Les projets dans le secteur routier

Le programme de bitumage du réseau va mettre l’accent sur le bitumage des corridors, du

réseau CEMAC, de la transafricaine, du réseau structurant, avec une attention particulière

pour le désenclavement des villes secondaires de l’aire métropolitaine de Douala et de

Yaoundé. Les priorités d’intervention accompagneront les grands projets générateurs de

transport lourd et de valeur ajoutée. Un programme autoroutier utilisant le cas échéant le

régime général des contrats de partenariats en vigueur, sera mis en œuvre, notamment sur la

boucle Yaoundé-Douala-Bafoussam-Yaoundé, sur le tronçon Yaoundé-Nsimalen et sur la

route Douala-Limbe. La fraction de réseau bitumé sera de 17% à l’horizon 2020 : il s’agira de

bitumer en moyenne 350 km de routes par an.

1.3. L’aménagement de nouvelles infrastructures portuaires et ferroviaires

Elles accompagneront les projets prioritaires porteurs de croissance.

� La construction d’un port en eau profonde à Kribi sur la base du principe du B.O.T

(Build, operate and transfert). Ce port comprendra plusieurs terminaux notamment les

terminaux aluminium, hydrocarbures, conteneurs et un appontement fer au lieu dit Lolabe. Il

accueillera principalement la demande provenant de l’extension de la production d’aluminium

et de l’exploitation minière programmée ainsi que de l’accroissement du trafic maritime.

� La construction du port en eau profonde à Limbé. Ce projet devra s’inscrire

particulièrement au croisement du schéma de développement portuaire national et du schéma

de développement de l’aire métropolitaine de Douala. Il devrait également impacter

positivement sur le développement des échanges formels avec le Nigéria ;

� la construction du Yard pétrolier de Limbé dont les travaux ont déjà commencé exprime

l’ambition du Cameroun d’offrir aux pays riverains du Golfe de Guinée et aux opérateurs

notamment pétroliers intervenant dans cette zone un chantier naval moderne et compétitif ;

� l’aménagement de nouvelles voies ferrées selon les standards internationaux en la

matière, dans le but, d’une part, d’achever l’intégration économique des régions

septentrionales et méridionales du pays et, d’autre part, de désenclaver les pays voisins ne

disposant pas d’accès sur la mer. Le plan directeur national des chemins de fer en cours

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d’élaboration fera connaître avec précision les priorités en la matière, mais l’atteinte des

objectifs rappelés ci-avant passera probablement en priorité par les quatre premiers projets

d’aménagement des chemins de fer cités dans la liste suivante :

- Kribi – Ebolowa – Mbalam ;

- Limbé – Douala – Edéa – Kribi ;

- Ngaoundéré – Garoua – Maroua – Kousséri ;

- Edéa – Yaoundé – Ngaoundal ;

- Belabo – Bangui;

- Yaoundé – Belinga – Booué;

- Minim-Martap – Ngaoundal ;

2- Modernisation de l’appareil de production

2.1. Exploitation minière

Malgré l’existence d’un code minier, d’un code gazier et leurs textes d’application, le secteur

n’arrive pas encore à décoller. Le secteur présente actuellement deux visages : un secteur

artisanal minier en pleine effervescence et un secteur moderne embryonnaire.

Le secteur moderne minier à développer vise l’exploration, l’exploitation et la transformation

des gisements de cobalt nickel et manganèse près de Lomié estimés à 54 millions de tonnes de

minerais sur 5%, les gisements de fer de M’balam avoisinant 2,5 milliards de fer à 40% et de

Kribi estimés à 350 millions de tonnes à 35% Fe, les gisements de bauxite de N’gaoundal et

Mini-Martap estimés à plus de 1 milliard de tonnes à 43%, les gisements de rutile

d’Akonolinga avec des réserves géologiques avoisinant 300 millions de tonnes à 0,9%, le

gisement de diamant de Mobilong avec des réserves estimées à plus de 700 millions de carats,

etc.

Les objectifs poursuivis dans le secteur visent à favoriser et à encourager la recherche,

l’exploitation et la transformation des ressources minérales nécessaires au développement

économique et social du pays. Afin de valoriser le potentiel minéral existant, les autorités

entendent (i) mettre en place une société nationale minière qui établira des joints-ventures

avec des partenariats privés, (ii) mettre en place un fonds de développement minier, (iii)

mener des études d’impact environnemental et améliorer la connaissance des investisseurs

privés nationaux et étrangers sur le potentiel géologique et minier du pays en mettant à leur

disposition des cartes et données géologiques fiables rassemblées dans une base de données

minéralisées et présentées sous une forme utilisable, (v) développer des programmes de

formation pour les nationaux dans les métiers de l’industrie minière ainsi que dans le

développement des aptitudes de négociation dans le domaine et (vi) favoriser la synergie entre

les différentes administrations impliquées dans le développement des industries extractives,

ainsi que la coordination de leurs interventions.

S’agissant en particulier de la filière bauxite-alumine-aluminium, la volonté du Gouvernement

est d’aboutir pendant la période de mise en œuvre du DSCE à la réalisation de la première

extension de la société Aluminium du Cameroun (ALUCAM) sur le site d’Edéa (y compris la

construction de la centrale hydroélectrique de Nachtigal) ainsi que la mise en service de la

première tranche de la nouvelle usine d’électrolyse de l’aluminium à Kribi, y compris la

centrale hydroélectrique de Song Mbengue et la ligne de transport associée.

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S’agissant de la bauxite un permis d’exploration a été attribué à Hydromine Cameroun11

valable jusqu’en mars 2010. Coût estimatif du projet: 5 à 6 milliards de dollars. Emplois

envisagés: 2500 à 3000 emplois directs.

Projet fer de Mbalam

• Société: CAM IRON S.A. (filiale de l’australien Sundance Resources)

• CAM IRON détient un permis d’exploration valable jusqu’en septembre 2010

• Cadence d’exploitation envisagée: 35 millions de tonnes par an.

• Coût du projet: Environ 3,5 milliards de dollars.

• Emplois envisagés: 3000 emplois directs.

Projet C & k MINING (diamant de Mobilong)

Société: CAMEROON AND KOREAN MINING COMPANY.

Gisement de diamant de l’ordre de 750 millions de carats (estimation géologique).

Investissement prévu: 1 milliard de dollars sur 25 ans.

Situation actuelle: travaux de certification en cours.

Emplois envisagés: 4000 emplois directs.

Projet d’extraction d’or:

1) African Aura Resources (UK): La société est en phase d’exploration et a des permis de

recherche dans plusieurs régions comme à Batouri, Tcholliré, Akonolinga ou Rey-Bouba

2) FMRC (Fametal Mining Resources Cameroon) (Chine) est en phase d’exploration à Mang,

Boulou, Mompwe (Est)

3) Caminco (Afrique du sud) a des permis d’exploration d’or dans le Nord

Projet uranium de Poli

Société: MEGA URANIUM

Phase d’exploration

Réserves estimées: 13 125 tonnes à Poli et 11 000 tonnes dans la région de Lolodorf.

Certification des réserves en vue étude de faisabilité en cours.

Projet rutile d’Akonolinga

• Société: FREE MINING associé société américaine GILLA.

11

De HYDROMINE GLOBAL MINERAL

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• Réserves estimées: 3 millions de tonnes.

• Réserves certifiées par SERAK: 760 000 tonnes.

• Travaux de certification par FREE MINING en vue étude de faisabilité en cours.

3- Développement humain

En ce qui concerne l’enseignement technique, l’action de l’Etat visera en priorité à améliorer

sensiblement sa qualité en adaptant les formations offertes aux besoins réels du marché et en

développant les partenariats avec le secteur productif de l’économie, afin d’accroître l’offre de

formation. Dans le souci d’utiliser rationnellement les ressources disponibles tant en

personnels, en infrastructures qu’en équipements, l’Etat mettra en place de grands

établissements d’enseignement technique qui engloberont sur le même site les CETIC et les

lycées techniques actuels. Les filières créées au sein de ces établissements seront adaptées aux

zones agro écologiques du Cameroun pour disposer d’un vivier de professionnels des métiers

de la pêche, des forêts et de l’artisanat, notamment. Cette spécialisation tiendra également

compte des grands projets à réaliser dans le pays.

4- Intégration régionale

Dans la perspective de la réalisation de ses objectifs de développement, le Cameroun entend

explorer toutes les possibilités que lui offre la coopération régionale pour adresser certaines

problématiques nationales, à l’instar, notamment du sous-dimensionnement des marchés.

Dans cette optique, l’ambition du Gouvernement est de promouvoir les relations

commerciales dans le cadre de la CEAAC, en s’appuyant sur la CEMAC, et intensifier les

échanges avec le Nigeria.

Le premier challenge est la conquête de l’espace CEMAC (36 millions d’habitants) en veillant

à tirer le maximum des avantages des dispositions des traités en matière de libre circulation

des hommes et des biens. A cet effet, la responsabilité du Gouvernement camerounais reste

entière pour impulser cette dynamique d’intégration et s’imposer en assumant sans ambages

son leadership dans la sous-région.

Le second défi est le marché de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale

(plus de 100 millions d’habitants) avec des marchés à fort potentiel de développement comme

la République Démocratique du Congo et l’Angola.

Le troisième enjeu est celui du Nigeria. Avec l’aboutissement heureux du règlement du conflit

au sujet de la péninsule de Bakassi et les accords qui ont suivi, la demande réelle exprimée

par ce pays frontalier sur plus de 1000 km (136 millions d’habitants) se fait de plus en plus

forte et formelle. Le Gouvernement camerounais compte renforcer les échanges avec ce pays,

qui par ailleurs dispose d’un certain nombre d’atouts en matières de PME dans le domaine de

la production industrielle (sous réserve de sortir de la clandestinité et de la contrefaçon). Les

échanges dans les deux sens peuvent couvrir toute la gamme, partant des produits primaires

(pétrole), des produits alimentaires et industriels, jusqu’aux services (fourniture d’énergie).

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B- Les autres solutions

La réforme du code du travail introduit le principe de flexibilité sur le marché du travail qui

tend à alléger la charge salariale des entreprises au risque de porter un coût à la productivité et

à la gouvernance dans les entreprises.

Le programme national de gouvernance mis en place par le Gouvernement est porteur de

beaucoup d’espoir.

Sur la question des lourdeurs administratives, les investisseurs du Cameroun ont fustigé ces

lourdeurs le 18 févier 2010, au cours du Cameroon Business Forum12

, un forum de dialogue

entre le secteur privé et le secteur public. Le Gicam (Groupement inter patronal du Cameroun)

avait demandé au gouvernement de « promulguer, d’ici deux mois, la circulaire portant

rappel des procédures actualisées et des pièces requises pour la création des entreprises au

Cameroun » et «l’opérationnalisation au moins d’un centre pilote de facilitation de la création

d’entreprise ». Une doléance qui a été prise en compte, car il y a quelques jours, le Premier

ministre, Philémon Yang, a pris une décision ramenant à 72 heures le délai des formalités de

création d’entreprises. 72 heures après le dépôt du dossier, les opérateurs économiques

devront rentrer en possession de leur attestation de création d’entreprise. Passé ce délai, le

reçu de dépôt vaudra attestation.

La décision du Pm précise que, désormais, pour créer une entreprise, il faudra simplement

l’inscription au registre de commerce et du crédit mobilier, l’immatriculation du contribuable

par l’administration fiscale, l’inscription à la Caisse nationale de prévoyance Sociale,

l’attestation d’exonération de la patente et l’inscription au registre des coopératives et

Groupes d’initiative commune pour toutes les entreprises et organisations d’économie sociale.

En plus de cela, précise Martin Abega, secrétaire exécutif du Gicam, « chacune de ces étapes

implique d’autres formalités auprès des administrations compétentes dans le cadre des divers

agréments et autorisations nécessaires à la création d’entreprise ». Les promoteurs

d’entreprises se rendront au ministère en charge des Pme où seront installés des centres de

formalités de création d’entreprises. Les différentes administrations publiques sont invitées

d’y envoyer leur personnel. Mais, seulement, cette initiative est prise à «titre expérimental et

transitoire ». D’où les interrogations sur la durabilité de cette autre expérience.

CONCLUSION

12

Le Cameroon Business Forum est une des instances de dialogue entre le secteur public et le secteur privé,

l’autre étant le Prime Minister’s Investment Council, qui ont remplacé le Comité interministériel élargi au

secteur privé qui a fonctionné jusqu’en 2006. Une évaluation du Comité interministériel élargi au secteur privé

commanditée par le gouvernement a conclu à une efficacité limitée de cette instance, due notamment à une

insuffisance de suivi des recommandations.

Le Cameroon Business Forum a été institué en janvier 2009 avec la signature d’un Protocole d’accord tripartite

entre le gouvernement camerounais représenté par le ministère de l’Economie, de la Planification et de

l’Aménagement du territoire, le secteur privé représenté par la Chambre de commerce, d’industrie, des mines et

de l’artisanat, le Groupement interpatronal du Cameroun et la Société Financière Internationale. Ceci afin de

redynamiser le dialogue secteur public-secteur privé.

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