clavelin, maurice galilée, homme de cour.. sur un ouvrage de mario biagioli galileo, courtier

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M Maurice Clavelin Galilée, homme de cour : Sur un ouvrage de Mario Biagioli/Galileo, courtier : On a book by Mario Biagioli In: Revue d'histoire des sciences. 1998, Tome 51 n°1. pp. 115-126. Citer ce document / Cite this document : Clavelin Maurice. Galilée, homme de cour : Sur un ouvrage de Mario Biagioli/Galileo, courtier : On a book by Mario Biagioli. In: Revue d'histoire des sciences. 1998, Tome 51 n°1. pp. 115-126. doi : 10.3406/rhs.1998.1315 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhs_0151-4105_1998_num_51_1_1315

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Page 1: Clavelin, Maurice       Galilée, homme de cour.. Sur un ouvrage de Mario Biagioli Galileo, courtier

M Maurice Clavelin

Galilée, homme de cour : Sur un ouvrage de MarioBiagioli/Galileo, courtier : On a book by Mario BiagioliIn: Revue d'histoire des sciences. 1998, Tome 51 n°1. pp. 115-126.

Citer ce document / Cite this document :

Clavelin Maurice. Galilée, homme de cour : Sur un ouvrage de Mario Biagioli/Galileo, courtier : On a book by Mario Biagioli. In:Revue d'histoire des sciences. 1998, Tome 51 n°1. pp. 115-126.

doi : 10.3406/rhs.1998.1315

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhs_0151-4105_1998_num_51_1_1315

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Galilée, homme de cour :

Sur un ouvrage de Mario Biagioli (*)

Maurice Clavelin (**)

Le livre de Mario Biagioli, Galilée homme de cour, s'inscrit dans la lignée des interprétations contextuelles (ou contextualisantes) de la science, mais d'une façon originale et qui le distingue fortement des interprétations sociologisantes habituelles. Plutôt que de chercher une illusoire relation de causalité entre la science galiléenne et les structures sociales (ou leur mutation), l'auteur prend comme objet d'étude cet « artefact historique » bien précis que fut la carrière de Galilée, notamment après 1610. Son but premier est donc de reconstituer cette carrière en la replaçant, avec le maximum de détails, dans le contexte socioculturel où elle se déroula : celui des « cours baroques » avec leur système patron/client hautement organisé. Tout en procédant à cette reconstruction, il vise en fait trois objectifs en qui réside la véritable ambition de l'entreprise. Le premier, très logiquement, est d'établir que les travaux de Galilée après 1610 sont indissociables tant dans leur forme que dans leur contenu de la dynamique propre au système patron/client dans lequel il allait désormais évoluer (à Florence pour l'essentiel jusqu'en 1622, à la fois à Florence et à Rome après cette date); montant d'un cran, il espère ensuite montrer qu'avant la constitution des Académies et la mise en place de procédures spécifiques de contrôle et d'acceptation, « la légitimation épis- témologique » de la science nouvelle dépendait largement, sinon essentiellement, de « la légitimation sociale de ses praticiens » (p. 82), laquelle à son tour renvoie directement (comme dans le cas de Galilée) à la promotion socioprofessionnelle que pouvait seule apporter le patronage princier (cf. p. 16-18, 49, 58-59, 84, 87, etc.); enfin (troisième objectif), grâce à cette insertion méthodique de l'œuvre galiléenne dans son cadre réel, il pense être en mesure de jeter une lumière nouvelle sur des questions débattues trop abstraitement par l'histoire ou la philosophie des sciences, en particulier l'interprétation hypothétique des théories astronomiques ou

(*) Mario Biagioli, Galileo courtier : The practice of science in the culture of absolutism (Chicago : The Univ. of Chicago Press, 1993), 16 x 23,7 cm, 402 p., Ш., bibliogr., index.

(**) Maurice Clavelin, 4, rue Saint-Saëns, 75015 Paris. Rev. Hist. ScL, 1998, 51/1, 115-126

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l'incommensurabilité entre la science nouvelle et la philosophie naturelle traditionnelle.

Un ouvrage aussi original et complexe peut naturellement être abordé de différentes façons. On peut tout d'abord le lire d'un point de vue historique général, sans trop s'attacher à ses ambitions épistémologiques. Ainsi perçu, le livre de M. Biagioli est d'un intérêt évident, et quoi qu'on puisse être conduit à dire quand on réintroduit ces ambitions, mérite toute notre attention. Il est même difficile de lui rendre pleinement justice, tant sont nombreux les passages qu'il conviendrait de citer. La description du système du patronage, et notamment quand le patron est un prince absolu, est ausssi brillante que précise (chap, i); la façon dont intervient le prince (p. 67 sq.), l'importance de son rôle et des réseaux aristocratiques aux débuts de la science moderne (p. 73-74) sont soulignés à juste titre, et l'on montre de façon convaincante comment la forme même du discours scientifique en ce début du xvn* siècle est liée au statut social des personnes en présence (p. 60 sq.). Surtout, le lecteur trouvera une reconstitution plus que plausible de la carrière de Galilée à partir de 1610, et l'on suit sans difficulté l'auteur lorsqu'il met en relief la recherche constante par Galilée de patrons de plus en plus puissants — les tractations avortées auprès des Médicis avant 1610 étant à cet égard des plus révélatrices (p. 19 sq.); le spécialiste ne peut qu'apprécier le commentaire pénétrant consacré à la dédicace du Sidereus Nuncius (p. 128-130), et on admire les pages où est décrite l'exceptionnelle convergence dont Galilée sut si bien se servir entre la vision dynastique des Médicis (centrée autour de Jupiter) et la découverte à l'automne 1609 des satellites entourant la planète Jupiter (chap, n); la sorte d'anoblissement que reçut Galilée en entrant à la cour avec une position officielle — passant ainsi du clientélisme au mécénat — est de même parfaitement évoquée (p. 84 sq.). Et l'on men- tionera encore pour cette période tant les pages où est discutée la façon dont Galilée sut utiliser les réseaux européens des Médicis pour diffuser ses découvertes (p. 133 sq.), que celles où est analysé le statut qui fut réellement le sien vis-à-vis de son patron princier (p. 149-154).

J'ai parlé jusqu'ici des premiers chapitres. Même s'il reste réservé sur divers points, et parfois d'importance, le lecteur ne prendra pas moins d'intérêt aux chapitres suivants (1). Il goûtera la reconstitution minutieuse du débat sur les corps flottants qui vit la première confrontation publique de Galilée, promu philosophe du Grand-Duc, avec les philosophes universitaires. Ou encore l'analyse peut-être la mieux informée, et parmi les plus subtiles, qui ait été consacrée au célèbre débat sur les comètes

(1) Avec une exception peut-être pour le chap, rv : « Anthropologie de l'incommensurabilité » qui fait un peu figure de pièce rapportée.

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qui, commencé en 1618, culmina avec la publication en 1623 du Saggia- tore {L'Essayeur). Ce dernier épisode convient d'ailleurs particulièrement bien à la méthode de M. Biagioli, et les mises au point qu'elle lui suggère appellent toute notre attention : qu'il s'agisse du tournant survenu dans les rapports avec les Jésuites (p. 275 sq.), de l'hostilité de Galilée vis-à-vis de Tycho-Brahé (p. 280 sq.), ou encore de l'appréciation générale du Sag- giatore perçu comme un ouvrage relevant de la culture de cour (p. 298 sq.) et permettant ainsi à son auteur, qui ne disposait pas contrairement à ses adversaires d'un système complet, de « faire passer » certaines de ses idées philosophiques les plus importantes (p. 303 sq.). « Le résultat, conclut non sans raison Biagioli, fut un texte qui ne visait à rien démontrer de spécifique sur les comètes ou l'astronomie copernicienne, mais tentait — en adoptant le langage de cour — de légitimer sa façon de faire de la philosophie naturelle et de délégitimer celle de ses adversaires » (p. 309). Enfin, la « contextualisation » proposée du procès de 1633 (chap, ví) ne laissera pas davantage indifférent ; sans apporter de faits nouveaux, mais en présentant « la mise à mort de Galilée » à la lumière de ce phénomène socioculturel typique des cours baroques qu'était « la chute du favori », elle rappelle un aspect ordinairement négligé de ce dramatique événement. Bref, le portrait de Galilée homme public que nous offre Mario Biagioli est sans doute le meilleur qui à ce jour ait été réalisé.

L'ouvrage, toutefois, ne se veut pas seulement étude historique, mais, comme je le notais dès les premières lignes, se propose, en les contextua- lisant, de rendre compte à la fois quant au style et au contenu de quelques œuvres majeures de Galilée après 1610 {Discours sur les corps flottants de 1612, Saggiatore de 1623, et au moins partiellement Dialogue sur les deux plus grands systèmes du Monde de 1632). Ce qui vient d'être dit montre assez que pour la forme le point de vue adopté par Biagioli ne saurait guère être contesté, tant la présentation, l'argumentation et le ton qui caractérisent ces ouvrages furent déterminés par le public auquel ils étaient destinés. Le vrai problème, comme chaque fois où il s'agit d'expliquer par contextualisation, concerne en fait le contenu. Jusqu'à quel point Biagioli, si brillant dans la reconstitution historique, peut-il ici être suivi? Or, avant même d'engager la discussion, une difficulté préalable doit être levée. Elle touche à la nature exacte du contextualisme (ou relativisme) adopté par l'auteur : est-il du type modéré ou du type fort? Selon les pages et les exemples, sa position peut paraître étonnamment changeante. A l'appui de la première possibilité une réserve formelle en faveur de la théorie du mouvement (p. 4), ou encore, peu après, la nette affirmation que si Galilée après 1610 fut pris dans la logique propre au système du patronage, il ne fut pas non plus « modelé passivement par le contexte environnant » (p. S); dans le même sens va aussi la remarque que ni Kepler ni le père Clavius ne gagnèrent leur crédibilité

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simplement en raison de « leurs titres ou de leurs patrons » (p. 58, 352); et le meilleur exemple de cette modération se trouverait sans doute dans la reconstruction du débat sur les corps flottants que ne désavouerait nullement un historien « internaliste » (p. 185 sq.). Contextualisant Galilée aussi loin que possible, Biagioli se garderait donc en même temps de tout réductionnisme. Dès la page 12, pourtant, une observation bouscule cette impression. Mentionnant les historiens « internalistes » selon qui le contenu théorique de la science est autonome par rapport au contexte social, l'auteur leur objecte aussitôt qu'ils transforment « Yexplanandum en explanans », ce qui (si les mots ont un sens) veut bel et bien dire que le contenu théorique lui-même est susceptible d'une explication contextuelle de type socioculturel. Simple écart verbal? Les analyses consacrées à l'engagement copernicien de Galilée après 1610 ou à l'opposition des interprétations con- ventionnaliste et réaliste des théories astronomiques (et qu'on examinera en détail plus loin) prouvent à l'évidence qu'il n'en est rien; partisan à certains moments d'un relativisme modéré, Biagioli l'est aussi à d'autres d'un relativisme fort : la note 5 de la page 212, où il rapproche explicitement sa position du « programme fort » de D. Bloor le confirme sans la moindre équivoque. Une décision est donc nécessaire, qui d'ailleurs vient d'elle-même. Le relativisme modéré ne posant guère problème, ce sont les tentatives placées sous le signe du relativisme fort qui très normalement retiendront notre attention. Elles seules permettent de juger la méthode contextualisante préconisée par M. Biagioli, et les résultats que l'on en peut espérer. Comment procède-t-il donc pour « contextualiser » certains thèmes majeurs de la science galiléenne après 1610? Quels arguments fait- il jouer? Quel crédit peut-on leur accorder?

Je prendrai deux exemples particulièrement significatifs de cette contex- tualisation « forte » : d'une part l'explication de l'engagement copernicien de Galilée à partir de 1610, d'autre part la mise en perspective socioculturelle de l'interprétation hypothétique des théories physiques (et principalement astronomiques).

Commençons par l'engagement copernicien public de Galilée à partir de 1610. Biagioli sait parfaitement que Galilée adhéra au copernicianisme bien avant 1610 — dès 1597 au moins, date d'une lettre bien connue à Kepler (cf. p. 92, 100, 226). Loin d'utiliser cette indication essentielle, tous ses efforts tendent au contraire à présenter l'attitude de Galilée à partir de 1610 comme une conséquence pure et simple de son nouveau statut socioprofessionnel. « Galilée copernicien et Galilée homme de cour, résume-t-il, n'étaient pas deux personnages distincts » (p. 90). Trois arguments, qui tous renvoient à ce nouveau statut, sont alors avancés. Le premier fait appel à la dynamique propre au système du patronage où les succès du client sont aussi ceux du patron, et qui ici poussait inéluctablement Galilée « à défendre ses découvertes et même à en produire tou-

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jours davantage » (p. 5, 91); simultanément, la jalousie et l'hostilité des philosophes traditionnels, ressenties comme un défi permanent, ne pouvaient que l'inciter à multiplier les coups d'éclats qui, à chaque fois, allaient dans le sens du copernicianisme (découverte des phases de Vénus et des taches du Soleil, p. 98-100); enfin — et c'est bien sûr l'argument majeur — le ralliement public au système de Copernic offrait à Galilée le moyen idéal pour rompre avec sa situation subordonnée de mathématicien et assumer pleinement son nouveau rôle de philosophe : « une lecture réaliste de Copernic, écrit Biagioli, permettait à Galilée de faire honneur au titre qu'il désirait tant : celui de philosophe » (p. 100) (2).

L'argumentation est subtile, et les faits qu'elle invoque incontestables. Deux questions n'en viennent pas moins à l'esprit. Eclaire-t-elle vraiment l'engagement, ou mieux le combat, copernicien de Galilée à partir de 1610? Aide-t-elle, de façon plus générale, à mieux entendre ce que représenta pour lui la doctrine copernicienne? Pour la première question la réponse est facile. Considérer l'engagement copernicien de Galilée après 1610 comme une conséquence de son nouveau statut socioprofessionnel, et l'étudier de ce seul point de vue, c'est laisser échapper au moins trois aspects du problème : la ruine, sous l'impact des grandes découvertes de 1609-1610, de l'argument physique habituel en faveur de l'héliocen- trisme, l'élaboration entre 1611 et 1613 d'une argumentation nouvelle, le renforcement en 1615-1616 de cette argumentation par appel au phénomène des marées. Le combat copernicien de Galilée après 1610 ne fut pas seulement une entreprise longue et complexe : sa raison profonde est de nature théorique (la mutation subie par l'image du monde), et son déroulement, quoi qu'il ait dû aux pressions du milieu (surtout quand les théologiens en 1614 se mirent de la partie), dépendit principalement et des « nouveautés célestes » et de la logique interne de l'héliocentrisme. L'analyse, si brillante soit-elle, de la carrière socioprofessionnelle de Galilée ne fournit aucune indication sur tous ces points essentiels (3). En même

(2) Ou encore p. 226 : « Copernic procurait à Galilée les ressources dont il avait besoin pour se représenter lui-même non comme un mathématicien mais comme un philosophe (et du type non pédant) au moment même où la cour lui donnait réellement le moyen d'obtenir ce titre. En un sens, le copernicianisme était le choix "naturel" pour quelqu'un qui, comme Galilée, aspirait à un statut professionnel plus élevé, alors que la cour était l'espace social qui pouvait le mieux légitimer une identité socioprofessionnelle aussi hors du commun ». En revanche, ajoute Biagioli, adopter le système de Tycho-Brahé, « dont l'interprétation physique eût été parfaitement cauchemardesque », ne l'aurait en rien aidé à se présenter comme « philosophe ».

(3) Ne pouvant m'étendre ici plus longuement sur l'engagement copernicien de Galilée entre 1610 et 1616, je renvoie à mon étude : Le copernicianisme padouan de Galilée, in Tribute to Galileo in Padua, International Symposium a cura dell'Univ. di Padova, 2-6 dec. 1992 (Trieste : Ed. Lint, 1995). Le fait crucial fut la découverte de la vraie nature de la Voie lactée qui, en mettant fin au cosmos traditionnel, otait tout sens à la notion d'un point central du Monde que le Soleil était seul digne d'occuper; ainsi avait raisonné Copernic.

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temps — et par son idée directrice même : Galilée ne s'engagea à fond pour Copernic que lorsqu'il devint officiellement « philosophe » — la thèse postule que la doctrine héliocentrique ne joua aucun rôle réel dans sa pensée avant 1610. Une telle appréciation n'est certes pas rare : elle n'en est pas moins hautement discutable, dans la mesure même où elle sous- entend que faute d'une justification explicite, Y adhésion à l'héliocentrisme ne peut avoir de conséquences sérieuses. En quoi Biagioli oublie tout simplement la dimension philosophique de cette adhésion, soulignée par l'intéressé lui-même dès 1597 (4), et dont il est possible de montrer qu'elle eut un rôle de premier plan dans l'élaboration d'une théorie géométrisée du mouvement naturel de chute (5). Pratiquement silencieux durant toute la période padouane, le copernicianisme, ou mieux la philosophie coper- nicienne, n'en fut pas moins une composante bien vivante de la pensée de Galilée; sinon comment comprendre que dès les premières lignes du Sidereus Nuncius, rédigé durant l'hiver 1609-1610 (donc plusieurs mois avant qu'il ne devienne officiellement « philosophe ») il fasse déjà ouvertement profession de foi copernicienne? Il affirmait, dans l'exaltation d'une prodigieuse circonstance, l'une de ses plus fortes convictions.

Deuxième exemple, et qui apparaît dans l'ouvrage à plusieurs reprises : l'interprétation hypothétique des théories physiques (et notamment astronomiques). La thèse, nul ne l'ignore, fut au cœur du « premier procès » de 1616, et son rappel par Bellarmin fixa pour longtemps la position officielle de l'Eglise : droit était reconnu à Galilée (et aux astronomes) de préférer une astronomie héliocentrique, mais à condition de s'exprimer seulement ex hypothesi — l'infinie puissance de Dieu et par conséquent la multiplicité des moyens qu'il a pu utiliser pour créer et organiser le monde interdisant à quiconque de prétendre avoir trouvé « la vraie constitution de l'univers ». On se contentera donc de voir dans les théories astronomiques des dispositifs géométriques destinés à sauver les phénomènes, en aucun cas des doctrines susceptibles d'être dites vraies ou fausses. Contextualiser une telle thèse peut sembler à première vue fort délicat. Biagioli estime pourtant y parvenir, et même d'une double façon. Considérons en effet la nature des débats dans le cadre du système patron/client, et notamment quand le patron est le prince absolu. Organiser des débats est pour le Prince un des moyens les plus sûrs de susciter et en même temps de régenter la vie intellectuelle et artistique, de s'affirmer dans la plénitude de son pouvoir. De son côté le client, prié par le Prince,

(4) « II est déplorable, écrivait-il dans la lettre à Kepler de cette même année, que soient si rares ceux qui étudient la vérité et ceux qui ne philosophent pas de la mauvaise façon » (les mots soulignés le sont par nous), Le Opere di Galileo Galilei (ci-après abrégé en OG) (Firenze : Ed. Nazionale, 1890-1909), t. X, p. 67.

(5) Je renvoie ici encore à mon étude, Le copernicianisme padouan de Galilée, op. cit. in n. 3.

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ne peut se dérober : son honneur et sa position sont en cause, et même (comme dans le cas de Galilée) sa crédibilité scientifique. Toutefois, comme il est le Pouvoir, le Prince, tout en organisant et en régentant les débats, ne peut prendre parti; il ne peut courir le risque, en cas de mauvais choix, de voir son autorité atteinte : il tend donc à faire du débat un affrontement où compte surtout l'habileté des participants à exprimer tour à tour leurs points de vue, sans qu'une conclusion soit nécessaire : le spectacle se suffit en quelque sorte à lui-même. Il aura permis également (autre thème cher à l'époque baroque) d'apprécier la richesse et .la .profusion de la nature, et quand les arguments sont épuisés le jeu tout simplement prend fin (p. 72-81). L'interprétation hypothétique des théories astronomiques peut alors être contextualisée sans trop de difficultés. Quand les patrons les plus importants de Galilée (de Cosme II à Urbain VIII, en passant par Cesi) l'exhortaient « à présenter ses arguments comme des hypothèses, à écrire des dialogues, à argumenter ex sup- positione » (p. 82), ils ne faisaient que rester fidèles à l'attitude habituelle de non-engagement des patrons au regard des débats qu'ils aimaient à susciter. « Les tentatives des patrons princiers pour maintenir à l'état hypothétique ou fictif les déclarations de leurs clients sont le reflet d'un discours strictement homologue de celui qui empêchait le pouvoir et l'honneur du prince absolu d'être miné à travers des défis de types divers » (p. 82). Entre la pratique du débat dans les cours baroques et l'interprétation hypothétique des théories astronomiques la convergence est donc à ce point nette que le succès de la seconde — et finalement son adoption comme norme intangible — apparaît comme une suite normale de la première.

Mais on trouve aussi, quelques pages plus loin, une deuxième contex- tualisation de l'interprétation hypothétique des théories astronomiques. Retrouvant le thème dans le chapitre rv, Biagioli le relativise directement cette fois aux rapports hiérarchiquement bien ordonnés entre le groupe des philosophes (universitaires) d'une part, celui des mathématiciens d'autre part. Groupe social dominant, possédant seuls « la qualification pour faire le savoir » (p. 139), les premiers cantonnent les seconds dans « une sorte de position méthodologique nominaliste sur les sujets cosmologiques », se réservant le privilège d'un discours réaliste en ce domaine (p. 222). La qualité épistémologique reconnue aux théories (hypothétique ou réaliste) ne ferait ainsi que refléter la relation dominants/dominés entre deux groupes sociaux aux statuts et aux rôles distincts et clairement fixés.

A nouveau, l'information de Biagioli n'est aucunement en cause; la description qu'il nous donne des débats dans les cours baroques est d'une acuité historique remarquable, et il est bien vrai qu'au sein des universités les philosophes jouissaient d'un statut supérieur à celui des mathé-

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maticiens. Ces données fournissent-elles néanmoins une base suffisante pour une contextualisation plausible de l'interprétation hypothétique des théories astronomiques? A la première conjecture avancée par Biagioli, on se contentera d'opposer une question : quand Bellarmin rappelait en 1616 la doctrine traditionnelle de l'interprétation hypothétique des théories astronomiques, se livrait-il vraiment à une sorte de transposition (inconsciente, on veut bien le croire) des règles régissant les débats dans une cour baroque? La deuxième tentative de contextualisation — via les groupes socialement hiérarchisés des philosophes et des mathématiciens — paraît à première vue plus crédible. L'est-elle réellement? On pourrait tout d'abord se demander pourquoi le débat conventionnalisme vs réalisme, loin d'avoir disparu avec la stratification philosophes/mathématiciens telle qu'elle existait au début du xvn* siècle, est toujours vivant aujourd'hui — et entre les physiciens eux-mêmes. Mais la vraie difficulté est ailleurs. Outre son ancienneté, l'interprétation hypothétique des théories astronomiques ne fait que traduire une des idées maîtresses de la philosophie naturelle traditionnelle : l'inaptitude constitutive d'un discours physique mathématisé à expliquer les phénomènes naturels, en sorte que quand Copernic, Kepler ou Galilée la rejettent explicitement ils opèrent du même coup un choix théorique de la plus haute importance. Les ambiguïtés de Biagioli sont ici sans doute à leur comble. Il n'ignore nullement en effet la conception traditionnelle de l'explication physique, mais loin de souligner le renversement radical que représentait l'alignement de l'intelligibilité physique sur l'intelligibilité mathématique (6), il se borne à l'introduire comme un fait parmi d'autres, aussitôt replacé dans le contexte socioculturel situant philosophes et mathématiciens dans deux groupes distincts, aux attributs nettement définis. Ainsi l'une des initiatives intellectuelles qui contribua le plus (pour le meilleur ou pour le pire) à bouleverser les rapports de l'homme avec le monde est-elle banalisée, ramenée au niveau d'un conflit entre groupes sociaux dont l'un, trop longtemps dominé, tente de s'affirmer contre l'autre. Au fond, si l'on suit l'auteur, la bonne perspective sur la naissance de la science moderne serait d'y voir le résultat de la rébellion victorieuse d'un groupe socioculturel, jusque- là tenu en marge, contre le groupe qui seul avait alors « qualification pour faire le savoir ».

On aura compris, à ces remarques sur la contextualisation tentée par Biagioli, à la fois l'estime que j'ai pour son ouvrage, et la distance qui m'en sépare. Il me reste à examiner un dernier thème particulièrement important pour évaluer le mode d'approche qu'il préconise.

(6) Un texte essentiel de Galilée est même cité p. 221-222.

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Une des idées majeures de Biagioli, dans sa reconstitution de la carrière de Galilée, est que celui-ci se voulut philosophe autant que mathématicien, et après avoir réussi à en acquérir officiellement le statut par la grâce du Grand-Duc en 1610 se comporta ensuite ouvertement comme tel. En plaçant cette idée au cœur de ses analyses, non seulement M. Biagioli a pleinement raison, mais il adopte aussi la seule perspective qui permette d'apprécier avec justesse l'œuvre galiléenne. Car c'est bien en ne perdant jamais de vue cette ambition de rénover la philosophie naturelle dans ses fondements mêmes — à savoir le système du monde et la théorie du mouvement — que l'on évitera les erreurs et les déformations entraînées soit par l'interprétation « classique » (Galilée créa ex nihilo la science moderne grâce à la méthode expérimentale) soit par l'interprétation « continuiste » (le vrai mérite de Galilée fut d'exploiter le potentiel heuristique, laissé jusque-là en friche, de certaines thèses de la philosophie naturelle traditionnelle). Seule la pleine conscience que Galilée s'est voulu philosophe — promoteur d'un nouveau type d'explication des phénomènes naturels — permet de vraiment percevoir et évaluer son apport.

Ayant souligné avec pertinence cette ambition, Biagioli ne la considère toutefois qu'à travers la façon dont elle se réalisa statutairement, c'est-à-dire dans le rôle de philosophe du Grand-Duc, postulant ainsi que l'entrée dans ce milieu si particulier détermina dès lors l'orientation et le contenu de l'œuvre (7). Cette restriction ne tirerait sans doute guère à conséquence s'il s'agissait seulement de suivre Galilée dans sa nouvelle vie; combinée avec le relativisme de l'auteur, elle aboutit à donner de Galilée-philosophe un portrait qu'aucun historien des sciences, ayant également à l'esprit ce qui précéda et ce qui suivit, ne peut, me semble-t-il, accepter.

J'ai tenté de montrer plus haut le caractère peu convaincant des efforts de M. Biagioli pour contextualiser l'interprétation hypothétique des théories astronomiques. Je le retrouve à présent quand, après avoir développé ses arguments, il rencontre inévitablement la question : pourquoi Galilée, 'qui, comme philosophe de cour, devrait normalement partager cette interprétation, la rejette-t-il? La réponse de Biagioli est originale. Si je comprends bien sa pensée, Galilée serait passé, sur ce point crucial, par trois étapes. Dans la première (celle qu'illustre les Lettres sur les taches solaires de 1613), Galilée, devenu officiellement philosophe, aurait tout naturellement défendu l'interprétation réaliste de Copernic, car seule elle lui permettait de se comporter en accord avec sa nouvelle position (cf. plus haut). Ce choix aurait néanmoins connu une sérieuse éclipse

(7) « En un sens Galilée se réinventa lui-même en 1610 », p. 3. Avec une réserve, je le rappelle, pour la théorie du mouvement.

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au début des années 1620. Analysant le Saggiatore, M. Biagioli rencontre le passage connu sous le nom de « fable du son » (ou de la cigale), dans lequel Galilée décrit avec brio et ironie les vaines tentatives d'un homme qui, entendant un son et l'ayant identifié comme le craquètement d'une cigale, essaie d'en trouver la cause en ouvrant le corps de l'insecte : enfonçant son aiguille trop loin, il le tue et anéantit du même coup le phénomène qu'il cherchait à expliquer (p. 301 sq.). Pour Biagioli le sens de l'apologue est clair : si riche et si complexe est la nature qu'il est vain de vouloir découvrir à tout prix « la cause réelle » des phénomènes, et que la seule attitude raisonnable est « la recherche hypothétique ouverte » hors de tout engagement dogmatique (p. 307); rejetant l'esprit de système (cher aux philosophes universitaires) au profit d'hypothèses limitées et non biaisées par des arrière-pensées, Galilée aurait alors embrassé le nominalisme de cour (p. 311). Le regretta-t-il assez rapidement? Toujours est-il que le Dialogue de 1632 est « un texte beaucoup plus "ambigu" que le Saggiatore », et que tout en restant formellement « dans les limites du discours hypothétique », il fait « de son mieux pour transmettre un message qui, lui, n'est pas hypothétique » (p. 311). Ainsi, après avoir assumé le rôle de philosophe de cour non engagé, Galilée se serait à nouveau voulu, dans le Dialogue, « astronome-philosophe », traitant directement de « la structure du cosmos » (ibid.).

Une telle présentation est pour le moins surprenante. Galilée s'identifia- t-il vraiment à la « culture de cour » au point de se rallier, fût-ce un temps, à l'interprétation nominaliste des théories physiques? Et en dehors de cet épisode fut-il réaliste avant tout par souci d'affirmer sa nouvelle identité socioprofessionnelle, de s'exprimer lui-même comme quelqu'un ayant « qualification pour faire le savoir »? On retrouve le paradoxe qui consistait à lier l'engagement copernicien de Galilée après 1610 à cette nouvelle identité socioprofessionnelle, et la réponse sera donc globalement la même. Biagioli, incontestablement, a raison quand il insiste sur l'obstination de Galilée à vouloir prendre place parmi les philosophes ; il omet simplement d'ajouter — chose pourtant évidente — » que s'il eut cette ambition c'est afin de pouvoir exprimer et développer les convictions qui l'habitaient et au nombre desquelles figuraient et son adhésion à Г héliocentrisme tenu pour une doctrine véridique et le rapprochement entre l'intelligibilité physique et l'intelligibilité mathématique. L'engagement philosophique spéculatif de Galilée a largement précédé dans le temps son accession officielle au rang de philosophe, et si cette accession ne fut pas sans influence sur son style ou les polémiques auxquelles il prit part (comment le nier?) il est vain et contraire à toutes les données réunies patiemment par l'histoire des sciences de chercher à lui rapporter les

idées'

essentielles de sa philosophie naturelle. Ainsi en va-t-il précisément pour l'interprétation réaliste de Phéliocentrisme. Déjà formulée sans équivoque

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dans la lettre à Kepler de 1597 (cf. plus haut, n. 4), source profonde de la conception de la gravité qui lui permit de légitimer une théorie géométrisée du mouvement naturel des graves (8), elle ne fait qu'apparaître en pleine lumière en mars 1610; quant à l'importance prise par le problème de sa justification, elle doit s'interpréter non comme le signe du ralliement définitif (et enfin productif) de Galilée à la nouvelle astronomie, mais de façon beaucoup plus révélatrice comme la suite logique de la nouvelle situation que créaient pour le copernicianisme lui-même les découvertes de 1609-1610 (9).

Cette perception si résolument réaliste de la théorie copernicienne subit- elle une éclipse au début des années 1620? Mon désaccord avec Biagioli est ici total. L'idée développée à travers la fable de la cigale n'a rien à voir avec une apologie de la recherche hypothétique. Ce que Galilée veut nous dire, par-delà les considérations sur la richesse de la nature, tient en quelques mots et ne fait que reprendre, sous une forme imagée, une de ses thèses les plus constantes : savoir que la connaissance des essences ou causes ultimes excède les capacités de l'esprit humain, et qu'au demeurant elle n'est nullement nécessaire pour entreprendre une recherche fructueuse sur un groupe donné de phénomènes; il l'avait déjà dit dans la Deuxième lettre sur les taches solaires (10) et il le répétera tout aussi nettement dans les Discorsi en 1638(11). Que malgré cet adieu aux essences, le discours naturel doive bien être évalué en termes de vrai et de faux, et donc ne se limite nullement à « sauver les phénomènes », le Saggiatore lui-même nous le confirme, par exemple quand il y est dit que, tout comme en géométrie, « il n'y a pas ex parte rei de milieu entre le vrai et le faux (12) ». Les Discorsi reprendront à leur tour cette conviction que la vérité reste bien le but de la nouvelle philosophie naturelle (13) : continuité et cohérence sont bien deux caractéristiques majeures de Galilée-philosophe.

A ce premier désaccord s'en ajoute un second. La confusion constamment suggérée qu'à l'âge de Galilée la légitimité épistémologique d'une théorie ne saurait vraiment être distinguée de sa « légitimation sociale » (p. 16-18, 49, 58, 154, 353-354, notamment) altère tout aussi gravement le portrait de Galilée-philosophe. Je n'entends certes pas nier qu'en cette première moitié du xvn* siècle légitimer une hypothèse, et a fortiori

(8) J'ai développé longuement ce point dans l'étude déjà citée n. 3. (9) Cette situation, faut-il le rappeler, ne fut pas appréciée par tous de la même manière,

et notamment par Kepler : il accepta les découvertes de Galilée, mais continua à placer l'idée d'harmonie au cœur de sa justification de l'ordre copernicien du Monde.

(10) OG, t. V, p. 187-188. (11) OG, t. VIII, p. 201-202. (12) OG, t. V, p. 296. (13) OG, t. VIII, p. 212.

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une théorie, s'opère selon des démarches encore bien différentes de celles qui s'imposeront dans la seconde moitié du siècle. Et pas davantage je n'entends nier que Galilée recherchait systématiquement l'appui des puissants pour aider à la reconnaissance de sa philosophie naturelle. En soulignant tous ces points, Biagioli n'a évidemment pas tort. L'ennui est que fasciné par ce côté des choses, il en arrive à effacer complètement le problème de la légitimation proprement épistémologique tel que Galilée l'a rencontré et traité. Et cela aussi bien s'agissant du système du monde que de la théorie du mouvement. Il est vrai que Galilée ne réussit pas (du moins à nos yeux) à prouver la vérité de Phéliocentrisme : est-ce une raison pour oublier que grâce à son principe de conservation du mouvement acquis (une innovation absolue, élaborée dès la période padouane) il réussit au moins à prouver que le mouvement diurne est tout aussi compatible avec notre expérience mécanique ordinaire que le géostatisme? On peut estimer que les dispositifs expérimentaux dont il faisait usage étaient bien incapables de vérifier avec un degré satisfaisant de précision sa théorie du mouvement accéléré : comment passer sous silence l'extraordinaire « expérimentation mentale », alliant raisonnement et observation, qui lui permet, avant même que ne se pose le problème de la vérification expérimentale au sens strict, d'établir la légitimité physique de sa théorie géométrisée du mouvement naturel des graves (14)? Si l'héliocentrisme a triomphé dès la génération suivante, si la théorie du mouvement développée dans les Discorsi a ouvert la voie de la mécanique classique, c'est bien en raison de ces efforts obstinés, et finalement réussis, de légitimation proprement épistémologique (ou cognitive) pour la compréhension desquels le relativisme socioculturel n'apporte pas la moindre clef. En oubliant — ou même simplement en suspendant intentionnellement (comme il le suggère p. 59, par exemple) — toute référence à cet aspect capital de l'œuvre galiléenne, M. Biagioli déforme du même coup, jusqu'à le rendre difficilement reconnaissable, ce Galilée-philosophe dont il perçoit pourtant si bien toute l'importance.

(14) Dans la première Journée des Discorsi, le recours à l'expérimentation proprement dite n'ayant lieu que dans la troisième Journée.