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THE IMPACT OF HUMAN CAPITAL ON AGRICULTURAL PRODUCTIVITY IN BURKINA FASO By KABORE THEOPHILE ([email protected] Contributed Paper presented at the International Conference on Agriculture Of Ouagadougou (BURKINA FASO), December 4-6, 2010.

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THE IMPACT OF HUMAN CAPITAL ON AGRICULTURAL PRODUCTIVITY IN

BURKINA FASO

By

KABORE THEOPHILE ([email protected]

Contributed Paper presented at the International Conference on Agriculture Of

Ouagadougou (BURKINA FASO), December 4-6, 2010.

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L’IMPACT DU CAPITAL HUMAIN SUR LA PRODUCTIVITE AGRICOLE AU

BURKINA FASO

Résumé

Le but ultime de ce travail a été de mesurer l’impact du capital humain estimé par la formation et

l’éducation sur la productivité agricole au Burkina Faso en utilisant les données de l’enquête

permanente agricole 2007- 2008. La technique du matching utilisé habituellement pour évaluer

l’impact de politique sur une population donnée a été utilisée comme méthode d’estimation de

cet impact. Cela a consisté pour nous à comparer par cette approche la productivité agricole des

responsables de parcelles ayant un capital humain de ceux n’en possédant pas. Globalement, le

capital humain accroît en moyenne la productivité agricole des cultures comme le mil, l’arachide

et le coton mais pas pour les cultures comme le sorgho blanc, le maïs et le riz. Cela est expliqué

seulement dans une moindre mesure par le caractère extensif de l’agriculture burkinabé.

Mots clés : capital humain, rendements, productivité, parcelle, matching

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JEL Classification: E24, N54, Q12

Abstract

The ultimate goal of this paper has been to measure the impact of human capital on agricultural

productivity in Burkina Faso. The data used was drawn from the national annual survey of

agriculture (2007-2008). The method of estimation was the Propensity Score Matching usually

used to estimate the impact of social or economic policies on target groups. By the matching

method, we compared two groups of farmers: those having human capital and those not having

human capital. In average, human capital increases agricultural productivity of cultures such as

millet, peanuts and cotton, but does not increase the productivity of cultures such as rice, maize

and white sorghum. That is partly due to the traditional way of agriculture in Burkina Faso.

Key words: human capital, productivity, farm, matching

JEL Classification: E24, N54, Q12

Introduction

Situé au cœur de l’Afrique Occidentale, le Burkina Faso est un pays dont l’économie repose

fortement sur l’agriculture. En effet, elle constitue 25% du PIB national et 80% des Burkinabé

ont pour activité principale l’agriculture. Cependant, cette agriculture est toujours et encore

fortement dépendante des aléas climatiques : le pays connait un climat soudanais de type sahélien

(A revoir la phrase). De ce fait, les produits agricoles locaux n’assurent pas souvent l’auto-

suffisance agricole car les rendements sont faibles. On est donc en présence d’une agriculture très

peu productive.

De nombreux efforts ont été menés par les différents acteurs de la filière agricole (ONG, Etat,

coopératives) pour remédier à cette situation. Ils ont concerné entre autre l’usage de semences

sélectionnées, l’intensification de l’usage des intrants, la formation des producteurs agricoles.

En effet, la production agricole dans le pays des hommes intègres est déterminée par plusieurs

facteurs parmi lesquels le capital ou potentiel humain de l’agriculteur, le niveau de la

pluviométrie et des intrants, la machinerie utilisée,…. C’est pourquoi une action visant à

améliorer les rendements agricoles visera une ou plusieurs de ces facteurs.

Le premier facteur qui influence l’usage des autres est sans doute la capacité de l’homme à

combiner de façon harmonieuse les autres facteurs, autrement dit son capital humain.

Dans cette présente étude nous nous proposons d’analyser l’impact du capital humain sur la

productivité humaine. Depuis 1964 où Becker a inventé le concept de « capital humain », de

nombreux économistes se sont penchés sur l’interaction entre le capital humain et la branche

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économique. C’est ainsi que plusieurs économistes pensent que le premier déterminant de la

croissance économique est le capital humain.

Sur la base des données de l’enquête permanente agricole (EPA) 2007-2008, nous voulons

mesurer l’impact du capital humain sur la productivité agricole par la méthode économétrique de

l’appariement par score de propensité (matching). L’analyse va d’abord consister à donner un

aperçu général sur la revue de littérature, puis nous ferons la description des données à notre

disposition. Au cours de cette étude, une attention particulière sera portée sur le genre.

I. Le concept du capital humain et de la productivité : une revue de littérature

1. Définition du capital humain

La notion de capital humain est assez complexe. C’est pourquoi nous donnerons plusieurs

définitions qui permettront d’en saisir les différents aspects :

Le capital humain est l'ensemble des aptitudes, talents, qualifications, expériences accumulés par

un individu et qui déterminent en partie sa capacité à travailler ou à produire pour lui-même ou

pour les autres1 (Jacques Généreux, 1969).

D’après Becker (1964), le capital humain se définit comme l’ensemble des capacités productives

qu’un individu acquiert par accumulation de connaissances générales ou spécifiques, de savoir-

faire,... La notion de capital exprime l’idée que c’est un stock immatériel imputé à une personne

(i.e. idiosyncratique) pouvant être accumulé et s’user. Il est un choix individuel et un

investissement personnel.

Selon l’Union Européenne, le capital humain peut être défini comme l'ensemble des capacités,

connaissances et compétences que les personnes acquièrent par l'éducation, la formation et

l'expérience.

Pour Alain Bihr (2000), sociologue, on entend par capital humain la force de travail des salariés :

l’ensemble des facultés physiques (puissance, endurance, dextérité, savoir-faire), morales (courage,

persévérance, conscience morale et professionnelle), intellectuelles (connaissances générales et

spécialisées, imagination et intelligence), esthétiques (goût, talents), relationnelles (capacité

d’empathie, sens de la relation ou de la négociation) que les salariés peuvent mettre en vente sur

le marché du travail..

Pour PHP (Projet Prioritaire Haïtien, 2009), il y a cinq composantes dans le capital humain :

l'éducation parentale, la scolarité, l'enseignement professionnel/universitaire, la formation des

adultes et l'éducation sur le lieu de travail. La théorie du capital humain distingue deux formes

possibles de formation :

La formation générale, acquise dans le système éducatif, élève sa transférabilité et son

attachement au travailleur explique le fait qu’elle soit financée par ce dernier car il peut la faire

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valoir sur l’ensemble du marché du travail. De son côté, la firme n’est nullement encouragée à

supporter les coûts de formation d’une personne, susceptible de s’en prévaloir dans une autre

entreprise prête à mieux le rémunérer, ce qui pourrait l’inciter à quitter la firme. Pour éviter cela,

le financement de l’activité prendra la forme d’une rémunération plus faible (que sa productivité

marginale). L’accord entre le travailleur et la firme consiste donc à l’achat par la firme de la « force

de travail » d’une part, et à l’achat de formation par le travailleur d’autre part.

La formation spécifique, acquise au sein d’une unité de production ou de service, élève la

productivité du travailleur au sein de l’entreprise mais pas ou peu en dehors de celle-ci. Dans ce

cas, le financement est assuré à la fois par la firme et le travailleur. Pendant la période de

formation, le salaire reçu par le travailleur est inférieur à celui qu’il aurait pu recevoir à l’extérieur

de l’entreprise. Cette différence mesure sa contribution à la formation spécifique, mais il reste

supérieur à sa productivité en valeur, net des coûts économiques de la formation. Cette

différence-là exprime la contribution de la firme au financement de cette formation. (Gleizes,

2000).

2. La mesure du capital humain

Quant à la mesure du capital humain, plusieurs études économiques prennent en compte

l’éducation ou la formation. Ainsi, le niveau du capital humain est souvent mesuré par le niveau

de formation de la population adulte. En effet, il donne une mesure de la compétence de la

population et de la main d’œuvre puisque l’accès à l’éducation permet aux individus d’acquérir

des savoirs et des savoir-faire indispensables à la participation active et à la vie économique. De

plus, il existe une forte corrélation positive entre l’éducation et la santé, puis entre l’éducation et

la nutrition. Ainsi, nous retiendrons comme mesure du capital humain le niveau d’éducation et de

formation spécifique.

3. Les théories du capital humain

Il existe plusieurs théories économiques et sociologiques sur le capital humain. Parmi ces

dernières nous pouvons citer :

La théorie de Becker : Elle prend ses origines dans les travaux de plusieurs économistes

américains à la fin des années 1950 et au début des années 60. Jacob Mincer Theodore Schulz et

Gary Becker sont les trois penseurs de cette théorie qui a été pleinement exposée dans le

classique de Gary Becker paru en 1964, intitulé : « Humain Capital ».

L'idée de base de la théorie du capital humain, développée par Gary Becker, prix Nobel 1992, est

de considérer que du point de vue de l'individu, l'éducation est un investissement. La valeur de

celui-ci dépend directement du coût monétaire de l'éducation et des gains futurs anticipés

procurés par l'information. Celle-ci représente un investissement avantageux si la valeur actualisée

nette des coûts et des avantages est positive. L'investissement en capital humain est aussi un

investissement profitable du point de vue de la société. Autrement dit, l'éducation procure aussi

des gains sociaux, supérieurs aux gains privés. Cette externalité positive justifie pour certains

l'intervention de l'État sinon dans l'économie du moins dans la prise en charge du système

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éducatif. Pour l'employeur, la distinction entre éducation générale et formation spécifique de

l'individu revêt une importance capitale. En effet, la formation spécifique augmente la

productivité de l'individu seulement chez son employeur. Ce dernier peut par conséquent

récupérer le fruit de l'investissement qu'elle constitue.

Selon cette dernière théorie, l’éducation, la formation et la santé sont des investissements sur le

capital humain. Ainsi, les décisions d’investissement dans le capital humain au travers de

l’éducation et de la formation se prennent par la comparaison entre le coût d’opportunité de ces

dernières et les flux actualisés de revenus que procureront l’éducation et la formation.

Le modèle d’arbitrage : Les individus de mêmes capacités ne choisissent pas les mêmes études.

Cette différence est directement liée à leur origine sociale. Avant d'entamer un cursus scolaire, la

théorie suppose ici que les individus procèdent à un calcul avantages-coûts pondéré par la

probabilité de réussite. Elle pose alors comme hypothèse que les étudiants issus de milieux

défavorisés accorderont un poids plus important au risque que les autres. Les conséquences d'un

échec, voire d'un simple redoublement, ne sont pas valorisées de la même façon par tous les

individus. L'intérêt du modèle d'arbitrage entre rendement et risque est donc d'expliciter des

choix différents de cursus sur des critères sociologiques (Mingat et Eicher, 1982)

Les modèles de concurrence (pour l'emploi)

Ce modèle rejette l'hypothèse forte de la théorie du capital humain : la productivité n'est plus

apportée par le travailleur mais elle est considérée comme faisant partie du poste de travail. Deux

caractéristiques comptent dans l'entreprise : la capacité d'adaptation du travailleur à la structure de

la firme et son efficacité à son poste de travail. II existe deux marchés du travail, l'un interne à

l'entreprise, l'autre externe. Pour recruter son personnel, un dirigeant peut recourir à l'un ou

l'autre. Le premier est le moins coûteux mais il n'est pas toujours possible. Sur le marché externe,

le niveau de formation considéré comme un gage d'ouverture d'esprit et d'adaptabilité constitue le

premier critère de sélection. (Thurow, 1992)

II. Productivité agricole

1. Définition

La productivité agricole peut être définie comme la production réalisée par une unité de

facteur de production

Parmi les indicateurs de cette dernière, on distingue :

La productivité partielle des facteurs (PPF) : Les mesures PPF sont des ratios entre la production et un

unique facteur de production. L'indice de la PPF le plus couramment utilisé pour l'économie

globale est l'indice de la productivité du travail (P/W), c'est-à-dire la production (P) par travailleur

(W). La production peut être mesurée en termes d'un produit unique, ou en termes d'un agrégat

de produits; dans le deuxième cas, il faut utiliser les prix pour constituer des agrégats de produits.

Pour permettre les comparaisons dans le temps, ces prix doivent être des prix réels ou constants.

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Pour l'agriculture, l'indice de la PPF le plus couramment utilisé est la production par unité de

terre (rendement). Cet indice est utilisé couramment depuis des siècles; il permet de faire des

comparaisons entre localités et entre époques. Les comparaisons entre localités doivent tenir

compte des différences de sol et de climat. On utilise couramment la variation des rendements

dans une localité donnée comme indicateur d'une amélioration de l'efficience économique.

La productivité totale des facteurs (PTF) : La PTF est donc le ratio entre un indice de la production

et un indice des facteurs totaux. Son taux de croissance est le taux de croissance de la

production minoré du taux de croissance de l'indice des facteurs totaux. C'est la différence

entre la croissance effective de la production et celle qui se serait matérialisée en l'absence

d'une augmentation de la productivité. Elle rend alors mieux compte du progrès technique.

Le rendement agricole : la production qui est obtenue pour une surface donnée. Il est souvent

exprimé en quintaux

Pour ce qui concerne la FAO, elle distingue 6 indicateurs possibles de la productivité agricole

que sont : le rendement agricole, le gap entre les productions potentielle et effective, la

variabilité de la production sous des conditions variables, la production moyenne par ménage,

le nombre de mois de provision fourni par la récolte, la part de production perdue pendant le

stockage, la part des superficies agricoles utilisant des pratiques culturales améliorées, le

nombre de points de stockage construits et utilisés

1. Relation productivité agricole et capital humain

a) L’impact théorique de l’éducation sur l’agriculture

Les talents acquis par le biais de l’éducation agissent sur la productivité agricole de 2 façons

suivantes :

Ils réduisent les inefficiences techniques et allocative en matière de

production

Les personnes éduquées sont plus réceptives aux nouvelles technologies

ou techniques culturales. De plus, ces dernières peuvent juger

pertinemment du moment de choisir l’adoption de nouvelles technologies

(Weier, 1999).

Il semblait acquis depuis les années 1960, mais sur la base d’exercices essentiellement comptables,

que la croissance du capital humain était une composante importante de la croissance

économique.

Selon Marc Gurand (2000), depuis le début des années 1990, la littérature empirique sur le rôle

du capital humain dans la croissance économique fourmille de résultats contradictoires.

Ainsi, d’après le modèle de Solow, le progrès technique est le moteur de la croissance

économique.

En 1992, Mankiw, Romer et Weil amendent le modèle classique de Solow en introduisant le

capital humain aux cotés du capital physique. En partant des hypothèses suivantes : la fonction de

8

production agrégée est à rendements d’échelle constants, lorsque la productivité marginale de

chacun des facteurs accumulables est décroissante et lorsque les taux d’épargne sont constants et

exogènes.

On montre alors que, en l’absence de progrès technique, le taux d’accumulation des facteurs (par

tête) serait nul à l’équilibre et l’économie croîtrait uniquement à proportion de l’augmentation de

la population, ces auteurs aboutissent à la conclusion que le progrès technique est le déterminant

de la croissance. En faisant des amendements incluant le capital humain dans le modèle classique,

Mankiw, Romer et Weil tirent comme conclusion que la production et le capital humain mesuré

par le niveau d’éducation sont positivement corrélés.

De même, Barro (1991) en incluant d’autres variables de contrôles (dépenses gouvernementales,

stabilité politique dans le modèle néoclassique aboutit à la même conclusion.

Cependant, Benhabib & Spiegel (1994) qui utilisent les données de Kyriacou (1991) montrent

que la variable capital est non significative; de même Pritchett (1996) estime également cette

spécification avec les données de Barro & Lee (1993) et de Nehru, Swanson & Dubey (1995) et

obtient des effets négatifs et parfois significatifs.

Dans le domaine agricole, plusieurs études empiriques menées en Afrique ont montré l’impact

négatif net ou nul du capital humain sur la productivité agricole. Ainsi, Araujo & Bonjean &

Arcand (1999) relèvent que le capital humain a une influence négative sur la production agricole

dans plusieurs études menées en Afrique Ils expliquent ce paradoxe par le concept de séparabilité

des ménages : les comportements de producteur et de consommateur peuvent faire l’objet

d’études distinctes.

De même, Gurgand et Paraguay (1995) montrent que l’éducation n’améliore pas l’efficacité de la

production agricole dans une étude menée en Cote d’Ivoire.

Appleton and Balihuta (1996) révèlent que de nombreuses études effectuées montrent que

l’éducation n’a pas d’impact significatif sur l’agriculture. Ils attribuaient cela à l’insuffisance des

données utilisées, à des erreurs de mesure de la production agricole

Mirotchie (1994) en analysant des données éthiopiennes révèlent que l’éducation primaire accroit

la productivité tandis que celle secondaire n’a pas d’effets significatifs. Il faut tout de même

accorder des bémols à ces conclusions à cause de la petitesse de l’échantillon d’étude.

Croppenstedt and Muller (1998) montrent qu’il n’y a pas relation entre le taux d’éducation et la

production agricole.

Cependant, une étude menée au Laos (Onphanhdala, 2009) montre que la corrélation entre

l’adoption de techniques culturales modernes et le niveau d’éducation des paysans ayant atteint le

cycle primaire est positive et forte.

Zonon (2003) montre que l’alphabétisation améliore significativement l’efficacité des paysans.

Problématique

Au Burkina Faso, plus de 80 % de la population a pour occupation principale l’agriculture.

Pourtant, cette agriculture demeure jusqu’à ce jour une agriculture de subsistance fortement

dépendante des aléas climatique et caractérisée aussi par une pauvreté croissante de ses sols. Le

monde rural est de notre jour fortement confronté à la problématique de l’exode rural vers les

grandes cité car les moyens de subsistance générés par l’agriculture sont insuffisants pour couvrir

9

les besoins du monde paysan. Ainsi, le revenu moyen agricole était de…. d’après alors que le

SMIG, lui était estimé à…. Pouvoir retenir cette main d’œuvre se révèle capital pour le pays. De

plus, la pression sur les terres arables est de plus en plus forte : les superficies cultivables

s’accroissent au rythme moyen de 2.3% par an tant et si bien qu’à ce rythme, les terres cultivables

s’épuiseront en 2030 (Rapport Epa 2010); cela est combiné à un taux d’accroissement moyen

élevé de la population qui est 3.3% (Unicef, 2010).

Dans ces conditions, trouver les principaux déterminants dans le but d’agir sur eux est crucial si

l’on veut augmenter de façon substantielle la productivité agricole et partant, la production

agricole. La productivité agricole au Burkina est déterminée par de nombreux facteurs parmi

lesquels la pluviométrie, le financement public, les techniques agricoles, la nature des semences

utilisées,…

Depuis l’indépendance du Burkina Faso jusqu’à nos jours, l’éducation et la formation ont connu

une amélioration en milieu rural. En effet, le taux d’alphabétisation qui se situe à 33.1% (pour les

jeunes de 15-24 ans) en 2008 d’après la Banque Mondiale, était de 27 % en 1998 et de 13.57 %

en 1991.

Dans cette présente étude, nous analyserons l’impact du capital humain sur l’agriculture au

Burkina. Quel est le gap de productivité entre les producteurs éduqués et les autres ?

Quel est l’impact de l’éducation et de la formation sur les rendements agricoles ?

Questions de recherche

Mesurer le capital humain n’est pas chose aisée car de nombreux paramètres (éducation, santé,

nutrition) entrent en ligne de compte comme on peut le constater dans les paragraphes

précédents. Néanmoins, nous aborderons les aspects suivants :

Comment caractériser le capital humain ?

Comment mesurer la productivité agricole ?

Quels sont les déterminants du rendement ?

Soit deux producteurs Ali et Ousmane. Ali a un capital humain conséquent tandis

qu’Ousmane n’en a pas. Cependant, ces deux responsables de parcelle ont des

caractéristiques similaires pour ce qui concerne les déterminants principaux de la

productivité. Les parcelles d’Ousmane et d’Ali auront-il des différences sensibles en

termes de rendement. Si oui, quelle cette différence ? Si non, quels commentaires peut-on

faire ?

III. Description des données

1. Les données

10

Dans le cadre de notre analyse, nous utiliserons l’enquête Permanente Agricole réalisée chaque

année par le Ministère de l’Agriculture et des Ressources Halieutiques. L’EPA utilisée est celle de

2006- 2007. Ce sondage concerne 4227 ménages répartis sur l’ensemble du territoire national.

Ces données sont organisées en 13 fichiers portant sur divers domaines du monde agricole.

F1 est relative aux caractéristiques du ménage

Dans ce fichier, plusieurs caractéristiques intrinsèques au ménage telles que la situation du chef de

ménage, le niveau d’éducation, le sexe, l’âge des différents membres du ménages, le milieu de

résidence, la situation matrimoniale, les responsables de parcelle, leur statut d’occupation (Les

activités pratiquées, la disponibilité du crédit,..).

Fiche 2: Recensement des parcelles du ménage.

Le second fichier est relatif aux parcelles des différents membres du ménage. Ce fichier recense

les responsables de parcelle, le type de gestion de la parcelle, leur localisation, les cultures qui y

sont pratiquées ainsi que le modèle de labour.

Fiche 3 : mesures de parcelles et pose de carrés : elle aboutit au calcul des superficies des

différentes parcelles enregistrées.

Fiche 4 : acquisition et utilisation des intrants : cette fiche est relative aux différents intrants, à

leur mode d’acquisition (dons, crédits, achats sur fonds propres) qu’à leur utilisation.

Fiche 5 : pour l’estimation des stocks céréaliers. Elle permet d’estimer les stocks céréaliers des

ménages agricoles.

Fiche 6 : Prévision des récoltes : elle permet de connaitre la production prévisionnelle pour les

céréales pour la campagne 2007-2008 et de mesurer la production céréalière de la précédente

campagne.

Fiche 7 : Cette fiche est relative au recensement complet du cheptel possédé par le ménage.

Fiche 8 : Utilisation de la production des cultures pluviales du ménage

Cette fiche nous aide à faire le bilan de l’usage pendant la campagne 2007-2008 de la production

de la campagne précédente (2006-2007) en recueillant les entrées (productions, achats, cadeaux

reçus) et les sorties (ventes, dons) des productions des cultures pluviales entre le 1er octobre 2006

et le 30 septembre 2007.

Fiche 10 : Équipement agricole et animaux de traction : elle nous renseigne sur les équipements

agricoles possédés par le ménages (coût, moyen d’acquisition, âge,..)

Fiche 11 : Revenus non agricoles des membres du ménage

Fiche 12: Emploi et main d’œuvre ; elle nous donne des informations sur les responsables de

parcelle ainsi que sur l’utilisation de la main d’œuvre (type de contrat de travail, quantité de

travail effectuée, moyen de rémunération,…)

11

A partir de ces différents fichiers, nous avons constitué notre fichier de travail par la fusion de

F1, F2, F4, F6, F10 et F12.

2. Approche utilisée : l’unité d’observation

Dans le cadre de notre étude, nous avons identifié 2 types d’approches :

L’approche ménage : dans cette approche, il s’agit de mesurer l’impact du capital humain

moyen du ménage sur la productivité agricole moyen sur l’ensemble des parcelles

appartenant aux membres du ménage. Elle a pour avantage de savoir comment agit le

niveau d’éducation des membres du ménage sur les décisions en matière de production et

est plus pertinente en matière de prise de décision

L’approche parcelle : elle permet de mesurer l’impact du niveau d’éducation du

responsable de parcelle sur la production de sa parcelle. Elle a le mérite de savoir quelle

peut être la valeur ajoutée de l’éducation pour un individu donné.

Dans le cadre de cette analyse, nous choisirons l’approche parcelle. De ce fait, les

statistiques descriptives qui seront faites porteront sur les responsables de parcelles et

leurs parcelles.

Nous dénombrons 13605 responsables de parcelles et 34969 parcelles : un responsable de

parcelle peut disposer donc de plusieurs parcelles.

Les parcelles ont une superficie moyenne de 5000 m carré.

De plus, dans une parcelle, il existe plusieurs cultures qui sont pratiquées. Les cultures 1

(qui ont le plus grand nombre de pieds) sont celles qui attireront notre attention

3. Construction des variables clés : capital humaine et productivité

a. Capital humain

Pour les besoins de cette étude, nous avons choisi de prendre comme composantes du capital

humain, les deux formes déclinées par la théorie du capital humain à savoir la formation générale

mesurée par le niveau d’instruction et la formation spécifique mesurée par l’usage de technique en

matière d’érosif.

Le niveau d’instruction comprend 5 modalités (analphabète, médersa, primaire, secondaire,

supérieur, alphabétisé) : nous avons crée une variable alpha de la façon suivante :

0

1 'i

si le responsablei de parcelleest anaphabétisé

si le responsablei de parcellen est analphabétisé

De même, la variable site anti-érosif ( iErosi comprend 8 modalités :

Cette variable a été recodée comme suit :

12

0 '

1i

si le responsablei de parcellen utilise pasune techniqueanti érosifErosi

si le responsablei de parcelleutiliseunetechniqueanti érosif

Le calcul du coefficient de corrélation de Spearman montre une faible corrélation (0, 176) entre

i et iErosi

Enfin, la variable capital humain est définie comme :

0 0

1 0

i i

i

i i

si ErosifT

si Erosif

b. Productivité

Une parcelle est sujette à de nombreuses cultures. Cependant, une culture retient le plus

l’attention du producteur : c’est la culture la culture qui a le nombre de pieds le plus important

(culture 1).. C’est pourquoi, dans l’évaluation de la productivité, nous nous focaliserons sur cette

culture. Ainsi, en ce qui concerne la productivité, nous avons choisi comme proxy variable le

rendement de la culture ayant le plus grand nombre de pieds (culture 1)

4_ Méthodologie de l’évaluation d’impact du capital humain sur la productivité agricole

1. Hypothèses de recherche

Une parcelle est par essence exploitée par un ou plusieurs membres ; nous supposerons

que l’individu dont les décisions influencent le plus le fonctionnement de la parcelle est

son responsable. Ainsi, son capital humain sera celui qui sera pris en compte dans notre

démarche.

La culture 1 est celle qui donne résume le mieux l’effort des paysans sur une parcelle

donnée.

Une évaluation d’impact ayant pour but de mesurer l’impact d’un traitement1 en comparaison

avec un contrefactuel tel que la situation des non-traités, la détermination de façon claire des

variables d’intérêt sur laquelle le capital humain agit est très importante. Supposons une variable

aléatoire, Y avec une moyenne ( )E Y dans la population des responsables de parcelle. Pour

notre cas, Y désigne respectivement, le rendement de la parcelle.

1Le traitement ici est le capital humain. Les responsables de parcelles traités et non traités sont respectivement ceux qui ont

bénéficié d’un capital humain tel que défini et ceux qui n’en ont pas.

13

Soit iY la variable d’intérêt comme spécifié plus haut, du responsable de parcelle i dans une

population de taille n . Comme déjà évoqué, certains responsables de parcelle reçoivent le

capital, dans ce cas ils sont dits « traités » et nous supposons que la variable

dichotomique 1iT . Par contre d’autres n’en reçoivent pas, ils sont « non-traités » dans ce

cas 0iT . La formulation du modèle d’évaluation est de Rubin (1974) qui postulent deux

valeurs de la variable cible pour chaque individu ici les responsables de parcelle ; la valeur de la

variable iY quand l’individu est sous traitement ( T

iY ) et la valeur quand l’individu n’est pas sous

traitement (C

iY ).

L’effet du capital humain sur le responsable de parcelle i est :T C

i i iG Y Y . Dans

la littérature iG est appelé « gain », « impact » ou « effet causal » du capital humain. Suivant la

littérature, cette présentation se focalisera principalement sur l’impact moyen du capital humain

sur les variables cibles retenues et dans la population des responsables de parcelle qui ont

bénéficié du capital humain (les traités) ( ( | 1)TT G T ). Dans notre cas, TT

est

l’impact du capital humain dans le groupe des responsables de parcelle bénéficiaires du capital

humain, ( | 0)TU G T l’impact moyen dans le groupe des non bénéficiaires et l’impact

moyen dans l’ensemble de la populationATE

:

( ) Pr( 1) Pr( 0)ATE TTE G T TU T

L’estimation de ces paramètres se fait dans les échantillons correspondants. L’on désire

souvent connaitre les impacts moyens conditionnellement à un vecteur X des caractéristiques des

responsables de parcelle : ( ) ( | , 1)TT X E G X T , ( ) ( | )TU X E G X et

( ) ( | , 0)TU X E G X T

L’une des méthodes courantes adoptées pour l’introduction des caractéristiques des

responsables de parcelle dans l’estimation est de faire l’hypothèse que le capital humain est

linéairement dépendant des paramètres évoqués ci-dessus et aux termes d’erreurs (T Cet )

donnant ainsi :

14

( 1,..., ) (1)T T T

i i iY X i n

( 1,..., ) (2)C C C

i i iY X i n

Nous définissons les paramètres C Cet en supposant que X est exogène c’est à

dire ( | ) ( | ) 0)T CE X E X . Les impacts moyens conditionnels sont donc :

( ) ( ) ( | , 1)TT T CX ATE X E X T .

( ) ( ) ( | , 0)TU T CX ATE X E X T .

( ) ( )ATE T CX X .

La remarque essentielle ici est qu’il n’est pas possible d’avoir simultanément les niveaux

des variables d’intérêt pour le cas où les responsables de parcelle bénéficient du capital humain

et le cas où il n’en bénéficie pas. Pour cela il n’est pas possible de mesurer directement les impacts

moyens définis ci-dessus.

Toutefois un point de départ pour cette mesure serait de faire une simple différence

D entre la productivité moyenne des responsables de parcelle bénéficiaires du capital humain

et celle moyenne des non bénéficiaires :

( ) ( | , 1) ( | , 0) (4)T CD X E Y X T E Y X T .

Cette différence peut aussi être estimée par les moindres carrées ordinaires. Pour les

modèles paramétriques avec des variables de contrôles (X), on peut faire une estimation de (1)

dans le sous échantillon des bénéficiaires et (2) dans le reste de l’échantillon global :

1 (3)T T T

i i iY X si T

0 (4)C C C

i i iY X si T

15

En pratique, la méthode populaire consiste à supposer que

ATE TT TU

iG pour tous les responsables de parcelle. Ainsi donc :

(5)ATE C C

i i i iY T X

Le modèle le moins contraignant suppose que les termes d’erreur ou les effets latents

sont les mêmes pour les deux groupes d’individus (T C

i i ).

Quand bien même que ceci constitue un point de départ pour l’évaluation de l’impact

moyen du capital humain, plusieurs hypothèses sont nécessaires pour assurer une estimation sans

biais des paramètres d’impact. Afin de s’en convaincre considérons la différence entre la

moyenne des variables d’intérêts des bénéficiaires du capital humain et celles des non

bénéficiaires : ( ) ( ) ( )TT TTD X X B X. Où

( ) ( | , 1) ( | , 0)TT C CB X E Y X T E Y X T en utilisant ( )D X pour l’estimation

deTT

.

La différence en moyenne (ou le coefficient des MCO en T) donne l’effet moyen du

capital humain sur les bénéficiaires si la moyenne des variables d’intérêts des non bénéficiaires

ne varie pas avec les transferts ( 0TTB ) c'est-à-dire que

( ( | , 1) ( | , 0C CE X T E X T ) ce qui assure la convergence des estimateurs

MCO.

Nous aborderons maintenant les principales méthodes pratiques pour l’estimation des

impacts du capital humain telles que formulées ci-dessus.

Comme précisé plus haut, l’une des techniques les plus simples pour assurer

que 0TTB est la randomisation où l’assignation aléatoire du capital humain aux bénéficiaires :

c’est la méthode expérimentale de l’évaluation d’impact. A l’opposé de cette méthode, il y’a celle

non expérimentale, où les capital humain est considéré comme endogène.

Pour ce qui nous concerne, nous appliquerons la méthode non expérimentale (matching)

pour les simples raisons que les transferts n’ont pas été octroyés aux ménages de façon aléatoire

16

et aussi pour les raisons évoquées plut haut concernant la méthode de double différence et des

variables instrumentales.

La méthode d’appariement par score de propensité

La première étape consiste à modéliser, en fonction des variables disponibles dans la base

de données, le processus par lequel certains responsables de parcelle bénéficient du capital

humain et d’autre non. Un modèle logit binaire est utilisé afin de déterminer les probabilités

prédites de réception du capital humain2.

La propriété d’indépendance le niveau des variables d’intérêts et le bénéfice du transfert

conditionnellement aux caractéristiques des ménages, requiert généralement la prise en compte

d’un nombre important de variables ce qui rend difficile l’appariement. Ce problème est résolu

par Rosenbaum et Rubin (1983)3 montrant ainsi que si ( , ) |T CY Y T X , alors

( , ) ( | )T CY Y P benef X .

Parmi les méthodes de matching utilisées la plus simple est le « one to one matching » avec

remplacement. Il associe à chaque ménage non bénéficiaire un ménage bénéficiaire ayant les

mêmes caractéristiques. La différence entre la moyenne de la variable d’intérêt des deux groupes

(de même taille) est l’impact du capital humain. Cependant les propriétés asymptotiques

(convergence et normalité asymptotique) de TT

sont inconnus.

C’est pourquoi nous implémenterons l’Epanechnikov kernel matching suivant Heckman,

Ichimura et Todd (1998) qui ont établi sa convergence (a une vitesse de N ) et sa normalité

asymptotique. Cette méthode consiste à associer à un ménage bénéficiaire du capital humain un

ménage non bénéficiaire fictif i défini comme un ménage moyen. Tous les responsables de

parcelle non bénéficiaires qui ressemblent aux responsables de parcelle participent à la

construction de la valeur moyenne de la productivité, en fonction de la distance entre leur score

et celui du ménage i en question.

2 Les probabilités prédites ou score de propensité se déterminent ainsi qu’il suit ( 1)1

X

i X

epr T

e

3 Cité par NGUETSE (2010)

17

a. Choix des variables

La variable choisie comme proxy variable de la productivité est le rendement moyen. Nous

avons pris comme proxy variable du capital humain une variable prenant en compte l’éducation

formelle et la formation au travers des techniques culturales.

Les autres variables incluses dans le modèle sont :

Sexe du responsable de parcelle

Usage des intrants

Age du responsable de parcelle

Accès au crédit agricole

Superficie cultivée

Quantité de travail utilisée pour le labour

Quantité de travail utilisée pour la récolte

Quantité de travail utilisée pour l’entretien

Usage de semences sélectionnées

Ces différentes variables ont été choisies par le biais de la revue de littérature. Ce sont celles qui

influencent le plus la production. Dans le cas spécifique de l’agriculture au Burkina Faso, d’autres

facteurs tout aussi déterminants que la pluviométrie, la nature des sols, le financement public.

Ainsi des données pertinentes sur ces différents éléments auraient été pertinentes pour notre

étude. Cependant, toutes choses étant égales par ailleurs : 2 responsables de parcelles vivant dans

le même environnement géographique auront une pluviométrie et des sols similaires,…

4. Quelques statistiques descriptives

a. Les caractéristiques des responsables de parcelles.

Comme la majorité de la population, les responsables de parcelle sont analphabètes à hauteur de

81.1%.Le taux d’alphabétisation est de 88.8% chez les femmes contre 72.6% pour les femmes.

Ceux qui bénéficient d’un niveau primaire et plus sont moins de 5%. De plus, les femmes

représentent 53.9 % de ces derniers et ont une moyenne d’âge de 36 ; cependant elles disposent

chacune de 1.78 parcelle en moyenne contre 3.49 chez leurs compaires masculins ; de plus la

superficie moyenne des parcelles des gérées par les hommes est le tiers de celles managées par les

hommes. Globalement, les hommes possèdent 64.5% des parcelles recensées. De, plus 52.2 %

sont constituées de parcelles collectives c'est-à-dire qui appartiennent à tout le ménage contre

47.8 % qui sont des parcelles dites individuelles c'est-à-dire qui appartiennent à un seul individu.

18

b. Les caractéristiques des parcelles

Nous disposons de 34969 parcelles dont la superficie moyenne est de 0.5140 hectare

Parmi les cultures de rente, le coton occupe la première position : il occupe 3.7% des parcelles

51.6 % des parcelles ont été obtenues par legs ou héritage, 38.4 % par don et 9.8% au travers

d’un emprunt

Le mil est la spéculation la plus cultivée sur le territoire national : c’est la première culture

puisqu’elle concerne 18.7% des parcelles. Il est suivi par le mis et le riz. Les parcelles de riz, de

piment, d’arachide, de voandzou et de gombo sont majoritairement dirigées par les femmes.

L’usage des intrants, des semences améliorées et des produits de traitement est peu répandu : ils

sont utilisés dans 15.7, 13.3 et 4.3 % des parcelles enregistrées. Pour ce qui concerne l’usage des

intrants, le coton est la culture qui l’utilise le plus : 89% des cotonculteurs en usent

Parmi les cultures céréalières, les parcelles de riz possèdent les rendements le plus élevés (10

tandis que celles de mil ont les plus faibles productivités.

La culture du coton enregistre un rendement moyen de 979 kg/ha. Le manioc, l’aubergine locale,

l’aubergine importée, et le piment ont des rendements assez élevés.

Il ressort des tableaux descriptifs que les parcelles sur lesquelles on a fait usage de semences

améliorées, d’intrants, et de produits de traitement ont une productivité moyenne plus grande que

les autres où il n’y a eu aucun usage.

Contrairement à beaucoup d’études, les parcelles dirigées par des femmes sont moins productives

contre celles de leurs homologues masculins avec un rendement moyen de 597,46 contre 824,68

kg/ha.

19

Tableau5 : Rendement moyen des spéculations

Culture Rendement des

producteurs avec

capital humain

Rendement des

producteurs sans

capital humain

Rendement total

Mil 550,46 550,03 550,17

Mais 899,65 887,46 891,63

Riz 1 026,12 1 016,05 1019,21

Fonio 803,08 706,59 729,81

Coton 1 015,41 958,98 979,77

Arachide 544,63 547,31 546,70

Sésame 357,35 319,12 335,86

Soja 495,75 419,68 435,03

Niébé 475,35 470,13 471,85

Voandzou 527,53 535,01 533,79

Igname 8 104,31 5 553,51 6152,69

Patate 7 305,46 6 993,43 7109,06

20

Souchet 580,00 568,70 574,35

Sorgho blanc 643,92 656,45 651,75

Sorgho rouge 764,27 740,41 747,82

Aubergine locale 7 218,24 4 667,65 5 916,92

Piment 344,84 361,42 13 360,00

gombo 1 590,21 1 390,04 352,93

tabac 306,67 304,62 1 440,16

Tableau6 : Rendement moyen le capital humain

Pour plusieurs cultures telles le riz, le fonio et le coton le rendement des parcelles dont le

responsable a un capital humain est plus élevé que celles où les gérants de parcelle n’en disposent

pas. Il n’y a pas de différence significative entre les 2 types de parcelles pour ce qui concerne les

cultures telles que le mil, le mais et l’arachide.

Pour le voandzou et le piment, le capital humain ne semble pas jouer un rôle significatif dans la

productivité.

IV. Méthodologie utilisée

2. La méthode du matching

Description et usage de la méthode matching

Il s’applique surtout dans des situations où l’on voudrait mesurer l’efficacité d’une politique ou

d’une intervention sur une population. Ainsi, une partie de la population a été exposée à cette

intervention : ce sont les bénéficiaires tandis qu’une partie ne l’a pas été : ce sont les non-

bénéficiaires. L’efficacité de la politique est alors estimée sur une ou plusieurs variables

caractéristiques de la population.

La philosophie qui sous-tend le matching consiste à sélectionner un groupe de non bénéficiaires

(groupe de contrôle) et à faire en sorte qu’il soit différencié des bénéficiaires seulement par la

politique mise en place. Si une telle différenciation est possible, alors la différence observée entre

les bénéficiaires et les non-bénéficiaires est imputable à l’intervention suivie par les bénéficiaires.

C’est donc une construction intuitive qui utilise la comparaison des moyennes des variables

caractéristiques pour évaluer l’impact de la politique subie.

3. Hypothèses du matching

La validité de la méthode de matching repose sur trois hypothèses que sont :

L’absence d’effets de diffusion

21

Cette hypothèse implique que si les responsables de parcelle possédant le capital humain n’en

possédaient pas, ils se seraient comporté de la même manière que les non-bénéficiaires du capital

humain. Elle traduit le fait que sans capital humain, les bénéficiaires auraient choisi les mêmes

facteurs de production dans les mêmes proportions que les non-bénéficiaires.

La sélection sur les observables

Le matching repose sur l'hypothèse que l'ensemble des variables produisant le biais de

sélection (variables de contrôle) sont observées (Rosenbaum et Rubin, 1983; Rubin, 1974;

Imbens, 2004; Dehejia et Wahba, 2002; Smith et Todd, 2005). C'est l'hypothèse de sélection

sur les observables. Soit Xi le vecteur des variables observées. L'hypothèse de sélection sur

les observables signifie que la demande de facteurs est orthogonale à la participation

Di conditionnellement aux caractéristiques X. la sélection dans le traitement ne dépend que de

caractéristiques observées (x). Sous cette hypothèse, il est possible d’annuler le biais de sélection.

L'existence d'un support commun

L'application des procédures de matching n'est possible que s'il existe des exploitations

non bénéficiaires ayant des caractéristiques identiques à celles des bénéficiaires. Le test de

cette hypothèse repose sur une estimation de la zone de support commun (Todd, 2007).

L'hypothèse de support commun traduit le fait que la probabilité associée à la participation,

notée Pr (Di = 1|Xi), est non nulle :

Deux individus de mêmes caractéristiques x, l’un traité, l’autre non-traité, n’ont pas

de contrefactuels différents.

Enfin, le matching est d’autant plus crédible que X a beaucoup de variables

4. Le problème de la dimension et le score de propensité

Lorsque nous réalisons le matching, il eut été idéal de trouver pour chaque bénéficiaire un non

bénéficiaire qui lui est identique considérant les variables pertinentes de la sélection, excepté la

politique menée. Ceci étant difficile à réaliser, on utilise une technique appelée score de

propensité. Cette dernière consiste à matcher (Trouver des bénéficiaires et non-bénéficiaires qui

se ressemblent) sur la base d’un score (de propensité qui est en fait une probabilité qu’un non

bénéficiaire ait pu été un bénéficiaire étant donné ses caractéristiques principales retenues.

Autrement, chaque bénéficiaire est matché avec le non-bénéficiaire qui lui ressemble le plus en

termes de probabilité d’être un bénéficiaire ; cette probabilité est estimée sur la base de

caractéristiques individuelles. Lorsque les 2 groupes sont formés, l’effet de l’intervention est

estimé par la simple différence entre les moyennes obtenues entre les 2 groupes sur l’output.

Le problème de biais de sélection

22

Les responsables de parcelle possédant un capital humain et ceux n’en possédant pas diffèrent

pour un certains nombre de caractéristiques intrinsèques qui pourraient avoir influencé leur

comportement en matière de capital humain. Cela peut donc poser le problème de bais de

sélection : la différence constatée au niveau du capital humain est dû à des variables inobservées.

Le matching réduit le problème de biais de sélection en créant 2 groupes de responsables

semblables au niveau des deux sous-populations car d’après l’hypothèse de sélection sur les non-

observables, les variables produisant le biais de sélection sont observés.

b. Les étapes du matching

Choix du modèle de probabilité : il existe en effet plusieurs modèles (probit ou logit) que

nous pouvons choisir.

Choix des variables à inclure dans le modèle.

Matcher les individus en utilisant le score de propensité ; les modèles utilisables sont : le

plus proche voisin, le modèle de matching de Caliper et Radius.

Evaluer la qualité du matching.

Estimation de l’effet moyen sur l’output et de l’erreur standard.

c. Mise en œuvre du modèle

Choix du modèle de probabilité : Le modèle de probabilité que nous avons choisi est le modèle

logit. Avec ce modèle, nous avons déterminé les scores de propensité qui est la probabilité qu’un

responsable de parcelle ait reçu un capital humain, étant donné les variables décrites plus haut.

d. Choix des variables

La variable choisie comme proxy variable de la productivité est le rendement moyen. Nous

avons pris comme proxy variable du capital humain une variable prenant en compte l’éducation

formelle et la formation au travers des techniques culturales.

Les autres variables incluses dans le modèle sont :

Sexe du responsable de parcelle

Usage des intrants

Age du responsable de parcelle

Accès au crédit agricole

Superficie cultivée

Quantité de travail utilisée pour le labour

Quantité de travail utilisée pour la récolte

Quantité de travail utilisée pour l’entretien

Usage de semences sélectionnées

Ces différentes variables ont été choisies par le biais de la revue de littérature. Ce sont celles qui

influencent le plus la production. Dans le cas spécifique de l’agriculture au Burkina Faso, d’autres

facteurs tout aussi déterminants que la pluviométrie, la nature des sols, le financement public.

Ainsi des données pertinentes sur ces différents éléments auraient été pertinentes pour notre

étude. Cependant, toutes choses étant égales par ailleurs : 2 responsables de parcelles vivant dans

le même environnement géographique auront une pluviométrie et des sols similaires,…

23

Il faut tout de même relever que d’autres facteurs inobservables peuvent aussi avoir un impact sur

l’output qui est la productivité.

e. Matching des individus et estimation des résultats

Il existe plusieurs algorithmes pour la mise en œuvre du matching parmi lesquels l’algorithme

l’Epanechnikov kernel matching. La variable indépendante capital humain est le capital humain.

L’output est le rendement de la culture1. L’estimation a produit les résultats suivants pour les

cultures pour lesquelles on disposait de suffisamment de données pour implémenter l’algorithme

de matching l’Epanechnikov kernel à savoir le mil, le mais, le riz, l’arachide, le sorgho blanc, et le

coton.

Nous obtenons les résultats suivants :

Colonne1 Colonne2

Espèce Différence de rendement

Mil 0.37

sorgho blanc - 46.82

arachide 59.03

Mais - 3.12

Riz - 229

coton 8.41

24

Le capital humain accroit de façon significative les rendements du mil de l’arachide et du

coton. Il accroit ainsi le rendement du mil de 0.3Kg, celui de l’arachide de 59Kg, celui du

coton de 8.41 kg : le plus grand différentiel est donc celui de la culture de l’arachide

Cependant, le capital humain n’améliore pas le rendement des autres cultures à savoir le

mais, le sorgho blanc et le riz. Il ne constitue donc pas pour ces cultures un facteur

déterminant.

Discussion des résultats

Comme plusieurs études l’ont déjà mon montré (Appleton and Balihuta, 1996), le capital

humain n’a pas d’effet significatif sur la productivité des cultures que mais, le sorgho blanc et le

riz dans cette présente étude. Plusieurs raisons peuvent en être à l’origine :

Les erreurs de mesure de la production

Le caractère moderne ou traditionnel de l’agriculture pratiquée Dans cette présente étude, nous analyserons si le caractère moderne ou non peut être à l’origine

de ce fait. Ainsi, nous définirons une variable de modernité qui est la combinaison de

l’équipement agricole et des intrants.

Le niveau d’équipement du responsable de parcelle a été capté à partir du mode de labour.

La variable modlab est définie de la façon suivante

La variable mode de labour comprenait 4 modalités et a été recodée comme suit :

L’intensité de l’usage des intrants a été captée comme suit :

Fumure+engrais +produits

Intranf a été recodée comme suit

Enfin la variable modernité a été définie comme suit

Avec

25

Si =1 le mode d’exploitation est qualifié de moderne et si alors il

est qualifié de traditionnel.

Le test de Pearson nous a montré une absence de liaison entre cette variable et la variable capital

humain.

Avec cette variable modernité, nous avons scindé les parcelles de coton et de sorgho selon qu’on

y pratique l’agriculture de façon moderne ou non.

Nous avons les résultats suivants :

riz Traditionnel D : 90.3417643

Moderne D : -33.43

Sorgho blanc Traditionnel D : -7.4185611

Moderne D : -33

Mais Traditionnel D : 77

Moderne D : -17.36

D : différence de rendement

Ces nouvelles estimations nous permettent de faire les commentaires suivants :

Le capital humain n’a pas d’influence positive sur le rendement que le mode de pratique

culturale soit moderne ou traditionnel pour les cultures du riz et du sorgho blanc

caractère traditionnel ou moderne de la culture sur la parcelle.

Le capital humain influence positivement la culture du mais lorsque la pratique culturale

est moderne.

Le capital humain a un impact positif sur les parcelles cotonnières modernes. Cependant, il n’a

pas d’impact sur le caractère traditionnel ou moderne de la culture du coton

26

Conclusion

La caractérisation du capital humain et de la productivité n’est pas chose aisée comme nous l’a

révélée cette étude. L’usage des proxys variables nous a permis de pallier à cette difficulté. Cette

étude sur l’impact du capital humain sur la productivité agricole corrobore d’autres études

similaires menées au Burkina Faso sur la relation entre capital humain et productivité pour les

cultures du mil, du coton et de l’arachide. Le caractère extensif de la culture n’explique pas

l’absence d’impact du capital humain dur la productivité pour les cultures du riz et du sorgho

blanc. Par contre, il est à l’origine de ce constat pour la culture du mais.

Des investigations mériteraient d’être menées pour les cultures du riz et du sorgho pour savoir les

non raisons de la non significativité du capital humain sur la productivité de ces deux céréales

27

Références

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mars 2009

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Dehejia, R.H. / Wahba, S. (2002): Propensity Score-Matching Methods for Nonexperimental

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Score Matching. IZA Discussion Paper Series.

28

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